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Faculté de santé d’Angers - département PluriPASS Année universitaire 2020-2021 Pr. Potard Pour toutes vos questions : [email protected] Association Angevine du Tutorat PASS Ledit polycopié a été entièrement réalisé par l’Association Angevine du Tutorat PASS (2ATP) avec l’accord des enseignants référents. Ni les professeurs, ni la faculté ne peuvent être tenus responsables de la validité des informations qu’il contient, même en cas de relecture par ces derniers. Seuls les enseignements dispensés par les enseignants feront foi pour les examens. Toute reproduction est interdite sans l’autorisation préalable de l’enseignant ou de la 2ATP.

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Année universitaire 2020-2021

Pr. Potard

Pour toutes vos questions : [email protected]

Association Angevine du Tutorat PASS

Ledit polycopié a été entièrement réalisé par l’Association Angevine du Tutorat PASS (2ATP) avec

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INTRODUCTION A LA PSYCHOLOGIE ................................................................... 3

CHAPITRE N°1 : Introduction à la psychologie scientifique ................................. 3

I. Introduction ..................................................................................................................... 3

II. La psychologie est-elle une science ? ............................................................................... 5

III. Les grands courants théoriques en psychologie .............................................................. 17

IV. La complémentarité des approches, exemple du rêve .................................................... 29

Récapitulatif ............................................................................................... 32

Entrainements ............................................................................................ 34

Corrections ................................................................................................. 36

Notes ......................................................................................................... 39

CHAPITRE N°2 : La personnalité et son évaluation .......................................... 40

I. La place de personnalité dans l’histoire de la psychologie............................................... 40

II. Personnalité et méthodes d’évaluation ........................................................................... 41

III. Approche psychanalytique de la personnalité et ses méthodes .......................................50

IV. La personnalité selon l’approche comportementaliste : l’apprentissage ..........................56

V. Apports de la psychologie socialo-cognitif : Bandura et l’apprentissage par l’observation 61

VI. Approche humaniste de la personnalité et ses méthodes ................................................ 63

VII. Approche psychopathologique de la personnalité : troubles de la personnalité ........... 68

VIII. Conclusion .................................................................................................................. 76

Récapitulatif ............................................................................................... 77

Entrainements ............................................................................................ 81

Corrections ................................................................................................. 86

Notes ......................................................................................................... 91

CHAPITRE N°3 : Introduction à la psychologie de la santé ................................ 92

I. Les modèles de compréhension de la maladie et de la santé .......................................... 92

II. Stress, maladie et adaptation ........................................................................................ 96

III. Stress, facteurs biopsychosociaux, et maladies ............................................................. 102

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Récapitulatif ............................................................................................. 109

Notes ....................................................................................................... 110

CHAPITRE N°4 : Applications de la psychologie dans le domaine de la santé .... 111

I. Comment le stress affecte-t-il la santé ? ........................................................................ 111

II. Le stress comme facteur de risque de maladies ............................................................. 115

III. Le stress comme maladie - le syndrome de stress post-traumatique ............................. 118

Récapitulatif ............................................................................................. 121

Entrainements .......................................................................................... 122

Corrections ............................................................................................... 125

Notes ....................................................................................................... 128

PSYCHOLOGIE CLINIQUE ET DE LA SANTÉ ....................................................... 129

CHAPITRE N°5 : Ajustements psychologiques face à la maladie ...................... 129

I. Comportements de demandes de soins et de maladie ................................................... 129

II. Le modèle de Mcwinney (1996) .................................................................................... 133

III. Les représentations de la maladie de Leventhal (2008) ................................................. 134

IV. La maladie comme menace et source de stress ............................................................. 135

V. L’exemple du cancer ..................................................................................................... 149

Récapitulatif ..............................................................................................155

Entrainements ...........................................................................................157

Corrections ............................................................................................... 160

Notes ....................................................................................................... 163

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CHAPITRE N°1 : Introduction à la psychologie scientifique

I. Introduction

L’émergence de la psychologie scientifique repose sur deux premiers constats :

A) Nous ne pouvons pas toujours compter sur notre bon sens pour faire des prédictions précises.

Par exemple, regardez le schéma ci-dessous :

Figure 1 : Illusion de Müller-Lyer, l’une des plus connues des illusions géométriques. Une ligne paraît plus courte

si elle est « encadrée » par des flèches tournées vers l’intérieur et plus longue si les flèches sont tournées vers l’extérieur.

Si vous êtes comme la majorité des étudiants, vous percevrez la ligne du haut comme légèrement plus longue

que celle du bas. (En fait, les deux segments sont de la même longueur.). La plupart des personnes, après avoir vu

l’illusion de Müller-Lyer, va supposer que notre système visuel est câblé de telle sorte qu’il perçoit mal la longueur des

deux traits. Cependant, ce jugement « de bon sens » est une erreur. De nombreuses personnes, particulièrement les

sujets issus de sociétés rurales, voient les deux lignes comme de même longueur !

B) Tous les comportements ne sont pas directement observables.

Certains comportements sont visibles, manifestes (faciles à identifier). D'autres sont couverts, secrets ou

cachés, et non directement ou facilement observables. Les comportements manifestes liés à l'éveil émotionnel décrit

ci-dessous pourraient être rougir, respirer plus rapidement, ou transpirer. Il est plus difficile de détecter les

comportements secrets, mais les psychologues ont proposé quelques techniques ingénieuses pour les mesurer. Par

exemple, si Dutton et Aron avaient voulu mesurer les changements internes des états émotionnels de leurs sujets, ils

auraient pu utiliser des appareils spécialisés pour mesurer les changements de fréquence cardiaque, de tension

artérielle, de tension musculaire, et/ou de l'activité cérébrale. Ils auraient pu également faire passer des tests

psychologiques.

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➢ Le pont suspendu de canyon de Capilano à Vancouver, en Colombie, est un site touristique

populaire. Il s’agit d’un pont en bois, de 1,5 mètre de large et de 160 mètres de long. Il pend

sur des câbles enjambant le canyon de Capilano, 70 mètres au-dessus de la rivière. Quand

vous marchez sur ce pont, il se balance dans les deux sens et selon le vent, au milieu, la rivière

paraît beaucoup plus bas que 70 mètres dessous.

➢ En 1974, Donald Dutton et Arthur Aron ont fait une expérience sur ce pont. On a un

expérimentateur et une expérimentatrice, qui entreprennent tour à tour d’approcher les

touristes masculins et seuls à l'entrée du pont. Ils ont demandé aux hommes de marcher

jusqu’au milieu du pont et d'écrire une histoire courte imaginée à partir d’un dessin présenté

(planche du Thematic Aperception Test - ce type de test psychologique, dit projectif, sera

présenté en enseignement en présentiel). Ensuite, le chercheur ou la chercheuse a donné à

chacun des participants son numéro de téléphone pour l’appeler si le participant souhaitait

découvrir les résultats de la recherche.

➢ Dutton et Aron ont aussi répété leur expérience sur un autre pont, près du pont suspendu.

Celui-ci était également en bois, mais il était tout à fait robuste et était seulement à 3 mètres

de hauteur. Cette fois, les touristes écrivaient leurs histoires au milieu d'un pont qui ne

constituait aucune menace et ne réveillait donc aucune angoisse.

➢ Naturellement, les chercheurs se sont attendus à différents genres d'histoires, mais que

pensez-vous qu’ils étudiaient réellement ?

➢ Dutton et Aron testaient une théorie au sujet des fausses attributions des sentiments

émotionnels. En termes simples, cette théorie indique que si quelqu'un est mis en éveil

émotionnel par quelque chose, cet éveil pourrait être mal attribué, ou transféré, à autre chose

qui réveille également une émotion.

➢ Dans ce cas, ils ont voulu voir si les participants sur le pont suspendu transfèreraient les

émotions provoquées par la crainte de tomber du pont sur la chercheuse (féminine)

attrayante. Si tel est le cas, la chercheuse devrait sembler sexuellement plus attirante aux

participants du pont de fil, qu'aux participants croisés sur le pont moins haut et plus solide.

➢ Il s'est avéré, que c’est exactement ce que Dutton et Aron ont découvert. Des 85 passants

masculins approchés par le chercheur féminin, 50 % ont appelé plus tard pour s'enquérir des

résultats de l'expérience (30 % ont appelé le chercheur masculin). De ceux qui ont été recrutés

sur le pont le moins haut, moins de 15 % ont appelé le chercheur féminin (une part à peu près

identique a appelé le chercheur masculin). Il est intéressant de noter, aussi, que les hommes

approchés par le chercheur féminin sur le pont suspendu ont écrit des histoires avec

sensiblement plus de contenu sexuel que leurs homologues sur le pont stable.

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➢ Est-ce que si vous aviez-vous été un participant de cette expérience, vous auriez appelé

l'expérimentateur féminin pour obtenir les résultats ? Si vous étiez sur le pont suspendu,

l'auriez-vous perçue comme plus attirante que si vous aviez été sur le pont le moins élevé ?

Peut-être si vous transférez vos émotions basées sur la crainte vers l'attraction sexuelle. Peut-

être allez-vous, ou avez déjà, rencontrer l'amour de votre vie à un moment de fort éveil

émotionnel comme un concert de rock, un match de foot ou bien une traversée d’un pont

suspendu !

➢ Cette expérience de fausse attribution est seulement une de milliers qui ont été conduites pour

étudier scientifiquement la psychologie. C'est également un exemple de phénomènes

psychologiques que vous avez probablement déjà expérimentés. Vous allez découvrir que la

psychologie a des applications pour vous-même, pour les gens que vous connaissez…

Puisque nous ne pouvons pas garantir que parce que nous nous comportons d'une manière particulière,

toutes les personnes se comporteront de la même façon, le comportement doit être étudié objectivement et

scientifiquement. Ce cours traite de la psychologie scientifique, de l'étude scientifique des comportements et des

processus mentaux.

Les psychologues emploient des méthodes scientifiques rigoureuses dans leur démarche de recherche. Ils

suivent des procédures scientifiques normalisées pour recueillir les informations et pour analyser et interpréter ces

données.

De cette façon, ils peuvent être « raisonnablement sûrs » que les résultats de leurs études ne sont pas biaisés

par leurs propres attitudes personnelles ou par des facteurs indépendants du comportement étudié. Dans ce

premier chapitre, nous définirons la psychologie et expliquerons ses buts, nous fournirons un aperçu des champs dans

lesquels les psychologues sont impliqués, et nous décrirons les écoles de la psychologie, historiques et

contemporaines.

II. La psychologie est-elle une science ?

À toutes les époques, les Hommes ont été guidés pour une recherche de sens, et de nombreuses tentatives

ont été produites afin de théoriser la notion de conscience et comprendre les comportements humains. L'astrologie,

par exemple, postule que les conduites humaines sont régies par l'influence des étoiles. Le plus fréquemment,

l'émergence des théories sur les comportements est influencée par les évolutions scientifiques dans d'autres

domaines. Nous pouvons citer en exemple les anatomistes dont Gall, au 18ème siècle, étudiant le cerveau et proposant

qu'il existe une relation entre la taille du cerveau et les aptitudes mentales. Ceci a conduit au développement de la

phrénologie, qui évalue les diverses aptitudes des Hommes en examinant la forme du crâne.

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La psychologie se différencie des pseudo-psychologies qui prennent l’aspect de la science, mais qui sont

infondées et fausses. Parmi les pseudo-psychologies, on compte les médiums, la chiromancie (lignes de la main) ou

encore l’astrologie.

Figure 2 : cette reproduction d'un dessin du 19ème s. de phrénologie divise la tête selon des capacités. L'idée est

que la forme du crâne pourrait indiquer des capacités relatives, d’où a dérivé le concept de la localisation des fonctions.

Pourquoi les horoscopes ou pseudo-tests de personnalité sont-ils si populaires ?

- L’effet Barnum : la première raison est qu’ils nous semblent exacts. En réalité, ils ne contiennent que des

énoncés vagues, ambigus et applicables à quasi n’importe qui. La prédisposition à accepter des

généralisations de ce type est appelée effet Barnum, à cause de P. T. Barnum, directeur de cirque qui avait

dit qu’il « faut toujours donner un petit quelque chose à chacun » et « qu’à chaque minute une personne dupe

vient au monde ».

- Les illusions fondées sur des faits confirmatifs : selon ce principe, chacun a tendance à remarquer et à retenir

les évènements conformes à ses attentes, et à ignorer les évènements qui contredisent celles-ci. Dans les

horoscopes, il est coutume de voir juxtaposés deux aspects contraires, pour satisfaire tout le monde.

- Le biais dû à la conservation de l’image de soi : il s’agit de la tendance à retenir uniquement les informations

qui contribuent à maintenir une image de soi positive. Plus une description de la personnalité est louangeuse,

plus les gens ont tendance à la trouver exacte et à croire qu’elle ne s’adresse qu’à eux.

Bien que la phrénologie et l'astrologie aient été très largement réfutées et invalidées, leur objectif de

compréhension et d’explication des comportements humains semble analogue à celui de la psychologie. Aussi en

quoi la psychologie diffère de ces deux approches ?

La psychologie diffère dans la méthode qu’elle emploie dans la recherche de sa compréhension des

comportements. À la différence de l'astrologie, de la phrénologie, ou même du « bon sens », la psychologie utilise

une forme d'observation et d'analyse systématique appelée la méthode scientifique, qu'elle partage avec les autres

sciences. Aussi, la psychologie est le plus communément définie comme « l’étude scientifique des comportements

et des processus mentaux ».

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➢ Le comportement est l’ensemble de nos actes observables : parler, dormir, lire, …

➢ Les processus mentaux relèvent de nos expériences intimes et intérieures : ce sont nos pensées, nos

perceptions, nos sentiments, nos souvenirs ou nos rêves.

Cependant, comme toutes définitions, celle-ci possède des limites :

➢ Certains psychologues se focalisent uniquement sur les comportements, en tant qu'entités,

manifestations observables et conscientes (behaviorisme), et d’autres incluent les actions,

pensées ou sentiments, voire les manifestations inconscientes (psychanalyse).

➢ Certains psychologues incluent le comportement d'autres espèces, alors que certains se centrent

uniquement sur le comportement humain.

Malgré cette diversité d'intérêts, les méthodes employées en psychologie sont scientifiques. Ces méthodes,

qui s’imposent à la fois à la façon dont les observations sont faites et à la façon dont les théories sont évaluées, sont

principalement fondées sur une tradition basée sur les sciences naturelles (biologie, physique).

A) La psychologie comme science

Une science n’est pas définie par ce qu'elle étudie mais par la façon dont elle l’étudie. Les psychologues

comme tous les autres scientifiques observent systématiquement des faits sur des êtres humains ou animaux et

organisent ces faits pour arriver à des généralisations.

1) DÉFINITION

Le terme psychologie prend son origine dans deux racines grecs psyché et logos. La psyché signifie l'âme et

logos signifie l'étude. Ainsi, à l'origine la psychologie a été définie comme l’étude de « l’âme » ou de « l’esprit ». Par la

suite, les philosophes ont défini la psyché comme esprit. Pour cette raison, la psychologie a commencé à être

considérée comme l'étude de l'esprit ou des processus mentaux d'une personne. Avec le temps, cette définition a été

abandonnée parce que l'esprit comme objet n'existe pas : on ne peut pas l’observer ni le mesurer objectivement.

La définition la plus largement admise de la psychologie est : la science des comportements et des

processus mentaux des humains et des animaux.

Certains concepts dans cette définition nécessitent davantage de précisions. La psychologie comme science

traite systématiquement le comportement humain, la motivation, les affects, les émotions, les pensées et les actions

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des hommes et des femmes. Comme toute science, la psychologie découvre et explique des lois et des principes

fondamentaux du comportement. Le comportement dans sa plus large acceptation inclut tous les types d'activités

humaines :

➢ Les activités motrices : marcher, parler…

➢ Les activités cognitives : percevoir, se rappeler, penser, raisonner…

➢ Les activités émotionnelles : se sentir heureux, triste, en colère, effrayé…

Le comportement est la réaction d'une personne à un environnement particulier, qui exerce une influence

sur les personnes. Cette influence s'appelle le stimulus. Le stimulus réveille consécutivement une activité de la

personne, qui s'appelle la réponse.

Exemple : Un homme peut être admis à l’hôpital pour une opération chirurgicale (stimulus) alors cet homme

ressent de la peur, est anxieux et s'inquiète quant à l'incertitude de la réussite de l’opération (réponse) : cette

combinaison stimulus-réponse (S-R) constitue le comportement d'une personne.

2) OBJECTIFS

Quels buts les chercheurs en psychologie poursuivent-ils lorsqu’ils construisent et conduisent leurs études ?

Brièvement, les psychologues poursuivent quatre objectifs généraux :

(1) Décrire : identifier et classifier les comportements et les processus mentaux aussi précisément que

possible

(2) Expliquer : proposer des raisons et des causes aux processus mentaux et aux comportements

(3) Prédire : faire des prévisions sur la façon dont une condition ou un ensemble de conditions affectera les

comportements et les processus mentaux

(4) Modifier/changer/améliorer : utiliser les résultats empiriques et théoriques pour résoudre les problèmes

pratiques qui impliquent des processus mentaux et/ ou des comportements

Certains psychologues essayent simplement de décrire des comportements particuliers en faisant des

observations scientifiques rigoureuses (observation). D'autres psychologues essayent également d'expliquer des

comportements en faisant des expériences/expérimentations pour en déterminer leurs causes (expérimentation).

D’autres encore utilisent les données empiriques pour prédire la survenue d’un comportement particulier. Ils peuvent

également utiliser les résultats de la recherche pour modifier un comportement inadéquat/indésirable (par exemple,

un comportement addictif).

Imaginez pendant une minute que vous êtes sur le point de marcher sur le pont du canyon de Capilano. Essayez

de décrire vos sentiments et vos actions. Votre cœur battrait-il la chamade ? Essayeriez-vous de vous agripper à quelqu'un

? Vous commenceriez peut-être à penser à toutes les façons possibles de tomber du pont, à envisager votre mort ?

Marcheriez-vous lentement et prudemment, ou courriez-vous ? En fait, iriez-vous même sur le pont ?

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Cet exemple reflète des descriptions de comportements manifestes (directs) et cachés (indirects) qui

peuvent constituer une description globale de votre état d'éveil (arousal) sur le pont. Si vous deviez observer et

décrire les comportements des personnes, vous pourriez très probablement énoncer définitivement que marcher sur

le pont de Capilano a comme conséquence un éveil émotionnel pour la majorité des personnes. Mais pourriez-

vous expliquer les causes réelles de cet éveil à travers ces simples observations ? Non. Afin d'expliquer ce qui cause

l'éveil et pour déterminer si cet éveil peut mener à l'attirance sexuelle, vous devriez conduire une recherche

scientifique sous forme d'expérimentations.

En plus de décrire et d'expliquer le comportement, les psychologues essayent également de le prévoir et de

le changer.

Par exemple, la recherche sur les illusions telles que celle de Müller-Lyer nous permet de prévoir qu’une personne

issue d'une culture rurale percevra moins d'illusions géométriques qu’une personne issue d’une société urbaine. Il pourrait

même être possible de changer la perception de la longueur des lignes d'une personne, dans une illusion géométrique, en

le déplaçant d'une société rurale à une société urbaine.

B) Les origines de la psychologie scientifique

Si nous devions retracer le développement de la psychologie depuis son début, nous devrions commencer

au-delà même des premiers philosophes Grecs, tels qu'Aristote et Platon. La psychologie est devenue distincte de la

philosophie quand les chercheurs ont commencé à employer la méthode scientifique pour étudier les

comportements et les processus mentaux. Dans les années 1920, les premiers chercheurs de ce domaine ont posé

les fondements des principales perspectives et écoles de pensée en psychologie, qui existent encore aujourd'hui.

Pendant que ce domaine se développait et que les résultats empiriques s'accumulaient, des secteurs de spécialités

au sein de la psychologie ont commencé à se développer.

De manière générale, la psychologie a émergé de deux traditions : la philosophie et les sciences naturelles.

Les philosophes ont toujours été concernés par la compréhension et la signification des expériences

humaines, et beaucoup de concepts de base en psychologie trouvent leur origine dans la philosophie. De plus, la

philosophie, comme les sciences humaines plus généralement, a interrogé les notions de conscience, de motivation

et de valeurs qui sont également des sujets centraux de la psychologie. Après les questionnements de la philosophie

sur l’expérience humaine, la psychologie a été influencée par l'étude du monde naturel.

La physique et les autres sciences naturelles ont eu une importance pour la psychologie, surtout d’un point

de vue conceptuel et méthodologique. En particulier, le succès des sciences physiques ayant recours à des

expérimentations pour développer des explications basées sur la causalité a amené la psychologie à chercher à

reproduite cette méthodologie (méthode scientifique). Ensuite, le développement des sciences biologiques a été

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source d'influence. Un exemple souvent cité, et comme nous le verrons par la suite, est l'impact du travail de Charles

Darwin avec la psychologie évolutionniste.

La psychologie est devenue une science et une discipline académique au 19ème siècle, période où la société a

voulu en savoir plus au sujet du comportement et des processus mentaux et où on a commencé à employer la

méthode scientifique. Couramment, son émergence est identifiée avec la création du laboratoire de psychologie

expérimentale de Wilhelm Wundt, établi à Leipzig en 1879. Cependant, la psychologie n'est pas un bébé avec une

date de naissance spécifique ; sa genèse a vraiment impliqué un certain nombre d'éléments, de la création des

laboratoires, à la formation des départements de psychologie à l’université, en passant par la reconnaissance

publique de la discipline. Dans ce sens, sa naissance se prolonge vraiment jusqu’aux trois dernières décennies du 19ème

siècle.

1) LE STRUCTURALISME EN PSYCHOLOGIE : W. WUNDT

Les historiens identifient 3 scientifiques allemands (Ernst Weber, Gustav Fechner, et von de Hermann

Helmholtz) comme pionniers dans l'étude systématique du comportement et des processus mentaux. Mais c'est

Wilhelm Wundt (1832-1920) qui est généralement considéré comme le « père » de la psychologie expérimentale

avec son ouvrage Éléments de psychologie.

La vision de Wundt de cette nouvelle discipline se centre sur l’étude des influences sociales et culturelles sur

la pensée humaine. Wundt crée un laboratoire de psychologie à l'université de Leipzig en Allemagne en 1879, ce qui

signe la naissance de la psychologie comme discipline scientifique formelle. Dans son laboratoire, Wundt et ses

collaborateurs ont entrepris l’étude de la psychologie, qui passe selon eux par l'étude de l'expérience. Ainsi, ils ont

essayé de décomposer les expériences conscientes en éléments de base. Leur méthode privilégiée

est l'introspection. L'introspection (« regarder en soi-même ») est une méthode de recherche qui implique

d’analyser sa propre expérience consciente et ensuite de rapporter cette expérience. Wundt et ses collaborateurs

ont ainsi étudié la perception d'un grand nombre de stimuli visuels, tactiles, et auditifs, y compris les rythmes produits

par des métronomes réglés à différentes vitesses. Si vous étiez l'un des collègues de Wundt qualifié(e) en introspection,

vous pourriez être exposé(e) au bruit d'un métronome. Vous vous concentreriez seulement sur les clics et rapporteriez

ensuite vos réactions immédiates et vos sensations et sentiments de base associés à cette expérience.

Pour Wundt, les sensations (telles que le chaud, le froid) sont les éléments de base de la conscience et se

combinent pour former des perceptions.

Wundt lui-même n'a pas utilisé le terme de structuralisme. C'est son étudiant, Edouard Bradford Titchener

(1867-1927), qui a repris le flambeau aux Etats-Unis, où il a installé un laboratoire de psychologie à l'Université de

Cornell qui a donné le nom de structuralisme à cette première école de pensée formelle en psychologie. Elle vise à

analyser les éléments de base, ou la structure, d'une expérience mentale consciente. Comme Wundt avant lui,

Titchener pense que, de la même façon que les éléments hydrogène et oxygène se combinent pour former l'eau, les

« éléments » de l’expérience consciente forment le « composé » de l'esprit. Ils ont cherché à identifier les éléments

de la pensée par l'introspection puis, à déterminer comment ces éléments sont combinés pour former la totalité de

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l'expérience. Ainsi, leurs études se sont concentrées sur l'investigation des processus de pensée et la structure de

l'esprit.

Le travail de Wundt et de Titchener a été critiqué pour sa méthode, l’introspection. Elle n'est pas objective,

malgré le fait qu’elle implique l'observation, la mesure, et l'expérimentation. Quand différents « introspectionnistes »

ont été exposés à un même stimulus, tel que le clic d'un métronome, ils ont fréquemment rapporté des expériences

différentes.

Ainsi, certains psychologues ont reproché au structuralisme de se limiter à un seul aspect du comportement

et d'avoir peu d'applications pratiques. Par conséquent, le structuralisme n’a pas perduré et n'a pas survécu après la

mort de son défenseur le plus ardent, Titchener.

En résumé : Wundt est considéré comme le premier psychologue et père de la psychologie expérimentale. Il

a limité les thèmes de la psychologie à l'étude des expériences conscientes. Les éléments d'une expérience

consciente ont été envisagés sous deux formes. Celles-ci sont :

- les sensations : vue, ouïe, goût, odorat et touché, qui résultent de la stimulation des organes sensoriels

- les émotions : amour, peur, joie, etc.

Wundt pense que toutes les expériences conscientes sont des combinaisons complexes des sensations

élémentaires, c’est à dire que la connaissance sensorielle est le bloc constitutif de notre intellect. Les sensations se

combinent pour devenir des expériences conscientes comme les éléments de base se composent pour former des

substances complexes en chimie.

Wundt souligne les limites de l'approche expérimentale pour étudier les processus mentaux dits supérieurs

et les éléments constitutifs de la conscience. Pour étudier ces éléments, il a recours à l'introspection, une méthode

qualitative. L'introspection est une description détaillée de comment les sujets perçoivent des éléments du monde.

Ce n'est pas un examen « véridique » du contenu de la conscience, mais un regard rétrospectif de ce qui a traversé la

conscience. De nos jours, l'introspection comme méthode est rarement employée et cette approche est considérée

comme obsolète. Cette approche est à mettre en lien avec la phénoménologie, issue de l'existentialisme (Sartre),

qui a pour projet de saisir l'expérience subjective telle qu’elle est vécue par le sujet.

2) LE FONCTIONNALISME EN PSYCHOLOGIE : W. JAMES

Alors que le structuralisme commence à perdre de son influence aux Etats-Unis au début du 20ème siècle, une

nouvelle école appelée le fonctionnalisme se développe. Le fonctionnalisme ne s’intéresse pas à la structure de la

conscience mais à la façon dont les processus mentaux fonctionnent, c’est à dire comment les humains et les

animaux emploient leurs processus mentaux pour s'adapter à leur environnement. Le fonctionnalisme naît donc

vers la fin du 19ème siècle, période où la théorie de l'évolution de Darwin commence à avoir un impact important sur

la psychologie. L'intérêt portait alors sur cette idée de la « survie du plus adapté » qui soulignait la fonction des

structures biologiques supérieures dans l’adaptation des organismes à leur environnement. C'est cette idée qui a

amené plusieurs psychologues américains à étudier les processus mentaux à l’œuvre dans la façon dont les

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personnes s'adaptent à l’environnement. La théorie de l'évolution de Darwin a également suggéré la possibilité que

les processus mentaux des animaux et des humains puissent constituer un continuum. Par conséquent, les

fonctionnalistes ont étudié les processus mentaux des animaux et des humains pour tester leurs théories.

Le psychologue américain William James (1842-1910) est le père fondateur du fonctionnalisme. Son ouvrage

le plus connu et le plus cité est son manuel PRINCIPE DE LA PSYCHOLOGIE, édité en 1890. James y enseigne que

les processus mentaux sont fluides et ont une continuité, plutôt que rigides, ou fixes, comme les structuralistes

l’avait proposé. James a parlé de « flux de conscience, » qui fonctionne, dit-il, pour aider les humains à s'adapter à

leur environnement. Le fonctionnalisme a ainsi élargi la portée de la psychologie pour inclure l'étude du

comportement aussi bien que des processus mentaux. Il a également permis l'étude des enfants, des animaux, et

des déficients mentaux, qui ne pouvaient pas être étudiés par les structuralistes parce qu'ils ne pouvaient pas être

formés à la méthode introspective.

En résumé : En accord avec le structuralisme, James a conçu la psychologie comme l’étude de la conscience,

mais il ne croit pas que la conscience puisse être séparée en éléments distincts. Il a conçu les activités mentales

comme une unité d’expérience qui change continuellement. En d'autres termes, une pensée coule dans d’autres,

dans un « flux de conscience continu ». Bien qu'on ne le considère plus comme une « école formelle », le

fonctionnalisme a eu un grand impact sur le développement de la psychologie. Les fonctionnalistes ont accru la

portée de la psychologie pour inclure la recherche sur les émotions et les comportements observables.

Le structuralisme est la première école de pensée formelle en psychologie, destinée à analyser les éléments

de base, ou la structure, d'une expérience mentale consciente.

Le fonctionnalisme est une école de la psychologie considérant la façon dont les humains et les animaux

emploient des processus mentaux dans l'adaptation à leur environnement.

Au début du 20ème siècle, le débat entre ces deux points de vue a suscité une vague d’échanges théoriques et

empiriques portant sur les processus psychologiques. Les bases des principales écoles de pensées dans le domaine

ont été établies au cours de cette période et continuent à être influentes aujourd’hui.

3) LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE

La psychologie utilise des méthodes scientifiques pour acquérir ses savoirs.

La méthode scientifique, représente le souci de la preuve, et caractérise une procédure systématique et

rigoureuse par laquelle les chercheurs aboutissent à identifier un problème de recherche, les méthodes qui vont

investiguer le problème ; à collecter et analyser les données ; et à en tirer des conclusions ; puis à communiquer sur

les résultats.

La démarche scientifique inclut donc les étapes suivantes :

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Figure 3 : la méthode scientifique

Étape 1 : Observation et théorie :

La première étape de la méthode scientifique est interactive dans la mesure où le·la chercheur·euse observe

un certain phénomène et théorise, ou développe une intuition, au sujet de ce phénomène.

Par exemple, un psychologue observe des étudiants jouer à un jeu vidéo et note que les étudiants hommes

obtiennent de meilleurs scores que les femmes. Il peut alors envisager que cette différence de scores selon le genre

résulte des différences dans le temps passé à jouer au jeu vidéo selon le genre (temps de pratique). En d'autres

termes, il peut postuler que les hommes obtiennent des scores plus élevés aux jeux vidéo parce qu'ils y jouent plus

que les femmes. De telles conceptions prennent source le plus souvent dans une théorie psychologique, un principe

général ou un ensemble de principes proposés pour expliquer comment un certain nombre de faits distincts sont

connexes. Dans notre exemple, l’inférence du chercheur s'appuie sur une théorie soulignant le rôle de l'expérience

dans la formation du comportement ; c'est-à-dire, plus un sujet fait l’expérience d'une tâche, plus il y sera compétent.

Dans l'exemple précédent du pont de Capilano, Dutton et Aron testaient la théorie de la fausse attribution des

émotions.

Étape 2 : Formulation d'hypothèse(s) :

Basé sur sa théorie sur la cause potentielle des différences entre les sexes dans les scores aux jeux vidéo, le

chercheur propose ensuite une hypothèse, une prévision spécifique qui peut être testée empiriquement, avec des

données. Par exemple, dans l'expérience de pont de Capilano, les participants sur le pont suspendu approchés par la

chercheuse réclameront plus souvent les résultats de la recherche que les autres participants. Pour les jeux-vidéo, de

nombreuses hypothèses sont possibles, en voici un exemple : si des hommes et des femmes consacrent autant de

temps à jouer à un jeu vidéo, leurs scores seront égaux.

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Étape 3 : Conception d’un protocole et recueil de données :

Ensuite, pour tester cette hypothèse, le chercheur pourrait concevoir une étude dans laquelle il met dans les

mêmes conditions, femmes et hommes, pour apprendre à jouer à un nouveau jeu vidéo. Par exemple, il leur

accordera un temps libre de 30 minutes pour pratiquer le jeu selon leur choix. À la fin de cette session, le chercheur

demandera aux participants, femmes et hommes, de jouer une dernière fois mais ici dans le but de faire le meilleur

score possible. C'est la phase de l'expérimentation.

Étape 4 : Traitement des données :

Une fois que le·la chercheur·euse a terminé son étude, il·elle rassemble les données qui sont nécessaires pour

tester son/ses hypothèse(s). Dans notre exemple, d'abord le chercheur calculera les scores moyens au jeu vidéo des

femmes et des hommes. Ensuite il calculera le temps réel de jeu des participants. Cette information peut être

importante parce que, bien qu’il leur soit accordé 30 minutes de jeu, le chercheur ne peut pas présupposer d'emblée

qu'ils ont tous réellement joué le même laps de temps.

Étape 5 : Confrontation des résultats à l'hypothèse :

Si les scores des hommes et des femmes ne sont pas significativement différents, le chercheur pourra

conclure que ses données soutiennent son hypothèse. C'est-à-dire, quand ils jouent la même quantité de temps,

hommes et femmes jouent aussi bien. Ensuite, le chercheur informera les autres confrères-psychologues de ses

résultats via des communications en congrès ou des publications professionnelles ou scientifiques. De telles revues

publient les résultats d'études, après expertise et acceptation par d'autres chercheurs, ce processus est appelé

l’examen/révision par les pairs. Cependant, la publication est seulement une des facettes de l'étape finale de la

démarche scientifique. La seconde est celle de la réplication dans laquelle un·e autre chercheur·euse ou

psychologue, qui est intéressé·e par ces résultats ou veut les contester, va répliquer l'étude suivant la même

procédure. Le but de la réplication est de déterminer si les résultats princeps sont un phénomène unique ou la preuve

d’une généralité, étant à la base d’un principe psychologique (théorie).

En revanche, si le chercheur constate que les hommes obtiennent significativement des scores plus élevés

que les femmes, il doit conclure que ses résultats infirment son hypothèse et doit alors la modifier. Cependant, les

données du chercheur sur le temps réel de pratique peuvent infléchir ce résultat : si les données montrent que les

hommes ont passé plus de temps à jouer en pratique réelle (dans les 30 minutes libres proposées) que les femmes, le

chercheur peut affirmer que les résultats de l'étude soutiennent l’hypothèse a priori. Toujours, est-il, qu’il doit

modifier son hypothèse pour inclure une affirmation testable au sujet de pourquoi les hommes dans son étude ont

choisi de jouer plus longtemps que les femmes. Il peut par exemple penser que la différence de temps de pratique a

été induite par le type de jeu vidéo proposé dans l'étude.

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En résumé

La méthode scientifique est une forme de pensée critique basée sur le recueil rigoureux de preuves, sur des

descriptions, définitions et mesures précises, des observations contrôlées, et des résultats qui peuvent être

reproduits.

Par la méthode scientifique, on apprend à nous défaire de nos certitudes, à questionner nos points de

vue, à aller au-delà des évidences : elle permet de cultiver l’ouverture d’esprit et l’étonnement.

FOCUS : Pensée déductive et rationalisme critique

Karl Popper, sous le terme de rationalisme critique indique que la construction de théories prime sur

l’observation empirique : l’homme n’observe pas « dans le vide », car l’observation est toujours guidée par la théorie.

La connaissance scientifique procède par conjectures et réfutations : l’esprit formule des hypothèses sur le

réel et l’effort scientifique consiste à tenter de réfuter ces hypothèses par l’observation empirique (réfutabilité/

falsifiabilité). Par exemple, « il ne fait jamais soleil le jeudi » est falsifiable, alors que l'énoncé « le jeudi, soit il fait soleil,

soit non » ne l'est pas. Les acquis de la science demeurent des hypothèses qui ne se vérifient pas, elles se falsifient et

sont au mieux des « confirmations provisoires ». Pour K. Popper, le critère de scientificité est donc la falsifiabilité, et

à ce titre il portera une critique virulente à l'égard de la psychanalyse qui est une non-science selon cet auteur. Ses

arguments seront présentés un peu plus loin dans le cours.

Critiques du rationalisme critique

La science est d'abord une activité humaine et est donc soumise aux contraintes sociologiques et

psychologiques associées à ces activités.

Le relativisme sociologique (Khun) souligne que la connaissance scientifique ne progresse pas par

accumulation progressive, mais par révolutions. La science progresse par phases successives : phase normale->

phase révolutionnaire -> phase normale. La science normale est l'activité qui se déroule dans le cadre d'un

paradigme (reconnu par une communauté scientifique donnée comme constituant pour un temps la base de sa

pratique). Aussi, aucune science n'observe dans le vide mais est guidée par un paradigme (contenant une théorie,

une méthode, des concepts…) qui « conditionne » les chercheurs dans leurs travaux. Le relativisme radical

(Feyerabend) postule que la science n’est pas neutre ; il n’existe donc pas une méthode scientifique menant à la vérité.

4) ÉVALUATION ET PENSÉE CRITIQUE

Un autre but important de cet enseignement vise à donner aux étudiants des outils intellectuels requis pour

évaluer des assertions basées sur la recherche en psychologie.

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Vivant dans une ère de l'information, nous sommes bombardés de statistiques et d’affirmations quotidiennes

ayant trait à la psychologie. Par exemple, il y a peu de temps, les médias ont mis en avant un certain nombre d’études

avertissant qu’occuper un poste de nuit augmentait le risque pour les salariés de développer des problèmes cardiaques.

Cette alerte a été basée, dixit les journalistes, sur une analyse scientifique de 34 études pour plus de deux millions de

travailleurs interrogés, à travers un grand nombre de pays. L'étude a été publiée dans le British Medical Journal, un journal

prestigieux. Comment une personne non experte sur le sujet en question peut évaluer des affirmations de ce type ?

La pensée critique aussi appelée la pensée juste est le processus d'évaluation objective des affirmations, des

propositions, et des conclusions pour déterminer si elles suivent logiquement les preuves présentées. Mettre en

œuvre une pensée critique nécessite ainsi les caractéristiques suivantes :

-Penser en toute indépendance : En pensant critique, nous n'acceptons pas et ne croyons pas

automatiquement ce que nous lisons ou entendons.

-Suspension du jugement : La pensée critique exige de recueillir (d’aller chercher) les informations

appropriées et à jouir de tous les aspects d'une question avant de prendre position.

-Bonne volonté à modifier ou abandonner des jugements antérieurs : La pensée critique implique

d'évaluer de nouvelles preuves, même lorsqu'elles contredisent des croyances préexistantes.

Appliquer la première de ces trois caractéristiques à l'étude sur les problèmes cardiaques des salariés de nuit

conduit à penser que la validité d'aucune étude n'est déterminée d’autorité par sa source. Des manuels ou journaux

prestigieux ne doivent pas être considérés comme des sources des vérités fixes et immuables.

Les deuxièmes et troisièmes caractéristiques de la pensée critique, la suspension du jugement et la bonne

volonté à changer, peuvent exiger d’abandonner quelques vieilles habitudes. Un mode de raisonnement classique

est celui d'appréhender les informations des médias sur la base de vos expériences personnelles, un type de preuve

appelé preuve anecdotique (information issue d'une observation, et scientifiquement invalide ou non valable). Par

exemple, à l'écoute de l’information au sujet des problèmes cardiaques liés au travail de nuit, une personne pourra it se

dire, « je ne suis pas d'accord, mon père a travaillé sur un poste de nuit pendant des années, et il n'a pas de problème

cardiaque ».

La suspension du jugement exige que vous remettiez à plus tard cette assertion et de n’accepter ou rejeter

l'information que lorsque vous aurez accumulé le plus de preuves possibles. Cela suppose par exemple de prendre

connaissance des résultats d'autres recherches étudiant le lien entre le travail de nuit et les problèmes de santé.

Finalement, quand suffisamment de preuves ont été recueillies, un penseur critique doit être disposé à abandonner

ses préconceptions et ses croyances antérieures qui sont en conflit avec elles.

La qualité des preuves est aussi importante que la quantité. Ainsi, un penseur critique évaluerait les résultats

des études sur les liens entre des horaires décalés et problèmes cardiaques en examinant les méthodes utilisées pour les

obtenir. Les chercheurs ont-ils aléatoirement affecté les employés à un groupe expérimental (travailleurs de nuit) et à

un groupe contrôle (travailleurs de jour sur des postes semblables) ; et alors les deux groupes ont-ils différé plus tard dans

la prévalence des problèmes cardiaques ? Si oui, alors l'étude était une expérimentation, et l'affirmation des médias que

le travail de nuit mène à des problèmes cardiaques peut être justifiée.

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En revanche, si les auteurs de cette étude comparent simplement les prévalences de problèmes cardiaques

chez des employés de jour et de nuit (sans groupe contrôle), alors l'assertion de type « relation causale » entre les

deux variables n'est pas justifiée. De même, si l'étude établit une corrélation entre ces deux variables, cela n'induit

pas pour autant un rapport de causalité (Cf. Figure 8). Au lieu de cela, il serait plus juste de rechercher des variables

qui pourraient expliquer cette relation comme les habitudes alimentaires et d'exercice physique chez les travailleurs

de jour et d'équipe de nuit. La recherche citée plus haut était de nature corrélationnelle, ainsi les assertions causales

faites par les médias étaient infondées

III. Les grands courants théoriques en psychologie

Il n'est pas étonnant, étant donné la richesse et la complexité du comportement, que les psychologues aient

développé différentes approches du comportement. Dans le meilleur des mondes, nous aurions un ensemble simple

de principes qui expliqueraient chaque aspect de l’expérience humaine. Actuellement, aucune théorie ne rencontre

ce large consensus. Au contraire, il existe un certain nombre d’approches qui diffèrent entre elles en termes de

principes de base, de méthodes et de structures théoriques.

Pour récapituler brièvement, la complexité du comportement justifie qu'actuellement aucune théorie ne puisse

effectivement en expliquer tous ses aspects.

A) Le behaviorisme

Le psychologue John B. Watson (1878-1958) rejette autant le fonctionnalisme que le structuralisme. Dans

son article de 1913 La psychologie telle que le behaviorisme la voit, Watson propose une approche radicalement

nouvelle de la psychologie, celle qui rejette la subjectivité. Cette nouvelle école redéfinit alors la psychologie comme

la « science du comportement ». Le behaviorisme appelé ainsi par Watson, est une approche de la psychologie qui se

réduit uniquement à l'étude du comportement (« behaviour » en anglais) parce qu’il est observable et mesurable

donc, en conséquence, objectif et scientifique. Le behaviorisme souligne également que le comportement est

déterminé principalement par des facteurs de l'environnement. Le behaviorisme a été l'école de pensée la plus

influente en psychologie jusque dans les années 60. Cela reste encore une théorie importante de la psychologie

moderne, en majeure partie par l'influence capitale de B. F. Skinner (1904-1990). Skinner était en accord avec Watson

sur l’idée que les concepts tels que l'esprit, la conscience, et les sentiments ne sont ni objectifs ni mesurables et, par

conséquent, inappropriés pour la psychologie. En outre, Skinner a argué que ces concepts ne sont pas nécessaires

pour expliquer le comportement. On peut l’expliquer, selon lui, en analysant les conditions qui sont présentes avant

qu'un comportement ne se produise et en analysant les conséquences qui suivent le comportement. La recherche de

Skinner sur le conditionnement opérant a souligné l'importance du renforcement dans la formation et le maintien

du comportement. On tend à maintenir et reproduire n'importe quel comportement qui est renforcé (c’est-à-dire

suivi de conséquences agréables ou rewarding consequences). Les travaux de Skinner ont eu et ont encore une grande

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influence sur la psychologie moderne. Puisque les animaux sont les sujets idéaux pour étudier des comportements

objectifs et manifestes, la plupart des recherches behavioristes ont été faites sur des animaux ou avec des techniques

développées pour la recherche animale. Utilisant des chiens, des rats, des pigeons, et d'autres animaux, les

behavioristes tels que Watson et Skinner se sont focalisés principalement sur comment les comportements sont

acquis. Ils ont formulé ainsi un certain nombre de principes de base sur l’apprentissage. Skinner s’est également

intéressé aux études sur les Hommes et à des recherches sur l'enseignement automatisé et l'utilisation des

ordinateurs dont il a favorisé l'usage dans les salles de classe. D'autres behavioristes ont développé une technique de

thérapie connue sous le nom de modification du comportement avec un succès certain.

En résumé

Les behavioristes estiment qu'une méthode de recherche véritablement scientifique doit être limitée à

l'étude des comportements objectifs et observables. En fait, ils croient que tout comportement peut être considéré

comme une réponse à un stimulus (un objet ou un événement, interne ou externe, qui stimule ou fait répondre un

organisme). Le comportement est déterminé par un facteur situationnel. La psychologie met alors en rapport les

caractéristiques situationnelles et les caractéristiques comportementales. Dans cette approche, le « Je » et la

conscience sont exclus des investigations…

Un des behavioristes les plus connus, B. F. Skinner, est persuadé que nous pourrions employer des approches

behavioristes « pour former » le comportement humain et pour changer de ce fait le cours négatif actuel (tel qu'il le

percevait) de l'humanité.

Le béhaviorisme s'intéresse à des aspects partiels du comportement (≠ approche globale) : le

comportement est trop complexe pour qu'on puisse en rendre compte intégralement d'emblée scientifiquement.

On se focalise donc sur des aspects partiels du sujet (intelligence, mémoire…) avec l'idée qu'un jour on

arrivera à une théorie globale dans laquelle on pourra intégrer tous ces résultats.

B) La psychanalyse

À la fin des années 1800 - début des années 1900, alors que le fonctionnalisme est dominant en Amérique,

deux nouvelles écoles de pensée en psychologie se développent en Europe :

➢ Les écoles de la psychanalyse

➢ et de la Gestalt.

La théorie psychanalytique a été développée par Sigmund Freud sur la base de ses propres expériences et

celles de ses patients. Le Gestaltisme, lui, s’est développé comme réponse directe au structuralisme. Sigmund Freud

(1856-1939), dont le travail sera étudié ultérieurement en présentiel, a développé une théorie du comportement

humain basée en grande partie sur des études de cas de ses patients. La théorie Freudienne, la psychanalyse,

métaphorise la vie mentale humaine comme un iceberg. La plus petite, partie visible de l'iceberg, représente

l'expérience mentale consciente de la personne. Mais en sous-marin, caché de la vue, flotte un vaste stock de

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pulsions, de souhaits, et de désirs inconscients. Freud considère que les Hommes ne commandent pas consciemment

leurs pensées, sentiments, et comportements ; ceux-ci sont déterminée par des forces inconscientes. L'importance

que Freud a donnée aux pulsions sexuelles et agressives dans sa théorie a généré beaucoup de polémiques à

l'intérieur et à l'extérieur du champ de la psychologie. De célèbres étudiants de Freud, Karl Jung et Alfred Adler entre

autres, se sont éloignés de leur mentor et ont développé leurs propres théories de la personnalité. Ces disciples sont

souvent appelés collectivement les néo-Freudiens. Ainsi, l'approche psychanalytique continue à être influente,

quoique sous une forme qui a été considérablement modifiée depuis les dernières décennies par les néo-freudiens,

formant le vaste champ de l’approche psychodynamique.

Sigmund Freud, médecin autrichien, est fasciné par la manière dont l'esprit influence les comportements. Au

cours de sa pratique médicale, il a périodiquement rencontré des patients qui présentaient des symptômes sans base

physiologique. Par exemple, un patient avait perdu ses sensations au niveau du bras et du poignet mais seulement

de la main droite, un symptôme connu sous le nom de l’ « anesthésie du gant». Cette configuration est

physiologiquement impossible. Après la rencontre de plusieurs de ces cas sans base physiologique, Freud a pensé

que leurs causes pouvaient être d’ordre psychologique. D'autres études de cas ont convaincu Freud que des

problèmes physiologiques inexpliqués sont provoqués par des conflits psychologiques entre ce que les sujets

pensent être un comportement acceptable et leurs désirs, souhaits inacceptables. Les motifs de ces derniers sont

principalement de nature sexuelle ou agressive. Freud a développé la théorie psychanalytique pour expliquer les

conflits inconscients et constituer un système thérapeutique connu sous le nom de psychanalyse. Les techniques

utilisées par les psychanalystes sont principalement l'analyse des rêves et l'association libre (le patient parle

librement de ce qui lui vient à l'esprit) afin de découvrir les conflits, désirs, et sentiments inconscients. L'identification

de ces forces inconscientes peut aider les patients à résoudre leurs conflits. La théorie Freudienne est et a été très

controversée au cours des années. Une des principales critiques porte sur sa méthodologie de recherche. Freud s’est

basé presque exclusivement sur des études de cas, sans comparer ces données aux personnes « normales »

comme groupe contrôle. Par conséquent, les critiques soulignent que la théorie de Freud s'applique seulement aux

comportements anormaux. En dépit de la polémique, la théorie de Freud a eu un impact profond sur la

psychothérapie et la psychiatrie. Freud doit être crédité d'avoir accru le rôle de la psychologie dans le monde entier.

Son travail a montré les avantages potentiels de l’étude des processus de l'esprit, particulièrement de l'inconscient.

Il a également souligné que les premières années de la vie sont importantes pour le développement de la personnalité

ultérieure, et que des méthodes psychologiques puissent être employées pour changer le comportement.

En résumé

Freud indique que les expériences conscientes sont seulement la partie émergée de l'iceberg.

Sous l'expérience consciente résident les besoins biologiques primitifs qui cherchent à s’exprimer mais qui sont en

conflits avec les normes et/ou la moralité de la société. Ces motivations et conflits inconscients ont une influence

puissante sur nos pensées et actions conscientes. Par conséquent, ils sont responsables de beaucoup des

comportements humains y compris des problèmes physiologiques. Selon Freud, tout comportement, normal ou

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anormal, est influencé par l’inconscient. Cette croyance s'appelle le déterminisme psychique. L’inconscient ne

peut pas être directement étudiés par l'introspection. Selon Freud les méthodes pour étudier l'inconscient sont :

➢ L’association libre : dans cette méthode, le psychanalyste donne au patient un mot et demande au

patient de répondre avec le premier mot qui lui vient à l'esprit quelle qu’en soit l'absurdité. Le

psychanalyste propose des associations et des significations entre les idées, les mots, et la pensée.

C'est une technique projective pour explorer les pensées inconscientes du patient.

➢ L’analyse des rêves : le contenu des rêves est analysé comme ayant un sens caché à décrypter. Freud

indique que les rêves sont « la voie royale pour la compréhension de l'inconscient ».

Karl Popper, la psychanalyse et la falsification

Selon Popper, la théorie freudienne ne satisfait pas aux critères de scientificité, en particulier de la

falsifiabilité, autrement dit de sa capacité à être tester et réfuter sa validité. Plus précisément, Popper reproche à la

psychanalyse d’être dans l’auto-confirmation permanente (donc ne pouvant pas se falsifier). Ce verdict est porté par

Popper suite au constat que tout fait remettant en cause la théorie psychanalytique est interprété comme compatible

avec elle. Certains psychanalystes ont tendance à interpréter toute critique de leur théorie comme une preuve de sa

vérité. Par exemple (Boyer, 1994), « si un patient acquiesce à l’interprétation de l’analyste, c’est qu’elle est juste ; mais

s’il la récuse, c’est aussi qu’elle touche quelque chose de crucial : la « dénégation » et la « résistance » prouvent la vérité

de l’interprétation. Si le patient nie que son angoisse soit liée à la sexualité, et qu’il évoque plutôt la peur de la mort, ou la

peur de décevoir, c’est qu’il refoule… ».

Ainsi, pour Popper la psychanalyse reposerait non pas sur des faits objectifs mais des interprétations, des

certitudes relevant davantage du dogme que de la science

C) La psychologie cognitive

La psychologie cognitive se construit en complément au behaviorisme et propose de concevoir les Hommes

non pas comme des récepteurs passifs guidés par des forces environnementales (modèle stimulus-réponse) mais

comme des acteurs des expériences qu'ils vivent. Tout individu change et forme ses expériences en employant des

processus mentaux pour transformer l'information. La psychologie cognitive étudie les processus mentaux tels

que la mémoire, la résolution des problèmes, le raisonnement, la prise de décision, la perception, le langage, et

d'autres formes de connaissances.

Historiquement, la psychologie cognitive prend source de deux courants de pensée : un porté par un petit

groupe de scientifiques allemands étudiant la perception humaine au début du 20ème siècle, la Gestalt psychologie,

et un autre, concomitant à l'émergence de l'informatique dans la deuxième moitié du siècle, la cybernétique.

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1) LE GESTALTISME

Le gestaltisme a fait son apparition en Allemagne en 1912. Gestalt signifie en allemand « entier, la forme, ou

le modèle ». On le désigne d’ailleurs parfois aussi sous le terme de théorie de la forme. Les psychologues de la

Gestalt, notamment Max Wertheimer, Kurt Koffka, et Wolfgang Köhler, soulignent que les personnes perçoivent

les objets et les modèles en tant qu'unités entières et que l'entier perçu est plus que la somme de ses parties. Pour

soutenir la théorie de la Gestalt, Wertheimer a mise en œuvre sa célèbre expérience démontrant l’Effet Phi (ou

phénomène Phi). Dans cette expérience, deux ampoules sont placées à faible distance de part en part d’une chambre

noire.

La première lumière clignote et s’arrête juste quand la deuxième lumière se met à clignoter à la suite. Quand

ces lumières clignotent en continu, un observateur voit ce qui semble être une unique lumière se déplaçant dans les

deux sens d'une position à l'autre. Ceci, indiquent les Gestaltistes, est la preuve que les individus perçoivent des

totalités ou des ensembles plutôt que des séries de sensations distinctes. Avec l'arrivée au pouvoir des nazis en

Allemagne pendant les années 1930, l'école de la Gestalt est dissoute, et ses principaux membres migrent aux Etats-

Unis. Aujourd'hui, la Gestalt est toujours un concept central de la psychologie, l'esprit interprète les expériences de

manière prévisible plus qu’il ne réagit simplement à elles, particulièrement chez les psychologues cognitivistes par

exemple dans l'étude de la mémoire, de la résolution de problèmes.

Figure : Cette personne a-t-elle eue une mauvaise journée ? Les processus perceptifs décrits par

les Gestaltistes sont observables dans la vie quotidienne. Nous concevons souvent la frustration

d’événements, telle que se lever en retard et avoir un pneu crevé, sous la forme d’un concept « entier »,

tel que « c’est un mauvais jour. »

2) LA CYBERNÉTIQUE ET LA THÉORIE COMPUTATIONNELLE

La cybernétique, terme porté par Norbert Wiener, désigne la science de tout système, machine ou

organisme vivant, capable d’autorégulation et de communication. L'avènement de l'ordinateur a fourni aux

psychologues cognitivistes une nouvelle manière de conceptualiser les structures mentales et les processus, connue

sous le nom de théorie du traitement de l'information. Selon cette approche, le cerveau traite l'information selon

des étapes séquentielles, comme un ordinateur le fait, une étape à la fois. Mais comme la technologie moderne a fait

évoluer les ordinateurs et les programmes informatiques, les psychologues cognitivistes ont changé leurs modèles.

Par exemple, actuellement beaucoup de chercheurs étudient la capacité de notre système mnésique pour le traitement

en simultanéité, la gestion de multiples informations de façon simultanée et immédiate, un type de traitement de

l'information qui est utilisé généralement dans les ordinateurs modernes. Cette approche conduit en psychologie

cognitive à l'intelligence artificielle (I.A) et à la théorie computationnelle de l'esprit. Dans cette approche, la

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conscience (les états mentaux) est organisée comme un logiciel de traitement de l’information qui établit les données

sortantes (output) en fonction des données entrantes (input). On parle de théorie computationnelle de l’esprit : le

cerveau traite l’information sous forme de symboles. Les symboles sont des configurations neuronales spécifiques,

avec traitement syntaxique, aboutissant à un comportement.

Searle et la chambre chinoise (1980)

Pour remettre en cause la théorie computationnelle de l’esprit, Searle, philosophe, a développé l’argument

de la chambre chinoise mettant en évidence la différence entre traitement syntaxique et traitement sémantique de

l’information :

➢ Pierre ne comprend pas le chinois et se trouve enfermé dans une chambre avec tout un tas de boîtes

contenant des signes chinois (les bases de données).

➢ Pierre reçoit de petites quantités de signes chinois (les questions en chinois) et cherche dans un livre

de règles (le programme) ce qu’il est censé faire.

➢ Il réalise certaines opérations sur les signes conformément aux règles (il effectue les étapes indiquées

dans le programme) et renvoie de petites quantités de signes aux personnes situées à l'extérieur de

la chambre (les réponses aux questions).

Dans cette expérience, Pierre se trouve dans la situation d'un ordinateur appliquant un programme pour

répondre à des questions en chinois, mais cela ne change rien au fait qu’il ne comprend pas un traître mot de chinois.

Pour Searle ce qui se passe à l’intérieur de la chambre chinoise est donc équivalent à ce qui se passe à

l’intérieur d’un ordinateur : une manipulation de règles gouvernant des symboles basés sur leurs formes.

Il n’y a pas plus de compréhension du chinois dans un ordinateur que dans la chambre de Searle. La conclusion

de Searle est que le mental est plus qu’un ensemble de règles syntaxiques manipulant des symboles.

Searle : « Il me semble assez évident que, dans l’exemple, je ne comprends pas un mot de ces histoires chinoises.

J’ai des entrées et des sorties qui sont indiscernables d’un locuteur chinois, et je peux avoir le programme formel que vous

voulez, je ne comprendrai pas plus. ».

Ce qui se passe à l’intérieur de la chambre est une simple manipulation de symboles sur la base de leurs

formes ou de la syntaxe, mais sans la compréhension qui, elle, implique la sémantique, c’est-à-dire, le fait de savoir

ce que ces symboles représentent ou signifient. L’activité de l'esprit ne se réduit pas à la manipulation de symboles

formels ; les esprits ont des contenus.

Exemple : lorsque nous pensons en français, les mots français qui traversent notre esprit ne sont pas uniquement

des symboles formels non interprétés ; nous savons ce qu'ils signifient. Les mots ont pour nous une signification ou un

contenu sémantique.

En résumé

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La psychologie cognitive se concentre sur le traitement de l’information. Elle est concernée par l'acquisition,

le stockage, la récupération, et l'utilisation des connaissances, que cette connaissance soit comment changer un

pneu crevé ou comment dédoubler un atome. Si vous écoutez un de vos amis décrire étape par étape sa traversée à la

nage d’une mer (ou plus modestement d’un lac), un psychologue cognitiviste s'intéressera à la façon dont vous déchiffrez

la signification de ces mots, comment vous formez des images mentales de la traversée, comment vous incorporez son

expérience à vos concepts précédents de ce type d’épreuve, etc. Selon l’approche cognitiviste, nous recueillons des

informations de l'environnement qui subissent ensuite un processus de traitement en une série d'étapes. L'approche

du traitement de l'information est basée sur l'idée que les humains sont comme des ordinateurs :

➢ Tous deux entrent de l'information,

➢ la traitent,

➢ et produisent une réponse.

En fait, les psychologues cognitivistes formulent souvent des modèles des processus de pensée humains avec

des techniques utilisées en informatique, telle que des organigrammes et des formules mathématiques.

Ainsi la psychologie cognitive peut être résumée en trois objectifs :

➢ Comment un système naturel ou artificiel acquiert de l'information ?

➢ Comment ces informations sont représentées et transformées en connaissance ?

➢ Comment ces connaissances sont utilisées pour guider notre attention et notre comportement ?

Ce sont les neuropsychologues cognitivistes qui ont poussé le plus loin ces idées, en faisant le lien entre les

fonctions cognitives et les structures cérébrales.

D) La psychologie humaniste

Les psychologues humanistes rejettent avec une égale vigueur la perspective béhavioriste (le comportement

est déterminé par des facteurs de l'environnement) et la perspective psychanalytique (le comportement humain est

déterminé principalement par des forces inconscientes). La psychologie humaniste se concentre sur la singularité

des êtres humains et sur leur capacité de choix, d’évolution, et de santé psychologique. Abraham Maslow et

d'autres humanistes, tels que Carl Rogers (1902-1987), dans les années 50, ont souligné que Freud a basé sa théorie

principalement sur les données de ses patients malades. Les humanistes, au contraire, articulent une approche

beaucoup plus positive de la nature humaine. Ils maintiennent que les individus sont de façon innée bons et qu'ils

possèdent un libre arbitre. Chef de file incontesté de ce mouvement, Carl Rogers postule que l'Homme à une

tendance fondamentale à la maturation en fonction des expériences qu’il vit. Rogers a une confiance absolue dans

les ressources et les possibilités d'adaptation des patients ou clients. Les humanistes croient que tout sujet est

capable de faire des choix conscients et rationnels, qui peuvent les mener à l’épanouissement personnel et à la santé

psychologique. Maslow a proposé une théorie de la motivation qui se compose d'une hiérarchie des besoins. Il a

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considéré le besoin d’autoréalisation (se développer dans ses plus pleines capacités) comme le besoin le plus élevé

dans cette hiérarchie. De ce mouvement très important, naissent les thérapies existentielles qui sont basées sur le

ressenti du patient et sur le développement de ses ressources personnelles. Carl Rogers a développé ce qu'il a appelé

la thérapie centrée sur le patient, une approche dans laquelle le patient dirige une discussion centrée sur sa propre

approche du problème plutôt que sur l'analyse du thérapeute. Rogers pense que chaque individu à une tendance et

une capacité latente à pouvoir se comprendre et résoudre ses problèmes. En thérapie, la relation d'aide se fonde sur

l'optimisme et la confiance dans les capacités évolutives de chacun. Rogers définit le modèle du psychologue-

thérapeute comme « l’aidant ». La perspective humaniste continue à être importante dans la recherche étudiant la

motivation humaine et dans la pratique de la psychothérapie par l'intermédiaire d'une approche relativement

nouvelle, connue sous le nom de psychologie positive. Martin Seligman, l'auteur le plus connu de cette approche,

définit la psychologie positive comme l’étude scientifique des caractéristiques psychologiques, tel que

l'optimisme, qui permettent à des sujets et à des communautés de prospérer face à l'adversité. Il souligne que

ces caractéristiques sont des facteurs protecteurs contre les expériences traumatiques.

En résumé

Selon un des humanistes les plus connus, Carl Rogers, la psychologie humaniste soutient l'importance de

l’intériorité et du subjectif, de la conscience et des sentiments chez un sujet unique et singulier. Les humanistes

considèrent que la nature humaine est naturellement positive, créative, et en recherche d’épanouissement. Dans la

psychothérapie humaniste, les sujets sont compris selon une approche positive, en tant que « clients » plutôt que «

patients » et sont encouragés à exprimer leurs sentiments et à trouver leurs propres solutions à leurs problèmes, dans

une relation de soutien avec le thérapeute.

Contrairement au behaviorisme qui considère le comportement comme une réponse à un stimulus, les

humanistes soulignent le libre arbitre : les sujets font leurs propres choix et décident de la manière de se comporter.

En conséquence, chaque personne est une personne unique. Toutes les personnes, selon Maslow, ont la

nécessité et la capacité d'accomplir leur potentiel unique et optimal.

E) La psychologie évolutionniste

Pourquoi tous les bébés s’attachent à leur fournisseur de soins ? C'est le genre de question qui intéresse les

psychologues évolutionnistes. La psychologie évolutionniste s'intéresse à la façon dont les comportements

humains exigés pour la survie se sont adaptés face aux pressions environnementales à travers l'évolution.

Evidemment, la psychologie évolutionniste s’appuie fortement sur la théorie de la sélection naturelle de Charles

Darwin. La psychologie évolutionniste s'est appelée ainsi, simplement en combinant les données de la biologie

évolutionniste et de la psychologie cognitive. Deux figures centrales de la psychologie évolutionniste, Léda Cosmides

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et John Tooby, soutiennent que cette perspective allie les forces de la biologie évolutionniste, de l'anthropologie, de

la psychologie cognitive, et de la neurologie. Ils expliquent qu'une perspective évolutionniste peut être appliquée à

n'importe quel sujet dans le champ de la psychologie. Par exemple, un des psychologues évolutionnistes actuellement

les plus reconnus, David Buss, et ses co-auteurs ont entrepris un certain nombre d'études examinant les patterns

comportementaux des Hommes dans les relations amoureuses. Selon la psychologie évolutionniste, la sélection

naturelle prédispose génétiquement le nourrisson et ses fournisseurs de soins à former un attachement car le

nourrisson a besoin de ce lien pour survivre. Considérons l’exemple de la peur des hauteurs. Elle est certainement

apprise, à un certain degré. Quel parent n'a pas hurlé « éloigne-toi du bord » quand son enfant se penche au-dessus d'une

balustrade ? Mais la peur des hauteurs est-elle en grande partie apprise ou innée (imputable à l'hérédité) ? Les

psychologues évolutionnistes discutent de cette question et pensent que dans une large mesure, la peur des hauteurs

serait dans nos gènes. Si vous allez sur le pont suspendu de Capilano avec un nourrisson et que vous le tenez par-dessus

la balustrade (non recommandé !), aurait-il peur ? La réponse semble être oui s’il est assez âgé pour voir le fond du

précipice. Apparemment, cette crainte est innée chez l'homme parce que ceux qui ont développé cette peur des hauteurs

dangereuses ont davantage survécu.

La psychologie évolutionniste, bien que connaissant un réel succès aux Etats-Unis, est très (trop) peu

développée en France.

En résumé

La perspective évolutionniste dérive de la théorie de l'évolution par la sélection naturelle. Ses partisans

arguent du fait que bien qu'il y ait une interaction définie entre les influences environnementales et héréditaires et le

comportement, certaines caractéristiques comportementales ont évolué de génération en génération par le

processus de sélection naturelle. C'est-à-dire, les sujets présentant des comportements qui contribuent à leur survie

les transmettent à leurs enfants, qui les transmettent à leur tour et ainsi de suite.

F) La psychobiologie

Il arrive que les étudiants éprouvent des difficultés à différencier la psychologie évolutionniste de la

psychologie biologique (également connue sous le terme de psychologie physiologique). La psychologie

évolutionniste propose des explications sur à quel point certains comportements biologiquement déterminés sont

devenus communs dans des espèces entières. En conséquence, elle se concentre sur des faits universels, des traits

qui existent chez chaque membre d'une espèce. Par exemple, le langage est un universel humain.

En revanche, les psychologues biologistes s'intéressent aux liens entre des comportements spécifiques et

des facteurs biologiques particuliers, qui aident souvent à expliquer les différences individuelles. Ils étudient les

structures cérébrales du système nerveux central, le fonctionnement des neurones, l'équilibre des

neurotransmetteurs et des hormones, et les effets de l'hérédité pour rechercher des liens entre ces facteurs

biologiques et un comportement. Par exemple, le nombre d'infections de l'oreille que les enfants déclarent dans la

première année de la vie (une différence individuelle biologique) est corrélé avec les difficultés de lecture pendant les

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années d'école primaire (une différence individuelle comportementale). De nombreux psychologues biologistes

travaillent actuellement sous l’égide du champ interdisciplinaire des neurosciences. Les neurosciences combinent

le travail des psychologues (neuropsychologues), des biologistes, des biochimistes, des médecins, et d'autres dans

l'étude de la structure et du fonctionnement du système nerveux. Par exemple, des chercheurs ont identifié que des

anomalies dans des membranes cellulaires des nerfs interfèrent avec la capacité des cellules à se servir des substances

chimiques du cerveau qui nous aident à contrôler les mouvements corporels chez des patients bipolaires. Cette approche

est particulièrement utile dans la compréhension des troubles neurologiques sévères et/ou des pathologies comme

la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. Elle aide également les chercheurs en pharmacologie pour rendre plus

efficaces les médicaments contre ces pathologies.

Les recherches contemporaines dans ce champ indiquent que certaines zones du cerveau interviennent

dans les réactions émotionnelles et pourraient être responsables de traits particuliers de la personnalité. Par

exemple, la sociabilité est associée à une augmentation de l’activité électrique dans la partie gauche des lobes

frontaux alors que la timidité est associée à une augmentation de l’activité électrique dans la partie droite des lobes

frontaux.

En résumé

La psychobiologie connue aussi sous le nom de psychologie physiologique ou de biopsychologie, étudie les

relations entre l'esprit et le corps et comment l’un influence l'autre. Dans cette perspective, le comportement a une

base biologique. Le comportement est expliqué en fonction d'activations chimiques complexes et d'événements

biologiques dans le cerveau. Au cours des dernières décennies, la science a connu des avancées fondamentales dans

notre compréhension de la structure et du fonctionnement du cerveau et du système nerveux. Ces nouvelles

connaissances ont permis l'émergence d'une école de plus en plus importante en psychologie, la neuropsychologie.

G) La psychologie sociale et culturelle

Comment les expériences culturelles affectent-elles nos comportements et processus mentaux ? L'approche

socioculturelle souligne les influences sociales (psychologie sociale) et culturelles (psychologie interculturelle) sur

le comportement humain ainsi que l'importance de comprendre ces influences pour l’interprétation des

comportements (les siens et ceux des autres).

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Figure : Approche psychosociale

Par exemple, Tweed et Lehman ont étudié les différences philosophiques entre les cultures asiatiques et

occidentales qui pourraient aider à expliquer les différences interculturelles d'accomplissement de soi. De même,

Lambright a exploré les caractéristiques culturelles qui ont aidé les Vietnamiens à survivre à des siècles de guerre. Par

des entretiens avec des hommes et femmes vietnamien·nes âgés de 24 à 68 ans, il nous a appris que la société

multiculturelle du Vietnam et la tolérance qui en découle, avec un système familial fort, leurs tendances à l'optimisme, à

la patience, et à la flexibilité étaient les instruments de la résilience de ce groupe. Un autre facteur qui a émergé de l'étude

de Lambright était la tendance des Vietnamiens à endosser la faute. Ainsi, une approche socioculturelle aide à

comprendre des variables psychologiques telles que la résilience en mettant en lumière la façon dont la culture et le

culturel modifient les expériences du sujet.

1) LA PSYCHOLOGIE SOCIALE

Elle étudie comment les relations de la personne avec d'autres individus et groupes, et comment la culture et

la société affectent le comportement humain. La psychologie sociale considère les Hommes comme agissant les uns

sur les autres, influençant et étant influencés par les autres. Elle étudie donc comment les personnes agissent les

unes sur les autres (niveau interindividuel) et comment elles se comportent en groupes (niveau groupe et

intergroupe). C'est un vaste champ d’étude couvrant des problématiques telles que l'obéissance, la théorie de

l’influence sociale, ou les stéréotypes. Ce ne sont pas simplement les gens et les groupes qui affectent le

comportement, mais aussi la situation sociale elle-même. Par exemple, dans une soirée avec des amis, vous

n’hésiterez sans doute pas à exprimer votre point de vue sur la religion mais lors d'une réunion de travail dans un autre

pays, vous vous abstiendrez probablement de tout commentaire. Dans toute société, l’individu a des rôles sociaux et

ces rôles impliquent des attentes connectées à eux. Les sujets tendent à agir selon leur rôle social. L’étude de Milgram

fait également participer le rôle social, prouvant que l’on obéit davantage à une figure d'autorité qu’à quelqu'un « plus

ordinaire », le rôle social engendre l'obéissance.

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2) LA PSYCHOLOGIE CULTURELLE

La culture est le mode de vie partagé par un groupe de personnes. Ce mode de vie inclut des idéaux, des

valeurs, et des hypothèses au sujet de la vie et des grilles comportementales, et permet aux personnes de survivre

dans leur environnement. Chaque culture développe ses propres normes pour la tenue vestimentaire, le logement,

et le transport etc., aussi bien que ses propres langues, religions, traditions, et coutumes sociales. Un domaine de la

psychologie qui devient de plus en plus important est ainsi la psychologie culturelle. Un de ces chefs de file est John

Berry. Les psychologues culturels étudient l'influence de la culture et des pratiques ethniques sur le

comportement des personnes. Ils essayent de déterminer quels comportements sont universels à tous les êtres

humains et lesquels sont ceux qui sont spécifiques à différentes cultures. À moins que quelqu'un nous le signale, peu

d’entre nous réalisent l’influence significative que notre culture a sur nos vies quotidiennes. Par exemple, quand vous

allez à l'université, vous entrez probablement dans une salle de cours à la même heure et le même jour, vous vous asseyez

sur une chaise, et écoutez l’enseignant ou participez à une activité dirigée par cet enseignant. C’est ce que vous faites

parce que c'est le système scolaire de votre culture. Dans une autre culture, dans une région lointaine d'Afrique de l'Est,

votre instruction serait très différente. Vous et vos collègues pourriez-vous réunir officieusement autour d'un aîné

respecté, les uns assis, les autres se tenant debout, tout en écoutant l'aîné raconter des récits sur l'histoire de sa tribu.

H) Conclusion

➢ Le behaviorisme considère les comportements observables et mesurables comme seuls thèmes appropriés à la

psychologie et souligne la fonction clé de l'environnement comme cause déterminante du comportement.

➢ La psychanalyse est le terme que Freud utilise pour sa théorie de la personnalité et sa thérapie pour le traitement

des troubles psychologiques. L'inconscient est le centre originel de la théorie psychanalytique.

➢ La psychologie cognitive voit les humains comme des participants actifs de leur environnement. Elle étudie les

processus mentaux tels que la mémoire, la résolution des problèmes, le raisonnement, la prise de décision, la

perception, le langage, et d'autres formes de connaissance.

➢ Le gestaltisme considère que les personnes perçoivent des objets et des formes en tant qu'unité entière et que

l'entier perçu est plus que la somme de ses parties. La théorie du traitement de l'information est une approche

de l'étude des structures et des processus mentaux qui utilise l'ordinateur comme modèle pour la pensée

humaine.

➢ La psychologie humaniste se concentre sur l'unicité, la singularité des êtres humains et de leurs capacités de

choix, de maturation, et de santé psychologique.

➢ La psychologie positive est l'étude scientifique des caractéristiques psychologiques qui permettent à des

personnes et à des communautés de prospérer face à l'adversité.

➢ La psychologie évolutionniste étudie comment les comportements humains exigés pour la survie se sont

adaptés face aux pressions environnementales au cours de l'évolution.

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➢ La psychologie biologique recherche des liens entre des comportements spécifiques et des processus

biologiques également spécifiques qui participent souvent à expliquer les différences individuelles. Les

neurosciences sont un champ interdisciplinaire qui combine le travail des psychologues, des biologistes, des

biochimistes, des chercheurs médicaux, et autres dans l'étude de la structure et du fonctionnement du système

nerveux.

➢ La psychologie socioculturelle interroge les facteurs sociaux et culturels qui peuvent être des facteurs aussi

puissants que les facteurs évolutionnistes et physiologiques affectant le comportement et les processus

mentaux, et ces facteurs doivent être intégrés dans l’interprétation des comportements d’autrui.

IV. La complémentarité des approches, exemple du rêve

A) Les fonctions du rêve selon 3 écoles de la psychologie

Quelle est la signification des rêves ? Pourquoi faisons-nous des cauchemars ? Ces questions fascinent depuis

longtemps. Les psychologues se sont également intéressés aux rêves. Voici une présentation des trois principales

théories qui expliquent pourquoi nous rêvons : les théories psychanalytique, biologique et cognitive.

1) L’APPROCHE PSYCHANALYTIQUE

Une des théories les plus anciennes et les plus controversées pour expliquer les rêves est celle que proposa

Freud et que l’on appelle la théorie de l'accomplissement des désirs, selon laquelle les rêves sont l'expression

symbolique des désirs refoulés.

Dans l'un de ses premiers livres, L'INTERPRETATION DES REVES (1900), Freud dit que le rêve est « la voie

royale vers l'inconscient » car il laisse émerger à la surface de la conscience les désirs interdits ou inacceptables.

Selon Freud, les rêves nous offrent un aperçu direct de l'inconscient, comme par exemple un enfant furieux

qui rêve de se venger du tyran de la classe. Parfois, le contenu de nos rêves est si menaçant et angoissant qu'il doit

s'exprimer sous forme de symboles. Un voyage par exemple peut être le symbole d'un décès alors qu'une promenade

à cheval serait un symbole de relations sexuelles (d'autres exemples seront fournis plus loin dans le cours).

Freud désignait ces symboles comme étant le contenu manifeste des rêves, tandis que leur sens véritable

correspondrait au contenu latent.

La plupart des recherches modernes n'ont donné que peu de preuves scientifiques à l'appui des idées de Freud

sur les rêves, selon lesquelles ils représentent la réalisation de désirs refoulés, et que leur contenu manifeste est fait

de symboles déguisés qui recouvrent un sens plus profond (Domhoff, 2003). Par ailleurs, les psychologues de ce

courant peuvent être amenés à interpréter les symboles selon leur opinion ou formation particulière.

2) L’APPROCHE BIOLOGIQUE

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A l'opposé de la théorie freudienne, l'hypothèse de l'activation-synthèse de Hobson et McCarley (1977)

indique que les rêves n'ont pas de signification réelle. S'étayant sur des résultats de recherche sur des chats pendant

leur sommeil MOR (le mouvement oculaire rapide est en neurologie le terme utilisé pour décrire un phénomène se

produisant lors de la phase paradoxale du sommeil, accompagnant les moments de rêves qui se déroulent pendant

cette phase), Hobson soutient que le rêve résulte simplement de la stimulation aléatoire de cellules du tronc

cérébral. Selon lui, le cerveau s'efforce de synthétiser cette stimulation, il fouille dans le stock de souvenirs et produit

des rêves.

Avez-vous déjà rêvé que vous tentiez de fuir une situation effrayante mais que vous étiez incapable de bouger ?

Le rêve est dans ce cas expliqué par une stimulation aléatoire du noyau amygdalien et paralysie des muscles

de posture. Le noyau amygdalien est impliqué dans les émotions fortes, particulièrement la peur. Lorsque ce noyau

est stimulé de façon aléatoire et que le dormeur éprouve de la peur, le cerveau peut tenter d'envoyer des messages

aux muscles pour les activer, mais il n'y aura aucun mouvement du fait de la paralysie. Le rêveur tâche alors de donner

un sens à cette information réduite et conflictuelle en fabriquant un rêve où il tentera de fuir sans y arriver.

Cela ne signifie pas que les rêves sont totalement dépourvus de sens. Hobson indique que dans un second

temps l'interprétation que fera le rêveur de cette activité dépendra de sa personnalité, ses motivations, souvenirs

et expériences.

3) L’APPROCHE COGNITIVE

Selon l'approche cognitive, les rêves sont le prolongement de la vie quotidienne, une forme de réflexion

durant le sommeil. Plutôt que voir dans les rêves de mystérieux messages de l'inconscient ou des stimulations

cérébrales aléatoires, cette approche les envisage simplement comme un autre type de traitement de l'information.

Ils nous aideraient à trier et à approfondir nos expériences quotidiennes et nos pensées. Selon cette approche, les

rêves permettent une sorte de "nettoyage mental". Le fait que le sommeil MOR augmente après un stress ou des

périodes d'apprentissage intenses corrobore l'approche cognitive du rêve. D'autres études (par exemple, Domhoff,

2005) révèlent des similitudes importantes entre le contenu des rêves et les pensées, peurs et inquiétudes conçues

en état de veille.

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Définitions/points clés :

Behaviorisme : Dans ce courant, on est axé sur le comportement. On étudie le comportement

observable, mesurable car il est objectif et scientifique. Entre 19ème et 20ème siècle, il est très

influent jusqu’aux années 60. Représentants : Watson, Skinner et Pavlov.

Psychanalyse : Basée sur l’étude de cas. On considère que la conscience est la partie émergée de

l’iceberg, et que l’inconscient est responsable sans qu’on le perçoive de beaucoup de nos actes.

L’inconscient s’étudie notamment par l’analyse des rêves. Entre fin 19ème et début 20ème.

Représentant : Freud.

Psychologie cognitive : Complémentaire au behaviorisme. Deux courants de pensée : Gestalt et

cybernétique.

➢ Gestalt : début 20ème , représentants : Wertheimer, Koffka, Köhler. Les individus perçoivent des totalités ou des ensembles plutôt que des séries de sensations distinctes.

➢ Cybernétique : 2ème moitié 20ème, représentant : Wiener. Les individus traitent l’information sous forme de symboles et étape par étape, comme les ordinateurs.

Définition/point clé :

Psychologie humaniste : Chaque individu est unique et est par nature positif, créatif et en

recherche d’épanouissement. De plus, les individus possèdent leur libre arbitre. A partir des années

50. Représentants : Seligman, Maslow, Rogers.

Psychologie évolutionniste : Dérive de la théorie de l’évolution par la sélection naturelle. Les

individus qui ont des comportements qui contribuent à leur survie les transmettent à leurs

descendants. Depuis fin 20ème siècle. Représentants : Cosmides et Tooby.

Psychobiologie : Courant qui étudie, via les structures cérébrales et le système nerveux central, le

lien entre des comportements spécifiques et des facteurs biologiques particuliers. A distinguer de

la psychologie évolutionniste.

Psychologie sociale et culturelle : Ce courant considère que les facteurs sociaux et culturels

peuvent être aussi puissants que des facteurs biologiques. Représentants de la branche culturelle

du courant : Berry et Bandura.

N.B. : des fiches récap sont disponibles sur le site du tutorat afin de bien comprendre et différencier les courants !

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POINTS IMPORTANTS

I. Introduction :

➢ On ne peut pas toujours faire des prédictions précises même avec du bon sens. ➢ Tous les comportements ne sont pas directement observables. ➢ Les psychologues emploient des méthodes scientifiques/ rigoureuses pour obtenir des

résultats fiables/non biaisés.

II. La psychologie est-elle une science ? :

➢ La psychologie est une science, non par son objet d’étude, mais par la manière dont elle l’étudie.

➢ Psychologie = science des comportements et des processus mentaux des humains et des animaux.

➢ Les psychologues ont 4 objectifs : décrire, expliquer, prédire et améliorer. ➢ Le « père » de la psychologie expérimentale est Wundt. Son élève Titchener poursuit ses

travaux et fonde le structuralisme. ➢ Lorsque le structuralisme perd son influence, le fonctionnalisme, porté par James, prend

son essor. ➢ Les chercheurs en psychologie utilisent la méthode scientifique, divisée en 5 étapes :

1. Observations/théorie 2. Hypothèse 3. Protocole/recueil de données 4. Traitements des données 5. Confrontation résultats vs hypothèse

➢ Afin d’aller jusqu’au bout de la méthode scientifique, il faut avoir une pensée critique : penser en toute indépendance, suspendre son jugement le temps qu’on réfléchisse avant de prendre position, et être de bonne volonté pour modifier/abandonner son jugement antérieur.

III. Les grands courants théoriques en psychologie :

➢ Behaviorisme, avec Watson skinner et Pavlov. 19ème-20ème. ➢ Psychanalyse, avec Freud. 19ème – 20ème siècle. ➢ Psychologie cognitive :

1. Gestaltisme avec Wertheimer, Koffka et Köhler. Début 20ème. 2. Cybernétique et la théorie computationnelle avec Wiener. Deuxième moitié 20ème.

➢ Psychologie Humaniste avec Seligman, Maslow et Rogers. A partir des années 50. ➢ Psychologie évolutionniste avec Cosmides et Tooby. Depuis fin du 20ème siècle. ➢ Psychobiologie. ➢ Psychologie sociale et culturelle avec Berry et Bandura.

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On ne vous détaille pas plus les courants ici, cf « point clé/définition »

IV. La complémentarité des approches, exemple du rêve.

➢ Les rêves ont été analysés par 3 grandes écoles de psychologie, chacune avec des approches différentes : les théories psychanalytiques, biologiques et cognitives.

➢ Selon la psychanalyse : les rêves servent à accomplir nos désirs refoulés par notre conscience. Les rêves comportent un contenu manifeste (= symboles, afin que notre rêve soit supportable et non censuré par notre conscience) et un contenu latent (=sens véritable à décrypter à partir du contenu manifeste).

➢ Selon l’approche biologique : les rêves n’ont pas de réelle signification, ils correspondent juste à une stimulation aléatoire des cellules du tronc cérébral.

➢ Selon l’approche cognitive, les rêves sont le prolongement de la vie quotidienne, ils servent à trier et à approfondir nos expériences et nos pensées.

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QCM 1 – CONCERNANT LE REVE, LAQUELLE (LESQUELLES) DES PROPOSITIONS CI-DESSOUS EST (SONT)

EXACTE(S) ?

A) L’hypothèse de l’activation synthèse de Hobson et Freud indique que les rêves n’ont pas de signification réelle. B) Selon l’approche cognitive, les rêves proviennent de la stimulation aléatoire des cellules du tronc cérébral. C) Selon l’approche clinique, les rêves correspondent au prolongement de la vie quotidienne. D) Selon l’approche biologique, lorsqu’on rêve qu’on doit fuir un danger et qu’on est paralysé, le noyau amygdalien

est stimulé aléatoirement. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) La prédisposition des individus à accepter des informations vagues et applicables à tout le monde s’appelle l’effet Barnum.

B) L’effet Barnum correspond à retenir uniquement les informations qui nous donne une bonne image de nous. C) Bien que l’astrologie ait été réfutée et invalidée, son objectif d’explication des comportements humains est

similaire à la psychologie. D) La psychologie se distingue de la phrénologie grâce à la méthode scientifique. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 3 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) La définition du terme psychologie est la suivante : la science des comportements et des processus mentaux des humains.

B) La psychologie a 4 objectifs généraux, comme décrire et expliquer les comportements et processus mentaux des individus.

C) James est le pionnier de la psychologie expérimentale, il a fondé le fonctionnalisme. D) Le fonctionnalisme prend son essor quand le structuralisme commence à perdre son influence aux États-Unis. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 4 – CONCERNANT LES ETAPES DE LA METHODE SCIENTIFIQUE, LAQUELLE (LESQUELLES) DES

PROPOSITIONS CI-DESSOUS EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) Il y a 6 étapes dans la méthode scientifique. B) La première étape consiste en la formulation d’une hypothèse. C) La 3ème étape consiste en la conception d’un protocole et à recueillir les données. D) Lors de la 6ème étape, on confronte les résultats à l’hypothèse de départ. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Association libre :

Contenu latent :

Hypothèse de l'activation-synthèse :

Exercice 3 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

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La psychologie utilise des méthodes …… pour acquérir des savoirs. Cette démarche suit des étapes précises. Lors de

la phase d’observation et de théorie, le chercheur observe un certain phénomène et le théorise. L’étape numéro 2

consiste en ……… . Ensuite, il faut recueillir les ….. . Le mieux est de mettre les sujets dans des ……… ……….., afin

d’obtenir des résultats fiables. C’est la phase de l’ …………… . Après cela il faut traiter les données, et enfin on ……….

. Cependant la publication est seulement une facette de la recherche scientifique. Il faut que l’expérience soit ………….

par d’autres groupes de chercheurs. Parfois il arrive que le chercheur obtienne des résultats infirmant son hypothèse,

il doit alors la ……….. .

La méthode scientifique nous apprend à nous défaire de nos ………… . On a pour cela besoin

d’avoir ……… ……….. Trois caractéristiques sont nécessaires pour cela :

• ………………………. .

• ………………………. .

• ………………………. .

Exercice 4 :

Reliez ces courants aux définitions correspondantes

Exercice 5 :

Complétez le tableau suivant

Nom du courant psychologique Auteur (e/s) Dates

Gestaltisme

Freud

Cosmides, ……… Pas de dates précisées dans le cours

Fonctionnalisme

Maslow, …, ….

Behaviorisme

Psychologie cognitive

Approche qui s’intéresse au comportement

observable et mesurable du patient, afin de

rejeter toute subjectivité.

Nature positive et créatrice de l’humain, doté de

son libre arbitre. L’humain cherche à accomplir son

épanouissement personnel.

Les humains avec des comportements favorisant

leur survie les transmettent à leur progéniture.

Est composée de deux courants de pensées : la

cybernétique et le gestaltisme

Psychologie humaniste

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QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) FAUX, l’hypothèse est à l’opposé de celle de Freud, et elle a été écrite par Hobson et McCarley (1977). B) FAUX, c’est selon l’approche biologique. C) FAUX, c’est selon l’approche cognitive. D) VRAI. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) VRAI, c’est une phrase du cours. B) FAUX, ce phénomène correspond au biais dû à la conservation de l’image de soi. C) FAUX, la psychologie se distingue de l’astrologie par la méthode scientifique. D) VRAI. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

QCM 3 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) FAUX, c’est incomplet, la psychologie étudie les humains et les animaux. B) VRAI, les deux autres objectifs sont prédire et modifier /améliorer. C) FAUX, James a bien fondé le fonctionnalisme, mais le pionnier de la psychologie expérimentale c’est Wundt. D) VRAI. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

QCM 4 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) FAUX, il y en a seulement 5. B) FAUX, formuler une hypothèse correspond à la 2ème étape. C) VRAI. D) FAUX, il n’y a pas de 6ème étape, la confrontation des résultats à l’hypothèse est la 5ème et dernière étape. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Association libre : méthode en psychanalyse où le thérapeute donne un mot au patient et lui demande de répondre avec le

premier mot qui lui vient à l’esprit. C’est une technique projective pour explorer les pensées inconscientes du patient.

Contenu latent : véritable sens du rêve, que le rêveur ne perçoit qu’au travers du contenu manifeste, codé sous forme de

symboles par l’inconscient. C’est avec l’aide du thérapeute, après une analyse, que le patient peut accéder au contenu latent de

son rêve.

Hypothèse de l'activation-synthèse : Cette hypothèse a été fondée par Hobson et MacCarley en 1977, et stipule que les rêves

n’ont pas de significations réelles, mais proviennent plutôt d’une stimulation aléatoire des cellules du tronc cérébral.

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Exercice 3 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

La psychologie utilise des méthodes scientifiques pour acquérir des savoirs. Cette démarche suit des étapes précises.

Lors de la phase d’observation et de théorie, le chercheur observe un certain phénomène et le théorise. L’étape

numéro 2 consiste en la formulation d’une hypothèse. Ensuite, il faut recueillir les données sur les sujets. Le mieux

est de mettre les sujets dans des mêmes conditions, afin d’obtenir des résultats fiables. C’est la phase de

l’expérimentation. Après cela il faut traiter les données, et enfin on confronte les résultats à l’hypothèse.

Cependant la publication est seulement une facette de la recherche scientifique. Il faut que l’expérience soit

reproductible par d’autres groupes de chercheurs. Parfois il arrive que le chercheur obtienne des résultats infirmant

son hypothèse, il doit alors la modifier.

La méthode scientifique nous apprend à nous défaire de nos certitudes. On a pour cela besoin

d’avoir un esprit critique Trois caractéristiques sont nécessaires pour cela :

• Penser en toute indépendance.

• Suspendre son jugement le temps de s’informer et réfléchir.

• Être de bonne volonté pour abandonner ses jugements antérieurs s’ils s’avèrent erronés.

Exercice 4 :

Reliez ces courants aux définitions correspondantes :

Exercice 5 :

Complétez le tableau suivant

Nom du courant psychologique Auteur (e/s) Dates

Gestaltisme Wertheimer, Koffka, Köhler 1912 puis première moitié du 20ème

Psychanalyse Freud Fin 19ème et début 20ème

Psychologie évolutionniste Cosmides, Tooby Pas de dates précisées dans le cours

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Fonctionnalisme James Début du 20ème siècle

Psychologie humaniste Maslow, Rogers, Seligman A partir des années 50

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CHAPITRE N°2 : La personnalité et son évaluation

I. La place de personnalité dans l’histoire de la psychologie

La notion de personnalité est centrale dans la compréhension de l’Homme et de ses comportements. Tout ce

que l’on a accompli jusqu’ici, nos attentes vis-à-vis de l’avenir et même notre santé vont être influencés par notre

personnalité et également par la personnalité de ceux qui nous entourent. Les notions de personnalité et de

disposition de personnalité sont importantes dans les processus de guérison face à la maladie mais aussi dans les

processus de santé.

Tout le monde a une personnalité et celle-ci va déterminer en partie nos réussites, nos accomplissements, nos

bonheurs… Cela va façonner en partie notre vie. On utilise cette notion de personnalité au quotidien, par exemple

quand on va décrire quelqu’un comme une personne formidable, extrêmement agréable… On utilise cette notion

de personnalité pour décrire les autres et se décrire.

L’objectif de la psychologie quand elle traite de la personnalité va être de tenter de définir et de décrire de

manière scientifique et adéquate la personnalité. C’est dans cet objectif que de nombreux psychologues ont consacré

beaucoup de leurs travaux à développer des tests pour évaluer ou mesurer la personnalité.

On pourrait juger que la psychologie a donné très tôt une place centrale à la notion de personnalité et à son

évaluation mais il faudra attendre plus de la moitié de l’histoire de la psychologie scientifique avant que les

psychologues prêtent une attention particulière à la personnalité. La psychologie émerge comme une science

indépendante à la fin du 19ème siècle. Au départ, on a pensé la personnalité selon différentes approches :

➢ Comme étude de la conscience : Wundt se base sur l’analyse de la conscience et de ses parties élémentaires. Il va associer l’étude de la psychologie à la méthode expérimentale, qui la méthode utilisée dans les sciences naturelles. Dans cette méthode d’étude, on doit pouvoir contrôler toutes les variables. On va par conséquent étudier uniquement les processus mentaux qui peuvent être touchés par un ou des stimulus externes, manipulés par un expérimentateur. Cette méthode d’étude ne laisse pas de place pour un sujet complexe et multidimensionnel comme la personnalité, et ne permet donc pas une étude complète des processus mentaux. La méthode expérimentale est la méthode la plus scientifique pour l’étude de la personnalité.

➢ Comme étude du comportement (aspect behavioriste). Cette technique d’étude apparaît avec Watson au début du 20ème siècle. Ce courant est opposé au point de vue de Wundt sur l’expérience consciente. Pour Watson, si la psychologie veut devenir une science, elle doit se concentrer uniquement sur les aspects concrets de la nature c’est-à-dire ce qui peut être observé, entendu, enregistré et mesuré. Comme le concept d’âme chez les philosophes, le concept de conscience dans ce courant n’a pas de sens pour la science. On va associer la science psychologique à l’analyse des réponses comportementales associées à des stimuli. Dans ce cas, on va réduire la personnalité à ce qui peut être vu et observé objectivement, il n’y a donc plus de place pour la notion de conscience ou de force inconsciente. Pour les behavioristes, la personnalité n’est rien de plus qu’une accumulation de réponses apprises ou d’habitudes. C’est une approche très réductrice de la personnalité.

➢ Comme étude de l’inconscient qui est apparue au début des années 1890, proposée par Freud avec la psychanalyse. Freud développe une théorie de la personnalité qui va être basée sur une méthode spécifique, l’observation clinique de ses patients. C’est une méthode différente de la méthode expérimentale en laboratoire. Les psychanalystes acceptent l’idée d’une existence de forces conscientes et inconscientes alors que les comportementalistes acceptent uniquement l’idée de ce qu’ils peuvent voir. En conséquence, la psychanalyse est la 1ère théorie de la personnalité mais c’est également celle qui est la plus spéculative car

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les travaux sur lesquels se basent ces théories psychanalytiques de la personnalité se fondent davantage sur des inférences issues de l’observation de leurs patients que sur une analyse quantitative de données recueillies en laboratoire.

Il faudra donc attendre la fin des années 30 pour qu’apparaissent une théorie et une étude scientifique sur la

personnalité. Cette étude a émergé dans la psychologie américaine à partir des travaux d’Allport qui va proposer

une définition de la personnalité comme une organisation dynamique à l’intérieur de l’individu des systèmes

psychiques qui déterminent son comportement et ses pensées caractéristiques. L’élément de base de sa théorie

sera le trait de personnalité.

La personnalité est donc un ensemble de patterns stables de pensées, sentiments, comportements qui vont

rendre un individu singulier, distinct des autres.

II. Personnalité et méthodes d’évaluation

A) Définition de la personnalité

Le mot « personnalité » dérive du latin persona qui fait référence au masque utilisé par les acteurs dans une

pièce de théâtre. Persona se réfère donc en partie à l’apparence extérieure, au masque, au visage public que nous

affichons aux autres tout autour de nous. Sur la base de son étymologie, on définirait la personnalité comme des

impressions que nous faisons aux autres. Quand on parle de personnalité dans une approche scientifique en

psychologie, on fait référence à plus que ça : on y inclut des qualités de type sociales, émotionnelles, mais aussi

des qualités que nous ne pouvons pas voir directement ou qu’une personne peut cacher.

Lorsqu’on parle de personnalité, on fait toujours référence à des caractéristiques durables, stables et

prévisibles. Evidemment, notre personnalité peut varier dans certaines situations. On est dans une approche dite

interactionniste, des traits stables de personnalité sont évolutifs en fonction d’une situation sociale, mais aussi en

fonction d’interactions avec les autres. Un autre élément central dans la définition de la personnalité, est que ses

caractéristiques sont des caractéristiques uniques, on a l’idée de singularité, d’unicité humaine. Il existe des

similitudes entre nous mais chacun possède des propriétés particulières qui nous distinguent des autres.

Il y a trois facteurs de base quand on considère la personnalité :

• Des facteurs internes : sentiments, facteurs physiologiques (production d’hormone par exemple), exemple de l’hypothyroïdie qui cause une lenteur, une inertie et de l’hyperthyroïdie qui va provoquer une tension nerveuse, une hyperactivité

• La situation sociale : la famille, le groupe auquel on appartient influence nos coutumes, nos traditions,

nos cultures et donc notre personnalité,

• Les réactions et le comportement qui vont être le résultat de l’interaction entre le sujet et des stimuli de

l’environnement.

La personnalité est un enjeu majeur dans le soin et par conséquent l’évaluation de la personnalité va être un

domaine majeur d’application pratique de la psychologie. L’étude de la personnalité peut être la base pour

diagnostiquer un trouble psychopathologique par exemple (différencier les sentiments normaux ou anormaux.)

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La personnalité va être un élément majeur à prendre en compte par les psychologues, car en fonction de la

personnalité, la réponse au stress ne sera pas la même. En situation de maladie, les ressources personnelles du

patient jouent un rôle dans la restauration de son état. Tout le monde ou presque va voir un jour sa personnalité

évaluée.

B) Méthodes d’évaluation de la personnalité en pratique clinique

Les techniques d’évaluation de la personnalité varient dans leur niveau d’objectivité, de fiabilité et de

validité empirique, et dans leur subjectivité. Elles vont de l’interprétation des rêves à des questionnaires

standardisés. L’évaluation à des fins diagnostics ne doit jamais être basée sur une seule méthode, une seule

approche de la personnalité. Certaines méthodes sont très subjectives donc vont être déformées par le thérapeute.

Les meilleures méthodes doivent suivre trois principes, courants de la psychométrie, ce sont les méthodes

utilisées aujourd’hui :

• La standardisation qui implique une uniformité des conditions et des procédures

d’administration d’un test.

• La fiabilité qui implique la cohérence des réponses d’une méthode d’évaluation, c’est-à-dire que

si l’on passe un même test à deux jours d’intervalle, les scores doivent être proches.

• La validité : est-ce que la méthode d’évaluation mesure bien ce qu’elle est censée mesurer ?

1) LES MÉTHODES D’ÉVALUATIONS STANDARDISÉES

Les méthodes d’évaluation standardisées regroupent toutes les méthodes qui demandent de nous évaluer

nous-même (auto-évaluation) ou à quelqu’un d’évaluer le sujet (hétéroévaluation) en répondant à des questions sur

son comportement ou ses sentiments dans différentes situations. La plupart des tests sont des tests de type papier

crayon. Les questionnaires vont être un moyen de relever la symptomatologie, les attitudes, les intérêts, les peurs…

Dans ces échelles standardisées d’évaluation en psychologie clinique, on a différentes échelles qui peuvent être

classées selon la symptomatologie ou selon l’utilisateur.

Dans la symptomatologie, on va différencier :

• Les instruments d’évaluation globale d’une pathologie, ce sont des échelles qui mesurent

l’intensité de la pathologie, considérée comme une dimension unique. Elles sont centrées sur une

pathologie.

• Les échelles de psychopathologie générale qui s’intéressent à différentes pathologies, on va avoir

le panel des symptômes possibles. Elles sont pluridimensionnelles.

• Les instruments spécifiques qui ne mesurent qu’une seule dimension du fonctionnement psychique.

Cette dimension n’est pas forcément une pathologie, ça peut être une mesure du niveau d’anxiété

ou de dépression par exemple. Ils ne sont pas liés à un diagnostic mais à une dimension

psychopathologique précise.

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Ensuite selon l’utilisateur, on distingue deux types de questionnaires :

• Ceux qui sont en auto-évaluation, c’est le patient qui répond de lui-même aux items

• Ceux qui sont en hétéroévaluation, on parle d’échelle (et non de questionnaire) et elle est complétée

par le psychologue, le psychiatre ou le médecin qui côte le questionnaire à travers l’entretien. Ces

échelles en hétéroévaluation peuvent reposer sur l’examen objectif du patient (comportement : tic,

mutisme) ou subjectif à partir du discours du patient.

Elles ont des limites : les patients ne sont pas toujours des personnes objectives sur leur état lorsqu’ils

répondent au questionnaire. Dans les pathologies psychotiques ils sont dans le déni de leur pathologie. Lors des

questionnaires d’auto-évaluation ils souffrent d’un biais de désirabilité sociale (ils se présentent sous un jour

favorable de façon consciente ou non, certains patients peuvent aussi mentir, consciemment ou non)

2) LES MÉTHODES PROJECTIVES

Ces méthodes sont utilisées avec des personnes en souffrance psychique. Elles sont inspirées de la théorie

psychanalytique de Freud et de sa notion d’inconscient avec l’idée de sonder cette part invisible de la personnalité.

La théorie sous-jacente aux techniques projectives est que lorsque nous sommes confrontés à un stimulus ambigu

que nous pouvons interpréter de différentes façons comme une tâche d’encre ou une image, qui peuvent être

interprétées de différentes façon, on va projeter nos besoins, nos craintes, nos valeurs sur le stimulus qu’on nous

demande de décrire. Ces tests doivent permettre aux sujets de verbaliser différemment leur problématique, de les

transmettre au psychologue et à partir de ces éléments d’entamer un travail de compréhension et de prise en charge.

La notion centrale de la méthode est la projection qui vient du latin projectio = jeter en avant, dans l’espace ou dans

le temps. La projection peut être définie comme une opération par laquelle le sujet expulse de lui et localise dans

un ailleurs des qualités, des sentiments, des désirs, dont il n’a pas conscience ou refuse en lui car ayant provoqué

une tension. En psychologie, on a plutôt la notion de rejet (Expulser en dehors ce qu’on refuse de reconnaître en nous-

même, L’étranger en nous-même est expulsé). Selon la définition de Laplanche et Pontalis, la projection est utilisée

dans un sens comparable au sens cinématographique, le sujet envoie en dehors en image ce qui existe en lui de façon

inconsciente.

Le concept de technique projective a été créé en 1939 par Frank : « Une méthode d’étude de la personnalité qui

confronte le sujet avec une situation à laquelle il répondra suivant le sens que cette situation a pour lui, suivant ce

qu’il ressent au cours de cette réponse ». Les méthodes projectives sont des outils psychiques qui doivent être

révélateurs de la structure psychique de la personnalité du sujet. C’est une conception dynamique et holistique de

la personnalité, on ne se centre pas sur un trait unique de personnalité indépendant mais sur la totalité en évolution

de tous les éléments constitutifs de la personnalité qui sont en interaction dynamique. Ces méthodes projectives

sont soumises à des méthodes de lectures pour lesquelles il faut se former.

Parmi ces techniques projectives, il existe différentes méthodes qu’on peut classer en 4 catégories.

➢ Les méthodes constitutives : elles utilisent un dessin /matériel varié, peu ou pas structuré que le

patient doit structurer. Le plus connu est le test de Rorschach (ou test d’interprétation de tâches

d’encre) dans lequel on doit décrire ce que l’on voit à partir d’images abstraites, ou son héritier, le

test Z de Zulliger.

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➢ Les méthodes constructives : on va utiliser un matériel défini que le sujet doit organiser en une

structure plus large. Ces méthodes sont les plus proches du jeu. Dans ces méthodes, on a aussi

l’usage des techniques de dessin avec des thèmes imposés, que l’on utilise surtout chez l’enfant à

partir d’un thème donné ou d’élément de base. A gauche, on a le test du village d’Arthus ou on

propose un ensemble de pièces différentes que l’enfant doit assembler selon sa volonté.

➢ Les méthodes interprétatives : Le patient doit donner un sens à une situation qui a une

signification ambiguë. Le matériel présenté est censé avoir une forte charge émotive ou affective.

Le sujet est invité à raconter une histoire à partir des images inductrices. Un des tests les plus connus

est le TAT qui met en scène un ou plusieurs personnages dont l’attitude peut prêter à de multiples

interprétations. Les histoires du TAT sont inventées par le sujet et on présuppose qu’elles sont des

déguisements de ses conduites réelles ou fantasmatiques, motivation inconsciente comprises. Ce

TAT existe en version enfant, c’est le CAT.

➢ Les méthodes cathartiques : le patient est placé dans une situation où il va devoir extérioriser son

affectivité. On le soumet à un stimulus qui va déclencher une réaction émotionnelle particulière (cris,

colère…). On est plutôt sur le prototype des jeux de rôles. Cette méthode est en voie de disparition.

Jusque dans les années 50, ces tests projectifs ont été la technique la plus utilisée pour évaluer la personnalité.

Ces techniques sont critiquables et ont des limites relevant avant tout de leur subjectivité puisque les réponses des

patients sont toujours interprétées individuellement à chaque image et ensuite on va interpréter le profil du score

final. Il y a donc une double interprétation du psychologue. Ces tests ne sont pas satisfaisants en termes de fiabilité

et de validité, on parle d’une faible fiabilité inter-juges pour ces tests. Pour un même patient, on peut avoir des

résultats très différents suivants les psychologues. Des études ont montré que la validité de ces tests était

contestable. On constate que les conclusions des psychologues sur les sentiments qu’ils décrivent en se basant sur

les réponses ne correspondent pas du tout à l’auto-évaluation du patient. Néanmoins, ces tests sont encore

largement utilisés et notamment en France pour l’évaluation ou à des fins diagnostics en psychologie.

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Pour résumer, la limite des tests projectifs relève de leur subjectivité et de leur faible fiabilité.

a. L’entretien clinique

La meilleure façon d’apprendre à connaître une personne est de la rencontrer en face à face, c’est aussi la façon

la plus fiable de procéder. Divers comportements, pensées peuvent être étudiés pendant l’entretien clinique car delà

du discours en lui-même l’entretien clinique permet d’observer l’expression faciale posture, l’attitude…

L’interprétation du matériel issue de l’entretien est subjective, et peut être affectée par l’orientation théorique et la

personnalité du psychologue. C’est la technique la plus largement utilisée dans l’évaluation de la personnalité. Elle

est commune à la pratique médicale. L’entretien clinique est fondamentalement asymétrique, on a un même lieu

que l’on appelle « l’espace de rencontre », une rencontre intersubjective mais avec deux rôles différents : un patient

(sujet actif qui organise son mode de communication à destination d’autrui) et un soignant adoptant une attitude

bienveillante, une position d’écoute. On est dans une situation d’échange, dans une scène de l’interrelation.

Il existe différentes formes d’entretien guidées en fonction du but poursuivi, du cadre (des modalités

fonctionnelles) et de la demande :

• L’entretien directif : le psychologue ou le soignant détermine les thèmes abordés et induit les

réponses. La spontanéité des 2 partenaires est limitée ainsi que la possibilité d’approfondir un

thème. Sert à approfondir un terme. L’entretien est conduit sur le mode d’un questionnaire organisé

et préparé. On peut utiliser un guide d’entretien, une série de questions conçues spécialement pour

l’entretien. L’implication personnelle de la part du patient est limitée (oui/non). Il est souvent utilisé

dans le cadre d’un examen de l’état mental du patient (attention, mémoire, humeur…). C’est un

format très structuré par lequel le psy couvre un certain nombre de symptômes et de signes qui vont

potentiellement le guider dans ses hypothèses diagnostiques.

• L’entretien non-directif : c’est le prototype de l’entretien clinique classique. On a un psychologue

qui intervient avec des questions ouvertes et le patient parle librement par association libre sur le

thème qu’il souhaite. Le psychologue effectue des relances, encourage, recentre pour faciliter la

communication. Il n’oriente ni le discours, ni les thématiques abordées dans l’entretien. Cette

absence de structure préétablie de l’entretien va permettre au praticien de suivre des pistes

intéressantes et d’explorer des sujets qu’il n’aurait pas anticipés avant l’entretien.

• L’entretien semi-directif : c’est un mélange des deux. Dans le cadre d’une consultation, il a pour but

de poursuivre une réflexion, de favoriser l’expression autour d’une problématique tout en

laissant le patient assez libre d’organiser ses réponses. Il part d’une thématique qui va cadrer le

discours, qui garde malgré ça un aspect spontané. On va utiliser des techniques de relances, de

reformulations de ce que le patient vient de dire.

Les entretiens constituent le cœur même de la pratique psychologique et fournissent des informations

précieuses. Cependant, ils manquent parfois de validité ou d’exactitude. Les patients peuvent volontairement induire

en erreur le professionnel de santé afin de se présenter sous un jour positif ou pour éviter de discuter de sujets

embarrassants ou qu’ils ne souhaitent pas aborder. On a aussi en psychiatrie des patients qui sont délirants,

incohérents et qui sont incapables de faire un récit précis au cours d’un entretien. Les praticiens peuvent aussi faire

des erreurs de jugement qui vont infléchir les informations qu’ils recueillent (préjugés sur l’âge, le sexe, l’apparence,

le poids d’une première impression…).

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b. L’observation

Les psychologues peuvent également observer systématiquement le comportement des patients. Il existe plusieurs

techniques d’observation :

➢ L’observation écologique : elle reflète les observations des patients par un psychologue dans leur cadre naturel, leur environnement quotidien (domicile, école, prison, hôpital…). C’est une observation directe (observation à l’aide d’une grille). Par exemple, on va avoir un observateur dans un coin de la classe qui va observer les comportements agressifs d’un enfant.

➢ L’observation en milieu contrôlé : on observe les patients dans un cadre artificiel comme dans un bureau ou en laboratoire. C’est de l’observation indirecte, ou instrumentée, qui implique des outils intermédiaires pour évaluer le comportement. On peut aussi avoir recours à un biais pour l’observation, notamment les parent quand il s’agit d’un enfant. Le psychologue leur fournit alors les grilles pour qu’ils puissent faire eux-mêmes de l’observation écologique. Par exemple, en laboratoire, on peut avoir un observateur derrière une vitre teintée qui observe comment les enfants interagissent avec leurs parents, comment un couple règle un conflit.

➢ L’auto-observation : on va inviter (particulièrement dans les psychothérapies et thérapies cognitivo- comportementalistes) le patient à s’observer lui-même à travers un journal de bord (méthode indirecte) et d’enregistrer systématiquement la situation qui déclenche le comportement sur un intervalle de temps. Comme son nom l’indique, l’observateur et la personne observée sont les mêmes.

L’observation peut se faire de manière directe (en laboratoire ou sur le terrain sans forcément s’adresser au sujet)

ou de manière indirecte lorsque l’on utilise un instrument de mesure pour rendre visible une activité non-visible

(rythme cardiaque, activité cérébrale) ou qu’on utilise un outil intermédiaire pour évaluer le comportement.

L’observation a aussi ses limites et inconvénients :

➢ En termes de fiabilité, les observations ne sont pas toujours fiables, il est possible que plusieurs psychologues qui observent une même personne se concentrent sur différents aspects du comportement, évaluent la personne différemment et donc arrivent à des conclusions différentes.

➢ En termes de validité on peut également observer des erreurs dans l’exactitude des observations. L’observateur, qui est souvent un chercheur peut être en surcharge et être incapable de voir ou d’enregistrer tous les évènements importants. On peut observer un phénomène de fatigabilité avec une diminution de la précision des observations.

➢ Les observateurs peuvent aussi être influencés par des informations et des attentes qu’ils ont déjà à propos du patient ou de la personne, c’est le biais de l’observateur.

➢ L’observation clinique peut manquer de validité externe. En effet, le sujet peut modifier son comportement se sachant observé, c’est la réactivité.

On aura toujours une perception partielle et partiale et une interprétation de type subjective.

c. Les mesures physiologiques et neuropsychologiques

Ces mesures sont davantage utilisées par les neuropsychologues. On a différents types de tests :

➢ Les tests psychophysiologiques : (+/- abandonnée) on a longtemps utilisé certaines réactions

physiologiques comme des indicateurs possibles de problèmes psychologiques. Cela a débuté il y a près

de 40 ans avec plusieurs études qui avaient suggérées que les états d’anxiété sont accompagnés par des

changements physiologiques (augmentation du rythme cardiaque, de la température, des réactions

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cutanées…). La mesure de certains changements physiologiques était pensée comme jouant un rôle clé dans

l’évaluation de certains troubles psychologiques. Un des tests psychophysiologiques les plus connus est le

polygraphe ou détecteur de mensonges. Cette technique a été remise en cause et n’est plus utilisée

actuellement.

➢ Les tests neuropsychologiques : sont davantage utilisés puisque certains troubles de la personnalité ou du

comportement sont principalement causés par des dommages cérébraux ou des changements dans l’activité

cérébrale : traumatisme crânien, tumeur cérébrale, alcoolisme, etc. Ces facteurs peuvent tous provoquer une

déficience au niveau des structures cérébrales ou du fonctionnement cérébral. Dans ce cas-là, pour traiter un

dysfonctionnement psychologique plus efficacement, il est important de savoir si la cause principale n’est

pas une anomalie physiologique du cerveau. Pour cela, le neuropsychologue travaille avec le neurologue

sur un certain nombre de tests neuropsychologiques ou de tests neurologiques :

• L’électroencéphalogramme (EEG) qui enregistre les ondes cérébrales, l’activité électrique qui a lieu dans le cerveau en raison de l’activité des neurones.

• Les techniques de neuro-imagerie, la tomographie par émission de positons, l’imagerie par résonnance magnétique (image de structure) et l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (image du fonctionnement du cerveau) permettent d’étudier le cerveau et donnent des images de la structure du cerveau ou de l’activité cérébrale.

• Pet scan : relève le fonctionnement des différentes zones du cerveau.

• Test d’aptitude : Les neuropsychologues utilisent d’autres instruments qui évaluent des compétences ou des

aptitudes neurocognitives (exemple de la figure de Rey où on présente une figure au patient et on lui

demande de la reproduire avec le modèle et ensuite de mémoire). On a aussi le test du langage des yeux de

Baron Cohen : on a une paire d’yeux associée à 4 adjectifs et il faut identifier l’adjectif qui représente le mieux

l’expression du regard. Le test langage des yeux mesure la reconnaissance émotionnelle et l’empathie.

Ce sont des procédures d’évaluation de la mémoire, de la capacité de planification, …

Figure de Rey

Ces tests neuropsychologiques nécessitent un certain nombre d’équipements (notamment pour l’imagerie)

qui sont extrêmement coûteux. Ces mesures psychophysiologiques peuvent être imprécises ou peu fiables du fait

des réglages extrêmement soigneux que les instruments nécessitent. Les tests neuropsychologiques, moins

directs sont parfois plus révélateurs des performances cognitives, perceptives ou motrices que certaines techniques

d’imagerie.

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C) Méthode d’évaluation de la personnalité en recherche

1) LA MÉTHODE DESCRIPTIVE : ÉTUDE DE CAS ET ENQUÊTE

L’étude de cas est un compte rendu détaillé du parcours de vie d’une personne et de ses éventuels

problèmes psychologiques. Elle peut soutenir ou contester une théorie, et peut également clarifier de nouvelles

techniques de soin, de prise en charge ou encore rendre compte d’une nouvelle problématique jusqu’ici inconnue.

Elles sont menées par des observateurs qui sont forcément subjectifs, partiaux, et reposent sur des preuves

subjectives, d’où une faible validité interne et externe.

On décrit 3 fonctions de l’étude de cas en psychologie :

➢ Fonction didactique : elle renvoie à l’étude de cas qui vise à promouvoir une théorie, à transmettre des

savoirs. Ses aspects figuratifs, scéniques, produisent un pouvoir d’enseignement à travers l’étude de cas.

C’est une anthropomorphisation du concept : on met en images des concepts.

➢ Fonction métaphorique : l’observation clinique et le concept sont si intimement liés que l’observation

devient une métaphore du concept. Le concept est tellement personnifié par l’étude de cas qu’il devient

le cas.

Par exemple, Freud décrit l’hystérie d’angoisse (phobie) avec le cas d’un petit garçon nommé Hans. En

psychologie et en psychologie psychanalytique, on va parler du cas freudien du petit Hans comme le concept

de l’hystérie d’angoisse ou de la phobie.

➢ Fonction heuristique : le cas devient générateur de nouveaux concepts. C’est rare et ça demande une

étude de cas extrêmement bien étayés.

L’étude de cas possède également des limites. Elle est très subjective, et dispose d’une faible validité interne

et externe. Cette méthode ne propose pas la précision et le contrôle des méthodes expérimentales et

corrélationnelles. Ce sont toujours des données extrêmement subjectives liées à des événements mentaux,

psychiques largement inconscients et liés aux préjugés personnels du psychologue. Le matériel de l’étude de cas est

difficilement généralisable, même si elle constitue malgré tout un matériel intéressant pour illustrer la clinique.

La méthode clinique originelle est l’étude de cas dans laquelle le psychologue recherche dans le passé

ou dans le présent des indices qui pourraient pointer vers la ou les sources des problèmes émotionnels du patient.

C’est Freud qui a utilisé essentiellement l’étude de cas dans le développement de sa théorie psychanalytique. L’étude

de cas a été la source d’un certain nombre de connaissances en psychologie mais l’information présentée est

souvent soumise à des biais, puisque l’auteur de l’étude de cas sélectionne les informations inclure et celles à

omettre.

L’enquête : est davantage utilisé par les psychologues sociaux, pour recueillir les données des projets de

recherche descriptive. Elle revient à une évaluation sous forme d’un entretien ou d’un questionnaire visant à

recueillir les représentations, attitudes, croyances, opinions ou comportements d’un échantillon des personnes.

C’est un peu l’équivalent du sondage pour les politiciens et les publicitaires. On obtient des données descriptives sur

un comportement, des processus mentaux ou des pratiques spécifiques. La validité d’une enquête dépend de ce

qui est étudié et de la façon dont les questions sont posées (les questions ne doivent rien suggérer en termes de

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réponse). Une enquête en 1992 demandait aux gens à quelle fréquence ils souffraient de divers maux. Lorsque le libellé

de la question indiquait que la plupart des gens souffraient assez régulièrement, les patients interrogés ont dit qu’ils

avaient eux aussi fréquemment. A l’inverse, si on indique que la plupart des gens éprouvaient rarement ces symptômes,

les gens répondaient qu’eux aussi. Le biais de désirabilité sociale intervient aussi dans l’enquête, de même que dans

l’auto-évaluation.

2) LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE

Il s’agit de la méthode qui s’approche le plus de la méthode des sciences naturelles et de la démarche scientifique

pure. On a ici des chercheurs qui manipulent des variables pressenties comme ayant des effets sur l’objet de

recherche. Dans le cadre d’une méthode expérimentale, on a une manipulation d’une variable qui est appelée

variable indépendante. On a également une variable qui est pensée, prévue, comme étant modifiée en conséquence

et qui est appelée la variable dépendante, c’est le comportement ou la réponse du participant. Une

expérimentation est une technique qui permet de déterminer l’effet d’une ou plusieurs variables sur un

comportement en psychologie. Pour être sûr qu’aucune autre variable que la variable indépendante ne puisse

affecter le résultat : la variable dépendante, les chercheurs vont étudier 2 groupes de participants :

• Le groupe expérimental • Le groupe contrôle

Ces 2 groupes sont choisis au hasard dans une même population de participants. Le groupe expérimental

comprend les participants qui vont être soumis au plan expérimental, exposés à une variable indépendante, tandis

que le groupe contrôle n’est pas exposé à cette variable. On mesure ensuite le comportement étudié chez les 2

groupes et on va les comparer statistiquement. Afin de minimiser les possibles influences, les expérimentateurs vont

assigner aléatoirement les participants à un groupe ou à un autre.

La méthode expérimentale est la plus proche de l’observation objective. C’est également celle qui permet

une duplication et une vérification des résultats obtenus. Cependant, certains aspects de comportement ou de

personnalité ne peuvent pas être étudiés dans des conditions aussi strictes (exemple des effets de l’absence de

parent sur la santé des enfants à l’âge adulte, on ne peut pas retirer des bébés de leurs parents pour observer). Le

comportement des participants peut changer parce qu’ils se sentent observés ou sont conscients d’être évalués, c’est

la notion de réactivité.

3) LA MÉTHODE CORRÉLATIONNELLE

La méthode corrélationnelle observe systématiquement dans quelle mesure des évènements ou des

caractéristiques varient ensembles. Une corrélation peut avoir un sens positif

ou négatif et peut être élevée ou faible. Elle est exprimée par un coefficient

de corrélation (r), significatif ou non, qui est calculé statistiquement ou

numériquement. Les études corrélationnelles en psychologie sont

communes, et ont généralement une bonne validité externe mais manque

parfois de validité interne. Corrélation ne signifie aucunement

causalité, c’est une association, une relation, entre 2 variables qui n’induit pas

un rapport de cause à effet.

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III. Approche psychanalytique de la personnalité et ses méthodes

Historiquement, c’est la psychanalyse qui va développer une première étude formelle de la personnalité avec

les travaux de Freud à la fin du 19ème siècle. C’est à partir de cette théorie princeps, que globalement toutes les

théories psychologiques de la personnalité vont se développer, soit dans la continuité de celle-ci, soit en opposition

totale à elle.

A) Les pulsions

Dans l’approche psychanalytique de la personnalité, un des éléments de base va être la notion de pulsion, c’est-

à-dire les forces de motivation qui animent ou guident le comportement et en déterminent la direction. Cette

notion de pulsion en psychanalyse renvoie aux stimuli comme la faim, la soif, c’est-à-dire à des stimuli internes.

Lorsqu’on a un besoin tel que la faim alors on pense, dans l’approche psychanalytique, que ce besoin éveillé dans le

corps va générer un état d’excitation physiologique, ou plus simplement de l’énergie, et l’esprit, le psychisme va

transformer cette énergie corporelle en un désir ou un souhait. Ce souhait est donc une représentation mentale

d’une nécessité physiologique qui motive le sujet à se comporter d’une manière à satisfaire le besoin. La pulsion n’est

pas l’état physique mais la nécessité corporelle transformée en état mentale, elle est de l’ordre de la représentation

mentale. La pulsion est toujours guidée vers la satisfaction du besoin, car quand le corps est dans un état de

nécessité, de besoin, on va éprouver un sentiment de tension et donc le but de la pulsion va être de satisfaire le besoin

pour réduire cette tension interne. On considère la théorie freudienne comme une approche homéostatique, c’est-

à-dire que nous serions motivés intrinsèquement pour maintenir et rétablir toujours un état d’équilibre

physiologique gardant notre corps libre de toute tension. Cela signifie que les pulsions sont toujours influentes sur

notre comportement mais les sujets peuvent prendre des voies différentes pour satisfaire leurs besoins. Freud va

regrouper les pulsions en 2 catégories :

➢ Les pulsions de vie (Eros). Ce sont les pulsions qui servent à la survie du sujet et de l’espèce. Elles englobent les pulsions d’autoconservation qui cherchent à satisfaire les besoins en matière de nourriture, d’eau, d’air, et les pulsions sexuelles, qui cherchent à satisfaire les besoins en matière de sexe. Ce sont les pulsions orientées vers le développement et la croissance du sujet. L’énergie psychique manifestée par les pulsions de vie est ce qu’on appelle la libido. La libido peut être attachée ou investie dans ou sur des objets, c’est la cathexis. Pour Freud, la pulsion de vie la plus importante est le sexe qu’il définit avec des termes très généraux. La sexualité ne se réfère pas uniquement à l’érotisme mais va inclure les comportements et les pensées qui présentent des aspects agréables. C’est l’extension d’une conception de sexualité uniquement psychique. La sexualité est au centre de la théorie psychanalytique mais est séparée de sa connexion uniquement avec les organes génitaux et donc considérée davantage comme une fonction plus complète du corps qui regroupe les éléments, les comportements et les pensées qui ont comme objectif le plaisir. Les pulsions sexuelles incluent les pulsions affectueuses ou amicales. Freud considère le sexe comme notre principale motivation et les désirs érotiques proviennent de zones érogènes du corps, ce qu’il développe dans l’approche en stade du développement

➢ Les pulsions de mort (Thanatos). Pour Freud, les Hommes possèdent un désir inconscient de mourir.

L’une des composantes des pulsions de mort est la pulsion agressive qui est décrite comme le désir de

mourir tourné contre des objets autres ou contre soi. Cette notion de pulsion agressive est celle qui nous

oblige à détruire, conquérir et tuer. La pensée freudienne considère que l’agression est une part

cruciale de la nature humaine comme le sexe. Les pulsions de mort s’opposeraient aux pulsions de vie

et tendraient à la réduction complète des tensions, c’est-à-dire à ramener l’être vivant à l’état

anorganique. Cette notion de pulsion de mort a été davantage remise en cause et certains auteurs, y

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compris psychanalytiques, ont associé ce développement des travaux de Freud sur les pulsions de mort

à celui de sa propre vie, comme un reflet de ses propres expériences car il va développer cette notion en

fin de vie et après un certain nombre d’évènements de vie (1ère guerre mondiale, son cancer, mort à 26

ans d’une de ses filles…).

B) L’appareil psychique

Un autre élément clé dans la construction de la théorie de la personnalité c’est la notion de topique qui suppose

une différenciation de l’appareil psychique en un certain nombre de systèmes qui auraient des fonctions

différentes.

Les travaux de Freud se sont faits en 2 temps :

• Un premier qu’on appelle la 1ère topique

• Un second qui correspond à un réaménagement de la 1ère topique en une 2nde topique.

1) PREMIÈRE TOPIQUE

Elle divise l’appareil psychique en 3 instances psychiques :

➢ Le conscient comprend toutes les sensations et les expériences dont nous sommes conscients à un moment donné. Freud considère que le conscient est un aspect limité de la personnalité, c’est seulement une petite partie de nos pensées, sensations, souvenirs qui existent dans la conscience à tout moment. C’est la partie au-dessus de la surface de l’iceberg.

➢ L’inconscient (sous la surface). On a dans ses profondeurs le réservoir des pulsions, des souhaits et des désirs qui dirigent nos comportements. Cette partie est la plus importante et elle est invisible. C’est la partie inconsciente de notre psychisme.

➢ Le préconscient : Freud situe entre l’inconscient et le conscient ce qui serait une instance regroupant un certain nombre de souvenirs, de perceptions et de pensées dont nous ne sommes pas conscients au moment vécu mais que nous pouvons facilement invoquer dans la conscience.

C’est la 1ère structuration proposée par Freud qui va être ensuite modifiée.

2) SECONDE TOPIQUE

Cette modification intervient en 1920, date à laquelle Freud va élaborer une nouvelle conception de la

personnalité qu’on appelle la 2nde topique. Elle va proposer de façon schématique de faire intervenir 3 instances :

le Ça, le Moi et le Surmoi.

➢ Le Ça va représenter le pôle pulsionnel de la personnalité. Il correspond à la notion d’inconscient bien que le

Moi et le Surmoi soient également des aspects inconscients. Il est le réservoir des pulsions, des instincts et

de la libido. Le Ça va fournir toute l’énergie aux 2 autres instances. Comme il est le réservoir des pulsions, il

est directement lié à la satisfaction des besoins corporels, physiologiques. Il fonctionne conformément au

principe de plaisir et cherche à réduire la tension. Les fonctions du Ça sont d’augmenter le plaisir et d’éviter

la douleur, il aspire à une satisfaction immédiate de ses besoins et donc se caractérise par une intolérance

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d’un retard ou d’un report de cette satisfaction pour une raison quelconque. On pourrait le caricaturer comme

une instance tournée vers la gratification instantanée, égoïste et primitif. Le Ça fonctionne en dehors de

toute conscience de la réalité.

➢ Le Moi est l’instance représentant les intérêts de la personne dans sa totalité. C’est le maître rationnel de la

personnalité. Son but n’est pas de contrecarrer les pulsions du Ça mais d’aider le Ça à obtenir une réduction

de la tension. Mais, parce que le Moi est conscient de la réalité, le Moi décide quand et comment les pulsions

du Ça peuvent être satisfaites. C’est le Moi qui va déterminer le temps approprié et socialement acceptable,

les lieux et les objets qui vont satisfaire potentiellement les pulsions du Ça. Son but est de reporter, de

retarder ou de réorienter en fonction des exigences de la réalité les pulsions du Ça. Le Moi, contrairement au

Ça, perçoit et manipule l’environnement d’une manière pratique et réaliste, il fonctionne sur le principe de

réalité qui est l’opposé du principe de plaisir. Le Ça et le Moi ne sont pas totalement indépendants. Le Moi

est toujours à l’écoute des demandes du Ça. Le Moi tire son énergie et sa puissance du Ça, il n’a donc qu’une

autonomie relative. Le Moi est dans une relation de dépendance à la fois des revendications du Ça, des

impératifs du Surmoi mais également des exigences de la réalité. Le Moi est dans un rôle de médiateur

entre le Ça, la réalité et le Surmoi.

Lorsque le Moi est trop mis à l’épreuve face aux contradictions du Ça, de la réalité et du Surmoi, on développe

de l’anxiété, causée par un conflit psychique entre les instances.

➢ Le Surmoi regroupe les diktats et les croyances que nous avons acquis dans l’enfance, nos idées du bien et

du mal, de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. (Dans le langage courant, nous appelons cette morale

interne la conscience, avoir bonne ou mauvaise conscience.). Il un rôle de juge et critique et est lui aussi

largement inconscient. C’est la base morale de notre personnalité, il se construit dans les interactions

précoces et qui est donc acquise à partir de l’âge de 5-6 ans. Le Surmoi va être constitué d’abord des règles

de conduites établies par nos parents ou nos fournisseurs de soins, à travers les louanges et les punitions. Les

comportement punis vont constituer une 1ère partie du Surmoi. La 2ème partie du Surmoi qui est l’idéal du

Moi va se composer des comportements bons ou corrects pour lesquels les enfants ont été gratifiés. Au cours

du développement de l’enfant et de l’éducation, on intériorise ces enseignements, ces récompenses, ces

punitions qui vont en quelque sorte être auto-administrés, et le contrôle parental va être remplacé par la

maîtrise de soi. Si on effectue ou on pense à une action contraire à ce code moral intériorisé, on va éprouver

un certain malaise, culpabilité ou honte. Le Surmoi est un arbitre de la morale et dans ce rôle il est

particulièrement implacable. On parle fréquemment en psychologie d’un Surmoi cruel, implacable dans sa

quête de perfection morale. Le Surmoi ne cherche ni le plaisir (Ça), ni la réalisation d’objectifs réalistes (Moi),

le Surmoi vise lui uniquement la perfection morale. Comme le Ça, le Surmoi n’admet aucun compromis avec

ses exigences.

C) L’angoisse

Quand le Moi est mis à trop rude épreuve, en raison d’une contradiction entre le principe de plaisir du Ça et

la quête de la perfection morale du Surmoi, on voit émerger d’un conflit psychique qui prend la forme du

développement d’une angoisse. Cela entraine le développement de l’anxiété quand le Moi ne peut plus gérer les

signaux différents.

L’angoisse est décrite comme une peur sans objet dont nous ne pouvons pas pointer la source. Elle est

fondamentale dans le développement d’un comportement névrotique ou psychotique, ce qui fait de l’angoisse une

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partie importante de la théorie de la personnalité freudienne. Freud a même suggéré que le prototype de toute

angoisse est le traumatisme de la naissance (idée développée par un de ses élèves Otto Rank). La naissance

entraînerait la tension et la peur que les pulsions du Ça ne soit pas satisfaites, et serait donc notre première expérience

avec l’angoisse. Celle-ci serait même le modèle de nos réactions et sentiments qui se produisent chaque fois que nous

sommes exposés à une menace. Freud a également proposé 3 types d’angoisse.

➢ L’angoisse objective est aussi appelée angoisse devant un danger réel. Ça implique une peur des

dangers tangibles dans le monde réel (incendies, ouragans, tremblements de terre). Cette angoisse a un

objectif positif de guidance de nos comportements pour échapper à un danger ou nous protéger de ces

dangers.

Les autres types d’angoisse, névrotique et morale, sont plus déstabilisantes pour notre santé psychique. :

➢ L’angoisse névrotique résulte du conflit entre le Ça et le Moi, et son origine a un fondement dans

l’enfance, dans un conflit entre le besoin d’une satisfaction pulsionnelle et la réalité. En conséquence, le

désir de satisfaire certaines pulsions du Ça génère de l’angoisse, de l’anxiété. Son origine a aussi un

fondement dans la réalité.

➢ L’angoisse morale résulte d’un conflit entre le Ça et le Surmoi et son origine a un certain fondement

dans la réalité. Elle est une peur de sa propre conscience. Lorsqu’on est poussé par une pulsion qui est

contraire à notre sens moral, le Surmoi va se venger en nous faisant ressentir de la honte et de la

culpabilité. Cette angoisse morale est plus ou moins prononcée chez chacun d’entre nous en fonction de

la façon dont le Surmoi est plus ou moins développé chez la personne. Ce sentiment de culpabilité est un

signal qui avertit le sujet que le Moi est menacé, et si des mesures ne sont pas prises, le Moi pourrait être

renversé.

Face à ces conflits ou à ces angoisses comment le Moi peut se protéger ou se défendre ?

• Une première solution est de fuir la situation menaçante.

• Une deuxième solution est d’inhiber les besoins pulsionnels qui sont à la source du danger.

• Une troisième solution est d’obéir aux exigences de la conscience.

Si aucune de ces techniques rationnelles ne fonctionnent, le sujet va avoir recours à des mécanismes de défense qui

sont des stratégies inconscientes ayant pour objectif de défendre le Moi. Dans l’approche psychanalytique, tous les

comportements sont motivés par les pulsions de sorte que tout comportement défensif l’est dans le sens de

défense contre l’angoisse.

D) Mécanisme de Défense

Nous nous défendons généralement contre l’angoisse en en utilisant plusieurs en même temps. Bien que les

mécanismes de défense varient dans leur définition ou dans leur description, ils partagent toujours 2

caractéristiques :

- Ce sont des dénégations ou des distorsions de la réalité. - Ils fonctionnent de façon inconsciente.

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Mécanisme de défense

Définition Exemple

Sublimation

Remplacement d’objectifs socialement reprouvés ou inacceptables par des buts et des activités socialement acceptés ou utiles. On modifie l’énergie pulsionnelle.

Un instinct agressif peut être sublimé en esprit de compétition ou d’émulation sportive. Une énergie sexuelle peut être sublimée en talent artistique, créatif ou intellectuel.

Déni

Nier l’existence d’une menace extérieure ou d’un évènement traumatique qui a eu lieu (très fréquent après l’annonce d’une maladie). Expérience traumatique pour Freud = absence de pénis chez la femme (misogynie de Freud bonjour ! )

Un étudiant refuse de croire qu’il a échoué à un examen. Des parents d’un enfant mort conserve la chambre comme s’il était encore là Un patient souffrant d’une maladie en phase terminale peut nier l’existence de la mort.

Formation réactionnelle

Des pulsions inconscientes sont exprimées dans leur strict opposé au niveau conscient.

La pudeur s’oppose à un désir inconscient exhibitionnistes Une personne dépassée par ses désirs sexuels peut devenir militant contre la pornographie Une mère qui se sent agressée par son enfant agit d’une manière excessivement aimante envers lui.

Projection

Attribuer à autrui ses propres pensées, attitudes, peurs ou désirs, ses pulsions.

Un homme qui est infidèle à son épouse et qui s’en sent coupable suspecte celle-ci de lui être infidèle. « Non, ce n’est pas moi mais lui qui me déteste »

Régression

Repli sur une période antérieure, moins frustrante de la vie et présentation de comportements enfantins et dépendants caractéristiques de cette période

Un malade redevient un enfant. Il manifeste le besoin d’être entouré et dorloté, il voit dans l’infirmière une figure maternelle.

Rationalisation

Donner des explications inattaquables sur le plan logique à des évènements ou à des comportements non acceptés par le sujet au niveau émotionnel

Un patient atteint par un syndrome organique au cerveau et par des troubles de la mémoire attribuera ces derniers aux médicaments qu’il prend. L’ex a tout d’un coup tous les défauts

Déplacement

Expression d’un sentiment ou d’une pensée inacceptable qui est redirigée d’une personne « puissante » vers une personne moins menaçante.

Un frère crie après sa sœur après qu’un enseignant lui ait attribuée une mauvaise note.

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E) Les méthodes et pratique clinique

Du côté de la psychanalyse, on va utiliser 2 méthodes privilégiées :

➢ L’association libre : C’est une rêverie à voix haute. Le patient va être invité à se détendre, se concentrer, puis à exprimer chaque idée, chaque image comme elle lui vient à l’esprit même si elles sont bancales, bizarres. Ce matériau révélé par le patient par association libre est pensé comme prédéterminé par la nature de ses conflits psychiques.

➢ L’interprétation des rêves : On pense dans la théorie psychanalytique que les rêves représentent sous une forme symbolique les désirs, leurs peurs ou les conflits réprimés ou refoulés. Freud va développer une technique d’analyse des rêves où il va distinguer 2 aspects du rêve :

- Le contenu manifeste qui correspond aux éléments concrets, réels du rêve - Le contenu latent qui est celui de la signification symbolique cachée des éléments concrets,

manifestes du rêve.

On pense le rêve comme un contenu manifeste à décrypter, pour en trouver le contenu symbolique refoulé,

transformé par les instances psychiques. Freud a au cours de ses analyses de rêve propose une interprétation

universelle de certains éléments du rêve. L’analyse des rêves nécessite une formation extrêmement pointue.

Ces 2 techniques, reposent sur la même idée psychanalytique que ces contenus sont à décrypter car ils

apparaissent sous une forme déguisée ou symbolique. C’est le thérapeute, le psychologue, qui a les clés pour

interpréter ou traduire ce matériel pour le patient. Evidemment, l’évaluation dans ce cas-là, de la personnalité,

dépend beaucoup de la compétence, de la formation et de

l’expérience de l’analyste.

D’un autre côté, certains psychanalystes et

psychologues d’orientation psychanalytiques vont

préférer utiliser les tests projectifs, dont les principaux sont

:

• Test du Rorschach (1921) : Rorschach était fasciné par les taches d’encre, et quand il a fait son internat de psychiatrie, il a passé son temps à jouer avec les patients et à leur demander d’interpréter des taches d’encre. Il a vu que les enfants ou des sujets sains n’interprétaient pas de la même manière ces différentes tâches d’encre des sujets atteint de psychopathologie. Pour créer ses planches il fait tomber une tache d’encre sur une feuille qu’il a replié de manière à donner un dessin symétrique. Il a ensuite sélectionné une dizaine de planches ainsi construites. Quand il a publié ses travaux ce fut un fiasco et il est mort après n’ayant pas pu voir son succès.

• Le TAT (Thermatic aperception Test) : Crée par Murray en 1935 : il est constitué de 19 images, et le patient est invité à construire une histoire autour des personnes ou des objets de l’image. Et on va l’analyser le discours du patient en fonction des motivations qu’il attribue aux personnages, et du degré de réalité.

Ils utilisent ces méthodes dans le domaine de la recherche ou dans leur pratique clinique.

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Enfin, du côté de la recherche, la méthode privilégiée par Freud et ses continuateurs est l’étude de cas.

Cette approche psychanalytique de la personnalité et ses méthodes sont très contestées :

• On a des remises en cause, particulièrement sur la théorie de l’importance de la sexualité. • On lui reproche d’avoir posé une théorie sur un petit échantillon de personnes qui n’est pas

forcément représentatif de la population. • De plus cette théorie met en exergue des forces de motivations pulsionnelles sans tenir compte

des interactions sociales. • Enfin, les concepts de Ça, de moi et surmoi ont des définitions ambiguës : est ce qu’il y a des

structures dans le cerveau qui y sont dédiés ? Ou est-ce un processus fluide ?

IV. La personnalité selon l’approche comportementaliste : l’apprentissage

La notion d’apprentissage peut être définie comme un changement relativement permanent du comportement, des connaissances, des capacités ou des attitudes qui est acquis par l’expérience et ne peut pas être attribué ni à la maladie, ni à l’accident ni encore à la maturation. En définissant l’apprentissage par ce changement relativement permanent, on exclut d’emblée les changements provisoires qui pourraient résulter de la maladie, de la fatigue ou des fluctuations de l’humeur. On souligne que l’apprentissage se rapporte à un changement qui est acquis par l’expérience, ce qui exclut les changements observables du comportement qui se produisent en raison de lésions cérébrales ou de certaines maladies. De plus, les changements qui se produisent au cours du développement du sujet n’ont également rien à voir avec l’apprentissage selon cette définition. Par exemple, les nourrissons n’apprennent pas à ramper ou à marcher selon cette définition car les habilités motrices de base et le plan maturationnel qui régit leur développement sont une partie du répertoire comportemental génétiquement programmé de chaque espèce.

A) Apports du behaviorisme et de la psychologie cognitive

1) PAVLOV ET LE CONDITIONNEMENT CLASSIQUE (OU RÉPONDANT)

Pionnier dans la théorisation de l’apprentissage et du conditionnement, Pavlov a dirigé un laboratoire de

recherches en physiologie à l’institut de médecine expérimental à Saint-Pétersbourg en Russie à partir de 1891

jusqu’à sa mort, 45 ans plus tard. Pavlov a d’abord entrepris des expériences sur la physiologie de la digestion (prix

Nobel en 1904). Au cours de ses recherches, il a conçu une machine visant à collecter la salive de la gueule du chien.

C’est un appareillage expérimental utilisé dans l’étude du conditionnement classique.

Le chien est isolé de toute distraction dans un caisson, l’expérimentateur observe le chien, souvent à travers

un miroir sans teint. Par un système de télécommande, il présente au chien de la nourriture et d’autres stimuli. Un

tube achemine la salive de la gueule du chien vers un récipient pour mesurer la quantité. Dans le cadre de ses

expériences physiologies, Pavlov constate de façon accidentelle une augmentation de la quantité de salive

récoltée quand les chiens entendaient les pas des chercheurs du laboratoire qui venaient pour les nourrir. Il s’est

ensuite interrogé face à ce constat : comment cette réponse involontaire qui est celle de la salivation pouvait-elle être

associée au bruit qui précède l’alimentation ? Cette question sera l’objet de recherche central de Pavlov. C’est ainsi qu’il

va théoriser la notion de conditionnement classique qui est une forme d’apprentissage issue d’une association entre

un stimulus et un autre, sachant qu’un stimulus peut être n’importe quel événement ou objet dans l’environnement

auquel un organisme répond. Au quotidien, on est donc fortement influencé par ces stimulus : le Père Noël, Adolf

Hitler, le drapeau français, sont juste des noms ou des symboles mais ils tendent à évoquer des réponses émotives

fortes en raison de leur association. Chacun d’entre nous est influencé par ces associations apprises par le

conditionnement classique qu’on nomme également conditionnement répondant.

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La plus célèbre de ces expériences est celle où Pavlov utilise de la nourriture placée devant la gueule du chien causant

une salivation. Les chiens n’ont pas besoin d’être conditionnés à la salivation devant la nourriture, la salivation est

une réponse non apprise inconditionnelle (RI). N’importe quel stimulus tel que la nourriture produira, sans

apprentissage, une RI et le stimulus sera inconditionnel.

- Un fort bruit va générer une RI qui est celle de la peur, de l’effroi.

- Une lumière dans les yeux, va générer également une RI qui va être la contraction de la pupille.

- Un souffle de l’air va générer une RI qui va être le clignement de l’œil.

Pavlov a démontré que les chiens pouvaient être conditionnés à saliver face à un grand nombre de stimuli,

sans que ces stimuli n’aient été associés avant à la nourriture. Pavlov a réussi à générer une réponse face à un stimulus

non associé à la nourriture grâce au conditionnement. Le chercheur présente dans un 1er temps un stimulus neutre,

c’est à dire un stimulus qui ne génère pas ici de réponse de type salivation comme le tintement d’une cloche, avant

de placer la nourriture devant la gueule du chien. La nourriture cause la salivation du chien puisque c’est une RI.

Pavlov va reproduire de nombreuses fois cette association. Il constate qu’après un certain nombre de fois,

habituellement 20 fois ou plus, le son de la cloche tout seul a permis d’obtenir une salivation du chien. Dans ce

processus de conditionnement répondant ou classique, le son de la cloche est le stimulus conditionnel et la salivation

qui apparait après le son de la cloche sans nourriture, c’est à dire la réponse apprise, est appelée réponse

conditionnée.

2) WATSON, LE PETIT ALBERT ET PETER : LE DÉCONDITIONNEMENT

A la suite de ces travaux, en 1919, Watson et son assistante Rayner conduisent une étude pour découvrir si

la peur pouvait être conditionnée.

Watson présente à un nourrisson de 11 mois, connu sous le nom du petit Albert, un rat blanc qui initialement

ne provoquait aucune réaction de peur chez l’enfant. Dès qu’Albert était en présence du rat, Watson frappait une

barre d’acier avec un marteau juste derrière la tête d’Albert. Là encore on va répéter cette procédure. Une semaine

plus tard, Watson a continué son expérience, en associant à chaque fois le rat avec le bruit fort et effrayant. On

va alors observer chez le petit Albert que la seule vue du rat blanc va générer des pleurs. Lorsqu’on fait revenir Albert

au laboratoire on constate que sa peur s’est généralisée à un lapin, à un chien, à un manteau de fourrure, aux cheveux

de Watson et même à un masque de Père Noël. Après 30 jours, Albert fait sa dernière visite au laboratoire, ses peurs

sont encore manifestement évidentes bien qu’elles paraissent légèrement moins intenses. Watson en conclu que

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les peurs conditionnées persistent et modifient la personnalité durant toute la vie. Bien que Watson ait préparé et

formulé des techniques pour ôter ces peurs conditionnées chez le petit Albert, Albert et sa famille se sont envolés

avant qu’il ne puisse les essayer sur lui.

3 ans après cette 1ère expérience, Watson avec une autre collègue qui est Marie Cover Jones ont repéré en

1924, Peter, un petit garçon âgé de 3 ans, qui, avait peur des rats blancs, des lapins, des plumes, du coton, d’un

manteau de fourrure, néanmoins la peur du lapin était la peur la plus forte et elle est devenue la cible de

techniques de déconditionnement de Watson et de sa collègue.

Peter a été amené dans le laboratoire de psychologie, a été assis sur une chaise d’arbitre et on lui a fourni

quelques sucreries pour grignoter. Un lapin blanc dans une cage de fils a été introduit dans la salle mais dans un 1er

temps, il a été laissé suffisamment loin pour ne pas déranger Peter. Au cours de 38 séances, on apporte le lapin de

plus en plus près de Peter, qui continue à apprécier ses bonbons. De temps en temps, certains des camarades de

Peter ont été amenés dans la pièce pour jouer avec le lapin, cela à une distance de sécurité de Peter, de sorte qu’il

puisse voir que le lapin ne faisait aucun mal à ses copains. A la fin de la thérapie, le lapin a été sorti de sa cage et par

la suite mis sur les genoux de Peter. La dernière séance de la thérapie montrait un Peter qui était affectueux avec

le lapin et d’ailleurs Watson et Cover Jones vont identifier que Peter avait également perdu toute crainte de la

fourrure, du coton, des plumes, etc. et qu’il pouvait même tolérer les rats blancs.

Si un chien qui aboie nous a une fois mordu, on peut avoir appris à ressentir de l’angoisse, de la peur, chaque

fois qu’on entend un chien aboyer. Si on a eu plusieurs mauvaises expériences avec les chiens, plus forte sera notre

peur apprise en réponse au son des aboiements. On a une association continue d’un stimulus conditionné (SC) : les

aboiements, avec un stimulus inconditionnel ou inconditionné (SI) : la morsure. Ça va renforcer une réponse

conditionnée ou conditionnelle (RC) : la peur. Ça permet d’expliquer en partie les peurs irraisonnées proches parfois

de la phobie.

Qu’arrive-t-il si la sonnerie, la cloche de Pavlov, continue à sonner mais que la poudre de nourriture n’arrive plus ?

Du côté gauche de la courbe, on a des associations répétées d’un SC avec un SI qui est donc la poudre de nourriture

et qui va provoquer chez les chiens de Pavlov une augmentation de leur salivation (RC), dès que la cloche sonne, y

compris quand il n’y a pas de présentation d’alimentation. Si la cloche continue à sonner mais qu’il n’y a plus de

poudre de nourriture qui arrive, comme on peut s’y attendre, si le SI n’est plus jumelé avec le SC, au moins de temps

à autre, la RC va progressivement disparaître. Cette perte de la RC est connue sous le nom d’extinction. Ce terme

n’est pas totalement approprié puisque qu’il laisse penser que la RC est en quelque sorte anéantie à jamais sans retour

possible. En fait, ce n’est pas totalement vrai parce que si le SC et le SI sont à nouveau appareillés après que la RC

a été éteinte, cette RC fait un retour en force après seulement 1 ou 2 associations entre les deux stimuli. Ce

rapide réapprentissage d’une RC après extinction est ce qu’on appelle le reconditionnement. Comme il semble que

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le reconditionnement prenne beaucoup moins de temps que le conditionnement initial, cela laisse présager que

l’extinction n’a pas totalement effacé l’association entre le SC et la RC. C’est ce qu’on appelle la récupération

spontanée, c’est la réapparition temporaire d’une RC après extinction et sans autre couplage ou association entre SC

et SI. Le côté droit du schéma montre cette conclusion. On peut par exemple observer ce phénomène quand on entend

une chanson ou un parfum associé à un ancien amant qu’on n’a pas vu depuis longtemps ou encore d’un parent décédé.

La généralisation du stimulus c’est ce qu’on a observée chez Peter : un SC est capable de déclencher une RC

à des stimuli similaires au SC. Par exemple, l’enfant a associé le rat blanc à tout ce qui est duveteux et blanc. Ce

phénomène de génération du stimulus est illustré par le fait qu’une personne qui a été mordue par un chien particulier

peut maintenant exposer une certaine peur de tous les chiens. C’est donc une voie explicative à des troubles

psychopathologiques tels que les phobies.

3) SKINNER ET LE CONDITIONNEMENT OPÉRANT (OU

INSTRUMENTAL)

Skinner, après des essais infructueux pour devenir écrivain, a

commencé à lire les travaux de Pavlov et ceux de Watson. Il va alors entrer en

3ème cycle à l’université d’Harvard et passe son doctorat en psychologie en 1931.

Comme Watson qui est un comportementaliste, Skinner croit que les

causes des comportements sont dans l’environnement et ne résultent pas

des raisonnements mentaux intérieurs tels que des pensées, des sentiments ou des perceptions voire des pulsions.

En revanche, il présume que les évènements mentaux intérieurs sont eux-mêmes des comportements et, comme

tous les autres comportements, ils sont formés et déterminées par des forces environnementales. Il va associer du

comportementalisme et du cognitivisme. Il y a un vrai consensus en psychologie pour reconnaître l’importance des

recherches de Skinner sur ce qu’il appellera le conditionnement opérant : ce sont les conséquences d’un

comportement qui sont manipulées afin d’augmenter ou de diminuer la fréquence d’une réponse. Une variante

est également d’utiliser toujours les conséquences d’un comportement afin de former une nouvelle réponse. On va

parler alors de comportement renforcé c’est à dire que c’est le comportement suivi d’une récompense positive qui

va tendre à être répété. Un renforcement ou un renforçateur est quelque chose qui renforce ou augmente la

probabilité de la réponse qui suit.

Skinner a d’abord conçu un dispositif insonorisé qu’on appelle une boîte de Skinner dans laquelle il a

entrepris ses expériences de conditionnement opérant. Il existe différentes versions de la boîte de Skinner mais l’une

des versions les plus classiques c’est une boîte qui est équipée d’un levier qu’un rat ou qu’une souris presse pour

obtenir une récompense. Le fait de presser le levier va générer une possibilité d’avoir un granulé ou de l’eau. Chaque

pression sur le levier par l’animal est enregistrée sur ce qu’on appelle un dispositif d’enregistreur cumulatif,

également inventé par Skinner. Cette récompense qui est le renforcement, la nourriture ou l’eau, est fournie

uniquement si l’animal presse le levier réponse.

Une version plus complexe de la boîte de Skinner c’est une boîte où il y a différents instruments, leviers ou

poussoirs qui vont apporter des réponses soit sous la forme de croquettes, soit sous la forme de chocs électriques.

C’est ce qui va distinguer un renforcement (ou renforçateur) négatif d’un renforçateur positif. Le rat dans la boîte va

au hasard ou accidentellement appuyer sur tel ou tel objet ce qui va soit faire tomber de la nourriture : renforcement

positif, soit émettre des décharges : renforcement négatif. Ce qu’on va observer c’est qu’après avoir actionné

plusieurs fois le levier qui produit une présentation de croquettes, le rat ne va plus faire d’erreurs, il va pousser

uniquement sur le levier qui génère cette récompense de type croquette, c’est-à-dire que pour l’animal la poussée

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sur le levier est devenue la réponse correcte. Skinner nous dit que le rat est ici dirigé par ce qu’on appelle la loi de

l’effet après une période d’essai et d’erreurs. C’est ce qu’on appelle le conditionnement opérant ou le modèle

Stimulus, Organisme, Réponse, Conséquence, le SORC, qui indique que le conditionnement opérant est

l’apprentissage en fonction de la conséquence de la réponse produite, des conséquences positives ou négatives.

Ces conditionnements façonnent nos comportements qui vont donc constituer la personnalité selon une

approche cognitivo- comportementaliste. Par l’utilisation d’un conditionnement opérant progressif, un rat dans

une boîte de Skinner peut être conditionné à presser un levier via les récompenses. Chaque étape plus près du levier

sera récompensée : il peut être d’abord récompensé simplement par un mouvement vers le levier, puis la prochaine

réponse récompensée viendra uniquement quand le rat se rapprochera du levier c’est à dire que chaque étape plus

près du levier sera récompensée. Ensuite, le rat comprendra ou apprendra qu’il faut toucher le levier pour recevoir

une récompense. On peut rapprocher le conditionnement opérant de Skinner à l’addiction aux machines à sous chez

les humains.

Il faut bien distinguer le renforcement et la punition, notamment le renforcement négatif.

Le renforcement qu’il soit positif ou négatif augmente toujours la

fréquence d’une réponse ou d’un comportement. En revanche, la punition

réduit la fréquence d’un comportement ou d’une réponse, en

présentant un stimulus désagréable (punition positive) ou en

supprimant un stimulus agréable (punition négative). Attention à bien

distinguer la punition du renforcement négatif.

Conditionnement opérant=

processus d’apprentissage par

association à la suite duquel la

probabilité d’apparition d’un

comportement augmente en

raison d’un renforcement et

diminue en présence d’une

punition

Punition= apparition d’un

comportement moins

probable

Positif=propose quelque

chose de plaisant

Complimenter un enfant

Renforcement =

apparition d’un

comportement plus

probable Négatif= suppression de

quelque chose de

désagréable

Lui enlever sa corvée de poubelle

pour le féliciter

Positive = présentation d’un

stimulus désagréable

Mettre l’enfant au coin

Négative =enlever quelque

chose d’agréable

Lui confisquer sa console de jeu

pour une mauvaise note

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Si le choc électrique est désactivé lorsqu’un rat appuie sur un levier, c’est un renforcement négatif puisqu’il augmente la

probabilité que le rat appuie sur le levier lorsque le choc se produit de nouveau. Mais si dans une autre condition le choc

est activé lorsque le rat appuie sur le levier, c’est une punition. Le rat sera moins susceptible d’appuyer à nouveau sur ce

levier.

Caractéristiques Conditionnement classique Conditionnement opérant

Type d’association Entre 2 stimuli Entre une réponse et sa conséquence

Etat du sujet Passif Actif

Centre d’attention Sur ce qui précède la réponse Sur ce qui suit la réponse

Type de réponse recherchée Réponse réflexe ou involontaire Réponse volontaire

Réponse physique recherchée Réponse interne, émotionnelle ou réactions glandulaires

Réponse externe, musculaire et séquence de mouvements, et réponses verbales

Niveau de réponse Relativement simple Simple à très complexe

Réponses apprises Réactions émotionnelles : peur, agréables, désagréables

Réponses orientées vers un but

Distinction entre conditionnement opérant (instrumental) et conditionnement classique

V. Apports de la psychologie socialo-cognitif : Bandura et l’apprentissage par l’observation

Une autre perspective de l’apprentissage est celle portée par la psychologie sociale et de l’apprentissage cognitif

et social. Pour Albert Bandura, les renforcements positifs ou négatifs ne sont pas la seule manière d’apprendre. Il

affirme que nombreux comportements ou réponses sont acquis par l’apprentissage par observation (modelage), ce

qu’il appelle l’apprentissage sociocognitif. Cet apprentissage résulte de situations où un sujet observe le

comportement d’autrui et note les conséquences de son/leur comportement. Cet apprentissage par observation

n’est d’ailleurs pas limité aux humains. Les singes par exemple apprennent des peurs spécifiques en observant

d’autres singes.

La personne qui expose le comportement ou dont le comportement est imité s’appelle en psychologie sociale le

modèle. Les parents, les stars de cinéma ou de chanson, les personnalités sportives peuvent être des modèles

puissants, particulièrement durant l’enfance et l’adolescence. L’efficacité d’un modèle est liée à son statut, à son

pouvoir, à sa compétence. On a aussi identifié d’autres facteurs importants comme l’âge, le sexe, l’attirance

physique ou l’appartenance ethnique du modèle. Pour que le comportement appris soit mis en œuvre, il faut que

le modèle observé soit récompensé ou punit pour ce comportement. La recherche a également prouvé que

l’apprentissage par observation est amélioré quand plusieurs séances d’observation précèdent la ou les tentatives de

mise en œuvre du comportement.

Mais la répétition seule de l’observation du comportement n’est pas suffisante pour faire apprendre un

modèle à un observateur. Assez logiquement, l’observateur doit être physiquement et cognitivement capable

d’effectuer le comportement afin de l’apprendre.

Quel que soit le nombre d’heures qu’on consacre à observer le jeu de Federer, on ne pourra pas en acquérir sa qualité

à moins que l’on possède déjà un certain talent physique au moins égal au sien. Identiquement, il est peu probable qu’un

enfant de maternelle apprenne la géométrie en observant son frère de 13 ans faire ses devoirs.

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Bandura va plutôt s’intéresser à l’apprentissage de réponses émotives ou émotionnelles. Différentes études, dont une

de 2002, ont constaté que les enfants en bas âge, dont les mères exprimaient de la peur à la vue d’un serpent ou d’une

araignée en caoutchouc, présentaient des niveaux sensiblement plus élevés de peur face à ces mêmes objets plus tard par

rapport à des enfants en bas âge dont les mères n’avaient pas exprimé de peur à la vue de ces serpents ou araignées en

caoutchouc. Réciproquement, on sait à travers les travaux de recherche que les enfants qui voient ou observent un parent

se comportant sans peur devant une situation potentiellement dangereuse semblent être « immunisés » à la peur dans

des situations effrayantes ou dangereuses plus tard

Bandura est particulièrement connu pour la notion d’apprentissage des comportements agressifs. Il postule

que les comportements agressifs sont particulièrement copiés en raison d’un apprentissage par imitation des actes

agressifs et violents, avec le postulat que ces actes agressifs et violents sont observés dans les programmes

télévisuels. Il induit l’hypothèse que ces programmes télévisuels, y compris les dessins animés, tendraient à

augmenter l’agressivité chez les enfants.

Une des études les plus classiques de la psychologie est la suivante :

On va observer 3 groupes d’enfants préscolaires :

• Les enfants dans un groupe vont observer individuellement un modèle adulte donner des coups de pied et frapper à l’aide d’un maillet une poupée en plastique gonflable qui est la fameuse poupée Bobo, le tout accompagné de phrases agressives.

• Le 2nd groupe d’enfants va observer un modèle adulte non agressif qui ignore la poupée Bobo et joue tranquillement à côté.

• Le 3ème groupe d’enfants, qui est le groupe contrôle, a été placé dans la même salle mais sans la présence d’un adulte.

Plus tard, ces enfants ont été placés dans cette salle avec la fameuse poupée Bobo et on a observé chacun de ces

enfants à travers un miroir sans teint. Bandura et son équipe, en 1963, constatent que les enfants exposés au modèle

agressif ont imité en grande partie l’agression et se sont significativement plus engagés dans des agressions

nouvelles, c’est à dire que ces agressions vis-à-vis de la poupée Bobo ne relèvent pas de l’imitation pure. Les enfants

qui ont observé un modèle non agressif ont quant à eux exposé moins de comportements agressifs que les enfants

du groupe contrôle. Cette célèbre recherche de la poupée Bobo de Bandura, qui est une recherche sur l’apprentissage

par imitation, montre que les enfants ont appris à copier l’agression en observant des modèles adultes agissant

agressivement envers la poupée Bobo.

Une autre étude de Bandura en 1963 a comparé le niveau d’agressivité chez les enfants selon 3 conditions

expérimentales :

• Un 1er groupe d’enfant était exposé à un modèle agressif vivant • Un 2ème groupe était exposé à une version filmée d’un acte agressif • Un 3ème groupe était exposé à un film dépeignant un personnage de dessin animé agressif donc

présentant à peu près les mêmes comportements agressifs que les adultes mais dans un univers fantastique.

• Un 4ème groupe qui était le groupe contrôle composé d’enfants qui n’étaient pas exposés à des modèles agressifs.

La résultante de cette expérience, c’est que les groupes exposés aux modèles agressifs ont tous montré

significativement plus d’agressivité que le groupe contrôle. D’autre part, la conclusion de Bandura c’est que « dans

les 3 conditions expérimentales, celle de l’exposition à des agressions filmées a été la plus influente dans la formation et

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l’acquisition des comportements agressifs ». Les recherches de Bandura ont donc créé une vraie impulsion en

psychologie pour étudier les effets de la violence et de l’agressivité à la télévision ou dans les dessins animés.

Certaines études dans les années 2000 ont montré que les jeux-vidéos violents augmentent les

comportements agressifs mais également tous les autres supports dans lesquels il y a des actes de violences

(musiques, clips voire même internet). En réponse à ces travaux, un certain nombre de chercheurs ont argumenté

que la violence télévisuelle, si elle est suivie de conséquences appropriées comme une arrestation, pourrait apprendre

aux enfants à ne pas s’engager dans ce type d’agression. Ceci est vrai mais des recherches ont montré que les enfants,

ne traitent pas les informations au sujet des conséquences comme les adultes. On constate que les enfants tendent

à juger le bien-fondé ou non d’un acte de violence en termes de provocation, c’est à dire que les enfants, jusqu’à un

certain âge, croient que la violence par représailles est moralement acceptable même si parfois elle est punie par une

figure d’autorité.

Tous ces résultats font un peu peur mais il faut penser que si les enfants imitent les comportements agressifs

qu’ils observent à la télévision, ils imitent également les comportements pros sociaux ou d’aide, qu’ils observent

aussi.

VI. Approche humaniste de la personnalité et ses méthodes

A) Introduction

L’approche humaniste est un système de pensées dans lequel ce sont les intérêts et les valeurs de la personne qui

sont de première importance. Cette approche fait partie du mouvement humaniste en psychologie qui a prospéré à

partir des années 60-70 et qui continue d’influencer fortement la psychologie aujourd’hui. Le cadre de l’émergence

de ce mouvement était de modifier les méthodes et les sujets de la psychologie puisque les psychologues humanistes

sont opposés à la fois à la psychanalyse et au behaviorisme Ils vont critiquer Freud et la tradition psychanalytique

car elle étudie seulement le côté émotionnellement perturbé de la nature humaine. De même, les psychologues

humanistes rediscutent l’approche comportementaliste en psychologie qu’ils jugent réductionniste parce que les

psychologues comportementalistes tendent à nier l’existence de forces conscientes et inconscientes puisqu’ils se

concentrent uniquement, exclusivement, sur l’observation objective de comportements manifestes. Dans cette

approche, les psychologues humanistes nous disent que l’on va représenter l’Homme comme un robot qui réagit aux

évènements de façon prédéterminée. Les humanistes vont s’opposer à ce point de vue et faire valoir que les sujets

ne sont pas comparables à des rats de laboratoire ou à des ordinateurs. Les psychologues humanistes vont plutôt se

centrer, sur nos forces, nos qualités et explorer le comportement humain à son meilleur et non pas à son pire état. Ce

sont des théories qui vont mettre l’accent sur les ressources, les points forts d’un individu, sur ses aspirations, sur sa

volonté consciente et sur la réalisation de son plein potentiel.

La conception humaniste de la personnalité est intrinsèquement liée à la notion de thérapie centrée sur la

personne qui a été théorisée par Carl Rogers. C’est une psychothérapie non directive, d’abord dénommée comme

centrée sur le patient, et qui sera ensuite appelée centrée sur la personne. Quand on parle de thérapie centrée sur la

personne, cela suggère que la capacité de modifier, d’améliorer sa personnalité se situe dans la personne. C’est la

personne, le patient, et non le psychologue, le thérapeute, qui dirige un tel changement dans la personnalité du

patient. Le rôle du thérapeute est d’aider ou de faciliter le changement. La théorie rogérienne postule que les

Hommes sont des êtres rationnels, gouvernés par une perception consciente d’eux-mêmes et de leur monde

expérientiel (centration sur le conscient). Rogers, sans nier la question de forces inconscientes, ne leur donne pas

beaucoup d’importance, ni d’ailleurs aux explications freudiennes. Il rejette également l’idée que ce sont les

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évènements passés qui exercent une influence déterminante sur nos comportements actuels (centration sur le

présent). Il reconnaît que les expériences de l’enfance affectent la façon dont nous percevons notre environnement

et la façon dont nous nous percevons nous-mêmes, mais il pense que les sentiments et les émotions actuels ont une

bien plus grande importance ou un plus grand impact sur la personnalité. Dans cette approche humaniste, on va se

centrer sur le conscient et sur le présent.

La personnalité ne peut être comprise qu’à partir de notre propre point de vue qui est formé sur la base de

nos expériences subjectives. Ça reprend l’idée de la phénoménologie, qui indique que la seule réalité dont nous

pouvons être sûre est notre propre monde subjectif de l’expérience, notre perception interne de la réalité. Cela

implique que cette perception ne coïncide pas toujours avec la réalité objective.

B) Principes

Rogers a proposé une motivation primordiale, innée, dans la structuration de la personnalité humaine qui

est la tendance innée à l’actualisation, c’est-à-dire à développer nos capacités et nos potentiels, qu’ils soient à la

fois biologiques et psychologiques. C’est le concept central d’actualisation personnelle.

Le but ultime de l’être humain est la réalisation de soi, c’est-à-dire qu’on est tourné vers un objectif de

devenir ce que Rogers appelle une « personne fonctionnant pleinement ».

La tendance à l’actualisation est le noyau de la théorie de Rogers. Il pense que les sujets sont motivés par une

tendance innée à réaliser, maintenir et améliorer leur moi. Le moi est ici conçu comme une réalité subjective, donc

qui se modifie au fil des expériences. Cette tendance à l’actualisation répond d’une part aux exigences de base telles

que les besoins en matière de nourriture, d’eau et de sécurité, donc la tendance à l’actualisation maintient

l’organisme en bon fonctionnement, en équilibre. L’individu et l’organisme d’un sujet sont orientés vers un but

unique, sa conservation et son enrichissement. D’autre part, cette tendance à l’actualisation répond à d’autres

besoins que ces besoins de base comme nous verrons dans la pyramide des besoins de Maslow.

Un des besoins fondamentaux de l’épanouissement humain dans la théorie rogérienne est le besoin de

considération positive d’autrui et de soi. Un besoin de base dans la vie est de faire l’expérience de respect, de

sympathie de la part de personnes significatives, c’est un besoin d’un regard positif inconditionnel des autres

signifiants. Quand un sujet reçoit un regard positif des autres et développe alors une auto-considération positive, il

peut à son tour porter, poser un regard positif sur les autres.

Notre niveau d’adaptation psychologique et de santé est fonction de la compatibilité entre notre concept de soi

et nos expériences, c’est ce que Rogers appelle la congruence. Celle-ci se rapporte à notre adaptation/ inadaptation

personnelle, l’adaptation étant marquée par une absence relative d’anxiété. L’idée de la congruence c’est que les

expériences qui sont compatibles avec l’image du moi sont intégrées dans sa structure alors que les expériences

qui s’opposent à l’image du moi vont être refoulées. Ces expériences qui sont incongruentes ou incompatibles avec

notre concept de soi deviennent menaçantes et vont générer de l’anxiété, du malaise chez le sujet.

Par exemple, si on a un concept de soi qui inclut la croyance que l’on aime l’humanité tout entière, qu’on est

fondamentalement bon, si on rencontre quelqu’un envers qui on ressent de la haine, on va potentiellement pouvoir

développer de l’anxiété ou un malaise personnel car la haine n’est pas congruente avec notre image de nous-même

comme une personne fondamentalement aimante.

L’approche humaniste est donc plutôt du côté du libre arbitre que de celui d’un déterminisme historique

comme dans la psychanalyse, puisqu’aucun aspect de la personnalité n’est prédéterminé. Rogers donne une

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importance princeps au rôle de l’environnement. Cette notion d’actualisation est bien une tendance innée mais cette

tendance est influencée par les facteurs sociaux, par les forces biologiques… Les expériences de la petite enfance ont

un certain impact sur le développement de la personnalité mais les expériences de vie ont une plus grande

importance. Nos sentiments, perceptions, actuels sont plus essentiels à notre personnalité que les évènements

de notre enfance. L’approche humaniste indique que le but ultime et nécessaire de la vie est de devenir une personne

pleinement opérationnelle. On a ici une considération du sujet en santé et en souffrance qui est une perception

positive et optimiste puisque tout sujet est guidé par une tendance innée à la croissance et à la réalisation de son

plein potentiel. On est dans une perspective tout à fait différente de la psychanalyse qui elle postule que nous

sommes gouvernés par des forces biologiques pulsionnelles ou contrôlés par un certain nombre d’évènements qui

ont lieux avant nos 5 premières années de vie.

Dans le cadre de cette perspective humaniste de la personnalité et du fonctionnement humain, un des

principes de base de la motivation est celui de la théorie de la hiérarchie des besoins proposé par Abraham Maslow.

Les différents besoins de motivation sont ordonnés dans une hiérarchie sous forme pyramidale. A la base de cette

pyramide se trouvent les besoins les plus fondamentaux, les besoins primaires, et les besoins de plus haut niveau

sont en haut de la pyramide. L’idée de la pyramide des besoins de Maslow c’est qu’avant que les besoins de plus haut

niveau soient satisfaits dans la hiérarchie, les besoins primaires doivent l’être. La forme pyramidale permet de

concrétiser l’idée que chaque besoin est motivant jusqu’à ce qu’il soit satisfait. Une fois que j’ai satisfait mes

besoins physiologiques, je vais pouvoir orienter ma motivation et mes comportements vers la satisfaction du besoin

supérieur qui est alors le besoin de sécurité. Une fois un besoin satisfait, on peut passer au suivant. Cette théorie,

même si elle est remise en cause, permet de concilier le fait qu’il existe des besoins fondamentaux universels mais

aussi des différences interindividuelles puisque chacun d’entre nous va se situer à un niveau différent dans la

pyramide.

Quels sont les besoins identifiés par Maslow ?

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• Les besoins physiologiques sont ceux qui sont basés sur les besoins physiques ou biologiques (eau,

nourriture…) qui correspondent aux besoins liés à la survie, à des pulsions instinctives.

• Le besoin de sécurité. Il regroupe les besoins de confiance, de sécurité, l’absence d’inquiétude, de crainte

concernant particulièrement la réalisation ou l’accomplissement des besoins présents et futurs qui

seraient les besoins liés au logement, aux ressources financières, à la sécurité physique et psychologique,

à la stabilité affective, à la sécurité médicale…

• Besoins sociaux (ou besoins d’appartenance), incluent la nécessité d’obtenir et de donner de l’affection,

de contribuer à certains groupes ou sociétés. Ils résultent des besoins d’appartenance au groupe et

d’affection (amour, solidarité, …)

• Les besoins d’estime se rapportent au développement d’un sens de sa valeur personnelle sachant que

d’autres reconnaissent et respectent ces valeurs et ces compétences.

• Le besoin de réalisation de soi qui est le niveau d’épanouissement dans lequel le sujet réalise son plein

potentiel, ce sont des besoins tournants autour du progrès, de l’épanouissement, de la création…

On retrouve bien ici mise en valeur l’idée humaniste qu’un comportement ou que les conduites humaines

sont déterminées par la recherche de satisfaction de ses besoins fondamentaux, les besoins physiologiques étant des

besoins ayant une priorité absolue sur tous les autres besoins. Maslow est connu pour sa pyramide qui a eu l’intérêt

de souligner que l’individu n’était pas guidé par un seul unique besoin. Cette pyramide est toutefois critiquée dans

sa notion de hiérarchie des besoins. On pense actuellement davantage les besoins en interaction qu’en hiérarchie.

D’ailleurs il n’y a pas toujours de différence très tranchée entre les catégories de Maslow, notamment entre le besoin

d’estime et le besoin d’appartenance ou les besoins sociaux. Par exemple, quand on achète un vêtement à la mode ça

correspond à la fois à un besoin d’appartenance à un groupe qu’à un besoin d’estime. D’autre part, certains auteurs,

particulièrement ceux qui s’appuient sur les études éthologiques, tendent à suggérer que la notion de sécurité est en

fait un besoin biologique.

La théorie humaniste souligne que toutes les personnes ont une tendance naturelle à maintenir le niveau le

plus élevé de fonctionnement, qu’on est tous guidé par un besoin universel d’être aimé et respecté par les autres.

Pour avoir une bonne estime de soi, nous comptons sur la valeur que les autres nous attachent. Un équilibre entre le

concept de soi et l’opinion des autres est important pour le développement d’une personnalité « saine ». Si on a un

écart entre la perception de soi et l’opinion des autres, alors cela peut mener à des troubles psychologiques tels que

l’anxiété. Pour les psychologues humanistes, l’objectif final de la croissance de la personnalité est l’autoréalisation

qui est cet état d’épanouissement dans lequel les gens réalisent leur potentiel le plus élevé, répondent à leurs besoins

les plus élevés dans la pyramide de Maslow.

C) Méthodes

Dans le cadre de cette approche humaniste, la méthode privilégiée, que ce soit en pratique clinique, en

consultation ou en recherche est l’entretien (entretien en face à face, non directif = modèle rogérien). C’est Rogers

qui a théorisé les bases de l’entretien clinique avec 2 notions clé : l’empathie et la neutralité bienveillante. Le rôle

du thérapeute est de faciliter le changement.

Rogers est connu pour s’opposer aux techniques de l’approche psychanalytique, c’est-à-dire l’association

libre, l’analyse des rêves et l’étude de cas. Il pense que ces techniques rendent le patient dépendant du thérapeute,

qui est pris dans une aura d’expertise et d’autorité, et que ces techniques enlèvent en quelque sorte la responsabilité

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personnelle des patients puisqu’elles donnent l’impression que le thérapeute, le soignant, sait tout à leur sujet. Le

patient peut alors être conduit à conclure que c’est le thérapeute qui va résoudre son problème et que tout ce qu’il a

à faire est de s’asseoir et de suivre les instructions de l’expert. Pour Rogers, la seule façon d’évaluer la personnalité

est en termes d’expériences subjectives du sujet, on s’intéresse aux évènements de vie de la personne selon

comment elle, elle les perçoit et les accepte comme réels ou non. Il soutient que les patients ont la possibilité de

considérer les racines de leurs problèmes et de réorienter leur personnalité vers la croissance qui peut être parfois

entravée car il y a des situations d’incongruences entre leur concept de soi et leurs expériences. C’est donc dans

le cadre de sa thérapie centrée sur la personne qu’il va proposer que, dans le cadre de la thérapie, le patient soit

accepté tel qu’il est et le rôle ou la position du thérapeute ou du soignant est de porter sur lui ce qu’il appelle un regard

positif inconditionnel. Il faut que le soignant n’émette pas de jugement sur le comportement du patient et n’émette

pas non plus de conseils sur la façon de se comporter.

Pour cela, Rogers définit le cadre privilégié de sa thérapie centrée sur la personne, qui est celui de l’entretien

en face à face, guidé par une écoute non directive. C’est ce qu’on appelle le modèle Rogérien de l’entretien, dans

lequel il décrit des caractéristiques fonctionnelles pour les psychologue, qui sont les mêmes que pour tout soignant :

• Il s’agit de faire bon accueil au sujet

• D’être réceptif (empathie)

• Bienveillant (neutralité bienveillante)

• Centré sur la personne

• Et de favoriser la communication sans interpréter.

Le psychologue doit mettre le sujet dans une relation de confiance en utilisant l’empathie, qui est la capacité

à percevoir le cadre de référence interne de l’autre. L’empathie joue un rôle essentiel dans la relation et dans

l’efficacité thérapeutique. C’est une des clés qui permet d’établir une bonne alliance relationnelle avec le sujet, on

parle également d’alliance thérapeutique, y compris dans la relation soignant-soigné dans un modèle plus médical.

Rogers définit l’empathie de la manière suivante : être empathique consiste à percevoir avec justesse le cadre de

référence interne de son interlocuteur ainsi que les raisonnements et émotions qui en résultent, c’est-à-dire capter la

souffrance ou le plaisir tel qu’ils sont vécus par l’interlocuteur, en percevoir les causes de la même façon que lui.

L’empathie est conçue comme une compétence inter personnelle nécessitant un ensemble d’aptitudes intra

personnelles.

La notion de neutralité bienveillante renvoie à la nécessité pour le professionnel de soin d’être neutre quant

aux valeurs religieuses, morales et sociales. Il doit être neutre également quant au discours du sujet. Il s’agit de ne

pas juger le discours, ni en termes de jugement de valeur, ni en termes d’expression de sympathie ou d’antipathie,

d’approbation, ni encore en termes de rejet du discours, ou quant aux préjugés théoriques. Le clinicien ne doit pas

formuler de jugement, de critique ou de désapprobation à l’égard du sujet. Ce n’est pas non plus une froideur ou une

distance totale puisqu’à cette notion de neutralité Rogers y adjoint la notion de bienveillance, c’est-à-dire un certain

engagement positif reposant sur l’intérêt porté à l’autre. C’est une considération positive de l’autre qui va permettre

au patient de s’exprimer librement en toute confiance (définition de Fernandez).

Ce présupposé clinique est essentiellement reconnu pour avoir délimité le champ de la pratique de l’entretien

clinique et d’en avoir donné les caractéristiques fonctionnelles qui sont essentielles dans la relation soignant-

soigné.

D) Limites

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On a reproché à Rogers d’avoir omis d’expliquer plus précisément sa notion de potentiel inné à propos de

l’actualisation. Est-ce quelque chose de totalement physiologique ou y-a-t-il une part de psychologique à l’intérieur ?

Est-ce qu’il y a des différences individuelles qui seraient possibles ? Il décrit ici un modèle génétique pour le

développement de l’organisme mais il n’a pas précisé comment ce mécanisme fonctionne. D’autre part, on peut

souligner que Rogers ignore les facteurs dont le patient n’a pas conscience mais qui pourraient influencer sur ses

conduites ou ses comportements puisqu’il explore la personnalité seulement d’après l’étude des expériences

subjectives (biais de désirabilité sociale, évènements inconscients, refoulés). Il ne donne pas accès à UNE réalité mais

à LA réalité du patient.

VII. Approche psychopathologique de la personnalité : troubles de la personnalité

Lorsqu’on aborde la question de la personnalité en psychologie, implicitement on va questionner ce concept en

termes de normalité et de pathologique. Une personnalité catégorisée comme pathologique est appelée un trouble

de la personnalité.

En approche psychologique de la personnalité, on est toujours dans un débat entre :

➢ Une perspective dite catégorielle où on va classifier des catégories de personnalités pathologiques, troublées, donc les troubles de la personnalité. Il s’agit plutôt d’une distinction qualitative entre les membres de différentes catégories. Ça correspondrait plutôt à l’approche de la psychiatrie.

➢ Une approche dite dimensionnelle dans laquelle on va catégoriser des traits universels de personnalité dans lesquels chaque individu peut scorer plus ou moins. Ici on est plutôt dans une description quantitative. Ça correspondrait plutôt à l’approche de la psychologie.

La catégorisation est essentielle pour la collecte de connaissances. Ces tentatives d’organisations des troubles

psychiatriques sont basées sur des principes différents. Certains systèmes vont chercher à créer des classifications

selon de similarités descriptives, d’autres des similitudes structurelles (caractéristiques moins évidentes).

L’approche catégorielle qui est extrêmement utilisée en psychiatrie et en psychopathologie, repose sur la notion

de classification des troubles et des pathologies mentales. On va utiliser, comme dans le modèle médical classique,

un système de classification pour subdiviser ou organiser un ensemble d’objets, ici des pathologies psychiatriques.

Une classification est souvent basée sur une décision en oui ou non. En médecine, on utilise souvent des

classifications catégorielles. Ce système, bien que critiquable est néanmoins essentiel pour la collecte et la

communication des connaissances dans les approches scientifiques et inter professionnelles.

Cette classification permet d’organiser les informations mais les psychologues ont proposé plutôt une approche

dimensionnelle. On va déterminer combien cette caractéristique est exposée par le patient. Plutôt que de se

demander si le patient est intelligent oui ou non, le psychologue va chercher à déterminer le niveau intellectuel du

patient sur différentes tâches. On fait des distinctions plus subtiles.

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Pr. Potard

A) L’approche psychiatrique /catégorielle : classification des troubles

La classification des troubles psychiatrique présente 2 avantages :

• Il permet d’avoir un système de classification qui fait corresponde les symptômes du patient à une pathologie, au type de soin efficace

• Il peut aussi être utilisée en recherche et donne une classification internationale. En effet il faut en premier identifier le problème pour trouver le traitement efficace

Actuellement, on dispose de 2 systèmes de classification en psychiatrie :

• Le manuel diagnostique et statistique, DSM 5 (paru en 2013), qui est publié par l’association

américaine de psychiatrie

• La classification internationale des maladies, CIM 10, qui est proposée par OMS (utilisé à l’hôpital)

Ces 2 classifications évoluent de façon conjointes et ont été développées peu après la 2nde guerre mondiale, elles sont

donc régulièrement révisées.

Ces 2 manuels proposent, même s’il y a un peu de dimensionnelle, avant tout une approche catégorielle.

C’est-à-dire qu’ils définissent un seuil pour chaque personnalité, qui va différencier la personnalité normale du trouble

de la personnalité puisque la notion de trouble de la personnalité implique des comportements, des conduites, des

attitudes et une détresse subjective persistante, durable dans le temps, ayant un impact dans les relations avec les

autres, ce qui les différencient des troubles psychiques, psychiatriques, qui sont par exemple la dépression,

l’agoraphobie… Le trouble de la personnalité est quelque chose de pérenne, un fonctionnement de l’individu qui

caractérise sa relation permanente au monde et aux autres.

Le premier à avoir travaillé sur cette notion d’une personnalité pathologique c’est Schneider qui va décrire une

personnalité de type psychopathique. On parle depuis ses travaux de trouble de la personnalité lorsqu’il y a une

déviation importante des conduites, des attitudes, des comportements d’une personne par rapport à ce qui est

attendu culturellement dans certains domaines comme :

- Le relationnel - Contrôle et inhibition des impulsions - Stabilité affective - Stabilité des idées, des représentations.

Pour parler de trouble de la personnalité, il faut caractériser un mode de fonctionnement qui est psychorigide, qui

génère une souffrance psychologique et à des difficultés individuelles et/ou sociales voire professionnelles. Ce sont

des troubles qui peuvent générer une souffrance également chez les autres, dans l’entourage.

Ce sont des troubles de la personnalité qui caractérisent des modes de comportements profondément inadaptés,

qui sont souvent reconnaissables dès l’adolescence et vont perdurer à l’âge adulte. Normalement, tout bon praticien

ne pose pas de diagnostic de trouble de la personnalité avant l’âge adulte puisque l’adolescence est une période de

développement, où il y a un certain nombre de remaniements et donc la personnalité n’est pas stabilisée. On pose

aussi un trouble de la personnalité à partir du moment où ce ne sont pas des troubles liés ou consécutifs à d’autres

troubles. Ce sont en quelque sorte des manières d’être inadaptées et on identifie à peu près 10 % de la population

générale qui présenterait un trouble de la personnalité.

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70

Pr. Potard

Ce sont des troubles extrêmement difficiles à traiter puisque beaucoup de ces patients ne sont pas conscients de leur

trouble de la personnalité et ne parviennent pas à associer leurs difficultés à leur manière de penser et d’agir qui sont

rigides. Il n’est pas rare qu’une personne qui souffre d’un trouble de la personnalité souffre également d’un autre

trouble psychologique, c’est une comorbidité. Il n’est pas rare non plus de poser des diagnostiques de type

schizophrénie paranoïde sur trouble de la personnalité schizoïde. Il est possible que certains troubles de la

personnalité prédisposent à développer certains troubles psychologiques. Par exemple, les patients qui souffrent

d’un trouble de la personnalité évitante, qui sont terriblement timides, isolés de toute relation, sont plus à risque de

développer une phobie sociale.

1) DSM-5

Le DSM 5 identifie 10 troubles de la personnalité qui vont être catégorisés en 3 groupes qu’on appelle cluster.

➢ Le cluster A : troubles de la personnalité caractérisés par l’originalité, la bizarrerie. On va décrire des comportements un peu étranges ou excentriques. Ces patients sont souvent isolés. On peut retrouver les symptômes de ce cluster dans d’autres pathologies comme la schizophrénie (méfiance extrême, retrait social, façon particulière de penser). Il va se composer de la personnalité Paranoïaque, Schizoïde et schizotypique. Les personnes qui souffrent de ce type de trouble sont généralement très résistantes aux traitements et prises en charge. .

➢ Le cluster B : troubles de la personnalité caractérisés par un désordre émotionnel, un goût du drame. Ça renvoie à des comportements de dramatisation dans lequel on va retrouver différents troubles de la personnalité : personnalité antisocial, borderline, histrionique et narcissique. Il est presque impossible pour ces personnes d’avoir des relations qui soient vraiment satisfaisantes. Ce sont les troubles les plus fréquemment diagnostiqués. Les traitements sont inefficaces à modérément efficaces.

➢ Le cluster C caractérise des troubles de la personnalité colorés par l’anxiété, il s’agit d’un haut degré d’anxiété. Ce cluster comprend les troubles de la personnalité évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive.

Troubles Caractéristiques

C L U S T E R

A

C

Trouble de la personnalité paranoïaque

Se méfient fortement des autres et de leurs motivations. Ils croient que tout le monde leur en veut,

leur veut du mal. Tendance à fuir les relations sociales ou affectives.

Leur confiance dans leurs propres idées et capacités est souvent excessive. Très critiques à l’égard

des faiblesses ou des potentiels fautes des autres, notamment dans le cadre du travail ou des

études. Sensibilité à la critique. Personnes extrêmement rancunières, reprochent les choses qui

vont mal dans leur vie aux autres.

Reste extrêmement froid et distant.

Ne sont pas totalement délirants.

L’OMS stipule qu’entre 0,5 et 3 % de la population adulte souffrirait de ce trouble avec

apparemment plus d’hommes que de femmes.

Trouble de la personnalité schizoïde

Evitement et limitation des relations sociales, peu d’émotions exprimées et exposées.

Considérés comme solitaires, froids, transparents. Arrivent facilement à se faire oublier. D’ailleurs, quand ils

cherchent un emploi, ce sont souvent des emplois qui nécessitent peu ou pas de contact avec les autres.

Indifférents y compris à leur famille. Problème Conjugaux

Centration principalement sur Moi

Exposent rarement des émotions, que ce soient des émotions de colère ou de joie. (Faible expression

émotionnelle)

Peu affectés par les éloges ou les critiques

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Pr. Potard

L U S T E R

A

Moins de 1 % de la population selon l’OMS et légèrement plus fréquent chez les hommes que chez les femmes.

Chez les hommes souffrant de ce trouble de la personnalité, ils sont souvent plus déficitaires que les femmes

souffrant de ce même trouble.

Trouble de la personnalité schizotypique

Nombreux problèmes inter personnels

Inconfort extrême dans les relations de proximités, intimes, cherchent à être isolées socialement et qui n’ont

que quelques amis très proches.

Manières bizarres de penser et de percevoir le monde

Présentent également certaines excentricités comportementales.

Ce trouble est plus sévère que les 2 troubles précédents.

Idées de référence (croyances erronées selon lesquelles des évènements, des objets ou des personnes de

l’environnement immédiat du sujet ont une signification particulière ou inhabituelle), illusions corporelles. Il

n’est pas rare que ces patients considèrent qu’ils ont des capacités un peu extra-sensorielles comme un

contrôle magique sur les autres.

Les émotions sont pauvres et souvent inappropriées.

Ce sont des personnes qui ont des difficultés à maintenir leur concentration et leur attention.

Choisissent des emplois peu exigeants qui sont au-dessous de leurs propres capacités,

On estime que 2 à 4 % de la population générale, avec un peu plus d’hommes que de femmes, souffre de ce

trouble de la personnalité.

Troubles Caractéristiques

C L U S T E R

B

Trouble de la personnalité antisociale

Décrits comme psychopathe ou sociopathe,

Exposition d’un mépris persistant et une violation des droits des autres.

A l’exception des troubles qui sont liés aux addictions ou à la toxicomanie, c’est le c’est le trouble qui est le plus

étroitement lié au comportement criminel adulte.

Il faut que la personne ait au moins 18 ans pour pouvoir recevoir un diagnostic de ce trouble mais la plupart

des personnes qui souffrent de ce trouble exposent certains méfaits avant l’âge de 15 ans comme des fugues,

des actes de cruauté envers les animaux ou les personnes et la destruction. Mensonge systématique

Impulsivité y compris au travail, fréquemment absents ou susceptibles de quitter leur emploi de façon

impromptue, (problème avec l’argent), action sans penser aux conséquences, imprudence

Irritables, agressives, promptes à engager la bagarre ou les conflits. Ce sont des personnes qui ont peu de

soucis pour leur propre sécurité ou pour celle des autres, y compris parfois pour celle de leurs enfants.

Extrêmement égocentriques, pas de conscience morale, savent tirer profits des autres, et souvent au

détriment des autres., ils vont penser que leurs victimes sont gens faibles et qu’ils méritent bien d’avoir ce qu’il

leur arrive.

On est sur un consensus autour de 2 à 3 % de la population générale qui répondrait aux critères de ce trouble

de la personnalité, sachant que ce trouble est 4 fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. On

estime que près de 40 à 50 % des personnes qui sont emprisonnées répondent aux critères diagnostiques de

cette pathologie.

Aucun traitement à ce jour

Trouble de la personnalité borderline

Grande instabilité de l’humeurs et de l’image de soi instable (présentent des états dépressifs, anxieux, une

certaine irritabilité qui peut durer de quelques heures à quelques jours. Ce sont des personnes qui semblent

toujours en conflit avec le monde (sujettes à des accès de colère). Dirigent leur colère et leur impulsivité

contre elles-mêmes : comportements d’automutilation, lésions corporelles se brûler, scarifications, se

cogner la tête contre les murs. De plus en plus rencontrés en pratique clinique aux urgences car ils se sont

intentionnellement blessés.)

Addictions, alcoolisation, toxicomanie, souvent lié à de la délinquance. Rapports sexuels non protégés

Sentiment profond de vide.

Le malaise physique offre à ces patients un soulagement à leurs souffrances psychiques, preuve concrète

pour ces patients de leur détresse émotionnelle. Menaces suicidaires et au passage à l’acte. Près de 75 % des

personnes souffrant de ce trouble ont fait au moins une tentative de suicide dans leur vie et environ 10 % se

sont réellement suicidées. Le taux de suicide chez ces personnes est à peu près 50 fois supérieur à celui de la

population générale selon l’OMS.

Idéalisation dans un 1er temps des capacités, des qualités de l’autre personne mais il y a une telle idéalisation

de l’autre qui est toujours défaillant qu’on retrouve dans un 2ème temps un basculement vers un mouvement

de dé-idéalisation de l’autre. Ce sont des personnes qui vont penser en termes dichotomiques et donc durant

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C L U S T E R

B

la dé-idéalisation elles vont être furieuses, déçues. Le patient, malgré cette dé-idéalisation, va rester très

attaché à la relation

Crainte, peur récurrente d’abandon. La personne va se scarifier ou menacer de se suicider lorsque son

partenaire veut ou va la quitter.

Ce sont des personnes qui vivent dans des changements spectaculaires dans leur identité et elles ont un sens

de soi assez instable ce qui va faire changer assez rapidement leur but, leurs aspirations, leurs amis et parfois

même leur orientation sexuelle.

Entre 1 et 2,5 % de la population générale est supposée souffrir de ce trouble de la personnalité et près de 75

% de ces patients sont des femmes.

L’évolution de la maladie est très variable. Le plus souvent, l’instabilité et le risque suicidaire culmine au cours

de l’âge adulte pour ensuite décliner progressivement avec l’âge. On voit une sorte de stabilisation autour de

40 ans de ces grands symptômes même s’il reste un arrière-fond. Traitement en amélioration

Trouble de la personnalité histrionique (autrefois appelée personnalité hystérique)

Exagérément émotives

En quête continuelle de l’attention, se mettent toujours en scène. Elles utilisent des gestes, des manières

extrêmement théâtrales, un langage un peu précieux ou grandiose, pour décrire des évènements quotidiens

ordinaires. Comme des caméléons, ces personnes vont se transformer pour attirer l’attention, (peuvent

changer leurs opinions et leurs croyances). Recherche d’approbation et de louanges, (toujours avoir un public)

personne égocentriques, exigeantes.

Certaines personnes souffrant de ce trouble vont utiliser des tentatives de suicide pour manipuler les autres.

Attirer l’attention sur elle-même en exagérant leur maladie physique ou certains symptômes physiques,

somatiques.

Stratégies de séduction sexuelle, manières de se comporter très provocantes, avec des vêtements aguicheurs

de couleurs vives. En soit, la satisfaction sexuelle ou le rapport sexuel ne les intéresse pas beaucoup.

Ce sont des personnes qui exagèrent vraiment beaucoup leurs relations, qui sont engagées avec des

partenaires qui sont extrêmement séduisants, beaux ou belles, mais qui les maltraitent.

On est autour de 2 à 3 % des adultes qui souffriraient de ce trouble de la personnalité et il semblerait que les

hommes et les femmes soient également représentés dans la prévalence de ce trouble.

Trouble de la personnalité narcissique

Il caractérise des personnes qui ont un sens grandiose d’eux-mêmes, un besoin important d’être admirées et

qui ressentent peu ou pas d’empathie envers les autres, rarement intéressées par les sentiments des autres

Convaincues de leur grand succès, de leur grand destin, de leur pouvoir, voire de leur beauté et qui attendent

une attention constante et surtout une admiration de ceux qui les entourent. Profil d’autosatisfaction extrême

Elles vont être extrêmement exigeantes par rapport à leur entourage, à leur partenaire par exemple. Ne

peuvent être appréciées que par d’autres personnes qui sont aussi spéciales qu’elles.

En raison de leur charisme et de leur forme d’intelligence sociale, ce sont des personnes qui font dans un

premier temps toujours bonne impression. A long terme, le maintien des relations est difficile. Ce sont des

personnes qui sont extrêmement bien insérées socialement. Si on critique ce type de personne, une 1ère

réaction sera de générer chez le patient un accès de rage et dans ce cas ça va conduire à des scènes

d’humiliations de l’autre.

On est à environ 1 % de la population adulte qui présenterait ce type de trouble et là encore 75 % d’entre eux

sont des hommes. C’est un des troubles les plus difficiles à traiter.

Troubles Caractéristiques

C

C L U

Trouble de la personnalité évitante

Très mal à l’aise, inhibées dans les situations sociales, peur du lien

Submergées par un sentiment d’insuffisance

Sensibles à une potentielle évaluation négative qu’elle soit fantasmée ou réelle. Ce sont des personnes qui

ont tellement peur d’être rejetées qu’elles ne donnent pas d’occasion de l’être ni d’être acceptées.

Trouble de la personnalité dépendante

Besoin excessif et omniprésent d’être prises en charge, obéissantes, (abnégation pour être accepté par les

autres)

Personnes qui exposent des sentiments extrêmes d’impuissance, d’insuffisance. Elles ne peuvent pas prendre

la moindre décision par elles-mêmes (pensent ne pas pouvoir prendre soins d’elle-même).

Lorsqu’une relation qui se termine, elles sont souvent totalement dévastées, recherchent rapidement une

autre relation pour combler le vide. Se cramponnent à des relations avec des partenaires qui sont maltraitants

physiquement, psychologiquement ou les deux.

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S T E R

C

Elles sont rarement en désaccord avec les autres, elles autorisent même les autres à prendre des décisions

importantes pour elles-mêmes. Elles ont tellement peur du rejet qu’elles vont essayer de répondre aux

souhaits, aux attentes des autres même.

Environ 2 % de la population générale présente ce trouble de la personnalité. Pendant longtemps, les

psychologues ont considéré que les femmes présentaient plus ce trouble que les hommes mais certaines

recherches suggèrent actuellement que ce trouble est tout aussi fréquent chez les hommes que chez les

femmes.

Trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive

Préoccupées par l’ordre, la perfection, le contrôle, focalisées sur l’ordre, les règles, elles sont

incapables de terminer une tâche et peuvent négliger de l’autre côté leurs activités de loisir, amicale

Etablissent des normes déraisonnablement élevées que ce soit pour elles-mêmes ou les autres

(code personnel strict), jamais satisfaites de leurs performances

Refusent de demander de l’aide ou de travailler en équipe, convaincues que les autres seront trop

négligents ou incompétents pour faire du bon travail. Manque de flexibilité, d’ouverture et

d’efficacité

Rigides, têtues, un peu obstinées, en particulier rigides en termes de mœurs, d’éthique ou de

valeurs. Relations extrêmement rigides mais aussi superficielles car elles ont du mal à exprimer leur

affection.

Avarice en termes d’argent et de temps. Pour les plus soucieuses, ce sont des personnes qui vont

être en incapacité de jeter les objets usés ou inutiles.

Entre 1 et 2 % de la population présenterait ce trouble de la personnalité, sachant que les hommes

sont 2 fois plus à risque que les femmes de présenter ce trouble.

Symptôme proche des troubles anxieux et dépressifs. Mais pas de lien entre ces troubles et des

pathologies (anxiété et dépression)

Une amélioration légère à modérée est possible

B) L’approche dimensionnelle de la personnalité : les traits de personnalité

Actuellement, un mouvement croissant de la clinique va s’écarter de la théorie catégorielle liée à l’émergence

de la psychiatrie pour adopter à la place une alternative dimensionnelle qui va penser la personnalité à travers la

notion de trait de personnalité. Le trait est donc une caractéristique ou une qualité personnelle distinctive. Dans la

vie quotidienne, nous allons utiliser cette approche en traits de personnalité pour décrire les personnes que nous

connaissons. On a toujours tendance à sélectionner une ou des caractéristiques singulières pour résumer ce qu’est

une personne (sûre d’elle, compétitif, curieux…). On regroupe intuitivement les personnes par traits en faisant appel

au bon sens. La classification des traits de personnalité date de l’époque d’Hippocrate où les causes des maladies

étaient associées à leur fluide corporel interne, qu’il appelait les humeurs. Il avait une typologie de traits de

personnalité associés à ces humeurs. Hippocrate à l’époque pensait que ces traits de personnalité étaient

constitutionnels, c’est-à-dire déterminés par le fonctionnement biologique plutôt que par l’expérience ou

l’apprentissage.

Dans les années 1940, le médecin William Sheldon a proposé une autre typologie de la personnalité, basée

sur la morphologie du corps. Sheldon propose 3 types de corps, chacun étant associé à un caractère spécifique

différent :

• L’endomorphe : profil morphologique de la personne un peu rondouillette, qui serait quelqu’un de sociable,

de détendu, d’affectueux et de tempéré.

• Le mésomorphe, celui qui est plutôt musclé, bien proportionné, bien gaulé, qui serait énergique, compétitif,

agressif et froid.

• L’ectomorphe, plutôt longiligne et maigre, serait inhibé, anxieux, intelligent, introverti et consciencieux.

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Comme dans l’approche d’Hippocrate, Sheldon considère les traits de personnalité comme des

caractéristiques en grande partie fixes, constantes et invariables, quelles que soient les situations dans lesquelles on

se trouve. Les travaux de Sheldon ont été remis en question, mais cette notion de caractéristiques fixes, constantes

et invariables est importante et pose la base du système dimensionnel, fondé sur la continuité entre la personnalité

pathologique. Le système dimensionnel est donc fondé sur la notion de continuité entre la personnalité normale et

la personnalité pathologique. Ce sont des courants psychologiques qui cherchent à déterminer des dimensions

fondamentales qui permettent d’évaluer la psychopathologie.

Une de ces dimensions fondamentales est par exemple le névrosisme qui possède beaucoup de similarités

avec un certain nombre de troubles mentaux comme l’anxiété et la dépression. Ces dimensions de personnalité

capturent les structures sous-jacentes aux conditions cliniques plutôt qu’elles ne représentent des symptômes des

catégories cliniques.

Combien possède-t-on de traits de personnalité ? La question du nombre de dimensions fondamentales ou

de domaines est toujours en discussion. Cattell propose 10 dimensions fondamentales, Eysenck en dénombre 2 ou

3. Actuellement, on est sur un consensus sur un modèle général en 5 facteurs qu’on appelle le Big Five.

L’approche de Cattell, qui est un des premiers à questionner ce nombre de dimensions fondamentales, va

considérer un trait de personnalité comme des tendances comportementales, réactionnelles, relativement

permanentes, stables dans le temps, qui seraient les unités structurales de base de la personnalité. Le trait ici

renvoie à une disposition générale à se comporter d’une certaine manière. Cattell est connu pour avoir distingué des

traits universels et des traits singuliers. Un trait universel est celui qui est possédé par tous, à des degrés différents

et pour Cattell l’intelligence, l’extraversion et le grégarisme (vie en communauté) sont des exemples de traits

universels. Néanmoins, chaque sujet va différer ensuite des autres en fonction de ses caractéristiques uniques, de ses

traits singuliers. Ces aspects de personnalité sont partagés par quelques autres personnes mais pas forcément de

façon universelle. Les traits singuliers sont particulièrement visibles dans nos intérêts, dans nos attitudes par

exemple. Une personne peut être passionnée par la généalogie, d’autres par les grandes batailles de l’histoire, le football,

les arts martiaux… Cattell est connu pour avoir créé un modèle en 16 facteurs de personnalité et pour avoir créé un

test de personnalité, le 16 PF, pour évaluer la personnalité, pour le diagnostic clinique ou encore pour la sélection

dans le monde professionnel.

Un 2ème grand auteur de psychologie sur l’approche dimensionnelle de la personnalité c’est Eysenck, qui va

identifier quant à lui 3 dimensions ou traits de personnalité :

➢ L’extraversion/introversion

➢ Le névrosisme/stabilité émotionnelle

➢ Le psychoticisme/contrôle des impulsions (contrôle impulsif) qu’il appelle aussi fonctionnement du

Surmoi.

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Eysenck va donc proposer une théorie de la personnalité basée sur ces 3 dimensions qui sont des dimensions qui

vont se combiner. La combinaison des traits des 3 dimensions va générer la personnalité du sujet (modèle dualiste).

Les recherches portant sur ces 3 traits de personnalité montrent que ceux-ci restent stables tout au long de la vie,

de l’enfance à l’âge adulte, et ce en dépit des différentes expériences sociales ou environnementales que peuvent

faire les sujets. Un enfant introverti tend à rester introverti à l’âge adulte. Eysenck propose que les différences de

traits entre les sujets, ont un fondement biologique et génétique, donc que ces traits sont en partie hérités.

• Les extravertis seraient plutôt orientés vers le monde extérieur, ils vont préférer la compagnie des autres,

ils auront tendance à être sociable, plutôt impulsif, aventurier, dominant et autoritaire. Les introvertis

sont à l’opposé de ces caractéristiques.

• Le névrosisme caractérise des sujets qui sont anxieux, déprimés, tendus, ils ont surtout une faible estime

de soi et ils sont très sujets à ressentir de la culpabilité.

• Le psychoticisme caractérise quant à lui des individus plutôt agressifs, antisociaux, froids, égocentriques,

cruels, insensibles souvent aux besoins et aux sentiments des autres. Ce sont des traits qui sont associés

souvent à des problèmes d’abus de substance type alcool ou autres toxicomanies. Le psychoticisme va

caractériser plutôt l’impulsivité, l’hostilité, l’indifférence émotionnelle, un certain déficit de socialisation.

Pour certains auteurs, le psychoticisme évaluerait le comportement antisocial voire la personnalité

antisociale.

Extraversion/introversion Névrosisme/stabilité émotionnelle Psychoticisme/contrôle impulsif

Sociable Gai Actif Affirmé Chercheur de sensations Insouciant Dominant Aventurier

Anxieux Déprimé Sentiment de culpabilité Faible estime de soi Tendu Irrationnel Triste Morose

Agressif Froid Egocentrique Impersonnel Impulsif Antisocial Inventif Inflexible

Actuellement, c’est le modèle du Big Five qui domine la question des théories des traits de personnalité avec

le modèle en grandes dimensions de personnalité proposé par McCrae et Costa. C’est le modèle qu’on appelle aussi

le modèle OCEAN pour Ouverture, Conscience, Extraversion, Agréabilité et Névrosisme. On peut identifier une

ressemblance entre les facteurs extraversion et névrosisme de McCrae et Costa et les mêmes dimensions de la

théorie d’Eysenck. De plus, agréabilité et conscience dans le modèle du Big Five sont en quelque sorte les extrémités

inférieures de la dimension psychoticisme du côté contrôle des impulsions proposé par Eysenck.

➢ Le névrosisme caractérise toujours cette instabilité émotionnelle et plutôt les émotions négatives,

culpabilité, anxiété, faible estime de soi, timidité… Le névrosisme évalue à la fois la sociabilité, les affects

positifs, le fait d’être sûr de soi. Un score élevé en névrosisme montre qu’on a une tendance à éprouver

des affects négatifs tels que l’anxiété, la colère, la tristesse…

➢ L’extraversion se caractérise plutôt par l’émotion positive avec des aspects de sociabilité, d’activité, de

domination, de recherche de sensations. Ça évalue plutôt l’adaptation et la stabilité émotionnelle.

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Pr. Potard

➢ L’agréabilité évalue l’altruisme, la disposition à aider les autres et la confiance à l’égard des autres.

➢ La conscience renvoie à la planification, l’organisation, la fiabilité et la mise en exécution des tâches.

➢ L’ouverture évalue l’imagination, la curiosité intellectuelle, la sensibilité esthétique, les attitudes non

dogmatiques, l’attention prêtée à ses propres sentiments, affects.

Cette théorie du Big Five indique que l’hérédité peut représenter jusqu’à 50 % de la personnalité. Presque

toutes les dimensions étudiées ici par les chercheurs affichent une forte composante biologique. Ces résultats de

recherche ont des implications théoriques et pratiques pour les psychologues, qui dans le passé ont peut-être eu

tendance à trop se concentrer sur les interactions familiales et sociales de la petite enfance. Néanmoins, il faut être

prudent et on ne peut pas conclure de façon prématurée que la famille ou les facteurs environnementaux sont

négligeables dans la construction ou la structuration de la personnalité. Les différentes composantes de la

personnalité demeurent à la fois les produits de notre constitution génétique mais aussi de nos expériences de vie.

Une des tâches des psychologues restent de déterminer l’importance relative de ces 2 facteurs : constitution

génétique et expérience singulière de vie. Là encore, dans ces approches dimensionnelles on va évaluer la

personnalité à travers des inventaires de personnalité, c’est-à-dire des questionnaires spécifiques de personnalité.

VIII. Conclusion

On a vu comment les différentes approches de la psychologie colorent les conceptions de la question centrale de

la personnalité avec des approches plutôt structurales pour la psychanalyse et des approches plus catégorielles

ou dimensionnelles pour la psychopathologie ou la psychiatrie.

A travers ces différentes approches, on peut voir que 2 conceptions de la personnalité ressortent :

➢ L’approche idiographique qui considère que chaque individu est unique et donc que la personnalité ne peut être étudiée qu’en faisant des investigations profondes de chaque individu, c’est le cas par exemple de l’approche psychanalytique et humaniste. Chaque individu est singulier et pour accéder à une compréhension de sa structuration de personnalité, il va falloir faire une étude singulière, unique du mode de fonctionnement du patient.

➢ L’approche nomothétique considère elle qu’il existe des similitudes suffisantes entre les individus pour étudier de grands groupes, pour isoler des éléments communs à chacun d’entre nous.

Chacune de ces approches doit être considérée comme apportant des voies de compréhension de la nature

humaine et plus particulièrement de la personnalité. Il ne s’agit pas de les opposer mais de les considérer de manière

complémentaire.

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Pr. Potard

POINTS IMPORTANTS

I. La place de la personnalité dans l’histoire de la psychologie :

La personnalité

➢ Comme étude de la conscience : limitée à la méthode expérimentale (par Wundt) ➢ Comme étude du comportement : seuls les comportements manifestes sont étudiés

(Watson/ béhaviorisme) ➢ Comme étude de l’inconscient : (Freud/psychanalyse) avec les forces conscientes et

inconscientes ➢ Gordon Alport donne une définition de la personnalité =organisation dynamique à l’intérieur

de l’individu des systèmes psychiques qui détermine les comportements

II. Personnalité et méthodes d’évaluations :

La personnalité =ensemble de pattern stable qui vont rendre un individu singulier des autres

➢ Se réfère à l’apparence extérieur ➢ Caractéristiques durables ➢ Caractéristiques uniques

Facteur de base : facteur interne, situation sociale, comportement/réaction

3 Principes des méthodes d’évaluations : Validité, Fiabilité, Standardisation

Critères de classement : échelle selon :

-L’utilisateur

➢ Autoévaluation ou hétéroévaluation

-La symptomatologie

➢ Évaluation globale de la pathologie, ➢ Psychopathologie générale ➢ Instrument spécifique

Méthodes projectives : (psychanalyse) le but est de sonder la part invisible de la personnalité. On va mettre face à un stimulus ambigu, il y a projection de nos craintes, de nos désirs sur ces stimuli.

➢ Méthodes constitutives ➢ Méthodes constructives ➢ Méthodes interprétatives ➢ Méthodes cathartiques

Entretien Clinique : directif, semi directif et non directif

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78

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Observation : écologique (dans l’environnement quotidien), en laboratoire et auto-observation.

L’observation peut être direct ou indirect.

Etude de cas=compte rendu détaillé du parcours de vie de patient peut avoir 3 fonctions : didactique, métaphorique ou heuristique

Enquête= utilisé par les psychologues sociaux

Méthode expérimentale : variable dépendante (modifié en conséquence et variable indépendante (modifié par l’expérimentateur)

III. Approche psychanalytique de la personnalité :

La pulsion= élément de base de la personnalité, c’est une représentation mentale d’une nécessité

physiologique qui motive le sujet à se comporter de manière à réaliser cette pulsion

➢ Pulsion de vie (Eros) sert à la survie de l’individu, la plus importante est le sexe ➢ Pulsion de mort (Thanatos) désir inconscient de mourir avec une composante agressive

- 1ère Topique : le conscient, l’inconscient, et le préconscient - 2ème Topique : le Ça, le Moi et le Surmoi

L’angoisse = lorsque le moi est poussé à bout, l’angoisse émerge. C’est une peur sans objet. 3types :

➢ Angoisse objective =peur des dangers dans le monde réel ➢ Angoisse névrotique = conflit entre le ça et le moi ➢ Angoisse morale= conflit entre le ça et le Surmoi

Méthode en pratique clinique= l’association libre et l’interprétation des rêves (contenu latent/ contenu

manifeste), test projectif (test de Rorschach, le TAT) l’étude de cas est la méthode privilégiée

IV. La personnalité selon l’approche comportementaliste :

L’apprentissage= changement relativement permanent du comportement, des connaissances qui est

acquis avec l’expérience

➢ Pavlov décrit le conditionnement répondant ou classique : qui est une forme d’apprentissage issue

d’une association entre un stimulus et un autre (stimulus neutre/stimulus inconditionnelle) (réponse

conditionné /inconditionnelle). Watson : la peur conditionnée.

➢ Skinner décrit le conditionnement opérant qui correspond aux conséquences d’un comportement

qui sont manipulés pour augmenter ou diminuer la fréquence d’une réponse

➢ Renforcement= augmente toujours la fréquence de la réponse

➢ Punition = diminue la fréquence de la réponse

➢ Bandura a travaillé sur l’apprentissage par observation : un modèle montre un comportement qui

va ensuite être imité. Il s’intéresse à l’apprentissage d’une réponse émotionnelle notamment les

comportements agressifs avec les expériences sur la poupée bobo. Conclusion : ce sont les enfants

exposés au modèle télévisé de l’agression qui sont les plus susceptible de reproduire des agressions

par la suite.

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V. Approche humaniste de la personnalité et ses méthodes :

➢ Intérêt et valeur humaine sont de première importance

➢ Thérapie centrée sur la personne développée par Carl Rogers la capacité à s’améliorer ce

situe dans la personne et le thérapeute facilite le changement

➢ Centration sur le conscient et sur le présent

➢ Une motivation innée : l’actualisation personnelle (développer nos capacités et nos

potentiels)

➢ Un but ultime = la réalisation de soi

➢ Tendance innée à maintenir, améliorer, réaliser leur Moi

➢ Un niveau d’adaptation qui va dépendre de la congruence entre notre concept de soi et nos

expériences

➢ Pyramide de Maslow :

1) Besoin physiologique, biologique

2) Besoin de sécurité

3) Besoin sociaux = d’appartenance

4) Besoins d’estime

5) Besoin de réalisation de soi

➢ Méthode = l’entretien non directif avec pour caractéristique : faire bon accueil, être réceptif :

Empathie, Bienveillant : neutralité bienveillante, être centré sur la personne, favoriser la

communication sans interpréter

VI. Classification de pathologies mentales :

➢ Perspective catégorielle : distinction qualitative entre les membres de différentes catégories

➢ Perspective dimensionnelle : description des objets de classifications en termes de

dimension continues, universelles

➢ Schneider décrit la personnalité pathologique avec une psychorigidité du fonctionnement,

des modes de comportements profondément inadaptés, et reconnaissable dès

l’adolescence et perdure à l’âge adulte

• Cluster A : trouble caractérisé par la bizarrerie, l’originalité, ressemble à la schizophrénie

(paranoïaque, schizoïde, schizotypique)

• Cluster B : trouble caractérisé par un désordre émotionnel, le gout du drame (histrionique,

narcissique, borderline et anti-sociale)

• Cluster C : trouble caractérisé par de l’anxiété, sujet peureux (évitante, obsessionnel -compulsive,

dépendante)

➢ William Sheldon décrit une typologie de la personnalité à partir de la morphologie

(ectomorphe, mésomorphe et endomorphe)

➢ Cattell définit le trait de personnalité comme un tendance comportementale relativement

stable, il suggère 10 dimension fondamentale, et fait la différence entre le trait universel et

le trait singulier. Il a un modèle en 16 facteurs de personnalité

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➢ Le modèle d’Eysenck est composé de 3 dimensions de la personnalité

➢ Le dernier modèle est celui du Big Five composé par McCrae et Costa (névrosisme,

extraversion, agréabilité, conscience et ouverture)

➢ Approche idiographique= étude intensive d’un faible nombre d’individu (psychanalyste,

humaniste)

➢ Approche nomothétique= analyse sur de grands échantillons

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Exercice 1

QCM 1 JEAN-MARIE, UN HOMME DE 80 ANS EST HOSPITALISE DEPUIS PLUSIEURS JOURS. IL NE

CESSE DE RECLAMER LES INFIRMIERES POUR QUE L’ON PRENNE SOIN DE LUI. DE PLUS DEPUIS

PEU IL COMMENCE A RECLAMER DES FRIANDISES ET REFUSE DE FAIRE SA TOILETTE TOUT SEUL.

PARMI LES MECANISMES DE DEFENSE PROPOSES CI-DESSOUS, LEQUEL (LESQUELS)

CORRESPOND(ENT) A LA SITUATION ?

A) Formation Réactionnelle B) Régression C) Déni D) Déplacement E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 2 VOUS ETES PSYCHIATRE ET VOUS RENCONTREZ JEAN EN CONSULTATION. IL VIENT VOUS

VOIR SUITE A LA DEMANDE DE SA COMPAGNE. IL RACONTE QU’IL Y A DE NOMBREUX PROBLEME

AU SEIN DE SON COUPLE. CELLE-CI SE PLAINT DE SON MANQUE DI’MPLICATION AU SEIN DE LEUR

COUPLE. EN EFFET VOUS REMARQUEZ UNE CERTAINE DISTANCIATION EMOTIONNELLE VIS-A-

VIS DE CETTE SITUATION. DE PLUS IL VOUS RACONTE QU’IL A DU MAL DANS SES REALTIONS

AMICALES ET QUE PAR CONSEQUENT, IL PREFERE PASSER DU TEMPS SEUL. PENDANT CETTE

ENTRETIEN JEAN VOUS PARLE BEAUCOUP DE SES GOUTS ET DE SES CENTRES

D’INTERETS COMME LES COLLECTIONS DE TIMBRES, AINSI QUE DE SA PROFESSION DE TESTEUR

DE JEUX VIDEO. PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT)

EXACTE(S) ?

A) Paranoïaque B) Narcissique C) Borderline D) Schizoïde E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 2

Complétez le texte en lien avec l’approche comportementaliste de la personnalité avec les mots correspondants

Il y a un vrai consensus en psychologie pour reconnaitre l’importance des recherches de Skinner sur le

………………… : ce sont les conséquences d’un comportement qui sont manipulées pour augmenter ou

diminuer la fréquence d’une réponse. Une variante est d’utiliser toujours les conséquences d’un

comportement pour former une nouvelle réponse. On parle alors de ………….

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:

Exercice 3 :

Donnez les définitions des mots suivants

Sublimation :

Formation réactionnelle :

Heuristique :

Standardisation :

Personnalité pathologique :

Exercice 4 :

VRAI/FAUX à propos de la définition de la personnalité

A) La personnalité se réfère à l’apparence extérieurs, le visage public que nous affichons autour de nous selon la psychologie

B) La personnalité est relativement stable e prévisible mais qui peuvent être modifiable dans l’interaction avec les personnes ou son environnement

C) Il existe 3 facteurs de base concernant la personnalité qui sont : les facteurs internes (sentiment système physiologique), la situation sociale (résultat d’interaction sujet stimuli) et les comportement /réaction (groupe auquel on appartient influence nos coutumes, nos traditions, notre culture)

D) Il existe plusieurs définitions de la personnalité mais on retrouve à chaque fois les notions : de diversité, stabilité et d’unité

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

Exercice 5 :

Reliez ces morphologies de corps aux caractéristiques qui leurs correspondent

Endomorphe

Ectomorphe

Energique, compétitif, agressif et

froid

Sociable, détendu, affectueux et

tempéré

Inhibé, anxieux, consciencieux

intelligent Mésomorphe

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Exercice 6 :

Complétez le tableau suivant en lien avec la pyramide de Maslow

BESOIN CARACTERISTIQUE

Physiologique, biologique

Nécessité de donner et d’obtenir de

l’affection, de contribuer à certain

groupe

Exercice 7

Complétez le tableau en écrivant les bons troubles de la personnalité dans les bons clusters

Cluster A

Cluster B

Cluster C

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Exercice 8

Reliez chaque méthode projective à sa définition

Exercice 9

Complétez les pontillés

1ère Topique de Freud :

LE CONSCIENT :

………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

L’INCONSCIENT :

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………..

LE PRECONSCIENT :

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Méthodes constitutives

Méthodes constructives

Méthode cathartique

Méthode interprétative Le sujet doit donner un sens à une situation

qui a une signification ambiguë. Le sujet est

invité à créer une histoire à partir d’image

inductrices. Exemple : le TAT

Ce sont des dessins, matériaux qui sont peu

structurer et c’est au sujet de les structurés

Exemple : test de Rorschach

On utilise du matériel défini que le sujet doit

organiser en structures plus larges, c’est assez

proche du jeu

Le sujet est placé dans une situation où il va

devoir extérioriser son affectivité, on va

l’exposer à un stimulus qui va déclencher

une réaction émotionelle

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Pr. Potard

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………

2ème Topique de Freud :

LE ÇA :

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………..

LE SURMOI :

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………………………………………

LE MOI :

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

………………

Exercice 10

Donnez les définitions des trois types d’angoisse

Angoisse objective :

Angoisse névrotique :

Angoisse morale :

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Exercice 1

QCM 1 JEAN-MARIE, UN HOMME DE 80 ANS EST HOSPITALISE DEPUIS PLUSIEURS JOURS. IL NE

CESSE DE RECLAMER LES INFIRMIERES POUR QUE L’ON PRENNE SOIN DE LUI. DE PLUS DEPUIS

PEU IL COMMENCE A RECLAMER DES FRIANDISES ET REFUSE DE FAIRE SA TOILETTE TOUT SEUL.

PARMI LES MECANISMES DE DEFENSE PROPOSE CI-DESSOUS, LEQUEL (LESQUELS)

CORRESPOND(ENT) A LA SITUATION ?

A) Formation Réactionnelle B) Régression = Repli sur une période antérieur, moins frustrante de la vie et présentation de

comportements enfantins et dépendants avec des caractéristiques de cette période C) Déni D) Déplacement E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 2 VOUS ETES PSYCHIATRE ET VOUS RENCONTREZ JEAN EN CONSULTATION. IL VIENT VOUS

VOIR SUITE A LA DEMANDE DE SA COMPAGNE. IL RACONTE QU’IL Y A DE NOMBREUX

PROBLEMES AU SEIN DE SON COUPLE. CELLE-CI SE PLAINT DE SON MANQUE DI’MPLICATION AU

SEIN DE LEUR COUPLE. EN EFFET VOUS REMARQUEZ UNE CERTAINE DISTANCIATION

EMOTIONNELLE VIS-A-VIS DE CETTE SITUATION. DE PLUS IL VOUS RACONTE QU’IL A DU MAL

DANS SES RELATIONS AMICALES ET QUE PAR CONSEQUENT, IL PREFERE PASSER DU TEMPS

SEUL. PENDANT CETTE ENTRETIEN JEAN VOUS PARLE BEAUCOUP DE SES GOUTS ET DE SES

CENTRES D’INTERETS COMME LES COLLECTIONS DE TIMBRES ET DE SA PROFESSION DE

TESTEUR DE JEUX VIDEO. PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST

(SONT) EXACTE(S) ?

A) Paranoïaque B) Narcissique C) Borderline D) Schizoïde. Jean souffre du trouble de la personnalité schizoïde étant donné qu’il y a un évitement

des relations sociales, une faible expression émotionnelle, une centration principalement sur le moi, une indifférence affective et des problèmes conjugaux

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 2 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

Il y a un vrai consensus en psychologie pour reconnaitre l’importance des recherches de Skinner sur le

conditionnement opérant : ce sont les conséquences d’un comportement qui sont manipulées pour

augmenter ou diminuer la fréquence d’une réponse. Une variante est d’utiliser toujours les conséquences

d’un comportement pour former une nouvelle réponse. On parle alors de comportement renforcé

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Exercice 3 :

VRAI/FAUX à propos de la définition de la personnalité

A) La personnalité se réfère à l’apparence extérieurs, le visage public que nous affichons autour de nous selon la psychologie. FAUX, la définition de la personnalité selon la psychologie prend en compte aussi les qualités sociales et émotionnelles subjectives

B) La personnalité est relativement stable et prévisible mais qui peut être modifiable dans l’interaction avec les personnes ou son environnement

C) Il existe 3 facteurs de base concernant la personnalité qui sont : les facteurs internes (sentiment système physiologique), la situation sociale (résultat d’interaction sujet stimuli) et les comportement /réaction (groupe auquel on appartient influence nos coutumes, nos traditions, notre culture) FAUX les 2 dernières parenthèses sont inversées

D) Il existe plusieurs définitions de la personnalité mais on retrouve à chaque fois les notions : de diversité, stabilité et d’unité

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte

Exercice 4

Donnez les définitions des mots suivants

Sublimation : Remplacement d’objectifs socialement réprouvés ou inacceptables par des buts et des

activités socialement acceptés ou utiles.

Formation réactionnelle : Des pulsions inconscientes sont exprimées dans leur strict opposé niveau

conscient

Heuristique : Dans le contexte de l’étude de cas, le cas devient le générateur du concept. Un cas peut

conduire à l’émergence d’un nouveau concept

Standardisation : implique uniformité des conditions et des procédures de passation ou d’administration

d’un test psychologique

Personnalité pathologique : ce concept a été décrit par Schneider c’est lorsqu’il y a déviation importante

par rapport aux attentes culturelles, affectives dans le domaine des relations, du contrôle des impulsions,

de la stabilité affective, des idées ou des représentations (psychorigidité de fonctionnement, des modes de

comportements profondément inadaptés et reconnaissable des l’adolescence et perdure à l’âge adulte).

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Exercice 5 :

Reliez ces morphologies de corps aux caractéristiques qui leurs correspondent

Exercice 6 :

Complétez le tableau suivant

BESOIN CARACTERISTIQUE

Physiologique, Biologique Lié à la survie, à des pulsions

instinctives

Sécurité Regroupe besoin de confiance,

de sécurité, absence de crainte.

Concerne l’accomplissement de

besoins futurs et présents

(besoin de logement, financier,

psychologique, stabilité

affective et sécurité médicale)

Sociaux = d’Appartenance Nécessité de donner et d’obtenir

de l’affection, de contribuer à

certain groupe

Estime Se rapporte au développement

de sa valeur personnelle

sachant que d’autres personnes

reconnaissent ces valeurs et

respect par les autres et soi

De Réalisation de Soi Niveau d’épanouissement de

soi dans lequel le sujet réalise

Endomorphe

Ectomorphe

Energique, compétitif, agressif et

froid

Sociable, détendu, affectueux et

tempéré

Inhibé, anxieux, consciencieux

intelligent

Mésomorphe

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« ses pleins potentiels »

tournent autour du progrès, de

la création

Exercice 7

Complétez le tableau en écrivant les bons troubles de la personnalité dans les bons clusters

Cluster A Paranoïaque, Schizoïde,

Schizotypique

Cluster B Borderline, Narcissique,

Histrionique, et Anti-

sociale

Cluster C Evitante, obsessionnelle-

compulsive et dépendante

Exercice 8

Reliez chaque méthode projective à sa définition

Méthodes constitutives

Méthodes constructives

Méthode cathartique

Méthode interprétative Le sujet doit donner un sens à une situation

qui a une signification ambiguë. Le sujet est

invité à créer une histoire à partir d’image

inductrices. Exemple : le TAT

Ce sont des dessins, matériaux qui sont peu

structurés et c’est au patient de les structurer

Exemple : test de Rorschach

On utilise du matériel défini que le sujet doit

organiser en structures plus larges, c’est assez

proche du jeu

Le sujet est placé dans une situation où il va

devoir extérioriser son affectivité, on va

l’exposer à un stimulus qui va déclencher

une réaction émotionnelle

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Exercice 9

Complétez les pontillés

1ère Topique de Freud :

LE CONSCIENT : sensations et expériences dont nous sommes conscients à un moment donné

L’INCONSCIENT : réservoir des pulsions, des souhaits et des désirs qui dirigent nos comportements,

c’est une partie invisible

LE PRECONSCIENT : se situe entre les 2 niveaux précédents, stock de souvenirs, de pensés dont nous

ne sommes pas conscients au moment vécu mais que nous pouvons invoquer dans la conscience.

2ème Topique de Freud :

LE ÇA : correspond à la notion d’inconscient, c’est le pôle pulsionnel de la personnalité. Il fonctionne

conformément au principe de plaisir, il aspire à la satisfaction immédiate de ses besoins. Instance

tournée vers une gratification égoïste, primitif

LE SURMOI : ensemble puissant et largement inconscient des diktats, des croyances que nous avons

acquis dans l’enfance =nos idées du bien et du mal. C’est la base morale de notre personnalité. Il est

issu des règles de conduites établies par les parents.

LE MOI : maitre rationnel de la personnalité. Il est le représentant des intérêts du sujet dans sa

totalité. Il cherche la réalisation d’objectifs réalistes. Il fonctionne conformément au principe de

réalité. Son but c’est de retarder, reporter les pulsions du Ça pour les rendre compatibles avec la

réalité. Le Moi dépende de 3 entités : Le Ça, le Surmoi et la réalité.

Exercice 10

Donnez les définitions des trois types d’angoisse

Angoisse objective : équivalent de la peur des dangers dans le monde réel, sert un objectif positif, guide nos

comportements pour échapper à un danger réel.

Angoisse névrotique : résulte d’un conflit entre le ça et le moi et son origine à un fondement dans l’enfance.

Le désir de satisfaire certaines pulsions du ça génère de l’angoisse car la réalité est présente.

Angoisse morale : résulte d’un conflit entre le ça et le surmoi et son origine à un fondement dans la réalité.

Peur de sa conscience quand on réalise une pulsion de ça contraire à la morale le Surmoi se venge en faisant

éprouvé de la honte.

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CHAPITRE N°3 : Introduction à la psychologie de la santé

I. Les modèles de compréhension de la maladie et de la santé

A) QU’EST-CE QUE LA SANTÉ ?

L’absence de signes objectifs (HTA par exemple) que le corps ne fonctionne pas correctement ou l’absence de symptômes subjectifs (douleur, nausée) de la maladie ou de blessure : Intuitivement, on penserait que c’est l’absence de signe de maladie. Cette définition peut poser problème car on est dans une approche dichotomique, la maladie et la santé seraient deux états distincts. C’est ce que prône l’approche biomédicale.

Santé et maladie = 2 états distincts ?

Aujourd’hui on a deux approches de la santé : une approche négative (santé = absence de symptômes) et une

approche positive (santé = bien-être).

ANTONOVSKY a proposé un continuum où il y a un certain nombre d’état entre chaque pôle. L’intérêt est que le professionnel de santé peut se focaliser sur le fait que le patient reste en bonne santé. À partir de ce niveau neutre il y a des états de santé qui seront progressivement négatifs ou positifs vers l’un ou l’autre des pôles.

Ça intègre à la fois la question de la condition physique, somatique de la personne (tension artérielle par exemple) = signes, symptômes, handicap ou incapacité ; mais ça intègre aussi la notion de style/mode de vie (alcoolisme, sport, tabagisme …). Cela renforce l’idée que le traitement médical peut rétablir la santé d’un individu mais que le style de vie est tout aussi important.

L’OMS a proposé une définition de la santé en 1946 « état de bien-être physique, mental et social complet, et pas simplement l’absence d’infirmité ou de maladie » qui varie avec le temps tout au long d’un continuum. Il s’agit d’une avancée car la santé n’est pas juste l’absence de maladie et il faut considérer d’autres déterminants d’ordre mental. Définition utopique (« état complet ») : en dehors de son idéalisme, la définition de l’OMS oublie aussi des éléments clés dans la santé et le bien-être, ce sont les aspects psychologiques, culturels mais aussi économiques qui devraient être inclus dans une définition plus globale de la santé.

Autre critique : la représentation de la santé et de la maladie varie selon les cultures => quelle serait la norme ? De plus la notion de santé est évolutive en fonction du temps.

A) À QUOI CORRESPOND LA MALADIE ?

Il faut considérer les évolutions des paradigmes de la santé et maladie en fonction des évolutions des conditions sanitaires des pays développés. Actuellement, les gens vivent plus longtemps en moyenne que par le passé et les populations actuelles souffrent d’une autre typologie de maladie que dans le passé.

Jusqu’au 18ème siècle : Maladies liées à l’alimentation (malnutrition, Béri-béri) et maladies infectieuses (mortelles à l’époque : variole, grippe). Dans certains pays du Tiers monde, ce sont encore les maladies infectieuses qui continuent d’être une des principales causes de décès.

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Au 19ème siècle : Maladies infectieuses + nouvelles maladies. D’autres maladies vont apparaitre comme la tuberculose mais vers la fin du 19ème siècle la mortalité due aux maladies infectieuses va diminuer (baisse de 60% en 25 ans pour la tuberculose).

Cette diminution est-elle principalement attribuable aux progrès de la médecine ?

Quand on s’interroge sur les raisons, il y a une part attribuable aux progrès médicaux même si les vaccins ou d’autres médicaments n’existaient pas encore (épidémie de peste). En l’absence de traitement efficace, comment peut-on diminuer le nombre de décès ?

Liée aux évolutions dans les mesures préventives et notamment l’amélioration de l’hygiène personnelle et l’augmentation de la résistance aux maladies (meilleure nutrition) + innovations de santé publique (installation de traitement des eaux usées). On voit que le vecteur de santé publique d’une population n’est pas uniquement de l’ordre du médical, il y a des aspects psycho-sociaux de prévention.

Au 20ème siècle : le taux de mortalité lié aux maladies infectieuses continue de baisser et l’espérance de vie augmente (le taux de mortalité chez les enfants diminue également). Néanmoins il existe toujours des problèmes de santé dans ces populations.

On est dans un contexte nouveau depuis le 20ème siècle : les principaux problèmes de santé sont les maladies chroniques. Maladies dégénératives comme les maladies cardiaques, cancer et AVC. Ce sont des maladies qui se développent dans le temps et qui se maintiennent pendant une certaine durée. Ces maladies chroniques dans les pays développés représentent plus de la moitié de tous les décès. Leur proportion dans le taux de décès global est plus importante depuis le 20ème siècle :

➔ Une des raisons de cette évolution est dans la modification des modes de vie des populations. L’industrialisation croissante a augmenté le stress des populations : exposition a des produits chimiques, toxiques ou nocifs (amiante).

➔ L’autre raison est la vieillesse, car plus on vit vieux, plus les maladies chroniques sont susceptibles de toucher des personnes plus âgées. Plus on vieillit plus on a de risque de souffrir d’une maladie chronique.

Chez les enfants ou adolescents, les principales causes de décès sont les lésions accidentelles. Sur la tranche de 1 à 25 ans, les morts résultent d’accident (prise de risque pour les plus jeunes et accident de la route pour les plus vieux). Mais la principale cause de décès chez les ados reste le suicide.

Il faut donc considérer la question des étapes de vie.

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B) QUELLES SONT LES REPRESENTATIONS DE LA MALADIE ?

Cultures primitives : On pensait que les maladies physiques et mentales étaient causées par des forces mystiques (mauvais esprits). On supposait que la trépanation était une solution (raisons superstitieuses), pour faire sortir le démon de la tête.

Grèce et Rome antique :

HIPPOCRATE (500-300 av-JC) « père de la médecine » a proposé sa théorie des 4 humeurs de la maladie. Les notions posées par Hippocrate colorent encore les pratiques des médecins.

• Le corps contient 4 humeurs = fluides.

• Mélange harmonieux ou équilibré de ces humeurs = santé

• Mélange imparfait = maladie → idée d’homéostasie

Pour rester en santé, il faut donc avoir une bonne alimentation et éviter les excès.

PLATON : l’esprit et le corps sont 2 entités séparées. L’esprit n’a pas / peu de relation avec le corps et l’état de santé. Ça a été le point de vue dominant pendant près de 2000 ans chez les philosophes. Encore aujourd’hui on a tendance à penser que l’esprit et le corps sont conceptuellement séparés. Le corps se réfère à notre physique alors que l’esprit se réfère à un processus abstrait => corps et esprit vraiment séparés ou interdépendant ?

GALIEN (soutient la théorie humorale) : dissocie corps et esprit : les maladies peuvent être localisées dans des parties spécifiques du corps. Révolutionnaire à l’époque. Il évoque aussi que les différentes maladies ont des effets différents. Il pratique notamment les dissections animales.

Il va s’en suivre après une période de désordre, avec l’effondrement de l’empire romain, une période où les avancées des connaissances, de la médecine, de la culturel vont forcément ralentir en Europe et même s’atrophier au Moyen-âge.

Moyen-âge : Sous l’influence de l’église, la pensée de la connaissance de la santé et de la maladie va s’atrophier. L’église considère l’être humain comme un être doté d’une âme et possédant un libre arbitre, uniquement soumis à la loi de Dieu. Le corps ne peut donc pas être l’objet d’expérimentations scientifiques => le corps est considéré comme sacré et saint donc interdiction de la dissection (également sur les animaux car aussi dotés d’une âme).

La maladie est la résultante d’un châtiment de Dieu pour une raison (péché, mauvaise habitude).

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On voit aussi à quel point la question de la santé/maladie, mise entre de mauvaises mains, peut servir pour des raisons autres de type politiques.

Renaissance : Replace la question de la santé/maladie, recentre sur la place de l’homme et de Dieu.

DESCARTES (17ème siècle) considère que l’esprit et le corps sont des entités séparées, il introduit des nouveautés :

• Concevoir le corps comme une machine, où on va pouvoir décrire sa mécanique. Il va s’intéresser à comment la sensation et l’action sont produites. (Chaleur sur le pied, envoie une info au cerveau pour la sensation)

• Bien que séparés, esprit et corps peuvent communiquer à travers la glande pinéale (ou épiphyse) = interconnexion.

• Les animaux n’ont pas d’âme et l’âme chez les humains quitte le corps à la mort => la dissection redevient alors une méthode d’étude acceptable. L’église est alors en capacité de l’accepter.

18e et 19e siècle : il y a une amélioration du microscope et utilisation de la dissection dans les autopsies. La théorie des humeurs est rejetée, apparition de nouvelles théories et de nouvelles techniques antiseptiques et anesthésiques -> meilleure réputation des hôpitaux et confiance dans la médecine qui augmente.

La jonction de cette idée (séparation corps/esprit) et des progrès médicaux contribue à la compréhension de la maladie et de la santé = modèle biomédical

➔ Ce modèle biomédical propose que toutes les maladies s’expliquent par des perturbations des processus physiologiques qui résultent d’une lésion, d’un déséquilibre biochimique, ou encore d’une infection bactérienne/virale.

On va considérer que la maladie est uniquement une atteinte du corps et est strictement séparée des processus psychologiques et sociaux. On est sur un modèle de compréhension cartésien, linéaire, en termes de dysfonctionnements organiques dont la causalité relève d’agents pathogènes intérieurs ou extérieurs.

Réductionniste MAIS modèle toujours dominant dans les sciences de la santé.

On suppose alors que le malade est passif et subit sa maladie. La responsabilité du traitement relève alors uniquement du professionnel de santé. Dans ce modèle biomédical, soit on est en bonne santé soit on est malade ; il n’y a pas de continuum. L’esprit serait donc incapable d’influencer la matière physique.

Dans cette biomédecine traditionnelle (conservatrice) on va penser que la maladie va avoir des conséquences psychologiques mais on refuse qu’elle ait des causes psychologiques.

Le 20 et 21e siècle ont obligé les professionnels de santé à poser un nouveau regard sur comment le corps et l’esprit peuvent s'actualiser dans la santé et la maladie.

C) UN BESOIN CRIANT : LE RÔLE DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

La psychologie de la santé émerge d’un constat économique qui est la question du financement des systèmes de soins. En dépit des grands progrès, ce modèle doit être amélioré pour répondre aux besoins sociétaux (éco). Puisque les coûts médicaux continuent d’augmenter rapidement, nous devons envisager de nouvelles approches pour améliorer la santé des gens.

Pour cela il est nécessaire d’améliorer la santé en amont de la maladie = faire en sorte que les gens tombent moins malades. Il faut alors traiter les maladies chroniques (très liées au mode de vie, comportement, émotions …) on va chercher des explications de ce qui produit les maladies pour les guérir.

Mouvement de la question centrale du sujet malade. Cette question de la singularité est importante (pourquoi un individu tombe malade et pas son voisin ?). Il y a des aspects biomédicaux qui vont jouer (constitution génétique ...) mais aussi il y a des facteurs psychologiques et sociaux (style de vie, personnalité).

Ainsi, la médecine psychosomatique (développée grâce à l’étude de l’hystérie de conversion effectuée par FREUD) se développe dans les années 30. C’est un courant de la médecine porté sur la psychanalyse qui va donner des explications psychanalytiques sur les vrais problèmes de santé (ulcères, hypertension artérielle, asthme,

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migraines, arthrite rhumatoïde). La maladie n’est pas imaginaire, le corps et l’esprit sont tous les deux impliqués. On a des théories où par exemple Franz Alexander, qui est le père de la psychosomatique, décrit un jeune homme de 23 ans qui a des ulcères hémorragiques et il va proposer des interprétations : c’est la relation de cet homme avec sa mère qui a créé chez lui un sentiment d’insécurité, ce qui a mené à l’ulcère. Ce courant a disparu en partie car il a été très loin dans les interprétations et a ainsi été décrédibilisé.

À la suite de cela à émerger la

psychologie de la santé :

actuellement centrée sur les

interrelations entre les facteurs

psychologiques et les fonctions physiologiques.

4 objectifs de la psychologie de la santé :

• Promouvoir et maintenir la santé

• Prévenir et traiter la maladie

• Identifier les causes et les corrélats en santé

• Analyser et améliorer les systèmes de soins de santé et le politiques de santé

On propose de remplacer le modèle biomédical par un modèle bio-psycho-social. Entrevoir la santé et la maladie toujours dans une interaction entre des facteurs psychologiques et comportementaux (stress, personnalité, réaction à la maladie) ; des facteurs biologiques ; et facteurs sociaux (soutien social, la question du soutien social est essentiel dans la prise en charge du patient). Le soutien social permet de sortir plus vite de l’hôpital.

Ce modèle biopsychosocial c’est le modèle proposé par ENGEL qui est un modèle interactif, transactionnel, on sort du modèle linéaire et qui va proposer que l’état de santé ou de maladie sur un continuum repose sur des interactions entre 3 grands facteurs.

II. Stress, maladie et adaptation

A) QU’EST-CE QUE LE STRESS ?

On expérimente tous plus ou moins du stress, certains ont aussi connu une forme de stress différente du stress quotidien (attentats etc…). Parfois les périodes de stress sont brèves et parfois cette période dure, plus un stress est chronique plus il est délétère à la fois au niveau psychique et au niveau somatique. Il existe de petits stress et de plus gros. Le stress varie dans le temps mais aussi selon les individus. Il existe différentes manifestations du stress (se taire, beaucoup parler, bouger…).

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La notion de stress est empruntée à la physique. Cela correspond à l’idée que les métaux sont résistants à des forces extérieures et qu’un métal, sous une certaine pression, perd sa résistance. On fait donc le parallèle avec les individus : comment et jusqu’à quel point les individus sont-ils résistants ? (Au bout d’une certaine pression les individus vont montrer une moindre résistance). Quand les individus s’adaptent à une pression extérieure, le fonctionnement est modifié (on peut être irritable, fatigué, on va avoir du mal à se concentrer …). On se demande alors comment ce stress est lié au fait qu’on tombe plus facilement malade.

2 composantes au stress :

- Physique = mode de réaction du corps en situation de stress (une voiture déboule et notre rythme cardiaque augmente) donc une réponse physiologique se met systématiquement en place.

- Psychologique : stress implique comment les sujets perçoivent les évènements de leurs vies

3 approches différentes, le stress comme :

• Un stimulus : on met l’accent sur le facteur environnement (le stress est un travail exigeant comme être étudiant en Pluripass ou avoir un décès dans la famille). Il s’agit de circonstances environnementales qu’on appelle facteur de stress => facteurs physiquement ou psychologiquement difficiles. Souvent utilisée de cette façon dans le langage courant (ex : je suis très stressé en ce moment j’ai exam dans une semaine => le stress défini le stimulus)

• Une réponse : on utilise le terme de stress pour définir les réactions aux facteurs de stress (définir état de tension, synonyme de se sentir nerveux). Ce vont être les réponses psychologiques, physiologiques ou

comportementales → définir notre état de tension (mal au ventre…). Ces réponses peuvent être physiologiques, émotionnelles … (bouche sèche, transpiration, tremblement …). On parle alors de stress ou de tension. Ces réponses sont souvent accompagnées de sentiments négatifs.

• Une interaction permanente entre un organisme et son environnement : un processus qui inclut les facteurs de stress et les réponses. C’est une approche transactionnelle à laquelle on ajoute la relation entre le sujet et l’environnement. On va considérer le stress comme une interaction personne / situation -> modèle transactionnel, c’est un modèle plus intégratif (modèle privilégié de la psychologie de la santé). Entre un individu et son environnement il y a un mécanisme d’ajustement réciproque. On va s’intéresser à comment chaque sujet s’adapte dans ces transactions entre une personne, un évènement stressant et comment le sujet est affecté par le stress. Ce modèle permet de comprendre en partie les différences individuelles face au stress car les caractéristiques individuelles jouent beaucoup.

La personne est active, elle peut influencer le stress.

Dans cette perspective, le stress est plus qu’une simple relation stimulus / réponse, mais c’est aussi un stimulus dans lequel l’individu est un agent actif : le sujet peut influencer l’impact du stress par le biais de stratégies cognitives, comportementales et émotionnelles = stratégies de Coping. On possède tous des stratégies de Coping qui sont plus ou moins efficaces.

On est doté d’une certaine capacité à vivre avec un même évènement stressant mais on va avoir des réactions différentes (un homme va se mettre à klaxonner alors qu’un autre va rester calme si une voiture n’avance pas devant lui). Ce sont des facteurs de vulnérabilité ou de protection face à la maladie. Le seul stimulus ne permet pas de comprendre le stress entres les individus (les gens réagissent différemment à l’annonce d’une maladie).

Le stress = les circonstances dans lesquelles les transactions conduisent une personne à percevoir une différence entre les exigences physiques ou psychologiques d’une situation et ses ressources biologiques ou psychologiques (pas tant ses ressources réels que ce que je perçois pour faire face => ce que je ressens, ce qui est diffèrent de la réalité, ex : je ne maitrise pas assez bien mon cours, le QCM déborde mes capacités de faire face et je vais donc développer des réponses physiologiques ou comportementales face à cette situation qui me déborde => importance de la transaction).

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A) ASPECT BIOLOGIQUE DU STRESS

La réponse au stress se retrouve dans plusieurs domaines d’expression à la fois psychologiques et à la fois physiologiques. Tout le monde a déjà vécu des situations de stress et on connait nos réactions : Même intuitivement, on sait que même notre corps se met en situation d’éveil et se mobilise pour se défendre, cette mobilisation défensive physiologique active le système nerveux sympathique et le système endocrinien. Une fois que le stress disparait, cette excitation physiologique disparait également => situation du pseudo accident, réponse physiologique immédiate (cœur s’accélère, muscles se crispent…)

La partie physiologique de la réponse à un stresseur est appelé « phase d’excitation » en comparaison à notre fonctionnement normale (phase de repos). Il existe aussi des facteurs génétiques qui interviennent dans le niveau de réaction au stress. Il existe également du stress aigu et du stress chronique (le niveau de réactivité est très augmenté lorsqu’il faut vivre un nouveau stresseur et il faut plus de temps pour retrouver son « niveau de base » => hyper réactivité du corps est synonyme d’usure). Un corps en sur-éveil va conduire à l’échec.

• CANNON (1929) : réaction de fuite ou de lutte. C’est le premier à décrire les réactions physiologiques des animaux et des humains face au danger perçu. Il décrit les réactions de lutte ou de fuite c’est-à-dire, des réactions qui préparent l’organisme soit à attaquer la menace soit à la fuir.

Cette perception du danger va alors stimuler le système nerveux sympathique qui va stimuler les glandes surrénales du système endocrinien (sécrétion d’adrénaline) = éveil ++ du corps (excitation)

Cette excitation physiologique a des effets positifs ou négatifs -> la réaction de lutte ou de fuite est adaptative : mobilise l’organisme pour répondre rapidement à un danger (côté positif), mais peut être nocive pour la santé si elle est prolongée, la réaction de fuite peut donc être positive car elle permet la survie mais elle peut aussi être délétère si elle perdure.

D’autres auteurs ont étudié à quel moment cela devient nocif pour le sujet.

Que devient le corps lorsque les niveaux de stress sont prolongés ?

Lorsque nos corps sont confrontés à des facteurs de stress ils se préparent à gérer l’assaut à partir d’un certain nombre de changements physiologiques.

• Selye (pionnier de la recherche sur le stress) : stress = l’usure du corps en raison des exigences qui lui sont imposées. Il va observer des patients qui étaient confrontés à des situations de stress. Il remarque que malgré les différences interindividuelles, ils présentaient des points communs, les mêmes symptômes à thermes (perte d’appétit, plus d’intérêt pour les activités qu’ils pratiquaient avant, une certaine mollesse …) cet auteur a donc recherché ce qu’il se passe physiologiquement pour que ces réponses apparaissent.

Il a proposé le syndrome général d’adaptation (GAS) : série de réactions du corps lorsque le stress est de longue durée. C’est un modèle qui a été testé avant tout sur les animaux (années 70-80), changements bruts de température, injection d’insuline….

Grace à ses recherches, il va montrer que la réaction de lutte et de fuite est seulement la première étape d’une série de réaction du corps lorsque ce stress est de longue durée. Il va proposer un syndrome général d’adaptation en 3 phases : alarme, résistance, extinction (épuisement)

-> illustre le changement de résistance du corps face à la maladie (courbe violette)

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Phase 1 d’alarme : correspond à la phase de lutte et de fuite. Elle a pour fonction de mobiliser les ressources de l’organisme. En réponse à un stress physique ou psychologique, l’organisme présente une réponse immédiate d’excitation pour réponse à ce stimulus. Il y a activation du SN sympathique activant lui-même un certain nombre d’organes comme les glandes surrénales et libération d’hormones du stress par le système endocrinien (adrénaline et noradrénaline), c’est la réaction la plus rapide. Il y a également activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, l’hypothalamus stimule l’hypophyse pour libérer l’acétylcholine ce qui provoque la libération de cortisol améliorant la réactivité du corps. Physiologiquement le corps est énormément mobilisé pour se défendre contre le stresseur. Cannon avait identifié ces réactions d’alarmes en pensant qu’elles n’étaient liées qu’à des menaces de survie ; mais Selye élargit cette réaction à divers facteurs de stress, même mineurs, par pratiquement toutes les menaces. Ce seuil d’alarme est très rapide => pseudo accident on a une hyper réactivité : cœur s’emballe, vertige…. => effet secondaire du corps en phase d’alarme.

Cette première phase est temporaire. Mais si le stress perdure on entre dans la phase de résistance.

Phase 2 de résistance (lorsque le stress perdure) : l’éveil reste élevé, le corps tend toujours à se défendre et à s’adapter face au stress. Le corps tente de s’adapter à la présence continue du stress. Au niveau physiologique, le SN sympathique est toujours activé mais de façon moins prononcée que dans la première étape. C’est l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien qui domine. Cependant ces systèmes sont moins actifs que pendant la phase d’alarme mais l’excitation physiologique reste plus élevée que la normal.

L’organisme est donc toujours mobilisé par diffusion continue d’hormones du stress. Cette phase peut durer relativement longtemps (+ longtemps que la phase 1). Mais les ressources de l’organisme vont être en voie d’épuisement, et le fonctionnement immunitaire est partiellement réduit par les hormones de stress. Face à cette adaptation continue de l’organisme, on peut observer une diminution de la capacité de l’organisme à faire face à un nouveau stresseur. Le sujet est aussi plus vulnérable à des problèmes de santé (ulcère, hypertension, asthme…). Si le stress perdure encore le corps entre alors en phase d’épuisement ou d’extinction.

Phase 3 d’épuisement : nos ressources sont limitées et notre capacité à résister au stress peut s’effondrer. Un stress prolongé et répété est toujours couteux physiologiquement et psychologiquement. Notre niveau de résistance est limité.

Si le stress est intense et persiste trop longtemps, le corps va finir par atteindre un stade d’épuisement dans lequel on voit apparaitre une augmentation de la vulnérabilité à la maladie, et dans certains cas extrêmes, on peut observer un effondrement et la mort. Les réponses utiles à court terme sont désormais potentiellement dommageables si elles persistent. Des niveaux élevés de cortisol (hormone de stress) impactent le système immunitaire, ainsi que le fonctionnement cellulaire au niveau du cerveau. On arrive alors dans une situation ou l’usure du corps prend le dessus, et la personne peut s’effondrer dans un état d’épuisement total.

Que devient le corps lorsque des niveaux élevés de stress sont prolongés ?

Ces fluctuations de la pression artérielle, du fonctionnement immunitaire et la variation du taux des hormones du stress est la charge allostatique. La charge allostatique c’est ce qui crée l’usure du corps lorsqu’on est exposé à un stress prolongé réduisant l’adaptation à de nouveaux facteurs de stress. Il faut alors considérer l’accumulation globale des efforts physiologiques au cours du temps.

Il y a 4 facteurs qui sont importants dans le niveau global d’activation physique :

1. Le niveau d’exposition : lorsque l’on rencontre des stresseurs qui sont intenses, fréquents et prolongés, il y a plus de risques de dérèglement avec une réponse physiologique importante

2. L’ampleur de la réactivité : face à un facteur particulier, les réactivités entre les individus seraient différentes.

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3. Le niveau de récupération : lorsque le niveau de stress disparait, les réactions physiologiques disparaissent. Ce retour à la normale n’est pas aussi rapide selon les personnes.

Cette récupération plus lente chez des personnes est notamment observée chez des individus qui ont tendance à ruminer l’événement stressant, c’est-à-dire revivre mentalement cette situation de stress ou encore des individus qui craignent que l’évènement stressant revienne de nouveau. Ça prolonge l’activation.

4. La restauration des ressources (charge allostatique) : face à cette activation importante du niveau physiologique, il faut se réapprovisionner face à diverses activités, notamment grâce au sommeil. Le sommeil est central dans la restitution de la charge allostatique. La privation du sommeil est elle-même considérée comme une source de stress. Une mauvaise qualité de sommeil ou un temps réduit peut également entrainer des maladies cardiaques. Pendant le temps de sommeil le corps se retape de la suractivité due au stress.

La combinaison de ces 4 facteurs va déterminer la charge globale de stress physiologique.

Est-ce que tous les stresseurs produisent les mêmes réactions physiques ? De nombreuses études ont montré que des facteurs de stress divers augmentent tous la sécrétion d’hormones par les glandes surrénales (température, douleur…).

SELYE : Le GAS (syndrome général d’adaptation) est non spécifique en ce qui concerne le type de stresseurs, MAIS ne prend pas en compte les processus psychosociaux. Les réactions physiologiques décrites se produisent donc indépendamment du type de stress et celles-ci sont toujours les mêmes.

Le modèle de Selye est purement physiologique, il manque une dimension psychosociale pour comprendre le stress. Certains facteurs de stress semblent susciter une réaction émotionnelle plus forte que les autres. Certains auteurs comme Masson montre que la preuve n’est pas donnée que toute hormone répond à tout stimuli de façon totalement non spécifique. Les hormones libérées selon les stresseurs sont différents. La quantité d’hormones de stress libérée implique également une forte réaction émotionnelle. Cela a conduit à remettre en cause la notion de non spécificité de Selye. Il existe des différences importantes en termes d’émotions selon les stresseurs.

Certains facteurs de stress semblent susciter une réaction émotionnelle plus forte que les autres.

Cette notion de réaction émotionnelle semble importante. D’autres auteurs ont souligné que le modèle de l’excitation physiologique dépend en fait de 2 facteurs : du facteur de l’effort et de celui de la détresse. L’effort implique l’intérêt, la détermination, la motivation de la personne. La détresse implique une question plus émotionnelle, d’anxiété, d’insatisfaction, d’incertitude….

FRANKHAUSER : modèle de l'excitation physiologique dépend de l'effort et la détresse, il décrit ces deux facteurs en interaction avec 3 combinaisons possibles :

-Effort avec détresse => augmentation des sécrétions de catécholamine et de cortisol. Ces conditions correspondent aux situations de tracas quotidiens.

-Effort sans détresse => état joyeuse caractérisé par une adaptation rapide et réussie, un fort niveau de contrôle personnelle. Cette situation tout de même stressante entraine une augmentation de la sécrétion de catécholamine alors que la sécrétion de cortisol peut être supprimé.

-Détresse sans effort => implique des situations de perte de contrôle, d’abandon face à des facteurs nous débordants, On a une augmentation de la sécrétion de cortisol principalement même si les catécholamines peuvent être élevée.

Parce que la détresse est une émotion ça correspond au point de vue développé par Masson.

Les processus d’évaluation cognitive jouent un rôle dans la réaction physiologique aux facteurs de stress. Dans une étude de 1985, des chercheurs qui ont prélevés des échantillons d’urines les jours où il y n’y avait pas de contrôle et les jours ou il y avait des contrôles chez des enfants de primaire pour évaluer le niveau de cortisol. Ils constatent que le niveau de cortisol était plus élevé le jour où il y avait des contrôles. Cependant, ce n’était pas le cas pour tous les enfants. Ils ont donc recherché ce qui spécifiait cette différence et ont constaté que la variable explicative est la capacité intellectuelle. Ce qui veut dire que ceux qui avaient des niveaux de cortisol élevés étaient les enfants avec une intelligence « moyenne à supérieure » alors que les enfants avec une intelligence « faible à

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moyenne » ne présentaient pas cette augmentation de cortisol. Cela suggère donc que les enfants les plus brillants étaient plus préoccupés par la réussite scolaire et ont évalués les jours d’examen comme importants et donc plus stressants que les autres enfants.

La structure de base du GAS semble valide mais il suppose que tous les facteurs de stress entrainent les mêmes facteurs physiologiques sauf que ce n’est pas le cas car ce modèle ne prend pas en compte les facteurs bio-psycho-sociaux.

B) ÉVALUATION COGNITIVE DES ÉVÉNEMENTS

À partir du constat de Selye qui conclut qu’un certain nombre d’événements produisent une même série de réponses et du constat que les êtres humains ne réagissent pas de façon uniforme face au stress, on va chercher à comprendre pourquoi on réagit différemment à un même facteur de stress.

Sur une situation de stress : par exemple un examen, qu’est ce qui fait qu’un étudiant vive cet évènement comme une menace et qu’un autre vive cette expérience comme un défi ? Pourquoi les étudiants n’ont-ils pas la même réaction face à des situations identiques ?

LAZARUS et FOLKMAN : modèle transactionnel du stress, processus d’évaluation cognitive. Selon ce modèle, les stimuli sont abordés d’un point de vue cognitif de façon différente d’un individu à l’autre. On réagit sur la base de notre propre expérience, mais aussi grâce à des facteurs génétiques. Il y a une évaluation cognitive et un processus qui comporte une réaction émotionnelle. Ce processus de traitement de l’information cognitive comporterait une activation émotionnelle qui activerait à son tour la réaction physiologique face au stress. Le concept de transaction souligne que c’est un processus actif, la situation influence la personne et en retour la personne peut aussi modifier son environnement.

LAZARUS émet l’idée que tout sujet est actif dans une situation de stress. Dans ce modèle, il nous indique qu’un stimulus ou une situation devient stressante à travers un processus d’interprétation cognitive. C’est l’interprétation cognitive que l’on fait de l’évènement qui le rend stressant = processus d’évaluation cognitive. La relation entre comportement et stress se fait en plusieurs séquences.

Dans ce modèle on a 2 éléments :

1) Un ou plusieurs évènements stressants apparaissent dans un environnement particulier de vie d’une personne.

2) Il se met en place une évaluation cognitive = processus mental par lequel les gens évaluent deux facteurs : évaluation primaire (danger ou défi ?) et secondaire (options à mettre en place, ressources suffisantes ?)

Évaluation primaire : on va faire une évaluation du sens de l’évènement. C’est la plus automatique, assez rapide et elle va consister à prendre une décision concernant le bien-être de la personne en rapport à une situation. On fait une évaluation des enjeux liés à une situation spécifique. C’est l’évaluation de la nature et des exigences de la situation. On va décider si la situation vécue est non pertinente, neutre, bénigne ou stressante.

- Comme neutre : négligeable, le processus d’évaluation cognitive s’arrête, situation jugée non pertinente

- Comme bénéfique : on a tendance à maintenir la situation car elle est positive

- Comme dommageable : cette situation correspond à la situation de stress, on juge l’évènement comme stressant. Il y a 3 possibilités : danger (pertes ou dommages actualisés : maladie …), menace (danger futur, la perte de quelque chose est anticipée : patient examine leurs frais médicaux …), défi (le sujet voit une occasion de prouver ou se prouver quelque chose, d’anticiper un gain)

→ Les processus physiologiques doivent être pensés en interaction avec les processus mentaux

Exemple : on ressent des symptômes de douleurs ou nausées. On évalue cognitivement cet événement et on peut alors considérer que cette situation est neutre (soit négligeable car déjà vécue et que cela se passe tout seul). Le processus s’arrête alors. Elle peut être bénéfique si on souhaite par exemple sécher un cours. Si la situation est évaluée comme dommageable elle est vécue de façon stressante car on craint que les symptômes soient nuisibles.

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Exemple : deux étudiants ayant une mauvaise note : un est mortifié par le stress et considère le reste de l’année fichu, un deuxième étudiant considère le reste de l’année comme un défi le poussant à s’améliorer.

Évaluation secondaire : on va évaluer nos ressources disponibles. C’est une étape plus complexe. Elle consiste à déterminer ce qu’il faut faire pour affronter efficacement la situation stressante, cette étape peut également être inconsciente. Le sujet va évaluer ses capacités de Coping = il va évaluer les moyens dont il dispose pour surmonter la situation. Cette étape se met en route seulement quand on perçoit dans l’évaluation primaire la situation comme dommageable. Cette étape est très subjective, selon notre parcours nous n’avons pas les mêmes ressources ni les mêmes stratégies pour faire face au stress.

Le premier étudiant qui est débordé, qui vit sa mauvaise note comme une menace, il va être en incapacité d’aller puiser dans ses ressources pour faire face à la situation. Alors que pour l’étudiant qui voit sa note comme un défi, une de ses ressources est par exemple de faire un planning de révision ou de demander des conseils au prof.

Si on évalue nos ressources comme suffisantes pour répondre à la situation, nous allons éprouver alors peu ou pas de stress. Mais si on évalue que les demandes, liées à la situation, dépassent nos ressources on va éprouver beaucoup de stress.

Ce processus détermine nos réponses au stress de tous les jours, mais il est également à l’œuvre dans des situations de stress plus graves (psychiatrique, stress post-traumatique …) quand on est malade selon si on se sent capable d’affronter la maladie ou non, la guérison ne sera pas la même.

Le stress peut être dut à des facteurs cognitifs comme vue précédemment, ce sont des facteurs personnelles (estime de soi …) mais les situations stressantes dépendent aussi de facteurs situationnels.

III. Stress, facteurs biopsychosociaux, et maladies

A) L’IMPORTANCE DES FACTEURS SITUATIONNELS

Facteurs situationnels : événements qui impliquent des exigences très fortes et sont imminentes, ils ont tendance à être considérés comme stressants

Exemple : un patient qui attend une opération sera plus stressé qu’un autre patient qui attend un vaccin

Le niveau de stress dépend de la fréquence, de l’intensité et de la durée du stresseur (qui nous conduira à distinguer des stress aigus et chroniques). Le stress chronique (se répète de façon récurrente ou dure longtemps) est plus vulnérabilisant en termes de santé (plus vulnérable à contracter une maladie ...). De même pour les stress de forte intensité. Dans ce tableau d’autres facteurs aggravants du stress sont donnés :

• Transitions de vie (devenir parents …).

• D’autres évènements qui ne correspondent pas au schéma classique peuvent aussi être stressants comme un calendrier difficile (avoir un enfant à 15 ans, passer son bac à 40 ans …)

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• Situation ambiguë : information pas claire sur un état de santé, missions peu claires de ce qu’on doit faire en tant que salarié (utilisé pour déstabiliser les salariés).

• Faible désirabilité : on n’a aucune envie de recevoir un PV, que notre maison brule…

• Faible contrôle de soi : « locus of control » avoir des douleurs dans le dos et ne rien pouvoir faire pour se soulager (physio) ou ne pouvoir s’empêcher de repenser à une situation traumatisante (cognitif).

On peut commencer à voir comment s’entrelacent nos systèmes physiologiques, psychologiques et sociaux au sens environnemental => modèle bio-psycho-social. Nous allons maintenant examiner l’impact du stress sur le développement cognitif, émotionnel et social des gens.

B) ASPECTS PSYCHOSOCIAUX DU STRESS

• Cognition et stress : le stress interfère avec la mémoire, l’attention et les fonctions exécutives (cortex préfrontal).

Par exemple en révisant pendant un examen, on peut négliger ou mal interpréter des infos importantes de la question, ou encore avoir une difficulté à interpréter une question alors qu’on sait que l’on sait (sur le bout de la langue), qu’on a bien étudié cette partie de cours. C’est la résultante d’un niveau élevé de stress qui affecte la mémoire et l’attention du sujet qui sont pourtant essentielles pour la réussite de l’examen.

Le stress peut aussi amener à détourner l’attention. Par exemple, une personne vivant près une autoroute (bruit chronique), la plupart des gens vont, dans ce type de stress, changer le bruit de l’attention, capacité à éteindre le bruit. Ils squeezent le bruit pour se concentrer sur une autre tâche cognitive (ils n’entendent plus ce bruit). Or il a été démontré que les enfants qui vivent dans ces environnements, ont plus de risque de développement des déficits cognitifs, ils ont des difficultés, en milieu scolaire, à savoir quand il faut « éteindre » le bruit et quand il faut écouter.

Les fonctions exécutives sont les fonctions qui sont impliquées dans la régulation et l’orientation de notre comportement actuel, zone cérébral (frontale et préfrontale) activée dans des fonctions spécifiques comme le maintien ou le déplacement de notre concentration. Ces fonctions exécutives (neuropsy) sont centrales car on sait qu’un bon fonctionnement exécutif aide à gérer les situations stressantes ; et que les situations stressantes chroniques vont venir perturber temporairement les fonctions exécutives. C’est pourquoi on aura des difficultés de compréhension, de mémoire, de contrôle des impulsions au cours des expériences stressantes. Il y a aussi un déterminant biologique.

• Émotion et stress : les émotions ont tendance à accompagner le stress et les sujets utilisent souvent leurs états émotionnels pour évaluer leur niveau de stress. Cette expérience émotionnelle a un impact aussi sur l’interprétation cognitive du stress.

Par exemple, on va se promener en forêt pour faire une pause (dans son travail) et puis on rencontre un serpent. Si on a une peur bleue des serpents, et qu’on sait que c’est un venimeux ; on aura une émotion de type anxiété. Mais si on étudie les serpents et qu’on tombe sur celui qu’on recherche, on aura une émotion de type excitation et joie.

On voit alors 2 situations qui impliquent un stress mais l’émotion est différente (menace – peur ; défi – excitation).

Il y a différents degrés et catégories de réactions liés au stress :

- Les phobies sont des craintes intenses et irrationnelles qui sont directement associées à des événements et des situations spécifiques (phobie sociale, phobie des serpents, claustrophobie…), un niveau d’angoisse qui s’exprime spécifiquement dans des situations particulières.

- L’anxiété est un sentiment de malaise ou d’appréhension diffus. L’anxiété est plus généralisée par rapport aux phobies. C’est une sorte d’angoisse, d’anticipation d’une menace qui pourrait arriver. Il existe différents niveaux d’anxiété. On ne sait pas toujours pourquoi on est anxieux. Les patients attendant des résultats à des tests connaissent des niveaux d’anxiété, l’anxiété peut aussi venir d’une estime de soi faible.

- La colère : par exemple dans un embouteillage, la personne se met à hurler. Une des émotions les plus associées au stress, notamment quand la situation parait nuisible ou frustrante.

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• Comportement et stress : le stress change le comportement social des sujets envers les autres (positif et négatif).

- Entre aide : Dans certaines situations stressantes comme les accidents d’avions ou les tremblements de terre, on peut constater que les gens peuvent œuvrer ensemble pour s’aider à survivre mutuellement. Les gens s’orientent vers les autres, recherchent la présence des autres pour un soutien ou simplement une présence.

- Hostilité et insensibilité : en revanche dans certaines situations stressantes, les gens peuvent devenir moins sociables, insensibles voire hostiles aux besoins des autres

- Stress + colère = risque de comportements sociaux négatifs. Des comportements agressifs qui tendent à se pérenniser même une fois que le stress a disparu. Ceci permet d’expliquer des violences qui peuvent apparaitre (violence conjugale, maltraitance des enfants les parents sont souvent stressés et perdent le contrôle…) => épuisement temporaire des ressources psychologiques liées au stress.

• Genre et différences socioculturelles : Les femmes déclarent généralement éprouver plus de facteurs de stress que les hommes. Les femmes ont donc plus souvent tendance à se dire « stressées ». Cela reflète probablement aussi de vraies variations dans les expériences parce que dans les ménages à 2 la plupart du temps ce sont les femmes qui effectuent la majorité des tâches quotidiennes qui sont plus lourdes et plus stressantes pour les femmes que pour les hommes.

Les hommes montrent plus de réactivité physiologique et plus de temps pour que leur excitation physiologique revienne à des niveaux de base une fois le stress terminé.

Dans l’évaluation des situations stressantes, il existe de grandes différences entre homme et femme. En termes de réactivité physiologique relative au stress, des événements stressants sont propres à chaque sexe :

-> Les événements stressants pour les hommes : remise en cause de leur compétence

-> Les événements stressants pour les femmes : remise en cause de leur amitié, affection ou amour

On voit ici le caractère subjectif de l’évaluation d’un événement stressant qui provoque alors des réactions physiologiques différentes selon les genres. Une étude faite en 2000, concluait que face à des situations de stress, les hommes et les femmes n’auraient pas les mêmes réactions. Les hommes auraient tendance à répondre avec une réponse de type lutte ou fuite. Alors que les femmes tendraient à avoir des réponses plus caractérisées par tendresse et lien d’amitié.

D’autres facteurs psychosociaux augmentent également le stress => importance du revenu et du niveau d’instruction. Le fait d’être pauvre augmente le stress. Les riches ayant un bon niveau d’éducation connaissent moins de facteurs de stress, les personnes plus pauvres rapportent plus de facteurs de stress chroniques, cette différence au niveau perceptif est retrouvée au niveau physiologique. Plus le revenu et l’éducation est faible plus le niveau quotidien d’hormones de stress est élevé (adrénaline et cortisol). On retrouve au niveau physiologique ce qui justifie ce qu’on constate au niveau psychologique.

C) MANIFESTATIONS PSYCHOLOGIQUES DU STRESS

Les premières conceptions du stress mettent l’accent sur l’aspect biologique (stress aigu). On a aussi des manifestes psychologiques du stress. Dans le stress chronique on a accumulation de facteurs agressifs qui va avoir des conséquences psychiques et psychologiques avec 3 catégories de désordres psychologiques :

• Désordres comportementaux et psychobiologiques

Principalement ce sont : troubles du sommeil, réveil nocturne, troubles de la parole (aggravation), bégayement, troubles du comportement alimentaire.

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• Dysfonctionnements cognitifs

Troubles de la mémoire, de l’attention, pensées confuses.

• Dysfonctionnements émotionnels et affectifs

Le coté affectif et émotionnel va être touché avec la notion de l’anxiété (impossibilité de se relâcher, humeur dépressive, baisse d’intérêt…). Certains vont avoir des traits hypocondriaques, des troubles de l’alimentation et puis la personnalité va être aussi modifiée et parfois aggravation des tendances de la personnalité (installation d’un véritable trouble). Des nouveaux comportements peuvent apparaitre mais qui n’existaient pas avant.

Pour certains auteurs, cela signifie que la personne est en train de basculer, qu’elle atteint une phase du syndrome général d’adaptation (opinion discutable). Donc à travers cette description on voit que c’est la façon de vivre l’évènement qui est déterminante dans la question du stress. Donc il faut tenir compte des facteurs situationnels, des facteurs positionnels du sujet qui va évaluer différemment un évènement stressant ou non.

D) LES SOURCES DE STRESS

On voit que dans ce stress psychologique, la réaction individuelle dépend de l’attribution consciente et inconsciente que l’on attribue à l’événement. On divise en 2 grandes catégories les situations qui peuvent susciter du stress.

1- DES ÉVÈNEMENTS AIGUS ET IMPREVUS (LIFE EVENTS)

Qui prennent une importance en fonction des conséquences considérables, ce sont des événements de vie, donc importants pour l’individu, bien identifiables et limités dans le temps. Donc ces éléments de vie concernent des expériences personelles significatives (mariage, divorce, licenciement, deuil) et aussi des événements collectifs (catastrophes naturelles, guerre, attentat…).

2- LES TRACAS QUOTIDIENS (DAILY STRESS)

Ce sont les petites difficultés de la vie quotidienne. Ce stress quotidien est plus difficile à identifier, quantifier, mesurer. C’est une des raisons pour lesquelles il est souvent sous-évalué. On s’intéresse davantage au stress quotidien dans les aspects sociaux, familiaux… Dans ces stress quotidiens, on a identifié que c’est le niveau de stress familial qui est un facteur de risque dans les maladies graves comme la schizophrénie, la dépression, les troubles bipolaires… Le stress familial est très important dans les décompositions psychiques, le fait de tomber malade psychiquement. Un autre aspect de la vie quotidienne est le stress au travail lié aux pathologies somatiques et psychiques.

On a aussi :

• LE STRESS AIGU / CHRONIQUE

Premier élément identifié : si on est sur un stress d’un événement de vie ou sur un stress quotidien → Permet de voir les stress aigus ou chroniques.

Le stress aigu = élément ou stimuli soudains comme se couper avec un verre, avoir un accident.

Le stress chronique est de longue durée, par exemple souffrir de malnutrition, être malade d’une maladie chronique…

• LE STRESS PHYSIQUE / STRESS EMOTIONNEL ET PSYCHOSOCIAL

Il peut y avoir un stress physique : une blessure, un handicap. Mais ça peut aussi être un stress émotionnel et psychosocial par exemple un deuil, être victime de discrimination.

À travers ces définitions, on vit tous des expériences de stress. Ce stress peut survenir à tout moment.

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1) SOURCES INTRINSÈQUES AU SUJET

Lorsque l’on doit décider entre deux options incompatibles. C’est également le cas lors de forces opposées de motivations.

Exemple : option a la fac, deux cours se déroulent en même temps, on a ici un conflit, tiraillé entre deux motivations, ici petit conflit mais des conflits plus grands peuvent survenir dans la vie de l’individu.

Les forces de conflits sont appelées tendances opposées d’approche et d'évitement (MILLER, 1959)

- Approche-approche, c’est le moins stressant. Exemple : choisir entre deux beaux garçons avec qui sortir

- Évitement-évitement : choisir entre deux conflits peu attrayants. Exemple : passer un oral devant tout le monde ou ne pas y aller et avoir 0. C’est-à-dire deux situations que l’on aimerait éviter. Ce conflit est plus stressant.

- Approche-évitement, exemple : très attiré par le mariage mais d’un autre coté le mariage fait peur.

En général les gens trouvent un conflit stressant quand il y a plusieurs possibilités de choix et quand les forces de motivations opposées sont à peu près égales. Ces conditions s’appliquent souvent aux personnes qui doivent prendre des décisions pour leur santé.

Un certain nombre de facteurs qui résultent de nos besoins sociaux : d’être apprécié par les autres, expérience de rejet… sont des sources centrales de stress. La menace d’être évalué négativement par les autres peut provoquer la production d’hormones de stress…

2) SOURCES FAMILIALES

Nos relations les plus proches peuvent être des sources de stress. La famille peut être source de tension…

-> L’arrivée d’un nouveau membre de la famille : un nouveau-né par exemple, les autres membres de la famille peuvent être perturbés par cette arrivée.

-> Les conflits conjugaux et le divorce : quand ils deviennent fréquents et difficiles. Quand un couple se dispute, on a observé une augmentation de la pression artérielle… Si cela se perpétue, ça peut engendrer des effets négatifs sur la famille. L’adaptation au divorce prend plusieurs années, ce sont des effets à long terme du divorce ou des effets négatifs qui ont précédé le divorce. Cela contribue à de nombreux problèmes de santé chez l'enfant.

-> La maladie et la mort dans la famille : le fait d’avoir un enfant malade chronique grave, la famille doit s’adapter à un stress à long terme. Avoir un malade chronique, contraint en temps et en liberté. C’est aussi une famille qui va être confrontée à prendre des décisions difficiles. Personne âgée malade, qui pour la famille peut conduire à un épuisement. Les enfants non malades peuvent en souffrir aussi.

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Et la maladie ou le handicap des adultes : pression liée au manque d’argent car un adulte malade va moins travailler. Génère des coûts, des soins. L’âge est aussi un facteur de stress pour les personnes âgées.

3) SOURCES SOCIÉTALES ET ENVIRONNEMENTALES

-> Emploi et stress : les exigences de la tâche, du boulot, la charge de travail peuvent être stressantes. Il y a de plus en plus d’accidents de travail et d’accidents au niveau cardiaques.

Le travail manuel comme caissier peut être relativement stressant et lié à des symptômes physiques. Le travail supervisé qui va stresser la personne. Les emplois qui impliquent la responsabilité de la vie des patients, le personnel médical a une charge de travail lourde et doit donc faire face à des situations stressantes.

-> Substances dangereuses et menaces environnementales : par exemple vivre à côté d’une centrale nucléaire.

Il y a de nombreuses sources de stress délétères pour la santé psychique et somatique de chacun d’entre nous.

EST-CE QU’IL Y A UN BON ET MAUVAIS STRESS ? EST-IL BÉNÉFIQUE ?

De nombreuses théories proposent que les gens fonctionnent mieux à un niveau optimal d’excitation (au plus haut de la courbe), où les gens fonctionneraient avec toutes leurs compétences. Trop ou trop peu d’excitation altérerait les compétences, le fonctionnement. Ce rendement différerait selon les personnes. Cette courbe montre la façon dont le stress (forme d’excitation) se rapporte à une forme de qualité de fonctionnement.

On aurait un fonctionnement assez pauvre a des niveaux de stress très faibles ou à des niveaux très élèves. Et un meilleur fonctionnement à un niveau modéré ou optimal.

Courbe de HEBB (1955)

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Certains chercheurs ont pris des positions sur cette question et expriment l’idée qu’il existe deux types de stress qui vont différer dans leur impact. Il existerait un type de stress qui est nuisible et dommageable qui est appelé distress et un autre qui serait bénéfique et bon est appelé eustress. (Assimilables avec les notions de détresse et d’effort).

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POINTS IMPORTANTS

I. LES MODÈLES DE COMPRÉHENSION DE LA MALADIE ET DE LA SANTÉ :

➢ Santé : état complet = « état de bien-être physique, mental et social complet, et pas simplement l’absence d’infirmité ou de maladie » d’après l’OMS.

➢ Auteurs : - ANTONOVSKY : notion de santé dans un continuum. - HIPPOCRATE : théorie des 4 humeurs. - PLATON : le corps et l’esprit sont des entités séparées. - GALIEN : les maladies peuvent être localisées dans des parties spécifiques du corps. - DESCARTES : le corps(=machine) et l’esprit communiquent.

➢ Conception de la maladie et de la santé évolue au cours du temps :

- Modèle biomédical = introduit par la séparation du corps/esprit - Modèle bio-psycho-social Engel = on prend en compte l’aspect psychologie, comportemental, biologique,

social…

II. STRESS, MALADIE ET ADAPTATION :

➢ Qu’est-ce que le stress ? les circonstances dans lesquelles les transactions conduisent une personne à percevoir une différence entre les exigences physiques ou psychologiques d’une situation et ses ressources biologiques ou psychologiques.

- CANNON : réaction de fuit ou de lutte. - Selye : GAS (alarme/ résistance/ épuisement). - Frankhauser : modèle de l'excitation physiologique dépend de l'effort et la détresse. - Lazarus et Folkman : processus d’évaluation cognitive -> évaluation primaire et évaluation secondaire.

III. STRESS, FACTEURS BIOPSYCHOSOCIAUX, ET MALADIES

➢ Les facteurs situationnels ont une place importante : transition de vie, calendrier difficile, situation ambiguë, faible désirabilité, faible contrôle.

➢ Il y a différents aspects du stress : - Cognitif : interaction avec la mémoire, l’attention et les fonctions exécutives. - Émotionnel : différents degrés de réaction : phobie, anxiété et colère. - Comportemental : entre-aide, hostilité, colère.

Les sources de stress sont très variées : évènements imprévus / tracas quotidien ou intrinsèque au sujet (Miller :

Approche/évitement) / familiale / sociétale / environnementale

Nb : les différences de genre et les différences socio-culturelles entrainent des réactions au stress

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CHAPITRE N°4 : Applications de la psychologie dans le domaine de la santé

I. Comment le stress affecte-t-il la santé ?

A) MODÉRATEURS PSYCHOSOCIAUX DU STRESS ET DE LA PERSONNALITÉ

1) LE SOUTIEN SOCIAL

Soutien : soin d’autres personnes à l’égard d’une personne.

Cette notion a suscité l’intérêt des psychologues de la santé, et a montré que les personnes ayant un soutien social important sortaient plus rapidement de l’hôpital que les autres. Mais il existe plusieurs définitions du soutien social !

• Soutien instrumental/concret : assistance effective de type service rendu (par ex. garder le chat de son ami hospitalisé, conduire votre grand-mère à son rdv médical)

• Soutien matériel : assistance effective de type dons, aides matérielles directes

• Soutien informatif ou informationnel : conseils, suggestions, informations ou transmissions de savoirs.

• Soutien émotionnel/affectif : expression d’affects positifs (confiance, amour, amitié, etc) qui apporte un sentiment d’affection et de réconfort.

• Soutien d’estime : réassurance de la personne sur ses compétences et sa valeur (encouragements) renforce la confiance du sujet.

On a également de nombreuses sources de soutien : du coté de notre famille, de nos amis, de notre conjoint, du médecin… Un autre problème est « Comment mesurer le soutien social, le quantifier ? » Ce qui compte ce n’est pas tant le soutien social reçu mais le soutien social perçu, ils peuvent avoir des effets différents sur la santé.

De quel type de soutien social les patients ont–ils besoin ? Est-ce le même pour toutes les pathologies ?

Un certain nombre d’études ont montré qu’il y avait des besoins de soutien social différents en fonction de la situation et de la maladie. Ex : ceux qui souffraient de cancer ont plutôt besoin de soutien affectif et d’estime, alors que les patients qui souffrent de maladies moins graves mais chroniques ont besoin de tous les types de soutiens.

Des études ont été menées sur des étudiants en conditions de stress, ils auraient besoin de soutien émotionnel et d’estime, ce qui entrainerait une diminution de leur stress. On ressent donc moins de stress quand on est soutenu.

Il y a des différences selon le sexe, le genre. Il a été identifié que les femmes reçoivent moins de soutien social de la part de leur conjoint qu’elles ne leur en donnent. Elles semblent davantage compter sur leurs amis et sur les autres femmes pour les soutenir avec l’amitié féminine. Il y a plus d’intimité dans les amitiés féminines que dans les amitiés masculines. Les femmes répondent aux situations de stress de façon plus relationnelle et interpersonnelle, alors que les hommes sont plus intériorisés.

Ce soutien permet de réguler l’expérience de stress, perçu ou physiologique, on a vu que plus on se sent soutenu plus notre maladie diminue, notre stress diminue.

On ressent moins de stress à deux que seul, mais quand on connaît la personne, pas quand c’est un étranger. Cela marche aussi pour un chat, chien ou un animal. En revanche quand on met une présence connue, avec un lien affectif dans l’auditoire, cela va augmenter le stress car on a peur du jugement négatif.

2) SOUTIEN SOCIAL ET SANTÉ

Une étude a évalué le soutien social de populations américaines malades, elle a montré que plus le niveau de soutien social des sujets est important, plus le taux de décès est bas. Il a aussi été identifié une association assez forte

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entre les maladies cardiaques et le stress, donc moins de soutien = plus de maladies cardiaques. On a retrouvé chez des personnes remises d’une maladie qu’elles avaient moins de risques de rechuter si elles étaient bien soutenues socialement.

Le soutien social diminue la probabilité de la maladie, de rechute et augmente les vitesses de récupération et de guérison.

3) SOUTIEN SOCIAL ET SANTE : EFFET TAMPON OU DIRECT

Effet tampon : le soutien social influe sur la santé en protégeant la personne contre les effets négatifs du stress élevé, mais seulement dans des situations de fort stress, et moins dans des situations de petit stress. Dans des situations de contrainte ou de stress faible, il n’y a pas ou peu d’effet tampon.

Quand les personnes rencontrent une situation stressante extrêmement forte, comme une crise financière, celles qui disposent d’un soutien social fort peuvent être moins susceptibles d’interpréter cette situation comme très stressante. L’autre possibilité est que le soutient social peut modifier la réponse au stress, car plus le soutien est important, plus on pense que quelqu’un pourra nous aider à résoudre le problème. Les personnes sans soutien ne bénéficient pas de l’effet tampon.

Effet direct : effets principaux, les prestations de soutien social, quel que soit le nombre, ont des effets bénéfiques sur la santé, le bien être. Les personnes qui disposent d’un soutien social fort peuvent avoir un fort sentiment d’appartenance sociale et d’estime de soi. Ces perceptives positives sont des facteurs bénéfiques pour la santé. Des études ont montré que les personnes qui jugent avoir un meilleur soutien ont de pressions sanguines plus faibles que les autres. L’autre effet est que plus j’ai un soutien social important plus je suis amené à vivre une vie saine, je vais plus facilement faire de l’exercice, bien manger, ne pas fumer…

Le soutien semble bénéfique pour la santé, mais il ne réduit pas toujours le stress et n’est pas tout le temps bénéfique car on peut bénéficier d’un soutien objectivement mais ne pas le percevoir, c’est très subjectif.

Différence entre reçu et perçu : quand l’aide est insuffisante, ou quand le soutien social apporté n’est pas du bon type. Ex : exam difficile, le soir je vais chez mes parents j’ai besoin d’un soutien affectif, mais ma mère me donne de l’argent pour faire les magasins afin de résoudre mon problème, alors que ce n’est pas ce que je veux et pas ce dont j’ai besoin. L’important est que le soutien social que l’on reçoit corresponde au soutien que l’on veut, cela arrive fréquemment. C’est le soutien social perçu qui est le meilleur prédicteur de santé et non celui reçu.

4) LE SENTIMENT DE CONTRÔLE PERSONNEL

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Définition : Le degré de contrôle que le sujet pense avoir sur sa vie. La plupart d’entre nous aime penser que nous avons un certain contrôle sur notre vie. C’est le sentiment que je peux prendre des décisions ou des mesures efficaces pour produire des résultats souhaitables ou réduire des résultats indésirables. On est guidé par ce sentiment au quotidien.

Les personnes ayant un fort sentiment de contrôle personnel connaissent et vivent moins de stress, 2 types :

• Contrôle comportemental : toutes les mesures que je peux prendre pour réduire l’impact d’un facteur de stress, réduire la durée de l’évènement. Ex : une femme enceinte qui a pris des cours d’accouchement peut utiliser des techniques de respiration pendant l’accouchement pour réduire la douleur.

• Contrôle cognitif : la capacité à utiliser des processus ou stratégies cognitives pour modifier l’impact d’un facteur de stress, ce qu’on utilise dans certaines thérapies, mais aussi nous-mêmes tous les jours, se concentrer sur une pensée agréable etc… c’est efficace contre le niveau de stress, stratégies positives, elles réduisent le plus le stress.

Grandes différences interindividuelles sur le contrôle personnel. Le type de contrôle personnel distingue aussi les personnes, c’est-à-dire « à quel niveau je crois avoir un contrôle sur ma réussite ou mes échecs dans ma vie », c’est le locus de contrôle.

• Locus de contrôle interne : le sujet pense que le contrôle des évènements est en lui-même, qu’il est responsable des évènements. Ex : « Je n’ai pas bien révisé, je n’ai pas été sérieux », il s’attribue la responsabilité de la mauvaise note. « J’ai un contrôle sur la maladie, sur ma santé, je vais me battre, je suis acteur de ma santé »

• Locus de contrôle externe : le sujet croit que les évènements de sa vie sont contrôlés par des forces extérieures. Ex : « le prof n’a pas bien expliqué, le qcm était mal posé » il rejette la responsabilité sur des évènements extérieurs, sur les autres.

→ Dans le locus externe on a deux sous types qu’on voit souvent en santé:

- Type autre puissant : patients qui ont la conviction que leur santé est contrôlée par d’autres personnes, comme médecins et autres professionnels « je me remets entre vos mains ».

- Type chance : patients qui ont la conviction que c’est la chance ou le destin qui contrôle la maladie.

Qu’est-ce qui arrive aux gens qui éprouvent un niveau élevé de stress et qui se sentent en incapacité de faire face, qui ont un faible sentiment de contrôle personnel ?

→ Cela amène l’impuissance acquise/apprise proposée par Seligman : sentiment d’être impuissant, d’être

piégé par la situation, incapable d’éviter les conséquences négatives, ex : personnes souffrant de douleurs chroniques incapables de faire face à leur douleur. Conduit au syndrome de l’apathie, les personnes vont cesser la lutte ou le combat et vont croire qu’ils n’ont aucun contrôle sur leur vie.

Cette notion d’impuissance apprise a été remodelée à travers la notion d’attribution, on s’est intéressé à « Comment chacun de nous établit une forme de jugement sur des évènements ou sur une situation ? », 3 dimensions :

• Dimension interne/externe

• Dimension stable/instable : jugement très bref sur « est-ce que la situation résulte d’une cause qui est de longue durée stable ou d’une cause temporaire instable ? » Ex : maladies chroniques sources de risques stables, les sujets ont plus de risques de se sentir déprimés.

• Dimension spécifique/globale : on évalue si la situation a des effets de grandes envergures ou si elle n’a que des effets spécifiques et restreints. Ex : on veut arrêter de fumer : « je suis totalement nul car je n’arrive pas à arrêter de fumer », ou « je suis nul pour arrêter de fumer seulement mais je suis bon dans d’autres domaines », soit globale, soit spécifique.

Nous avons donc tous un style spécifique, style explicatif pessimiste VS style explicatif optimiste : - Optimiste : attribue les évènements négatifs à des causes externes, instables et spécifiques. - Pessimiste : attribue les évènements négatifs, à des causes internes, stables et globales.

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5) PERSONNALITÉ ET VULNERABILITÉ

Les déterminants de personnalité : on sait que certains traits rendent les gens plus ou moins résilients face à la maladie et au stress, le sentiment de contrôle n’est qu’une petite partie des facteurs protecteurs. Le facteur de personnalité de protection est l’endurance : notion qui permet de différencier les gens qui tombent ou ne tombent pas malades face à des situations de stress, c’est une notion protectrice.

Cette personnalité endurante comprend trois pôles :

• Contrôle VS impuissance : cela renvoie à la croyance que l’on peut influencer les évènements dans notre vie.

• Engagement VS aliénation : capacité à donner un but, un objectif à mes engagements à mes activités.

• Défi VS menace : la tendance à considérer les changements comme une possibilité de croissance plutôt qu’une menace envers ma sécurité.

Le modèle du Big five sert à identifier des modalités de fonctionnement à risque ou protectrices.

Le facteur le plus identifié comme à risque dans le Big five et le névrosisme : anxiété, dépression, aspects négatifs, ce trait a été identifié en partie comme prédicteur de mort plus précoce, et de plaintes somatiques, maladies… Et inversement les personnes optimistes, extraverties, conscientes et ouvertes vont avoir des espérances de vie plus élevées et moins de maladies.

Dans le champ des liens entre personnalité, stresse et maladie, une des approches les plus connues est issue des études de Friedman et Rosenman (1974), qui ont interrogé les femmes des hommes souffrant de problématiques cardiaques. Presque toutes disaient que c’était le stress qui causait la maladie, ils ont donc posé l’hypothèse que les patients cardiaques ont un profil de personnalité spécifique appelé type A, il comporte 4 caractéristiques :

1. Esprit de réussite, de compétition : appréhende tous les évènements comme une compétition, le dépassement de l’autre, la gagne, plus que le plaisir de le réaliser.

2. L’urgence temporelle : personne qui semble être toujours dans une lutte constante contre le temps, contre la montre, souvent impatiente et essaye de faire plusieurs choses en même temps « lire en mangeant ».

3. Colère/hostilité : facilement en colère, cela peut être exprimé de façon directe ou indirecte

4. Style verbal dominateur : parle fort, vite, quelqu’un qui est dominant dans la conversation, au premier plan.

Ce type A a été créé en opposition à un type B qui est totalement l’inverse, plutôt facile à vivre, philosophe sur la vie.

C’est le type A qui va réagir plus rapidement et plus fortement aux facteurs de stress, ce sont aussi des personnes qui vont souvent choisir des professions et des activités très exigeantes où ils sont sous pression, leur style de choix de vie les expose plus au stress.

Lien étroit avec un certain nombre de problèmes de santé, les types A sont plus à risque de tomber malades quel que soit la maladie dont l’asthme, les problèmes de digestion… Le type A est un facteur de risque de maladies cardiaques, particulièrement les cardiopathies ischémiques, donc risque plus fort d’avoir un infarctus. Le Type A a 2 fois plus de risques que le type B de mourir d’une maladie coronarienne et d’avoir la maladie. Les caractéristiques spécifiques du type A qui donnent la maladie sont surtout la colère et l’hostilité ! Ce facteur de risque a été démontré chez des personnes en bonne santé et des personnes qui ont déjà eu une crise cardiaque, facteur de risque de récidive de crise cardiaque ou de mort par crise cardiaque.

Les effets qui expliquent ce lien :

• Les sujets colériques et hostiles éprouvent plus de conflits avec les autres à la maison et au travail, donc sont plus exposés au stress. Plus on est sur un versant hostile et soupçonneux plus on sera froid avec les autres, y compris avec nos amis. Ce style relationnel va réduire le soutien social ! Et moins on a de soutien social et plus on continue à être hostile et colérique.

• On a identifié que les personnalités de type A en situation de difficulté ou de stress, vont montrer une plus grande réactivité physiologique, plus de tensions etc… Ils ne bénéficient pas ou moins de l’effet tampon du soutien social,

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peut-être à cause de la méfiance envers les autres due à leur personnalité, le soutien social ne serait pas efficient pour ces personnes.

• Une récupération après un évènement stressent soit incomplète soit retardée, ils vont avoir des troubles du sommeil en situation de stress. Cette récupération a tendance à faire ruminer les personnes de type A sur les évènements stressants.

• Les types A présentent plus de comportements ou de styles de vie à risques, sont plus souvent du côté de l’obésité ou du surpoids, et du tabagisme.

Toutes ces études nous amènent à nous interroger sur : Comment le stress affect-t-il la santé ?

6) COMMENT LE STRESS AFFECTE-T -IL LA SANTÉ ?

Modèle diathèse-stress : modèle simple qui dit que la vulnérabilité des sujets à un trouble physique ou psychologique dépend de l’interaction de : leur prédisposition à la maladie (la diathèse) (prédispositions génétiques, ou environnementales, ex : vivre dans une famille qui fume) et de la quantité de stress qu’ils éprouvent ex : on peut supposer que les étudiants sont plus susceptibles d’attraper un rhume autour de la dernière semaine d’examen, si le fonctionnement du système immunitaire est altéré.

Prédisposition : structure ou fonctionnement organique (génétiquement déterminé) ou conditions environnementales préalables.

Des chercheurs en santé ont mené une expérience : ils ont donné à des gens des gouttes nasales contenant un virus du rhume, et un autre groupe avec le placebo, puis ils les ont mis en quarantaine. Avant on leur avait fait remplir un questionnaire de stress pour connaitre le niveau de stress, et 47% de ceux qui avaient un stress élevé ont développé un rhume contre 27% pour ceux qui avaient un stress faible. Donc le stress chronique rend plus vulnérable pour attraper un rhume. Plus la personne se dit heureuse, énergique, gaie, moins elle a de risques d’attraper un rhume en situation de stress.

La séquence causale peut impliquer deux voies :

• Voie directe : le stress génère un changement au niveau du corps et influe directement sur l’état de santé.

• Voie indirecte : le comportement suite à un stress qui va avoir un impact sur la santé, ex : fumer quand on est stressé, ou manger le pot de nutella.

Tout l’enjeu est de comprendre la corrélation entre direct et indirecte.

II. Le stress comme facteur de risque de maladies

A) LIENS ENTRE STRESS ET MALADIES SOMATIQUES

1) STRESS, PHYSIOLOGIE ET MALADIE

Comment le stress va potentialiser un facteur de risque de développer la maladie ?

Stress chronique et grave :

Comment l’usure du système biologique peut conduire à une maladie ? 1- La question de la réactivité du système vasculaire, la réactivité de la fréquence cardiaque etc… au stress,

c’est en lien avec un certain nombre de pathologies cardiaques. Une plus grande réactivité cardiovasculaire et une récupération moindre après un facteur de stress sont des éléments qui conduisent à des maladies comme l’hypertension et l’artériosclérose. Le stress peut produire différents changements vasculaires qui vont développer des pathologies coronariennes, ex : en stress le sang va contenir plus de plaquettes, qui sont des facteurs qui épaississent le sang donc un des facteurs de risque pour la crise cardiaque, le stresse produit aussi des niveaux plus élevés de cholestérol. Tous ces changements vont venir raidir les artères, donc

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potentiellement augmenter la pression artérielle et augmenter le risque de crises cardiaques et le risque d’AVC.

2- La réactivité du système endocrinien : les glandes surrénales vont libérer un certain nombre d’hormones

dont les corticostéroïdes. Le système endocrinien est en réactivité lors du stress, cela a des effets sur le système cardiovasculaire, ex : lors de stress graves, niveau élevé d’hormones du stress qui peut générer des battements de cœur erratiques, et conduire à une mort subite d’origine cardiaque. Des niveaux élevés de cortisol peuvent aussi contribuer au développement et à la progression de l’artériosclérose. Cette réactivité peut être réduite quand on a du soutien social, avec beaucoup de soutien on réagit moins avec notre système endocrinien.

3- Réactivité du système immunitaire : les réactions de stress vont le modifier, des facteurs de stress ponctuels

vont agir sur des composants du système immunitaire comme en particulier les composants de l’immunité non spécifique qui vont augmenter, et vont supprimer ou amoindrir l’immunité spécifique. Le stress chronique va atteindre les deux fonctions immunitaires !! On sait que l’augmentation des cortisols et de l’adrénaline sont associés à une diminution des lymphocytes T et B.

2) LES TROUBLES PSYCHOLOGIQUES

Est-ce que le psychique peut être la cause directe d’une maladie somatique ?

Avant la médecine psychosomatique avait tendance à dire que des maladies étaient causées par des facteurs psychologiques, maintenant on est plus nuancé, on ne parle plus de trouble psychosomatique mais de trouble psychophysiologique, on parle de maladies qui résultent de l’interaction entre troubles psychosociaux et physiologiques.

• Les maladies du système digestif : particulièrement ulcères et maladies inflammatoires de l’intestin (rectocolite hémorragique, maladie de Crohn, syndrome du côlon irritable). La question des causes physiques des maladies intestinales est encore mal connue. Mais cela ne veut pas dire que ce sont des maladies psychogènes, cependant le stress est lié aux poussées de ces maladies. Le lien direct n’a actuellement pas été prouvé, mais le stress peut provoquer ou entretenir des crises.

• L’asthme : les crises semblent résulter d’une certaine combinaison de trois facteurs : les allergies, les infections respiratoires, et l’éveil ou l’excitation biopsychosocial (stress ou exercice). La cause dans la majorité des cas est une cause physique, mais dans quelques cas elle est en grande partie psychologique. Il a été identifié que le stress pouvait déclencher des crises d’asthme. Ce sont des associations bidirectionnelles, car le stress peut contribuer au développement de l’asthme et inversement le fait d’avoir de l’asthme génère du stress.

• Les maux de tête, migraines, céphalées de tension : les céphalées de tension sont causées par des facteurs somatiques associés à des contractions des muscles de la tête et du coup, maux de tête qui se produisent de façon récurrente et qui durent un certain nombre d’heure et de jours. La migraine est liée à la dilation des vaisseaux sanguins due à un disfonctionnement du tronc cérébral. Douleurs fortes et lancinantes qui peuvent durer. Qu’est-ce qui déclenche ces maux de tête ? Différentes causes, comme changements hormonaux, manquer un repas, avoir des troubles du sommeil, consommer des substances comme l’alcool ou le chocolat. Les facteurs de stress comme les tracas quotidiens seraient les éléments déclencheurs des mots de tête.

3) LES TROUBLES CARDIO-VASCULAIRES

• Hypertension : facteur de risque majeur pour les maladies coronariennes, les AVC et les maladies du rein. La grande majorité est primaire ou essentielle = on n’a pas de cause identifiée de ces niveaux de pression artérielle élevés. Dans 90% des cas on n’a pas de causalité organique, pas de cause médicale.

-> Facteurs de risque identifiés :

- l’obésité

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- données alimentaires, telles que trop de graisses, trop de cholestérol, trop de sel etc…

- consommation excessive d’alcool

- inactivité physique

- antécédents familiaux d’hypertension

- les facteurs psychosociaux, tels que stress chronique, colère et anxiété

L’étude sur les aiguilleurs du ciel et les aviateurs de Cobb et Rose (1973) : on compare les dossiers médicaux, on sépare en groupes d’âge, on a retrouvé des pressions artérielles plus élevées chez ceux avec le plus de stress.

Il y a aussi un lien avec les coronaropathies, un des résultats les plus solides est que le stress est lié à la maladie coronarienne, dans le développement de la maladie et dans le décès.

4) LES CANCERS

Des problèmes liés aux méthodes rétrospectives des premières études, c’est-à-dire qu’on pose des questions à des personnes guéries du cancer, avec ce type de méthode les études montraient que l’apparition du cancer était due à des niveaux élevés de stress et d’autres qui n’avaient rien à voir. Quand on est malade on biaise l’effet du stress, on cherche les causes et on trouve le stress partout.

Depuis 2005 on fait des études longitudinales, mais c’est compliqué car les résultats ne sont pas cohérents. Une méta-analyse indique que les facteurs psychosociaux liés au stress prédisent l’apparition initiale du cancer, ainsi que le déroulement de la maladie y compris la survie.

Soit le stress va venir porter atteinte aux capacités immunitaires, ou soit les facteurs de stress sont indirects (la cigarette), tout cela peut entrainer un cancer, donc le stress joue un rôle causal dans le développement du cancer.

5) COMPOSER AVEC ET REDUIRE LE STRESS

Qu’est-ce que faire face ?

Le stress créé un sentiment de malaise, donc on va être motivé pour réduire ce stress, ce principe s’appelle le coping : c’est un processus par lequel on essaye de gérer la différence perçue entre les demandes et les ressources dont on dispose dans une situation stressante. Ce qui est intéressant est le mot gérer qui indique que les individus font des efforts d’adaptation mais qui ne conduisent pas nécessairement à une solution du problème. Le coping est donc notre fonction d’ajustement et il existe différents moyens de coping = des stratégies de coping, les deux grands pôles sont :

• Modifier les problèmes causant le stress, coping centré sur le problème, ce sont des comportements qui visent à réduire les exigences de la situation stressante. Je développe des ressources pour y faire face. Au quotidien les personnes face à un travail trop stressant décident de démissionner, exemples : l’accumulation des factures non payées, j’appelle pour négocier des délais. Autre ex : exam arrive ça devient trop stressant je vais élaborer un planning de révision. Autre ex : quand j’ai une douleur je vais aller consulter (= centré sur le problème).

• Réguler la réponse émotionnelle au problème, coping centré sur l’émotion : toutes les stratégies pour contrôler la réponse émotionnelle liée au stress, stratégies de type comportementales, ex : consommer de l’alcool, rechercher le soutien émotionnel d’un parent, participer à des activités, faire du sport, regarder la télé, toutes les stratégies pour détourner l’attention du problème. Approches cognitives : changer la façon de penser à l’évènement ex : « ça aurait pu être pire », ce que font beaucoup les malades c’est de dire « je ne m’en tire pas si mal, l’autre à côté est bien pire », réévaluer cognitivement de la situation pour qu’elle soit moins stressante, quand on trouve de choses de bien dans des choses mauvaises.

Après l’évaluation primaire et secondaire, on met en place le coping.

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III. Le stress comme maladie - le syndrome de stress post-traumatique

A) LE TROUBLE DE STRESS AIGU / LE TROUBLE DE STRESS POST-TRAUMATIQUE

Le syndrome fait référence à des situations exceptionnelles dans le sens de la dangerosité, ex : des attentats, qui ont un caractère particulier, qui nous mettent en situation de risque pour notre vie. Certaines personnes vont avoir des symptômes de dépression, d’anxiété, qui vont perdurer très longtemps après l’évènement.

Trouble de stress aigu TSA vs post-traumatique SSPT qui ont pour point commun que cela s’inclut uniquement chez des personnes qui ont subi ou vécu des évènements traumatisants. La cause est incluse dans les critères. Des évènements qui vont impliquer une mort réelle ou potentielle, des blessures graves, ou une violence sexuelle. Un des premiers évènements traumatisants graves est le viol, c’est aussi le plus fréquent dans ces SSPT, 1/3 des femmes violées présentent ce trouble.

Le SSPT fut mentionné pour la première fois assez tardivement dans le DSM en 1980. Avant, cela avait été associé aux militaires qui revenaient de guerre et avaient des troubles psychiques, surtout après la guerre du Vietnam.

1994 : distinction entre stress aigu et post traumatique.

1) CRITÈRES DIAGNOSTIQUES

• Menace de mort, blessure grave.

• Symptômes commencent dans les 4 semaines suivant l’évènement et durent moins d’un moins on parle de TSA, mais s’ils perdurent plus d’un mois ce sont des SSPT.

• Les symptômes peuvent débuter soit immédiatement après l’évènement ou des mois et des années après.

• Jusqu’à 80% des personnes qui ont un TSA développent un SSPT

• Le TSA et le SSPT sont presque identiques :

-> Ré-expérimentation intrusive de l’évènement traumatique (reviviscence, flashback, cauchemars) comme si l’évènement était encore présent, réel, des périodes de souvenirs répétitifs intrusifs, la personne va réagir avec les mêmes réponses physiologiques de stress, ex : anciens combattants qui au son d’une hélice d’hélicoptère vont être projetés dans un champ de combat.

-> Évitement des stimulus associés à l’évènement (activités, lieux, pensées) les personnes évitent tout ce qui leur rappel l’évènement traumatique, ex de survivant d’un séisme qui se retrouve ensevelie des gravas pendant longtemps a ensuite été incapable de dormir dans une maison, il dormait dehors. Cela n’empêche pas que la personne souffre de ses réminiscences etc…Cela peut se manifester par une forme d’engourdissement émotionnel, anesthésie émotionnelle, pour ne plus ressentir les choses.

-> Changement d’humeurs et cognitifs après le traumatisme (anesthésie émotionnelle, émotions négatives, blâme de soi, oubli, perte d’intérêt) avoir la mémoire fragmentée, incapacité d’avoir un souvenir de l’évènement, beaucoup de personnes qui se blâment de survivre, incapable de ressentir des émotions positives.

-> Symptômes d’augmentation de la réactivité, hyper éveil avec anxiété importante, hyperréactivité, pas de concentration, troubles du sommeil, culpabilité, une réponse exagérée à tous les petits évènements, personnes irritables agressives.

-> Symptômes de dissociation (cas rare) des personnes qui vont avoir des sentiments de déréalisation, leur monde parait irréel et étrange, idem pour la dépersonnalisation, ses propres pensées et son propre corps il ne le reconnait plus, étranger à lui-même, ex vétéran va agir comme s’il était sur le combat, mais état de courte durée, vivre comme des robots.

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2) DISTINCTION ENTRE DSM IV TR ET DSM V

Dans DSM IV TR on pouvait poser le diagnostic sur des personnes qui avaient juste regardé le fait traumatique ex à la télé, mais dans le DSM 5 :

• l’exposition au média n’est pas considérée comme traumatique

• l’émotion intense au moment du traumatisme est supprimée

• les symptômes doivent commencer après le traumatisme

• la présence du symptôme d’évitement doit être obligatoire

• mais le symptôme dissociatif n’est plus obligatoire

→ 2 interrogations autour du stress aigu:

- Le diagnostiqueur pourrait stigmatiser des réactions à court terme face aux traumatismes graves, qui seraient plutôt courantes, ex 90%.

- La plupart des personnes qui répondent aux critères diagnostiques du SSPT ne présentent pas de TSA au cours des premiers mois.

3) ÉPIDEMIOLOGIE

→ Une fois que quelqu’un développe un syndrome de SPT, pour une grande majorité les symptômes vont être chroniques.

→ Plus 1/3 de personnes signalent encore des symptômes après 10 ans, ex prisonnier de guerres 40 ans après, seulement environ 30% qui avaient un trouble ont récupéré, et 60% ont encore des symptômes importants, et 10% se sont détériorés.

→ Plus grand risque de décès prématurés en raison d’une maladie, d’un accident, d’un suicide, grande fréquence d’idées suicidaires et d’automutilation.

→ Le SSPT a tendance à être fortement comorbide avec d’autres troubles, troubles anxio-dépressifs, addictifs, troubles des conduites, mais aussi maux de tête et troubles gastro-intestinaux.

→ Chez les personnes exposées à un stress traumatique, les femmes sont deux fois plus susceptibles de souffrir d’un SSPT que les hommes, 13 à 15% de victimes de viol vont faire une tentative de suicide.

→ Tous les traumatismes ne sont pas aléatoires, des personnes ont été identifiées comme plus à risque de vivre un évènement traumatique que d’autres.

4) NATURE DU TRAUMATISME : GRAVITÉ ET TYPE DE TRAUMATISME

• Guerre/combat : il faut attendre la fin de la guerre du Vietnam pour identifier que les soldats présentaient de symptômes psychologiques après le combat ! 30% des personnes revenant de la guerre du Vietnam présentaient un trouble de SSPT. Les évènements les plus traumatisants sont d’abord d’avoir vu des amis blessés ou tués, avoir vu des personnes inconnues mortes ou blessées graves, avoir soi-même été blessé et hospitalisé.

• Catastrophes naturelles ou accidentelles : des traumatismes civils qui sont 10 fois plus fréquents que les traumatismes de guerre, 40% des enfants victimes d’accidents de la circulation développent un trouble de stress PT dans l’année, donc ne pas sous-estimer l’impact psychologie de ces catastrophes.

• Victimisation :

- Agressions sexuelles, 1/3 vont développer un trouble de stress post traumatique, 94% des victimes de viol vont présenter des symptômes de stress aigu.

- Terrorisme (50% vont développer un SSPT) ou menace de terrorisme, source élevée de stress actuellement.

- Torture (50% vont développer un SSPT), désigne des stratégies brutales dégradantes afin de réduire les personnes à l’état de faiblesse, cela est surtout politique, 150 pays la pratiquent encore, physique, psychologique, sexuelle, privation, elle entraine des effets psychologiques importants.

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5) FACTEURS BIOLOGIQUES ET GÉNÉTIQUES

L’évènement stressant en lui-même n’est pas suffisant pour développer le stress car des personnes ne développent pas le trouble.

→ Changements physiques au niveau cérébral: une activité anormale de l’hormone cortisol et du neurotransmetteur norépinephrine dans l’urine, le sang, la salive chez les SSPT.

→ Deux domaines en particulier semblent être affectés: l’hippocampe et l’amygdale,

- L’Hypocampe joue un rôle important dans la mémoire et la régulation des hormones de stress. Un volume de l’hypocampe plus petit est associé à des SSPT.

- L’Amygdale aide à contrôler les réponses émotionnelles y compris réponses d’anxiété et de panique.

→ Part d’hérédité vulnérabilisante (niveau d’éveil, réactivité et anxiété). Des femmes enceintes qui ont vécu l’attentat du 11 septembre lors de leur gestation et qui ont développé un stress post traumatique, avaient un taux de cortisol plus élevé, et les bébés avaient eux-mêmes des taux de cortisols plus élevés, ont hérité d’une forme de prédisposition à développer le même trouble que leur mère.

6) FACTEURS DE PERSONNALITÉ

→ Facteurs à risque:

- anxiété

- évènements négatifs de la vie perçus comme échappant à leur contrôle

- peu/pas de concentration positive en situation désagréable, ne pas voir le positif

- névrosisme, affectivité négative

→ Expériences infantiles:

- pauvreté

- antécédents d’agression, abus ou exposition a une catastrophe.

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POINTS IMPORTANTS

I. COMMENT LE STRESS AFFECTE-T-IL LA SANTE ?

➢ Soutien social : on ressent moins de stress quand on est soutenu et la probabilité de la maladie diminue. La vitesse de récupération augmente.

- Soutien instrumental / concret, matériel, informatif, affectif/émotionnel, estime. ➢ Contrôle cognitif : la capacité à utiliser des processus ou stratégies cognitives pour modifier l’impact

d’un facteur de stress => locus de contrôle interne/externe (autre puissant/chance)

• Seligman, Impuissance acquise -> notion d’attribution à un évènement négatif : - Optimiste : causes externes, instables, spécifiques. - Pessimiste : causes internes, stables, globales.

• Friedman et Rosenman : personnalité de type A qui a pour caractéristique principale la colère et l’hostilité. ➢ Modèle diathèse-stress : la vulnérabilité des sujets à un trouble physique ou psychologique dépend

de l’interaction de leur prédisposition à la maladie et de la quantité de stress qu’ils éprouvent -> voie directe ou indirecte.

II. LE STRESS COMME FACTEUR DE RISQUE DE MALADIES

➢ Stress et physiologie : - Réactivité du système vasculaire / système endocrinien et système immunitaire.

➢ Stress et maladies : impact des troubles psychophysiologiques dans les maladies digestives, asthmes, maux de tête…

- Hypertension : facteurs de risques identifiés sont les facteurs psychosociaux menant à la colère et l’anxiété. - Coronaropathie : le stress est lié à la maladie.

➢ Coping : c’est un processus par lequel les gens essayent de gérer la différence perçue entre les demandes et les ressources dont ils disposent dans une situation stressante (Lazarus et Folkman)

- Centré sur le problème : réduire les exigences de la situation stressante.

- Centré sur l’émotion : contrôler la réponse émotionnelle liée au stress, stratégies de type comportementales.

III. LE STRESS COMME MALADIE - LE SYNDROME DE STRESS POST-

TRAUMATIQUE

➢ TSA (-1mois) : 80% dvlpt une SSPT, elle a de nombreux points communs avec la SSPT : - Ré-expérimentation, évitement, changements cognitifs, réactivité augmentée et symptôme de

dissociation. ➢ SSPT : La réaction au traumatisme va dépendre de la nature du stress (guerre, agression…).

- 1/3 perdurent après 10ans, décès prématurés, femme sont 2x + susceptibles d’en souffrir que les hommes. ➢ DSM5 (≠DSM 4 TR) : la présence du symptôme d’évitement est obligatoire. ➢ Facteurs biologiques et génétiques : cortisol et norépinephrine fonctionnent mal, amygdale aide au

contrôle émotionnel et l’hippocampe est important dans la mémoire. ➢ Facteurs de personnalité : Le facteur le plus à risque est le névrosisme.

Effet tampon ≠ Effet direct

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les circonstances dans lesquelles les transactions conduisent une personne à percevoir une différence entre les exigences

physiques ou psychologiques d’une situation et ses ressources biologiques ou psychologiques

Chapitre 3 :

QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) La représentation de la santé et de la maladie varie selon les cultures. B) Au 18e siècle, les maladies chroniques représentent plus de la moitié des décès dans les pays développés. C) Au Moyen-âge, la connaissance sur la santé et la maladie va s’atrophier mais les dissections sont toujours

possibles. D) La maladie va avoir des causes psychologiques mais on refuse qu’elle ait des conséquences psychologiques. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

ANTONOVSKY a proposé un continuum où il intègre à la fois la condition … de la personne et la notion de …………..

DESCARTES propose que la glande pinéale permette la ……………… entre le corps et l’esprit.

Le modèle bio-psycho-social prend en compte …………………..… contrairement au modèle biomédical. Il a été proposé

par…………………

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Santé :

Stress :

Exercice 3 :

Associez les auteurs et leurs travaux.

- Réaction de fuite ou de lutte

- Processus d’évaluation cognitive

- Modèle de l’excitation physiologique

- GAS

Exercice 4 :

VRAI/FAUX

a. La détresse sans effort implique une augmentation de cortisol et une diminution voire suppression des catécholamines.

b. Plus le revenu et l’éducation est faible plus le niveau quotidien d’hormones de stress est élevé. c. L’anxiété est un sentiment de craintes irrationnelles qui sont directement associées à des évènements

spécifiques. d. La phobie est un sentiment de malaise, d’appréhension d’une menace qui pourrait arriver.

LAZARUS &

FOLKMAN

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Exercice 5 :

Reliez ces évènements du GAS aux exemples donnés

Cas clinique : Monsieur X vient de faire faillite et il doit rembourser de nombreuses dettes.

Chapitre 4 :

QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) Les personnes ayant un cancer ont besoin de tous les types de soutiens. B) Les personnes souffrant de maladies chroniques ont besoin de soutien d’estime et soutien affectif. C) Les femmes reçoivent moins de soutien de la part de leur conjoint qu’elles ne leur en donnent. D) C’est le soutien perçu qui est le meilleur prédicteur de santé. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

L’effet ………….. influe sur la santé en protégeant les individus des conséquences d’un stress de forte intensité.

L’effet ….………. correspond aux prestations de soutien social qui ont des effets bénéfiques sur le bien-être et la santé.

Les personnes sans soutien social ne bénéficient pas de l’effet ……...

Exercice 2 :

Trouvez les conséquences de ces réactivités :

- Réactivité du système endocrinien :

- Réactivité du système immunitaire :

- Réactivité du système vasculaire :

ALARME

RÉSISTANCE

Mr X se retrouve en réanimation après

avoir fait une crise cardiaque.

Monsieur X ressent une forte montée

d’adrénaline, son cœur bat de + en + vite.

Quelques jours après l’évènement, Mr X ne

trouve pas de solution pour son entreprise et

ne cesse de faire des crises d’asthme.

ÉPUISEMENT

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Exercice 3 :

Reliez ces stratégies de coping aux exemples.

Exercice 4 :

Choisissez le bon mot !

« J’ai oublié de faire mes devoirs, je n’ai pas bien fait mon travail » -> locus de contrôle externe / interne.

« J’ai raté l’épreuve de philo… mais l’épreuve était assez dure, je me rattraperai sur d’autres matières ! il est vrai que je suis

fort en maths ! » -> style explicatif optimiste / pessimiste.

Les femmes sont deux fois plus / moins susceptibles de souffrir d’un SSPT que les hommes.

Selon le DSM5, la présence du symptôme de dissociation /évitement doit être obligatoire.

« Depuis l’attentat du 11 Septembre, mon mari est incapable de bosser dans un building. » -> évitement des stimulus / ré-

expérimentation de l’évènement.

L’Hippocampe / amygdale joue un rôle important dans la mémoire et la régulation des hormones de stress. Tandis que

l’hippocampe / l’amygdale aide à contrôler les réponses émotionnelles.

Centré sur le problème

Centré sur l’émotion

J’ai tous les symptômes du la COVID

je vais alors consulter pour faire un

test PCR.

J’appréhende mon départ en

Angleterre pendant 6 mois mais je

relativise : au moins c’est une bonne

expérience pour moi et je vais

apprendre la langue.

Je suis super stressé par mes

examens, je me visualise sur une plage

pour me détendre.

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Chapitre 3 :

QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) La représentation de la santé et maladie varie selon les cultures. VRAI B) Au 18e siècle, les maladies chroniques représentent plus de la moitié des décès dans les pays développés.

FAUX, l’affirmation est correcte mais les maladies chroniques sont présentes au 20e siècle. C) Au Moyen-âge, les connaissances sur la santé et la maladie va s’atrophier mais les dissections sont toujours

possibles. FAUX, les connaissances s’atrophient et le corps est considéré comme un sacre saint alors les dissections sont strictement interdites.

D) La maladie va avoir des causes psychologiques mais on refuse qu’elle ait des conséquences psychologiques. FAUX, attention on a des conséquences psycho mais un refuse de causes psycho !

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

ANTONOVSKY a proposé un continuum où il intègre à la fois la condition physique/somatique de la personne et la

notion de style/mode de vie.

DESCARTES propose que la glande pinéale permette la communication entre le corps et l’esprit.

Le modèle bio-psycho-social prend en compte l’aspect psychologique contrairement au modèle biomédical. Il a été

proposé par ENGEL.

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Santé : « état de bien-être physique, mental et social complet, et pas simplement l’absence d’infirmité ou de maladie » qui varie

avec le temps tout au long d’un continuum.

Stress : les circonstances dans lesquelles les transactions conduisent une personne à percevoir une différence entre les exigences

physiques ou psychologiques d’une situation et ses ressources biologiques ou psychologiques.

Exercice 3 :

Associez les auteurs et leurs travaux.

- Réaction de fuite ou de lutte -> CANNON

- Processus d’évaluation cognitive -> LAZARUS & FOLKMAN

- Modèle de l’excitation physiologique -> FRANKHAUSER

- GAS -> SELYE

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Exercice 4 :

VRAI/FAUX

A) La détresse sans effort implique une augmentation de cortisol et une diminution voire suppression des catécholamines. FAUX, elle implique bien une augmentation de cortisol mais les catécholamines restent élevées.

B) Plus le revenu et l’éducation est faible plus le niveau quotidien d’hormones de stress est élevé. VRAI C) L’anxiété est un sentiment de craintes irrationnelles qui sont directement associées à des évènements

spécifiques. FAUX, il faut inverser les définitions de la 3 et la 4. D) La phobie est un sentiment de malaise, d’appréhension d’une menace qui pourrait arriver. FAUX.

Exercice 5 :

Reliez ces évènements du GAS aux exemples donnés

Chapitre 4 : QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

A) Les personnes ayant un cancer ont besoin de tous les types de soutiens. FAUX, c’est l’inverse avec la B. B) Les personnes souffrant de maladies chroniques ont besoin de soutien d’estime et soutien affectif. FAUX C) Les femmes reçoivent moins de soutien de la part de leur conjoint qu’elles ne leur en donnent. Elles répondent

au stress de manière plus relationnelles et interpersonnelles. D) C’est le soutien perçu qui est le meilleur prédicteur de santé. Le soutien reçu n’a pas de valeur si la personne qui

le reçoit ne le voit, ou si le soutien n’est pas comme ses attentes. E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

L’effet tampon influe sur la santé en protégeant les individus des conséquences d’un stress de forte intensité.

L’effet direct correspond aux prestations de soutien social qui ont des effets bénéfiques sur le bien-être et la santé.

Les personnes sans soutien social ne bénéficient pas de l’effet tampon.

ALARME

RÉSISTANCE

ÉPUISEMENT

Mr X se retrouve en réanimation après

avoir une petite crise cardiaque.

Monsieur X ressent une forte montée

d’adrénaline, son cœur bat de + en + vite.

Quelques jours après l’évènement, Mr X ne

trouve pas de solution pour son entreprise et

ne cesse de faire des crises d’asthme.

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Exercice 2 :

Trouvez les conséquences de ces réactivités :

- Réactivité du système endocrinien : augmentation des corticostéroïdes.

- Réactivité du système immunitaire : agit sur l’immunité spé ou non spé : les maladies chroniques ont une atteinte des

deux systèmes immunitaires.

- Réactivité du système vasculaire : réactivité cardio-vasculaire à l’origine d’hypertension, de coronaropathie.

Exercice 3 :

Reliez ces stratégies de coping aux exemples.

Exercice 4 :

Choisissez le bon mot !

« J’ai oublié de faire mes devoirs, je n’ai pas bien fait mon travail » -> locus de contrôle externe / interne.

« J’ai raté l’épreuve de philo… mais l’épreuve était assez dure, je me rattraperai sur d’autres matières ! il est vrai que je suis

fort en maths ! » -> style explicatif optimiste / pessimiste.

Les femmes sont deux fois plus / moins susceptibles de souffrir d’un SSPT que les hommes.

Selon le DSM5, la présence du symptôme de dissociation /évitement doit être obligatoire.

« Depuis l’attentat du 11 Septembre, mon mari est incapable de bosser dans un building. » -> évitement des stimulus / ré-

expérimentation de l’évènement.

L’Hippocampe / amygdale joue un rôle important dans la mémoire et la régulation des hormones de stress. Tandis que

l’hippocampe / l’amygdale aide à contrôler les réponses émotionnelles.

Centré sur le problème

Centré sur l’émotion

Je suis super stressé par mes

examens, je me visualise sur une plage

pour me détendre.

J’ai tous les symptômes du la COVID

je vais alors consulter pour faire un

test PCR.

J’appréhende mon départ en

Angleterre pendant 6 mois mais je

relativise : au moins c’est une bonne

expérience pour moi et je vais

apprendre la langue.

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CHAPITRE N°5 : Ajustements psychologiques face à la maladie

I. Comportements de demandes de soins et de maladie

Le patient est une personne qui recherche ou reçoit une assistance médicale, psychologique ou

neuropsychiatrique. Il est dans la démarche d’aller consulter. Le patient ne présente pas nécessairement de

souffrance ou de douleurs, ex : le suivi gynécologique classique, je vais chez le gynéco juste pour une consultation de

routine. De plus, tous les malades ne deviennent pas nécessairement des patients (on peut être malade sans aller

consulter) et à l’inverse tous les patients ne sont pas nécessairement malades !

Les demandes de soins dépendent de la façon dont l’individu perçoit les symptômes et des connotations qui leur

donnent. Il y a donc aussi une dimension suggestive du symptôme. Les informations que l’on devra donner à notre

patient doivent prendre en compte la psychologie de la maladie du patient, dans le diagnostic mais aussi dans

l’alliance thérapeutique (relation entre le médecin et le patient et sa famille). Cela va entrer en jeu dans la qualité de

la relation interpersonnelle avec le patient. Il faut bien distinguer les comportements de demande de soins et les

comportements de maladie.

A) Comportement de demande de soin

Le comportement de demande de soin est la décision qu’un sujet prend pour contrer le symptôme qui crée

en lui de l’angoisse. Cela est très lié aux comportements de maladie, à la gravité et aussi au type de symptôme. Un

comportement de maladie ne conduit pas toujours à un comportement de demande soin, il faut que le patient trouve

sa maladie plutôt grave et que les symptômes lui paressent inquiétants. En effet, plus le symptôme est aigu et

menaçant, plus le patient va adopter un comportement de demande de soin, d’assistance. Pourtant nous verrons

plus tard que des patients malgré des symptômes aigus, menaçant, angoissant, ne vont pas aller consulter, ex :

patients qui ont des symptômes de crise cardiaque, qui sont pourtant connus et perçu, ne vont pas aller consulter.

B) Comportement de maladie

Le comportement de maladie (« illness behaviour » en anglais), définit par MACHANIC en 1960, est « la façon

dont les symptômes peuvent être différemment perçus, évalués, manifestés ou cachés par chaque homme ». C’est

la dimension de suggestivité sur la perception des symptômes. Il y a une dimension psychologique importante qui

est liée à la notion du rôle du malade.

C) Rôle du malade

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Le rôle du malade (sick role) renvoie à la tendance des patients à rechercher l’aide du médecin pour un

symptôme déterminé. Quand le malade endosse ce rôle, il assume d’être malade et d’avoir besoin d’aller voir un

médecin. Ce rôle dépend de la nature du mal, du niveau de stress et d’angoisse, des caractéristiques personnelles

(renvoie à la personnalité, ex : les sujets ayant de hauts niveaux de névrosisme vont plus facilement consulter), sociales

et culturelles.

Des études faites par MACHANIC ont montré que les Anglais avaient tendance à consulter un médecin seulement

quand les symptômes les empêchaient de travailler. Alors que les Irlandais allaient consulter plutôt quand une

personne leur conseillait de consulter. Chez les Italiens c’est plutôt quand les symptômes interféraient dans leurs

relations sociales et familiales. Donc, ces comportements ont des enjeux dans la façon dont le patient va consulter

ou non, et dans le recours aux médecines alternatives !

D) Composantes des comportements de maladie

Les comportements de maladie impliquent trois composantes :

➢ L’attention que le sujet accorde aux symptômes physiques, renvoie à la sensibilité physique ou psychologique

que chacun d’entre nous avons face aux symptômes, ex : certains sont très obsessionnels à la moindre petite

modification d’un grain de beauté, et d’autres ne sont pas du tout focalisés sur ces aspects, nous avons chacun des

niveaux différents d’attention aux symptômes physiques.

➢ La définition et le sens donné à la symptomatologie, cela change selon nos cognitions individuelles, nos

cultures mais aussi selon le type de symptômes, selon sa gravité, typiquement une boule dans le sein va être

associée à quelque chose de grave et cancéreux, alors qu’un saignement de nez va nous paraître beaucoup moins

grave.

➢ Le moyen qui permet d’expliquer la recherche d’aide, renvoie à la question de la fréquence de la demande de

soin, d’aide chez le sujet : est-ce que j’ai déjà été confronté à une consultation ? Ai-je déjà vu un membre de ma

famille consulté dans des circonstances déplaisantes ? Cela va conditionner mon comportement par rapport à

des symptômes que je peux avoir potentiellement. Plus l’alliance thérapeutique (relation entre soignant et

soigné) est bonne, plus le patient se rétablit vite et mieux.

Donc le comportement de malade est très important car il va influencer la relation avec le médecin et aussi le

diagnostic.

E) Comportement anormal vis-à-vis de la maladie

Des personnes vont aller consulter sans avoir de réelle maladie, et au contraire d’autres vont refuser de voir

les choses en face, de voir leurs symptômes et vont refuser d’aller consulter.

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Ces personnes vont donc avoir un comportement anormal vis-à-vis de la maladie (abnormal illness behavior – AIB),

qui est développé par PILOWSKY en 1978. C’est « la persistance d’un mode de perception, d’évaluation ou

d’agissement impropres ou inadaptés par rapport à son propre état de santé, bien qu’un médecin ait proposé

une explication clairement raisonnée sur la nature de la maladie et une thérapie appropriée. ».

Les comportements anormaux vont se retrouver à travers des syndromes qu’on connait assez mal et qui sont mal

définis, qui concernent à la fois le domaine de la psychologie et de la médecine.

Par exemple, on a l’hypochondrie (se croire tout le temps malade), ou l’hystérie de conversion. Ces patients vont

avoir des problèmes somatiques mais sans aucune explication physiologique. Leurs symptômes seraient créés par

leur perception psychologique.

En effet, les conflits psychiques et les angoisses de certains se traduiraient par des symptômes pseudo-organiques,

ex : il existe des personnes ayant des vraies crises d’épilepsie avec des raisons organiques, et des personnes ayant des

épilepsies psychogènes, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de cause de disfonctionnement cérébral, ils n’ont pas de vraies raisons

somatiques de faire de crise. Cela peut s’expliquer par le fait que la plupart de ces personnes ont eu des stress post-

traumatiques après des évènements graves.

Les psychologues et les médecins se posent donc beaucoup la question de savoir si ces maladies viennent du

psychique ou de l’organisme, car on ne sait pas vraiment si un jour on trouvera une vraie explication somatique.

Ces comportements anormaux de maladies ont été catégorisés à l’aide d’un arbre décisionnel.

D’un côté il y a les maladies qui s’expliquent de façon plutôt somatique (problèmes physiques), et de de l’autre celles

qui s’expliquent de façon plutôt psychologique.

Ensuite, il est question de savoir si la maladie est affirmée (le patient sait qu’il est malade) ou refoulée (le patient est

dans le déni).

L’élément suivant est la dimension de motivation, consciente (quelqu’un qui est plutôt conscient des raisons de sa

maladie, ex : un homme qui ne veut pas faire le service militaire va dire qu’il a mal à la jambe pour ne pas y aller , c’est

une simulation de la maladie) ou inconsciente.

Et pour finir il faut essayer de savoir si c’est plutôt névrotique ou psychotique.

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Avec cet arbre décisionnel, si on prend la pathologie de l’hystérie de conversion, on va avoir plutôt un comportement

anormal à prévalence somatique (le patient n’arrive plus à marcher, il a mal aux bras et aux jambes). Ensuite, le

malade sera plutôt dans l’affirmation de la maladie (il sait qu’il a un problème), mais ses motivations seront

essentiellement inconscientes.

C’est l’une des grilles de lecture que l’on peut avoir, qui croise le somatique et le psychologique. Le somatique

d’ailleurs n’est pas expliqué par une cause organique dans cet arbre. Cet arbre peut servir à tous les praticiens.

Par contre, le patient qui se crée des plaies infectieuses lui-même va plutôt relever de motivations inconscientes et

de la dimension psychiatrique. Le syndrome de Münchhausen, lui, correspond à un patient qui tend à manifester des

troubles fictifs, ou à s’infliger des troubles au niveau somatique (un parent va rendre son enfant malade). Il y existe la

même chose au niveau psychique, avec des gens qui vont consulter pour se faire diagnostiquer des troubles bipolaires

(par exemple), cela correspond au syndrome de Ganser.

Quel que soit le diagnostic, quand on lit avec cet arbre le type de réaction exprimée par un patient, il y a toujours des

patients avec un type de réponse qui ne correspond pas aux explications fournies par le médecin. Les réactions et les

attitudes du patient contrastent avec ce que le médecin peut en réalité diagnostiquer. La plupart des patients vont

soit être soulagés, soit résignés quand ils vont recevoir le diagnostic. Mais ceux ayant des comportements anormaux

vont continuer à se lamenter, à demander des diagnostics, à passer des examens, ils ne sont jamais satisfaits du

diagnostic. Ce sont des attitudes inadaptées, exagérées, il faut donc penser à la dimension psychologique de leur

pathologie.

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F) Détermination des comportements de demande d’aide

Pour bien comprendre un patient, il va falloir cerner comment le patient réagit à ses symptômes. Ses

réactions aux symptômes, vont influencer la décision de recourir ou non au soin, et sont imprégnées d’une dimension

subjective. Il y a 4 types de facteurs qui jouent un rôle dans la détermination des comportements de demande d’aide

:

➢ Les symptômes et les signes :

- Ils sont perçus en fonction de la fréquence d’apparition dans la population générale, si c’est un symptôme

commun ou rare.

- On va aussi évaluer si c’est un symptôme classique pour nous ou notre famille, donc un symptôme familier

(par exemple quelqu’un qui est dans une famille d’asthmatique va réagir différemment de quelqu’un qui fait une crise

pour la première fois sans connaître la maladie).

- On prend aussi en compte le niveau de prévalence de l’apparition d’une maladie, on se pose la question :

quelle est la probabilité de tomber malade par rapport à ce symptôme ?

- Et enfin on évalue la quantité de menaces et de pertes associées à ses symptômes : sont-ils graves ? Qu’est-

ce que je risque ? ex : si je me mets à cracher du sang, ce symptôme est plutôt rare, inconnu, imprévu, et c’est

potentiellement une grande menace pour ma santé. Donc cela va sûrement m’emmener à consulter.

➢ Les aspects démographiques : en fonction de la classe socio-économique d’appartenance (les classes socio-

économiques élevées et moyenne vont consulter plus souvent car se sentent plus souvent malades que les

personnes de classes sociales plus défavorisées), du genre (les femmes vont plus consulter que les hommes), et

en fonction du type culturel et religieux.

➢ Le stress : parmi tous les stress, il a été constaté que ce sont les stress de type interpersonnels / affectifs /

relationnels, créés par le symptôme, qui vont pousser la personne à aller consulter. Le stress financier (être

malade et ne pas aller travailler, donc rapporter moins d’argent) aura moins d’effet sur la demande d’aide.

➢ Les expériences antérieures : expérience personnelle ou familiale d’hospitalisation, de prise en charge. Si ces

expériences antérieures sont positives, elles vont générer chez la personne des contacts plus faciles avec l’hôpital,

et à l’inverse si elles sont mauvaises, la personne aura des réticences à demander des soins et à aller à l’hôpital.

Le fait d’avoir eu des informations sur la prise en charge et d’avoir vu des campagnes de prévention va faciliter le

recours au soin.

II. Le modèle de Mcwinney (1996)

Mcwinney s’intéresse aussi au comportement du patient et à l’impact que cela peut avoir dans la relation

soignant/soigné.

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Il propose 5 catégories de comportement de demande d’aide (Il fait le profil des patients et liste les raisons qui les

poussent à aller consulter) :

➢ La limite de tolérance : c’est le patient qui vient consulter car son seuil de tolérance par rapport à la douleur, à

son malaise, à la diminution de ses forces physiques, est atteint. C’est typiquement quand un patient a une grippe

et reste chez lui à s’auto-soigner, mais au moment où il atteint 40° de fièvre, il va consulter car son seuil de

tolérance à la douleur est atteint et il a besoin de l’aide d’un médecin.

➢ La limite d’angoisse : le symptôme peut être toléré (il ne fait pas mal, ex : avoir du sang dans les urines), il n’est

pas douloureux, mais il peut être très angoissant, et impliquer un degré d’angoisse qui va pousser à consulter.

C’est du coping centré sur le problème, c’est-à-dire que je vais surmonter mon stress en allant consulter

directement pour mon problème (boule au sein).

➢ Les problèmes de vie présentés comme des symptômes mineurs : c’est quand un patient vient consulter avec

des symptômes mineurs, car en réalité il est motivé par autre chose que ses symptômes, qui sont donc des

difficultés d’ordre émotionnel ou psychologique. Typiquement, une personne qui dans le cadre de son travail

subit le harcèlement de son chef et va consulter pour des douleurs dans le dos qui existent pourtant depuis

longtemps pour pouvoir parler de ses problèmes. Mais du fait de ses difficultés psychologiques, elle va aller

consulter via une plainte somatique qui est pourtant mineure.

➢ La raison bureaucratique : ce sont typiquement les patients qui, suite à des pathologies plus ou moins graves,

vont avoir des consultations de contrôle périodiques (ex : patient qui est en rémission de cancer va quand même

faire un check up tous les ans pour savoir si tout va toujours bien), ces contrôles sont soit prévus par la loi, soit dans

un suivi de protocole, soit dans le cadre du travail….

➢ La situation d’absence de maladie : il existe des consultations qui sont des visites de contrôle périodiques, ou

des examens de prévention (ex : visite médicale à faire avec la fac).

Rien que sur la question de la demande de soin on a différentes situations qui dépendent de l’interaction entre le

sujet (malade ou non) et son milieu. C’est comme cela que l’on voit des sujets malades qui ne vont pas aller

consulter même s’ils ont des symptômes, mais ils vont le faire sous la pression de leur entourage. Le symptôme

en lui-même n’est pas la raison suffisante pour aller consulter. La connotation des symptômes va dépendre de

différents facteurs.

III. Les représentations de la maladie de Leventhal (2008)

Les représentations de la maladie correspondent au « sens commun et implicite et les croyances d’un

patient au sujet de la maladie ». Nous avons tous des formes de cognition internes, des schémas de la maladie,

celle-ci représente différentes choses pour nous. Nous pouvons aussi avoir des représentations de la maladie qui sont

dissociés en fonction de chaque maladie.

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Nous avons donc des schémas, des cadres internes qui nous permettent de faire face à la maladie, de la comprendre

et nous aide à réagir. Ces cognitions internes vont expliquer nos comportements.

Leventhal a effectué des études qualitatives, il faisait passer des entretiens semi-directifs sur la question de la

représentation de la maladie.

Il a donc découvert 5 dimensions cognitives de ces représentations :

➢ L’identité : c’est la représentation qui fait référence à l’étiquette qu’on a donné à la maladie. Cela renvoie au

diagnostic et aux symptômes éprouvés. Ex : « je suis enrhumé » c’est le diagnostic, « j’ai le nez qui coule » c’est le

symptôme, voilà comment on identifie une maladie.

➢ La cause perçue de la maladie : cette cause peut être de nature biologique (un virus, une bactérie), elle peut être

aussi psychosociale (le stress, la fatigue), chacun des sujets va avoir une représentation personnelle des causes

perçues.

➢ La chronologie/la temporalité : cette dimension fait référence à la croyance concernant le temps ou la durée de

la maladie « est-ce que ma maladie est aigue ou chronique ? », donc cela dépend si la personne pense que son

rhume va durer tout l’hiver ou si elle se dit que dans 3 jours ce sera terminé.

➢ Les conséquences : Ce sont toutes les représentations des effets possibles de la maladie sur la vie du patient. Ces

conséquences peuvent être physiques (douleur, manque de mobilité), émotionnelles (solitude, manque de

contacts sociaux), ou cela peut aussi être les deux (ex : j’ai un rhume je ne peux pas aller à mon entrainement de

foot car je suis trop faible et je ne peux plus voir mes amis qui jouent aussi au foot).

➢ La curabilité et la contrôlabilité : ce sont toutes les croyances qu’a le sujet sur les possibilités de traitement, de

guérison, ce sont aussi ses croyances sur le fait qu’il contrôle sa guérison ou non « la guérison dépend-elle de moi,

du médecin, de la chance ? ». La curabilité et la contrôlabilité sont aussi très dépendantes du type de maladie. Il

y aussi un lien avec les médecines alternatives, car il semblerait que plus une personne pense qu’elle a de faibles

chances de curabilité et un faible contrôle, plus elle irait voir les médecines alternatives.

Donc la représentation de la maladie s’appuie sur différentes composantes, notamment des composantes cognitives.

Les deux éléments qui ressortent beaucoup quel que soit les modèles sont la notion de gravité perçue et la cause

perçue. En tant que futur médecin il faudra être vigilant car nous n’avons pas toujours les mêmes causes perçues que

les patients !

IV. La maladie comme menace et source de stress

On considère en psychologie de la santé que la maladie est un facteur de stress qui nécessite du patient un

certain nombre de ressources psychologiques pour s’ajuster. L’ajustement peut être plus ou moins efficace, mais

le patient va avoir recours à des concepts à différents niveaux pour pouvoir s’ajuster, il va utiliser des mécanismes de

défense spécifiques. Il peut aussi s’ajuster à travers de stratégies d’adaptation, de coping. Et enfin il peut aussi

utiliser son soutien social. Pourquoi le fait d’être malade est-il menaçant ?

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Il y a différents types de menaces :

➢ Menaces pesant sur la vie et la peur de mourir, peur de séquelles etc…

➢ Menaces pesant sur l’intégrité corporelle et sur le bien-être : vais-je avoir un handicap physique permanent ?

Perte d’un doigt, une poche gastrique jusqu’à la fin de ma vie etc…

➢ Menaces pesant sur l’identité et la perspective temporelle : changement physique (ablation du sein dans le

cancer du sein), une forme d’insécurité par rapport l’avenir.

➢ Menaces pesant sur la stabilité émotionnelle : des patients vont être en colère.

➢ Menaces pesant sur la capacité d’assumer des activités et des rôles habituels : important pour les patients

ayant une famille notamment.

➢ Menaces découlant de la nécessité de s’adapter à un nouveau milieu social et physique : d’adapter à une vie à

l’hôpital par exemple.

Le fait d’être malade va engendrer un certain nombre de modifications qui sont à la fois psychologiques,

physiologiques, mais aussi de l’ordre de la sensation et au niveau cognitif (le patient va avoir un certain nombre de

schémas cognitifs de pensée qui vont s’imposer à lui en fonction de la maladie). Par exemple, lorsqu’on diagnostique

un cancer dans le premier temps, l’annonce du diagnostic, le patient va être un peu colonisé au niveau cognitif (au

niveau des pensées) par des idées, des angoisses de mort liées à la santé, à la maladie, etc… Ce sont des pensées qu’il

ne va pas réussir à chasser tout de suite car ce sont des pensées qui s’imposent à lui. La maladie va être une

expérience biopsychosociale qui va générer un processus d’ajustement du fait de différentes angoisses, qui sont

des angoisses liées à ces expériences de privation, de frustration et de douleur.

A) Expérience de privation, de frustration, de douleur

Tout d’abord c’est une expérience de privation parce que, quand on est malade (même un tout petit rhume),

on voit que l’on ne peut pas fonctionner comme d’habitude, c’est-à-dire que toute maladie est une forme

d’empêchement, d’obstacle à la liberté personnelle. Être malade c’est perdre de son autonomie, de son

indépendance, et pour les maladies plus importantes avec des probabilités de décès ou de handicap, c’est aussi une

privation par rapport à un certain nombre de réalisations personnelles que l’on avait projeté, par rapport à notre

avenir (ex : si on a comme projet d’avoir des enfants mais qu’on a une maladie qui nous l’empêche on voit bien que la

maladie fait obstacle, on est privé dans notre autonomie/liberté et dans notre degré de réalisation au quotidien ou sur nos

projets de vie).

La maladie va générer aussi une expérience de frustration, le patient se sent à la fois « dépouillé » de son état de

santé, se sent frustré car il ne peut pas réaliser pleinement sa vie et c’est également une expérience de douleur. A

la fois au niveau physique du mot, c’est-à-dire qu’un certain nombre de pathologies sont douloureuses ou le

traitement est douloureux (ex : quand on a le cancer, ce n’est pas une pathologie toujours douloureuse, néanmoins la

chimiothérapie va générer un certain nombre d’effets secondaires et de douleurs chez certains patients).

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Donc, on a la douleur au niveau somatique du domaine biomédical (à cause des effets secondaires) mais on a aussi

une douleur psychique d’être malade. Plus la maladie est grave et plus la souffrance psychologique va être importante

(avec de affects/sentiments de tristesse, d’angoisse, d’isolement).

L’autre versant c’est aussi un grand sentiment d’impuissance, d’être impuissant face à la maladie puisque quelque

part c’est quelque chose qui s’impose à nous. Le patient va mettre en place différentes stratégies de coping ou de

mécanismes de défenses, qui souvent visent justement à essayer de reprendre le contrôle de sa vie qui lui échappe

parce que la maladie s’impose à lui.

Donc, c’est aussi une expérience qui est stressante à différents niveaux et va nécessiter du patient différents niveaux

d’adaptation que ce soit au niveau cognitif, comportemental ou même des adaptations très matérielles. En effet,

être diagnostiqué, par exemple, d’un cancer (n’importe lequel) c’est aussi avoir un certain nombre de remaniements

au niveau des rôles sociaux et familiaux. Il peut alors se poser des questions du type : « Je suis malade, je suis en arrêt

maladie, si c’est moi qui permettais en grande majorité à mon ménage de vivre, que va-t-il se passer ? ». Aussi, dans

la famille un certain nombre d’ajustements vont être nécessaires. On a une diversité d’expériences chez le malade

qui vont nécessiter différentes stratégies d’adaptation, qui vont être plus ou moins fonctionnelles ou

dysfonctionnelles.

L’angoisse créée par la maladie va nécessiter de nombreux mécanismes de défense plus ou moins adaptés.

➢ Mécanisme de sublimation : typiquement c’est le patient qui est atteint d’une maladie et qui va monter une

association pour aider les autres patients ou qui va écrire un livre. C’est un mécanisme de sublimation

d’expériences angoissantes. Et c’est plutôt adapté, si ça aide le patient.

➢ Mécanisme de déni : mécanisme de défense plus archaïque, c’est à dire que je vais continuer à vivre comme si je

n’avais pas entendu parler de ma maladie ou de mon diagnostic de cancer, ce qui peut être problématique.

On voit dans ces ajustements, qu’ils ont tous la même vocation, c’est-à-dire d’assurer la survie psychique face à la

menace angoissante. Néanmoins on aura des patients avec des conduites différentes.

➢ Mécanisme de fuite, de passage à l’acte : le patient qui fuit le soin, c’est-à-dire d’un seul coup quitte le processus

de soin ou la prise en charge et dans un mouvement d’angoisse va fuguer quelque part, mécanisme de défense

classique retrouvé parfois chez les patients en cancérologie. C’est un mécanisme de défense à comprendre, car

on doit faire sens de ces comportements. Sinon, sur la première ligne d’interprétation on peut se dire : « le sal***,

il est parti... Il nous laisse en plan ». Mais il faut se poser la question : « pourquoi est-il parti ? », son besoin de

partir était sans doute un besoin de survie psychique parce que c’était sans doute une trop grande prise de

conscience du cancer.

Quand on est diagnostiqué malade, derrière l’étiquette « j’ai un cancer », la représentation de la maladie cancéreuse

est extrêmement négative (on s’imagine une personne sans cheveux, tout livide, tout maigre…), et on imagine que

le cancer c’est la mort (on parle de représentation, ce n’est pas forcément une vérité). Ça sollicite ça chez chacun

d’entre nous mais aussi chez le patient, ce qui peut réveiller des angoisses de mort.

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Il n’y a rien de plus archaïque comme angoisse et donc il va falloir s’en protéger, on a des mécanismes plus ou moins

adaptés par rapport à ça. Les patients ont différentes ressources pour se protéger.

B) Ajustements face à la maladie

En psychologie de la santé, on a plusieurs modèles qui essaient de modéliser le comportement du patient.

1) THÉORIE DE L’ADAPTATION COGNITIVE (TAYLOR, 1984-2000)

C’est un processus d’ajustement en réponse à une situation menaçante. Le modèle de l’adaptation

cognitive est une alternative au modèle du coping. Ici on va décrire la façon dont le patient s’adapte plus ou moins

fonctionnellement (adapté/inadapté), comment il s’ajuste face à une situation menaçante et plus particulièrement la

situation maladie.

➢ Etape 1 : Une recherche de sens où l’individu tente d’obtenir ou de maintenir une attitude optimiste envers

l’évènement ou la vie général, recherche de la causalité, nécessité de comprendre les implications. Cette

recherche de sens c’est, par exemple, quand on fait un diagnostic de cancer chez le patient, l’une des premières

choses qui va se poser comme question c’est : « pourquoi moi ? » (qui finalement est une question assez

existentielle). Le patient va chercher un sens par rapport à cet évènement de vie qui lui tombe dessus.

➢ Etape 2 : Une tentative de retrouver la maîtrise de l’évènement ou sur sa vie en général, avec des techniques

psychologiques et des techniques comportementales

➢ Etape 3 : Une restauration de l’estime de soi, grâce à la comparaison sociale (Festinger), qui se sert de

distorsions cognitives avec des illusions positives.

En détail : La question de recherche de sens reflète toutes les questions de : « pourquoi moi », « qu’est-ce qui m’arrive

», « quel est l’impact que la maladie va avoir sur moi », « quelle sens va avoir ma vie maintenant ? »… Dans cette

recherche de sens, on va à la fois rechercher une causalité à l’évènement (les personnes en fonction de leur

personnalité ou de leurs croyances vont trouver une cause potentielle en maladie) (ex : : il y a 30 ans j’ai fait les essais

nucléaires à Papeete mon cancer est sûrement dû à ces essais), que ça soit valide ou pas le patient va essayer de trouver

une causalité. D’autres vont penser au karma, le patient est emprunt à trouver une causalité, qui n’est pas forcément

la causalité rationaliste du modèle biomédical (rarement le patient va nous parler de cellules qui ont mutés pour

expliquer sa maladie). Ils cherchent à trouver une cause qui explique l’évènement. Dans un deuxième temps, il va

chercher à comprendre les implications que va avoir cet évènement stressant (qui est ici l’évènement maladie).

Qu’est-ce que ça va avoir comme potentielles répercussions sur son quotidien, sur son travail, sur sa relation aux

parents, aux enfants ?… On va essayer de reprendre le contrôle sur sa propre vie : « comment je peux prévenir que

cet évènement ne se reproduise pas ? », « comment je peux faire pour éviter de nouveaux une crise cardiaque », «

quelles sont mes ressources pour gérer l’évènement ? ».

Les patients vont mettre en place un certain nombre de tentatives cognitives, comportementales pour avoir le

sentiment de contrôle sur la maladie même si bien souvent elle leur échappe.

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Par exemple, on a interrogé des femmes qui ont eu un cancer du foie (pas directement après le diagnostic car elles

sont dans un état de choc mais on les a interrogées après), et il y en avait 66% qui disaient que par leur comportement

elles avaient une influence sur le cœur de la maladie, qu’elles pouvaient avoir une influence sur l’apparition et le

décours de la maladie. Et les autres patientes pensaient que c’étaient les professionnels de santé qui avaient ce

pouvoir de contrôle (renvoie à la notion de locus of control).

Les patients vont mettre en place un certain nombre de techniques soit psychologiques soit comportementales

pour avoir l’impression de contrôle, de maitriser les choses (ex : les gens qui vont faire de l’autohypnose, de la

méditation). Ce n’est pas mauvais pour le patient, il cherche juste à avoir le contrôle et si ce n’est de la maladie du

moins le contrôle de son corps. Les autres éléments sont des techniques comportementales qu’ils vont mettre en

place (ex : typiquement, je change de régime alimentaire (on mange des graines…), faire des dépistages assez

régulièrement), ils vont trouver des moyens comportementaux pour avoir l’impression de reprendre le contrôle sur ce

qui s’impose à eux (c’est-à-dire la maladie, car la maladie attaque le corps et la santé mais aussi toute l’identité). Ça

peut aussi être au travers de médicaments que le patient va essayer de reprendre la main sur les évènements.

Ensuite, on a un mouvement ou un processus de restauration de l’estime de soi (en anglais : autopromotion de soi).

L’idée c’est que souvent, suite à la maladie, on va observer chez les patients une faible estime d’eux-mêmes (même

lorsqu’il y a guérison les patients ressortent parfois avec une faible estime d’eux), la théorie de l’adaptation cognitive

suggère que suite à la maladie les patients vont tenter de restaurer leur estime de soi (qui a été dégradée par la

maladie) par une forme d’inflation de l’estime de soi. Typiquement, imaginons je vais voir un de mes proches qui a

le cancer ; on se demande dans quel état je vais le retrouver. Et en fait, on est super surpris car néanmoins il a un

moral de fou, il dit « tu as vu l’autre à côté de moi dans quel état il est, il est bien pire que moi ». Ça existe aussi dans

les EPHAD (maison de retraite) : la petite grand-mère plus vaillante que les autres.

C’est un processus classique à la frontière de la psycho-sociale et de la psychologie de la santé que l’on appelle

processus de comparaison sociale. C’est-à-dire que l’on fait sens avec ce qui nous arrive, avec le monde en ce

comparant à l’autre.

Donc soit on fait une comparaison à la baisse, qui contribue à restaurer l’estime de soi qui est dégradée par la

maladie, on est centré sur soi (c’est positif) et cela permet une sorte de survie psychique. Exemple : « moi j’ai qu’un

cancer par rapport au mec à côté de moi qui est métastasé de partout ». Soit on fait une comparaison à la hausse,

qui ne réhausse pas l’estime de soi, je vais me comparer à l’autre et je vais voir que je suis dans un plus mauvais état

que lui : « Pourquoi lui sa tumeur c’était juste finalement un kyste et moi c’est cancéreux ?».

A partir de la théorie de Festinger : quand on étudie cet aspect de comparaison sociale, on a constaté que la majorité

des femmes qui ont eu un cancer du sein vont utiliser ce mode de comparaison à la baisse, pour se renarcissiser et

pour ré-évaluer l’estime d’elles-mêmes.

Ce type de comparaison peut être tout à fait déconcertante si on ne comprend pas ce qu’il se passe, néanmoins c’est

important pour l’état psychologique du patient puisque ça lui permet d’avoir un gain d’estime de soi.

Quand on parle d’autopromotion de soi, on parle de trouver des techniques (souvent c’est inconscient chez le patient)

pour réévaluer et améliorer l’estime de soi.

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Derrière cette théorie de l’adaptation cognitive, ces trois processus (recherche de sens, tentative de maîtrise

d’évènement et restauration de l’estime de soi) contribuent à créer une sorte d’illusion chez le patient. Illusion pas au

sens délirant mais illusions qui justement appartiennent au processus d’adaptation. Ces illusions ne sont pas

forcément des distorsions de la réalité (comme le schizophrène qui se met à délirer et qui voit des fantômes ou pleins

d’autres choses), mais ils vont percevoir la réalité avec un biais cognitif (= distorsion cognitive), c’est-à-dire qu’ils vont

percevoir la réalité que sur un biais positif.

C’est par exemple un biais cognitif où même si on ne connait pas forcément la cause du cancer d’une personne, elle

nous dit : « si moi je sais d’où vient mon cancer, ça vient de là et comme ça vient de là je peux le contrôler ». Cette

personne n’est pas complétement à côté de la plaque au niveau de la réalité mais elle une interprétation du monde

qui est biaisé de façon plutôt positive (comme je sais ce qu’il se passe, je peux contrôler).

Ces trois grands processus d’ajustement à la maladie contribuent à créer chez le patient un certain nombre de

distorsions cognitive, d’illusions positives de la réalité.

Il faut savoir que c’est un des premiers modèles proposés qui a été retravaillé par Taylor dans les années 2000.

2) MODÈLE DE L’AUTORÉGULATION DE LEVENTHAL

Là aussi l’autorégulation, c’est la question de l’ajustement face à la maladie (bien retenir que ce sont des

modèles adaptés à la maladie). C’est un modèle basé sur les approches de résolution de problèmes et suggère que

la maladie est traitée par les sujets de la même manière que d’autres problèmes.

La résolution de problèmes se fait en 3 étapes :

➢ Etape 1 : Interprétation : Perception des symptômes, et des messages sociaux (normes, et déviation), liée à la

représentation de la maladie (identité, cause, conséquence, temporalité, contrôle) et réponse émotionnelle à la

maladie (peur, angoisse, dépression)

➢ Etape 2 : Coping : coping d’approche et coping d’évitement

➢ Etape 3 : Evaluation

Cette résolution se fait selon le principe d’homéostasie.

C’est un modèle qui va ajouter par rapport à celui de Taylor la question de la représentation de la maladie dans son

modèle.

Le présupposé de Leventhal c’est de dire que finalement le sujet qui est face à la maladie va fonctionner comme il a

l’habitude de le faire face à un problème. C’est-à-dire qu’ici on pense que la maladie ou les symptômes vont être

traités de la même manière que les autres problèmes. L’autre base présupposée, c’est que face à un problème dit

Leventhal : « le sujet est par nature motivé à résoudre le problème ». C’est-à-dire que lorsque l’on a un problème on

va être guidé par une motivation à le résoudre et à retrouver un état d’équilibre.

C’est donc le principe de l’homéostasie.

Les modèles traditionnels de résolution de problèmes, décrivent la résolution de problème en 3 étapes :

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➢ Interprétation : c’est l’étape où l’on va essayer de faire sens au problème, ici le problème c’est la maladie.

➢ Faire face/coping : une fois que j’ai fait sens, je vais essayer de faire face, mettre en place des stratégies de coping

afin de retrouver un état d’équilibre.

➢ Evaluation : je vais évaluer la réussite des stratégies d’ajustement que j’ai mis en place.

Dans le modèle de résolution de problèmes : les étapes vont se poursuivre jusqu’à ce que le patient évalue qu’il a

résolu le problème, c’est une forme de cycle. Tant qu’il n’évalue pas que sa solution permette un état d’équilibre, il

va refaire le cycle de résolution de problèmes.

Ces étapes ont été appliquées par Leventhal à la question de la maladie. (Bien apprendre le modèle !) On retrouve les

étapes qu’on a cité, mais il les a améliorés pour que cela corresponde bien à la question de la maladie.

a. Perception des symptômes

La perception de symptômes peut aussi modifier les états émotionnels et donc exacerbé cette perception de

symptômes (ex : je ressens une douleur au niveau du cœur et dans le bras, je suis anxieux parce que j’imagine que je suis

en train de faire une attaque, mais évidemment comme je me sens anxieux, je vais ressentir encore plus les symptômes).

C’est le principe de l’anxiété liée à la santé, plus on est anxieux par rapport à un symptôme, plus on va se focaliser

dessus et plus on va ressentir le symptôme. Dans ce cas, une personne peut aussi utiliser un mécanisme d’ajustement

ou une stratégie de coping qui est le déni (ex : d’un seul coup je suis trop anxieux par cette douleur là je me dis qu’en fait

je n’ai pas du tout mal et puis j’oublie cette douleur). Donc on va mettre en place un certain nombre de stratégies pour

faire face qui sont des stratégies d’adaptation.

Au niveau de la perception des symptômes, le symptôme dépend de la façon dont on est confronté à la maladie, on

a 2 voies :

➢ La perception de symptômes : « j’ai mal, au niveau de la poitrine, du cœur… »

➢ L’autre voie pour être confronté à la maladie, c’est le diagnostic social, c’est-à-dire les messages sociaux, du

type : le médecin vient de me diagnostiquer que finalement la douleur correspond à une angine de poitrine.

On a donc un sujet qui réceptionne des informations sur la maladie, soit par la perception de symptômes, soit par des

messages sociaux.

b. Faire sens au problème

Dans la théorie de Leventhal, le sujet sera motivé pour revenir à son état normal (état de santé). Pour revenir à

son état de santé, il va attribuer du sens au problème. Pour faire sens avec le problème et l’interpréter, il va avoir

recourt à des éléments liés à la représentation de la maladie. D’autre part il va avoir recourt aussi aux réponses

émotionnelles associées à la maladie.

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Exemple : « j’ai mal au niveau de la poitrine », je reçois un message social du médecin qui me dit que ça pourrait être

lié à une pathologie cardiaque, ça me renvoie donc à penser à la crise cardiaque et évidemment ça va générer en moi

des émotions autour de l’anxiété.

Donc on a ici, dans ce modèle, une dimension affective qui n’apparaissait pas dans le modèle de Taylor.

Cette réponse émotionnelle est aussi liée à des influences au niveau de l’état cognitif : l’état cognitif va influencer la

façon dont je perçois les symptômes. Le meilleur exemple, c’est l’effet placébo. L’état cognitif fait que le patient

s’attend à ce que le pseudo médicament améliore son état et donc cela améliore son état, ou du moins, il perçoit

moins les symptômes.

Une étude qui date de 1977 a été faite concernant la question des symptômes prémenstruels chez les femmes. La

chercheuse a donné à des femmes, un test qui indiquait soit que leurs règles arrivaient bientôt ou dans plus d’une

semaine (truc complètement bidon, c’était au hasard). On a donc demandé aux femmes de répertorier les

symptômes prémenstruels dans ces situations. Par la suite de ça, ils ont constaté que si le test indiquait qu’elles

allaient bientôt avoir leurs règles, cela augmentait l’apparition de leurs symptômes prémenstruels alors qu’elles

n’étaient pas du tout dans cette période-là.

C’est un exemple qui montre à quel point l’état cognitif peut sensibiliser à la perception de symptômes qui parfois

n’existent pas ou de créer des symptômes pour être en harmonie avec l’état cognitif. On voit que la perception de

symptômes relève de l’état cognitif. Cette perception de symptômes est aussi très influencée par le contexte social.

Ça a été très bien illustré dans les années 1960, par ce que MECANIC, a appelé le syndrome de l’étudiant en

médecine. Il a constaté que quand on fait des études, particulièrement en médecine, on va passer notre temps à

parler de symptômes, de maladie, de diagnostic. Mecanic avait interrogé les étudiants en médecine et il avait

constaté que plus de 2/3 des étudiants en médecine, au cours de l’année avait signalé des symptômes qui

correspondait aux maladies qu’il avait apprises. Ils n’étaient pas malades mais se croyaient malades par rapport aux

maladies qu’ils avaient apprises. On peut expliquer ça au niveau de l’humeur : les étudiants en médecine sont des

étudiants très anxieux. Ils ne sont pas anxieux de base mais anxieux par rapport à la charge de travail (la première

année déjà mais aussi après…). La charge de travail est plus importante que dans les autres études. Plus on est

anxieux, plus on a tendance à être hyper vigilant à des changements physiologiques, plus on est focalisé sur nos états

internes. On peut aussi l’expliquer par la cognition : comme on est en plus dans des cursus où il y a beaucoup

d’apprentissage, au niveau cognitif, dans nos enseignements, on pense aux symptômes. Au cours de l’enseignement,

qui nous prend quelques temps de notre vie, on est focalisé sur des symptômes et aussi à nos états internes qui

ressembleraient à ces symptômes. L’autre dimension sociale est qu’il y a une forme de contamination. Une fois qu’on

commence à percevoir un petit symptôme qui correspond à la maladie que l’on a apprise dans nos cours, dès que l’on

perçoit un signe, on va avoir une acuité encore plus importante c’est-à-dire rechercher les signes qui pourraient aller

dans le sens de cette symptomatologie. Ça s’explique par la contamination cognitive liée au niveau intensif

d’enseignement qu’on a sur la question de maladie.

En termes de messages sociaux, évidemment ils sont véhiculés par le champ de la médecine ou par les professionnels

de santé. Là où ça s’avère plus compliqué c’est quand ces messages sociaux viennent de profanes, des non-

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professionnels de santé, de la famille ou de Google, qui rendent malades plein de gens. Souvent, on nous propose le

remède maison qui va avec.

c. Coping

La deuxième étape est l’étape de coping, c’est un peu différent du coping classique puisqu’ici c’est le coping

de santé. Ce coping se distingue en coping d’approche ou en coping d’évitement.

Le coping d’approche est d’aller chez le médecin, consulter, suivre la prescription, se reposer, parler à un ami de ses

symptômes, de ses émotions, etc. Le coping d’évitement, typiquement ici, c’est le déni ou les pensées irréalistes

concernant la santé. Ce coping est mobilisé à 3 niveaux dans la maladie : le diagnostic, la crise de la maladie

(traitement, prise en charge, s’adapter à des répercussions, des conséquences d’une maladie, amputation par

exemple) ou la maladie physique.

d. Réactions face à l’annonce d’une maladie

Tout d’abord, on peut observer un état de choc (pour des maladies graves, comme le cancer), de sidération,

d’incrédulité : le patient est étourdi, désorienté, détaché (il ne va pas nécessairement pleurer). Cognitivement, le

patient entend mais n’imprime pas. Même après cet état, il n’a pas mémorisé les choses. Ça dure à peu près 1

semaine. Ensuite, on peut s’attendre à un état de réaction émotionnelle. C’est à ce moment-là qu’on va avoir des

réactions de sentiment d’impuissance, de dépression, etc. On appelle ça, le sentiment à la rencontre. Enfin, on peut

voir un état d’adaptation avec toujours des états anxieux mais permet de s’adapter.

Si les personnes ne suivent pas ces étapes, on va avoir plutôt des mouvements de retrait, c’est-à-dire des

personnes qui entrent dans le déni avec un repli sur soi et donc de difficulté d’accroche aux soins, après. Mais, il ne

faut pas oublier qu’il peut exister temporairement, des moments de déni pour un patient « normal ».

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3) MODÈLE DE LA THÉORIE DE LA CRISE

Un autre modèle est la théorie de la crise. Ici, on a toujours la même idée : face à une situation de crise ou de

menace, le sujet est toujours guidé par un principe de rééquilibrage, donc le principe d’homéostasie. C’est

typiquement pour les maladies physiques, somatiques.

MOOS va proposer 3 étapes.

a. L’évaluation cognitive

L’évaluation cognitive : la maladie crée un déséquilibre chez le sujet, celui-ci va évaluer la gravité et

l’importance de la maladie. Est-ce que mon cancer est grave ?

Comment mon cancer va modifier ma vie à long terme ? (Influencé par les expériences personnes, le caractère de la

personne, etc.)

b. Les problèmes d’adaptation

Il existe 3 problèmes spécifiques à la maladie et 4 problèmes généraux (dans l’ordre)

- Faire face à la douleur, à l’incapacité ou à d’autres symptômes (douleur, vertige, perte de contrôle)

- Faire face à l’environnement hospitalier et des protocoles de soins (chimiothérapie, mastectomie, effets

secondaires, radiothérapie)

- Développer et de maintenir des relations adaptées avec le personnel de soin (comprendre le fonctionnement de

l’hôpital avec les médecins, les infirmières, les aides-soignants, les internes et les externes)

- Essayer de préserver une forme d’ajustement émotionnel (le patient va devoir compenser, réajuster ses émotions

négatives)

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- Essayer de préserver son image de soi, de maîtrise et de contrôle (défiguration, par suite d’une mastectomie il y a

une modification de l’apparence, ou s’adapter à une poche, un stimulateur cardiaque)

- Maintenir une forme de lien avec ma famille et mes proches (ce qui est plus compliqué si je suis paralysé, en fauteuil

roulant, à l’hôpital pendant 6 mois)

- Se préparer à un avenir incertain : vais-je m’en sortir ? Perte de vue, perte de mobilité…

c. Les stratégies de coping face à la maladie

- Coping centré sur le résultat : représente les stratégies du sujet, qui visent à comprendre la maladie et donc la

recherche de sens :

→Analyse logique et la préparation mentale (découper un événement ingérable de petite chose que l’on peut

maîtriser)

→Redéfinition cognitive (accepter la réalité et de la redéfinir de manière plus acceptable)

→Evitement cognitif (déni ou minimisation des gravités de la maladie)

- Coping centré sur le problème : implique que l’on se confronte au problème afin qu’il devienne gérable

→Recherche d’information et de soutien (patient qui consulte de façon compulsive, les bouquins, les sites internet…)

→Action et résolution du problème (apprendre à se faire des injections d’insuline)

→Identifier des gratifications (planifier des événements qui sont satisfaisants à court terme)

- Coping centré sur l’émotion : découle de la maladie

→Affectif (tous les efforts que fait le patient pour garder de l’espoir face à sa situation stressante)

→Décharge émotionnelle (évacuation des sentiments de colère ou de désespoir et du trop-plein émotionnel)

→Acceptation résignée (résignation acquise, c’est l’acceptation passive du déroulement inéluctable de la maladie)

Tous ces éléments de la théorie de la crise sont influencés par des facteurs socio-démographiques (sexe, âge, religion,

classe sociale) et dépendent des maladies (plus ou moins douloureuses, stigmatisantes, de défigurations, de

modifications de l’apparence).

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C) Mécanismes de défense

Les mécanismes de défense sont aussi à l’œuvre.

Les mécanismes de défense correspondent aux mécanismes psychologiques susceptibles de réguler les relations

inconfortables ou conflictuelles entre le Moi et la réalité. Les défenses psychologiques ont pour objectif de réduire

l’intensité, la fréquence et la durée de cet état émotionnel inconfortable.

Ces mécanismes de défense sont très mobilisés en situation de maladie.

1) MÉCANISMES CENTRÉS SUR LE STIMULUS « MALADIE »

- Le déni : négation de la réalité. Ce déni se différencie de l’ignorance. Il exige qu’on ait connu à un moment

l’événement, à un moment donné. On le retrouve particulièrement chez les patients qui sont cardiaques. Dans ces

cas-là, le déni peut être complet ou partiel. Le patient va minorer la maladie dont il souffre (patient qui dit qu’il a une

grippe plutôt qu’une tumeur du poumon = déni partiel). C’est un des mécanismes les plus courants que l’on va

rencontrer chez nos patients.

- La projection : attribuer à autrui ses propres pensées, attitudes, peurs, désirs, etc. Ex : un patient qui dit

qu’il consulte parce que « sa femme insiste lourdement mais qu’il sait bien que ce n’est pas grave et qu’elle ne

s’inquiète pour rien ». Possible dans des situations de maladie plus grave : attribution des propres symptômes aux

autres patients, avec un soulagement que le voisin de lit qu’il soit plus mal en point qu’eux dans leur perception. Ce

n’est pas de la comparaison sociale !

Attribution de ses symptômes au voisin de lit qui n’existent pas vraiment, ce n’est pas la réalité. Les médecins peuvent

aussi faire des projections, ex : Un médecin qui doit intervenir sur une chirurgie grave, et n’explique pas au patient

que le taux de réussite est faible et que l’intervention est compliquée pensant que ça peut créer de l’angoisse chez le

patient. Bien souvent c’est l’angoisse du propre chirurgien qui est projetée sur le vécu du patient.

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- La limitation de conscience : le patient réduit son domaine de conscience, interdisant aux situations

pénibles de franchir le seuil de sa conscience. Il va se centrer sur un symptôme ou une conséquence de la maladie. Ex

: un grand brûlé qui se centre uniquement sur la douleur et non pas sur l’esthétique ou les conséquences sociales,

professionnelles, etc.

Les mécanismes de défense sont présents au quotidien, que ça soit ceux des patients ou de nous-même. On n’est

jamais tout à fait objectifs sur nous-même, on voit rarement les nôtres !

2) MÉCANISMES CENTRÉS SUR LA PENSÉE

Ce sont des mécanismes qui créent des changements au niveau cognitif, associatif (= changements internes).

- La répression : exclure les idées, les pensées, les souvenirs non désirés au niveau conscient. Correspond

à peu près à ce que décrit la psychanalyse à propos du refoulement. Ces pensées vont rester dans le niveau

inconscient jusqu’à ce que des circonstances enclenchent un retour dans le conscient. Quelles circonstances ? La prise

de stupéfiants, la consommation d’alcool, le sommeil, l’état hypnotique, les états fébriles, etc.

La réaction d’anniversaire : un certain nombre de patients vont développer une pathologie le jour où il s’est passé

un événement traumatique dans leur vie qu’ils ont plus ou moins occulté. Plus classique, la répression va se voir dans

le milieu des consultations avec des patients qui oublient leur RDV. Ce n’est pas un déni car normalement le déni n’a

pas accès à la réalité, là, les individus ont accès à la réalité et l’ont minimisée/refoulée. Répression : « Je ne suis pas

malade » ; Déni : « Je vais très bien ».

- La rationalisation : rechercher des explications inattaquables, rationnelles sur le plan logique sur des

événements ou des comportements qui ne sont pas acceptés par le sujet au niveau émotionnel. Exemple : en

début d’Alzheimer, « je ne perds pas la tête, ce sont les médicaments que je prends qui me font oublier » ; Une femme

qui se retrouve avec un nodule au niveau du sein et qui le rationalise en disant que c’est parce qu’en ce moment elle

a ses règles. Création de liens pseudo-rationnels, visant à atténuer la prise de conscience de l’angoisse, qui peut

faire appel à l’intellectualisation (explication scientifique de la maladie, émergence des patients « experts » de leur

maladie, merci Google et Doctissimo).

- L’isolement : les sentiments pénibles vont être dissociés des processus cognitifs. Le patient va décrire

très froidement d’un accident ou autre, sans connotation émotionnelle (peur, angoisse, etc.). Très pratique pour

le médecin puisque le patient va faire une description minutieuse des symptômes sans parler de ses émotions, ce qui

permet de documenter en détail l’accident (ex : un infarctus et les différentes phases). On observe ça souvent après

des psycho-traumatismes, traumatismes physiques. Ce n’est pas forcément pathologique, c’est juste comment on

s’adapte.

- La compensation par l’imaginaire : le patient qui rêve ou fantasme sur des situations où la maladie/la

souffrance est exclue. Ex : se rêver dans une vie où ils ne sont pas malades, qu’ils n’ont pas le cancer, etc.

- La formation réactive agressive : une réaction agressive à la maladie, comme si c’était quelque chose

d’externe qu’il l’attaque. Ça va être un patient exigeant, assez mécontent des soins prodigués, qui polémique

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beaucoup (plutôt antipathique, difficile à soigner). L’angoisse provoquée par la maladie va être rejetée/projetée

envers autrui, envers les soignants (+++).

3 ) MÉCANISMES CENTRÉS SUR L’AGIR

- Les manœuvres contraphobiques : consistent à directement s’exposer aux situations ou aux activités

dont le patient a peur, « confronter la peur pour mieux la contrôler ». Plus ou moins bénéfique pour le suivi du patient,

ex : un patient ayant fait un angor (angine de poitrine), il se dit qu’il va aller faire un footing ce qui va déclencher des

symptômes mais qui vont rester supportables et va donc se rassurer en se disant qu’il a « tenu quand même ». Cela

peut donc être délétère pour la santé du patient. Autre exemple : un patient auquel on annonce une maladie qui va

se mettre à se documenter sur la maladie pour en avoir moins peur, recherche d’un discours rationnel sur la maladie.

(Une part d’intellectualisation aussi dans ce mécanisme).

- L’effacement : action qui annule une pensée ou un acte antérieur (ex : rites ou cérémonies). Pour certains

patients, ils vont avoir une forme de discours sur l’idée que la souffrance qu’il ressente de la maladie va effacer une

action dont ils se sentent coupables. Ex : un détenu qui a un cancer se dit qu’il paye sa dette envers la personne qu’il

a agressé. Ça peut être aussi un professionnel de santé qui s’est trompé et qui va être très agréable, voire un peu trop,

avec le patient pour se racheter, effacer son erreur. Ou encore le mari qui trompe sa femme et qui lui rapporte des

fleurs. (Un peu comme des pensées magiques, d’après Mme Potard, normalement ça ne doit pas marcher, et c’est

super sexiste !).

- La sublimation : remplace des objectifs socialement inaccessibles par des buts valorisés socialement.

Ex : un instinct agressif transformé en émulation positive ou sportive. Typiquement chez le patient, ce qu’on peut

observer c’est une affirmation importante des sentiments religieux, la résurgence de pratiques religieuses. Ça peut

calmer les patients, ça leur donne un sens.

- Le retrait et la fuite : le patient va éviter la situation sur le plan émotionnel, soit en ne tenant pas ses

engagements (rupture du soin), soit en abandonnant un certain nombre de relations au profit de nouvelles. Pourquoi

? Souvent, ils préviennent dans leur tête un futur rejet social : « Quand je vais leur dire [le diagnostic], ils vont

s’éloigner ». Attention, car certains peuvent sombrer dans la dépression, cela mérite donc une attention particulière.

Le plus grand retrait et fuite en consultation (+++ en cancérologie) : le patient qui rompt tout contact avec les

professionnels de santé, arrêt du traitement, disparaît de la file active de patients. (Fight or Flight ? Lui il a choisi

Flight…) Un certain nombre de patient revient après. Les professionnels souvent le vivent comme une attaque de

leur profession, de leur relation thérapeutique. S’ils n’arrivent pas à se dire que ça arrive, ils peuvent le prendre très

mal = rejet du patient « qui il est pour ne pas venir à mes consultations ?»

D) Mécanismes qui affectent globalement l’individu

- La régression : facilitée par l’hospitalisation qui crée cette position infantile, perte d’autonomie (absence

d’intimité, aide à la toilette, heures des repas déterminées), le malade redevient comme un enfant. Ce sont des

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patients très exigeants et le rythme hospitalier actuel n’est pas pensé pour ça, néanmoins ce sont des patients assez

« dociles » (comme des enfants). On peut observer une possible régression au niveau somatique avec des patients

qui dorment beaucoup, qui ont des besoins alimentaires sucrés, envie de gourmandises, etc. Ils sont très sensibles

aux visites. Attention, ils peuvent avoir recours à des substituts de type alcool, drogue, etc. La régression est souvent

très fréquente au 1er stade de la maladie. C’est normal dans un premier temps mais elle ne doit pas perdurer trop

longtemps ! En post-opératoire, il faut que ça soit disparu car ça peut ralentir le temps de guérison.

- L’identification : l’individu adopte des caractéristiques d’une autre personne (comportement, style

vestimentaire, ses pensées, ses intonations, son rire, etc.). S’exprime aussi dans la symptomatologie, ex : un patient

qui présente des symptômes d’insuffisance respiratoire avec des douleurs à la poitrine inexplicables et on se rend

qu’un de ses proches vient de mourir d’une maladie pulmonaire chronique. Possible de prendre aussi des

caractéristiques de leur médecin, de leur chirurgien favori (il ne faut pas trop en jouer attention, ça rend les gens

vulnérables).

V. L’exemple du cancer

On peut appliquer tous ces mécanismes au contexte du cancer : comment s’adaptent psychologiquement les

patients atteints de cancer à chaque stade de la maladie ?

L’adaptation nécessite un certain nombre de ressources somatiques et psychiques, qui diffèrent en fonction du stade

de la maladie. Plusieurs stades existent en oncologie :

- Les premiers symptômes

- L’investigation diagnostic

- Le traitement

- La rémission

- La récidive

- La phase pré-terminale

A) La phase des premiers symptômes

Dès la perception des premiers symptômes, le malade est confronté à une nouvelle réalité physique, qui est

souvent inattendue et parfois douloureuse. Ces perceptions physiques (perte d’appétit, perte de libido, existence

d’une tumeur, fatigue, altérations cognitives, …) vont devoir être intégrées psychiquement.

Pour des professionnels de santé, il semble évident de lier systématiquement symptôme et maladie. Mais bien que

ce lien existe de manière rationnelle, il existe un décalage psychique entre perception de premiers symptômes et

intégration de la maladie. Une fois les symptômes perçus, la personne consulte un médecin. Il existe souvent un

décalage entre premiers symptômes et consultation, à cause du déni.

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Certains facteurs facilitent le délai de consultation :

- Symptômes visibles et/ou douloureux

- L’information et la prévention

- L’anxiété : plus une personne est anxieuse, plus elle va consulter facilement.

- L’impulsivité : plus une personne est impulsive, plus elle va consulter rapidement. Cette corrélation n’est pas

expliquée d’un point de vue psychologique mais existe.

- La bonne relation médecin-patient = l’alliance thérapeutique. C’est un enjeu à toutes les étapes du soin, et donc

notamment pour la récupération du patient : un patient qui a une bonne alliance thérapeutique avec son médecin

guérit plus vite.

Au contraire, certains facteurs retardent la consultation :

- Une mauvaise alliance thérapeutique

- L’absence de symptômes : à part lors des consultations de prévention, on ne va pas consulter si on n’a aucun

symptôme.

- L’existence d’une peur spécifique liée aux soins : on évite l’objet phobique en évitant la consultation. On peut citer

la peur associée aux seringues, au médecin, à l’hôpital, à la chirurgie, à l’anesthésie…

- Avoir une vie très active : les symptômes ne sont pas la priorité mais plutôt le travail, la famille, la carrière.

- La précarité : la prise en charge peut être coûteuse donc le patient attend plus de symptômes avant de consulter.

Les personnes dans des situations très précaires vont avoir des aides (CMU par exemple) et leurs soins vont pris en

charge à 100%, mais les personnes en situation de pauvreté mais pas assez précaires pour avoir ces aides ont

tendance à renoncer à des soins.

- Certains mécanismes de défense : le déni, la banalisation.

- La rationalisation : à l’idée d’être malade, il apparaît au niveau psychologique un première choc : « je suis malade

et ça me fait peur ». Il va y avoir un processus de rationalisation : on peut se dire « dans ma famille, personne n’a eu

un cancer du sein, donc je ne m’inquiète pour rien ».

Petit aparté sur la peur de l’hôpital : il y a aussi la peur d’être examiné. Certains patients ont peur d’être touché par un

médecin et dénudé devant lui voire plusieurs internes. Il y a aussi la peur de souffrir ou d’être mutilé.

B) La phase d’investigation diagnostic.

Durant cette phase, on passe d’un « je suis malade » non spécifique à « j’ai un cancer ».

Une fois qu’avoir un cancer est intégré au niveau conscient, il va suivre une crise existentielle chez le sujet : les

patients parlent d’un « coup de massue ». Il va y avoir des questionnements sur son histoire, son avenir, sa durée

de vie. C’est à la fois une crise existentielle individuelle et interpersonnelle, car l’entourage va aussi être réinterrogé.

Un patient qui vient d’apprendre que son cancer a été confirmé par des tests positifs va associer cela à une sentence

de mort. Il va présenter une détresse émotionnelle, de l’anxiété, des états dépressifs associés à une remise en

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question de ce qu’ils pensaient acquis, de leur environnement, de leur profession, de leur famille etc. Cette période

de crise existentielle dure environ 3 mois chez 70-80% des patients. C’est un évènement normal.

Lors de la phase de diagnostic entrent aussi en jeu :

- L’existence d’autres crises personnelles : une personne qui a vécu un évènement stressant il y a peu, va

parfois déclarer un cancer qui était jusqu’alors sous-jacent (exemple du divorce il y un an ou du veuvage). Elle se

retrouve alors en double crise existentielle.

- La question de l’altération du corps ou non, liée au type de cancer : certains cancers vont laisser comme

séquelle une cicatrice tandis que d’autres peuvent mener à modifications symboliquement dures à porter pour le

patient, par exemple une vasectomie ou l’ablation d’un sein.

- Une sorte de « soulagement » chez le patient : face à une vie hyperactive et fatigante, on peut voir la

maladie comme un « refuge ». Ce soulagement est très transitoire, il permet ponctuellement de mettre à part

d’autres crises existentielles qu’on peut avoir par ailleurs.

- Des souhaits de mort, parfois. Ils peuvent précéder, coïncider avec ou suivre le diagnostic : les patients

préfèreraient mourir qu’être malades. C’est une phase transitoire, un mode d’adaptation, de lâcher-prise face au

diagnostic.

- Des altérations émotionnelles : le patient va présenter de la peur, de l’anxiété, de la dépression. On perçoit

aussi des sentiments de solitude et d’impuissance qui, s’ils sont trop accentués, peuvent mener à un désespoir, une

résignation acquise. Ces sentiments ne sont pas toujours justifiés par la situation clinique : ce n’est pas forcément la

personne avec le cancer le plus grave qui est la plus déprimée et désespérée. Les humeurs négatives sont normales

transitoirement mais ne doivent pas durer : le risque est que le patient s’englue dans un état dépressif et qu’émerge

chez lui des idées suicidaires. Le risque est alors la tentative de suicide, ou alors une forme de suicide plus passive

qui est le repli face au soin.

Ces éléments sont nécessaires et sains après le diagnostic d’un cancer. On s’attend à ce que le patient rentre ensuite

dans un style d’adaptation plus stable et ajusté.

C) La phase de traitement.

Le traitement est une deuxième situation de stress, notamment à cause :

- De la douleur et des effets secondaires causés par les traitements en oncologie

- Du choix du traitement : bien que certains patients aiment avoir le choix, être actifs dans leur traitement,

certains patients vont ressentir cela comme un stress supplémentaire.

- Du manque de dépendance : non pas la dépendance addictive mais la dépendance en termes d’autonomie.

Le patient est suivi et peut être hospitalisé, il perd en autonomie.

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- De l’altération de l’image de soi : quand par exemple le patient est opéré ou perd ses cheveux en

chimiothérapie. Symboliquement, l’altération de l’image de soi fait très peur, même si d’un point de vue clinique

certaines modifications corporelles peuvent être vues comme anodines par les soignants (chute des cheveux).

- D’un possible stress financier : dans le cas d’un arrêt maladie ou d’un mi-temps thérapeutique par exemple.

- De l’entrée dans un environnement inconnu : l’environnement médical, avec ses rites et coutumes

spécifiques. Les patients en ambulatoire vont devoir se déplacer souvent, déplacements parfois inconfortables à

cause de douleurs.

Donc il y a des difficultés secondaires au traitement qui vont coûter en ressources psychiques pour le patient. Ce

sont des difficultés objectives, indéniables.

D’autres difficultés existent :

- Faire face à l’image qu’on a des traitements : les patients préfèrent généralement la chirurgie, car ils

pensent que c’est plus efficace que les autres traitements, tandis que la radiothérapie est vécue comme un échec de

traitement. Donc dans le cas de la radiothérapie, on voit apparaître des affects dépressifs qu’on voit moins dans la

chimiothérapie.

- Des altérations émotionnelles : les patients sont très anxieux car ils ont tendance à avoir des

représentations dramatisées, irréalistes du traitement. Il existe aussi une forme d’ajustement qui est le stress

anticipatoire, surtout présent dans la chimiothérapie. Cela s’exprime par des patients ayant déjà eu des cycles de

chimiothérapie qui vont avoir des nausées, des vomissements avant le traitement. Ces nausées peuvent être causées

par la vue d’une seringue ou encore une odeur ou un goût rappelant l’hôpital : c’est une sorte de conditionnement.

Certaines personnes vont combiner vomissements anticipatoires et hallucinations olfactives : ces hallucinations

peuvent aussi mener à des crises d’angoisse. Certains patients vont faire une fixation sur ce stress anticipatoire et

vont développer des symptômes psychopathologiques de type phobie, des troubles du sommeil ou encore des

troubles psychiatriques.

Après le traitement, les patients connaissent :

- Un stade de décompression, c’est-à-dire qu’ils vont avoir des affects dépressifs. C’est comme s’ils avaient

tout donné au niveau psychique lors du traitement et n’avait plus d’énergie psychique. Cela peut s’associer à de

l’irritabilité, accentuée par la fatigue.

- Un sentiment d’abandon : les patients étaient suivis de manière régulière puis d’un coup il n’y a plus

personne pour les accompagner.

Aparté sur le recours aux traitements alternatifs :

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Certains patients vont avoir recours à des traitements alternatifs. La majorité d’entre eux combinent traitement

hospitalier et alternatif, sans informer leur médecin du second. Cela mène à la question : en quoi les traitements

conventionnels ne répondent pas aux besoins des patients, alors qu’ils sont scientifiquement efficaces ?

Plusieurs éléments sont à considérer :

- Les traitements classiques sont vus comme ultra techniques, déshumanisants : les patients ont besoin

d’un soin relationnel. Ils ne vont pas se sentir comme pris en considération ou impliqués dans le soin.

- La sacralisation de la nature : les représentations associées aux médecines alternatives sont liées à un

retour aux sources, à la pureté, à la nature. Les patients voient ces médecins comme plus rassurantes.

- Les médecines alternatives permettent de maintenir l’espoir : après de tentatives non-concluantes on a

espoir de trouver un nouveau chemin vers la guérison. C’est pour cela que le recours à ces médecines est

généralement tardif.

- L’intolérance à l’incertitude : le traitement cancérologique maintient les patients dans l’incertitude. La

rémission est comme une épée de Damoclès toujours au-dessus de leurs têtes., cela est très anxiogène et donc

favorise le recours aux médecines alternatives. De plus, cette incertitude mène les patients à avoir l’impression de

n’avoir pas de contrôle sur leur maladie ou leur traitement : faire le choix d’avoir recours à une médecine alternative

permet de regagner un certain contrôle sur sa situation.

- La perte de confiance dans les traitements traditionnels peut exister.

- L’histoire transgénérationnelle ou culturelle des pratiques alternatives : il y a une sorte de codification

familiale ou culturelle du traitement et critiquer les moyens alternatifs utilisés par le patient peut revenir à attaquer

son identité.

- La nécessite de donner un sens à la maladie et au traitement : les patients vont avoir recours à des

traitements parfois assez ésotériques car ça fait sens pour eux. Le risque est que les patients se retrouvent dans des

mouvements sectaires.

D) La phase de rémission

Cette phase s’associe à :

- Des préoccupations somatiques : les patients sont très focalisés sur leurs corps, à l’affût de tout signe

pouvant indiquer un retour du cancer. Cela n’est pas favorisé par le fait que dans beaucoup de cancers, nous ne savons

pas quelle est l’étiologie. Quand on ne connaît pas l’étiologie, c’est beaucoup plus stressant car on ne peut pas faire

des efforts pour le prévenir ou avoir l’impression de le prévenir. Cependant, normalement, les préoccupations

somatiques s’atténuent avec le temps. Le stress lié à l’éventualité de rechute est accentué par le faire qu’il faut faire

des check-up réguliers.

- Un changement d’identité : les sujets ne sont plus malades mais survivants. Le regard des autres change

avec cela : on est attentif avec un patient en rémission mais de moins en moins avec le temps.

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Le réajustement à un nouveau corps et à un nouveau statut associé à la peur de la récidive font donc de la

rémission un évènement stressant.

C’est ce que Kouchner et O’Malley ont défini comme le syndrome de Damoclès : les affects dépressifs et anxieux

post-traitement alors qu’on s’attend à ce que la personne soit hyper joyeuse.

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POINTS IMPORTANTS

I. COMPORTEMENTS DE DEMANDE DE SOIN ET DE MALADIE :

➢ Attention à ne pas confondre : comportement de demande de soin quand

le patient vient chercher l’aide d’un professionnel ; comportement de maladie quand le patient perçoit ses

symptômes (subjectivité !) ; rôle du malade qui correspond à la tendance du patient à chercher l’aide du

médecin pour un symptôme déterminé.

➢ Les comportements de maladie impliquent : l’attention que le sujet

accorde aux symptômes physiques ; la définition et le sens donnés à ces symptômes ; le moyen qui permet

d’expliquer la recherche d’aide. Plus l’alliance thérapeutique est bonne, mieux le patient se rétablit.

➢ Les comportements anormaux de maladie ont été développés et

caractérisés par un arbre décisionnel par Pilowsky. Ils correspondent à une persistance d’un agissement

inapproprié malgré les explications claires sur la maladie et la thérapie appropriée.

➢ Les comportements de demande d’aide sont déterminés par 4 facteurs :

symptômes et signes ; aspects démographiques ; stress ; expériences antérieures.

II. MODELE DE MCWINNEY :

➢ McWinney s’est intéressé au comportement de demande d’aide. Il a classé 5

catégories différentes : limite de tolérance ; limite d’angoisse ; problèmes de vie

présentés comme des symptômes mineurs ; raison bureaucratique ; situation d’absence de maladie.

III. REPRESENTATIONS DE LA MALADIE DE LEVENTHAL :

➢ Leventhal a identifié 5 dimensions cognitives des représentations de la

maladie : identité ; cause perçue de la maladie ; chronologie et temporalité ;

conséquences ; curabilité et contrôlabilité.

IV. MALADIE COMME MENACE ET SOURCE DE STRESS :

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➢ La maladie correspond à une expérience de privation, de frustration,

d’impuissance et de douleur. Des mécanismes de défense se mettent alors en place.

➢ Théorie de l’adaptation cognitive de Taylor : 3 étapes, recherche de sens ;

tentative de retrouver la maîtrise de l’évènement ; restauration de l’estime de soi

(comparaison à la baisse et distorsion de la réalité avec un biais positif).

➢ Modèle de l’autorégulation de Leventhal : 3 étapes, interprétation

(perception des symptômes, messages sociaux), coping (d’approche et d’évitement),

évaluation.

➢ Théorie de la crise de Moos : 3 étapes, évaluation cognitive, problème

d’adaptation (3 problèmes spécifiques à la maladie, 4 problèmes généraux), stratégie

de coping face à la maladie (coping centré sur le résultat, centré sur le problème,

centré sur l’émotion).

➢ Les mécanismes de défense sont mis à l’œuvre pour réguler les relations

inconfortables entre le Moi et la réalité pour réduire l’intensité de l’état émotionnel

inconfortable : mécanismes de défense centrés sur le stimulus « maladie », centrés sur la pensée,

centrés sur l’agir, qui affectent globalement l’individu.

V. EXEMPLE DU CANCER :

➢ Lors de la phase des premiers symptômes, il y a un décalage psychique

entre leur perception et l’intégration de la maladie. Il existe des facteurs qui facilitent le délai de

consultation et d’autres qui retardent la consultation (à bien retenir !).

➢ Lors de la phase d’investigation diagnostic, le patient doit intégrer le

cancer au niveau conscient, il va alors une subir une crise existentielle dans laquelle d’autres facteurs entrent

en jeu.

➢ Lors de la phase de traitement, il existe une deuxième situation de stress.

Certains patients peuvent avoir recours à des traitements alternatifs.

➢ La phase de rémission du fait de la peur de la récidive et du changement

d’identité est également source de stress.

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Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

…………………….. a identifié 5 catégories de comportements de demande d’aide :

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

…………………….. a identifié 5 dimensions cognitives des représentations de la maladie :

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

- ………………………………………………………………………….

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Comportement de maladie : …………………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………

Comportement de demande de soin : …………………….…………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………………………….……………………………

…………………………………………………………………………………………………………………………………………….………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………………….……………………

Rôle du malade : ………………………………….……………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………

Comportement anormal de maladie : ……………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………….……………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………

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Exercice 3 :

Reliez ces mécanismes de défense à leurs classes.

QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

DEPUIS QUE SA SŒUR EST NEE, LUCAS (6 ANS) A RECOMMENCE A BOIRE DES BIBERONS CHAQUE SOIR.

F) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est la répression.

G) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est la régression.

H) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est le déni.

I) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est l’identification.

J) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

QCM 2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

MELANIE EST ATTEINTE D’UN CANCER DU SEIN, DES FOIS ELLE REVE D’UN MONDE DANS LEQUEL

L’HOPITAL N’EXISTERAIT PAS. CASSANDRA EST EGALEMENT ATTEINTE D’UN CANCER DU SEIN, DEPUIS

L’ANNONCE DU DIAGNOSTIC, ELLE TIENT UN BLOG OU ELLE RACONTE SON EXPERIENCE.

A) Le mécanisme de défense mis en place par Mélanie est le déni.

B) Le mécanisme de défense mis en place par Mélanie correspond au retrait et fuite.

C) Le mécanisme de défense mis en place par Cassandra est l’identification.

D) Le mécanisme de défense mis en place par Cassandra est l’effacement.

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte.

Mécanismes centrés sur le

stimulus maladie.

Mécanismes centrés sur le

stimulus pensée.

Répression

Régression

Déni

Isolement Mécanismes centrés sur

l’agir.

Mécanismes qui affectent

globalement l’individu.

Manœuvres contraphobiques

Identification

Projection

Sublimation

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Exercice 4 :

VRAI/FAUX

A. La phase des premiers symptômes est marquée par un décalage psychique entre perception des premiers symptômes et intégration de la maladie.

B. La rationalisation facilite le délai de consultation. C. L’impulsivité retarde le délai de consultation. D. La bonne alliance thérapeutique raccourci le délai de consultation. E. L’anxiété retarde le délai de consultation. F. L’apparition d’une crise existentielle lors de la phase diagnostic est rare et anormale. G. D’autres facteurs comme la question de l’altération du corps ou des altérations émotionnelles peuvent aussi

rentrer en jeu lors de la phase diagnostic. H. Le traitement n’est pas source de stress. I. Après le traitement, les patients peuvent connaitre un sentiment d’abandon. J. Certains patients peuvent avoir recours à des traitements alternatifs quand les traitements classiques ne sont

plus sources d’espoir et sont perçus comme ultra-techniques. K. La phase de rémission est également source de stress entre autres à cause de la peur de la récidive.

Exercice 5 :

Reliez les différents modèles à leurs étapes.

Théorie de l’adaptation

cognitive de Taylor.

Modèle de l’autorégulation

de Leventhal.

Etape 1 : évaluation cognitive

Etape 1 : recherche de sens

Etape 1 : interprétation

Etape 2 : recherche de sens Théorie de la crise de Moos.

Etape 3 : stratégies de coping Etape 3 : évaluation

Etape 2 : coping

Etape 2 : problèmes d’adaptation

Etape 3 : restauration de l’estime de

soi

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Exercice 1 :

Complétez le texte avec les mots correspondants

McWinney a identifié 5 catégories de comportements de demande d’aide :

- Limite de tolérance

- Limite d’angoisse

- Problèmes de vie présentés comme des symptômes mineurs

- Raison bureaucratique

- Situation d’absence de maladie

Leventhal a identifié 5 dimensions cognitives des représentations de la maladie :

- Identité

- Cause perçue de la maladie

- Chronologie et temporalité

- Conséquences

- Curabilité et contrôlabilité

Exercice 2 :

Donnez les définitions des mots suivants

Comportement de maladie : correspond à la façon dont les symptômes sont différemment perçus, évalués et

manifestés par chaque personne, c’est la dimension de la suggestivité sur la perception des symptômes.

Comportement de demande de soin : correspond à la décision qu’un sujet prend pour lutter contre quelque chose qui

crée en lui de l’angoisse, comme consulter un professionnel de santé.

Rôle du malade : renvoie à la tendance des patients à rechercher l’aide du médecin pour un symptôme déterminé,

dépend des caractéristiques personnelles, sociales et culturelles.

Comportement anormal de maladie : développé par Pilowsky, c’est la persistance d’un mode de perception,

d’évaluation ou d’agissement impropres ou inadaptés d’un patient par rapport à son propre état de santé bien qu’un

médecin ait proposé une explication clairement raisonnée sur la nature de la maladie et sur la thérapie appropriée.

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Exercice 3 : Reliez ces mécanismes de défense à leurs classes.

QCM 1 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

DEPUIS QUE SA SŒUR EST NEE, LUCAS (6 ANS) A RECOMMENCE A BOIRE DES BIBERONS CHAQUE SOIR.

A) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est la répression. FAUX

B) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est la régression. VRAI

C) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est le déni. FAUX

D) Le mécanisme de défense mis en place par Lucas est l’identification. FAUX

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte. FAUX

QCM 2 – PARMI LES PROPOSITIONS CI-DESSOUS, LAQUELLE (LESQUELLES) EST (SONT) EXACTE(S) ?

MELANIE EST ATTEINTE D’UN CANCER DU SEIN, DES FOIS ELLE REVE D’UN MONDE DANS LEQUEL

L’HOPITAL N’EXISTERAIT PAS. CASSANDRA EST EGALEMENT ATTEINTE D’UN CANCER DU SEIN, DEPUIS

L’ANNONCE DU DIAGNOSTIC, ELLE TIENT UN BLOG OU ELLE RACONTE SON EXPERIENCE.

A) Le mécanisme de défense mis en place par Mélanie est le déni. FAUX, c’est la compensation par

l’imaginaire.

B) Le mécanisme de défense mis en place par Mélanie correspond au retrait et fuite. FAUX

C) Le mécanisme de défense mis en place par Cassandra est l’identification. FAUX, c’est la sublimation.

D) Le mécanisme de défense mis en place par Cassandra est l’effacement. FAUX

E) Aucune des réponses ci-dessus n’est exacte. VRAI

Mécanismes centrés sur le

stimulus maladie.

Mécanismes centrés sur le

stimulus pensée.

Répression

Régression

Déni

Isolement Mécanismes centrés sur

l’agir.

Mécanismes qui affectent

globalement l’individu.

Manœuvres contraphobiques

Identification

Projection

Sublimation

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Exercice 4 :

VRAI/FAUX

A) La phase des premiers symptômes est marquée par un décalage psychique entre perception des premiers

symptômes et intégration de la maladie. VRAI

B) La rationalisation facilite le délai de consultation. FAUX, elle le retarde.

C) L’impulsivité retarde le délai de consultation. FAUX, elle le facilite.

D) La bonne alliance thérapeutique raccourci le délai de consultation. VRAI

E) L’anxiété retarde le délai de consultation. FAUX, elle le facilite.

F) L’apparition d’une crise existentielle lors de la phase diagnostic est rare et anormale. FAUX, elle est normale

et présente chez 70-80% des patients.

G) D’autres facteurs comme la question de l’altération du corps ou des altérations émotionnelles peuvent aussi

rentrer en jeu lors de la phase diagnostic. VRAI

H) Le traitement n’est pas source de stress. FAUX

I) Après le traitement, les patients peuvent connaitre un sentiment d’abandon. VRAI

J) Certains patients peuvent avoir recours à des traitements alternatifs quand les traitements classiques ne

sont plus sources d’espoir et sont perçus comme ultra-techniques. VRAI

K) La phase de rémission est également source de stress entre autres à cause de la peur de la récidive. VRAI

Exercice 5 :

Reliez les différents modèles à leurs étapes.

Théorie de l’adaptation

cognitive de Taylor.

Modèle de l’autorégulation

de Leventhal.

Etape 1 : évaluation cognitive

Etape 1 : recherche de sens

Etape 1 : interprétation

Etape 2 : tentative de retrouver la

maitrise de l’évènement

Théorie de la crise de Moos.

Etape 3 : stratégies de coping

Etape 3 : évaluation

Etape 2 : coping

Etape 2 : problèmes d’adaptation

Etape 3 : restauration de l’estime de soi

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