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PLAN - scolarite.fmp-usmba.ac.mascolarite.fmp-usmba.ac.ma/cdim/mediatheque/e_theses/65-08.pdf · en rapport essentiellement avec l’axe aéro-digestif, les axes vasculo-nerveux du

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PLAN

Introduction……………………………………………………………….………….….. 1

Rappels………………………………………………………………………….……..….. 3

I-Rappel anatomique………………………………………………………......... 4

1-Anatomie chirurgicale …....................................................................... 4

2-Anatomie radiologique………………………………………................ 16

II- Rappel physiologique……………………………………………………...... 20

III- Rappel anatomopathologique……………………………..…………........ 24

Etude de notre série………………………………………………………………….. 35

I- Patients et méthodes …………………………….……..……………………. 36

II- Résultats……………………………………………………………………….. 39

Discussion………………………………………………………………………………… 53

I- Epidémiologie…………………………………………………………………… 54

II- Etude clinique………………………………………………………………….. 55

III- Examens complémentaires………………………………………………… 59

IV- Histopathologie ………..…………………………………………………….. 72

V- Traitement…………………………………………………………………….. 74

A-But……………………………………………………………………….. 74

B- Moyens………………………………………………………………….. 74

C- Indications……………………………………………………………… 86

VI- Evolution……………………………….………………………………………. 92

Conclusion………………………………………………………………………………. 105

Résumé…………………………………………………………………………………… 107

Bibliographie……………………………………………….………….………….…..... 111

1

INTRODUCTION

2

La chirurgie thyroïdienne prend une place privilégiée dans le traitement de

multiples pathologies thyroïdiennes. C’est un acte nécessitant l'association de

compétences multidisciplinaires ; endocrinologue, chirurgien, radiologue,

oncologue, réanimateur anesthésiste et parfois chirurgien plasticien pour aboutir à

une meilleure prise en charge du patient (1,2). Ses indications s’élargissent de plus en plus et intéressent aussi la pathologie

maligne que bénigne. Cependant la région thyroïdienne est riche en organes nobles

ce qui grève l’acte chirurgical de risques de complications vitales et fonctionnelles

non négligeables et impose une connaissance parfaite de la pathologie laryngée et

une bonne maîtrise de l’anatomie cervicale (2). De même dans le cadre de la

pathologie maligne les modalités d’extension carcinologique imposent une bonne

connaissance des variétés anatomopathologiques. Enfin l’assimilation de la

physiopathologie permet d’expliquer les symptômes et de bien indiquer le

traitement médical.

Les moyens dont disposent nos médecins pour cerner la pathologie

thyroïdienne présentée par leurs malades sont limités par rapport à ceux de la

littérature ce qui nous confère un contexte propre pour parer à ces insuffisances.

Pour cela nous avons établi une étude rétrospective concernant 215 malades ayant

bénéficié une thyroïdectomie représentant 5 ans d’activité entre janvier 2002 et

décembre 2006 au sein du service d’Oto-rhino-laryngologie, CHU HASSAN II à Fès.

Et ce en analysant les données épidémiologiques, cliniques, para cliniques, les

attitudes thérapeutiques et les suites évolutives en particulier les complications

rencontrées au court et au long terme, afin d’approcher nos propres attitudes

thérapeutiques, nos moyens permettant de prévenir la morbidité liée à cette

intervention et d’évaluer nos résultats comparés à celle de la littérature.

3

RAPPELS

4

I- Rappel anatomique La chirurgie du corps thyroïde ne peut se concevoir actuellement, sans la

connaissance parfaite de son anatomie normale et ses variantes (1-9, 12,14).

Cette glande endocrine est située dans la région sous hyoïdienne médiane, entre

en rapport essentiellement avec l’axe aéro-digestif, les axes vasculo-nerveux du

cou, les nerfs laryngés et les parathyroïdes.

1- Anatomie chirurgicale

A- Morphologie de la thyroïde La thyroïde a la forme d'un papillon. Les lobes latéraux sont réunis par un

isthme large et mince donnant à l'ensemble un aspect en H avec un lobe droit plus

volumineux que le gauche (2-6). La pyramide de Lalouette qui naît le plus souvent

soit de l'isthme, soit du lobe gauche est inconstante (3,4). La coloration de la

thyroïde est rose, de consistance molle, avec une surface légèrement mamelonnée.

Son volume est variable en fonction de l'âge. Son poids normal est de 25 à 30 g (3).

B- Situation de la thyroïde

L’isthme est en regard des deuxième et troisième anneaux, les lobes répondent

pour moitié à la trachée et pour moitié au larynx, les pôles supérieurs affleurent le

bord postérieur du cartilage thyroïdien, l'inférieur répond au cinquième, voire au

sixième anneau trachéal sur la tête en hyperextension (2-7).

5

C- Rapports de la thyroïde

1- Rapports superficiels

La peau de la face antérieure du cou est doublée d'un tissu cellulo-graisseux. De

part et d'autre de la ligne médiane, jusqu'au contact de la saillie des muscles sterno-

cléido-mastoïdiens, apparaissent les veines jugulaires antérieures qui sont

comprises dans l'aponévrose cervicale superficielle. Leur section-ligature conduit à

la face profonde de cette dernière et au plan de décollement utilisé pour découvrir

la saillie volumineuse des muscles sterno-cléido-mastoïdiens, les muscles sterno-

hyoïdiens unis sur la ligne médiane par la ligne blanche (3-6). Celle-ci divisée, on

découvre en arrière du sterno-hyoïdien le muscle sterno-thyroïdien.

2- Rapports profonds

Ils sont constitués essentiellement par :

2-1- Axe aéro-digestif

Le corps thyroïde se moule sur les faces antérieures et latérales de cet axe,

constitué par le larynx et la trachée en avant et l’œsophage en arrière.

L’isthme est fixé au deuxième anneau trachéal par le ligament de Grûber médian.

La face profonde de la partie isthmique inférieure est séparée de la trachée par le

plexus isthmique à l’origine des veines thyroïdiennes médianes (3-5). Il faut retenir

ici le danger veineux du décollement inférieur (2). Les lobes latéraux entrent en

rapport avec l’axe aéro-digestif par leur face postéro-interne et leur bord

postérieur.

6

2-2- Axe vasculo-nerveux latéral du cou

Il entre en rapport avec la face postéro-externe des lobes latéraux et est formé

au niveau du corps thyroïde par :

- l’artère carotide primitive en dedans.

- La veine jugulaire interne en dehors.

- La chaîne lymphatique jugulo-carotidienne située sur la face antéro-

externe de la veine.

- le nerf pneumogastrique placé dans l’angle dièdre postérieur formé par la

carotide et la jugulaire.

- L’anse du nerf grand hypoglosse (2-4).

7

2-3- Rapports importants sur le plan chirurgical:

a- Rapports du corps thyroïde et des nerfs laryngés

Ils sont utiles à connaître non seulement pour éviter leur blessure au cours

des exérèses thyroïdiennes, mais encore pour expliquer leur atteinte au cours des

processus tumoraux (2-7,9).

Nerf laryngé inférieur ou nerf récurrent:

C'est une branche du nerf vague. Le récurrent gauche naît dans le thorax sous

la crosse de l'aorte, puis remonte verticalement dans l'angle trachéo-oesophagien,

plaqué sur la face antérieure du bord gauche de l'oesophage. Il est accompagné par

les ganglions de la chaîne récurrentielle (5-7). Il passe en arrière et à distance de

l'artère thyroïdienne inférieure et du lobe gauche de la thyroïde, pour remonter

jusqu'au bord inférieur du muscle constricteur inférieur du pharynx, sous lequel il

s'engage pour pénétrer dans le larynx.

A droite, il naît du nerf vague dans la région carotidienne et sous-clavière,

remontant sous la sous-clavière et au contact du dôme pleural. Il se dirige en haut

et en dedans, en passant en arrière de la carotide, puis se dirigeant obliquement

vers le haut, pour rejoindre l'angle trachéo-oesophagien par un trajet un peu plus

oblique qu'à gauche. Il remonte jusqu'au muscle constricteur du pharynx, sous

lequel il se glisse pour pénétrer dans le larynx.

Le récurrent innerve tous les muscles du larynx, sauf le crico-thyroïdien. Il est

sensitif pour la muqueuse postérieure du larynx, et présente des anastomoses avec

le rameau interne du nerf laryngé supérieur (2-7). Les fibres du nerf récurrent sont

fragiles, mais peuvent donner lors des traumatismes modérés une paralysie isolée

du crico-aryténoïdien, avec dyspnée, et en cas de traumatisme plus sévère, une

paralysie des muscles constricteurs, avec troubles phonatoires.

8

Nerf laryngé supérieur:

C'est un nerf mixte, lui aussi originaire du vague, dont il émerge au niveau du

creux sous-parotidien postérieur (5-7). Il descend obliquement en bas et en avant,

le long de la paroi pharyngée jusqu'à la grande corne de l'hyoïde, derrière laquelle il

se divise en deux branches:

- Nerf laryngé externe: descend le long de l'insertion du muscle constricteur

inférieur du pharynx, va innerver le crico-thyroïdien, puis perfore la membrane

cricothyroïdienne, pour aller apporter la sensibilité de la muqueuse du ventricule, de

la corde et de l'étage sous-glottique (2-4).

- Rameau laryngé supérieur proprement dit ou rameau interne: descend le

long de l'artère laryngée supérieure et la suit à travers la membrane thyro-

hyoïdienne. Il donne la sensibilité de la muqueuse pharyngée, depuis la base de

langue jusqu'au sinus piriforme, ainsi qu'à la muqueuse laryngée sus-glottique (2-4,

6,7).

b- Rapports avec les parathyroïdes

Les parathyroïdes, au nombre de 4; 2 supérieures et 2 inférieures, sont en

rapport étroit avec la face postérieure des lobes latéraux. Camouflées par une

enveloppe graisseuse, les parathyroïdes sont contenues dans l'épaisseur du fascia

périthyroïdien (3-5). Elles peuvent être accolées à la glande, intraglandulaires ou

encore isolées.

La parathyroïde supérieure est à la moitié de la face postérieure au contact de

l’anastomose artériel rétrolobaire, l'inférieure à la face postérieure du pôle inférieur

du corps thyroïde, au voisinage de l'artère thyroïdienne inférieure et en dehors du

nerf récurrent (2-6). Mais le corps thyroïde peut entrer en rapport avec des

parathyroïdes aberrantes: en variété intertrachéo-oesophagienne, sous-isthmique,

ou juxtarécurrentielle (3).

9

Figure 1: Rapports et vascularisation de la thyroïde (8).

10

D- Artères thyroïdiennes

La vascularisation artérielle du corps thyroïde est assurée par les deux artères

thyroïdiennes supérieures, les deux artères thyroïdiennes inférieures, une artère

thyroïdienne moyenne inconstante (3-5).

-L'artère thyroïdienne supérieure, la plus volumineuse, née de la carotide externe,

aborde le pôle supérieur du lobe latéral et se divise, soit au contact de la glande,

soit à distance, en trois branches : interne, postérieure et externe.

-L'artère thyroïdienne inférieure, branche la plus interne du tronc

bicervicoscapulaire, née de l'artère sous-clavière, se divise à la face postérieure du

pôle inférieur du lobe latéral en trois branches : inférieure, postérieure et interne.

- L'artère thyroïdienne moyenne, inconstante, naît de la crosse aortique ou du tronc

artériel brachiocéphalique et se termine dans l'isthme.

- Par leurs anastomoses sus-, sous-isthmique et postérieures, ces artères

constituent un véritable cercle artériel périthyroïdien.

- Les artères thyroïdiennes participent également à la vascularisation des

parathyroïdes (3).

11

Figure 2: Artère thyroïdienne inférieure (Iconographie service ORL Pr Alami).

E- Veines thyroïdiennes

Les veines thyroïdiennes forment à la surface du corps thyroïde le plexus

thyroïdien (2-5). Ce réseau se déverse par:

- La veine thyroïdienne supérieure qui se jette dans la veine jugulaire interne, par le

tronc thyro-linguo-pharyngo-facial ou directement.

- La ou les veines thyroïdiennes inférieures destinées à la partie basse de la veine

jugulaire interne.

- La veine thyroïdienne moyenne, inconstante, se jette dans la veine jugulaire

interne; et est transversale sur un lobe de taille normale.

- Les veines thyroïdiennes inférieures, qui collectent la partie inférieure et interne

des lobes inférieurs et de l’isthme, forment plusieurs troncs anastomosés entre eux

se jettant dans le tronc veineux brachiocéphalique gauche (3).

12

F-Lymphatiques thyroïdiens

On distingue 2 drainages lymphatiques :

♦ Superficiel : suit les veines jugulaires antérieure et externe.

♦ Profond : comprend trois parties:

1- Collecteurs médians

Les collecteurs médians supérieurs drainent la partie supérieure de l’isthme et

la partie adjacente des lobes thyroïdiens (10-13). Ils font parfois relais dans le

ganglion prélaryngé. Ces collecteurs se drainent dans les ganglions supérieurs de la

chaîne jugulaire interne au niveau de l’aire IIa. Les médians inférieurs drainent la

partie inférieure de l’isthme pour gagner la chaîne ganglionnaire prétrachéale. Plus

rarement d’autres rejoignent les ganglions médiastinaux supérieurs (aire VI).

2- Collecteurs latéraux

Les éléments supérieurs suivent le pédicule thyroïdien supérieur pour se

rendre vers les ganglions supérieurs de la chaîne jugulaire interne et notamment les

ganglions supéro-externes de la chaîne jugulaire à proximité du nerf spinal (aire II

b) (10-13). Les collecteurs latéraux et inférieurs se dirigent vers les ganglions

inférieurs et externes de la jugulaire interne. Il est à noter que les lymphatiques

latéraux, pour gagner les ganglions externes de la chaîne jugulaire interne passent

en arrière de la veine jugulaire interne (10,14-17).

3- Collecteurs postérieurs

Ils se drainent vers la chaîne récurrentielle et les ganglions rétro-pharyngés

latéraux lorsqu’ils sont présents. Ils existent d’importantes communications

lymphatiques entre les deux lobes thyroïdiens (3, 6,10). (Figure 3)

13

Ces collecteurs cervicaux sont répartis ainsi (10) :

♦ Le niveau I : Comprend les territoires sous mental (Ia) et sous maxillaire (Ib).

♦ Le niveau II : Ou jugulocarotidien haut est constitué du territoire sous

digastrique (IIa) et rétrospinal (IIb).

♦ Le niveau III : Ou jugulocarotidien moyen.

♦ Le niveau IV : Ou jugulocarotidien inférieur.

♦ Le niveau V: Ou groupe cervical postérieur qui comprend le groupe spinal

postérieur (Va) et cervical transverse (Vb).

♦ Le niveau VI : Comportant les ganglions prétrachéaux, prélaryngés et

récurrentiels.

♦ Le niveau VII: Qui comporte les ganglions entre l’arc aortique et la fourchette

sternale.

14

Figure 3: Aires ganglionnaires latérales et centrales (10).

15

G- Modifications liées à la pathologie

La pathologie thyroïdienne entraîne souvent des modifications anatomiques,

liées dans la plupart des cas à l’augmentation hétérogène du volume thyroïdien,

mais aussi aux mécanismes physiopathologiques.

Sur le plan chirurgical, on retiendra que la profondeur du nerf récurent

varie avec la taille du corps thyroïde, surtout s'il est déformé par des nodules (2-4).

Ce nerf d’ailleurs classiquement exposé aux traumatismes lors du geste opératoire à

cause des variations anatomiques et d’autant plus si réintervention (4-7). Le nerf

laryngé externe répond à la face interne du pôle supérieur dans les hypertrophies

thyroïdiennes. Les veines thyroïdiennes moyennes prennent dans les hypertrophies

une direction antéropostérieure après avoir cheminé plaquées contre la glande, cette

disposition peut gêner l’hémostase (3).

En cas de pathologie thyroïdienne invasive la face profonde des muscles

sous-hyoïdiens peut être adhérente aux lobes thyroïdiens. Dans ces cas précis, on

ne dissèque pas les muscles sous-hyoïdiens de la glande thyroïde. Ils sont

sectionnés au-dessus et en dessous des zones d’adhérence et sont réséqués en

monobloc avec la glande thyroïde (3,18).

16

2- Anatomie radiologique

A- Echoanatomie

L'échostructure thyroïdienne est homogène et hyperéchogène par rapport à la

graisse et aux muscles adjacents (19-21). Les lobes latéraux ont une forme

pyramidale, leur taille normale étant comprise entre 4 et 6 cm pour la hauteur, 1 à 2

cm pour la largeur. L'épaisseur apparaît comme la mesure la plus significative, au-

delà de 2,5 cm, l'hypertrophie thyroïdienne est certaine. Le recueil précis de ces

données permet une estimation volumétrique fiable du volume d'un lobe (entre 12

et 40 cm3 à l'état normal). Grâce à l’utilisation de sonde de haute fréquence il est

possible de bien analyser le plan superficiel (peau, peaucier du cou, tissu sous

cutané), l’aponévrose cervicale superficielle qui engaine les muscles sterno-cléido-

mastoïdiens puis l’aponévrose cervicale moyenne avec les muscles sterno-cléido-

hyoidiens (21,22). En arrière de la thyroïde, on note la présence du larynx et de la

trachée qui sont à l’origine d’un vide acoustique.

Le Doppler couleur améliore la détection des vaisseaux thyroïdiens extra-

glandulaires et autorise l'étude de la vascularisation parenchymateuse normale et

pathologique (19, 21,22)

Figure 4: Coupe échographique transverse montrant le lobe gauche d’une thyroïde normale (21).

17

B - Tomodensitométrie

Du fait de son contenu riche en iode, la densité de la thyroïde est

spontanément élevée, de l'ordre de 70 UH et s'élève après injection à 100 UH au

moins. La prise de contraste est homogène et persiste longtemps. Les lobes latéraux

sont bien visibles, mais l'isthme ne l'est pas constamment (21,23). Le plan

musculaire pré-thyroïdien est souvent représenté par une masse unique. Les

rapports postérieurs et avec le paquet vasculaire jugulo-carotidien sont bien

analysés (23). L'étude des cartilages laryngés et de l'axe aérien est optimale. Les

nerfs récurrents et pneumogastriques ne sont pas repérables de même que les

artères thyroïdiennes dans la plupart des cas.

Figure 5: Coupe scannographique axiale montrant une thyroïde normale (23).

18

C- IRM

On réalise habituellement des séquences T1 et T2 dans le plan axial parfois

légèrement oblique ascendant. Le plan coronal est employé dans l'étude des goitres.

Une antenne spécifique cervicale antérieure est utilisée. L'injection de gadolinium

n'est pas habituellement requise (21,22).

La thyroïde normale présente un signal intermédiaire en T1 et un hypersignal

en T2 qui augmente avec la puissance de l'aiment utilisé. L'analyse de

l'environnement thyroïdien et notamment des plans musculaires pré-thyroïdiens est

meilleure qu'en tomodensitométrie (22). Les artefacts liés à la mobilité du patient

notamment à la respiration et à la déglutition peuvent s'avérer très gênants.

Figure 6 : Coupe IRM pondérée en T2 montrant un parenchyme thyroïdien normal (24).

19

D- Scintigraphie

On utilise habituellement 37 à 55 MBq de 99mTcO4- chez l'adulte en injection

intraveineuse. L'incidence de face est réalisée 30 minutes après l'injection, des

incidences complémentaires (obliques antérieures, profil) étant parfois utiles.

L'image scintigraphique thyroïdienne normale montre deux lobes symétriques et

homogènes, séparés par un isthme plus ou moins fixant (21,22). La scintigraphie a

une résolution spatiale nettement inférieure à celle de l’échographie (22).

Figure 7 : Scintigraphie thyroïdienne normale (21).

20

II- Rappel physiologique

A- Physiologie normale de la thyroïde

L’unité de base anatomique et fonctionnelle de la thyroïde est le follicule,

vésicule sphérique délimitée par une couche de cellules épithéliales, les thyréocytes.

La glande thyroïde contient aussi des cellules claires ou cellules C dispersées dans le

parenchyme perifolliculaire. Ces cellules secrètent la thyrocalcitonine, hormone

intervenant dans l’homéostasie calcique et considéré comme un remarquable

marqueur des cancers médullaires de la thyroïde et des tumeurs de la lignée

neuroendocrine (25,26). Dans le thyréocyte, la biosynthèse des hormones

thyroïdiennes dépend de la TSH qui exerce un contrôle positif sur le thyréocyte, en

stimulant à la fois la fonction, la prolifération et la différentiation cellulaire (25-28).

L’iodure est à l’inverse le principal agent de contrôle négatif (28,31).

Les hormones thyroïdiennes pénètrent dans le noyau des cellules cibles et se

fixent sur une protéine nucléaire non histone. Les effets biologiques concernent les

cellules et les viscères (25). La sécrétion de TRH, qui entraîne l’augmentation de la

sécrétion de la TSH, est influencée par l’activité corticale, donc par les facteurs

psychiques et de nombreux médiateurs. Un rétro contrôle négatif des hormones

thyroïdiennes libres s’exerce sur l’hypothalamus (25).

Le parenchyme thyroïdien, même s’il est composé très majoritairement de

thyréocytes, Il s’agit d’un tissu hétérogène avec de nombreuses possibilités de

régulation. L’hétérogénéité du tissu concerne aussi bien la prolifération, que la

différenciation (25-28). Les nodules de la thyroïde peuvent être considérés comme

une majoration de l’hétérogénéité intrinsèque du tissu thyroïdien normal (25,28,29).

21

Les possibilités de régulation de la croissance dépendent des facteurs

endocriniens (TSH), de substances produites in situ, ainsi que du contexte

pathologique ou environnemental (25,26).

Figure 8 : Biosynthèse des hormones thyroïdiennes (26).

22

B- Physiopathologie

Le mécanisme de base de la formation des tuméfactions glandulaires de la

thyroïde résulte en fait d'une majoration de l'hétérogénéité cellulaire décrite plus

haut sur le plan physiologique. Ainsi, un dérèglement minime du taux de TSH, par

n'importe quel mécanisme, a des répercutions importantes quant à la multiplication

et à la différenciation cellulaire (25,26). Les cellules les plus sensibles aux

augmentations minimes de la TSH sont alors recrutées de façon chronique (25,29).

On sait qu'il existe des facteurs familiaux et donc génétiques majorant ces

phénomènes de sensibilité: ainsi, on sait que les jumeaux développent à 70% des

lésions semblables de la thyroïde, et qu'il existe des familles à nodules thyroïdien ou

à goitre. Un autre facteur familial pouvant entrer en ligne de compte est l'apport

iodé alimentaire quotidien (25). L'action de la TSH est alors diminuée, entraînant une

hypersécrétion de TSH réactionnelle et donc une multiplication cellulaire supra-

physiologique par endroits pouvant évoluer vers une pathologie nodulaire ou

goitreuse (25). L'augmentation faible mais prolongée de la TSH a des effets délétères

sur la multiplication et la différenciation cellulaire. On retrouve notamment cette

corrélation chez la femme enceinte, avec mise en évidence d'un lien proportionnel

entre le nombre de grossesses et donc la période totale où la TSH est augmentée, et

le nombre de nodules constatés (29-31). L'augmentation des facteurs de croissance

(acromégalie) entraîne également des augmentations significatives des pathologies

thyroïdiennes retrouvées. ln vitro, certains facteurs de croissance sécrétés par les

cancers vésiculaires ou papillaires ont des effets angiogéniques et mitogènes (25).

Les rayonnements ionisants sont depuis très longtemps connus pour avoir des

conséquences à plus ou moins longs termes sur la pathologie thyroïdienne, en

particulier les risques de développement de néoplasie. En général, ces conséquences

mettent cinq ans à se développer, et sont constatées avec un maximum à dix ans de

l'exposition (28).

23

Enfin, les récepteurs à facteurs de croissance ou les récepteurs à TSH peuvent

subir des mutations, et ainsi entraîner, par l'intermédiaire de leur principale voie

métabolique, une prolifération et une différenciation exagérées des thyréocytes (25).

Les recherches concernant l'oncogénèse thyroïdienne passent par des études

chromosomiques et génétiques, qui constatent que les tumeurs thyroïdiennes

expriment des gênes présentant des mutations, que l'on retrouve parfois dans

certains nodules (25). Ces mutations peuvent concerner soit les protéines stimulant

la multiplication des thyréocytes, qui acquièrent une activité excessive, soit des

mutations de protéïnes transductrices, qui deviennent actives au lieu d'être

activables, soit des mutations du récepteur aux facteurs de croissance, qui devient

anormalement sensible, soit enfin une inactivation des mécanismes de contrôle de

prolifération cellulaire par perte de caractères génétiques (25,29).

24

III- Anatomopathologie des tumeurs thyroïdiennes A- Classification des tumeurs de la thyroïde (OMS, 2004) (25).

La classification des nodules thyroïdiens n’a pas beaucoup évolué depuis les

publications de l’OMS de 1988 complétée en octobre 2004. Nous abordons dans ce

chapitre ce qui est utile pour la compréhension des problèmes diagnostiques.

Carcinomes de la thyroïde Carcinome papillaire Carcinome vésiculaire Carcinome peu différencié Carcinome indifférencié ou anaplasique Carcinome à cellules squameuses Carcinome mucoépidermoïde Carcinome mucoépidermoïde sclérosant avec éosinophilie Carcinome mucineux Carcinome médullaire de la thyroïde Carcinome mixte médullaire et folliculaire Tumeur à cellules fusiformes avec différenciation pseudothymique (SETTLE) Carcinome avec différenciation pseudothymique (CASTLE) Adénomes thyroïdiens et tumeurs apparentées Adénome folliculaire Tumeur trabéculaire hyalinisante Autres tumeurs thyroïdiennes Tératome Lymphome et plasmocytome primaires Thymome ectopique Angiosarcome Tumeur des cellules musculaires lisses Tumeur des gaines nerveuses Paragangliome Tumeur fibreuse solitaire Tumeur folliculodendritique Histiocytose langerhansienne Tumeur secondaire de la thyroïde.

25

1- Tumeurs bénignes

1-1- Adénomes folliculaires

Ce sont les tumeurs les plus fréquentes. Il s’agit de tumeurs rondes ou

ovalaires, non lobulées à la coupe et circonscrites par une fine capsule fibreuse. Des

remaniements à type d’hémorragie, de fibrose, de calcification, d’ossification et de

kystisation sont possibles (25,32,33). La nécrose est plus rare et correspond

volontiers à des artefacts de ponction. De nombreux types microscopiques très

distincts sont décrits : selon la taille des vésicules (micro-, macrofolliculaires) ou

leur absence avec des cordons cellulaires très denses (trabéculaire, trabéculaire

hyalinisant). Les formes très cellulaires peuvent aussi correspondre à un adénome

atypique, dit de malignité incertaine (33). Lorsque 75 % des cellules constitutives de

l’adénome sont des cellules oxyphiles, plus grandes au cytoplasme granuleux

éosinophile, il s’agit d’un adénome à cellules oxyphiles (25,33).

1-2- Tumeur trabéculaire hyalinisante

C’est une forme rare de tumeur caractérisée par une architecture trabéculaire,

des cellules qui peuvent avoir des anomalies nucléaires de type papillaire et une

substance hyaline non amyloïde. Les aspects nucléaires, la prévalence des

réarrangements de type RET/PTC1 et l’absence de mutations de RAS relient ces

tumeurs aux carcinomes papillaires (25, 33).

1-3- Tumeurs oncocytaires

L’individualisation des tumeurs oncocytaires comme une entité séparée n’est

pas toujours admise et la classification de l’OMS ne les considère que comme

une variante cytologique des tumeurs vésiculaires (33).

26

Figure 9 : Coupe histologique correspondante à un adénome trabéculaire

hyalinisant (hématoxyline éosine-safran × 250) (33).

27

2- Cancers

Ils sont moins fréquents que les lésions bénignes.

2-1- Carcinome papillaire de la thyroïde

C’est la lésion maligne la plus fréquente: 70-90 %, selon les séries. Il est

composé de cellules folliculaires, et est défini par son architecture papillaire et/ou

des anomalies nucléaires typiques (10,25,33). Les papilles centrées par un axe

conjonctivovasculaire; des structures vésiculaires sont très souvent associées. Les

noyaux sont volumineux, ovoïdes ou à contours anguleux. On retrouve les mêmes

rainures et inclusions cytoplasmiques éosinophiles que sur l’examen cytologique

(25). La chromatine est condensée, le centre du noyau prenant un aspect clair. Les

noyaux semblent souvent se recouvrir partiellement. Calcosphérites, métaplasie

malpighienne et stroma fibreux vont souvent compléter l’aspect histologique

(25,33).

Différentes formes sont décrites: forme à expression vésiculaire, sclérosante

diffuse, encapsulée, à cellules hautes ou palissadiques. Ces deux dernières formes

sont réputées comme étant plus agressives. Tous les carcinomes papillaires sont

très lymphophiles. Selon l’OMS ceux moins de 1 cm sont considérés comme des

microcancers papillaires.dans certains cas des problèmes de reconnaissance peuvent

se poser et nécessiter un complément immunohistochimique (25,33).

28

Figure 10 : Coupe histologique d’un petit foyer suspect de correspondre à un carcinome

papillaire (coloration par l’hématoxyline-éosine-safran) (33).

2-2- Carcinome vésiculaire de la thyroïde

Il est bien plus rare : 5-15 %. Il s’agit d’une tumeur maligne constituée de

cellules folliculaires n’ayant pas les caractéristiques nucléaires des carcinomes

papillaires (10, 33). Les deux formes principales sont la forme à invasion minime et

la forme largement invasive. La distinction et donc le diagnostic de malignité

reposent sur l’identification d’une invasion capsulaire ou vasculaire. Un variant

oxyphile est également décrit (plus de 75 % de cellules oxyphiles). Certains

carcinomes vésicullaires pourraient provenir de l’évolutivité d’un adénome

folliculaire (25, 32,33).

2-3- Carcinome médullaire de la thyroïde

Il est également rare : 4-8 %. Il est développé aux dépens des cellules

parafolliculaires qui sécrètent la calcitonine. Le plus souvent, dans deux tiers des

cas, il s’agit d’une affection sporadique.

29

Dans un tiers des cas, ces carcinomes médullaires correspondent soit à des

carcinomes médullaires familiaux, isolés, soit à des carcinomes médullaires entrant

dans le cadre d’une polyendocrinopathie héréditaire : multiple endocrine neoplasia

(MEN). Le carcinome medullaire est ferme, non encapsulé et très lymphophile (25).

Au microscope, la tumeur est formée de plages, d’îlots, de travées de cellules

polygonales ou fusiformes au cytoplasme finement granuleux, avec parfois un

stroma amyloïde qui correspond à des amas de calcitonine. Dans les formes

familiales, on note volontiers des formes multifocales et/ou une hyperplasie diffuse

à cellules C, qui peut être nodulaire (10).

2-4- Carcinomes indifférenciés ou anaplasiques

Les carcinomes indifférenciés correspondent à des tumeurs du sujet âgé de

plus de 50 ans et représentent 5 à 10 % des tumeurs malignes thyroïdiennes

(25,33). Ce carcinome se présente cliniquement comme une tuméfaction d’évolution

rapide de la région cervicale et se développe classiquement sur une lésion

préexistante ancienne. D’un point de vue architectural, les cellules sont isolées ou

regroupées en larges placards (10).

Seuls deux problèmes de diagnostic peuvent se poser : tout d’abord être

certain du caractère primitif de cette tumeur.L’autre piège diagnostique est de

porter un diagnostic de carcinome indifférencié, alors qu’en réalité il s’agit de la

forme peu différenciée (25).

2-5- Autres tumeurs rares

a- Carcinomes

Il faut signaler l’existence de rares carcinomes mucoépidermoïdes primitifs.

Ces carcinomes associent, cytologiquement et histologiquement, quelques aspects

de carcinome épidermoïde et d’adénocarcinome. Ces tumeurs se développent le plus

souvent sur des lésions de thyroïdite lymphocytaire (25).

30

b- Lymphomes malins primitifs de la thyroïde

Ils sont plus fréquents, représentant environ 8 % des lésions malignes

thyroïdiennes et se développant préférentiellement sur des lésions de thyroïdite

lymphocytaire (10,25, 33).

c- Sarcomes primitifs de la thyroïde

Ces tumeurs sont tout à fait exceptionnelles. Elles doivent a priori faire avant

tout discuter un carcinome indifférencié, sarcomatoïde ou l’extension d’un sarcome

de voisinage (10).

3- Thyroïdites

Dans la forme classique avec goitre, le tissu thyroïdien normal composé de

structures folliculaires est détruit et remplacé par un infiltrat formé de cellules

lymphocytaires organisées en centres germinaux lymphoïdes. Les follicules

thyroïdiens sont isolés, atrophiques et contiennent peu de colloïde (25, 34).

Les cellules thyroïdiennes elles-mêmes apparaissent au contraire élargies et

présentent des modifications oxyphiles de leur cytoplasme ; qui correspondent à un

aspect granulaire et une coloration rose du cytoplasme, et les cellules modifiées

sont appelées oncocytes ou cellules de Hürthle ou d’Askanazy. Une forme plus

modérée de maladie de Hashimoto peut correspondre à une thyroïdite focale,

caractérisée par une destruction modérée et locale de l’architecture thyroïdienne

normale, avec un infiltrat lymphocytaire focal, préservant des zones folliculaires

normales et fonctionnelles. Un certain degré de fibrose est souvent associé (10 ,34).

31

B- Anatomopathologie pratique

Les progrès de la cytologie et son intérêt maintenant reconnu dans le

diagnostic et la prise en charge des nodules thyroïdiens, conduiront assez largement

ce chapitre, ainsi que celui de la biopsie extemporanée, puisqu’il y a actuellement

concurrence entre ces deux approches techniques (10). Enfin nous évaluerons

l’apport des immunodétections.

1- Cytoponction

La cytoponction a un meilleur rendement diagnostique que l’échographie pour

la distinction nodule bénin/cancer (2,35-37). C’est une méthode simple et dont les

complications, qui sont limitées à l’inconfort local, sont rares (25). Deux modes de

prélèvement sont possible : ponction thyroïdienne échoguidée ou technique à main

levée.

La fiabilité de la cytoponction est fortement liée à l’entraînement du préleveur

et à l’expérience du cytologiste (35-39). Les quatre types de réponses classiques

sont les suivants (10,35-39) :

- Non contributive (5-7 %), doivent donc conduire à une nouvelle ponction.

- Maligne obtenue dans (1-10 %). Ces nodules sont pour 80-90 % des cas des

cancers. Il s’agit essentiellement de cancers papillaires, les faux positifs sont

inférieurs à 1%.

- Bénigne. C’est la réponse la plus fréquente (60-70 %) des cas. Il s’agit surtout

d’adénomes colloïdes, et d’aspects de thyroïdite. Des faux négatifs sont possibles et

sont estimés à 2-4 % des cas, ce qui justifie pour beaucoup la réalisation d’une

cytoponction de confirmation à l’occasion d’une échographie de surveillance 1 an

plus tard.

32

- Douteuse ou suspecte. Cela concerne 10 à 20 % des cytoponctions. La répétition

de la ponction permet d’affiner l’analyse cytologique, mais ce n’est pas la règle. Le

pourcentage de cancers parmi ces aspects douteux entre 17 et 54 %.

Les valeurs globales de sensibilité et de spécificité rapportées dans la littérature

sont supérieures à 90 %. Cependant, Les études plus critiques insistent sur une

sensibilité et surtout sur une spécificité moindre (60-70 %), mais également sur

l’excellente valeur prédictive négative de cet examen (38,39). Les difficultés en

pratique sont donc surtout celles liées aux cytoponctions non contributives et aux

cytoponctions douteuses (35-39). Le pourcentage de cancers y est en moyenne de

20 %, ce qui justifie une indication opératoire, à moins qu’une optimisation du

résultat de la cytoponction ne soit obtenue. La cytoponction doit être effectuée à

chaque fois qu’un nodule est suspect, ou encore lors d’une forte suspicion de cancer

à fin de déterminer le type cellulaire et adapter la procédure chirurgicale (25). En cas

de thyroïde multinodulaire, Il faut sélectionner les nodules qui méritent une

ponction échoguidée (36,38).

2- Examen extemporané

Un examen extemporané est une consultation anatomopathologique

peropératoire qui se déroule dans des conditions particulières en raison de la

nécessité d’un diagnostic immédiat. Un examen anatomopathologique différé ne

doit être prévu que si le geste chirurgical est modifié par la réponse du pathologiste,

ou pour échantillonner de manière efficace des tumeurs difficiles d’accès

(10,25,35,40).

L’efficacité diagnostique varie de 77 à 99%, la sensibilité entre 64 et 78%, la

spécificité entre 99 et 100%. Les valeurs prédictives positives et les valeurs

prédictives négatives sont respectivement de 78% à 100% et de 71 à 99% (10).

33

La biopsie extemporanée en pathologie thyroïdienne est donc un examen spécifique

mais peu sensible. Le problème essentiel est celui des faux négatifs (2,7 à 43%).

Le taux de réponses différées augmente de manière significative, et les

rédacteurs du rapport de l’ANAES suggèrent la mise en place de réflexions

consensuelles pour mieux délimiter la place et les indications de l’extemporanée en

pathologie thyroïdiennes (40).

3- Immunohistochimie

Les données de l’immunohistochimie apporteront des arguments aux

diagnostics difficiles (10,33,41) : Dans le cas d’une métastase ganglionnaire

cervicale prévalente, les immunodétections de la thyroglobuline et de la

thyrocalcitonine, hautement spécifiques, permettront de confirmer le diagnostic

(10,25,33,41). Dans ces cas complexes, des antisérums sont actuellement utilisés

pour trancher entre bénin et malin (tous types histologiques confondus) : Galectine

(Gal3), Fibronectine1 (FN1), et Cytokératine 19 (CK19).

La sensibilité de ses antisérum varie de 92% à 66% et la spécificité de 95% à

90% : Utilisés séparément aucun de ces antisérums n’a de fiabilité absolue; une

batterie de 2 voire même 3 immunomarquages permet de préciser les diagnostics

difficiles, mais il ne peut s’agir que d’un complément soutenant les données de

l’examen histologique qui est le « gold standard » (10).

Quelles que soient les techniques de diagnostic utilisées et les compétences

de l’anatomopathologiste, il est impossible, dans un tout petit nombre de cas, de

trancher entre carcinome et adénome (10,41). C’est à ce type de tumeur que l’on

réserve la dénomination de « tumeur follicullaire différenciée et encapsulée de

pronostic indéterminé » ou adénome atypique.

34

Figure 11 : Coupe histologique d’un cancer papillaire, marquage positif avec l’anticorps

anticytokératine19 (33).

35

ETUDE

DE NOTRE SERIE

36

I- Patients et méthodes Dans notre étude nous analysons rétrospectivement une série de 215 patients

ayant bénéficié d’une thyroïdectomie pour divers pathologies thyroïdiennes entre

janvier 2002 et décembre 2006 dans le service d’Oto-rhino-laryngologie au CHU

HASSAN II à Fès.

Nos patients avaient bénéficié d’un interrogatoire, d’un examen clinique et para

clinique biologique hormonal en particulier la TSHus et radiologique basé

essentiellement sur l’échographie cervicale. Ces données ont été la base des

attitudes chirurgicales adaptées. Néanmoins celles-ci peuvent parfois changer

selon des constatations per-opératoires. Enfin un suivi évolutif est systématique :

clinique, échographique et hormonal dans le post opératoire immédiat et à long

terme après la sortie du service d’oto-rhino-laryngologie par l’intermédiaire de

consultations systématiques. Les patients non opérés sont exclus de notre étude.

Ces paramètres ont été notifiés sous forme de fiche d’exploitation.

37

FICHE D’EXPLOITATION

IDENTITE N° d’ordre : .............../...... Sexe : masculin : …… féminin : ……. Age : ………………………………… en année Profession : …………………………………….. Origine : …………………………………………. ANTECEDANT Médicaux : Hyperthyroïdie : ⊔ Hypothyroïdie : ⊔ Thyroïdite : ⊔ Goitre : ⊔ Nodule : ⊔ Irradiation antérieure : ⊔ HTA : ⊔ Cardiopathie: ⊔ Tuberculose : ⊔ Diabète : ⊔ Médicamenteux : Neomercazol : ⊔ Levothyrox : ⊔ B bloquant : ⊔ Chirurgicaux : Enucléation : ⊔ Lobo isthmectomie : ⊔ Thyroïdectomie subtotale : ⊔ Thyroïdectomie totale : ………………. Anatomopathologie : GMHN bénin : ⊔ Cancer : ⊔ Maladie de basedow : ⊔ Autre : ⊔ Cas similaire dans la famille : ⊔ HISTOIRE ACTUELLE Début : 0-6 mois : ⊔ 6-12 mois : ⊔ 12-24 mois : ⊔ > 24 mois : ⊔ Dysphonie : ⊔ Dyspnée : ⊔ Dysphagie : ⊔ Tachycardie : ⊔ Diarhée motrice : ⊔ Autre signes : ⊔ EXAMEN CLINIQUE Masse basi cervicale : ant : ⊔ Dte : ⊔ gche : ⊔ Taille : < 2cm ⊔ 2-4 cm ⊔ >4 cm ⊔ Douleur : ⊔ Adénopathies : ⊔ LID : Paralysie récurentielle : dte : ⊔ gche : ⊔

38

ECHOGRAPHIE Nodule : unique : ⊔ multiples : ⊔ Siège : droit : ⊔ gauche : ⊔ Taille : < 2cm ⊔ 2-4 cm ⊔ >4 cm ⊔ Echogénecité : Hypoéchogène : ⊔ Hypoéchogène calcifié : ⊔ Kyste : ⊔ Necrose centrale: ⊔ Hétérogène calcifié : ⊔ Hétérogène non calcifié : ⊔ Homogène isoéchogène : ⊔ Homogène hyperéchogène : ⊔ BILAN HORMONAL TSHus : normal : ⊔ augmenté : ⊔ effondré : ⊔ T4 : normal : ⊔ augmenté : ⊔ effondré : ⊔ T3 : normal : ⊔ augmenté : ⊔ effondré : ⊔ TRAITEMENT Chirurgical : Enucléation : ⊔ Lobo isthmectomie : ⊔ Thyroïdectomie subtotale : ⊔ Thyroïdectomie totale : ⊔ Médical post op. : LT4 : ⊔ Calcium : ⊔ LT4+ Calcium : ⊔ RESULTAT ANATOMOPATHOLOGIQUE Adénome : Vésiculaire : ⊔ Trabéculaire : ⊔ Oxyophoide : ⊔ colloïde : ⊔ Folliculaire : ⊔ Folliculo-trabéculaire : ⊔ Divers : ⊔ Goitre : Hyperplasie adénomateuse : ⊔ Goitre basedowifié : ⊔ Maladie de basedow : ⊔ GMHN : ⊔ Hashimoto : ⊔ Cancer : Papillaire : ⊔ Vésiculaire : ⊔ Vésiculo-papillaire : ⊔ Vésiculo-trabéculaire : ⊔ Médullaire : ⊔ Indifférencié : ⊔ Kyste : ⊔ Hématocèle : ⊔

COMPLICATION

Hématome : ⊔ Infection : ⊔ Fistule : ⊔ Paralysie récurentielle : unilatéral : ⊔ bilatéral : ⊔ Hypocalcémie : bénigne : ⊔ Importante : ⊔ Hypothyroïdie : ⊔ Récidive : droite : ⊔ gauche : ⊔

39

II- Résultats

1- Données épidémiologiques

Notre série comprend 215 patients, dont 193 femmes et 22 hommes, le sex

ratio est de 9/1. La moyenne d’âge est de 39,38 ans avec des extrêmes d’âge

allant de 13 à 75 ans. (Graphiques 1 et 2)

10%

90%

hommefemme

Graphique 1: Répartition des cas en fonction du sexe

40

Graphique 2 : Répartition homme/femme par tranche d’âge

La répartition en fonction des antécédents rapportés par les patients a montré

que sur 215 dossiers, 63,7% présentaient une thyroïde multinodulaire non opéré

auparavant et sont euthyroidiens (tableau 1).

5,7% de patients ayant reçu ou recevant un traitement freinateur hormonal,

12.6% de patients recevant ou ayant reçu un traitement anti-thyroïdien de synthèse

pour hyperthyroïdie, des béta-bloquants ont été associés à l’un de ces deux

médicaments chez 3 de nos patients.

Les antécédents de chirurgie thyroïdienne ont été plus particulièrement

étudiés: 7 patients avaient déjà bénéficié d'un geste thyroïdien. 5 d'entre eux

(71.4%) avaient bénéficié d'une lobo-isthmectomie, et 28.6% d'entre eux avaient été

traités par énucléation simple. (Tableau 2)

41

Antécédents Nombre de cas %

Hypothyroïdie

Nodule unique hypothyroïdien 1 0.5%

Nodules multiples hypothyroïdiens 11 5.1%

Hyperthyroïdie

Hyperthyroïdie avec chirurgie 1 0.5%

Nodule unique hyperthyroïdien 1 0.5%

Nodules multiples hyperthyroïdiens 25 11.6%

Euthyroïdie

Nodule unique euthyroïdien déjà opéré 2 1%

Nodule unique euthyroïdien isolé 33 15.3%

Nodules multiples euthyroïdiens déjà opérés 3 1.4%

Nodules multiples euthyroïdiens 137 63,7%

Thyroïdite 1 0.5%

Total 215 100 %

Tableau 1: Antécédents médicaux

Antécédents chirurgicaux Nombre Pourcentage

Enucléation 2 28.6 %

Lobo-isthmectomie 5 71.4 %

Total 7 100 %

Tableau 2: Antécédents chirurgicaux

Dans les antécédents particuliers relevés dans notre étude, on note un antécédent

d’irradiation cervicale chez un patient (cause non précisée), et 5 cas de tabagisme

chronique.

La notion d’antécédents familiaux de thyréopathie était retrouvée dans 18.5%

des cas.

42

2- Données cliniques

La durée d’évolution de la symptomatologie comme schématisée dans le

Graphique 3 était plus de 2 ans chez plus de la moitié des malades, entre 12 et 24

mois chez 35 malades, entre 6 et 12 mois chez 42 malades et inférieur à 6mois

chez 22 malades. Sur les 215 masses palpées, il y avait des masses

asymptomatiques dans 42% des cas, sinon les signes fonctionnelles rapportées par

nos malades sont représentés principalement par les palpitations et autres signes

de dysthyroïdie chez 31 % des malades, des signes de compression type dyspnée

chez 18.6% des patients, La dysphonie chez 3.8 % des patients, la dysphagie chez

2.9 % des cas. Enfin on note chez certains patients une douleur cervicale (2 % des

cas). (Graphique 4)

pourcentage des malades en fonction du délai de consultation

10,50%20%

16,70%52,80%

<6 mois6-12 mois12-24 mois>24 mois

Graphique 3

43

25%

31%2%

42%

Signes de compression Signes de dysthyroidiedouleur Masses asymptomatiques

Graphique 4: Signes fonctionnels

Figure12: Patiente avec un goitre volumineux (Iconographie service ORL Pr Alami).

44

Figure13: Patient avec une masse thyroïdienne droite (Iconographie service ORL Pr Alami).

Une adénopathie cervicale associée est retrouvée chez 13 malades, la

laryngoscopie indirecte, réalisée systématiquement, a retrouvé 2 cas de paralysies

récurrentielles.

3- Examens complémentaires

3-1- Echographie

Un bilan morphologique ultrasonographique a été systématiquement réalisé qui

montre un nodule unique dans 19.5% des cas (42 patients), multiple dans 80.4% des

cas (173 patients) dont 32 patients ayant les nodules à gauche, 28 patients ayant les

nodules à droites et bilatérales dans 155 cas. La taille moyenne des nodules était de

4 cm avec des mesures allant de 0.5 à 6.8 cm, 71.4% des malades avaient une taille

nodulaire supérieure à 3 cm.

Sur l’ensemble des nodules il y avait 50% de lésions hypoéchogènes, 9.5 % lésions

kystiques, 32.4 % de lésions hétérogènes, 4.8 % de lésions calcifiées et 10.5 % de

nodules homogènes.

45

Figure14: Echographie cervicale montrant un nodule anechogène avec des

végétations (Iconographie service ORL Pr Alami).

Figure15: Echographie cervicale montrant des nodules multiples hétérogènes

parsemés de zones hypoéchogènes (Iconographie service ORL Pr Alami).

46

3-2- Radiographie thoracique

La radiographie thoracique réalisée systématiquement a montré un

refoulement de la trachée chez 10 malades, un élargissement médiastinal chez 2

malades et un élargissement médiastinal avec refoulement de la trachée chez un

malade.

Figure 16: Radiographie thoracique montrant un refoulement de la trachée chez un

patient ayant un goitre volumineux (Iconographie service ORL Pr Alami).

Figure 17: Radiographie thoracique montrant un élargissement médiastinal

chez un patient ayant un goitre volumineux (Iconographie service ORL Pr Alami)

47

3-3- Scintigraphie

La scintigraphie n’est pas demandée dans notre service cependant 5 patients

ont été admis avec des scintigraphies demandées par leurs endocrinologues, ils

avaient tous des nodules froids.

3-4- Biologiques

Le bilan hormonal comprend : la TSH ultra sensible qui était normal dans

96.2% des cas ce qui fait que 8 patients avaient un bilan hormonal légèrement

perturbé dont 6 cas étaient proches de la limite inférieure de la normale et 2 cas

étaient dans la limite supérieure de la normale. La T4 n’est réalisée que chez 46

malades et était normale dans tous les cas, alors que la T3 était réalisée chez 33

malades et est revenue normale.

4- Synthèse du bilan

En terme du bilan, on retrouve que la majeure partie des patients ne

présentent aucun élément particulier dans leur bilan (50.2 %).

Près de 7.9% présentent un ou plusieurs éléments suspects de néoplasie, dans cette

catégorie de patients, on a retrouvé en histologie définitive 23.9% de cancers. La

gêne cervicale et/ou signes de compression sont retrouvés dans 26.5% des

dossiers, avec 47,6 % de cancer à l’histologie définitive. Un cas (0.5%) présente des

éléments en faveur d'une pathologie inflammatoire ou auto-immune, ce patient

n'avait pas d'histologie maligne. Les malades avec thyréotoxicose représentent

12.6% des cas, avec 9.5 % de cancer à l’histologie définitive.

5- Traitement

Les interventions chirurgicales des dossiers étudiés se répartissent en trois

groupes de gestes:

- Dans le premier groupe, on retrouve les énucléations simples, et les interventions

sur l'isthme thyroïdien, sans recherche du récurrent. Ces interventions sont au

nombre de 8 soit 3,7 % des cas.

48

- Le deuxième groupe est composé de toutes les interventions ne concernant qu'un

seul lobe, associées à l'isthmectomie.

L'ensemble de ces interventions est retrouvé chez 95 patients (44.1%).

-Enfin, le dernier groupe de geste chirurgical expose les deux nerfs récurrents. Il

regroupe les thyroïdectomies totales et sub-totales, associées ou non à un curage

ganglionnaire. Les 112 dossiers qui rentrent dans ce groupe représentent 52.1% des

interventions. Ainsi, le nerf récurrent est recherché au moins une fois dans 97.6%

des interventions.

6- Suites post opératoires et complications

A- Complications

1- Complications vitales

Aucun cas de décès n’a été observé dans notre étude.

2- Hématome compressif

Sur les 215 patients opérés, un cas d’hématome compressif ponctionné en

urgence (0.5%). Chez ce patient, une chirurgie de propreté avait été pratiquée pour

carcinome anaplasique à grandes cellules.

3- Hypoparathyroidie

Les complications parathyroïdiennes atteignent 18 patients en post-

opératoire, soit 8.3 % de l’ensemble des cas opérés dont 16.6% sont des

hypocalcémies sévères. Bien entendu, 85 % des hypocalcémies post-opératoires

observées surviennent après une chirurgie bilatérale. Dans 28.6% des cas ces

hypocalcémies sont associées à des paralysies récurrentielles unilatérales. La

pathologie principale pour la quelle ces patients sont opérés est le goitre multi

hétéro nodulaire (53.8 % des cas) dont 14.3% de goitre plongeant.

49

4- Complications récurrentielles

Les seules complications neurologiques observées sur les 215 dossiers

étudiés sont des complications atteignant le nerf récurrent. Elles apparaissent dans

36 dossiers, sur 215 interventions, soit avec une fréquence de 16.7 % des cas.17

d'entre elles sont apparues après une chirurgie unilatérale (47.2 %) et 19 lors de

chirurgies recherchant les deux récurrents (52.8 %).

Dans notre étude, la chirurgie des cancers se complique de 16.7 % de

paralysies récurrentielles (1 patient sur 6). Dans ce groupe, la paralysie récurrentielle

est particulièrement souvent retrouvée lors de la chirurgie des reprises chirurgicales

pour complément d'exérèse après anatomopathologie définitive: 2 patients sur 7.

Par contre, si l'on s'intéresse simplement aux 189 patients opérés de lésions

bénignes, 15,8% d'entre eux seulement ont présenté une paralysie récurrentielle

post-opératoire. De ce fait la paralysie récurrentielle est deux fois plus fréquente

dans la pathologie maligne, qui est souvent accompagnée de réintervention, que la

pathologie bénigne. Sur les 3 cas de paralysies récurrentielles bilatérales

rencontrées un cas était un cancer à l’histologie (30%).

5- Hypothyroïdie

Cette complication (prévenue dans la plupart des cas par un traitement

hormonal substitutif) a concerné 116 de nos patients (53.9%). La répartition en

fonction du geste opératoire montre que l’hypothyroïdie complique principalement

la chirurgie bilatérale (Tableau 3).

6- Récidive

8 cas de récidive ont été notés dont 75% étaient après loboisthmectomie

unilatérale pour goitre nodulaire bénin. 12.5% (1 cas) était une récidive après

traitement d’un cancer (carcinome papillaire).

50

7- Complications pariétales

Un cas d’infection cutanée, et un cas de fistule à la peau ont été observés sur

l’ensemble des dossiers étudiés.

Nombre Pourcentage

Loboisthmectomie 12 12.9 %

Thyroïdectomie subtotale 20 67.9 %

Thyroïdectomie totale 84 100 %

Tableau 3 : Hypothyroïdies post opératoires

en fonction du geste chirurgical.

B-Traitements post-opératoires

Des médicaments de substitution hormonale en post-opératoire se sont

avérés nécessaires chez 79 patients : type Levothyrox seul chez 61 malades, calcium

seul chez 3 cas et association de Levothyrox et calcium chez 15 malades.

Le tableau 4 montre la répartition des types de traitements post opératoires

en fonction de l’étendue du geste. On constate alors que 91.1% des patients ont

nécessité un traitement en post-opératoire avaient bénéficié d’un geste bilatéral.

LT4 et calcium LT4 Calcium Total

Chirurgie bilatérale 12 57 3 72

Chirurgie unilatérale 3 4 0 7

Total 15 61 3 79

Tableau 4: Traitement post opératoire en fonction du geste.

51

7- Histopathologie

Pour l'ensemble des dossiers étudiés, on retrouve 21 pathologies cancéreuses

(9.7 %) et 189 pathologies bénignes (90,3%) (Tableau 5).

7-1- Pathologies bénignes

L'ensemble des adénomes retrouvés représentent 28.4% des pathologies

observées. Ils se divisent en plusieurs types histologiques dont le plus important est

l'adénome vésiculaire, qui représente plus de 75% des adénomes et 21.3 % de

l'ensemble des dossiers. A noter 6 adénomes vésiculo- colloïdes, 5 adénomes

atypiques (kystique, hyalinisé, …), deux adénomes colloïdes, un adénome colloïdo-

folliculo-trabéculaire et un adénome vésiculaire avec composante atypique.

L'ensemble des goitres regroupe les 129 patients restants, qui représentent à

eux seuls 60 % des cas. La catégorie la plus importante est bien entendu le goitre

multihétéronodulaire qui rassemble plus de 55.8 % des goitres, et représente par là

44,2% des dossiers, l’hyperplasie adénomateuse vient au 2 ème rang, et représente

43,4 % des goitres et 26.5% des dossiers étudiés. Les autres groupes histologiques

de goitre ne regroupent que 2 patients (une thyroïdite de Hashimoto et une maladie

de Basedow), représentant 1.5 % environ des goitres, et moins de 0.9% de

l'ensemble des pathologies étudiées et enfin 5 cas de kystes (2.3%).

7-2- Lésions néoplasiques

La répartition des différentes histologies cancéreuses a été étudiée dans le

tableau 5: on remarque l'importance des cancers papillaires purs, qui représentent

12 cas et 5.6 % des dossiers étudiés. Les cancers différenciés de la thyroïde

regroupent 85.7 % des cancers et 8.4 % des pathologies observées. On retrouve dans

les histologies cancéreuses un cas de cancer médullaire, 2 cas de cancers

indifférenciés, et un carcinome anaplasique à grande cellule.

La moyenne d'âge de ces cancers est de 39.7 ans. Mais, si l'on étudie de plus

près la moyenne d'âge des cancers papillaires, elle descend à environ 36.8 ans.

52

Nombre Pourcentage

sur 215

GMHN 71 33%

Hyperplasie adénomateuse 56 26 %

Maladie de Basedow 1 0.5 %

Maladie de Hashimoto 1 0.5 %

Adénome 60 27.9 %

-Vésiculaire 45 20.1 %

-Vésiculo-colloide 6 2.7 %

-Colloïde 2 0.9 %

-Microfolliculo-colloide 1 0.5 %

-Divers 6 2.7 %

Kyste 5 2.3 %

Cancer 21 9.7 %

-Papillaire 12 5.6 %

-Vésiculaire 2 0.9 %

-Vésiculo-papillaire 3 1.4 %

-Vésiculo-trabéculaire 1 0.5 %

-Indifferentié 3 1.4 %

Tableau 5 : Différents types histologiques des tumeurs

53

DISCUSSION

54

I-Epidémiologie

1- Âge et sexe

La moyenne d’âge est de 49 ans avec une très grande majorité féminine (42-

45). Aussi important qu’il soit, le rôle du sexe n’est pas complètement compris ;

même si l’on sait que les thyréocytes possèdent des récepteurs aux estrogènes et

que la grossesse favorise la goitrigenèse et la nodulogenèse, avec une corrélation

entre la parité et le nombre ou le volume des nodules (25,35,46).

2- Antécédents personnels

De l'avis de tous, l'interrogatoire est important dans l'examen clinique d'un

patient porteur d'un nodule thyroïdien. Il apporte des éléments essentiels dans la

démarche du praticien pour faire la part entre les nodules à opérer et les nodules à

surveiller, avec toujours à l'esprit le risque de trouver un cancer thyroïdien (10,25).

Dans ce sens, l'interrogatoire recherche des notions de pathologies thyroïdiennes

familiales, d'irradiations cervicales qui constituent les principaux antécédents à

rechercher et dont on connaît l’impact sur la nodularité et le risque de cancer (25),

surtout lorsque l’irradiation date de plus de 5 ans et qu’elle a été effectuée à un âge

jeune. On recherche aussi un goitre ancien et des signes pouvant évoquer un

dérèglement de la TSH en particulier digestifs en faveur d'un carcinome médullaire

de la thyroïde.

3- Antécédents familiaux

Montagne (47) a retrouvé la notion d’antécédents familiaux de thyréopathie

dans 50 % des cas (18.5% dans notre étude). En dehors des formes familiales des

cancers médullaires de la thyroïde ou néoplasies endocriniennes multiples (NEM)-2,

il existe des formes familiales de cancers papillaires et de cancers oxyphiles.

55

Par ailleurs, certaines affections (comme la maladie de Cowden,…) exposent à

une incidence accrue des cancers papillaires de la thyroïde. À l’opposé, on connaît la

forte pénétrance des dystrophies nodulaires bénignes de la thyroïde dans certaines

familles (25,35, 47).

II- Clinique Selon Makeieff (42), seulement 25 % des goitres évoluent en moins d’un an,

ce qui se rapproche de notre étude (30,5% moins de 1 an). Pour Montagne (47) la

durée d’évolution moyenne des goitres est de 8 ans.

La durée d’évolution est importante à connaître. En fait une brusque augmentation

de volume est habituellement le témoin d’un saignement intranodulaire

(hématocèle) ou d’un kyste de la thyroïde (25). Plus rarement, une majoration rapide

du volume de la glande fera craindre un carcinome anaplasique ou un lymphome de

la thyroïde. En effet, les autres cancers différenciés augmentent de volume très

progressivement. En contre partie, la stabilité de la taille d’un nodule ne permet pas

d’éliminer le diagnostic de cancer (35). A noter qu’une augmentation rapide du

volume du nodule chez un patient sous L-thyroxine doit faire craindre un cancer

(10,25,36).

Les plaintes du patient peuvent traduire une véritable compression des

structures anatomiques ayant des rapports étroits avec le corps thyroïde ou

l’extension d’un processus infiltrant. Elles sont représentées principalement par la

dysphonie, la dyspnée et la dysphagie. Plus rarement, un syndrome cave supérieur,

un syndrome de Claude-Bernard-Horner par compression de la chaîne sympathique

cervicale, ou une paralysie phrénique seront présents; une étiologie maligne est

alors suspectée a priori (25,35,48).

56

La mise en tension du nodule et de la glande thyroïde peut expliquer une

gêne, voire une franche douleur élective en cas d’hématocèle. Une douleur peut

également témoigner d’un processus infectieux en cas de thyroïdite aiguë (très rares

abcès de la thyroïde) (34). L’asthénie décrite par les patients est exceptionnellement

le fait d’une authentique hypothyroïdie.

À l’opposé, un tableau clinique évocateur d’une hyperthyroïdie peut conduire

à la découverte d’une pathologie nodulaire toxique. Enfin, une diarrhée ou des

bouffées vasomotrices peuvent faire découvrir un carcinome médullaire. L’état

général n’est altéré que dans les rares cancers différenciés avec métastases

synchrones (osseuses, pulmonaires) ou les carcinomes anaplasiques (35).

Symptômes Makeieff (42) Notre étude

Augmentation de volume ou gène 56% 41%

Douleur 5% 2%

Signes respiratoires 27% 18%

Détresse respiratoire 3% 1%

Syndrome cave supérieur 1,4% 0%

Dysphonie 15,2% 3.7%

Dysphagie 12,9% 3%

Paralysie récurrentielle 1,9% 1%

Déviation voies aériennes 3% 6%

Hyperthyroïdie clinique 9.4% 12,5%

Tableau 6 : Signes cliniques

57

L’examen cervical peut apporter des renseignements essentiels: signes faisant

suspecter la malignité d’un nodule, une adénopathie jugulo-carotidienne, signes

évocateurs d’une pathologie inflammatoire, infectieuse ou d’une compression de

voisinage (25,35). Les carcinomes avec adénopathies décelées cliniquement ou par

une échographie préopératoire sont à risque de récidive ganglionnaire précoce.

Dans ce cas on doit associer un traitement chirurgical maximal (thyroïdectomie

totale, curage central et latéral complet), une totalisation isotopique systématique et

un traitement freinateur par L-thyroxine (49).

La laryngoscopie a une place privilégiée dans l’évaluation de la lésion

récurrentielle avant la chirurgie. Selon Grégory (50), 6% des paralysies récurrentielles

ont été observées en préopératoire, celles–ci étaient présentes dans 70% des cas des

pathologies malignes et seulement dans 0,3% des cas des pathologies bénignes (36).

Pour Montagne (47), le bilan préopératoire montrait un goitre nodulaire

bilatéral dans 78,1% des cas. L’exploration peropératoire a affirmé le caractère

bilatéral du goitre dans 100 % des cas. L’existence de signes compressifs locaux a

motivé l’intervention dans 49 cas (76,6 %). Onze de ces patients présentaient un

goitre plongeant (17,2 %). L’indication opératoire a été portée dans 13 cas (20,3%)

pour suspicion de néoplasie associée au goitre. Enfin, deux interventions (3,1 %) ont

concerné des patients cancérophobes très demandeurs d’une exérèse totale.

La comparaison de nos différentes indications avec ceux de la littérature

objective que nos pourcentages pour les différentes indications se rapprochent de

ceux de l’étude groupe II de l’étude (51) (Le tableau 7).

58

Symptômes

compressifs

Thyréotoxicose Suspicion

de cancer

Evolution

brutale

Patient

demandeur

ou autres

Montagne

(47)

76,6% 0% 20,3% 0% 3,1%

Hung-Hin

Lang groupe

I

(51)

38.2% 30.9% 3.6% 27.9%

0%

Hung-Hin

Lang groupe

II

(51)

29.8% 11.6% 1,2% 7.3% 49.6%

Notre étude 26,5% 12,6% 7.9% 0 50.2%

Tableau 7: Indications des thyroïdectomies

59

III- Examens complémentaires

Dans la littérature, le rôle des examens complémentaires dans la décision

thérapeutique semble être un tournant actuellement (35). En effet, la démarche

diagnostique et thérapeutique tend de plus en plus à séparer deux populations de

patients, l'une présentant des indications chirurgicales formelles, et l'autre pouvant

bénéficier d'une surveillance clinique (2, 25).

Le bilan préopératoire doit comporter en plus des examens biologiques

habituels, un dosage de la calcémie, une laryngoscopie indirecte et une radiographie

pulmonaire de face et de profil. En cas de contexte endocrinien, une échographie et

une scintigraphie thyroïdienne ainsi qu’un bilan hormonal complètent

habituellement le dossier médical (2,29).

A-Explorations fonctionnelles

1-TSH

La très grande sensibilité du taux de TSH pour dépister une dysfonction de la

thyroïde explique le choix de ce paramètre (26-29). Le taux de TSH permet de

détecter les patients en hyperthyroïdie infraclinique, habituellement d’origine

nodulaire. Parfois aussi, la TSH se trouvera dans la zone compatible avec une

hypothyroïdie infraclinique, simple coïncidence en règle (26 ,27,29).

Une fonction thyroïdienne anormale n’exclue pas le cancer mais est en fait une

indication moins probable de la thyroïdectomie. Il faut noter que la presque totalité

des patients avec cancers médullaires sont euthyroidiens (25,29,35). Dans l’étude

Hungnam Lang (51) ou la TSH est réalisée chez tous les malades de façon routinière,

le goitre nodulaire thyréotoxique a constitué 30.9% des indications de la chirurgie

dans le groupe étudié. De nombreux facteurs, dont des médicaments, modulent la

synthèse et la sécrétion de TSH (dopamine, glucocorticoïdes, noradrénaline) (2, 25,

29,35).

60

2- Hormones thyroïdiennes

Le dosage systématique de T4-libre et a fortiori de T3-libre serait coûteux et

de faible rendement. Un taux de TSH en dehors des normes justifiera une

confirmation et un dosage de T4-libre, voire une enquête étiologique plus

approfondie (2,10,25).

Si la T4 libre sérique reflète l’activité sécrétoire de la glande thyroïde, la TSH

constitue un indicateur des effets biologiques des hormones circulantes. Ces 2

paramètres apportent des informations complémentaires sur la normalité de la

glande et de sa fonction, mais la TSH est l’indicateur le plus sensible pour évaluer un

dysfonctionnement thyroïdien car une variation minime de la T4 libre provoque une

réponse très amplifiée de la TSH (25,35). Cependant, il faut prendre en compte ,en

cas de traitement substitutif, que la réponse de la TSH se produit avec un temps de

latence important (10).

3-Dosage de la calcitonine basale

La principale utilité clinique du dosage de la calcitonine reste la détection et le

suivi des patients atteints de carcinome médullaire de la thyroïde (35). Les cliniciens

utilisent le dosage de la calcitonine mature. Ainsi les normes et les critères

diagnostiques se sont uniformisés. Cependant le dosage des autres formes pourrait

avoir un intérêt diagnostique, voire pronostique notamment en ce qui concerne la

Pro-calcitonine (25).

Il semble raisonnable pour certains auteurs ; Cohen (52) et Proye (53) de

conseiller la pratique systématique d’un dosage de calcitonine devant tout nodule

thyroïdien nouvellement découvert. En effet la calcitonine a une place unique parmi

les marqueurs tumoraux, puisque ce dosage permet de découvrir, comme cela est

démontré dans le modèle naturel des NEM-2a, des formes précoces de cancer

médullaire de la thyroïde.

61

Certes la prévalence des carcinomes médullaires est faible (0,5 à 1,4 %), mais que

l’on ne peut occulter, en plus il y a amélioration du pronostic par rapport aux

résultats des séries plus anciennes lorsque le diagnostic a été fait à l’occasion d’un

dépistage systématique. La calcitonine a un rôle aussi dans le dépistage d’un

envahissement locorégional après chirurgie et le dépistage de maladie systémique

(25,52,53).

4- Anticorps antithyroperoxydase (anti TPO)

La présence d’anticorps anti-TPO dans le sérum d’un patient atteint de

dysthyroïdie est en faveur d’une pathologie auto-immune telle la maladie de

Basedow ou d’une thyroïdite d’Hashimoto (34). Leur place dans la décision

thérapeutique est limitée. Ces anticorps anti-TPO sont prédictifs de dysfonctions

thyroïdiennes en cas de grossesse, lors du traitement par amiodarone, lithium,

interféron ou interleukines. Le dosage de ces anticorps peut aider aussi à la décision

thérapeutique lorsque la TSH est marginalement élevée et à l’appréciation de

l’origine d’une élévation modérée de la calcitonine (25, 29,35).

5- Thyroglobuline (Tg)

La recherche des anticorps anti thyroglobuline permet la validation d’un

dosage de thyroglobuline (au cours du suivi du traitement d’un cancer thyroïdien

différencié après thyroïdectomie totale) (54). Une autre situation où le dosage de la

thyroglobuline est justifié est celui de la recherche d’un éventuel cancer primitif

thyroïdien devant une métastase prévalente (os, poumons) (35,54). Dans ce

contexte, un taux de thyroglobuline qui n’est pas très franchement élevé permettrait

d’innocenter la thyroïde (25).

62

6- Anticorps antirécepteurs de la TSH

Il s’agit d’anticorps hétérogènes présentant différents type d’activités

(bloquantes ou stimulantes) (25). Des effets stimulants et bloquants peuvent

coexister chez un même patient. Le dosage des anticorps anti-récepteurs de la TSH

est utile dans le suivi d’une maladie de Basedow et dans le diagnostic de

l’exophtalmie basedowienne. La présence de ces anticorps à l’arrêt d’un traitement

par antithyroïdiens, peut être prédictive de récidive (29,54).

7- Stigmates d’un processus inflammatoire ou infectieux

Un dosage de CRP et une numération formule sanguine sont requis lorsque

l’ambiance clinique ou les signes d’examen évoquent une forme localisée ou

asymétrique de thyroïdite aiguë ou subaiguë (10,25).

63

B- Imagerie

1- Echographie

Le bilan morphologique ultrasonographique a été systématiquement réalisé

dans toutes les études (2,42,45,48,55). C’est l’examen de référence pour l’analyse

des nodules thyroïdiens, et pour la détection de nodules infracliniques (1-3 mm). Le

compte-rendu doit décrire précisément l’échostructure du parenchyme thyroïdien,

les caractères des nodules (nombre, taille, échostructure, contours), la présence

d’adénopathies (25).

Les critères de malignité d’un nodule sont: une taille supracentimétrique ; un

caractère solide et/ou hypoéchogène ; des microcalcifications intranodulaires ; des

contours irréguliers et flous ; une vascularisation centrale ; une rupture du halo clair

périphérique ou la présence d’une adénopathie (10,25,35,42,56).

Les critères de malignité des adénopathies sont: une taille supracentimétrique,

un caractère hypoéchogène ou inhomogène avec alternances de zones hypo- et

hyperéchogènes, la présence de kystes ou de calcifications internes, un aspect

arrondi avec perte du hile (25,35,42,55,56).

En dehors des nodules correspondant à des kystes purs, tous les types

échographiques de nodules thyroïdiens peuvent correspondre à un cancer. C’est

surtout la coexistence des facteurs de suspicion échographique qui doit inciter à

sélectionner les nodules les plus suspects au sein d’une thyroïde multinodulaire et à

réaliser une cytoponction (25,35,55,56). Les caractères échographiques dominants

sont les nodules solides, mixtes et hypoéchogènes (55).

64

Figure 18 : Nodule à contour irrégulier avec microcalcifications (suspect) (56).

Figure 19: Nodule hypoéchogène (56)

65

2- Scintigraphie

La scintigraphie permet de donner une idée sur la fonction du nodule et

différentier par conséquent le nodule hypofonctionnel d’un autre hyperfonctionnel

(25,35). Le cancer est présent approximativement dans 15 % des nodules froids, et

5% des nodules chauds. Elle permet également de préciser si un nodule cliniquement

solitaire est dominant dans un goitre multihétéronodulaire et de révéler une

extension en sous sternal. Malgré que l’iode 131 étant l’isotope le plus efficace dans

la détection des cancers thyroïdiens, iI est à éviter à cause de l’irradiation excessive

à la quelle il expose les patients (10). La scintigraphie à l’123I est encore plus

choisie que celle au technétium car la première évite les faux positifs donnés par

cette dernière et le risque d’irradiation y est faible. Cependant, dans le cas général,

dans les pays d’apport iodés modérés, voire de carence relative, la prévalence des

nodules hypofixants parmi les nodules thyroïdiens est de 80-90 % et parmi ces

lésions hypofixantes, au plus 8-25 % sont malignes (10,25,35). De ce fait, la

performance diagnostique de la scintigraphie est faible car sa sensibilité excellente

s’exerce au profit d’une piètre spécificité (environ 10 %). Cependant, la scintigraphie,

surtout à l’123I, garde toute sa place lorsqu’une TSH basse a identifié une situation

d’hyperthyroïdie et notamment lorsque la thyroïde est multinodulaire. De ce fait, les

nodules hyperfixants seront correctement identifiés. Dans les cas où la cytoponction

a un résultat douteux ou à deux reprises non contributif, l’utilisation d’une

scintigraphie secondaire se justifie. En effet, la constatation d’une captation viendra

quasiment innocenter ces nodules, si toutefois ils ont une taille d’au moins 1 cm.

C’est dans ce contexte que la scintigraphie au thallium 201 pourrait avoir son

intérêt puisque le critère composite, hypofixant en 123I ou en 99 mTc et fixant en

thallium 201 semble avoir d’excellentes sensibilité et spécificité pour identifier les

nodules cancéreux (25, 35).

66

Figure 20: Scintigraphie thyroïdienne montrant un goitre diffus avec nodules ;

froid basilobaire gauche, un basilobaire droit et isthmique

(Iconographie du service ORL Pr Alami).

3- Radiographie pulmonaire

Dans l’étude Makeieff (42), l’examen radiologique a comporté au minimum

une radiographie du thorax mettant en évidence une opacité médiastinale

supérieure dans 57 % des cas et/ou une déviation trachéale dans 60 % des cas,

particulièrement nette dans les goitres unilatéraux. Sept cas de sténose trachéale

radiologique cliniquement asymptomatique ont été observés. Néanmoins, un aspect

radiologique de refoulement trachéal, simple traduction par l’imagerie de la

présence d’une thyroïde hypertrophiée, ne correspond le plus souvent en rien à une

réduction du calibre de la trachée et ne peut expliquer le moindre trouble

respiratoire si l’on excepte parfois la sensation d’oppression due à l’angoisse née

d’explications physiopathologiques mal comprises (42,58).

67

4- Tomodensitométrie et imagerie par résonance magnétique

Ces techniques sont essentielles pour apprécier l’étendue, le volume, et les

rapports anatomiques des thyroïdes à développement endothoracique, médiastinal

ou rétropharyngé. La TDM et l’IRM sont d’un intérêt équivalent pour l’étude de ces

situations. La TDM, pour laquelle il faut bien sûr se garder de toute injection de

produit de contraste iodé, est souvent l’examen privilégié pour des raisons de

disponibilité, de coût et de meilleure définition anatomique. Ces deux techniques

permettent d’évaluer le degré et le siège d’une compression de la trachée.

Cependant ce paramètre est assez mal corrélé à l’existence ou à l’absence d’une

symptomatologie respiratoire ainsi qu’aux paramètres spirométriques (25,35). Enfin,

ces techniques font partie avec la radiologie conventionnelle des possibilités

d’inventaire de la diffusion des lésions en cas de métastase synchrone d’un cancer

de la thyroïde.

Selon Makeieff (42) un scanner cervico-médiastinal ou une IRM ont été réalisés

dans 180 cas, le prolongement endothoracique était plus fréquemment gauche (55

%) que droit (22 %). Les prolongements étaient uniques dans 80 % des cas et

multiples dans 20 %. La plupart étaient des goitres plongeants simples, surtout

antérieurs (85,5%). L’IRM a été réalisée chez 45 patients, prescrite en complément

du scanner, elle visait à préciser l’extension inférieure et les rapports vasculaires en

particulier par l’étude des coupes frontales (42).

68

5- Techniques émergentes

L’échographie 3D, le doppler-énergie, l’utilisation de produits de contraste en

échographie n’est pas encore correctement évaluée (25).

Figure 21: Scanner cervico médiastinal montrant un goitre plongeant avec

refoulement de la trachée (Iconographie service ORL Pr Alami).

Figure 22 : Coupe scannographique axiale montrant une infiltration laryngotrachéale par

une masse thyroïdienne (59).

69

Figure 23 : TDM en reconstruction frontale montrant un goitre plongeant avec adénopathie

cervicale (10).

Figure 24: TDM reconstruction sagittale pour l’évaluation de la profondeur du

développement thoracique d’un goitre plongeant (10).

70

Figure 25: Coupe scannographique axiale montrant un goitre plongeant

( içi c’est un nodule kystique) (10).

C- Cytoponction

Dans l’étude Lopez-Fronty (55) 613 nodules ponctionnés, 552 patients. Les

résultats de la cytologie étaient 75 % bénignes, 0,12 % malignes, 2,95 % suspectes,

22 % non significatifs. La confrontation cytologie-histologie a été obtenue dans 30

cas (suspects et malins classés dans la même catégorie). Avec une sensibilité de

100 % ; spécificité 64 % ; valeur prédictive positive 35 % et valeur prédictive négative

: 100 %.

Selon Moisson-Meerl (38), 320 cytoponctions sans aspiration ont été réalisées

chez 212 sujets, de façon itérative dans 91 cas. Sur les 212 cytoponctions initiales,

on relève 93 cytologies bénignes présumées (43,9 %), six malignes (2,5%), 49

bénignes à contrôler cytologiquement (23,1%), 24 suspectes à opérer (11.3%), 40

non interprétables (18,9%). Sur 67 indications opératoires (cytologie maligne ou

suspecte, ou contexte clinique), 59 opérations ont été réalisées.

71

Les 11 cancers trouvés correspondent à six cytologies malignes et cinq suspectes de

la première ou de la deuxième cytoponction. Sur 145 sujets sans indication

opératoire, 125 ont été suivis cliniquement, avec parfois de nouvelles cytoponctions;

il n’a jamais été nécessaire de revenir sur l’attitude initiale d’expectative. Ce qui

confirme que la cytoponction est une méthode fiable et efficace pour le diagnostic

étiologique des nodules thyroïdiens et pour les indications de l’exérèse (38).

Pour Sclabas (39), 240 patients ont béneficié d’une aspiration du nodule

thyroïdien à l’aiguille fine. Pour les 100 résultats indéterminés, le carcinome est

trouvé chez (15%) des 73 néoplasies folliculaires, (20%) parmi 10 néoplasies à

cellule de hurthle, et (82%) parmi 17 suspicions de carcinomes papillaires. Parmi

les 73 nodules à cytologie douteuse à cellule folliculaire ceux avec un diamètre

supérieur à 2 cm sont associés à un risque fort de cancer.

Figure 26 : Arbre décisionnel de la conduite à tenir devant un nodule thyroïdien

selon Guerrier, Sadoul et George (10,25,35) .

Nodule thyroïdien

TSH normale

TSH abaissée

Echographie- cytoponction- thyrocalcitonine

Scintigraphie

Nodule chaud ou toxique

Echo suspecte

Cyto + ou douteus

TCT élevée Sujet

jeune

Normale Sujet non opérable

72

IV- Histopathologie

La thyroïde présente une structure originale aussi bien au niveau du tissu

normal que tumoral. Du point de vue morphologique, on peut trouver tous les

aspects de transition entre la simple hyperplasie, l'adénome, le cancer différencié et

le cancer anaplasique. Devant des proliférations d'évolution si différente le rôle de

l'histologie est de trouver les limites les plus utiles pour grouper les patients en

catégories au pronostic identique. Heureusement le cancer constitue moins de 5%

de la pathologie thyroïdienne (25). Pour Makeieff (42), L’étude histologique a

conclu à la bénignité dans 98,7 % des cas. Trois carcinomes papillaires ont été

découverts.

Le carcinome papillaire est le plus fréquent des carcinomes thyroïdiens

puisqu’il représente 65 à 80 % des cancers de la thyroïde (2,10,25,35,42). Le

carcinome vésiculaire est, par ordre de fréquence, le deuxième cancer de la thyroïde

après le carcinome papillaire. Le carcinome médullaire est un carcinome développé à

partir des cellules C de la thyroïde qui synthétisent la thyrocalcitonine. Ce cancer

représente 5 à 10 % des carcinomes thyroïdiens. Le plus souvent, dans deux tiers

des cas, il s’agit d’une affection sporadique. Dans un tiers des cas, ces carcinomes

médullaires correspondent soit à des carcinomes médullaires familiaux, isolés, soit à

des carcinomes médullaires entrant dans le cadre d’une polyendocrinopathie

héréditaire. Les carcinomes indifférenciés correspondent à des tumeurs du sujet âgé

de plus de 50 ans et représentent 5 à 10 % des tumeurs malignes thyroïdiennes. Ce

carcinome se présente cliniquement comme une tuméfaction d’évolution rapide de

la région cervicale et se développe classiquement sur une lésion préexistante

ancienne (10,25). En ce qui concerne les carcinomes, il faut signaler l’existence de

rares carcinomes mucoépidermoïdes primitifs.

73

Les lymphomes malins primitifs de la thyroïde sont plus fréquents, représentant

environ 8 % des lésions malignes thyroïdiennes et se développant préférentiellement

sur des lésions de thyroïdite lymphocytaire. Il s’agit en général de lymphomes non

hodgkiniens, de phénotype B, qui présentent une parenté morphologique et

immunohistochimique avec des lymphomes du tissu lymphoïde associés aux

muqueuses. Autres cancers peuvent être retrouvés (sarcome, tumeur oncocytaire

(33).

Makeieff

(42)

Triponez

(59) Notre étude

Cancers 2,7% 9,7%

- Carcinome papillaire 70% 64% 57,1%

-Carcinome

vésicullaire

22% 9,5%

-Carcinome

médullaire

30% 4 ,7% 0,5%

Tumeurs bénignes 97,2% 90,3%

Tableau 8 : Types histologiques des tumeurs de la thyroïde

74

V- Traitement La chirurgie du corps thyroïde peut être soit une chirurgie simple type

énucléation, lobectomie pour un nodule isolé froid ou chaud unilobaire ou bien

encore d’une thyroïdectomie totale pour goitre multihétéronodulaire de petite taille,

soit une chirurgie complexe : goitre volumineux et/ou plongeant, chirurgie pour

cancer, maladie de Basedow, thyroïdites, récidives. Cette chirurgie difficile nécessite

des techniques particulières, notamment lors de la dissection des nerfs récurrents.

A- But

Le but du traitement comporte trois volets :

• Procéder à l'ablation du nodule en enlevant une partie ou la totalité de la

thyroïde ainsi que tout foyer suspect de malignité,

• Contrôler tout dysfonctionnement thyroïdien en post opératoire.

• Eradiquer les microfoyers tumoraux persistant après chirurgie.

B- Moyens

1- Chirurgie

1-1- Techniques

1-1-1- En préopertoire

La prémédication est tout particulièrement indispensable en cas

d’hyperthyroïdie type antithyroïdiens de synthèse, b-bloquants, solution de

potassium iodé, au lugol,… (2). Dans ce cas, une préparation médicale jointe à un

repos de quelques jours est absolument indispensable.

75

1-1-2- Incision et exposition de la glande

L'incision est réalisée à deux travers de doigts au dessus des clavicules, et

concerne la peau, le tissu sous-cutané el le peaucier du cou (2,5,10). Un lambeau

cutané comprenant la peau, le peaucier et les jugulaires antérieures sera décollé en

haut et en bas, afin de découvrir le plan musculaire sous-hyoïdien (61). La ligne

blanche est ouverte. Suivant la taille de la glande et la pratique habituelle de chacun,

les muscles sous hyoïdiens peuvent être sectionnés ou préservés. Le plan de

décollement péri-thyroïdien est ouvert au bord axial du muscle sterno-thyroïdien,

avec ou sans section de ce muscle (2,5,10,61). C'est en ouvrant cet espace que l'on

expose facilement et de façon avasculaire l'ensemble de la glande. Son aspect

clinique, et surtout sa palpation avant le début du geste chirurgical proprement dit.

On pourra décider d'un complément d'exérèse si les lésions constatées le

nécessitent.

Figure 27: Position du patient (Iconographie du service ORL Pr Alami).

76

Figure 28: Tracé de l’incision (Iconographie du service ORL Pr Alami).

Figure 29: Décollement du lambeau myocutané supérieur (Iconographie du service ORL Pr Alami).

77

1-1- 3- Différents types de thyroïdectomies

a- Enucléation

L’énucléation est souvent associée à une lobectomie controlatérale. En cas

d’énucléo-résection, isolée, l’incision doit être le plus près possible du nodule afin

d’être la plus petite et la plus rectiligne (10). C’est un geste simple qui ne nécessite

pas de ligature vasculaire. En cas de nodule isthmique, une simple résection de

l’isthme est suffisante. Si les décollements latéraux sont suffisants il peut être

intéressant de reconstituer un isthme. Enfin, en cas de nodule intra-

parenchymateux, après hémostase à la pince bipolaire du tissu recouvrant le nodule,

celui-ci est incisé. Le nodule est ensuite disséqué. L’hémostase est ensuite vérifiée

au niveau de la cavité crée par l’exérèse puis les tranches de section sont

rapprochées (2,10). Le drainage n’est pas toujours nécessaire (62).

b- Lobectomie, Lobo-isthmectomie

La lobectomie ou lobo-isthmectomie se déroule en 4 temps, qui peuvent être

réalisés dans des ordres différents en fonction des habitudes du chirurgien et des

lésions de la thyroïde (2,64,65):

- La libération du pôle inférieur nécessite qu'on soulève celui-ci délicatement, afin

d'exposer de proche en proche les grosses veines thyroïdiennes inférieures et les

artérioles au contact du parenchyme thyroïdien. Ces hémostases doivent être

prudentes si on n'a pas préalablement recherché le récurrent. C'est également dans

cette région qu'il faut être vigilant quant à la situation de la parathyroïde inférieure

(48,49). Sa vascularisation doit être préservée.

78

- La libération du pôle supérieur doit libérer le sommet du lobe de ses attaches

artérielles (artère thyroïdienne supérieure), et de ses veines, sans léser le nerf

laryngé externe. Pour cela, ses vaisseaux seront disséqués et ligaturés un à un, en

commençant par les vaisseaux antéro-internes. Dans notre étude, ce temps était

toujours précédé du repérage du nerf laryngé externe, qui est bien souvent

facilement vu. On préservera autant que faire se peut la branche postérieure de la

trifurcation de l'artère, car bien souvent la vascularisation de la parathyroïde

supérieure en dépend (2,5,10).

- La recherche du récurrent et sa dissection au bord externe du lobe nécessite

attention, minutie et rigueur de dissection (6,51,66). La veine thyroïdienne moyenne

est d'abord liée, puis on libère les nombreux tractus fibreux de la région de l'artère

thyroïdienne inférieure qui doit être repérée pour faciliter la découverte du nerf.

A droite, le nerf est recherché dans l'axe de la bissectrice formée par la

trachée d'une part et l'artère thyroïdienne inférieure d'autre part (6,51,66). A

gauche, il est retrouvé dans le dièdre trachéo-oesophagien, avec un trajet beaucoup

plus vertical. Une fois le nerf repéré, il est disséqué avec délicatesse jusqu'à son

entrée dans le larynx (2,6,51,66). Le lobe peut alors être décollé sans risque.

Cependant tout chirurgien peut se trouver face à des situations où ce repérage par

la technique classique est plus difficile. Dans ce cas, il est préférable avant

d’entreprendre la dissection de la face latérale et postérieure du lobe, de rechercher

le nerf récurrent à sa pénétration dans le larynx, qui constitue un point fixe

insensible aux modifications morphologiques induites par la pathologie

thyroïdienne. Cette identification est appelée la dissection rétrograde du nerf

récurrent (10).

79

Figure 30: Identification du nerf récurent et des parathyroïdes (61). -La section de l'isthme, qui peut avoir lieu au tout début de l'intervention, est

réalisée une fois que celui-ci est décollé de l'axe trachéal. Un surjet est réalisé sur la

tranche de section restante (2,5,10,60).

Figure 31: Section de l’isthme (Iconographie du service ORL Pr Alami).

80

- La vérification soigneuse des hémostases est une étape indispensable, en raison

des risques de constitution d'hématome suffoquant (67). Le drainage de la loge par

un drain de redon est indispensable pour beaucoup (2,10), moins systématique pour

d'autres (61, 62)).

- La fermeture reconstituera tous les plans musculaires sectionnés, le plan du

peaucier et le panicule adipeux sur la ligne médiane (2,51).

La thyroïdectomie totale ne diffère de la lobo-isthmectomie que par sa

bilatéralité.

Figure 32: Fermeture sur un drain (Iconographie du service ORL Pr Alami).

81

c- Thyroïdectomie subtotale

En cas de thyroïdectomie sub-totale, on peut laisser en place une clochette de

tissu thyroïdien normal lobaire supérieur (2,10). On peut aussi laisser une toute

petite épaisseur de tissu thyroïdien en regard de l'entrée du nerf récurrent dans le

larynx. En effet à cet endroit il y a parfois des difficultés de dissection et surtout des

difficultés d'hémostase, qui peuvent conduire à laisser une toute petite épaisseur de

tissu thyroïdien le protégeant. La thyroïdectomie subtotale adaptée une fois

effectuée, il convient de capitonner très soigneusement les deux tranches des

moignons supérieurs. Le drainage est systématique. (2).

d- Thyroïdectomie pour goitres cervicothoraciques

Nous n’envisagerons ici que le traitement chirurgical des goitres plongeants

cervicomédiastinaux. Qui peuvent être extirpés par voie cervicale pure. La

cervicotomie doit être large, avec section des muscles sous-hyoïdiens, complétée,

parfois par la section du sterno-cléido-mastoïdien. La dissection aveugle au doigt

du goitre sans repérage du nerf récurrent augmente significativement le risque de

traumatisme du nerf. Dans ces cas il faut repérer le nerf récurrent dans ses derniers

centimètres extralaryngés et d’en faire la dissection rétrograde pour extraire le

goitre (10). La sternotomie est rarement nécessaire pour l’exérèse de volumineux

goitres à prolongements endothoraciques (42). La dissection au doigt permet

généralement d’extraire les extensions parapharyngées. La dissection doit

commencer par le pôle supérieur de la glande du côté plongeant (2,10).

Après ligature du pédicule supérieur et repérage du nerf laryngé externe, le

lobe est mobilisé. L’isthme est ensuite sectionné. Le ou les nerfs récurrents sont

alors recherchés et identifiés, à partir de leur point de pénétration laryngé, puis

suivis de façon rétrograde sur une partie de leur trajet, pendant que les

parathyroïdes sont refoulées vers l’arrière et la thyroïde vers l’avant (64-66).

82

Les branches de l’artère thyroïdienne inférieure sont liées au contact du parenchyme

glandulaire. L’index s’insinue alors dans le défilé cervicothoracique se repérant sur

le siège des battements de la carotide primitive ou de la sous-clavière l’index va

luxer la tumeur et provoquer l’accouchement de la masse (2). Une fois l’exérèse

pratiquée, la cavité médiastinale est lavée au sérum et l’absence de brèche pleurale

soigneusement vérifiée. Un drainage aspiratif est laissé dans le lit opératoire et une

radiographie pulmonaire de contrôle est effectuée au réveil (2,42).

Figure 33: Ascension du prolongement inférieur d’un goitre plongeant (10).

1-2- Autres moyens

a- Monitoring du nerf récurrent

Le monitoring est une technique de détection et de préservation nerveuse

couramment employée dans la chirurgie du crâne et de l’oreille et qui s’étende

actuellement à la chirurgie de la glande thyroïde (68-75). Le principe est basé sur la

détection du mouvement des cordes vocales qui vient stimuler les électrodes placées

sur la sonde d’intubation au-dessus du ballonnet. Cette stimulation génère une

activité motrice qui se traduit sur le moniteur par un potentiel d’action.

83

Cette stimulation est répétitive et permet de déterminer d’une part si l’élément

stimulé correspond au nerf laryngé inférieur et d’autre part le seuil de stimulation

du nerf au début et en fin d’intervention (10). En pratique lorsque le chirurgien

parvient dans la zone de découverte du nerf récurent, deux éventualités sont

possibles :

-Soit sa découverte est facile et son identification est confirmée par sa stimulation.

-Soit sa découverte est difficile (reprise, goitre, goitre volumineux et/ou plongeant)

et dans ce cas toute structure pouvant correspondre au nerf devra faire l’objet d’une

stimulation aidant ainsi à sa détection (10). Une fois le nerf est identifié de façon

formelle, il faut rechercher le seuil minimal de stimulation en prenant soin de faire

cette stimulation à un point fixe.

Le monitoring est jugé indispensable, lors de l’exérèse de goitres volumineux

cervicaux a fortiori s’ils sont plongeants et dans la chirurgie de certaines thyroïdites,

ou lors de réintervention en vue de totalisation surtout s’il y a eu une atteinte

nerveuse lors de la première intervention (68-71). Il est intéressant dans tous les

gestes bilatéraux. Mais jugé non indispensable dans les gestes unilatéraux de

première intention sauf en cas d’enfant, de professionnel de la voix ou de doute sur

la nature maligne du nodule.

b- Endoscopie et chirurgie vidéo-assistée

Les deux autres moyens de thyroïdectomies en dehors de l’abord traditionnel

correspondent à deux types différents d’abords mini-invasifs permettant de réduire

la taille de la cicatrice cervicale et de diminuer la durée d’hospitalisation (76,81).

D’une part les abords utilisant un endoscope à un quelconque moment de leur

réalisation (soit totalement par endoscopie, soit vidéoassistée décrites depuis 1998)

avec des incisions cervicales ou en dehors du cou (axillaire, mammaire) chez des

patients soigneusement sélectionnés.

84

Les thyroïdectomies endoscopiques sont techniquement faisables et sûres, et

semblent offrir des résultats esthétiques supérieurs et une durée de convalescence

réduite (76-79). Une thyroïdectomie classique reste cependant indiquée quand un

cancer est suspecté.

2- Irathérapie

Il s’agit en effet de réaliser une scintigraphie corps du entier à l’iode radioactif

avec traitement secondaire par l’iode en cas de métastase ou de résidus de tissu

thyroïdien sain. Ce traitement a pour but de faciliter la surveillance après avoir

obtenu l’absence de toute fixation thyroïdienne réalisant la « carte blanche »

(10,82). La scintigraphie du corps entier et le dosage de thyroglobuline peuvent

alors être utilisés comme marqueurs tumoraux. Cette attitude, actuellement discutée

même pour les cancers de plus d’un centimètre, l’est encore plus pour les

microcancers et ce traitement est donc très peu utilisé sauf en cas de métastase à

distance (82). Celle-ci peut alors être détruite car les cellules papillaires et

vésiculaires sont sensibles à l’iode.

3- Radiothérapie externe

Elle est proposée comme traitement palliatif pour les patients avec cancers

médullaires métastatiques. La radiothérapie est considérée comme peu efficace. Elle

peut être utilisée dans un but palliatif antalgique et de diminution des phénomènes

compréssifs locaux (10). La radioimmunothérapie anti antigène carcinome

embryonnaire (ACE) est en cours d’évaluation.

85

4- Chimiothérapie

La chimiothérapie a également été utilisée en mono ou polychimiothérapie

avec la doxorubicine, le 5 fluorouracile, la dacarbazine, la capecitabine pour des

patients porteurs de métastases évolutives (10,82). Ces traitements sont

relativement peu efficaces. La thérapie génique est en cours d’évaluation. Ce

traitement prometteur est ciblé sur l’oncogène RET pour des patients métastatiques

avec possibilité de réduction ou de stabilisation de la masse tumorale (10).

5-Traitement hormonal substitutif

L’indication est évidente en cas de thyroïdectomie totale. Si la pathologie est

bénigne un traitement par L-thyroxine per os est commencé le lendemain de

l’intervention. En cas de pathologie maligne, le choix de traiter tout de suite ou non,

et du type de traitement (lévothyroxine ou triiodotyronine) est fonction de la

nécessité évidente ou non d’un traitement par 131I, des délais pour réaliser cette

irradiation et des habitudes des équipes (10,25).

86

C- Indications

1- Sur la thyroïde

Pour les nodules uniques, la plupart des chirurgiens optent pour une lobo-

isthmectomie avec examen histologique extemporané. Ce n’est que lorsque la

suspicion de cancer est très forte ou certaine (cytologie en faveur d’une tumeur peu

ou indifférenciée, carcinome médullaire avec une calcitonine basale ou stimulée très

élevée, adénopathie ou métastase synchrone), que le geste sera complet d’emblée

(25,35). La totalisation dans le même temps opératoire ou dans un second temps

dépendra, respectivement, du résultat de l’histologie extemporanée ou de celui de

l’examen histologique définitif.

Figure 34: Arbre décisionnel de la prise en charge d’un nodule thyroïdien unique

selon Guerrier, Sadoul et George (10, 25, 35).

Nodule thyroïdien unique

Loboisthmectomie

Examen histologique extemporané

BENIN MALIN

Suspect

Prélèvement médiastinal et latéral (III, IV, VI)

Examen extemporané +

STOP Thyroïdectomie Curage ganglionnaire: - Bilatéral VI, - Homolatéral II, III, IV - Controlatéral III, IV

87

Pour les thyroïdes multinodulaires, bien qu’il n’y ait pas de consensus établi, il

semble raisonnable lorsqu’une indication est posée de proposer un geste bilatéral et

complet d’emblée. Ce n’est que lorsque la dystrophie nodulaire est quasi unilatérale

avec un nodule controlatéral infracentrimétrique, souple et antérieur que l’on pourra

proposer, si l’histologie ex-temporanée du nodule suspect est négative, une

loboisthmectomie associée à une énucléorésection de ce nodule controlatéral

(25,35). Laisser en place un lobe multinodulaire se soldera à terme par de nouvelles

interrogations ou inquiétudes, de nouveaux examens diagnostiques et bien souvent

par une chirurgie de totalisation quelques années plus tard.

Dans l’étude Olson (48), sur 883 patients présentant des goitres

multinodulaires bénins symptomatiques, 227 ont subit une thyroïdectomie dont 140

lobectomies unilatérales et 97 thyroïdectomies totales. Cette étude a montré qu’en

plus de la faible morbidité de la lobectomie unilatérale ; 89% des patients qui ont eu

une chirurgie unilatérale n’ont pas nécessité de reprise chirurgicale. Ce qui fait

recommander la chirurgie unilatérale comme traitement du goitre multinodulaire

bénin symptomatique (25,48).

88

Figure 35: Arbre décisionnel de la prise en charge chirurgicale d’un goitre

multi nodulaire selon Guerrier, Sadoul et George (10,25,35) .

2- Sur les ganglions

Le curage à la thyroïdectomie permet d’effectuer un bilan d’extension initial et

de déterminer certains facteurs pronostiques. Les reprises chirurgicales sont

techniquement plus difficiles et associées à une morbidité plus importante. La

récidive ganglionnaire lorsqu’elle survient présente parfois des caractéristiques

histologiques plus péjoratives que lors d’une prise en charge initiale.

Goitre multinodulaire

Thyroïdectomie totale

Examen histologique extemporané

BENIN MALIN

Suspect

Prélèvement médiastinal et latéral (III, IV, VI)

Examen extemporané +

STOP Curage ganglionnaire: - Bilatéral VI, - Homolatéral II, III, IV - Controlatéral III, IV

89

Les publications les plus récentes (82-84) recommandent un curage

médiastino-récurentiel systématique, vérification de la chaîne jugulaire interne et

une totalisation du curage si les ganglions sont positifs. Néanmoins l’irathérapie

peut être une alternative à cette solution chirurgicale (10,84).

2-1-Dissection du compartiment récurrentiel et médiastinal (aire VI)

Elle est réalisée par la majorité des équipes parce que les métastases centrales

sont plus graves et exposent à une iatrogénie importante en cas de reprise (82-84).

Les conférences de consensus récentes recommandent un évidement du

compartiment central pour les carcinomes papillaire et à cellule de Hurthle (10).

Pour les carcinomes vésicullaires celui-ci n’est pas indiqué de façon systématique

(10).

2-2-Dissection du compartiment latéral

Il concerne les territoires II, III, IV et V. En cas d’adénopathies cliniques ou

radiologiques, l’évidement est de rigueurs (2,10). Par contre pour les cous N0,

l’attitude thérapeutique n’est pas standardisée. Les gestes réalisés vont du picking

ganglionnaire à l’évidement cervical fonctionnel (10). Certains réalisent une analyse

extemporanée des ganglions suspects du côté de la tumeur, notamment pour les

territoires jugulaire inférieur et sus clavier. Si ces ganglions sont positifs, ils

réalisent alors un évidement cervical fonctionnel (82,84).

Pour d’autres, l’attitude thérapeutique consiste en une thyroïdectomie totale

associée à un évidement médiastino-récurentiel bilatéral (11-17). Du côté de la

lésion, un évidement fonctionnel emportant les aires II, III, IV et V doit être réalisé.

Du côté opposé à la lésion, le curage concerne les aires III et IV. Le curage est

étendu aux aires II et V en cas de confirmation de l’atteinte métastatique par

l’examen extemporané des ganglions suspects.

90

Lorsque le diagnostic de cancer papillaire est fait à l’analyse histologique définitive,

la reprise chirurgicale consiste en une totalisation de la thyroïdectomie associée à un

évidement cervical bilatéral (2,10,16,82). Par contre, l’évidement médiastino-

récurrentiel bilatéral n’est pas réalisé de façon systématique en égard aux risques

encourus.

Pour les lésions révélées par une métastase ganglionnaire prévalente, la

thyroïdectomie totale est associée au curage médiastino-récurentiel et fonctionnel

bilateral. Ce mode de révélation constitue une forme à évolution potentiellement

péjorative qui justifie un traitement maximaliste (2,10,82).

Figure 36: Thyroïdectomie et curage du compartiment central vu du côté gauche

avec évidement cellulolymphatique le long de la veine jugulaire interne (17).

3- Thyroïdectomies élargies

Elles s’appliquent habituellement aux cancers ayant débordé les limites de la

loge thyroïdienne. La résection des deux muscles sous-hyoïdiens, uni ou bilatérale,

est indispensable si le cancer dépasse les limites de la capsule.

91

Elle ne pose techniquement aucun problème et facilite même l’exérèse en monobloc

de la glande thyroïde sous-jacente (2).

Actuellement, les progrès de la chirurgie trachéale et de la réanimation

justifient que l’indication de résection-anastomose soit très largement développée.

Des résections de dix anneaux ont même été rapportées avec suture immédiate,

grâce à des procédés associés d’abaissement du larynx et de libération de l’arbre

bronchique. Ce qui permet d’éviter le traitement d’une récidive localisée tardive

(2,60).

En cas d’envahissement laryngé deux cas doivent être envisagés.

-Si l’envahissement néoplasique dépassant l’articulation cricothyroïdienne et/ou

atteignant le cartilage thyroïde (60). La seule solution dans la plupart de temps

consiste alors en une laryngectomie totale.

-Si l’envahissement intéressant la partie antérieure du chaton cricoïdien, respectant

l’articulation cricothyroïdienne et ne s’accompagnant pas d’atteinte récurrentielle.

Une résection partielle cricoïdienne antérieure peut alors être proposée (2, 60).

En cas d’envahissement cutané cervical. Le traitement chirurgical consisterait

en une thyroïdectomie totale élargie au tissu cutané cervical antérieur associée à une

éventuelle plastie cutanée (1).

92

VI- Evolution

A- Suivi postopératoire

1_En cas de tumeur bénigne

Il faut surveiller les éléments suivants: pouls, tension artérielle, température,

respiration, enrouement de la voie, crise thyréoprive et surtout le drain aspiratif et

la région cervicale antérieure (2,10).

Au long cours, il faut rechercher des signes de complications latentes:

Hypothyroïdie, hypocalcémie….

La surveillance biologique porte sur la TSHus et la calcémie qui est

systématiquement demandée après toute thyroïdectomie totale ou subtotale

(2,25,35).

2- En cas de cancer

La surveillance doit être prolongée du fait de la possibilité de récidives

locorégionales ou à distance dans les formes agressives. Cette surveillance porte

essentiellement sur la palpation cervicale, le dosage des thyroglobulines en cas de

cancers différenciés (25,35,54), et sur le dosage de la calcitonine pour les patients

atteints de carcinome médullaire de la thyroïde (25,52,53) .

Les techniques d’imagerie morphologique et fonctionnelle peuvent aider dans

cette surveillance en particulier l’échographie, le scanner, la scintigraphie et le

petscan.

93

B- Complications

Elles sont dominées par l’hypoparathyroïdie et les paralysies récurrentielles,

certes leurs fréquence a diminué dans la chirurgie moderne mais non nulle, d’où

l’intérêt de l’information du patient en préopératoire (8,84-91).

1- Complications parathyroïdiennes

1-1- Hypoparathyroïdie postopératoire précoce.

Le risque d’insuffisance parathyroïdienne est fréquent, bien que ses

conséquences soient souvent plus insidieuses que celles de la paralysie

récurrentielle, l’hypocalcémie est la complication la plus préoccupante de la

thyroïdectomie, elle résulte essentiellement d’un traumatisme de la glande

parathyroïde ou de sa vascularisation mais d’autres facteurs peuvent intervenir

(l’hémodilution péri-opératoire, la libération de calcitonine…..) (88-93). Ce qui

aboutira à un dérèglement du métabolisme phosphocalcique en particulier la

diminution du calcium sanguin. Cette complication peut survenir dans tous les types

de thyroïdectomies même les lobectomies unilatérales, mais peut être aussi la

conséquence de la pathologie occasionnant la thyroïdectomie (10,25).

Souvent l’hypocalcémie est sans manifestation clinique, rarement,

s’observent les signes cliniques de la tétanie parathyréoprive avec le signe de

Chvostek positif. Il justifie une surveillance de la calcémie dès le lendemain de

l’intervention.

Selon l’étude (89) de 2035 patients ayant bénéficié d’une thyroïdectomie

bilatérale, une hypocalcémie postopératoire a été retrouvée chez 153 patients (7,5 %)

la même étude affirme que les taux plasmatiques de Calcium et Phosphore différés,

mesurés entre le 7e et le 14e jour après le début de traitement substitutif par le

calcium et avant l’administration de vitamine D, sont des facteurs prédictifs de la

survenue d’une hypocalcémie définitive après thyroïdectomie.

94

Dans l’étude Bilosi (90), 128 patients opérés de thyroïdectomie subtotale

bilatérale pour maladie de basedow, on a retrouvé 17 cas d’hypocalcémies (90).

Le risque d’hypoparathyroïdie est d’autant plus important que le geste thyroïdien est

large, l’étude Peix (17) montre qu’un curage ganglionnaire central multiplie, au

moins par 3, les risques d’hypocalcémies postopératoires par rapport à une simple

thyroïdectomie totale (17). De même on note des pathologies à risque augmenté

d’hypocalcémie tel le cancer et l’hyperthyroïdie (17,25,89,90). Nombreuses études

ont démontré que le taux du PTH en péri opératoire peut prédire la survenue

d’hypocalcémie symptomatique en post-opératoire (91,92).

1-2- Hypoparathyroïdie chronique

Lorsque la calcémie reste toujours inférieure à 80 mg/L en l’absence de

traitement substitutif un an après l’intervention, l’hypocalcémie est considérée

comme définitive. Dans l’étude (89) l’hypoparathyroïdie s’est révélée définitive chez

sept des patients (0,3%). Selon Bilosi (90) aucun cas d’hypoparathyroïdie chronique

n’a été observé. Cette séquelle, relativement fréquente après thyroïdectomie totale

ou subtotale, est d’autant plus grave qu’elle peut s’installer à bas bruit en l’absence

de toute manifestation parathyréoprive postopératoire (laquelle a le mérite

d’imposer une surveillance et un bilan phosphocalcique systématique).

En raison du caractère retardé de sa survenue, c’est rarement au chirurgien

qu’incombe sa reconnaissance. Celle-ci doit être évoquée de principe devant

l’apparition de crises de tétanie, même fruste, de troubles des phanères, de signes

ophtalmologiques, myoclonus cortical ou de désordres neuropsychiatriques chez un

malade ancien thyroïdectomisé (17, 88-90,93).

95

2- Paralysies laryngées

Les deux nerfs dit « en risque » sont le nerf récurent et le nerf laryngé

supérieur, cependant le nerf récurent occupe une place principale et demande une

grande attention lors de la chirurgie ainsi qu’une bonne information du patient (85).

2-1-Paralysie récurrentielle

La paralysie du nerf laryngé inférieur est difficile à estimer car un certain

nombre d’études ne comprennent pas de laryngoscopie postopératoire

systématique. Elle est estimée entre 1 et 2 % des cas. L’incidence serait plus élevée

en cas de reprise chirurgicale, thyroïdectomie pour cancer, goitre avec extension

thoracique ou en cas d’hématome postopératoire nécessitant une réintervention

(17,94).

-La paralysie récurentielle unilatérale s’exprime essentiellement sous la forme d’un

enrouement de la voie avec la classique « voix bitonale ». Il s’y associe

fréquemment une dyspnée haute et des troubles de la déglutition, notamment aux

liquides (5, 17,95).

-Les paralysies récurentielles bilatérales peuvent donner un impressionnant

tableau de dyspnée laryngée à l’extubation. Elles sont rares et à différentier des

lésions consécutives aux traumatismes de l’intubation. Elles nécessitent une

trachéotomie ou réintubation postopératoire immédiate. Une réintervention

immédiate est le plus souvent recommandée afin de s’assurer de l’absence

d’hématome compressif dans la loge de thyroïdectomie, de vérifier l’intégrité des

nerfs ou lever une ligature traumatisante. Souvent, cependant, une récupération

vocale spontanée est observée ou par administration de corticoïdes. L’examen ORL

peut être normal ce qui doit faire penser à une atteinte du nerf laryngé externe.

96

Ce risque varie selon les études et l’expérience du chirurgien de 0.3% à 17% ; dans

l’étude de Trésallet (94), 8005 patients ont été opérés de la thyroïde, on a constaté

150 paralysies récurentielles (1,9 %) dont 17 (0,2 % des opérés) étaient bilatérales

(une seule a nécessité la confection d’une trachéotomie transitoire). Selon Bilosi (90)

les paralysies récurrentielles ont été observées dans (1.6 %). La lésion de la branche

motrice antérieure est la plus fréquemment responsable de paralysie récurentielle,

Snyder (97) a montré que la paralysie récurrentielle est plus fréquente avec un nerf

récurrent visualisé et intacte (3.3%) qu’avec un nerf sectionné (0.45%).

Selon Filho (98), les patients ayant bénéficié des thyroïdectomies par des

résidents avec la supervision d’un chirurgien expérimenté n’ont pas eu

d’augmentation des chiffres en matière de complications : hypocalcémie

transitoire13.1%, hypocalcémie permanente 2.5%, paralysie récurrentielle transitoire

1.4%, paralysies récurrentielles permanentes 0.4%.

2-2- Risque de paralysie récurentielle

Le risque de paralysie récurentielle est plus important dans les

thyroïdectomies pour cancer que dans les pathologies bénignes, ou lorsqu’il existe

une thyroïdite chronique ou une maladie de Basedow. Les études sont

contradictoires sur le rôle « protecteur » pour le nerf récurrent que pourrait avoir

une exérèse subtotale plutôt que totale (2,7).

Les réinterventions représentent environ 6 % des interventions et se

caractérisent par un abord chirurgical des loges thyroïdiennes plus difficile en raison

d’une fibrose cicatricielle parfois intense. La libération du nerf récurrent peut le

traumatiser même si cela est discuté si l’intervention a lieu dans un centre

spécialisé.

L’hyperextension cervicale lors de l’intervention a également été mise en

cause dans des étirements du nerf, favorisés par la traction sur le lobe thyroïdien

(2).

97

Ces raisons nous incitent à recommander une extension modérée du cou (10,25). Le

repérage peropératoire du nerf récurrent s’effectue de l’émergence médiastinale du

nerf jusqu’à son entrée dans le larynx. Au cours de son trajet cervical, il se bifurque

fréquemment en deux ou plusieurs branches. Il est donc fondamental de suivre

l’ensemble de ses branches jusqu’à leur disparition sous le muscle cricopharyngien

(17,94-98).

2-3- Paralysie permanente du nerf laryngé inférieur

Une paralysie récurentielle est considérée comme définitive lorsque les

troubles fonctionnels persistent au-delà de 12 mois (2,10,94-98). Les conséquences

sont essentiellement fonctionnelles avec une voix rauque, bitonale et fatigable, ce

qui peut constituer un préjudice important pour certains métiers et obliger à une

reconversion professionnelle. Le risque médicolégal n’est donc pas à négliger car

trois quarts environ des procédures engagées après chirurgie endocrinienne le sont

suite à une paralysie récurentielle (85).

Selon l’expérience de Trésallet (94) 41 paralysies récurentielles sont restées

définitives à 12 mois (0,4 % des interventions et 27 % des paralysies récurentielles)

(94).

2-4- Lésion du nerf laryngé externe

À distance de l’intervention, une faiblesse de la voix chantée, de mise en

évidence souvent difficile, oriente vers une atteinte du nerf laryngé externe, souvent

lésé lors de la ligature du pédicule thyroïdien au pôle supérieur de la thyroïde(2,10).

Cette atteinte a une fréquence réelle plus importante que celle rapportée à cause de

la symptomatologie.

Ceci est mis en évidence par la vidéolaryngoscopie et l’EMG. L’association paralysie

récurrentielle-paralysie laryngée supérieure est rare et plus perceptible si elle

survient au même coté. Les symptômes en sont plus sévères que la paralysie

récurrentielle unilatérale ( 7,85,95).

98

2-5- Autres atteintes nerveuses

La dissection cervicale pour curage ganglionnaire peut être associée à des

lésions nerveuses autres que les nerfs laryngés : spinal accessoire, les branches du

nerf facial, le grand hypoglosse, le nerf vague et la chaîne sympathique. Ces

atteintes ont de mauvaises conséquences et surtout cosmétiques chez la femme.

Heureusement leur fréquence est basse dans la chirurgie cancéreuse entre les mains

expérimentées (85).

Paralysie

récurentielle

transitoire

Paralysie

récurentielle

définitive

Hypocalcémie

transitoire

Hypocalcémie

définitive

Montagne (47) 4.8% 3.2% 12.5% 1.6%

Makeieff (42) 7.2% 1.2 13.4% 2.1%

Soylu (44) 37.5% 14.6%

Snyder (97) 3.75% 0.3%

Foniadaki (102) 2% 0.5% 2.5%

Filho (98) 13.1% 2.5% 1.4% 0.4%

Notre étude 16.7% 8.3%

Tableau 9 : Paralysie récurentielle et hypoparathyroïdie

99

3- Complications thyroïdiennes

3-1- Grande crise thyréoprive ou syndrome de sevrage en hormones

thyroïdiennes

L’apanage de la chirurgie pour hyperthyroïdie, elle se traduit classiquement

par, asthénie une accélération brutale du pouls, une élévation de la température à

39-40 °C, une polypnée avec agitation, sueurs, tremblements et vomissements. Il

est expliqué par le passage d’un taux d’hormones thyroïdiennes élevé de façon

prolongée à un taux normal l’est moins. Par analogie au sevrage en glucocorticoïdes

endogènes, on doit évoquer un rôle de l’IL6, de la vasopressine ou des systèmes

centraux noradrénergiques ou dopaminergiques. En réalité, la préparation médicale

préopératoire rigoureuse et systématique de toute hyperthyroïdie a pratiquement

supprimé ce type d’accident (17, 85,86).

3-2- Insuffisance thyroïdienne

Elle apparaît quelques semaines ou quelques mois après les thyroïdectomies

larges effectuées aussi bien pour un goitre multinodulaire, pour un cancer que pour

une hyperthyroïdie.

Vaiman (99) a comparé la survenue d’hypothyroïdie pour 3 types de

thyroïdectomies : hemithyroïdectomie, thyroïdectomie subtotale et thyroïdectomie

totale et ce chez 3470 malades avec une durée de surveillance allant de 2 à 15 ans.

Il a mis en évidence que l’hypothyroïdie post opératoire est plus fréquente dans la

thyroïdectomie totale et subtotale que dans l’hémithyroidectomie; la même chose

est constatée dans notre étude (tableau 10).

100

Vaiman (99) Notre étude Vaiman

(99)

Notre étude

Hypothyroïdie

transitoire

Hypothyroïdie

définitive

Hémithyroïdectomie 46% 12.9% 28% 7.5%

Thyroïdectomie

subtotale

93% 67.9% 87% 57.1%

Thyroïdectomie totale 100% 100% 100% 100%

Tableau 10: Hypothyroïdie en fonction du geste chirurgical

L’étude Bilosi (90) qui concernait 128 cas de thyroïdectomies subtotales, il y

avait 46 cas d’hypothyroïdies patentes (39%) et 64 cas d’hypothyroïdies compensées

(54,2%). Ces résultats se rapprochent de ceux de la thyroïdectomie subtotale de

notre étude.

101

4- Autres

4-1- Récidives

Le risque de récidive cervicale ultérieure est fortement réduit après

thyroïdectomie totale alors qu’une thyroïdectomie partielle expose environ un

patient sur quatre ayant un cancer différencié à la récidive (2,10,101). En fait,

l’application d’un protocole maximaliste (thyroïdectomie totale dans la majorité des

cas, curage ganglionnaire en cas d’envahissement à l’examen extemporané,

utilisation large du radio-iode) aboutit à un très faible taux de récidive. Le délai de

survenue des récidives les plus tardives dans cette série a varié selon le groupe

auquel appartenaient les patients : 12 ans pour les groupes I et IIA, 16 ans pour les

groupes II B, III et IV. Les modalités de découverte des récidives ont été très variables

et tous les éléments de surveillance étudiés, pris isolément, se sont révélés utiles : la

palpation cervicale, les scintigraphies avec 5 mCi et le dosage de Tg. De plus, dans

deux cas, des métastases pulmonaires ont été découvertes sur des radiographies

standard chez des patients dont la surveillance par radio-iode avait été interrompue.

L’affirmation d’une récidive locale n’est possible que par l’examen histologique (2,

101).

4-2- Hémorragie

Peut être immédiate ou retardée et est le plus souvent artérielle (ligature

inefficace), rarement à cause d’un trouble de l’hémostase (2, 67,85).

4-3- Syndrome de Claude Bernard Horner

Par lésion de la chaîne sympathique cervicale (lors du curage ganglionnaire)

(6,60).

4-4- Lymphorrhée

Postopératoire persistante et massive est la conséquence exclusive d’une

blessure du canal thoracique ou de la grande veine lymphatique droite (17,60).

102

4-5- Obstruction des voies aériennes

Dans le même contexte et en dehors de la paralysie laryngée une dyspnée

obstructive peut survenir à cause de la laryngomalacie qui est la conséquence

d’une compression trachéale par une grande masse thyroïdienne, un œdème sous

glottique tumorale réactionnel, ou une invasion tumorale (60,85).

4-6- Complications cutanées

La thyroïdectomie a les mêmes complications pariétales que les autres

chirurgies (infection, hématome, nécrose cutané, cicatrice chéloïde ou

hypertrophique…). Ceux-ci peuvent être majorés par l’irradiation cervicale (60).

(Tableau 11)

4-7- Complications thrombo-emboliques

Pour Makeieff (42), des complications thrombo-emboliques sont apparues

chez quatre patients sur 215 dont un avec une embolie pulmonaire.

4-8- douleurs

Des céphalée et rachialgies cervicales peuvent être observées et sont traitées

par des anti-inflammatoires non stéroïdiens (1O2).

Hématome

compressif

Infection Récidive Fistule

cutanée

Décès

Montagne

(47)

1.6% 1.6% 0% 0% 0%

Makeieff

(42)

1.4% 0% 11.8% 0% 0%

Notre

étude

0.5% 0.5% 0.5% 0%

Tableau 11: Complications

103

C-Traitement des complications et leur suivi

1 – Hypoparathyroïdie

Dans ce cas des mesures de correction doivent être mises en place et qui

peuvent aller jusqu’à une recharge en calcium par voie veineuse associée à la

vitamine D per os pendant une dizaine de jours jusqu’à suppression totale des

signes cliniques et retour à la normale de la calcémie. Tout accident parathyroïdien

impose une surveillance prolongée (2,10).

La transplantation des glandes parathyroïdes peut être envisagée, et ce en cas

de glande isolée du tissu assurant sa vascularisation et avant la survenue de

l’ischémie. Mais ces résultats sont inconstants et imprévisibles (10).

2- Paralysie récurrentielle

Il importe d’effectuer un bilan phoniatrique et de démarrer une réeducation

orthophonique précoce dès que la paralysie récurrentielle est mise en évidence

(2,10,95). L’importance de la dysphonie est fonction de la fuite phonatoire et de

l’atrophie cordale. En cas de dénervation, la corde va progressivement s’atrophier et

la dysphonie sera d’autant augmentée, il faut attendre au moins 6 mois avant

d’envisager un traitement chirurgical, en particulier la thyroplastie, que l’on

n’entreprend qu’après une rééducation (95).

A distance de l’épisode aigu on peut observer la disparition de la dysphonie

sous rééducation orthophonique et une paralysie récurentielle est considérée

comme définitive lorsque les troubles fonctionnels persistent au-delà de 12 mois

(94-97).

104

3-Hypothyroidie

En matière de traitement hormonal après une intervention ; l’indication est

évidente en cas de thyroïdectomie totale.

-Si la pathologie est bénigne : Un traitement par L-thyroxine per os est

commencé le lendemain de l’intervention.

-En cas de cancer : Le choix de traiter tout de suite ou non, et du type de

traitement (lévothyroxine ou triiodotyronine) est fonction : de la nécessité évidente

ou non d’un traitement par l’iode131, des délais pour réaliser cette irradiation et des

habitudes des équipes. La demi-vie courte de la triiodotyronine explique qu’elle

puisse être choisie pour cette phase transitoire, car elle permet une réactivité

optimale quel que soit le programme de traitement.

En cas de thyroïdectomie partielle, les pratiques sont variées (2,17,35,59).

La surveillance clinique et biologique consiste donc habituellement en un

dosage de T3, T4 et thyroid stimulating hormone (TSH) pratiqué à 3 mois, 1 an et 2

ans. L’indication d’une surveillance plus prolongée ne peut venir que d’arguments

particuliers (2,17,25):

• Biologique postopératoire: taux de TSH élevé malgré des taux de T3 et T4

normaux, ou augmentation importante de la TSH lors du test à la thyroid releasing

hormone (TRH);

• Histologique : infiltration lymphocytaire importante ou adénocancer.

Dans les autres cas, la surveillance peut être abandonnée après 2 ans ; il suffit

d’informer les malades des symptômes cliniques d’hypothyroïdie et de la nécessité

de consulter devant leur apparition (2,17,25).

4-Hématome compressif

Le traitement consiste en la réintubation et la réintervention dans l’immédiat,

pour éviter l’effet compressif de l’hématome sur les voies respiratoires supérieures

(2, 67,85).

105

CONCLUSION

106

Les thyroïdectomies prennent une place fondamentale dans la prise en charge

des lésions thyroïdiennes.

La recherche de signes de suspicion cliniques permet de guider la prise en

charge, néanmoins multiples examens paracliniques aident les praticiens à définir

mieux l'indication chirurgicale. Ainsi, l’échographie est un examen incontournable.

La scintigraphie thyroïdienne dont la réalisation n’est pas systématique permet de

faire de la part du nodule bénin et malin à partir du caractère fonctionnel ou non de

la lésion. La TSH ultrasensible précise le statut hormonal du patient. La cytoponction

permet en tout cas de définir mieux une population «à risque». La stratégie

diagnostique enrichie de ces nouveaux moyens, et de la collaboration pluri-

disciplinaire, s'établit actuellement en arbres décisionnels acceptés par beaucoup

d’études.

La stratégie thérapeutique associe le plus souvent une thyroïdectomie et un

curage si l'examen extemporané le demande. On note l’intérêt des nouvelles

techniques en particuliers le monitoring du nerf récurrent, la chirurgie mini-invasive

et vidéo-assistée. Nous avons vu s'effondrer les taux de complications avec les

années. Néanmoins, un certain nombre reste inévitable.

107

RESUME

108

Résumé

L’objectif de notre étude est d’évaluer la stratégie de prise en charge

diagnostique et thérapeutique et en particulier connaitre les complications post

opératoires des patients atteints de lésions chirurgicales de la thyroïde au service

d’ORL au CHU HASSAN II de Fès.

A cet effet nous avons recueilli les données relatives à 215 cas, ayant bénéficié

d’une thyroïdectomie, entre janvier 2002 et décembre 2006. Le bilan initial a

comporté un interrogatoire, un examen clinique complet et un bilan paraclinique fait

d'une échographie thyroïdienne et d’un bilan hormonal thyroïdien fait

principalement de la TSH. L’âge moyen de nos patients était de 39 ans, et le sex-

ratio était de 9 (193F/ 22H). La durée d’évolution était plus de 2 ans dans 52,8% des

cas. 42 % des malades ont consulté pour une masse asymptomatique. Nos patients

étaient euthyroidiens dans 96,2% des cas. L’échographie a montré une thyroïde

multinodulaire dans 80,4% des cas. La radio thoracique et la TDM ont objectivé un

goitre plongeant dans 6% des cas. La technique chirurgicale associant

systématiquement la recherche des nerfs récurrents et des parathyroïdes, permet de

voir des résultats post-opératoires peu différents des études publiées en particulier

les complications récurrentielles (16,7%) et parathyroïdiennes (8,3%). Les

pathologies rencontrées étaient bénignes dans 90,3% des cas et malignes dans 9,7%

des cas, ces dernières sont représentées principalement par le carcinome papillaire

(57%).

109

Abstract

The goal of our study is to evalute the diagnostic and therapeutic

management, particularly to know postoperative complications of patients with

surgical lesions of thyroid gland in the otorhinolaryngology departement (university

hospital of fez).

For this we have assembled datum of 215 patients witch benefit of

thyroidectomy betwen Janaury 2002 and December 2006. The initial investigations

included a full clinical examination, a cervical ultrasound and thyroid stumulating

hormone (TSHus). The average age of our patients was 39 years old, and the gender

ratio was 9. The periode of evolution was more than 2 years in 52,8 % of our

patients, 42% of cases consulted for asymptomatic mass. Our patients were

euthyroids in 96,2% of cases. Cervical ultra sound showed multinodular goiters in

80, 4% of cases. X-ray of the thorax and CT scan cervico-mediastinal showed a

diving goiter in 6% of cases. The sugical technic associated the looking for the

recurrent nerve and parathyroids. And let show postoperative results little differents

from published studies, in particular recurrent paralysis (16,7%) and

hypoparathyroidism (8.3%). Uncontred pathologies were benigns in 90,3% of cases

and malignants in 9,7%. These one were represented mainly by papillary carcinoma

(57%).

110

الملخص

ستراتجیة التشخیص و العالج للمرضى المصابین ا تقییم ھو الدراسة هذه من الھدف ان

حة بمصلالك ذوصا المضاعفات التالیة للجراحة والغدة الدرقیة المستلزمة للجراحة و خص مراضبا

.بالمركز أالستشفائي الجامعي الحسن الثاني بفاس أمراض األذن و األنف و الحلق

مريض استفادوا من استاصال 215 لهذا الغرض، قمنا بتجميع المعطيات المتعلقة ب

تضمن الفحص األولي فحصا سريريا شامال، ، تصويرا .2006و 2002الدرقية ما بين سنتي

سنة، أما 39إن متوسط السن لدى المرضى هو . و فحص الهرمون المنبه للدرقية بالصدى للرقبة،

بعد سنتين من تطور من المرضى قاموا باستشارة طبية % ,852 .فيصل إلى تسعة األنوثةمعدل

من المرضى % 96.2. من الحاالت %42من اجل كتلة درقية ال عرضية في لكالمرض وذ

الفحص بالصدى للرقبة كشف عن درقية متعددة العقيدات في .الدرقية هرمون يكانوا سوي

اعي للصدر والفحض بالمفراس للصدر كشف عن دراق التصويراإلشع.من الحاالت % 80.4

التقنية الجراحية اللتي تضمنت البحث عن العصب الراجع .من المرضى % 6غاطس عند

خصوصا والدريقة في جميع الحاالت مكنت من الحصول على نتائج مشابهة للدراسات المنشورة و

تى القيناها كانت حميدة اض اللاالمر). % 8.3( و قصور الدريقة) % 16.7 (شلل العصب الراجع

. (57%)االورام الخبيتة مثلت اساسا بالورم الحليمي .من الحاالت % 90.3في

111

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