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Publié par la CSST et l’IRSST www.csst.qc.ca www.irsst.qc.ca Prévention Automne 2006 – Volume 19, n o 4 au travail Les effets des nanotechnologies sur la santé L’IRSST s’attaque à ce problème de taille RECHERCHE à L IRSST Prévention et créativité… Un vrai geyser ! Un vrai geyser ! Prévention et créativité…

Prévention et créativité… Un vrai geyser!

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Page 1: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Publié par la CSST et l’IRSSTw w w . c s s t . q c . c aw w w . i r s s t . q c . c aPrévention

Automne 2006 – Volume 19, no4 au travail

Les effets des nanotechnologiessur la santé L’IRSST s’attaque à ce problème de taille

RECHERCHE à L’IRSST

Prévention et créativité…

Un vrai geyser !Un vrai geyser !

Prévention et créativité…

Page 2: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

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e Mot de la rédaction Le geyser de la créativité

Vient de paraître à la CSST

Cherchez l’erreur Le chariot élévateur à poste de conduite élevable

Dossier

Prévention et créativité… Un vrai geyser !Mise au service de la prévention, elle fait merveille. Vous en doutez ? Vous voulez des exemples ? Le dossier de ce numéro vous en fournit une belle brochette. Les sceptiques seront confondus…

Droits et obligations Quand un bénévole se blesse…

Agenda d’ici et d’ailleurs

Recherche à l’IRSST

Sommaire en page 17

Les accidents nous parlent Un sauvetage qui tourne mal

Santé et sécurité en images

Reportages

Prix innovation 2005 de la CSST – Quand la prévention porte fruits

La mission terrestre du Centre de médecine de plongée du Québec

Paccar du Canada Ltée – Usine de Sainte-ThérèseAvez-vous une idée ÉCLAIR ?

Une nouvelle norme pour l’industrie maritime mondiale

En raccourci Les OQ sous le chapeau de la prévention •Le cirque des doc • Train… d’enfer • Un bijou signé ASP Imprimerie •Prix Graphi-Prévention 2006

Perspectives Les ententes de partenariat de l’IRSST Trouver ensemble des solutions aux problèmes communsUne entrevue avec Diane Gaudet, présidente-directrice générale de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail.

Un magazine pour qui, pour quoi ?Prévention au travail s’adresse à tous ceux et celles qui ont un intérêt ou un rôle à jouer dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail.

Son objectif consiste à fournir une information utile pour prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. Par des exemples de solutions pratiques, de portraits d’entreprises, et par la présentation de résultats de recherche, il vise à encourager la prise en charge et les initiatives de prévention dans tous les milieux de travail.

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3Automne 2006 Prévention au travail

Le geyser de la créativité

D’où viennent les idées ? Du cerveau, dont la structure, avecses 100 milliards de neurones, est la plus complexe de l’univers.Une idée germe, s’organise, et jaillit. C’est vrai pour l’artiste, lechercheur… et le travailleur. Des employés créatifs accouchentrégulièrement d’idées qui mettent la prévention au premierplan. Avec le soutien de leur employeur qui, parfois, participeà la démarche avec enthousiasme. Le dossier de ce numéro enfait la démonstration, moult témoignages à l’appui.

Il arrive qu’une invention surgisse au hasard d’un rêve. C’estce que rappelait récemment Philippe Stenstrom, du Laboratoiredes rêves et des cauchemars de l’Hôpital du Sacré-Cœur deMontréal. Et de citer l’exemple de la découverte de la struc-ture de la molécule du benzène. « On ne connaissait que desformes carrées pour les décrire. En 1865, en rêvant d’un serpentqui se mord la queue, Auguste Kekulé a compris que la struc-ture du benzène était cyclique. » La molécule, composée de six atomes de carbone, est disposée en cercle…

L’invention peut aussi naître d’un désir. Désir de trouver,volonté de neutraliser un danger, de ne plus endurer un outilou une méthode de travail qui fait souffrir. Les entreprisessont plus riches qu’elles ne l’imaginent ! La créativité des travailleurs, contremaîtres et gestionnaires représente un formidable pouvoir de transformation qui, mis au service de la sst, fait merveille. Puissent les exemples évoqués dans ledossier de ce numéro vous donner le désir de créer.

La section « Recherche à l’IRSST » braque les projecteurs surles nanotechnologies. C’est, dit-on, la prochaine révolution in-dustrielle. Chose certaine, ce domaine est en pleine expansionau Québec. En 2006, on compte quatre fois plus d’entreprisesdans ce secteur qu’il y a deux ans — on en dénombrait à peineune dizaine. Voilà pourquoi l’IRSST a entrepris des recherchesvisant à cerner les risques pour la santé des travailleurs decette industrie naissante. Depuis deux ans, le chimiste ClaudeOstiguy fouille, avec une équipe de collaborateurs, l’informa-tion disponible sur la question et recense les mesures deprévention existantes. Objectif, doter l’Institut de l’expertisenécessaire pour soutenir ses partenaires préoccupés par cettequestion. Une entrevue riche et passionnante à ne pas rater.

Mise en gardeLes photos publiées dans Prévention au travailsont le plus conformes possible aux lois et règlements sur la santé et la sécurité du travail.Cependant nos lectrices et lecteurs comprendrontqu’il peut être difficile, pour des raisons techniques, de représenter la situation idéale.

Automne 2006 | Volume 19, no4

Le magazine Prévention au travail est publié par les directions des communications de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST).

Président du conseil d’administrationet chef de la direction de la CSST,et président de l’IRSST par intérimRéal Bisson

SECTION CSSTDirecteur des communicationsPierre Benoit

Rédactrice en chefMonique Legault Faucher

Adjointe à la rédactrice en chefJulie Mélançon

Secrétaire de rédactionGisèle Rousseau

CollaborateursÉric Arsenault, Mélisande Blais, Marc Fournier,Claudette Lefebvre, Guy Sabourin, Lise Tremblay,Marjolaine Thibeault, Marc Tison, André Turcot

RévisionTranslatex Communications +

SECTION IRSSTPrésidente-directrice générale de l’IRSSTDiane Gaudet

Directeur des communications Jacques Millette

Rédactrice en chefMarjolaine Thibeault

CollaborateursPhilippe Béha, Mario Bélisle, Pierre Charbonneau,Dominique Desjardins, Benoit Fradette, MartinGagnon, Loraine Pichette, Claire Thivierge

Direction artistique, production et retouche numérique des photosJean Frenette Design

Validation des photographies et des illustrationsKetty-Michèle Archer, Pierre Bouliane, JocelynCamirand, Chantal Leclair, Yvon Papin, Bernard Paquet,Josée Sauvage, Charles Taschereau, André Turcot,

Photo de la page couvertureAge Fotostock /Marka

ImpressionImprimeries Transcontinental inc.

ComptabilitéDanielle Lalonde, Denis Séguin

DistributionLise Tremblay

AbonnementsService aux abonnésC. P. 160Succursale Anjou Anjou (Québec) H1K 4G6Tél. 1 877 221-7046

© CSST-IRSST 2006La reproduction des textes est autorisée pourvu que la source en soit mentionnéeet qu’un exemplaire nous en soit adressé :

CSST1199, rue De Bleury C. P. 6056Succursale Centre-villeMontréal (Québec) H3C 4E1Tél. 514 906-3061, poste 2214Téléc. 514 906-3016Site Web : www.csst.qc.ca

IRSST505, boulevard De Maisonneuve OuestMontréal (Québec) H3A 3C2Tél. 514 288-1551Téléc. 514 288-7636Site Web : www.irsst.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque et Archives nationales du QuébecISSN 0840 73556

Préventionau travail

Mot de la rédaction

Page 4: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

À bon palettier, bonnespalettes ! – Cherchez l’erreurDC 100-1250-37 • Fiche

21,5 cm sur 28 cm • Recto-verso

Dans unenviron-nement oùon trouvedes palet-tiers, il imported’assurerla sécuritéde tous.Qu’on soit

dirigeant d’entreprise, représen-tant en santé et en sécurité dutravail, travailleur, fabricant, installateur, distributeur oufournisseur, cette fiche Cherchezl’erreur, qui présente une simu-lation de situation dangereuseet les moyens de corriger les erreurs commises, sera d’unegrande utilité.

Au Québec, vous êtes protégésen cas d’accident ou de maladie du travail !DC 100-1505 • Dépliant

9,5 cm sur 21,5 cm • 3 volets

DC 100-1505AR (en arabe)

DC 100-1505A (en anglais)

DC 100-1505ESP (en espagnol)

Destiné aux nou-veaux arrivants etaux travailleurs issus de l’immigra-tion, ce dépliantdécrit le régime desanté et de sécuritédu travail, la protec-tion dont bénéficientles travailleurs,leurs droits et

obligations en matière de santéet de sécurité de même que lamarche à suivre en cas d’acci-dent ou de maladie du travail.

Reboisement dans les brûlisPrincipales règles de sécuritéDC 100-835 • Dépliant

9,5 cm sur 15 cm • 2 volets

Les employeurs du secteurforestier trouveront dans ce dé-pliant les risques que les brûlisprésentent et les principales règles de sécurité à appliquerquand on y effectue des travauxde reboisement.

Pour partir du bon pied !Intégrer les jeunes et les nouveaux travailleurs en toute sécuritéDC 100-361 • Dépliant

21,5 cm sur 28 cm • 3 volets

Fiche d’intégration au travailDC 100-361F • Fiche

28 cm sur 21,5 cm • Recto-verso

Dans cedépliant,les em-ployeursqui em-bauchentdes jeunesou desnouveauxtravailleurstrouveront

les mesures à prendre pour lesintégrer dans leur entreprise en toute sécurité. On y rappelle les étapes importantes de l’inté-gration d’un nouvel employé :planification de son arrivée, accueil et sensibilisation à l’im-portance de la prévention, for-mation, accompagnement et supervision. Une fiche d’intégra-tion détachable à remplir parl’employeur pour chacun de sesnouveaux employés permet depréciser les tâches du travail-leur et les risques qui y sontliés de même que les moyensde prévention à appliquer pouréliminer ces risques. L’informa-tion et la formation reçues parle travailleur peuvent aussi yêtre inscrites.

Réduire le bruit dans les services de garde Solutions acoustiquesSans pépins, vol. 8, no

2, juin 2006, numéro spécialDC 200-16132 • Revue

17,5 cm sur 28 cm • 32 pages

À l’intention,notamment,des services de garde, cenuméro spécialde la revued’informationde l’Associationparitaire pourla santé et

la sécurité du travail du secteuraffaires sociales, porte princi-palement sur les solutions

acoustiques destinées à réduirele bruit. On y expose le phéno-mène du bruit, ses conséquencessur l’oreille et sur les activitésquotidiennes. On y présenteégalement la réglementation envigueur au Québec et ailleurs.

Préfosses à lisier : Danger gaz mortelsDC 300-435D • Vidéo • 6 minutes

On n’insistera jamais assez surles dangers que présentent lespréfosses à lisier. Pour vous enconvaincre, cette vidéo à l’inten-tion des producteurs de porcsoffre deux touchants témoi-gnages et une capsule de pré-vention.

Commandes et dispositifs de sécurité des chaudièresautomatiques Fiche technique d’entretienpréventifDC 500-145 • Dépliant

23 cm sur 28 cm • 3 volets

Cettefichetechniquefournitau per-sonnelspécialiséen entre-tien deschau-dières

une liste de vérifications à fairepériodiquement sur les chau-dières automatiques afin de lesrendre sécuritaires.

Rapport annuel d’activité2005 (Commission de la santéet de la sécurité du travail)DC 400-2031-13 • Brochure

21,5 cm sur 28 cm • 80 pages

Le rapportannueld’activitécontientles princi-pales réali-sations dela CSSTpour l’an-née 2005,l’applica-

tion des lois et des politiques, lesuivi des recommandations du

Vérificateur général, les états financiers du Fonds de la santéet de la sécurité du travail et lesétats financiers de la Commis-sion de la santé et de la sécuritédu travail.

Seringues et aiguilles usagéesSoyez prudents pour éviterles accidentsDC 900-729 • Affiche

45 cm sur 59 cm

Destinéeaux pharma-cies, aux organismescommunau-taires, auxCLSC, aux cliniquesspécialiséeset aux

hôpitaux, l’affiche incite à laprudence les personnes quidoivent manipuler des seringueset des aiguilles usagées.

Réédition

Règlement sur les examensde santé pulmonaire des travailleurs des mines,des carrières et des sablièresDC 100-9048-2 • Dépliant

9,5 cm sur 21,5 cm • 3 volets

Ce dépliant, conçu à l’intentiondes travailleurs des mines, descarrières et des sablières, pré-cise les obligations que le règle-ment impose aux employeurs,avant l’embauche et en coursd’emploi, quant aux examens de santé pulmonaire. Outre les modalités d’application du règlement, on y indique la fré-quence des examens à subir etleur type.

Vous pouvez vous procurer cesdocuments au bureau de laCSST de votre région. PT

Claudette Lefebvre

Lise Tremblay

4 Prévention au travail Automne 2006

Vientde paraître à la CSST

Page 5: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Simulation

5Automne 2006 Prévention au travailPhot

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Ce type d’engin permet au cariste de s’élever de plusieurs mètres de manière à exécuter

la préparation manuelle des commandes. Ronald dépose donc lui-même les boîtes

sur la palette. Pour les besoins de notre démonstration, il a accepté de déroger

à ses habituelles méthodes de travail. Quelles erreurs a-t-il commises ? Cherchez bien…

Le chariot élévateur à poste de conduite élevable

Cherchez l ’erreur

Page 6: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Ronald a évidemment reçu une forma-tion sur la conduite des chariots éléva-teurs. Ses pieds ne quittent jamais saplateforme. La palette ne sert qu’à re-cevoir les marchandises. Il positionneson chariot de façon à avoir le meilleur

accès possible à l’alvéole du palettier.Ainsi, il évite une posture contraignantepour son dos.

Les palettes doivent toujours être enbon état. Celles qui sont abîmées sontremplacées. Elles doivent également

être bien retenues par les pinces duchariot élévateur. Lorsque la paletten’est pas à niveau avec ce dispositif accrocheur, elle est retenue unique-ment par les fourches. Ce qui n’est passouhaitable. Quant aux charges, ellesdoivent être bien réparties. Par ailleurs,les palettes ne doivent pas excéder deslisses avant et arrière du palettier deplus de 5 à 10 cm (2 à 4 po).

Bien entendu, Pursotam ne circulejamais à pied dans les allées en présencede chariots élévateurs. Les caristes et les piétons respectent les règles de cir-culation établies. Quant au sol, il estbien dégagé et lisse. Et le transpalettemanuel a été rangé.

Protection individuelleLa plateforme du chariot doit être protégée par un garde-corps et le ca-riste doit porter un harnais de sécu-rité conforme aux dispositions du Règlement sur la santé et la sécurité du travail. Ce harnais doit être fixé au point d’ancrage prévu à cet effet. Et dans un entrepôt, les chaussures de sécurité sont de mise. PT

Julie Mélançon

Nous remercions le personnel de Kuehne etNagel, à Saint-Laurent, pour sa collaboration :Anita B. Elkaim, directrice régionale, Ressourceshumaines et administration, Albert Kerkhoven,directeur à l’exploitation, entrepôt, et enfin noscomédiens, Ronald Sunde et Pursotam Singh,tous deux associés d’entrepôt.

Nos personnes-ressources : Pierre Bouliane,conseiller en prévention à l’ASP Transport Entreposage, Chantal Leclair, inspectrice à la Direction régionale Montréal 1, Yvon Papin,conseiller à la Direction de la prévention-inspection, et Bernard Paquet, ingénieur et conseiller à la Direction de la prévention-inspection, tous trois de la CSST.

6 Prévention au travail Automne 2006

Ronald porte un harnais de sécurité.Si ce dernier était solidement fixé àun point d’ancrage, ce serait parfait !

Il a quitté sa plateforme pour mettrele pied sur la palette où est déposéela marchandise. Petit plongeon envue ?

La palette est en très mauvais état.Espérons qu’elle ne s’écroulera paspendant que Ronald est dessus.

La façon d’empiler les boîtes est àrevoir ! Elles débordent de la paletteet sont en équilibre instable.

Des marchandises dépassent desalvéoles du palettier. Un transpalettemanuel dont le timon est relevé setrouve également dans l’allée. Autantd’obstacles que le cariste pourraitheurter en descendant.

Son collègue Pursotam circule à piedtrès près du chariot élévateur. Et enchaussures de course !

Divers débris jonchent le sol. Un peude nettoyage ne serait pas superflu.

Les erreurs

Les corrections

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Par Monique Legault Faucher

Mise au service de la prévention,

la créativité fait merveille. À preuve,

les nombreux prix décernés par la

CSST et par des ASP ou organismes

actifs en ce domaine à des entreprises

qui ont résolu d’ingénieuse manière

un problème de santé et de sécurité

du travail (sst). Le dossier qui suit n’a

qu’un but : titiller votre créativité…

et la faire s’exprimer afin qu’elle

vous donne le pouvoir de prévenir.

D o s s i e r

Prévention et créativité… Prévention et créativité…

Un vrai geyser !Un vrai geyser !

Page 8: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Pour plusieurs, la créativité

est un don que seuls les artistes pos-sèdent et exploitent. Erreur ! Ce poten-tiel est présent en chaque être humain.Au cours de l’enfance, il s’exprime ha-bituellement sans contrainte. Le pro-blème, c’est qu’une fois adultes, certainsrépriment ou négligent leur potentielcréatif, s’en méfient, voire nient carré-ment son existence. Se sentant inutile,la créativité glisse doucement dans lesbras de Morphée. Et pour la tirer de son sommeil, il faudra beaucoup plusqu’un baiser de Prince charmant, sifougueux soit-il…

Tout se passe dans le cerveau. Où exactement ? Si l’on connaissait le lieuoù loge la créativité dans la masse ner-veuse de l’homo sapiens, ce serait tropbeau et trop simple ! Neurologues, neu-ropsychologues et psychiatres planchenttoujours sur la question. Au fil des ans,des chercheurs, avec des moyens deplus en plus sophistiqués, ont fouillé les entrailles du cerveau afin d’y trouverle siège des émotions, du langage, del’apprentissage, du raisonnement et,bien sûr, de la créativité. Des théoriessont nées, certaines se sont avéréesjustes et d’autres pas.

Quelques certitudes : au cours del’évolution de l’humanité, des premiersinvertébrés à l’homme, trois cerveauxsuperposés sont apparus. Les troisétages du cerveau — une théorie pro-posée en 1971 par le Dr Paul Mc Lean,chef du Laboratoire sur l’évolution et le comportement du cerveau à l’Ins-titut national pour la santé mentale de Bethseda, aux États-Unis — le rep-tilien (diencéphale), le limbique (rhi-nencéphale) et le néocortex (cerveau supérieur), sont en étroite connexion.Comme le rappelle la Dre FrançoiseColombo, neuropsychologue à l’Hô-pital cantonal de Fribourg, « toutes les activités humaines partent du cerveau ».Et la cartographie de cet organe noble continue de faire l’objet de centaines de recherches dans le monde entier.

Sur le plan strictement anatomique,le cerveau humain possède deux hémis-phères, le droit et le gauche. Du droit,on dit qu’il est le siège de la représen-tation de l’espace et des émotions. Dugauche, celui du langage et de la penséerationnelle. Des chercheurs ont concluque la créativité logeait probablementdans l’hémisphère droit. L’affaire est

que les spécialistes sont parvenus àmieux comprendre l’organisation fonc-tionnelle des hémisphères cérébraux.Des examens sophistiqués ont aussi permis d’observer des anomalies ana-tomiques dans les cerveaux de certainsvolontaires, malades ou bien portants(résonance magnétique nucléaire, ma-gnétoencéphalographie, et tomographiepar émission de positons).

Alors, en attendant de connaître « l’adresse » de la créativité, commentla définir ? Plusieurs scientifiques esti-ment qu’il s’agirait d’« un ensembled’opérations mentales complexes, quidérange les classifications de la raisonet les circuits fixes de la mémoire »1.

Comment ça marche ?

En 1988, André Paré, ancien professeurémérite à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval etchercheur respecté en créativité, expli-quait à un magazine québécois2 les

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8 Prévention au travail Automne 2006

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La structure ducerveau humain estla plus complexe de l’univers. C’est là que les idées germent, mûrissentet jaillissent.

1. Revue Psychologies, 1984.2. « La créativité au tableau d’honneur »,

Monique de Gramont, Châtelaine, mars 1988,p. 133.

beaucoup plus complexe. En réalité, les deux hémisphères se parlent, par-tagent et échangent des informations.Le simple fait de regarder un crayon sur une table semble activer des cellulessituées dans des aires cérébrales fortdistantes de celle que l’on considéraitcomme le centre de la vision.

Les scientifiques en conviennent. Ils n’ont pas encore réussi à départagerclairement ce qui est propre à chaqueaire et ce qui relève de l’intégration des deux hémisphères. Le Dr RogerWolcott Sperry, neurophysiologiste etprix Nobel de médecine en 1981, estnéanmoins parvenu à démontrer quechaque hémisphère a une modalité de fonctionnement différente, et il a émis l’hypothèse que chacun dispose-rait de fonctions spécifiques, voire d’uneconscience propre. En réalité, « d’uncerveau sain, on sait peu de choses, re-connaît la Dre Colombo. L’essentiel desinformations nous vient de la patholo-gie ». En effet, c’est surtout en évaluantles capacités résiduelles de personnessouffrant d’une maladie mentale oud’une atteinte cérébrale dégénérative

Page 9: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Le cerveau faitl’objet de cen-taines, voire demilliers derecherches dansle monde. Ce quiest clair, c’estque cet organenoble n’a pasfini de livrertous ses secrets.

quatre étapes du processus créateur. « D’abord, il y a la préparation. Il fautque le créateur soit en contact avec sa matière, son produit. Ensuite vientl’incubation. Au cours de cette période,souvent, on pourrait croire que rien ne se passe, que l’esprit ne travaille pas. En réalité, il se passe bel et bienquelque chose ! Puis l’illumination sur-git. L’œuvre ou la solution jaillit. En-fin, dernière étape, la vérification. Lecréateur évalue son produit. »

À cet égard, le témoignage de MelvinCalvin, lauréat du prix Nobel de chimieen 1961, est particulièrement éloquent.Assis au volant de son véhicule, il at-tendait sa compagne partie faire des emplettes. Depuis des mois, son espritcogitait, en vain, sur le processus de laphotosynthèse. « Cela se produisit sim-plement, tout d’un coup. En quelquessecondes, je vis clairement la nature cyclique de la chaîne de carbone, le mo-dèle global de la molécule d’acide phos-phoglycérique et je sus de quelle façonelle s’était formée, comment il serait pos-sible de régénérer son accepteur. Toutsurvint en moins de 30 secondes. »3

Quand la solution jaillit ainsi avec la force d’un geyser, c’est comme si uneampoule s’allumait soudain. « Eurêka ! »Dans un récent numéro de Préventionau travail4, Marc Grant, contremaître en routes et structures au ministère desTransports du Québec, raconte com-ment la solution d’un problème de sst a surgi en un éclair, alors qu’il était au volant de son véhicule. Pour éviter

blessures, glissades et gelures lors de la mise en place de barricades mobiles sur les routes, les jours de tempête,l’idée lui est venue d’installer les barri-cades sur une sellette d’attelage, commeon fait avec les vélos. Entre le momentoù l’idée a surgi dans l’esprit du contre-maître et sa réalisation, il n’a fallu quedeux petites semaines. Les gains decette trouvaille ? Manipulations sup-primées, plus grande stabilité, rapiditéde mise en place… en toute sécurité,pour les travailleurs et les usagers.

L’illumination est presque toujoursprécédée d’un brassage d’hypothèses,d’un mûrissement d’idées, plus oumoins lent, dont la personne n’a pasnécessairement conscience. Des cher-cheurs soupçonnent que « c’est le lobe

frontal qui seraitn o r m a l e m e n t soll icité lors de la création, parti-culièrement lorsd e l a p h a s e d e l’illumination, lem o m e n t - c l é d e la création »5 .

Le carburant

La créativité se comporte comme unmoteur. Pour travailler, il lui faut uncarburant, l’intuition, par exemple. Et pour que le carburant-intuition par-vienne au moteur-créativité, il faut unevalve nommée désir. Désir de trouver !Plus la motivation et le désir sont forts,plus les idées ont des chances de jaillir.Ainsi, le travailleur victime ou témoind’un accident du travail, grave ou mor-tel, se sentira particulièrement motivé àtrouver un moyen pour que plus jamaisun de ses collègues ou lui-même nesubisse le même sort. Démonstration.Récemment, dans une usine de pâtes etpapiers de la région de Québec, un mé-canicien a été heurté mortellement à la tête par une pièce métallique6 alorsqu’il nettoyait un séchoir. Dans l’usine,tout le monde ignorait l’existence dudanger à l’origine de l’accident. L’ins-pecteur de la CSST a procédé à une enquête7 sur les circonstances et les raisons de l’accident fatal et demandé à l’entreprise de trouver une solution. La haute direction a rapidement réuni les travailleurs et tous ont convenu qu’il y avait un défi à relever. Il ne fallait plus qu’un pareil drame se re-produise. Un collègue du travailleurdécédé, particulièrement touché par la tragédie, a réussi, en un peu plus de 24 heures, à concevoir un dispositif sûr

9Automne 2006 Prévention au travail

L'ingénieuse barricade mise au point par le contremaître

Marc Grant, du ministère des Transports du Québec

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3. Melvin Calvin, « Dialogue: Your Most ExcitingMoment in Research », LBL Newsmagazine,automne 1976, p. 2.

4. « Prix mérite APSSAP, l’ingéniosité contre les rigueurs de l’hiver », no hiver 2006, p. 41.

5. Émission « Découvertes », Dossiers, Radio-Canada.

6. « Pour empêcher d’autres accidents », LeSoleil, 8 novembre 2005, cahier C, p. 1.

7. EN-003542.

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Page 10: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

pour nettoyer les séchoirs. Un confrèrel’a aidé à peaufiner sa trouvaille. « L’idéeest venue très vite, explique le tuyau-teur inventeur. Je trouvais cela triste, ce qui venait d’arriver. Je me disais quel’on entre le matin à l’ouvrage et on nesait pas ce qui va arriver au cours de la journée. » L’inspecteur de la CSST aévalué le dispositif et jugé qu’il tenait laroute. La solution n’était ni compliquéeni très coûteuse, et son efficacité sur leplan de la sécurité était indiscutable.Non seulement le projet a-t-il été primépar une association du secteur des pâteset papiers, mais la CSST a jugé indis-pensable de prévenir les autres usines dumême secteur de l’existence du nouveaudispositif.

Un autre exemple. Sylvain Leroux,travailleur dans le secteur de la cons-truction, s’est blessé au dos en trans-portant une pilonneuse (aussi appeléedameuse ou dame mécanique) pesantdans les 120 kg. Une fois remis de sesblessures, M. Leroux n’a eu qu’une idéeen tête : trouver le moyen de manipu-ler ce lourd outil en toute sécurité. Uncollègue mécanicien l’a aidé à concré-tiser son projet. Au bout d’un an et demi d’essais et d’erreurs, un premier proto-type de transporteur pour pilonneuse,aussi facile à manier qu’une voituretted’enfant, a vu le jour et passé avec suc-cès les essais sur le terrain8.

En sst, le désir peut aussi talonner la créativité lorsqu’un travailleur est « tanné de forcer », comme le dit si bienDaniel Néron, du Centre de servicesTurcot et du tunnel Ville-Marie, gérépar le ministère des Transports duQuébec. Ce travailleur a inventé une enfileuse qui permet de mettre en placeles glissières pesant 43 kilos sur lesblocs d’enfoncement, le long des routes.Avant, les travailleurs souffraient fré-quemment de maux de dos, de blessuresaux mains et de fatigue consécutive auxefforts déployés pour accomplir cettebesogne. Quotidiennement, ils réussis-saient à installer 30 à 40 glissières. Avecl’enfileuse, ils en mettent 150 à 200 enplace, sans effort. « Maintenant, on travaille de façon plus concentrée, ex-plique Marcel Dumoulin, ouvrier devoirie. On se sent moins fatigué à la fin de la journée, et les travailleusespeuvent maintenant se joindre à notre

équipe. Tout ça sans qu’il en coûte un sou, puisqu’on recycle de vieuxmatériaux9. »

« Tanné de forcer », Gilles Lelièvrel’était, lui aussi. Il y a quelques an-nées, son travail, à la Compagnieminière Québec Cartier du secteurMont-Wright, consistait, entre autres,à dévisser les boulons du gigan-tesque broyeur d’une mine à ciel ouvert. « L’outil était lourd, 20 kg, la position très inconfortable, avec la face dans le moulin. À la fin de lajournée, on avait mal au dos et auxépaules. » Un jour, M. Lelièvre estpassé à un autre service… avantd’être rappelé au poste où se trouvaitle fameux broyeur. Il a réagi. Plusquestion de se colleter avec cet engin.Son désir de résoudre le problème a abouti à la création d’un ingénieuxposte de travail sur roues compor-tant un siège et une déboulonneusedotée d’un marteau pneumatique. M. Lelièvre a commencé par faire des plans pour vérifier la faisabilitéde la chose. Bernard Larocque, un collègue, lui a prêté main-forte. Tous deux ont utilisé des matériaux recy-clés pour fabriquer le nouveau poste. « Depuis, rapporte Karine Blanchet,conseillère en prévention, les travail-leurs ne tarissent pas d’éloges. Pour eux, pas question de revenir en arrière.L’outil est trop parfait !10 »

Bienvenue, le chaos !

Il arrive que l’ampoule Eurêka ! ne s’allume pas. Aucune idée ne vient oubien celles qui surgissent ne valent pastripette. Dans les deux cas, le chaos s’installe. Cette période n’est pourtantpas stérile… à la condition de tolérer la noirceur temporaire, la sensation de vide ! En fait, les chercheurs sou-tiennent qu’il faut absolument accepterde couler si on veut pouvoir remonter à la surface, laisser les hémisphèrescérébraux se concerter et travailler.Comment surmonter le chaos lors-qu’il se manifeste ? En décrochant ! On peut faire une pause, une promenade,écouter de la musique, bref se mettreaux abonnés absents et laisser l’incons-cient gérer la crise. Il travaille pournous, à notre insu, même pendant notresommeil. Jean-Guy Ouellet, 52 ans,

10 Prévention au travail Automne 2006

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technicien en fabrication au Serviceaérien gouvernemental, est un intuitiftoujours à l’affût. Des inventions, il enpond sans arrêt. « Quand tu planchessur un projet, l’idée ne sort pas d’uneboîte de céréales ! Le projet, tu couchesavec. Il t’habite ! » Inventeur d’un petitrobot baptisé R2-D211, destiné à guideret à mettre dans leur logement les batteries des hélicoptères, le travail-leur avoue avoir porté ce projet pen-dant deux ans avant qu’il soit fin mûr. « Mener un projet à terme, explique-t-il, c’est accepter de passer par deshauts et des bas. Quand je bloque, ehbien je décroche purement et sim-plement. Parce que c’est ainsi que je vais pouvoir raccrocher. Je pars dansCharlevoix, je vais observer les baleines.Tout en marchant dans un petit sentiertranquille, le silence aidant, tout à coup,ça raccroche ! Et telle partie du pro-blème est résolue ! »

Depuis quelques années, JacquesGoldstyn signe la majorité des illus-trations qui soutiennent les articles dumagazine Convergence, publication du

Relever un défi, trouver unesolution, Jean-Guy Ouellet, quipose avec le robot R2-D2, l’unede ses inventions, adore !

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8. Prévenir aussi, vol. 20, no 3, automne 2005, p. 5.

9. Prévention au travail, été 2006, vol. 19, no 3,p. 38.

10. Lauréat, Prix innovation 2005 décerné par la CSST, catégorie Grandes entreprises.

11. « Prix reconnaissance 2004 de la CSST —Une moisson d’innovations », Prévention autravail, automne 2005, p. 42.

Page 11: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Pépinière deGrandes Piles :un diable joueau levier.

Centre patronal de santé et sécurité dutravail du Québec. « Si, après avoir luun texte, aucune idée ne me vient, jedessine machinalement des croquis enmarge. Puis je laisse décanter. Quand je reprends le travail, je vois ce qui neva pas. Parfois, je montre mes illustra-tions à ma conjointe. Si elle ne les com-prend pas, c’est que je suis passé à côtéde l’essentiel ! Ses commentaires mepermettent de corriger ce qui cloche. Je retourne à ma table à dessin avec unautre regard. »

Urbi et orbi

Qu’on se le dise : en matière de sst, la créativité est présente et agissantedans tous les secteurs d’activité et danstoutes les régions du Québec. Quelquesexemples en rafale. À Rouyn-Noranda,Norama Industries PME compte unequarantaine de travailleurs. Leur tâche,jusqu’à tout récemment, consistait ànettoyer des réservoirs avec des risquesde chutes de hauteur puisqu’ils travail-laient sur des échafaudages ; de troublesmusculo-squelettiques (TMS) à cause de mouvements intenses et répétitifs ; etd’intoxication que pouvaient entraînerles résidus accumulés à la surface des ré-servoirs. Les travailleurs et l’employeuront décidé d’y voir. Ils ont fabriqué une étoile à jets rotatifs montée sur un pivot. Résultats ? Élimination des risques de chutes et des mouvements répéti-tifs, temps d’exposition aux produits toxiques considérablement réduit12.

La pépinière forestière de GrandesPiles, du ministère des Ressources na-turelles, de la Faune et des Parcs (régionde la Mauricie et du Centre-du-Québec)cultive des résineux. Elle emploie entre50 et 80 personnes — près de 180 auprintemps. Le travail des aides sylvicolesconsiste à soulever et déplacer des con-tenants, durant la saison estivale et àl’automne, ce qui sous-tend un nombreélevé de gestes répétitifs, de torsions desépaules et du tronc et donc expose lestravailleurs à des TMS. Luc Lavergne,responsable des opérations, raconte : « Conscient des efforts à risque et duvieillissement du personnel, on s’est ditqu’il devait y avoir moyen d’alléger letravail. L’utilisation d’un crochet poursoulever les récipients a permis d’éviterles fléchissements, mais pas les tor-sions. » Le comité de sst et l’employeuront voulu aller plus loin. L’ouvrier,

Jeannot Aylwin, avisant un diable, a eul’idée d’en faire un levier. « Avec l’aided’un mécanicien, un premier prototypea vu le jour, amélioré au fur et à me-sure des essais et des recommandations proposées par un ergonome », poursuit M. Lavergne. Le levier, fabriqué par une firme spécialisée, permet de soule-ver six récipients à la fois, sans flexion,sans effort, et sans torsion du tronc.Léger, maniable, ajustable à la taille dutravailleur, il réduit considérablement la fatigue et les risques de TMS.

Le comité de sst d’une autre pépi-nière, celle de Saint-Modeste, du mi-nistère des Ressources naturelles et dela Faune, région du Bas-Saint-Laurent,a réussi, lui aussi, un bon coup. Chaque

printemps, les travailleurs doivent poser une toile de polyéthylène sur les tunnels de croissance. Pour ce faire, ilsutilisaient une chèvre qu’ils déplaçaientmanuellement, ce qui entraînait des efforts physiques intenses. La nouvellechèvre améliorée, dont la propulsion est assurée par des moteurs hydrau-liques, permet à l’utilisateur, assis surun siège fixé à une passerelle métalliqueantidérapante, de manœuvrer en toutesécurité pour poser la toile. Du coup,l’établissement a éliminé efforts phy-siques, risques de TMS et de chutes.

La Ville d’Alma a résolu un autregenre de problème et obtenu des ré-sultats surprenants. Tous les ans, desemployés devaient nettoyer les bandes

en p las t ique des p a t i n o i r e s d e s centres sportifs, àl ’a ide d ’un déca-pant et de brosses.Frotter à l’huile decoude entraînait desrisques d’intoxica-tion, des maux dedos et des douleursaux bras. En 1994,

11Automne 2006 Prévention au travail

12. Voir la vidéo dans le site Web de la CSST.

Pépinière de Saint-Modeste : la chèvre prend la pose.

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Page 12: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Gilles Lessard eut une idée : pourquoi nepas équiper la surfaceuse à glace d’unebrosse latérale munie de ressorts à pres-sion et mue par un moteur hydrau-lique? Depuis, c’est la surfaceuse qui faitle boulot. Le bras maintient une pressionconstante et le résultat est supérieur àcelui obtenu auparavant. La beauté del’affaire, outre que les six travailleurs affectés à la tâche ne se plaignent plusde maux de dos ou de bras, c’est que letravail se fait en deux heures. Aupara-vant, il fallait quatre travailleurs et dehuit à dix heures de boulot13.

Créatif au travail…

Dans plusieurs entreprises, une per-sonne est souvent reconnue par ses collègues pour sa débrouillardise. On dit d’elle : « C’est un patenteux, un petit génie ! » Cette travailleuse ou ce travailleur est un vrai cadeau pour l’entreprise, qui a tout intérêt à laisser la créativité s’exprimer, voire à l’encou-rager. Car elle stimulera les collègues et réveillera les potentiels en friche. Té-moignage d’un créatif : Serge Brassard,préposé à l’entretien à l’Aréna Mario-Tremblay de la Ville d’Alma, devait, unefois par semaine, remplacer la lame de la surfaceuse. « La manœuvre était dangereuse pour les doigts et… c’étaitlourd, près de 25 kilos ! Je me disaissouvent “ ça n’a pas de bon sens, tra-vailler comme ça, il doit bien y avoirmoyen de faire autrement ! ” L’idéem’est venue, un vrai flash !, pendant queje visitais une exposition de roulottes.J’ai allumé en voyant le cric utilisé pourles immobiliser. C’était au printemps.L’été a passé et l’automne est arrivé.J’avais oublié mon idée, mais en sep-tembre, elle m’est revenue. J’en ai parléau patron qui a été d’accord. Noussommes allés dans un dépotoir d’auto-mobiles et nous avons acheté un cricque j’ai mis sur roues. J’ai demandé à mes collègues de le tester et de mefaire part de leurs commentaires, ce qui a permis de fignoler l’outil. Encorerécemment, la suggestion d’un collèguem’a permis d’améliorer la trouvaille. Le boss est plus que content de notreinitiative. Quant à nous, eh bien, on n’a plus besoin de se pencher, on nerisque plus de se couper en manipu-lant la lame14. »

En cas de panne d’idées, on peut ap-peler à la rescousse des animateursd’ateliers de créativité, qui utilisent destechniques reconnues pour galvani-ser les hémisphères cérébraux : utopiesconcrètes, brassage d’idées, jeu de sable,de rôle, improvisation, analogies ins-tantanées, etc. L’idéal consiste à privi-légier une technique compatible avec le problème à résoudre.

Oser sans imposer !

Utiliser sa créativité pour résoudre unproblème de sst, c’est successivementcerner le problème, faire appel à desconnaissances, des expériences, favo-riser les échanges d’idées. Si la solu-tion ne s’impose pas d’emblée, il faut accepter de quitter les rives du rationnelet oser s’aventurer en eaux étrangères.Cela veut dire virer le problème de bord, l’aborder de façon différente,voire absurde. William J. J. Gordon,perçu comme l’un des pères de la créa-tivité, estime qu’en rendant le familierinsolite et vice-versa, on peut changer la façon de voir un problème en appa-rence insoluble.

Au cours d’une réunion de brassaged’idées, on a tout intérêt à faire preuved’ouverture d’esprit et de bonne volonté.Il ne s’agit pas de briller, d’imposer safaçon de voir, de gagner la partie, de critiquer systématiquement les idées des autres dans le but de les faire élimi-ner. Il faut savoir écouter, relancer lesballes reçues en ne se censurant pas. Ce

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12 Prévention au travail Automne 2006

Grâce à la brosse latérale de lasurfaceuse, le travail se fait plusvite, et en toute sécurité.

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13. Ibid.14. Ibid.

faisant, on crée un climat propice àl’émergence d’idées, à leur croisement,bref au jaillissement d’étincelles.

Dans le feu d’une discussion, desparticipants peuvent ressentir le besoinde s’isoler pour mieux cogiter. Une foisun bout de chemin parcouru, ils re-viennent au groupe. Dans les instantssuivant le début d’une discussion, legroupe de réflexion peut avoir l’impres-sion de s’être fourvoyé dans un cul-de-sac. Plutôt que de tourner en rond,pourquoi ne pas convier une personneétrangère au problème, qui abordera laquestion autrement et, du même coup,fournira peut-être une vision touteneuve, ce qui permettra au groupe deredémarrer ?

On ne le dira jamais assez. L’em-ployeur n’a rien à perdre et tout à ga-gner en faisant confiance à la créativitéde ses travailleurs et en l’encourageant.Après tout, ne sont-ils pas les mieuxplacés pour résoudre le problème quiles touche ? « Oui, mais ça risque de mecoûter cher ! », protesteront certains. Laréponse est toute trouvée : la mort d’untravailleur ou une blessure grave coû-tera encore plus cher ! La revue Psycho-logies l’a affirmé : « Une créativité biennourrie peut se traduire par des gainsfinanciers, des dépôts de brevets, par unrenforcement de la puissance d’agir. »Dans tous les exemples évoqués danscet article, l’employeur a constaté que

Page 13: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

la solution adoptée a eu des répercus-sions tangibles sur la sécurité, l’organi-sation du travail et la productivité. Lescréatifs ne sont pas des pelleteux de nuages, ils agissent comme un ferment.« Au début, on me regardait d’un drôled’air, se souvient Jean-Guy Ouellet, duService aérien gouvernemental. Cer-tains pensaient que je perdais montemps. Mais au fur et à mesure que mestrouvailles ont fait leurs preuves, on afini par reconnaître mes aptitudes. Leprix que la CSST nous a décerné, en2004, a été valorisant pour moi et pourl’employeur. Des gens de l’extérieur re-connaissaient ma contribution et monsens de la création mis au service del’entreprise. »

En laissant sa créativité s’exprimer,on favorise son expansion, on « conta-mine » son milieu, de travail et de vie.Jean-Guy Ouellet admet en riant qu’il a beaucoup de tiroirs dans sa tête. Re-lever un défi, trouver des solutions, iladore ! Et pas seulement en matière de sst. À la maison, il rumine aussi. « Parfois, ça m’empêche même de dormir. Il m’arrive en effet de trouver la réponse en pleine nuit. Je réveillealors ma blonde et je lui fais un cro-quis. Après, on se recouche… »

Jean-Jacques Stréliski, concepteur de campagnes publicitaires qui ont fait mouche, estime que les créatifs sont « des personnes autonomes, qui puisent leurs ressources en elles-mêmes, qui n’ont pas peur de bouscu-ler les idées reçues. Elles apportent des solutions et leur motivation

première n’est pas l’argent15 ». Deux destravailleurs interviewés ont d’ailleursspontanément avoué qu’ils se fichentbien que leur trouvaille soit brevetée ou non. Ce qui leur importe, c’est qu’elle soit utile, endossée, adaptée,voire améliorée par d’autres travail-leurs ou entreprises.

Si un travailleur ingénieux peut de-venir un catalyseur dans son milieu etstimuler la créativité de ses pairs, l’em-ployeur peut aussi jouer un rôle crucial.Jean Rozon est directeur de AutomobileGR Corée Longueuil. Son histoire estparticulièrement exemplaire. « J’ai ou-vert le garage en 1985. À cette époque,la CSST, ça ne voulait pas dire grand-chose dans le milieu. Si un travailleurse blessait, elle s’en occupait, point. Aufil des ans, j’ai noté qu’il y avait beau-coup d’absences au sein du personnel,fondées ou pas, et… constaté que ça

me coûtait cher en cotisations !Un jour, l’ASP Auto-

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porte et m’a mis en garde. Mon entre-prise pourrait bien péricliter si je neréagissais pas. J’ai allumé ! Et aussi-tôt formé un comité de sst paritaire.Notre première constatation a été : si ça continue, on va tous être sur la CSST !C’était parti ! On s’est d’abord occupédes équipements de protection, gants,lunettes, etc., avec le soutien d’Auto-Prévention. J’ai également chargé untravailleur d’observer les lieux et derepérer les risques. Il faisait réguliè-rement sa ronde, mais je sentais que c’était insuffisant. J’ai commencé moiaussi à faire ma ronde. Ça m’a fait pro-gresser énormément. J’ai compris que si un travail était jugé difficile par lestravailleurs, s’ils répugnaient à le faire,c’était peut-être parce qu’il représen-

tait un danger. Et que c’était dansnotre intérêt à tous d’améliorer

la situation. Le goût de four-nir aux travailleurs un envi-ronnement non seulement sûr,

mais aussi agréable, valorisant,a surgi et fait son chemin dans

mon esprit. C’est ainsi qu’ensemble,nous nous sommes attaqués à plusieurschoses : à la grosse presse hydrauliquequi constituait une menace potentielle.À l’aspirateur, beaucoup trop bruyant. Au compresseur… Ce qui est intéres-sant, c’est qu’on a trouvé les solutions

13Automne 2006 Prévention au travail

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M. Rozon s’est posé une ques-tion capitale : « Si un travail est jugé difficile par les travail-leurs, s’ils répugnent à le faire,c’est peut-être parce qu’ilreprésente un danger ? » D’où son engagement ferme en matière de prévention.

15. « La créativité à portée de tous », Le Soleil,17 novembre 2005.

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Page 14: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

en équipe. De plus en plus soucieuxd’offrir un milieu de travail non seu-lement sain mais agréable, j’ai engagéune firme pour que l’atelier de répa-ration et les établis soient parfaitementnettoyés, chaque soir. Les travailleursont apprécié les améliorations. C’estdans cette foulée que nous avons décidéde résoudre le problème de l’extractiondes disques de frein. La tâche obligeaitle travailleur à frapper de toutes sesforces, avec un marteau, sur le disque.On s’est dit, que peut-on faire ? On a in-vité un mécanicien expert à venir nous

aider. Et c’est ainsi qu’est né l’extracteurà disques pour lequel nous avons mé-rité un Prix innovation, récompense quele ministre du Travail nous a remis, en novembre 2005, dans le cadre du GrandRendez-vous. »

M. Rozon est vraiment « allumé ». Ilsonge à agrandir son garage, mais pasn’importe comment : « J’ai l’intention dedemander à Auto-Prévention de m’aiderafin que la prévention soit un critère essentiel adopté avant le début des tra-vaux. Dans le domaine de l’industrie automobile, nous avons un problème de main-d’œuvre. Alors, la santé et lasécurité des travailleurs, leur bien-être,

ça peut faire la différence ! Si un em-ployé se sent en sécurité et se plaît à son travail, son rendement sera à lahauteur. Je sais que je suis devenu uncatalyseur, et comme je suis très disci-pliné, je n’ai pas l’intention de lâcher. »

« Quand une idée simple prendcorps, c’est une révolution », a écritCharles Péguy.

Des inventions dorment…

Lâcher. Il arrive qu’un travailleur lefasse, pas parce que son invention nemarche pas, mais parce qu’elle netrouve pas preneur, parce que le mo-ment ne lui est pas propice. GeorgesLabad, employé de garage, en est unparfait exemple. Il y a 15 ans, cons-cient que le ponçage de pièces de véhi-cules automobiles le contraignait, toutcomme ses collègues, à respirer de lapoussière, à forcer et à accomplir satâche les pieds et les mains dans l’eau,il a mis au point un bloc de ponçage à l’eau qui éliminait pratiquement lapoussière et réduisait considérablementl’effort physique et le contact avec l’eau.Après plusieurs tentatives et un gros investissement en argent pour faire connaître sa trouvaille, il a laissé tom-ber : « Trop souvent, c’est la produc-tivité qui l’emporte. Aujourd’hui, dansplusieurs garages, on préfère poncer àsec parce que c’est plus rapide et moinsdésagréable, mais c’est aussi moins efficace ! » Il y a 15 ans, il n’existait pasencore de tribune permettant à unetrouvaille comme celle de M. Labad defaire son chemin. Mais les choses sonten train de changer. Plusieurs orga-nismes et associations ont mis sur pieddes concours visant à récompenser tra-vailleurs et entreprises s’étant illustrésen sst. On peut donc espérer que cer-taines inventions, mises sur une tablette,soient éventuellement « réanimées » etenfin reconnues… PT

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14 Prévention au travail Automne 2006

Pour en savoir plus

Site Web de la CSST : www.csst.qc.ca/prixinnovation. L’internaute y trouveraun bref portrait des entreprises ayantreçu un Prix innovation et pourra égale-ment visionner la vidéo qui leur a étéconsacrée. Idem pour les Prix reconnais-sance de 2003 et 2004.

Réveillez la créativité, Lyn Heward etJohn V. Bacon, Les Éditions Logiques,165 pages.

Drôlement efficace, l’humour créatif en sstQuand la rédaction en chef de Convergence remet les textes d’un numéro àJacques Goldstyn, son premier geste consiste à les lire rapidement. Sa deuxièmelecture, plus rigoureuse, se fait dans un silence total. « Je dois capter l’idéemaîtresse de chaque article. Souvent, quand il ouvre un magazine, le lecteurregarde la caricature avant même de lire le texte, il faut donc que mon dessinen soit un résumé visuel. Deuxième objectif, camper la situation, l’idée por-teuse, sous un angle humoristique, sympathique. L’humour doit être subtil, pas question de gags primaires ou d’effets tarte à la crème. » M. Goldstyn tientà ce que le résultat final fasse sourire le lecteur, l’amène à s’identifier à l’un despersonnages mis en scène. Il aime bien faire référence à des œuvres littérairesou cinématographiques, tels Hamlet, Harry Potter, etc. « Ce qui m’aide aussi, ce sont les phénomènes de société, l’actualité : il peut s’agir d’une campagnepublicitaire qui cartonne, de Star Académie, d’un film, d’un grave problèmecomme la grippe aviaire, etc. »

Illustrer la prévention au travail ou encore un thème précis de la sst est une tâche très délicate, qui aura éventuellement le poids d’un éditorial. « Lacaricature doit impressionner, toucher, mais ne pas choquer, ne jamais sous-estimer les compétences des travailleurs ou des employeurs », tient à préciserM. Goldstyn.

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Une première esquisse. Soumise à des yeux critiques, elle sera par la suite peaufinée avant de recevoir sa livrée de couleurs.

Page 15: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Le travail bénévole représenteun apport exceptionnel à l’économie du Québec. En effet, chaque année, 1 135 000 bénévoles donnent plus de 180 millions d’heures à des personnes,des organismes, des hôpitaux, etc. Cet engagement représente quelque 100 000 emplois à plein temps1. Cesnombreuses activités bénévoles sont-elles couvertes par la Loi sur les accidentsdu travail et les maladies profession-nelles (LATMP)? Qu’arrive-t-il lorsqu’unepersonne se blesse en accomplissantune activité bénévole ? A-t-elle droit àune indemnité de remplacement durevenu ?

L’article 13 de la LATMP prévoitdeux conditions pour que la personnebénévole soit considérée comme un tra-vailleur au sens de la loi. Tout d’abord,l’employeur d’un établissement utili-sant les services de la personne béné-vole devra donner son accord quant autravail exécuté bénévolement.

Une fois que l’employeur manifesteclairement son intention d’assujettir letravailleur bénévole à la loi, il devraittransmettre à la CSST une déclarationl’informant des différents paramètres2

conditionnant l’exécution de ce travail3.Le travailleur bénévole pourra alorsbénéficier des avantages prévus à laLATMP s’il subit une lésion profes-sionnelle, à l’exception du droit au re-tour au travail.

Quand un travailleur est victimed’une lésion professionnelle alors qu’il agit en tant que personne béné-vole, il aura droit à une indemnité de remplacement du revenu s’il devient incapable, en raison de sa lésion pro-fessionnelle, d’exercer l’emploi rému-néré qu’il occupe, le cas échéant, oupour lequel il est inscrit à la CSST. Dansce cas, l’indemnité de remplacement du revenu sera égale à 90 % du revenunet qu’il tire annuellement de son em-ploi (art. 78 et 45, LATMP).

Dans l’hypothèse où le travailleurbénévole n’occupe pas d’emploi rému-néré et n’est pas inscrit à la Commis-sion lorsque survient sa lésion, il aura

droit à l’indemnité s’il devient inca-pable d’exercer l’emploi qu’il occupaithabituellement ou qu’il aurait pu occu-per habituellement. Dans ce dernier cas, on devra tenir compte de sa for-mation, de son expérience de travail etde ses capacités physiques et intellec-tuelles antérieures à sa lésion (art. 78,LATMP). Il sera alors indemnisé à partir du revenu brut annuel déterminésur la base du salaire minimum envigueur au moment où s’est manifestéesa lésion (art. 82, LATMP).

En plus de l’indemnité de remplace-ment du revenu, le travailleur bénévolepourra aussi, selon ses besoins, béné-ficier d’une assistance médicale et deservices de réadaptation.

Enfin, il est important de noter quele travailleur bénévole pourra bénéficierdes indemnités seulement si, lorsquesurvient sa lésion, il exécutait destravaux dans le cadre des activités del’établissement de l’employeur4, mêmesi cet employeur avait transmis une

déclaration conformément à l’article 13de la LATMP.

Ainsi, il a été déterminé qu’une acti-vité d’entretien général d’un domi-cile faite par un travailleur bénévolen’avait pas de lien direct avec les finsd’un établissement visant la produc-tion agricole. PT

Mélisande Blais

15Automne 2006 Prévention au travail

Droitset obligations

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Quand un bénévole se blesse…

1. http://www.benevolat.gouv.qc.ca/statistiques/index.asp.

2. a) la nature des activités exercées dans l’éta-blissement ; b) la nature du travail exécuté bénévolement ;c) le nombre de personnes qui exécutentbénévolement un travail aux fins de l’éta-blissement ou qui sont susceptibles de lefaire dans l’année civile en cours ;d) la durée moyenne du travail exécuté béné-volement ; ete) la période, pendant l’année civile en cours,pour laquelle la protection accordée par laprésente loi est demandée.

3. CSST c. Girard, (1994) C.A.L.P. 1083.4. Desmeules et Ferme Paul Duchesne (1987-88)

B.R.P. 459.

Page 16: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

18 octobre 2006

Paris (France)

Congrès sur la préventiondes risques émergents en laboratoireLes nanotechnologiesRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.adhys.org

18 et 19 octobre 2006

Rouyn-Noranda (Québec)

Colloque en santé et sécuritédu travail de la CSSTDirection régionale Abitibi-TémiscamingueRenseignements

Marcel CharestTél. 819 797-6133Site Web : www.csst.qc.ca

Sessions d’information

20 octobre 2006

Montréal (Québec)

Sous-traitance : responsabilités en SST du donneur d’ouvrage

25 octobre 2006

Montréal (Québec)

Bâtir une culture en SST… Un plus pour l’entreprise !

31 octobre 2006

Montréal (Québec)

L’assignation temporaire : un droit pour l’employeur

2 novembre 2006

Montréal (Québec)

Le Code criminel du Canada et lois en SST : obligations etdiligence raisonnable

17 novembre 2006

Le Règlement sur la santé etla sécurité du travail (RSST)

Sessions de formation

26 et 27 octobre 2006

Montréal (Québec)

« Ergonomisez » vos postesde travail

1er

novembre 2006

Montréal (Québec)

Conduite préventive des chariots élévateurs

9 et 10 novembre 2006

Montréal (Québec)

Sécurité des machines

22 novembre 2006

Montréal (Québec)

Alcool, drogues et gestion du risque

23 novembre 2006

Québec (Québec)

Alcool, drogues et gestion du risqueRenseignements

Centre patronal de santé etsécurité du travail du QuébecTél. 514 842-8401Site Web : www.centrepatronalsst.qc.ca

Du 22 au 24 octobre 2006

Montréal (Québec)

Colloque internationalViolences faites aux femmes :réponses sociales pluriellesRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.criviff.qc.ca/colloque

24 et 25 octobre 2006

Dortmund (Allemagne)

Music – Safe and SoundForum européen sur la conservation de l’ouïe chez les professionnels de lamusique et du divertissementRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.baua.de

Du 22 au 25 octobre 2006

Banff (Canada)

37e congrès annuel

de l’Association canadienned’ergonomieInspirer de grands horizonspour l’ergonomieRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.ace-ergocanada.ca

Du 23 au 27 octobre 2006

Montréal (Québec)

Journées annuelles de santépublique10 ans de connaissances sans frontières

Renseignements

Institut national de santépublique du QuébecTél. 514 864-1364Courriel : [email protected]

25 octobre 2006

Drummondville (Québec)

Carrefour en santé et sécurité du travail de la CSSTDirection régionale Mauricieet Centre-du-QuébecRenseignements

Louis BraultTél. 819 372-3400, poste 3404Site Web : www.csst.qc.ca

Du 25 au 27 octobre 2006

Strasbourg (France)

Congrès international Wood DustExposition professionnelleaux poussières de bois :évaluation et gestion desrisquesRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.ami.dk/wooddustconference2006Inscription en ligne :www.strasbourg-events.com

Du 31 octobre au 4 novembre

Paris (France)

37e conférence mondiale

sur la santé respiratoireRenseignements

Site Web : www.iuatld.org

7 et 8 novembre 2006

Carleton et Sainte-Anne-

des-Monts (Québec)

9e rendez-vous SST

Gaspésie–Îles-de-la-MadeleineRenseignements

Maxime BoucherTél. 418 368-7852Site Web : www.csst.qc.ca

Du 8 au 10 novembre 2006

Dublin (Irlande)

7e conférence de l’Académie

européenne de psychologiedu travail

Renseignements

Courriel : [email protected] Web : www.ea-ohp.org/conferences/index.asp

9 et 10 novembre 2006

Montréal (Québec)

7e congrès québécois de

réadaptation en déficiencephysiqueLa réadaptation : un domaine où expertise et créativité résonnentRenseignements

Site Web : www.aerdpq.org

Du 14 au 16 novembre 2006

Las Vegas (États-Unis)

15th Annual National Workers’ Compensation and DisabilityWorkers’ Compensation in the Federal WorkplaceRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.fedwcconference.com

Du 20 au 22 novembre 2006

Sydney (Australie)

42nd Annual Conference of the Human Factors and Ergonomics Society of AustraliaNew Technology – PuttingMacro and Micro in ContextRenseignements

Courriel : [email protected] Web : www.ergonomics.org.au

Du 3 au 8 décembre 2006

Cincinnati (États-Unis)

Conférence internationaledes nanotechnologies Santé et sécurité du travailet de l’environnementRenseignements

Courriel : [email protected]

1er

et 2 février 2007

Nancy (France)

Colloque de l’INRSLe stress au travail, uneréalité. Quelle prévention ?Quels acteurs et quels outils ?Renseignements

Courriel : [email protected]

16 Prévention au travail Automne 2006

Agendad’ici et d’ailleurs

Page 17: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

17Automne 2006 Prévention au travail

C’est une nouvelle révolution

industrielle, dit-on. Une chose est cer-taine, le domaine des nanotechnolo-gies est en pleine expansion, le Québeccomptant en 2006 quatre fois plus d’entreprises dans ce secteur qu’il y a àpeine deux ans, alors qu’on en dénom-brait une dizaine seulement. C’est pourcette raison que l’IRSST a entrepris desrecherches visant à identifier les risquespour la santé des travailleurs de cetteindustrie naissante. Avec une équipe

de collaborateurs, le chimiste Claude Ostiguy creuse, depuis trois ans, toutel’information disponible sur les effetsdes nanotechnologies sur la santé destravailleurs et recense les mesures deprévention existantes. Doter l’Institut del’expertise nécessaire pour soutenir sespartenaires que la question préoccupeest l’objectif principal. Dans cette entre-vue, il expose ce que l’on sait actuelle-ment et ce qui reste à découvrir sur leseffets de l’exposition aux nanoparticules.

D a n s c e n u m é r o

Les effets des nanotechnologiessur la santé L’IRSST s’attaque à ce problèmede taille

Solvants toxiques Trois nouvelles propositions de produits de substitution

Conditions d’emploi, santé et sécurité Un portrait des travailleursquébécois

Boursière : Nadia OuakedUniversité de ZurichÀ la recherche de marqueursimmunologiques

Nouvelles publications

Recherches en cours

www.irsst.qc.caCliquez recherche

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Rechercheà l’IRSST

L’IRSST s’attaque à ce problème de taille

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Les effets des nanotechnologies sur la santé

Les effets des nanotechnologies sur la santé

Page 18: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Recherche

conscience mondiale du potentiel derisque lié à leur utilisation. Des effortsde recherche structurés sont en coursafin d’évaluer les risques sur des ani-maux de laboratoire. Aujourd’hui, lamajorité des grands organismes derecherche en santé et en sécurité du travail (SST) s’intéresse aux risques po-tentiels pour la santé que posent lesnanoparticules, dont la production in-dustrielle devient de plus en plus im-portante. L’IRSST se penche sur cetteproblématique émergente depuis 2003

dans le but de combler l’absence de connaissances sur l’exposition des tra-vailleurs québécois et sur les mesurespréventives à mettre en place.

[PT] Qui sont les travailleurs

à risque ?

[CO] Au Québec, on estime qu’envi-ron 2 000 personnes sont aujourd’huipotentiellement à risque d’expositionaux nanoparticules. Et ce nombre necesse de croître. Pour le moment, c’estdans le milieu de la formation spécia-lisée qu’on trouve le plus grand nombrede personnes exposées à ces particules,notamment dans les laboratoires derecherche universitaire et en formationtechnique. Au moins neuf universitésquébécoises comptent une cinquan-taine de groupes de recherche sur lesnanotechnologies, composés de pro-fesseurs, d’assistants de recherche et de nombreux étudiants diplômés. Quatre cégeps donnent des formationsspécialisées dans différents domainesdes nanotechnologies et au moins troiscentres de recherche sont actifs dans ce champ d’étude. Le Québec compteégalement une quarantaine d’entre-prises dans le secteur des nanotech-nologies. Plusieurs sont en phase de démarrage et l’on estime qu’elles em-ploient plus de 500 personnes. Ajoutonsque certaines entreprises introduisentdes nanoparticules dans la fabricationde différents produits de consomma-tion. Dans ce domaine, on sait peu dechoses. Nous travaillons actuellement à identifier ces entreprises et les pro-duits qu’elles utilisent.

[PT] De quels types de risques

parle-t-on ?

[CO] Il est actuellement difficile de déterminer avec précision quels sontles risques pour les travailleurs expo-sés aux nanoparticules. Nos préoccu-pations portent principalement sur lessubstances qui demeurent insolubleslorsqu’elles pénètrent dans le corps humain.

Les données dont nous disposonsproviennent principalement d’étudessur des animaux de laboratoire. Les résultats démontrent que plusieurs deces nanoparticules sont très irritantespour l ’appareil respiratoire. Elles peuvent générer des stress oxydatifs résultant en une augmentation des

à l’IRSST

[Prévention au travail]

Depuis quand l’IRSST s’intéresse-

t-il aux nanotechnologies ?

[ Claude Ostiguy] Des nano-tubes de carbone ont été synthétiséspour la première fois dans un labora-toire japonais en 1986, mais ce n’estqu’à la fin des années 1990 que des scientifiques ont commencé à se pré-occuper des risques potentiels desnanoparticules. Depuis le début des années 2000, on assiste à une prise de

18 Prévention au travail Automne 2006

Qu’est-ce que c’est ? À quoi ça sert ?Actuellement, il n’y a pas de consensus sur la terminologie entourant la nanotechnologie, les auteurs utilisant différentes définitions. Néanmoins…

La nanotechnologie

La nanotechnologie est un domaine multidisciplinaire qui vise la conceptionet la fabrication, à l’échelle des atomes et des molécules, de structures solidesqui comportent au moins une dimension mesurant entre 1 et 100 nanomètres. Il y aun million de nanomètres dans un millimètre. Par exemple, le diamètre d’uncheveu humain fait normalement entre 20 000 et 80 000 nanomètres. L’inté-rêt des nanomatériaux, issus de la nanotechnologie, réside dans le fait qu’ilspossèdent des propriétés particulières, souvent uniques et commercialementexploitables, et qui ne se trouvent pas dans les mêmes produits de plusgrande dimension.

Les nanoparticules

Dans le domaine de la nanotechnologie, ce sont les nanoparticules qui inté-ressent particulièrement l’IRSST. Une nanoparticule est une particule dematière de dimension nanométrique. Ses propriétés sont basées sur deseffets quantiques et sur un fort pourcentage d’atomes en surface. On trouvedéjà des nanoparticules dans des produits tels que les cosmétiques, les peintures, les processeurs informatiques, les vêtements athlétiques antibac-tériens, les appareils ménagers, les cires, les isolants, les skis, les raquettes detennis, les bâtons de golf, etc. On prévoit de nombreuses autres applicationsdans tous les secteurs économiques, dont le domaine médical où d’impor-tants développements sont prévus, autant en matière diagnostique quethérapeutique.

Des exemples de nanomatériaux

Les entreprises québécoises actives dans le domaine des nanotechnologies nesont pas toutes répertoriées, mais prenons par exemple Raymor Industries,qui produit des nanotubes de carbone monoparois. Cette entreprise deMontréal est considérée par l’Association internationale de la nanotechno-logie ‘US’ comme un chef de file mondial parmi les sociétés publiques de cesecteur. Elle compte actuellement parmi les plus importants producteurs denanotubes de carbone monocouche au monde.

Grâce aux nanomatériaux, la firme Prelco, de Rivière-du-Loup, a créé untype de verre anti-tache qui repousse l’eau et les poussières. Ce verre auxpropriétés uniques possède une résistance accrue aux éraflures et aux chocs.On compte l’utiliser non seulement dans la construction d’immeubles enhauteur, mais aussi pour les fenêtres d’autobus et de train de même que pourla fabrication de douches dont l’entretien sera facilité par des parois surlesquelles les résidus de savon n’adhéreront plus.

Page 19: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

biomarqueurs d’inflammation au ni-veau pulmonaire. Des granulomes ontété détectés dans les poumons d’ani-maux de laboratoire à la suite d’expo-sitions à certaines nanoparticules, parvoie pulmonaire. Par ailleurs, les étudesactuelles ne suggèrent pas une grandecapacité d’absorption cutanée.

Les risques potentiels pourraient êtrereliés aux très petites dimensions desnanoparticules et à leur biopersistance,c’est-à-dire à la durée de leur présencedans le corps humain. Certaines parti-cules sont partiellement arrêtées par lesmuqueuses du nez, car elles se diffusentcomme des gaz, et seront captées dèsqu’elles toucheront à une paroi nasale.Par contre, à partir du nez, une partiede ces fines particules pourront em-prunter les nerfs sensitifs et se rendredirectement au cerveau. Une autre par-tie des nanoparticules qui réussiront àfranchir le nez pourront se déposer surles parois de la trachée et des bronches.

non à leur masse. C’est donc dire que,pour une même masse de produit, plus la particule sera petite, plus ellerisque d’être toxique. Ainsi, plusieursétudes ont établi que la silice nano-métrique démontre un potentiel in-flammatoire de 10 à 25 fois plus élevéque la silice plus grosse, de dimen-sion micrométrique. Il faut bien com-prendre que les risques pour la santéne sont que très partiellement connus.De très nombreuses recherches sont en cours partout dans le monde et l’étendue des nouvelles connaissancescroît rapidement. C’est d’ailleurs pourcette raison que nous préparons actuel-lement une version révisée de notre revue de littérature sur les risques pourla santé, laquelle devrait paraître trèsbientôt.

Mais attention, les nanotechnologiesne comportent pas que des risques, loinde là. Par exemple, plusieurs études ont clairement démontré qu’en plus deleurs propriétés exceptionnelles pour les usages industriels, certaines ont unetendance à s’accumuler autour des cel-lules cancéreuses, ce qui pourrait offrirun important potentiel thérapeutique

19Automne 2006 Prévention au travail

Un ballon de soccerfuturiste ? Non.

Il s’agit d’unfullerène, soit

une molécule en forme de cage fermée,composéed’atomes de carboneregroupés dans

une structure

constituée de penta-

gones et d’hexagones.

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« Le développement de nouvellesconnaissances permettra éven-tuellement de raffiner lesapproches de l’évaluation durisque et de stratégies visant à les gérer efficacement », affirmeClaude Ostiguy, directeur duService soutien à la recherche et à l’expertise de l’IRSST.

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Aujourd’hui, au Québec,

environ 2 000 personnes

sont potentiellement

à risque d’exposition

aux nanoparticules.

Heureusement, à ce niveau, le mé-canisme d’ascenseur mucociliaire per-met de les éliminer efficacement et de les envoyer vers le système digestif. Une fois rendues dans le système di-gestif, une partie des nanoparticules seront absorbées par l’intestin et pour-ront ainsi se rendre, toujours sousforme solide, au système sanguin, puiscirculer dans tout l’organisme. Notonsfinalement qu’à la suite d’une expositionpulmonaire, une partie des nanopar-ticules peuvent se rendre aux alvéolespulmonaires. Trop petites pour êtreprises en charge par notre système dedéfense naturel au niveau alvéolaire — les macrophages les ignorent —, une fraction d’entre elles franchirontl’épithélium alvéolaire pour se rendreaux ganglions et au système sanguin.Une exposition répétée permettrait d’accumuler des nanoparticules dans les alvéoles, augmentant de la sorte laquantité qui pourrait passer l’épithé-lium pulmonaire. Plusieurs études ontégalement démontré que des nanopar-ticules empruntant le système sanguinont été retrouvées dans divers organes(foie, rate, rein…). Les fullerènes, uneclasse de nanoparticules, peuventfranchir la barrière placentaire d’ani-maux de laboratoire et se retrouverdans le fœtus.

Il a été clairement démontré que les phénomènes toxiques mesurés sontreliés à la surface de ces particules et

Page 20: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

[CO] C’est dans la mission de l’Ins-titut de contribuer, par la recherche, à la prévention des accidents et desmaladies professionnelles. On est ici en présence d’une problématique émergente pouvant potentiellementconduire au développement de ma-ladies et à la survenue de graves ac-cidents. En effet, nous avons déjàmentionné que des risques pour lasanté ont été identifiés chez des ani-maux de laboratoire. Il convient égale-ment de noter que les nanoparticulesmétalliques, entre autres, peuventreprésenter d’importants risques pourla sécurité en termes de dangers d’in-cendie ou d’explosion.

Les nanotechnologies sont en pleindéveloppement au Québec et le nombrede travailleurs de ce domaine devraits’accroître de façon importante au cours des prochaines années. L’Institutsouhaite intervenir rapidement afin de soutenir les entreprises et les cher-cheurs dans une prise en charge efficacedes différents risques qui pourraientêtre reliés à ces technologies. D’ailleurs,nous travaillons actuellement avec laCSST et NanoQuébec à la préparation

d’un guide de bonnes pratiques per-mettant une approche sécuritaire de la synthèse et de la manipulation desnanoparticules.

[PT] En quoi consiste l’entente

avec NanoQuébec ?

[CO] NanoQuébec joue un rôle ma-jeur de planification et de structura-tion du développement industriel desnanotechnologies. Cet organisme est enrelation avec les chercheurs et les en-treprises d’ici engagés dans ce secteur.Tout comme l’IRSST, il souhaite undéveloppement sécuritaire et durabledes nanotechnologies au Québec.Compte tenu de notre intérêt communde prévenir les accidents et les maladiesprofessionnelles, les deux organismesont décidé de former un partenariat afin d’associer leur expertise et d’éla-borer un guide de bonnes pratiques en milieu de travail, qui sera large-ment diffusé auprès de nos clientèles.NanoQuébec a noué des liens privilé-giés avec ces clientèles, ce qui faciliterales interventions dans les entreprises et dans les laboratoires de recherche.L’IRSST élaborera le contenu scien-tifique du guide et le produira en s’as-surant la collaboration de la CSST, deNanoQuébec et de plusieurs autres par-tenaires de la recherche et du monde du travail.

[PT] Après les deux récentes

publications, quelles seront les

prochaines actions de l’Institut

dans ce domaine ?

et permettre d’améliorer le temps et laqualité de vie de nombreuses personnesatteintes de diverses maladies.

[PT] Que sait-on des effets des

nanoparticules sur la santé des

travailleurs ?

[CO] Ces particules ont les mêmesdimensions que certains polluants del’atmosphère, que l’on trouve notam-ment dans le smog. Plusieurs étudesépidémiologiques ont démontré quelors de forts épisodes de smog, on cons-tatait une augmentation des décès chezles personnes souffrant de graves pro-blèmes pulmonaires ou cardiaques. Des études de laboratoire sur des volon-taires humains ont permis de démon-trer qu’une exposition à des particulesultrafines, de mêmes dimensions que les nanoparticules, avait un effet directsur certaines propriétés des vaisseauxsanguins et sur la viscosité du sang,pouvant conduire à des problèmes car-diaques. Dans le cas des nanoparti-cules, qui sont des produits de synthèse,il est beaucoup trop tôt pour que l’onpuisse déterminer quels sont exacte-ment les risques pour les travailleurs.L’IRSST préconise une démarche trèssécuritaire pour la synthèse et l’utili-sation de ces produits, justement afin de limiter les risques que certains travailleurs y soient surexposés etdéveloppent une maladie d’origine professionnelle.

[PT] Pourquoi l’IRSST s’inté-

resse-t-il à cette question ?

Certaines nanoparticules

tendent à s’accumuler

autour des cellules

cancéreuses, ce qui pourrait

offrir un important

potentiel thérapeutique.

Rechercheà l’IRSST

20 Prévention au travail Automne 2006

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Page 21: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

[CO] Les recherchesmondia les sont t rès actives et de nouvellesconnaissances se déve-loppent rapidement. Unepremière action consiste à colliger cesnouvelles informations, à les intégrer ànos documents actuels, à développerune forte expertise dans le domaine et à rendre ces connaissances disponibles.Nous visitons également des labora-toires de recherche et des entreprisesquébécoises afin de les inviter à colla-borer à la publication du guide debonnes pratiques. Nous travaillons à assurer la diffusion des résultats et nousparticipons à l’élaboration d’une pre-mière norme internationale ISO sur lesujet. Afin d’assumer notre leadershipau-delà du Québec, ces documentsseront également présentés en anglaissur le site Web de l’Institut. Sur le plan

québécois, notre présidente-directricegénérale, Mme Diane Gaudet, siège à uncomité de réflexion sur les nanotechno-logies et nous étudions actuellement lapossibilité de créer des partenariats derecherche avec des organismes inter-nationaux. Nous considérons aussi dif-férentes stratégies afin de créer unecommunauté de chercheurs québécoisdans le domaine de la santé et de lasécurité du travail reliées aux nanotech-nologies et de concevoir une program-mation de recherche thématique, dontcertains éléments pourraient être finan-cés en tout ou en partie par des orga-nismes de subvention québécois etfédéraux. Quoi qu’il en soit, l’IRSST

21Automne 2006 Prévention au travail

compte assumer un fort leadership dansle domaine de la SST des nanotechno-logies afin de soutenir efficacement l’en-semble des chercheurs et des entreprisesdans des actions de prévention qui per-mettront d’éviter la survenue d’accidentsou l’apparition de maladies profession-nelles dans ce secteur d’activité.

[PT] Actuellement, les spécia-

listes de l’hygiène industrielle

ont-ils les connaissances

nécessaires pour faire face

à ce problème ?

[CO] Le Québec compte un richebassin de chercheurs en hygiène et d’hy-giénistes industriels expérimentés, quidisposent déjà de nombreux outils per-mettant l’implantation de mesures deprévention efficaces. Néanmoins, denombreux défis doivent encore êtrerelevés, parmi lesquels l’évaluation del’exposition professionnelle.

[PT] Pourquoi l’évaluation

de l’exposition professionnelle

pause-t-elle un important défi ?

[CO] Pour plusieurs raisons. Il fautrappeler que les nanoparticules sont des produits de synthèse dont une des dimensions doit se situer entre 1 et 100 nanomètres. Or, plusieurs pol-luants, déjà présents dans l’air des dif-férents milieux de travail, répondent àcette définition sans que nous les consi-dérions comme des nanomatériaux. Parexemple, une fraction fine de la fuméede soudage peut avoir des dimensionsnanométriques. Il faudra donc élaborerdes stratégies permettant de mesurerexactement ce que l’on recherche. Enhygiène industrielle, nous mesuronsnormalement des masses de polluants.Ici, la toxicité n’est pas reliée à la massedu produit, mais à sa surface. Les ins-truments disponibles pour mesurer dessurfaces nécessitent des quantités plusimportantes de produits que ce que l’ons’attend à trouver dans l’air des milieuxde travail. De plus, ces outils sont volu-mineux, non adaptés à une utilisationen milieu de travail et ne permettent pas d’évaluer l’exposition personnelle.De nouvelles stratégies devront doncêtre mises au point afin de pouvoir éva-luer cette exposition, ce qui, avec unebonne connaissance des effets toxiquesdes produits, permettra d’estimer lerisque pour la santé des travailleurs.

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Plus jamais de vitres à laver ? C’est ce

qu’on peut imaginerpuisque les nanoma-tériaux ont permis lacréation d’un type de

verre anti-tache quirepousse l’eau et les

poussières et possèdeune résistance accrue

aux éraflures et auxchocs. On pourrait

notamment l’utiliserdans la construction

d’immeubles.

Page 22: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Recherche

souvent le maillon faible de la préventionet le plus fort potentiel d’exposition pro-fessionnelle. Des mesures adéquatesdoivent être prises afin d’éviter tout po-tentiel d’exposition. Ainsi, avant de ré-parer, d’entretenir ou de modifier unéquipement, le travailleur devrait être in-formé des risques, formé adéquatementet porter des équipements de protectionadéquats. Un nettoyage de toutes les sur-faces devrait également être fait avec un aspirateur muni d’un filtre à haute

efficacité. En ce qui concerne la pro-tection respiratoire, de nombreuses re-cherches sont encore en cours afin dedéterminer l’efficacité des équipements.Néanmoins, les résultats préliminairesactuellement disponibles indiquent queles filtres à haute efficacité semblent of-frir une bonne protection, en autant queles équipements sont portés correctementet entretenus adéquatement. D’ailleurs,toute organisation où le port d’une pro-tection respiratoire est obligatoire doit se soumettre à la réglementation québé-coise qui prévoit l’ensemble des mesuresà mettre en place dans le contexte d’unprogramme de protection respiratoireafin d’assurer une prévention optimale.

Même s’il reste beaucoup de ques-tions qui n’ont pas encore trouvé deréponses dans le domaine des nano-technologies, les connaissances actuellesen hygiène et en SST nous permettentd’élaborer les fondements de méthodesde travail sécuritaires basées sur uneapproche de prévention. Le développe-ment de nouvelles connaissances scien-tifiques, auquel l’IRSST participera,permettra éventuellement de raffiner les approches de l’évaluation du risqueet des stratégies visant à les gérer effi-cacement. PT

Marjolaine Thibeault

à l’IRSST

Aujourd’hui, nous ne disposons d’au-cune information sur le niveau d’expo-sition des travailleurs québécois dans ce domaine.

[PT] Connaît-on les moyens

de contrôle des nanoparticules

pour prévenir le développement

de maladies ?

[CO] Les nanoparticules sont de dimensions tellement petites que plu-sieurs d’entre elles se comporteront pluscomme un gaz que comme une parti-cule solide. Une fois dans l’air, elles peuvent se propager rapidement, par-tout dans l’entreprise, sans se sédi-menter. Il est donc essentiel d’évitertoute propagation de ces produits.

Nous avons par contre de bonnesconnaissances pour contrôler efficace-ment des polluants dans l’air, que ceux-ci soient sous la forme de vapeurs, degaz ou d’aérosols, liquides ou solides.Diverses mesures de contrôle sont dis-ponibles et nous préconisons toujoursl’élimination du danger à la sourcechaque fois que c’est faisable. Lorsquec’est réalisable, il faut concevoir des installations sécuritaires et utiliser deséquipements bien adaptés aux situa-tions et aux propriétés des produits utilisés. Il est ainsi possible de mettreau point un procédé complètementfermé qui limitera les émissions indé-sirables dans l’air à des fuites acciden-telles. L’encoffrement, l’isolement et laventilation à la source constituentquelques-unes des stratégies visant à contrôler ces émissions.

Dans une démarche de contrôlede l’exposition, il faut tenir comptede l’ensemble d’un procédé. Ainsi,il ne suffit pas de limiter lesémissions pendant la syn-thèse d’un produit. Il fautégalement s’assurer queson transfert, sa récupé-ration, son transport, sonentreposage et toutes lesétapes du procédé de pro-duction finale limitent le potentiel d’émission dans l’air et que des mesures decontrôle strictes de capta-tion à la source soient misesen place aux endroits où ilpourrait y avoir émission et propagation.

L’entretien et la réparation des équipements représentent

22 Prévention au travail Automne 2006

Pour en savoir plus

OSTIGUY, Claude,Gilles LAPOINTE,Mylène TROTTIER,Luc MÉNARD, YvesCLOUTIER, MichelBOUTIN, MontyANTOUN, ChristianNORMAND. Leseffets à la santé reliésaux nanoparticules,

Rapport R-451, 55 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-451.pdf

OSTIGUY, Claude, Gilles LAPOINTE,Luc MÉNARD, Yves CLOUTIER, MylèneTROTTIER, Michel BOUTIN, MontyANTOUN, Christian NORMAND. Lesnanoparticules : connaissances actuellessur les risques et les mesures de préventionen santé et en sécurité du travail, RapportR-455, 90 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-455.pdf

Claude Ostiguy scrute toute l’information relative aux nano-particules. Avec ses collabora-teurs, il veut armer l’Institutpour que celui-ci puisse soute-nir ses partenaires que la ques-tion concerne.

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Page 23: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Montréal, dans le cadre d’un projet financé par l’IRSST.

« Michel Gérin et moi travaillonssur la problématique de la substitu-tion des solvants depuis 1993, avecl’IRSST », explique Denis Bégin. Enfait, la première réalisation de cetteéquipe dans ce domaine, de 1993 à1995, a permis de dresser un bilan de l’utilisation des solvants un peupartout au Québec. Les auteurs y in-diquent les secteurs prioritaires quien utilisent les plus grandes quan-tités, passent en revue les produitsproblématiques et déterminent degrandes avenues de remplacement. « En élaborant ce bilan, nous noussommes aperçus du manque d’infor-mation sur les nouveaux solvants desubstitution, raconte Denis Bégin, et c’est à ce moment qu’est venuel’idée de réaliser des monographies.

De plus, il est clair que l’effet de l’utilisation de certains sol-vants sur l’environnement etl ’adoption du Protocole de Montréal sur les substances quiappauvrissent la couche d’ozoneont contribué à l’amorce de nostravaux. » Les trois premières mo-nographies — sur le d-limonène,les esters d’acides dicarboxyliques(DBE) et la N-méthyl-2-pyrro-lidone (NMP) — ont été publiéesen 1999 et trois autres — sur lediméthylsulfoxyde (DMSO), le 1-bromopropane et les nettoyantsaqueux —, en 2002.

Par ailleurs, les chercheurs ont éla-boré une procédure en neuf étapes afinque la mise en place d’un solvant desubstitution se fasse adéquatement.Cette démarche a été réalisée au moyende données tirées de la littérature, qu’ilsont appliquées à des cas concrets ettestées dans des situations variées.

Neuf étapes essentielles

Pour les chercheurs, la toute premièreétape consiste à cerner le problème avecla direction de l’entreprise. En second

L’alcool benzylique, le lactated’éthyle et le carbonate de propylènesont proposés comme solvants de substitution dans des bilans de connais-sances préparés par une équipe du Département de santé environnemen-tale et de santé au travail de la fa-culté de médecine de l’Université de

23Automne 2006 Prévention au travail

Point de départAu Québec, environ 200 000 travail-leurs sont régulièrement exposés à des solvants organiques. L’inflammabilité et la toxicité de ces produits ainsi que la protection de l’environnement in-citent de plus en plus d’entreprises à les remplacer. Cependant, l’informationpour le faire manquait. Six monogra-phies ont été publiées antérieurement,dans la collection Bilan de connaissancesde l’IRSST, pour aider les intervenants à trouver le produit de substitutionadéquat.

Responsables Denis Bégin1, Michel Gérin2,Mourad Moumen et SinarithH e n g , d e l ’ U n i v e r s i t é d e Montréal.

RésultatsDes bilans de connaissances sur trois nouveaux solvants de substitution, soit l’alcool ben-zylique, le carbonate de pro-pylène et le lactate d’éthyle. Ils présentent de façon critiqueet systématique les connaissances sur les aspects de santé et de sécurité du travail, ainsi que sur les éléments environnementaux et techniques de ces substances.

UtilisateursLes hygiénistes industriels, les méde-cins du travail et autres spécialistes de la santé et de la sécurité du travail ainsi que les entreprises qui souhaitentréaliser un projet de substitution desolvants.

2

1

Trois nouvelles propositions de produits de substitution

Solvants toxiques

lieu, il s’agit de procéder à la formationd’un comité de substitution et à la signature d’une d’entente officialisantl’accord entre les parties. Ensuite, il faut étudier la situation et définir descritères de sélection du nouveau sol-vant. Tout cela se concrétise, entreautres, par l’analyse des méthodes detravail, par des expertises d’hygiène industrielle et par une définition des critères de sélection d’un solvant substitutif. La quatrième étape est celle où le comité propose des optionsde rechange. En cinquième lieu, l’en-treprise effectue des essais à petiteéchelle et en sixième, vient l’évalua-tion des conséquences des options re-tenues au moyen de la littérature, en tenant compte de la toxicologie, de lasanté et de la sécurité au travail, de l’écotoxicologie, de la formation, de l’ergonomie, des coûts et des aspects

Solvants toxiques

Page 24: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Recherche

Loi canadienne sur la protection de l’environnement 1999 (LCPE [1999]).Après plusieurs essais et consultations,y compris auprès du comité de santé etde sécurité de son atelier de peinture deToronto, la compagnie a choisi un dé-capant à base d’alcool benzylique.

Enlever la peinture sur un gros por-teur comme un Airbus A-340 nécessite2 000 litres (450 gallons) de décapant à base d’alcool benzylique, contre 1 400 litres (300 gallons) de décapant au dichlorométhane. Les travailleurs affectés à cette tâche doivent porter des appareils de protection respiratoire

à adduction d’air (cagoules), des gantset une combinaison. Le personnel desoutien qui se trouve à l’extérieur du périmètre où se déroule l’opérationporte des appareils de protection res-piratoire. Tout le décapage est fait à la température ambiante. Enfin, lesboues résiduelles sont évacuées par gravité dans de grands réservoirs si-tués sous le plancher, puis collectéespar une entreprise spécialisée.

Chris Koroneos, directeur au dé-partement d’hygiène industrielle chezAir Canada, explique que « le dichlo-rométhane était beaucoup plus effi-cace, les opérations étaient donc moinslongues et nécessitaient une moinsgrande quantité de produit. Toutefois,comme c’était plus dangereux pour lasanté des travailleurs, nous avons toutde même procédé au changement deméthode ». PT

Benoit Fradette

à l’IRSST

organisationnels. Septièmement, les intervenants comparent les options etchoisissent un produit de substitutionen fonction des critères retenus à latroisième étape. Par la suite, c’est l’im-plantation graduelle du nouveau pro-duit et, finalement, l’évaluation deschangements.

Décaper un avion, par exemple

Jusqu’à tout récemment, le dichlo-rométhane était l’ingrédient actif du décapant qu’Air Canada utilisait pourenlever la peinture de ses avions. Or, ceproduit a été déclaré toxique dans la

24 Prévention au travail Automne 2006

Il faut maintenant 2 000 litres de décapant à base d’alcool ben-zylique pour enlever la peintured’un Airbus A-340, alors que 1 400 litres de décapant au dichlo-rométhane étaient nécessairesauparavant. Cependant, la com-pagnie considère que la santé des travailleurs en valait le coût.

Michel Gérin, récipiendaire du prix Antoine-Aumont

Cette année, l’Association québécoise pour l’hygiène, la santé et la sécurité dutravail (AQHSST) a attribué le prix Antoine-Aumont à Michel Gérin pour soulignersa « remarquable contribution en matière d’hygiène, de santé et de sécurité dutravail ».

Michel Gérin se consacre depuis de nombreuses années à l’amélioration desconditions sanitaires et sécuritaires des milieux de travail. Son nom est notammentassocié à une vingtaine de projets de recherche financés par l’IRSST, dont ceux quiconcernent la substitution des solvants. Toutes nos félicitations à M. Gérin.

Page 25: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Pour en savoir plus

BÉGIN, Denis, Sinarith HENG, MichelGÉRIN. La substitution des solvants par le lactate d’éthyle, Rapport B-069, 45 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/B-069.pdf

Le lactate d’éthyle« Dans les années 1930, le lactated’éthyle (LE) était utilisé dans l’in-dustrie de la peinture, rappelle Denis Bégin. Il a toutefois été délaissé auprofit de solvants provenant du pé-trole. Aujourd’hui, il est fabriqué à partir d’amidon de maïs. Peu toxique,légèrement plus volatil que l’alcool benzylique, il est moins dommageablepour l’environnement. Il sert principa-lement au dégraissage de pièces mé-talliques. »

Propriétés et utilisations

Le lactate d’éthyle est un ester hy-droxylé que l’on trouve naturellementdans les pommes, les agrumes, les ana-nas et le cacao ainsi que dans le pain et plusieurs boissons alcoolisées. Il est soluble dans l’eau et dans de nombreuxsolvants organiques. On l’emploiecomme aromatisant dans l’industrie alimentaire. Depuis les années 1990, leLE est utilisé dans les décapants à pein-ture, les dégraissants industriels et lesproduits de nettoyage de précision.

Considérant la faible toxicité du LE pour l’humain et pour l’environne-ment, ce solvant constitue un produit de remplacement acceptable de pro-duits plus toxiques, dont le trichloré-thylène. Une ventilation adéquate esttoutefois nécessaire. Le port de gants etde lunettes protectrices est égalementindiqué.

Le carbonate de propylène« Le carbonate de propylène (CP) est unsolvant de synthèse. On l’utilise enmélange dans les décapants et aussipour le nettoyage des outils dans cer-taines entreprises qui fabriquent des objets en fibre de verre », rapporte Denis Bégin.

Propriétés et utilisations

Le carbonate de propylène est un li-quide incolore ou légèrement jaunâtre,selon son degré de pureté. Il est très peu volatil et presque inodore. Chimi-quement, le CP est un ester cyclique de l’acide carbonique. Il est soluble dans l’eau et s’y hydrolyse lentement. Il est miscible avec de nombreux solvants organiques. Produit stable à la température ambiante, il n’est ni inflammable ni combustible, mais il s’enflamme en présence d’une sourced’ignition s’il est chauffé à plus de 130 0C. Le CP est rarement utilisé seul.Il entre dans la formulation de mul-tiples produits comme les teintures, lesencres et les médicaments.

Considérant la faible toxicité du CPpour l’animal et pour l’environnement,ce solvant constitue un produit de rem-placement acceptable de substancescomme les cétones inflammables (acé-tone, MEK). Le port de gants et de lu-nettes de sécurité est toutefois indiqué.

25Automne 2006 Prévention au travail

Pour en savoir plus

BÉGIN, Denis, Charles BEAUDRY,Michel GÉRIN. La substitution dessolvants par le carbone de propylène,Rapport B-070, 43 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/B-070.pdf

Pour en savoir plus

BÉGIN, Denis, Mourad MOUMEN,Michel GÉRIN. La substitution dessolvants par l’alcool benzylique, Rapport B-068, 42 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/B-068.pdf

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L’alcool benzylique« L’alcool benzylique (AB) s’évapore très lentement, comparativement auxsolvants traditionnels qu’il peut rem-placer, comme le dichlorométhane ou la méthyléthylcétone, explique DenisBégin. Dans certains cas, il peut êtreutilisé sans respirateur, mais la pré-sence d’adjuvants volatils exige néan-moins l’utilisation d’une protectionrespiratoire. »

Propriétés et utilisations

L’alcool benzylique est un liquide inco-lore, peu volatil, d’odeur douce et aro-matique. Sur le plan industriel, il est leplus important des alcools aromatiques.On le trouve dans de nombreux végé-taux et aliments. Il est modérément soluble dans l’eau et miscible avec plu-sieurs solvants organiques. Il est em-ployé comme agent réducteur de laviscosité dans les cosmétiques, commesolvant dans les revêtements indus-triels et il entre dans la composition denombreux décapants à peinture.

Considérant sa faible toxicité chezl’humain, ce solvant constitue un pro-duit de remplacement acceptable pourdes substances beaucoup plus toxiques,comme le dichlorométhane. Une venti-lation adéquate est toutefois recomman-dée, en particulier s’il y a pulvérisationde produits à base d’AB ou si la sub-stance est chauffée. Le port de gants etde lunettes protectrices est indiqué.

Page 26: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Recherche

changements globaux dans les condi-tions de travail. En Europe, divers paysy recourent, et ce, depuis plusieurs années. C’était cependant la premièrefois, en 1998, qu’une enquête sur la po-pulation québécoise (l’ESS98) consa-crait une partie de son questionnaire àdiverses dimensions de l’environnementde travail. L’Institut de la statistique du Québec a ainsi sondé 11 000 tra-vailleurs.

Une mine de renseignements

Les données, inédites à l’échelle duQuébec, renseignent notamment sur laprésence de contraintes physiques etorganisationnelles dans les milieux detravail. Citons à cet égard la manu-tention de charges lourdes, les efforts

déployés sur des outils ou des ma-chines, les vibrations d’outils et de machines, le bruit intense, lespoussières de bois, les solvants, le travail répétitif, les horaires irréguliers, les horaires de nuit etla rémunération au rendement. « Jusqu’à ce jour, ce type d’infor-mation ne pouvait être obtenueque dans le cadre de projets très ciblés, ne concernant qu’un nombre limité d’entreprises, dansune région donnée, explique PaulMassicotte, conseiller scientifiqueà l’IRSST. Auparavant, la pre-mière source d’information sur les travailleurs accidentés, les cir-constances entourant les accidentset les événements eux-mêmes,était le fichier des lésions profes-sionnelles de la CSST. »

Il n’est donc pas surprenant queles chercheurs de l’IRSST aient

voulu exploiter les données nouvellesapportées par l’ESS98, question d’ali-menter la réflexion prospective dans ledomaine et d’enrichir, de soutenir etd’orienter la recherche en santé et ensécurité du travail (SST).

Parmi les résultats de l’analyse del’IRSST, quelques-uns se distinguentpar leur caractère inédit. D’autres

encore contribuent à nuancer des in-formations déjà connues. Par exemple,il est apparu clairement que le cumul de contraintes physiques crée un ter-rain propice à la survenue d’accidents.C’est là un des apports intéressants de l’analyse, qui démontre que le taux defréquence des accidents s’accroît pro-portionnellement à l’accumulation d’ex-positions à des contraintes physiques.

Le cas du secteur tertiaire

Quoique différentes des statistiques dela CSST, les données sur les accidentsdu travail de l’ESS98 révèlent ou con-firment, selon le cas, le nombre crois-sant de problématiques de SST dans lesecteur tertiaire. Ainsi, la restaurationarrive en tête de liste avec la plus fortefréquence d’accidents (le double de lamoyenne québécoise), surpassant mêmeles secteurs primaire et manufacturier.C’est aussi dans la restauration qu’onobserve le plus de travail à temps par-tiel, le moins de syndicalisation et lesrevenus les plus bas, bref, des condi-tions de travail et d’emploi précaires.Cela sans compter d’autres aspects contraignants du travail : tâches répé-titives, rémunération au rendement et horaire irrégulier.

Les populations à risque

Les auteurs de l’étude se demandentainsi s’il ne faudrait pas établir un lien entre l’emploi précaire et la SST.Les changements des dernières décen-nies en matière d’organisation du tra-vail — lesquels concernent toutes lestranches de la population active — onttouché davantage quelques groupes detravailleurs, dont les jeunes, les travail-leurs autonomes ainsi que les salariésdes petites entreprises.

Il ressort en effet que les jeunes demoins de 25 ans constituent une popu-lation à haut risque. Plus souvent acci-dentés que les travailleurs de 25 ans ou plus, ils sont aussi significativementplus exposés aux contraintes physiqueset organisationnelles.

à l’IRSST

Les grandes enquêtes sur lapopulation permettent de déceler destendances et de mieux tenir compte des

Point de départEn 1998, l’Institut de la statistique duQuébec a effectué une enquête généralesur la santé et le bien-être de la popula-tion québécoise, l’ESS98. Les chercheursde l’IRSST ont voulu analyser plus en dé-tail les données ainsi recueillies, dans lebut d’y déceler des tendances nouvelles,des aspects moins connus ou d’impor-tants liens en matière de SST et de conditions de travail et d’emploi.

ResponsablesMichèle Gervais1, Paul Massicotte2 etDanièle Champoux3, de l’IRSST.

PartenairesL’Institut de la statistique duQuébec (ISQ) et sa DirectionSanté Québec.

RésultatsEn plus de fournir un portrait global de la population québé-coise, l’exploitation de l’ESS98

a apporté des informationsqualitatives et quantitativesutiles à la compréhension desréalités actuelles de santé et desécurité du travail au Québec.Elle contribue à préciser les avenues dans lesquelles la re-cherche a intérêt à progresser,n o t a m m e n t e n m a t i è r e d e prévention des lésions profes-sionnelles.

UtilisateursLes dirigeants, chercheurs et planifi-cateurs intéressés à l’évolution des tendances en matière de conditionsd’emploi ainsi que de santé et de sécu-rité du travail, notamment en ce qui a trait à la prévention et à la santépublique.

3

2

1

26 Prévention au travail Automne 2006

Un portrait des travailleursConditions d’emploi, santé

Page 27: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

En ce qui concerne la taille des entreprises, les plus petites (de 1 à 20 em-ployés) semblent concentrer des condi-tions de travail et d’emploi précaires.C’est là, par exemple, que la moitié desjeunes travaillent ; le travail à temps par-tiel et le travail temporaire y sont trèscourants, l’ancienneté et la syndicalisa-tion, faibles, tout comme les revenus. Lesauteurs notent également une surrepré-sentation des secteurs des loisirs, del’hébergement, des services personnels et domestiques, de la restauration et ducommerce de détail dans cette catégorie.

Qui plus est, on dénombre aussi,parmi les petites entreprises, les troisquarts des travailleurs autonomes. Da-vantage soumis aux contraintes orga-nisationnelles que les salariés, ils travaillent aussi de plus longues heureschaque semaine.

Pour l’avenir, la concertation

Selon Paul Massicotte, « l’étude réaliséeici constitue un excellent point de re-père à partir duquel surveiller l’évolu-tion de la situation par des études plusfines ou des enquêtes ultérieures ».

En somme, les résultats de la re-cherche convergent pour indiquer que

certaines populations spécifiques, géné-ralement moins ciblées par les pro-grammes de prévention des accidentsdu travail, requièrent une attention particulière. De façon plus globale, lesauteurs affirment qu’elles bénéficie-raient grandement d’une améliora-tion de leurs conditions de travail.

Lorsque les populations cibles sontdifficiles à cerner et qu’elles sont dispersées dans plusieurs domaines d’activité économique, il devient pluscomplexe de définir les moyens deprévention à favoriser. Les chercheursconcluent à la nécessité d’intégrer lesproblématiques spécifiques aux groupessensibles dans les projets de rechercheréalisés auprès d’entreprises ou de sec-teurs plus ciblés.

Il appert en outre qu’une amélio-ration des conditions de travail et deSST des couches plus vulnérables de la population active exige une approcheplus globale de la prévention des lé-sions professionnelles. Pour donner des résultats tangibles, cette démarchedoit se faire, toujours selon les auteurs,en concertation avec les autorités res-ponsables de la santé et des services sociaux, du travail, de l’emploi et de l’éducation. PT

Loraine Pichette

27Automne 2006 Prévention au travail

québécoiset sécurité

Pour en savoir plus

GERVAIS, Michèle,Paul MASSICOTTE,Danièle CHAMPOUX.Conditions de travail, de santé et de sécurité des tra-vailleurs du Québec,Rapport R-449, 140 pages.

Téléchargement gratuit :http://www.irsst.qc.ca/files/documents/PubIRSST/R-449.pdf

Dans la restauration, les diffi-cultés les plus répandues sont le travail répétitif, les horairesatypiques et la rémunération aurendement. C’est dans ce secteurqu’on trouve le plus grand nombre de personnes qui disenttravailler très vite et très fort.

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Jeunes

(15-24 ans)Contraintes

Aînés

(25 ans ou plus)

Ratio

jeunes-aînés

Horaires irréguliers 34,8 % 28,9 % 1,20

Travail répétitif 28,9 % 18,9 % 1,53

Manutention lourde 26,5 % 16,5 % 1,61

Efforts outils-machines 23,6 % 17,1 % 1,38

Horaires de nuit 14,0 % 10,0 % 1,40

Bruit intense 13,2 % 12,3 % 1,07

Solvants 11,0 % 6,0 % 1,83

Fréquence de l’exposition aux principales contraintes de travail des jeunes et de leurs aînés

Page 28: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

réorienter leur carrière. Parailleurs, le seul traitementdurable contre les allergies estl’immunothérapie spécifique,qui consiste en une série d’in-jections de l’allergène à fortedose. Cependant, cette mé-thode ne fonctionne pas à toutcoup et le but de mon projetest de déterminer un outil deprédiction du succès de l’im-munothérapie spécifique. Celapermettrait d’éviter de fairesubir ce traitement à des tra-vailleurs chez qui il ne fonc-tionnerait pas. »

L’allergie est un désordredu système immunitaire causé par une réponse incon-trôlée des cellules T (globule blanc du système immuni-taire qui combat des infections spécifiques) face auxallergènes environnementaux. La réaction du système im-munitaire à ces allergènes est contrôlée par les cellules Trégulatrices chez les individus sains ainsi que chez ceuxqui ont suivi un traitement d’immunothérapie spécifique,mais pas chez les personnes allergiques. Or, le succès del’immunothérapie spécifique correspond à la productionde cellules T régulatrices chez les patients allergiques etreprésente le seul traitement curatif disponible.

Le projet de Nadia Ouaked vise donc à comprendre la production de cellules T régulatrices pendant un trai-tement d’immunothérapie spécifique. Cependant, de récents travaux indiquent que l’interleukine 27, une pro-téine produite par les cellules, leur permettant de com-muniquer entre elles, agit comme régulateur de laréponse allergique. En examinant le rôle de cette pro-téine dans la production des cellules T régulatrices pen-dant un traitement d’immunothérapie spécifique, lachercheuse souhaite pouvoir repérer un marqueur bio-logique permettant de prédire le succès ou non de cettethérapeutique chez un individu.

Recherche et enseignement

« J’aimerais beaucoup combiner la recherche et l’ensei-gnement universitaire, conclut Nadia Ouaked. Au coursde mes études de maîtrise, j’ai été démonstratrice dansdes séances de travaux pratiques de cours de microbio-logie pour des étudiants du baccalauréat. Ces expériencesont été extrêmement enrichissantes et révélatrices, carelles m’ont fait réaliser à quel point l’enseignement me passionne. » PT

Benoit Fradette

Nadia Ouaked

Université de Zurich

À la recherche de marqueurs immunologiques

Boursière

Nadia Ouaked s’inscrit d’abord au bacca-lauréat international en sciences de la santé du cégep André-Laurendeau de Montréal. Par la suite, elle obtientun baccalauréat en sciences biomédicales de l’Universitéde Montréal. En cours d’études, elle effectue un stage enmédecine du travail à l’Université Claude Bernard de Lyon, en France. Le sujet de son stage ? Les maladies respiratoires induites par l’exposition à différents micro-organismes des travailleurs des centres de stockage d’ordures ménagères. Passionnée par l’immunologie, particulièrement par l’asthme et les allergies, NadiaOuaked complète ensuite une maîtrise en microbiologie etimmunologie au laboratoire de neuro-immunologie del’asthme de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, sous lasupervision du Dr Karim Maghni. Aujourd’hui, elle pour-suit un doctorat en immunologie-biochimie à l’Institut suisse de recherches sur l’allergie et l’asthme (SIAF) àDavos, sous la supervision du Dr Carsten Schmidt-Weber.

Par goût et par défi

« Je m’intéresse à la biologie depuis toujours, confie Nadia Ouaked. Le fonctionnement du corps humain me fascine et l’étude du système immunitaire est capti-vante parce que c’est notre système de défense contre le monde extérieur. La pathologie de l’asthme et des allergies est tellement complexe que cela représente undéfi extrêmement passionnant. »

S’assurer du succès

de l’immunothérapie spécifique ?

C’est bien connu, plusieurs travailleurs sont exposés à desagents allergènes à cause de leur travail, et l’asthme pro-fessionnel est l’une des maladies les plus répandues. Plusde 250 substances chimiques ont été répertoriées commepouvant la provoquer. Les personnes qui travaillent dansun milieu où elles manipulent ces substances sont suscep-tibles d’y développer une sensibilisation. « Pour l’instant,le meilleur traitement reste le retrait de l’exposition à l’agent causal, précise Nadia Ouaked. Les travailleurs dont la santé n’est pas trop affectée se voient obligés de

Rechercheà l’IRSST

28 Prévention au travail Automne 2006

Le programme de bourses de l’IRSST

Nadia Ouaked est une des étudiantes qui bénéficient du programme de bourses d’études supérieures de l’IRSST.

Pour obtenir des informations sur le programme debourses de l’IRSST, on peut téléphoner au 514 288-1551, écrireà [email protected] ou visiter le site www.irsst.qc.ca.

Page 29: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

29Automne 2006 Prévention au travail

Les effets d’une interventionde counseling sur la réadaptation de travailleursaccidentés à risque de chronicitéLECOMTE, Conrad, Réginald

SAVARD, Rapport R-448,

198 pages, 15,90 $ ; Résumé

RR-448, 25 pages, gratuit.

Les auteurs ont étudié les effetsd’une intervention en counselingsur la réadaptation de travail-leurs accidentés à risque dechronicité. À la suite d’une revue non exhaustive de la litté-rature sur les facteurs biopsy-chosociaux et la chronicité, ils en ont analysé les enjeux.Soixante-deux travailleurs acci-dentés à risque de chronicitéont été assignés au hasard à 19 conseillers, formés ou non encounseling de réadaptation etintervenant selon deux modali-tés, soit sur une base hebdoma-daire, soit selon les pratiqueshabituelles de la CSST. Desmesures d’indicateurs deréadaptation prises avant etaprès l’intervention puis sixmois plus tard, ainsi que desmesures du processus d’inter-vention prises à chaque séance

Toutes ces publications sontdisponibles gratuitementen version PDF dans notresite Web. Elles peuventaussi être commandées parla poste. Les prix indiquéscomprennent la taxe et lesfrais d’envoi.

ont été analysées. Il en ressortque les travailleurs suivis pardes conseillers formés en counseling ont connu des amé-liorations significatives selonplusieurs indicateurs de réa-daptation, comparativement àceux qui ont été suivis par desconseillers non formés en cettematière. L’évaluation du pro-cessus d’intervention confirmel’effet significatif de l’interven-tion des conseillers formés encounseling. Les résultats sou-lignent également l’importancedu degré de l’adhésion des conseillers à l’intervention fon-dée sur le counseling de réadap-tation quant aux résultats et auprocessus de réadaptation.

Lésions professionnellesreliées aux vibrations main-bras au Québec, 1993 à 2002 :Partie I – Portrait général àpartir des données informa-tiques de la CSSTDuguay, Patrice, Paul

Massicotte, Rapport R-446,

47 pages, 6,36 $.

Le syndrome des vibrationsmain-bras lié à l’utilisationd’outils vibrants est un pro-blème de santé peu documentéau Québec. Il peut produire des atteintes neurologiques, ostéo-articulaires et vasculaires, notamment le syndrome deRaynaud. On compte chaqueannée en moyenne 50 travail-leurs indemnisés à la suite d’unelésion professionnelle résultantd’une exposition aux vibrationsdes membres supérieurs ou del’appareil circulatoire.

Les auteurs ont étudié lesdossiers d’indemnisation sou-mis à la CSST entre 1990 et2002 pour, d’une part, évaluerl’étendue du syndrome vibra-toire et, d’autre part, cibler lessecteurs d’emploi touchés. Dansleur rapport, ils font la distinc-tion entre deux catégories de lésions liées aux vibrations : lesyndrome de Raynaud et cellesqui sont d’une autre nature.Leur portrait statistique des lésions associées aux vibrationspointe vers des secteurs d’acti-vité, des professions et des régions géographiques verslesquels il faudrait, selon eux,orienter la prévention.

Analyse d’un programme de formation visant la prévention primaire des mauxde dos chez le personnelsoignant des centres hospitaliers du QuébecBERTHELETTE, Diane, Nicole

LEDUC, Henriette BILODEAU,

Marie-Josée DURAND, Cheikh

FAYE, Christine LOIGNON,

Marie-Claude LAGACÉ, Rapport

R-452, 275 pages, 17,83 $.

En collaboration avec l’Associa-tion sectorielle pour la santé etla sécurité du travail du secteurdes affaires sociales (ASSTSAS),les auteurs ont étudié le pro-gramme Principes de déplace-ment sécuritaire des bénéficiaires(PDSB), implanté depuis 1985dans les établissements de santédu Québec afin de prévenir lesmaux de dos chez le personnelsoignant. Cette recherche a permis de décrire la théoriesous-jacente de ce programmeet de documenter la façon dontil a été établi dans différentscentres hospitaliers. En outre,elle a permis de déterminer les variables de coûts et lesavantages rattachés au PDSB,tels que perçus par des repré-sentants de l’ASSTSAS, des formateurs, des gestionnaires d’établissements de santé et dupersonnel soignant. Détailléesdans le rapport, ces informa-tions seront utiles aux orga-nismes intéressés à implanterun tel programme.

Évaluation de la qualité de l’air dans les porcherieséquipées d’un système de séparation liquide-solide des déjectionsLAVOIE, Jacques, Yves BEAUDET,

Claude LÉTOURNEAU, Stéphane

GODBOUT, Stéphane LEMAY,

Martin BELZILE, Isabelle

LACHANCE, François POULIOT,

Rapport R-460, 45 pages, 5,30 $.

L’une des recommandations dela Consultation publique sur ledéveloppement durable de laproduction porcine au Québec,tenue en 2002-2003, était d’éla-borer de nouveaux types de ges-tion du lisier porcin, incluant lagestion agroenvironnementaledu phosphore et de l’azote deslisiers. Dans le cadre d’un projetdu Centre de développement duporc du Québec (CDPQ) et del’Institut de recherche et dedéveloppement en agroenviron-nement (IRDA), qui avait pourobjectifs d’évaluer et d’adapterune approche de gestion des déjections sous les animaux afinde faciliter la manutention, letraitement et la valorisatrion desphases liquides et solides dulisier, l’IRSST a évalué la qualitéde l’air et l’exposition des tra-vailleurs aux contaminants. Ilressort que ce nouveau procédépermet de retenir plus de 80 %du phosphore dans la partiesolide et de réduire d’environ 50 % les émissions d’ammoniacdans l’air.

Aménagement optimal du camion avec bras assistépour la collecte d’orduresménagèresLAVOIE, Jacques, Serge

GUERTIN, Manon TRUDEL,

Michel FILION, Rapport R-461,

33 pages, 7,42 $.

Marjolaine Thibeault

Nouvelles

publications

www.irsst.qc.caCliquez recherche

Aussi

Évaluation d’un systèmed’évacuation des gazd’échappement lors de l’entretien des chariotsélévateurs au propane ROBERGE, Brigitte, Luc

MÉNARD, Alain TURCOTTE,

Yves BEAUDET, Louis LAZURE,

Rapport R-458, 45 pages,

7,42 $.

Page 30: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Rechercheà l’IRSST

30 Prévention au travail Automne 2006

Accidents

Étude exploratoire des parcours d’emploi en lien avec l’apparition des premières lésions chez les jeunes de 16 à 24 ans(099-478)

Les jeunes constituent une proportion importante des tra-vailleurs victimes d’une lésionprofessionnelle. À ce jour, cetteproblématique de la santé et dela sécurité du travail (SST) aprincipalement été documentéepar des enquêtes transversalesqui ont permis entre autres dedéterminer les secteurs et lestypes d’emplois où les jeunessubissent le plus de lésions. Or, compte tenu des parcoursd’occupations variés de cettepopulation, de sa forte représen-tation dans de très petites entre-prises et de l’importance du travail atypique, ces sources dedonnées ne rendent pas préci-sément compte de l’ampleur duphénomène, puisque ce type d’analyse ne permet pas d’établirle moment de l’apparition despremières lésions ni leurs effetssur le cheminement d’emploisfuturs et sur les trajectoires professionnelles des jeunes. Larecherche proposée vise à mieuxdocumenter la dynamique deces parcours et de la SST chezles jeunes. Elle suivra dans letemps une cohorte de travail-leurs de 16 à 24 ans, dans lecontexte d’une enquête longitu-dinale réalisée par StatistiqueCanada, soit l’Enquête sur la dy-namique du travail et du revenu.

Équipe de recherche : Jean-François Godin et Élise Ledoux,IRSST ; Benoît Laplante, INRS,Urbanisation, Culture et Société ;Mircea Vultur, INRS, ObservatoireJeunes et Société

Profil statistique des lésionsprofessionnelles et de leurgravité chez les travailleursde la restauration, 2001-2004

(099-479)

En raison de l’environnementqui lui est propre et de la rotation continue de sa main-d’œuvre, la restauration consti-tue un milieu de travail à hautrisque de lésions profession-nelles. Elle occupe le premierrang du nombre de lésions pro-fessionnelles indemnisées par laCSST et ses travailleurs manuelsse blessent plus fréquemmentque ceux des autres secteursd’activité. Cette étude vise àdresser un bilan de ces lésionsprofessionnelles et de leur gra-vité, selon les caractéristiquesdes individus et des emplois,ainsi que des types de lésionssurvenues dans la restaurationentre 2001 et 2004. Des scéna-rios d’accidents et un portraitgénéral des travailleurs de cesecteur enrichiront ce profil statistique. Le document ainsiproduit permettra d’une part de soutenir les orientations dela recherche sur les probléma-tiques émergentes dans le domaine de la restauration etd’autre part, de favoriser l’éla-boration de programmes deprévention de la santé et de lasécurité de ses travailleurs.

Responsable : Jean-FrançoisGodin, IRSST

Substances chimiques

et agents biologiques

Évaluation de la toxicité du béryllium en fonction de la forme chimique et de la taille des particules(099-320)

Plusieurs spécialistes remettenten cause le niveau de protec-tion qu’accorde aux travailleursla valeur seuil reconnue pour lebéryllium (Be) et ses sels.

Toutefois, aucune étude nedonne suffisamment d’informa-tion pour contribuer concrète-ment à la réévaluation de cettenorme. L’objectif de la présenterecherche est d’évaluer la toxi-cité du Be en fonction de saforme chimique et de la taillede ses particules. Les donnéesobtenues permettront de vérifierdans quelle mesure les effetspulmonaires y sont reliés. Cettecaractérisation des particulespermettra également d’en spé-cifier le nombre, la masse partranche granulométrique et lessurfaces spécifiques, des va-riables importantes dans la com-préhension des effets toxiquesdes sels et des alliages du Be.S’ajoutant aux résultats desautres recherches en cours, no-tamment pour caractériser lespoussières de Be et déterminerleur spéciation, cette étude contribuera à guider des actionsde prévention contre les risquesque présente le béryllium, entreautres par la proposition devaleurs limites d’exposition dif-férenciées.

Équipe de recherche : JosephZayed, Suzanne Philippe et LiseGareau, Université de Montréal ;Bruce Mazer, Université McGill ;Ginette Truchon, Yves Cloutier etPierre Larivière, IRSST ; GillesL’Espérance, École polytechniquede Montréal ; Gaston Chevalier,Université du Québec à Montréal

Critères de déclenchement dunettoyage des systèmes declimatisation, de ventilationet de conditionnement d’aird’édifices non industriels(099-461)

La propreté d’un système deventilation influence la qualitéde l’air qu’il distribue. Or, il estdifficile pour les gestionnairesd’immeubles de juger de la per-tinence de faire nettoyer leursystème et de choisir parmi lagamme de propositions des spé-cialistes en nettoyage puisqu’iln’existe pas de méthode objec-tive pour juger de l’empoussiè-rement de ces systèmes. Cetteactivité vise à élaborer uneméthode de prélèvement despoussières dans les conduits declimatisation, de ventilation etde conditionnement de l’air

(CVCA), puis à déterminer uncritère de déclenchement deleur nettoiement. Les gestion-naires pourront s’y fier pour dé-cider de procéder au nettoyagedes CVCA et ainsi améliorer lagestion de leur entretien, ce quiproduira un air de meilleurequalité dans les édifices. Laméthode mise au point par lesscientifiques pourra par ailleursservir à la conduite d’autresrecherches, par exemple l’étudede la diversité et de la toxicitédes micro-organismes dans lapoussière de tels systèmes.

Équipe de recherche : JacquesLavoie, Yves Cloutier et AliBahloul, IRSST

Implantation d’une méthoded’analyse de la flore micro-bienne totale par microscopieà épifluorescence(099-487)

Les micro-organismes, qu’ilssoient morts ou vivants, peuventprovoquer des réactions aller-géniques, toxigéniques ou irri-tantes chez les personnes qui ysont exposées. Or, la méthoded’analyse par culture employéeà l’heure actuelle permet dequantifier uniquement les orga-nismes cultivables. Cette acti-vité consiste à adapter uneméthode par microscopie à épifluorescence à l’analyse de la flore microbienne totale pré-sente dans l’air d’un milieu detravail, ainsi qu’à différencierles organismes vivants et mortset, dans le cas des bactéries, legram négatif et le gram positif.Grâce à cette recherche métho-dologique, qui s’inscrit dansune programmation thématiquesur les agents biologiques, l’Ins-titut pourra offrir à ses clientsune méthode d’analyse de laflore microbienne totale pourqu’ils puissent mieux documen-ter l’exposition des travailleursaux micro-organismes présentsdans leur milieu.

Responsable : GenevièveMarchand, IRSST

Recherches

en cours

Page 31: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

31Automne 2006 Prévention au travail

Troubles musculo-

squelettiques

Comparaison expert/novicesur les risques de blessures en manutention(099-367)

Aujourd’hui encore, les travail-leurs de plusieurs secteurscourent de grands risques de se blesser au dos pendant leurs activités de travail, ce qui estparticulièrement le cas des ma-nutentionnaires. Des recherchessubventionnées par l’IRSSTpour trouver des solutions à ceproblème chronique ont permisde faire de grandes avancées enmatière de connaissances, maisleurs résultats restent partielsen raison du faible nombre deconditions expérimentales étu-diées. Dans la foulée de travauxpréalables, il s’agit cette fois de placer des experts en manu-tention dans des conditions de travail variées, simulées en laboratoire, et de chercher àcomprendre ce qui les diffé-rencie des novices. Les scienti-fiques veulent ainsi déterminerdes principes généraux de ma-nutention sécuritaires et effi-caces, lesquels pourront, dansun deuxième temps, servir àl’élaboration et à la validationdu contenu d’un programme deformation.

Équipe de recherche : AndréPlamondon, Alain Delisle, DenysDenis, Marie St-Vincent, IulianaNastasia et Christian Larivière,IRSST ; Denis Gagnon, Universitéde Sherbrooke

Développement d’un siteInternet portant sur les activités de manutentionmanuelle(099-567)

Internet étant devenu unesource primordiale d’informa-tion, les sites Web constituentun moyen efficace pour diffuser

des résultats de recherches,comme le fait déjà celui del’IRSST. Puisqu’il est souhai-table que les nouvelles connais-sances découlant des études surla manutention présentementen cours soient rapidement etfacilement accessibles, cette activité consiste à ajouter ausite de l’Institut une section qui leur est consacrée. Leschercheurs répertorieront lessites existants qui traitent deces questions, scruteront leur contenu et en tireront les don-nées pertinentes sur la manu-tention manuelle et sur lesmoyens de prévenir les bles-sures au dos. Le site qu’ilscréeront ensuite comporteraplusieurs rubriques, dont unesur les risques de la manuten-tion et les solutions appropriées,alors qu’une autre présentera laprogrammation de recherchesur la manutention de l’IRSSTet la formation des travailleurs.Les intéressés auront ainsi unaccès rapide et facile à l’infor-mation récente sur ces sujets.

Équipe de recherche : AndréPlamondon, Denys Denis et AlainDelisle, IRSST

Divers

Évaluation d’une interven-tion participative visant la prévention de la violenceentre membres d’une mêmeorganisation de travail(099-442)

La violence au travail, particu-lièrement lorsqu’elle sévit entredes membres d’une même orga-nisation, a des répercussionssur la santé et la sécurité dupersonnel. Or, bien que leQuébec se soit récemment dotéd’un cadre législatif pour contrerce phénomène, on connaît peul’utilité et l’efficacité des moyensservant à le prévenir. Cette ac-tivité repose sur une démarcheparticipative en milieu de travailqui sera systématiquement

évaluée à l’aide d’un modèle reconnu. Il s’agit d’une inter-vention fondée sur la détermi-nation, par les employés et leurssupérieurs, des contraintes organisationnelles qui sont àl’origine de la violence et dessolutions visant à l’enrayer et laprévenir. Elle sera menée auprèsd’agents de services correction-nels chez qui les chercheurs ontpréalablement démontré quedes facteurs organisationnelsétaient associés à cette problé-matique. En permettant d’accom-pagner et d’évaluer rigoureuse-ment la démarche participativeeffectuée, cette recherche aurades effets positifs dans le secteurcorrectionnel. Ses résultatspourront ensuite être exportés àd’autres milieux de travail.

Équipe de recherche : MichelVézina, Institut national de santépublique du Québec ; RenéeBourbonnais, Nathalie Jauvin etJulie Dussault, Centre de santé etde services sociaux Québec-Sud

Définition d’un cadre de référence en transfert de connaissances en SST et d’outils pour les chercheurs(099-481)

Face à la multitude d’informa-tion produite qui demeure inu-tilisée, la question du transfertdes connaissances (TC) retientune attention croissante. Ainsi,on demande davantage auxchercheurs de faciliter l’appro-priation des savoirs par lespublics cibles, entre autres pardes projets de recherche en TC qui visent à produire desconnaissances spécifiques, orientées vers l’utilisation parles milieux concernés. Ces pro-jets demandent souvent de travailler en équipe multidisci-plinaire, ce qui pose un défisupplémentaire pour les cher-cheurs en termes d’intégrationde connaissances, de méthodeset de points de vue des autresdisciplines. Cette activité vise àdéfinir un cadre de référence et des outils pour appuyer l’éla-boration d’un programme derecherche ayant pour objet deconcevoir des stratégies et desoutils de TC efficaces et effi-cients en SST, sous deux plans,soit vers le milieu, pour amé-liorer l’intégration de facteurs

de prévention dans le processusde travail et de décision, puisentre les chercheurs et les colla-borateurs eux-mêmes. L’activitécomporte trois volets complé-mentaires et interdépendants :une revue de la littérature surle TC et l’interdisciplinarité,une enquête sur les échangesinterdisciplinaires et un voletpréparatoire à des études de cas sur des projets de recherchetypes en TC en santé et ensécurité du travail.

Équipe de recherche : ClaireLapointe et Denys Denis, IRSST ;Monique Lortie, UQAM

Diffusion et transmission des résultats de l’opérationJeuneSST(099-433)

Selon les données de l’année2000, les jeunes de 15 à 25 ansconstituent 15% de la main-d’œuvre du Québec et accom-plissent 10% des heures travaillées par la totalité de lapopulation active, mais repré-sentent néanmoins 17% des lésions professionnelles indem-nisées. Vu la situation, la CSSTa créé un plan d’action qui leurest destiné et l’IRSST a lancél’Opération JeuneSST. Dans le contexte de cette opération,l’IRSST a entrepris trois acti-vités de recherche visant àmieux circonscrire les besoinset à communiquer quelques résultats préliminaires sur laproblématique de la santé et dela sécurité du travail chez lesjeunes travailleurs. Cette troi-sième activité consiste à diffu-ser, au fur et à mesure, lesprincipaux résultats découlantdes deux autres volets de larecherche à un large éventail descientifiques et d’intervenantsafin de les intéresser à ces ques-tions. Les chercheures ferontappel à une variété de moyenspour propager l’informationpertinente relative aux travauxde cette opération.

Équipe de recherche : MarieLaberge et Élise Ledoux, IRSST

Claire Thivierge

Page 32: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

32 Prévention au travail Automne 2006

Que s’est-il passé ?

Le 27 août 2004, des campeurs cons-tatent des problèmes d’évacuation deseaux usées de leur roulotte. Ils en in-forment un travailleur du camping.Après avoir vérifié les conduites d’égout,ce dernier se rend à l’emplacement desinstallations septiques en compagnie du propriétaire. En éclairant l’intérieur,ils se rendent compte que le tuyau d’ar-rivée des eaux usées est bloqué. Qu’à cela ne tienne, le travailleur va chercher une échelle, un pantalon, des bottes im-perméables et hop ! il descend à l’inté-rieur de la station. Il débloque le tuyaud’arrivée des eaux. Aussitôt, une forteodeur d’œufs pourris monte à la sur-face. Le travailleur tombe inconscientdans l’échelle. Un campeur va chercherdes secours. À son retour, il voit le des-sous des chaussures du propriétaire à la surface des eaux usées. Un deuxièmecampeur arrivé en renfort descend à sontour dans la station. Il s’évanouit luiaussi. D’autres samaritains accourentsur les lieux. L’un d’eux réussit à extir-per le deuxième campeur affaissé dansl’échelle. Un troisième, pompier de pro-fession, s’aventure dans l’échelle poursecourir le travailleur et le propriétairedu camping, toujours dans la station depompage. Il tombe lui aussi dans lespommes. Un autre campeur s’aventu-rera dans l’échelle avec le même résul-tat. Un cinquième, également pompierde formation, prendra la situation enmain et interdira à tout autre campeurde descendre dans la station de pom-page. Des véhicules du Service municipal

de sécurité incendie arrivent sur leslieux. Le cinquième campeur endossealors un appareil respiratoire autonome,s’attache avec un câble retenu par despersonnes autour de la station et des-cend dans l’échelle. Près de 200 curieuxsont attroupés sur les lieux de l’accident.Deux autres pompiers s’équipent et vontrejoindre leur collègue. Pendant cesmanœuvres de sauvetage, l’échelle detype domestique se brise et s’abaissed’environ un mètre. Une nouvelle échelleest descendue. Les opérations de sau-vetage sont improvisées. Elles se dé-roulent selon les initiatives de chacun,tant celles des services d’urgence quecelles des campeurs accourus sur leslieux. Finalement, de peine et de misère,tous les accidentés sont sortis de la station de pompage. Bilan ? Trois mortset deux blessés. Quatre d’entre eux ten-taient des manœuvres de sauvetage.

Qu’aurait-il fallu faire ?

En raison de sa conception, de sonaccès restreint et des risques qu’ellecomporte, la station de pompage avecson puits d’accès est un espace clos.Lors d’un déblocage de la conduite d’arrivée des eaux usées, les conditionsatmosphériques sont variables et les travailleurs peuvent être exposés à une

concentration élevée de H2S (sulfured’hydrogène). Les personnes appelées àtravailler en espaces clos doivent doncêtre entraînées et formées aux dangersqu’ils comportent — intoxication, chute,contamination biologique, noyade, etc.— et aux mesures de prévention à res-pecter. Avant d’entrer dans un espaceclos, elles doivent vérifier la qualité del’air en mesurant la concentration dedifférents gaz et vapeurs inflammables.L’espace clos doit être ventilé. Toute-fois, s’il s’avère impossible d’obtenir une atmosphère conforme aux normes,le travailleur doit porter un appareil de protection respiratoire.

Une procédure de sauvetage éprou-vée et adaptée à l’espace clos doit êtreétablie. Elle doit prévoir tout le maté-riel de sauvetage et d’évacuation néces-saire : harnais de sécurité, treuil deremontée, ancrages appropriés, respi-rateurs, appareils de communication,trousse de premiers soins, etc. On nes’improvise pas sauveteur en espaceclos. Il faut avoir la formation, les connaissances et le matériel requis pour opérer un sauvetage dans les règles de l’art. PT

Julie Mélançon

Notre personne-ressource : André Turcot, ingé-nieur à la Direction de la prévention-inspectionde la CSST.

Les accidentsnous parlent

Un travailleur s’évanouitdans la station depompage de la fosseseptique d’un camping.Ses sauveteurs aussi…

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Un sauvetage qui tourne mal

Page 33: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

33Automne 2006 Prévention au travail

● ■ Napo – le bruit ça suffit :

un film de sensibilisation

Cote VC-001791 – Durée 8 minutes

Cote DV-000085 (Version DVD)

Napo, le héros du film, présente avec humour les mesures de prévention et les protecteurs auditifs à utiliser pour éviter des pertes auditives irréversibles, le tout, en langageGromelot universel. Y sont abordés : le niveau sonore et ledegré d’exposition, le bruit dans les bureaux, le bruit et lagrossesse, l’isolement causé par la surdité, le bruit dans lesloisirs. On suggère de visionner ce film dans le cadre d’uneséance de formation où des personnes compétentes en lamatière peuvent répondre aux questions des participants.

La vidéocassette et le DVD sont accompagnés d’un guide,tous produits par Suva.

● Intervenir : engagez-vous à donner

de la rétroaction

Cote VC-001756 – Durée 10 minutes

● Écouter : s’engager à recevoir de la rétroaction

Cote VC-001757 – Durée 9 minutes

La première vidéocassette nous invite à offrir de la rétroac-tion constructive à ceux qui travaillent de façon dange-reuse. Souvent, nous négligeons de le faire. Trois étapesdoivent encadrer cette démarche. D’abord, demander au travailleur si vous pouvez lui en parler et pourquoi il fait son travail de cette façon. Ensuite, offrir de l’aide, conve-nir ensemble d’une façon plus sûre d’exécuter le travail et lui demander de s’engager à changer ses habitudes. Enfin,vérifier si la personne travaille de façon sûre à la suite del’intervention et, le cas échéant, donner de la rétroaction positive. Si ce n’est pas le cas, il faut persévérer. Trois exemples sont présentés : un ouvrier qui nettoie une pressesans l’arrêter, un cariste qui conduit son chariot éléva-teur en cow-boy et une employée qui travaille à un posteencombré.

La deuxième vidéocassette nous conseille sur la façon d’accueillir une rétroaction constructive. Si quelqu’un est prêt à venir vous parler pour vous dire que votre façon defaire n’est pas sûre, cela signifie que cette personne se souciesuffisamment de vous et de votre sécurité pour le faire savoir. Peu importe la façon dont elle vous aborde ou vousparle, si ça concerne la sécurité, vous devez l’écouter. Il faut se concentrer sur le message et non sur le messager. Ici aussi, on présente trois exemples : une technicienne de

laboratoire qui n’étiquette pas ses contenants, un travailleurqui ne se sert pas correctement d’une échelle et un signa-leur routier qui s’expose au danger.

Ces vidéocassettes sont produites par CoreMedia TrainingSolutions.

● ■ La décision : un film sur le thème

des concepts de sécurité

Cote VC-001596 – Durée 10 minutes

Un jeune chef d’entreprise dynamique vient de reprendre l’entreprise de son père. Au cours d’une visite avec des clients potentiels, il s’aperçoit que l’établissement ne répondplus aux exigences de sécurité en vigueur. Il imagine les accidents qui pourraient s’y produire. Lorsqu’il reçoit la confirmation d’une commande attendue, il décide de releverdeux défis, respecter les délais et adopter une politique desanté et de sécurité. Il fixe ses objectifs et nomme un coor-donnateur de sécurité chargé de conseiller et d’assister ladirection en cette matière. La formation, l’information et lasupervision jouent un rôle fondamental. Mais tout celademande temps et énergie. L’entrepreneur est régulière-ment assailli de doutes. Finalement, l’entreprise mène à bien les deux objectifs et réussit à trouver l’équilibre par-fait entre sécurité, qualité et productivité. Une réalisation de Suva. PT

Julie Mélançon

Santéet sécurité en images

● Information grand public▲ Information spécialisée■ Avec document ou guide d’accompagnement

Modalités d’emprunt à l’audiovidéothèque de la CSSTLes documents annoncés peuvent être empruntés gratuite-ment à l'audiovidéothèque de la CSST. La durée du prêt estd’un mois. L'emprunteur peut passer prendre les documentsou les recevoir par courrier. La CSST paie les frais d’expédition,mais les frais de retour sont à la charge de l’emprunteur. Levisionnement peut aussi se faire sur place.

Vous pouvez communiquer avec nous du lundi au vendredi,de 8 h 30 à 16 h 30.

1199, rue De Bleury, 4e étage, Montréal (Québec) H3B 3J1

Tél. : 514 906-3760 ou 1 888 873-3160 • Télec. : 514 906-3024

Courriel : [email protected] Web : www.centredoc.csst.qc.ca

Page 34: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Chaudière-Appalaches

Ferme A. G. & R. Labrecque inc.

Les travaux d’HerculeUn poids mort. L’expression prend tout son sens dans une ferme d’élevageporcin quand une truie morte doit êtreextraite de son étroite stalle. À la FermeA. G. & R. Labrecque, à Saint-Bernard-de-Beauce, qui compte 3 000 truies, onconnaissait bien ce lourd fardeau. Pourdéplacer les cadavres de truies, on uti-lisait la méthode traditionnelle, l’huilede bras.

« Un animal mort pèse de 180 à 320 kg (400 à 700 lb), parfois plus », in-dique l’ouvrière agricole Chantal Ruel.Le même poids qu’un animal vivant,mais sans aucun tonus. Comme unénorme sac de gélatine, informe et sansprise ferme.

« Pour une femme seule, il est im-possible de sortir une truie, poursuitMme Ruel. Il faut deux hommes et cesont des endroits très restreints, où la truie est souvent coincée. » Mêmepour deux hommes, la tâche est astrei-gnante. Un nœud coulant doit êtrepassé, tant bien que mal, autour du cou de l’animal. Le fil métallique s’en-roule sur un petit treuil manuel quisera fixé temporairement sur la stalled’en face. Pendant qu’un ouvrier, enéquilibre instable sur les clôtures,mouline la manivelle, son collègue doit s’arc-bouter, le dos contre la paroi

de la stalle, pour pousser l’animal avec les jambes.

« On risquait de tomber et on se faisait mal au dos, relate le gérant deferme Rémi Plourde. Sortir une truie,physiquement, c’était très dur. » Tropdur. Robert Labrecque, copropriétairede la ferme, en avait pleinement cons-cience. « Dans l’élevageporcin, c’est la pire tâche »,assure-t-il. Lui et son frèreGhyslain ont — tout bonne-ment ! — conçu un appareilde levage qui a métamor-phosé la corvée.

Entrée en scène du Bras Hercule. C’est un pe-tit chariot motorisé munid’un mât télescopique in-clinable. Dirigé par un guidon, très maniable, ilavance sans encombredans les étroites allées de la porcherie. Vis-à-vis de lastalle où gît la truie morte,le mât pivote pour s’orien-ter vers l’animal. Des barresstabilisatrices sont alors installées entre le mât et les traverses de la stalle. Un câble, filé à la tête dumât, est passé autour ducou de l’animal. Un treuilmotorisé le hisse ensuite lelong d’une plaque d’acierinclinée, fixée à la base dumât. À la manière d’une gigantesque spatule, elle

reçoit et soutient le cadavre. Il ne resteplus qu’à retirer les barres stabilisa-trices et à faire marche arrière. Un seul travailleur suffit à exécuter la ma-nœuvre, sans efforts, sur simple pres-sion de boutons.

« Avant, on tirait presque à la courtepaille pour savoir qui allait exécuter

34 Prévention au travail Automne 2006

Le milieu agricole a toujours fait preuve d’une remarquable capacité d’invention.Cette tradition se perpétue aussi en sécurité du travail. En font foi des réalisations

qui ont valu à deux PME des mentions d’excellence lors de la première remise des Prix innovation en santé et sécurité du travail de la CSST, en octobre 2005.

Ces prix, qui récompensent la créativité et l’ingéniosité dans la prévention des accidents et des maladies en milieu de travail, ont été remis

à neuf entreprises. Qui cultive la prévention en récolte les fruits…Par Marc Tison

Quand la prévention porte fruitsPrix innovation 2005 de

Page 35: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

cette tâche, observe Chantal Ruel. Main-tenant, on tire presque à la courte paillepour savoir qui va le faire, parce qu’onest vraiment emballés par l’appareil !Même moi, je peux sortir toute seuleune truie morte. Plus personne ne s’estblessé depuis qu’on a le Bras Hercule. »

Le surprenant appareil, d’une com-plexité mécanique certaine, est fabriquéet distribué par Conception Ro-Main. « La semaine dernière, on en a expédié 15aux États-Unis, pour le même éleveur »,confie son président Serge Labrecque.Hé oui, un autre frère Labrecque. La petite firme, fondée en 1999, met aupoint des produits à vocation agricole,conçus par l’entreprenante famille.

« Les besoins viennent de la ferme,explique Serge Labrecque. Robert etGhyslain, sans posséder une forma-tion d’ingénieur, ont une très grande capacité à créer des produits de type industriel, bien faits. Ils le font dans leurs moments perdus. C’est ce qu’onappelle des inventeurs — ou encore despatenteux. »

Des patenteux inspirés par la pré-vention.

moment du remplissage, le responsabledu transport, qui contrôle l’opérationdepuis un petit bureau vitré, doit pré-lever des échantillons de chaque type de moulée. Il les enverra au laboratoirede la meunerie, où on pratiquera uncontrôle de qualité.

C’est ici que ça se corse. Pour faireses prélèvements, le travailleur doitmonter sur le réservoir du camion, où il puise les échantillons à l’aide d’une longue louche. Pour y parvenir, il grimpe l’escalier menant à la passe-relle de l’aire de chargement, qui courtparallèlement au camion. De celle-ci, il saute sur l’étroite plateforme du ré-servoir, franchissant au passage un vide de plus de 60 cm, à quelque 3 m au-dessus du sol. La pluie, la glace, la neige accumulée sur le réservoirajoutent au péril de la manœuvre. Pourcompliquer encore les choses, ce tra-vailleur doit souvent revenir en cou-rant jusqu’à son bureau, pour stopper le remplissage du camion, qui s’estpoursuivi entre-temps.

Alain Plourde, responsable du trans-port, a signalé le problème au directeurde production François Garneau. « Letravailleur, 12 fois par camion, plus de 150 fois par jour, devait prendre cerisque, constate ce dernier. On a voulul’éliminer. La question a été soumise au comité de qualité. J’ai ensuite de-mandé à mes mécaniciens d’entretiende trouver une solution, une innovation

qui permettrait de faciliter le travail del’ouvrier qui charge le camion. »

Pour empêcher letravailleur de tomber,la meilleure solutionconsistait à l’empê-cher d’abord de mon-ter. Le moyen : faireles prélèvements àdistance. Le mécani-cien Jacques-AndréCroteau a créé le dis-positif ad hoc.

U n t u b e p e r c éd’ouvertures a été inséré au travers de la trémie — un dis-positif en forme d’en-

tonnoir qui dirige le flot de grains vers les bouches ménagées au sommetdu camion. Cette sonde a été branchéeà un tuyau. Les grains prélevés sont aspirés par une pompe à vide et ache-minés par le tuyau jusque dans une petite boîte de réception vitrée, placéedans le bureau de l’utilisateur.

Pour prélever l’échantillon, celui-ci,bien à l’abri, n’a qu’à appuyer sur unbouton, qu’il relâche dès que la boîte deréception est suffisamment pleine. Iltire ensuite la trappe de cette boîte pourdéverser l’échantillon dans un conte-nant qu’il enverra au laboratoire.

« Le gars qui charge son camioncourt beaucoup moins de risques, cons-tate Normand Tardif, mécanicien à lamaintenance. Il n’a plus à monter sur laboîte du camion, ce qui réduit le risquede chute. »

L’installation du dispositif n’a coûtéque 1 500 $. « Cette invention pourraitservir à beaucoup d’entreprises qui fontde l’expédition en vrac », fait valoirJacques-André Croteau.

Au surplus, le nouveau dispositifaméliore le contrôle de la qualité. « Notreéchantillon est plus représentatif, af-firme Alain Plourde. Auparavant, si jedéchargeais une même moulée danstrois compartiments, je ne prenais qu’unseul échantillon. Maintenant, je peuxprélever un échantillon pour chaquecompartiment. » Souvent, la préventionnourrit la production. PT

35Automne 2006 Prévention au travail

la CSSTMauricie et Centre-du-Québec

Meunerie de la Société

coopérative agricole

des Bois-Francs

Séparer le bon grain…Pour trouver la bonne solution, il fautbien poser le problème. En l’occurrence,le problème, à la meunerie de la Sociétécoopérative agricole des Bois-Francs,consistait à empêcher les travailleurs de tomber d’une passerelle. La solution évidente : installer un quelconque dis-positif pour prévenir la chute, pensez-vous ? Erreur ! Il y avait plus simple.Mais reprenons plutôt l’histoire depuisle début.

La meunerie de la Société coopé-rative agricole des Bois-Francs, à Victo-riaville, produit 60 000 à 65 000 tonnesde moulée par année pour les vaches,les poules et les porcs. Les moulées sontchargées dans des camions munis d’unréservoir à douze compartiments. Au

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Page 36: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Par Guy Sabourin

Les accidents de plongée sous-marine constituent de grandes urgenceset, à ce titre, exigent des soins immé-diats et coordonnés. Chaque minutecompte, et ce n’est pas une métaphore !Voilà pourquoi il faut se réjouir de lacréation, en mai 2004, du Centre de mé-decine de plongée du Québec (CMPQ),installé à l’Hôtel-Dieu de Lévis. Sa mis-sion ? Intervenir vite et bien.

Le CMPQ répond présent 24 heurespar jour, sept jours sur sept, et il disposed’une solide organisation pour éviterque les accidents de plongée fassent desvictimes. Sa venue fournit une bonnebouffée d’oxygène aux milieux de laplongée sous-marine du Québec. Lesprincipaux intéressés affirment à l’una-nimité que ce centre accroît beaucoupleur sentiment de sécurité.

La CSST a contribué à la naissancedu centre et le soutient financièrement,en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux. « Sonexistence constitue une grande valeurajoutée à la sécurité des travailleurs sub-aquatiques », affirme Claude Rochon,ingénieur et chargé de projets à la Direc-tion de la prévention-inspection, secteurde la construction, à la CSST.

« Les frais d’exploitation relative-ment modestes du CMPQ ne sont rienen regard de ce que coûtent à la sociétéles invalidités permanentes des plon-geurs ayant subi un accident », soutientpour sa part le Dr Mario Côté, urgento-logue et chef du Service de médecinehyperbare à l’Hôtel-Dieu de Lévis.

Il faut le reconnaître, le centre arriveà point nommé dans un Québec qui dé-tient le triste record nord-américain duplus grand nombre d’accidents deplongée, tant chez les professionnelsque chez les sportifs. Selon la CSST, età titre de comparaison, le taux de mor-talité attribuable à des accidents du tra-vail chez les plongeurs professionnelsest 20 fois plus élevé que chez les tra-vailleurs du bâtiment et des travauxpublics et 65 fois plus élevé que dansl’ensemble des secteurs d’activitéséconomiques. « Depuis six ans, onmanque de plongeurs tant les travauxde réfection de barrages, de prises d’eauet de quais sont nombreux et efferves-cents », résume Pierre Larivière, di-recteur des interventions sous-marinesau Groupe Océan Québec et spécialisteen travaux maritimes. Il était donc d’au-tant plus pressant de prendre lesmoyens de mieux protéger les plongeursquébécois.

Dangereuses petites bulles

Anatomie : sous l’eau, le plongeurrespire généralement de l’air comprimé.Son sang et ses tissus se chargent debulles d’azote, que la pression des pro-fondeurs garde fines. Quand il remonte,il doit le faire lentement et respecterune pause tous les trois mètres (dixpieds). À chacun de ces « paliers de dé-compression », le plongeur donne à soncorps le temps d’évacuer les bulles d’a-zote, qui grossissent à mesure qu’il ap-proche de la surface. Quand il sort del’eau, son organisme doit être exempt detoute surcharge d’azote.

S’il remonte trop rapidement, lesbulles d’azote emprisonnées dans soncorps peuvent provoquer de graves dom-mages. En voyageant dans le sang, ellesprennent le chemin du cerveau, despoumons, du cœur et peuvent causer, en-tre autres, des lésions neurologiques per-manentes, des paralysies plus ou moins

36 Prévention au travail Automne 2006

Heureux comme un poisson dans l’eau, c’est l’état duplongeur, professionnel ou sportif. Sauf qu’à l’encontre du poisson, il doit remonter à la surface, sain et sauf.Si un problème survient, il y va de sa vie.

La mission terrestre

du Centre de médecine de plongée du Québec

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Page 37: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

graves, des troubles de l’équilibre, de lavision, des incapacités cardiaques. Etelles peuvent même être fatales.

« Depuis l’arrivée du CMPQ, sauf erreur, on ne déplore aucun décès surles chantiers de construction subaqua-tiques ni aucune séquelle consécutiveaux barotraumatismes (accidents reliésà la pression) », estime Jocelyn Boisvert,coordonnateur du CMPQ.

Même expérimenté, un plongeurpeut subir un accident de décompres-sion. Les troubles apparaissent jus-qu’à 24 heures après sa sortie de l’eau,mais généralement au bout de cinq à six heures. Bien sûr, les plongeurs enconnaissent normalement les signesprécurseurs puisqu’ils en ont beaucoupentendu parler durant leur formation :douleurs aux articulations, picotementssur la peau, étourdissements, engour-dissements, vision embrouillée… Le hic,c’est que « ces troubles peuvent surve-nir même après une remontée dans les règles de l’art », précise Mario Côté.Le plongeur peut, éventuellement, avoirnégligé de décompresser pour diversesraisons. Panique subite sous l’eau, ava-rie au matériel, erreur d’évaluation de laprofondeur, etc. Un exemple : « En avald’un barrage, le niveau de l’eau peut vitechanger, fait remarquer Yves Gauthier,plongeur professionnel, membre de la Fraternité des scaphandriers du Québec. Le plongeur qui y travaille peutse croire moins en profondeur qu’il ne l’est réellement et négliger par conséquentun palier de décompression avant de refaire surface. Malheureusement, mêmemoins d’un mètre d’eau (un ou deuxpieds) font la différence ! »

En avril 2005, pendant un cours deformation aux Escoumins, un plongeura perdu la maîtrise de la vanne de débitd’air de sa combinaison. Si bien qu’il est vite remonté d’une profondeur de 12 mètres (40 pieds), sans franchir cor-rectement ses paliers de décompres-sion. Heureusement pour lui, il a puêtre traité rapidement, à distance, avecl’assistance du CMPQ.

Les dommages consécutifs aux acci-dents de décompression sont fort heu-reusement évitables. « Le plongeur desEscoumins s’en est sorti indemne parcequ’on a agi très vite, sous la supervisiond’un médecin expérimenté », se réjouitSerge Lavoie, professeur en plongéeprofessionnelle à l’Institut maritime duQuébec. Ce dernier parle, bien sûr, del’intervention du CMPQ, qui s’est fait

connaître depuis l’été 2004 auprès del’ensemble des plongeurs du Québec, de leurs associations et clubs, des écolesde formation et des commerces qu’ilsfréquentent, ainsi que des hôpitauxcôtiers. En fait, le centre a pris lesmoyens pour que plus un seul plongeurquébécois n’ignore son existence.

Si vous composez le 1 888 835-7121,un urgentologue vous répondra, peu importe le jour et l’heure. Il y en a huitau CMPQ, qui assurent la garde à tourde rôle. « Le CMPQ est né de notreréelle volonté d’offrir ce service vital »,explique le Dr Mario Côté qui, avec sescollègues urgentologues, a reçu une formation en médecine hyperbare deniveau II, aux États-Unis.

Plus rapide est le traitement, meil-leures sont les chances d’éliminer lesséquelles potentielles du barotrauma-tisme. Un médecin présent sur les lieuxd’une plongée étant une denrée rare, ilfaut à tout le moins en avoir un au boutdu fil. Ce dernier coordonne les soins àdistance. Il aide à faire le diagnostic enécoutant la description des symptômes,puis il dicte la marche à suivre, pou-vant aller jusqu’aux manœuvres quedoit accomplir l’opérateur du caisson

hyperbare, quand il y en a un sur leslieux, bien entendu. « Les scaphan-driers professionnels du Québec onttous été formés pour faire fonctionnerun caisson hyperbare et doivent refaireleurs examens tous les trois ans », pré-cise Serge Lavoie, professeur de plon-gée à l’Institut maritime du Québec àRimouski.

Le nerf de la guerre

Depuis le 25 août 2004, après cinq années de discussions, auxquelles ontpris part l’Office des professions, le Collège des médecins du Québec(CMQ), les spécialistes en médecine deplongée, l’Association canadienne deprotection médicale et les membres dusous-comité sur la plongée présidé par

37Automne 2006 Prévention au travail

Allô, le CMPQ ?En 2005, le Centre de médecine deplongée du Québec a reçu 119 appelsau total, une augmentation de 200 %par rapport à 2004 ; 30 étaient desurgences — prise en charge à dis-tance d’un traitement hyperbare etconsultations — et 89 des demandesde renseignements généraux. De ce nombre, 61 appels provenaientd’entreprises sous-marines désireusesd’obtenir de l’aide pour l’implantationde leur plan d’urgence. Les plongeurssportifs, pour la plupart, ont contactéle CMPQ dans le but d’obtenir de l’information générale. Coordonnéesdu CMPQ en cas d’urgence : 1 888

835-7121, site Web : www.cmpq.org

Même expérimenté,

un plongeur peut subir

un accident de décompression.

Quant aux troubles,

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même après une remontée

dans les règles de l’art.

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PierreLarivièreconfirme : « Si uneentreprisene parvientpas à pré-parer unplan d’ur-gence pourun chantier,le CMPQpeut l’aiderdans sadémarche. »

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la CSST, le CMQ a accordé par règle-ment ce qu’on appelle l’acte délégué, qui permet à un opérateur de caissonhyperbare d’y soigner le blessé en sui-vant au téléphone les consignes d’un urgentologue.

Cet acte délégué constitue la véri-table pierre angulaire en situation d’ur-gence. « Nous avons grandement innovédans le monde en l’incluant dans nosméthodes plutôt que de nous fier à la loi du bon samaritain, avec ses ratés »,tranche Jocelyn Boisvert. « Autrement,ça tergiverse et tout le monde se renvoiela balle pendant que le plongeur at-tend les secours », résume Yves Gauthierpour illustrer ce qui se passait avantl’arrivée du CMPQ. « Avant la mise enplace du CMPQ, nous avons vécu de trèsmauvaises expériences, renchérit PierreLarivière. Mais aujourd’hui, son exis-tence est extrêmement rassurante pournous ; on donne un seul coup de fil ettout se met en branle sur le champ. »

Un des urgentologues du CMPQ ajustement coordonné par téléphone le sauvetage du plongeur des Escou-mins. Ce dernier a vite été placé dansun caisson hyperbare qui, par chance,se trouvait sur les lieux de l’accident. Leplongeur en difficulté était un élève del’Institut maritime du Québec, qui pos-sède deux caissons, dont un mobile.

Installer un plongeur accidenté dansun caisson hyperbare, c’est comme leramener sous l’eau. « Les bulles d’azoteséjournant dans les tissus sont recom-primées et le gaz sera peu à peu dissout

pendant que le blessé respire de l’oxy-gène pur », résume Mario Côté. Lors-qu’ils sont soumis à ce traitement, laplupart des plongeurs s’en sortent in-demnes. Il n’y a pas de risques à y mettre un plongeur pour rien, alors quede grands risques guettent celui qui en a besoin, mais qui ne peut y être traité.

Vite, un caisson !

Sauf que de ces caissons, il n’y en a paspartout. Le Québec en compte unedouzaine dits commerciaux, répartissur l’ensemble des chantiers sous-marins, selon l’estimation de JocelynBoisvert. Ceux-ci appartiennent à descompagnies et ne servent qu’aux sca-phandriers professionnels. Quand les plongeurs descendent à plus de 15 mètres (50 pieds), le chantier doitobligatoirement être équipé d’un cais-son hyperbare.

« Le CMPQ sait généralement où se trouve chacun de ces caissons dans la mesure où les employeurs nous in-diquent leurs déplacements, ce qu’ilsfont généralement, en même tempsqu’ils nous demandent de valider leur plan d’urgence, explique JocelynBoisvert. Nous pouvons aussi coordon-ner rapidement le déplacement d’un travailleur vers la chambre hyperbarede l’Hôtel-Dieu de Lévis ou celle de l’Hôpital du Sacré-Cœur à Montréal, lesdeux seules chambres hyperbares ditespubliques du Québec. » Les deux cais-sons de l’Institut maritime du Québec àRimouski ne servent qu’à ses étudiants.

Vu la rareté des caissons sur un ter-ritoire aussi grand que le Québec, oncomprend pourquoi la coordination durapatriement rapide vers une chambrehyperbare constitue l’une des missionsessentielles du CMPQ.

Ce dernier possède évidemment sousla main les coordonnées des transpor-teurs aériens capables de rapatrier unplongeur rapidement.

Le centre peut aussi donner un boncoup de main aux entreprises dans la préparation de leur plan d’urgence. Il faut rappeler ici que toutes ont la responsabilité d’en préparer un pourchaque chantier. « Si elles n’y arriventpas, le CMPQ peut en effet les aiderdans leur démarche pour tout nouveauchantier », se réjouit Pierre Larivière.Chaque plan comporte, jusque dans les moindres détails, tous les contacts et les démarches pour le transport etl’arrivée à l’hôpital, de sorte qu’il n’y a pas de temps perdu. « Auparavant,pour être honnête, nos plans d’urgence,c’était à la bonne franquette, recon-naît Yves Gauthier. Avec le CMPQ dans le décor, ça rassure beaucoup lesplongeurs. »

Bref, le milieu de la plongée pro-fessionnelle, qui compte environ 300 plongeurs, est désormais relati-vement bien organisé pour éviter que le pire ne survienne.

CMPQ et plongée sportive

À la demande du ministère de la Santéet des Services sociaux (MSSS), leCMPQ doit aussi offrir ses services àl’importante communauté des plon-geurs sportifs. Ils sont entre 15 000 et 25 000 à visiter les fonds marins partout

Plus rapide est

le traitement, meilleures

sont les chances d’éliminer

les séquelles potentielles

du barotraumatisme.

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Le CMPQ peut coordonner rapide-ment le déplacement d’un travail-leur vers la chambre hyperbare del’Hôtel-Dieu de Lévis ou celle del’Hôpital du Sacré-Cœur, à Montréal,les deux seules chambres hyperbaresdites publiques du Québec.

Page 39: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

sur le territoire du Québec. Or, il n’y apas de caisson hyperbare sur les lieuxde leurs plongées. Quand l’un d’eux abesoin d’un séjour en caisson, il faut le rapatrier par avion ou par hélicop-tère à Lévis ou à Montréal. « Encoretrop de plongeurs ne sont pas assuréspour ce service que la Fondation Air-Médic offre pour la modeste somme de25 $ par année », déplore Mario Côté.S’il est disponible, le Challenger ambu-lance du MSSS peut être appelé à larescousse, sans frais pour le patient.

Plusieurs sportifs, inquiets ou enmauvaise posture, ont à ce jour appeléle CMPQ, qui a supervisé le séjour dequelques-uns d’entre eux en caisson hyperbare et quelques traitements àl’oxygène. Le Centre a même organisé le transport d’une plongeuse québé-coise de Cuba vers le caisson le plusproche, à Miami, à la demande du pèrede la victime. Des médecins d’autrescentres hospitaliers recevant une vic-time de barotraumatisme appellentaussi l’urgentologue de garde au CMPQpour préciser le diagnostic aussi bienque le traitement.

Une autre catégorie de plongeursdonne des cheveux blancs à ceux quitravaillent à organiser les secours ra-pides : les plongeurs sportifs trans-formés en plongeurs professionnels, letemps d’un contrat ou deux. Ce sont les plus vulnérables. D’ailleurs, les deuxtiers des décès de plongeurs survenusdepuis 1975 entrent dans cette caté-gorie. Ils sont complètement désor-ganisés, surestiment leurs capacités etsous-estiment les dangers auxquels ilss’exposent. « Il reste beaucoup de sen-sibilisation à faire à ce chapitre, aussibien auprès de ces plongeurs que des en-treprises et municipalités qui donnentde l’ouvrage subaquatique à ces non-professionnels », déplore Mario Côté.

Un caisson civièrepour bientôtLe CMPQ vient tout juste de faireaccepter par Santé Canada l’utili-sation au Québec de « civières hyperbares ». Elles pourraient êtretransportées par avion ou hélicop-tère et servir aux plongeurs sportifsaussi bien qu’aux travailleurs sur un chantier dépourvu de caisson. Il existe beaucoup de chantiers suba-quatiques éloignés sur les barragesd’Hydro-Québec. Les plongeurs de la Sûreté du Québec travaillent eux aussi, à l’occasion, en régionéloignée et ils n’ont pas toujoursaccès à des services d’évacuation. « On utilise ces chambres hyper-bares portatives ailleurs dans lemonde et nous croyons qu’ellesreprésentent un avantage réel pourla santé des plongeurs », conclut Jocelyn Boisvert. L’introduction auQuébec d’un tel appareil médical,probablement en 2007, sera unepremière au pays.

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De gauche à droite, posant avec le caisson civière, Paul Boissinnot, de la Fédération québécoise des activités subaquatiques, John Selby,inventeur de la civière, et Jocelyn Boisvert, coordonnateur du Centrede médecine de plongée du Québec.

Outre qu’il applique les mesures d’ur-gence pour les plongeurs en difficulté, le CMPQ est de toutes les tribunes etpoursuit un travail de communication essentiel pour se faire connaître du plus grand nombre, aussi bien que pour ser-vir d’organisme conseil en ce qui a traità la sécurité des plongeurs. « La commu-nauté subaquatique nous demande ré-gulièrement de demeurer en fonction »,soutiennent Mario Côté et JocelynBoisvert, qui ont visiblement à cœur depoursuivre leur mission terrestre pourles travailleurs sous-marins. PT

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Petit retour en arrière… Enaoût 1999, après une fermeture de quatre ans découlant d’un conflit de travail, PACCAR inaugure sa nouvelleusine d’assemblage de camions àSainte-Thérèse. Elle met au point uneorganisation qui ne comporte que deuxniveaux de gestion. Elle crée ainsi uneorganisation basée sur des équipes responsabilisées et sur des relations du travail fondées sur la participation et la coopération. Sylvie Boucher, alors directrice de santé-sécurité, raconte : « Àla réouverture, on a éliminé un niveaude gestion. Toute la direction a été re-nouvelée. Il n’y a plus de contremaîtreou de surintendant. Reste l’équipe detravailleurs, composée d’assembleurs,de chefs d’équipe et de coordonnateurs

de production, et le comité de direc-tion. Le coordonnateur relève du di-recteur tout comme les travailleurs. Et les chefs d’équipe sont syndiqués. Leséquipes sont autonomes. Chacune esttenue de livrer sa production à l’autreéquipe de façon conforme. »

Les gestionnaires doivent égalementmodifier leur façon d’aborder la santé et la sécurité au travail (sst). Ces valeurssont les premières de sept grands prin-cipes directeurs. C’est vraiment unenouvelle philosophie de gestion. Con-crètement, le directeur de santé-sécuritérelève du directeur général et siège aucomité de direction au même titre quele directeur des ressources humaines.Avant, il relevait de la Direction desressources humaines. « La santé et lasécurité sont vraiment une préoccupa-tion majeure pour PACCAR, poursuit

Mme Boucher. Si on a des accidents avecpertes de temps, des assignations tem-poraires, il faut agir. On se rapporte àla direction toutes les semaines. Nousavons même une ligne téléphoniqued’éthique 1 800. Les employés ayant desraisons de croire qu’il y a une possibleviolation de la politique de PACCAR enmatière d’éthique, de conflits d’intérêts,de conformité aux lois, de fraude, decomptabilité, d’audit ou autre peuventdénoncer des pratiques jugées à risquesous le couvert de l’anonymat. Et c’estune firme externe en vérification qui la gère. PACCAR est une compagnie qui veut performer. »

Dès la conception de l’usine, la colla-boration de la CSST est sollicitée. « Du-rant la construction, PACCAR nous aconsultés pour que nous regardions s’iln’y avait pas des améliorations possibleset pour qu’on repère les problèmes po-tentiels, confirme Jocelyn Camirand, inspecteur à la Direction régionale desLaurentides de la CSST. Ce n’est pastrès habituel, mais ô combien intéres-sant. Et c’était à la demande de l’entre-prise ! Nous nous sommes appuyés surles normes pour savoir ce qui devait êtrerespecté. C’est sûr qu’on ne voit pas toutdès la construction. Mais ça permetd’améliorer beaucoup de choses. »

Pour mettre toutes les chances deleur côté, les dirigeants de PACCAR ont également examiné les meilleurespratiques dans leurs autres usines en Europe et aux États-Unis. Quand l’usine a réouvert, les anciens ouvriersont été réembauchés. Leur expérienceétait essentielle pour l’entreprise. Cer-taines équipes sont allées en formationdans d’autres usines de PACCAR auxÉtats-Unis ou en Grande-Bretagne. « Il y a beaucoup d’échanges entre nosusines, affirme Mme Boucher. On est 20 000 employés dans le monde. Il fautbien en tirer profit ! Quand quelqu’untrouve une bonne idée, on l’exporte.Depuis l’ouverture, on a beaucoup plusde manipulateurs, de mécanismes poursoulever, déplacer une charge. On en a créé plusieurs dans le lot. Mainte-nant, l’usine de Sainte-Thérèse exporteelle aussi ses bonnes idées dans lesautres installations de PACCAR. »

ÉCLAIR

Un processus d’amélioration continueappelé ÉCLAIR (acronyme inversé : Reconnaissance individuelle à l’idée

40 Prévention au travail Automne 2006

Avez-vous une idée ÉCLAIR ?Les employés sont souvent les mieux placés pour trouver dessolutions aux problèmes causés par leurs postes de travail.Chez PACCAR, on les invite à soumettre leurs idées ÉCLAIR… Le tout dans une ambiance de saine compétition !

PACCAR du Canada Ltée Usine de

Claude installe une bande de freins sur les essieux. Une pince pneuma-tique maintient en équilibre la pièce dont le poids oscille entre 35 et 45 kg. Il ne reste plus qu’à visser…

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Par Julie Mélançon

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Les travailleurs n’ont plus àmonter sur les moyeux de rouespour installer les composantessur le cadre de châssis descamions. Ils montent sur uneplateforme qui se déplace trèslentement avec le convoyeur. Et les outils sont maintenant à portée de main.

de chaque employé) a été ins-tauré. Ce changement organisa-tionnel a créé un milieu favorisantles idées créatrices, ce qui a per-mis aux travailleurs d’implanterplus de 4 000 améliorations.

Comment ça fonctionne aujuste ? « D’abord, il y a un incitatif fi-nancier à proposer des idées, répondMme Boucher. Un protocole de recon-naissance est en place et donne desbons d’achat aux travailleurs partici-pants. Un formulaire est à la disposi-tion de chaque employé, qui peut ainsifaire des suggestions pour améliorer unpoint particulier en sst. Il le remplit etle donne à son représentant d’équipe etça entre dans la machine à saucisses ! Sil’initiateur du projet peut réaliser im-médiatement et facilement sa sugges-tion, elle sera approuvée vite fait. Sic’est plus complexe, elle sera soumiseau coordonnateur et, habituellement,on y donne suite assez rapidement. Lorsde l’évaluation de l’idée, on va vérifier si ça améliore la santé et la sécurité, la productivité et la qualité. Souvent,l’idée va toucher les trois points. Ça vaensemble. » Ce qui est intéressant danscette façon de faire ? « Les échanges queça peut susciter. Pourquoi ne pas re-connaître les idées des employés ? Lespersonnes qui connaissent le mieux letravail, ce sont celles qui le font. »

Des exemples…

Une idée ÉCLAIR a mené à la concep-tion d’un manipulateur qui permet d’installer des bandes de freins sur lesessieux, dont le poids oscille entre 35 et45 kg. « C’est une pièce déséquilibréeune fois assemblée, précise Éric Gravelle,représentant syndical de la section

locale 728. La mettre en place est uneopération très exigeante. Il faut la teniren équilibre pour fixer les vis. Commela pièce n’est pas très grosse, la mani-puler à deux est difficile. Des employésdu service, de la maintenance et un in-génieur se sont penchés sur la question.Une pince pneumatique fait mainte-nant le sale boulot. Et le travailleur peutvisser à l’aide de ses deux mains. »

Un autre manipulateur a été créé à Sainte-Thérèse et est maintenant ex-porté dans toutes les usines de PACCAR.Cette idée est venue après qu’un travail-leur se soit malheureusement blessé. Le manipulateur sert à faire tourner lesmoteurs au cours de l’installation detransmissions automatiques. M. Gravelleexplique : « Auparavant, il fallait fairetourner manuellement l’arbre à camesprincipal du moteur pour installer de 6 à 12 vis, selon le modèle de transmis-sion. Et au bas mot, il y a une centainede kilos de compression dans un mo-teur. Donc, c’est ardu. Deux travailleursdevaient s’en charger une vingtaine defois par jour. On s’est attaqué au pro-blème et on a inventé un manipulateurqui fait tourner l’arbre à cames. Un seultravailleur n’a plus qu’à s’asseoir de-vant et visser, avec une petite perceuse à piles de 14 volts. » La conception dumanipulateur a cependant nécessité six mois de travail. Mme Boucher en-chaîne : « Des fois, ça ne coûte pas tropcher, une bagatelle. D’autres fois, c’est

plus cher, mais ça vaut le coût ! Il y a des accidents du travail en moins et une augmentation de la productivité. PACCAR a un directeur général, Gilles Gervais,qui croit en la santé et la sécu-rité. Donc, on a plus de latitude et on a son appui. Il croit qu’enaméliorant la sst, on va gagner enqualité et en productivité. »

Une idée couronnée

de succès

En 2004, une idée ÉCLAIR a permis àPACCAR d’être lauréat d’un Prix inno-vation de la CSST soulignant la préven-tion auprès des jeunes. Pour installer lescomposantes sur le cadre de châssis des camions, les travailleurs devaientmonter sur les moyeux des roues et setenir sur le cadre du camion. Cette position comportait des risques dechutes et causait des troubles musculo-squelettiques (TMS) et des douleurs aux pieds. Ils ont conçu et fabriqué une plateforme en aluminium qui estfixée au centre du cadre du camion. Laplateforme se déplace avec le convoyeuret permet aux travailleurs de mainte-nir une position stable.

Les jeunes

Mais pourquoi ce prix a-t-il été attribuédans la catégorie Prévention auprès des jeunes ? « Parce qu’il s’agissait d’un projet mené par un jeune stagiaire »,répond spontanément Jocelyn Camirand.« On embauche des stagiaires de l’Écolede technologie supérieure en ingénie-rie, de l’Université de Sherbrooke et dePolytechnique, renchérit Sylvie Boucher.On les fait participer à la réalisation de beaucoup de projets ÉCLAIR qui deviennent souvent leur projet de stage.Ils font tout le suivi. Et il y a un grosvolet santé et sécurité dans ces projets.Ils se familiarisent avec les étiquettesSIMDUT, par exemple. De plus, à l’em-bauche, on a une session d’accueil,

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faite paritairement, au cours de la-quelle on leur parle de la CSST et deslois — la Loi sur la santé et la sécuritédu travail et la Loi sur les accidents dutravail et les maladies professionnelles —,des normes, des règles internes, deOHSAS 18001. On a un jeu question-naire fortement inspiré du Cherchez l’erreur. C’est un outil fantastique pourfaire passer des messages. On leur parleaussi du droit de refus. Et on espèrequ’ils vont l’exercer, si nécessaire. Ilsont aussi une session pratique et théo-rique sur le levage de charges, donnéepar le représentant à la prévention. Leprogramme a été conçu en collabo-ration avec l’ASP secteur fabricationd’équipement de transport et de ma-chines. Ensuite, les nouveaux employésbénéficient d’un programme de com-pagnonnage de deux semaines sur laligne de montage. À chaque poste detravail, la santé et la sécurité sont inté-grées dans la méthode de travail. »

Le système de pointage

En plus des idées ÉCLAIR, PACCAR a mis en p lace unprocessus d’audit en santé etsécurité. « Tous les jeudis, c’estl ’ inspection, explique SylvieBoucher. On fait la tournée dessecteurs, comprenant les troiscentres de production, tout legroupe matériel et celui de lamaintenance. L’équipe qui réalisel’inspection, dont je fais partie, estégalement composée d’un repré-sentant à la prévention, du coor-donnateur en environnement,

d’un coordonnateur de production, d’unou deux représentants d’équipes du sec-teur. On a une méthode de pointage. Sion voit un appareil de levage auquel ilmanque une plaque de certification, onenlève 10 points dans un rapport publi-cisé et distribué toutes les semaines.

« Une saine compétition s’est instal-lée. On a déjà une méthode de pointagesimilaire pour les camions afin qu’ils respectent la norme ISO 9001 pour laqualité. Il s’appelle le PQI (ProductQuality Inspection). Une étiquette quimanque ? Dix points, une égratignuresur la peinture ? Un point. On a fait unparallèle entre ce système déjà établichez PACCAR et on l’a adapté pour la sst. Celui-là s’appelle le SQI (SafetyQuality Index ou Index qualité santé-sécurité). Au début, on donnait despourcentages, mais pour les travailleurset la gestion, ça ne voulait rien dire. La santé et la sécurité doivent se collerà la production pour être intégrées dans l’organisation. Si on s’arrime à la gestion, c’est plus fa-cile de comprendre. » Éric Gravelle confirme : « Avec le système depoints, les travailleurssavent qu’un 10 points,ç a c o û t e c h e r . L astratégie parle d’elle-même. »

La rotation de postes

En général, les problèmes de santé et desécurité sont ponctuels chez PACCAR.En revanche, il y a une constante, lesTMS des membres supérieurs. On adonc adopté la rotation des postes. « Chaque travailleur doit se familiari-ser avec trois postes de travail, expliqueMme Boucher. On a choisi la rotationpour éviter les TMS et aussi pour la pro-duction. Si nos travailleurs connaissenttrois postes de travail, ils sont plus po-lyvalents. » Et selon M. Gravelle, ça nepose aucun problème : « Jusqu’à main-tenant, je n’ai jamais eu connaissanced’un travailleur qui ne voulait pas seplier à ça. Tout le monde est intéresséà apprendre trois postes de travail parce que ça ouvre l’horizon, même sic’est toujours dans le même secteur deproduction. Concrètement, dans cer-tains secteurs, la rotation peut avoir lieu plusieurs fois par jour, alors quedans d’autres, ça se pratique toutes lessemaines. »

Dans une entreprise qui se prend encharge de cette façon, que devient le travail de l’inspecteur de la CSST ? « Onvise à ce que les entreprises bien orga-nisées règlent elles-mêmes leurs pro-blèmes à l’interne, note M. Camirand.Les interventions sont très minimes. Lasanté et la sécurité se font avec la par-ticipation de tout le monde. »

Chez PACCAR, on a compris la phi-losophie en un éclair ! PT

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Lors de l’installation des supports de cabines,Pierre doit les fixer en travaillant contre larésistance. L’outil pèse quelque trois kilos etl’endroit est restreint. Grâce au trépied d’outilà percussion, il n’a plus à soutenir le poids del’outil et ne ressent plus de résistance.

Auparavant, deux travailleursdevaient faire tourner l’arbre àcames principal du moteur pourinstaller de 6 à 12 vis. Et il y a unecentaine de kilos de compressiondans un moteur. Aujourd’hui,Josée y arrive seule. Elle s’asseoitdevant et visse avec une petiteperçeuse à piles sur support.

Page 43: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Dès qu’elle sera adoptée par la Conférence internationale

du travail, à Genève, uneConvention internationale globale aura pour effet de consolider et de mettre à jour plus

de 65 normes adoptées au cours des 80 dernières années. Impact assuré sur l’industrie maritime internationale, un secteur d’activité qui compte près de 1,2 million de marins.

Dans un communiqué récentproduit par le Département des com-munications de l’Organisation inter-nationale du travail (BIT), CleopatraDoumbia-Henry, directrice du Dépar-tement des normes internationales dutravail au BIT, campait ainsi la nou-velle norme. « Elle reconnaît le droit des gens de mer à des conditions de travail décentes, sur une grande variétéde sujets. Elle est universellement ap-plicable, facile à comprendre, révisableet elle sera mise en œuvre de manièreuniforme. »

Selon la directrice, le document constitue le quatrième pilier de la régle-mentation internationale pour un sec-teur maritime de qualité. Résultat d’une résolution conjointe prise en 2001 par les organisations de marins et d’armateurs et soutenue ensuite parles gouvernements, la nouvelle conven-tion contient plusieurs nouveaux ar-ticles, en particulier dans le domaine de la santé et de la sécurité du travail.La directrice précise : « Sur les bateauxbattant pavillon de pays qui n’exercentpas véritablement de juridiction ou decontrôle, comme l’exige le droit inter-national, les gens de la mer travaillentsouvent dans des conditions inaccep-tables, au détriment de leur bien-être,de leur santé, de leur sécurité et de celledes navires sur lesquels ils travaillent.Ces personnes passant leur vie en meret leurs employeurs n’ayant pas de bu-reau chef dans leur pays, de véritablesnormes internationales sont indispen-sables dans ce secteur. »

Plus de 500 délégués de plus de 80 pays ont participé à la conférencepréparatoire, en 2004, et adopté le projet de texte de la convention après quatre ans consacrés à sa rédaction. « Les navires des pays ayant ratifié laconvention, et qui offrent des condi-tions de travail décentes à leurs marins,seront protégés contre une concurrence

déloyale de navires hors normes, ex-plique Mme Doumbia-Henry. Il béné-ficieront d’un système de certification,évitant ou réduisant les probabilités delongs délais liés à des inspections dansles ports étrangers. »

Modalité d’application

Une fois une convention adoptée, ilfaut, bien sûr, la faire respecter. Qu’ensera-t-il de la nouvelle norme ? La di-rectrice répond : « Elle renforcera lamise en œuvre de normes à traversdivers mécanismes, et ce, à tous les échelons. Ainsi, elle contient des dis-positions pour les procédures de plainteà l’intention des marins ; la supervisionpar les armateurs et les capitaines desconditions de travail à bord de leursnavires ; la juridiction et le contrôle desÉtats du pavillon sur leurs bateaux ; etdes inspections portuaires sur les ba-teaux étrangers. »

La convention 2006 proposée entendétablir « une veille continue sur la con-formité. Cela commence avec les marinsqui, selon la convention, devront êtrecorrectement informés de leurs droits etdes recours possibles en cas d’allégation

de non-conformité avec les dispositionsde la convention; la convention recon-naît aux gens de la mer le droit deporter plainte, à la fois à bord du na-vire et à quai ».

Quant aux armateurs qui possèdentou font naviguer des bateaux d’unejauge brute de 500 tonneaux et plus etqui entreprennent des voyages inter-nationaux ou des trajets entre portsétrangers, ils devront développer et mettre en pratique des plans propres àgarantir le respect des lois nationales,des réglementations et autres mesuresprévues par la convention.

« L’État du pavillon, stipule la direc-trice, révisera les plans des propriétairesde bateaux, il vérifiera et certifiera qu’ilssont véritablement en vigueur et respec-tés. Les navires seront ensuite invités àposséder un certificat de travail mari-time et une déclaration de conformité du travail maritime à bord. » PT

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Pour en savoir plus

www.ilo.org/public/french/bureau/inf/features/06/mari_qaa.htm

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Par Monique Legault Faucher

Une nouvelle norme pourl’industrie maritime mondiale

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Le cirque des docLe saviez-vous ? En 1992, naissait la Société française de médecine du cirque

(SFMC), fondée par un médecin, Philippe Goudard, lui-même artiste decirque et coordonnateur médical du Centre national des arts du cirque.

L’objectif de cette société vise à « sensibiliser les médecins aux spécifi-cités des soins destinés aux artistes de cirque ».

Quand on les regarde évoluer, sur la piste ou dans les airs, on al’impression qu’ils s’amusent et que tout leur est facile. Pourtant il y a,derrière chaque numéro, un nombre faramineux d’heures d’exercice.Et, dans la foulée d’une année de travail, jusqu’à 400 représentations.Or, « la répercussion des efforts physiques aux limites, voire au-delà

des limites, des capacités physiques individuelles, est fréquemment àl’origine d’accidents », rappelle la SFMC.

Les pathologies dont souffrent les artistes de cirque touchentessentiellement les grosses articulations : épaule, poignet, genou,colonne vertébrale et rachis lombaire. Les muscles et les tendons,très ou trop sollicités, finissent par être blessés. On parle de claquage, d’élongation, de contusion, d’entorse et de luxation. En outre, dans certaines disciplines, on observe d’autres dangersspécifiques : chutes de hauteur chez les trapézistes et les funam-bules, hémorragies brutales chez les dompteurs d’animaux, etc.Comme le fait remarquer le magazine Travail & Sécurité, « la priseen charge médicale des artistes du cirque est très particulière.

Pour ces magiciens du divertissement, se blesser signifie perdreson travail. Lorsqu’un accident survient, l’artiste a un besoin urgent

de trouver un médecin apte à comprendre la réalité de son travail,capable de lui expliquer comment il peut « adapter ses performances

et son travail à son état physique ». Et, bien sûr, travailler avec lui àprévenir d’autres accidents du travail. En piste, les doc !

44 Prévention au travail Automne 2006

Enraccourci

Les OQ sous le chapeau de la préventionLes 11 et 12 mai 2006, plus de 250 jeunes ontparticipé aux Olympiades québécoises de laformation professionnelle et technique et ontfait preuve de leur savoir-faire. Pour la toutepremière fois, la santé et la sécurité du tra-vail (sst) étaient intégrées aux Olympiades.Les participants de 25 des 35 disciplines en compétition ont donc été évalués, entreautres, en fonction de critères liés à la sst.Cette entente entre la CSST et CompétenceQuébec est l’aboutissement d’une associationqui a débuté en 2000. Pendant toute la duréedes compétitions, la CSST a animé un standd’information. Les jeunes, leurs enseignants etle grand public ont été invités à parfaire leurs connaissances.Ils ont aussi pu obtenir des renseignements sur les divers programmes menés par la CSST, tels que le Défi préventionjeunesse et l’offre de service aux établissements de forma-tion professionnelle et technique. Pas moins de 44 lauréatsquébécois ont eu la chance de participer aux Olympiadescanadiennes tenues à Halifax, du 23 au 26 mai 2006.

La délégation québécoise a brillé en remportant 33 mé-dailles — 25 médailles d’or, 5 médailles d’argent et 3 médaillesde bronze.

Dernière heureRéjouissante nouvelle ! Seize des heureux gagnants des Olympiades canadiennes pourront faire partied’Équipe Canada et représenteront le Québec et leCanada, lors du prochain Mondial des métiers qui setiendra au Japon en 2007.

Nous leur souhaitons la meilleure des chances !

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Prix Graphi-Prévention 2006

Cette récompense, qui souligne la réalisation d’idées deprévention dans les entreprises du secteur de l’impri-merie, est décernée chaque année par l’Association pari-taire de santé et de sécurité du travail, secteur imprimerieet activités connexes. Cette année, c’est le comité de santéet de sécurité (sst) de Industries Ling de Warwick qui l’aremporté. Le comité, informé que des travailleurs chargésde déplacer des boîtes se plaignaient de douleurs auxpoignets, a rapidement réagi. Avec l’aide du mécaniciend’entretien, aussi membre du comité de sst, on a créé unoutil de levage pneumatique. Résultat ? Réduction de 99 % des efforts nécessaires pour déplacer les boîtes. Avec,en prime, des gains sur le plan de la production. C’est ce qu’on appelle mettre les TMS en boîte… Bravo !

On peut visionner la vidéo illustrant cette réussite, de même que celles ayant reçu une mention, à l’adresse suivante : www.aspimprimerie.qc.ca.

De gauche à droite, Jacques Tousignant, coprésidentpatronal de l’ASP Imprimerie, François Perreault,Stéphane Poisson, et Guillaume Fafard, du comitéparitaire sst d’Industries Ling, et enfin MichelHandfield, coprésident syndical de l’ASP Imprimerie.

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Un bijou signé ASP ImprimerieDes machines, on peut dire qu’il y en a en imprimerie, despresses, des plieuses, des relieuses mécaniques, des convoyeurs, des couteaux rotatifs, etc. Beaucoup d’entreelles comportent des pièces en mouvement et des anglesrentrants. Les dangers auxquels sont exposés les tra-vailleurs qui les utilisent sont légion : coupures, écrase-ments, chocs, brûlures, intoxications, électrisations…

Désireuse d’aider les t rava i l l eurs e t l es em-ployeurs de ce secteur d’activité — l’obligation de sécuriser le matériel est une réalité pour ces derniers —, l’ASP Impri-merie et activités connexesvient de publier un guide de 70 pages qui aborde le sujet de front. IntituléComprendre les r isques associés aux machines enimprimerie pour agir en pré-

vention, le document permettra aux responsables de la santé et de la sécurité du travail de bien cerner les dangers et de choisir les dispositifs de protection les mieux adaptés. Il donne la preuve que pour chaque problème, il existe une solution, parfois plusieurs.

Abondamment illustré, le guide donne à voir, à com-prendre et… à prévenir ! « En plus de s’inscrire dans la philosophie du plan d’action portant sur la sécurité des machines mis sur pied par la CSST, le guide té-moigne avec éloquence de la réussite du transfert de connaissances de l’IRSST vers les entreprises que l’ASP a pour mission de desservir. »

Source : www.aspimprimerie.qc.ca

Train… d’enferIl est superbe ! Il est magnétique ! Il lévite et file à 552 km/h.Le train Maglev (magnetic levitation train) est actuellementen usage au Japon, en Chine et en Allemagne (Transrapid).Cette merveille au profil futuriste ne demande pour travaillerqu’une quantité minime d’énergie et serait, semble-t-il,plus sûr que tous les autres moyens de transport routiers et aériens.

Il y a pourtant un hic. Il est très bruyant et plus irritantpour l’oreille humaine que le bon vieux train conventionnel.« À haute vitesse, déclare Joos Vos, de l’Institut de recherchenéerlandais TNO, le son du Maglev est similaire à celui d’unavion. » Ce chercheur a mené une enquête et fait écouterdes enregistrements de trains (ceux du Maglev et ceux detrains conventionnels) à des citoyens n’ayant jamais habitéà proximité d’une voie ferrée. Les personnes interrogéesont jugé le bruit du Maglev plus perturbant que celui d’untrain ordinaire. Le chercheur a publié ses résultats dans le Journal of the Acoustical Society for America. Bref, si le Maglev se classe dans la catégorie des non-polluants, enmatière d’environnement, il est soupçonné de polluer… par le bruit ! Rien n’est parfait.

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45Automne 2006 Prévention au travail

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Page 46: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

[Prévention au travail] Pour-

quoi conclure des ententes de

partenariat ?

[ Diane Gaudet ] C’es t d ’abord parce que nous sommes conscientsqu’un organisme ne peut se suffire à lui-même que nous avons inscrit l’ac-croissement des partenariats parmi les orientations du plan directeur del’IRSST. Ce faisant, nous visions troisobjectifs : intensifier le rayonnement del’Institut, le rendre plus sensible auxproblèmes émergents et principalementaugmenter sa capacité de recherche.

[PT] Dans quelle mesure avez-

vous atteint ces objectifs ?

[DG] Nous sommes vraiment trèssatisfaits des effets multiplicateurs deces ententes. Au cours de la période2003-2005, 23 projets entrepris dans le cadre du plan d’affaires totalisaientdes investissements de 8 425 000 $. Decette somme, 1 685 000 $ provenaientdes coffres de l’Institut et 6 740 000 $ de nos partenaires. Cela signifie quepour chaque dollar investi par l’IRSST,les partenaires ont mis plus de quatredollars, accroissant d’autant notre capa-cité de recherche.

En 2005 uniquement, 14 projets ontvu le jour grâce à de tels partena-riats avec les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de rechercheen santé du Québec, le Conseil de re-cherche en sciences naturelles et engénie du Canada, les Laboratoires desmines et des sciences minérales deCANMET du ministère des Ressources

naturelles Canada. Ce sont tous despartenaires essentiels de l’IRSST et il yen a d’autres. La contribution financièredes partenaires s’élevait à 2 817 729 $, etcelle de l’Institut à 759 638 $.

Par ailleurs, les partenariats ont sou-vent des effets structurants et offrent despossibilités d’influencer les orientationsde recherche. Ce sont des éléments trèsdéterminants.

[PT] Quels domaines de

recherche ont été touchés par

ces ententes ?

[DG] Les domaines varient, mais lesententes sont toujours basées sur lespréoccupations des milieux québécois.L’an dernier, par exemple, l’Institut asigné une entente de partenariat avecNanoQuébec, pour développer et diffu-ser des connaissances afin de prévenir les accidents et les maladies profession-nelles liés aux nanotechnologies. C’est undomaine en pleine croissance et il fauts’en occuper dès maintenant. Nous avonsdonc convenu de collaborer, dans unpremier temps, à l’élaboration de bonnespratiques pour les entreprises qui uti-lisent ou créent des nanomatériaux. Une revue de la documentation sur lesrisques liés aux nanotechnologies enmatière de santé et de sécurité a été réalisée et un mécanisme de vigie stra-tégique en nanomatériaux a été mis enplace. Dans le contexte de cette entente,il est prévu de diffuser les connaissancesainsi acquises auprès des entreprises, des chercheurs et des autres partenairesquébécois concernés par la mise au pointd’applications en nanotechnologies.

Dans un tout autre domaine, en 2005 également, nous nous sommesaussi associés avec la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assu-rance contre les accidents du travail de l’Ontario, le Congrès du travail duCanada, l’Institut des neurosciences, dela santé mentale et des toxicomaniesdes Instituts de recherche en santé duCanada (IRSC) pour participer à l’ini-tiative de recherche Santé mentale en milieu de travail. De telles ententespermettent d’unir les efforts et rap-portent davantage de résultats que sichacun cherche sa solution dans soncoin. En fin de compte, ce sont les milieux de travail qui en recueillent les bénéfices.

[PT] Des ententes ont également

été signées avec des organismes

européens. Que prévoient-elles ?

[DG] Sur le plan international, unepremière entente cadre a été signée avec l’Institut national de recherche etde sécurité de France (INRS), en 2003.Elle venait officialiser la longue tradi-tion de collaboration qui existait déjàentre les deux instituts. Elle fournis-sait aussi à chacun de nouveaux ou-tils. Pour l’IRSST comme pour l’INRS, c’était un moyen de permettre le déve-loppement optimal des connaissancesscientifiques nécessaires à la préven-tion des accidents du travail et des maladies professionnelles, en plus d’assurer une plus large diffusion. Cette entente cadre nous a conduits, commenous le souhaitions, à la signature d’ententes particulières de partenariatsur des thèmes précis de recherche. La première a porté sur l’amélioration des situations de travail concernant deschariots élévateurs. Dans ce cas commedans d’autres qui ont suivi, la mise encommun de ressources humaines et financières permet aux deux instituts de maximiser l’acquisition de connais-sances scientifiques sur une questionpertinente et prioritaire, en France

46 Prévention au travail Automne 2006

Perspectives

Trouver ensemble des solutionsaux problèmes communs

Depuis 2003, l’IRSST a conclu des ententes de partenariat

avec une dizaine d’organismes québécois et canadiens,

mais aussi européens. La présidente-directrice générale de

l’Institut, Diane Gaudet, explique comment, additionnées

les unes aux autres, ces ententes contribuent de façon

notable à augmenter la capacité de recherche de l’Institut.

Les ententes de partenariat de

Page 47: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

comme au Québec, en favorisant le regroupement du savoir-faire dispo-nible de part et d’autre.

Deux ententes de coopération spéci-fiques ont par la suite été signées avecl’INRS-France. L’une porte sur l’amé-lioration de l’ergonomie et de la sécu-rité des chariots élévateurs et l’autre,sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Les chercheurstravaillent à l’élaboration de modèlesbiomécaniques permettant l’étude ducomportement du cariste en cas de renversement de ce type de véhicule.L’utilisation de ces modèles faciliteral’évaluation de l’efficacité des moyens de protection en cas de renversement.Des analyses ergonomiques de l’acti-vité et des conditions de travail des conducteurs de chariots élévateurs compléteront ce projet.

Pour ce qui est des troubles musculo-squelettiques, l’entente veut encou-rager la diffusion des connaissances et le regroupement du savoir-faire dupersonnel scientifique et technique de l’INRS-France et de l’IRSST. Noussouhaitons notamment encourager l’appropriation, par l’autre partie, desexpériences de prévention réussies etréfléchir à la mise en place d’un méca-nisme de coordination des programmesde recherche.

Nous avons également convenu demettre en commun des ressources pourpoursuivre des recherches sur les pro-cessus d’appréciation des risques asso-ciés aux machines industrielles.

P lus récemment , nous nous sommes entendus sur un processus de veille docu-mentaire en matière de bio-métrologie. Il s’agit cette foisde mettre en place un réseauinternational francophone etmultidisciplinaire de veille bibliographique sur la sur-

veillance biologique de l’exposition des travailleurs aux produits chimiques.Dans ce cas, la Suisse s’est jointe àl’INRS et à l’IRSST par l’Institut uni-versitaire romand de santé au travail,cosignataire de l’entente.

[PT] Une autre entente cadre

a été signée avec l’Institut britan-

nique de santé et de sécurité du

travail, récemment. Que prévoit-

elle ?

[DG] L’entente cadre signée avec leHealth and Safety Laboratory (HSL) duRoyaume-Uni favorise, encore cette fois,le développement optimal de la rechercheet une diffusion plus large des connais-sances scientifiques nécessaires à la pré-vention des accidents du travail et desmaladies professionnelles. L’IRSST et leHSL ont convenu de mettre en commundes ressources humaines, financières etmatérielles afin de maximiser l’acquisi-tion de connaissances sur des problèmesparticuliers qui affligent autant les tra-vailleurs québécois que britanniques.Ainsi, nous travaillons actuellement àl’élaboration d’une entente spécifiquedans le domaine de l’analyse de risquesen matière de sécurité des machines. Untel projet commun permettra aux deuxinstituts d’avoir des connaissances plusétendues des outils d’analyse de risquesafin de rendre plus sûres les machines àl’origine d’accidents graves et mortels.

Ajoutée aux ententes avec les insti-tuts français et suisse, l’entente avecl’institut britannique contribue à mieuxpositionner l’IRSST dans l’Union euro-péenne à une époque où les frontièresse rapprochent. Ensemble, nous sommesmieux outillés pour trouver des solu-tions communes à des problèmes quepartagent les travailleurs québécois eteuropéens. PT

Marjolaine Thibeault

47Automne 2006 Prévention au travail

Le directeur général de l'INRS, Jean-Luc Marié, et la PDG de l’IRSST, DianeGaudet, lors de la signature d’une entente de collaboration, en 2003.

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« Au cours de la période2003-2005, pour chaquedollar investi par l’IRSST,les partenaires avec quinous avons signé desententes ont mis plus dequatre dollars, accroissantd’autant notre capacité derecherche », signale DianeGaudet, présidente-directricegénérale de l’Institut.

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Page 48: Prévention et créativité… Un vrai geyser!

Pour recevoir gratuitement le magazine Prévention au travail, il vous suffit d'en faire la demande en écrivant à : Prévention au travail,Service aux abonnés, C. P. 160, succursale Anjou, Anjou (Québec) H1K 4G6. Courriel : [email protected]. Ou en téléphonant au numéro suivant : 1 877 221-7046 (sans frais).

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37 accidents par jour causés par des machines,c’est inacceptable !

Vous en avez assez ? Nous aussi !La CSST applique une politique de « tolérance zéro » lorsque des pièces en mouvement des machines

sont accessibles et peuvent causer des lésions graves à des travailleurs. Les inspecteurs prennent les mesures qui s’imposent – comme un arrêt des machines – pour que les employeurs

et les fournisseurs apportent les correctifs nécessaires.

Des solutions existent.www.csst.qc.ca