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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC Inventaire de la situation et des tendances de développement Hélène Amouriaux DAA Génie de l’Environnement Option Système de production et Développement rural Année 1999-2000 Septembre 2000

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et des tendances de développement

Hélène Amouriaux DAA Génie de l’Environnement

Option Système de production et Développement rural Année 1999-2000

Septembre 2000

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 I -

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier :

- L’ensemble des membres du Centre d'agriculture biologique du Québec qui m’a accueillie et soutenue durant cette période de stage :

• Christian Nanchen, directeur, pour m’avoir encadrée et hébergée durant ces six mois,

• Raynald Laflamme, directeur des publications, pour avoir collaboré et partagé son savoir-faire,

• Thérèse Saint Laurent, secrétaire, Nicole Fraser, webmestre et Gilles Saint Hilaire, consultant, pour leurs informations et présence quotidiennes,

• Patrice Ouellet et Evelyne Saint Hilaire pour leur participation active à l’étude lors des relances téléphoniques.

- Les organismes certificateurs et la fédération d’Agriculture biologique qui, par leurs informations, ont contribué au bon déroulement de l’étude.

- Le MAPAQ et ses répondants en agriculture biologique pour leur collaboration.

- Les producteurs, transformateurs et distributeurs qui ont participé à l’enquête.

- Philippe Ruffio et Christian Mouchet, professeurs à l’École Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes pour m’avoir conseillée et suivie durant l’étude.

- L’interprofession Biologique Bretonne en la personne de Céline Girault et la Fédération Régionale des Agrobiologistes de Bretagne en la personne de Anne-France Groulet pour m’avoir fait partager leur expérience dans ce genre d’étude et donné l’exemple de la méthodologie utilisée dans l’observatoire de la production biologique bretonne et celui de la transformation biologique bretonne.

- Ma famille et mes amis pour m’avoir soutenue malgré la distance.

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Avril-septembre 2000 II -

AVANT PROPOS Cette recherche concernant "L’état des lieux de la filière biologique au Québec" s’est déroulée du 5 avril 2000 au 13 septembre 2000 au sein des locaux du Centre d'agriculture biologique du Québec, basé à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de La Pocatière. Le Centre d'agriculture biologique du Québec est un organisme à but non lucratif, dirigé en 2000 par Christian Nanchen, sociologue, et présidé par Benoît Deschênes, producteur laitier biologique.

Le Centre d’agriculture biologique s’est fixé pour missions :

• De promouvoir et favoriser le développement de l’agriculture biologique au Québec, à travers l’ensemble de ses activités

• D’être le véhicule québécois d’information et de référence de l’agriculture biologique et de ce qui l’entoure, via son magazine Bio-bulle (Bimestriel)

• D’être le pivot Internet de l’information du bio au Québec : diffuser des informations techniques et commerciales et favoriser l’interrelation entre les intervenants du milieu. (www.cab.qc.ca)

• De mettre à la disposition de tous les intervenants des références utiles en agriculture biologique (RUAB*), via un bottin d’adresses.

Le Centre d’agriculture biologique travaille en collaboration avec les répondants en agriculture biologique du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), avec les organismes de certification, le Conseil d’Accréditation du Québec, la Fédération d’agriculture biologique du Québec et l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière. La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un programme permanent de prospective du MAPAQ sur le développement du secteur de l’agriculture biologique. Elle a été financée par le MAPAQ et le Centre d'agriculture biologique du Québec.

Figure 1 : Cartes de localisation du Centre d'agriculture biologique du Québec.

NB1: Dans le rapport qui suit les mots et abréviations suivis d'un astérisque (*) sont répertoriés dans le glossaire.

NB 2: Les noms des régions ont été remplacés par des abréviations. La liste complète des noms et des abréviations correspondantes est présentée en Annexe I.1. Chaque abréviation est également expliquée dans le glossaire.

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Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 III -

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS............................................................................................................................................................I

AVANT PROPOS............................................................................................................................................................... II

SOMMAIRE ......................................................................................................................................................................III

LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................................................................. V

INTRODUCTION ............................................................................................................................................................... 1

CONTEXTE DE L'ÉTUDE ET PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE ............................................................................. 2

1. CONTEXTE DE L'ÉTUDE ...................................................................................................................................... 2

2 DÉFINITION DE L'OBJET D'ÉTUDE ................................................................................................................ 20

3 LA RÉALISATION DE L'ÉTUDE ........................................................................................................................ 22

LES RÉSULTATS DE L'ÉTUDE.................................................................................................................................... 28

1 LES PRODUCTIONS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOISES................................................................................... 28

2 LES PRODUITS TRANSFORMÉS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOIS................................................................. 49

3 STRATÉGIES DES DIFFÉRENTS RÉSEAUX DE DISTRIBUTION .............................................................. 61

RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR DE LA FILIÈRE BIOLOGIQUE QUÉBÉCOISE ... 73

1 DES RECOMMANDATIONS POUR LEVER LES BLOCAGES ..................................................................... 73

2 PLAN D'ACTION POUR SUIVRE CES RECOMMANDATIONS ................................................................... 76

3 DES MARCHÉS PORTEURS POUR LES PRODUITS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOIS À DÉVELOPPER 79

CONCLUSION .................................................................................................................................................................. 82

GLOSSAIRE ET LISTE DES ABRÉVIATIONS .......................................................................................................... 84

ANNEXES

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Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 IV -

LISTE DES FIGURES FIGURE 1 : CARTES DE LOCALISATION DU CENTRE D'AGRICULTURE BIOLOGIQUE DU QUÉBEC. ............................................... II FIGURE 2 : RÉPARTITION DES FERMES CERTIFIÉES PAR RÉGION...............................................................................................29 FIGURE 3 : RÉPARTITION DES FERMES CERTIFIÉES PAR ANNÉES DE CERTIFICATION...............................................................29 FIGURE 4 : RÉPARTITION DES FERMES CERTIFIÉES PAR ORGANISME CERTIFICATEUR.............................................................29 FIGURE 5 : RÉPARTITION DES EXPLOITATIONS PAR SYSTÈME DE PRODUCTION........................................................................30 FIGURE 6 : STATUT JURIDIQUE DES EXPLOITATIONS CERTIFIÉES BIOLOGIQUES .......................................................................31 FIGURE 7 : DIVERSITÉ DES PRODUITS FERMIERS TRANSFORMÉS..............................................................................................32 FIGURE 8 : PROPORTION DES FERMES CERTIFIÉES À PRATIQUER UNE ACTIVITÉ AGROTOURISTIQUE ........................................32 FIGURE 9 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES BIO ......................................................................................................34 FIGURE 10 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES EN CONVERSION ..................................................................................34 FIGURE 11 : RÉPARTITION DES SURFACES (BIO ET CONVERSION) PAR TYPE DE CULTURE..........................................................35 FIGURE 12 : RÉPARTITION DES FERMES PAR QUANTITÉ DE LAIT LIVRÉ......................................................................................37 FIGURE 13 : LOCALISATION DES SURFACES LÉGUMIÈRES..........................................................................................................42 FIGURE 14 : RÉPARTITION DES SURFACES CÉRÉALIÈRES PAR TYPE DE CULTURE .......................................................................44 FIGURE 15 : RÉPARTITION DES SURFACES FOURRAGÈRES PAR TYPE DE CULTURE .....................................................................45 FIGURE 16 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES FOURRAGÈRES ......................................................................................46 FIGURE 17 : LES «PRODUCTEURS-TRANSFORMATEURS» SUIVANT LES RÉGIONS .......................................................................50 FIGURE 18 : LOCALISATION DES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION DE PRODUITS BIOLOGIQUES............................................51 FIGURE 19 : STATUT JURIDIQUE DES ENTREPRISES....................................................................................................................51 FIGURE 20 : TAILLE EN EFFECTIFS DES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION .............................................................................51 FIGURE 21 : PROPORTION DES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION MIXTES..............................................................................52 FIGURE 22 : RÉPARTITION DES ENTREPRISES PAR ANNÉE DE CERTIFICATION...........................................................................52 FIGURE 23 : RÉPARTITION DES ENTREPRISES PAR ORGANISME CERTIFICATEUR.......................................................................52 FIGURE 24 : LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE DES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION........................................................53 FIGURE 25 : RÉPARTITION DES TRANSFORMATEURS PAR CATÉGORIE DE PRODUITS TRANSFORMÉS ..........................................53 FIGURE 26 : ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DES APPROVISIONNEMENTS EN BIO (% EN VALEUR)...................................................56 FIGURE 27 : LES ENTREPRISES DE TRANSFORMATION POSSÉDANT UNE MARQUE ......................................................................57 FIGURE 28 : DESTINATION GÉOGRAPHIQUE DES VENTES DE PRODUITS TRANSFORMÉS BIO.......................................................58 FIGURE 29 : PAYS ÉTRANGERS DE DESTINATION DES PRODUITS TRANSFORMÉS BIO .................................................................58 FIGURE 30 : CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES PRODUITS TRANSFORMÉS BIO(% EN VALEUR) .....................................................59 FIGURE 31 : CIRCUITS DE DISTRIBUTION PAR FILIÈRE(% EN VALEUR).......................................................................................59 FIGURE 32 : ORIGINE DES ACHATS BIO DES DÉTAILLANTS.........................................................................................................65 FIGURE 33 : ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ACHATS BIO ............................................................................................................66 FIGURE 34 : GROSSISTES MIXTES ..............................................................................................................................................66 FIGURE 35 : CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES PRODUITS BIO VENDUS EN GROS (% EN VALEUR) ...............................................68 FIGURE 36 : DESTINATION DES VENTES (% EN VALEUR) .........................................................................................................68 FIGURE 37 : ORIGINE DES ACHATS BIO DES GROSSISTES............................................................................................................69 FIGURE 38 : ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DES ACHATS BIO DES GROSSISTES SOURCE ÉTUDE CABQ .........................................69

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Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 V -

LISTE DES TABLEAUX TABLEAU 1 : TAUX DE RÉPONSE PAR RÉGION DE L'ENQUÊTE AUPRÈS DES PRODUCTEURS ........................................................25 TABLEAU 2 : TAUX DE RÉPONSE PAR SYSTÈME DE PRODUCTION ..............................................................................................26 TABLEAU 3 : TAUX DE RÉPONSE PAR FILIÈRE DE L'ENQUÊTE AUPRÈS DES TRANSFORMATEURS................................................26 TABLEAU 4 : TAUX DE RÉPONSE PAR CATÉGORIE DE L'ENQUÊTE AUPRÈS DES DISTRIBUTEURS.................................................27 TABLEAU 5 : LES PRODUCTEURS BIOLOGIQUES CERTIFIÉS ET POTENTIELS SELON LES RÉGIONS ...............................................30 TABLEAU 6 : TYPE DE PRODUCTION ET MAIN D'ŒUVRE ............................................................................................................31 TABLEAU 7 : CIRCUITS DE DISTRIBUTION PAR VENTE DIRECTE.................................................................................................32 TABLEAU 8 : RÉPARTITION DES SURFACES BIOLOGIQUES ET EN CONVERSION..........................................................................34 TABLEAU 9 : RÉPARTITION DES SURFACES PAR TYPE DE CULTURE...........................................................................................35 TABLEAU 10 : TABLEAU DE PRÉSENTATION DES FERMES LAITIÈRES ..........................................................................................37 TABLEAU 11 : PRÉSENTATION DES EXPLOITATIONS BIOLOGIQUES DE VIANDES BOVINES ...........................................................38 TABLEAU 12 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES LÉGUMIÈRES .......................................................................................41 TABLEAU 13 : SURFACES CULTIVÉES EN PETITS FRUITS..............................................................................................................42 TABLEAU 14 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES CÉRÉALIÈRES EN BIO OU CONVERSION ................................................43 TABLEAU 15 : RÉPARTITION PAR TYPE DES CULTURES CÉRÉALIÈRES .........................................................................................44 TABLEAU 16 : COMPARAISON DES PRIX DES BIO ET CONVENTIONNELS POUR L'ANNÉE 2000 ......................................................45 TABLEAU 17 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES FOURRAGÈRES ....................................................................................45 TABLEAU 18 : RÉPARTITION DES FOURRAGES AUTRES ...............................................................................................................45 TABLEAU 19 : RÉPARTITION RÉGIONALE DES SURFACES BIO EN OLÉOPROTÉAGINEUX ...............................................................46 TABLEAU 20 : RÉPARTITION PAR CULTURE DES SURFACES EN OLÉOPROTÉAGINEUX..................................................................46 TABLEAU 21 : RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU NOMBRE D'ENTAILLES EN 1999.......................................................................48 TABLEAU 22 : CHIFFRE D'AFFAIRES (CA) PAR FILIÈRE (MILLIONS DE $CAN) ..............................................................................54 TABLEAU 23 : RÉPARTITION DES CA BIO ENTRE LES TRANSFORMATEURS SPÉCIFIQUES ET MIXTES. ..........................................54 TABLEAU 24 : VOLUMES ET ORIGINES DES ACHATS DE MATIÈRES PREMIÈRES BIO .....................................................................56 TABLEAU 25 : VALORISATION DES PRODUITS TRANSFORMÉS BIOLOGIQUES...............................................................................57 TABLEAU 26 : CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES PRODUITS TRANSFORMÉS ..................................................................................58 TABLEAU 27 : ORGANISMES CONSULTÉS PAR LES ENTREPRISES.................................................................................................60 TABLEAU 28 : SOURCES D’INFORMATIONS UTILISÉES PAR LES ENTREPRISES..............................................................................60 TABLEAU 29 : DÉTAILS DES VENTES DE PRODUITS BIO DANS LES MAGASINS SPÉCIALISÉS .........................................................65 TABLEAU 30 : DÉTAILS DES PRODUITS BIOLOGIQUES VENDUS PAR LES GROSSISTES ..................................................................68

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 - 1 -

INTRODUCTION La consommation des produits biologiques est en forte croissance dans de nombreux pays. De manière générale, au Québec, cette progression qui suit les tendances des États-Unis et du Canada peut être estimée1 à environ 20 % par année. La grande majorité (80%) des produits biologiques consommés au Québec est importée. Les produits biologiques québécois quant à eux sont en grande partie exportés, et selon la Direction au Développement des Marchés, l'offre québécoise de produits biologiques n'est pas en mesure de combler la demande.

L'évolution de la production agricole biologique québécoise quant à elle suit une progression plus faible que la croissance de la consommation et son chiffre d'affaires reste faible puisqu'il est estimé à 50 millions de dollars canadiens en 1999. Les informations concernant la production et la transformation de produits agricoles biologiques sont relativement rares et dispersées. Aucun document présentant un portrait détaillé de ce secteur de l'agroalimentaire n'est disponible. L'entrée en vigueur de la loi contrôlant l'appellation biologique2 ainsi que le fort intérêt des consommateurs pour ce type de produits comme valeur refuge dans l'actuel débat sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) offrent des occasions de marchés à ne pas manquer.

De manière à dégager les tendances de développement, les forces et les faiblesses du secteur, et à en tenir informés les principaux intéressés (producteurs, transformateurs, investisseurs), il est important d'établir un portrait du secteur. Le présent document est le résultat de l'étude qui a été menée au cours de la période d’avril à septembre 2000 auprès des représentants du secteur biologique. Cette étude permet de repérer les différents agents de la filière et d'en préciser leurs rôles; producteurs, transformateurs et distributeurs sont autant d'acteurs qui en interrelation animent la filière. La description de la situation actuelle de la filière a été appréhendée au travers de questionnaires envoyés aux producteurs, transformateurs et distributeurs. Le diagnostic de la filière a été complété par des entrevues avec des intervenants phares du secteur.

Dans la première partie seront détaillés le contexte de l'étude, l'historique du mouvement biologique québécois et son organisation actuelle ainsi que la problématique de l'étude et la méthodologie pour y répondre. Dans la deuxième partie, il s'agira d'analyser les résultats des enquêtes. Des portraits quantitatifs et qualitatifs de la production biologique, de la transformation biologique seront dressés et les différentes stratégies des réseaux de distribution seront présentées. Enfin, la dernière partie permettra de proposer des recommandations qui ressortent après analyse de la filière et de présenter des perspectives d'avenir de cette filière.

1 Estimation avancée pour l'année 1999 par la Direction du Développement des marchés du Québec. 2 L'appellation biologique est réservée depuis le 1er février 2000

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 2 -

CONTEXTE DE L'ÉTUDE ET PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE

1. CONTEXTE DE L'ÉTUDE

(cf. annexe I.1 : Carte du Québec p. 3 du document Annexes)

1.1 Données économiques3

1.1.1 Portrait général

Le Québec agricole en 1999 comptait 33 260 exploitations sur une superficie agricole totale de 3 186 556 ha (boisés compris). Depuis plusieurs années le nombre d'exploitation diminue (-13% en dix ans). Parallèlement, on assiste à une augmentation de leur taille ainsi qu'à une concentration de la production. En 1996, 38% des exploitations avaient un revenu supérieur ou égal à 100 000$ et se partageaient 87% des revenus bruts agricoles :

• Les productions animales représentent 72% des ventes agricoles, avec 3 milliards de dollars. Les productions sous gestion de l'offre (lait, volailles, œufs) totalisent à elles-seules plus de 64% des ventes de productions animales.

• Les productions végétales les plus importantes demeurent les céréales et oléoprotéagineux avec 385 millions de dollars, soit 33% de l'ensemble des ventes de produits végétaux. La culture de maïs grain, avec 238 millions de dollars, représente à elle seule 20% des ventes de produits végétaux. En 1999, la valeur totale des ventes de fruits et légumes était de 370 millions de dollars, soit 31% des ventes de produits végétaux.

• L'ensemble des exploitations agricoles a totalisé des recettes monétaires de 4,8 milliards de dollars. Ces recettes sont constituées à 70% de ventes de produits animaux et à 24% de ventes de produits végétaux. Le reste, soit 6%, provient des paiements gouvernementaux. La production laitière est la plus importante avec des recettes de 1,4 milliards de dollars, suivie de la production porcine avec 980 millions de dollars. À elles seules ces deux productions présentent près de 50% de la valeur totale de la production agricole québécoise.

• Le secteur agricole occupe 124 000 personnes dont près de 90 000 à temps plein. La ferme québécoise est encore fortement une entreprise familiale et le statut de propriétaire unique (54%) domine toujours sur celui de sociétaire ou coopérative (société* 22% ou compagnie* 22%). Les exploitations spécialisées en production animale comptent pour 65% des exploitations agricoles, alors que 35% le sont en production végétales. Environ la moitié de toutes les entreprises sont très spécialisées, ayant une seule source de revenu.

3 Les données économiques sont tirées de l'enregistrement du MAPAQ 1999 paru dans la revue Tournée champêtre 2000, supplément de La terre de chez nous du 21 au 30 mai 2000.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 3 -

1.1.2 Un dynamisme régional varié

Le Québec agricole peut être partagé en trois grandes zones de production aux caractéristiques physiques et économiques principales à peu près communes: la zone centrale (Montérégie, Bois-Francs, Lanaudière) avec 54% des revenus agricoles bruts, la zone intermédiaire (Québec, Mauricie, Chaudière-Appalaches, Estrie et Laurentides) avec 34% des revenus agricoles bruts et la zone périphérique (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-Isle-de-la-Madeleine, Outaouais, Abitibi-Témiscamingue, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Côte-Nord) avec 12% des revenus agricoles bruts. Les productions agricoles sont très diversifiées en zone centrale : lait, porcs, volailles, bovins d'abattage, œufs, céréales, légumes, fruits. En région intermédiaire, le porc et le lait dominent, suivis du bœuf, des céréales, de la volaille et des légumes. Quant à la zone périphérique, elle est principalement dominée par le lait et le bœuf (70% des revenus).

1.1.3 Le soutien économique à la production : assurance récolte et assurance stabilisation

Le soutien de l'agriculture au Québec passe par des aides indirectes versées sous la forme de prime assurance-stabilisation du revenu et assurance-récolte. Les agriculteurs (atteignant un certain montant minimal de ventes et cultivant une surface minimale) cotisent en fonction de leur production et, en échange, reçoivent un prix minimum garanti basé sur le coût de production et fixé par les plans conjoints des fédérations de producteurs. De plus, les producteurs sont exonérés partiellement de la taxe foncière. Le Québec, en tant que province canadienne, est tenu de respecter les accords de l'ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain), c'est-à-dire l’abolition de toutes les subventions qui faussent les échanges agricoles ; aucune subvention à l'exportation visant des produits agricoles n'est tolérée et il est interdit de vendre des produits agricoles destinés à l'exportation à un prix inférieur du prix d'achat de ces produits.

1.2 Le mouvement syndical agricole québécois

Une organisation syndicale est présente: L'Union des producteurs agricoles (UPA). Tout producteur agricole, conformément à la loi sur les producteurs agricoles, doit cotiser à l'UPA s'il souhaite bénéficier des programmes de soutien à l'agriculture. L'UPA regroupe ainsi tous les producteurs et productrices agricoles sur la base de leur production et de leur spécificité au sein d'un ou plusieurs syndicats spécialisés. À leur tour, ces mêmes syndicats vont s'affilier à une fédération spécialisée de même qu'à leur fédération régionale. Le Syndicat spécialisé va généralement agir sur un territoire correspondant à celui d'une fédération régionale, sauf pour certains qui peuvent agir à l'échelle provinciale. On dénombre 209 syndicats spécialisés au sein de l'UPA. Quant à la fédération spécialisée, elle rassemble les syndicats spécialisés d'une même production et son champ d'action est d'envergure provinciale. Elle travaille à l'organisation d'une mise en marché mieux ordonnée (notamment par la mise en place de plans conjoints) et au développement de la production. L'UPA regroupe ainsi 21 groupes spécialisés:

• 8 groupes dans le domaine des productions végétales

• 10 groupes dans le domaine des productions animales

• 3 groupes dans le domaine de l'encadrement (relève agricole, gestion, agricultrice) L'UPA reconnaît de plus la Fédération d'agriculture biologique du Québec qui devrait regrouper des syndicats de producteurs spécialisés dans les années à venir. De ce fait, l'UPA regrouperait alors 22 groupes spécialisés.

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Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 4 -

1.3 Données environnementales: une prise de conscience tardive

Le Québec connaît des problèmes environnementaux (sols dégradés, eaux polluées…) causés en partie par une utilisation intensive des terres agricoles.

1.3.1 Le problème du surplus d'unité animale et le programme Prime-vert

Une étude menée par le ministère de l'environnement et par la régie des assurances agricoles en 1997 a révélé que les unités animales dépassaient de près du quart le nombre autorisé par le ministère de l'environnement et les doses de lisiers épandues sur les cultures des fermes porcines équivalaient à 2,6 fois les besoins des cultures en phosphore. Le comité recommandait alors de refuser l'assurance stabilisation aux clients sans certificat d'autorisation, mais le concept n'a pas été retenu.

Le programme Prime-vert, qui en est déjà à son deuxième volet, subventionne jusqu’à 90% les producteurs de productions animales de 100 unités animales ou plus pour la construction d'une fosse à fumier après avoir monté avec eux un dossier agronomique. Les producteurs de moins de 100 unités animales devront attendre l'année prochaine. En 1999, c'est plus de 1000 fermes qui ont bénéficié de ce programme, et en 2000 plus de 1200 fermes sont inscrites au programme

1.3.2 Vers une agriculture «durable» : un programme d'action ambitieux aux résultats insuffisants Le gouvernement a établi en juin 1995 une politique ministérielle de développement durable. Cette politique constitue l'engagement du gouvernement au développement d'une industrie bioalimentaire déterminée à produire des aliments sains et nutritifs, compétitive, respectueuse de l'environnement et des ressources et en harmonie avec le territoire. Pour relever ces quatre enjeux, des orientations ainsi qu'un plan d'action ont été définis pour les années 1995-200 :

• Les orientations

• La mobilisation des partenaires autour d’objectifs liés à une réduction de la dégradation des ressources

• La promotion d’une gestion intégrée des ressources

• Le développement de programmes compatibles avec le développement durable

• L’amélioration des connaissances permettant une utilisation durable des ressources

• L’établissement d’une cohabitation territoriale harmonieuse

• L’intégration dans la stratégie de conquête des marchés d’une image de marque associée à la protection de l’environnement et à la qualité des aliments

• Le plan d'action et le bilan actuel en 2000. Le MAPAQ a privilégié cinq voies d'action pour concrétiser leurs engagements en matière de développement durable.

L’adaptation des entreprises L’adaptation des systèmes de production des entreprises passe par l’adoption de bonnes pratiques de gestion et de techniques appropriées. Cette voie d’action vise à mettre à la disposition des producteurs et des productrices des moyens et des outils pour qu’ils adoptent, de façon progressive, des pratiques de gestion et des modes de production toujours plus respectueux de l’environnement. Concrètement les réalisations effectuées à ce jour concernent la publication de guides techniques de production, la

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 5 -

mise en place du programme d'aide à l'investissement en agroenvironnement pour la gestion des effluents d'élevage (Prime-vert) et la gestion intégrée des ressources (ISO 14001*).

La promotion de stratégies collectives L’intervention ministérielle vise à favoriser des stratégies concertées. La stratégie phytosanitaire et zoosanitaire, la concertation régionale et les projets de restauration de bassins versants, sont autant d’exemples de démarches appuyées par le ministère et les organismes pour que le développement durable devienne une responsabilité partagée avec les partenaires du secteur bioalimentaire. Au-delà des efforts de concertation, le ministère entend mettre en place un mécanisme favorisant la cohabitation harmonieuse en milieu agricole. Concrètement, les réalisations effectuées à ce jour concernent la mise en place du programme d'appui à la concertation, le soutien financier à des organismes de concertation régionale tournés vers la réduction de la pollution agricole, l'entrée en vigueur en 1997 de la loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (loi 23 Cf.§ 1.1.4).

La révision des politiques Afin de favoriser l’implantation de pratiques bioalimentaires compatibles avec le développement durable, le MAPAQ s’engage à examiner en profondeur ses politiques et ses programmes en les soumettant à un processus d’analyse environnementale. Concrètement les réalisations effectuées à ce jour concernent les efforts entrepris par la Régie des Assurances Agricoles pour comparer le nombre d'unités animales inscrit au certificat d'autorisation émis par le ministère de l'environnement (MEF) et les volumes assurables par la régie. Encore à l’étape de projet, le gouvernement souhaite réformer son programme de stabilisation du revenu des entreprises agricoles en y ajoutant des conditions environnementales. Notons également l'entrée en vigueur à l'été 1997 du nouveau règlement sur la réduction de la pollution d'origine agricole.

L’amélioration des connaissances et des technologies La recherche et le développement, la formation et le transfert technologique sont essentiels pour que les producteurs puissent intégrer des modes de production efficaces sur le plan économique et environnemental. L’action du MAPAQ vise à améliorer l’effort de recherche en environnement et à développer des outils de gestion intégrée et des technologies respectueuses de l’environnement. Sur le plan de la formation, le ministère encouragera le perfectionnement des partenaires et du personnel dans le domaine du développement durable. À ce jour, de nombreux projets de recherches sur l'utilisation des biotechnologies dans l'agriculture (OGM) et de l'agriculture de précision sont en cours: le gouvernement a choisi pour l'instant la voie de «l'agriculture raisonnée».

L’accessibilité de l’information L’information est la prémisse d’une prise de décision éclairée. Le MAPAQ s’engage à offrir une information stratégique sur les interactions entre l’agriculture et l’environnement (les indicateurs agroenvironnementaux, par exemple). Il s’engage aussi à maintenir des activités d’information soutenues auprès du grand public et de toutes organisations préoccupées par les questions environnementales. Les réalisations en cours à ce jour concernent la mise en place d'indicateurs environnementaux, d'un système d'information sur les résidus de pesticides dans les aliments, le portrait agroenvironnemental des entreprises agricoles.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

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1.4 Données territoriales : l'application de la loi 23 sur le droit de produire

1.4.1 La loi 23 en théorie

Théoriquement, l'objectif fondamental de la loi 23 sur la protection du territoire et des activités agricoles (entrée en vigueur en juin 1997) est d'assurer aux entreprises agricoles la possibilité de s'implanter, de se développer et de diversifier leurs productions à l'intérieur de la zone agricole (zone verte) dans le respect de l'environnement et la recherche d'une cohabitation plus harmonieuse avec les résidents de la zone. La loi établit donc les bases théoriques d'un nouveau partenariat entre le monde agricole et le monde municipal. Elle confirme aussi le droit des producteurs d'exercer leurs activités en zone agricole, la responsabilité du milieu municipal dans l'aménagement du territoire et le droit de tous les citoyens à un environnement de qualité.

1.4.2 La loi 23 en pratique

La loi 23 sépare la zone verte (zone agricole), de la zone blanche (zone urbaine). En zone verte seules les activités agricoles sont permises à partir du moment où elles sont conformes aux règlements de l'Environnement. Toute autre activité non agricole est donc refoulée en zone blanche. Toute forme de contrôle des activités agricoles en zone verte et une gestion globale du milieu par les communautés locales est difficile.

Les normes environnementales encadrant le droit à produire sont insuffisantes pour garantir la protection du milieu. Ces normes ne tiennent souvent pas compte des particularités physiques, hydrographiques, écologiques et socio-économiques des villages. Lors de leur installation, les porcheries industrielles de 2000 places produisant 7000 porcs par année doivent se munir d'un certificat d'autorisation ne nécessitant pas d'étude d'impact poussée, n'atteignant pas la limite imposant ces études! Ces élevages fonctionnent sur lisier ce qui n'est pas sans poser de problème de stockage et d'épandage; les éleveurs devant souvent avoir recours au déboisement pour trouver des terres.

1.5 La filière bio

1.5.1 Historique

Le développement de l'agriculture biologique au Québec et dans de nombreux pays a été précédé par l'apparition de trois mouvements crées par des allemands, des autrichiens, des suisses et des anglo-saxons. Comme le note Jeanne-Marie Viel dans sa thèse sur l'agriculture biologique 4, ces hommes ont tous été marqués par des crises : Guerre 14-18, crise de 1929, Guerre 39-45, crise alimentaire en Inde.

Le premier de ces mouvements (1924) se fonde sur une théorie philosophique : l'anthroposophie* (du grec Anthropos=l'homme et Sophie=sagesse): il s'agit de la biodynamie* de Steiner et de Pfeiffer

Le deuxième naît des observations (1940-46) faites en Inde par Sir Albert Howard dont les leçons ont été appliquées aux États-Unis par Rodale dans le domaine du jardinage : il s'agit de l'agriculture organique*.

Le troisième mouvement (1930) est le fruit des travaux réalisés par Muller et Rusch dans plusieurs pays où la terre est rare et précieuse, l'Autriche et la Suisse en particulier: il s'agit de l'agriculture organo-biologique*.

4 Viel Jeanne-Marie, L'agriculture biologique en France : agriculture du passé ou agriculture de l'avenir?, Cahier des ingénieurs agronomes, n° 342, novembre 1979.

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1.5.1.1 Des années 60 au début des années 80: le temps des pionniers

Dans cette province, la pratique de l'agriculture biologique remonte au début des années 1960 grâce à l'intérêt de quelques pionniers déjà en place. Cependant, c'est vers le début des années 1970 que quelques néoruraux et fils d'agriculteurs prennent contact avec la littérature européenne et américaine et commencent à s'intéresser sérieusement à l'agriculture écologique.

Le nombre de producteurs biologiques augmentent petit à petit. C'est durant cette période que sont publiés les premiers articles alertant l'opinion agronomique sur les dangers de l'agriculture moderne en relation avec la pollution du milieu.

En 1972, suite à une demande du congrès général de l'UPA et de l'UPA de la Gaspésie, le service des projets spéciaux du MAPAQ entreprend d'expérimenter l'alternative de l'agriculture biologique pour une période de trois ans. Cette recherche fait ressortir l'intérêt pour ce type d'agriculture ainsi qu'un manque de connaissance des agriculteurs et des agronomes mal préparés aux exigences de l'agriculture biologique.

En 1974, une cinquantaine d'adeptes se réunissent à Sainte-Hyacinthe pour jeter les bases d'un nouveau regroupement appelé Mouvement pour l'Agriculture Biologique (MAB). Malgré l'intérêt poussé de certaines personnes dans ce domaine, aucune demande n'est entreprise pour l'adoption d'une politique ou d'un consensus. Au MAPAQ, seuls quelques partisans de ce type d'agriculture réussissent malgré les fortes oppositions à garder ce dossier ouvert. Les principaux réfractaires à ce type d'agriculture proviennent de la Direction générale de la recherche. Cette lutte se dissipe quelque peu à la fin des années 70 à la suite d’un changement à la Direction de la recherche. Elle est vue comme un retour à une agriculture traditionnelle, non progressive et non scientifique.

En octobre 1978, le programme des services spéciaux du MAPAQ élabore un projet de politique de développement de l'agriculture écologique comprenant, entre autres choses, l'approbation d'une aide financière au Mouvement pour l'agriculture biologique ainsi que le démarrage d'un réseau de fermes témoins. Certaines personnes en autorité au Ministère reprochent au projet d'être incomplet et le laissent de côté.

En 1979, le service des programmes spéciaux organise un groupe de travail composé de représentants du ministère de l'Agriculture, de l'UPA et du MAB. Après plusieurs réunions et rapports au Ministère, ce dernier ne donne aucune suite. En 1982, à la suite d’une restructuration de l'organigramme du ministère de l'Agriculture, le service des programmes spéciaux est dissout.

1.5.1.2 Les années 80: le temps est à l'organisation En 1984, s'organise une autre association plus orientée vers le marché américain et composé en majorité d'agriculteurs biologiques de la région des Cantons-de-l'Est. Désignée sous le nom de Organic Crop Improvement Association (OCIA), elle constitue une filiale régionale de l'association américaine. L'association pour l'amélioration de cultures biologiques (OCIA-Québec) se développe. Un petit groupe de producteurs de l'Estrie et du Vermont s'associent et mettent en place des formations adaptées aux besoins des producteurs. L'amélioration des cultures est à l'ordre du jour et une des facettes de l'organisation est la certification. Entre 1984 et 1990 les divers chapitres d'OCIA-Québec seront fondés: Québec-Appalaches en 1986, OCIA Beauce en 1988, OCIA Montérégie et OCIA Rive Nord en 1990.

Côté ministère, le dossier de l'agriculture biologique est complètement bloqué jusqu'en août 1987 lorsque des représentants du MAB rencontrent le ministre de l'Agriculture, Michel Pagé, et son cabinet pour faire le point sur la situation du moment et les perspectives d'avenir de l'agriculture biologique au Québec. Un rapport sur la situation est alors préparé et soumis aux autorités du MAPAQ. Celles-ci approuvent l'idée d'une table de concertation entre les principaux intervenants et

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l'idée de l'élaboration d'un plan d'intervention. Pour la première fois depuis 20 ans le MAPAQ accepte de favoriser le développement de l'agriculture biologique.

En 1988, le MAPAQ reconnaît l'agriculture biologique comme un mode de production à part entière et, par son plan d'intervention intégrée, aide à la structuration du milieu. Il annonce des subventions (3 millions de dollars) pour le secteur biologique et désire que la filière s'organise et qu'elle ne présente qu'un interlocuteur unique: un réseau de répondants se met en place ainsi que la Fédération d'agriculture biologique du Québec (FABQ) en 1989.

Étant donné les subventions, le MAB s'engage dans le programme de certification, prenant alors le nom de Québec Vrai, marque commerciale proposée par le MAPAQ pour l'ensemble des produits agricoles québécois. Les subventions prévues pour trois ans sont dégressives et l'autonomie financière doit être atteinte la quatrième année. La machine mise en place est lourde et l'autofinancement ne fonctionne pas. Après un excellent départ (plus de 120 certifiés la première année), la machine a des ratés. Beaucoup d'insatisfactions de la part des producteurs, des travailleurs et de certaines rumeurs qui mettent en doute la crédibilité du programme font en sorte que la clientèle décroît rapidement.

Une subvention est arrachée de peine pour la quatrième année d'opérations puis le gouvernement mets la clé dans la porte et offre le programme pour un dollar symbolique. C'est la FABQ qui récupère le programme à la demande de ses membres: la marque commerciale Québec Vrai devient dès lors spécifique des produits biologiques Notons que la FABQ, mis en place à la demande du Ministère et non pas du milieu, et sa trop grande proximité avec le syndicat majoritaire UPA n'a pas obtenu tout de suite le consentement de tous les producteurs.

1.5.1.3 Le début des années 90 : un décollage lent vers la reconnaissance officielle En 1990, le Centre de développement de l'agrobiologie du Québec (CDAQ) à Warwick et le Centre d'agriculture biologique (CAB) de La Pocatière sont mis en place.

En 1994, une table filière*, issue de la Table de concertation en agriculture biologique, est reconnue comme table filière à part entière au même titre que les autres tables issues du Sommet sur l’agriculture québécoise de juin 1992.

En 1996, une loi sur les appellations réservées est adoptée.

En 1997, pour la première fois, les quatre organismes de certification sont consultés par la table filière pour élaborer une norme provinciale. La norme est adoptée en octobre 1998 et le conseil d'accréditation du Québec (CAQ) dont la mission est de contrôler la loi sur les appellations réservées est mis en place.

En 1999, le Centre de développement d'agrobiologie du Québec (CDAQ) à Warwick ferme ses portes pour problèmes financiers. Le Centre d'agriculture biologique (CAB) de La Pocatière prend la relève et devient alors au cours de l'année 2000, le Centre d'agriculture biologique du Québec (CABQ).

En février 2000, l'appellation «agriculture biologique» est réservée. Tout produit agricole et alimentaire étiqueté «biologique» ou avec des termes similaires et dont l'une ou plusieurs des opérations suivantes survient au Québec, soit la culture, la transformation, l'emballage et l'étiquetage, seront soumis à la loi, c'est-à-dire qu'ils devront avoir été certifiés par un organisme accrédité. Quant aux produits biologiques importés le conseil a décrété qu'ils devront avoir fait l'objet d'une certification biologique pour être acceptés.

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1.5.2. La tendance actuelle du secteur bio

Un contexte politique peu favorable Le Québec soutient son agriculture par des programmes d'assurance-récolte et d'assurance-stabilisation des revenus. Les agriculteurs cotisent sur la base de leur production (effectif animalier, surfaces, rendement) et reçoivent un prix garanti minimal basé lui sur le coût de production. Cependant les rendements et les coûts de production servant de base pour fixer les taux sont issus de l'agriculture conventionnelle. De ce fait, le producteur biologique cotise sur la base de rendements supérieurs aux siens et, au mieux, n'est garanti d'être indemnisé qu’aux coûts de production du conventionnel.

De plus pour accéder à ces programmes, des surfaces minimales et des unités animales minimales sont requises; de ce fait, certains producteurs biologiques ne peuvent y avoir recours.

En Saskatchewan, les producteurs certifiés ont droit à des primes et à des taux réservés aux céréales et oléagineux biologiques. Ainsi, la prime accordée aux producteurs biologiques est de 30% à 50% plus élevée en raison des risques supplémentaires associés à la production biologique.

Les programmes du MAPAQ essentiellement basés sur des volumes de production commencent à exiger une qualité minimale. Le développement durable tient à cœur au gouvernement. Cependant, aucun programme spécifique à l'agriculture biologique n'a été mis en place. De ce fait, les producteurs biologiques ont recours à certains programmes standards agroenvironnementaux (programme Prime Vert,…) ouverts à tous les agriculteurs conventionnels et bio. Avant avril 1998, les producteurs bio pouvaient bénéficier d'un programme d'adaptation pour les entreprises de production alternatives ainsi que des programmes des mesures vertes, mesures déviées du soutien direct au prix vers des soutiens indirects.

Le ministre de l'Agriculture, Rémy Trudel, reconnaît que le MAPAQ n'a pas assumé complètement ses devoirs en matière d'agriculture biologique. Il précise que le bio fait partie du plan d'action défini jusqu'en 2005 par le gouvernement du Québec pour une croissance de tous les secteurs de l'agriculture et de l'industrie bioalimentaire. Notamment, les programmes de financement seront revus en prenant en compte la réalité de la production biologique. De plus, le ministre a à cœur d'élever la notoriété de la production biologique québécoise. Le gouvernement voit les opportunités surtout dans un contexte de position du Québec sur le continent et de son immense potentiel laitier: le Québec est la première et la seule province canadienne à avoir assumé sa juridiction dans le domaine du contrôle de l'appellation biologique. L'intention est manifeste même s'il n'y a présentement pas d'argent dans la cagnotte.

1.5.3 La force du marché

Une offre diversifiée mais limitée en volume En 1999, le chiffre d'affaire de la production biologique au Québec a été estimé à 50 millions de dollars. Ceci reste faible par rapport aux 4 900 millions de dollars de chiffre d'affaires de la production agricole québécoise. Ainsi, l'évolution de la production bio québécoise suit une progression faible. Cela peut sembler paradoxal quand on s'attarde sur la progression fulgurante de la consommation des produits biologiques (20%/an). Après consultation auprès des organismes de certification accrédités par le Conseil d'Accréditation du Québec (OCIA, Garantie Bio, Québec Vrai, Déméter, QAI), 427 producteurs certifiés ont pu être dénombrés, soit 1% des exploitations agricoles du Québec. En ce qui concerne les producteurs en transition, en 1994, d'après un rapport du MAPAQ5, 1299 producteurs disaient pratiquer l'agriculture biologique totalement et 9063 autres 5 Plan Stratégique de développement-radius publicité-promotion pour la filière biologique-1994

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disaient la pratiquer partiellement. Il existerait donc un potentiel non négligeable de producteurs biologiques qui jusqu'ici n'ont pas franchi le pas de la certification pour des raisons financières ou n'y voyant pas l'intérêt, distribuant sur un marché local basé sur la confiance.

Si on arrive approximativement à connaître pour chacun des producteurs les productions effectuées, rien de précis n'est disponible sur les surfaces et quantités produites. Environ 14 000 Ha6 seraient cultivés en bio soit 0,4% de la superficie agricole totale du Québec. On retrouve les productions végétales et animales habituellement produites en conventionnel.

Du côté de la transformation, le MAPAQ annonçait, en 1995, 18 millions de dollars de chiffre d'affaires pour les produits biologiques transformés. Qu'en est-il aujourd'hui? À peine 100 unités de transformation transforment ou conditionnent des produits biologiques au Québec et seulement une cinquantaine est certifiée. Comme pour la production, s'il est assez aisé de connaître les domaines des produits concernés, rien n'est disponible sur les quantités exactes, les chiffres d'affaires de ces entreprises et leur contribution à l'emploi. Les entreprises de transformation proviennent généralement du domaine céréalier. De façon générale, les transformateurs sont également producteurs (66 %). Aussi, les entreprises sont souvent de petite taille et ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour maximiser la mise en marché et mettre en valeur une marque. Comme pour les producteurs, les transformateurs doivent obtenir depuis février 2000 une accréditation pour vendre leurs produits dans les réseaux bio et ainsi répondre aux attentes des courtiers, distributeurs et détaillants biologiques.

Une mise en marché des produits biologiques peu organisée D'après les chiffres estimés par le MAPAQ en 1995, les ventes au détail atteignaient 35 millions de dollars et se partageaient ainsi: 70% de produits transformés, 30%produits frais. De plus, 84% des produits étaient importés. À cette même époque, les points de vente au détail étaient comptabilisés au nombre de 462 répartis en magasins d'aliments naturels, points de vente à la ferme, comptoir de vente de différents type.

La distribution des produits biologiques s'organise autour de la vente directe à la ferme, de partenariat producteur-consommateurs (Équiterre-groupe d'achat), de ventes sur les marchés locaux, de ventes à un distributeur régional, de regroupements de producteurs pour la distribution locale ou l'exportation et de distributeurs indépendants. Les marchés sont extrêmement actifs tant au niveau de la transformation que du marché au détail. Les gros joueurs commencent à se positionner.

L'existence d'une demande C'est sûrement dans ce dernier domaine de la filière bio que les données sont les plus abondantes et récentes. D'après l'étude établie par le GREPA* en 1997 (commanditée par la FABQ) sur la consommation des produits biologiques au Québec, celle-ci se répartit de la façon suivante :

• légumes: 49,3%

• fruits: 14,7%

• viandes: 10%

• céréales: 7,4%

• produits laitiers: 3,5%

6 Estimation du MAPAQ-1999, comprenant les surfaces en érablière.

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Pourquoi le consommateur achète-t-il des produits biologiques ?

• par soucis de santé

• par respect de l'environnement

• pour leur qualité gustative et nutritive Le consommateur associe la plupart du temps le produit bio aux produits naturels et reste très peu informé des différents logos de certification et donc prudent face à l'appellation biologique. Cependant, aucune enquête n'ayant été fait depuis février 20007, on peut espérer gagner de plus en plus la confiance du consommateur.

Profil du consommateur bio québécois D'après l'étude du GREPA*, 70% des répondants ont avoué n'avoir qu'une idée vague du concept. De façon générale, le consommateur québécois de produits biologiques est :

• âgé entre 30-55 ans

• plus instruit que la moyenne: 50% détenait un diplôme universitaire

• très souvent un cadre

• issu d'un ménage peu nombreux qui dispose d'un revenu moyen De plus, le consommateur québécois serait la plupart du temps une québécoise et il semble que la présence d'enfants dans le ménage ait un impact positif sur la consommation. Par ailleurs le consommateur québécois est un bon client: 75% des consommateurs interrogés lors de l'enquête consommaient des produits biologiques au moins une fois par semaine.

Plus précisément quatre groupes de consommateurs se distinguent et leurs attentes divergent:

• les vrais écologistes pour lesquels la disponibilité des produits bio est un facteur prépondérant à l'achat et souhaiteraient donc voir ce type de produits dans les grandes surfaces. Prêts à payer le prix, ils se disent très prudents face à l'étiquetage et attendent des vendeurs une bonne information.

• les consommateurs du nouveau courant vert ont les mêmes caractéristiques que le premier courant mais de façon atténuée.

• les jeunes adeptes du recyclage s'attachent surtout à la qualité de l'emballage (recyclé ou non) et avouent que le surcoût est un frein à l'achat. Ils aimeraient une meilleure valorisation médiatique de ces produits.

• les consommateurs en quête de bien être recherchent avant tout l'intérêt nutritionnel et souhaiteraient plus d'information sur le lien entre le mode de production et la santé. Ils restent sensibles aux prix.

Les principaux freins à la consommation sont:

• le prix du produit ;

• la faible disponibilité ;

• le manque d'information.

71er Février 2000: date depuis laquelle l'appellation biologique est réservée.

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Ainsi, en gagnant en disponibilité et en information un grand nombre de consommateurs inclurait les produits bio dans leur alimentation même avec un surcoût raisonnable.

1.5.4 Le pouvoir populaire: une prise de conscience lente qui commence à percer La perception des consommateurs face à l'agriculture biologique diffère d'un continent à l'autre. Si en Europe l'aspect environnemental de l'agriculture biologique et le côté naturel et traditionnel des produits sont les motivations premières qui amènent les consommateurs à se tourner vers l'agriculture biologique, du côté du Québec et de l'Amérique du Nord les aspects privilégiés sont plutôt la santé et l'innocuité des aliments.

En Europe, le territoire étant plus réduit, les problèmes environnementaux générés par l'agriculture sont plus apparents. Le consommateur est donc plus sensible à ces problèmes qui touchent son alimentation. À l'inverse, en Amérique du Nord les grands espaces cachent ces problèmes. Le consommateur y est donc bien moins sensible. Son mode de consommation de type «fast-food» lié à une logique de production purement quantitative entretient ces problèmes. Cependant, même en Amérique du Nord et au Québec, les aliments transgéniques commencent à faire peur. La prise de conscience des consommateurs et des consommatrices se fait lentement, mais elle est un élément clé pour le développement du bio qui apparaît alors comme une valeur refuge.

1.6 La réglementation bio au Québec

En juin 1999, l'Office des normes générales du Canada a approuvé et publié la norme nationale du Canada sur l'agriculture biologique (CAN/CGSB-32.310-99) qui est conforme à la réglementation proposée par le Codex alimentarius*. Avant cette date, le secteur biologique reposait sur un ensemble de normes et de structures d'accréditation auto-imposées. Cependant, au Canada la certification et le respect des normes visant la production biologique sont facultatifs, sauf au Québec où un régime obligatoire est en vigueur.

1.6.1 Les particularités de la norme québécoise

La filière biologique a obtenu du gouvernement en 1996, la loi sur les appellations réservées et son règlement qui lui ont permis de mettre en place un conseil d'accréditation reconnu comme autorité compétente en agriculture biologique. Depuis le 1er février 2000, l'appellation biologique est la seule appellation réservée. Le Conseil d'accréditation a pour mandat d'accréditer les organismes de certification et de contrôler l'utilisation de l'appellation biologique. De plus, les organismes de certification québécois se sont réunis au sein de la filière pour établir une norme minimale québécoise de l'agriculture biologique, cette norme étant équivalente à celle de l'IFOAM* et à la proposition du CODEX ALIMENTARIUS*. La filière biologique québécoise ne se sent donc pas concernée par la norme nationale canadienne sur l'agriculture biologique, car le système mis en place au Québec présente le même avantage: la reconnaissance internationale.

De plus, la situation est plus avancée au Québec, car non seulement la norme est adoptée, mais l'encadrement de la norme est également en place: il s'agit du plan d'accréditation des organismes de certification. C'est pourquoi le gouvernement québécois a fait une demande d'équivalence auprès du Office des normes générales du Canada afin que la norme québécoise soit reconnue, au même niveau qu'une norme nationale, conforme aux exigences du guide 65 de l'ISO. Ceci permettrait d'éliminer tous les problèmes que rencontrent les produits bio québécois exportés vers l'Europe.

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1.6.2 Normes de référence du Québec imposées par le Conseil d'accréditation du Québec

Définition d'un produit biologique: Les produits dits «biologiques» sont les produits de la «culture biologique». Celle-ci est une méthode d'agriculture fondée sur des pratiques d'aménagement et de gestion agricole visant à créer des écosystèmes propres à assurer une productivité soutenue, le contrôle des plantes adventices et des parasites grâce à une diversité de formes de vie interdépendantes, au recyclage des résidus végétaux et animaux par le compostage, à la sélection et à la rotation des cultures, et à la gestion des eaux.

Tous les matériels et produits obtenus à partir d’organismes génétiquement modifiés (OGM*), non compatibles avec les principes de la production biologique (c’est-à-dire la culture, la fabrication ou la transformation) ne sont pas acceptés.

Aspects réglementaires de la production Période de conversion à la production biologique:

La conversion à l'agriculture biologique représente l'ensemble des démarches entreprises par un système de production conventionnel pour respecter l'intégralité des normes prescrites dans un cahier des charges et ce, dans l'ensemble d'une ferme ou d'une unité de production. Pour les végétaux, la période de conversion exige que des produits puissent être commercialisés comme «produits certifiés biologiques» quand le contenu du cahier des normes a été appliqué dans son intégralité pendant au moins deux ans complets et que des substances proscrites n'ont pas été utilisées pour une période de trois ans avant la récolte des végétaux. La troisième récolte peut donc être reconnue comme étant issue de l'agriculture biologique. La dernière année de la période de conversion doit être sous contrôle de l’organisme de certification et assujettie à une inspection: c'est l'année de pré-certification.

En général, les produits animaux pourront porter la mention «produits biologiques certifiés» dans la mesure où auront été entièrement respectées :

• Les conditions en matière de soins vétérinaires et de bien-être des animaux;

• Les exigences en matière d'alimentation (pour une durée minimale de 30 jours pour les œufs et d’un an pour le lait; les animaux destinés à la boucherie doivent être alimentés de végétaux respectant l'intégralité des normes de l’agriculture biologique).

Aspect réglementaire de l'étiquetage Pour qu'un produit puisse être étiqueté comme produit de l'agriculture biologique, il faut que tous ses ingrédients d'origine agricole proviennent d'entreprises ou d'unités de production certifiées biologiques selon les règles du certificateur. Dans certains cas, les ingrédients en provenance de l'agriculture biologique ne sont pas disponibles en quantité suffisante ou ne sont pas de qualité assez élevée. Les organismes de certification peuvent donc établir une liste des produits agricoles d'origine conventionnelle qui peuvent être autorisés sous réserve du respect des conditions suivantes :

• Les produits dont au moins 95% des ingrédients (pourcentage de matière sèche) proviennent de l'agriculture biologique peuvent être étiquetés comme étant certifiés biologiques et peuvent porter le logo de l'organisme certificateur;

• Les produits dont moins de 95% des ingrédients (pourcentage de matière sèche) proviennent de l'agriculture biologique peuvent porter l’appellation «biologique» ainsi que le nom de l'organisme de certification, mais uniquement dans la liste des ingrédients et dans un format et une couleur similaire à ceux du texte de cette liste;

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• Un ingrédient ne peut provenir à la fois de l'agriculture biologique et de l'agriculture conventionnelle.

Le nom ou le logo d'un organisme de certification doit figurer sur l'étiquetage d'un produit biologique certifié. De plus tous les ingrédients doivent figurer sur l'étiquette du produit par ordre de poids. Tous les additifs et les auxiliaires de transformation doivent également figurer à côté des ingrédients. Les ingrédients d'origine agricole non biologique doivent être mentionnés comme tels.

Aspects réglementaires de la transformation L'irradiation et l'utilisation de micro-ondes sont interdites. Des organismes issus de manipulation génétiques ne doivent pas être ajoutés aux aliments biologiques. Les additifs et auxiliaires de fabrication ne peuvent être ajoutés à un produit que:

• Pour en maintenir la valeur nutritionnelle;

• Pour en améliorer la conservation naturelle ou la stabilité;

• Pour le doter d'une composition, d'une consistance et d'une apparence qui permettront de ne pas décevoir le consommateur en ce qui concerne sa nature, sa substance et sa qualité, ceci à la condition qu’il :

- ne soit pas possible d'obtenir un produit similaire sans user d'un tel additif ou auxiliaire de fabrication;

- ne soit pas utilisé pour modifier la vitesse de transformation du produit ou améliorer sa manipulation en cours de transformation ou encore recréer ou améliorer une saveur, couleur ou valeur nutritive perdues en cours de transformation;

- ne soit pas ajouté dans une mesure supérieure au minimum nécessaire pour qu'il accomplisse la fonction pour laquelle il est ajouté;

- ne contienne aucune autre substance interdite par le cahier des normes.

Aspects réglementaires du transport et de l'emballage On doit s'assurer que les produits issus de l'agriculture biologique ne sont pas mélangés avec des produits conventionnels. Les produits de culture biologique et les produits conventionnels ne doivent pas être transportés ensemble, sauf s'ils sont déjà correctement emballés et étiquetés. Le moyen de transport doit être approprié au produit transporté. Tous les équipements, véhicules et conteneurs doivent être exempts de tout résidu non biologique ou de toute autre matière susceptible de contaminer le produit. Les emballages doivent être de qualité alimentaire, propres, convenant à l'utilisation prévue et ne doivent pas contaminer les aliments. D'une manière générale, les matériaux prohibés sont le plomb, le PVC et autres matières plastiques chlorées. Les colis doivent être clairement identifiés.

Le Conseil d'accrédiation du Québec a pris la décision au cours de l'été 2000 d'entamer une révision des normes de référence du Québec et de les adapter aux plus récentes normes du CODEX ALIMENTARIUS. Une première ébauche de la norme adaptée, sera soumise au Comité des Normes. Une fois examinée par le comité, elle sera soumise à une consultation auprès du milieu, au cours de l'automne prochain. La date d'approbation finale de la nouvelle norme a été fixée au 1 février 2001.

1.6.3 La réglementation douanière

Dès le premier janvier 2001, les produits biologiques importés au Québec devront se plier aux même exigences que leurs homologues québécois. Le gouvernement québécois exigera que les produits

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vendus sur son territoire aient été certifiés dans un système équivalent à celui du Québec et contrôlera ainsi l'utilisation des appellations. En ce qui concerne les exportations des produits biologiques québécois vers l'étranger, tant qu'aucune réglementation nationale canadienne sur la production biologique ne sera reconnue les exportations se feront au cas par cas par l'autorité compétente du pays importateur. Ce qui peut prendre du temps et demander beaucoup de documents.

1.7 La certification et l'accréditation

1.7.1 Le Conseil d'accréditation du Québec

Fondé en octobre 1998, le CAQ* a pour mission de contrôler en vertu de la loi sur les appellations réservées (Chap.A20.02) l'utilisation des appellations réservées sur le territoire et d'accréditer les organismes qui certifient des produits agricoles et alimentaires récoltés ou transformés au Québec et portant une appellation. À ce jour, seule l'appellation «biologique» a été réservée.

Ses objectifs sont les suivants :

• Protéger les consommateurs contre l’utilisation frauduleuse ou non contrôlée de l’appellation biologique.

• Protéger les producteurs et transformateurs de denrées biologiques contre la présentation erronée de produits comme étant des produits d’appellation biologique réservée.

• Voir à ce que tous les stades de la production, de la transformation et de la commercialisation soient soumis à un contrôle et obéissent aux normes et procédures régissant les produits biologiques.

• Harmoniser les dispositions concernant la production, la certification, l’identification et l’étiquetage des denrées produites selon les méthodes de culture biologique. Promouvoir une signature commune pour les produits biologiques du Québec.

• S'assurer que tous les certificateurs ayant des activités sur le territoire québécois respectent des normes et procédures minimales.

• Faciliter les échanges commerciaux en assurant l'équivalence avec les normes et procédures de certification biologique des pays importateurs et exportateurs. S'assurer de la reconnaissance de l'équivalence de la certification des produits biologiques québécois sur les marchés extérieurs.

• Améliorer la qualité des systèmes de contrôle biologique. Ses pouvoirs sont les suivants :

• Il contrôle l’appellation biologique

• Il accrédite, impose des sanctions ou suspend l’accréditation des organismes de certification exerçant des activités sur le territoire du Québec.

• Il statue sur l’équivalence de conformité des produits biologiques qui proviennent de l’extérieur du Québec.

• Il agit comme autorité compétente pour assurer la reconnaissance des certifications des produits biologiques du Québec sur les marchés extérieurs.

• Il prend action contre les produits biologiques non conformes ou non certifiés.

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• Il assure l’adoption et la mise à jour des normes, procédures et critères minimaux de certification des produits biologiques.

• Il informe le public sur l’appellation biologique.

• Il se donne les moyens appropriés pour faire connaître l’appellation biologique.

• Il confirme publiquement la conformité des organismes de certification aux normes, procédures et critères.

Cependant, à ce jour, le CAQ, représenté par son directeur (unique personnel) et son conseil d'administration, souffre de problèmes de financement et peut difficilement remplir tous ces objectifs et user de ses pouvoirs. À l'heure actuelle le contrôle des importations biologiques ne peut être techniquement mené et il est difficile de donner suite aux plaintes pour des produits non certifiés utilisant l'appellation biologique.

1.7.2 Les organismes certificateurs

Dans l'ensemble du Canada, plus de 40 organisations professionnelles, avec chacune un cahier des charges différent, se partagent les producteurs certifiés canadiens. Au Québec, quatre organismes se partagent 427 producteurs.

Depuis mars 1999, l'inspection et la certification par un organisme accrédité par le gouvernement sont obligatoires pour pouvoir commercialiser sous l'appellation «biologique». Les organismes certificateurs doivent être reconnus par le conseil d'accréditation et posséder entre autres un cahier des charges au moins aussi strict que les normes de référence du Québec. La certification des produits biologiques est une assurance pour le consommateur que le produit ainsi identifié est conforme aux normes de l'agriculture biologique. Les organismes de certification vérifient que les entreprises qui désirent être certifiées utilisent des techniques de production respectueuses de l'environnement et qu'elles n'utilisent aucun produit provenant de l'industrie chimique. Quant aux produits transformés, les certificateurs s'assurent que les produits de base sont issus de l'agriculture biologique.

Actuellement quatre organismes (cinq marques de commercialisation) ont été accrédités et trois ont déposé un dossier encore à l'étude au Conseil d'Accréditation du Québec en juillet 2000. La présence de cinq marques commerciales différentes de produits biologiques crée une certaine confusion, mais elles ne peuvent pas être fusionnées pour le moment.

1.7.2.1 Les organismes certificateurs accrédités :

Garantie-Bio : Garantie Bio, une entreprise privée fondée en 1995, offre aux différents intervenants dans le domaine de l´agriculture et de l´alimentation la certification de leurs produits biologiques (agriculteurs, transformateurs, distributeurs, détaillants et courtiers en aliments biologiques). Elle assure aux consommateurs que les produits affichant son logo ont fait l´objet d´un contrôle rigoureux et, par conséquent, qu´ils respectent toutes les normes de l´agriculture biologique. De plus, elle étend aussi ses services aux fermes dont la conversion à l´agriculture biologique est déjà amorcée en leur offrant la possibilité d´une pré-certification et d´une certification de transition. Associé avec Ecocert Sarl (numéro 1 en France) elle offre un service plus complet pour les personnes qui visent les marchés d´exportation européens.

OCIA-Québec : Organic Crop Improvement Association L´Association pour l´amélioration des cultures biologiques (Organic Crop Improvement Association) est établie au Québec depuis plus de 15 ans. OCIA-Québec est une organisation sans but lucratif,

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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regroupant des agriculteurs et des entreprises agroalimentaires du secteur biologique. OCIA International a son siège social aux États Unis et est actif et reconnu de par le monde. OCIA est autogéré et autofinancé par ses membres, dans une structure démocratique et représentative. OCIA-Québec compte près de 375 membres, dont environ 300 entreprises agricoles, une quarantaine de membres corporatifs (usines alimentaires et maisons de courtage) et des collaborateurs. Les agriculteurs sont répartis dans cinq chapitres qui desservent toutes les régions du Québec:

- OCIA-Beauce: Beauce, Lotbinière, Bellechasse et Bas-Saint-Laurent;

- OCIA-Estrie: Cantons-de-l´Est et le Saguenay Lac-Saint-Jean;

- OCIA-Montérégie: Montérégie Est et Ouest, y compris Richelieu, Saint-Hyacinthe et Nicolet;

- OCIA-Rive Nord: Outaouais, Lanaudière, Laurentides, Mauricie et Abitibi-Témiscamingue.

- L´association des transformateurs regroupe les membres corporatifs.

Organisme de certification Québec-Vvrai: Organisme à but non lucratif géré par ses membres utilisateurs

Crée en 1989, il prend la suite du Mouvement des Agriculteurs Biologiques. Depuis cette année, il assure également la certification biologique des agriculteurs biodynamiques. L'organisme Demeter certifie uniquement l'appellation «biodynamique».

QAI: Quality Assurance International Entreprise privée d'origine américaine certifiant dans l'ensemble des provinces du Canada. Avec 10 transformateurs québécois certifiés QAI en 1999, elle reste peu présente au Québec.

1.7.2.2 Les organismes certificateurs en cours d'accréditation OGBA (Organic Growers and Buyers Association), OCPP (Organic Crop Producers and Processors) et FVO(Farm Verified Organic) sont des organismes américains qui certifient quelques producteurs québécois. Ils n'ont pour l'instant pas reçu l'accréditation et les producteurs ne peuvent pas écouler leurs produits au Québec sous l'appellation bio.

1.8 Les organismes d'appui au développement du bio au Québec

(Cf Annexe I2 le calendrier des évènements et manifestations relatifs à l'agriculture biologique au Québec, p.4 des annexes)

1.8.1 Les structures de recherche

La plupart des organismes subventionnaires de recherche ont adopté la vision du tout génétique au détriment d'une recherche d'intérêt public qui privilégierait des techniques plus agronomiques, tels le contrôle biologique, des systèmes de production agricole durable et des techniques agrobiologiques. Peu de programmes de recherches au champ concernant directement l'agriculture biologique sont en cours, cependant un grand nombre de projets d'innovation technologique ou de recherches réalisées dans une optique d'agriculture durable peuvent servir à la production biologique.

Les organismes responsables des recherches sont souvent des organismes de formation, ce qui facilite et accélère la transmission du savoir:

• Le centre de formation agricole Mirabel

• Le Centre d'agriculture biologique du Québec (a cessé ses recherches aux champs en 1999)

• Agriculture et Agroalimentaire Canada

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• Université Laval

• Université de Montréal

• Université McGill, campus McDonald

• Université de Sherbrooke

• Le Centre de Recherches et d'Études en Technologie Agroalimentaire de l'Outaouais (CREDETAO)

• Le Centre de Recherches sur les grains inc. (CEROM)

• L'Institut de Recherche en agroenvironnement inc. (IRDA) Beaucoup de producteurs effectuent eux-mêmes leurs propres recherches appliquées.

1.8.2 Les organismes de formation

Le Cégep de Victoriaville est le seul établissement à proposer un diplôme d'études collégiales spécialisé en agriculture biologique dans le domaine des productions horticoles et animales.

Le Cégep de Matane propose une attestation d'études collégiales en inspection en agriculture biologique. Il s'agit du premier cours crédité par une maison d'enseignement. Son objectif est de former des inspecteurs pour les organismes de certification biologique. Les formateurs sont issus des organismes de certification québécois. L'université McGill, campus de McDonald propose également des journées de formation en inspection des entreprises biologiques.

Certaines exploitations donnent des formations techniques d'un ou deux jours dans divers domaines.

1.8.3 Les organismes d'appui au marché

La Fédération d'agriculture biologique du Québec a été créée en 1989 à la demande du Ministère. À l'heure actuelle elle n’est pas représentative de la production biologique. Pour y remédier la FABQ devrait modifier sa structure pour devenir un syndicat d'ici l'automne 2000. La Fédération abandonnerait ses trois syndicats régionaux pour n'en avoir qu'un seul provincial. Pour qu'il y ait une fédération, il doit y avoir un minimum de trois syndicats affiliés. Comme ceux-ci ne sont plus actifs depuis 1996, ils seront éliminés. Il ne sera donc plus question de fédération d'agriculture biologique, mais de syndicat. Elle pourra alors, de ce fait, être représentée à l'UPA comme les 21 autres fédérations spécialisées. Cependant, cela prendra quelques années et les producteurs biologiques membres de la FABQ devront continuer à payer une cotisation à l'UPA et une cotisation à la FABQ.

En mars 1999, la FABQ change son mode de fonctionnement en créant des comités de production: laitier, horticole, céréales, viandes, sirop d'érable et plantes médicinales. Un responsable de chaque comité siège au conseil d'administration. De cette façon, les différentes productions sont bien représentées. Chaque représentant et son comité œuvrent au développement de sa production en organisant des réunions d'informations visant à inciter des producteurs conventionnels à la transition et en instaurant les contacts avec les fédérations de production de l'UPA. Traditionnellement composée de producteurs horticoles, la FABQ compte de plus en plus de producteurs de lait, de céréales et de viande. En 1999, la FABQ ne regroupait qu'une vingtaine de membres. En juin 2000, l'effectif est monté à 85 et on vise les 100 pour la fin de l'année. La FABQ a fait le pari de faire de l'agriculture biologique à l'intérieur des règles établies (plan conjoint). Ce qui explique l'importance de négocier des ententes, comme dans le cas du lait et des grandes cultures8.

8 L'entente conclue entre la FABQ et la Fédération des producteurs de lait du Québec est détaillée dans la partie II-1.2.2.1

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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L'objectif de la FABQ est de démontrer qu'il est possible pour deux fédérations spécialisées (biologique et autres productions) de travailler de concert à la résolution de problématiques liées à la spécificité de la production biologique. Elle ne veut pas recréer une structure en parallèle des fédérations qui existent déjà mais utiliser l'existant et coopérer avec lui. Pour l'instant, la plupart des fédérations spécialisées ne coopèrent pas voyant dans l'agriculture biologique une concurrence pour leur production.

Crée en 1994, la table filière biologique* a été dissoute en 1999 à cause de conflits de personnalité et d'intérêts divergents de ses membres. Des travaux de restructuration sont actuellement en cours pour la remettre sur pied ( redéfinition de l'organigramme). La nomination récente d'un responsable gouvernemental pour la table marque la première étape de restructuration. Regroupant des représentants de l'ensemble des maillons de la filière bio (certificateurs, producteurs, transformateurs, distributeurs, centre d'agriculture biologique…) la table filière joue le rôle d'une interprofession. En 1994, elle a publié un plan stratégique de développement. Durant les années 1994-1998, elle a mis sur pied la norme de référence du Québec ainsi que le programme d'accréditation.

L'Association de Biodynamie du Québec, en plus d'organiser de fréquentes rencontres de ses membres, a vite senti le besoin de se doter des services essentiels pour rendre possible la pratique de la méthode biodynamique: le service des préparats, le Cercle de certification Déméter et le bulletin de liaison Le Germe.

L'Association Avenue Bio de l'Est regroupe 31 membres dont 15 producteurs ou transformateurs certifiés biologiques des régions du Bas-Saint-Laurent de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine. Ses objectifs sont de défendre les intérêts de ses membres, de promouvoir le développement de l'agriculture bio régionale, de structurer selon l'intérêt de ses membres la mise en marché et la promotion des produits biologiques certifiés, de faciliter l'accès à la formation et à l'information.

La société Symbiosis est un regroupement de huit producteurs maraîchers biologiques qui effectue la mise en marché de leurs produits. Ayant percé le marché américain de la côte Est et étant actuellement en contact avec Loblaw9 pour écouler leurs productions dans les points de vente québécois, ils ont décidé cette année de mettre l'accent sur l'emballage et l'étiquetage des produits

La coopérative CARA regroupe les producteurs de sirop d'érable biologique de la région de Bellechasse et assure l'embouteillage et la mise en marché.

La coopérative de Papineauville regroupe des producteurs de plantes médicinales biologiques et assure la transformation et la mise en marché des produits.

Le groupe alimentaire Biobec mis sur pied par un producteur biologique propose des emballages et étiquettes en matières recyclables aux producteurs certifiés biologiques pour faciliter leur mise en marché

Le Bio Groupe, actif dans les Laurentides, favorise la mise en marché des produits maraîchers d’une douzaine de producteurs.

1.8.4 Les appuis techniques Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a mis sur pied un réseau de répondants régionaux en agriculture biologique. Cependant les orientations gouvernementales restent timides, les répondants se sentent peu supportés et ressentent encore le poids des préjugés liés à cette production qualifiée par certains de marginale. Pour les producteurs ce réseau n'est pas performant en matière de conseil technique et est délaissé au profit des consultants privés. Certains cabinets de consultants en agronomie s'orientent vers l'agriculture biologique et aident les producteurs à monter des projets aussi bien d'un point de vue technique que de gestion.

9 Loblaw : groupe majoritaire dans la distribution alimentaire au Québec. Cf II-3.4

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Les clubs agroenvironnementaux peuvent être une source de conseils techniques pour les agriculteurs biologiques, cependant, leur orientation n'est pas vers l'agriculture biologique, mais vers l'agriculture durable.

Les producteurs, le plus souvent ont recours en matière de conseils techniques aux expériences d'autres producteurs biologiques.

En fait, aucun centre d'expertise technique en agriculture biologique n'est en place. Les personnes ressources et leur savoir sont dispersés.

1.8.5 Les centres de documentation

L'unique centre de documentation encore sur pied spécialisé en agriculture biologique est le Centre d'agriculture biologique du Québec à La Pocatière. Les publications des recherches aux champs effectués par les différents organismes sont disponibles dans les bibliothèques universitaires.

L'ancien Projet pour une Agriculture Écologique (PAE) du campus McDonald, de l'université McGill a transféré une partie de ses ressources techniques en agriculture écologique au Centre d'agriculture biologique du Québec.

La partie suivante aborde les interrogations sur lesquelles se base la problématique de l'étude et qui justifient sa réalisation.

2 DÉFINITION DE L'OBJET D'ÉTUDE

S'agissant d'une étude de filière, il convient d'en définir le champ d'investigation puis de préciser la nature des interrogations soulevées et de déterminer les hypothèses sur lesquelles le travail repose.

2.1 Le champ de l'analyse : le concept filière «Ce champ correspond à un découpage opéré dans le système de production et d'échange afin d'isoler la partie concernée par un produit ou une famille de produits (…)»10, cette définition implique une délimitation en trois points :

• Par rapport aux produits retenus: ce sont tous les produits biologiques en général. En fait, il s'agit autant d'une définition centrée sur les matières premières utilisée en l'occurrence l'ensemble des productions agricoles brutes biologiques, que sur les produits finaux obtenus. Ce qui fait l'homogénéité de cette filière est le fait qu'elle utilise et valorise des matières premières spécifiques issues d'un même mode de production: l'agriculture biologique.

• Par rapport à un espace géographique: le territoire retenu pour l'étude est l'ensemble de la province de Québec.

• Par rapport à une période: l'étude se fera sur la campagne de production de l'année passée (1999) pour les producteurs et sur l'année commerciale 1999 pour les transformateurs et distributeurs. Ceci permettra de dresser un portrait le plus actuel possible de la filière. Les références bibliographiques quant à elles se situent sur la dernière décennie et ont permis de mettre en évidence les lacunes en matières de données sur la filière biologique québécoise et d'orienter ainsi l'étude.

Le champ de l'étude englobe trois ensembles:

• les unités de production

10 LAURET F., -Sur les études de filières agroalimentaires. Économie et sociétés CISXEA, Série AG n°17, mai 1983, p. 732

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• les unités de transformation

• les unités de distribution pour la mise en marché

Autour de ces trois axes se greffent certains éléments:

• les structures de régulation et d'orientation de la production biologique, des échanges et de la commercialisation: ce sont les organisations professionnelles, les organismes de certification, ainsi que les pouvoirs politiques publics provinciaux et fédéraux.

• la consommation des produits biologiques.

• l'ensemble des relations verticales (de fournisseurs à clients) et horizontales (entre les unités de même activité) qui comprennent complémentarités, rivalités et concurrences (pour le partage du marché et celui du profit).

2.2 De nombreuses interrogations

La filière des produits biologiques au Québec suscite de nombreuses questions et observations surtout par manque d'informations et de données précises sur les différents maillons de la filière.

Comment ne pas passer à côté d'occasions de développer ce marché qui semble en croissance (si l'on en juge par la consommation et les importations)?

Les principales interrogations concernent :

• l'état actuel de la production et de la transformation des produits biologiques au Québec: les points forts - les points faibles - les tendances de développement.

• les attentes des producteurs, des transformateurs et des distributeurs en matière de soutien technique et financier, d'organisation de la filière.

• les attentes des distributeurs et transformateurs en matière de productions agricoles biologiques.

• les moyens de reconnaissance du bio québécois sur les marchés internationaux et les perspectives d'avenir du secteur.

Ce sont ces interrogations qui serviront de fil conducteur et auxquelles ce rapport tentera d'apporter des éléments de réponse.

Avant d'exposer le mode de réalisation de l'étude, il est nécessaire de définir des hypothèses sur lesquelles s'appuie le travail.

2.3 Les hypothèses

Elles sont de quatre ordres :

1. La première reprend la structuration du champ de l'étude et la précise. La «filière constitue une chaîne d'activités qui se complètent, liées entre elles par des opérations d'achats et de ventes. Cette chaîne est décomposable en segments depuis l'extraction des matières premières (…) jusqu'à la distribution (…)»11. Il existe donc une décomposition verticale permettant de distinguer trois niveaux d'activité:

11 MONFORT J. -À la recherche des filières de production Économie et statistique, n°151, janvier 1983, p. 3

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• la production de produits agricoles biologiques

• leur transformation

• la distribution des produits bruts et transformés. 2. Outre cette structuration verticale de la filière, il est possible de mettre en évidence des sous

systèmes. En se référant à l'analyse de J.M Danel, F.Lauret et J.C Montigaud12, il peut apparaître, dans le domaine de la transformation, différents niveaux de segmentation qualifiés alors d'horizontaux: les sous-systèmes «fermiers», «artisanaux», «semi-industriel» et «industriel». Il est donc nécessaire pour chacun de ces groupes d'en définir les caractéristiques et la logique de fonctionnement.

3. L'économie des produits biologiques est isolable du reste de l'économie provinciale et formant une véritable entité, elle présente une cohérence interne: c'est-à-dire que tous les produits biologiques sont à rattacher à une même logique (de production, d'élaboration, de distribution). Cependant, chaque catégorie de produit biologique (produits laitiers, fruits et légumes…) garde sa spécificité de fonctionnement. C'est pourquoi il est important de souligner que la filière biologique est elle-même un ensemble de filières.

4. L'étude réalisée au niveau provincial peut permettre l'analyse des relations et interaction entre les différents agents de la filière: le Québec apparaît donc comme un exemple significatif de fonctionnement. Au regard des données apportées en première partie cette hypothèse peut être facilement validée. L'existence d'une filière biologique québécoise est donc présupposée, reste à en étudier les caractéristiques et à en montrer le mode de fonctionnement.

Ces quatre hypothèses seront reprises et rediscutées en conclusion de la partie II à la lumière des résultats de l'étude.

3 LA RÉALISATION DE L'ÉTUDE

Les informations, bases d'analyse pour l'étude sont de quatre niveaux :

• Les sources bibliographiques disponibles

• Les bases de données et informations des organismes de certification

• Les entretiens avec les personnes ressources du secteur biologique

• Les enquêtes postales par envoi de questionnaires auprès des différents agents de la filière (producteurs, transformateurs, distributeurs)

3.1 Les sources bibliographiques disponibles

Si la bibliographie concernant les techniques pratiquées en agriculture biologique est disponible, il en est tout autrement sur le fonctionnement de la filière biologique en elle-même ainsi que sur le phénomène social en soi qu'est l'agriculture biologique.

Le peu d'écrits sur le sujet, de sources assez diverses (MAPAQ, gouvernement canadien, division du développement du secteur alimentaire, poste d'expansion économique d'Ottawa, régie des assurances

12 DANEL J.M., LAURET F., MONTIGAUD J.C., -Un système agroalimentaire complexe : l'économie des fruits et légumes. Économie et Sociétés, AG n°11, 1973, pp. 2177-2204.

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agricoles) commencent à dater (début des années 90) et reste très descriptif. On y retrouve souvent un bref historique du mouvement de l'agriculture biologique ainsi que les dérives de l'agriculture conventionnelle. Quelques chiffres et statistiques sont estimés mais datent au mieux de 1996.

Seuls quelques articles de presse, de revues restent intéressants et résument bien la tendance actuelle mais ils sont cependant éparpillés et restent difficilement exploitables.

3.2 Les bases de données des organismes certificateurs

Les organismes de certification ont mis à notre disposition leur fichier clients, qui ont permis de dresser la liste des personnes participant à l'étude. De plus, il a été possible avec certains organismes de récupérer les données statistiques par production pour l'année 1999. Ceci a permis d'évaluer la représentativité de l'étude en comparant les résultats obtenus avec les leurs.

3.3 Les entretiens

(Cf Annexe I3: liste des personnes rencontrées et contactées, p.5 des annexes)

Ces entretiens semi-directifs, se sont échelonnés durant toute la période d'étude. Ils ont permis de rencontrer les personnes phares du secteur biologique afin de réaliser un diagnostic de la filière. Les données recueillies ont permis de mieux cerner les problèmes de la filière et d'orienter d'une part la réalisation des questionnaires (pour les entretiens réalisés a priori de l'envoi de l'enquête) et d'autre part de dresser les propositions d'action et d'amélioration pour le développement de la filière.

3.4 Les enquêtes postales : réalisation et représentativité

3.4.1 La réalisation des enquêtes

3.4.1.1 L'enquête auprès des producteurs certifiés

Elle couvre l'ensemble des producteurs certifiés dont les coordonnées nous ont été fournies par les organismes certificateurs accrédités ou en cours d'accréditation (OCIA-Québec, Garantie-Bio, Québec-vrai&Déméter, Quality-Assurance-International, OGBA) ainsi que le centre d'information canadien «Inforganics».

Un questionnaire a été élaboré comportant des questions d'ordre quantitatif et qualitatif sur la production biologique ainsi que sur le fonctionnement de la filière biologique en général. Cinq domaines d'indicateurs ont été retenus: L'activité (les productions, les surfaces, les rendements, les quantités produites, autres activités, évolution sur les deux dernières années), la structure juridique, les indicateurs financiers (ventes, clients, distribution), la contribution à l'emploi (main d'œuvre par atelier), la conjoncture (opinions, relations, points faibles et points forts de la filière).

3.4.1.2 L'enquête auprès des transformateurs certifiés

De la même façon, les transformateurs ont été répertoriés à partir des listes des organismes certificateurs accrédités. Des transformateurs biologiques non certifiés ont pu être recensés auprès du carrefour bioalimentaire du Québec mais n'ont pas fait l'objet d'une étude. Des données quantitatives et qualitatives sur la filière ont été récoltées. En ce qui concerne la transformation fermière, cas fréquent,

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elle aura été traitée, soit dans le premier questionnaire quand celle-ci était inconnue au moment de l'enquête, soit dans le questionnaire destiné aux transformateurs si celle-ci était certifiée à part entière.

Les domaines d'indicateurs retenus pour le questionnaire sont : l'activité et indicateurs financiers (chiffre d'affaire, production type, quantité, effectifs salariés, contribution à l'emploi, évolution sur les deux dernières années), les indicateurs d'approvisionnement (achats, problèmes liés à l'approvisionnement), les indicateurs de positionnement stratégiques (part de marché au Québec, achats importés et ventes exportées, part de marché des circuits de distribution), les indicateurs de conjoncture (croissance espérée, taux d'établissement nouvellement créés dans l'année, points forts, points faibles).

3.4.1.3 L'enquête auprès des distributeurs

Les distributeurs concernés sont les détaillants (magasins de produits naturels, coop, dépanneurs…), les grossistes et les courtiers. L'ensemble des points de vente a pu être recensé à partir des organismes certificateurs et du RUAB* (Références utiles en agriculture biologique et durable). Les domaines d'indicateurs retenus pour le questionnaire sont: les produits (type, quantité, choix, origine), les relations avec les fournisseurs (durée des contrats, cahier des charges, nombre de fournisseurs par produit, fréquence des contacts), la conjoncture (perspectives, points forts, points faibles).

Pour tous ces questionnaires un test a été effectué auprès de producteurs (10), transformateurs (2) et distributeurs (2) témoins, ce qui a permis de corriger la mise en forme pour optimiser les résultats. Un courrier expliquant la démarche a été envoyée, mi-mai, à tous les participants de l'enquête. Les questionnaires ont été envoyés fin mai. Des relances téléphoniques ont été réalisées durant les mois de juin, juillet et août, des articles de presse de relances ont été publiés dans les revues, Bio-bulle, La Terre de chez nous, Bulletin d'information de OCIA-québec et les inspecteurs des différents organismes de certification ont effectué une relance orale lors de l'inspection des fermes.

3.4.2 La représentativité des résultats

3.4.2.1 Le traitement des résultats

Le traitement effectué sur le logiciel Excel 2000 a permis d'obtenir ce type de résultats :

Pour la production certifiée

• Représentativité de l'étude par région, par production

• Répartition du nombre de fermes par région et évolution, type de production et main d'œuvre, activités autres que la production, circuits de distribution

• Évolution des surfaces et répartition régionale, surfaces en conversion

• Pour chaque production: surfaces, quantité produite et évolution, valorisation du produit, répartition des fermes par quantité produite, présentation des fermes pour cette production, points faibles de cette production, améliorations souhaitées

Pour la transformation certifiée

• Représentativité de l'étude par filière(filière fruits et légumes, filières lait, filière viande, filière céréales, filière produits de l'érable, filière autres produits)

• Répartition du nombre d'entreprises par région et évolution

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• Analyse par filière indicateurs financiers

• Les importations et exportations: origines/destinations-montants par filière

• Les circuits de distribution par filière et tout produit confondu.

• Perspectives de croissance

Pour la distribution

• Les stratégies des distributeurs

• Les relations distributeurs-fournisseurs par type de distribution

• Marché des exportations et importations par type de distribution

• Perspective de croissance par type de distribution

3.4.2.2 La représentativité des résultats obtenus

L'enquête auprès des producteurs Les producteurs contactés et jugés recevables ont participé à l'étude dans une proportion de 67%. Un certain nombre de producteurs ont en effet été jugés non recevables pour des raisons diverses (cessation de l'activité, deux certifications pour un même lieu d'exploitation, remplissage d'un questionnaire pour plusieurs fermes…).

À l'aide des données des organismes certificateurs (surfaces totales certifiées), il est possible de constater que ces 67% de producteurs représentent 85% des surfaces cultivées certifiées. Les résultats de l'étude présentés dans la partie suivante (sans extrapolation) permettent donc de dresser un portrait réaliste de la production biologique québécoise. Les données quantitatives ont été enrichies par des données récoltées lors des entrevues.

Nous noterons tout de même que les résultats et pourcentages énoncés sont une sous-estimation de la réalité puisque seuls 67% des producteurs ont participé à l'enquête. En effet, il a été jugé préférable de présenter les résultas sans extrapolation, celle-ci s'avérant trop aléatoire du fait du manque de données et d'indices sur la représentativité des 33% manquants.

Tableau 1 : Taux de réponse par région de l'enquête auprès des producteurs

Source Étude CABQ Régions AT BSL CA CQ E GIM L Ma Mo MLL O Qc SLJ Province

Recevables 7 28 93 52 52 15 25 14 63 26 27 11 14 427

Reçus 4 12 70 23 43 8 20 8 52 20 14 4 7 285

% réponse 57% 43% 75% 44% 83% 53% 80% 57% 83% 77% 51% 36% 50% 67%

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En ce qui concerne la représentativité de l'étude par production:

Tableau 2 : Taux de réponse par système de production

Source Étude CABQ Atelier de

production principal Nombre de producteurs % de réponse Atelier de production

principal Nombre de producteurs % de réponse

Légumes 168 58% Arboriculture, viticulture 15 73%

Lait 43 47% Volailles et poules pondeuses 3 40%

Viande (bovins, porcs, ovins, caprins)

15 60% Érablières 75 91%

Grandes cultures 97 71% Autres productions animales et ateliers multiples

11 72%

TOTAL 427 ----

*Total reçus 285 66.7%

L'enquête auprès des transformateurs Les transformateurs contactés et jugés recevables ont participé à l'étude dans une proportion de 65%. Des transformateurs ont été jugés non recevables pour diverses raisons (activité de transformation non certifiée, producteur ne transformant que pour lui, cessation de l'activité de transformation…). Les résultats sont présentés sans extrapolation et de ce fait ne sont qu'une sous-estimation de la réalité. Certaines filières ayant participé moins que d'autres, certains chiffre d'affaires ne sont pas divulgués étant non représentatifs de l'ensemble de la filière et pouvant compromettre la confidentialité des données.

Tableau 3 : Taux de réponse par filière de l'enquête auprès des transformateurs

Source Étude CABQ Filières Recevables reçus % Filières recevables reçus %

Céréales 21 16 76% Fruits&Légumes 12 4 33%

Lait 6 2 33% Produits de l'érable 8 6 75%

viande 3 2 66% Autres 7 6 86%

Total 57 36 63%

L'enquête auprès des distributeurs Les distributeurs contactés et jugés recevables ont participé à l'étude dans une proportion de 11%. Des distributeurs ayant cessé leur activité en cours d'année ou déménagé sans laisser d'adresse ont été exclus de la liste de base de départ. Là encore, les résultats présentés en II.3 ne sont qu'une sous-estimation de la réalité.

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Tableau 4 : Taux de réponse par catégorie de l'enquête auprès des distributeurs

Source Étude CABQ Catégorie recevables reçus %

Grossistes 14 5 36

Courtiers 6 1 17

Détaillants spécialisés, magasins naturels, coop,… 146 13 8

TOTAL 166 19 11.4

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 28 -

LES RÉSULTATS DE L'ÉTUDE

(CF : Annexe II1 : Aperçu du Québec bio en images, p.9 des annexes)

1 LES PRODUCTIONS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOISES

(CF : Annexe II2: Tableau récapitulatif des résultats statistiques de l'enquête auprès des producteurs, p.13 des annexes)

(Les résultats portant la source Étude CABQ ne sont pas exhaustifs car issus d'une enquête avec un taux de réponse de 67%)

1.1 Les producteurs et leur exploitation

1.1.1 Typologie des producteurs biologiques québécois

À travers les enquêtes réalisées auprès des producteurs il est possible de dégager trois grands types de producteurs. Suivant l'année de certification, le système de production, les méthodes de mise en marché…, on distingue:

1.1.1.1 «Les militants» Ce premier type de producteurs biologiques n'a jamais connu l'utilisation des herbicides et des engrais chimiques ou une monoculture de maïs; écologiste dans l'âme et intuitivement respectueux des processus naturels. Pour eux, la certification est la suite logique de leur démarche. Ils s'en servent essentiellement sur le marché hors région car localement ils cultivent des liens de confiance avec leur clientèle. Ce premier groupe représente 33 % des producteurs participant à l'enquête. Notons que la plupart sont des producteurs maraîchers. On retrouve également un bon nombre de producteurs en biodynamie qui développent en général une agriculture basée sur l'équilibre polyculture-élevage. Ces producteurs maîtrisent très bien les techniques alternatives de production; leur problème majeur reste la mise en marché de leurs produits et surtout la rentabilité de leur production faible en volume qui les oblige bien souvent à exercer une activité à l'extérieur pour survivre. Ils jouent un rôle important dans l'approvisionnement du Québec en produits bio québécois, mais seront distancés par les «convertis» s'ils ne se regroupent pas pour distribuer leurs produits.

1.1.1.2 «Les convertis»

Ce deuxième type représente les producteurs qui ont poussé l'approche conventionnelle à ses limites, ont reconnu les problèmes de ce mode de production et ont décidé de changer les méthodes sur leur ferme. Souvent membres de clubs agro-environnementaux, pour eux la certification devient un outil de mise en marché, une récompense pour tout ce qu'ils ont appris et continuent d'apprendre. Ce deuxième groupe représente 56 % des producteurs enquêtés. Souvent, il s'agit de producteurs de céréales-oléoprotéagineux, des éleveurs laitiers ou des producteurs légumiers. Les surfaces exploitées sont supérieures à celles de la première génération, puisque la surface existait déjà sur l'exploitation conventionnelle. Ces producteurs rencontrent des problèmes techniques liés à la gestion des adventices ou à la prophylaxie du troupeau. Ils ont moins de mal à écouler en gros leurs productions car les volumes sont en général important. Ils peuvent donc accéder aux marchés étrangers. Cependant, la plus-value reste très inégale suivant les productions.

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1.1.1.3 «Les chasseurs de primes»

Ce groupe de producteurs biologiques représente ceux intéressés par la plus-value et la certification est leur clé d'accès. Ce groupe de producteurs reste encore très minime au Québec (11%des enquêtés) du fait que l'État ne subventionne pas cette production. Il s’agit essentiellement de producteurs de sirop d’érable, récoltant de façon traditionnelle, qui ont obtenu la certification sans trop de contraintes. On trouve également quelques producteurs céréaliers exportant vers l'Asie. C'est donc le marché lui-même qui pousse ces producteurs conventionnels à se convertir.

1.1.2 Portrait des exploitations certifiées biologiques

Les exploitations certifiées biologiques en 1999, par les organismes Garantie-Bio, OCIA-Québec, QAI, Québec-vrai, Déméter et OGBA sont au nombre de 427, soit 1% des exploitations agricoles québécoises.

Figure 2 : Répartition des fermes certifiées par région

Source Étude CABQ & organismes certificateurs

Répartition des fermes certifiées par région AT 1%

BSL 4%

CA 26%

CQ 8% E

15% L

7% Ma 3%

Mo 18%

MLL 7%

O 5%

Qc 1%

SLJ 2%

GIM 3%

Les répartitions par région et année de certification des fermes bio sont présentées figure 2 et 3.

La région Chaudière-Appalaches (CA) domine, surtout grâce aux nombreux producteurs de sirop d'érable. Viennent ensuite la Montérégie (Mo) et l'Estrie (E) avec les producteurs de grandes cultures.

Figure 3 : Répartition des fermes certifiées par années de certification

Source Étude CABQ et certificateurs

Figure 4 : Répartition des fermes certifiées par organisme certificateur

Source Étude CABQ et certificateurs

0%

15%

30%

45%

1999 1998 1997 1996 1995 et

avant Années de certification

% de fermes

Demeter 5%

Québec-Vrai 12%

Garantie- Bio

22%

QAI 1%

Ocia- Québec

60%

Les producteurs biologiques certifiés sont peu nombreux. Cependant, comme le présente le tableau 5, il semble exister un potentiel de producteurs biologiques comme en témoigne l'enregistrement du MAPAQ de 1999. Les résultats doivent être nuancés puisqu'on ne sait pas ce qu'entendent par biologique les producteurs non certifiés se disant «biologiques». Cela reste encourageant.

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Tableau 5 : Les producteurs biologiques certifiés et potentiels selon les régions

source MAPAQ 1999 Régions AT BSL CA CQ E GIM L Ma Mo MLL O Qc SLJ Total

Producteurs certifiées 10 30 90 53 42 16 27 15 60 29 28 11 16 427

Producteurs disant pratiquer l’agriculture biologique en totalité 66 130 187 122 149 24 64 55 192 77 151 69 13 1299

Producteurs disant pratiquer l’agriculture biologique en partie 295 865 1104 664 1523 135 378 454 1995 375 451 355 470 9063

Répartition des exploitations par système de production

Figure 5 : Répartition des exploitations par système de production

Source Étude CABQ

Comme le montre la figure 4 ci-contre, les productions légumières représentent la majorité des productions biologiques. Les productions animales restent présentes.

Grandes cultures

+légumes4%

Viande bovine1%

Légumes 38%

Lait +légumes ou autre atelier

animal2%

Viandes (bovin,volaille,

porcs,ovin) +légumes

2%

Arboriculture & vignes

4%

Polyculture élevage autres

2%

Systèmes autres

1% volailles1%

Acériculture18%

Lait bovin8%

Grandes cultures

19%

La main-d’œuvre agricole bio par type de production13 Près de 953 personnes travaillent dans l'agriculture biologique, soit 0,07% de la main d'œuvre agricole totale. Ces 953 personnes ne prennent pas en compte les travailleurs saisonniers. La répartition régionale de la main d'œuvre suit celle des exploitations elles-mêmes: Chaudière-Appalaches, Montérégie, Estrie, Centre-du-Québec. Il est intéressant de noter qu'en Gaspésie et Abitibi-Témiscamingue, là où l'activité agricole est moins développée et moins intensive que dans le reste de la province, l'agriculture biologique est bien représentée et mobilise plus de 1,5% de la main d'œuvre agricole totale.

13 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 67%.

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Tableau 6 : Type de production et main d'œuvre

Source: Étude CABQ

Système de production Nb de fermes

MO14 moyenne / ferme Système de production Nb de

fermes MO moyenne par

ferme

Légumes15 168 2,9 Arboriculture et vignes 15 1,75

Lait bovin 36 1,9 Acériculture 72 1,8

Viande bovine 5 2,6 Grandes cultures 82 1,7

Volailles 3 1,5 Polyculture, élevage, autres (bison, 3 ateliers de productions animales ou plus…) 7 2

Ovins/Caprins 2 2 Systèmes autres (chanvre, miel…) 4 1,5

Érables + autres productions végétales 3 2 Viandes (bovins, volailles, porcs, ovins)

+ légumes 8 2,25

Lait + légumes ou autre atelier animal 7 1,8 Grandes cultures +légumes 15 1,6

La main-d'œuvre pour un atelier bio reste supérieure à celle du même atelier en conventionnel, cependant il reste difficile d'analyser le ratio MO moyenne/ferme à cause de la forte disparité des tailles d'exploitations pour un même type de production, de l'apparition de l'activité agricole en tant qu'activité de complément, de la diversification des ateliers de production sur une même exploitation…

Les statuts juridiques: la forme propriétaire unique domine16

Figure 6 : Statut juridique des exploitations certifiées biologiques Source: Étude CABQ

Statut juridique des fermes biologiques québécoises

0102030405060

compagnie* société* Exploitationà

propriétaireunique

Autres

Statuts juriduques

%

répartition sur lesfermes bio

répartition sur toutesles fermes québécoises

Sur la figure 5 ci-contre, on constate que, comme pour les exploitations conventionnelles, la forme propriétaire unique est prépondérante. La présence d'exploitations encore de petite taille dans la plupart des productions peut l'expliquer. Les formes sociétaires (société*, compagnie*) se rencontrent surtout sur les exploitations céréalières et laitières.

14 MO : Main-d'œuvre. Prend en compte les temps plein et temps partiel mais ne comptabilise pas les saisonniers. 15 La catégorie légumes comprend les légumes en plein champ, le maraîchage, les plantes médicinales et aromatiques, les petits fruits et champignonneraies. 16 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d'un un taux de réponse de 67%.

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Les activités annexes : la vente directe souvent présente16

Transformation et vente directe (VD) Figure 7 : Diversité des produits fermiers transformés

Source: Étude CABQ

Vinaigres,jus 8%

Huiles essentielles,tisanes

8%

Autres 12%

Boucherie- Charcuterie

6% Farine,huiles… 12%

Produits laitiers 12%

Produits de l'érable 20%

Légumes lacto- fermentés,sauce,

confiture… 22%

18 % des producteurs transforment leurs produits. Il s’agit surtout de producteurs maraîchers, arboricul-teurs et acériculteurs. Les producteurs biologiques de façon générale, participent plus directement que les autres producteurs à la vente de leur produit à l'utilisateur final.

Toutes productions confondues, 12% des producteurs vendent sur les marchés, 38% vendent directement leur produits au consommateurs via un kiosque, des livraisons à domicile ou le réseau ASC et 38% vendent leurs produits aux magasins spécialisés. La vente en gros prédomine encore, 70% des producteurs y ont recourt. La vente directe, comme le témoigne le tableau ci-dessous, est surtout utilisée par les producteurs légumiers.

Tableau 7 : Circuits de distribution par vente directe

Source Étude CABQ

Systèmes de distribution

% VD (kiosque, ASC…)

% marchés publics

% magasins spécialisés Systèmes de distribution

% VD (kiosque, ASC…)

% marchés publics

% magasins spécialisés

Légumes17 70% 24% 72% Lait + légumes ou autre atelier animal 33% 33% 33%

Lait bovin 15% 8% 15% Viandes (bovin, volailles, porcs, ovins) + légumes 57% 14% 14%

Viande bovine 57% 29% 43% Grandes cultures 7% 2% 7%

Acériculture 6% 1% 13% Polyculture élevage autres 40% 60% 90%

Arboriculture 65% 10% 50% Grandes cultures +légumes 85% 25% 63%

Les activités agrotouristiques18

Figure 8 : Proportion des fermes certifiées à pratiquer une activité agrotouristique

Source Étude CABQ

Exploitations pratiquant une activité agrotouristique

6%

94%

Accueil à laferme/tourisme

Pas d'activitéagrotourist ique

Quelques producteurs, le plus souvent maraîchers, se sont regroupés pour former des circuits touristiques de fermes. Ils éditent des prospectus distribués dans les offices de tourisme présentant leur ferme et les produits proposés au kiosque. On retrouve également des sites internet, présentant l'exploitation ou un réseau de fermes avec leurs produits. De plus, certaines exploitations de plantes médicinales ouvrent leurs jardins au public et proposent des activités liées aux plantes.

17 La catégorie légumes comprend les légumes en plein champ, le maraîchage, les plantes médicinales et aromatiques, les petits fruits et champignonneraies. 18 Les résultats annoncés ne pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 67%.

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1.1.3 Les relations des producteurs biologiques avec les autres acteurs de la filière

1.1.3.1 Les producteurs entre eux

Les producteurs communiquent peu entre eux; ils se considèrent encore comme concurrents et ne voient pas encore l'intérêt à travailler ensemble. Les principaux contacts se font entre producteurs d'un même coin, d'un même organisme de certification. Il s'agit bien souvent d'échange d'idées, de conseils techniques ou d'aide. Les contacts sont alors amicaux et de très bonne qualité.

Les producteurs de la génération «militants», qui ont le savoir-faire n'ont aucun contact avec ceux de la génération «convertis». Ils les considèrent comme des concurrents, alors qu'en général ils ne desservent pas les mêmes marchés. Quant aux producteurs «convertis», ils pensent que le développement de la production passera par eux. Rares sont ceux à avoir compris que l'ensemble des producteurs petits et gros doivent s'entendre et s'associer pour conquérir non seulement le marché du bio québécois mais également les marchés étrangers. Actuellement, peu de producteurs se sont regroupés pour effectuer une mise en marché commune ce qui freine le développement de la filière et rend difficile l'accès aux marchés intéressants (exportations, supermarchés…).

1.1.3.2 Les producteurs et les transformateurs

Beaucoup de transformateurs certifiés sont eux-même producteurs ce qui facilite les contacts avec les autres producteurs. En général, les producteurs biologiques affirment que les transformateurs sont rares et lorsqu'ils se manifestent, leurs offres sont déraisonnables. En outre, ils craignent de produire pour un transformateur qui peut tout aussi bien changer d'avis à la dernière minute en leur laissant la récolte sur les bras. Ils se sentent soumis et n'arrivent pas à imposer leur prix. Les producteurs se plaignent des longs délais de paiement et des prix payés (qui ne reflètent pas la véritable valeur des produits). L'idéal d'après eux reste donc de transformer soi-même. Ainsi le maillon manquant dans la chaîne de l'industrie agroalimentaire certifiée biologique semble être un intermédiaire qui saura rallier l'industrie de la transformation à la production de base.

1.1.3.3 Les producteurs et les distributeurs

Beaucoup assurant eux-mêmes leur vente n'ont aucun contact avec les distributeurs. Pour les autres, généralement, les rapports sont bons, même si on retrouve les problèmes rencontrés avec les transformateurs: long délais, difficulté à imposer un bon prix. Il semble plus facile de coopérer directement avec les magasins naturels qu'avec les grossistes. Les distributeurs continuent à considérer les produits bio comme les produits conventionnels. Les producteurs souhaiteraient plus d'éthique et de considération de la part des distributeurs, comme par exemple la signature de contrats écrits et leur respect.

1.1.3.4 Les producteurs et les organismes professionnels du milieu

La Fédération d'agriculture biologique du Québec rallie peu de producteurs. Elle est en général mal perçue du fait de sa proximité avec l'UPA. Les petits producteurs ne se sentent pas représentés au sein de la fédération et donc refusent de payer une cotisation. Notons que quelques-uns se disent optimistes face à son avenir depuis qu'elle s'est organisée en comité de production.

Les relations avec les organismes certificateurs lorsqu'elles dépassent la simple visite annuelle d'inspection sont en général très bonnes. Les producteurs reconnaissent qu'ils sont une bonne source d'informations. Cependant, beaucoup ne sont pas sans regretter les querelles qui persistent entre les

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différents organismes et qui entachent le développement du milieu. Les différences de prix et de cahiers des charges sont également perçues comme regrettables pour le développement du milieu. En ce qui concerne le conseil d'accréditation, tous les producteurs ne semblent pas être au courant de ses activités.

1.2 Les productions biologiques

1.2.1 Données générales

Les surfaces en bio et conversion représentent 14 260 Ha dont 2700 Ha en conversion, soit 0,47% de la surface agricole québécoise. Sans les surfaces en érablière, on tombe à 10 348 Ha dont 1985 Ha en conversion19.

Les surfaces biologiques et en conversion Tableau 8 : Répartition des surfaces biologiques et en conversion

source Étude CABQ

Régions AT BSL CA CQ E GIM La Ma Mo MLL O Q SLJ Total Québec

Ha bio 248 294 2595 2186 1667 9 494 92 2195 357 924 88 410 11559

Ha transition 21 920 655 217 53 1 148 3 267 389 25 0 4,5 2704

Surface agr. totale milliers Ha 188 335 469 370 317 40 121 112 647 137 154 108 186 3184

Surface bio/Surface totale 0,14% 0,36% o.69% 0,64% 0,54% 0,02% 0,53% 0,08% 0,4% 0,54% 0,6% 0,08% 0,2% 0,45%

Figure 9 : Répartition régionale des surfaces bio

Source Étude CABQ

Figure 10 : Répartition régionale des surfaces en conversion

Source Étude CABQ

CA22%

CQ19%

E14%

Mo19%

MLL3%

Q1%

SLSJ4%

AT2%

BSL3%O

8%

GIM0%

Ma1%

La4%

MLL14%

Ma0%

E2%

Mo10%

O1%

BSL35%

CQ8%

AT1%

Q0%

La5%GIM

0%

CA24%

SLSJ0%

Les deux graphiques ci-dessus montrent que la région Chaudière-Appalaches est bien placée du fait des surfaces en érablière. Viennent ensuite la Montérégie et le Centre-du-Québec possédant la majorité des surfaces en grandes cultures. L'évolution des surfaces en bio et conversion entre 1998 et

19 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 67%.

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1999 a été de 14,6% pour l'ensemble de la province. Les régions où l'évolution a été la plus forte entre 1998 et 1999 sont le Bas-Saint-Laurent, Chaudière-Appalaches, Montréal-Laval-Lanaudière, les Laurentides.

Répartition par type de cultures

Tableau 9 : Répartition des surfaces par type de culture

source Étude CABQ Type de culture Fourrages Céréales Oléoprotéa-

gineux Vergers Légumes et petits fruits Érablières Autres (jachères,

engrais verts)

Ha en Bio et en transition 3420 3181 2530 52 535 3617 923

Évolution 98/99 4% 11% 32% -1% 32% 13% -76%

% de la production totale Québec

0,3% 0,4% 0,3% 0,2% 0,9% 4,9% 0,2%

Figure 11 : Répartition des surfaces (bio et conversion) par type de culture

Source Étude CABQ

fourrages

24%

vergers 0,36%

légumes et petits

fruits 4% Oléoprotéagineux

18%

céréales 22%

autres 4%

Erablière 28%

Beaucoup de prairies permanentes sont utilisées pour les productions animales, d'où le fort pourcentage en fourrages bio. Cependant, la balance de l'alimentation du troupeau et des soins reste souvent conventionnelle, d'où la faible quantité d'élevages biologiques.

1.2.2 Les productions animales biologiques restent peu présentes

1.2.2.1 Bovins lait: un contexte professionnel peu profitable au bio

Le cheptel de bovins laitiers bio et en conversion, avec près de 2600 vaches laitières représente 0,5% du cheptel total québécois. En 1999, 12 fermes produisaient du lait classé biologique et 31 fermes avaient des terres en conversion ou déjà certifiées mais dont le troupeau n'était pas encore certifié (soins et alimentation). De ce fait, leur lait est classé en conventionnel. La politique actuelle de la valorisation du lait bio est telle que les producteurs ne sont pas incités à certifier leur troupeau et préfèrent vendre leurs cultures sur le marché des céréales bio qui lui est porteur. Les producteurs laitiers ont la volonté de produire du lait bio ; cependant, ils veulent être reconnus. Cinq nouvelles exploitations ont demandé leur certification en 2000.

En février 1999, 207 000 litres de lait bio étaient livrés pour 147 000 litres transformés et les transformateurs n'en voulaient plus. En décembre 1999, on était rendu à 407 000 litres livrés dont 275 000 litres transformés et maintenant les transformateurs en demandent. Pour 1999, la production laitière bio s'élève donc à près de 4 millions de litres et celle conventionnelle dont les terres sont en

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conversion ou certifiées (mais dont le troupeau n'est pas certifié) s'élève à près de 8 millions de litres. La production laitière valorisée en bio ne représente que 0,13% de la production laitière québécoise et la production laitière bio et conversion représente 0,4%20. Les régions concernées par cette production sont en général celles où se situent les fromageries qui se sont lancées dans le bio, à savoir les fromageries L'Ancêtre et Éco-délice dans les Bois-Francs, la fromagerie La Chaudière dans les Cantons-de-l'Est, la fromagerie des Chutes au Saguenay, et Liberté dans la région de la Montérégie.

La faible augmentation des volumes de lait de 0,38%20, de 1998 à 1999, révèle le faible taux de conversion des systèmes laitiers bovins. Ceci s'explique tout simplement par la conjoncture actuelle qui entoure le dossier du lait. En effet, la production laitière est régie par des règles et conventions qui établissent non seulement le prix payé aux producteurs (prix uniforme pour tous), mais aussi la quantité de lait que chacun peut produire. Chaque producteur de lait achète donc un quota à l'entité responsable soit la Fédération des producteurs de lait du Québec. À partir de cette entente le lait n'appartient plus au producteur mais à la fédération; celle-ci dirige le lait vers les utilisateurs qui le commercialisent au litre ou le transforment en divers produits laitiers. Cela se complique lorsqu'un groupe de producteurs décide de produire un lait de qualité biologique. La qualité a son prix ; cependant, le prix du lait est fixé après négociations entre producteurs et transformateurs au sein de la fédération. Durant les années 90, plusieurs centaines de producteurs de lait québécois ont suivi des formations qui devaient les amener à faire la transition à l'agriculture biologique. Bien que très efficaces, ces formations n'ont pas permis à elles seules de faire décoller la production de lait bio. En fait, une fois les cours finis l'encadrement technique manquait pour faire en sorte que les producteurs deviennent complètement biologiques. Très peu sont allés jusqu'à la certification car, en fait, à quoi bon débourser quelques centaines de dollars s'il n'y a pas par la suite de débouché commercial pour le lait bio et donc pas de plus value financière.

Les producteurs qui se sont lancés ont, soit mis sur pied une fromagerie et donc commercialisent eux-mêmes leur lait bio via les produits transformés, soit quelques-uns ont pu profiter de la confiance de la compagnie* Liberté21 dans le marché potentiel des produits laitiers biologiques… Cependant, cela est loin de suffire. D'abord, pour le prix du lait, les négociations avec la Fédération ont permis aux producteurs de lait bio de recevoir 2$ de plus par hectolitre puis 5$ de plus depuis le 1er mars 2000. Ce montant supplémentaire payé aux producteurs par l'utilisateur (transformateurs ou laiterie) ne permet cependant pas aux producteurs de lait bio de rentabiliser leur production. Le prix du grain bio est très élevé (300$/TM)et à moins d'être autosuffisant, nourrir un troupeau en bio monte le coût de production. De plus, tant que le marché des céréales bio sera autant élevé les producteurs auront intérêt à vendre leurs cultures certifiées plutôt qu'à les consommer. Les producteurs bio demandent une plus value d'au moins 11$ pour que le lait bio se développe, comme c'est le cas dans la province voisine, l’Ontario.

Les industriels québécois refusent pour l'instant de donner plus que 5$, prétextant que le consommateur ne paiera pas plus cher et refusant de baisser leur marge. Les producteurs laitiers québécois pourraient bien partir vers l'Ontario pour écouler leur lait au sein d'une coopérative qui proposerait une plus value de 14$/hectolitre. Le lait serait ensuite transformé dans une usine située au Québec. La Fédération des producteurs de lait ne semble pas contre ce projet. Reste à savoir si les distributeurs laisseront partir le lait québécois en Ontario ou si les négociations seront revues à la hausse pour les producteurs québécois22.

20 Propos recueillis auprès de représentants de la Fédération d'agriculture biologique du Québec, Comité lait. 21 Liberté est le nom de l'unique laiterie québécoise commercialisant du lait et des yogourts bio. 22 Propos recueillis lors d'une entrevue avec Linda Labrecque, responsable du Comité lait de la Fédération des agriculteurs biologiques du Québec, juin 2000.

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À tous ces problèmes «politiques» s'ajoutent les difficultés techniques impliquées par une conversion en lait bio. Le suivi sanitaire du troupeau peut poser quelques difficultés et le peu d'encadrement technique qui existe au sein du MAPAQ n'incite pas à se convertir. De plus, la présence obligatoire de bandes tampons* de 8 mètres ne facilite pas les récoltes et oblige souvent un achat supplémentaire de grains certifiés.

Mode de valorisation du lait produit et mise en marché Tout le lait est vendu en laiterie ou en fromagerie, la vente directe n'étant pas tolérée. Le prix du lait payé aux producteurs est 56$ l'hectolitre, plus-value comprise. Depuis le 1er mars 2000, la plus value s'applique sur la totalité du lait vendu biologique même s'il n'est pas utilisé complètement comme tel, ce qui n'était pas le cas avant.

Figure 12 : Répartition des fermes par quantité de lait livré

Source Étude CABQ

42

78

64

3

10

0 5 10 15

<100000

100-150000

150-200000

200-250000

250-300000

300-350000

350-450000

>450000Qua

ntit

é de

lait

/ferm

e en

litr

es

nombre de fermes

La taille des fermes en bio ne diffère pas vraiment de la taille des fermes conven-tionnelles: 31% des fermes ont une produc-tion inférieure à 200 000 litres.

Les fermes dont les productions sont faibles possèdent en général plusieurs ateliers, mais elles ne font pas la majorité. Il s'agit souvent de personnes exerçant une activité à l'extérieur, proches de la retraite.

Total = 44 fermes

Présentation des fermes Les races de vaches rencontrées sur ces fermes sont la Holstein dans 90% des cas, viennent ensuite la Ayshire, la Canadienne, la Suisse brune.

Tableau 10 : Tableau de présentation des fermes laitières

Régions BSL CA CQ E Mo MLL O SLC Québec

Fermes laitières bio 2 5 3 1 1 12

Fermes en conversion 11 8 9 2 1 31

Surface moyenne en Ha/ferme23 148 94 116 161 123 40 295 300 134

Effectif moyen de vaches laitières par

ferme23 30 46 69 45 22 10 110 80 48

23 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 47% pour les producteurs de lait et 60% pour les producteurs de viande.

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1.2.2.2 Viande bovine : des exploitations en conversion prometteuses

La production biologique de viandes bovines au Québec est très peu développée. On compte treize exploitations certifiées ou en conversion qui pratiquent cette production en atelier principal ou secondaire. Le cheptel compte 541 vaches allaitantes23. Deux exploitations possèdent à elles seules 51% du cheptel et les cinq plus grosses exploitations comptabilisent 78% du cheptel. Les autres exploitations possèdent plusieurs petits ateliers de productions animales.23

Évolution du nombre de vaches allaitant et proportion de conversion Les trois élevages en conversion détiennent 40% du cheptel. Ceci est encourageant et laisse supposer que les conventionnels vont commencer à se convertir. Techniquement, le passage d'un troupeau en bio peut poser quelques soucis, notamment au niveau du suivi sanitaire. L'encadrement dans ce domaine est peu développé et ce sont donc les exploitants actuellement en bio qui devront informer et aider les producteurs conventionnels ou en transition rencontrant des problèmes.

Le consommateur québécois n'a pas été sensibilisé tel le consommateur européen par la crise de l'ESB*. De ce fait, la demande en viande bovine biologique reste faible et les marchés ne se développent pas au Québec. Comme les autres productions biologiques, la viande bovine n'est pas aidée. Les producteurs ne voient donc pas encore la rentabilité à se convertir.

Pour augmenter les volumes et développer notamment des marchés à l'exportation, il faudra passer l'information aux producteurs conventionnels. C'est ce que s'attache à faire M Yves Saint-Vincent, responsable du comité productions animales de la FABQ. Lui-même en transition, il tente d'organiser auprès des producteurs conventionnels des réunions d'information sur l'agriculture biologique, la certification, les techniques alternatives de production.

De la même façon que les producteurs conventionnels, les producteurs biologiques dont la taille du troupeau atteint 100 unités animales ou plus peuvent bénéficier du programme Prime-Vert* pour soumettre aux normes leur système de gestion des effluents.

Présentation des exploitations

Tableau 11 : Présentation des exploitations biologiques de viandes bovines

Régions BSL CA E Ma Mo MLL O Québec

Fermes viande bovine bio 1 2 2 3 1 9

Fermes viande bovine en conversion 1 1 2 4

Surface moyenne en Ha/ferme24 95 115 62 37 64 120 295 85

Effectif moyen de vaches

allaitant/ferme24 11 40 31 19 23 85 130 42

Les tailles des exploitations biologiques ou en transition sont du même ordre que celles des exploitations conventionnelles. Notons cependant que le ratio surface moyenne /ferme est difficile à analyser car certaines fermes possèdent plusieurs ateliers de productions animales et donc il est difficile d'évaluer la surface réelle consacrée aux bovins viandes

24 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 60% pour les producteurs de viande.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Tenant compte du très petit nombre de fermes bio, il ne faudrait pas s'attarder à ces chiffres plus ou moins significatifs.

La valorisation et la mise en marché La race la plus souvent rencontrée est le Charolais, croisé avec du Limousin. La viande bovine biologique, issue des élevages bovins et des vaches laitières réformées, se valorise un peu mieux que la viande bovine conventionnelle. Cependant, ceci est surtout dû au fait que la mise en marché se fait soit en vente directe pour les petits producteurs (réseau Équiterre25), soit par des boucheries qui, pour les plus gros producteurs, appartiennent aux producteurs eux-mêmes.

Dès l'année prochaine, un abattoir de la région de Montréal-Laval-Lanaudière a décidé de consacrer son activité aux viandes biologiques. Ceci devrait en faciliter la mise en marché.

Il n'y a pas une grosse différence de prix entre la viande bio et la viande conventionnelle:

• de 550$ à 960$ pour une vache allaitant ou laitière de réforme bio et de 400$ à 700$ pour une vache laitière de réforme conventionnelle ;

• de 200 $ à 500$ pour des veaux bio et de 158$ à 400$ pour des veaux conventionnels ;

• de 1000$ à 1600$ pour des taurillons aussi bien bio que conventionnels.

1.2.2.3 Ovins/Caprins : Productions quasi inexistantes

Lait de chèvre ou brebis Le lait de brebis bio est introuvable, quant au lait de chèvre bio on dénombre deux exploitations dont le lait de chèvre est l'activité principale, ainsi que quelques exploitations possédant quelques chèvres parmi les autres ateliers de productions animales. La valorisation se fait en général soit en vente directe (réseau Équiterre), soit après transformation auprès de détaillants, grossistes et en vente directe. L'effectif des chèvres bio en 1999 s'élevait à 30 pour une production de 33 000 Litres.

Viandes d'ovins/caprins Une seule exploitation produit de l'agneau bio en quantité notable. Quelques autres fermes possèdent parmi leurs productions animales quelques ovins. Une nouvelle exploitation a demandé sa certification en 2000. L'effectif de brebis viande présente en 1999 est de 67. La valorisation comme pour le lait se fait en majorité par vente directe (Réseau Équiterre). En 1999, 72 agneaux ont été valorisés en bio.

Le marché est très peu développé et rend la valorisation difficile. D'après la fédération des producteurs d'agneaux et moutons du Québec, il existe un bon nombre de producteurs proches d'être en bio, mais ne se faisant pas certifier par manque de rentabilité. Ils attendent une plus-value intéressante pour passer le cap de la certification. Ces producteurs bio non certifiés maîtrisent de plus parfaitement les techniques de production. Notamment, un programme de recherche effectué sur les croisements de races porteuses du gène Borula a permis de mettre au point une race nommée «Boolys» qui permet, sans traitement hormonal ni traitement photopériodique, d'obtenir des agneaux toute l'année. Cette race s'avère donc intéressante pour des élevages biologiques où l'usage d'hormone est prohibé.

25 Le réseau Équiterre s'occupe du projet Agriculture soutenue par la communauté (ASC), qui sera détaillé dans la partie II.3.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Notons l'initiative intéressante (projet Épillet) réalisée dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean de production d'agneaux en biologique (non certifiés). Ce projet regroupe trois entreprises: une entreprise s'occupant de l'élevage de 350 brebis, une entreprise s'occupant de la production de fourrages pour l'élevage et une entreprise s'occupant de rechercher des financements et de la mise en marché.

1.2.2.4 Volailles de chair : aucune grosse unité de production

Les unités de productions au nombre de sept, dont une en conversion, sont de petites tailles. En 1999, 420 places sont dénombrées, ce qui représente une vente de 8200 volailles. La valorisation se fait par vente directe (réseau Équiterre, marché public,...).26

La région la plus avancée est la Montérégie.

1.2.2.5 Poules pondeuses : les conventionnels semblent se lancer26

Les unités de productions au nombre de neuf, dont trois en conversion, possèdent au total 2187 places et produisent 694 900 œufs. Il est important de noter qu'une exploitation produit à elle seule 92% des œufs avec 2000 poules. Deux nouvelles exploitations ont fait la démarche de certification en 2000 pour commercialiser ensemble une ligne d'œufs. Pour les petits producteurs d'œufs biologiques, il est difficile de survivre, car la production avicole subit le même type de réglementation que la production laitière. Pour cette raison, les producteurs vendent leurs œufs à la ferme. Ils obtiennent ainsi un meilleur prix. Il s'agit bien souvent d'un complément à une production maraîchère.

Avant novembre 1999, il était quasiment impossible de trouver des œufs certifiés biologiques dans les magasins. Avec l'arrivé d'une exploitation conventionnelle qui a converti une partie de sa production, il est possible de trouver maintenant sur les tablettes des supermarchés et magasins naturels des œufs biologiques. Pour ce producteur qui détient la quasi-totalité du marché des œufs bio au Québec, les arrangements avec les distributeurs ont pu être en sa faveur. Le cahier des charges pour les poules pondeuses comme pour l'ensemble des ateliers animaux n'obligeant aucune liaison au sol (élevage sans-sol), il semble probable que d'autres conventionnels ne tarderont pas à se convertir.

1.2.2.6 Production porcine : un projet qui devrait décoller

La production de porcs bio est quasi inexistante au Québec. On dénombre deux élevages certifiés de porcs, vendant au total par année 20 porcs charcutiers. La valorisation se fait par vente directe.

Un projet de porcherie est actuellement en cours de montage en Abitibi-Témiscamingue. Des producteurs pratiquant l'élevage de porcs selon le mode biologique ont monté, avec l'aide d'un consultant, la Coopérative de production biologique d'Abitibi et veulent saisir l'occasion de développer une production porcine dans cette région propice (bons sols agricoles inutilisés, savoir-faire artisanal, déprise agricole...). Un projet d'essai (ou plutôt de démonstration) de la production commerciale du porc biologique s'inscrit comme l'étape à réaliser entre la production artisanale développée depuis cinq ans et la production commerciale inexistante actuellement. Deux unités de production de 125 truies chacune seront construites pour réaliser ce projet. Afin d'atteindre les objectifs du projet de développement rural global, l'essai devrait se tenir entre septembre 2000 et mars 2002 et la phase de production commerciale, si les essais sont concluants, pourrait débuter dès août 2001. Ce projet devrait montrer l'exemple et inciter les producteurs du conventionnel à se convertir. D'autant plus que, comme les volailles, le lien au sol n'est pas une obligation.

26 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 40% pour les producteurs avicoles.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Le marché pourrait se développer rapidement du fait de l'actuel débat sur les porcheries conventionnelles aux tailles gigantesques polluant l'air et les paysages. Les citoyens semblent très sensibilisés et commencent à refuser l'installation de porcheries sur lisier dans leurs campagnes. L'installation de porcheries bio sur litière pourrait être une bonne alternative.

1.2.2.7 Autres productions animales

On compte un élevage de bisons, ainsi qu'un élevage de sangliers

En ce qui concerne l'apiculture, quatre exploitations sont certifiées biologiques et produisent 100 000 livres de miel ainsi que d'autres produits dérivés, tels que l'hydromel.

Les productions animales certifiées biologiques restent peu développées du fait de la difficulté de la mise en marché, de la rentabilité et des problèmes liés au contexte politique (pour les productions contingentées). Cependant, il existe un véritable potentiel, car de nombreuses exploitations ont déjà fait le pas de la certification des terres en culture.

1.2.3 Les productions végétales: diversité, qualité,… Les volumes devraient suivre

1.2.3.1 Les légumes et petits fruits : les précurseurs du bio québécois

En 1999, on compte près de 168 exploitations exerçant une activité légumière ou de maraîchage en atelier principal, soit 39% des fermes biologiques certifiées. Avec les fermes exerçant d'autres ateliers en parallèle, on compte près de 200 exploitations. Les productions horticoles furent les premières à s'implanter en bio. En 2000, une quinzaine de nouveaux producteurs horticoles et maraîchers a engagé une démarche de certification. Les surfaces en légumes ou maraîchage bio et conversion représentent 537 Ha27 soit 0,9% des surfaces légumières du Québec.

Tableau 12 : Répartition régionale des surfaces légumières

source Étude CABQ27

Régions AT

BSL CA CQ E GIM La Ma Mo MLL O Q SLJ Province

Évolution 98/99

Ha Bio 3 11 27 58 91 8 25 33 79 81 30 9 9 464

Ha conversion 0 1 15 2 6 1 0 3 15 1 25 0 4 73

31%

Certaines difficultés techniques de contrôle des adventices et de travail du sol demeurent, mais les informations commencent à circuler entre les producteurs. Une des difficultés majeures reste l'approvisionnement en semences non transgéniques. Réal Samson, producteur et responsable actif du comité horticole à la FABQ, projette avec l'aide d'autres producteurs de monter un projet de production de semences biologiques, ce qui permettrait de lever tous les doutes en ce qui concerne l'origine des semences et d'éviter des coûts supplémentaires en test de dépistage.

Il s'attache de plus à informer les producteurs conventionnels qui se posent des questions quant à la rentabilité des productions bio et reste à l'écoute de l'ensemble des problèmes des producteurs horticoles biologiques. Il se bat notamment pour faire reconnaître leur droit au même titre que les producteurs conventionnels en ce qui concerne les montants des assurances (récolte et stabilisation), qui pour l'instant restent basées sur des références de l'agriculture conventionnelle (rendements, surfaces,…)

27 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 58% pour les maraîchers et légumiers

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Localisation La région en tête est l'Estrie, suivie de la Montérégie.

Figure 13 : Localisation des surfaces légumières

Source Étude CABQ28

0153045607590

105120135150165180

AT

BSL

CA CQ

E

GIM La Ma

Mo

MLL O Q

SLSJ

Régions

surf

aces

en

Ha

Conversion Bio

Les types de légumes : les pommes de terre en tête suivie d'une grande diversité28 Les principaux légumes cultivés en plein champ par ordre d'importance sont les pommes de terre (40 Ha), les carottes (27 Ha), les haricots (21 Ha), les tomates (20 Ha), l'ail (16 Ha), les oignons (18 Ha), les courges (13 Ha), les laitues (10 Ha), les brocolis (7 Ha), les choux (5 Ha)... À ces surfaces, s'ajoutent les surfaces en maraîchage29. On retrouve les mêmes catégories de légumes cultivés sur de petites surfaces ou en serre: cucurbitacées, aromates, poivrons, épinards, betteraves, topinambours, endives, tomates, poireaux, ginseng… Ces surfaces en maraîchage atteignent près de 300 Ha dont 30 Ha en conversion.

On retrouve des serres sur une quarantaine d'exploitation, soit près de 35 000 m228.

Notons également la présence de quatre champignonnières.

Les petits fruits (fraises, framboises, bleuets, canneberges). Tableau 13 : Surfaces cultivées en petits fruits

Source Étude CABQ28 Culture Surfaces Quantités vendues(Lb)

Bleuets* 13 Ha 16 000

Canneberges* 14 Ha 2 031 250

Fraises 11 Ha 120 000

Framboises 3 Ha 16 725

La mise en marché des productions horticoles. Sur l'ensemble des exploitations horticoles, 40 fermes font partie du réseau Équiterre dans le cadre du projet Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC). Ils livrent donc leurs produits par vente directe «organisée».(CF partie II.2). Ces même fermes possèdent en général un kiosque à la ferme. 28Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 58% pour les maraîchers et légumiers. 29 La distinction entre maraîchage et légumes en plein champ se fait au niveau de la surface cultivée : tout légume cultivé sur moins de 0,2Ha a été considéré en maraîchage.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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On trouve également des producteurs rassemblés en coopérative qui écoulent leurs productions dans les supermarchés de leur région et sur le marché américain (Côte Est, notamment pour les courges) C'est le cas de l'association Symbiosis qui regroupent huit producteurs. Cependant, ce type d'initiative reste très peu développé. Aucun contrat n'a encore été passé avec une grande chaîne de supermarchés; ainsi la plupart des producteurs vendent leurs productions à des grossistes ou détaillants.

Les prix des légumes bio en vente dans les magasins spécialisés restent en moyenne supérieurs aux prix des conventionnels (50% à100%), mais grâce au réseau ASC et par vente directe, il est possible de s'en procurer à des prix abordables, proches de ceux du conventionnel.

1.2.3.2 Les céréales : le marché porteur attire

Données générales

Tableau 14 : Répartition régionale des surfaces céréalières en bio ou conversion

Source Étude CABQ30

Régions AT BSL CA CQ E La Ma Mo MLL O Q SLJ province Évolution 98/99

Ha bio 245 45 94 615 478 17 11 619 49 153 10 113 2449

Ha conversion 20 247 81 143 10 82 0 76 73 0 0 0 732

11%

Quatre-vingt-deux exploitations cultivent des céréales en atelier principal. Avec les fermes laitières et les autres exploitations exerçant une activité céréalière secondaire on arrive à 150 exploitations, ce qui représente 1% des exploitations céréalières québécoises. Les 71% des producteurs céréaliers qui ont participé à l'enquête se partagent 3181 Ha de céréales certifiées ou en conversion, soit 0,54% des surfaces céréalières québécoises.

Les surfaces en conversion sont importantes et les fermes conventionnelles sont de plus en plus nombreuses à se convertir. D'après Serge Nault, le responsable du comité Grandes cultures de la FABQ, 250 exploitations seraient certifiables. L'existence de l'Association Culture Sans Herbicides qui en 1999, comptait 46 producteurs, permet aux producteurs conventionnels qui souhaiteraient se convertir de valoriser leurs productions pendant les 36 mois de conversion avec une prime de 25%. En 2000, une quinzaine de nouveaux producteurs en grandes cultures a fait la démarche de certification.

L'un des principaux problèmes pour ces producteurs est l'approvisionnement en semences non transgéniques. La norme n'obligeant pas encore les semences bio, les producteurs s'approvisionnent sur le marché du conventionnel. La plupart d'entre eux utilisent des semences sans traitement, mais bien souvent il leur est nécessaire de réaliser un test à leur charge pour vérifier l'absence d'OGM. L'idéal serait de monter une coopérative de production de semences biologiques, ce qui permettrait d'éliminer tous les doutes quant à leur origine de même que les coûts des tests. Un comité ad-hoc a été formé par le chapitre OCIA-Montérégie pour coordonner ces efforts, en collaboration avec la commission canadienne des grains.

Le second problème qui est souvent cité est la présence des bandes tampons* sur les terres de l'exploitation biologique. Beaucoup aimeraient renégocier cette norme et au moins partager avec les producteurs conventionnels le manque à gagner.

30 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 71% pour les céréaliculteurs.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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L'objectif premier du responsable du comité Grandes cultures de la FABQ reste d'inciter les conventionnels à se convertir. Il organise durant la période hivernale des réunions portant sur la certification, le suivi technique des céréales en bio et la mise en marché.

Description par type de culture 31

Tableau 15 : Répartition par type des cultures céréalières

Source Étude CABQ

Type blé céréales autres maïs grain mélange céréalier orge sarrasin

Ha Bio 342 358 500 777 100 372

Ha Conversion 102 10 209 205 125 71

Figure 14 : Répartition des surfaces céréalières par type de culture

Source Étude CABQ

0

200

400

600

800

blé céréalesautres

maïsgrain

mélangecéréalier

orge sarrasin

surf

ace

en H

a

Bio Conversion

Les «céréales autres» comprennent les cultures de seigle (85 Ha), épeautre (40 Ha), avoine et avoine nue (245 Ha). En ce qui concerne le blé, la majorité est en blé de printemps. Seules quelques exploitations cultivent du blé d'automne. En 1999, ces surfaces représentaient près de 12 000 tonnes de grains produits.

Les mélanges céréaliers contiennent en général de l'avoine, du blé et du pois en proportion égale. On trouve également parfois du seigle, de l'orge et du sarrasin. Les rendements des céréales biologiques restent inférieurs à ceux des cultures produites en conventionnel. Le blé, l'avoine et l'orge biologique affichent des rendements se chiffrant à 75% de ceux des mêmes cultures en conventionnel. Les rendements inférieurs sont généralement compensés par des prix plus élevés, quoique ce gain soit réduit par les frais supplémentaires associés à la traçabilité au cours de la mise en marché.

Mise en marché Les agriculteurs peuvent trouver la commercialisation de leur produit difficile en raison de l'accès restreint aux acheteurs. Les cultures céréalières sont destinées à l'exportation pour la plupart. En effet, les productions animales biologiques comme on l'a vu précédemment étant très peu développées le marché de l'alimentation animale au Québec est très restreint. On peut espérer pour les années à venir que ce marché intérieur se développera avec l'apparition d'élevages porcins et avicoles bio.

Les producteurs traite directement avec les transformateurs, mais passent le plus souvent par des courtiers et grossistes. Les pays demandeurs pour les grains biologiques québécois sont en majorité des pays européens et le Japon. Cependant, quelques producteurs ne trouvent pas de marché bio et se voient obligés de laisser partir leurs productions au prix du conventionnel. Les productions qui trouvent le plus facilement preneur reste les céréales spécialisées: épeautre, avoine nue. Le sarrasin

31 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 71% pour les céréaliculteurs.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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bio est en quantité abondante sur le marché mondial. Cependant, la demande reste importante, comme celle de l'orge, du blé et du maïs.

Tableau 16 : Comparaison des prix des bio et conventionnels pour l'année 2000

Source Étude CABQ Prix $/Tm* 1999 Maïs grain Grains mélangés Orge Avoine Avoine nue Épeautre Blé

Bio 220-265 175-300 175-225 175-225 250-400 500-700 300-400

Conventionnel 140-150 100-150 130-140 120-150 190-200 300-400 150-170

Le prix du maïs bio devrait augmenter en 2000 à cause des inondations qui ont touché certains états américains. Les prix des autres céréales devraient légèrement diminuer.

1.2.3.3 Les surfaces fourragères

Les fourrages proviennent en grande partie des exploitations bovines, lait ou viande, et sont en général autoconsommés. La surface fourragère bio ou en conversion avec 3450 Ha représente 0,37% des surfaces fourragères québécoises.32

Tableau 17 : Répartition régionale des surfaces fourragères

Source Étude CABQ32

Régions AT BSL CA CQ E La Ma Mo MLL O Q SLSJ Québec Évolution 98/99

Fourrages bio Ha 0 76 217 423 389 80 40 544 87 160 20 245 2311

Conversion Ha 108 587 210 0 0 0 0 0 233 0 0 0 1138

4%

Type de cultures fourragères32

Figure 15 : Répartition des surfaces fourragères par type de culture

Source Étude CABQ

prairies permanentes

42% prairies temporaires

47%

cultures fourragères

autres 11%

Les cultures fourragères autres que les prairies sont peu diversifiées et peu répandues. Des études sur la betterave fourragère sont en cours. Le maïs ensilage, pour des raisons climatiques, ne peut se cultiver que dans la partie sud du Québec, ce qui explique le peu de surfaces.

Tableau 18 : Répartition des fourrages autres

Source Étude CABQ Fourrages hors prairie Maïs ensilage Mélange céréalier Fourrages autres (foin, luzerne,…)

Ha bio 111,3 15,5 201,5

Ha conversion 10 0 96

32 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 67%.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Figure 16 : Répartition régionale des surfaces fourragères

Source Étude CABQ

0 100 200 300 400 500 600 700

AT B S L

CA CQ E G I M

La Ma Mo M L L

O Q S LSJ

fourrages autres prairie

Les fourrages sont autoconsommés et les surplus de foin sont vendus le plus souvent sur le marché au prix du conventionnel (100-135 $ la tonne)

1.2.3.4 Les oléoprotéagineux: le prix de vente de la tonne de soya en fait rêver plus d'un!

En 1999, 70 exploitations ont récolté des oléoprotéagineux. Les 65 producteurs qui ont participé à l'enquête ont récolté sur 2530 Ha, près de 6200 tonnes d'oléagineux biologiques ou en conversion, dont 4400 tonnes de soya. Cette surface en oléagineux bio ou conversion représente 1,7% de la surface totale québécoise en oléoprotéagineux. Comme pour les céréales, l'approvisionnement en semences non transgéniques pose quelques petits problèmes, ce qui nécessite des tests de contrôle.

Au cours des deux dernières années, les surfaces ont augmenté de 32%. Comme pour les cultures céréalières, les producteurs d'oléoprotéagineux peuvent bénéficier de l'Association Culture Sans Herbicides pour valoriser leurs productions lors des deux années de conversion. En 1999, 32 producteurs de soya étaient membres de l'association et ont produit 1575 tonnes de soya.

Tableau 19 : Répartition régionale des surfaces bio en oléoprotéagineux

Source Étude CABQ Régions CA CQ E La Mo MLL O SLJ Québec

Ha bio 73 808 378 109 646 139 14 30 2197

Conversion 18 0 15 66 168 66 0 333

Les cultures principalement rencontrées sont le soya suivi du canola* et du tournesol. Rares sont les exploitations à cultiver le pois en culture pure.

Tableau 20 : Répartition par culture des surfaces en oléoprotéagineux

Source Étude CABQ Variétés Surface bio (Ha) Surface en conversion (Ha) Quantité produite Tm

Soya 2001 237 4874

Canola 138 0 79

Tournesol 33 0 1147

Mise en marché La mise en marché se fait essentiellement via des courtiers sur les marchés d'exportation. Il y a une forte demande non comblée des pays tels que le Japon ou les pays européens. Les prix peuvent s'avérer très intéressants notamment pour le soya qui se vendait 900$/Tm en 1999, contre 400 à 500$ pour un soya conventionnel. Cependant, le prix du soya devrait chuter un peu en 2000 à cause de la

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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chute des devises orientales, de la bonne production nord-américaine et de l'arrivée des Chinois et Sud-Américains sur le marché.

1.2.3.5 Arboriculture et acériculture

Arboriculture et viticulture : un créneau très timide Treize exploitations possèdent un verger biologique ou en conversion et deux exploitations cultivent des vignes.

Les vergers cultivés en pommes et poires occupent près de 60 Ha, majoritairement en pommiers (40 Ha). On trouve également quelques poiriers et des vergers mélangés pommes-poires.33 Ils sont situés pour les plus importants en Montérégie, Québec et dans la région de Montréal. Près de 200 tonnes33 de fruits sont vendus, le reste étant transformé en jus ou vinaigre de cidre. La mise en marché se fait par vente directe (kiosque à la ferme) et auprès des détaillants et grossistes.

Le développement des vergers biologiques est assez difficile du fait de la forte concurrence de la pomme en production conventionnelle. De plus, les producteurs disposent de très peu de soutien technique, notamment dans la lutte biologique. Les produits autorisés comme la roténone ou le pyrèthre ne sont pas toujours disponibles en quantité suffisante sur le marché québécois, ce qui rend la production encore plus difficile. Cependant, cette année encore un petit nombre de producteurs ont demandé leur certification.

En ce qui concerne la viticulture, le développement reste faible (3 Ha), notamment en raison des difficultés de mise en marché. La Société des Alcools du Québec dispose d’un monopole sur l’alcool vendu dans la province et taxe tout magasin qui en commercialise d’un montant pratiquement égal à celui du produit lui-même.

Acériculture: une production bien représentée La production de sirop biologique certifié se retrouve chez 72 producteurs, soit près de 17% des producteurs biologiques certifiés. En 1999 le MAPAQ annonçait 323 acériculteurs biologiques.

Le passage de la production conventionnelle de sirop à la production biologique peut se faire assez facilement d'où l'engouement, ces 10 dernières années, des acériculteurs souhaitant profiter de la plus value de 0,15$/lb. Cependant, aujourd'hui le nombre d'acériculteurs certifiés est tel que la demande est surpassée. De ce fait, la plus-value n'est plus aussi intéressante: toujours autour de 0,15$/lb mais payée sur seulement 10% de la production.

La différence majeure entre la production de sirop biologique et celle de sirop conventionnel se situe au niveau du diamètre d'entaillage (D.H.P.) des érables, les matériaux des équipements de production et l'interdiction d'utiliser la pilule paraformaldéhyde ou tout autre produit chimique pour empêcher la cicatrisation des entailles.

En 1999, les 66 acériculteurs qui ont participé à l'enquête se partageaient 723 300 entailles certifiées biologiques sur 3910 Ha, soit 13% de plus qu'en 1998. Les deux premières régions arrivant en tête sont Chaudière-Appalaches avec 59% du nombre d'entailles suivi du Centre-du-Québec.

33 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 73% chez les arboriculteurs.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 48 -

Tableau 21 : Répartition géographique du nombre d'entailles en 1999

Source étude CABQ. Nombre d’entailles BSL CA CQ E La Mo MLL O SLSJ Québec

bio 20 000 424 100 53 700 32 000 31 000 13 500 3700 58 000 2300 638 300

conversion 29 800 37 000 5000 13 200 0 0 0 0 85 000

La production totale représentant à peu près 165 000 gallons (750 000 litres) dont 143 000 (650 000 litres) valorisés en bio34. Cette production est en général vendue en gros à des coopératives mixtes (bio et non bio). Dans la région de Bellechasse (Chaudière-Appalaches), CARA, une coopérative de producteurs de sirop biologique possédant sa propre ligne d’embouteillage, s’est créée. Ceci permet aux producteurs de toucher une plus value intéressante sur l’ensemble de la production.

Cependant, les producteurs en conversion sont de moins en moins nombreux d'année en année, et certains producteurs ne redemandent pas la certification cette année, car le coût de la certification n'est plus rentabilisé par la plus-value offerte.

1.2.3.6 Les plantes aromatiques et médicinales: une production bien développée, mais peu reconnue On dénombre 26 exploitations dans la production de plantes médicinales et aromatiques. Quelques-unes assurent elles-mêmes la transformation en huiles essentielles, teintures, tisanes,… Les surfaces cultivées atteignent 44 Ha, dont 11 Ha en transition en 1999. Deux nouvelles exploitations ont entamé une démarche de certification en 200035.

Les difficultés majeures de ces productions restent la production à grande échelle et la mécanisation. Au Québec le secteur des plantes médicinales a évolué selon deux tendances principales: soit l’approche à petite échelle, dite artisanale, généralement favorable à la certification biologique, soit l’approche à grande échelle, dite industrielle, jusqu’à présent relativement indifférente à la certification biologique. L’approche artisanale de ces fermes biologiques est basée sur des très petites surfaces. Les exploitations offrent parfois les services de consultation sur l’utilisation de leurs produits. Ces entreprises récoltent et cueillent au Québec environ 175 espèces différentes. Les tenants de l’approche artisanale souhaitent développer leurs marchés sur les valeurs préventives et curatives de la plante entière. Au Québec, l’herboristerie traditionnelle est représentée par la Guilde des herboristes. La guilde s’est engagée à promouvoir la certification biologique comme un des moyens d’augmenter la qualité des produits.

Par ailleurs certaines entreprises d’herboristerie québécoise signalent un besoin croissant d’approvisionnement en plantes certifiées biologiques. Au Québec, les principaux débouchés pour les plantes médicinales, outre les produits de santé, sont les marchés des produits cosmétiques, aromatiques et neutraceutique ainsi que ceux des produits de la fine cuisine.

Pour l’ensemble de ces exploitations, la mise en marché se fait essentiellement par les magasins naturels, soit sous forme de plantes en vrac, soit sous forme de produits déjà transformés. Dans la région de l’Outaouais, la coopérative de Papineauville, basée sur le Centre de formation agricole de Papineauville, regroupe des producteurs de plantes médicinales. Elle facilite la mise en marché et permet de diffuser des conseils techniques sur cette production en partenariat avec le CREDETAO (Centre de recherche et de développement technique agricole de l'Outaouais).

34 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 91% chez les acériculteurs. 35 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65% chez les producteurs de plantes médicinales.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 49 -

La plupart des exploitations ont également développé une activité touristique en faisant visiter leurs jardins durant la période estivale et en proposant des ateliers thématiques sur la culture, l’usage des plantes et leur transformation.

1.2.3.7 Autres productions végétales

Quelques exploitations cultivent des plantes à usage industriel, telles que le chanvre. Les surfaces cultivées atteignent 38 Ha. On retrouve également deux exploitations en horticulture ornementale qui cultivent sur 2 Ha.

En conclusion de cette partie, il est possible de résumer les principaux blocages de la production biologique au Québec par un manque de moyens humains, financiers et surtout par un manque d'organisation. Plus précisément retenons que :

• Les producteurs sont peu nombreux. De ce fait, leur influence auprès du MAPAQ est faible.

• En ce qui concerne les productions animales, tout est à organiser. Même si les volumes sont faibles, les divers marchés existants sont preneurs de ces petits volumes.

• En ce qui concerne les productions végétales, la difficulté à trouver des semences sans OGM et les contaminations par les cultures conventionnelles d’OGM sont des problèmes que le milieu doit résoudre s'il veut continuer à se développer.

• Très peu de programmes de recherche au champ sont entrepris et, de ce fait, peu de références techniques récentes sont disponibles. L'encadrement technique fait défaut.

• La mise en marché des produits bio québécois à l'étranger, notamment en Europe, pose problème faute de non-reconnaissance de la certification québécoise.

• Le secteur est peu organisé. Il existe chez les producteurs biologiques une grande incapacité à coordonner un effort commun, soit parce que chacun se considère atypique, soit parce qu'il y a un manque total de ressources disponibles.

• L’absence d’un organisme fédérateur représentatif de tous (petits et gros) pose problème.

2 LES PRODUITS TRANSFORMÉS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOIS

(Cf annexe II3 : tableau récapitulatif des résultats statistiques de l'enquête auprès des transformateurs, p. 15 des annexes)

2.1 Les transformateurs et leurs entreprises de transformation

Cinquante-sept unités de transformation certifiées biologiques ont été recensées pour l'étude. Notons que 34 entreprises disent exercer une activité de transformation biologique (parfois à 100%), mais ne sont pas certifiées par un organisme accrédité.

2.1.1 Typologie des transformateurs certifiés

Comme supposé dans les hypothèses de la partie I2-3, il a été possible de classer les transformateurs biologiques québécois en quatre catégories, en fonction de l'origine du produit transformé, de la quantité transformée et de la méthode utilisée.

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Avril-septembre 2000 50 -

Figure 17 : Les «producteurs-transformateurs» suivant les régions

Source Étude CABQ

Répartition régionale des transformateurs-producteurs biologiques

0%20%40%60%80%

100%

BSL

CA CQ

E

GIM L

Ma

Mo

MLL O Q

c

SLC

Prov

ince

régions

%

%transformateurs -producteurs % transformateurs non producteurs

Toutes filières confondues, 66% des transformateurs sont également producteurs.

Les transformateurs fermiers Cette catégorie regroupe 32 % des transformateurs québécois. L'atelier de transformation est situé sur la ferme et n'utilise que les productions de la ferme. Les méthodes de travail sont artisanales et très peu mécanisées. La transformation permet avant tout un gain en valeur ajouté sur le produit. Il s'agit essentiellement de producteurs maraîchers et fruitiers (83% des transformateurs de fruits et légumes), ainsi que de producteurs de plantes médicinales.

Les transformateurs artisanaux Ils représentent 27% des transformateurs biologiques québécois. L'atelier de transformation est situé sur la ferme ou en dehors de la ferme et utilise des productions de quelques fermes. Les méthodes de travail sont artisanales et peu mécanisées. Comme pour la transformation fermière, les produits transformés apportent un gain en valeur ajoutée. Généralement, il s’agit de quelques producteurs qui se sont regroupés pour monter l’unité de transformation, dans le but de valoriser leurs productions (lait, légumes).

Les transformateurs semi-industriels Ils représentent 30% des transformateurs biologiques québécois. L'atelier de transformation est important et utilise des méthodes industrielles, mais où l'on remarque une intervention humaine notable. Les productions proviennent d'un bon nombre de fermes ou de grossistes. Il s'agit surtout de transformateurs céréaliers et de produits de l'érable.

Les transformateurs industriels Cette catégorie moins représentée représente 11% des transformateurs québécois. L'atelier de transformation est important et utilise des méthodes industrielles très mécanisées et automatisées. Les productions proviennent de fermes de tout le Québec et de grossistes. Cette catégorie regroupe essentiellement des transformateurs mixtes souvent céréaliers.

2.1.2 Présentation des unités de transformation: de petites exploitations peu industrialisées.

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Avril-septembre 2000 51 -

Localisation des unités de transformation: les périphéries urbaines dominent

Figure 18 : Localisation des entreprises de transformation de produits biologiques

Source Étude CABQ

BSL5% CA

13%

CQ12%

E12%

GIM3%

L7%

Ma5%

Mo18%

MLL12%

O3%

Qc3%

SLC7%

Pour les transformateurs fermiers et artisanaux la localisation des unités de transformation suit celle des bassins de production. Pour les unités de transformation semi-industrielles et industrielles cette liaison s'estompe puisqu'on retrouve ces unités en périphérie des grandes agglomérations urbaines.

Statut juridique des unités de transformation: les formes corporatives dominent

Figure 19 : Statut juridique des entreprises

Source Étude CABQ

Propriétaire unique28%

Compagnie*54%

Société*18%

Les transformateurs fermiers sont souvent en propriété unique alors que les autres unités présentent des formes sociétaires ou corporatives (société*, compagnie*)

La main d’œuvre: les petites entreprises sont encore majoritaires

Figure 20 : Taille en effectifs des entreprises de transformation

Source Étude CABQ36

Répartition des entreprises par classe d'effectif

0% 10% 20% 30% 40% 50%

De 1 à moins de 3

De 3 à moins de 5

De 5 à moins de 10

De 10 à moins de 20

>20

Nb

de s

alar

iés

bio

Nb d'entreprises

Ce sont les unités de transformation semi-industriel-les et industrielles qui em-ploient le plus de monde. Les entreprises mixtes font en général travailler les mêmes salariés en bio qu'en conven-tionnel. La majorité des entre-prises ne possèdent qu'un seul site de transformation.

36 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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Avril-septembre 2000 52 -

Les conventionnels ont-ils peur du bio ? Les transformateurs alimentaires soutiennent que la plupart des produits certifiés biologiques québécois sont trop dispendieux pour envisager d'en faire la transformation. Selon eux, la régularité des approvisionnements n'est pas assez fiable, la qualité est souvent problématique, non uniforme et non adaptée aux besoins de l'industrie de la transformation. De plus, il y a méconnaissance des critères d'admissibilité de la certification biologique, de la réglementation, de l'appellation, des marques de commerce existantes ainsi que du réseau de distribution et du marché potentiel.37

Figure 21 : Proportion des entreprises de transformation mixtes

Source Étude CABQ38

Mixtes23%

Spécifi-ques Bio

77%

Rappelons que le critère de classification distinguant une entreprise spécifique bio est le % de chiffre d'affaires bio (100% bio pour les spécifiques ; <100% pour les mixtes). Les entreprises mixtes sont essentiellement les trans-formateurs semi-industriels et industriels. Leur proportion devrait augmenter au cours des années à venir. Pour l'instant, il s'agit surtout des entreprises de la filière céréales. Remarquons que ces transformateurs débutant dans le bio sont restés très réticents à diffuser leurs informations pour cette étude, par peur de perdre des marchés.

Des certifications récentes mais toujours de plus en plus nombreuses On peut distinguer deux vagues de certification: les années 91-94 qui correspondent au démarrage des laiteries, meuneries artisanales, puis les années 97-99 qui correspondent surtout aux certifications des entreprises céréalières industrielles et semi-industrielles. Cependant, 34 entreprises exerçant une activité bio, parfois à 100%, ne sont pas encore certifiées. L’appellation biologique n'étant réservée que depuis le 1er février 2000, on peut penser qu’elles demanderont leur certification en 2001. C’est notamment le cas de boulangeries artisanales, qui utilisent de la farine biologique.

On retrouve les mêmes organismes certificateurs qu’en production. Notons que QAI certifient au Québec majoritairement des transformateurs.

Figure 22 : Répartition des entreprises par année de certification

Source: Organismes certificateurs

Figure 23 : Répartition des entreprises par organisme certificateur

Source: certificateurs

Proportion des entreprises certifiées par année de certification

0% 10% 20% 30% 40%

1990 et avant

1991-1993

1994-1996

1997-1999

Ann

ée d

e ce

rtif

icat

ion

%

QAI 12%

Garantie Bio

14%

Ocia Québec

52%

OGBA 2% Québec-

Vrai 18%

Démeter 2%

37 Bio-bulle no 13, pages 21-22, février 1998. 38 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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Avril-septembre 2000 53 -

Rares sont les entreprises à posséder d’autres certifications. Quelques-unes, notamment dans la catégorie des semi-industriels souhaitent entreprendre une démarche HACCP*.

Un avenir prometteur À la question «Quelles sont vos perspectives d'avenir pour la période 2000-2002», 65% des transformateurs enquêtés ont répondu. Les résultats figurent dans le graphique ci-dessous.

Figure 24 : Les perspectives de croissance des entreprises de transformation

Source Étude CABQ

Les perspectives de croissance pour 2000-2002

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%

Très forte Assez forte

Moyenne Stagnation Régression

Proportion des entreprises

Les perspectives sont à peu près les mêmes quelle que soit la filière, si ce n’est une faible croissance prévue par les transformateurs de produits «autres», tels que les produits d’herboristerie.

Une croissance de plus de 30% est dite très forte, entre 21% et 30% assez forte, entre 10% et 20% moyenne, entre 1% et 10% stagnante.

2.2 Les produits transformés

2.2.1 Les entreprises spécialisées dans un seul produit dominent Figure 25 : Répartition des transformateurs par catégorie de produits transformés

Source Étude CABQ

Autres12%Produits

de l'érable

14%

Produits laitiers11%

Viandes5%

Fruits et légumes

21%

Céréales37%

87 % des entreprises interrogées ont une seule activité principale. Quant à celles qui ont opté pour la diversification elles ne s'éloignent pas beaucoup de leur savoir-faire originel. Seules certaines grosses structures peuvent se positionner sur deux filières à la fois.

2.2.2 Les résultats économiques par filière

2.2.2.1 Données générales

Toutes filières confondues, pour les 65% des transformateurs ayant participé à l'enquête, le chiffre d'affaires bio total pour la transformation québécoise a augmenté de 11% entre 1998-1999. Il semble que de plus en plus d'entreprises se lancent sur le marché de la transformation agrobiologique. Cependant, l'augmentation des volumes transformés n'est pas proportionnelle. Les difficultés d'approvisionnement en matières premières dues à la faiblesse des volumes produits au Québec pourraient expliquer en partie cette non-proportion.

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Avril-septembre 2000 54 -

Tableau 22 : Chiffre d'affaires (Ca) par filière (millions de $can)

Source Étude CABQ

Filières

En millions de $can Ca 391998

Ca Bio40 1998 $ % Bio Ca 1999 Ca Bio

1999 % Bio Ca estimé 2000

Ca Bio estimé 2000

% Bio Évolution Ca Bio 1998/1999

Céréales-oléoprotéagineux (76% de réponse)

24,22 9,91 41% 28,9 11 38% 35,95 12,91 36% 11%

Viande (67% de réponse) 0,48 0,48 100% 0,76 0,76 100% 1 1 100% 58%

Fruits et légumes (33% de réponse) 0,12 0,12 100% 0,28 0,28 100% 0,34 0,34 100% 138%

Lait (50% de réponse) 5,9 5,90 100% 6,4 6,4 100% 6,9 6,9 100% 9%

Produits de l'érable (75% de réponse) 28,6 3.95 14% 28.6 4.05 14% 25.6 3.6 14% 3%

Autres produits (herboristerie-café,…) (86% de réponse)

2,6 0,93 35% 3,06 1,16 38% 3,8 1,41 37% 25%

Total 61,9 21,3 34% 68 23,7 35% 73,6 26,2 35% 11%

Les transformateurs mixtes, bien que ne représentant que 23% des entreprises, détiennent 55% des parts de marché en 1999. Cependant, il est intéressant de remarquer pour ces entreprises, que le ratio Ca Bio/Ca conventionnel a diminué de 3% entre 1998 et 1999. En effet, certains transformateurs mixtes rencontrent parfois quelques problèmes pour renouveler leur certification et de ce fait préfèrent augmenter leur Ca conventionnel.41

Tableau 23 : Répartition des CA bio entre les transformateurs spécifiques et mixtes41. Spécifique Bio Mixtes Total

CA Bio 1998 $ 9 061 885 12 235 000 21 290 885

CA Bio 1999 $ 10 778 600 12 941 000 23 719 600

Croissance 1998/1999 19% 5,8 11,4

Part de marché 98 43% 57% 1

Part de marché 99 45% 55% 1

2.2.2.2 Analyse par filière

Toutes les filières ont vu leur chiffre d'affaires croître entre 1998 et 1999, mais avec des degrés différents.

La filière céréales: l'alimentation humaine prédomine sur l'alimentation animale (76% de réponse)

On dénombre vingt et une entreprises certifiées transformant des produits céréaliers: six meuneries, quatre boulangeries-pâtisseries, quatre transformateurs d'huile, trois transformateurs de soya pour l'alimentation humaine et quatre autres produisant des produits divers à partir de céréales (pâtes, tofu,

39 Ca correspond au chiffre d'affaires total de la filière incluant le chiffre d'affaires non bio des transformateurs mixtes. 40 Ca Bio correspond uniquement au chiffre d'affaires réalisé avec les produits transformés bio pour tous les transformateurs. 41 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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jus d'herbe de blé,…). Cette année quatre nouvelles entreprises ont obtenu leur certification: une boulangerie, une meunerie, un fabricant de pâtes et un fabricant de jus d'herbe de blé. Notons que neuf entreprises seraient potentiellement certifiables dans ce domaine.

La filière viande: tout reste à développer (66% de réponse) Seulement trois entreprises de transformation de produits carnés ont pu être recensées. Il s'agit de producteurs transformant eux-mêmes leur production ou possédant leur propre boucherie-charcuterie. Trois autres transformateurs non certifiés travaillent dans cette filière. L'année prochaine un abattoir a décidé de se lancer uniquement dans la viande biologique. Ceci permettra sûrement un développement de cette filière.

La filière fruits et légumes: une filière innovatrice en plein développement (33% de réponse) Douze entreprises transforment des fruits et légumes. On retrouve des produits originaux: vinaigre de cidre, légumes prêts à manger, garniture pour couscous, légumes et fruits déshydratés, légumes lacto-fermentés, légumes surgelés, plats végétariens,… La plupart des entreprises sont fermières ou artisanales pour les plus grosses. Cette année, deux autres entreprises ont demandé leur certification et quinze entreprises seraient potentiellement certifiables. La forte croissance de 1998-1999 devrait perdurer pour l'année à venir.

La filière produits laitiers: une filière active en pleine croissance (50% de réponse) Six entreprises se partagent le marché des produits laitiers transformés: fromages, yogourts et crèmes glacées. Une seule entreprise est mixte, mais souhaiterait se convertir au tout bio quand la production en lait le permettra. La transformation du lait biologique pose problème. Acheminé vers les laiteries conventionnelles, le lait bio se retrouve noyé dans le lait conventionnel. Le seul moyen de se différencier pour le producteur est de transformer son lait soi-même en se regroupant avec d'autres producteurs.

La filière produits de l'érable: une croissance maximale déjà atteinte (75% de réponse) Huit entreprises de transformation des produits de l'érable se partagent le marché. La matière première ne manque pas mais la demande stagne. Cinq entreprises sont potentiellement certifiables. De ce fait peu de croissance est à envisager dans cette filière.

Les autres produits transformés: une filière qui devrait décoller dans les prochaines années (86% de réponse).

Sept entreprises proposent des produits transformés n'appartenant pas aux catégories précédemment citées. Il s'agit essentiellement de produits d'herboristerie de produits dérivés du miel, du café, des condiments,… La croissance obtenue entre 1998 et 1999 devrait perdurer entre 1999 et 2000 du fait de l'intérêt de certaines entreprises conventionnelles et du fait que quatorze entreprises sont potentiellement certifiables.

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Avril-septembre 2000 56 -

2.2.3 Les achats en matière première

2.2.3.1 Origines géographiques des achats

Tableau 24 : Volumes et origines des achats de matières premières bio

Source Étude CABQ

Millions de $can

Achats Québec

% Achat Québec

Achats reste du Canada

% Achat reste du Canada

Achats USA

Achats UE

Autres pays

Total Achats Étranger

% Achats Étranger

Total Achats

Céréales (76% de réponse)

1, 28 37% 1,58 45% 0, 57 0 0,06 0, 64 18% 3, 5

Viande (66% de réponse)

0, 027 20% 0, 11 80% 0 0 0 0 0 0,14

Lait (50% de réponse) 1, 22 100% 0, 0022 0% 0,0022 0 0 0,0022 0% 1, 22

Fruits et légumes (33% de réponse)

0 0% 0 0% 0,0018 0 0,0015 0,0033 100% 0, 0033

Érables (75% de réponse)

2 100% 0 0% 0 0 0 0 0% 2

Autres (86% de réponse)

0, 006 2% 0, 0023 1% 0, 25 0,0006 0,0015 0,26 97% 0, 26

Total (65% de réponse) 7 58% 3, 4 28% 1, 66 0,0012 0, 14 1, 8 15% 12, 2

Figure 26 : Origines géographiques des approvisionnements en bio (% en valeur) Source Étude CABQ42

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Céréales Viande Lait Fruits etlégumes

Autres Érables

Filières

%

% Achats Étranger% Achats reste du Canada% Achats Québec

Pour certains produits, la traçabilité et le non-étiquettage des OGM* peut poser problème.

Pour les fruits et légumes transformés, la transformation étant essentiellement fermière, les légumes et fruits sont issus de leur propre production et donc n'apparaissent pas dans les achats. Les achats représentés ici constituent les matières secondaires rentrant dans la composition des produits comme

42 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 57 -

le sucre de cannes pour les jus, les confitures, et donc proviennent en majorité de l'étranger. En général, il est assez facile de s'en procurer cependant, les prix sont très élevés, ce qui oblige les transformateurs à acheter en gros et à stocker.

Pour les produits laitiers et les produits de l'érable, toute la matière première provient du Québec. Les volumes en lait bio au Québec sont réduits ce qui freine la croissance des transformateurs qui, pour l'instant, ne vont pas en chercher dans les provinces voisines (Ontario), mais qui pourraient bientôt le faire si la production québécoise ne décolle pas. Les produits carnés proviennent en grande partie de l'Ontario.

Pour les filières céréales et autres, les produits issus de l'étranger proviennent essentiellement des É-U et permettent de compléter les quantités. Certains produits posent problème: il est, par exemple, difficile de trouver de l'épeautre ou de l'orge bio en quantité suffisante. Le blé québécois quant à lui présente souvent des problèmes de moisissure. D'autres produits (graines, fruits confis,…) servant surtout de matière secondaire pour les boulangeries restent difficiles à trouver en quantité suffisante.

2.2.3.2 Valorisation des produits et ratio ventes/Achats

Les marques sont surtout présentes pour les produits laitiers et céréaliers (L'ancêtre, Liberté, Alégria,...).

Figure 27 : Les entreprises de transformation possédant une marque

Source Étude CABQ

% Entreprises possédant une marque

0%5%

10%15%20%25%30%

Céréales Lait Fruits&légumes Autres Érable Total

Tableau 25 : Valorisation des produits transformés biologiques

Source Étude CABQ43 Filières Céréales Viandes Lait Fruits et

légumes Produits de

l'érable Autres Total

Ventes $ 11 053 532 760 000 6 414 168 281 800 4 048 100 1 160 000 23 719 600

Achats $ 3 484 411 135 100 1 219 896 3300 2 000 080 264 450 12 212 094

Ventes/Achats 3, 2 5, 6 5, 3 85 2 4, 4 1, 9

Le ratio Ventes/Achats est d’autant plus élevé que les entreprises font de la transformation fermière, puisque, dans ce cas, les achats de matières premières sont quasiment nuls. Pour les produits laitiers essentiellement artisanaux le ratio est intéressant car les fromages bio se valorisent mieux que le lait bio.

43 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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Avril-septembre 2000 58 -

2.3 La mise en marché des produits transformés

2.3.1 Destinations géographiques des ventes: les distributeurs québécois avant tout !

Figure 28 : Destination géographique des ventes de produits transformés bio

Source Étude CABQ44

Figure 29 : Pays étrangers de destination des produits transformés bio

Source Étude CABQ44

0%20%40%60%80%

100%

Céréales Viande Lait Fruits &légumes

Autres Érable

Filières

%

% Ventes Étranger% Ventes reste du Canada% Ventes Québec

% UE 16%

% États- Unis 79%

% Autres pays 5%

Les entreprises de transformation vendent peu directement à l’étranger. Quelques produits de la filière céréales et acéricole partent vers les États-Unis essentiellement. Les destinations étrangères majoritaires après les États-Unis sont le Japon, les pays d'Amérique du Sud et l'Europe

2.3.2 Circuits de distribution des produits transformés.44

La vente aux autres transformateurs et grossistes domine…

Tableau 26 : Circuits de distribution des produits transformés

Source Étude CABQ44 CA autres

transformateurs CA vente directe CA grossiste bio CA magasins bio CA magasins classiques Total Filières

Volumes en $can Volumes % Volumes % Volumes % Volumes % Volumes % Volumes %

Céréales 4 865 989 56% 164 250 2% 2 331 564 27% 1 068 076 12% 262 653 3% 8 406 278 100%

Viande Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Nd Lait 7283 2% 99 733 22% 35 751 8% 26 838 6% 274 563 62% 444 168 100%

Fruits&légumes 900 8% 4610 39% 3636 31% 1844 16% 810 7% 11 800 100%

Érables 80 000 2% 40 0% 1 943 800 48% 1 928 800 48% 97 460 2% 4 050 100 100%

Autres 325 000 31% 33 500 3% 112 550 11% 253 250 24% 333 000 31% 1 057 300 100%

Total 5 279 173 35% 302 133 2% 4 427 301 29% 4 038 807 27% 968 487 6% 15015900 100%

44 Les résultats annoncés ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse de 65%.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 59 -

Figure 30 : Circuits de distribution des produits transformés bio(% en valeur)

Source Étude CABQ44

CA autres transformateurs

36%

CA magasins classiques

6% CA Magasins naturels bio

27% CA vente directe

2% CA grossiste

bio 29%

Les produits transformés sont distribués essentiellement par des grossistes ou directement en ma-gasins naturels. Quelques entreprises fermières et artisanales possèdent un comptoir de vente. La vente aux autres transformateurs permet d'é-couler des volumes en gros moins élaborés (conditionnement sommaire,…)

…mais les circuits sont différents d’une filière à l’autre

Figure 31 : Circuits de distribution par filière(% en valeur) Source Étude CABQ

Circuits de distribution de la filière céréales

CA vente

directe 2%

CA grossiste

bio 27%

CA magasins

naturels bio 12%

CA magasins classiques

3% CA autres

transfor mateurs

56%

Circuits de distribution de la filière Fruits&légumes

CA magasins classiques

7%

CA magasins naturels

bio 16%

CA grossiste

bio 31%

CA vente

directe 38%

CA autres

transfor mateurs

8%

Circuits de distribution des produits transformés autres

CA magasins

naturels bio 24%

CA magasins classiques

31% CA vente

directe 3% CA

grossiste bio

11%

CA autres

transfor mateurs

31%

Circuits de distribution des produits laitiers

CA Magasins naturels bio

6%

CA magasins classiques

62%

CA autres

transfor mateurs

2%

CA vente

directe 22%

CA grossiste

bio 8%

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

Inventaire de la situation et tendances de développement

Avril-septembre 2000 60 -

Circuits de distribution des produits de l'érable

CA grossiste

bio 48%

CA magasins naturels bio

48%

CA magasins classique

s 2%

CA autres

transfor mateurs

2%

Pour les produits céréaliers, quelques grosses entre-prises effectuent une première transformation sur des grains (soja) en vue de les préparer à une seconde trans-formation (farine, tofu). De ce fait, une part importante du Ca est dirigé vers les autres transformateurs.

Pour les produits laitiers, les fromages se retrouvent dans les magasins locaux conventionnels (Grandes surfaces et dépanneurs).

Quant aux fruits et légumes, la transformation souvent fermière, la vente directe est bien présente.

2.4 Les sources de contacts des transformateurs biologiques

Des sources d’information diversifiées…mais des besoins en conseils non comblés

Tableau 27 : Organismes consultés par les entreprises

Source Étude CABQ Jamais 1 fois /an Plus d'1 fois/an

MAPAQ 23% 9% 27%

CABQ 43% 34% 18%

FABQ 46% 7% 0%

Certificateur 5% 20% 32%

Autres 18% 7% 16%

À la question «Avec quels organimes ou institutions êtes-vous en contact?», les 65% de transformateurs ayant participé à l'enquête répondent que les organismes certificateurs et le MAPAQ restent des sources d'informations privilégiées. Le Centre d'agriculture biologique du Québec se place également dans les sources pertinentes

Tableau 28 : Sources d’informations utilisées par les entreprises

Source Étude CABQ Bio-bulle Autres revues Internet Bulletins certificateurs Autres

29% 25% 29% 20% 23%

Cependant, des besoins en conseil sont fréquemment ressentis: difficultés de compréhension de certains points de la norme des produits transformés biologiques, problèmes de marketing liés aux spécificités des produits biologiques et de mise en marché, difficultés à trouver des fournisseurs.

Comme les producteurs les transformateurs communiquent peu entre eux.

Les principaux blocages à noter dans le domaine de la transformation sont :

• Les entreprises sont peu nombreuses et de petite taille. Elles manquent de moyens financiers et humains pour cibler les marchés et développer leur mise en marché.

• Les normes strictes et les quantités minimales à transformer trop élevées freinent l'installation d'unité de transformation à plus grande échelle.

• Les entreprises rencontrent des difficultés pour l'approvisionnement en matières premières biologiques québécoises, bien souvent par manque d'information sur les producteurs québécois et leurs productions. Il manque un interlocuteur faisant le lien entre la production et la transformation.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 61 -

3 STRATÉGIES DES DIFFÉRENTS RÉSEAUX DE DISTRIBUTION

(CF : annexe II.6 : Tableau récapitulatif des résultats statistiques de l'enquête auprès des distributeurs, p. 21 des annexes)

Tout d'abord, précisons que la distribution alimentaire au Québec se distingue de celle du Canada par sa forte proportion de magasins indépendants (80% contre 44% pour l'ensemble du Canada). Cette caractéristique commence à s'atténuer avec la concurrence accrue des chaînes autres que québécoises qui s'implantent de plus en plus en région. On distingue deux grandes catégories de magasins au Québec associés à deux types de réseaux différents: les supermarchés d'une part et les magasins de proximité, appelés dépanneurs, d’autre part. Jusqu'à présent la distribution des produits biologiques au Québec est assurée majoritairement par les magasins de produits naturels et les magasins d'alimentation générale indépendants. Les ventes directes à la ferme, sur les marchés ou via le réseau Équiterre représentent également une part importante du commerce des produits biologiques (62% des producteurs45). Les grandes chaînes de distribution commencent à se lancer doucement dans la distribution des produits bio et adoptent des stratégies spécifiques.

3.1 La vente directe organisée

3.1.1 Le réseau Équiterre et le projet Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC)

Le concept de l'ASC prend de l'essor au Québec. En 1999, 40 fermes certifiées biologiques ont participé à ce réseau et ont vendu quelques 1500 parts à des consommateurs. Cette année, 48 exploitations participent au projet et offrent quelques 2500 parts. Près de 4500 à 5000 consommateurs québécois devraient être ainsi rejoints. Bien que la grande région autour de Montréal soit fortement représentée, on retrouve aussi des fermes participantes en Estrie, en Mauricie, à Québec et au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il n’est pas impossible que l’année prochaine un point de chute soit établi en Gaspésie.46

Ce concept implique des fermes certifiées biologiques ou en voie de certification qui vendent des parts de leur récoltes à des consommateurs. Ces parts donnent droit à des paniers de vivres (légumes, fruits, viandes, produits transformés) tout au cours de la saison et parfois même en hiver pour certaines fermes. Les livraisons sont hebdomadaires et ont lieu à un point de dépôt dans différents quartiers de Montréal ou dans des villes. La plupart des fermes sont maraîchères mais certaines exploitent aussi d'autres productions, telles que les céréales, les élevages et les vergers, ce qui permet de diversifier les produits offerts. Selon le concept original de l'ASC, les producteurs et leurs partenaires se rencontrent pour planifier la saison et définir le coût des parts en fonction du budget nécessaire à la production. Il s'agit de trouver un équilibre pour garantir un revenu décent pour la ferme et un prix abordable pour les partenaires. La logique de ce système est donc différente de celle du marché où les prix fluctuent.

Les consommateurs ne choisissent pas le contenu du panier, bien que des mécanismes comme des paniers d'échange permettent une certaine flexibilité.

Historique du concept au Québec Au Québec, la première initiative de ce type de mise en marché remonte à 1992. Une ferme avait alors livré à une dizaine de partenaires. Cette même ferme aujourd'hui approvisionne 180 partenaires. Ce qui représente à peu près 60% de son chiffre d'affaires.

45 Résultat de l'enquête auprès des producteurs (67% de réponse) 46 Renseignements fournis par Luc Potvin, responsable de la table de concertation bioalimentaire de la Gaspésie-Isle-de-la-Madeleine.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Avril-septembre 2000 62 -

En 1995, des membres de l’organisme Équiterre appelé alors ASEED, une organisation faisant la promotion de choix écologiques et socialement équitables, décident d'expérimenter le concept ASC. La recherche d'une ferme aboutit au choix d'une exploitation biodynamique de la région de Montréal. Un comité incluant le couple de fermier et un chargé de projet Équiterre mettent sur pied le projet. Grâce au bouche à oreille, vingt personnes sont recrutées pour acheter des parts de la récolte. Devant ce succès, la formule a été étendue à d'autres fermes et en 1997, un réseau de sept fermes est formé pour développer les projets; Équiterre en faisait la coordination. Le réseau a continué à se développer pour atteindre 48 fermes en 2000.

Avantages du concept

• Pour le consommateur Des comparaisons entre la valeur des paniers des consommateurs du réseau et celle d'un panier identique en magasin naturel ont permis de découvrir que les paniers Équiterre coûtaient 10% à 50% moins cher! C'est-à-dire que les consommateurs faisant partie du réseau paient leurs légumes bio «frais» sensiblement le même prix que s'ils avaient acheté des légumes conventionnels. Concrètement, une part de récolte coûte entre 150$ et 400$ (selon que vous achetez pour une seule personne, deux ou une famille) pour une vingtaine de semaine, ce qui fait de 20$ à 50$ le panier. Pour les personnes qui ne peuvent payer d'un seul coup, la plupart des fermes ASC offrent deux possibilités: un échelonnement des paiements ou en échange du panier, du travail à la ferme. Le contenu des paniers est très varié, par exemple, en septembre, il est possible de trouver: 6 poireaux, 1kg de pommes, 1kg de carottes, 2kg de pommes de terre, 2kg de tomates, 2 laitues, 2 concombres, 500g d'oignons, 300g de haricots verts et 3 feuilles de bette à carde.

• Pour le producteur Le fait que la mise en marché soit déjà faite au cours de l'hiver et du printemps et le fait de recevoir d'avance au début de la saison le coût des parts donnent une certaine sécurité financière et surtout diminuent d'autant l'utilisation de la marge de crédit et les frais afférents. De plus, c'est une manière de démarrer en production maraîchère sans trop s'engager dès le début dans des dépenses importantes pour produire quelques légumes en gros. Les producteurs peuvent vivre de leur production tout en créant une entreprise de petite taille. En moyenne, les revenus apportés par les partenaires représentent 25% de leur chiffre d'affaires. Le contact direct avec le consommateur permet de mieux connaître les goûts et les besoins et d'y répondre rapidement. Ce concept permet de développer des exploitations diversifiées selon le principe de l'agriculture biologique.

• Pour la communauté

Le projet ASC est un lien de solidarité qui permet aux consommateurs de mieux comprendre le travail des producteurs parce qu'ils partagent les risques avec eux. Il peut arriver une année que les légumes mettent plus de temps à pousser. La dimension sociale, critère de fonctionnement commun des fermes du réseau, se retrouve à travers les rencontres, les fêtes de récolte, les journées de travail à la ferme et les évaluations qui sont laissées à l’instigation des producteurs et des partenaires. D'autres avantages sur le plan social existent, tels que le lien avec des organismes communautaires qui prennent les paniers non réclamés ou bien l'instauration de «parts subventionnées» ou «parts travail» pour faciliter l'accès aux personnes à faible revenu.

Inconvénients du concept

• Pour le consommateur

Le fait de devoir se rendre chaque semaine, un jour fixé, à un point fixé peut apparaître contraignant. Le consommateur doit prendre l'habitude d'avoir accès aux produits de saison et non à l'ensemble des produits à tout moment et de partager les risques liés à la production.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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• Pour le producteur Le coût de production par type de légume est plus élevé comparativement à une production d’un gros volume du même légume. En effet, les besoins de main-d'œuvre sont importants à cause de la diversité des cultures qui rend difficile une mécanisation performante pour tous les produits, surtout au niveau de la récolte. De plus, une grande exigence de gestion en terme de choix de variété, de période de semis et des plantations est requise pour assurer un étalement sur l'ensemble de la saison des différents légumes.

Le système ne peut convenir à tous les consommateurs, ni à tous les producteurs. Cependant, nous vivons dans un monde où le système alimentaire est de plus en plus impersonnel et contrôlé par un petit groupe de compagnies multinationales. Les projets d'ASC permettent un lien direct avec la personne et la terre qui produit nos aliments.

3.1.2 Le marché public

Le marché public est l'une des formes les plus anciennes de mise en marché. Au Québec, le concept est beaucoup moins développé que dans les pays européens et n'a lieu qu'autour des grandes agglomérations. Cependant, bien que la majorité des producteurs travaillent avec les grossistes et détaillants, cette forme de mise en marché directe existe encore et présente des attraits pour le producteur soucieux de se doter d'une mise en marché à valeur ajoutée. La vente directe au détail permet d'obtenir un prix supérieur au prix de gros offert par les grossistes. Avec le temps, la réputation de qualité et de fraîcheur des produits, la qualité du contact avec celui qui les cultive, la régularité, la diversité des produits et la fiabilité du marché contribuent à fidéliser la clientèle et à la satisfaire au point que l'affluence y est sans cesse grandissante.

Depuis un peu plus de dix ans, les producteurs biologiques de l'Outaouais et de l'Est Ontarien ont fondé le «Marché des cultivateurs biologiques d'Ottawa». Plus de 14 maraîchers, éleveurs bio ainsi qu'un boulanger et quelques artisans se retrouvent sur la place de l'église tous les samedis de l'année de 10h à 14h pour y offrir la diversité de leurs productions à une clientèle qui atteint parfois 1000 personnes. L'hiver, le marché a lieu dans les sous-sols de l'église.

Le loyer est très raisonnable pour les producteurs: 10% des ventes réalisées durant la journée jusqu'à concurrence de 20$ par ferme par samedi. Ce loyer paie l'espace consenti par l'église et couvre les frais de publicité et de tenue d'évènements spéciaux comme les épluchettes, la venue de musiciens, la fêtes des récoltes, etc.

Quelques contraintes pour le producteur

• Les volumes de produits à y amener sont difficilement prévisibles avec justesse.

• La diversité des produits offerts est difficile à maintenir.

• La présence doit être annuelle et non saisonnière pour conserver l'affluence d'une clientèle régulière.

Les avantages pour le producteur

• Le chiffre d'affaires moyen est de 300$ par ferme et par samedi, pour une présence de quatre heures.

• Les invendus sont acheminés directement aux magasins naturels de la région.

• Les producteurs y combinent leurs rendez-vous avec des groupes d'achat ou ASC.

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• Le marché offre une plate forme d'essai pour lancer de nouveaux produits.

• L'occasion de se rencontrer hebdomadairement entre producteurs permet des échanges et un partage d'information.

• Les distributeurs, les détaillants, les restaurateurs et les acheteurs y viennent en général pour établir des relations d'affaires.

3.2 Les magasins d'aliments naturels et les détaillants spécialisés47

(CF Annexe II4: liste non exhaustive des magasins spécialisés au Québec, p.16 des annexes)

On sait que 38% des producteurs vendent leurs produits directement en magasins spécialisés. Pour les produits transformés 28% sont distribués directement en magasins spécialisés sans passer par un grossiste. Quant aux grossistes, c'est 38% de leurs produits qui partent en magasins spécialisés. Ainsi il est possible de conclure que la majorité des produits biologiques distribués au Québec passe par les magasins spécialisés.

Fonctionnement des magasins Une grande part des produits biologiques est encore actuellement vendue dans les magasins spécialisés «aliments naturels, santé, végétarien ou biologique». Ces magasins se distinguent souvent par une très grande variété de produits biologiques et une attention particulière à la présentation des aliments et à l'ambiance du magasin. La majorité des magasins se trouvent en banlieue de Montréal et Québec, mais quasiment toutes les MRC* possèdent au moins un magasin spécialisé.

Les produits sont associés selon leur utilisation (les sauces tomates placées face aux pâtes, les confitures à côté du pain…). Il n'est pas rare de trouver des panneaux d'information, des photos de produits ou des champs cultivés, des prospectus expliquant les bienfaits de ce type d'alimentation ou les méfaits des OGM… En général, ils puisent leurs informations dans des revues spécialisées, tel que le magazine Bio-bulle (50% des détaillants enquêtés) ou sur Internet. Bien souvent, ils ne sont pas sans souligner le manque d'information objective concernant les OGM et les difficultés à documenter leurs clients sur ce sujet ainsi que sur la réelle qualité nutritive des aliments biologiques. Certains souhaiteraient également être plus informés sur la certification biologique au Québec et les lois qui l'encadrent.

Dans ces magasins, les aliments biologiques représentent en moyenne 61% du CA et sont mélangés avec les autres produits conventionnels, mais identifiés par des étiquettes de couleurs différentes sur les tablettes: ceci complète l'identification par le logo et facilite la reconnaissance des produits biologiques. En effet, 100% des détaillants interrogés sont mixtes. La certification n'étant pas obligatoire pour ce type de point de vente, rares sont ceux à se faire certifier. On en trouve cependant un qui est certifié et quelques autres qui souhaitent à court terme faire la démarche.

De plus, par leurs choix stratégiques, les gérants de ces magasins mettent très souvent l'accent sur le service au client: les vendeurs suivent des formations et sont souvent eux-mêmes adeptes de ce type d'alimentation.

La politique de ces magasins consiste à instaurer un climat de confiance: «ne pas décevoir le consommateur en lui proposant des produits 100% bio de qualité irréprochable». Ils réalisent la promotion à partir de leur magasin par l'intermédiaire de journaux ou d'annonces dans les quotidiens ou revues spécialisées. En moyenne, ces magasins disposent de 7 à 10 salariés à temps plein.

Ces magasins sont assez confiants face à l'avenir. Sur les années 1998 et 1999, le chiffre d'affaires bio réalisé par ces magasins a cru en moyenne de 55%. Pour les années à venir 2000-2002, 30% des 47 Les données ne sont pas exhaustives car issues d’un taux de réponse de réponse de 10%.

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magasins enquêtés estiment une croissance entre 20% et 30%. Ils ne semblent pas avoir peur des grandes surfaces. Cependant, ils soulignent un certain nombre de problèmes au sein du secteur bio qui freinent le développement: le manque de volume au Québec, les querelles entre certificateurs, le manque de promotion des produits bio et du mode de production, les prix élevés… Problèmes qui selon eux nécessiteront l'intervention du gouvernement pour être levés.

Diversité des produits proposés

Tableau 29 : Détails des ventes de produits bio dans les magasins spécialisés

Source Étude CABQ % des ventes

Fruits et Légumes 18%

Produits laitiers 3%

Viandes 2%

Céréales et autres produits d'épicerie 76%

Produits santé-herbes 1%

Total 100%

Au cours de l'année 1999, certains points de vente ont vu leurs ventes de fruits et légumes croîtrent de 30%. Les ventes au détail de produits bio peuvent être estimées à 80 millions de dollars. Les détaillants se plaignent du coût élevé des produits bio achetés chez les grossistes et leur marge se situe entre 20% à 40% suivant les produits

Certains produits sont difficiles à trouver au Québec. Notamment, dans le domaine des fruits et légumes certains détaillants ont signalé un manque de haricots, de carottes et de pommes de terres tout au long de la saison. Des difficultés sont également ressenties pour s'approvisionner en produits animaux (viandes, œufs,…). De même, les produits importés dattes, figues, couscous,… posent souvent problème aussi bien quantitativement que qualitativement.

Origines des achats : prédominance des achats en gros En général, ces magasins ont pour objectif de développer l'agriculture biologique locale et privilégient donc dans la mesure du possible (pendant la saison) les aliments québécois qui passent par un distributeur. Les importations représentent tout de même une part importante de leurs approvisionnements. Les détaillants notent qu'il est plus rentable d'importer des produits bio que de s'approvisionner au Québec!

Figure 32 : Origine des achats bio des détaillants

Source Étude CABQ

Origine des achats bio des détaillants spécialisés

achats aux producteurs

5%

achats aux transformat

eurs9%

achat aux distributeurs

86%

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Les magasins, approvisionnés en grande partie via les grossistes, sont souvent confrontés à des problèmes de délais de livraison en raison du manque d'organisation et des faibles volumes mis en jeu: certains grossistes attendent en effet d'avoir des quantités suffisantes de produits à livrer avant d'affréter un camion.

Figure 33 : Origine géographique des achats bio

O rigine géographique des achats bio des détail lants

Achats Canada

hors Québec

12%

Achats Québec

31%

Achats Étranger

57%

Par catégorie de produits, la majorité des fruits et légumes et des fromages sont issus du Québec. Les achats étrangers constituent les produits exotiques, épices, graines, fruits secs… Les achats effectués dans le reste du Canada peuvent être assez variés: viandes, farine, lait,…

3.3 Les grossistes et courtiers

(CF Annexe II5: liste des grossistes et courtiers de produits bio au Québec, p.20 des annexes)

Fonctionnement général Une quinzaine de grossistes et une petite dizaine de courtiers distribuent des produits biologiques dans la province.

La majorité des établissements est située en banlieue de Montréal et emploie en moyenne 19 employés par établissement.

Les grossistes approvisionnent en général les rayons des magasins indépendants alors que les grandes chaînes de distribution importent habituellement les produits des États-Unis ou traitent directement avec les producteurs locaux par l'intermédiaire de leur propre centre d'achat. La plupart des grossistes de produits biologiques se consacrent en général à ce type d'aliments: très peu le font en activité complémentaire. Cependant, ils écoulent également quelques produits conventionnels.

Figure 34 : Grossistes mixtes

Source Étude CABQ

Proportion des grossistes mixtes

"100% bio"60%

Mixte40%

En 1999, le chiffre d'affaires bio représentait 93% du chiffre d'affaires total de ces grossistes.

En 1999, rares étaient les grossistes certifiés. En 2000, deux gros établissements ont effectué la démarche de certification auprès de OCIA-Québec

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De plus, certains se spécialisent souvent dans une catégorie de produits biologiques: certains distribuent des fruits et légumes uniquement, d'autres s'occupent des produits secs (céréales, farine, fruits secs,…), d'autres encore travaillent avec des aliments plus élaborés.

Les courtiers jouent un rôle prépondérant auprès des entreprises qui veulent commercialiser leurs produits à l'étranger, notamment aux États-Unis. Ils étudient les besoins et potentialités de ces marchés, la concurrence et les éventuels débouchés afin de conseiller les entreprises sur la façon d'adapter leur offre à différents consommateurs. Ils peuvent aussi renseigner les entreprises sur les contraintes réglementaires à respecter pour que le produit soit accepté à la douane. Ces courtiers donnent réellement les clés pour pénétrer les marchés étrangers. En général, les établissements ne sont pas spécialisés en bio. En 1999, à peu près 5% du chiffre d'affaires provenait des ventes bio, la plupart étant certifiés ou en cours de certification.

Pour les courtiers comme pour les grossistes, la difficulté majeure reste l'approvisionnement en produits bio en quantité et qualité suffisante. Tous soulignent le manque de promotion réalisée auprès des consommateurs pour ce type de produits. Certains soulignent leurs besoins en conseils dans les domaines du marketing et de la mise en marché de ces produits. Leurs principales sources d'information restent les revues spécialisées, leurs fournisseurs et Internet. Le MAPAQ et le Centre d'agriculture biologique du Québec restent des interlocuteurs privilégiés.

Les rapports entretenus avec les clients sont fréquents (une fois par semaine) et ne posent pas de problème. Peu de contrats écrits ont été signés avec les clients, sauf avec quelques clients étrangers. De la même façon, les rapports entretenus avec les fournisseurs sont de bonne qualité, souvent ancrés depuis au moins cinq années. Contrairement aux rapports entretenus avec les clients, la plupart des grossistes possèdent des contrats annuels écrits garantissant aux fournisseurs l'écoulement des productions à un prix fixé.

Les grossistes sont confiants pour l'avenir. Pour l'année 2000, ils prévoient en moyenne une augmentation de 20%. D'ici 2002, 40% des grossistes prévoient une croissance entre 20% et 30%.

Diversité des produits proposés48 Les ventes en gros de produits bio atteignent près de 35 millions de dollars en 1999. La principale difficulté pour les grossistes est actuellement de gérer la fluctuation des prix, car bien qu'ils aient considérablement diminués, en général ces prix varient d'un jour à l'autre pour les produits frais et dans des proportions importantes: du simple au double pour certains fruits et légumes comme les bananes, citrons, framboises, salades,… Les grossistes ont donc pour objectif d'absorber ces variations de prix afin de proposer aux détaillants l'offre la plus homogène possible et de faciliter également les relations commerciales. Le coefficient Ventes bio/Achats bio oscille autour de 1,6 pour les grossistes et 1,25 pour les courtiers.

48 Les données proposées ne sont pas exhaustives car issues d’un taux de réponse de 40%.

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Tableau 30 : Détails des produits biologiques vendus par les grossistes

Source Étude CABQ Type de produits % Ventes

Fruit et légumes 12%

Produits frais 4%

Viande-œufs 0%

Céréales-produits épicerie 70%

Autres produits (santé, herbes…) 13%

Les produits posant problèmes sont essentiellement les fruits secs et produits à base de soya, car ils sont difficiles à trouver en quantité suffisante, ainsi que les légumineuses souvent de piètre qualité.

Destination des ventes En ce qui concerne les courtiers, les ventes sont destinées principalement aux grossistes (70%) puis aux magasins spécialisés (30%). Certains grossistes jouent également le rôle de courtier en expédiant leurs produits à des grossistes étrangers.

Figure 35 : Circuits de distribution des produits bio vendus en gros (% en valeur)

Source Étude CABQ

Figure 36 : Destination des ventes (% en valeur)

Source Étude CABQ

Destination des ventes bio

CA magasins

bio, magasins naturels

37% CA

magasins classiques

25%

CA vente directe 0,45%

CA ventes Autres

(restaurateurs, exportation)

38%

Destination des ventes bio en gros

Ventes USA12%

Ventes Canada

hors Québec

9%

Ventes Québec

41%

Ventes autres pays2%

Ventes UE

36%

Pour les courtiers, la majorité des ventes se font à l'étranger, principalement vers les É.-U.

Origines des achats49 La situation des approvisionnements s'est améliorée: les produits sont en effet livrés en quantité et dans des délais de plus en plus réguliers.

49 Les résultats ne sont pas exhaustifs car issus d’un taux de réponse est de 40%

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Figure 37 : Origine des achats bio des grossistes

Source Étude CABQ

Origine des achats bio des grossistes

achats aux producteurs

51%

achats aux transformateurs

42%

achats aux distributeurs

8%

En ce qui concerne les courtiers, les achats se font essentiellement chez les producteurs (80%).

Figure 38 : Origines géographiques des achats bio des grossistes Source Étude CABQ

Origine géographique des achats bio des grossistes

Achats Québec

10%Achats

Étranger53% Achats

Canada hors

Québec37%

Les achats effectués au Québec concernent la farine, les pâtes, les fromages, les fruits et légumes.

Les achats effectués à l'étranger concernent l'huile, les fruits secs, les produits exotiques (café, épices…)

Les achats issus du reste du Canada concernent les céréales entières, le vinaigre, les légumineuses.

Les produits étrangers proviennent en grande partie d'Europe (47%), puis des USA (28%) suivis des autres pays étrangers (Mexique, Argentine,…).

3.4 Stratégies des grandes chaînes de distribution

L'enquête postale effectuée auprès des distributeurs n'a pas concerné les grandes chaînes. Les propos ont été recueillis lors d'entrevues avec les responsables de mise en marché des différentes chaînes et des responsables de rayons au sein des supermarchés.

Au Québec, la distribution des produits biologiques dans les supermarchés est moins avancée que dans le reste du Canada. En effet, les grandes surfaces québécoises (bien qu'appartenant à des groupes canadiens) n'ont pas voulu prendre le risque de ternir leur image avec des produits biologiques dont la certification n'était pas encore bien organisée et la demande pas suffisante. Tous ces aliments ont ainsi été retirés des grands magasins depuis quelques années.

Aujourd'hui, avec l'entrée en vigueur de la loi sur l'appellation biologique contrôlée, les grandes chaînes se réveillent et prennent conscience que les perspectives de ventes dans ce domaine peuvent être intéressantes

Les problèmes communs rencontrés par les grandes chaînes Les grandes chaînes rencontrent toutes des problèmes d'approvisionnement en produits biologiques. Ils éprouvent des difficultés à maintenir de façon permanente un rayon complet, bien garni. Face à ces problèmes deux solutions ont été envisagées :

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• Adopter une politique d'importation ;

• Conclure des ententes avec leurs fournisseurs habituels pour les encourager à se convertir au biologique. (Dans ce genre d'accord, encore peu fréquent au Québec, les distributeurs s'engagent en général à écouler les productions pendant la période de transition des producteurs.)

De plus, plusieurs fournisseurs proposent les mêmes produits biologiques à des prix différents, ce qui compliquent les transactions en obligeant à multiplier les contacts avec les distributeurs.

3.4.1 La stratégie de Loblaw: doucement mais sûrement

Loblaw Companies Limited, dont le siège social se trouve à Toronto, est le leader de la distribution au Canada. Le groupe détient la plus grosse part du marché alimentaire canadien. Avec l'acquisition en 1998 de Provigo Inc., la plus importante chaîne au Québec, Loblaw représente actuellement une force de vente de 17 milliards de $ canadiens. Au Québec, Provigo compte 29 000 employés pour un chiffre d'affaires de 6 milliards de dollars. Hormis son propre réseau qui regroupe au-delà de 250 magasins, Provigo compte aujourd'hui au Québec huit magasins Loblaw dans la grande région de Montréal et d'autres sont actuellement en construction. Provigo dessert également plus de 600 marchands affiliés aux bannières l'Intermarché, Axep, Proprio et Atout-Prix.

Les magasins Loblaw de l’Ontario comptaient déjà une section produits naturels et ce mouvement se répercute actuellement dans les supermarchés du Québec.

Face aux problèmes d'approvisionnement, la chaîne a choisi une politique d'importation, cependant, les problèmes n'ont été résolus qu'en partie. En effet, la chaîne rencontre non seulement des problèmes vis-à-vis l'étiquetage qui pour respecter la réglementation québécoise doit être bilingue, mais aussi des problèmes de crédibilité face à l'authenticité des produits biologiques étrangers. Le Conseil d'Accréditation du Québec mis sur pied récemment par le gouvernement, faute de moyens financiers ne peut pas contrôler les produits bio entrant au Québec.

En ce qui concerne les produits bio québécois notamment les produits frais, la chaîne mentionne le manque de volume et de ce fait, la difficulté à s'engager à long terme dans cette gamme de produits. De plus, d'après la responsable de la mise en marché des produits naturels, les consommateurs ne sont pas prêts à trouver des produits bio mêlés au sein des rayons communs, c'est pourquoi le groupe préfère garder un rayon spécifique de produits naturels et y associer les produits bio. Cependant, tous les magasins de la chaîne ne possèdent pas ce type de rayon et donc, il serait nécessaire d'entreprendre une restructuration dans bons nombres d'entre eux.

Au Québec, la chaîne en est encore aux balbutiements, mais la porte reste grande ouverte comme en témoigne la rencontre récente entre Réal Samson, responsable des productions horticoles à la Fédération d'agriculture biologique du Québec et André Théroux, directeur principal Fruits&légumes de la chaîne. Des efforts sont entrepris pour développer la distribution des fruits et légumes biologiques au sein des supermarchés de la chaîne. Jusqu'ici, le succès a été mitigé à cause de problèmes de continuité, de perception des consommateurs, d'identification et d'écart de prix avec les produits traditionnels. Malgré tout, M. Théroux croit qu'il s'agit d'un créneau au potentiel intéressant, surtout dans les marchés à haute densité de population, mais la croissance est lente. Une deuxième rencontre devrait avoir lieu prochainement entre la Fédération et la chaîne afin de discuter de stratégie qui permettrait de développer davantage la catégorie.

Notons que le contrat qu'a lancé récemment la chaîne avec le grossiste Distribue-Vie pour livrer des fruits et légumes bio dans 10 magasins Loblaw et 10 magasins Provigo est un bon début.

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3.4.2 Du côté de chez Sobeys on attend les producteurs

Sobeys Inc., dont le siège est en Nouvelle Écosse, est une filiale du groupe Empire qui exerce ses activités principales dans le secteur de la distribution alimentaire, de l'immobilier et des placements. Avec la prise de contrôle récente de OSHAWA group, Sobeys Québec Inc. atteint un chiffre d'affaires de plus de 10 milliards. La chaîne est dépositaire des bannières IGA, compte 4317 employés et approvisionne 19 supermarchés Sobeys, ainsi que plus de 1700 épiciers indépendants: IGA (238), Tradition (15), Bonichoix (119), plus les Omni, Action plus, Bonisoir, Dépanneur, Sertard et Voisin et d'autres membres non affiliés.

Pour cette chaîne, les ventes de produits biologiques représentent près de 1% des ventes totales du rayon fruits et légumes. Au Québec, la chaîne affiche une politique très favorable aux produits bio: elle offre dans 70% de ses magasins une gamme variée de produits bio, un rayon complet régulièrement approvisionné. La direction ayant détecté le réel potentiel de ce secteur a très rapidement évoluée en faveur des produits bio. Des réunions d'information sur l'agriculture biologique ont été dispensées aux responsables de mise en marché des différentes catégories de produits.

Pour ses approvisionnements, la chaîne travaille essentiellement avec des grossistes québécois et quelques grossistes américains. La chaîne serait prête à travailler avec les producteurs locaux québécois et à établir avec eux des relations privilégiées afin d'améliorer la prise en charge logistique des produits bio, mais aussi dans l'objectif de diminuer les prix. Cependant, comme chez Loblaw, Sobeys n'est pas sans souligner le manque de volume de produits bio québécois, ce qui les contraint à importer et à retomber face aux problèmes de crédibilité et d'étiquetage.

3.4.3 Du côté de chez Métro-Richelieu: libre choix pour les responsables des magasins

Métro-Richelieu, dernier bastion québécois de la distribution alimentaire qui regroupe les enseignes Super C, Marché-Richelieu, Métro et Loeb, constitue un réseau de vente au détail de plus de 500 magasins avec un chiffre d'affaires de près de 4 milliards $can. Dans certains magasins, on trouve des produits biologiques ainsi que des mets végétariens. Il est difficile de fournir des chiffres précis pour l'ensemble de la chaîne, car les produits bio ne sont pas référencés à la centrale d'achat de la chaîne, donc chaque gérant de magasin a libre court pour s'approvisionner parmi les produits locaux en produits bio.

En général, dans les magasins proposant les produits bio, on retrouve des fruits et légumes à certaines périodes de l'année (mars à fin mai, puis de septembre à novembre) ainsi que quelques produits laitiers. Les fournisseurs sont en général des producteurs ou transformateurs locaux qui viennent livrer eux-mêmes leurs produits au magasin une fois par semaine. Pour l'instant, les produits biologiques sont mélangés aux autres produits. La promotion se fait par des pancartes et des dégustations des produits en magasin. Les responsables rencontrés envisagent d'organiser la mise en marché des produits biologiques à part de celle des autres produits conventionnels pour améliorer la visibilité.

3.5 Les magasins non spécifiques

L'enquête effectuée au niveau des distributeurs n'a pas concerné les magasins non spécialisés. Les propos ont été recueillis lors de visites de magasins et rencontres avec des personnes fréquentant ces magasins.

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La plupart des magasins de quartier indépendants qui investissent dans ce secteur le font pour se différencier de leurs proches concurrents. Ils peuvent ainsi faire valoir un service supplémentaire à leurs clients. De plus, la qualité et les prix des produits biologiques qu'ils intègrent dans leur rayons sont tout à fait compétitifs par rapport aux produits vendus dans les magasins «naturels ou santé». Ils traitent directement avec des producteurs locaux qui parfois ont du mal à écouler leur production. Au sein de ces magasins, les produits biologiques sont disposés avec les autres produits conventionnels. Cela permet de toucher un plus large marché et, matériellement, il serait impossible de faire autrement faute de temps. Ces petits magasins sont conscients des limites de ce marché: certains produits sont inaccessibles du fait de leur prix et du faible volume de leurs approvisionnements.

En résumé les principaux blocages au niveau de la distribution des produits biologiques au Québec se résument par :

• Le manque de volume en produits biologiques québécois toutes gammes confondues.

• La difficulté à trouver des produits toute l'année.

• Les difficultés d'étiquetage et de contrôle de qualité rencontrées avec les produits importés.

• Le manque de visibilité des produits biologiques dans les magasins.

• Le consommateur ne trouve pas toujours une personne compétente pour répondre à ces questions sur les produits biologiques dans les supermarchés.

• Les prix des produits biologiques en magasins (notamment les magasins spécialisés) restent élevés et le nombre d'intermédiaires importants.

• Le consommateur ainsi que certains responsables de magasins sont encore peu éduqués, informés sur le mode de production des aliments biologiques et les risques des aliments transgéniques.

En conclusion de cette deuxième partie consacrée aux résultats, il est intéressant de revenir sur les hypothèses énoncées dans la partie I2-3.

La première hypothèse concernait la décomposition verticale de la filière en trois niveaux d'activité: production-transformation-distribution. L'ensemble des résultats annoncés dans cette dernière partie le confirme: producteurs, transformateurs et distributeurs sont en relation permanente via les opérations de ventes et d'achats.

La deuxième hypothèse concernant les sous-systèmes horizontaux au niveau de la transformation a été validée lors de la présentation de la typologie des transformateurs.

La troisième hypothèse concernant la spécificité de la filière bio est validée dans le sens où tous producteurs, transformateurs et distributeurs rencontrent des problèmes similaires face aux produits biologiques (marketing, conditionnement, conservation, approvisionnement,…). Cependant, chaque filière (légumes, céréales, viande, lait, érable) garde ses propres caractéristiques: le développement dans le temps a pris un rythme différent selon les filières (faiblesse des productions animales, prédominance des légumes) ; les contextes politico-agricoles qui entourent certaines productions (lait) influent sur ces mêmes produits en biologique ; les modes de valorisation des produits diffèrent d'une filière à une autre (circuits courts en légumes, circuits longs en céréales).

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RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR DE LA FILIÈRE BIOLOGIQUE QUÉBÉCOISE

1 DES RECOMMANDATIONS POUR LEVER LES BLOCAGES

Un certain nombre de blocages ont pu être répertoriés dans la deuxième partie. Des recommandations pour lever ces blocages sont proposées. Ces recommandations ont pu être établies à l'aide des données qualitatives recueillies dans les questionnaires et à travers les différentes entrevues réalisées.

1.1 Recommandations concernant la production, la transformation et l'encadrement du milieu

Favoriser le regroupement des producteurs au niveau régional:

• pour créer des coopératives de production de semences biologiques et éliminer toute difficulté quant à l'approvisionnement en semences non transgéniques et supprimer les coûts des analyses de grain ;

• pour créer des coopératives d'achat et d'utilisation de matériel en commun (quand les distances le permettent) pour réduire les coûts d'investissement et faciliter l'obtention de système de stockage de la production pour désaisonnaliser l'offre ;

• pour créer des coopératives de mise en marché regroupant l'offre de plusieurs producteurs en un seul point, permettant ainsi de fournir les transformateurs et réseaux de distribution de la région ;

• Pour échanger les techniques, les idées, les difficultés,…

Obtenir au même titre que les producteurs agricoles conventionnels un système d'assurance stabilisation du revenu et un système d'assurance récolte pour toutes les productions biologiques tenant compte des réalités de ce mode de production (rendements, coûts de main-d'œuvre).

Les besoins des producteurs en conseils techniques ne sont pas comblés. Les programmes de recherche et de formation en production biologique font défaut. La qualité de l'information et l'accès à celle-ci reflètent des besoins primordiaux.

L'organisation du milieu ne doit pas se limiter aux organismes certificateurs. Il est nécessaire qu'une organisation représente l'ensemble des producteurs biologiques toutes productions et toutes tailles confondues pour défendre leurs intérêts auprès des autorités et auprès des fédérations de producteurs de l'UPA et pour faire en sorte que les valeurs fondamentales de l'agriculture biologique ne disparaissent pas au profit de la mondialisation. Chaque producteur, petit ou gros, a sa place à tenir dans le développement du bio québécois. Les producteurs de taille modeste en se regroupant peuvent se concentrer sur l'approvisionnement local en produits biologiques alors que les plus gros producteurs peuvent percer le marché de l'exportation et de la grande distribution.

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Informer les producteurs conventionnels sur les particularités de l'agriculture biologique :

• pour les sensibiliser aux pratiques environnementales, les faire respecter ce mode de production (coopération entre producteurs conventionnels et biologiques pour les bandes tampons*) ;

• pour les renseigner sur les bénéfices de l'agriculture biologique (marché, prix, tendance) et enlever les fausses connotations (faible rendement, marché absent, mauvaise organisation,…).

Stimuler la conversion à l'agriculture biologique par un soutien financier (prise en charge des frais de certification par le gouvernement, primes compensatoires pendant les années de conversion,…), afin que les producteurs biologiques non certifiés fassent le pas de la certification ainsi que les producteurs conventionnels.

Encadrer techniquement et conseiller les petites unités de transformation afin de leur faciliter l'accès aux conseils et au financement.

Pour faire le lien entre les différents maillons de la filière biologique, il est important de mettre en place une interprofession (producteur, transformateur, certificateur, distributeur, centre de recherche). Elle permettra, entre autres choses, de mettre en relation les «demandeurs» (transformateurs, distributeurs, courtiers) avec les «offreurs» (producteurs, transformateurs), de rassembler l'ensemble des acteurs pour discuter et travailler au développement du milieu (projet de soutien financier aux producteurs, reconnaissance de l'accréditation par le fédéral, promotion de la norme et de l'appellation réservée) et surtout de développer la solidarité au sein du milieu.

Ces recommandations ressortent de la majorité des questionnaires et rencontres. Cependant, certains producteurs de la catégorie «militantes» restent et resteront individualistes. Aussi, il serait utopique de penser rassembler tous les producteurs biologiques. Certains s'excluront toujours eux-mêmes des organisations.

1.2 Recommandations concernant la certification et l'accréditation

Amener les organismes certificateurs à coopérer et à se reconnaître mutuellement.

Imposer un seul cahier des charges pour l'ensemble du Québec pour éviter de semer le doute chez les producteurs conventionnels qui souhaiteraient se convertir et surtout pour diminuer les querelles entre les différents organismes certificateurs.

Uniformiser les grilles de prix.

Utiliser un seul logo Agriculture biologique pour l'ensemble des organismes certificateurs comme c'est le cas dans certains pays. Cela éviterait les confusions chez le consommateur.

Contrôler l'appellation réservée au Québec ainsi que l'authenticité des produits biologiques importés et faciliter l'exportation des produits bio québécois vers l'Europe.

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1.3 Recommandations concernant la distribution, la mise en marché et la promotion des produits biologiques

Mettre en place un réseau entre les producteurs biologiques pour assurer un meilleur approvisionnement aux points de vente existants et gagner de nouveaux points de vente au sein des grands réseaux de distribution.

Désaisonnaliser (dans la limite du possible) l'offre afin de rendre certains produits biologiques disponibles sur une plus longue période de l'année.

Réduire le nombre d'intermédiaires pour diminuer les coûts et rendre le réseau de distribution plus efficace.

Améliorer la présentation des produits biologiques dans les rayons (identification, positionnement) et rendre les aliments bio plus accessibles aux consommateurs.

Continuer à informer, éduquer les vendeurs et consommateurs sur l'environnement, le mode de production biologique, la qualité des produits, les risques liés aux cultures transgéniques.

Concernant la promotion de l'agriculture biologique, de la norme et de l'appellation en vigueur au Québec, il serait intéressant de :

Mettre sur pied un système de coopération entre les producteurs, les transformateurs, les grossistes et les détaillants. Ceci permettrait de bénéficier de plus de fonds et il serait alors possible d'attirer l'attention sur les produits bio par l'intermédiaire de prospectus d'information, d'affiches, de publicités télévisées, de campagnes promotionnelles… Une telle action collective aurait un impact plus fort sur les consommateurs.

Organiser plus de colloques, de portes-ouvertes, d'expositions, de «kiosques» pour:

• informer davantage les consommateurs sur les aliments biologiques par rapport aux aliments transgéniques et leur permettre de rencontrer des producteurs biologiques ;

• permettre aux producteurs, transformateurs et distributeurs de se rencontrer ;

• faire la promotion du bio actuel pour faire disparaître les connotations «granola» et tenter d'atténuer l'association bio-végétarien.

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2 PLAN D'ACTION POUR SUIVRE CES RECOMMANDATIONS

2.1 Le rôle du gouvernement

2.1.1 Au niveau provincial

2.1.1.1 Les missions du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation

du Québec (MAPAQ)

Avant toute chose il est nécessaire que le MAPAQ adopte une législation obligeant la mention OGM sur tous les produits destinés à l'alimentation humaine en comportant.

Les enjeux de la Table filière biologique Elle doit être remise sur pied et jouer son rôle d'interprofession. Ses objectifs premiers doivent porter sur l'établissement d'une véritable politique de développement de l'agriculture biologique couvrant les volets suivants :

• soutien financier du milieu par le gouvernement provincial et par les instances régionales tels que les tables de concertation agroalimentaire ou autres instances régionales ;

• appliquer le système actuel de soutien de l'agriculture conventionnelle à l'agriculture biologique en prenant en compte les réalités de cette production (rendement, coût de la main-d'œuvre…) ;

• aides à la conversion ;

• Prise en charge en partie des frais de certification par le gouvernement.

Renforcement des instances de coordination avec la mise en place :

• d'une section «Territoire-Filière-Marché» dont la responsabilité pourrait aller à la Table filière biologique elle-même ;

• d'une section «Recherches-Développement-Formation» dont la responsabilité pourrait aller au Centre d'agriculture biologique du Québec et aux Instituts de Technologie Agroalimentaire. Ceci reviendrait à créer un centre d'expertise virtuel où le milieu de la production, l'expertise technique et les autres partenaires arriveraient à répondre aux demandes techniques des producteurs ;

• d'une section «réglementation-contrôle-qualité-promotion» dont la responsabilité irait au Conseil d'Accréditation du Québec. Ce qui permettrait pour le Ministère de respecter son engagement avec le CAQ* en lui fournissant les financements nécessaires à son bon fonctionnement.

Les enjeux des Instituts de Technologie Agroalimentaire Organismes de formation à part entière, ils ont un véritable rôle à jouer en mettant sur pied, à l'aide du MAPAQ, des cursus de formation continue et en alternance pour des étudiants ou des producteurs

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conventionnels. De plus, étant souvent associés à des exploitations agricoles, ils peuvent lancer des programmes de recherche au champ conformément aux besoins des producteurs.

Les répondants régionaux en agriculture biologique Porte-parole du MAPAQ et de la Table filière bio dans chaque région, ils se doivent de faire passer l'information et d'être en mesure de pouvoir conseiller techniquement les producteurs. Il est nécessaire que les répondants travaillent en réseau avec le Centre d'agriculture biologique du Québec en matière d'échange d'informations techniques.

2.1.1.2 Les missions du Conseil d'Accréditation du Québec

Enclencher un programme de contrôle des produits importés par les pouvoirs qui lui sont conférés.

S'employer à diffuser une information claire et uniforme sur les aspects de la loi concernant le respect de l'appellation biologique.

Imposer aux organismes certificateurs d'uniformiser leur cahier des charges.

2.1.1.3 Les missions du ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF)

Considérer dans le code de gestion des pesticides les fermes biologiques au même titre que les autres biens-fonds nécessitant une protection spéciale.

Taxer les intrants chimiques et redistribuer les taxes aux producteurs certifiés biologiques ou appartenant à l'association sans herbicide.

2.1.2 Au niveau fédéral

Tant que le Canada ne pourra certifier l'authenticité de ses produits biologiques, leur accès aux marchés étrangers demeurera problématique. Maintenant que les États-Unis ont des normes nationales il leur serait facile de devancer le Canada dans ce domaine. C'est pourquoi le gouvernement fédéral se doit :

De prendre en considération la proposition faite par le Conseil d'Accréditation du Québec au comité de travail mis sur pied par le gouvernement canadien concernant l'accréditation au Canada: il a été proposé que le CAQ* devienne «l'autorité compétente» en matière d'accréditation des agences de certification à travers le Canada. Il est important de convaincre le conseil consultatif canadien (COAB*) compte tenu des échéances urgentes de la communauté européenne.

D'adopter une politique de précaution vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés et de légiférer sur l'étiquetage.

• De faire respecter les taux de pourcentages de type étranger à la variété prévus pour les différentes cultures.

• De s'assurer que les contrevenants seront responsables des récoltes contaminées.

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• De faire en sorte que les récoltes contaminées soient compensées au prix du marché certifié biologique et transition.

De plus, à travers le Conseil canadien des normes, le gouvernement fédéral se doit de reconnaître l'accréditation québécoise comme conforme à la norme ISO 65 afin de ne pas perdre de marché à l'exportation.

2.2 Le rôle des organismes d'encadrement de la filière

2.2.1 Les missions de la Fédération d’agriculture biologique du Québec

Continuer à développer les comités de production mis en place :

• informer les producteurs conventionnels ;

• défendre les intérêts des producteurs bio auprès des fédérations de production de l'UPA.

Se faire le porte-parole de tous les producteurs, petits et gros.

De participer financièrement à la réalisation de travaux communs commandés par la table filière (étude de marché, campagne de promotion…)

2.2.2 Les missions de l'Union des Producteurs Agricoles

Appuyer et accompagner la FABQ dans ses démarches:

• de soutien financier des productions biologiques ;

• de campagne de prévention des OGM et de la promotion de leur étiquetage ;

• d'aide aux producteurs à détecter les semences OGM.

2.2.3 Les missions des organismes certificateurs

Coopérer et uniformiser leur cahier des charges et grilles tarifaires

Participer au financement du Conseil d'Accréditation du Québec

Réunir l'ensemble de leurs résultats statistiques en matière de production biologique et de transformation, les publier chaque année afin de constituer un observatoire de la production et de la transformation des produits biologiques, et de se tenir au courant des changements dans le secteur bio.

2.2.4 Les missions du Centre d'agriculture biologique du Québec

Se faire le porte-parole de la table filière en mettant à la disposition de tous sur son site internet et à travers son magazine les informations concernant les marchés et les recherches techniques.

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Coopérer avec l'ensemble des répondants régionaux en agriculture biologique afin d'échanger les informations techniques.

Prendre en charge les différents programmes de recherche aux champs et les réaliser en partenariat avec les Instituts de Technologies Agroalimentaires et les producteurs eux-mêmes. Le CABQ se chargerait du choix des programmes, du financement et de la diffusion des résultats, laissant aux ITA* ou aux producteurs eux-mêmes la mise en place et le suivi des recherches appliquées.

2.2.5 Les missions des Tables de concertation agroalimentaire

Les tables de concertation agroalimentaire peuvent jouer le rôle de relais régionaux de la table filière biologique en accordant notamment plus de place aux producteurs et transformateurs biologiques et en les aidant:

• à monter des dossiers de demande de subvention pour des programmes de recherche. Dossiers qui pourraient ensuite être envoyés au Centre d'agriculture biologique du Québec et à d'autres programmes d'aide agroenvironnementale ;

• à se regrouper en coopérative pour assurer la mise en marché à plus grande échelle auprès des transformateurs et distributeurs de leur région et des régions voisines. Ceci permettrait de plus de maintenir un dynamisme local et de limiter les intermédiaires ;

• à créer des unités de transformation en mettant à disposition des locaux ou en empruntant à la place des entreprises qui deviennent donc locataires et remboursent à la table de concertation au lieu de rembourser à l'organisme créancier (principe des ateliers relais et ferme-relais) ;

• À encadrer et à orienter sur les bons programmes d'aides les producteurs et transformateurs recherchant du financement.

Elles peuvent également récupérer auprès des instances régionales un soutien financier pour les producteurs en conversion.

3 DES MARCHÉS PORTEURS POUR LES PRODUITS BIOLOGIQUES QUÉBÉCOIS À DÉVELOPPER

3.1 Le Japon un marché à ne pas manquer !

Le Japon est à la base un gros importateur de produits agroalimentaires. Plus de 50% de la nourriture consommée par les Japonais est importée. La demande japonaise est surtout centrée sur les oléagineux. Les céréales et la viande, mais aussi les produits transformés à plus forte valeur ajoutée, présentent un potentiel important au Japon. En 1998, 5,3% des exportations québécoises se sont faites vers le Japon, soit 139 millions de dollars canadien. Il s'agit de la troisième destination après les États-Unis et l'Europe.

En ce qui concerne le secteur spécifique des produits biologiques, il est actuellement difficile de la quantifier. Cependant, il est intéressant de noter que les importations de soya canadien et québécois au Japon ont augmenté: depuis le début de l'année 2000, plus de 90 000 tonnes de soya ont été importées, soit 80% de plus que l'année précédente à la même période. Le soya canadien présente un

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taux de protéine supérieur à celui du soya américain. Par ailleurs, il existe au Québec et dans le reste du Canada une filière importante et organisée de soya non transgénique pour l'alimentation humaine; ce dernier, sur le marché japonais, se vendrait jusqu'à 140 $ la tonne de plus que le soya transgénique américain.

La majeure partie des produits biologiques consommés par les Japonais sont des légumes frais et des plats préparés et congelés. Le Japon présente le plus fort taux de consommation de produits biologiques par habitant. La demande est importante en ce qui concerne les produits congelés et la restauration rapide préparés avec des légumes biologiques.

Le Québec a un avantage sur les États-Unis du fait qu'il est considéré par les pays asiatiques d'une part comme étant une zone étendue, relativement non polluée, au climat froid qui convient idéalement à l'agriculture biologique et d'autre part comme un pays avec une mentalité de peuple latin dû à son héritage européen.

De plus, le Québec du fait de sa norme et du contrôle mis en place possède également un avantage vis-à-vis les autres provinces canadiennes, puisque le Japon, méfiant de la prolifération des organismes de certification canadiens et américains, exige une certification accréditée.50

Notons que lors de son dernier voyage au Japon, le ministre de l'agriculture du Québec, Rémy Trudel est revenu avec une commande de porcs biologiques.

3.2 Le marché américain

Les États-Unis sont la première destination des produits alimentaires québécois avec 70% des exportations en 1998.

Le Québec jouit auprès des américains d'une connotation «européenne» et d'un gage de qualité pour son alimentation. La demande des produits biologiques sur le marché américain, comme sur le marché mondial est en pleine croissance. Par soucis de santé, les Américains consomment des produits biologiques occasionnellement.

Les fruits et légumes biologiques québécois ont une très bonne réputation et ont percé sans problème le marché américain. Le bassin de population de la côte Est des États-Unis est un véritable marché en or pour les productions horticoles québécoises.

Dans le domaine de la viande, la demande américaine est encore supérieure à l'offre et présente un marché pour l'ensemble des producteurs de viandes biologiques du monde entier.

Les É-U restent la première destination des courtiers québécois qui oeuvrent dans le bio, notamment pour les grains et le soya. En 1999, les ventes des grossistes et courtiers vers les USA dépasseraient largement les 5 millions de dollars.

3.3 Le marché européen

Deuxième destination des produits alimentaires québécois après les USA, l'Europe est considérée comme le principal marché dans le secteur des produits biologiques, aussi bien au niveau de la production que de la consommation. À l'heure actuelle la majorité des produits biologiques importés en Europe proviennent du Canada et des États-Unis.

50 Direction du Développement des marchés du Québec

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Le Québec avec son programme d'accréditation biologique reste encore plus crédible que les USA aux yeux des européens. Cependant, avec l'entrée en vigueur de la norme américaine, le Québec pourrait perdre des marchés, si le gouvernement fédéral ne réagit pas.

Cependant, le Québec garde un avantage sur le reste des provinces canadiennes et sur les É-U: son héritage culturel européen qui lui confère une connotation «qualitative» au sein de l'Amérique du Nord où l'aspect quantitatif domine.

La France représente un marché opportun pour le Québec, puisqu'elle recherche des produits différenciés d'origine québécoise comme les bleuets et le sirop d'érable. De plus, la filière des oléagineux biologiques en France pose un véritable problème ne suffisant pas à alimenter l'ensemble des productions porcines et avicoles biologiques. Une étude menée en 199851 a estimé le déficit français en protéine biologique pour l'alimentation animale à 20 000 tonnes d'équivalent tourteaux, dont l'essentiel doit être importé.

Pour les autres pays de l'union tels que le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne, la demande des produits biologiques croît plus vite que l'offre. De ce fait, les importations restent importantes (70% pour le Royaume-Uni) et ces pays constituent donc un débouché de toute première importance pour les producteurs d'aliments biologiques.

51 D'après l'étude de CORRE G et al., 1998.-Quel avenir pour les matières riches en protéines en alimentation animale biologique ?

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CONCLUSION La filière des produits biologiques au Québec est en pleine phase de développement. La majorité des facteurs de développement sont présents:

• Les signaux du marché sont clairs: la demande du consommateur est présente et ne cesse de croître.

• Les productions diversifiées, de qualité sont encore faibles (427 producteurs sur plus de 14260 Ha), mais continuent à croître doucement.

• Le contexte politique agricole évolue peu à peu et se tourne vers une agriculture durable, respectueuse de l'environnement.

• L'accès à l'information s'améliore; consommateurs et citoyens se sensibilisent aux problèmes environnementaux, le débat actuel face aux OGM prend de l'ampleur.

• Le gouvernement provincial et fédéral ne tardera pas à adopter une position claire par rapport à l'agriculture biologique (recherche et développement, financement,…) ainsi les blocages institutionnels qui pour l'instant freinent le développement de la filière seront vite levés.

Du côté des transformateurs et distributeurs, les perspectives de croissance sont encourageantes. Les besoins en produits biologiques vont donc s'accroître. Il reste aux producteurs québécois à s'organiser pour combler ces besoins. L'organisation actuelle ainsi que l'encadrement de la filière présentent encore quelques lacunes, mais la restructuration en cours de la table filière devrait vite estomper ces problèmes et solidariser le milieu. C'est tout du moins le défi qu'elle doit relever afin que le Québec ne perde pas de marché et ne se fasse pas envahir par les produits biologiques importés.

La mise en place de la filière bio au Québec comme dans les autres pays développés n'est pas sans poser problème. Comme toute nouvelle filière ou produit le développement du secteur biologique est confronté au même type de problématique: la faible concurrence, l'offre limitée et les investissements incitent au début à fixer des prix élevés. La progression de la demande, souvent fondée sur des catégories aisées de consommateurs, l'arrivée de concurrents et la diminution des coûts due aux économies d'échelle exercent ensuite une pression à la baisse.

Aujourd'hui, au Québec comme ailleurs, il semble que le marché du biologique doive passer par un processus similaire s'il ne veut pas rester à l'état de créneau et manquer de devenir un véritable segment du marché; et ce, sans oublier la logique militante au profit de la logique industrielle. Ce développement peut se faire plus ou moins rapidement suivant les pays, du fait que les contextes politiques mis en place autour de l'agriculture conventionnelle sont plus ou moins réglementés et rigides, répondant à des produits standards.

Notons enfin que le Québec dispose d'un potentiel de conversion massive. Près de 2000 producteurs utilisent des méthodes proches de l'agriculture biologique. L'instauration d'une politique incitative et promotionnelle de l'agriculture biologique devrait permettre leur conversion dans un avenir proche. Il serait néanmoins intéressant dans un futur proche d'identifier les besoins de ces producteurs afin de valoriser rapidement leurs productions sur le marché biologique. Le développement du bio québécois dépendra donc en partie de la position du gouvernement. Pour l'instant, celui-ci a fait le choix du «raisonné: économiquement rentable, écologiquement sain».

Cependant, le volet social (main-d'œuvre, diversification de l'activité,…) a pour l'instant été laissé de côté. L'agriculture biologique, en tant qu'agriculture durable, semblerait plus apte que l'agriculture raisonnée à répondre à ce volet social et à maintenir un dynamisme régional. Notons cependant que l'agriculture durable ne passe pas nécessairement par l'agriculture biologique qui ne résout pas

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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toujours l'ensemble des problèmes environnementaux et de qualité des produits. De plus, l'agriculture biologique devra se donner de nouvelles missions comme celle de répondre à la multifonctionnalité de l'agriculture: l'agrotourisme, l'aménagement du paysage, la préservation des races et variétés locales.

L'agriculture biologique doit donc se développer en complémentarité des autres formes d'agriculture raisonnée, durable afin de préserver notre environnement.

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GLOSSAIRE ET LISTE DES ABRÉVIATIONS

Les mots et abréviations suivis d'un astérisque (*) sont répertoriés dans le glossaire ci-dessous A

Agriculture organique: né en Grande Bretagne après la seconde guerre mondiale, ce mouvement redonna à l'humus un rôle important dans l'équilibre biologique et la fertilité des terres. Ce mouvement se basait sur les théories développées par Sir Albert Howard dans son testament agricole écrit en 1940. Howard déplorait l'emploi d'engrais artificiels, notamment minéraux. Il conseilla donc un retour à une agriculture paysanne, autonome, attentive aux phénomènes naturels et préservant l'humus. Durant son long séjour en Inde, il conclut que la solution aux problèmes d'alimentation dans ce pays se trouvait non pas dans l'adoption de techniques occidentales coûteuses en énergie, mais dans l'association polyculture-élevage, pratiquée traditionnellement. Il met au point une méthode de compostage et étudie ses effets sur les rendements et la qualité des produits agricoles. Ses études furent reprises aux États-Unis avec l'appui de la Soil Association.

Agriculture organo-biologique: ce courant s'inspire d'un courant apparu en Suisse, dès 1930, sous l'impulsion d'un homme politique H.Muller. Ses objectifs sont économiques et socio-politiques: autarcie des producteurs, circuits courts entre la production et la consommation. Les idées de ce mouvement se concrétisent dans une méthode de culture vers les années 60. C'est un médecin, Hans Peter Rusch qui mit au point cette méthode. Croyant aux vertus du progrès technologique, alors en plein essor, il s'employa à jeter les bases d'une nouvelle agriculture biologique. Il renonça au principe de l'autonomie complète de l'entreprise agricole. Il estimait en effet que l'association agriculture-élevage n'est pas indispensable si le producteur peut se procurer les engrais organiques et les compléter notamment avec des poudres de roches.

Anthroposophie: à la veille de sa mort, en 1924, Rudolf Steiner, philosophe autrichien, jeta les bases de l'agriculture biodynamique qui accorde une importance particulière aux forces telluriques et cosmiques. Il exprime son point de vue sur le rôle de l'agriculture qu'il place à la base de toute société harmonieuse. Il expose les principes d'une agriculture fondée sur une approche anthroposophique. Il met en garde contre l'excès d'engrais chimiques qui peut tuer «la terre, organisme vivant». Il conseilla aussi d'employer du compost préparé avec certaines substances végétales susceptibles de jouer un rôle de biocatalyseur. E. Pfeiffer reprend ces thèses et met au point la méthode biodynamique qu'il expérimente dans plusieurs domaines agricoles d'Europe et des États-Unis. Pour Pfeiffer, l'exploitation paysanne autonome est le seul point d'ancrage solide dans une société en crise, celle de 1929 en l'occurrence ; l'agriculture biodynamique pouvant contribuer à résoudre cette crise. Dans les années trente, ce mouvement fait des adeptes dans les pays nordiques et germanophones. Interdit en 1940 par les nazis, sous la pression des firmes chimiques, il continue à se développer dans plusieurs pays de l'Europe du nord.

ASC: Agriculture Soutenue par la Communauté CF Annexe II2 p 15 du document annexes.

AT: Région Abitibi-Témiscamingue, Nord du Québec

Atocas: mot amérindien, signifiant airelle des marais, synonyme de canneberge.

B Bandes tampons: les bandes tampons sont des bandes de 8 mètres de largeur séparant une culture à risque (conventionnelle) et une culture certifiée. Les bandes tampons doivent être récoltées, pesées, identifiées et entreposées séparément. Les récoltes de la bande tampon sont vendues comme produit conventionnel ou peuvent être utilisées comme semence ou encore comme alimentation d'animaux qui ne sont pas en production biologique (ex: jeune taure). Dans ce dernier cas il s'agit de cesser assez tôt pour ce conformer à la norme d'alimentation 100% bio du bétail certifié.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Bleuets: nom québécois de myrtilles. BT: Bacillus thuringiensis, bactérie s'attaquant aux larves de lépidoptères. Des souches ont été développées spécifiquement pour lutter contre le doryphore (Novodor)

Biodynamie: cf. anthroposophie

BSL: Région Bas-Saint-Laurent

C CA: Région Chaudière-Appalaches

CABQ: Centre d'agriculture biologique du Québec, basé à La Pocatière dans les locaux de l'ITA*.

Canneberges cf. Atocas

Canola: synonyme de colza

CAQ: Conseil d'Accréditation du Québec

COAB: Canadian Organic Advisory Board Inc/Conseil consultatif canadien de la production biologique

CODEX ALIMENTARIUS: droit ou code alimentaire créé pour mettre en œuvre le programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires. Il a pour objet de protéger la santé des consommateurs et d'assurer des pratiques loyales dans le commerce alimentaire. Il se présente comme un ensemble de normes alimentaires internationalement adoptées et présentées de manière uniforme. En 1999, la commission du codex a publié des directives internationales pour la production, la transformation, l'étiquetage et la commercialisation des aliments issus de l'agriculture biologique

COMPAGNIE: statut juridique des exploitations agricoles incorporées et limitées, correspondant à une société par action. Avec ce statut, la compagnie est une personne morale. Les associés sont actionnaires de la compagnie. Ils ne sont pas responsables sur leur patrimoine du devenir économique de la compagnie.

CQ: Région Centre-du-Québec

D $can: dollar canadien. Un dollar canadien vaut environ 70 cents américains, soit 4,8 Francs francais.

E E: Région Estrie

ESB: Encéphalopathie Spongiforme Bovine, communément appelée maladie de la vache folle.

Exploitation à propriétaire unique: statut juridique des exploitations agricoles québécoises simplement enregistrées.

F FABQ: Fédération d’agriculture biologique du Québec Formule RAND: la reconnaissance syndicale culmina en 1945 avec l'adoption de la Formule Rand. Fondée sur un compromis proposé par le juge de la cour suprême, Ivan Rand, entre la direction de Ford et ses travailleurs en grève, cette décision imposa à tous les travailleurs y compris les non-membres, de payer leurs cotisations afin d'assurer la stabilité financière des syndicats. Cette formule, point fort de l'histoire du syndicalisme, est appliquée au Québec par l'unique syndicat agricole qu'est l'UPA.

G Gallon: unité de mesure: 1 gallon=4,545 litres

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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GIM: Région Gaspésie-Iles de la Madeleine

GREPA: Groupe de recherche et d'études en politiques agricoles

H HACCP: Système d'Analyse des risques-points critiques pour leur maîtrise.

I IFOAM: International Fédération of Organic Agriculture Movements / Fédération internationale des mouvements en agriculture biologique.

ISO 14001: à l'heure actuelle, la certification ISO 14001 apparaît comme étant l'avenue la plus intéressante pour le monde agricole. Le programme québécois d'aide à l'investissement en agroenvironnement permettra à plus de 2000 fermes d'entreprendre le virage environnemental. L'accréditation deviendra possible si plusieurs entreprises se regroupent pour mettre en commun l'administration d'un système de gestion environnementale basé sur l'approche ISO. C'est dans ce but qu'une table de concertation agroalimentaire a mis de l'avant un projet pilote de certification environnementale ISO 14001. Ce projet vise à mettre sur pied un système de gestion environnemental adapté aux réalités des fermes québécoises tout en respectant les exigences internationales ISO. Huit entreprises agricoles de l'Estrie participent au projet soutenue par divers organismes comme l'UPA, le MAPAQ, le Ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF).

ITA: Institut de Technologie Agroalimentaire

L L:Région Laurentides

Lb: livre. 1 livre=0,453Kg

M Ma: Région Mauricie

MAB: Mouvement des agriculteurs biologiques MAPAQ: Ministère de l'Agriculture des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec MEF: Ministère de l'Environnement et de la Faune

MLL: Région Montréal, Laval, Lanaudière

Mo: Région Montérégie

MRC: Municipalité Régionale de Comté.

O O: Région Outaouais OCIA: Organic Crop Improvement Association / Association pour l'amélioration des cultures biologiques. Organisme certificateur québécois. OGM: Organisme Génétiquement Modifié

P Prime-Vert: nom du programme mis en place par le MAPAQ dans le but de réduire la pollution d'origine agricole. Soutien financier aux producteurs pour la construction de fosses à fumier.

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PRODUCTION, TRANSFORMATION ET DISTRIBUTION DES PRODUITS BIOLOGIQUES AU QUÉBEC

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Q Qc: Région Québec

R RUAB: Références utiles en agriculture biologique

S SLJ: Région Saguenay-Lac-Saint-Jean-Côte-Nord Société: statut juridique des exploitations agricoles regroupant les coopératives et sociétés en nom collectif. Dans ce statut les propriétaires sont responsables sur leur patrimoine du devenir économique de la société.

T Table filière: l'approche filière a fait son apparition dans le paysage de l'agroalimentaire à la suite du «Sommet sur l'agriculture québécoise» de juin 1992, organisé par le MAPAQ. Cette approche a été privilégiée afin de concrétiser la volonté de dialogue et de structurer la concertation sur un plan organisationnel. Elle implique de réunir à la même table des personnes qui n'ont pas toujours des intérêts communs, de les amener à se connaître et à discuter des enjeux fondamentaux dans leur secteur. L'objectif étant d'identifier les meilleures voies de développement et d'aider ainsi l'agroalimentaire québécois à relever le défi de l'ouverture des marchés. Chaque table filière comprend des représentants de la production, de la transformation, de la distribution et des pouvoirs gouvernementaux. Elles peuvent s'adjoindre suivant leur désir ou leurs besoins des fournisseurs de produits et services: institutions financières, maisons d'enseignement, établissements de recherche, corporations ou associations professionnelles, des syndicats.

Table filière biologique: créée en 1994, elle a de suite établit un plan stratégique de développement, dont l'objectif majeur était la mise en place d'une norme de référence, de l'accréditation des organismes de certification et la réservation de l'appellation biologique. Ces objectifs ont été atteints en 1999 et depuis la table filière est dissoute. Elle est donc en restructuration et devrait être reconstituée durant l'automne 2000, avec de nouveaux membres. Ses prochains objectifs concerneront le soutien financier de la production, la recherche et le développement ainsi que l'organisation même du milieu.

Tm: Tonne métrique = 1 tonne

U UPA: Union des producteurs agricoles