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Place des outils multimédias en PCEM
Cas particulier des sciences morphologiques
Dr JM Dupont
Table des matières
Introduction ..................................................... 2 Avantages et contraintes des TIC ................................. 3 Avantages ...................................................... 3 Contraintes .................................................... 3
Applications des TIC au premier cycle des études médicales ....... 6 Le Cours magistral ............................................. 6 L’Enseignement dirigé ......................................... 11 Autoformation, Autoévaluation ................................. 13
L’enseignement numérique, enjeu stratégique pour l’Université ... 18 Conclusion ...................................................... 21
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Introduction
La révolution numérique entamée il y a plus de 10 ans aboutit à une
modification profonde des modes d’accès à l’information et partant
de là aux stratégies d’acquisition des connaissances par les
étudiants. La facilité, l’instantanéité, la disponibilité 24h sur
24, sans oublier le caractère ludique pour certains lié à
l’utilisation de l’informatique, ont contribué à l’expansion de
l’utilisation de l’information numérique et donc de l’offre.
L’Université doit participer à cette information numérique pour
plusieurs raisons dont les principales sont d’assurer et d’améliorer
la diffusion de connaissances validées, de répondre à l’évolution
des modes de travail des étudiants et plus généralement d’avoir une
visibilité extérieure afin d’accroître sa renommée et donc son
recrutement potentiel.
L’information numérique, dont le stockage et la diffusion sont
assurés via l’informatique, nécessite des logiciels particuliers
pour sa création et sa mise en forme, regroupés sous le vocable
d’outils multimédias ou TIC (Technologies de l’Information et de la
Communication). Le plus simple d’entre eux est le traitement de
texte permettant de préparer ex nihilo un document écrit et de le
mettre en page pour sa diffusion. D’autres outils existent destinés
de la même manière à organiser et diffuser des images, du son, de la
vidéo…, seuls ou associés entre eux de manière coordonnée. Comme le
nom générique d’outils multimédias le suggère, l’emploi de ces
logiciels ne constitue pas une fin en soit, mais il doit
correspondre à une réflexion quant au meilleur moyen de transmettre
une information.
Ce mémoire a donc pour but de proposer certaines applications du
multimédia dans le cadre du premier cycle des études médicales, en
essayant de ne pas perdre de vue les contraintes techniques imposées
par le numérique. Ces réflexions reposent sur mon expérience
personnelle en tant qu’enseignant (mais aussi en tant qu’étudiant
dans le cadre d’autres formations), sur les discussions avec les
étudiants et leur retour vis-à-vis des premières réalisations, et
enfin sur les échanges avec les collègues d’autres universités
également impliqués dans l’information numérique.
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Avantages et contraintes des TIC
Même si cela n’entre pas directement dans le cadre d’une réflexion
sur la pédagogie, il n’est pas possible d’envisager les utilisations
du multimédia sans évoquer en préalable les particularités et les
contraintes liées à ce mode de diffusion de l’information, car ces
contingences techniques devront être prises en compte au moment des
choix pédagogiques.
Avantages
L’intérêt principal du numérique (et en même temps son principal
inconvénient comme on le verra) est la dématérialisation de
l’information. Grâce aux réseaux informatiques et à Internet,
l’information devient accessible à distance et en permanence, elle
peut être diffusée à moindre coût (pour le diffuseur, la charge
éventuelle de la rematérialisation sous forme papier étant reportée
sur l’utilisateur final). De plus, le numérique permet d’associer
d’autres médias (images et/ou son) à un texte afin de renforcer son
impact ou de faciliter sa compréhension. Le deuxième atout du
numérique réside dans les capacités d’interactivité qu’il offre,
permettant d’organiser et de diffuser l’information adaptée en
fonction des retours de l’utilisateur.
Contraintes
Mais pour pouvoir envisager d’exploiter pleinement ces possibilités
et de les adapter à de nouveaux modes d’enseignement, il est
indispensable de garder en mémoire les contraintes associées au
numérique. Celles-ci peuvent s’envisager à deux niveaux, d’une part
au niveau des infrastructures techniques nécessaires et d’autre part
au niveau des utilisateurs, les enseignants et les étudiants.
Les infrastructures.
L’intérêt numéro 1 du numérique, c’est sa disponibilité permanente
et son accessibilité instantanée à distance. Cependant, atteindre de
tels objectifs dans un cadre professionnel impose des
infrastructures importantes en termes de réseau, de serveurs
informatiques, d’interface, de gestion des utilisateurs (droits
d’accès différents)… , et de pouvoir faire appel à des compétences
techniques particulières pour faire fonctionner le système. Il ne
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faut pas oublier nos propres expériences d’utilisateur et se
souvenir que l’on n’adopte un site institutionnel comme pourvoyeur
d’information que si l’on est satisfait de son efficacité globale
quand on recherche une information.
Un développement cohérent et à grande échelle d’une information
numérique nécessite donc de s’en donner les moyens et ne peut être
que le résultat de la volonté « politique » d’une institution à
mettre en place les outils nécessaires.
Un point particulier mérite d’être souligné, c’est le problème des
sauvegardes, qui est du ressort à la fois de l’infrastructure et des
utilisateurs. La contrepartie de la dématérialisation de
l’information, c’est sa volatilité. Malgré la fiabilité accrue des
matériels informatiques, les sauvegardes (donc la multiplication des
copies d’une information sur des supports informatiques physiquement
différents) sont indispensables pour en assurer la pérennité. Or
l’expérience montre que même si tout le monde le « sait », on
assiste encore très souvent à des pertes d’informations en raison
d’un manque de rigueur dans ce domaine, de la part d’utilisateurs
lambda mais aussi parfois des responsables d’infrastructure.
Les enseignants
Si l’on se place du point de vue des enseignants, qui sont les
pourvoyeurs d’information, le passage au numérique présente des
inconvénients qu’il faut cerner au mieux pour essayer de les
minimiser.
Le premier d’entre eux est lié à la perte d’autonomie dans la
préparation (voire la conduite) des enseignements du fait d’une
absence de maîtrise des outils informatiques. Cet aspect doit donc
être pris en compte dans le processus de développement de
l’information numérique afin de ne pas bloquer la production de
contenu. Pour faciliter cette production, une formation des
enseignants aux outils multimédias les plus utilisés (traitement des
images, du son, diaporama etc…) doit être prévue, mais il semble
également souhaitable de disposer d’une équipe informatique qui soit
à même d’assurer la mise en ligne de l’information et d’apporter une
aide à la mise en forme des contenus pédagogiques en fonction du
mode de diffusion choisi.
Le deuxième inconvénient, étroitement lié au premier, réside dans le
fait que la préparation d’un enseignement sous une forme numérique
est beaucoup plus consommatrice de temps que la préparation d’un
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enseignement conventionnel, car outre l’aspect pédagogique, il faut
également se soucier de l’aspect technique. L’accroissement du temps
de préparation est inversement proportionnel à la maîtrise des
outils informatiques évoquée ci-dessus, d’où l’importance de la
formation initiale des enseignants pour faciliter le passage au
numérique et la modification des habitudes d’enseignement.
Les étudiants
Du point de vue des étudiants, le problème principal qui se pose est
celui de l’accessibilité aux informations et aux enseignements sous
forme numérique. Un enseignement qui n’atteint pas sa cible (les
étudiants) est un enseignement inutile. Si les capacités des
étudiants à utiliser l’outil informatique ne constitue pas un
obstacle a priori puisque les apprentissages de base ont lieu
maintenant dès le secondaire, se pose le problème de leur
équipement. En ce domaine les choses devraient évoluer favorablement
tant en termes d’ordinateurs que de connexion à Internet à haut
débit, mais il faut cependant développer les moyens mis à la
disposition des étudiants au sein de l’Université pour donner accès
à tous aux ressources numériques. De la même manière que les
bibliothèques permettent une mise à disposition des ouvrages pour
tous les étudiants, le développement d’un système d’information
numérique doit s’accompagner de la mise en place de salles
multimédias suffisamment importantes pour répondre aux besoins des
étudiants ne disposant pas d’équipement personnel.
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Applications des TIC au premier cycle des études médicales
La variété des outils multimédias disponibles permet d’envisager un
vaste panel d’applications possibles, adaptées aux différentes
situations d’enseignement rencontrées. J’en détaillerai ci-après
quelques-unes (cours magistraux, enseignements dirigés et
autoformation / autoévaluation des étudiants), en essayant à chaque
fois de cerner les apports et les limitations, parfois spécifiques à
l’enseignement des sciences morphologiques, mais plus souvent
généralisable à l’ensemble des disciplines.
Le Cours magistral
C’est probablement la situation au cours de laquelle le numérique
apporte fondamentalement la plus value la plus faible par rapport à
un cours traditionnel. En effet, les possibilités d’illustrations
existent depuis longtemps déjà, que ce soit par l’intermédiaire des
diapositives, de vidéos ou de films. Cependant, l’intégration totale
des différents médias dans une seule présentation numérique peut
faciliter les transitions entre les différentes parties du cours,
évitant ainsi des pauses non voulues qui peuvent se révéler néfastes
pour l’attention des étudiants.
1. Séquences animées L’intérêt principal du multimédia pendant les cours magistraux est
de pouvoir compléter le cours avec de courtes séquences animées,
qui, quand elles sont bien choisies, peuvent faciliter la
compréhension de processus complexes. Bien sûr l’animation ne peut
se suffire à elle-même, mais elle permet d’avoir une vue d’ensemble
du phénomène évoqué et simplifie la description des étapes
principales. De telles séquences brèves sont difficiles à intégrer
dans un cours classique car la multiplication des interruptions pour
passer d’un support à l’autre risque de hacher le déroulement de
l’enseignement.
Un exemple de cours magistral durant lequel de telles animations
très courtes peuvent se révéler bénéfiques est le cours
d’embryologie consacré au développement de la face. Ce processus est
classiquement décrit par étapes successives pour permettre d’en
saisir la chronologie. Cependant, si on fait précéder cette
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description classique mais statique par une représentation dynamique
de l’évolution de la face au cours du développement, on facilite la
compréhension globale du phénomène qui est appréhendé dans son
ensemble. Par ailleurs, et sans qu’il s’agisse de faire du
« cinéma » pour l’autosatisfaction de l’enseignant, il est évident
que ce type de séquences, bien choisies et utilisées, aide à capter
l’attention de l’auditoire et donc à faire passer l’information.
2. Transmission de documents issus du cours Le deuxième intérêt de la numérisation des documents utilisés
pendant les cours réside dans leur transmission facilitée aux
étudiants. C’est notamment le cas pour les schémas qui sont aisément
diffusés sans altérations, contrairement au système de la “ronéo ”
dont la fiabilité laisse le plus souvent à désirer en raison du trop
grand nombre d’erreurs relevées. La numérisation et la diffusion
informatique de fragments du cours s’apparente au concept du
polycopié, mais avec une plus grande souplesse d’utilisation puisque
des modifications de dernière minute peuvent y être apportées (sans
contrainte liée à la réalisation physique des documents
pédagogiques).
3. Pièges, limitations Cependant l’usage du multimédia lors des cours magistraux expose au
risque d’un rythme trop rapide de l’exposé. En effet, la préparation
de tous les documents préalablement au cours et leur intégration
dans une présentation PowerPoint par exemple, supprime toutes les
pauses habituellement liées à leur visualisation. C’est
particulièrement vrai en ce qui concerne les schémas, dont la
projection instantanée constitue un piège à la fois pour
l’enseignant qui prend le risque de supprimer les respirations de
son cours, et pour les étudiants qui ne peuvent pas à la fois le
reproduire et prendre les notes correspondantes.
Une des solutions pour éviter cet écueil, c’est de créer en
multimédia des schémas qui se mettent en place progressivement, au
fur et à mesure des explications comme pour un schéma dessiné au
tableau. Une autre possibilité consiste à fournir aux étudiants
préalablement au cours un recueil de tous les schémas afin d’éviter
la surcharge cognitive consécutive à la prise simultanée des notes
et du schéma.
4. Retour des étudiants (PCEM2, cours d’Histologie)
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Pour connaître l’avis des principaux intéressés, j’ai ajouté au
questionnaire habituel destiné aux étudiants de PCEM2 sur
l’évaluation de l’enseignement des items concernant la manière dont
ils ont accueillis les cours d’Histologie réalisés sous forme de
présentation PowerPoint. Bien évidemment, cette micro enquête n’a
qu’une valeur très indicative, essentiellement parce qu’il n’y a pas
eu de possibilité de comparaison avec le même enseignement mené de
façon plus classique, mais elle permet de donner un aperçu des
attentes des étudiants dans le domaine multimédia.
Enquête PCEM2
nb mauvais bon
réponses 0 1 2 3 4
Présence aux cours : 0; 25%; 50%;
75%; >75% 70 2 22 15 11 20
2,9% 31,4% 21,4% 15,7% 28,6%
Intérêt global 67 2 11 18 28 8
3,0% 16,4% 26,9% 41,8% 11,9% Plus value par rapport
aux cours traditionnels 63 0 2 25 25 11
0,0% 3,2% 39,7% 39,7% 17,5% Intérêt des photos pour
la compréhension du cours 66 0 3 14 24 25
0,0% 4,5% 21,2% 36,4% 37,9% Intérêt des animations pour
la compréhension du cours 55 4 7 13 17 14
7,3% 12,7% 23,6% 30,9% 25,5% Intérêt des schémas projetés
par rapport aux schémas dessinés 62 1 9 6 23 23
1,6% 14,5% 9,7% 37,1% 37,1% Intérêt de pouvoir disposer
des schémas en JPEG 53 3 5 15 10 20
5,7% 9,4% 28,3% 18,9% 37,7% Intérêt à pouvoir revoir la
presentation sur l'intranet de la Fac 52 5 6 8 18 15
9,6% 11,5% 15,4% 34,6% 28,8%
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Il faut préciser que le fort taux de retour ne peut en aucun cas
être un indicateur d’intérêt particulier pour le multimédia (ou pour
l’Histologie …) dans la mesure ou le questionnaire a été soumis et
remplit juste avant la distribution des copies d’examen.
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Globalement, l’accueil réservé à l’enseignement sous forme de
présentation PowerPoint a été favorable, traduisant probablement la
culture “ numérique ” qu’ils ont acquise plutôt qu’un réel
sentiment d’innovation majeure comme le traduisent les réponses
mitigées à la question de la plus value par rapport à l’enseignement
traditionnel. Finalement, il s’agit presque d’un signe positif qui
montre que les étudiants savent rester critiques vis-à-vis des
nouvelles technologies et ne sont pas impressionnés par quelques
images animées et des photos en cascade.
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Comme attendu, l’apport le plus marquant de leur point de vue a été
l’intégration des illustrations dans le cours, et la présence de
schémas construits progressivement permettant de mieux suivre la
mise en place des différentes structures. L’item “Intérêt des
schémas projetés par rapport aux schémas dessinés ” doit à mon sens
être interprété avec prudence, car le plébiscite en faveur des
schémas électroniques (plus de 80 % des étudiants favorables ou très
favorables) est très probablement en relation avec la possibilité de
les recevoir directement par courriel, ce qui évite d’avoir à les
dessiner soit même.
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Le dernier point abordé concerne la mise à disposition des documents
du cours sous forme électronique (soit simplement les schémas, soit
la possibilité de revoir tout le cours). Là encore les étudiants
semblent très favorables à cette idée qui leur permettrait de
disposer en permanence de documents pédagogiques à jour.
L’Enseignement dirigé
Les enseignements dirigés constituent un domaine d’application
pouvant bénéficier particulièrement des TIC, notamment dans le
domaine des sciences morphologiques. En effet, une des difficultés
auxquelles sont confrontées les équipes enseignantes chargées de
l’anatomie microscopique réside dans la préparation et le maintien
de collections de lames couvrant l’ensemble du programme. Cette
tâche est d’autant plus délicate que le nombre des étudiants
augmente (ce qui accroît également le nombre de lames cassées lors
des manipulations et qu’il faut remplacer), de même que le
déploiement d’un parc suffisant de microscopes de qualité par la
Faculté.
Une autre difficulté est liée à l’observation microscopique elle-
même, qui rend délicate la démonstration par l’enseignant des
éléments essentiels à retrouver sur telle ou telle préparation et
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empêche que les réponses apportées à un étudiant en relation avec
une difficulté d’observation soit partagées et profitables à tous.
Ces difficultés peuvent être contournées par l’utilisation du
multimédia, avec deux niveaux possibles d’intervention : soit une
aide à l’encadrement des étudiants par l’enseignant en lui donnant
la possibilité de mieux interagir avec ses étudiants, soit une
modification de la conception des enseignements dirigés pour faire
face à l’afflux des étudiants.
1. Amélioration de l’interactivité des enseignements dirigés. La raison d’être des enseignements dirigés en histologie est de
donner aux étudiants, en plus de la connaissance théorique acquise
en cours, les notions de base de l’observation microscopique, une
idée des proportions des structures qu’ils ont à connaître et la
démarche diagnostique à mettre en œuvre pour les identifier. Pour
cela, une étape de démonstration est nécessaire de la part de
l’enseignant, mais celle-ci sera d’autant plus profitable qu’elle se
basera sur le même matériel que celui mis à la disposition des
étudiants, donc sur une des lames qui leur sont distribuées. Mais
dans ce cas, il devient impossible, à partir d’un microscope, de
montrer les éléments pertinents à l’ensemble du groupe d’étudiants.
Une des solutions consiste à passer par une étape de numérisation de
la préparation via une caméra vidéo montée sur le microscope de
l’enseignant, permettant alors une diffusion de ce qu’il visualise
soit vers un vidéo projecteur, soit vers des écrans disposés à
chaque poste de microscopie des étudiants. Un tel système permet à
tous de suivre les explications avec le maximum d’efficacité et
facilite l’illustration par l’enseignant des points essentiels à
identifier. Un système plus complet supposerait d’équiper tous les
microscopes des étudiants avec une caméra vidéo de manière à
permettre en retour la visualisation par tous des éléments qui
posent des problèmes d’interprétation. On établit de la sorte une
véritable interactivité autour du cœur de l’enseignement, les
images.
2. L’expérience de Cochin Depuis 2 ans, une salle d’enseignement dirigée informatisée a été
équipée de la sorte à Cochin, avec une caméra vidéo sur le
microscope de l’enseignant diffusant les images vers un vidéo
projecteur et vers les postes informatiques des étudiants (mais
leurs microscopes ne sont pas équipés de caméras vidéo).
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Cette salle a été immédiatement “ plébiscitée ” à la fois par les
étudiants (il n’y a personne dans la salle d’enseignement classique
qui fonctionne en parallèle) et par les enseignants qui ont
rapidement saisi les possibilités offertes par cet équipement. Les
avantages théoriques évoqués plus haut se sont révélés tout à fait
réels en pratique.
3. Vers un enseignement virtuel des sciences morphologiques Le nombre des étudiants admis en PCEM2 est un paramètre essentiel à
prendre en compte pour organiser un enseignement dirigé dans le
domaine de l’anatomie microscopique. La préparation et le maintien
de collections de lames ayant une valeur pédagogique demande un
investissement en temps qui va rapidement devenir incompatible avec
les moyens humains disponibles.
Le multimédia peut apporter une solution en dématérialisant le
matériel d’étude. Il existe aujourd’hui des logiciels permettant de
numériser une lame entièrement et à plusieurs résolutions. Il
devient dès lors envisageable de développer un microscope virtuel à
partir d’un poste informatique, grâce auquel l’étudiant peut se
déplacer sur la lame comme il le ferait sous un microscope et zoomer
sur les régions qu’il veut analyser plus en détail. 0n recrée ainsi
la démarche diagnostique enseignée aujourd’hui (exploration d’une
lame d’abord au plus faible grossissement avant de passer au fort
grossissement pour préciser certaines zones) sans avoir à gérer la
maintenance et le remplacement des collections de lames. Il va de
soi que l’ordinateur ne pourra pas remplacer l’expérience au
microscope, mais cet apprentissage technique pourra être utilement
réservé aux futurs spécialistes qui en auront l’usage au cours de
leur pratique.
Autoformation, Autoévaluation
Il s’agit là du domaine de prédilection du multimédia, car il permet
via Internet de fournir aux étudiants l’ensemble du matériel
pédagogique nécessaire à leur formation (cours, documents
pédagogiques, questionnaires d’évaluation…) 24h/24. Ceci répond à
une évolution des modes d’apprentissage, et à la sensation de
liberté (probablement en partie surestimée) associée à la
possibilité de pouvoir disposer en tout lieu et en tout temps de ses
documents de travail.
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Cependant, au-delà de l’effet psychologique de modernité, la mise en
ligne par la faculté d’un certain nombre de documents peut
effectivement faciliter la tâche à la fois des étudiants et des
enseignants.
1. Documents pédagogiques en ligne C’est le service le plus simple que peut fournir le multimédia,
mettre à disposition les documents pédagogiques habituellement
distribués aux étudiants (polycopiés par exemple) sous une forme
électronique téléchargeable (fichier pdf) ou consultable en ligne
(format html). Les avantages pour les étudiants sont la possibilité
de pouvoir se procurer quand ils veulent les polys correspondant à
leur progression personnelle et de n’imprimer que les portions qui
les intéressent plus particulièrement. De plus, l’existence des
documents sur le serveur de la fac constitue pour eux une sauvegarde
leur permettant de télécharger à nouveau un document égaré. Pour les
enseignants, comme on l’a déjà vu, le principal intérêt est de
faciliter la mise à jour et/ou la correction des polycopiés, même en
cours d’année.
Les expériences menées dans les Facultés de Lille 2 et de La Pitié-
Salpêtrière confirment que quand les documents pédagogiques sont
disponibles sur le serveur de la Faculté, les étudiants y ont
recours massivement. Dans ces deux Universités, le suivi des
internautes montre que la très grande majorité des connexions sont
destinées aux pages hébergeant ces documents, loin devant les autres
items disponibles sur les serveurs, même si ils ont trait à la vie
étudiante.
2. Un pas de plus : les cours en ligne Une application très attrayante du multimédia est la possibilité
d’enregistrer les cours (à la fois l’image et le son) pour les
diffuser par la suite en ligne sur Internet. Ce système permet ainsi
aux étudiants de réentendre le cours pour préciser les notions mal
comprises ou combler une lacune dans leurs notes.
Deux approches sont possibles en fonction du type de cours considéré
• La situation la plus simple est celle d’un cours sous forme de
présentation PowerPoint. Il existe des logiciels capables
d’enregistrer en direct le discours de l’enseignant et de le
combiner au fur et à mesure avec les diapositives PowerPoint.
On obtient au final un fichier que l’on peut diffuser sur
l’Intranet de la faculté par exemple. Bien entendu, ce fichier
- 15 -
peut si nécessaire être retravaillé, mais l’idéal est de
limiter au maximum les interventions post-enregistrement pour
accélérer le processus de mise en ligne. Le seul élément
négatif pour le moment (mais la technique devrait rapidement y
remédier), c’est l’absence de visualisation du pointeur ce qui
peut se révéler gênant dans le cadre de la description d’une
photographie. Pour les enseignants qui seraient allergiques au
direct, il y a toujours la possibilité d’enregistrer au
préalable la présentation. Par ailleurs, dans le fichier final,
chaque diapositive correspond à un chapitre auquel on peut
accéder directement, ce qui permet à l’étudiant de ne revoir
qu’une partie de la présentation.
• Dans le cas d’un cours magistral classique, il est envisageable
(mais avec des moyens plus conséquents) de filmer le cours et
de mettre cette vidéo sur l’intranet (grâce au même procédé que
pour la Télévision, le streaming, qui consiste à envoyer les
données au fur et à mesure à l’internaute, et non pas tout le
fichier vidéo d’un coup, ce qui serait irréaliste en termes de
temps de téléchargement).
Les moyens nécessaires à une telle réalisation sont tout à fait
compatibles avec ceux disponibles dans une faculté, surtout dans le
cas des présentations PowerPoint puisqu’il suffit d’acquérir un
logiciel et un microphone.
Ce système qui est en place à la Faculté de la Pitié Salpêtrière
rencontre semble-t-il un vif succès auprès des étudiants. Il peut de
plus être aisément étendu à toute conférence donnée dans
l’Université qui devient ainsi consultable en différé, et l’ensemble
de ces présentations est susceptible de former peu à peu un fond
documentaire précieux.
3. Sites Intranet/Internet validés Internet est devenu un outil incontournable dans notre activité
médicale et scientifique de tous les jours en raison des ressources
disponibles en permanence. Malgré tout, chacun sait qu’il peut
s’avérer très difficile de trouver exactement l’information que l’on
cherche, et encore plus de vérifier sa pertinence. Ce problème est
particulièrement vrai pour les étudiants, spontanément enclins à
rechercher les informations dont ils ont besoin sur Internet, mais
sans forcément disposer des adresses ou ils sont susceptibles de
trouver des données validées sur le plan scientifique. La Faculté à
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donc un rôle à jouer à ce niveau pour transmettre dans chaque
domaine les adresses des principaux sites que l’on peut consulter
avec profit, après validation par les enseignants. Il est même
envisageable que certains sites puissent utilement compléter les
documents pédagogiques fournis voire tenir lieu de document
pédagogique si l’équipe enseignante en a validé l’ensemble du
contenu.
4. Lames microscopiques numérisées On l’a vu plus haut, les enseignements dirigés en anatomie
microscopique peuvent utilement bénéficier de la numérisation des
préparations biologiques observées. En dehors de l’utilisation en
présentiel, une numérisation systématique des collections de lames
parfois anciennes disponibles dans les Facultés permettrait de
mettre à disposition des étudiants un catalogue d’images à
différentes résolutions des préparations à savoir reconnaître (voire
avec l’évolution des technologies un véritable microscope virtuel)
via Internet. Ceci leur permettrait d’augmenter le temps
d’observation des lames afin d’améliorer la mémorisation des aspects
morphologiques à savoir identifier pour assurer un diagnostic
d’organe ou de tissu. En effet, une demande récurrente des étudiants
est de pouvoir venir revoir les lames avant l’examen, surtout quand
celui-ci est à distance des séances d’enseignement dirigé.
L’autre avantage de ce système serait de faciliter l’organisation
des séances d’enseignement dirigés puisqu’une seule lame suffirait
pour tous les étudiants, supprimant la nécessité de récupérer et de
préparer des coupes sériées de qualité équivalente. On pourrait donc
envisager un enseignement basé sur un microscope virtuel, simulant
les étapes à suivre pour arriver à une reconnaissance de la
préparation mais sans la nécessité de maintenir un parc complet de
microscopes.
5. Banque de questions De la même manière que la mise à disposition des contenus
pédagogiques sur Internet donne aux étudiants un certain degré de
liberté dans l’organisation de leurs apprentissages, la création de
banques de questions en ligne leur permettra de s’auto évaluer au
fur et à mesure. Si dans un premier temps, une évaluation formative
semble plus facile à mettre en place, rien n’empêche en théorie
d’envisager à terme une évaluation normative en ligne ou le
- 17 -
développement de réponses électroniques lors des évaluations
organisées au sein de la Faculté.
- 18 -
L’enseignement numérique, enjeu stratégique pour
l’Université
Si l’on sort du cadre interne à l’Université et des applications
pédagogiques du multimédia, force est de constater que la qualité de
l’information numérique fournie est en train de devenir un enjeu
stratégique. En effet, le rôle premier d’une Faculté est de diffuser
un savoir et un savoir faire, et de ce point de vue, Internet a
démultiplié la facilité et la rapidité de propagation des
connaissances. En retour, Internet constitue également une vitrine
des possibilités offertes par une Université et facilite les
comparaisons entre Universités au moment du choix. À ce titre, il
semble fondamental pour qu’elle continue à remplir son rôle et à
attirer les étudiants, de fournir des contenus de qualité qui seront
consultables de partout. Il s’agit d’un défi à relever pour non
seulement attirer les étudiants, mais également faire vivre et
continuer à diffuser une information scientifique de qualité en
français. Les moyens engagés doivent être à la hauteur de l’enjeu,
moyens techniques bien sûr mais surtout volonté politique en
mobilisant les compétences et les énergies à la fois des enseignants
et des informaticiens. De ce point de vue, tout ce qui sera réalisé
en vue d’adapter le multimédia à la pédagogie (numérisation des
collections, cours et conférences en ligne …) servira également cet
objectif de diffusion des savoirs.
Mais cela ne peut être suffisant, et il faut également envisager la
création d’enseignements spécialement adaptés à l’apprentissage à
distance car il est plus simple de faire circuler l’information que
les personnes. Un exemple à méditer est celui du MIT qui a récemment
mis en ligne gratuitement un grand nombre cours
(http://ocw.mit.edu/index.html), ce qui contribue à l’évidence à
accroître son influence.
- 19 -
De ce point de vue, la création de l’UMVF (Université Médicale
Virtuelle Francophone, http://www.umvf.prd.fr/) a permis de combler
une partie du retard accumulé en regroupant l’ensemble des
Universités françaises au sein d’un Groupement d’Intérêt Publique
dont le but est de fournir dans un cadre cohérent un ensemble de
ressources documentaires créées et validées par les différents
collèges participants. Cependant, la participation des enseignants
(et de leur Facultés) est essentielle pour enrichir et améliorer les
contenus disponibles.
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On voit donc que les Universités ont intérêt à favoriser le
développement des enseignements multimédias de façon à venir
enrichir l’UMVF, qui en retour fourni aux enseignants une base
existante de documents pédagogiques en ligne.
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Conclusion
Le champ d’application des technologies multimédias dans le cadre de
l’enseignement est extrêmement large, du simple polycopié
électronique au cursus entièrement à distance. Comme toujours, la
technologie ne constitue pas une fin en soit, mais elle doit
s’adapter aux besoins exprimés par les utilisateurs, ce qui suppose
d’élaborer un projet avec des objectifs bien définis. De la sorte,
il est possible de tirer un bénéfice maximal des avantages du
numérique (rapidité de diffusion de l’information, interactivité,
permanence d’accès …) en essayant d’en limiter les inconvénients
(équipement des étudiants, sécurisation des données, facilité
d’accès aux documents via l’Intranet ou l’Internet …).
Ainsi, il semble plus judicieux de mettre en place progressivement
la numérisation des documents pédagogiques, et d’augmenter la
quantité et la variété des contenus disponibles au fur et à mesure
de l’acquisition des compétences par les enseignants, plutôt que de
se lancer dans un projet pharaonique d’Université entièrement
virtuelle qui ne verrait le jour (peut être) que dans quelques
années. De plus, la mise en ligne progressive des cours donnera peu
à peu l’habitude aux étudiants d’utiliser l’Intranet de la Faculté,
ce qui facilitera le moment venu une transition plus complète vers
le tout numérique. En revanche, savoir progresser pas à pas ne doit
pas conduire à l’immobilisme car tout retard pris dans le domaine de
l’informatisation (qui évolue très vite) risque de se traduire par
la suite par une diminution de l’attractivité des Universités
françaises et une perte de leur influence internationale en raison
d’une absence de visibilité sur Internet.
Quel impact doit-on attendre de l’application de ces nouvelles
technologies de l’information, et notamment y a-t-il un risque de
voir les étudiants déserter les amphithéâtres quand « tout » sera
disponible en ligne ?
S’il est probable (et même souhaitable) que le multimédia entraîne
une modification des méthodes d’apprentissage (mais pas du contenu
pédagogique), il semble en revanche illusoire d’imaginer une
disparition des enseignants et des étudiants de la Faculté et ce
pour plusieurs raisons :
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1. les enseignants seront toujours nécessaires puisque ce sont eux qui sont responsables des contenus pédagogiques des cours,
qu’ils soient en amphi ou en ligne ;
2. les expériences de e-learning menées jusqu’à présent ont
clairement montré qu’un enseignement totalement à distance ne
marche pas et qu’il est toujours nécessaire d’inclure une part
de présentiel qui donne aux étudiants l’occasion d’un contact
avec les enseignants ;
3. les étudiants sont déjà largement absents des amphithéâtres,
alors même que les cours ne sont pas en ligne. Il est donc
possible au contraire que les possibilités nouvelles offertes
par le multimédia, si elles sont bien exploitées, donnera aux
cours en présentiel une plus value qui incitera les étudiants à
y participer d’avantage ;
4. dans le cas particulier des Facultés de Médecine, les
enseignants ont en plus du rôle pédagogique habituel, un rôle
de compagnonnage indispensable à l’acquisition du savoir
médical. Cet aspect ne pourra pas être remis en cause par
l’informatisation des enseignements.
Il faut donc aller de l’avant et essayer de maîtriser suffisamment
les TIC pour faire bénéficier nos étudiants, localement comme à
distance, des possibilités qu’elles offrent pour faciliter la
transmission des savoirs.