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IDI, 577, aout, 2018 “O Spem miram quam dedisti mortis ho- ra te flentibus Dum post mortem promisti te pro futurum fratribus : Imple Pater quod dixisti nos tuis juvans precibus. Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus, Nobis opem ferens Chris- ti, aegris medere mori- bus. Imple Pater… »

“O Spem miram · IDI, 577, aout, 2018 “O Spem miram quam dedisti mortis ho-ra te flentibus Dum post mortem promisti te pro futurum fratribus : Imple Pater quod dixisti

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IDI, 577, aout,

2018

“O Spem miram quam dedisti mortis ho-

ra te flentibus Dum post mortem

promisti te pro futurum fratribus :

Imple Pater quod dixisti nos tuis juvans precibus. Qui tot signis claruisti in

aegrorum corporibus, Nobis opem ferens Chris-ti, aegris medere mori-

bus. Imple Pater… »

Pág. CONTENU

3 La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

4 Le Pape Francois propose Saint Dominique comme modele aux jeunes

6 Formation en Côte d’Ivoire

7 Formations en République Démocratique du Congo

8 Maitre de l Ordre en Angola

9 Message du Pape avant la Rencontre des familles a

Dublin

10 Le Calendrier du Maitre

13 Les Saints Domenicans

13 La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs . Fr. Bruno Ca-dorè, O.P.

IDI est faite et publie par le promoteur de communication de L Ordre des Precheurs

Fr. Javier Abanto Silva, O.P.

General Promoter for Social Communication.

Barbara della Rovere Social Media Coordinator/ Project Manager for Communications

Piazza Pietro d’Illiria 1 / 00153 Roma

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T rès chers frères et sœurs, religieux et laïcs, de l’Ordre des Prêcheurs,

Le 6 août 2021, nous ferons mémoire des huit-cents ans du dies natalis de saint Dominique, rapportée par Humbert de Roman1 en ces termes : « Voici, dit-il, frères très chers, ce que je vous laisse pour que vous le teniez comme des fils par droit d’héritage. Ayez la charité, gardez l’hu-milité, possédez la pauvreté volontaire. O testament de paix... ». Frère Dominique s’endormit dans la mort en laissant à ses frères ce testa-ment de paix, les faisant héri-tiers de ce qui fut la passion de sa vie : vivre avec le Christ et apprendre de Lui la vie apos-tolique. Être configuré au Christ par sa vie évangélique et apostolique. Telle fut la sainteté de Dominique : son ardent désir que la Lumière du Christ brille pour tous les hommes, sa compassion pour un monde en souffrance appelé à naître à sa vraie vie, son zèle pour servir une Église qui élargisse sa tente aux dimensions du monde. « En lui, j’ai rencontré un homme qui réalisait dans sa totalité la règle de vie des apôtres : je ne doute pas qu’il ne soit associé à leur gloire dans le ciel », déclarait le Pape Gré-goire IX en accordant la translation. La célébration du Jubilé de la confir-mation de l’Ordre a impulsé une dy-namique de renouvellement de l’en-gagement de l’Ordre tout entier dans la proclamation de l’Évangile. Par cette lettre, je vous invite à le faire en puisant à la source de la sainteté qui fit de Dominique un prêcheur. Comme le disait magnifiquement sainte Catherine : « Son office fut ce-lui du Verbe, mon Fils unique. Il ap-parut surtout au monde comme un

apôtre, tant étaient puissants la vérité et l’éclat avec lesquels il semait ma parole, dissipait les ténèbres et répan-dait la lumière ». La mort de Dominique, ou la

mort d’un père et d’un frère L’humilité d’un mendiant, pour

prêcher L’humanité d’un prêcheur, à

l’image du Fils Prêcher comme et avec le

Christ, chemin de sanctification La sainteté de Dominique, un

rêve pour l’Église Plonger dans l’œuvre de la

grâce : dans l’engagement de Dieu

Saint Dominique, un saint pour aujourd’hui

fr. Bruno Cadoré, O.P. Maître de l’Ordre des Prêcheurs

La sainteté de

Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

Nouvelles

Officielles

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Lettre du MO dans p. 13

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« Un fidèle serviteur du Christ et de son Eglise »

Le pape François a proposé saint Dominique (1170-1221) comme modèle spécialement aux jeunes, aux malades et aux nouveaux mari-és lors de l’audience générale de ce mercredi 8 août 2018, en la salle Paul VI du Vatican. « C’est aujourd’hui la mémoire liturgique de saint Dominique de Guzman, fondateur de l’Ordre des Prêcheurs », a rappelé le pape François en italien, avant d’expri-mer le voeu que « son exemple de fidèle serviteur du Christ et de son Eglise soit un encouragement et un stimulant pour nous tous ».

Et le pape a souhaité une bonne fête à tous ceux et celles qui portent le nom de Dominique avant d’ajouter: « Que Dieu vous bénisse tous ». Le 3 février 2010, le pape Benoît XVI avait proposé cette catéchèse sur saint Dominique. Il y souligne que « l’action missionnaire envers ceux qui ne connaissaient pas la lumière de l’Evangile et l’œuvre de réévan-gélisation des communautés chré-tiennes devinrent ainsi les objectifs apostoliques que Dominique se proposa de poursuivre. »

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https://fr.zenit.org/articles/le-pape-francois-

propose-saint-dominique-comme-modele-aux-

jeunes/

Le pape François

propose

saint Dominique

comme modèle aux

jeunes

https://www.razon.com.mx/nunca-abandonar-sus-suenos-pide-el-papa-francisco-a-los-jovenes/

La Vie de l'église

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TROISIÈME CONGRÉS INTERNATIONAL

DES FRATERNITÉS LAIQUES DOMINICAINES

FÁTIMA, PORTUGAL 4-10 OCTOBRE

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For-mation

en Côte

d’Ivoire

La Vie de

l'Ordre

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L e 2 août 2018 - Après plusieurs années de crises, la Côte d’Ivoire connaît

aujourd’hui une progression gradu-elle vers la réconciliation nationale et la stabilité. La situation demeure toutefois encore fragile et le pays reste confronté à de nombreuses dif-ficultés en matière de promotion et protection des droits de l’homme. Ces derniers mois, les Dominicains en Côte d’Ivoire ont créé une Com-mission Justice et Paix qui se penchera sur les questions relatives à la justice sociale, à la paix et aux droits de l’homme. C’est dans ce contexte que Dominicains pour la justice et la paixa sélectionné la Côte d’Ivoire comme l’un des pays prioritaires pour son action auprès des Nations Unies à Genève. Du 1erau 7 juillet 2018, la délégation, composée du fr Mike Deeb OP et de Laurence Blatt-mer, a effectué une mission à Abid-jan et a organisé, en collaboration avec les frères dominicains sur place, une formation de 3 jours sur le Système des droits de l’homme de l’ONU et le rôle fondamental de la société civile dans les mécanismes onusiens. La formation a rassemblé trente huit participants provenant des diffé-rentes branches de la famille dominicaine, d’organisations catholiques ainsi que d’organisa-tions non gouvernementales actives dans le domaine des droits de l’homme. Outre la sensibilisation des partici-pants aux mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies à Ge-nève, la formation avait pour objec-tif d’identifier un programme de travail sur les actions concrètes qui pourraient être prises à l’échelle lo-cale et internationale pour la promo-tion et protection des droits de l’homme.

Les échanges entre les participants et la délé-gation ont été fructueux tout au long des 3 jours de formation, ce qui a permis à la délé-gation de récolter des informations clés sur la situation actuelle des droits de l’homme dans le pays. Les participants ont notamment parlé des défis liés à la politique sanitaire du pays, des difficultés quant à l’accès à l’éducation pour les jeunes filles ainsi que de l’in-suffisance et l’inadaptation des centres édu-catifs pour la réhabilitation des mineurs et des centres de détention pour les femmes. Cette formation marque le début d’un proces-sus de renforcement des capacités en Côte d’Ivoire dans la promotion et la protection des droits de l’homme à l’échelle locale et internationale. Dominicains pour la justice et la paixsouhaite ainsi garantir sur le long terme un engagement avec les dominicain(e)s en Côte d’Ivoire qui soit solide, coordonné et articulé.

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L e 2 août 2018 – La situation des droits de l’homme en Ré-publique Démocratique du Congo (RDC) est plus que

jamais au centre de l’attention de la communauté internationale et sous surveillance constante des Nations Unies. L’Ordre des Dominicains à l’é-chelle globale s’est également montré préoccupée par la situation et a sélec-tionné en 2018 la RDC comme priori-té pour la promotion de la solidarité internationale à travers son Mois dominicain pour la paix, qui a lieu chaque année en décembre. Dans ce contexte, la délégation de l’Ordre des Dominicains auprès des Nations Unies,Dominicains pour la justice et la paix a identifié en 2018 la RDC comme pays prioritaire pour son plaidoyer auprès des Nations Unies à Genève. La délégation, composée du Fr. Mike Deeb OP et de Laurence Blattmer, a effectué une mission en RDC du 7 au 21 juillet 2018 afin de rendre visite aux dominicain(e)s à Kinshasa et Isiro (Province du Haut Uélé). Dans le cadre de sa mission, la délégation a organisé, en collaboration avec les dominicain(e)s sur place, deux formations sur le système des droits de l’homme de l’ONU, le rôle de la société civile et l’engagement des dominicain(e)s dans la promotion et la protection des droits de l’homme. Les formations ont eu lieu du 9 au 11 juillet à Kinshasa et du 16 au 18 juillet à Isiro. Chaque formation a rassemblé une quarantaine de participants provenant des différentes branches de la famille dominicaine, d’organisations catholiques ainsi que d’organisations non gouvernementales actives dans le domaine des droits de l’homme.

Les formations avaient notamment pour objectifs d’identifier les thé-matiques clés propres à chacune des deux régions ainsi qu’à l’échelle du pays, de familiariser les participants aux mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies à Ge-nève et de leur donner les outils néces-saires pour utiliser adéquatement l’Ex-amen Périodique Universel, un mécanisme de révision des droits de l’homme qui évaluera la situation en RDC en mai 2019. Grâce aux divers échanges entre les participants au cours des 3 jours des formations, la délégation a pu récolter des infor-mations cruciales sur la situation ac-tuelle des droits de l’homme dans le pays, ce qui lui permettra de soumettre un rapport conjoint à l’Examen Pé-riodique Universel. Parmi les préoccu-pations principales identifiées par les participants, notons la restriction des libertés fondamentales à Kinshasa, l’insécurité régnante dans la province du Haut Uélé, le droit à la santé et à l’accès à l’éducation gratuite ainsi que les nombreuses violations des droits de l’homme autour de l’exploitation des ressources naturelles. Les formations en RDC s’inscrivent dans un processus de renforcement des capacités sur le terrain. Dominicains pour la justice et la paix espère ainsi favoriser à long terme la collaboration avec les dominicain(e)s et les divers acteurs de la société civile en RDC afin de renforcer un travail coordonné sur le terrain et assurer un travail effi-cace de promotion et protection des droits de l'homme à l’échelle na-tionale et internationale.

Formations en

République

Démocra-tique du Congo

Vie de l ordre

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L e Vicariat d'Angola a eu la joie de partager sa présence dominicaine dans cette partie du continent avec le Maître de

l'Ordre. Bruno Cadoré et le Socius pour l'Africa frère Charles Ukwe.

Ce fut une expérience spirituelle et fraternelle splendide. La visite a eu plusieurs moments. Premier frère Bru-no Cadoré a partagé avec les membres du vicariat les défis actuels de l'Ordre et les manières respectives de traiter et de répondre à ces défis.

Il y a eu une réunion avec diverses branches de l'Ordre en Angola, à savoir les laïcs, les diverses congrégations de religieuses et les frères travaillant en Angola. Au cours de cette réunion, frère Bruno Cadoré a partagé avec nous les défis de la prédication aujourd'hui.

Le prieuré Saint Thomas est proche d'u-ne école appartenant à l'Ordre, une par-tie importante de notre présence en An-gola; le maître a visité l'école qui est dédiée à frère João Domingos, OP, l'un des trois premiers Dominicains à venir en Angola. À l'école, le Maître a eu une brève conférence avec les élèves, ce qui a été un moment si joyeux et encourag-eant.

Le moment le plus important de la vis-ite du Maître était le métier de frère Danilson Jordan Germano da Cruz Lopes. Cette profession avait un double sens pour le vicariat. Premièrement, cela signifiait la croissance continue de l’Ordre en Angola; Deuxièmement, Danilson est une vocation de Notre-Dame du Mont Carmel, une paroisse sous la garde de l’Ordre. Ici, il était un alter-server et aimait sa vocation à re-joindre l'Ordre. Être né à Luanda représente une grande réussite pour les Dominicains en Angola, compte tenu du fait que les jeunes de Luanda ne persévèrent que rarement dans la vie religieuse. Il est maintenant à Nairobi pour ses études théologiques au Tan-gaza College.

Enfin, nous devons mentionner que les deux, frère Bruno Cadoré et frère Charles Ukwe ont visité Huambo, les hauts plateaux du centre de l'Angola. Là, le Vicariat dispose d’un terrain pour une future communauté et un pension-nat en vue de participer à l’éducation des générations futures et de s’autono-miser. En bref, nous devons reconnaître que la visite du Maître a été l’occasion pour nous de partager plus profondé-ment notre vocation commune: les pré-dicateurs de la bonne nouvelle.

MAITRE

DE L'OR-

DRE EN

ANGOLA

Zé Paulo Sebastiäo OP Vicaire provincial Vicariat d’Angola

La Vie de l'église

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Message du Pape

avant la

Rencontre

des

familles ‘

Dublin

ouhaite-un-avenir-meilleur-

pour-les-jeunes/

La Vie de l'eglise

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C hers amis, Tandis que je me prépare d’ici quelques jours à visiter

l’Irlande pour la Rencontre mondiale des familles, j’envoie d’affectueuses paroles de salutation à tout le peuple irlandais : « Je suis impatient de reve-nir en Irlande ! » (“I’m excited to think I’ll come back to Ireland!”.) Comme vous le savez, la Rencontre mondiale est une célébration de la beauté du plan de Dieu pour la fa-mille ; c’est aussi une occasion pour les familles provenant de tous les coins du monde, de se rencontrer et de se soutenir mutuellement pour vivre leur vocation spéciale. Les fa-milles, aujourd’hui, affrontent de nombreux défis dans leurs efforts pour incarner un amour fidèle, pour faire grandir les enfants avec de saines valeurs et pour être, dans la communauté plus large, levain de bonté, d’amour et d’attention ré-ciproque. Vous savez tout cela. J’espère que cette occasion pourra être source d’encouragement re-nouvelé pour les familles du monde entier, spécialement ces familles qui seront présentes à Dublin. Qu’elle puisse nous rappeler la place essen-tielle de la famille dans la vie de la société et dans l’édification d’un avenir meilleur pour les jeunes. Les

jeunes sont l’avenir ! Il est très im-portant de préparer les jeunes pour l’avenir, de les préparer aujourd’hui, dans le présent, mais avec les racines du passé : les jeunes et les grands-parents. C’est très important. Bien que la raison spécifique de ma visite en Irlande soit la Rencontre mondiale des familles, je voudrais qu’elle embrasse tous les membres de la famille irlandaise. Je prie, en par-ticulier, pour qu’elle serve à faire grandir l’unité et la réconciliation par-mi tous les fidèles du Christ, comme signe de cette paix durable qui est le rêve de Dieu pour toute la famille hu-maine. Je sais que de nombreuses per-sonnes sont engagées activement dans la préparation de ma visite. Je les remercie toutes cordialement. Je de-mande à chacun de prier afin que cette rencontre soit un moment de joie et de sérénité, une caresse de l’amour tendre de Jésus pour toutes les fa-milles et, en vérité, pour tous les en-fants de Dieu. Je vous assure de ma proximité, de ma prière, et je vous invite à prier pour moi, j’en ai besoin. De tout cœur, je vous donne ma bé-nédiction. God bless you all. The Fa-ther, the Son and the Holy Spirit. https://fr.zenit.org/articles/dublin-2018-le-pape-souhaite-un-avenir-meilleur-pour-les-jeunes/

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Fr. Bruno Cadoré , O.P.

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L e Calendrier

du Maître

17 - 25 agosto: Vacaciones.

- 6 - 12 agosto: Visita canónica al Vicariato Antón Montesino en Uruguay y Paraguay de la Provincia de Hispania.

27 juillet-5 août: visite canonique de la prov-ince d’Argentine avec le vicariat provincial San Lorenzo Mártir au Chili.

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L es Saints

Dominicains

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fr. Bruno Cadoré, O.P.

Maître de l’Ordre des Prêcheurs

lumière

pour

l’Ordre

des

Prêcheurs

La sainteté de Dominique,

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L a lettre du

MO

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T rès chers frères et sœurs, re-ligieux et laïcs, de l’Ordre des Prêcheurs,

Le 6 août 2021, nous ferons mémoire des huit-cents ans du dies natalis de saint Dominique, rapportée par Hum-bert de Roman1 en ces termes : « Voici, dit-il, frères très chers, ce que je vous laisse pour que vous le teniez comme des fils par droit d’héritage. Ayez la charité, gardez l’humilité, possédez la pauvreté volontaire. O testament de paix… ». Frère Dominique s’endormit dans la mort en laissant à ses frères ce testament de paix, les faisant héritiers de ce qui fut la passion de sa vie : vivre avec le Christ et apprendre de Lui la vie apos-tolique. Être configuré au Christ par sa vie évangélique et apostolique. Telle fut la sainteté de Dominique : son ardent désir que la Lumière du Christ brille pour tous les hommes, sa compassion pour un monde en souffrance appelé à naître à sa vraie vie, son zèle pour servir une Église qui élargisse sa tente aux dimensions du monde. « En lui, j’ai rencontré un homme qui réalisait dans sa totalité la règle de vie des apôtres : je ne doute pas qu’il ne soit associé à leur gloire dans le ciel », déclarait le Pape Grégoire IX en ac-cordant la translation2 . La célébration du Jubilé de la confir-mation de l’Ordre a impulsé une dy-namique de renouvellement de l’en-gagement de l’Ordre tout entier dans la proclamation de l’Évangile. Par cette lettre, je vous invite à le faire en puisant à la source de la sainteté qui fit de Dominique un prêcheur. Comme le disait magnifiquement sainte Catherine : « Son office fut ce-lui du Verbe, mon Fils unique. Il ap-parut surtout au monde comme un apôtre, tant étaient puissants la vérité et l’éclat avec lesquels il semait ma parole, dissipait les ténèbres et répan-dait la lumière ».

La mort de Dominique, ou la mort d’un père et d’un frère Après une longue prédication en Italie du Nord, frère Dominique tomba gravement malade à Bologne. Nous sommes en juillet 1221, et le climat dans la ville est tellement étouffant, humide et chaud qu’il ne permet pas l’amélioration de la santé de Dominique. On décide alors de le transporter dans un petit ermitage bé-nédictin situé sur les premiers contre-forts des collines bolognaises. Mais la mort s’approche. Providentiellement les témoignages de frère Ventura de Vérone et de frère Rodolfo de Faenza, recueillis au cours du procès de can-onisation à Bologne, permettent de reconstruire les derniers moments de la vie du Saint. A ces témoignages précieux s’ajoute le récit édifiant du bienheureux Jourdain de Saxe3 . Sentant déjà proche le moment de la rencontre avec le Seigneur qui l’avait séduit à l’adolescence, Dominique fit appeler quelques frères du couvent de Bologne et commença à prêcher : « Se croyant près de mourir, il appela le témoin, c’est-à-dire le prieur, et les frères. Celuici s’y rendit avec une vingtaine de frères et, quand ils furent autour de lui, le bienheureux, étendu 1 - Legenda maior Sancti Dominici Humberti de Romanis, 54, 21-26 (ed. Tugwell). 2 - Libellus de initiis Ordinis Praedicatorum, 125. 3 - Libellus des origines de l’Ordre (92-94).

La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

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sur sa couche, commença à prêcher ; il leur fit un sermon très beau et émou-vant ; jamais le témoin n’entendit de sa bouche sermon plus édifiant »4 . Selon le bienheureux Jourdain, la prédication de Dominique sur son lit fut faite non à vingt mais à douze frères : « Sur son lit de malade, il fit appeler douze frères, parmi les plus notables, et se mit à les exciter à se montrer fervent, à pro-mouvoir l’Ordre, à persévérer dans la sainteté »5 . Il est clair ici que Jourdain entend donner une lecture christologique et apostolique de Dominique et de ses frères. Frère Ventura donne, de ces der-niers moments de la vie de Dominique, un récit construit selon un schéma litur-gique : après avoir reçu l’onction des malades et avoir fait une confession gé-nérale, Dominique préside, comme prê-tre, l’Office de recommandation de sa propre âme à Dieu, et intervient à plusieurs reprises comme si c’était à lui-même d’animer. Ainsi Dominique meurt au cours d’un acte liturgique et au cœur de la liturgie des agonisants. Frère Ven-tura rapporte aussi une forme de prière que Dominique adressa au Seigneur, de-vant ses frères, au cours de laquelle il recommanda ces derniers et confia la fa-mille elle-même : « Frère Dominique leva les yeux et les mains vers le ciel et dit : “Père saint, vous le savez, je me suis attaché de bon cœur à faire votre volonté, et ceux que vous m’avez donnés je les ai gardés et conservés. Je vous les recom-mande à mon tour ; conservez-les et gardez-les” »6 . C’est une brève para-phrase du discours d’adieu de Jésus au cours de la dernière Cène (Jn 17, 12). Dans cette prière, nous remarquons com-ment Dominique reste le frère aîné, le père, le fondateur, celui qui prend en charge ses propres frères, à l’image de son Seigneur bien-aimé. Dominique pro-nonça d’autres paroles sur son lit de mort : « Ne pleurez pas ; car je vous se-rai plus utile là où je vais que je ne l’aurais été ici-bas »7 . On a noté que les mots « utilité » et « efficacité » sont des mots que Dominique aimait répéter sou-vent. La charité efficace devait être une des qualités de ses fils. L’utilité de soi-même devait être plus grande comme mort que comme vivant. Dominique

meurt dans le couvent de Bologne con-formément à son désir. Craignant en ef-fet d’être inhumé dans le monastère bé-nédictin où il avait été recueilli, il sup-plia qu’on le portât à nouveau au milieu de ses frères. Arrivé dans la ville et in-stallé dans une cellule du couvent, quand on lui demanda où déposer sa sépulture, auprès des reliques de l’un ou l’autre saint, Dominique fit cette magnifique réponse : « A Dieu ne plaise que je sois enseveli ailleurs que sous les pieds de mes frères ! »8 . C’est là, à la lumière de ces « novissima verba », que nous dé-couvrons non seulement une affirmation d’humilité, mais surtout l’amour profond de Dominique pour sa communauté.

L ’humilité d’un mendiant, pour prêcher « [Le témoin] l’a vu aussi

quelquefois aller de porte en porte de-mander l’aumône et recevoir son pain comme un pauvre » (Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Paul de Venise, 42) A l’approche de sa mort, Dominique demanda donc instamment à ses frères de le ramener au couvent afin de pouvoir être enterré « sous les pieds de ses frères »9 . Tel était son plus grand désir. Ce n’est là qu’un des aspects de la sainteté de celui qui, devenant prêcheur, de-mandait qu’on l’appelle « frère Dominique ». 4 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 8. 5 - Libellus, 92. 6 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 8. 7 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Rodolphe de Faenza, 33. 8 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 8. 9 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 8.

La sainteté de Dominique, lu-mière pour l’Or-dre des Prêcheurs

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L a lettre du

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Il veut être avec ses frères. En effet, il avait cette conviction que le signe de la fraternité dit déjà, en soi, quelque chose de la prédication. L’Ordre des Prêcheurs est pour Dominique un Ordre qui cher-che à s’inscrire dans la trace de Jésus prêcheur, passant à travers villes et vil-lages pour proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (cf. Mt 4, 23-25 ; Mc 1, 39 ; Lc 4, 44). Cette réalité de la fraternité est ainsi offerte comme un écho du salut qui est au cœur même de la proclamation de l’Ordre. Annoncer cette bonne nouvelle, c’est inviter chacun des interlocuteurs à découvrir au plus intime de lui-même une aspi-ration à vivre en ce monde sur le mode de la fraternité avec les autres. C’est aussi proclamer l’espérance que la figure de la fra-ternité entre les hommes anticipe la réalité du Royaume en lequel sera rassemblé le peuple de Dieu aux derniers temps. Don-ner ce signe est ainsi, le véritable « pupitre » de la prédication, au double titre de l’expé-rience concrète de la vie et de l’espérance du futur avec Dieu. Un pupitre depuis lequel – non par des discours théoriques mais à partir de l’écoute d’une Parole mise à l’épreuve de l’expérience concrète d’une vie avec et pour les autres – est proclamée, de la part de Dieu, la confiance en la capacité des humains de créer entre eux et avec Dieu, des rela-tions qui « nourrissent la vie ». Il de-manda donc à être « sous les pieds de ses frères ». On peut probablement interpré-ter ce désir comme un signe d’humilité et d’abaissement. Lui qui disait qu’il serait plus utile à ses frères après sa mort10 veut rendre ce service en écho avec l’a-baissement de Jésus, lavant les pieds de ses disciples tel un serviteur. Ainsi, cette détermination de Dominique à propos du lieu de sa sépulture pourrait bien évoquer encore son désir d’être assimilé par la grâce aux gestes même de Jésus. C’està-

dire de Celui qui n’a pas retenu sa vie, mais a vécu sa proclamation du Roy-aume, l’enracinant dans le don de sa vie, offerte pour que tous aient la vie et soient accueillis dans la joie de la frater-nité. Il veut continuer à être au milieu de ses frères, jusque dans la mort. Tel est le signe de ce don d’une vie « passée » à parler de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu11. Ce signe mani-feste ainsi le sens profond de la mendici-té itinérante que Jésus a vécue, par laquelle Il a prêché en donnant sa vie. C’est aussi le signe du mendiant qui, par son geste implorant, sollicite l’hospitalité

de ses contemporains en même temps qu’il offre de découvrir la vie nouvelle du Royaume. « Il est venu chez les siens… » (Jn 1,11). Mais cette requête de Dominique exprime encore davantage car il invite ses frères à puiser leur propre sainteté dans la réalité de leur vie de prêcheurs. Il était de cou-tume, à l’époque, de chercher à être enterré au plus près de reliques de saints et confesseurs de la foi. En ce sens, il a souhai-té être enterré au plus près de l’autel, dans l’espérance

de la communion des saints. A travers sa requête, Dominique signifie que la ré-alité de la fraternité de ses frères est, à ses yeux, un lieu de sainteté équivalent à la valeur accordée aux témoignages des saints. Une fois encore, la sainteté peut être considérée comme le pupitre de la prédication des prêcheurs. Ceux-ci sont conviés, en tant que frères, à intégrer la foi en la communion des saints au cœur des réalités concrètes de la vie, et à y puiser la force de la parole itinérante du prêcheur. Communautés de prêcheurs, saintes prédications !

10 - Libellus, 93.

11 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Dépo-sition du frère Guillaume de Monferrato, 13

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L

’humanité d’un prêcheur, à

l’image du Fils

« Dieu a manifesté la ten-

dresse (benignitatem) et l’humanité de

notre Sauveur en son ami Dominique :

qu’Il vous transfigure à l’image de son

Fils ». Cette formule de la bénédiction

solennelle en la fête liturgique de saint

Dominique indique le cœur de la sainteté

de Dominique. Ce dernier est le seul,

dans tout le Sanctoral, à propos duquel

cette « tendresse » (en français) est nom-

mée. Et elle l’est en parlant du mystère

par lequel le Fils est venu prendre sur lui

notre humanité. Ce Mystère de l’Incarna-

tion du Fils notre Sauveur est si essentiel

dans la prédication de frère Dominique

qu’il en est devenu comme la lumière

intérieure de sa propre humanité. La vo-

cation de Dominique à engager sa vie

pour la prédication de l’Évangile le con-

duisit à trouver là un chemin qui le

mena au plus profond de sa propre

humanité. D’une certaine manière,

il s’agit aussi d’une vocation à se

laisser engendrer à soi-même par le

mystère de la vérité qu’il proclame

(longtemps je t’ai cherché…, disait

déjà St Augustin). La proclamation

de l’Évangile est alors offerte

comme un chemin intérieur vers

soi, à la rencontre de ce lieu en

lequel Dieu, par son appel « con-

struit », « établit » chacun dans sa

filiation propre. De cette « humani-

té » de Dominique, il me semble

que certains traits ressortent tout

particulièrement : la simplicité, la

compassion, la frugalité, l’amitié.

La lecture des témoignages recueil-

lis par ses biographes qui l’avaient

connu directement, et de ceux ras-

semblés pour le procès de sa canon-

isation, mettent unanimement en

valeur tout autant la profondeur que la

simplicité de l’humanité de Dominique.

« Il accueillait tous les hommes dans le

vaste sein de sa charité et, puisqu’il

aimait tout le monde, tout le monde

l’aimait »12, « ce prêcheur qui s’émeut

devant la souffrance humaine »13, « qui

est transporté de gratitude lorsqu’il reçoit

un pain pour nourrir ses frères »14

comme il est transporté en Dieu lorsqu’il

contemple la générosité de Sa grâce, qui

n’aime rien tant que de faire de l’amitié

avec les autres le mode habituel de

l’offrande de la Parole de vie. Cette sim-

ple et proche humanité dont Thomas

d’Aquin disait, parlant de la vie de Jésus,

« il s’est fait familier… »

12 - Libellus, 107.

13 - Libellus, 10 ; Actes du procès de canonisa-tion, Bologne, Déposition du frère Jean d’Es-pagne, 29 ; du frère Stéphane, 35.

14 - Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Paul de Venise, 41.

La sainteté de Dominique, lu-mière pour l’Or-dre des Prêcheurs

« Le bienheureux

Dominique était

si plein de zèle

pour le salut des

âmes, que sa

charité et sa com-

passion ne

s’étendaient pas

seulement aux

fidèles, mais

même aux in-

fidèles, aux paï-

ens, e jusqu’aux

damnés de l’enf-

er ; il pleurait

beaucoup à leur

sujet » (Actes du

procès de canoni-

sation, Bologne,

Déposition du

frère Ventura de

Vérone, 11).

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L’insistance sur l’humanité de Dominique n’est pas seulement une manière de mettre en valeur ses propres qualités morales. Elle dit aussi comment il voulait être prêcheur. C’est en déployant pleinement cette humanité familière avec tous qu’il désirait rendre témoign-age à Celui qui est venu établir sa demeure par-mi nous, et s’effacer pour lui laisser la place dans le cœur et l’intelligence de la foi de celles et ceux qu’il rencontrait. Le bienheureux fr. Jean-Joseph Lataste, à qui on demandait ce qu’était l’Ordre des Prêcheurs, répondait que c’était « l’Ordre des amis de Dieu ». Cette réponse n’est-elle pas une manière à la fois de décrire com-ment les frères et les sœurs de l’Ordre désirent vivre entre eux et avec Dieu, et de désigner l’horizon de la prédication « verbo et exemplo » qu’ils et elles entendent proposer dans l’Église, sans cesse en tension vers cet horizon ultime de la communion de tous en l’amitié de Dieu ? Écho de cette parole du Christ, dont tout prêcheur voudrait à son tour se faire l’écho : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis, et établis » (Jn 15,16). Je vous appelle amis…

Au cœur de ce témoignage, résonne comme un appel ce beau mot « frère ». Dès que Dominique et Diègue commencèrent à prêcher en Lauragais, le sous-prieur qu’était Dominique insista pour demander que, désormais il soit désigné comme « frère Dominique »15. Ici encore, on peut y voir un signe de sa simplicité et de son humilité : ce ne sont pas les titres, ni les positions ecclésiales, qui doivent qualifier le prêcheur, mais sa manière d’être en humanité. Est appelé « frère », l’un des membres de cette communion en l’amitié de Dieu. Est appelé « frère », l’un des membres de cette grande famille des amis de Dieu que l’Église est appelée à devenir. Il y a là, en quelque sorte, une déclaration de foi qui con-stitue le socle d’une compréhension théologique de l’Église, et qui invite à une pratique théologale de la prédication. Parce qu’il désire être prêcheur à la manière de Jésus au milieu de ses disciples, c’est comme frère que Dominique veut s’engager « dans l’engagement de Dieu ». Ce sera le chemin de sa sanctification : « qu’Il vous transfigure à l’image de son Fils » (Rm 8,29).

15 - Libellus, 21. L a lettre du

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P rêcher comme et avec le Christ, chemin de sanctifi-cation

Ce chemin de sanctification, pour

Dominique, est jalonné par les deux mys-

tères de la miséricorde et de la vérité, qui

tous deux convergent vers cette liberté si

chère à la « spiritualité dominicaine ». De

ce point de vue, la figure de Marie-

Madeleine peut être considérée comme

établie « apôtre des apôtres », appelée par le

Ressuscité. Ce lieu plus intime à nous-

même que nous-

même est le lieu de

la miséricorde. C’est

-à-dire à la fois de la

vérité, du réalisme et

de la transparence de

la rencontre avec

Dieu en l’intimité de

chacun, et lieu du

pardon, au-delà de

toute mesure hu-

maine, et d’engen-

drement dans la mi-

séricorde. Le don

surabondant de la

miséricorde se fait alors appel à plonger

dans l’Évangile comme dans sa source vive,

à plonger dans l’Évangile – lumière révéla-

trice du mystère de chacune de nos vies hu-

maines – comme nous fûmes plongés dans

les eaux du baptême. Demeurez dans ma

Parole, ma parole est vérité. Ou, plus ex-

actement : « Si vous demeurez dans ma pa-

role, vous êtes vraiment mes disciples, vous

connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous

des hommes libres » (Jn 8, 31).

Deux textes écrits par le Pape Honorius III à

l’occasion de la confirmation de l’Ordre, et

de sa « recommandation » imposent aux

frères de l’Ordre la prédication pour la ré-

mission des péchés. Ils soulignent deux as-

pects très concrets de la vie choisie par

Dominique. L’un est que le ministère de la

prédication (de l’évangélisation) peut être

donné aux frères de l’Ordre comme moyen

propre de sanctification. L’autre est que ce

ministère est imposé aux frères pour la ré-

mission des péchés.

D’une part, leur est ainsi imposé de

proclamer l’Évangile dans cette forme de

vie « totalement dédiée à l’évangélisation

du nom de notre Seigneur Jésus-Christ »16,

qui définit la prédication comme la présen-

tation du Nom de Celui qui vient. A la fois,

il s’agit de la proclamation du Nom, et de

l’annonce de la venue du Roy-

aume : « Du reste, parce que

c’est le succès et non pas le com-

bat qui obtient la couronne et que

seule la persévérance, parmi

toutes les vertus qui concourent

dans le stade, remporte le prix

proposé (1Co 9, 24), nous adres-

sons à votre charité cette de-

mande et cette exhortation pres-

sante, vous en faisant commande-

ment par ces lettres apostoliques

et vous l’imposant en rémission

de vos péchés : que, confirmés de

plus en plus dans le Seigneur,

vous vous appliquiez à annoncer la Parole

de Dieu (Ac 8, 4), en insistant à temps et à

contretemps, pour accomplir pleinement et

de manière digne d’éloge votre tâche de

prédicateur de l’Évangile (2Tm 4, 2-5) »17.

D’autre part, il s’agit de faire cela dans la

mendicité, ayant choisi l’état d’abjection de

la pauvreté volontaire, personnelle, certes,

mais aussi collective. Le Pape souligne que

ce choix rendra les prêcheurs vulnérables,

les exposant à toutes sortes de difficultés et de danger.

16 - Lettre d’Honorius III du 18 janvier 1221, au prieur et aux frères de l’Ordre des Prêcheurs.

17 - Lettre d’Honorius III du 21 janvier 1217 au prieur et aux frères de Saint-Romain, prêcheurs au pays de Toulouse.

La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

« Frère Dominique s’adonnait à la prédica-tion assidûment et avec la plus grande dili-gence ; et quand il prêchait, il trouvait des accents si bouleversants que, très souvent, il s’é-mouvait lui-même jusqu’aux larmes et fai-sait pleurer ses au-diteurs » (Procès de canonisation de Bo-logne, Déposition du frère Etienne, 37)

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C’est pourquoi, afin de les conforter dans

leur propos de salut, il leur accorde que «

les indigences et les labeurs qu’ils auraient à

souffrir dans l’exercice de cet office soient

assignés à la satisfaction de leurs propres

péchés »18.

Pour les frères, ce chemin de sainteté sera

celui de la « consécration à la Parole », de la

consécration à la vérité, ainsi que le dé-

veloppe S. Thomas d’Aquin dans le Com-

mentaire de l’Évangile selon S. Jean.

La lettre d’Honorius III du 18 janvier 1221

exprime cette « consécration » ainsi : « Ce-

lui qui ne cesse de féconder son Église par

de nouveaux croyants voulut conformer nos

temps modernes à ceux des origines et dif-

fuser la foi catholique. Il vous inspira donc

le sentiment d’amour filial par lequel, em-

brassant la pauvreté et faisant profession de

vie régulière, vous consacrez toutes vos

forces à faire pé-

nétrer la Parole de

Dieu, tandis que

vous évangélisez

par le monde le

nom de Notre Sei-

gneur Jésus-Christ

».

Le choix de

Dominique a été de

plonger dans la mis-

sion du Fils, et de

laisser ainsi l’Esprit

du Fils configurer

sa propre vie à

l’image de la sienne : « Et les dons que [le

Christ] a faits, ce sont des apôtres, des

prophètes, des évangélistes, des pasteurs,

des enseignants, afin de mettre les saints en

état d’accomplir le ministère pour bâtir le

corps du Christ, jusqu’à ce que nous par-

venions tous ensemble… » (Ep 4, 11-13).

On perçoit dans ces paroles de l’apôtre Paul

à la fois l’unité dans la foi et l’unité dans la

connaissance du Fils de Dieu. Mais on en-

tend aussi l’appel fait aux croyants (les «

saints ») de « sortir » pour aller marcher

dans les traces de la mission du Fils. En

choisissant de se donner à la prédication,

Dominique a fait le choix d’un chemin sur

lequel il a laissé l’Esprit l’ajuster à Dieu, le

justifier, le sanctifier. Mais il a fait en même

temps le choix de vivre son aspiration à la

sainteté comme une manière d’engager sa

vie entière. Son désir était que l’Église du

Christ éprouvât elle-même la joie d’être

promise à la sainteté à la mesure même où

elle se déploie en proclamant la bonne

nouvelle de cette promesse.

L a sainteté de Dominique,

un rêve pour l’Église

Il me semble qu’avoir un « rêve pour l’Église » est un élément cen-tral de la sainteté de Dominique, comme ce le fut aussi pour Cathe-rine de Sienne (« si je meurs, c’est de passion pour l’Eglise »). Tous deux ont donné à la prédication de l’Ordre un enracinement dans une solide ambition pour l’Église du Christ (« comme j’aimerais que ce feu soit allumé », Lc 12, 49), qui porte à la fois sur la vie et la mis-sion de l’Église.

A la suite du concile de Vatican II, on pourrait dire que c’est l’ambi-tion de l’Église du Christ d’être sa-crement pour le monde, dans le

monde. Dans le contexte actuel qui appelle si ardemment à un renouveau de l’évan-gélisation, c’est l’ambition de passer d’une perspective de maintien ou de renforcement des communautés ecclésiales existantes à une perspective de promotion de toutes ces communautés ecclésiales comme véritables « sujets missionnaires ».

18 - Lettre du Pape Honorius donnant un privilège d’indulgence, le 12 décembre 1219.

La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

« Devenu pasteur et

chef illustre dans le

peuple de Dieu, il in-

stitua par ses mérites

l’ordre nouveau des

Prêcheurs, l’instruisit

par ses exemples, et ne

cessa pas de le con-

firmer par d’évidents

et authentiques mira-

cles » (Grégoire IX,

Bulle de canonisation)

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« Comme j’ai hâte que ce feu soit allumé » (Lc 12, 49). Ce désir du Christ animait, je crois, celui de Dominique lorsqu’il était af-fronté aux divisions de toutes sortes qui dé-figuraient l’Église de son temps et mettaient en péril sa mission d’évangélisation. La force de ce désir – qui conduisit Jésus au plein consentement d’abandon suprême jusqu’à être mis en Croix – est la source à laquelle Dominique abreuvait sans cesse sa prière et son humanité : identifier sa vie à cette vie unique du Fils, donnée une fois pour toutes, pour que le monde ait la vie et qu’il l’ait en abondance (Jn 10, 10). Les représentations si paisibles de Dominique embrassant la Croix du Christ, ou scrutant inlassablement la Parole qui se révèle au fil des pages de l’Écriture, manifestent bien que, loin de toute attitude morbide, cette identification a comme objet d’ajuster son propre désir d’évangélisation à celui du Christ. Le rêve de Dominique est celui d’u-ne Église en incessante fondation, c’est-à-dire en incessante évangélisation. Pour lui, aller jusque chez les Cumans ne signifie pas une volonté d’extension de l’Église en termes d’élargissement de son territoire, de renforcement de son pouvoir ou de son in-fluence, voire de domination sur toute autre croyance. Il s’agit bien davantage d’un désir qui naît de l’amour du monde entier, cher-chant à s’approfondir jusqu’à s’identifier à l’amour du Christ pour le monde et qui sait, de connaissance de Créateur, combien le monde humain est capable de déployer son don d’hospitalité à tous en une seule com-munion et à Dieu son Créateur en une com-mune histoire du peuple que Dieu aime.

Pour cette raison, Dominique rêve d’une Église constamment « en passage ». Il en a luimême fait l’expérience lorsque, formé depuis son adolescence pour être un clerc, puis devenir un chanoine, il reçut sur la route de la prédication un appel venu de l’intérieur même de son ministère clérical à devenir frère. Il découvre ainsi combien ce ministère l’a préparé à se mettre au service d’une Église toujours inachevée qui porte la Parole au-delà de ses frontières. Ce passage prit la forme de cette hantise qui habitait ses nuits et sa prière. Il éprouvait alors que la communion proclamée en un même et unique Royaume ouvert à tous exigeait d’aller à la rencontre des pauvres et des

pécheurs, des hérétiques et des païens. C’est une Église du pardon, de la réconciliation et de la communion dont Dominique veut être le serviteur. Cette Église « en passage » est aussi une Église que la prédication elle-même va constituer en sa diversité. Dominique, en effet, en réponse à celles et ceux qui le rejoignent par intuitions succes-sives, va progressivement constituer avec lui une « famille de la prédication », cette « sainte prédication » dans laquelle - si cha-cun ayant bien sa place et son rôle particuli-ers, selon son propre statut et mandat ec-clésial, et selon sa propre formation - tous seront solidaires en une même évangélisa-tion. Ils seront tous animés d’un même 7 désir de contribuer à ce que l’Église, par sa proclamation du Royaume, devienne sans cesse davantage une amie du monde annon-çant le pardon, la réconciliation et la paix. A la suite de Dominique, à la table de l’auber-giste, ou au milieu de ses frères à la table du « miracle des pains », par le signe de la fra-ternité ils inviteront tous les hommes à prendre place à la même Table du Roy-aume. Fraternité, là est le signe d’une Église de communion.

Cette Église pour laquelle Dominique désire engager toute sa vie, et appelle ses frères et sœurs à le faire avec lui, est une Église amie et fraternelle, mue par une affection profonde entre ses membres et pour le peuple de Dieu au-delà de ses propres fron-tières.

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Le terrain sur lequel est envoyé le prêcheur doit être considéré, disait le Pape François aux frères capitulaires en 2016, comme « terre sacrée », comme lieu de sainteté. Dominique donnait ainsi à la prédication tant l’horizon de la contemplation de la grâce à l’œuvre dans l’histoire du monde, au-delà souvent des limites visibles de l’Église, que l’horizon de la « conversion apostolique ». Cette dernière, en effet, s’enracine dans une solidarité pour laquelle le ministère de la prédication appelle à en-gager sa vie entière. Ainsi le disait l’apôtre Paul : « Comme une mère qui entoure de soin ses nourrissons (…) Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies » (1Th 2,8). La question est alors que les restructurations dans l’Église aient toujours comme objectif de promouvoir, de cultiver l’affection de la communauté pour tous.

En ce sens, on peut comprendre l’interces-sion comme une pratique essentielle pour la consolidation de nos communautés frater-nelles. L’intercession ouvre vers un double processus d’identification : d’une part, iden-tification à ceux pour qui le Seigneur est imploré ; d’autre part, identification à Celui qui implore pour le monde. C’est aussi dans cette même perspective que l’on peut perce-voir la dimension contemplative de la prière de Dominique parlant du monde à Dieu. Il ne cessait de contempler le mystère de mi-séricorde qui est au cœur du déploiement de la « création continuée ». La prière litur-gique, à laquelle Dominique tenait tant, of-fre alors à la communauté de la « sainte pré-dication » de se laisser constituer par cet entrecroisement de l’intercession et de la

contemplation, fondé dans l’écoute du mys-tère du salut dans l’histoire humaine tel que la sainte Écriture le révèle.

P longer dans l’œuvre de la grâce : dans l’en-gagement de Dieu

Nous aimons parler de Dominique comme du prêcheur

de la grâce. Il l’a été en désirant de tout son être vivre de la vie du Christ prêcheur, de sorte qu’il aurait pu reprendre les paroles de l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui prêche, mais le Christ qui prêche en moi » (Gal 2,20). Pour cela, Dominique voulait « plonger » dans la Parole, celle qui ravive le désir du cœur parce qu’elle fait entendre l’appel de chacun par son nom. Cette plon-gée se fait dans la trace de la plongée bap-tismale, comme vocation à vivre de la joie et de l’espérance de l’Évangile. Mais c’est en même temps un appel qui fait naître au cœur le désir que tous aient la vie. Il s’agit donc à la fois d’une « vocation à soi-même » ayant la teneur d’une expérience de la mi-séricorde, et d’une vocation à appeler les autres à devenir « amis de Dieu »

Cette plongée dans la Parole, Dominique l’a vécue comme une plongée en pleine hu-manité, donnant ainsi à son engagement la densité de la corporéité. Certes, ce terme désigne la corporéité de chacun en laquelle s’incarne cette expérience du cœur : de ce point de vue, se manifeste la portée « glob-ale », « intégrale » de la vocation à l’évan-gélisation. Mais ce terme désigne aussi la corporéité de l’Église. La communauté est le lieu d’ajustement à cette corporéité de l’Église. C’est ainsi faire l’expérience de la finitude et de l’inachevé, la communauté étant le lieu où chacun peut en faire 8 l’expérience. Chacun peut éprouver sa ca-pacité à laisser sa communauté d’apparte-nance et de vie être communauté de « pas-sage » : passage de la conversion ; passage à l’homme renouvelé ; passage comme signe de communion (le « désir intime de con-corde fraternelle »19). La pauvreté mendi-ante est peut-être un rappel de la réalité de ces passages à opérer…

« Soumet-tant la chair à l’esprit et la sensibilité à la raison, il devint avec Dieu un seul et même es-prit et s’ap-pliqua tout entier à le rechercher par les saints trans-ports de l’âme, sans manquer jamais à l’amour du prochain, car il sut avec équili-bre s’adon-ner avec zèle aux œu-vres de la compassion » (Grégoire IX, Bulle de canonisa-tion

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Plongée dans la Parole, plongée dans l’hu-manité : deux chemins vers la sainteté. Un troisième chemin proposé par Dominique

est celui de l’intelligence : intelligence comme lieu de l’expérience de la structure eschatologique de la raison (la « vérité ne se transforme pas, elle grandit », disait Lacordaire). L’intelligence est en effet le lieu où l’on peut éprouver comme un champ indéfini de progrès dans la vérité. Elle est aussi cette instance qui permet à chacun de structurer solidement sa foi, évitant de se perdre dans des « opinions de foi » erronées. Au fond, la conviction de Dominique, lorsqu’il accorde tant d’importance à l’étude de la Parole et de la juste doctrine, est que l’effort de l’intelligence –qui cherche la vér-ité– est chemin de libération des croyances qui aliènent, pour ouvrir à la contemplation de la vérité qui libère. Mais il ne s’agit pas d’une intelligence « figée », elle est sans cesse à la recherche de cette vérité, dans la contemplation de l’économie de la révéla-tion du mystère du salut dans l’histoire. Ré-vélation dans l’histoire, qui dévoile combi-en, pour le prêcheur, l’histoire est le lieu premier de la contemplation de la grâce, une « terre sacrée » où les prêcheurs sont envoy-és pour écouter la Parole… Ce troisième chemin est donc celui où s’installe une sainteté qui fait confiance à l’intelligence parce que, sous la lumière de la grâce, elle fait confiance aux hommes. Elle fait confi-ance aux hommes dans leur histoire, parce qu’il s’agit de faire naître dans l’histoire une foi plus simple mais ô combien plus éclatante !

S aint Dominique, un saint pour aujourd’hui

Dans sa lettre du 11 février 1218, Honorius III recommandait ainsi l’Ordre : « Nous réclamons donc de votre dévouement et nous vous exhortons instamment, en vous en donnant l’ordre par cet écrit apostolique, de tenir pour recommandés, par égard pour nous et pour le Siège apostolique, les frères de l’Ordre des Prêcheurs, dont nous croyons le ministère utile et la vie religieuse agré-able à Dieu ».

19 - cf. Ad Gentes 7, 82.

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En ces temps où l’Église est appelée à re-nouveler sans cesse son zèle pour l’évan-gélisation et ainsi à vivre de la joie d’être « en état permanent de mission », le témoignage de sainteté de Dominique n’est-il pas un appel pour aujourd’hui ? Au-delà de la mémoire du 6 août 1221, les célébra-tions de l’année 2021 peuvent être pour l’Ordre un temps favorable pour partager avec l’Église ce trésor reçu de Dominique : s’engager dans l’aventure de l’évangélisa-tion ouvre, pour tout croyant, un chemin sur lequel vivre la joie d’être « ajusté » à Jésus, prêcheur.

C’est en étant prêcheur que Dominique re-çut la grâce de la sainteté, et c’est la voie qu’il a ouverte à ses filles et à ses fils. Ain-si la sainteté de Dominique se prolonge dans celle de ses fils et filles, dans les con-textes et les lieux où la prédication a porté des frères et des sœurs à proclamer la Pa-role et à œuvrer pour le bien de l’humanité. Comme Dominique, ils ont été attentifs aux signes des temps et dési-reux de servir la communion dans l’humanité et dans l’Église. En conjoignant une vie intense de prière pour que le monde ait la vie, engage-ment généreux pour la fraterni-té, et quête exigeante de la vér-ité, ils ont été apôtres comme saint Dominique ou saint Vin-cent Ferrier, docteurs comme saint Thomas d’Aquin et sainte Catherine de Sienne, martyrs, comme saint Pierre de Vérone.

Ces dernières années, d’autres figures ont été reconnues comme témoins de cette sainteté par la prédication, comme le frère Jean-Joseph Lataste, apôtre des prisons, Pier Giorgio Frassati, « l’homme des Béatitudes », fig-ure si importante pour les jeunes aujourd’hui, le frère Giuseppe Girotti, martyr du nazisme, la Bienheureuse Ma-rie Pousssepin, infatigable apôtre missionnaire de la char-ité, la Bienheureuse Marie-

Alphonsine Ghattas et l’audace de sa fon-dation en Moyen Orient… Tout récem-ment, le frère Pierre Claverie, évêque d’Oran, a été reconnu martyr avec ses dix-huit compagnons d’Algérie. Tous ces saints et bienheureux illustrent ensemble le modèle de sainteté, progressivement promu dans l’Ordre depuis la canonisation de saint Dominique en 1234, qui tient dans la triade : prédicateur, docteur et martyr. L’Ordre aimerait proposer prochainement à l’Église le témoignage de sainteté du frère Marie-Joseph Lagrange, de Giorgio La Pi-ra, laïc qui voua sa vie à servir la cité, Bar-tolome de Las Casas, Girolamo Savona-role…. Mais avec eux, tant d’hommes et de femmes, religieux et laïcs, ont trouvé en saint Dominique l’inspiration qui les fit choisir d’engager leur vie pour l’Évangile, de trouver leur vie en proclamant et témoignant de la bonne nouvelle du Roy-aume. Saint Dominique, une sainteté pour aujourd’hui !

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Convento Santa Sabina (Aventino) Piazza Pietro d’Illiria, 1— 00153 Roma +3906579401 [email protected]

C ’est dans un esprit de profonde action de grâce pour cette voie de sainteté ouverte par saint Dominique que nous

célébrerons l’anniversaire de sa mort au cours de l’année qui s’étendra du 6 janvier 2021 au 6 janvier 2022.

Action de grâce pour le chemin qu’il a ouvert devant nous et sur lequel nous dé-sirons qu’être prêcheur soit notre voie de sanctification. Action de grâce pour les témoignages de tant de sœurs et de frères dont la sainteté est accueillie par l’Église comme un don précieux pour tous les fidèles. Action de grâce pour l’interces-sion auprès de Dieu que Dominique a promise à ses frères qui le pleuraient et qui constitue la force de la sainte prédica-tion aujourd’hui. Et nous rendons grâce avec la conscience vive, une fois encore, que célébrer cette mémoire est en même temps une prière : que par l’intercession de Marie, la Mère des Prêcheurs, et de saint Dominique, les frères et les sœurs de l’Ordre, laïcs et religieux, apostoliques et monastiques, confirment la « sainte prédi-cation » par leur service de l’humanité et de l’Église.

Fait à Sainte Sabine, le 6 août 2018,

Votre frère en saint Dominique,

« O Spem miram quam dedisti mortis hora te flentibus Dum post mortem promisti te pro futurum fratribus : Imple Pater quod dixisti nos tuis juvans precibus. Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus, Nobis opem ferens Christi, aegris medere moribus. Imple Pater… »

L a lettre

du MO

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IDI, 577, Aout, 2018

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Santa Rosa de Lima

Escultor : Lombardo

Ercole Ferrata.

Donacion del Papa

Clemente IX (1668)

Basilica Santa Sabina

Roma