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La protection des collaborateurs de la justice : éléments de mise à jour de la politique québécoise
Rapport final présenté au ministre de la Sécurité publique
La protection des collaborateurs de la justice : éléments de mise à jour de la politique québécoise
Rapport final présenté au ministre de la Sécurité publique
par Anne-Marie Boisvert
Dépôt légal – Juin 2005
Bibliothèque nationale du Québec
ISBN 2-550-44478-7
RAPPORT FINAL
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Le mandat
1 Lesconditionsprécisesdumandatsontreproduitesàl ’AnnexeIduprésentrapport.2 Cettequestionadéjàétéréglée,auQuébec,parlerapportGuérin,quiyavu,reprenantlesproposdelaCoursuprêmedu
CanadadansKirznerc.La Reine,[1978]2R.C.S.487,àlap.493,une«nécessitéinévitable».VoirGroupedetravailsurl ’administrationdelajusticeenmatièrecriminelle,Rapport,Québec,GouvernementduQuébec,ministèredelaJustice,ministèredelaSécuritépublique,décembre1991(rapportGuérin),àlap.67.
3 LecapitaineBrunoBeaulieuaprissaretraitede laSQenjanvier2005.Ila toutefoisparticipéauxtravauxdugroupedetravailjusqu’àlaf in.Sonsuccesseur,lecapitaineAndréGoulet,s’estjointaugroupedetravailàpartirdenovembre2004.
L e 23 janvier 2004, la soussignée recevait officiellement le mandat du ministre de la Sécurité publique alors en fonction, M.
Jacques Chagnon, de procéder à une étude des divers modèles de protection des collaborateurs de la justice, particulièrement en ce qui concer-ne les conditions de détention, les changements d’identité et les autres mesures de protection. Cet-te étude doit permettre de proposer un modèle de fonctionnement approprié au contexte québé-cois, notamment en suggérant, s’il y a lieu, des mesures administratives ou des modifications lé-gislatives sectorielles destinées à accroître le de-gré de protection accordé aux collaborateurs de la justice1.
Ilestànoterquecemandatviselerenforcementdesmesuresdeprotectionaccordéesauxcollaborateursdelajusticesanstoutefoisinviterlasoussignéeàseprononcerdequelquemanièrequecesoitsur:
•l’opportunité,surleplanéthiqueoumoral,dere-courirauxtémoinsrepentisetauxagentscivilsd’infiltrationpourluttercontrelacriminaliténisurl’opportunitéoul’utilité,surlesplansécono-miqueouopérationnel,derecouriràcescollabo-rateursdelajustice,2
•touteirrégularitéoumalversationalléguéedansletraitementdestémoinsrepentis,agentscivilsd’in-filtration,ouautrestémoinsspéciauxou,encore,
•toutedoléanceparticulièreformuléeparuncolla-borateurdelajusticeetfaisantl’objetd’unepour-suitecivileentaméedevantlestribunaux.
Cemandatprévoyait laconstitutiond’ungroupedetravailcomposédereprésentantsdésignésparlesprincipauxorganismesconcernésparlecontrôleetlaprotectiondescollaborateursdelajustice,soitlesministèresquébécoisdelaSécuritépubliqueetdelaJustice,laSûretéduQuébec(SQ)etleServi-cedepolicedelaVilledeMontréal(SPVM).Pourréalisersonmandat,lasoussignéeapubénéficierdelacollaborationétroiteetrégulièredepersonnestra-vaillantdanscedomaine:
-MeMichelLeBel(MinistèredelaJustice)-MonsieurMichelHarton(Ministèrede la
Sécuritépublique)-CapitaineBrunoBeaulieu(responsableduSer-
vicedelaprotectiondestémoins,S.Q.3)-InspecteurMarioPlante(inspecteur-chef,divi-
sionRenseignement,Servicedesenquêtesspé-cialiséesetdusoutienauxopérations,SPVM).
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4 Voir,enparticulier,Bisaillonc.Keable,[1983]2R.C.S.60,R.c.Scott,[1990]3R.C.S.979,R.c.Leipert,[1997]1R.C.S.281,Communauté urbaine de Montréalc.Gingras,[1998]R.J.Q.2010(C.A.),R.c.G.B.,[2000]O.J.no2963(C.A.Ont.).Laprotectionn’esttoutefoispasabsolue,voirR.c.Khela,[1995]4R.C.S.201;R.c.McClure,[2001]1R.C.S.445etR.c.Brown,[2002]2R.C.S.185.
5 Aucunedéfinitiondel ’agentcivild’infiltrationn’estfournieparuninstrumentjuridiquemaisilimportedementionnerque son existence est reconnuenotamment à l ’article 25.1du Code criminel lorsqu’il est faitmentiondes «personnesagissantsousladirectiond’unfonctionnairepublic».Voiraussi,parexemple,lepara.462.31(3)duCode criminelainsiquele Règlement sur l ’exécution policière,DORS/97-234etDORS/97-281.
6 R.c.ScottetR.c.G.B.,précités,note4.VoiraussiR.c.Reppas,[1993]O.J.no3808(C.A.Ont.).7 Ils’agitdeladéfinitionde«délateur»retenueparlerapportGuérin,précité,note2,àlap.69.
Ilimportedepréciserquecetteparticipationn’en-gaged’aucunemanièrelesministèresouservicesdepolicementionnés.Aucunedecesentitésn’aeuàprendrepositionauregarddesconstatsdecerap-portnonplusquesursesrecommandations.Onnesauraitdoncinférerdelaparticipationdeleursre-présentantsunequelconqueapprobationexpresseoutaciteducontenudecerapport.
L’annexeIIduprésentrapportcomprendlalistedesorganismesconsultéset/ourencontrésparlasoussi-gnéepourréalisersonmandat.
Introduction : éléments essentiels de terminologie
Certainesprécisionsd’ordreterminologiquedoiventêtreapportéesafindedissipertouteconfusionsurleprésentrapportetsaportée.Cesprécisionss’im-posentdansuncontexteoùlemondedurenseigne-mentpolicierpossèdesonproprevocabulairequidiffèreparfoisdeceluiutilisépard’autresinterve-nantsdusystèmedejusticeouparlesobservateursetcommentateursdelascènejudiciaire.Parailleurs,levocabulaireutiliséparlesdiversintervenantsévo-lueavecletempsenraisond’unprocessusd’influen-cemutuellerésultantnotammentd’échangesaveclesacteursd’autrespays.
Danslelangagepolicieretjudiciairequébécois,onparled’un«indicateur»depoliceoud’un«infor-mateur»pourdésignerlapersonne,criminaliséeounon,quitransmetdesrenseignementsàlapoli-cesurunebaserégulièreouponctuelle,àtitregra-
tuitoucontrerémunération.L’informateurdepo-liceagitaveclapromessequesonidentiténeserapasdivulguée.Lajurisprudencereconnaîtetpro-tègelesecretdel’identitédel’informateur4.Dansleprésentrapport,lestermes«indicateur»et«in-formateur»serontconsidéréscommesynonymes,maisl’emploiduterme«informateur»,pluscou-rant,serafavorisé.
Onparled’«agent civil d’infiltration »oud’«agent-source »pourdésignerlapersonne,criminaliséeounon,quiestprête,moyennantcertainsavanta-ges,àagircommeagentd’infiltrationpourfournirdel’informationàlapoliceoupourluipermettrederecueillirdespreuvesdelacommissiondecri-mes5.L’agentcivild’infiltrationestsuperviséparunpolicierenquêteur,appelé«contrôleur»,quidi-rigeoucontrôlelesactivitésd’infiltrationducivil.Danslamesureoùilagitpourlecompteetsouslasupervisiondel’État,sonidentitén’est,saufexcep-tion,pasprotégéeparleprivilègedel’informateurdepolice6.Dansleprésentrapport,lesexpressions«agent-source»et«agent civil d’infiltration»se-rontconsidéréescommesynonymes,maisl’emploidel’expression«agent civil d’infiltration»,plusré-centeetplusconformeàl’espritdelalanguefran-çaise,serafavorisé.
Onparleparailleurssouventde«délateur»pourdé-signerl’individuqui«acommisuncrime,yaparti-cipéouafaitpartied’ungroupeàactivitéscriminel-lesetqui,moyennantcertainsavantages,acceptedetémoigner»7.Récemment,lemot«délateur»afait
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placeàl’expression«témoin repenti»pourdésignerlemêmegenredetémoin8.Cettedernièreexpressionserapréféréedansleprésentrapportdanslamesureoùsonacceptionestdeplusenpluscouranteetenvoiedereconnaissanceparlestribunaux.
Cesprécisionsapportées,ilfaudragarderàl’espritqu’unemêmepersonnequicollaboreaveclesauto-ritéspeutavoiroccupésuccessivementplusieursrô-les.Parexemple,unindividu,ayantinitialementagicommeinformateurdepolice,peutavoiragicom-meagentcivild’infiltrationpour,finalement,de-venirtémoinrepenti9.Enoutre,iln’estpasinuti-lederappelerquelaconfusionterminologiqueestparfoisentretenueparlefaitque,danslalanguean-glaise,iln’yapasnécessairementd’équivalentpré-cispourétablirunedistinction,commeonlefaitenfrançais,entrel’informateur,l’agentcivild’infiltra-tionetletémoinrepenti.Lesmotsinformerouin-formantsontgénéralementutilisésindistinctementpourdécrirecestroisréalités,lemotagentservantparfoisàdistinguerl’agentcivild’infiltrationoul’agentprovocateur10.
Lescorpsdepoliceutilisentaussilanotionde«té-moin spécial».Letémoinspécialest,dansleurvoca-bulaire,unepersonnequi,enraisondutémoignagequ’elleacceptederendredansunecausecriminel-le,voitsasécurité,savieoucelledesesprochesmi-sesendanger.Contrairementaurepenti,letémoinspécialn’auragénéralementpasparticipéàlacom-missiond’unactecriminel,nifaitpartieouétéenrelationavecuneorganisations’adonnantàdesac-tivitésillégales11.
Onvoitbienquelanotionde«témoin»doit,elleaussi,êtreexplicitée.Danslelangagecourant,leté-moinestlapersonnequiassisteàunfait,quienapersonnellementconnaissance,entreautressielleensubitdirectementdesconséquencesentantquevictime.Danslecontextedel’activitépolicièreetduprésentrapport,letémoinestlapersonnequiafourniouaacceptédefournirdesrenseignementsoudesélémentsdepreuvedanslecadred’uneen-quêteoud’unepoursuite.
8 C’estl ’expression«témoinrepenti»quiestdorénavantemployéedanslesPolitiques de poursuite et directives des substituts du procureur général,directiveTémoins repentis,TEM-3,14septembre2000,CahierdesdirectivesduprocureurgénéralduQuébecàsessubstitutsconcernantl ’utilisationdecegenredetémoin(ci-aprèsladirectiveTEM-3).L’articlepremierprévoit:«témoin repenti:désigneunepersonnequiacommis,aparticipéàlacommissiond’uneinfraction,ouafaitpartied’uneorganisations’adonnantàdesactivitésillégales,etqui,moyennantcertainsavantages,acceptedetémoignerpourlepoursuivant,relativementàuneinfractioncommiseoucontrel ’organisationcriminelleàlaquelleelleappartientouàlaquelleelleaappartenu».
Cettedéfinitionde«témoinrepenti»estrepriseàl ’art.2.2delaPolitique de gestion des témoins repentisdelaSûretéduQuébec(Enq.Crim.–44,rubrique660).VoiraussiladéfinitionfournieàlaProcédure329-2duManuel de politiques et procéduresduServicedepolicedelaVilledeMontréal.CettepolitiqueestprésentementenrévisionauServicedepolicedelaVilledeMontréal.
Voir,f inalement,laLoi sur la police,L.R.Q.,c.P-13.1,oùfigure,àl ’annexeG,lanotiondecontrôledestémoinsrepentis(sanstoutefoisquelanotiondetémoinrepentisoitdéfinie).
9 Lachosepourraencoresecompliquersilemêmeindividuacollaboré,dansletemps,avecplusd’uncorpsdepolice,etce,àdifférentstitres.CeseraitnotammentlecasdudésormaiscélèbreDanyKanesuivantcequiestrapporté,entreautresdansLaPresse.IlauraitétéinformateurdelaGRCavantdesigneruneententecommeagent-sourceaveclaSûretéduQuébec(voir,entreautres,l ’articlesignéparAndréCédilot,«LedélateurKane:menteuretcupide,selonladéfense»,LaPresse,22mai2002,pageA-3).Sicedernieravaiteuàtémoigner,iln’estpasexcluqu’ilauraiteuàlefaireàtitredetémoinrepenti.Enfin,lajurisprudencereconnaîtqu’àunemêmeépoqueetquantaumêmeservicedepolice,unindividupeutêtreinformateurdansundossiertoutenétantagentcivild’infiltrationdansunautre:R.c.G.B.,précité,note4etR.c.Reppas,précité,note6.
10 R.c . G.B.,précité,note4.11 Voir,parexemple,ladéfinitiondetémoinspécialdansledocumentMSP,05-10-1999etcellefournieàlaprocédure329-2
duSPVM,précitée,note8.VoirenfinlaPolitique de gestiondelaSQ,précitée,note8.
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Certainstémoinsquiacceptentdecollaboreraveclajusticesontplusvulnérablesouintimidablesqued’autres,etlelégislateurquébécoisad’ailleursrecon-nularéalitédelaprotectiondestémoinsdanslaLoi sur la police12.Laloinedéfinitpasleservicedesou-tienviséparl’expression«protectiondestémoins»,maisonpeutprésumerquecetteexpressionestem-ployéedanslesensrelativementétroitqueluidon-nelemondepolicier.Lanotiondeprotectiondontilesticiquestionneseréfèrepasàl’idéedeprotec-tionausenslargeniàlaconsidérationdonttouslestémoinsdevraientfairel’objetd’unefaçongénéra-le13.Ellenerenvoiepasauxmesuresquipeuventêtredéployéesàl’audiencepourprotégerouencouragerlapersonnequirendtémoignage14,maisplutôtauxmesuresparticulièresqu’ilfautprendreàl’égarddecertainstémoinspouvantvraisemblablementfairel’objetd’intimidationouquirisquentd’êtrelacibledereprésailles,notammentdelapartducrimeorga-nisé,etdontlasécuritépeutsérieusementêtremiseenpérilenraisondufaitqu’ilsontcollaboréaveclesautorités15.C’estdoncd’uneformedeprotectionextrajudiciairedetémoinsparticulièrementvulnéra-blesouintimidablesdontilesticiquestion.
Ilfautmentionnertoutefoisquelesprogrammesdeprotectiondestémoinsassimilentauxtémoinslespersonnesaveclesquellescesderniersontdesliensétroitsetqui,decefait,nécessitentaussiunepro-tection.Àcetégard,l’article2delaLoi sur le pro-
gramme de protection des témoinsédictéeparlelégis-lateurfédéralestexemplaire:
«témoin»Personnequi:
a)soit a fourni ou accepté de fournir des renseignements ou des éléments de preuve dans le cadre d’une en-quête ou d’une poursuite relative à une infraction – y a participé ou a accepté d’y participer – et, de ce fait, peut avoir besoin de protection, sa sécurité étant mise en danger;
b)soit, en raison de ses liens avec la personne visée à l’alinéa a) et pour les motifs qui y sont énoncés, peut également avoir besoin de protection16.
Lanotiondeprotectiondestémoins,dontilseraquestiondansleprésentrapport,auradoncunsenstechnique,deportéelimitée,utiliséparticulièrementdanslesescouadesdestinéesàmenerlaluttecontrelescrimesgravesetplusspécialementlacriminalitéorganiséeetleterrorisme.Ilenvademêmedel’ex-pression«programmedeprotectiondestémoins»quis’yrattache.
Celaétantdit,l’expression«collaborateurdelajus-tice»arécemmentfaitsonapparitionauQuébec,ayantd’ailleursétéutiliséepourdéfinirlemandatconfiéàlasoussignée.Or,ellen’estpasencoreusuelleauQuébec.ElleestnéanmoinslargementutiliséeenEurope.Parexemple,onlatrouvedansunerecom-
12 Loi sur la Police,précitée,note8,àl ’annexeG.13 AuQuébec,c’estlaDéclaration de principe concernant les témoins(signéeen1998parleministèredelaJustice,leBarreau
duQuébecetlamagistrature)quirépondàcegenredepréoccupations.14 R. c. Brown,[1966]B.R.502.Voiraussilesdispositionsdel ’art.486duCode crimineltelquemodifiéparlaLoi modifiant
le Code criminel (crime organisé et application de la loi) et autres lois en conséquence,L.C.2001,ch.32.15 ÀlaSûretéduQuébec,lamissionduprogrammedelaprotectiondestémoinsestainsidéfinie: «Ceserviceestresponsabledelagestiondelaprotectiondestémoinslorsquel ’intégritéphysiqueoulaviedecesperson-
nesestmenacéeenraisondeleurtémoignageoud’untémoignageéventueldanslecadredepoursuitesliéesàdescrimesmajeursouvisantdesorganisationscriminellesreconnues.Detellesmesurespeuventégalements’appliquerauxprochesetdépendants,lorsquelesliensquilesunissentcréentunrisqueauniveaudelasécurité.[…]»
(SûretéduQuébec,Directiondesservicesdesoutienauxenquêtes,Plan d’organisation supérieure,20février2002,p.2).Voiraussil ’art.2dela Loi sur le programme de protection de témoins,L.R.C.,c.W-11.2.
16 Loi sur le programme de protection de témoins,citéenoteprécédente.LamissionduProgramme de protection des témoinsdelaSQ,cité,noteprécédente,viseaussilesprochesetlesdépendantsdestémoinsproprementdits.
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mandationduComitédesministresduConseildel’Europequienproposeladéfinitionsuivante:
«collaborateur de justice»s’entenddetouteper-sonnequiestelle-mêmemiseenexamenouquiaétécondamnéepouravoirparticipéàuneassocia-tiondemalfaiteursouàtouteautreorganisationcri-minelleouàdesinfractionsrelevantdelacriminali-téorganisée,maisquiacceptedecoopéreravecdesservicesderépressionpénaleenparticulierendon-nantdesinformationssuruneassociationouuneorganisationcriminelleoutouteinfractionenrela-tionaveclacriminalitéorganisée.17»
Entenduedanscesens,l’expression«collaborateurdelajustice»n’estpastrèspréciseetpeutrenvoyerautantàl’agentcivild’infiltrationqu’autémoinrepen-ticommenousvenonsdelesdéfinir.Danscertainscas,ellepourraitaussiinclureuninformateur.
Ilfautparailleursnoterqu’enItalie,lanouvelleloidu13février2001,àl’instardecellede1991qu’el-lemodifie,quiporteréformedudroitrelatifàl’uti-lisationdestémoinsrepentis,utilisel’expressionde«collaborateurdelajustice»pourdésignerceuxqu’onappelleencoredanslapresseetladocumen-tationjuridiqueles«repentis».EnItalie,commeenFrancedepuislaloiPerben,lesexpressions«re-penti»et«collaborateurdelajustice»sontdoncsynonymes.
Leprojetdeloibelgeréglantlaprotectiondesté-moinsmenacés(31octobre2001)utiliseaussicetteexpression«collaborateursdelajustice»,cettefoispourdésignerautantlestémoins,lesinformateurs,lestémoinsvictimesquelesagentssecrets.Touslestémoinsquicollaborentd’unemanièreoud’uneautreaveclajusticeetprésenteraientunbesoindeprotec-tionsontvisésparl’expression.Ilimporteausside
soulignerqu’unepropositiondeloibelgequivisaitàinstaurerunrégimederepentisaété, lorsd’unchangementdegouvernement,rebaptisée«régimedecollaborateursdejustice».
AuQuébec,nousl’avonsdéjàmentionné,l’expres-sionn’estpasencorevéritablementconsacrée.Toutauplus,dansleRapportdelaCommissiond’enquê-techargéedefaireenquêtesurlaSûretéduQuébec,lerapportPoitras,onsecontented’affirmerque«lanotiondecollaborateur,elleestpropreauxrensei-gnementsdesécurité18».Onlaisseainsientendrequel’expression«collaborateurdelajustice»ren-voieauxinformateurs,agentscivilsd’infiltrationettémoinsrepentisoutémoinsspéciaux.
Cesprécisionsétantapportées,ilfautsoulignerque,lorsqu’ilestquestiondeprotectiondetémoins,ondoitréfléchirenfonctiondeleursproblèmesparti-culiers;pensonssimplementauxproblèmespropresàleurprotectionlorsqu’ilssontendétentionouauxdifficultésliéesaufaitquelamenacepourleursé-curitéprovientsouventducrimeorganiséetqu’ellepeutpersisterpendantdesannées,voiretouteleurviedurant.
Leprésentrapports’attarderaessentiellementàlaquestiondescollaborateursdejusticequisontauxprisesaveccegenredeproblèmeplusgraveetpluscomplexe,etc’estlesensquiseradonnéiciàl’expres-sion«collaborateursdelajustice».Serontdonccou-verts,parcetteexpression,lesinformateursdepo-licedontl’identitéestexceptionnellementdévoilée,lesagentscivilsd’infiltration,lestémoinsrepentisetlestémoinsspéciauxdemêmequeleursprochesetlesmembresdeleursfamillesquirisquentdevoirleurvieouleursécuritémiseendangeràlasuitedelacollaborationdel’und’entreeuxaveclesystèmedejusticeàtitredetémoinouautrement.
17 Conseildel ’Europe,Comitédesministres,Recommandation no R (97) 13, sur l ’ intimidation des témoins et les droits de la défense,10septembre1997.
18 POITR AS,L.A.,VIAU,L.,PERREAULT,A.,Pour une police au service de l ’ intégrité et de la justice,RapportdelaCom-missiond’enquêtechargéedefaireenquêtesurlaSûretéduQuébec,Sainte-Foy,LesPublicationsduQuébec,décembre1998,2volumes,1734pagesetappendices,annexes,sommaireet2cd-rom(lerapportPoitras),àlap.1183.
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Celadit,lasoussignéenevoitaucuneraisondeprin-cipequis’opposeàcequelesmesuresmisesenpla-cepourprotégerdespersonnesvictimesducrimeorganisésoientaussimisesàladispositionde«té-moinsinnocents»telleslesvictimesdemenaceoudeviolencequi,pourleursécurité,doiventfairel’ob-jetd’uneréinstallationdansunnouveaumilieuoumême,encasextrême,d’unchangementd’identité.Certainspaysoffrentdéjàdesservicesdeprotectionauxvictimesdeviolencefamilialeoudomestiquedontlavieestendangeralorsqued’autresenvisa-gentsérieusementdeleurpermettredebénéficierdeleursprogrammesdeprotectiondestémoins.Ilnefaittoutefoispaspartiedesconditionsdumandatconfiéàlasoussignéedeseprononcersurl’opportu-nitéetlafaisabilité,pourlegouvernementduQué-bec,derendreaccessibleslesprogrammesdeprotec-tiondestémoinsàcegenredevictimes.Iln’enseradoncpasquestionici.
La protection des collaborateurs de la justice ailleurs dans le monde : quelques constatations générales pour situer le cas du Québec D’emblée,unepremièreconstatations’impose.Sidenombreuxpaysontadoptédestexteslégislatifspourprévoirletraitementdescollaborateursdelajusticeetlaprotectiondecesderniers,trèspeudetextesdeloitraitentdirectementdesquestionsliéesauxconditionsdumandatconfiéàlasoussignée.Eneffet,silestexteslégislatifsoulesdirectivesof-ficiellesprévoientparfois lapossibilitéderecourirauxrepentisetdeleuraccordercertainsavantagesenéchangedeleurcollaboration,ladocumentationdisponiblesurlespratiques,lesententesdeprotec-tion, lesméthodesderéinstallationet leschange-mentsd’identitéestextrêmementrare,pournepasdireinexistante.Lachosen’estpassurprenantepuis-quelaprotectiondescollaborateursdejusticeexigelaplusentièrediscrétion.Poursuppléeraumanquededocumentation,ilestdoncindispensablederen-contrerlesintervenantsquiparticipentdirectement
àlaprotectiondecespersonnes.Iln’estalorspossi-bled’obtenirdel’informationqu’àlaconditiondefournirl’assuranced’undegréélevédeconfidentia-litéaprèsavoirdûmentétabliunliendeconfianceraisonnable.Lelecteurduprésentrapportnedoitdoncpass’attendreàunexposédétaillédesprati-quescourantesdansledomainedelaprotectiondestémoins,d’icioud’ailleurs,celaétantantinomiqueaveclemandatconfiéàlasoussignée.Qu’ilsuffi-sedepréciserquedesintervenantsdeBelgique,deGrandeBretagne,d’Irlande,d’Écosse,d’Italie,desÉtats-Unis,d’Allemagne,desPays-BasetdeSuèdeontétérencontrésetontainsicontribuéàenrichirgrâceàleurexpériencelaréflexionetlesconclusionsduprésentrapport.
Celadit,ilvautlapeinedefourniruntourd’horizondesprincipalesinitiativesquenousavonspuinven-torieretdedresserleportraitdesgrandestendancesquis’endégagent.Uneanalyseglobaledeslégisla-tionsetdirectivesquenousavonspuétudierpermeteneffetdefaireuncertainnombredeconstatationsgénéralesparticulièrementpertinentesàl’évaluationdespratiquesencoursauQuébec.
Les programmes de protection des témoins : un accessoireLesprogrammesdeprotectiondestémoinsdanslespaysquenousavonspuétudiers’inscrivent,com-mec’estlecasauQuébec,dansunedémarchepluslargequi,règlegénérale,prévoitl’utilisationdere-pentisdanslaluttecontrecertainesformesgravesdecriminalité,plusparticulièrementlacriminalitéorganiséeetleterrorisme.
Ilfauteneffetconstaterquelaquestiondelapro-tectiondestémoinsoudescollaborateursdelajus-ticen’estpresquejamaisconçuecommeunepriori-téautonomemaisqu’elleestplutôtabordéecommeunaccessoireinéluctabledurecoursexceptionnelauxrepentisdanslaluttecontrelacriminalitéor-ganisée.Lerepentiestvucommeunoutilnécessai-reàl’infiltrationdesréseauxcriminelsetsaprotec-
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tioncontresesanciennesrelations,uneconséquenceinévitabledel’étalementaugrandjourdesaparti-cipationàl’administrationdelajustice.Ilenvademêmepourlesagentscivilsd’infiltrationdanslesrarespaysquiadmettentyavoirrecours.
Plusieurspaysd’Europesesontrésolusàprendrelesgrandsmoyenspourcombattrelacriminalitéliéeàdestroublespolitiquescaractérisésparlaviolenceterroristeetontadoptédeslégislationspermettantlerecoursauxcollaborateursdelajusticepourtenterd’éradiquerleproblème19.Ceslégislationsontsou-ventàleurtourinspirélesmesureslégislativesmi-sesenplacepourcombattrelacriminalitéorganiséeengénéral.Parailleurs,denombreusesinitiativeslé-gislativesontétéentreprisesenEuropeàlasuitedel’adoption,le20décembre1996,parleConseildel’UnionEuropéenne,delaRésolutionrelativeauxcollaborateursàl’actiondelajusticedanslecadredelaluttecontrelacriminalitéorganisée.Ellein-vitelesÉtatsmembresàinstaurerdesprogrammesdeprotection20.D’autresontagiàlasuitedel’adop-tiondelaConventiondesNationsUniescontrelacriminalitétransnationaleorganisée,diteConven-tiondePalerme21.
Plusieurs programmes s’inscrivent dans un système juridique différent du nôtreCertainescaractéristiquesdessystèmesjuridiquesdecommonlawexpliquentlamanièredontsontap-parus,auCanadaetauQuébec,lerecoursauxté-moinsrepentisetletraitementquileurestréservé.Cescaractéristiquesexpliquentparailleursl’absen-cedetexteslégislatifsquébécoisoucanadienscom-parablesauxloisadoptéesparplusieursparlementseuropéensconcernantl’utilisationet laprotectiondescollaborateursdelajustice.
Ilfauteneffetrappelerque,dansnotresystèmeju-ridique,leprocureurdelapoursuitejouitd’unlargepouvoirdiscrétionnaireencequiconcernel’institu-tionetlaconduitedespoursuites.Rienendroitnel’empêchedenégocierdifférentsaccordsd’abandonoudedésistementpartieldespoursuitesenéchanged’informationdelapartd’unsuspectoud’unaccusé(ycomprislorsquelesaccusationsvisentuncoaccuséouuncomplice).Lapoursuitepeutconsentiràdesaccordssurplaidoyeravecunepersonnedèsqu’el-leestd’avisquesontémoignagecontresesancienscomplicessertl’intérêtgénéral.End’autrestermes,iln’yapasdelimitationslégislativesoudeprinci-pequantaugenredecollaborationquipeutêtreat-tendudususpect,niquantauxcatégoriesd’infrac-tionsquipeuventêtrevisées(tantparl’ententequeparl’enquête).Lajurisprudenceveillecependantàcequeletraitementaccordéàcescollaborateursdela justiceneservepasd’incitatifauparjureouaudénidejustice22.
Parailleurs,ledroitdetoutcitoyendenepascol-laboreraveclapoliceet,surtout,ledroitausilencedususpectunefoisarrêtéetdétenuainsiquelapro-tectioncontrel’auto-incrimination,protégésparlesart.7,11c)et13delaCharte canadienne des droits et libertésempêchantl’assignationdel’accusécom-metémoinàchargelorsdesonpropreprocès,four-nissentàcederniercertainsmoyenspournégociersacollaborationaveclesautorités.
Danslespaysayantunsystèmejuridiquedetypecontinental,lespouvoirsduprocureurdécoulentdelaloi,etsamargedemanœuvreeststrictementenca-drée.Contrairementàsonhomologuedecommonlaw,ilnepeutoffrird’avantagesouderécompenses(parexemplel’abandondepoursuitesoularéduc-
19 AuQuébec,audébutdesannées70,legouvernemententamaituneenquêtesurlecrimeorganisé.VoirDiOrio et Fontainec.Gardien de la prison de Montréal,[1978]1R.C.S.152.
20 Résolutiondu23novembre1995surlaProtection des témoins dans la lutte au crime organisé transnational,JournalOfficieldesCommunautéseuropéennes,no95C327/0.
21 ConventiondesNationsUniessurlacriminalitétransnationaleorganisée,décembre2000,auxart.24à26.22 VoirR.c.Palmer,[1980]1R.C.S.759etR.c.Tresh,[2003]¸Q.J.no11327,J.E.2003-1729.
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tiondepeine)auxrepentisquedanslamesureoùlaloileprévoitexpressément 23.Unebonnepartiedeslégislationsétrangèresrelativesauxcollaborateursdelajusticeouauxrepentisconcernentlespouvoirsduprocureur, lesgenresd’avantagesquipeuventêtreconsentis(négociationd’immunité,deremisedepeine,etc.)etlescatégoriesd’infractionspourles-quelleslerecoursauxrepentisestpermis.Danslespaysd’Europecontinentale,lesrécompensesquipeu-ventêtreaccordéesauxrepentisdoiventêtreexplici-tementprévuesparlaloi,qu’ils’agisseducodepénaloud’autresloisàcaractèrepénal,etnesontappli-cablesquedanscertainscas,c’est-à-diredanslecasdecertainesformesparticulièresdecollaboration24.Règlegénérale,cescollaborationssontenoutreli-mitéesauxcasd’infractionstrèsgravesouliéesauterrorismeetàlacriminalitéorganisée25.
Iln’estpasrarequeleslégislationsd’Europeconti-nentaleprévoientdesmesuresdeprotectiondesté-moinsàlaphasejudiciaire.Certainesmesures,al-lantparfoisjusqu’autrèscontroverséanonymatdestémoins,sontprévuespourassurerlaprotectionphy-siquedecesderniersaumomentmêmeoùilsrendenttémoignage.Autrementdit,certainesmesuresspé-cialesdestinéesauxtémoinsvulnérablesoumenacéssontaccordéesauxtémoinsrepentis.Cesmesures,qu’ils’agissedutémoignageparvidéoconférence,àhuisclosousuivantdesmodalitésparticulières,sontàrapprocherdesmesuresdeprotectiondestémoinsvulnérablespermisesparl’article486duCode cri-
minelduCanada 26.Manifestement,cesmesuresdeprotectiondestémoinslorsdel’administrationdelaphasejudiciairedelapoursuitenesontpascellesvi-séesparlesconditionsdumandatconfiéàlasous-signée,relevantenfaitdelacompétencefédéraleenmatièredeprocédurecriminelleselonlepara.91(27)dela Loi constitutionnelle de 1867.
Àl’étranger,peudelégislationssontexplicitessurlaphasedelaprotectionextrajudiciairedestémoins.End’autrestermes,onnetrouveguèrededétailssurlesmesuresdeprotectionmisesenplaceunefoislaphasejudiciaireterminée.Toutauplus,certainesdispositionslégislativesoucertainesdirectivesad-ministrativesprévoient-elles lamiseenplaced’unprogrammedeprotectiondestémoins,maisellessontévidemmenttrèspeudétailléessursonfonc-tionnement 27.
Onpeutcependantremarquerquelesprogrammesspéciauxdeprotectionvisentlestémoinsparticu-lièrementmenacésetqu’ilsnesontpasenlienaveclesrécompensesoulestraitementsdenaturepéna-lefavorablesquipeuventêtreaccordés.Autrementdit,untémoinrepentipourra,selonlanaturedesacollaboration,obtenirunediminutiondepeineoul’abandondepoursuitessansnécessairementbéné-ficierdemesuresdeprotectionparticulièresàl’is-suedesprocédures.Dansd’autrescas,unepersonneparticulièrementmenacéepourraobtenirunepro-tection,mêmesisacollaborationn’adonnélieuà
23 Notonsquelespouvoirsexercésencommonlawparlesprocureursdelapoursuitesont,enEuropecontinentale,législa-tivementconférésauprocureur,auparquetou,parfois,àlamagistrature.
24 Parfoisc’estlaformeoul’importancedelacollaborationquidéterminelateneurdelarécompense.C’estlecasenItalie,enBelgiqueetenAllemagneparexemple,alorsque,dansd’autrespays, l ’importancede larécompenseest laisséeà ladiscrétiondujuge,cequiestnotammentlecasenAutricheetenEspagne.
25 Parexemple,enFrance,l ’abandondespoursuitesoulesréductionsdepeinenepeuventêtreaccordés,pourlemoment,quedanslescasdetraficdestupéfiants,d’actesdeterrorismeoud’associationdemalfaiteurs.Unnouveauprojetdeloiviseàenétendrelaportéeàtouteslesinfractionsrelevantdelacriminalitéorganisée.D’autreslégislationsrécentestendentàélargirlechampd’applicationdesmesuresrelativesauxrepentis,parexempleenItalieetauxPays-Bas,maiscen’estpaslecasdanstouslespays.Onpeutmêmenoterquecertainspays,c’estlecasdelaSuisseetdelaBelgique,ontrenoncéàl ’utilisationdecegenredecollaborateursdelajustice.
26 VoiraussiR. c. Brown,précité,note14etR. c. Khela,précité,note4.27 Enfait,seulslesÉtats-Unisont,particulièrementdepuis1984,prislapeinededétaillerdanslaloilescomposantesdu
systèmedeprotectiondestémoins.
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aucunerécompenseaustadedelaphasejudiciaire.End’autrestermes,lesmesuresdeprotection,sou-ventdécidéesparunecommissionad hocouindé-pendantedelapoursuiteoudelapolice,sontdistinc-tesdecesrécompensesouavantages28.LedocumentdetravailduSénatfrançaissurlesrepentisestex-plicitelà-dessus:
Le meilleur exemple à cet égard est fourni par l’Italie, où le législateur a décidé au début de l’année 2001 de dissocier l’ incitation à la collaboration et la protec-tion. Les mesures de protection sont désormais réservées aux seuls repentis accusés ou condamnés pour terroris-me, association mafieuse, trafic de stupéfiants ou en-lèvement crapuleux (alors que le champ d’application des dispositions sur les repentis est beaucoup plus lar-ge), dans la mesure où leurs déclarations, parfaitement fiables, ont un caractère de « nouveauté », d’ « exhaus-tivité » ou revêtent une « importance exceptionnelle ». En outre, pour bénéficier des mesures de protection, le repenti doit prendre plusieurs engagements, et notam-ment remettre au procureur de la République un « pro-cès verbal de collaboration » contenant toutes les infor-mations qu’ il détient 29.
Ladistinctionentremesuredeprotectionetmesurederécompenseouavantagesnégociésaveclecolla-borateurdelajusticeestfondamentale.Nousauronsl’occasiond’yrevenirdansleprésentrapport.
La protection des collaborateurs de la justice ; une activité coûteuseLesintervenantsquenousavonsrencontréssontunanimes: laprotectiondescollaborateursdelajusticeestuneactivitéextrêmementcoûteuse30.Unnombreimportantd’intervenantsdoiventêtredé-ployéspourlaprotectiond’untrèspetitnombredepersonnes31.Plusparticulièrement,lorsquelecolla-borateurestincarcéré,sadétentionexigeenquel-quesortelamiseenplaced’uneprisondanslapri-son.Lorsquecedernierestenliberté,uneformedeclandestinitédoitêtremiseenplacedansunmilieuouvert.Protégerdesindividuscontreunemenacesérieusedansunmilieuquin’estpascontrôléexi-geledéploiementd’unefouledemesuresadminis-trativesetpratiques.Ilnefautjamaisoublierquelecrimeorganisédisposedemoyenstrèsimportantspourrecueillirdesrenseignements.Iln’yaqu’àrap-
28 VoirCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),Comitéd’expertssurlesaspectsdedroitpénaletlesaspectscriminologiquesdelacriminalitéorganisée(PC-CO),Rapport sur la protection des témoins (étude de bonne pratique)- Pour éviter que les témoins ne deviennent des victimes…, Strasbourg,24mars1999,àlap.12:
«Laprotectiondestémoinsnedoitpasêtreconsidéréecommeunesortederécompensepourlacoopérationdutémoinaveclesforcesdel ’ordre.Aucontraire,ilfautlavoircommeunmodedeprotectionduprocèspénaletdesauvegardedelavieetdel ’intégritéphysiquedutémoin(et/oudesesproches).Lefaitque,dansdeuxdesÉtatsmembresétudiés,ilnesoitpasraredevoirlestémoinsrécompensés,danslapratique,pourleurcoopérationaveclesforcesdel ’ordreendonnantparexempleuneréductiondepeine,nechangerienàceprincipefondamental».
29 SÉNATFR ANÇAIS,«Lesrepentisfaceàlajusticepénale»,LesdocumentsdetravailduSénat,SérieLégislationcom-parée,noLC124,juin2003,àlap.9.
30 «Laprotectiondestémoinscoûtecher.Danslestroispays,mêmesanstenircompteducoûtduservicedeprotection,laprotectiondestémoinsreprésenteunelourdechargef inancière.Dansunpays,lecoûtvariede80000à160000$USparparticipant,maisilpeutdépasser250000$lorsqueleprogrammedurepluslongtempsquelamoyennededeuxoutroisans.DansunautreÉtatmembre,untémoin,avecunefamilledetroispersonnes,coûteenviron80000$USparan.Sil ’onprenduneduréemoyennedecinqans,lachargef inancièreentraînéeparlaprotectiond’untémoin(etdesafamille)danscepaysestd’environ400000$US,sanscompterlecoûtduservicedeprotectionproprementdit»:CONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,àlap.24.
Rappelonsque,pourleConseildel ’Europe,pareillessommesdoiventêtredistinguéesdesrécompenses.31 «Danslepremierdestroispaysétudiés,oncompteunepersonnepourtroistémoins.Dansledeuxièmepays,lerapport
estd’unepersonnepour1,5témoinetdansletroisièmepays,lerapportsesitueàmi-cheminentrelesdeux.»:CONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,àlap.26.
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pelerici,àtitred’exemple,lescandalerécentderen-seignementsvenduspardesemployésdelaSocié-tédel’assuranceautomobileduQuébecpours’enconvaincre32.Lorsquelecollaborateurdelajusti-ceagitcommeagentd’infiltration,laconservationdesapparencespourdesraisonsdesécuritéexigelemaintiendesonniveaudevie,cequipeuts’avérercoûteux.Parailleurs,l’adoptiondecertainsprinci-pesd’équité,parexempleleprincipeappelé«liketolikeprinciple»exigequedesressourcesimportantessoientconsenties.Plusieurspaysonteneffetdécidéquel’Étatdoitgarantirautémoinquesacollabo-rationaveclesystèmedejusticen’entraînerapasdereculimportantauregardduniveaudevielorsque,bienentendu,ceniveaun’étaitpasliéàdesactivi-téscriminelles.Lapauvretéconsécutiveàlacolla-borationaveclajusticeestnonseulementinéquita-ble,maiselledissuadecettecollaboration.
Lechangementd’identitésupposequantàluiletrai-tementparticulariséoumanueldeplusieursdossiers.Ilfauteneffetagirdemanièreàdéjouerlesméca-nismesdessystèmespublicsmisenplaceafindega-rantirlatransparence,lafiabilitéetlacontinuitédel’information.
Parailleurs,lapériodedeprotectionnécessairepeuttrèssouventlargementexcédercequiavaitétéan-ticipéaudépart.
Lecoûttrèsélevédelaprotectiondescollaborateursdelajusticeexpliquelargementpourquoilamajoritédesloisquenousavonspurecensertraitantspécifi-quementdescollaborateursdelajusticelimitentlapossibilitéderecouriràleursservicesauxenquêtesetprocéduresliéesàlaluttecontrelescrimesgra-ves,leterrorisme,lacriminalitéorganiséeoulacri-minalitédehautniveau.
Mêmeutiliséparcimonieusement,lerecoursauxcollaborateursdelajusticeet leurprotectionexi-
gentunengagementgouvernementalclairetuneallocationderessourcesadéquate.Cetengagementdoiteneffetabsolumentsetraduireenpremierlieuparunfinancementimportant.Àcetégard,nousavonspuconstaterl’existencedeplusieursmodè-lesdefinancement.Danscertainscas,descréditsfortappréciablessontvotésparleParlement,dansd’autres,unministreresponsabledisposed’unelar-geenveloppediscrétionnaire,dansd’autresencore,c’estuneagenceresponsableouunservicedepolicequigèreuneenveloppeàpart.Danstouslescas,iln’estpassuffisantdefinancerlaprotectiondescol-laborateursdelajusticeàmêmelebudgetrégulierd’unservicedepolice.
L’engagementgouvernementaldontilesticiques-tiondoitaussisetraduireparunemobilisationglo-baledel’appareildel’État.Lespersonnesresponsa-blesdelaprotectiondescollaborateursdelajusticedoiventpouvoircomptersurlacollaborationdetou-teslesdivisionsetagencesdugouvernementsuscep-tiblesd’êtreconcernées.L’objectifdelaprotection,lorsqu’ilestclairementposé,doitabsolumentêtrepartagépartous,sansexception.
Endéfinitive,seulslesprogrammesappuyésparunengagementgouvernementalclairetsignificatifpeu-ventservirdemodèleaumomentderevoirlespra-tiquesencoursauQuébec.Àcetégard,ilimportedementionnerqueleprogrammeaméricaindepro-tectiondestémoins(WITSEC)étaitperçucommeunmodèledanslemondeetqu’ilamêmeinspirélerapportGuérinàl’époqueoùiljouissaitderessour-ceshumainesetfinancièressansprécédent.Subissantdepuisquelquesannéesdescompressionsbudgétai-resimportantes,leprogrammeestmaintenantdécritparcertainscommeétantmenacé.Au-delàdesmo-dèlesetdesstructures,unprogrammedeprotectiondestémoinsnepeutvéritablementfonctionnerque
32 Onpourraitenoutrementionnerqu’iln’estpasrareque,lorsdeperquisitions,lespolicierstrouventdessystèmesd’in-formationetdesbanquesdedonnéescolligeantdesrenseignementssurdesbandesrivales,desconcurrentsetmêmedespoliciersoud’autrespersonnesassociéesausystèmejudiciaire.
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silaprotectiondestémoinsestunevéritablepriori-té.Lorsqu’ellecessed’enêtreune,lesproblèmesap-paraissentetsemultiplient33.
Enconséquence,auQuébeccommeailleurs,ilnepeutyavoirdevéritableprogrammedeprotectiondescollaborateursdelajusticesansunengagementfermeetclairdesautoritésd’enfaireunepriorité,aumoyend’unepolitiquegouvernementaleparexemple,etparledégagementderessourcesadéquates.
Il est recommandé que le gouvernement du Qué-bec adopte une politique de protection des col-laborateurs de la justice, témoignant de son en-gagement clair envers la sécurité de ceux qui acceptent de collaborer avec la justice et qui, de ce fait, voient leur vie ou leur sécurité, ou celles de leurs proches, menacées; la protection des té-moins serait ainsi reconnue comme une respon-sabilité gouvernementale.
Le gouvernement doit allouer à la mise en œuvre de cette politique toutes les ressources et tous les moyens nécessaires à la protection des collabora-teurs de la justice, indiquant par là qu’il en fait une priorité gouvernementale parce qu’il y voit un moyen essentiel de lutter efficacement contre le crime organisé, le terrorisme et les autres for-mes de criminalité grave. Il doit être disposé à as-sumer le coût de leur protection même si l’expé-rience révèle que ce coût est nécessairement élevé entre autres parce que des dépenses s’imposent tant et aussi longtemps que persiste une menace de représailles contre le témoin.
La protection des témoins au Québec : une mise en contexteAvantdesuggérercertainesmodificationsaurégi-mequébécoisdeprotectiondestémoins,ilimpor-tededécrirelecontextegénéraldanslequels’inscritlaproblématiquedelaprotectiondescollaborateursdelajusticeauQuébec.
Le phénomène des délateurs, le rapport Guérin et l’apparition des « contrats de délateurs »LaproblématiquedelaprotectiondestémoinsaprisnaissanceauQuébecdanslecontextedel’utilisationgrandissantedestémoinsrepentiscommeinstru-mentdeluttecontrelesinfractionsgraves,particu-lièrementcellesperpétréesparlecrimeorganisé34.Quelquesoitlenomqu’onleurdonne,lerecoursàcescollaborateursdelajusticen’estpas,etn’ajamaisété,d’unmaniementaisépourlesautorités.Encela,l’expériencequébécoisen’ariendevraimentdistinc-tif,lesautresjuridictionsayantellesaussidûcom-poseraveccemoyenquiconstitueunesourceinta-rissabledetracasseriesadministratives.
LerapportGuérinétait,en1991,trèsclairàcesujet:
Sur les plans légal et moral, il va de soi que le témoin délateur n’est pas un citoyen guidé par sa conscience sociale et hanté par le remords ou le repentir. Il col-laborera seulement dans la mesure où il en tirera des avantages. L’utilisation de son témoignage est lourde de conséquences pour le procès lui-même, dans la recher-che de la vérité et, partant, pour l’accusé, pour les po-liciers enquêteurs, les représentants du Ministère pu-blic et enfin pour le témoin délateur lui-même. Tirant avantage de son témoignage, le délateur peut se livrer à une véritable surenchère et même se parjurer35.
33 Voir l ’évaluationquiestfaiteduprogrammeWITSECpar l ’avocatShurdansEARLy,Pete&SCHUR,Gerald,WIT-SEC; Inside the Federal Witness Protection Program,Bantam,Newyork,2003,auxp.417etsuivantes.L’évaluationquefaitcedernieren2002serait,audiredesreprésentantsdubureauduUSMarshallquenousavonsrencontrés,toujoursd’actualité.
34 Pourunexcellentexposédelasituation,voirLouiseVIAU,«L’utilisationdesdélateursdanslaluttecontrelecrimeor-ganisé»,Institutcanadiend’étudesjuridiquessupérieures,Actes des journées strasbourgeoises,2000,éd.yvonBlais,2001,p.523-579.VoiraussiSylvieGR AVELetSylvieBORDELAIS,Le recours aux délateurs dans le contexte de l ’administration de la justice québécoise,mai1993,Centreinternationaldecriminologiecomparée,UniversitédeMontréal.
35 RapportGuérin,précité,note2,àlap.69.
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Puis,sesauteursajoutaientceci:
Guidé par son intérêt, le délateur peut se retourner contre les enquêteurs et même les représentants du Mi-nistère public qui refuseraient des faveurs additionnel-les. Comme l’expliquait l’Honorable Jean-Guy Boilard, il faut « constamment se rappeler que si le délateur a été déloyal à l’ égard de ses anciens partenaires de cri-me, il peut fort bien le devenir à l’endroit de ses nou-veaux protecteurs ». Il s’agira donc de protéger aussi les enquêteurs et les représentants du Ministère public contre de possibles accusations de manipulation ou de menées illégales portées par le délateur.36
Or,silerecoursàdesrepentiss’estavéréutilepourlutterefficacementcontrelecrimeorganisé,leuruti-lisation,surtoutdanslesannées80,adonnélieuàdesdérapagesimportantsquiontamenélesautori-tésàremettreenquestionl’utilisationdece«moyend’enquête»etparlasuiteàvouloirmieuxencadrercegenredepratique37.Lesavantagesexorbitantsconsentisàl’époqueàcertainsdélateursontnonseulementdéfrayélamanchettemaisontaussinuiàlacrédibilitédecesderniersappelésàrendreté-moignagedevantlestribunaux,quandcen’estpaslacrédibilitédetoutl’appareild’administrationdelajusticequiaétéremiseencause.
C’estdanscecontextequelegouvernementduQué-becmandatait,en1990,ungroupedetravailchargé
d’étudiercertainesquestionsrelativesàl’administra-tiondelajusticeenmatièrecriminelle,notammentlaquestiondel’utilisationdestémoinsdélateurs38.
Danslafouléedurapportdecegroupedetravail(rapportGuérin),déposéendécembre1991,desme-suresadministrativesontétémisesenplacepourcontrôler,encadreretrendreplustransparentlere-coursauxrepentis39.
LarecommandationprincipaledurapportGuérinvi-saitlamiseenplaced’un«comitécontrôleur»com-posédequatrepersonnesreprésentantleurservicerespectif:unsubstitutduProcureurgénéral(procu-reurdelaCouronne),unpolicierissuduservicedepoliceayantrecrutéletémoin,unmembredesser-vicescorrectionnelset,enfin,unmembredelaDi-rectiongénéraledelasécuritéetdelapréventionduministèredelaSécuritépublique.Lemandatdecetorganismedevaitconsisterprincipalementànégo-cieretàconclureuneententeécriteavecledélateurprécisantlesobligationsdesdeuxpartieset,cequifaitaujourd’huiproblème,àenassurerlesuivi.
PourlecomitéGuérin,lecontratécritétaitunins-trumentindispensableprésentantplusieursavanta-ges,leplusimportantétantdeprotégertouslesin-tervenants,ycomprisledélateurlui-même.Encasdelitige,uncontrôlejudiciairepourraitpermettrelerespectdesconditionsducontrat40.Enoutre,le
36 Id.,àlap.70(lesnotesontétéomises).Là-dessus,voiraussiR.c.Palmer,[1980]1R.C.S.759.37 Pourunrésumédesprincipalesaffairesayantàl’époquefaitscandale,voirLouiseVIAU,précitée,note34,auxp.537à543.38 Encequiconcernecepointparticulier,legroupedetravailprésidéparlejugeGuérindevaitsepenchersurcequisuit:
«Lerecoursauxdélateurslorsdepoursuitesjudiciairesetlanégociationd’ententesaveccesderniers;lerôledesdiversintervenants,lanaturedesprivilègesdontilspeuventbénéficier,ainsiquel ’encadrementetlaprotectionsurlesquelsilspeuventgénéralementcompteraussitôtqu’ilsacceptentdecollaborer».
39 LerapportGuérin,précité,note2,nerecommandaitpasl ’adoptiond’uneloi,maisbiendemesuresd’ordreadministra-tif.Ony lit,à lap.78:«Si l ’adoptiond’une législationpeutsembler souhaitable, les lignesdirectricesont l ’avantaged’assurerunesouplesseetunef lexibilité,d’autantplusqu’ellespeuventêtreétabliesetmodifiéesaprèsconsultationdesdiversintéressés,àlalumièredel ’expériencevécue».C’estcettevoiequ’asuivielegouvernementduQuébecàl ’époqueetilnoussemblequ’elleconvienneencoreaujourd’hui.
40 Encequiconcernelessanctionsencasdenon-respectdeleursobligationsrespectivesparlesparties,lerapportGuérinn’estpastrèsélaboré.EnrapportaveclesobligationscontractéesaunomduProcureurgénéral,lerapportnementionnequelerespectdesententesd’immunitédepoursuite,étantdonnéquelestribunauxpourraientmettref inauxprocéduresentaméesenviolationdel ’accordenapplicationdeladoctrinedel ’abusdeprocédure.Auregarddunon-respectdesesobligationspar ledélateur, le rapport secontentedepréciserquecette situationauraitpourconséquencede libérer legouvernementdesesengagements.VoirlerapportGuérin,précité,note2,auxp.92à94.
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contratpourraitêtreproduitàlacour,permettantàlafoislacomparaisonentrelesavantagesconsen-tisàplusieurstémoinsetunesainetransparencedansl’administrationdelajusticedestinéeàassu-rerlacrédibilitédusystèmeetàévaluercelleduté-moinaumomentdesontémoignage.Dansl’espritdurapportGuérin,larédactiond’unécritetsapro-ductiondevantletribunalprésentaientdesgagesdetransparence,decrédibilité,d’équitéetderespectdesobligationsmutuelles.
Lecomitérecommandaitdoncquele«contratdedélateur»explicitelesengagementsdesparties,lespartiesétant,d’unepart,ledélateuret,del’autre,le«comitécontrôleur».Danssonrapport,lecomitéfournissaitlesjalonsdecequedevraitconteniruncontrattype,insistantparailleursbeaucoup,com-mequestiondeprincipe,pourqu’aucunavantagedenaturepécuniairenesoitconsentiaudélateur41.
Enfin,lerapportinsistaitaussipourquelecontratécritfixed’unefaçondéfinitivelesavantagesconsentisaudélateur,coupantcourtàtoutedemandesupplé-mentaireousurenchèredesapart.Cetaspectdéfi-nitifducontratétaitvucommeunmodedeprotec-tiondesintervenantsdejusticecontrel’escaladedesdemandes,maisaussisansdoutecommeungagedecrédibilitédusystèmeetunmoyendegarantirlafia-bilitédestémoinsauprocès.Unefoislecontratdé-poséàlacouretlacrédibilitédutémoinévaluéeàl’aulnedesavantagesconsentis,leministèrepublicauraitétémalvenud’enmodifierlesconditions.
CetteportiondesrecommandationsdurapportGué-rinarapidementétémiseenapplicationetlesen-tentesnégociéesparles«comitéscontrôleurs»quiontétéalorsformésrespectentlargementcespres-criptions42.
Parailleurs,lerapportGuérinrecommandaitquedesdirectivessoienttransmisesauxdiversinterve-
nantsquantàl’attitudeàadopterdanslanégocia-tiond’uneentente.
Ausujetdespoliciers,ilrecommandaitquel’enquê-teurentrevoyantlapossibilitéd’unecollaborationavecundélateurprocèdeàplusieursvérificationsetenréfèreàsessupérieurs.Cepolicierenquêteurnepourraitquegarantir laprotectionimmédiatedudélateuretdesesprochesetdevraitpourleresteluifairecomprendrequetouteslesautresdeman-desseraienttraitéesparlesautoritéscompétentes.Parailleurs,unefoislesautoritéspolicièresconvain-cuesdelanécessitéderecourirauxservicesdudéla-teur,ellesdevraientprésenterleurdossierausubsti-tutenchefdudistrictjudiciaireconcernéouàsonreprésentant.
Surréceptiondudossier,lesubstitutenchefousonreprésentantdevaitprocéderàuneévaluation,pre-nantentreautresenconsidérationlagravitédel’ac-cusationportée,lanaturedelapreuve,l’opportunitéderecouriraudélateureuégardàl’existenced’autresélémentsdepreuveetàl’intérêtpublic,l’existencedepreuveconfirmantlaversiondudélateuretlana-turedesdemandesdecedernier.
Dansl’hypothèseoùildonneraitsonaccordàl’uti-lisationdudélateur,lesubstitutenchefdevraitalorsprendrelesmesuresnécessairespoursaisirle«co-mitécontrôleur»,quidélégueraitundesesmem-bresouunepersonnedel’extérieurpournégocieruneententeavecledélateur.Cetteententeseraitfi-nalementapprouvéeparle«comitécontrôleur»entenantcomptedeplusieursfacteurs.
CesprincipalesrecommandationsdurapportGué-rinsurlerôledesintervenantsontlargementétémi-sesenœuvre.Desdirectivessurl’utilisationdesre-pentistendentàmaintenirunedistancecertaineetessentielleentrelesenquêteursetladécisiondere-couriràcegenredetémoin43.Unedirectiveenca-
41 Lerapportéta itcependantmuetsurlesagentscivi lsd ’ inf i ltrat ionqui«vendent»desrenseignements.VoiraussiR .c .Palmer,précité,note22etR.c.Xenos,[1991]A.Q.no2200.
42 VoirenparticulierladirectiveTEM-3,précitée,note8.43 VoirlaPolitique de gestionEnq.Crim–44delaSQsurlaGestiondestémoinsrepentis,précitée,note8etlaProcédure
329-2duManuel de politiques et procéduresduServicedepolicedelaVilledeMontréal,précité,note8.
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drelaprisededécisiondesprocureursdelapoursui-teetlescomitésdecontrôlecontinuenttoujoursdeseréunirlorsdelasignatured’unenouvelleententeoupourl’ajoutd’addendaouplusprécisémentd’ave-nants,commenousleverronsplusloin44.
Finalement,lerapportGuérinrecommandaituncontrôlesystémiquedel’utilisationdestémoinsdé-lateursparledépôtd’unrapportannuelrésumantlesententesconcluesaveclestémoinsdélateurs,adres-séparlecomitécontrôleurauProcureurgénéralduQuébec.Cerapportdevaitindiquerlenombrededélateursutilisés,lanaturedesavantagesconsentis,lescoûtsliésàceservice,lesproblèmesqu’entraînelerecoursauxrepentisetlescrimesfaisantl’objetd’uneimmunitépartielleoutotale.Onrecommandaitparailleursquecerapportsoitrendupublic.
Cetterecommandationapartiellementétésuivie.Unseulrapportaàcejourétéproduit,en2000,faisantétatdesrésultatspour1998etconsolidantlesdonnéesde1992à199845.Cetterecommanda-tiondurapportGuérinavaitpeudechancesd’êtresuiviepuisqu’elledemandaitàuncomitéforméen-treautresd’unreprésentantduProcureurgénéraldefairerapportàcedernier.Danslesfaits,lerap-portpourl’année1998aétéprésentéparleProcu-reurgénéraletparleministredelaSécuritépubli-queàl’Assembléenationale.IlfaisaitsuiteaudépôtdurapportPoitras46quifaisaitreprocheaugouver-nementden’avoirpassuivicetterecommandationdurapportGuérin.
Depuis1990,unsystèmedeprotectiondestémoinss’estdéveloppécommeaccessoirenécessairedure-coursauxrepentis.LeQuébecaacquisuneexper-tiseenlamatièrequisecompareavantageusementàcellequiexisteailleursdanslemonde.Ilimportedementionnerquelesystèmequébécoisvaengéné-ralbien,mêmesid’inévitableserreursontétécom-mises47.Pourlemoment,aucunscandalen’estvenuéclaboussercesystèmeauQuébec48.
Le contexte fédéral dans lequel s’effectue la gestion des collaborateurs de la justiceLaprotectiondescollaborateursdelajustices’ins-crit,auQuébec,danslecontextedufédéralismecanadienoùlepartagedescompétencesencequiconcernel’administrationdelajusticepénalen’estpasparticulièrementsimple.Ilestimpossibledenepasentenircompteaumomentdeproposercertai-nesmesuresdestinéesàaméliorerlagestiondescol-laborateursdelajusticeauQuébec.Ilfautbienlereconnaître:certainsélémentsneressortissenttoutsimplementpasàlacompétenceduQuébec.
L’administrationdelajusticecriminelleauCanadarelèvedesprovinces.Enprincipe,saufcertainesex-ceptions,c’estlesubstitutduProcureurgénéralpro-vincialquiseulmènelespoursuitescriminellesetdécidedel’utilisationdescollaborateursdelajusticepourlesfinsduprocès.Leplussouvent,lecollabo-rateurauraétéidentifiéparuncorpsdepolicepro-
44 VoirlaTEM-3,précitéenote8etladéfinitiondu«comitédecontrôle»delaPolitiquedegestionEnq.Crim–44delaSQsurlaGestiondestémoinsrepentis,récitée,note8àl ’art.2.4
45 MINISTÈR EDELAJUSTICEDUQUÉBEC:MINISTÈR EDELASÉCURITÉPUBLIQUE, Rapportsurl ’utilisationdes repentis en1998, juin2000.Voir aussiMONTy,Paul,Le recours auxdélateurs–Les suitesdu rapportGuérin:l ’expériencequébécoise,GouvernementduQuébec,MinistèredelaJustice,Directiongénéraledesaffairescriminellesetpénales,5mai1998.
46 Précité,note18.47 Ledéveloppementduprogrammeaméricainsisouventposéenexemples’estluiaussidéveloppéenrésolvantdesproblèmes
etenseconstruisantsurlesleçonsapprisesd’erreurs.VoirlebilandresséparSchurdansledernierchapitredeEARLy,Pete&SCHUR,Gerald,préciténote33.
48 LerepentiAiméSimardquiaétéassassinéalorsqu’ilétaitendétentionenSaskatchewann’étaitpassouslaresponsabilitédesautoritésquébécoisesaumomentdesamort.
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vincialaustadedel’enquête.Enprincipetoujours,laprotectiondececollaborateurdelajusticedevraitreleverdecemêmecorpsdepoliceprovincialunefoisleprocèsterminé.Maiscen’estpassisimple.
Toutd’abord,ilfautmentionnerquelamajoritédescollaborateursdelajusticeayantconfessédescri-messevoientimposerdespeinesdeplusdedeuxansd’incarcérationqu’ilsdevraientpurgerdansdesétablissementsdedétentionfédéraux.LaprotectionducollaborateurpendantsonincarcérationrelèvealorsdesautoritéscarcéralesfédéralesdemêmequecedernierrelèvedelaCommissionnationaledesli-bérationsconditionnellespoursaremiseenlibertéconditionnelle.Peuimportecequiauraétéconvenuaveclesautoritésprovincialeslorsdelaconclusiondu«contratdedélateur»,c’estlegouvernementfé-déralquiauralaresponsabilitédudétenu.Unecer-taineformedecollaborationfédérale-provincialeestdoncnécessairepourmeneràbienlesententesdeprotection.Nousyreviendronsauchapitredesconditionsdedétention.Soulignonssimplementiciquelegouvernementfédéraln’estniunsignataireniunintervenantdanscequ’ilestconvenud’appe-lerles«contratsdedélateur».
Parailleurs,lorsquelaprotectiond’uncollaborateurdelajusticeexigelamesureextrêmed’unchange-mentd’identité,lacollaborationfédérale-provincialeestencoreunefoisnécessaire,peuimportesilecorpsdepolicequidemandelechangementd’identitéestuncorpsdepolicefédéralouprovincial.Dansnotresociété,lesélémentsfondamentauxdelapersonna-litéjuridiqueetdesesattributsdemêmequeladé-livrancedesdocumentsessentielsàlavieensocié-térelèventdesdeuxordresdegouvernement.Qu’ilsuffisedementionnerquelenom,l’étatcivil,l’en-registrementàl’assurance-maladieoulepermisdeconduireressortissentàlacompétenceprovincialealorsquelenumérod’assurancesociale,lecasierju-diciaire,lecertificatdecitoyennetéetlepasseportcanadienrelèventdugouvernementfédéral.
Lagestionharmonieusedescollaborateursdelajus-ticeexigedoncunecollaborationétroiteentrelesacteursfédérauxetprovinciauxconcernésetestfa-voriséeparl’existenced’ententesfédérales-provin-cialesclaires.
Il est recommandé que le gouvernement du Qué-bec engage des discussions sérieuses avec son ho-mologue fédéral afin que les actions en matière de protection des témoins soient mieux concer-tées, particulièrement en matière de détention et de changement d’identité. Par ailleurs, le gouver-nement du Québec doit insister auprès du gouver-nement fédéral pour que ce dernier alloue toutes les ressources nécessaires à la protection des col-laborateurs de la justice dans les domaines qui sont de son ressort.
Éléments de mise à jour de la politique québécoise de gestion de la protection des collaborateurs de la justiceOnpeutconstaterquelerecoursauxrepentisauQuébecetlespremièresmesuresmisesenplacepourassurerleurprotectioncoïncidentàpeuprèsavecl’apparitiondecettesituationdansnombredepays(leQuébec,lesPays-Basetl’Italieétaientauxprisesavecuneintensificationducrimeorganisé,tandisquel’Angleterre,laFrance,l’Italie,l’Irlandeetl’Allemagnecombattaientunevaguedeterroris-me).Aprèsuncertainnombred’annéesd’existencedeleurrégimedeprotectiondestémoins,unbonnombredepaysensontactuellementàréviserleurspratiquesafindelesaméliorer,cequiestparticuliè-rementlecasdel’Angleterre(réformeprévuepour2005),delaFrance(réformeeffectuéeen2003-2004)etdel’Italie(réformeeffectuéeen2001).D’autrespaysfonttoutsimplementleurspremierspasdanscedomaine.C’estnotammentlecasdesPays-Bas,delaSuèdeetdelaBelgique.Ilfautdoncinsistersurlefaitqueladémarchedemodernisationentre-priseauQuébecn’estpasisolée.
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Lararedocumentationquiexistesurlesujetdemêmequelesdiversintervenantsrencontrésparlasoussi-gnéesontunanimes:lescollaborateursdelajusticesontdesêtrescomplexesetlagestiondelaprotec-tiondecestémoinsestuneentrepriseàlafoisexi-geanteetfortcoûteuse.AuQuébec,ladifficultéestexacerbéeparlechoixquiaétéfaitderecourirnonseulementauxrepentismaisaussiauxagentscivilsd’infiltrationpourluttercontrelecrimeorganisé.Ilimportedementionnerquecertainspaysrefusentd’utilisercegenrederessourcesou,encore,refusentd’admettrequ’ilslefont.Ilsn’offrentenconséquen-ceaucunesourced’inspirationdanscedomaine.
S’ilfautconstaterquelegouvernementduQuébecainvestidenombreuxeffortsdepuislerapportGué-rinpourencadrerlerecoursauxtémoinsrepentisetassurerunemeilleuretransparenceencequiconcer-neleurrecrutementetlapériodeprécédantleurté-moignage,uncertaintravailresteàfaireencequiconcernelagestionetlaprotectiondecescollabora-teursdelajusticeaprèsleurtémoignage.Dansunelargemesure,lerapportGuérinconcernait«l’avant-témoignage»etétaitplusquemodesteencequiconcerne«l’après-témoignage».
Lavaguerécented’utilisationdetémoinsrepentisdanslaluttecontrelecrimeorganisé,lesdifficultésrencontréesaufildesansdanslagestionetlaprotec-tiondecescollaborateursdelajustice,l’apparitiondenouvellesréalitéstellesquel’utilisationd’agentscivilsd’infiltrationoulaluttecontreleterrorismeetl’évolutionducontextejuridique49justifientlanécessitédepoursuivrelaréflexionentaméeparlerapportGuérin,deprocéderàuneévaluationetderevoircertainesfaçonsdefaire.Cettenécessitéestentreautresillustréeparlesdoléancespubliquesdecertainsdélateurscesdernièresannéesconcernant
lesuivideleur«contratdedélateur»,particulière-mentauchapitredeladétention.
LerapportGuérinprévoyaitquele«comitécontrô-leur»devaitconclurelescontratsdedélateursetenassurerlesuivi.Danslesfaits,sidescomitéscontrô-leurssesontréunispournégocierles«contratsdedélateurs»,lesuividesententess’estavérépluspro-blématique.Eneffet,ilfauttoutd’abordmention-nerquele«comitécontrôleur»,composéd’unre-présentantduProcureurgénéral,d’unreprésentantduministèredelaSécuritépublique,d’unreprésen-tantdesservicescorrectionnelsetd’unreprésentantduservicedepoliceconcernén’apasd’existenceper-manente.Ilestconstituédemanièreadhocpourlasignaturedechaqueententeparticulière.Oncom-prendraalorsquecetorganismeàl’existenceponc-tuellen’estpasvéritablementenmesured’assurerlesuividesententesàlongterme50.
Lesuividesententessignéesaveclescollaborateursdelajusticeposeessentiellementundoubleproblè-me.D’unepart,sesoulèvelaquestiondedétermi-nerquellepersonneouquelorganismedevraitas-sumercetteresponsabilité.D’autrepart,laquestiondelagestiondesdifférendsentrel’Étatetlecollabo-rateurseposeavecacuité.
Siaucuneméthodeparticulièred’encadrementdel’activitédeprotectiondestémoinsnesemblesedé-marquerdesdiversmodèlesquiexistentdanslemon-de,ilimportedementionnerqu’uncertainconsensusparaîtsedégagersurlespratiquesàencouragerouàmettreenplace(bestpractices)afindegérerlemieuxetlepluséquitablementpossiblelescollaborateursdelajustice.Àpremièrevue,leQuébecsecompa-reavantageusementauxautrespaysdéveloppésencequiconcernelaprotectiondescollaborateursde
49 Pensonsnotammentàl ’obligationdedivulgationdelapreuvereconnuecommeétantuneexigenceconstitutionnelleliéeaudroit àunedéfensepleine et entière.Cette obligation s’est beaucoupdéveloppée et s’est préciséedepuis le rapportGuérin.
50 LefaitquelerapportGuérinconfiaitaucomitédecontrôlelaresponsabilitédefaireunrapportannuelexpliquepeut-êtrepourquoicetterecommandationn’aguèreétésuivie.
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lajustice.Maislasituationn’yestpasparfaiteetilyaplaceàl’amélioration,particulièrementauxcha-pitresdesconditionsdedétention,du«contratdedélateur»etdesmesuresàprendrepourdiminuerlesattentesparfoisdémesuréesdecertainsdélateursainsiquepourlagestiondeleursdoléances.Certai-nesaméliorationspourraientaussiêtreapportéesencequiconcernelagestiondeschangementsd’iden-titéetpourfaciliterlacollaborationentrelesmul-tiplesintervenantsengagésdansceprocessus.Ilestclairqueleprésentrapportnepeutàluiseultoutré-gler.Ilvisedoncàfairedesrecommandationsdes-tinéesessentiellementàaméliorercequiexisteouàsuggérerdespistesderéflexionsurdesquestionspluscomplexes.
L’organisme officiellement chargé de la protection des collaborateurs de justiceToutaulongdesestravaux,lasoussignées’estde-mandésiunorganismeindépendantdevraitêtreres-ponsabledelaconclusionetdusuividescontratsdedélation.Cetteidéedelacréationd’unorganismeindépendantaétéavancéeàplusieursreprises,no-tammentparl’AssociationdestémoinsspéciauxduQuébec51,sanstoutefoisquenesoitpréciséesafor-meousaresponsabilitéexacte52.
Ilexistebiensûrplusieursmodèlesdanslemonde,etcertainspaysontconfiéouenvisagentdeconfierlamaîtrised’œuvredelaprotectiondestémoinsàuneagencegouvernementale.Iln’existetoutefoispasdemodèlesusceptibledeconstituerunesolutiontoutefaiteauxproblèmesliésàlaprotectiondescollabo-rateursdelajusticeauQuébec.Ilfautpréciserquelesmodèlesmisenplacepourassurerlaprotectionetlagestiondestémoinsvarientsensiblementd’unpaysàl’autre,selonlecontextejuridique,social,his-
toriqueougéographiquedechacun.Pournedonnerqu’unexemple,mentionnonslesdifférencesnotablesdesuperficieentrelesdiverspays,certainsmoinspopuleuxn’ayantpasd’autrechoixpourlesproté-gerqued’«exporter»leurscollaborateurs.Certainspayssesontdotésd’uneloi-cadre,d’autresnon.Cer-tainsdisposentd’unorganismeassezindépendant,d’autresconfientdirectementlatâcheàunouplu-sieurscorpsdepolice.C’estlecas,entreautres,del’Angleterre,del’Allemagne,del’IrlandeetduCa-nadaoùla Loi sur le programme de protection des té-moins 53confieauCommissairedelaGendarmerieroyaleduCanadalaresponsabilitéd’administrerleprogrammefédéraldeprotectiondestémoins.
Ailleurs,c’est lecasenOntario,l’administrationdesprogrammesdeprotectiondestémoinsrelèveduProcureurgénéralquitravaillealorsavecdesef-fectifsdétachésdescorpsdepoliceouavecdespo-liciersàlaretraite.
AuxÉtats-Unis,lorsquel’AssistantUSAttorneyes-timequ’untémoindevraitêtreprotégé,ildoitadres-serunedemandemotivéeàl’OfficeofEnforcementOperations(OEO)duministèredelaJusticequidis-posedelacompétenceexclusivepourdécidersiunepersonneseraadmiseauprogrammedeprotectiondestémoins.Cettedécisionestpriseaprèsconsul-tationavecleUSMarshallsServicequiprocèdeàuneévaluation.Lorsqueletémoinestadmisaupro-grammeparl’OEO,ilestplacésouslaprotectionduUSMarshallsService.C’estdoncaussileminis-tredelaJusticequiestresponsabledel’applicationduprogrammedeprotectiondestémoins.Lasitua-tionestàpeuprèslamêmeenAfriqueduSudoùleBureaudeprotectiondestémoinsrelèveégalementduministredelaJustice.
51 Anciennementl ’AssociationdetémoinsrepentisduQuébec.Danslemémoireprésentéàlasoussignée,l ’associationpré-coniselacréationd’uneagenceindépendantesanstoutefoisélaborerénormémentsursaconception.Lasoussignéeretientcependantquel ’expérienceaméricainedevraitseloneuxservirdemodèle.
52 C’estaussi,semble-t-il,uneidéeavancéeparlerapportPoitras,précité,note18,auxp.1205etsuiv.,maislànonplusl ’idéen’estpastrèsélaborée.
53 Précitée,note15.
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Ailleurs,enBelgiqueparexemple,unorganismeindépendant,laCommissiondeprotectiondesté-moins,composéeduProcureurfédéral,d’unprocu-reurduRoi,dudirecteurgénéraldelapolicejudi-ciaire,dudirecteurgénéraldel’Appuiopérationneldelapolicefédérale,d’unreprésentantduministè-redelaJusticeetd’unreprésentantduministèredel’Intérieur,décidedel’octroi,delamodificationouduretraitdesmesuresdeprotectionetdel’aidefi-nancière.
EnItalie, ilexisteuneCommissiondeprotectioncentraledestémoinsquiprendlesdécisionssurpro-positiond’unprocureurdeconfieruntémoinàunprogrammedeprotection.Lamiseenœuvrepra-tiquedesprogrammesdeprotectionyesttoutefoisassuréeparleServicecentraldelaprotectiondesté-moinsrelevantdelaDirectioncentraledelapoli-cecriminelleauseinduDépartementdelasécuri-tépublique54.
Ainsi,plusieursmodèlesadaptésàlasituationparti-culièredechaquepaysexistent,maisdeuxconstan-tesgénéralespeuventsedégageretinspirer laré-flexion.
Premièrement,touss’entendentpourreconnaîtrequel’évaluationdelamenace,ladéterminationduniveaudesécuritéetlamiseenœuvredesmesuresdeprotectionconstituentessentiellementdutravailpolicier.Lavastemajoritédespaysconfientdoncàunservicepolicierlamaîtrised’œuvredelaprotec-tiondestémoinssurleterrain.
Deuxièmement,onconstatequ’unrôledecoordi-nationetdesupervisionestrégulièrementconfiéàunepersonneouàunorganismerelevantduminis-tèredelaJustice.C’estnotammentlecasauxÉtats-UnisetenOntario.Ilnefautpaseneffetperdredevuequelaprotectionestaccordéeàdestémoins
dontlepoursuivantestimeletémoignageessentielalorsquecertainesmesuresdeprotection,commelechangementd’identité,requièrentdeschange-mentsmajeursàlasituationjuridiquedelaperson-ne.Enoutre,leministredelaJusticeestceluiqui,auseindugouvernement,al’intérêtleplusgrandàmaintenirlaconfiancedestémoinsencequiregar-deleursécuritéetlacapacitédel’Étatdeleurassu-reruneprotectionadéquate.
Ilimportedementionnerqu’aprèsétudedesdiversmodèlespossibles, lasoussignéeenestvenueàlaconclusionquelacréationd’unenouvellestructuregouvernementalen’estpasdenatureàaméliorerra-dicalementlagestiondescollaborateursdelajusticeetqueriennejustifierait,auQuébec,l’abandondumodèlequis’estdéveloppéaucoursdesans.
Auxyeuxdelasoussignée,iln’estpasnécessairedecréerunenouvellestructureimposante.Ilconvien-draitplutôtdeconfieràuneunitéauseinduminis-tèredelaJusticelemandatclaird’assurerlesuividesententesenmatièredeprotectiondescollaborateursdelajusticeetdejouerlerôledecoordinationentrelesdiversintervenantsquelerapportGuérinavaitprévuconfierau«comitécontrôleur».
Lapolitiquegouvernementaledontleprésentrapportrecommandel’adoptionenmatièredeprotectiondescollaborateursdejusticedevraitclairementconfierauministredelaJusticelesoindecoordonnerl’uti-lisationdescescollaborateurs.Eneffet,c’estlemi-nistreauseindugouvernementqui,enraisondesonmandat,al’intérêtleplusgrandàcequelestémoinsmenacéssoientadéquatementtraités,cetraitementexigeantparailleurslacollaborationd’ungrandnombred’intervenantsgouvernementaux.Lemi-nistredelaJusticedeviendraitainsilereprésentantdel’Étatquis’engagevis-à-visdutémoin.
54 VoirBEERNAERT,Marie-Aude,Repentis et collaborateurs de justice dans le système pénal : analyse comparée et critique,BibliothèquedelaFacultédedroitdel ’UniversitécatholiquedeLouvain,Bruylant,Bruxelles,2002,auxp.217etsuiv.pourl ’Italie.Pourunaperçutrèsgénéraldesdiversmodèlespossibles,voirCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,àlap.13.
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Cettepolitiquegouvernementaledevraitdurestecer-nerlesresponsabilitésdesprincipauxministèresetorganismesconcernéstoutenindiquantclairementquelefaitdedésignerainsileministredelaJusticecommeresponsabledelacoordinationn’apaspoureffetdelerendreimputabledesobligationsincom-bantauxautresministèresetorganismesconcernés.Étantdonnéqueceux-cidoiventdemeurerentière-mentresponsablesetimputablesdesresponsabilitésquileurincombentselonlesconditionsdeleurman-datrespectif,cemandatdevraitêtreprécisédanslapolitiquegouvernementaleencequitouchelapro-tectiondestémoins.
En conformité avec l’engagement contenu dans la politique gouvernementale sur la protection des collaborateurs de justice, le ministère de la Jus-tice devrait créer un bureau chargé de la coordi-nation et du suivi de la protection des collabo-rateurs de la justice de même que des demandes de changement d’identité (ci-après appelé le Bu-reau de coordination et de suivi des ententes). Ce bureau devrait être composé de quelques fonc-tionnaires indépendants de la poursuite et des enquêtes.
LeministèredelaJusticeassumeraitdonclarespon-sabilitédelasignatureetdusuividel’entente,tâ-chesquelerapportGuérinavaitconfiéesaucomitédecontrôle,maisquecelui-cipouvaitdifficilementassumerenraisonprincipalementdesoncaractèrenonpermanentetdelapluralitédesintervenantsinterpellés,plusieursnefaisantd’ailleurspaspar-tiedececomité.
CertainsaspectsdurôleduBureaudecoordinationetdesuividesententesserontprécisésdanslespa-gesquisuivent,maisonpeutd’oresetdéjàavancerlesélémentsgénérauxsuivants.
Ce bureau, à caractère permanent, devrait assu-mer les tâches administratives découlant de l’uti-lisation et de la protection de collaborateurs de la justice.
Parexemple,ilpourraitluiincomberd’assumerlesresponsabilitéssuivantes:
•Élaborationdeprincipesdegouvernancerelative-mentàlaprotectiondestémoinsauQuébec;
•Misesurpiedd’ungroupedespécialistessurlesas-pectsjuridiquesdelagestiondelaprotectiondestémoins,lesaspectspratiquesrelatifsàl’évaluationdelamenaceetàlaprotectionsurleterrainconti-nuantcependantdereleverdel’expertisepolicière;
•Négociationetrédactiondeprotocolesentrelemi-nistèredelaJusticeetlesdifférentsministèresetor-ganismesconcernésparleschangementsd’identitéetlesautresaspectsdelaprotectiondestémoinsenvuedecirconscrire,conformémentàlapolitiquegouvernementale, lesconditionsdelacollabora-tiondesentitésgouvernementalesetparagouver-nementales;
•Rédactiond’ententestypes,parexemplecellesde-vantrégirlestémoinsrepentis,etprestationdeconseils juridiquesauxdiversintervenantsenga-gésdanslaprotectiondestémoins;
•Formationdesdifférentsintervenants,parexem-pleenmatièredepréventiondebrisdesécuritéetd’autressourcesd’insécurité,enmatièred’exigen-cesdeconfidentialitédansletraitementdeschan-gementd’identité,etc.,ainsiqueformationsurledéveloppementdelajurisprudenceenmatièredeprotectiondestémoinsetsurd’autressujetsconnexesd’intérêt;
•Présentationd’expertsdevantlestribunauxsurdesquestionstellesquelaportéeduprivilègedel’infor-mateur,lanécessité,sousl’angledelasécurité,deprotégertelsoutelsrenseignements(notammentenraisondel’effetmosaïque)àl’occasiondeladivul-gationdelapreuve,dedemandesd’accèsàl’infor-mationoud’autrestypesderequêtessusceptiblesdecompromettrelasécuritédestémoins,etc.;
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•Rédactiondemémoiresàl’intentiondestribunaux,particulièrementlestribunauxd’appel,decomitésparlementairesetcomparutiondevantcesinstan-ces,lecaséchéant,ainsiqueparticipationàdesfo-rumsnationauxetinternationauxsurlaprotectiondestémoins,etc.
Dansunordred’idéestotalementdifférent,lasous-signées’estlonguementinterrogéesurlanécessitédeconserver,auQuébec,deuxprogrammesdistinctsdeprotectiondestémoins,celuidelaSûretéduQué-becetceluiduServicedepolicedelaVilledeMon-tréal55.L’existencedeplusd’unservicedeprotectiondestémoinsentraînenécessairementdesdifférencesdanslesfaçonsdetraiterlescollaborateursdelajus-tice,mêmesilasoussignéeapuconstateruneréellevolontédecollaborationetunpartaged’informa-tionentrelesdeuxservices.L’existencededeuxser-vicespeutparailleursentraînerunredoublementdecoûtsdifficilementjustifiable.
La soussignée recommande donc qu’une réflexion sérieuse soit amorcée sur la possibilité de consti-tuer une unité chargée formellement de coordon-ner l’action des deux services et d’harmoniser les pratiques56. À tout le moins, à plus court terme, la soussignée recommande la création d’un co-mité d’harmonisation des pratiques policières en matière de protection des collaborateurs de la justice.
L’annexe G de la Loi sur la police devrait par ailleurs être modifiée afin de refléter la pratique actuelle où seuls les services de police offrant des services de niveau 5 et 6 ont un programme de protection des témoins.
Le recrutement des collaborateurs de la justice, les attentes et la portée réelle du contratNousl’avonsdéjàmentionné,lestémoinsrepentisoffrentrarementleursservicesàlapoliceouàl’ap-pareiljudiciaireparespritciviqueouenraisond’unprofondrepentir.Ilscollaborerontfauted’uneautreoptionviable.
LaprofesseureLouiseViaul’expliquebien:
Concrètement, les délateurs issus du monde de la mafia ou des motards se manifestent et offrent leur collabora-tion aux autorités policières et judiciaires parce qu’ ils n’ont pas d’autre choix lorsque des incidents survenus au sein de leur organisation ou une lutte sans merci entre bandes rivales leur font craindre pour leur vie. Dans d’autres cas, lorsqu’ ils sont démasqués et qu’ ils font face à des accusations criminelles graves pouvant donner lieu à des peines d’ incarcération importantes, voire à la peine de mort s’ ils sont poursuivis dans cer-tains États américains, c’est l’espoir d’avantages pour eux-mêmes ou pour leur famille qui les incitent à la délation57.
Règlegénérale,lerepentipasseauxaveuxàlasuited’uneraflepolicièreoudeladécouvertedelapré-caritédesasituationauseindesongroupe.Ilpeutalorsdéciderdemonnayersacollaboration.
Iln’appartientpasàlasoussignéedetraiterdespo-litiquesderecrutementoud’utilisationdescollabo-rateursdelajustice58entantquetelles,maisilluisembleopportundesuggérercertainespratiquesàadopterouàencouragerpouréviterdecréerdesattentesdémesuréeschezcesderniers.Ilfautaus-siveilleràempêcherl’escaladedesrevendicationsà
55 Danssonétatactuel,laLoi sur la police,précitée,note8,prévoitenoutrelapossibilitédelamiseenplaced’unservicedeprotectiondestémoinsauseinduServicedepolicedelaVilledeQuébec(puisquel’annexeGdelaloiprévoitquelapro-tectiondestémoinsestconsidéréecommeunservicepoliciernonseulementdeniveau5et6maisaussideniveau4).
56 Cetterecommandationsembleallerdanslemêmesensquecelleformuléeàlap.1206durapportPoitras,précité,note18.
57 LouiseVIAU,précitée,note34,àlap.529.VoiraussiEarly,Pete&Schur,Gerald,précité,note33,p.216.58 Saufàréitérerqu’il s’agitd’unoutileff icacede luttecontre lacriminalitéquiengendredes frais importantsetquede
nombreuxpayslimitentsonutilisationàlaluttecontrelacriminalitélaplusgrave.
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mesurequelerepentiressentmoinslapressionetperddevuelasituationdanslaquelleilsetrouvaitaumomentoùilaprisladécisiondecollaboreraveclajustice.Eneffet,cetteescaladepeutmettresavieendangersicedernierfaitvaloirsesdoléancesencontrevenantauxrèglesélémentairesdeprotection,parexempleens’adressantauxmédiaspourpubli-ciserdesdemandesdenatureàrévélersonstatutdecollaborateurdelajustice.
Silerepentioul’agentcivild’infiltrationsemblefia-bleetfournitdesrenseignementsimportantspourlesenquêteurs,ilpeutêtretentantpourcesderniersdeluifairemiroitercertainsavantagesafind’obtenirleplusderenseignementspossible.Unefoisl’enquê-teterminée,cesontlesservicesdeprotectiondesté-moinsquidoiventcomposeraveclespromessesfai-tesparlesenquêteurs.Ilimportedoncd’instituerdespratiquesdestinéesàétablirclairementunedis-tinctionentrel’enquêteetlaprotectionducollabo-rateur.Cedernierdoitparfaitementcomprendrequelesenquêteursaveclesquelsil faitaffairesnesontpasresponsablesdesaprotectionàl’issuedespro-céduresetqu’unservicetotalementindépendantsechargerad’évaluerlamenaceàlaquelleilpourraitalorsêtreexposéetd’évaluerledegrédeprotectionquipourraitluiêtrefourni.Àcetégard,lecollabo-rateurdoitcomprendrequelespromessesquipour-raientluiêtrefaitesparlesenquêteursnelientpasleservicedeprotectiondestémoins59.Cettesépa-rationnetteentrel’enquêteetlaprotectionestunepratiqueessentiellesurlaquelles’entendentetinsis-tenttouslesintervenantsrencontrésparlasoussi-gnée60.L’indépendanceentrelesactivitésd’enquêteetlesactivitésdeprotectiondoitêtrelaplustotale
possiblesionveutétablirclairementquelaprotec-tionn’estpasunerécompensepourlacollaborationetsionveutéviterlesdoléancesfutures.SelonlesreprésentantsduUSMarshallsServicerencontrés,lespromessesirréalistesfaitesautémoinrepentiaumomentdel’enquêtedepolicesontunedesentra-vesmajeuresaubonfonctionnementduservicedelaprotectiondestémoins.
LesdirectivesrégissantlescorpsdepoliceauQué-becsontclairesàceteffet61.Ellesindiquentnette-mentquelaprotectiondestémoinsrepentisrelèvedel’unitéchargéedelaprotection,etnondel’unitéd’enquête.Ilestessentield’insistersurl’importan-cedecesdirectivesetsurlavigilancedetouslesins-tantsquidoitprésideràleurmiseenœuvre.
Parailleurs,l’existencedecesdirectivesdevraitêtrerégulièrementrappeléeauxenquêteursquitravaillentavecdescollaborateursdelajustice.La soussignée recommande que des sessions de formation des-tinées expressément à expliquer aux enquêteurs qui travaillent avec les collaborateurs de la jus-tice, l’importance fondamentale de la séparation nette devant exister entre l’enquête et la protec-tion soient régulièrement organisées. Ces ses-sions de formation devraient aussi profiter aux gestionnaires chargés de l’application de ces di-rectives.
Silesdirectivesgouvernantlespolicierslorsqu’ilsagissentavecdestémoinsrepentissontclaires,lasi-tuationestmoinslimpidelorsquelespolicierstra-vaillentavecdesagentscivilsd’infiltration62.Toutsepasse,enfait,commesionperdaitparfoisdevue
59 VoirCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,àlap.19.60 VoiraussiCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,àlap.25.61 VoirlaPolitique de gestion des témoins repentisdelaSûretéduQuébec,précitée,note8etleManuel de politiques et pro-
céduresduServicedepolicedelaVilledeMontréal,précité,note8.62 Ilsnesontpasvisésspécif iquementparlapolitiquedegestiondelaSQ,précitée,note8niparlapolitiqueduSPVM,
précitée,note8.Àcetégard,lasoussignéerenvoieaucommentaireformuléilyadéjàplusieursannéesparlacommissionPoitrasquiindiquait,àlap.1186desonrapport,précité,note18:«Danscecontexte,ilestdiff iciledetireractuelle-mentquelques constats que ce soient sur l ’utilisation, l ’encadrement et la supervisiondes agents-sources.Cependant,laCommissionestd’avisque laSûretéduQuébecdevrait s’imposeruneréf lexionsur le sujetdumêmetypequecellequ’ellesuggéreradanslespagesquisuiventquantàl ’utilisationdesinformateursetdesdélateursentenantcomptedesadaptationsd’usage.»
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quel’agentcivild’infiltrationestuntémoinrepen-tienpuissance.Pourlespoliciers,l’agentcivild’in-filtrationsedistinguedutémoinrepentiencequelesrenseignementsqu’ilfournitsontplusfiablesqueceuxfournisparcedernier.Eneffet,ilestpossible,toutaulongdel’enquête,devérifierlavéracitédesrenseignementsfournisparl’agentcivild’infiltra-tion,cequi,danslecasdesrenseignementsfournisparletémoinrepenti,nepeutsefairequ’aprèscoup,danslarecherchedecorroborationdesrévélationsdecedernier,cequiestplusdifficileetpluscoûteux.Celadit,cettedistinctionn’expliqueenrienladif-férencedetraitemententrecesdeuxtypesdecol-laborateursdelajusticelorsquec’estdeprotectionaprèsl’enquêtedontilestquestion.
L’agentcivild’infiltrationfournitdesrenseignementsauxenquêteurscontrecertainsavantages.Tantqu’ilinfiltrelemilieucriminel,ilcourtunréeldanger.Lesavantageséconomiquesparfoisimportantsquiluisontconsentisconstituentunerémunérationàlafoispourlesrenseignementsqu’ilfournitetpourledangerqu’ilcourt.Lesenquêteursontaussitoutintérêtàassurerlaprotectiondeleuragentpournepasfaireavorterleurenquête.Dèsladivulgationdelapreuve,quandcen’estpasaumomentmêmedelarafle(oufrappe),lescriminelsarrêtéscomprennentlerôlejouéparl’agentcivild’infiltration.Générale-mentaussi,letémoignagedecedernierseranéces-sairepourobtenirdescondamnations63.Danstouslescas,l’agentcivild’infiltrationdevrafairel’objetd’uneformeoud’uneautredeprotection.Sesatten-tesàcetégardsontmêmeparfoisplusgrandesquecellesdurepenti.Eneffet,souventonestvenulere-cruterpourparticiperàl’enquête,parcequ’il«faitpartiedel’équiped’enquête»etque,plussouvent
qu’autrement,despromessesluiontétéimplicitementouexpressémentfaitesquantàsaprotection.Or,lapersonnalitédesindividusprêtsàagircommeagentscivilsd’infiltrationestinfinimentcomplexe,cequientraîneaussinécessairementunegrandecomplexi-téaumomentd’assurerleurprotection.Àcetégard,rappelonsquelamajoritédesservicesdepolicequelasoussignéearencontrésàl’extérieurduQuébecrefusentdetravailleravecdesagentscivilsd’infiltra-tionourefusentdereconnaîtrequ’ilslefont.
Dans ce contexte, il est tout d’abord recomman-dé que les directives régissant les enquêtes poli-cières établissent clairement un mécanisme d’éva-luation préalable des agents civils d’infiltration par les unités de protection des témoins avant qu’une entente soit conclue avec eux.
Par ailleurs, la soussignée recommande que la Loi sur la police soit modifiée de manière à éta-blir clairement que seuls les corps de police ha-bilités à mettre sur pied des programmes de pro-tection des témoins sont autorisés à recourir aux services d’agents civils d’infiltration.
Lesenquêtesmenéesparlescorpsdepolicedeni-veau1,2ou3nejustifientpaslerecoursàl’armesophistiquéeetextrêmementcoûteusequereprésen-tel’agentcivild’infiltrationouàdessourcessuscep-tiblesdeledevenir.Parailleurs,iln’estpaslogiquequedescorpsdepolicequinefournissentpasdeser-vicesdeprotectionpuissentdévelopperdessourcesquinécessiterontunniveauélevédeprotectionqued’autresdevrontforcémentmettreenœuvre,pluscertainementleServicedeprotectiondestémoinsdelaSûretéduQuébec.
63 Commel’indicateurdepoliceaagientantqu’agentdel ’État,sonprivilègeneluiestpas,saufexception,applicable.VoirR.c.Scott,[1990]3R.C.S.979etR.c . G.B.,précité,note4:ilpeutêtreagentpouruneenquêteetsimpleinformateurpouruneautre.
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En attendant des modifications législatives, des directives forçant la consultation du Service de la protection des témoins de la Sûreté du Québec doivent être adoptées et une formation aux poli-ciers appartenant à un corps de police offrant un niveau de service qui ne comprend pas la protec-tion des témoins s’impose pour que soient réguliè-rement rappelées les difficultés liées à la gestion et à la protection des agents civils d’infiltration.
Le « contrat de délation » et les ententes de protectionLecomitéGuérinamisdel’avantle«contratdedélation»commeprincipalinstrumentdeprotec-tiondespartiesainsiquedetransparenceetdecré-dibilitédusystèmed’utilisationdestémoinsrepen-tis.CetterecommandationcentraledurapportaétéinstauréeauQuébecavecsuccès64.Ilfauttoutefoisconstaterquesilatechniqueducontrata,dansunelargemesure,permisdesatisfairelesobjectifsquiavaientétéfixésàl’époque,letempsetl’expériencerévèlentquecetypedecontratproduitdesincon-vénientsnonnégligeables.
Toutd’abord,le«contratdedélateur»utiliséauQuébecengendreuneréelleconfusionentrelesavan-tagesconsentisaurepentietlesmesuresdeprotec-tionquidevrontluiêtreaccordées65.Illaisseenef-fetentendrequelaprotectiondutémoinconstitueunavantageliéàsacollaboration66.AlorsqueleseulavantageréellementconsentiaurepentirésidedansletraitementdespoursuitesparlesubstitutduPro-cureurgénéraletdanslesrecommandationsquecedernierpeuts’engageràfaireausujetdelapeine,le«contratdedélateur» laisseaussientendrequelaprotectionestunavantagepouvanttoutnaturelle-mentfairel’objetd’unenégociation.Or,laprotec-tionneconstituepasunerécompenseetnedevraitpasêtreprésentéecommetelle.Enoutre,l’évalua-
tionduniveauderisqueauquelestconfrontélecol-laborateurdemêmequel’évaluationdudegrédeprotectionquiycorrespondconstituentdesactesprofessionnelsquiincombentauxunitésdeprotec-tiondestémoinsetquinepeuventdoncenaucuncasfairel’objetd’unquelconquemarchandagelorsdelasignaturedel’entente,d’autantplusquel’évalua-tiondelamenacenepourraêtrefaitequeplustard,soitlorsqueletémoinseralibéré(généralementsouscondition).Aumomentdel’entente,seulelamena-cerelativeaustatutderepentietàladétentionpeutfairel’objetd’uneévaluation.
Ensuite,danslebutavouéd’empêchertouteescala-dedesdemandesdelapartdescollaborateursdelajustice,le«contratdedélation»doitêtredéfinitif.Or,leniveauderisqueauquelestconfrontéunre-pentipeutévolueravecletempsetlescirconstancesetnécessiterunemodificationdesmesuresdepro-tection.Lesavantagesconférésdoiventêtredéfini-tivementfixés,maislesmesuresdeprotectiondoi-ventpourleurpartêtreadaptéesaucontexteetauxbesoinsquitousdeuxévoluent.Commel’enseignel’expérienceunpeupartoutdanslemonde,lapro-tectiondestémoinsconstitueunengagementàlongterme.Lanécessairepratiquedenégociationd’adden-daàplusieurs«contratsdedélation»quis’estdéve-loppéeauQuébecdécouledecetteréalité.Ilenestrésultéunecertainepertedecrédibilité,dumoinsenapparence,dusystèmequébécoisainsiqu’unfar-deautrèslourdpourceuxquiontdûyparticiper.Saufpourlesententesdéjàconclues,iln’estpassou-haitabledeperpétuercemodèle.
Enoutre,le«contratdedélateur»sevoulait,sui-vantlecomitéGuérin,unoutildetransparence.Or,s’ilestaviséd’êtreabsolumenttransparentauregarddesavantagesconsentisaucollaborateurdelajusticeenéchangedesacollaboration,l’efficaci-
64 VoirR.c.Tresh,[2003]¸Q.J.no11327,J.E.2003-1729etLouiseVIAU,précitée,note34.65 Lesmêmesremarquespeuventparfoisêtrefaitesrelativementaucontratd’agentcivild’infiltration.66 LetextedelaTEM-3,précitée,note8,renforcecetteimpression.
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tédesmesuresdeprotectionrequiertpardéfinitionlesecret.Enfait,tantl’évaluationdelamenacequel’évaluationpsychologiqueducollaborateuretledispositifmisenplacepourleprotégerdoiventres-tersecrets.Lescontratsactuelssuscitentlasuspicionparcequ’ilsdévoilentcertainesmesuresdeprotec-tion,parexemplelasommemensuelleallouéepouruneréinstallation,alorsquecettesommes’avèresou-ventinsuffisante.
Finalement,le«contratdedélation»,commeilexisteauQuébec,engendredelaconfusionsurlespartiesàl’ententeetsuscitedesinsatisfactions.LerapportGuérinn’estpasparticulièrementclairsurlaquestion.Parfois,ilfaitréférenceàquatresigna-taires,parfois il faitréférenceàdeuxparties, lais-santentendrequelesdeuxpartiessont,d’unepart,lerepentiet,del’autre,l’État.Danslapratique,lecontratestsignéparletémoinrepentiainsiqueparunsubstitutduProcureurgénéral,unreprésentantdelaDirectiongénéraledesaffairespolicières,delapréventionetdesservicesdesécurité,unrepré-sentantdelaDirectiongénéraledesservicescorrec-tionnelsduQuébecetunreprésentantduservicedepoliceprenantpartàlagestiondudossier.Lesnombreusesinstancesetagencesgouvernementalessusceptiblesd’êtremisesàcontributionparlepro-grammedeprotectiondutémoinnesontpaspartieàl’entente,parexemple,leDirecteurdel’étatciviloulaSociétédel’assuranceautomobileduQuébecouencorelaRégiedel’assurancemaladieduQué-bec.Etquediredesministèresetservicesfédérauxquidevronteuxaussiêtremisàcontributionetas-sumerlapartderesponsabilitéquileurincombese-lonlesmandatsdéfinisparlaloi.Rappelonssim-plementiciàtitred’exemplequelasignatured’un«contratdedélateur»pardesautoritésquébécoisesnecomprendpasleServicecorrectionnelduCana-da,pourtantresponsableaupremierchefdeladé-tentiondelaplupartdesrepentis.
Pour remédier à ces multiples difficultés, la sous-signée recommande de distinguer complètement le « contrat de collaboration » et le protocole d’ad-hésion au programme de protection des témoins. Le collaborateur de la justice devrait en effet si-gner deux documents distincts, soit un contrat de collaborateur et un protocole de respect des conditions imposées par le programme de pro-tection.
1- Le contrat de collaborateur Lecollaborateurdelajusticequiacceptederendretémoignagemoyennantcertainsavantagesdevraittoujoursconclureuneententeavecl’État,pratiquedéjàenvigueurlorsdestravauxdugroupedetravailprésidéparlejugeGuérin67.CetteententedevraitêtresignéeparlecollaborateuretparleministredelaJusticeousonreprésentant.Cetterecommanda-tiondécouledufaitque,danscegenred’entente,lesseulsavantagesréellementconsentisaurepentilesontparlepoursuivantquipeutdéciderderéduireoudenepasportercertainesaccusationsouencoredeconclureuneententesurleplaidoyer.
Iln’apparaîtpasnécessairedefaireinterveniraucontrattouslesacteursdelaprotection.Commenousl’avonsdéjàmentionné,lasignatureparplu-sieursintervenantsdanslapratiqueactuellen’estpassatisfaisantedanslamesureoùtouslesacteursengagésdanslaprotectiondescollaborateursn’ap-paraissentpasaucontratetoùlessignatairesnesontparfoispasenmesurederespecterleurengage-ment,généralementfautederessources.Plutôtquedemultiplierlesintervenantsaucontrat,ilestbeau-coupplussimpledeprévoirqueseulleministredelaJusticeousonreprésentantprendral’engagementau nom de l’État.
Lecontratdecollaborationaveclajusticedevraitprévoirl’engagementdurepentidecollaboreravec
67 RapportGuérin,précité,note2,àlap.83.
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lajusticedemêmequ’ildevraitêtreexplicitesurlesavantagesconsentisàcedernier.Lesmesuresdepro-tectionmisesenplace,quineconstituentpasdesavantagesàproprementparler,telleslessommesprévuespoursaréinstallationlorsdesalibérationconditionnelle,nedevraienttoutefoispasêtremen-tionnéesdansl’entente.Pourdesraisonsdetrans-parenceetpourrassurerletémoin,lecontratdevraitcependantmentionnerquelecollaborateurbénéficie-rademesuresdeprotections’ilsatisfaitauxcondi-tionsd’admissionetdemaintienauseind’unpro-grammedeprotectiondestémoins.
RappelonsquelerapportGuérinnefaisantpasdedistinctionentrelesavantagesconsentisaucollabora-teuretlesmesuresdeprotection,ilaétérecomman-déd’inscrireentouteslettresaucontratdedélateurlessommesd’argentconsentiespourlaréinstalla-tionoularéinsertionsocialeunefoisletémoignagerenduetlapérioded’incarcérationterminée.Avecletemps,cegenredepratiqueaposédesdifficultésréelles.Toutd’abord,lesconditionsducontratsevoulantdéfinitives,ils’estavéréimpossibled’indexerlessommesprévuespourtenircomptedechange-mentsdecirconstancesou,toutsimplement,delahausseducoûtdelavie.Enconséquence,dessom-mesd’argentprévuesdanscertainscontratsenfraisdesubsistance(parexempleunesommede400$parsemaine)sesontparfoisavéréesavecletempsin-suffisantesetlesservicesdepoliceontdûcompen-serpourassurerlaprotectiondecertainscollabo-rateursalorsque,dansd’autrescas,lanégociationd’addendaàcertainscontratsa,jusqu’àuncertainpoint,attaquéleprincipedeleurcaractèredéfinitif.Unetellepratiqueaaussiébranlélacrédibilitédusystème.Selonlasoussignée,pasplusquelesautresmesuresmisesenœuvrepourprotégerlecollabora-teur,lessommesdirectementdestinéesàsaprotec-tionouàsaréinstallationneconstituentdesavan-tagesetnedevraientdoncpasêtrementionnéesaucontrat.Lecontrôlebudgétairedesprogrammesdeprotectiondestémoinsetcollaborateursdelajusti-
cedevraits’effectuerdemanièreglobale,etnonpasaucasparcas.Celaétantdit,danslamesureoùdessommesd’argentseraientverséesàuncollabo-rateuràtitred’avantagesencontrepartiedesacol-laboration,ellesdevraientévidemmentapparaîtreaucontrat.Bienentendu,aucunedecessommesnepeutêtreverséeenfonctionducontenudutémoi-gnageoudel’issued’unprocès.
Danslamesureoùlecontratdecollaborationn’estpasexplicitesurlesmesuresdeprotectionenvisa-gées,riennejustifiel’interventiondescorpsdepo-liceoudesservicescorrectionnelslorsdelasigna-tureducontrat,mêmesiondevraitlesconsulteraupréalablepourvérifiers’ilsestimentêtreenmesured’assureruneprotectionefficacedutémoin.
Ilapparaîtaussiessentieldeconserver,avantlasi-gnatureducontrat,unmécanismeéquivalentàl’ac-tuel«comitédecontrôle».Eneffet,avantdeconclu-reuneententeavecuncollaborateurdelajustice,ilfautquelesubstitutduProcureurgénéralrespon-sabledespoursuitesensoitvenuàlaconclusionqueletémoignageducollaborateurestnécessairepourlespoursuitesetquecetémoignageoffresuffisam-mentdegarantiesdefiabilitépourêtreprésentéencour.Leservicedeprotectiondestémoinsconcer-nédoitquantàluiavoirconcluquelecollaborateurestsusceptibled’êtreadmisdansleprogrammedeprotectionaprèssalibération.LeServicecorrection-nelduCanadaquidevraenpremierlieuprendreenchargelecollaborateursicedernierdoitêtreincar-cérédevraitaussiêtreconsultéetprendredesenga-gementsfermesauprèsduministredelaJusticesi-gnatairedel’entente.
La soussignée recommande que l’entente actuel-lement prévue dans la directive Témoin repenti (TEM-3) ne soit dorénavant signée que par un représentant du ministre de la Justice, conférant ainsi à ce dernier un rôle de « guichet unique » en matière de gestion de la protection des colla-borateurs de justice.
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Le ministère de la Justice serait ainsi signatai-re de l’entente à titre de coordonnateur (à moins d’avoir souscrit à des engagements particuliers envers le témoin, auquel cas il serait lié bien sûr dans la mesure de ces engagements).
La soussignée recommande aussi que le ministre de la Justice ou son représentant ait la responsa-bilité de consulter un « comité de contrôle élar-gi », comprenant notamment, lorsque c’est per-tinent, un représentant du Service correctionnel du Canada, avant de conclure une entente avec un collaborateur de la justice.
Lesautresmembresactuelsducomitédecontrôle,soitlecorpsdepoliceetleMSP(affairespolicièresetservicescorrectionnels)etceuxquipourraients’yajouterneseraientcependantplussignatairesdel’en-tente,maisseraientnéanmoinsappelésàs’engager,auxtermesdeprotocolesparallèles,enversleminis-tredelaJustice.Parexemple,siexceptionnellementunrepentidevaitêtredétenuauQuébec, leMSP(servicescorrectionnels)devraitdansunprotocoleparticuliergarantirauministredelaJusticequelesconditionsdedétentiondutémoinserontadéqua-tes,permettantainsiausignatairedel’ententederassurerlecollaborateurdelajusticesurlaquestiondesasécuritéetducaractèreadéquatdesescondi-tionsdedétention.Ilimporteeneffetdeconserveretdeconsoliderlesacquisenmatièredeconcerta-tionetd’évaluationpréalabledutémoinauregard,parexemple,desacapacitédesatisfaireauxexigen-cesd’unprogrammedeprotection.
Lesententesconcluesaveclecollaborateurdelajusti-ceenvertudecenouveaurégimedevraientrenfermeruneclausetrèsexpliciteindiquantquelesignatairegouvernemental,soitlereprésentantduministredelaJustice,n’assumepaslesobligationsdesautresmi-nistèresetorganismesprenantpartauprocessusdeprotectiondestémoinsengénéraloudanslechan-gementd’identitéenparticulier.Sesresponsabilités
se limiteraientàcoordonnerlesactionsdesdiversintervenantsengagésdanscesmatières;cetteclau-ses’inscriraitdanslesillagedelapolitiquegouver-nementalequipermettraitdedélimiterclairementlesresponsabilitésdechacun.L’ententedevraitfai-reétatdefaçonexplicitedufaitqueleministredelaJusticeenétantlesignatairepourl’Étatn’enfaitpaspourautantledébiteurdesdiversesobligationsdécoulantdel’entente,sauflorsqu’ilalui-mêmeprisunengagementparticulierauseindecelle-ci.
2- Le protocole d’adhésion et de maintien au sein du programme de protection
Commenousl’avonsdéjàmentionné,l’évaluationdelamenaceetdudegrédeprotectioncorrespon-dantconstituentdesdécisionsàcaractèreprofes-sionnelquinepeuventêtrenégociées,bienquelecontratdecollaborationdoivementionnerquelecollaborateurbénéficierademesuresdeprotections’ilsatisfaitauxexigencesd’adhésionetdemain-tienauseind’unprogrammedeprotectiondesté-moins.Celadit,ilimportequelesobligationsmu-tuellesducollaborateuretduservicedeprotectiondestémoinssoientconsignéesparécrit,leplusclai-rementpossible,afindelimiterlesattentesetd’éta-blirsanséquivoquelesconditionsoptimalesenma-tièredeprotection.
La soussignée recommande que les attentes mu-tuelles du collaborateur et du service de protec-tion des témoins soient consignées dans un proto-cole d’adhésion au programme de protection des témoins totalement distinct du contrat de colla-boration. La soussignée recommande aussi que, comme il se fait dans la majorité des pays qui uti-lisent de tels protocoles, toutes les personnes ma-jeures concernées signent ce protocole (c’est-à-dire le collaborateur lui-même de même que ses pro-ches qui, s’ils sont d’accord, deviennent des bé-néficiaires des mesures de protection).
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CommelefaitbienremarquerlaprofesseureViau,le«contratdeprotection»constitueenquelquesorteuncontratd’adhésion68.Iln’endemeurepasmoinsquelaconsignationécriteduprotocoled’en-tenteoud’adhésion69estunepratiqueuniverselle-mentrépandue,essentielleàunesainegestiondesrapportsentrelecollaborateuretleservicedepro-tectiondestémoins.Dansuneétudesurlesbonnespratiquesenmatièredeprotectiondestémoins70,leConseildel’Europeconstate:
Dans les États membres, objets de cette étude, tous les services de protection des témoins ont recours à une sorte de mémorandum d’accord. Au sens formel, il ne s’agit pas d’un contrat; aucun droit n’en découle par consé-quent pour le témoin protégé. Il convient davantage de le considérer comme un code de conduite, qui dé-crit principalement ce que tout témoin protégé doit ou ne doit pas faire dans certaines situations…
Cegenredeprotocoled’adhésionexisteauQuébec,lesservicesdeprotectiondestémoinsdelaSûretéduQuébecetduServicedepolicedelaVilledeMon-tréalenayantdéjàélaboré.
Alors que les contrats de collaboration seraient si-gnés par le ministre de la Justice ou son représen-tant, la soussignée recommande que les protocoles d’adhésion continuent d’être signés et administrés par les spécialistes de la protection des témoins au Québec, soit les services de la protection des témoins de la Sûreté du Québec et du SPVM ou de l’unité d’harmonisation qui pourrait voir le jour.
Iln’existeaucuneraisondeprincipedemodifierlasituationetdecréerunautreorganismechargéde
remplircettefonction.Ilimportecependantd’in-sistersurl’indépendanceduservicedelaprotectiondestémoinsauseinducorpsdepoliceetdesapar-faiteautonomieauregardduservicedesenquêtes,etdes’assurerquecesprincipessontrespectésetfontrégulièrementl’objetd’unrappeldanslaformationdonnéeauxpoliciersenquêteursainsiqu’auxges-tionnairesd’enquêtes.
Enfait,leprotocoleélaboréparleservicedelapro-tectiondestémoinsdelaSûretéduQuébec,quenousavonseuleloisird’étudierplusattentivement,secompareavantageusementàceuxquisontutilisésailleursdanslemonde71.Cesprotocolessontgéné-ralementexplicitessurlesquestionssuivantes:
•Lesconditionsd’admissionetlefaitquelespro-messesquiauraientpuêtrefaitesparlespoliciersaumomentdel’enquêtenelientpasleservicedeprotectiondestémoins.
•Lesobligationsduservicedeprotectionsurlesme-suresàprendreenvuedeprotégerl’intéresséetsesproches.
•Lesconditionsfinancièresdelaprotection.
Plusieursprogrammesquenousavonspuétudierap-pliquentle«liketolikeprinciple»,cequiestloind’êtrelecasauQuébec.Commelefaitremarquerlecomitéd’expertsmandatéparleConseildel’Eu-ropepourétudierlesmeilleurespratiquesenmatiè-redeprotectiondestémoins:
L’admission d’une personne dans un programme de protection des témoins peut entraîner une améliora-
68 VoirLouiseVIAU,précitée,note34,àlap.562.69 LesAméricainsainsiquelesOntariens,lesAnglais,lesIrlandais,lesÉcossaiset,généralement,touteslespersonnesque
nousavonsrencontréesetaveclesquellesnousavonséchangéenanglaisutilisentl ’expression«MemorandumofUnders-tanding»ou«MOU»pourfaireréférenceàceprotocole,enfait,undocumentécritattestantdelacompréhensionetdel ’adhésiondusujet.
70 CONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,auxp.18et19.71 Pourunedescriptiondecequecontiennentgénéralementlesprotocoles,voirCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéen
pourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,auxp.18et19.
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tion de sa situation financière. Cela ne doit cependant pas constituer un motif pour entrer. Les trois services de protection de cette étude partent tous du principe selon lequel la situation financière des témoins proté-gés doit être semblable à celle qu’ ils avaient avant leur admission, dans la mesure où celle-ci était supérieure au minimum vital en vigueur dans le pays concerné. Seules les sources légales de revenus sont prises en comp-te. Si la situation financière précédente était inférieure au minimum vital, l’allocation versée au témoin pro-tégé correspond au minimum vital.72
Pendantsestravaux,lasoussignéeapuconstaterquecettepratiquedemaintienduniveaudevieacoursnotammentauxPays-Bas,enSuède,enIrlan-deetenÉcosse.
Le«protocoledeprotection»devraitaussiêtreex-plicitesurletraitementdescomptes,desdettes,deshypothèques,descontratsetdesobligationsnonliquidésettouteautreobligationfinancièrequ’unchangementd’identitépourraitmettreenpéril.Leprotocoledevraitaussiêtreexplicitesurletraitementfiscalréservéauxsommesd’argentdonnéesouavan-céesautémoin73.
•Lapériodenécessaireàl’acquisitiondel’autono-mie.
Àcechapitre,lasoussignéementionneraseulementque,malgrélesbonnesintentions,l’expériencevé-cuedansdenombreuxpaysenseignequelescolla-borateursdelajusticenécessitentdel’aideàlongterme.Ilimportedefixerdeslimites,certes,maisilfautêtreréaliste:danslecasdepersonnesayanttoujoursvécuducrime,l’indépendancefinancièrelégalementacquiseprésenteundéfiénorme.
•Larévisionpériodiquedel’évaluationduniveaudelamenaceetdudegrédelaprotectioncorrespondant.
•Lesconditionsrégissantlafinduprogramme(di-minutiondelamenace,violationdesrèglesdebon-neconduite,commissionparlebénéficiaired’uneinfractioncriminelleoudetoutactesusceptibledemettreendanger,dequelquefaçonquecesoit,sasécuritéoucelledesesprochesoulefonction-nementetlaconfidentialitédesméthodesdupro-grammedeprotection).
Cedernierpointméritequ’ons’yattarde.Enmatiè-redeprotection,l’Étatacertesdesresponsabilitésetdoitrespectersesengagements,mais laperson-neprotégéeestelle-mêmeresponsable,etmêmeaupremierplan,desapropresécurité.Riennejustifiequel’Étatprotègeunepersonnecontreelle-mêmeoudéploiedesressourcesconsidérablespourproté-gerunepersonnequiparticipeelle-mêmeàsamiseendanger,parexempleens’exposantdanslesmé-dias74.Lesprotocolesdeprotectiondoiventdoncprévoirspécifiquementlesprocessusd’expulsionoudecessationdeprogrammeetderésiliationd’enten-tesenpareilcas.
LesprotocolesdeprotectionélaborésauQuébecprévoientspécifiquementunmécanismedesignifi-cationd’avisécritsaucollaborateurpourmanque-mentauxobligationsdesécurité,avantd’enarriveràl’exclusionduprogramme.Cemécanismesecom-paretrèsavantageusementàcequiexisteailleursdanslemonde75.Lasoussignéementionnesimple-mentqu’ilseraitpossibled’êtreplusstrictdansl’ap-plicationdecesmécanismes.ElleconstateeneffetqueleUSMarshallsService,pournementionnerquecetexemplesouventcité,estbeaucoupmoinstolérantquelesautoritésquébécoisesencasdeman-quementparuncollaborateuràsesobligationsauregarddesapropresécuritéoudecelleduprogram-me.AuxÉtats-Unis,lesexclusionsduprogramme
72 CONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),préciténote28,àlap.21.73 Danslamesureoùlesallocationsderéinstallationnesontpasdesavantages,ellesnedevraientpasêtreimposées.74 Àcetégard,lasoussignéen’estpassanss’interrogersurlaresponsabilitédesmédiasqui,endonnantunetribuneàcertains
collaborateurs,participentniplusnimoinsàcequipourraitconstituerlachroniqued’unemortannoncée.75 Lemodèlemisenplaceestassezcomparable,parexemple,àcequiprévautenÉcosseouauxÉtats-Unis.
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deprotectiondestémoinssonteneffetplusrapidesqu’auQuébec,cequin’estpasmauvaisensoisur-toutlorsquelesressourcessontrares.
•Lerèglementdesdifférends.
Lagestiondesententesdeprotectionetlacollabora-tionaveclestémoinsparticuliersquesontlescollabo-rateursdelajusticeconstituentunexerciceéminem-mentcomplexe.L’expérienceenseignequ’àmesurequelamenacesefaitplusdiffuseetqu’augmentelesentimentdesécurité, lecollaborateurdelajusti-cetendàmanifesterdesexigencesgrandissantesetparfoisexagéréesfaceàl’État.C’estdanscecontex-teetafind’évitertouteescaladedesdemandesquelerapportGuérinrecommandaitlarédactiond’uneententedéfinitiveetprévoyaitqu’encasdelitigelamagistratureseraitenmesuredetrancher.
Commenousl’avonsvu,figerunefoispourtouteslecontenudel’ententeencequiconcernelesmesu-resdeprotections’estavérépeuréaliste.Parailleurs,ilfautinsistersurlefaitquel’évaluationdelame-naceetdesmesuresdesécuritécorrespondantesnepeuventpasfairel’objetd’unenégociation.Lepro-tocoled’adhésionauprogrammedeprotectiondestémoinsdoitpouvoirévolueretdevraitdoncprévoirunerévisionpériodique,parlespoliciers,delasitua-tionducollaborateur76.Cettemesure,coupléeàunevigilancedetouslesinstantssurleplandel’enquê-teafindenepascréerd’attentesàcetteétape,de-vraitlimitersérieusementlapossibilitéderécrimi-nationslégitimes.
La soussignée recommande par ailleurs, toujours dans une perspective de prévention des litiges et comme il se fait actuellement dans de nombreuses juridictions y compris le Québec, que le collabo-rateur de la justice continue de se voir systéma-tiquement offrir l’aide d’un conseiller juridique au moment de signer le protocole d’adhésion au programme de protection des témoins.
Cetteassistance,quiest incidemmentdéjàofferteautémoin,devraitluipermettredeprendrepleine-mentconsciencedusérieuxdelasituationetd’êtreparfaitementinformédesconditionsetdelaportéedudocumentqu’ilsigne.
Encasdelitigesérieuxtoutefois,iln’estpassainpourl’imagedelajusticequelapersonnechargéed’ad-ministrerleprogrammedeprotectiondestémoinssoitlaseuleàlaquellelecollaborateurpuisseadres-sersesrécriminationsetaitainsilederniermot.Iln’apparaîtpasavisénonplusdetraiterlesprotoco-lesd’adhésionauxprogrammesdeprotectioncom-med’ordinairescontratsdontonpeutdébattredesconditionsdevantunecourdejusticeoùledébatest,pardéfinition,public.
Lemémoireprésentéàlasoussignéeparl’Associa-tiondestémoinsspéciauxduQuébeclaisseclaire-mentvoirlesinsatisfactionsliéesàl’absencedevé-hiculeindépendantpourpourvoiraurèglementdesdifférendssérieux.Lesdemandesrelativesàlacréa-tiond’uneagenceindépendante,lesrevendicationsdanslesmédiasdemêmequelespoursuitesjudi-ciairesfournissentdesindicessérieuxd’insatisfac-tionàcetégard.
Dans ce contexte, la soussignée recommande que les protocoles d’adhésion à un programme de pro-tection des témoins prévoient spécifiquement la possibilité, pour le collaborateur de la justice in-satisfait, d’adresser ses doléances par écrit au Bu-reau de coordination et de suivi afin d’obtenir par écrit une réponse dans un délai raisonnable.
LeBureaudecoordinationetdesuiviseraitdoncchargéderecevoirlesplaintesdescollaborateursdelajustice(oudeleursproches)etdelesacheminerverslescentresdedécisionpertinents(soitlesdiffé-rentsministèresetorganismesconcernésetidenti-fiésdanslapolitiquegouvernementale)toutenfa-vorisantautantquepossibleleurrèglementàtouteslesétapes.
76 Parexemple,laloibelgeprévoitspécif iquementunerévisionpériodiquedesententesdeprotectiontouslessixmois.
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La soussignée recommande par ailleurs qu’en cas d’impasse ou d’incapacité pour les centres de décision visés par une plainte, ou encore en cas d’exclusion du programme, il soit possible de s’adresser par écrit au Bureau de coordination et de suivi afin qu’il saisisse un médiateur ou un juge à la retraite du différend.
Cedernierdevraitêtreinvestidetouslespouvoirsnécessairespoursuggérerdesmesurespropresàré-glerl’affairedemanièredéfinitive,maisseulementaprèsquelescentresdedécisionpertinentsaienteul’occasiondesolutionnerleproblèmeàleurpropreniveau.
Lasoussignéeestparailleursd’avisquelesprotocolesd’adhésionnedevraientpasêtresystématiquementdivulguésàladéfenselorsdesprocèsoùtémoignentlescollaborateursdelajustice.Aumomentoùlecol-laborateurtémoigne,ilestutileàl’évaluationdelavaleurprobantedesontémoignageetdesacrédibi-litécommetémoin,desavoirquecedernieraconcluuneententeaveclapoursuiteets’estvuconférercer-tainsavantagesenéchangedesacollaboration.Lanatureetl’étenduedesavantagessontdirectementpertinentes.Ilpeuts’avérerenoutrepertinentdefairesavoirquel’États’estengagéàassurersapro-tectionmais,ànotreavis,iln’est,saufàderaresex-ceptionsprès77,aucunementpertinentdeconnaîtrel’étendueoulesdétailsdelaprotectionoulesme-suresexactesenvisagéespourassurerlasécuritédutémoin78.Ilimportederéitérerque,partoutdanslemonde,lesprogrammesdeprotectiondestémoinsprévoientspécifiquementleversementd’allocationsderéinstallationetquejamaiscesallocationsnesontconsidéréescommedesavantagesliésautémoigna-geetdoncqu’ilfaudraitdivulguer.
Lesélémentsdudossierd’évaluationdelamenaceetduniveaudesécuritérequis,parexemplelesré-sultatsdel’évaluationpsychologiqueducollabora-teuroudesafamilleauxfinsd’unéventuelchan-gementd’identité,devraientaussidemeurersecrets.Àcetégard,l’analogieaveclesdossierspersonnelsdesplaignantsenmatièred’agressionsexuellepeutêtretracée.Desimpératifsdesécuritéetdeprotec-tiondelavieprivéedevraients’opposerenprincipeàladivulgationdecesélémentsdepreuveàlaper-tinenceinexistanteàmoinsbiensûrqueladéfensen’établisseunfondementàlapertinenceselonuneprocédureinspiréedel’arrêtR.c.O’Connor 79delaCoursuprêmeduCanada.
Le changement d’identitéLorsquelacollaborationd’unepersonneavecl’appa-reildejusticeentraîneundangerréelpoursavie,laréinstallationdansunnouveaumilieupeutnepassuffire.Lechangementd’identitéoffrealorsunepro-tectionsupplémentaire.
Cesdernièresannées,lesdoléancesavancéesparlescollaborateursdelajusticeconcernentparticulière-mentleursituationauregardd’unéventuelchange-mentd’identitéetlemandatconfiéàlasoussignéedésignespécifiquementcetaspectdelaprotectiondestémoinscommeélémentd’étude.
Ilestimportantdenepasassimilerlechangementd’identitéauchangementdenom.Lechangementd’identitéentraînecertesunchangementdenomdelapersonne,maisvabienau-delàetestnettementplusexigeantpourelle.Ilsupposeunerupturetota-leavecsonpassé,tantsurleplanpersonnelquesurleplanjuridique,etlacréationd’unenouvelleper-sonnequidevraabsolumentallervivredansunmi-
77 LeWitness Protection Act 1996,Actno20of1996d’AustralieduSudprévoitspécif iquementunrégimededivulgationtrèslimité.Lorsqu’uncollaborateurdelajusticefaitl ’objetdemesuresdeprotection,certainsélémentstrèslimitésdoiventêtredévoilésaujugeduprocès.Cedernierdoiteninformerladéfenseseulements’ilcroitque,sanscettedivulgation,latenued’unprocèséquitableneseraitpaspossible.Ils’agit,ànotreconnaissance,delaseuleloitraitantspécifiquementdequestionsliéesàladivulgation.
78 VoirR.c.Palmer,[1980]1R.C.S.759.79 R.c.O’Connor,[1995]4R.C.S.411.
RAPPORT FINAL
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lieuoùellen’estpasconnuesoussonancienneiden-titéetoùellenerisquepasdeledevenir.
LerapportGuérinétaittrèspeuexplicitesurcettequestion.Del’avisdelasoussignée,nombrededo-léancesconcernantlapratiquequébécoiseenmatiè-redechangementd’identitédécoulentdelanaïve-téaveclaquelledenombreusespersonnes,repentisetintervenantsconfondus,ontenvisagélaquestiondeschangementsd’identitéparlepassé.Ilsembleeneffetassezclairquedenombreusesdésillusionsdé-coulentdecequelesdemandesetlesengagementsrelatifsauchangementd’identitéontparfoisétéprissansquelespartiesenmesurenttoutelaportée.Laconfusionpersiste,dumoinsdansl’espritdecertainscollaborateursdelajustice,surlanatureduchange-mentd’identité.D’autresdoléancessontinhérentesauprocessuslui-même,àlafoislongetcomplexe.
1- �Le�changement�d’identité,�une�mesure�extrême�sur�le�plan�personnel
Lesintervenantsrencontréssontunanimesetl’ex-périenceacquiseauQuébecleconfirme:lechange-mentd’identitéestunemesurededernierrecours,extrême,difficileàmettreenœuvresurleplanad-ministratif,etparticulièrementéprouvanteetexi-geanteàvivrepoursonbénéficiaireetsafamille,àcourtcommeàmoyenterme,voireàlongterme.Levieillissement,lebesoinduretourauxsources,laperceptionmoindredudangeravecl’écoulementdutempsconstituentautantdefacteursquipous-sentlebénéficiaireàcesserderespecterlesexigen-cesdelanouvelleidentité.
Surleplanpersonnel,laruptureaveclepasséexigéeparlechangementd’identitéentraîneaussilasépa-rationfamiliale(saufaveclafamilleimmédiatequi
bénéficieraitelleaussid’unchangementd’identité)etlarupturedéfinitiveavecl’environnementsocial,lesprochesetlesamis,lemodedevieantérieur,leshabitudes,lesdiplômesettitresprofessionnels,lesbienseteffetspersonnels,enregistrésouretraçables,lesassurances,etc.Lechangementd’identiténéces-siteenoutrel’obligationd’adopterunmodedevieexemplaire,cequiestloind’êtreévidentpourlescol-laborateursdelajusticecriminalisés,surtoutunefoispassélestadeinitialdelapeurextrême.Unmodedevierangéestnécessaireàlafoispourdesraisonsdesécurité,maisaussiafind’éviterquelebénéfi-ciairedelanouvelleidentiténejouisseàmauvaises-cientd’unedoubleidentité.Lechangementd’iden-tité,souventtroprapidementréclamé,sous-entendenfaitlittéralementuneperted’identitéetlamortcivileparrapportàl’identitéd’origine.Lanouvelleidentiténepeutêtreacquisequ’àceprix.Lechan-gementd’identitésécuritaireprésupposedementirquantàsesoriginesetàsesantécédents,deromprelacontinuitébiographiqueainsiquel’incapacitéàéta-blirdesrelationsinterpersonnellesintimes,honnêtesetauthentiques,unsentimentinévitabled’isolationetdesolitude.L’expérienceenseigne,parexemple,qu’ungraverisqueestassociéaufaitdedivulguersonpasséaunouveauconjointouàlanouvelleconjointe,unrisqueinévitablementexacerbélorsdelaruptu-re,fréquente,dunouveaucouple.Lapersonnequiachangéd’identitéestpeut-êtrespéciale,maisdoitvivresasingularitédanslasolitudeetlaplustotalediscrétion.Pourunrepentiàlapersonnalitésouventnarcissique,ledéfiestdetaille 80.Surlesplansémo-tionneletpsychologique,lerenoncementassociéauchangementd’identitéestextrêmementpénible,cequiexpliquepourquoiplusieurscollaborateursre-fusentlechangementd’identitémêmesicetteme-suredeprotectionleuraétéofferte 81.Parfoisrefusé
81 Diversintervenantsdansdiverspaysontracontélamêmehistoire.Iln’estpasrarequ’unepersonneayantchangéd’identitéexigedelapartdesservicesgouvernementauxuntraitementspécialeninvoquantprécisémentsonchangementd’identité:«jesuisspécial–avantj’étaisMonsieurX–maintenantjesuisMonsieury–j’aieuunchangementd’identité–veuillezdoncm’accorderuntraitementquicorrespondeàmonstatut,untraitementspécial».
82 Pourunaperçudel ’ampleurdesrenoncementsetdesdiff icultéspsychologiquesquiysontassociées,voirEKOSResearchAssociates Inc.,Nouvelles identités pour les victimes d’abus : Sondage auprès des clientes,Rapport f inalprésentéàNIVADéveloppementdesressourceshumainesCanadale12décembre2000.VoiraussiEARLy,Pete&SCHUR,Gerald,pré-cité,note33,PartieIII,p.279-319.VoirenfinCONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),préciténote28,àlap.22.
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parceuxquiréclamentunenouvelleidentité,lere-noncementàl’ancienneidentitéesttoutefoisessen-tielausuccèsduchangementd’identité.Ilgaran-titaussilasécuritédupublicenévitantquel’anciencriminelnevivedorénavantsousunedoubleiden-titéouuneidentitéd’emprunt,cequin’arienàvoiravecunenouvelleidentitésécuritaire.
Ilestprimordial,avantderecourirauchangementd’identité,debienexpliquerauxpersonnesconcer-néeslesconséquencesgravesdecechangementex-ceptionnel.Il importededissiperchezellestouteconfusionquipourraitexisterentrelechangementd’identitéetlesimplechangementdenomouenco-reentrelechangementd’identitéetladoubleiden-titéoul’identitéd’emprunt.
Laréussiteduchangementd’identiténécessiteuneévaluationpsychologiquepréalablepositive.Avantdeprocéderàcetteopération,ilfauteneffetdétenirdesgarantiesminimalesquelesujetetsafamillesontenmesuredesoutenirl’épreuve.Àtitred’exemple,àl’instard’autresservicesquenousavonsrencon-trés,leUSMarshallsServiceprocèdesystématique-mentàuneévaluationpsychologiquedescandidatsdèslemomentdeleurentréedansleprogrammedeprotectiondestémoinsoudèsqu’ils’avèreévi-dentquelechangementd’identitéserarequis.Lesintervenantsquenousavonsrencontréssontuna-nimes:sil’évaluationpsychologiqueconclutquelechangementd’identitén’aaucunechancederéus-sir,ilestinutiledetenterl’aventure.Parailleurs,lamajoritédesprogrammesdeprotectiondestémoinsquenousavonsexaminésetquioffrentlapossibili-téd’unchangementd’identité,accompagnentsou-ventcettemesured’unsuivipsychologique,surtoutpendantlespremiersmois.
La soussignée recommande donc qu’à tout le moins, une évaluation psychologique du can-didat soit obligatoirement effectuée lorsque le
changement d’identité est envisagé comme me-sure de protection.
Il est par ailleurs recommandé que le change-ment d’identité fasse l’objet d’une rubrique dis-tincte du protocole d’adhésion au programme de protection.
Cetterubrique,destinéeàbienfairevoirlagravitédelamesure,devraitprévoirlesconditionsàrem-plirpourobtenirunchangementd’identitéetpourévitersarévocation82.
2- Le�changement�d’identité�:�une�mesure�juridiquement�et�administrativement�complexe
Lechangementd’identité,s’ilpeuts’avéreressentielàlaprotectiond’uncollaborateurdelajusticeetdesesproches,estunemesureextrêmementdifficileàréalisersurlesplansjuridiqueetadministratif.
Lechangementd’identitéremetenquestionlasta-bilitéetlacontinuitéd’uneinstitutionaucœurdel’édificejuridiquedansnotresociétédedroit : lapersonnalitéjuridique.L’existencedel’individu,sonnom,sonstatutcivilsonteneffetaucœurdel’or-ganisationsociale.Ladécisiondeprocéderauchan-gementd’identitéd’unepersonnerevientniplusnimoinsqu’auprononcédesamortcivileetàlacréa-tiond’unenouvellepersonne.
Parailleurs,ilimportedesoulignerquecettemesu-redeprotectiondoitêtreappliquéeenvertud’unelogiquequiestendirectecontradictionaveccelledetouslesrégimesadministratifsquireposentsurlatransparenceetlalibrecirculationdel’informa-tiondansnotresociété.Nonseulementlamortci-viledevra-t-elleêtreexécutéeetunnouvelindividujuridiquesera-t-ilcréé,maisletoutdevrasefaireensecretetsansassurerlacontinuitédel’information,pourdesbesoinsévidentsdesécurité.
82 Parailleurs,cetterubriqueséparéeseraitpeut-êtredenatureàsatisfairecertainesdespréoccupationsmanifestéesparlacommissionPoitras.VoirrapportPoitras,précité,note18,auxp.1203-1204.
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Lanécessitédusecretestnonseulementcontraireàl’économiegénéraledenotreorganisationsocia-leetjuridique,maispose,surleplanadministratif,d’énormesdéfis.Ilfauteneffetnageràcontre-cou-rantdesystèmesélaborésdepuisdesannéespouras-surerl’exactitudeetlacontinuitédesrenseignements.Lachoseestcomplexe.Chaqueministèreouorga-nismepublicexercesursesbanquesdedonnées,sursesfichiersetsursesordinateurs,uncontrôleauto-nome,desortequ’unchangementd’identitérequiertactuellementlaparticipationdeplusieursfonction-naires,chacuntravaillantdanssonpropreministè-reouorganisme.Ilfautdoncprocéderdemanièreàromprelachaîned’informationtoutenconservantl’assurancequelecollaborateurdelajusticenebéné-ficierapasd’unedoubleidentité,maistoutendon-nantl’apparencequ’iln’yapaseuderupturedanslesdossiers.Comptetenudecettesituation,ilarri-vequelesfonctionnaireschargésdel’applicationdesloisrésistentàparticiperàunchangementd’identi-té,parfoisaumotifquecetteprocédureestcontrai-reàl’économiegénéraledelaloiqu’ilsontàadmi-nistrer,maisplussouventparcequelaprocédureestcomplexeetcoûteuseouencoreparcequ’ilsconsidè-rentquelapratiquenereposepassuruneassiselé-galesuffisante.Lasoussignéeapuconstaterquelespochesderésistanceencequiconcernelacollabo-rationdesfonctionnairesdel’administrationquébé-coiseauxchangementsd’identitésontrelativementrares,maisnesontpastoutàfaitinexistantes.Enoutre,plusieursfonctionnairesrencontrésontexpri-méleurmalaisefaceàlaperceptiond’uneabsenced’assiselégislativejustifiantclairementlapratique.Enfin,ilfautsoulignerquelescollaborationsadmi-nistrativesacquisesparlesservicesdeprotectiondestémoinssontàconquérirdenouveaulorsdeschan-
gementsdepersonnel.Ilfautexpliquerànouveau,convaincreànouveaudelalégitimitédelamesureetéduquerencoreunefoissurlesmesuresélémen-tairesdesécuritéàrespecter.
De manière à assurer la coordination et la concer-tation de toutes les actions en ce qui concerne les changements d’identité, il est recommandé que toutes les demandes de changement d’identité émanant des services de protection des témoins soient traitées par le Bureau de coordination et de suivi du ministère de la Justice.
Enpratique,ilappartiendraitdoncauxservicespo-licierschargésdelaprotectiondestémoinsdedé-terminerlanécessitéetlafaisabilitéduchangementd’identitécomptetenudelasévéritédelamenace,dudegrédeprotectionnécessaireetdelaperson-nalitéducollaborateur.Cettedécisionpourraiten-suiteêtrecommuniquéeauBureaudecoordinationduministèredelaJusticequisechargeraitdepré-parerlademandeetdel’acheminerauministredelaJustice.
Eneffet,ladécisiondeprocéderàunchangementd’identiténedoitpasseprendredefaçoninformelle.Àcetégard,plusieursmodèlesexistent,quivarientsuivantl’économiedusystèmejuridiquedanslequelilss’inscrivent.Lesmodèlesvarientaussisuivantquel’ontraited’unvéritablechangementd’identitéoud’unsimplechangementdenomouencoredelacréa-tiond’uneidentitétemporaire(covert identity)83.Ilestpossibletoutefoisdenoterque,dansunnombresignificatifdejuridictions,ladécisiond’autoriserunvéritablechangementd’identitéappartientàunof-ficierdejustice,àunmagistrat84ouàunministre,enl’occurrence,leministredelaJustice85.
83 Commec’est le cas,par exemple, enAllemagne.Le servicede lapolice fédérale allemandeest responsable sur leplannationaldelaprotectiondestémoinsetdel ’attributiond’identitéstemporaires.
84 AuxÉtats-Unis, c’est un tribunal qui, à lademandeduUSMarshalls Service, accorde le changement légal d’identitésuivantuneprocéduresecrète.EnAustralieduSud,c’estaussiuntribunalquiautoriselechangementd’identité.
85 Parexemple,laloibelgeprévoitquelechangementd’identitéestoctroyéparleministredelaJustice.EnItalie,lechan-gementd’identitéestautorisépardécretduministredel ’Intérieur,prisenconcertationavecleministredelaJustice.
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Il est recommandé que les changements d’iden-tité soient autorisés par le ministre de la Justice du Québec.
L’autorisationministérielleexécutéeensuiteparleBu-reaudecoordinationdevraitêtredenatureàdissiperleshésitationsdesdiversfonctionnairesgouvernemen-tauxquicollaborentauxchangementsd’identitéensefaisant,parfois,tirerl’oreilleaumotifquelechan-gementd’identitépourraitêtrecontraireàl’écono-miegénéraledelaloiqu’ilsadministrent.Lasigna-tureduministreneconstitueraitpasàproprementparlerunmandatordonnantlacollaboration86.Elledevraittoutefoisfournirlacautionmoralesuffisantepourassurerunepleinecollaborationdetoutl’appa-reilgouvernemental,d’autantplusqu’unepolitiquegouvernementaleclairedevraitacheverdedissiperlesderniersdoutesquitteàapporterunchangementsectorielàlalois’ilyalieu.
Compte tenu de la position centrale occupée par le Directeur de l’état civil et des dispositions défi-nissant son rôle dans le Code civil du Québec, la soussignée recommande que la section III du cha-pitre premier du titre troisième du Livre premier du Code civil du Québec soit modifiée de maniè-re à lui fournir plus de latitude dans l’octroi de changements d’identité sécuritaires, allant jusqu’à lui permettre de déroger aux dispositions régis-sant le changement de nom. Il pourrait être spé-cifiquement prévu que le Directeur de l’état civil dispose des pouvoirs nécessaires afin de procé-der à un changement d’identité sécuritaire lors-que le ministre de la Justice l’a autorisé.
Finalement,lasoussignéeinsistepourque,lorsquelecollaborateurestdétenu,lesdémarchesnécessai-resauchangementd’identitésoiententreprisesbien
avantlasortiedeprison87,cequiestmaintenantac-quisdanslapratiqueetdoitcontinuer.
3- L’aspect�fédéral-provincial�du�changement�d’identité
Puisquelesinstancesgouvernementalesdoiventcol-laborerauchangementd’identitéd’unindividu,uneautrequestiondoitêtreabordée:celledelacolla-borationdesinstancesfédéralesconcernéesparcechangementd’identité.Lachoseestimportante:certainsactesdelaviecivile,tels ladéfinitiondumariageetledivorce,relèventdelacompétencelé-gislativefédérale.Parailleurs,certainsdocumentsadministratifsnécessairesàlavieensociétéauCa-nadarelèventaussidugouvernementfédéral.C’estlecasnotammentdeladélivrancedunumérod’as-surancesociale,del’attestationdecitoyennetéoudupasseportainsiquelagestionducasierjudiciai-re.Danscecontexte,ilestdoncévidentquelacol-laborationdesautoritésfédéralesestessentielleàlaréussited’unréelchangementd’identité.Or,cettecollaborationestparfoiscompliquéeàobtenir.
AuCanada,lelégislateurfédéralaadopté, le20juin1996,laLoi sur le programme de protection des témoins 88.Cetteloiinstaureunprogrammedepro-tectiondestémoinspourlaGRC.OnyconfieauCommissairedelaGendarmerieroyaleduCana-dalesoindel’administrer,etce,sousl’autoritéduSolliciteurgénéralduCanada.Ceprogrammeen-treaupremierchefenapplicationlorsqu’unindivi-ducollaboreaveclesautoritésfédéraleslorsdesen-quêtesetdespoursuitesentaméesparlaGRCouleProcureurgénéralduCanada.Danslesfaits,cepen-dant,leCommissairedelaGendarmerieroyaleduCanadaetlesofficiersdececorpsdepoliceoffrentuneinterprétationdelaLoi sur le programme de pro-
86 AuxPays-Bas, ladécisionduministrede la Justiceautorisant lechangementd’identitéprovisoireconstitueniplusnimoinsladélivranced’unmandatordonnantauxfonctionnairescompétentsd’accomplirlesactesnécessairesauchange-mentd’identité
87 LacommissionPoitras,danssonrapport,précité,note18,àlap.1204,s’inquiétaitdecequelesdémarchesnécessairesauxchangementsd’identitéétaiententreprisestardivementdesortequ’àsasortiedeprison,lecollaborateurn’avaittoujourspasdenouvelleidentité.VoiraussiLouiseVIAU,précitée,note34,àlap.544.
88 Précitée,note15.
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tection des témoinsquiluiconfèreuneportéeexces-siveetrevientàdirequelaprotectiondestémoinsetlechangementd’identitéseraientdecompéten-cefédérale,cequin’estpaslecas.Enraisondecet-teinterprétation,ilestimpossibled’obtenirlacolla-borationd’uneagencegouvernementalefédérale,silaGRCn’apaspréalablementadmisdanssonpro-grammelecollaborateurdelajusticedontl’identitédoitêtrechangée.Ainsi,parexemple,ilfautétablirqu’uncollaborateurdelajusticesatisfaitàtouteslesexigencesduprogrammedeprotectiondestémoinsdelaGRCavantd’obtenirladélivranced’unnou-veaunumérod’assurancesociale.Danslamêmelo-gique,lesautoritésfédérales,quidésirentprocéderàunchangementd’identité,neconsidèrentpasqu’ilestnécessairededemanderl’admissiond’uncolla-borateur«fédéral»dansunprogrammeprovinciallorsqu’ellesdésirent,parexemple,obtenirunnouveaucertificatdenaissance.Ellessecontententparfoisdes’adresserdirectementauDirecteurdel’étatcivildelaprovince,àlaSociétédel’assuranceautomobile,àlaRégiedel’assurancemaladie,ouplusgénérale-mentaufonctionnairechargédecoordonnerdetellesactionsauministèredelaSécuritépublique.Cetteinterprétationdelaloifédéraleestsourcedenom-breuxdélaisetdetracasseriesadministratives.
La soussignée recommande donc que les personnes responsables de la protection des collaborateurs de la justice au Québec, notamment le ministre de la Justice et le ministre de la Sécurité publique, entament sans tarder des discussions avec le mi-nistre de la Sécurité publique et de la Protection civile du Canada afin que soit revue l’interpréta-tion de la portée de la loi fédérale et que soit fa-cilitée la collaboration fédérale-provinciale dans le domaine des changements d’identité.
Entre-temps,laGRCdevraitêtreinvitéeàadressertoutesdemandesrelativesàunchangementd’iden-
titéauBureaudecoordinationetdesuividesenten-tesduministèredelaJusticequidevraitêtrecréé.Cedernierdevraiteneffetdevenirle«guichetuni-que»auQuébecenlamatière.
4- La�sécurité�entourant�le�changement�d’identitéLaquestiondelasécuritéentourantleschangementsd’identitédoitelleaussiêtreabordée.Aucoursdesestravaux,lasoussignéeapuconstaterqu’auQué-bec,contrairementàcequisefaitailleursauCana-daetdanslemonde89,ilyapeud’enquêtesformellesdesécuritépours’assurerquelesdiversfonctionnai-resgouvernementauxquimanipulentlesdossiersdechangementsd’identitéoffrentdesgarantiessatis-faisantesdesécurité.
La soussignée recommande que, dans les minis-tères et organismes dont la collaboration est es-sentielle pour effectuer des changements d’iden-tité sécuritaires, certains postes soient identifiés comme nécessitant une accréditation sécuritai-re. Ne devraient devenir titulaires de ces postes que les personnes ayant fait l’objet d’une enquê-te de sécurité satisfaisante.
L’instauration d’une « culture de sécurité » au regard de la protection des collaborateurs de justiceAu-delàdelanécessitédemettreenplacedesenquê-tesdesécuritéconcernantlespersonnesautoriséesàaccomplir lesgestesadministratifsnécessairesauxchangementsd’identité,lasoussignéeestd’avisquedeseffortssupplémentairesdevraientêtreconsentisafindeparveniràinstaurerunevéritable«culturedelasécurité»entourantlaprotectiondescollabo-rateursdelajustice.Àcetégard,iln’estpasinutilederappelerlefaitquecertainsemployésdugouver-nementsontallésjusqu’àvendredesrenseignementssensiblesaucrimeorganisé.
89 Parexemple,laloibelgeprévoitspécif iquementuneclassif icationdesécuritédespersonnespouvantaccéderauxdossiersdechangementd’identité.
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Parailleurs,danssonrapport,lacommissionPoi-trasconstataitcertainesfaillesencequiconcernelaprotectiondel’anonymatdesinformateursdepoli-ceetagentscivilsd’infiltration90.Lasoussignéen’apasvérifiésidescorrectifsavaientétéapportésauxsituationsplusparticulièrementdécrites,maisresteconvaincuequedeseffortsdetouslesinstantsdoi-ventêtreconsentisafindedévelopperetdemaintenirlacompréhensiondelapartdetouslesintervenantsdelanécessitédeprotégerl’anonymatdescollabora-teursdelajustice.Lespoliciersdoiventbiensûrêtreconvaincusdel’importancecapitaled’adopterdescomportementssécuritaires,maisildoitenallerdemêmedetoutl’appareilgouvernementaletjudiciai-re,dupublicetdescollaborateurseux-mêmes.
Lescomportementssécuritairesdoiventbiensûrvi-serlaprotectiondescollaborateursdelajusticemaisaussiet,toutaussiimportant,lasécuritédesperson-nesquienassumentlaresponsabilité.L’intégritédesprogrammesdeprotectiondestémoinsnepeutêtreassuréequeparl’adoptiondecomportementsquireflètentunepréoccupationconstantepourlasé-curitédetous.
L’article 29 de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des rensei-gnements personnels91 devrait faire l’objet d’une modification afin que les mots « notamment un programme de protection des témoins » y soient ajoutés à la fin. Cette modification mineure per-mettrait de réaffirmer la politique gouvernemen-tale en matière de protection des collaborateurs de justice. Il est à noter qu’une formulation iden-tique a été introduite en 2002 à l’article 69.0.0.15 de la Loi sur le ministère du Revenu 92.
La Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels devrait aussi être modifiée par l’ajout d’un texte équivalant à l’article 11 de la Loi sur le programme de protection des témoins fédéra-le interdisant spécifiquement la divulgation de renseignements pouvant permettre de découvrir qu’une personne a fait l’objet d’un changement d’identité, le lieu de réinstallation d’une person-ne ou encore pouvant mettre en péril l’intégri-té ou l’efficacité d’un programme de protection des témoins.
Cetteinfractiondevraits’appliqueràtous,ycomprisauxcollaborateursdejusticeadoptantdescompor-tementssusceptiblesdemettreenpérilleurchan-gementd’identité93.
La protection des collaborateurs de la justice pendant la détentionUnebonnemajoritédescollaborateursdelajusticeontentretenu,avantleurcollaborationaveclajustice,desliensaveclemondecrimineletonteudesactivi-téscriminelles.Lesententesdecollaborationpasséesentrel’Étatetcesderniersexigentqu’ilsconfessentleurpassécriminel.Règlegénérale,enéchangedesacollaboration,lesubstitutduProcureurgénéralconclura,aveclecollaborateur,uneententesurl’éten-duedespoursuitesetsurlesreprésentationssurladéterminationdelapeine,laquelleestdanstouslescasdéterminéeparletribunal.Ilenrésultedoncquenombredecollaborateursdelajusticesontincarcé-résaumomentoùilsrendenttémoignageetmêmependantuncertainnombred’annéesaprèsleurcol-laboration.Enprincipe,lorsquelecollaborateurest
90 RapportPoitras,précité,note18,auxp.1193-1195.91 L.R.Q.,c.A-2.1.92 L.R.Q.,c.M-31.93 Onpeutnoterquel ’art.40du Criminal Justice Act, 1999 d’Irlandecréecegenred’infractionalorsqueleprogrammede
protectiondestémoinsexistesansassiselégislative.L’article40delaloireconnaîtsimplementl ’existenceduprogrammeetprévoituneinfractionencasdedivulgationderenseignements.Autrementdit,iln’estpasnécessaired’adopteruneloicréantspécifiquementunprogrammedeprotectiondestémoinspourérigereninfractionlefaitdemettreenpérilpareilprogrammeoumettantenpérilunchangementd’identité.
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incarcérépourunepériodededeuxansetplus,ildevraitpurgersapeinedansunpénitencierfédéral.Onvoittoutdesuitepoindreladifficulté:peuim-portel’ententeconclueaveclesautoritésprovincia-les,c’estleServicecorrectionnelduCanadaquia,enprincipe,juridictionsurlecollaborateur.
Lesautoritésquébécoises,enaccordaveclescolla-borateursdelajusticeetconformémentàcequelaloipermet,ontprisl’habitudedenégocierdesen-tentesfédérales-provincialesad hocdemanièreàsevoirconférerlagardedescollaborateursdelajusticequiauraientautrementdûêtresouslaresponsabili-tédesautoritésfédérales.Cesententesprésentaientcertesl’avantagedegarantirlaproximitégéographi-quedescollaborateursdelajustice,maisellesontétéàl’originedenombreusesdésillusions,notam-mentpourlescollaborateurs.
Les«contratsdedélateurs»prévoientrégulièrementquelescollaborateursdelajusticeauront,pendantleurincarcération,lesmêmesdroitsetprivilègesquelesautresdétenusetqu’ilspourrontbénéficierdesmêmesprogrammes.Au-delàdesamission,quiestd’assurerlagardedespersonnesdétenuesenpréven-tionetdecellescondamnéesàdespeinesinférieuresàdeuxans,laDirectiongénéraledesservicescor-rectionnelsamisenplacedesprogrammespropresauxcollaborateursdelajustice(formationàdistan-ce,suivipsychologique,suiviparticulierenabsen-cetemporaire).Toutefois,cesprogrammesnesontpascomparablesàcequipeutexisterdanslespéni-tenciersfédéraux.Lesétablissementsprovinciauxnesonttoutsimplementpasconçus,équipésetorgani-séspouraccommoderleslongsséjours.Parexemple,ilsnedisposentpasdeprogrammedevisitesfami-lialesprivéestelsles«roulottesfamiliales».
Lasignaturequasisystématiqued’ententesfédéra-les-provincialesaaussiétéàl’originedelacréationd’attentesirréalistes,dedéceptionsetdedésillusionschezlescollaborateursdelajustice,quiontparfoisespérélejumelagedesavantagesoffertsparlesys-tèmefédéraletparlesystèmeprovincial.Eneffet,laperceptiondestémoinsrepentisquantauxavan-tagesqu’ilspeuventobtenirenpurgeantleurpeineauseind’établissementsprovinciauxestsouventer-ronée94.Ilscroientnotammentqueleursconditionsdedétentionserontmeilleures,qu’ilsserontautoma-tiquementlibérésausixièmedeleurpeineouqu’ilsneserontpasdétenusenrégionéloignée.
Parailleurs,peuimportelecontenudesententesfé-dérales-provinciales,l’article115(1)delaLoi sur le sys-tème correctionnel et la mise en liberté sous condition 95estincompatibleavecl’article22.2delaLoi sur les services correctionnels duQuébec96etnepermetpasquelespersonnesincarcéréespourunepeined’em-prisonnementàperpétuitécommepeinemaximalepuissentêtreadmisesàunprogrammederéinser-tionsocialeavantletiersdeleurpeine.Parailleurs,laLoi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous conditionprévoitquelaCommissionnationa-ledeslibérationsconditionnellesdemeurel’autoritédécisionnellecompétenteauregarddelalibérationconditionnelledespersonnespurgeantunepeinemi-nimaled’emprisonnementàperpétuité.
Danslesautrescas,c’estlaCommissionquébécoi-sedeslibérationsconditionnellesquiprendlesdéci-sionsconcernantleslibérationsconditionnellesdesrepentisdétenusauQuébecetcesontlesagentsdeprobationdelaDirectiongénéraledesservicescor-rectionnelsduQuébecquienassurentlesuivi.Ilfautmentionneràcetégardunautreinconvénientma-
94 Àcetégard,lemémoireprésentéparl ’AssociationdestémoinsspéciauxduQuébecàlasoussignéelaisseclairementvoircetétatdefait.Ons’yplaintquelesdétenusdanslesétablissementsprovinciauxnebénéficientpasdesavantagesconsentisauxdétenusdanslesétablissementsfédéraux.Ondonnenotammentl ’exempledela«roulotte».
95 Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition,L.R.C.,c.C-44.6.96 Loi sur les services correctionnels,L.R.Q.,c.S-4.01
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jeurdesententesfédérales-provinciales.Lorsqu’uncollaborateurdelajusticeenprocessusderéinsertionsocialedoitêtreréinstalléàl’extérieurdelaprovin-cepourassurersasécurité,lesautoritésquébécoisessontalorsprivéesdecompétencepourassurerlesui-videl’ententeàl’extérieurduterritoirequébécois.Silesautoritésfédéralesavaientgardécompétencesurcecollaborateur,laCommissionnationaledeslibé-rationsconditionnelleset leServicecorrectionnelduCanadapourraientexercerlasurveillancesurlecollaborateur.Lefaitderéinstallerlerepentiàl’ex-térieurdelaprovincesupposequecelui-cidevientalorsassujettiaurégimefédéral,cequisouventestcausededifficultéspourledétenuquidoitsesou-mettreàdenouvellesnormesourègles.
Pendantsestravaux,lasoussignéeaétéinforméequeleServicecorrectionnelduCanadatravailleraitàl’élaborationd’unprogrammeparticulierdedé-tentionpourlescollaborateursdelajustice.Ilfauts’enréjouirpuisqueletraitementconvenabledesdé-tenusquicollaborentaveclajusticeetquipurgentunelonguepeineconstitueuneresponsabilitéfédé-ralequelesprovincesnedevraientpasassumer.Ilestanormalquecetteresponsabilitéaitétééludéependantdesannéesaumoyendesignatured’enten-tesfédérales-provincialesquiavaientpoureffetdetransférercetteresponsabilitéauxautoritésprovin-ciales.Ilfautespérerquelesressourcesfinancièresquidoiventêtreoctroyéespourladétentiondescescollaborateursdejusticesoientdûmentdégagéesetallouéesenvuedeleurfournirdesconditionsdedétentiondécentes.Cesconditionsdoiventêtreaumoinscomparablesàcellesdesautresdétenus.
Quoiqu’ilensoit,certainscollaborateursdelajus-ticepurgenttoujoursdespeinesfédéralesdansdesprisonsprovinciales.
Dans ce contexte, la soussignée recommande qu’un groupe de travail restreint soit créé afin d’évaluer ces cas particuliers et de déterminer s’il ne serait pas souhaitable de revoir l’entente
fédérale-provinciale dans certains cas afin qu’ils puissent, lorsque la situation l’exige, être trans-férés dans des pénitenciers fédéraux.
Danslamesureoùlecollaborateurdelajusticeaveclequelestconclueuneententedeprotectionpurge-raunepeinedansunétablissementfédéral,ilfautsegarderdeprendredesengagementsauregarddesesconditionsdedétentionaumomentdelaconclu-siond’unaccorddecollaboration.LeProcureurgé-néralouleministredelaJusticeduQuébecnepeuttoutsimplementpasprendred’engagementaunomdugouvernementfédéral.Il luifaudraittoutefoisprendredesmesurespours’assurerdelacollabora-tiondesautoritésfédérales.Ainsi,lorsdelacoordi-nationdesdifférentesinstancespréalablementàlasignatured’uneententedecollaboration,leServicecorrectionnelduCanadadevraitêtreaviséetlefuturcollaborateurdevraitêtreinforméparlesautoritéscompétentesdesconditionsdedétentionauxquel-lesildoits’attendre.Unprotocoleentrelesautori-tésgouvernementalesdevraitrégircegenred’arran-gementsintergouvernementaux.
Celadit,ilpourraarriverqu’uncollaborateurdelajusticesoitdétenusouslaresponsabilitéd’unétablis-sementdedétentionprovincial.Ceserasouventlecaspendantlapériodedenégociationetd’évalua-tionauregardd’uneéventuellecollaborationaveclesautorités,pendantlapériodededétentionpréventi-veducollaborateurprévenu,danslecasoùceder-nierseverraitcondamnéàpurgerunepeined’em-prisonnementdemoinsdedeuxansouencoredansl’éventualitéoù,pouruneraisonoupouruneautre,uneententefédérale-provincialedevraitêtreconclue,conférantlagardeducollaborateuràl’autoritéqué-bécoise.Lesremarquesquisuivents’appliquentàcescasparticuliers.
Danstouscescas,leproblèmeestplutôtfacileàcer-ner.Danslemilieuspécialetparticulièrementvio-lentdeladétention,lescollaborateursdelajusticen’ontpaslacote.Lescodétenusprésententmême
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pourlerepentidétenuunesourcededangerquel’onpeutqualifierd’extrême.Dansdenombreuxpays,laseulemanièrevraimentsécuritairedeprotégerlescollaborateursdétenuscontrelesattaquesdesautresdétenusserésumeàlesmaintenirenisolement.AuQuébec,dessecteursontétéspécialementaména-gésàl’intérieurd’établissementsdedétentionexis-tants.Desrégimesdevieparticuliers,etplusper-missifsqueceuxdontjouitlapopulationcarcéralerégulière,ontétéélaborésetdesprivilègestelsquelatélévisioncâbléeetl’ordinateurencelluleontétéaccordés.Cesmesuresvisentcertainementàcom-penserl’isolementinhérentauxmesuresdesécuri-tédestinéesàassurerlaprotection.Auxyeuxdelasoussignée,ils’agitd’unminimumnécessaire.Silecollaborateurdelajusticen’apasnécessairementététrouvédansuneéglise,suivantl’expressionpo-pulairesouventutilisée,ilneseraitpasjustifiabledelemaintenirdansdesconditionsdedétentionpluspéniblesquelesconditionsimposéesauxpersonnescontrelesquellesiltémoigneouqu’ilaaidéàfairecondamner.Àplusoumoinslongterme,cettesi-tuationrisqueraitdetarirlerecrutementdescolla-borateursdelajusticeetd’entraverlaluttecontrelecrimeorganiséetleterrorisme.
Plusieurspaysd’Europeontprévuladétentiondescollaborateursdelajusticedansdesprisonsspécialesoudesunitéspénitentiairesspéciales97.SileQuébecentendpoursuivredanslavoiedel’utilisationdecol-laborateursdelajustice,ildevraserésoudreàconsa-crerlesressourcesnécessairesàuntraitementéquita-bledescollaborateursdelajusticeetdevrapeut-êtremultiplierlesunitéspénitentiairesspéciales.
À tout le moins, la soussignée recommande la mise en place de services et de programmes spéciale-ment adaptés à cette clientèle particulière.
Manifestement,lesprogrammesconçusparlaDirec-tiongénéraledesservicescorrectionnelspourrépon-dreauxbesoinsdesaclientèlerégulière,àsavoirlespersonnesprévenuesetlespersonnescondamnéesàdespeinesinférieuresàdeuxans,nerépondentpastotalementauxbesoinsdelaclientèleparticulièrequeconstituentlescollaborateursdelajustice.Deseffortssupplémentairesdevraientêtredéployésàcetégard,particulièrementencequiconcernelespro-grammesderéinsertionsocialeafinnotammentdebienpréparerlasortiedeprisondescollaborateursquidevrontamorcerunenouvelleviesousunenou-velleidentité.
En outre, afin de fournir une assise législative plus claire à une pratique qui a cours, une modifica-tion à la Loi favorisant la libération condition-nelle des détenus pourrait être apportée afin de spécifier que la Commission québécoise des libé-rations conditionnelles doit tenir compte, dans l’exécution de sa mission, des particularités pro-pres aux collaborateurs de la justice.
La soussignée recommande aussi que le ministre de la Sécurité publique du Québec entreprenne des démarches auprès des autorités compétentes pour que la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition fasse l’objet de mo-difications allant dans le même sens.
97 CONSEILDEL’EUROPE,Comitéeuropéenpourlesproblèmescriminels(CDPC),précité,note28,auxp.14et21.
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Annexe I
Les recommandations •LegouvernementduQuébecdevraitadopterunepolitiquedeprotectiondescollabora-teursdelajustice,témoignantdesonengagementclairenverslasécuritédeceuxquiac-ceptentdecollaboreraveclajusticeetqui,decefait,voientleurvieouleursécurité,oucellesdeleursproches,menacées;laprotectiondestémoinsseraitainsireconnuecommeuneresponsabilitégouvernementale.
•LegouvernementduQuébecdevraitalloueràlamiseenœuvredecettepolitiquetouteslesressourcesettouslesmoyensnécessairesàlaprotectiondescollaborateursdelajus-tice,indiquantparlàqu’ilenfaituneprioritégouvernementale,notammentparcequ’ilyvoitunmoyenessentieldelutterefficacementcontrelecrimeorganiséetleterrorismeainsiquecontrelesautresformesdecriminalitégrave,étantdisposéàassumerlecoûtdeleurprotectionmêmesil’expériencerévèlequececoûtestnécessairementélevé,entreautresparcequedesdépensess’imposenttantetaussilongtempsquepersisteunemena-cedereprésaillescontreletémoin.
•LegouvernementduQuébecdevraitengagerdesdiscussionssérieusesaveclegouver-nementfédéralafinquelesactionsenmatièredeprotectiondestémoinssoientmieuxconcertées.Parailleurs,legouvernementduQuébecdevraitinsisterauprèsdugouverne-mentfédéralpourquecedernierallouetouteslesressourcesnécessairesàlaprotectiondescollaborateursdelajusticedanslesdomainesquisontdesonressort.
•Enconformitéavecl’engagementcontenudanslapolitiquegouvernementalesurlapro-tectiondescollaborateursdelajustice,leministèredelaJusticedevraitcréerunbureauchargédelacoordinationetdusuividelaprotectiondescollaborateursdelajusticedemêmequedesdemandesdechangementd’identité(quipourraitêtreappeléleBureaudecoordinationetdesuividesententes).Cebureaudevraitêtrecomposédequelquesfonc-tionnairesindépendantsdelapoursuiteetdesenquêtes.
•Cebureau,àcaractèrepermanent,devraitassumertouteslestâchesadministrativesdé-coulantdel’utilisationetdelaprotectiondecollaborateursdelajustice,àl’exceptiondes
Annexes
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tâchesrelevantdel’expertisepolicièreenmatièred’évaluationdelamenaceetdeprotec-tiondutémoinsurleterrain.
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•Parailleurs,uneréflexionsérieusedevraitêtreamorcéesurlapossibilitédeconstitueruneunitéchargéeformellementdecoordonnerl’actiondesdeuxservicesdepolicehabilitésàoffrirlesservicesd’unprogrammedeprotectiondestémoinsetd’harmoniserlespra-tiques.Àtoutlemoins,àpluscourtterme,ilfaudraitcréeruncomitéd’harmonisationdespratiquespolicièresenmatièredeprotectiondescollaborateursdelajustice.
•L’annexeGdelaLoi sur la policedevraitenoutreêtremodifiéeafinderefléterlaprati-queactuelleoùseulslesservicesdepoliceoffrantdesservicesdeniveau5et6ontmisenplaceunprogrammedeprotectiondestémoins.
•Parailleurs,laLoi sur la policedevraitêtremodifiéedemanièreàétablirclairementqueseulslescorpsdepolicehabilitésàmettreenplacedesprogrammesdeprotectiondesté-moinssontautorisésàrecourirauxservicesd’agentscivilsd’infiltration.
•Enattendantcesmodificationslégislatives,desdirectives(saufpourleSPVM)obligeantlaconsultationduServicedelaprotectiondestémoinsdelaSûretéduQuébecdoiventêtreadoptéesetuneformationauxpoliciersappartenantàuncorpsdepoliceoffrantunniveaudeservicequinecomprendpaslaprotectiondestémoinss’imposepourquesoientrégulièrementrappeléeslesdifficultésliéesàlaprotectiondesagentscivilsd’infil-tration.
•Parailleurs,danstouslescasoùoncompterecourirauxservicesd’unagentcivild’infil-tration,lesdirectivesrégissantlesenquêtespolicièresdevraientétablirclairementunmé-canismed’évaluationpréalabledesagentscivilsd’infiltrationparlesunitésdeprotectiondestémoinsavantqu’uneententesoitconclueaveceuxparlescorpsdepolice.
•Danstouslescas,ilfaudraitenoutrerégulièrementrappelerauxenquêteursquitravaillentavecdescollaborateursdelajusticelesdirectivesvisantàindiquerquelesconditionsre-lativesàlaprotectiondestémoinsrepentisrelèventdel’unitédeprotectiondestémoinsetnondesunitésd’enquête.Dessessionsdeformationdestinéesexpressémentàleurex-pliquerl’importancefondamentaledelaséparationnetteentrel’enquêteetlaprotectiondevraientêtrerégulièrementorganisées.Cessessionsdeformationdevraientaussiprofi-terauxgestionnaireschargésdel’applicationdecesdirectives.
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•Pourremédierauxdifficultésengendréesparles«contratsdedélateurs»actuels,onde-vraitdistinguercomplètementle«contratdecollaboration»etle«protocoled’adhésionauprogrammedeprotectiondestémoins».Lecollaborateurdelajusticedevraiteneffetsignerdeuxdocumentsdistincts,soituncontratdecollaborateuretunprotocolederes-pectdesconditionsimposéesparleprogrammedeprotection.
•L’ententeactuellementprévuedansladirectiveTémoinrepenti(TEM-3)nedevraitêtresignéequeparunreprésentantduministredelaJustice,conférantainsiàcedernierunrôlede«guichetunique»enmatièredegestiondescollaborateursdejustice.
•LeministredelaJusticeousonreprésentantdevraitavoirlapossibilitédeconsulterun«comitédecontrôleélargi»,comprenant,lorsquec’estpertinent,notammentunrepré-sentantduServicecorrectionnelduCanada,avantdeconclureuneententeavecuncol-laborateurdelajustice.
•AlorsquelescontratsdecollaborationseraientsignésparleministredelaJusticeousonreprésentant,lesprotocolesd’adhésiondevraientcontinuerd’êtresignésetadministrésparlesspécialistesdelaprotectiondestémoinsauQuébec,soitlesservicesdelaprotec-tiondestémoinsdelaSûretéduQuébecetduSPVMoudel’unitéd’harmonisationquipourraitvoirlejour.
•Cesprotocolesd’adhésiondevraientconsignerlesattentesmutuellesenmatièredepro-tectiondescollaborateursdelajusticedemêmequelesconditionsàrespecterparlebé-néficiairepourêtreadmisetmaintenudansleprogramme.Ilsdevraientêtresignéspartouteslespersonnesmajeuresbénéficiairesdesmesuresdeprotection.
•Dansuneperspectivedepréventiondeslitigesetcommeilsefaitdansdenombreusesjuridictions,lecollaborateurdelajusticedevraitcontinuer,commecelasefaitactuelle-ment,desevoirsystématiquementoffrirl’aided’unconseillerjuridiqueaumomentdesignerleprotocoled’adhésionauprogrammedeprotectiondestémoins.
•Lesprotocolesd’adhésionàunprogrammedeprotectiondestémoinsdevraientspécifi-quementprévoirlapossibilité,pourlecollaborateurdelajusticeinsatisfait,d’adressersesdoléancesparécritauBureaudecoordinationetdesuiviafind’obtenirparécrituneré-ponsedansundélairaisonnable.
•Encasd’impasseoud’incapacitépourlescentresdedécisionvisésparuneplainte,ouencoreencasd’exclusionduprogramme,ildevraitêtrepossibledes’adresserparécritau
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Bureaudecoordinationetdesuiviafinqu’ilsaisisseunmédiateurouunjugeàlaretrai-tedudifférend.
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•Lechangementd’identitédevraitfairel’objetd’unerubriquedistincteduprotocoled’ad-hésionauprogrammedeprotection.
•Parailleurs,uneévaluationpsychologiqueducandidatdevraitobligatoirementêtreef-fectuéelorsquelechangementd’identitéestenvisagécommemesuredeprotection.Àdetrèsraresexceptionsprès,cetteévaluationdestinéeàvérifierlesaptitudesdutémoinàvi-vresousunenouvelleidentiténedevraitpasêtredivulguée.
•Demanièreàassurerlacoordinationetlaconcertationdetouteslesactionsencequiconcerneleschangementsd’identité,touteslesrecommandationsdechangementd’iden-titéémanantdesservicesdeprotectiondestémoinsdevraientêtretraitéesparleBureaudecoordinationetdesuividuministèredelaJustice.
•Leschangementsd’identitédevraientêtreformellementautorisésparleministredelaJusticeduQuébecouunreprésentantdésignéparcedernier.
•ComptetenudelapositioncentraleoccupéeparleDirecteurdel’étatciviletdesdispo-sitionsdéfinissantsonrôledansleCode civil du Québec,lasectionIIIduchapitrepre-mierdutitretroisièmeduLivrepremierduCode civil du Québecdevraitêtremodifiéedemanièreàluifournirplusdelatitudedansl’octroidechangementsd’identitésécuri-taires,allantjusqu’àluipermettrededérogerauxdispositionsrégissantlechangementdenom.IlpourraitêtrespécifiquementprévuqueleDirecteurdel’étatcivildisposedespouvoirsnécessairesafindeprocéderàunchangementd’identitésécuritairelorsqueleministredelaJusticel’aautorisé.
•LespersonnesresponsablesdelaprotectiondescollaborateursdelajusticeauQuébec,notammentleministredelaJusticeetleministredelaSécuritépublique,devraienten-tamersanstarderdesdiscussionsavecleministredelaSécuritépubliqueetdelaProtec-tioncivileduCanadaafinquesoitrevuel’interprétationdelaportéedelaloifédéralesurleprogrammedeprotectiondestémoinsetquesoitfacilitéelacollaborationfédéra-le-provincialedansledomainedeschangementsd’identité.
•Danslesministèresetorganismesdontlacollaborationestessentiellepoureffectuerdeschangementsd’identitésécuritaires,certainspostesdevraientsansdélaiêtreidentifiés
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commenécessitantuneaccréditationsécuritaire.Nedevraientdevenirtitulairesdecespostesquelespersonnesayantfaitl’objetd’uneenquêtedesécuritésatisfaisante.
•L’article29delaLoi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnelsdevraitfairel’objetd’unemodificationafinquelesmots«no-tammentunprogrammedeprotectiondestémoins»ysoientajoutésàlafin.Cettemo-dificationpermettraitdeconfirmerlapolitiquegouvernementaleenmatièredeprotec-tiondescollaborateursdejustice.
•LaLoi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseigne-ments personnelsdevraitaussiêtremodifiéeparl’ajoutd’untexteéquivalantàl’article11delaLoi sur le programme de protection des témoinsfédéraleinterdisantspécifiquementladivulgationderenseignementspouvantpermettrededécouvrirqu’unepersonneafaitl’objetd’unchangementd’identité,lelieuderéinstallationd’unetellepersonneouen-corepouvantmettreenpérill’intégritéoul’efficacitéd’unprogrammedeprotectiondestémoins.
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•Encequiconcernelesconditionsdedétention,ungroupedetravailrestreintdevraitêtrecréépourévaluerlecasdesdétenuspurgeantdelonguespeinesdansdesétablissementsdedétentionprovinciauxafindedéterminers’ilneseraitpassouhaitablederevoirl’en-tentefédérale-provinciale,danscertainscas,afinqu’ilspuissentêtretransférésdansdespénitenciersfédéraux.
•Danslecasdedétenuspurgeantdelonguespeines,ilfaudraitmettreenplacedesservi-cesetdesprogrammesspécialementadaptésàcetteclientèleparticulière.
•Enoutre,afindefourniruneassiselégislativeplusclaireàunepratiquequiacours,unemodificationàlaLoi favorisant la libération conditionnelle des détenuspourraitêtreappor-téeafindespécifierquelaCommissiondeslibérationsconditionnellesdoittenircompte,dansl’exécutiondesamission,desparticularitéspropresauxcollaborateursdejustice.
•LeministredelaSécuritépubliqueduQuébecdevraitentreprendredesdémarchesauprèsdesautoritéscompétentespourquelaLoi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous conditionfassel’objetdemodificationsallantdanslemêmesens.
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Annexe II
MandatÀtitredeprésidenteduComitédetravailregroupantdesreprésentantsdésignésparlesprincipauxorganismesimpliquésdanslecontrôleetlaprotectiondescollaborateursdelajustice,soitlesministèresdelaSécuritépubliqueetdelaJustice,MeAnne-MarieBois-vert,acommemandatde:
1.Procéderàlaréalisationd’uneétudecomparativeentrecequisefaitauQuébec,aure-garddecequecontiennentlesententestypes,etcequeprévoientailleursdanslemon-deleslégislationsoulesprogrammesenmatièredeprotectiondescollaborateursdelajustice,particulièrementencequitouchelesconditionsdedétention,leschangementsd’identitéetlesautresmesuresdeprotection.
2.Proposerunmodèledefonctionnementappropriéaucontextequébécois.
3.S’ilyalieu,suggérerlesmesuresadministrativessouhaitablesoulesmodificationslé-gislativessectoriellesquipeuventsemblerappropriéesafinderenforcerledegrédepro-tectionaccordéauxcollaborateursdelajustice.
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Annexe III
Personnes et organismes rencontrés / consultés-Bundeskriminalamt(Officefédéralpourlapolicecriminelled’Allemagne),responsableduprogrammedeprotectiondestémoins(21juin2004)
-BritishHomeOffice,WitnessProtectionandIntimidationTeam(14juin2004)
-Commissionquébécoisedeslibérationsconditionnelles(12mars2004)
-Commissionnationaledeslibérationsconditionnelles(16et26avril2004)
-Directeurdel’étatcivilalorsenfonctionetsonprédécesseur(11maiet7avril2004)
-Directiongénéraledelapolicejudiciairebelge(22-23juin2004)
-DirectiongénéraledesservicescorrectionnelsduQuébec(12mars2004)
-GardaSiochana(Policenationaled’Irlande)(15juin2004)
-GendarmerieroyaleduCanada(1eret16avril2004)
-HerMajestyCustomsandExcise–DeltaProject(14juin2004)
-LondonMetropolitainPolice (CriminaljusticeprotectionUnit)(15juin2004)
-Ministèredel’Emploi,delaSolidaritésocialeetdelaFamilleduQuébec(11mai2004)
-MinistèredelaJusticedel’Ontario,WitnessProtectionProgram(26avril2004)
-MinistèredelaJusticeduQuébec,Bureaudelutteaucrimeorganisé(B.L.A.C.O.),(21mai2004)
-MinistèredelaSécuritépubliqueduQuébec(12mars2004)
-MinistèreduRevenuduQuébec,Directiondesenquêtes(10mai2004)
-PolicefédéralebelgeetParquet(22et13juin2004)
-PolicenationaledesPays-Bas,Unitédeprotectiondestémoins(1eravril2004)
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-Régiedel’assurance-maladieduQuébec, Servicedesupportauxopérations(10mai2004)
-RégiedesrentesduQuébec,Directiondesaffairesjuridiques(10mai2004)
-ScottishDrugEnforcementAgency,responsableduScottishWitnessLiaisonUnit(17et18juin2004)
-ScottishCrownOfficeandProcuratorFiscalService(17juin2004)
-ServicecorrectionnelduCanada(26avril2004)
-ServicedepolicedelaVilledeMontréal(2avril2004)
-ServizioCentraleDiProtezione(Servicecentraldeprotectiondestémoins)etDire-zioneNationaleAntimafia(DirectionnationaleantimafiaduministèredelaJustice)(24juin2004)
-Sociétédel’assuranceautomobileduQuébec(10mai2004)
-SûretéduQuébec,Servicedelaprotectiondestémoins(7et16avril2004)
-Unitédelaprotectiondestémoinsdelapolicenationalesuédoise(24septembre2004)
-USMarshallsService(25octobre2004)
Mentionnonsenfinquelasoussignéen’apasrencontré,commeils ledemandaient, lesmembresdel’AssociationdestémoinsspéciauxduQuébecdontquelques-uns,ilimportedelesouligner,poursuiventprésentementleProcureurgénéralduQuébecdevantlestri-bunaux.Elleatoutefoissoigneusementanalysélesreprésentationsécritessoumises,àsoninvitation,parcetteassociation.
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Annexe IV
Bibliographie
Articles de périodiques-MONTANINO,Fred,“UnintendedVictimsofOrganizedCrimeWitnessProtection”,
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-CONSEILDEL’EUROPE,Comitéd’expertssurlaprotectiondestémoinsetdesre-pentisenrelationaveclesactesdeterrorisme(PC-PW),Conclusions du rapport final sur la protection des témoins et des repentis en relation avec les actes de terrorisme,Strasbourg,18septembre2003.
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-Groupedetravailchargéd’examinerlespratiquesenmatièred’enquêtescriminellesauseindescorpsdepoliceduQuébec–rapport final,novembre1996,(RapportBellemare).
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RAPPORT FINAL
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Jurisprudence-Bisaillonc.Keable,[1983]2R.C.S.60
-R.c.Brown,[1966]B.R.502
-R.c.Brown,[2002]2R.C.S.185
-Communauté urbaine de Montréalc.Gingras,[1998]R.J.Q.2010(C.A.)
-DiOrio et Fontainec.Gardien de la prison de Montréal,[1978]1R.C.S.152
-R.c.Doucet,C.S.150-01-006034-020,24novembre2003
- R.c.G.B.,[2000]O.J.no2963(C.A.Ont.)
-R.c.Khela and Dhillon,(1992)68C.C.C.(3d)81(C.A.Qué.)
-R.c.Khela (no 2),(1994)92C.C.C.(3d)81(C.A.Qué.)
-R.c.Khela,[1995]4R.C.S.201
-Kirznerc.La Reine,[1978]2R.C.S.487
-R.c.Leipert,[1997]1R.C.S.281
-R.c.McClure,[2001]1R.C.S.445
-Michaudc.Procureur Général du Québec,[1996]3R.C.S.3
-R.c.O’Connor,[1995]4R.C.S.411
- R.c.Palmer,[1980]1R.C.S.759
- R.c.Reppas,[1993]O.J.no3808(C.A.Ont.)
-R.c.Scott,[1990]3R.C.S.979
-Thomson Newspapers Ltd.c.Canada (Directeur des enquêtes et recherches, Commission sur les pratiques restrictives du commerce),[1990]1R.C.S.425
-R.c.Thresh,[2003]̧ Q.J.no11327;J.E.2003-1729(C.A.Qué.)
-R.c.Xenos,[1991]A.Q.no2200
RAPP
ORT
FINA
L
��
Législation, réglementation, directives
Afrique�du�Sud-RepublicofSouthAfrica,Act no 112 of 1998,Witness Protection Act,27november1998
Australie-Witness Protection Act 1996,Act.No20of1996,AustralianCapitalTerritory
- An Act to establish a program to give protection and assistance to certain witnesses and other persons,no124of1994
-Witness Protection Act 2000,Actno.56of2000,Queensland(17novembre2000)
Belgique-Loi du 7 juillet 2002 contenant des règles relatives à la protection des témoins menacés et
d’autres dispositions
Canada�-Loi sur le programme de protection des témoins,L.R.C.1996,ch.W-11.2
-Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition,L.R.C.,ch.44.6.
Conseil�de�l’Europe��-Conseildel’Europe,Comitédesministres,Recommandation no R (97) 13, sur l’ intimi-
dation des témoins et les droits de la défense,10septembre1997(etexposédesmotifs)
-Conseildel’Europe,Comitédesministres,Recommandation no R (2001) 11, concernant des principes directeurs pour la lutte contre le crime organisé,19septembre2001(etexpo-sédesmotifs)
États-Unis�-18USC,ch224,Sec.3521etssofThe Federal Codes and Rules,(«WitnessRelocation
andProtection»)
-DepartmentofJustice,The United States Attorney’s Manual,9-21.000,WitnessSecurity
RAPPORT FINAL
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France�-Projetdeloiportantadaptationdelajusticeauxévolutionsdelacriminalité(no784)
du9avril2003(LoiPerbenno1)
-Projetdeloiportantadaptationdelajusticeauxévolutionsdelacriminalité(no255)du11février2004(LoiPerbenno2)
Irlande -Criminal Justice Act,1999,(Number10of1999)
Nations�Unies-Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée,décembre2000.
Ontario-MinistryoftheAttorneyGeneral,Crown Policy Manual,policyWA-1,WitnessAssis-
tanceandRelocation
Québec�-Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels,L.R.Q.,c.A-2.1
-Loi favorisant la libération conditionnelle des détenus,L.R.Q.c.L-1.1
-Loi sur les services correctionnels,L.R.Q.c.S-4.01
- Loi sur la police,L.R.Q.,c.P-13.1
République�Tchèque -Special Law no 137/2001 on the special protection of a witness and other persons in connec-
tion with criminal proceedings and on the amendment of Act no 99/1963,Coll.,CivilLegalCode,asamended
Union�Européenne -Résolution du 23 novembre 1995 sur la Protection des témoins dans la lutte au crime orga-
nisé transnational,JournalOfficieldesCommunautéseuropéennes,no95C327/0)
-Résolution du 20 décembre 1996 relative aux collaborateurs à l’action de la justice dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée,JournalOfficieldesCommunautéseuro-péennes,no97/C10/01.