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CRDP de Corse Découvrir le patrimoine naturel Prunelli - Gravona

Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

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Patrimoine Naturel

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Page 1: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

CRDP de Corse

Découvrir le patrimoine naturel

Prunelli - Gravona

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Nous remercions vivement pour leurs conseils, la documentation et les photographies mises à notre disposition :

l’Office de l’Environnement de la Corse - Conservatoire botanique de Corse, le Parc Naturel Régional de Corse, la Réserve Naturelle de l’étang de Biguglia,

MR Guilhan Paradis, MR Jean-François Seguin.

Sommaire

Circuit pédagogique n°1 - Les vallées de la Gravona et du Prunelli . . . . . . . . p. 05

Circuit pédagogique n°2 - La zone humide de la Gravona et du Prunelli . . . .p. 19

Circuit pédagogique n°3 - La découverte du maquis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23

Circuit pédagogique n°4 - La hêtraie de la vallée de la Gravona . . . . . . . . . . p. 29

Circuit pédagogique n°5 - Les Pozzi de Bastelica . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 33

Imprimé en France© CNDP–CRDP de Corse - 2011

Dépôt légal : novembre 2011Éditeur nº 86 620

Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS CUBELLS

Nº ISBN : 978 2 86 620 276 7 Achevé d’imprimer sur les presses de

Horizon - 13420 Gémenos

Photo de couverture, Jean-François Paccosi Embouchure du Prunelli et de la Gravona

Chef de projet : Jean-François Cubells

Conception/réalisation maquette : Évelyne Leca

Page 3: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

Prunelli - Gravona

AutEurs

JEAn FrAnçois CubElls

Directeur du CRDP de Corse

Professeur agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre

AlAin GAuthiEr

Docteur en géologie

Professeur agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre

Découvrir le patrimoine naturel

CRDPAcadémie de Corse

Édité par le Centre Régional de Documentation Pédagogique

Ouvrage publié avec le concoursdu Conseil général de la Corse-du-Sud

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Extrait de la carte géologique et structurale de la Corse et de la sardaigne. servizio Geologico d’italia/brGM service géologique national - 1999.

Dépôts alluviaux, lagunaires et glaciaires (Quaternaire : -2,6 Ma à l’actuel)

Conglomérats continentaux du Vazzio (oligocène : -34 Ma à -23 Ma)

Granites alcalins (tolla : -281 Ma ± 5 Ma)

Complexe basique et ultrabasique (Gabbro-diorite : -305 Ma à -260 Ma)

Granites calco-alcalins (± 295 Ma)

Monzogranite à biotite (± 299 Ma)

Granodiorite (± 304 Ma)

socle paléozoïque et précambrien (gneiss)}Faille

Filon basique

5 km

N

S

E W

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Les vallées de la Gravona et du Prunelli………5

Les vallées de la Gravona et du PrunelliLe golfe d’Ajaccio ne serait pas ce qu’il est sans les montagnes qui le ceinturent et le dominent. En hiver,ou au printemps, lorsqu’ils sont enneigés les deux sommets jumeaux du Monte d’Oru et de la Migliarelluforment un écrin que certains n’ont pas hésités à décrire comme le « plus beau golfe du monde ». Ce sontces sommets et ceux moins visibles, depuis la ville impériale, comme le Rinosu qui dominent le hautPrunelli, qui donnent naissance et alimentent les deux petits fleuves côtiers du Prunelli et de la Gravona.

Cir

cuit p

édagogiq

ue 1

LE CADRE GÉOMORPHOLOGIQUE Un golfe et deux valléesLes deux fleuves sont doncindissociables du golfe dans lequelils se jettent. De la presqu’île de laParata à celle de Capu di Muru,gardées chacune par une tourgénoise, le golfe d’Ajaccio mesure17 km de large. Les embouchures,aujourd'hui conjointes, de laGravona et du Prunelli sontégalement distantes de 17 km dela pointe du Tabernacle sur laGrande Sanguinaire. Leur valléecommune se poursuit d’ailleurs sousla mer en dessinant un canyonaujourd’hui immergé. Les mesuresréalisées indiquent une profondeur

l’ouest, qui s’engouffrent dans lesdeux vallées. Ainsi les hauts reliefssont bien arrosés et accumulent laneige en hiver et les pluies àl’automne et au printemps.

La Gravona et le Prunelli, carac-téristiques généralesLes deux fleuves prennent leur sourcepratiquement au même endroit, surle flanc ouest du Monte Rinosu, auxTrois fontaines (I Tre Ochji alt :2110 m)1. Après un parcoursd’abord divergeant, nord-ouest pourla Gravona (du col de la Cagnona(alt : 1984 m) aux environs du pontde Sellola) et sud-est pour le Prunelli,puis grossièrement parallèle (nord-

supérieure à 1000 mètres au droitde la pointe de la Castagna. Cecanyon témoigne d’un épisode del’histoire géologique de laMéditerranée, lorsque son niveaubeaucoup plus bas, en abaissantle niveau de base des fleuves,rallongeait leur cours terminal. Lessommets qui ferment le golfeculminent à plus de 2300 mètres àmoins de 35 km du rivage. Ainsi,une dénivellation de près de 4000mètres existe sur une distancehorizontale d’environ 40 km. Cettebarrière montagneuse à faibledistance de la mer joue un rôleimportant en s’interposant sur letrajet des masses d’air venant de

le golfe d’Ajaccio depuis le sommet de l’Aragnascu le Monte d’oru depuis le port d’Ajaccio

1. Pour certains la source du Prunelli serait située à l’exutoire du lac de Bracca.

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6………Circuit pédagogique n° 1

ouest), les deux petits fleuves côtiersse rejoignent dans la plaine deCampu di l’Oru pour mêler leurseaux avant de se jeter dans laMéditerranée.

Cette embouchure commune estrécente, moins de deux cents ans2.Elle est l’œuvre de l’homme et trèsprobablement liée à l’assainissementde la plaine au cours du 19e siècle. On constate en effet sur les cartesanciennes que le cours terminal dela Gravona rejoignait la mer dansle secteur actuel du Ricantu. Unmodeste ruisseau témoigne encorede ce cours ancien.

des zones un peu moins pentues. Une dizaine d’affluents, sur chaquerive, tous assez modestes, gros-sissent progressivement son débit.Les torrents de Leccia Rossa, deCardiccia et de Pruniccia, quidrainent les flancs escarpés despointes Cancellone, Migliarellu etLaccione, en rive droite, peuventponctuellement avoir des débits plusconséquents. Le torrent de Foce, quiprend, comme son nom l’indique,sa source sous le col de la Foce(de Vizzavona), ne correspond pasaux sources de la Gravona, quandbien même c’est par les pentes desa vallée en rive gauche que l’axele plus fréquenté de l’île (la RN193) franchit la grande dorsalemontagneuse en l’un de ses pointsle plus bas (col de Vizzavona, alt :1163 mètres).

Le tracé assez rectiligne de la plusgrande partie de son cours est enrelation avec un grand accidenttectonique (failles), hérité de l’histoirehercynienne. La Vallée est assezlarge, près de 250 mètres sousBocognanu, plus de 500 mètres enamont du pont d’Ucciani. Toutefoisplusieurs zones étroites sontfranchies par des gorges, tellescelles de part et d'autre des pontsde Peri, de Carbuccia ou deCuttoli.

La raideur des pentes supérieures,le cumul des précipitations sur uncours laps de temps,l’imperméabilité d’une grande partiedes bassins versants, se traduisentpour les deux cours d’eau, par desdébits typiquement méditerranéensavec une amplitude pouvant allerd’un à quatre cents et des étiagessévères : débit inférieur à1m3/seconde en été, et des cruespouvant être catastrophiques surtoutà l’automne et dépassant parfois400 m3/seconde.

La Gravona42 km de longueur pour 2110mètres de dénivelé : la Gravonaest en réalité plus un torrent côtierqu’un véritable fleuve3.

La partie haute de son cours estmarquée par des traces assez nettesde l’empreinte glaciaire (col deVizzavona, pont de Sellola, etc.).La pente y est particulièrement raideet les verrous* glaciaires franchispar des cascades alternent avec

sources de Gravona et du Prunelli.

Embouchure de la Gravona et du Prunelli.

2. Le cours d’eau qui devient l’affluent n’est plusun fleuve mais une rivière. 3. Voir la note 2.

Dégâts de la crue de la Gravona 1994.

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Les vallées de la Gravona et du Prunelli………7

À son débouché dans la plaine deCampu di l’Oru, la Gravona est àl’altitude d’une vingtaine de mètres.Elle n’y reçoit plus qu’un affluentsignificatif, en rive droite : leruisseau de Ponte Bonello.Le cours actuel y est encaissé dansles terrasses quaternaires*. Celles qui dominent la rivière enrive gauche dans le secteur deBaléone sont par ticulièrementcaractéristiques.

Le PrunelliAvec 38 km de long et des sourcesà plus de 2000 mètres d’altitude,le Prunelli parait à priori assezsemblable au cours de la Gravona.De nombreuses différences existenten réalité.La partie supérieure du fleuve estmarquée par une vallée glaciairetypique à la forme en augecaractéristique, occupée en partiepar un joli lac glaciaire: le lac deVitalaca (1777 m). Quant au lacde Bracca, blotti dans son bénitierde granite, sous la Punta

de la Punta Mantellucciu à la Puntad’Arghjavara, rejoint le Prunelli pardes gorges spectaculaires.Contrairement à la Gravona quitraverse toute la plaine de Campodi l’Oru, le Prunelli ne rejoint cettedernière que dans le dernierkilomètre de son lit.

Cappannella, 300 mètres plus haut,il fournit un autre témoignage del’empreinte glaciaire sur la hautevallée4. A l’aval du premier d’entreeux, deux moraines* latéralesencadrent le jeune Prunelli. Un affluent important, le torrentd’Ese rejoint le Prunelli à l’aval deBastelica. Dans sa partie supérieure,la station de sport d’hiver d’Eseoccupe une zone de pozzines.Un autre affluent, le Pozzolo -Ajara5, cette fois en rive droite,rejoint lui aussi le Prunelli à l’avalde Bastelica. Il possède, dans lapartie supérieure de son bassinversant de superbes pozzines.

Au droit du village de Tolla, unecuvette de grande taille suivie degorges imposantes ont permis lamise en place du barragehydroélectrique éponyme.Au débouché aval des gorges, letorrent de Montichi qui draine, enrive gauche, tout le chaînon allant

haute vallée de la Gravona.

Pozzines de Pozzulo.

4. Voir note 1.5. Comme souvent en Corse les torrents changent plusieurs fois de nom. Tel est le cas ici ou le cours d’eau estnommé Pozzolo à l’amont, puis successivement : Penta puis Ajara.

Gorges du Prunelli.

lac du barrage de tolla.

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8………Circuit pédagogique n° 1

Gravona et Prunelli en trois crêtesDu Monte d’Oru au rocher desGozzi, en passant par la PuntaMigliarellu6 et le Sant’Eliseu, la crêterive droite de la Gravona sert deligne de partage des eaux avec lasauvage vallée du Cruzzini. Elle sepoursuit jusqu’à la Punta Pozzo diBorgo et l’échine émergée de LaParata et des Îles Sanguinaires.L’arête de Vicu est particulièrementdéchiquetée et donne aux reliefs quidominent Bocognano un véritablecachet alpin. La rive gauche porteles sommets du secteur Sfrunditata -Vetta, puis la longue arête qui setermine à l’Aragnascu en passantpar la Punta d’Isa et le San Petru.Elle sépare la vallée de la Gravonade celle du Prunelli.Enfin la crête rive gauche du Prunellise développe depuis le MonteGrossu jusqu’à la tour de CapuMuru en passant par les reliefs desPunte Mantellucciu, d’Arghjavara,et de Cozzaniccia.Cette relative simplicité du relief,orienté sud - ouest, nord - est, estlocalement perturbée par de petitescrêtes secondaires divergentes ouparallèles à la direction principaleet par de modestes collines. Citonsle chaînon de la Punta Caccioni -Punta Falcunaghja dans le secteurde Peri et le relief sur lequels’appuient le village d’Alata et sesnombreux hameaux (Punta Mora).

grâce au col de Vizzavona, il n’enest pas de même pour le Prunelliqui ne donne accès à aucun colroutier.

Une curiosité administrative quijustif iera une balade botanico-géologique (Cf. Circuit pédagogique n°5)Le Monte Rinosu (alt : 2352 m)point culminant du bassin versantdu Prunelli est à cheval sur les deuxdépartements. La limite entre cesdeux départements présente au suddu Rinosu et jusqu’aux environs ducol de Verde, une petite curiosité.Elle n’épouse pas la limite departage des eaux entre le versanttyrrhénien et le versantméditerranéen. Le ruisseau quidraine les pozzi donne naissanceau Marmanu puis au Fium’Orbu quis’écoule vers la mer tyrrhéniennealors que la frontière entre les deuxdépartements passe par les pointesOrlandino et la crête de Pietradioneà l’est. ll en découle que les pozziappartiennent à la commune deBastelica et sont en Corse-du-sud,quand bien même l’eau qui lesalimente et les draine s’écoule àl’est.

Les villages des deux valléesPlus ouverte que celle du Prunelli,la vallée de la Gravona estégalement plus riche en villagespuisqu’elle en regroupe 14 sur 19,7 sur chaque versant, avec toutefoisune dissymétrie originale dans lataille de ces villages. Ce sont eneffet les bourgades de l’ubac* quiont été les plus peuplées et quiavaient d’ailleurs des terrains surl’autre rive comme par exempleBocognanu pour Afa. On ne trouvepas la même disposition dans lavallée du Prunelli : les villages deTolla et d’Ocana sont implantés àl’adret*, et Bastelica s’étale au fondde la vallée. Le développementrécent des communes de la rive sud(du golfe) ne doit pas faire oublierque les chefs - lieux étaient situéssur le versant est (Taravu) de lacrête.

Les hautes vallées abritaient jadisde nombreuses bergeries quiaccueillaient en été les troupeauxde brebis et de chèvres que l’onretrouvait de l’automne à la fin duprintemps dans les basses vallées.Les ruines nombreuses témoignentd’une occupation jadis importante. Seule une poignée d’entre elles sontencore occupées en été.Remarquons enfin que si la valléede la Gravona facilite les com-munications avec la Haute-Corse

6. Le Monte d’Oru, le phare du golfe, n’est pas àproprement parlé sur le bassin versant de la Gravona, puisque situé en Haute-Corse, au-delà ducol de Vizzavona. Les eaux qui y ruissellent s’écou-lant soit vers le Liamone soit vers le Tavignanu, par l’intermédiaire du Vecchiu.

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Les vallées de la Gravona et du Prunelli………9

LA GÉOLOGIE ET L’HISTOIRE DES DEUXVALLÉESLes rochesSi l’on excepte les fonds de valléeet la plaine de Campu di l’Oru,l’essentiel des terrains est constituépar différentes variétés de granite7.

Granite and co…Il s’agit de roches grenues (forméesde grains ou cristaux = granum =granite), en général de couleurassez claire dans lesquelles on

retrouve en proportion variable etavec des tailles différentes trois ouquatre cristaux principaux etquelques cristaux accessoires.

Un granite contient toujours :- Un minéral à l’aspect de gros sel,extrêmement dur, il raye le verre etla lame des couteaux : le quartz.- Un ou deux autres minéraux clairsallant du blanc, plus ou moins sale,au rose en passant par le beige :les feldspaths. Les cristaux rosesparfois de grande taille sont en

7. Les géologues parlent de granite (avec un e) pour désigner un groupe de roches ayant une composition minéralogique bien définie, les marbriers utilisent le vocablegranit (sans e) pour désigner un grand nombre de roches pouvant être polies.

général formés par un feldspathriche en potassium : l’orthose.On parle pour cette raison defeldspath potassique. Lesfeldspaths blancs appartiennentà une famille composée deplusieurs variétés plus ou moinsriches en sodium et/ou encalcium. On parle de feldspathscalco-sodiques ou deplagioclases.- Un minéral sombre se débitanten petites paillettes : le mica noirou biotite.

les minéraux du granite. Q= QuartzM= Mica noirFk= Feldspath potassiqueFpl= feldspath plagioclase

Fpl

Fk

M

Q

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10………Circuit pédagogique n° 1

Un granite contient parfois :- Un autre minéral sombre (vertfoncé) sous forme de petitesbaguettes, ne se débitant pas enpaillettes : une amphibole.- D’autres minéraux verdâtres :épidote vert clair et chlorite vert plusfoncé. - Un minéral globuleux, parfois biencristallisé, de couleur rougeâtre : ungrenat8.

- Un minéral couleur miel : lesphène, etc.

La taille des constituants est unevariable à prendre également encompte. Les grains peuvent être trèspetits (millimétriques) et on a alorsune aplite, ou au contraire ilspeuvent être de grande tail le(pluricentimètriques), il s’agit d’unepegmatite.

8. Les grenats sont des minéraux accessoires inhabituels dans les granites. Il existe toutefois un petit nombre de gisement de « granites à grenats » sur la crête séparant laGravona du Prunelli et on retrouve des galets de ces roches dans les alluvions des deux fleuves, en particulier dans la Gravona et notamment au pont de Sellola.9. Ces inclusions sont appelées « crapauds » par les marbriers. Elles déprécient la roche sur le plan commercial. Dans la nature elles peuvent être en relief ou au contraireen creux dans la roche.

Granite avec enclaves basiques (partienoire).

Granodiorite à grenat.

L’un des constituants peut être degrande tail le (un ou plusieurscentimètres) alors que les autres sontplus petits : il s’agit alors d’ungranite porphyroïde.

Pegmatite

Enfin, il n’est pas rare de voir depetits amas formés de minéraux depetites tailles et de couleur plusfoncée9 (des enclaves).

Granite porphyroïde Filon d’aplite dans une granodiorite altérée

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Les vallées de la Gravona et du Prunelli………11

La différence de résistance decertains de ces minéraux vis-à-visdes agents d’altération leur donneun comportement différent face àl’érosion et se traduit par despaysages contrastés bien quegranitiques !En simplifiant, les feldspaths richesen calcium sont peu résistants et ilen est de même des minérauxsombres riches en fer tel la biotite.Au contraire le quar tz et lesfeldspaths alcalins (riches en sodiumet/ou en potassium) sont peusensibles à l’altération.

C’est ainsi que lorsque l’on remonteles vallées de la Gravona en suivantla RN 193 on traverse tout d’aborddes reliefs formés par des collinesaux formes molles, recouvertes demaquis où les talus routiers montrentde fortes épaisseurs de granitealtéré (arène granitique = tuvu encorse).Au contraire, le long du CD 3 entreOcana et Tolla, la route domine lesgorges du Prunelli. Le fleuve a pu

creuser ici une entaille spectaculaireparce que les granites y étaientparticulièrement résistants.Un bon exemple de comportementdifférent de deux variétés de graniteaux agents d’altération, puisd’érosion peut être fourni par lesecteur du lac et du barrage deTolla. La cuvette lacustre, aujourd’huioccupée par le lac est creusée dansun granite peu résistant, alors quela voute du barrage est installée surun granite beaucoup plus résistantqui a été scié par le Prunelli.C’est essentiellement à ces deuxgroupes de granites que l’on doitla présence de sommets acérés,falaises escarpées ou de gorgesétroites ou au contraire de collinesbasses couvertes de maquis oud’élargissement dans le cours desfleuves.Dans le détail ces deux groupessont de nature chimique différenteet parfois d’âge et de mise en placesuccessifs :- Les moins résistants, contiennentdes feldspaths riches en calcium et

sodium (calco-alcalin) et de labiotite ; ils se sont mis en place àassez grandes profondeur dans lacroûte terrestre. On parle degranites calco-alcalins.Les plus résistants sont :- soit très pauvre en minérauxsombres : on parle de granitesleucocrates10, - soit ne contiennent que desfeldspaths riches en sodium et desminéraux sombres inhabituels, euxaussi riches en sodium et trèsrésistants vis-à-vis de l’érosionmétéoritique. Il s’agit des granitesalcalins. Ils sont plus récents que lesdeux autres ensembles et se sontformés près de la surface.On ajoutera à ces caractèresgénéraux, l’histoire géologique (cf. ci-après) qui a mis en place lerelief et l’action des glaciersquaternaires sur les plus hauts reliefs.

Vallée de la Gravona, vue du col de Vizzavona.

Granodiorite arénisée

barrage de tolla.

10. Leucocrate de leucos = blanc. Attention, ces granites appartiennent au groupe des granitescalco-alcalin, mais ils doivent leur résistance à l’al-tération à leur pauvreté en minéraux sombres. Ilspossèdent en général les deux familles de feldspaths.

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12………Circuit pédagogique n° 1

Grenues mais pas granitesDiorites et granodioritesOn rencontre parfois : Î lesSanguinaires, crête de Scaldasole,etc. des roches plus sombres où l’onne distingue que deux constituants :un minéral blanc (un feldspathcalcosodique) et un cristal sombre(une amphibole). Une telle roche estune diorite. Si on y observe un peude quar tz, la roche est alorsintermédiaire entre une diorite et ungranite. On parle de granodiorite.

SyénitesIl s’agit d’une roche, de couleur roseà rouge, contenant des cristaux defeldspaths potassiques et desminéraux verts : épidote et chlorite.Parmi les rares affleurements decette roche citons :- une variété assez claire visible àMatoni, aux environs d’Alata, quia été comparée « à une tranchede saumon garnie de feuilles depersil » !- une variété plus foncée, située au-dessus du village de Veru.

Quelques autres roches magmatiquesToutes les roches citées proviennentdu refroidissement lent, enprofondeur, d’un magma initialementfondu. Il peut arriver que le magmaarrive encore à l’état liquide à lasurface. Si sa composition était celled’un granite, la roche qui endécoulera par refroidissementrapide à la surface est une rhyolite.De telles roches existent dans lesgorges du Prunelli en amont deTolla.Enfin de très nombreux filons decouleur claire ou sombre recoupentles granites. Les seconds, trèsaltérables sont en général en creux.Il s’agit de roches connues sous lenom de dolérites ou delamprophyres et dans lesquelles onobserve de petits cristauxaciculaires* de feldspaths ainsi quedes cristaux sombres de pyroxène11.Les filons clairs sont le plus souventformés par des microgranites, danslesquels on distingue des cristaux

de quartz et de feldspath emballésdans une matière microcristalline.Ces filons sont bien développésdans la vallée du Prunelli et ils sontbien visibles lorsqu’ils recoupent lesgranites altérés. Dans tous les cas,les filons sont interprétés comme lesconduits mettant en relation lesréservoirs magmatiques et lasurface. Le magma y a refroidi endeux temps : lentement enprofondeur et plus rapidementensuite.

lamprophyre, (détails : en blanc lescristaux de plagioclases).

Filon de lamprophyre.

11. Pyroxène : silicate d’alumine riche en fer etmagnésium de couleur sombre (noir à vert foncé).

syénite de Matoni.

Granodiorite.

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Les vallées de la Gravona et du Prunelli………13

(col de Vizzavona, pont de Sellola,haute vallée du Prunelli, etc.). Lesblocs sont mal roulés, les sédimentsfins mal classés. I l s’agit demoraines, c'est-à-dire de dépôtstransportés ou abandonnés par lesglaciers quaternaires. Leuridentification est intéressante dansla mesure où les morainespermettent de localiser la limiteinférieure des glaciers12. Parexemple, le pont de Sellola sur laGravona à seulement 950 mètresd’altitude.Les argiles et les sablesDans la plaine de Campu di l’Oruon rencontre des argiles de couleurassez foncée à la base des falaisesqui les entaillent, de couleur beige

Les alluvions de la basse vallée oules terrasses qui l’encadrent sont lesterrains sédimentaires les plusdéveloppés. Il s’agit d’un mélangede sables plus ou moins fins et degalets et de blocs plus ou moinsvolumineux. On y retrouve lesdiverses roches des bassinsversants : ici essentiellement doncdes granites variés, des diorites etquelques gneiss.

Les terrasses alluviales de part etd’autres des cours d’eau sontformées des mêmes galets que lesalluvions actuelles, mais la matricesableuse est souvent plus argileuseet parfois pour les plus vieillesd’entre elles de couleur ocre àrouge par suite du développementdes oxydes de fer. Dans ce cascertains galets peuvent être friables.On notera que ces terrasses,témoignent d’anciens niveaux ducours d’eau dans la vallée, eux-mêmes en relation avec lesfluctuations du niveau de base. Cesterrasses peuvent localement êtreétagées et dans ce cas, les terrassesles plus hautes sont les plusanciennes (couleur ocre de lamatrice, galets plus ou moinspulvérulents*, etc.).

Dans les parties hautes des cours,on observe parfois des bourreletsformés de blocs et de sédiments fins

Les roches métamorphiquesIl s’agit de roches qui proviennentde la transformation, sous l’influencede la pression et de la températurede roches préexistantes. Elles sontcaractérisées par l’existence defeuillets de couleurs différentes. Laplus abondante est le gneiss. On ydistingue des feuillets clairs (quartzet feldspaths) et sombres (micaset/ou amphibole). Au niveau du colde Vizzavona, on note la présencede gneiss oeillé. Il s’agit d’unevariété présentant dans les feuilletsclairs de gros cristaux de feldspaths(les yeux). D’autres gneiss sontprésents dans le secteur de LaParata, des pozzi de Bastelica, etc.Fréquemment les lits ne sont plusréguliers mais plus ou moins plisséset i ls peuvent même tendre àdisparaître, comme si la rochepassait à un granite. On parle alorsde migmatites (cf. p.16).

Les roches sédimentaires

Alluvions fluviatiles.

Moraine le long de la route nationale.

12. On applique ici le principe d’actualisme quiconsiste à considérer que l’on peut expliquer la na-ture et la signification d’un dépôt ancien en le com-parant à un dépôt actuel. Si les dépôts de part etd’autre de la Gravona sont identiques à ceux d’unemoraine actuelle, alors ces dépôts sont d’anciennesmoraines ce qui signifie qu’un glacier descendaitjusque dans ce secteur au Quaternaire.

Page 14: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

14………Circuit pédagogique n° 1

à ocre à leur partie supérieure.Certains des affleurements ont jadisété utilisés dans des briqueteries.Ces affleurements sont observablesle long du cours inférieur de laGravona, au-delà du pont de Peri,à l’altitude de plus de 150 mètres.Il s’agit d’argiles marines et/oulacustres, d’âge Pliocène (environ 5millions d’années). Au niveau deBaléone, ces argiles sont surmontéespar des sables.

Le conglomérat oligocène de LaConfina.

Il s’agit d’une formation constituéepar des galets granitiques cimentéset par des passées sableuses

durcies. On y a découver trécemment un fragment de mâchoired’un mammifère de la famille desMoschidés* qui vivait àl’Oligocène, il y a environ 30millions d’années.

Les grandes dates de l’histoiregéologique des deux valléesLes terrains les plus anciens dansles deux vallées sont représentés parles roches métamorphiques : gneissde Vizzavona, de la HauteGravona, des Pozzi et d’ailleurs.Ils sont parfois (Pozzi) présents sousforme d’enclaves dans les granitesce qui signifient qu’ils sont plus vieuxque ces derniers. Ils ont sans douteau moins 400 millions d’années(Ma). Entre 330 et 290 Ma semettent en place en profondeurdans l’écorce terrestre les premiersgranites et les roches associées(diorite, syénite, etc.). Vers 250 Ma,et plus près de la surface lesgranites alcalins refroidissent.Localement le magma alcalinencore liquide arrive à l’air libre etdonne naissance à des rhyolites,telles celles des gorges du Prunelli.Au cours du secondaire, l’érosionmet à jour ces divers granites. Lerelief actuel sera acquis à partir dela fin du tertiaire* et au cours duquaternaire. La dureté différentielledes diverses variétés de granitessera alors exacerbée.

Il y a environ 6 Ma, la fermeturemomentanée (700 000 ans) dudétroit de Gibraltar va entraînerl’assèchement de la plus grandepartie de la Méditerranée et lecreusement des cours inférieurs desfleuves bien en dessous de la côtezéro actuelle (formation du canyond’Ajaccio).La mer reviendra un peu plus tardet remontera (il y a environ 5 Ma)dans ces golfes à l’intérieur desterres déposant des vases argileuseset des sables comme à Péri.Au cours du Quaternaire, lerefroidissement climatique,engendrera, à plusieurs reprises, laformation de neiges permanentes etd’une « calotte » glaciaire sur lesplus hauts sommets. Des languesglaciaires s’en détacheront etsculpteront le relief, creusant descirques, polissant des roches,déposant des moraines. Les fluctuations du niveau de base13

se traduiront dans les basses valléespar des dépôts de terrasses.Aujourd’hui encore les agentsd’érosion continuent lentement maissurement à agir sur le relief.Gravona, Prunelli et leurs affluentstranspor tent vers la mer lesmatériaux arrachés sur les bassinsversants13. Lorsque le climat est froid, une partie de l’eauest retenue sous forme de glace sur le continent etle niveau de la mer est plus bas. C’est l’inverse enpériode de réchauffement.

Conglomérat oligocène. Vue généraleet détails.

Page 15: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

Vanna. Les conduites forcées sontétablies sur le flanc ouest de laPunta d’Arese.5. Descendre vers le bassin decompensation (km 13,7), la cuvetteest établie sur une granodioritelardée de filons de granophyre15.

6. Revenir sur la D3 et traverserOcana (Km 18,5). Observer dansle village le gros bloc portantl’inscription avalanche août 1943.Il s’agit d’un des blocs transportéspar une coulée boueuse qui a tuéplusieurs habitants du village.7. Après Ocana, prendre au km19,7, sur la droite, une route pourrejoindre la petite retenue d’Ocana.On se trouve au pied des Punted’Arese et de Gattaghja dans legranite alcalin.8. Revenir sur la D3 qui se dirigevers le col de Marcughju et fournitdes vues spectaculaires sur les Punteprécédentes.

Les vallées de la Gravona et du Prunelli………15

blocs aux arêtes vives. Le filon situéau km 9,9 est particulièrement netet développé.2. Entre les km 10,6 et 10,9 denombreux filons basiques (dolérites)altérés dans le talus sontobservables.

3. Un peu avant le hameau deGiglio (Km 11,7, parking possiblesur la droite) le panorama devientintéressant avec :• La muraille abrupte (granitealcalin) tranchée par le ruisseau deMontichi.• Les coupoles granitiques quiémergent du maquis montrent bienl’opposition entre les granitesalcalins (les coupoles) et les zonescouver tes de maquis ( lagranodiorite).• Les pyramides granitiques desPunte d’Arese et di Mazzoni et cellede la Punta di a Gattaghja.4.Du hameau de Gigliu à Ocanala route domine la vallée encaisséedu Prunelli, l’usine d’Ocana ainsique le bassin de compensationservant à alimenter l’usine de la

A la découverte des roches et del’histoire de leur mise en place.A. Un circuit routier dans le secteur de Cauro- Bastelica, le long du PrunelliCe petit circuit d’une soixantaine dekilomètres, réalisable en une demi-journée permet d’étudier les diversgranites et d’observer leurexpression dans les paysages. Ondécouvre ainsi la disposition sousla forme de complexe annulairecirculaire des granites alcalins.1. Se rendre à Bastelicaccia etprendre la D 3 en directiond’Ocana, mettre son compteur àzéro, au niveau de l’échangeur, enpassant sous la RN 196. La routeest d’abord située sur le granitemonzonitique14 calco-alcalin plus oumoins arénisé ou dans lagranodiorite très altérée. Ces rochessont recoupées à plusieurs reprisespar des fi lons de granophyrepouvant avoir de quelquesdécimètres à plusieurs mètresd’épaisseur. Ils sont formés d’uneroche massive, se débitant en petits

Filon de granophyre.

bassin de compensation.Filon de dolérite.

14. Monzonitique : il y a autant de feldspath potas-sique que de feldspath calco-sodique.15. Granophyre : microgranite blanchâtre à grainsfins.

Page 16: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

16………Circuit pédagogique n° 1

9. Au col de Marcughju (km 26,1)se rendre au belvédère. La vue surle barrage est remarquable. Dubelvédère chercher au sud l’amorced’une vague sente* qui permet enquelques minutes d’atteindre lesommet du Montilati. L’oppositionentre les granites alcalins et lesgranodiorites dans lesquelles setrouve la cuvette lacustre estparticulièrement spectaculaire.

10. Après le col, versant Tolla,prendre sur la droite (Km 27,4) laroute du barrage, puis se rendre àl’ancienne carrière du barrage (Km27,8). On se trouve dans la localitétype où a été défini le granite à

hastingsite - fayalite16. La roche estverdâtre à la cassure mais elle estjaunie lorsqu’elle s’altère. Lesenclaves de granodiorite dans legranite alcalin qui permettaient demontrer l’antériorité des grano-diorites ne sont plus visibles sur lefront de taille.11. Aller jusqu’au barrage pouradmirer son site d’implantation et lafaible épaisseur de la voûte parrapport à la hauteur du barrage. Onpourrait traverser le barrage et suivrela piste pour observer la cuvettelacustre, l’évacuateur de crue, etc.12. Dépasser Tolla et rejoindre aukm 33,9 un belvédère d’où l’onpeut découvrir la quasi-totalité de laretenue, le village de Tolla et lebarrage.13. Le panneau indiquant le débutdes gorges du Prunelli est situé aukm 36. La route recoupe d’abordun granite alcalin, puis vers le km36,7, un panneau de rochesmétamorphiques (gneiss etleptinytes17).

14. On rencontre ensuite desrhyolites vertes (Km 36,8) puisrouges (Km 37) et enfin un nouveaugranite alcalin (Km 37,3). Onrejoint ensuite la route Cauro-Bastelica (Km 38).15. On suivra cette route qui passepar divers petits cols installés le longd’une grande faille en direction deCauro. On admirera au-dessus dela route, les sommets déchiquetéset rocheux (Punta Mantellucciu,Punta d’Usciolu, etc.).16. A Cauro (km 52,3), on retrouvela nationale qui permet de revenirau point de départ. On peut gagnerle cœur du village et son église.

Granite à fayalite.

rhyolite rouge.

16. Hastingsite, minéral ferromagnésien du groupe des amphiboles - fayalite, silicate du groupe des olivines, richeen fer.17. Leptinite : gneiss de teinte très claire, à grains fins et à foliation discrète.

Granite alcalin gorges du Prunelli.Gneiss.

barrage d’ocana.

Page 17: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

Les vallées de la Gravona et du Prunelli………17

De cette dernière, gravir le petitsommet marqué d’une croix degranite, beau panorama sur lecomplexe annulaire.

B. Depuis le col, une petite randonnée versla Punta di l’Oriente 1. Du col de Vizzavona, montervers le relais et après avoir franchi

la clôture suivre le petit sentier quirejoint les bergeries des Pozzi. Lesentier monte en courts lacets aumilieu de la hêtraie.2. Au bout d’environ 15 mn onpasse sous une ligne à hautetension. La vue se dégage et onpeut bien observer :- La moraine latérale de l’Agnonesur laquelle se dressent les ruinesdu fort - La vallée glaciaire de l’Agnone,les sommets jumeaux de la PuntaMigliarella (2254 m) et du Monted’Oru (2388 m).

3. Quinze minutes plus tard onatteint les premières constructionsdes Pozzi et une source. Le sentierquitte le sous-bois de hêtres pourmonter sur le flanc de la crête de laPunta Gradi (alt 1601 m) qui serale point culminant de la randonnée(1 h), à moins que l’on décide derejoindre le petit sommet suivant :la Punta Scarpiccia (alt 1813 m,

Détail de la moraine.

le Monte d’oro, la Punta Migliarella etla haute vallée de l’Agnone.

2 h depuis le col). Les roches sontconstituées ici par des granodioriteset/ou des diorites.

4. Depuis ce sommet, le panoramasur la haute vallée de la Gravonaet ses formes héritées desglaciations quaternaires estintéressant.

Diorite.

le col de Vizzavona et les ruines dufort sur la moraine latérale del’Agnone.

Page 18: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

18………Circuit pédagogique n° 2

Prunelli et Gravona, embouchure des deux fleuves dans le golfe d’Ajaccio.

Page 19: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La zone humide de la Gravona et du Prunelli………19

La zone humide de la Gravona et du Prunelli

Au sud-est de l’agglomération ajaccienne, au niveau de la plaine de la Gravona et de sonembouchure s’étend, un réseau de zones humides entretenant d’étroites relations écologiques.

La plus importante se situe au niveau de l’embouchure de la Gravona et du Prunelli.

Cir

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Les formations végétales qui la com-posent sont diverses et permettent ladécouverte d’une véritable mo-saïque de milieux naturels.→ De vastes zones herbeuses mê-lées localement d’asphodèles et defougères.→ Des bois de chênes-lièges.→ Du maquis où dominent les cistes,les lentisques et autres arbustes. → Une végétation palustre représen-tée par les roselières et les jonchaies.→ Des aulnes et des peupliersblancs formant la ripisylve* le longdes cours d’eau.

repos et de nourrissage lors des dif-férentes migrations. Certains oiseauxsont également nicheurs sur le sitecomme le guêpier d’Europe ou lepipit rousseline.L’unique tortue naturelle d’eau doucede Corse, la cistude d’Europe, estégalement recensée.

Le site a fait l’objet de divers aména-gements et dégradations depuis unsiècle : détournement du cours natu-rel de la Gravona, développementaéroportuaire, carrières sur la partieamont, urbanisation partielle, circu-lation anarchique des véhicules àmoteur jusqu’en l’an 2000. Ces per-turbations ne furent pas sans consé-quence. Elles ont appauvri le milieuqui cependant demeure toujoursd’assez bonne qualité. Ces zoneshumides remplissent encore un rôleépuratoire important sur les coursd’eau limitant ainsi la pollution reje-tée au niveau de leur embouchure. Une très grande variété d’espècesanimales, dont beaucoup sont ca-ractéristiques des zones humidescomme les oiseaux limicoles tels l’ai-grette garzette, le chevalier gam-bette ou chevalier combattant,fréquente ces milieux naturels. Ceux-ci constituent, au plan qualitatif, uneimportante étape migratoire de l’avi-faune en Corse occidentale. Ils re-présentent, en effet, une aire de

l’embouchure de la Gravona et la tour de Capitellu.

Plaine de Campu di l’oru, en arrière plan leMonte rotondo.

Cistude

Page 20: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

20………Circuit pédagogique n° 2

Peuplier blanc(Populus alba)

Peuplier noir(Populus nigra)

saule roux(Salix atrocinerea)

Ecuelle d’eau(Hydrocotyle vulgaris)

Jonc aigu(Juncus acutus)

Aulne glutineux(Alnus glutinosa)

iris des marais(Iris pseudacorus)

Massette australe(Typha domingensis)

scirpe glauque(Schoenoplectus tabernaemontani)

Page 21: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La zone humide de la Gravona et du Prunelli………21

Aigrette garzette(Egretta garzetta)

Chevalier Gambette(Tringa totanus)

Chevalier combattant(Philamachus pugnax)

buzard des roseaux(Circus aeruginosus)

héron cendré (Ardea cinerea)

Guêpier d’Europe(Merops apiaster)

Canard col vert(Anas platyrhynchus)

Flamant rose(Phoenicopterus ruber)

Martin pêcheur(Alcedo atthis)

Page 22: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

22………Circuit pédagogique n° 3

Vue du sentier ombragé.

Page 23: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La découverte du maquis………23

Qu’est-ce que le maquis ? Le maquis est une formation végétalearbustive se développant sous un cli-mat de type méditerranéen et sur unsol acide siliceux (granites, schistes...).En Corse, il se rencontre depuis le lit-toral jusqu'à des altitudes voisines de1000 mètres. Il recouvre, avec leslandes, près de 50 % de la surface del'île. Composé de végétaux scléro-phylles* à feuilles persistantes, le ma-quis forme un milieu dense faitd'arbustes, de lianes et d'herbacées.Souvent impénétrable, il est le refuged'une faune variée et doit être consi-déré comme un véritable écosystèmeà la biodiversité bien marquée. Les principaux types de maquis La hauteur de la végétation et surtoutla composition floristique des forma-tions rencontrées permettent de distin-guer différents types de maquis.Le maquis littoralIl est constitué d'espèces arbustives tellesque le lentisque, le myrte, l'oléastre, lescistes, le calicotome velu, la filaire àfeuilles étroites, mais aussi de lianescomme la salsepareille, le chèvrefeuille,

bruyère, filaire à larges feuilles. Le fac-teur dynamique permet, quant à lui, dedistinguer différents stades évolutifs,certains dépassant les 5 à 6 m de hau-teur. Entre 400 et 600 m, le pin mari-time peut être observé localement.C’est ce type de maquis que le sentierpermet de découvrir.Les cistaiesCes formations basses, dépassent ra-rement deux mètres. Elles sont répan-dues sur toute l'île. Homogènes, ellessont assez pauvres floristiquement.On y observe, accompagnant lesdifférents cistes, le calicotome velu etla lavande stoechas.

la garance voyageuse et d'herbacées.Ces végétaux enchevêtrés forment, toutautour de l'île, une ceinture végétale im-pénétrable pouvant atteindre, enmoyenne 3 à 4 m de hauteur. Le gené-vrier de Phénicie y est parfois observéde même que, lorsque l'influence desembruns salés est moins marquée, labruyère arborescente et l'arbousier.Le maquis à bruyère et arbousierSouvent accompagnés de chênes vertset parfois de chênes-lièges l'arbousieret la bruyère arborescente dominentcette formation importante. Son aspectvarie selon deux facteurs principaux :le facteur thermique et le facteur dyna-mique. Le facteur thermique favorise lesespèces thermophiles* : arbousier,

La découverte du maquis Entre les communes de Carbuccia et de Peri, un ancien sentier muletier, aménagé par l’Office National des Forêts en collaboration avec la

Communauté des Communes de la Haute-Vallée de la Gravona, offre unebelle découverte du maquis.

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Ciste à feuilles de sauge (Cistus salvifolius)

Crocus de Corse (Crocus corsicus)

Page 24: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

24………Circuit pédagogique n° 3

Le maquis un écosystème précieux Le maquis, formidable usine à pro-duire de la matière végétale et ani-male, est un auxiliaire précieux deshommes. Son rôle est important par di-vers aspects.→ La production et la protection dessols.→ La préparation des sols à l'installa-tion de la forêt.→ La rétention d'eau, le maquis assu-rant ainsi un rôle de réservoir indispen-sable à toute vie.→ La production de combustible, enparticulier pour la fabrication de char-bon de bois.→ La production de fourrage pour lestroupeaux d'ovins et de caprins.→ La présence d'espèces fructifères enabondance, par exemple le myrte etl'arbousier.→ Au printemps et en automne uneproduction importante de pollens va-riés, source de miels de grande qua-lité.→ Une richesse en espèces animales.Ses dernières trouvent dans le maquisprotection et nourriture : le nombred'insectes et d'oiseaux est très impor-tant, en revanche, les mammifères pré-sentent un éventail d'espèces moinslarge. Le maquis constitue ainsi un ap-préciable réservoir cynégétique*.Sangliers, lièvres, grives, merles et per-drix sont particulièrement recherchés.

Le maquis joue donc un rôle essentiel à la vie de l’île, il contribue à son développement harmonieux.

Fabrication du charbon de bois au début du xxe siècle.

Fleurs et arbouse (Arbutus unedo).

Abeille et lavande (Lavandula stœchas).

Page 25: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La découverte du maquis………25

Le maquis et les risques d’incendie Le feu constitue une menace pour lepatrimoine naturel et humain : il détruitla faune et la flore, appauvrit les res-sources en eau, provoque l’érosiondes sols, met en péril l’économie et tueparfois des hommes. Il est donc indis-pensable d’adopter un comportementresponsable pour éviter ce risque.

Avant de partir en randonnée→ Informez-vous des prévisions météo-rologiques, essentiellement le vent etreportez votre randonnée si néces-saire.→ Partez tôt dans la matinée ; pas dedépart après le milieu de la matinéeou en début d’après-midi.Pendant la randonnée→ Restez sur les sentiers balisés et nevous aventurez pas dans la végétationenvironnante, souvent rapidement im-pénétrable.→ Si le feu se déclare donnez immé-diatement l’alerte en appelant les sa-peurs-pompiers (18) ou la

gendarmerie (17). Soyez le plus pré-cis possible dans les informations four-nies aux pompiers : nom de lacommune, du village ou du hameau,route…→ Si le feu est à peine naissant, atta-quez les flammes à leur base avec del’eau, une branche ou un vêtementafin de l’étouffer.→ Si le feu prend de l’ampleur, neprenez aucun risque, éloignez-vous,marchez dos au vent, quittez lespentes et gagnez une zone refuge encrête comme un espace dégagé à vé-gétation rase (un pré, ou une zonecaillouteuse). Tenez-vous accroupi,voire allongé pour éviter la fumée etla chaleur.En période rouge, de juillet à septembre.→ Respectez à la lettre les interdictionsd’accès dans les massifs boisés.→ Évitez de circuler en voiture sur lespistes des massifs boisés.→ N’allumez aucun feu.

Page 26: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

26………Circuit pédagogique n° 3

Chêne liège(Quercus suber)

Chêne vert(Quercus ilex)

Frêne à fleurs(Fraxinus ornus)

Cytise velu(Cytisus villosus)

Filaire à larges feuilles (Phillyrea latifolia)

buis(Buxus sempervirens)

Viorne tin(Viburnum tinus)

Fleurs de bruyère à balai (Erica arborea)

Genêt corse(Genista corsica)

Page 27: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La découverte du maquis ………27

sanglier(Sus scrofa)

renard(Vulpes vulpes)

hérisson(Erinaceus europaeus)

Couleuvre à collier (Natrix natrix corsa)

lézard tiliguerta (Podarcis tiliguerta)

tortue d’hermann(Testudo hermanni)

Mygale maçonne (Nemesia cæmentaria)

Papillon Jason (Charaxes jasius)

Grillon champêtre (Gryllus campestris)

Page 28: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

28………Circuit pédagogique n° 4

la Gravona et le massif du renoso en arrière plan.

Page 29: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La hêtraie de la haute vallée de la Gravona………29

La hêtraie de la haute valléede la Gravona

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En Corse, le hêtre se développe pré-férentiellement à l’étage* monta-gnard, aux ubacs et dans les fonds devallon. Il apprécie tout particulièrementles fortes précipitations annuelles,entre 1300 mm et 2000 mm. Parfoisle hêtre cohabite avec d’autres arbres,sapins et pins Laricio, formant des fo-rêts mixtes. Les hêtraies sont des mi-lieux naturels froids à la biodiversitébien marquée.

Parmi les animaux deux magnifiquesinsectes peuvent être observés, lenacré tyrrhénien, espèce endémiqueet protégée, dont les chenilles se dé-veloppent sur les feuilles de violettes etun superbe longicorne rare et protégéaussi, la Rosalie des Alpes.

Les oiseaux sont très nombreux à labelle saison : des rapaces commel’épervier d’Europe et la buse varia-ble, mais aussi le pigeon ramier, lecoucou gris, le venturon corse ou lesmésanges. La présence de la grivedraine, qui peut supporter des hiversrigoureux, témoigne des conditions devie parfois difficiles régnant dans leshêtraies.Les mammifères fréquentent égalementde façon importante la forêt. Il est ainsihabituel de rencontrer des sangliers,des renards ou des belettes. L’espècecaractéristique demeure cependant leloir dont la densité peut être élevée.

Au bout de la nouvelle déviation du village de Bocognano, en direction du col de Vizzavona, la RN 193enjambe la Gravona au niveau du pont de Sellola. C’est à partir de ce lieu qu’un sentier balisé remonte

le long du torrent vers les bergeries de Capiaghja en traversant une magnifique hêtraie.

hêtres (Fagus sylvatica )

Grive draine, (Turdus viscivorus)

salamandre corse(Salamandra salamandra

corsica )

rosalie des Alpes (Rosalia alpina)

nacré tyrrhénien(Fabriciana elisa )

Page 30: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

30………Circuit pédagogique n° 4

houx(Ilex aquifolium)

hellébore de Corse(Helleborus lividus subsp. corsicus)

Ail des ours(Allium ursinum)

Cyclamen étalé(Cyclamen repandum)

Aspérule odorante(Galium odoratum)

Violette(Viola sp.)

saxifrage à feuilles rondes(Saxifraga rotundifolia)

Prénanthe pourpre(Prenanthes purpurea)

Ancolie commune(Aquilegia vulgaris)

Page 31: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

La hêtraie de la haute vallée de la Gravona………31

Le Loir

(Glis glis melonii, a ghjira en langue corse) est avec le lérot(Eliomys quercinus, u topu mascaratu) l’une des deux espècesde rongeurs à queue touffue, les Gliridés, vivant en Corse. Ilest souvent confondu avec l’écureuil qui n’existe pas sur notreîle. Le loir est un animal à fourrure laineuse épaisse de couleurgrise. Adulte il mesure, sans la queue, une vingtaine decentimètres de long. La queue plus foncée atteint quinzecentimètres. Il possède également deux petites oreilles rondes etdeux yeux noirs.En Corse, le loir vit presque exclusivement dans les hêtraies à une altitude comprise entre 1000 et 1600mètres. À la belle saison, le loir est très actif, il se déplace de branche en branche se nourrissant principalementde faînes*, de feuilles et de bourgeons de hêtres. D’autres fruits et de petits insectes peuvent compléter sesrepas. Animal très méfiant, le loir se réfugie au moindre danger dans un nid confectionné dans un troncd’arbre creux qu’il partage avec d’autres individus.Le loir se reproduit en mai, les femelles donnent naissance, au bout d’une trentaine de jours de gestation, àdes portées de 2 à 8 petits qui passeront le premier hiver avec leurs parents. Après avoir accumulé un maximum de graisse, les adultes peuvent peser jusqu’à 300 g. Ils hibernent de la findu mois d’octobre au début du mois de mai.Considéré depuis l’époque romaine comme « un mets de roi », le loir fut longtemps chassé en Corse entre lesmois d’octobre et de novembre, période à laquelle il est le plus « gras ».Après avoir repéré, en particulier grâce aux traces laissées par les animaux (excréments ou feuilles rongées),un trou occupé, le chasseur l’enfumait, ayant pris soin au préalable de boucher toutes les ouvertures du nidsauf une. C’est à la sortie de cette dernière, seule échappatoire du loir dérangé par la fumée, que l’animalétait assommé par le chasseur.

hêtre multiséculaire etune faîne d’hêtre.

Page 32: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

32………Circuit pédagogique n° 5

les Pozzi.

Page 33: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

Les Pozzi de Bastelica………33

Les Pozzi de Bastelica

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Des formations végétales originales Les pozzi ou pozzines sont des pe-louses rases se développant en alti-tude (1300 m - 2200 m) sur un soltourbeux* acide. Elles se présententsous la forme de dépressions plus oumoins circulaires remplies d'eau, com-muniquant les unes avec les autres parun réseau de canaux. Elles correspon-dent au colmatage d'anciens lacs gla-ciaires. C’est John Briquet, directeurdes Conservatoire et Jardin bota-niques de Genève qui, en 1910, dé-finit le terme de pozzine en associantle mot corse pozzi (puits) avec la ter-minaison du mot français alpine.En 1869, Léonard de Saint-Germaindans son ouvrage intitulé « La Corse »décrivait déjà ces formations origi-nales : " ... La surface de ce plateau qui res-semble à un vaste manteau que la na-ture a jeté sur le dos de la montagne,est composé d'un gazon fin commedes cheveux d'enfant, de thym, de ser-polet, de menthe, et d'une grande va-riété de plantes aromatiques dont les

racines se mêlent, se croisent, s'enla-cent entre elles avec tant de résistanceque le tissu moelleux qui en résulte,épais de vingt-cinq à trente centimè-tres, devient imperméable à l'eau. Enmarchant dessus le sol oscille à degrandes distances ; vous craignezd'enfoncer : point du tout, il reprendson élasticité, et vous vous habituezbientôt à marcher sans émotion surcette prairie mouvante. Soyez sanscrainte aucune, le tissu est solide ; cequi le prouve, c'est que des troupeaux

de bœufs et de chevaux y paissentjournellement sans accident. Un régi-ment de grosse cavalerie pourrait ai-sément y manœuvrer sans danger. Sivous mettez pied à terre, vous ne tar-dez pas à vous apercevoir que dessusce tissu si serré se trouve une napped'eau; si vous prêtez l'oreille, vous en-tendrez très distinctement le bruisse-ment d'un cours d'eau. Mais si vousn'êtes point armé d'un bon instrument,vous n'arriverez jamais à rompre cetteenveloppe...".

Au départ de la station de sports d’hiver du Val d’Ese, après le village deBastelica, un sentier permet, en passant par le col de Scaldasole, d’atteindre

au bout de deux à trois heures de marche la vallée des Pozzi.

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Roche

Roche

Évolution des pozzines selon r. de la litardière et G. Malcuit (1926).

Page 34: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

34………Circuit pédagogique n° 5

La vie dans les pozzines Dans les parties centrales toujours im-bibées d'eau, la couche de tourbepeut être importante (4,50 m au cen-tre du plateau par exemple). Une vé-gétation hydrophile délicate s'ydéveloppe Elle comprend de nom-breuses graminées et cypéracées(Nardus stricta et Carex sp.) maisaussi la menthe de Requien, la véro-nique rampante et la pâquerette deBernard. De petites plantes carnivorestelles la grassette de Corse (Pinguiculacorsica) et la droséra ou rossolis àfeuilles rondes (Drosera rotundifofia),uniquement au lac de Crena, sontaussi rencontrées. Les poils (chez ladroséra) et les glandes (chez les gras-settes) poisseux emprisonnent les in-sectes. Ces derniers sont « digérés",leurs protéines fournissant à la planteune source d'azote indispensable à sacroissance.

La faune des pozzines est assez variée : → dans le ciel l'aigle royal, le gypaètebarbu, le chocard à bec jaune, le tra-quet motteux mais aussi merles etgrives ;→ sur la pelouse, moutons, porcs,chevaux et bovins ;→ dans les trous d'eau : les truites etquelques amphibiens tels la rainette etl'euprocte de Corse.

L’origine des pozzines Il y a plus de dix mille ans, le réchauf-fement du climat entraîna le retrait desglaciers et la naissance des lacs d'al-titude. Les apports d'alluvions torren-tielles (graviers, boues) permirentl’apparition de pelouses maréca-geuses en bordure des lacs. Ces der-nières, avec le temps, gagnèrent duterrain sur l'eau et, petit à petit, com-blèrent les lacs jusqu'à devenir par en-droits de véritables mares temporaires.

Gypaète barbu (Gypaetus barbatus)

Chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus)

rainette arboricole de sardaigne(Hyla (arborea) sarda)

Euprocte (Euproctus montanus)

Page 35: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

Les Pozzi de Bastelica………35

laîche sombre(Carex nigra)

nard(Nardus stricta)

Pâquerette de bernard(Bellis bernardii)

Potentille de salis(Potentilla anglica)

Grassette corse (Pinguicula corsica)

Pâquerette des neiges(Bellium nivale)

renoncule porte-coeur(Ranunculus cordiger)

scirpe cespiteux(Trichophorum caespitosum)

Véronique rampante(Veronica repens)

Page 36: Prunelli - Gravona (Patrimoine Naturel)

36………Circuit pédagogique n° 5

La truite endémique corse La truite corse (Salmo trutta de type macrostigma) est une sous espèce de la truite commune (Salmo trutta)ou truite fario. Les analyses génétiques menées en Corse ont démontré la distinction entre la truite corse etles autres types identifiés sur le continent et dans l’île (atlantique, méditerranéenne et arc-en-ciel). La taille des adultes atteint en moyenne 20 à 30 cm de long. Leur robe, brun sombre avec des reflets dorés,présente des points noirs regroupés dans la partie antérieure du corps. Chez la truite corse, de grosses tachesrouges fusionnent parfois en plaques sur les flancs de l'animal. Il est important de noter que la truitemacrostigma présente un grand polymorphisme*. L'aspect du corps, sa coloration et ses ponctuations varienténormément avec l'âge et le milieu de vie des individus.La truite macrostigma est une espèce d'eau fraîche (température généralement comprise entre 0°C et 20°C)et oxygénée. Elle est aujourd’hui essentiellement recensée en altitude, à l'extrême amont de quelques coursd'eau. Elle se déplace entre les trois secteurs constituant son domaine vital : zones de repos, de croissance, etde reproduction. La truite se reproduit en période hivernale de novembre à janvier. Les œufs sont enfouisdans le substrat graveleux caractéristique des frayères*. Les alevins se nourrissent grâce à leurs réservesvitellines pendant une vingtaine de jours. Après cette période les jeunes truitelles peuvent se déplacer et senourrir. Espèce carnivore et territoriale, la truite adulte chasse à vue. En l’absence de petits poissons, elle senourrit principalement de larves d’insectes, de vers, de mollusques, de petits crustacés et d’insectes volants.

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Le châtaignier et la castanéiculture ………37

La biologie du châtaignier Figure emblématique de notre île, lechâtaignier appartient à l’espèce Cas-tanea sativa qui est indigène enCorse. Implanté principalement entre400 et 1200 m, il affectionne les ter-rains siliceux et acides, légers et biendrainés. Redoutant la forte insolation ilest donc planté en versant nord (um-bria). Le châtaignier est un arbre fruitierpouvant mesurer jusqu’à 30 m dehaut. Sa durée de vie est importante,certains arbres sont pluricentenaires etatteignent l’âge de 500 ans. Le châ-taignier présente un port en boule ouélancé. C’est un arbre à feuilles ca-duques. Ces dernières, d’un joli vert,ont une forme allongée et très dentée.Elles mesurent jusqu’à 20 cm et rou-gissent en automne avant de tomber.Le châtaignier est une espèce mo-noïque ce qui signifie que les fleursmâles et femelles sont portées par lemême arbre. La floraison se dérouleaux mois de mai et de juin. Les fleurssont regroupées en inflorescences sou-ples appelées chatons.

Deux types de chatons sont observés :

- des chatons mâles constitués unique-ment de fleurs mâles ;- des chatons androgynes portant desfleurs mâles et des fleurs femelles, cesdernières souvent groupées par trois,se situent à la base de l’inflorescence.La pollinisation se déroule de juin àjuillet, elle est principalement assuréepar le vent (pollinisation anémophile)et par les insectes comme les abeilles(pollinisation entomophile). L’autofé-condation étant faible, la fécondationcroisée (entre arbres différents) est in-dispensable et nécessite de cultiver en-semble plusieurs variétés dechâtaigniers.Après fécondation, la fleur femelle setransforme en fruit contenu dans une

enveloppe hérissée de piquants appe-lée bogue « U ricciu ». Un fruit peutcontenir une ou plusieurs graines, engénéral deux. Dans le premier cas, lefruit sera appelé marron et dans le se-cond cas châtaigne.En automne, les bogues s’ouvrent enquatre valves et laissent tomber lesfruits au sol.

Les variétés fruitières sont nombreuses,quarante-sept ont ainsi été répertoriéespar les services de l’Institut Nationalde la Recherche Agronomique. Cha-cune d’elles présente des caractèresorganoleptiques particuliers permettantdes utilisations diverses : farines, mar-rons glacés, marrons grillés…

Le châtaignier et la castanéiculture

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Deux maladies dues à des champi-gnons microscopiques font encore au-jourd’hui de gros dégâts parmi leschâtaigniers vieillissants : l’encre et lechancre de l’écorce. La première at-taque le système racinaire, progressejusqu'au tronc où l’écorce se craquelleet laisse couler la sève qui prend uneteinte noire due à l’oxydation. La se-conde se traduit par un gonflement

brun-rougeâtre de l’écorce et peut ar-rêter la circulation de la sève.Il y a quelques années une autre ma-ladie, due à un petit insecte le cynips(Dryocosmus kuriphilus) est apparue.Pendant la saison de vegétation la fe-melle pond dans les bourgeons. Leslarves s’y développent formant unegale qui déforme les fruits et limite lacroissance de l’arbre. Au printempssuivant les jeunes adultes quittent lesgales, de mai à juillet, pour se repro-duire et pondre, recommençant unnouveau cycle.

L’implantation du châtaignierLe développement véritable de la cul-ture du châtaignier date du XIIe siècleavec la production de piquets et ton-neaux pour la vigne. À la fin du XVIe siècle, les plaines littorales, de nou-veau sécurisées grâce à la construc-tion des tours génoises, sont remisesen culture. Les pratiques agraires semodernisent et la République deGênes amorce une politique volonta-riste pour le développement agricolede l’île. Elle favorise l’autosuffisancealimentaire et l’exportation en incitantles habitants, par des aides finan-cières et des conseils techniques, àplanter des arbres fruitiers (l’olivier sur-tout) et des châtaigniers désormais sur-nommés « arbres à pain ». En 1796,le plan TERRIER de la Corse (sorte deplan d’occupation des sols et

d’état des lieux) révèle une étendue de la châtaigneraie de 35.442 hapour une population de 150.735 habitants.

La farine de châtaigne devient ainsiprogressivement la base de l’alimen-tation de la population rurale avec la« pulenda » comme plat embléma-tique. Elle remplace les céréales dontles réserves se sont progressivementépuisées.Les autres utilisations du châ-taignier sont nombreuses. Le feuillagenourrit le bétail. Le bois sert à se chauf-fer, mais il permet aussi la réalisationde charpentes et de planchers ainsique la construction de meubles etd’outils. Ainsi le châtaignier joua, pen-dant de très longues années, un rôleessentiel dans la vie des populationsinsulaires, ce qui permit de parler de« civilisation du châtaignier ».

38………Circuit pédagogique n° 5

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À partir de la fin du XIXe siècle, la châ-taigneraie va connaître une longuepériode de déclin, les villages se dé-peuplent au profit des stations bal-néaires. La première guerre mondialeavec le départ et la mort de nombreuxjeunes corses mettra un coup d’arrêt àl'exploitation intensive des châtaigne-raies. Vieilles, abandonnées, meurtriespar le feu et les coupes abusives, li-vrées au libre parcours des porcins etdes bovins, les châtaigneraies dépé-rissent.

Le renouveau de la castanéiculture C’est à partir de la fin des annéessoixante-dix que partout en Corse onobserve une relance de la castanéicul-ture. Cette renaissance symbolise « une Corse de l’intérieur qui refuse devoir la désertification comme une fata-lité historique et se revendique un ave-nir construit sur ses ressourceshumaines et naturelles ». La région deBocognano y joua un rôle déterminantet fut l’une des inspiratrices de ce souf-fle nouveau. Des actions concrètes vi-rent le jour comme le nettoyage et larénovation des parcelles, la restaura-tion du Mulinu di l’Orsu en 1982 oula transmission des savoir-faire. Maisc’est avec la création, en 1983, dela « Foire de Bucugnà » ou « Festa dia castagna » que ce renouveau trouvasa pierre angulaire. Renouvelée tousles ans, le premier week-end de dé-cembre, elle permet non seulement de

valoriser un fruit et sonterritoire, mais ausside « créer les condi-tions de l’action et dela réflexion » du déve-loppement durabledes territoires.

u mulinu di l’orsu.

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lac et barrage de tolla.

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les Pozzi.

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Aciculaire : en forme d’aiguille.

Adret : versant d’une montagne quibénéficie de la plus longue expositionau soleil.

Cynégétique : relatif à la chasse.

Etage : chaque végétal présente despréférences climatiques (lumière,température, humidité). Les facteursclimatiques variant avec l’altitude, ilest possible d’observer du bord demer jusqu’au sommet des montagnesune succession de groupementsvégétaux distincts délimitant desétages de végétation.

Hercynienne : relatif à la chaîne demontagne hercynienne qui se formeà l’ère primaire entre -400 Ma et -250 Ma.

Faînes : la faîne ou faine est le fruitdu hêtre.

Frayère : lieu de reproduction despoissons.

Gale : excroissance tumorale produitepar un végétal.

Moraine : dépôt de débris minéraux(sables, graviers, bloc rocheux)transporté par un glacier.

Moschidés : famille des cerfs porte-musc ou chevrotains porte-musc. Ontrouve actuellement ces animaux dansle massif de l’Himalaya et au Tibet.

Polymorphisme : diversité descaractères morphologiques.

Pulvérulant : qui se désagrègefacilement en poudre.

Quaternaire : période géologiquerécente allant de -2,6 Ma à nos jours.

Ripisylve : ensemble des végétauxprésents sur les rives d'un cours d'eau.

Sclérophylle : adapté au manqued'eau.

Tertiaire : période géologiqueprécédent le quaternaire, de -65 Maà -2,6 Ma.

Thermophile : adapté aux fortestempératures.

Tourbeux : qualifie un sol constituéd’une matière spongieuse et légèreappelée tourbe, résultant de ladécomposition de végétaux à l’abride l’air.

Ubac : versant d’une montagne quibénéficie de la plus courte expositionau soleil.

Verrou : un verrou glaciaire désignela diminution de la largeur etl'élévation du plancher rocheux d'unevallée glaciaire au droit d'une zonequi a mieux résisté à l'érosion duglacier.

GLOSSAIRE

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BONACCORSI G., Avifaune de la basse vallée de la Gravona, Éditions Alain Piazzola et La Marge,1994.Collectif, L’anima di a terra, Groupe d’Action Local I TrèValli, 2005.Collectif sous la direction d’A. Gauthier, La Corse, une île montagne au cœur de la Méditerranée, Éditions Delachaux et Niestlé, 2002.Collectif, Un site, des monuments - La Parata et Les Sanguinaires, éditions CRDP de Corse, 2007.CRDP DE CORSE, Montagne corse, découverte du milieu naturel, Éditions CRDP de Corse, 1993.GAMISANS J., Le paysage végétal de la Corse, Éditions Albiana, 2010.GAUTHIER A., A la découverte de la nature en 25 balades familiales, Éditions Abiana, 2007.GAUTHIER A., La Corse, une île-montagne au cœur de la méditerranée, Éditions Delachaux et Niestlé, 2002.GAUTHIER A., QUILICHI J.P., Lacs de la montagne corse, Éditions Glénat, 1997.JEANMONOD D., GAMISANS J., Flora Corsica, éditions Edisud, 2007.PARADIS G., Guide de la flore corse, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2011.

ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQIES

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUESPage 5 : A. Gauthier ; page 6 : gauche A. Gauthier, milieu J.-F. Cubells ; pages 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14 basA. Gauthier, 14 haut J.-F. Paccosi ; pages 15, 16 et 17 A. Gauthier ; page 18 J.-F. Paccosi ; page 19 gauche J.-F. Cubells, droite-haut A. Gauthier, droite-bas K. Leander ; page 20 J.-F. Cubells sauf milieu-droit G. Paradis ;page 21 droit-haut Colibri - Th.Delozier, milieu-haut Colibri - J.L. Ermel, gauche-haut Colibri - J.L. Ermel, milieu-gauche Colibri - A.M. Loubsens, milieu-milieu F. Lavail, milieu-droit Réserve naturelle de l’étang de Biguglia, bas-gauche J.-F. Cubells, bas-milieu F. Lavail, bas-droit N. Robert PNRC ; pages 22 et 23 : J.-F. Cubells ; page 24 :haut- DR et J.-F. Cubells ; page 25 J.-F. Paccosi ; page 26 : J.-F. Cubells ; page 27 : J.-F. Cubells sauf haut-milieu F.Lavail ; page 28 : J.-F. Cubells ; page 29 : J.-F. Cubells sauf haut-milieu Colibri - D. Bernardin et bas-droit Colibri -Ch. Simon ; page 30 : J.-F. Cubells ; page 31 : J.-F. Cubells sauf gauche- A. Gauthier ; page 32 : J.-F. Paccosi,page 33 : J.-F. Cubells ; page 34 : haut-gauche J.-F. Seguin, haut-droit et bas-droit J.-F. Cubells, milieu-droit OEC ;page 35 : OEC/Conservatoire Botanique de Corse ; page 36 : haut J.-F. Cubells, bas S. Muracciole ; pages 37,38 et 39 : J.-F. Paccosi.

Les crédits photographiques et les droits afférents sont soumis à la connaissances des auteurs et des propriétaires. Que ceux que nous n’avons pas nommé trouvent ici nos excuses et se fassent connaître.

CARTESCarte IGN MONTE-RENOSO/BASTELICA/PNR DE LA CORSE, série TOP 25, n° 4252 OTCarte IGN AJACCIO/ÎLES SANGUINAIRES, série TOP 25, n° 4153 OT

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PRUNELLI-GRAVONA, deux cantons et deux vallées, mais aussi un patrimoine naturelremarquable offrant une grande diversité. De la plaine de Campu di l’Oru jusqu’aux Pozzi dumassif du Renosu, différents parcours pédagogiques permettront de découvrir toutes les richesseset l’authenticité d’un territoire que les hommes, de génération en génération, ont su valoriser etpréserver.

Réf. : 200 BA 006

www.crdp-corse.fr

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1a : départ circuit géologique - Cauro Bastelica1b : départ circuit géologique - Punta di l’Oriente2 : circuit pédagogique 23 : circuit pédagogique 34 : circuit pédagogique 45 : circuit pédagogique 5

Route départementaleRoute nationale