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ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » RAPPORT SYNTHETIQUE DES TRAVAUX Décembre 2008 PLAN I / ORGANIGRAMME II / INTRODUCTION III / DEROULEMENT IV / SYNTHESE DES SOUS COMMISSIONS : Diagnostic et recommandations 1) Education et formation 2) Santé et Développement social 3) Dialogue social, politique et syndical 4) Culture 5) Sports et Loisirs V / CONCLUSIONS GENERALES 1

Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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Page 1: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE »

RAPPORT SYNTHETIQUE DES TRAVAUX

Décembre 2008

PLAN

I / ORGANIGRAMME

II / INTRODUCTION

III / DEROULEMENT

IV / SYNTHESE DES SOUS COMMISSIONS : Diagnostic et recommandations

1) Education et formation2) Santé et Développement social3) Dialogue social, politique et syndical4) Culture5) Sports et Loisirs

V / CONCLUSIONS GENERALES

VI / ANNEXES (226 pages)

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I - ORGANIGRAMME

*Président : Mamadou Fadiga 77 653 84 27 [email protected]

* Vices Présidents : Babacar Diop Buuba [email protected] , Aloyse Raymond Ndiaye [email protected] , et Marie Louise Corréa [email protected]

* Rapporteurs : Thié Ndiaye [email protected] et Jeanne Lopis Sylla [email protected]

*Secrétaire permanent : Ousmane Diadhiou [email protected]

*5 Sous commissions

- Education et formation ; coordonnateur Amadou Lamine Ngom [email protected]

- Santé et développement social ; Saliou Diagne [email protected]

- Culture ; Youssou Mbargane Guissé [email protected]

- Dialogues social, syndical et politique ; Abdoulaye Guèye [email protected]

- Sports et loisirs ; Ousmane Diadhiou [email protected]

Siège : Forum Civil, avenue Malick Sy sise à Dakar, date des plénières : Jeudi

UFN El Hadji Malick AS DIONE

[email protected]

77 552 87 49

Titulaire d’un CAES en 1997 et d’une Maîtrise es Sciences mathématiques appliquées en 1993. Prof de Math depuis 1997, Formateur au CFPJ depuis octobre 2006. Trésorier Général du parti, membre fondateur de l’UFN, membre du BP

NJ/MAG Fode Ndiaye : 77 551 15 88Ingénieur SG adjoint du NJ/MAG

RTA-S Bocar Ly [email protected]

77 558 43 19

Professeur de Mathématiques (CACEM en 1984-Dues PC en 1981). En service au CEM Dieuppeul depuis 1986. Membre du Secrétariat politique du Rta-S chargé de l’organisation

AFP Jeanne Lopis-Sylla 77 644 56 41 [email protected]

Chercheur IFAN et Présidente du Conseil d'Administration (PCA) de la mutuelle des femmes « Racines du progrès ».Membre de l’ANCP

JEF JEL Amadou Sow Professeur es lettres, inspecteur de l’Education spécialiste des

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[email protected]

Tel 77 5324721

questions éducatives et des civilisations africaines, ancien directeur d’école, doctorant es grammaire, Secrétaire National chargé de la Communication Jef Jel

PIT Dr Boubacar Danfakha Pr Economie UCAD

FDESLamine Sow : 77 557 17 00 [email protected] BAC + 2 : Educateur sportif Responsable

département de Dakar (Fdes)

RNDMamadou Koly Niang : 77 545 46 33 Homme d’Affaires USA/ Sénégal Membre du SEPO

CONGADAlioune Badara SENGHOR 77 511 3849

CONGADDjebel SARR : 77 539 89 42

CONGADIbrahima Lamine DIOP 77 553 21 42

MRDSMoctar GAYE : 77 546 28 03

Lyane Sow : 77 656 72 72

Professeur de Français [email protected]

Prof de médecine UCAD [email protected]

UNSASAblaye GUEYE : 77 643 70 21 [email protected] Inspecteur de l’Enseignement, Syndicaliste

Secrétaire chargé de l’Administration de l’UNSAS

TekkiAlpha DIA 77 657 94 63 Mouvement TEKKI Economiste financier [email protected]

Yoonu Askan Wi

Mamadou Abdoul SY 77 641 00 62 [email protected]

économiste, cadre d’ONG (secteur : éducation non formelle)

CAAS -Toure Marème cire Diallo776567601

-Mousssa GASSAMA: 77 656 41 38

SALIOU DIAGNE: 76 698 69 70;

-Abdoulalye Sène : 77 366 16 37; Magne

Cisse: 775783798 [email protected]

assis tante sociale, hôpital A. Le Dantec,

assistant social

assistant social coud [email protected]

assistant social coud [email protected]

aide sociale : « les enquêtes médico-sociales »

Individuel Mamadou FADIGA 77 653 84 27 [email protected] Inspecteur de l’Enseignement

Souleymane NDIAYE Professeur

Pacte Repu. Fatou Dème DIOUF [email protected] 77 54071 68 Educatrice Spécialisée

Mame Ami Mbow : 77 637 74 60 : Artisanat [email protected]

Massamba LAM 77 548 91 83 [email protected] Retraité, chercheur à l’IFAN

Awa MBOW : 77 637 06 73 [email protected] Médecin

individuel Ousmane SOW : 33 82067 66 Sculpteur

Alfred NDIAYE [email protected] Prof UGB

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Fatou Sow Diagne : 33 820 03 55

Abou Touré : 77 556 84 10 IFAN

Mamadou Faye Ancien Directeur Office du Bac

GIS Ousmane Diadhiou : 77 537 30 29 / 33 855 94 50 Géographe [email protected]

Dr Marie Ka CISSE Santé Abass Ndao

Dr Daha Kane

Rokhaya Fall Sokhna : 33 832 13 61 / 77 637 97 67 Prof UCAD [email protected]

Bouba DIOP : 77 644 41 62 Professeur

Waly SENE : 33 837 46 60/77 558 04 89 Prof à l’ENEA [email protected]

SCEMES Cheikh g.Diop : [email protected] 77 557 51 24

Gorgui Ciss 775463203 / 338243035 [email protected] Professeur

Dapina Mbaye : 776346707 Cinéaste [email protected]

Boubacar Diallo 77 6489220 / 33 8251136 [email protected]

Amara Seck : 77 630 0381 [email protected] Professeur

Mamadou Ndoye [email protected]

Individuelle Marie Amy Mbow [email protected]

LD/MPT Fatoumata Yaye Boye Ly 77 651 62 12 Professeur CEMG [email protected]

Ndiaga SYLLA 776562232 [email protected]

Amadou Lamine Ngom [email protected] 77 552 62 40 Prof enseignement technique

UNSAS Abdoulaye Guèye [email protected] Inspecteur-syndicaliste

PIT Thié NDIAYE [email protected] 77 517 06 26 INSTITUTEUR

Youssou Mbargane Guissé [email protected] Professeur 775424858

Marie Louise Corréa [email protected] Professeur en médecine

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II / INTRODUCTION

Le fait même qu’un titre « Gouvernance sociale » nous soit proposé avec plusieurs sous titres : « Ressources humaines », « Droits économiques et socio culturels » montre la complexité de la mission qui nous est confiée. A cela, il faut ajouter le fait que certaines thématiques listées dans notre cahier de charge (ex. accès aux services sociaux de base, conditions des travailleurs , accès aux logements, infrastructures et transports, solidarité, avec les couches vulnérables) sont parfois reprises dans leurs spécificités dans le listing (ex. éducation et formation, santé, culture, jeunesse, emploi, genre et promotion de la femme, situation des personnes âgées, les migrations, défi économiques, sports, etc.

Il est donc nécessaire de montrer les articulations pour mieux affiner la jonction des anneaux.

Ce qui fait l’articulation avec deux autres commissions (à savoir gouvernance politique, économique, et financière) c’est bien le terme gouvernance, considéré comme fondement de tout développement durable et qui pose les articulations entre gouvernement et acteurs sociaux.

La bonne gouvernance est considérée comme un système complexe d’interactions entre des structures, des traditions, des fonctions (responsabilités) et des procédés ‘pratiques) caractérisés par trois (3) valeurs fondamentales : responsabilité, transparence et participation.

La nature et la qualité de ces interactions qui ont pour but de mener à un développement humain durable, détermine comment le pouvoir est exercé, comment les dépositaires d’enjeux expriment leurs points de vue et comment les décideurs sont tenus responsables »

La notion de gouvernance reconnaît «  que des questions d’intérêt public comprennent des gammes d’activités et des problèmes qui nécessitent une intervention et un apport non seulement des organismes d’Etat, mais aussi des acteurs non gouvernementaux, tels que la société civile et le secteur privé (cf doc. d’interaction, comprendre la bonne gouvernance, in B Diop Buuba, Congad, Retour sur les livres d’hivernages, 2003).

Toute société a besoin pour naître, se développer et se maintenir, de se fonder sur plusieurs « biens communs », par exemple : le sentiment d’appartenir à un groupe humain distinct par le mode vie, l’habitat, la religion. Il faut intégrer le fait que nous vivons aussi de plus en plus dans une ère de sous régionalités, régionalités et mondialité ; les sociétés humaines ont pris conscience de leur existence en tant que communautés solidaires et non en tant qu’ensembles multiples juxtaposés (cf. Ricardo Petrelle, le Bien commun, Labor, 1996).

Notre pays a souscrit à des engagements internationaux (OMD, EPT, etc.) sous régionaux, régionaux, (COMEDAF). Ce qui fait donc l’être humain c’est la solidarité avec ses parents, voisins, semblables, c’est, la transmission de connaissances pour un savoir vivre ; l’enfant, le citoyen est ainsi préparé à la vie en société. Il s’y ajoute le savoir faire. Le membre du groupe doit pouvoir participer à la satisfaction des besoins matériels. Pour bien participer à la vie du groupe, il faut jouir d’une bonne santé physique et mentale. Des techniques, des processus particuliers sont élaborés dans les différentes sociétés humaines pour combler des « gaps », soigner des handicaps, soigner des traumatismes.

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Ce qui fait la différence entre les pays, c’est la mobilisation de leur capital humain, intellectuel et social et la réussite des articulations. (+)

On peut même se demander si ce n’est pas parce que les articulations ne sont pas bien assurées que, les MINEDAF qui ont été convoqués depuis 1961 ont eu des résultats limités : les rencontres des Ministres de l’Education, de la Formation, de l’Economie et de la Planification ne suffisent pas. Il faut que des Ministres de la Culture et de la Communication soient impliqués dans les politiques éducatives, c’est ce que l’Unesco et l’Union Africaine ont fini de comprendre. C’est cela qui nous a amené à travailler autour cinq (5) sous commissions :

Education Formation ; Santé et développement social ; Culture et communication Sport-Loisirs ; Dialogues social et citoyen.

Les discussions au sein de la commission n’ont pas manqué de revenir sur les concepts fondamentaux que sont les « les ressources humaines » les notions relatives au « capital humain », au « capital social » et au « capital culturel »

Le concept de ressources humaines peut résumer notre propos.

En effet, c’est une évidence, l’homme est au centre de l’étude et de la conduite de la vie économique, sociale et culturelle dans tout pays. Il l’est par ce qu’il se trouve en sa qualité de producteur et de consommateur au début et à la fin du processus de production des biens et des services dont une société a besoin à un moment donné de son histoire.

En effet les économistes de toutes obédiences ont toujours mis l’accent sur le rôle central joué par l’homme dans l’exercice des biens et de services, ils insistent sur le facteur travail dans sa dimension manuelle comme intellectuelle, facteur qui a toujours eu une place privilégiée dans toutes les grandes théories économiques. Certes sous l’influence de l’école classique qui distingue l’homme du facteur capital (capital matériel et monétaire) on a trop souvent accordé moins d’importance au problème essentiel du coût de production, du facteur travail en assimilant facilement l’homme producteur à une matière première ; c'est-à-dire une ressource à l’image des ressources naturelles ou matérielles. D’où l’expression  « ressources humaines » concept aussi vieux la science économique mais dont l’utilisation de façon courante est relativement récente. Fréquemment employée au pluriel ; la notion de « ressources humaines » peut parfois être singulier. François Perroux parle souvent ainsi de la « ressource humaine » dont le plein développement est pour lui l’objectif même de l’économie. Le singulier et la transcription en lettres majuscules accentue l’importance accordée à ce qui est humain. Dans son sens le plus abstrait  »ressources humaines » désigne les inputs humains qui interviennent dans le processus de production. C’est là, en quelques mots une signification qui donne à l’être humain la même valeur que les ressources naturelles ou matérielles. Les êtres humains interviennent comme on l’a noté plus haut, de deux façons dans les phénomènes économiques : en tant facteurs de production et en tant que processus finaux des processus socio économiques.

Il existe par ailleurs un autre concept plus large des » ressources humaines » selon lequel « ressources humaines » et « êtres humains » ont une valeur identique. Il s’en suit dès lors que le développement des ressources humaines implique le développement de l’homme dans tous les

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rôles qu’il peut jouer en tant que consommateur, producteur, membre de la société, en tant qu’être doué de raison, mu par des aspirations spirituelles et esthétiques pour son plein épanouissement. C’est dans ce sens qu’un auteur ; Hector Corréa note : « la mise en valeur des ressources humaines est un processus qui consiste à accroître les connaissances théoriques et pratiques et les aptitudes de tous les individus qui composent la société ». Au plan économique, la mise en valeur des ressources humaines apparaît comme une accumulation de « capital humain » effectivement investi dans le développement économique d’un pays. Au point de vue social et culturel, elle consiste à aider les individus à mener une vie pleine et plus riche. En somme selon cette acceptation, les ressources humaines peuvent être définies comme  « l’ensemble des moyens disponibles constitués par le nombre et la qualité des hommes. L’éventail des ressources est donc ici largement ouvert  et ses frontières parfois imprécises». Il s’agit pour ainsi dire des hommes, de leur âge, de leur localisation, de leur mobilité, de leur disposition au travail, de leur éducation, de leur santé, de leurs motivations, de leurs valeurs. En somme de tout cela fait parie des ressources humaines. Dans cette optique, il est important de ne restreindre la notion de ressources humaines à un seul de ces éléments ainsi qu’on est tenté parfois de le faire en la ramenant exclusivement ou principalement à une de ses dimensions à savoir l’éducation et la formation.

III / DEROULEMENT DES TRAVAUX

Le 1er Juin 2008 marque le début officiel des Assises Nationales sénégalaises initiées par la société civile et une bonne frange du monde politique excepté la mouvance présidentielle. L’ouverture a eu lieu au Méridien président sous la conduite du Président des Assises Nationales ; Amadou Mactar Mbow ancien directeur de l’Unesco et Ministre sous le magistère de Léopold Senghor. Les mois de juin et de juillet seront utiliser pour la mise en place des structures et commissions devant coordonner et piloter les Assises Nationales. Au départ sept (7) Commissions thématiques (Ethique, Monde rural, Gouvernance Sociale, Aménagement du territoire, scientifique, NTICs, Politique extérieure et migration) et trois (3) commissions transversales (organisation, finances et communication) sont créées.

La commission 4 intitulée « Gouvernance Sociale, droits économiques et sociaux, valorisation des ressources humaines » a démarré ses travaux le 31 Juillet 2008 au siège du Forum Civil sous la conduite de son Président le doyen Amadou Fadiga ancien inspecteur de l’enseignement. Du 31 juillet au 30 novembre, la commission 4 a tenu des plénières (8), des réunions de sous commissions (+ 20) et comité de rédaction (5) et des séminaires sans compter les interviews accordées à des personnes ressources. Les membres de la dite commission participent aux rencontres des commissions et aux consultations citoyennes

A – Les plénières.

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Elles ont réuni tous membres de la commission 4 et des invités (personnes ressources, commissions transversales, etc.) et se sont tenues le jeudi au siège du Forum Civil sur l’avenue Malick Sy sise à Dakar.

La première plénière du Jeudi 31 Juillet 2008 présidée par le Président Fadiga, a reçu vingt trois participants Après lecture du document "Commissions des Assises Nationales" portant sur les thèmes intéressant le groupe, ses membres ont procédé à des échanges exploratoires.Le président de la Commission, dans une première synthèse a proposé:

- de confier les questions liées au genre,  aux personnes âgées, à la jeunesse, aux sports d'une part et d'autre part celles relatives aux transports à une huitième et une neuvième commissions à créer

- de recentrer le reste des thèmes autour de trois (3) groupes de travail: 1/ Education-Formation-Santé

2/ Culture-Sports

3/ Accès aux services sociaux de base-Logement- Conditions de travail.

Monsieur Babacar Diop dit Buuba, par ailleurs élu vice-président de la commission est chargé de présenter un exposé introductif sur la « Gouvernance Sociale » et Waly séne sur « les ressources humaines ».

La seconde plénière (15 participants) du jeudi 7 Aout présidée par Babacar Diop Buuba marque le début des travaux avec la nomination du bureau :

- Doyen Fadiga président de la commission- Babacar Diop Buuba et Aloyes Raymond Ndiaye respectivement premier

et second vices présidents- Thié Ndiaye et Jeanne Lopis Sylla co rapporteurs- Ousmane Diadhiou secrétaire permanentMonsieur Abdoulaye Elimane Kane membre de la commission scientifique a

apporter quelques éclairages sur a méthodologie de travail. Pour une fluidité des informations, il a recommandé d’utiliser les tics.

Le fait majeur de cette troisième plénière (25 participants) du jeudi 14 Août 2008 est la subdivision de la commission en cinq (5) sous commissions thématiques (voire sous commissions)

La quatrième plénière (20 participants) du jeudi 28 Août 2008 a été décalée d’une semaine afin de permettre aux cinq (5) sous commissions de démarrer leurs travaux. Chaque sous commission a présenté :

- Ses membres- Sa méthodologie- Son chronogramme- Ses activités - Son budget

Certaines sous commissions comme « Education et Formation » a plusieurs volets ; enseignement préscolaire ; enseignement élémentaire ; enseignement

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moyen, élémentaire, supérieur, etc. Seule la sous commission « Sport et Loisirs » avait tardé à démarrer par manque de membres, des noms furent proposés pour l’étoffer. Pour toutes les sous commissions on retient trois principes :

- Etat des lieux- Politiques existantes - Recommandations

Les cinquième et sixième plénières ont eu lieu respectivement les 25 Septembre et 16 Octobre. Elles se sont appesanties sur le bilan d’étape, le respect du calendrier, les souscriptions. Il est à noter que l’ancienne ministre de la santé le professeur Marie Louise Corréa a été nommé troisième vice présidente de la commission 4.

La septième plénière (13 participants) du jeudi 30 Octobre a été axée sur le rapport final. Il a été décidé de présenter un rapport final synthétique d’une cinquantaine de pages. Les travaux succincts des sous commissions sont joints en annexes. Pour cela un comité de rédaction a été mis en place comprenant les deux rapporteurs, les vices présidents, le président et les coordonnateurs de sous commissions et la date du 27 Novembre a été retenue pour la réception de tous les travaux des sous commissions.

La huitième plénière tenue le jeudi 27 Novembre 2008, s’est appesantie sur la date de dépôt des rapports de commissions thématiques : 31 Décembre 2009. La neuvième commission s’est tenue le 23 décembre 2008 et la dernière le 30 décembre 2008 fut consacrée à la validation de la synthèse.B – Les sous commissions

La plénière du jeudi 14 Août avait entériné la subdivision de la commission en 5 sous commissions :

1) Education et formation

Coordonnée par le doyen Amadou Lamine, elle se réunissait le mercredi au Congad. Elle a tenu plus dix réunions. Elle a une dizaine de membres tous du secteur de l’éducation (professeurs, inspecteurs, maîtres, directeurs, etc.) Pour un travail bien élaboré, la sous commission a pris tous secteurs de l’enseignement  réparti par volets :

a- Le volet « les trajectoires du système éducatif au Sénégal : les fondamentaux de l’éducation » fait par Babacar Diop Buuba

b- Le volet « Pré scolaire » on a une contribution de madame Seynabou Diallo.

c- Le volet « Enseignement élémentaire » a été fait par un collège de jeunes inspecteurs de l’enseignement sous la supervision du Doyen Fadiga inspecteur président de la Commission 4 (pages ?)

d- Volet « Enseignement secondaire Général » confié a Mactar Gaye professeur (11 pages) »

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e- Volet « Enseignement technique et formation professionnelle » à Boubar Diallo inspecteur d’enseignement et Amadou Lamine Ngom professeur d’enseignement technique (30 pages)

f- Le volet « Enseignement supérieur » confié au Satuc

g- Le volet « Education non formelle » confié à Jeanne Lopis Sylla linguiste (12 pages) 

h- Le volet « Engagement du Sénégal dans le Monde et dans le domaine de l’éducation », à Rokhaya Fall Sokhna professeur (6 pages)

La synthèse des travaux de cette sous commission est confiée Amara (5 pages)

2 ) Santé et développement social

Sous la houlette de Saliou Diagne travailleur social secondé par Thié Ndiaye professeur et Iyane Sow professeur en médecine, Aloyse Ndiaye professeur et Awa Sow. L’équipe se réunissait au quartier Scat Urbam de Grand-Yoff les mercredis.Les travaux sont faits en deux volets :

a- Santé par Iyane Sowb- Développement social

3 ) Culture et communication

Elle a été pilotée par Youssou Mbargane Guissé professeur en collaboration avec plusieurs artistes comme Ousmane Sow sculpteur. Les travaux se poursuivent et plusieurs artistes interviewés. Elle se réunion tous les jeudis au siège du Forum civil. Ses travaux se sont déroulés sur plusieurs mois en plusieurs endroits du Sénégal.4 ) Dialogues social, politique et syndical

Coordonnée par Abdoulaye Guèye syndicaliste, en collaboration avec Gorgui Ciss professeur et élu local, Diébel Sarr (ONG), Jeanne Lopis Sylla chercheuse à l’IFAN, Fatou Dem Diouf assistante sociale. Elle se réunit les mardis au Forum Civil. Les travaux sont synthétisés dans un document de 7 pages. (Voire annexe)

5 ) Sports et loisirs

Cette sous commission fut conduite par Ousmane Diadhiou (géographe) travailleur social en collaboration avec Moussa Guèye entraineur et dirigeant

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de navétane et Ahmet Diouf sportif et informaticien. Elle se réunit à ANAFA les lundis à ANAFA. Elle n’a pas encore bouclé ses travaux. Voir plan de travail en annexe.

III – Les séminaires

Seules trois avaient prévu de faire des séminaires :

a- La sous commission «Education et formation» a tenu son séminaire de validation le samedi 25 Octobre 2008 au siège des Assises Nationales au Point E rue Kaolack angle Kolda

b- « Santé et développement social» a fait son séminaire le samedi 8 Novembre au siège des Assises Nationales, correspondant à l’ouverture des consultations de Dakar

c- La sous commission « Culture et communication avait prévu de faire un séminaire avant la clôture des travaux.

IV – Le comité de rédaction

Le comité de rédaction s’est réuni une première fois au Just 4 U le samedi 15 Novembre 2008. Ont participé les deux vices présidents Babacar Diop Buuba et ALoyse, Ousmane Diadhiou et Jeanne Lopis Sylla. Il a été retenu que :

1- Le 1er vice président Babacar Diop Buuba fera l’introduction du rapport final en faisant la synthèse des deux textes introductifs

2- Le rapporteur Ousmane fut chargé de faire la partie narrative des travaux de la commission

3- Les deux rapporteurs Thié Ndiaye et Jeanne Lopis Sylla furent chargés de la synthèse des travaux en sous commission avec deux parties

- Diagnostic- Recommandations

4- Le président Fadiga et le second vice président Aloyse Ndiaye furent chargés de la conclusion finale.

La seconde réunion du comité de rédaction a eu lieu le jeudi 20 novembre au siège du Forum Social. Elle sera suivie d’une troisième rencontre le Samedi 27 Décembre.

Enfin la dernière rencontre du comité de rédaction a eu lieu le Mardi 30 Décembre.

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III / SYNTHESE DES SOUS COMMISSIONS : Diagnostic et recommandations

  Au terme de quatre mois de travaux, la Commission 4 « Gouvernance sociale », qui a mené ses activités de réflexion suivant cinq axes pris en charge par les  cinq sous-commissions « Education - Formation », « Culture », « Dialogue politique - Dialogue social - Dialogue citoyen », « Santé –Développement social » et « Sports-Loisirs » est parvenue aux conclusions ci-dessous, concernant l’état des lieux / diagnostic et  les propositions / recommandations.

1) EDUCATION ET FORMATION

  Le passage en revue des engagements internationaux auxquels le Sénégal a souscrit, dans le domaine de l’éducation, a conduit à faire les constats ci-après. Dix ans après le Sommet mondial sur l’éducation de base (Jomtien 1990), le Forum mondial sur l’Éducation (Dakar, avril 2000) démontre que, malgré d’importants progrès, beaucoup reste encore à faire, notamment dans le domaine de l’accès des enfants à l’enseignement primaire, de l’alphabétisation des adultes et de l’égalité de genre dans le système éducatif. Le forum de Dakar a fait de l’éducation pour tous une priorité, dont les buts sont étroitement liés au développement. Le système éducatif sénégalais comporte sept ordres d’enseignement :

-         l’Education préscolaire ; -         l’Enseignement élémentaire ; -         l’Enseignement moyen ; -         l’Enseignement secondaire ; -         l’Enseignement supérieur ; -         l’Enseignement technique ; -         l’Education non formelle.

  Le présent rapport de synthèse expose d’abord, dans sa globalité, un état des lieux du système, issu du séminaire organisé par la sous-commission, avant de livrer les résultats des travaux pour chaque ordre d’enseignement.     1. LE SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS   1.1.            ETAT DES LIEUX DU SYSTEME  

Le système éducatif est administré par trois ministères             - Préscolaire, Enseignement élémentaire et moyen ;             - Enseignement technique et Formation professionnelle ;

- Enseignement secondaire et Enseignements supérieurs (CUR et universités).   Le risque ici est, alors, de voir perdurer la gestion au jour le jour des intérêts catégoriels, au détriment d’un pilotage qui sauvegarde l’ensemble des intérêts des usagers du système, et cela malgré l’existence d’un Plan Décennal de l’Education et de la Formation (PDEF).  

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Cette organisation institutionnelle remet même en cause le caractère systémique de l’Ecole tant recherché depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ( EGEF).   Elle entraîne la dispersion des moyens et le manque de concertation qui atténuent  considérablement les chances d’efficience escomptée par les auteurs du PDEF.   C’est pour ces raisons que les membres de la sous-commission  proposent le retour à un ministère unique avec des directions fortes mettant en œuvre solidairement la politique nationale concertée et coordonnée.

  1.1.1. Le financement du système   « L’Etat reste le principal bailleur du système éducatif en maintenant le budget  à 40% du budget de fonctionnement hors dépenses communes et hors amortissement de la  dette. »   (Rapport d’exécution technique et financière 2006, ME/DPRE/DES).   Cet effort dans le cadre de la mobilisation pérenne des ressources est consécutif à un choix déterminé des Autorités sénégalaises. Passant de 33 à 34% puis à 40%, cette allocation des ressources traduit bien la volonté de développement d’un capital humain autorisant des victoires continues dans la lutte contre la pauvreté et les disparités. C’est la raison pour laquelle l’UNESCO classe le Sénégal dans le groupe E des pays consacrant entre 16 et 22 % de leur PIB à l’éducation. Ces pays réalisant une mobilisation moyenne de ressources internes de l’Etat reflétant par là même une priorité budgétaire pour l’éducation acceptable compte tenu du faible niveau de développement économique du pays.   Si cet effort louable est salué par tous, un courant de forte suspicion est apparu durant le séminaire quant à l’effectivité de la dépense proclamée. Aussi, est- il souhaitable qu’un débat franc soit organisé sur la transparence des ressources réellement allouées et sur les arbitrages opérés.  

  1.1.2.  La nécessité d’un débat large et sincère autour des questions cardinales    

. La formation des enseignants   La formation des enseignants a préoccupé très fortement les séminaristes. Car, « ce qui se passe dans la classe et l’impact de l’enseignant et de l’enseignement ont été identifiés par de nombreuses études évoquées comme la variable essentielle pour l’amélioration des résultats d’apprentissage. La manière dont les enseignants enseignent doit être au centre de toute réforme destinée à améliorer la qualité. » (Gauthier et Dembelé, 2004, p 2-4, et une « obsession » pour les Autorités sénégalaises. La variable relative aux enseignants a été identifiée tout au long des travaux comme celle qui a l’effet le plus prononcé sur les acquis scolaires des élèves de milieux modestes. Même lorsque les milieux d’origine des élèves présentent des différences significatives, les enseignants bien formés peuvent exercer une forte influence sur l’amélioration de leurs niveaux acquis. La Réunion biennale sur la qualité organisée en 2003 par l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique informe que les bons enseignants se révèlent efficaces quels que soient les niveaux acquis des apprenants et aussi hétérogènes que soit la classe.   Le manque d’identité positive que charrient les nouveaux corps dénommés « volontaires et vacataires de l’éducation » appelle à une réflexion profonde sur le recrutement, la formation et

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la promotion des enseignants gages d’une amélioration de la qualité de l’éducation, « dans un souci d’excellence, de façon à obtenir des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. »  (Objectif 6 du Cadre d’action de Dakar et Objectifs du Millénaire pour le Développement).   . L’environnement des apprentissages, avec des années scolaires régulièrement perturbées par des grèves cycliques   Ces grèves sont devenues la marque distinctive de l’Ecole sénégalaise. Elles ont entamé la crédibilité du secteur public et participé au développement du secteur privé qui joue depuis plusieurs années déjà le rôle de soupape de sécurité du système (en 2006,  388 collèges privés contre 520 pour le public et beaucoup d’établissements privés d’enseignement supérieur). Ces grèves concernent donc tous les secteurs du préscolaire à l’université et affectent dangereusement la fécondité du système. Elles installent la méfiance au sein de la communauté éducative, les parents d’élèves et d’étudiants jouant aux sapeurs pompiers pour constamment sauver l’année académique et éviter des années blanches.  

  .  Le calendrier scolaire et universitaire 

Qui, tel qu’il est confectionné, rend illusoire toute efficacité du système. Le survol des programmes qui s’ensuit explique dans une large mesure la médiocrité des résultats aux différents examens. La faiblesse du quantum horaire officiel (800 heures) et celui réalisé dans les différentes académies : 636 h à Kolda, 654 à Ziguinchor et 836 à Thiès, par exemple, sont révélateurs de la faiblesse des ambitions en matière de formation des ressources humaines de qualité et de la gestion laxiste du système.   

. Les effectifs pléthoriques

Certaines classes et facultés sont tout simplement des garderies d’élèves et d’étudiants. Les ratios d’encadrement que l’on y observe sont adverses à toute réussite et expliquent les échecs massifs enregistrés chaque année. L’on doit dès à présent s’entendre sur la révision à la hausse des allocations du budget consolidé d’investissement pour atténuer considérablement les effets dévastateurs de cette massification indue des effectifs et revenir assez rapidement à des situations plus conformes à l’esprit et à la lettre du PDEF et des engagements internationaux du Sénégal.

1.1. PROPOSITIONS EN VUE DE L’AMELIORATION DU SYSTEME1.2. La communauté éducative doit se mobiliser pour consolider les progrès importants réalisés dans

l’élargissement de l’accès, dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages et dans la gestion du système éducatif sénégalais.

- Une concertation impliquant tous les acteurs de l’éducation et les partenaires devrait à être convoquée rapidement pour asseoir un climat apaisé dans l’Ecole, renforcer la capacité du système à transformer les ressources disponibles en résultats. Le lien actuel entre les ressources mobilisées et les rendements est faible et reproduit des inégalités et des disparités de toutes sortes.

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- Le recrutement en nombre suffisant d’enseignants, de personnels de supervision pédagogique, de gestionnaires du système et une formation adaptée à leurs vocations actuelles devront y figurer en bonne place, de même que les choix du Sénégal en matière d’alphabétisation et leur articulation au développement national.

- L’application des conclusions de la réforme de l’enseignement supérieur ayant connu des fortunes diverses, il est urgent de se pencher, très sérieusement, sur ce secteur déterminant pour la constitution d’un capital humain de qualité et l’instauration d’une recherche véritablement féconde.

- La propension à la privatisation de secteurs de plus en plus larges (écoles, collèges, écoles et instituts universitaires) et les effets de la fonction de service, dans des départements et facultés de l’Université, posent naturellement la lancinante question du financement de l’Ecole au Sénégal. Des accords fédérateurs devront être réalisés aussi bien concernant ces domaines que concernant la logique d’action qui devra leur servir de trame.

Les lecteurs désireux d’approfondir l’analyse de ces différents points, abordés ci-dessus, pourront se reporter avec profit aux neuf (9) documents de base joints en annexe à cette synthèse.

2. LES ORDRES D’ENSEIGNEMENT

2.1. L’ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE

2.1.2. ETAT DES LIEUX

On assiste à la création :

- d’écoles publiques

- d’écoles privées catholiques

- d’écoles privées laïques

- des daaras

Aujourd’hui, on crée une Agence pour gérer ce que l’on appelle la Case des Tout-petits en confisquant

les prérogatives de la Direction du Préscolaire, pour y mener des activités d’éducation préscolaire.

Depuis des années, on parle de démocratisation de l’Enseignement, mais sur le plan institutionnel,

l’Ecole Maternelle trouve difficilement sa place.

Cette démocratisation est-elle effective, si l’on considère les enfants de la rue ?

Différents ministères ont abrité l’école maternelle :

- Ministère de l’Action Sociale

- Ministère de la Femme

- Ministère de la Santé et de l’Action Sociale

- Ministère de l’Education Nationale

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Sur le plan institutionnel donc, il serait indiqué de créer un Ministère unique pour l’éducation, la

formation et la recherche.

Il s’agit d’harmoniser, de fixer ou d’ancrer cette école maternelle au Ministère de l’Education

Nationale, et créer des Directions Générales ou des Agences pour une coordination indispensable.

2.1.3. RECOMMANDATIONS

- Elever le niveau de formation, des Educateurs avec BAC + 1 EFI (pour la maîtrise de la didactique des disciplines)

- Faire de la FASTEF un passage obligé pour les Inspecteurs et Inspecteurs Adjoints du Préscolaire pour une bonne pratique pédagogique.

- Revenir sur la spécialisation Préscolaire / Elémentaire.

- Remédier à l’absence d’un dispositif de pilotage cohérent, on se perd entre Direction du Préscolaire et Agence de la Case des Tout-petits.

2.2. L’ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE

2.2.1. ETAT DES LIEUX . Taux d’inscription des enfants de 7 ans

Le système éducatif est un système à plusieurs vitesses. En réalité, l’école est reproductrice des inégalités sociales. Alors la libéralisation de l’offre éducative est tronquée. Notre école est élitiste, coûteuse et discriminatoire malgré les gros investissements consentis par l’Etat, l’accroissement du dispositif infrastructurel et le relèvement sensible du TBS grâce aux effets de la scolarisation des filles (SCOFI) et des campagnes de sensibilisation intense au profit du recrutement à l’occasion d’événements telle que la semaine de l’école de base.

L’accès à l’éducation s’analyse à partir de la population scolarisable. Le taux d’admission est le pourcentage du nombre d’enfants de 7ans qui sont inscrits chaque année. Si ce taux est de l’ordre de (70 %) en ………, évolue-t-il et à quel rythme? Mais, le problème, c’est ceux qui ne sont pas inscrits. Pourquoi ils ne le sont pas? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Où sont-ils ?

. Taux brut de scolarisation

Le TBS qui est aujourd’hui de l’ordre de 82,5 % en 2007 est biaisé car englobant ceux qui sont âgés de 12 ans et au-delà qui sont encore au primaire. En conséquence, la progression interne n’est pas fluide et cela pose encore une fois la qualité de l’enseignement.

Le constat est que par rapport à l’accès, on est très éloigné de l’objectif de scolarisation universelle de Jomtien (Thaïlande1990).

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. Objectif de l’EPT non atteint

En milieu rural, on retrouvait dans les années 1990-2000 près de 500 classes sans maître. En tout état de cause, l’éducation pour tous n’est pas encore une réalité au Sénégal. Entre autres raisons, on peut retenir l’ajustement structurel qui s’est traduit par la maîtrise de la masse salariale pour dégraisser la fonction publique, la mise en veilleuse de la formation (250 formés contre 1200 par an face à un besoin annuel de remplacement de plus de 200 enseignants ayant acquis leur droit à la retraite), le problème de planification et l’incitation à aller à la retraite (départ volontaire).

. Efforts fournis

Les succès encourageants qui méritent d’être retenus sont la campagne de la scolarisation des filles (SCOFI) qui a réellement boosté l’admission et le niveau acceptable du taux brut de scolarisation, l’autorisation de recrutement de 700 enseignants et l’autorisation des Classes à Double Flux (CDF) et des Classes Multigrades (CM), mais aussi le relèvement du budget alloué à l’éducation (40% du budget de l’Etat) qui, cependant, ne cesse d’alimenter la controverse.

. Problèmes liés à l’accès à l’enseignement

Le système éducatif sénégalais présente des disparités dans l’accès entre garçons et filles, entre régions, entre secteurs ou sous secteurs et un déficit criard d’enseignants.

Le défi de l’éducation pour tous reste un élément crucial dans l’ordre de bataille des objectifs du système éducatif sénégalais et du PDEF. En réalité, les 30% (……) des enfants de 7 ans qui ne sont pas inscrits à l’école peuvent être répartis comme suit :

1) ceux dont les parents ne veulent pas de l’école ;2) les enfants en situation de travail ;3) les enfants de la rue (talibés) ;4) les enfants des zones sans écoles ;5) les enfants souffrant d’un handicap (sourds, muets, non voyants, déficients mentaux).

2.2.2.. RECOMMANDATIONS

Accès à l’enseignement

. Elargir davantage l’accès à l’éducation

Il faudra avant tout libéraliser effectivement l’offre éducative à travers un élargissement de l’accès à tous les niveaux, accroître le dispositif infrastructurel et le mobilier scolaire de qualité, assurer une dotation suffisante en manuels et intrants pédagogiques et procéder à un recrutement d’enseignants en quantité et en qualité.

. Poursuivre le programme de construction de nouvelles écoles selon une carte scolaire rationnelle

La première action pertinente qu’il convient de poser est le renforcement et la poursuite du programme de construction d’écoles nouvelles selon une carte scolaire équilibrée et cohérente. Cette action sera renforcée par un vaste programme de généralisation des cantines scolaires. Ceci relève de la

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Page 18: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

responsabilité de l’Etat et des Collectivités locales par rapport à leurs missions régaliennes d’orientation et d’accompagnement.

. Elaborer un programme de mise en place progressive d’établissements spéciaux au profit des enfants handicapés

Sous la responsabilité de l’Etat, des partenaires extérieurs, des ONG et des bonnes volontés, il faut d’urgence mettre en place un programme dénommé SCOHANDICAP pour renforcer l’ouverture de l’accès aux jeunes atteints d’un handicap.

. Encourager et assister tous les projets ayant pour objectif le retrait des enfants de la rue

L’idée est de rendre effectif la libéralisation de l’offre d’éducation et l’autonomisation des structures parapubliques et privées pour marquer l’élan irrévocable de l’élargissement de l’accès en rendant publiques les bonnes expériences comme le Programme de Renforcement des Familles (PRF) de l’AN/ Villages D’Enfants SOS et Kinderndorf International, le Partenariat pour le Retrait et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) initié par le Gouvernement du Sénégal et la Banque Mondiale, etc.

. Susciter un vigoureux mouvement de plaidoyer pour la reconnaissance et le respect des droits de l’enfant à l’éducation

Ce mouvement sera orienté vers les familles et certaines communautés hostiles à l’école. L’initiative sera portée à la fois par l’Etat d’abord, ensuite par les ONG, les mouvements de défense des femmes, les chefs religieux, les syndicats, les organisations de la société civile, etc.

Qualité de l’enseignement

. Introduire les langues nationales comme medium d’enseignement privilégié , tout au moins dans les trois premières années de l’élémentaire, en préparant progressivement l’élève à la maîtrise du français suivant une approche fonctionnelle.

. Exiger une qualification professionnelle pour tous les enseignants, mettre un terme aux pratiques actuelles de recrutement : volontariat, vacatariat, quota sécuritaire ou complémentaire.

Dans le privé, il sera mis fin à la délivrance des autorisations d’enseigner sans diplôme professionnel.

. Rationaliser les niveaux de carrière des enseignants de l’élémentaire en les ramenant à deux

La réforme devra obéir au schéma suivant :

-Extinction du corps des instituteurs adjoints (BFEM + 1 an) ;-Maintien du corps des instituteurs ordinaires (Bac + 1 an) ;-Création d’un corps nouveau de technicien de l’éducation (Bac + 3 ans).Par ailleurs, l’Etat doit travailler à une meilleure revalorisation de la situation matérielle et financière

des enseignants – avec une des avantages supplémentaires à ceux qui sont en service en milieu rural.

. Mettre à disposition le matériel didactique adéquat, pour toutes les disciplines et en quantité suffisante

. Doter les écoles de bibliothèques et inciter les élèves à la lecture

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Pour arriver à résorber le déficit en manuel scolaire, il faudrait aussi mettre en place une bonne politique éditoriale.

. Restructurer l’année scolaire pour faire travailler davantage

Selon les statuts (1966), les enseignants ont droit à deux mois de congé par an. Ainsi donc, l’année scolaire doit s’étaler normalement sur 10 mois. Considérant qu’il serait trop facile de jeter l’anathème sur les enseignants et les élèves, il serait intéressant de revisiter la proposition faite en 1974 par les Inspecteurs de l’Enseignement Primaire (IEP).

En substance il s’agira de planifier l’année scolaire comme suit :

Rentrée des classes :-1er octobre pour les maîtres ;-2 novembre pour les élèves ;-Fermeture des classes : le 30 Juin ; soit pour les enseignants 8 mois ou 32 semaines de travail plein

à raison de 30 heures par semaines; Les examens : tous les examens se dérouleront du 1er au 31 Juillet. Ce faisant, le système va accéder au quantum horaire de 900 heures par année.L’intérêt est que le mois d’Octobre sera réservé à la préparation de la rentrée des classes (mis en

place des maîtres, nettoyage de l’école et des classes, etc.). Ce sera l’occasion d’organiser les examens professionnels écrits des enseignants.

Les examens scolaires seront concentrés au mois de Juillet et tous les enseignants seront disponibles pour les corriger ou les surveiller.

En ce qui concerne les fêtes scolaires, religieuses ou légales, elles seront normalisées et leur durée sera ramenée à deux semaines au total.

Pour éviter les « années blanches », il nous paraît nécessaire d’instituer un quantum horaire valable pour toutes les classes du cycle élémentaire et un quantum horaire pour tous les autres niveaux.

. Renforcer la supervision et le contrôle pédagogique

Gestion de l’enseignement

Si le Sénégal ambitionne de bâtir une école de qualité pour tous, il doit :

. Mettre l'accent sur la gestion de la qualité, et cela passe par une utilisation efficiente des ressources (humaines, matérielles et financières), mais aussi et surtout par une planification rigoureuse aussi bien au niveau central que déconcentré ;

. Créer des comités locaux de suivi des curricula et appliquer une gestion par contrats d’objectifs en mettant en avant l’obligation de résultats ;

. Créer un département ministériel unique pour l’Education, la Formation et la recherche, avec des directions générales fortes et un système de corrélation et de coordination très opérationnel.

. Institutionnaliser les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) tous les quatre (4) ans avec des instances de réflexion et d’échanges qui dépassent les préoccupations salariales, syndicales, et

. Créer une commission de suivi et d’évaluation se réunissant tous les deux (2) ans.

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. Instaurer un cadre synergique d’échange entre les écoles de formations, les universités et les personnels opérationnels pour promouvoir la recherche action et la recherche appliquée, dans une démarche novatrice et prospective.

2.3. L’ENSEIGNEMENT MOYEN

2.3.1. ETAT DES LIEUX Les faiblesses de l’enseignement moyen sont particulièrement liées à la qualité, à la formation et au projet d’établissement.

En matière de qualité Déficit de professeurs de mathématiques et de professeur d’EPS, ce qui entraîne des

surcharges horaires ou des réductions horaires dans certaines classes. Le niveau académique des professeurs est assez faible dans les disciplines scientifiques particulièrement, entraînant du coup la faiblesse de niveau des élèves pourtant tant décriée

Le ratio manuel élève reste toujours faible (1,5) et loin de la norme fixée dans la deuxième phase (en moyenne 1,5 au niveau national comme en 2005).

Déficit de classes physiques par rapport aux classes pédagogiques Déficit du temps de travail lié aux multiples fêtes, démarrage tardif des cours et grèves

aussi bien des élèves que des enseignants Déficit d’assistants sociaux L’inexistence de cantines scolaires avec des élèves qui passent la journée à l’école sans

pouvoir se restaurer à cause de la journée continue

Dans le domaine précis de la formation, on a noté : Les modules de formation non différenciés par rapport aux cibles. On a vu des vacataires

bénéficier des mêmes formations que des professeurs expérimentés alors qu’ils n’ont pas les mêmes besoins

L’absence de passerelles permettant le passage de PCEM à PEM et de PEM à PES L’insertion dans le système de vacataires sans formation pédagogique Une distorsion entre la planification pédagogique et la planification financière due à la

lenteur dans la mise à disposition des fonds prévus pour les formations. Les CPN et les CPI sans aucune indemnité liée à leurs missions; conséquence des CPI

quittent la formation continuée pour des postes de responsabilité (lycée et collège), la FASTEF ou pour devenir IS.

L’absence de relations hiérarchiques entre PRF et CNFC. Un manque de cohérence ou une dichotomie entre les objectifs nationaux de formation et les objectifs de formation ciblée au niveau déconcentré.

Les PRF vivent dans un dénuement total (manque de matériel.

Dans le domaine du Projet d’Etablissement  Absence de mise en projet de beaucoup d’établissements Absence systématique d’une évaluation des effets/ impacts des projets sur les rendements

scolaires et les enseignements apprentissages ; Difficulté à mobiliser la communauté autour du PE ; Faible participation des collectivités locales et des communautés au financement des actions

prévues dans le PE ; Absence d’un dispositif d’évaluation interne du PE ;

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Suite à la chute brutale enregistrée en 2005 dans les résultats du BFEM (30,18%), le moyen affiche une meilleure mine cette année avec 37,39% ; soit une hausse de 7,21%. Ces résultats au niveau national sont confirmés par ceux des régions ; seules Saint-Louis et Dakar ont enregistré une baisse en passant respectivement de 28, 3% à 25,73% et 34,6 % en à 34,16%.

Il est important de signaler que malgré cette hausse du taux de réussite au BFEM, 8 régions sur 11 régions ont enregistré des scores en deçà de la moyenne.

2.3.2. RECOMMANDATIONS

Pour un meilleur développement de l’enseignement moyen dans le cadre global d’un système éducatif global, réunifié et harmonieux, nous recommandons les aspects suivants :

l’enseignement technique obligatoire pour tous au premier cycle une bonne planification de la création des CEM une évaluation de la journée continue dans le rendement des élèves adéquation entre les classes physiques et les clases pédagogiques équipement des CEM en matériel pédagogique didactique et scientifique association des professeurs dans la définition des programmes préparer l’élève à s’insérer dans la vie active à la fin du cycle allier les cours théoriques aux travaux pratiques définir les programmes en fonction des objectifs alléger les programmes afin de ne pas surcharger inutilement l’élève limiter les effectifs par classe pour un enseignement performant fixer le taux horaire annuel validant l’année par niveau et le communiquer aussi bien

aux élèves qu’aux enseignants restaurer la discipline en revalorisant les décisions des conseils de classes motiver les enseignants par la formation continue accompagnée de passerelles définir un statut clair du conseiller pédagogique doit être défini et appliqué avoir une politique incitative pour maintenir en fonction les enseignants des

disciplines scientifiques organiser un suivi régulier des enseignements par les IGEN et les IS revoir les systèmes d’évaluation instaurer un système de contrôle de la gestion des établissements Mettre en place un plan d’urgence pour la formation de professeurs de maths et

d’EPS pour la résorption du gap à court terme

(Sources : Rapport d’exécution financière interne du PDEF 2006)

2.4. L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

2.4.1. ETAT DES LIEUX Au lieu d’un discours spéculatif, l’observation de faits sur le terrain sera privilégiée ; l’accent sera mis surtout sur les indicateurs d’efficacité internes. Autrement dit, il sera passé en revue l’évolution du réseau d’établissements d’enseignement secondaire, les acteurs, le temps de travail et les programmes, le budget et le conseil de gestion.

- la suppression de l’internat dont les conséquences étaient désastreuses ; beaucoup d’élèves, et pas les moins brillants, avaient abandonné leurs études, d’autres avaient des troubles mentaux, etc.

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- des lycées ont étét progressivement implantés dans les capitales régionales (qui n’en avaient pas) d’abord ; puis dans les chefs lieux de département, voire dans les chefs lieux d’arrondissement. Ainsi, en 1990/1991 le réseau de l’enseignement secondaire général couvrait 57 établissements (31 publics + 26 privés) contre 111 (48 publics + 63 privés) en 1999/20001 ; le nombre d’établissements secondaires a presque doublé en dix ans ; ces efforts s’expliquent par le souci de se conformer à la Déclaration Mondiale qui avait lancé, en 1990, le concept d’« Education Pour Tous » en l’an 2000.

- dans quelques départements, on transforme un CEM en lycée sans de nouvelles infrastructures (salles de classe, latrines, bibliothèque, etc.) ; les cours sont dispensés sur deux ou trois sites différents, éloignés les uns des autres durant les premières années d’existence : se posent alors des problèmes de surveillance, de déplacements des élèves et des professeurs, de perte de temps, etc.

- dans d’autres, on construit de nouvelles infrastructures mais non équipées ;

- dans certains, on implante des abris provisoires qui résistent peu aux intempéries et paradoxalement pour une durée assez longue.

Toutefois, ce nombre important d’établissements secondaires a permis d’accroître considérablement l’effectif total des élèves du secondaire qui passe de 58983 (dont 38% de filles) en 2000 à 105918 (39,1% de filles) en 2007. Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) passe ainsi globalement de 9,9% à 14,38% ; de 13,1% à 17,16% chez les garçons et de 7,1% à 11,48% chez les filles.

- les Surveillants généraux et les Surveillants simples : dans beaucoup d’établissements leur nombre est insuffisant et chacun a un jour de repos dans les jours ouvrables de la semaine ; la plupart du temps, c’est le Censeur qui fait, à leur place, ce travail de surveillance ;

- le Bibliothécaire : dans nos lycées, ce n’est pas en général un Bibliothécaire de formation mais un surveillant chargé de gérer la bibliothèque ; les élèves ont le plus souvent peur d’entrer dans la bibliothèque (qui, généralement, ressemble à un magasin de livres exigu et sombre) et / ou d’emprunter des livres au Bibliothécaire qui les terrorise. Il y a très peu d’établissements secondaires dotés de toutes les œuvres au programme en nombre suffisant ; certains établissements n’ont même pas de bibliothèque ;

- l’Assistant(e) social(e) : peu de lycées ont un(e) Assistant(e) alors qu’il (elle) peut jouer un rôle essentiel dans la prise en charge de certains élèves en difficulté : beaucoup de perditions scolaires sont dues à l’absence de cette personne.

1-2-2 – Le corps professoral

Autrefois, on recrutait les professeurs à la suite d’une année de formation à l’ENS (actuelle FASTEF). Actuellement, il existe deux schémas de recrutement :

- les professeurs qui ont d’abord fait une ou deux années de formation à l’ENS ou à l’actuelle FASTEF ;

- les professeurs vacataires sélectionnés uniquement sur la base de leur formation académique ; ils pratiquent les classes pendant au moins deux années scolaires avant de recevoir, pour une durée de 45 jours, une formation pédagogique. Ils peuvent ensuite devenir des professeurs contractuels.

Certes des cellules pédagogiques existent dans les écoles, mais leur travail se limite généralement à harmoniser les enseignements et à organiser des devoirs communs.

1 2 Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE 2006/2007

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Page 23: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les Inspecteurs de spécialité devaient aider à améliorer les enseignements, mais ils sont en nombre insuffisant, avec peu de moyens.

Il s’y ajoute que le nombre d’enseignants reste insuffisant.

Conséquence :

- des surcharges horaires pour les professeurs accompagnées souvent de réductions horaires pour les élèves ;

- selon les cas et les zones, des professeurs de collège d’enseignement moyen (PCEM) interviennent dans le secondaire et même tiennent des classes de terminale, l’essentiel, pour certains Inspecteurs d’Académie et Proviseurs, étant de faire fonctionner les classes.

Cette insuffisance est plus marquée chez les professeurs de mathématiques ; les départements éloignés des grandes villes en souffrent beaucoup.

A Bakel, par exemple, un professeur de physique et chimie dispensait, durant l’année scolaire 2007 – 2008, des cours de maths dans les classes de terminales S. A Dakar, les postes vacants en maths ne sont plus déclarés dans les « miroirs » : pour les autorités, il est plus facile d’avoir un vacataire en maths à Dakar que de l’avoir ailleurs. Avec la tendance actuelle (les mathématiciens s’orientent de plus en plus vers une spécialisation dans les TIC), on peut craindre le pire : ne plus trouver, dans un futur proche, un mathématicien candidat au recrutement.

Il faut également signaler :

- la fuite des cerveaux vers d’autres secteurs plus offrants. Beaucoup d’enseignants font le concours de l’ENAM pour devenir entre autres administrateurs civils ; certains restent dans la vacation le temps de réunir la somme nécessaire pour émigrer ;

- l’abnégation de certains professeurs qui, en accord avec leurs élèves, travaillent, même les jours fériés et/ou de repos, pour terminer à temps leurs programmes ;

- l’image négative de l’enseignant : il est diabolisé par les autorités, méprisé par la société ; il n’est plus un modèle pour l’élève ;

- le comportement déviant de quelques enseignants : certains professeurs dispensant des cours de renforcement payants à leurs propres élèves défavorisent les autres dans le choix des sujets de devoir ; une manière d’inciter les autres à joindre leur groupe ; d’autres font la cour à leurs élèves, vendent des cours polycopiés ;

- les cours dispensés dans les établissements privés : certains professeurs négligent les élèves du public au profit de ceux du privé ; d’autres, très sérieux dans les deux cas, s’épuisent davantage ;

- le mouvement des enseignants défavorise les zones dites déshéritées.

- les grèves d’enseignants : l’insatisfaction ou la satisfaction tardive et/ou partielle des revendications syndicales et, quelquefois, l’irrespect des accords par le gouvernement entraînent des grèves répétitives qui réduisent considérablement le temps des enseignements.

Conséquence :

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Soit l’enseignant ne termine pas le programme, soit il distribue le reste dans des feuilles polycopiées, pour se donner bonne conscience.

1-2-3- Les élèves et les performances

Dans nos établissements le nombre des classes physiques (salles) est presque toujours inférieur à celui des classes pédagogiques (groupe d’élèves ayant le même emploi de temps). Ce qui entraîne la rotation de celles-ci avec ses corollaires (bruits, pertes de temps…).

*L’effectif des classes pédagogiques :

Particulièrement pléthorique dans beaucoup d’établissements, il pose trois problèmes majeurs :

- le professeur a peu d’espace pour se déplacer et surveiller le travail de ses élèves ;- il a d’énormes difficultés à organiser plus de deux devoirs surveillés par semestre (celui-ci étant très

court chez nous) et peu d’enseignants ont trouvé d’autres types d’évaluation efficaces. - la promiscuité aidant, certains élèves ne font qu’observer la copie ou le cahier des autres pour

recopier, ce qui instaure la culture de la tricherie.

Toutefois, il faut signaler que l’effectif de la série S1 est très réduit : il varie entre huit (8) et treize (13) selon les écoles ; c’est un gâchis par rapport au nombre de professeurs mobilisés.

Le passage en classe supérieure : La recherche effrénée de la scolarisation universelle, sous la pression des bailleurs de fonds, favorise l’amalgame et le superficiel.

Les paramètres quantitatifs cachent mal la faiblesse du niveau de nos élèves : le taux de redoublement est encore élevé même si les élèves passent en classe supérieure :

- à l’élémentaire, par quota et non en fonction de la moyenne ;- aux moyen et secondaire, souvent avec une moyenne de 09,5/20 au lieu de 10/20 et plus ; - une moyenne de 10/20 au lieu de 12/20 permet, sans le BFEM, d’orienter l’élève en classe de

seconde.

NB :

En 2006, le Ministre de l’Education National, dans sa note de service N° 004129 du 08 septembre 2006 adressée à l’Inspecteur D’académie de DAKAR, a pris, entres autres, la disposition suivante :

« - Pour ce qui concerne les classes bloquées (sans notes du second semestre ou avec des notes en nombre insuffisant), tenir compte des notes du premier semestre, avec la moyenne de 09/20 comme barre de passage en classe supérieure.

- Pour les élèves ayant une moyenne comprise entre 08 et 09/20, les considérer comme repêchables pour le passage en classe supérieure en tenant compte des critères habituels (âge, déroulement de la scolarité, conduite, notes dans les matières dominantes, notes disponibles du second semestre ».

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Page 25: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les conseils de classes étaient tenus, au mois de septembre, par l’administration de chaque établissement concerné.

*Les taux de redoublement :

Le tableau (3) suivant résume les données générales de l’enseignement secondaire général en 2006/2007 :

ETABLISSEMENTSCP ou

EFFECTIFS REDOUBLANTS

Zone Statut1° et2° cycle

2° cycle GP G F Total %F G F Total %F

RuralPrivé

Public

3

14

1

2

4

103

8

2346

5

1071

13

3417

38,5%

31,3%

0

203

0

113

0

316 35,8%

Total Rural 17 3 107 2354 1076 3430 31,4% 203 113 316 35,8%

Urbain

Privé

Public

127

34

5

37

589

1677

12773

49346

9967

30402

22740

79748

43,8%

38,1%

1944

6888

1417

4281

3361

11169

42,2%

38,3%

Total Urbain

161 42 2266 62119 40369 102488 39,4% 8832 5698 14530 39,2%

Total 178 45 2373 64473 41445 105918 39,1% 9035 5811 14846 39,1%

_______________

(3) Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE NATIONAL 2006/2007, p.111

CP : classes pédagogiques ; GP : groupes pédagogiques

A partir du tableau, on peut savoir qu’en 2006/2007 :

- le taux national de redoublement s’élève à 14,01% (14846/105918)

- ce taux, chez les filles, est de 14,02% (5811/41445) contre 14,01% (9035/64473) chez les garçons ;

- le taux national de redoublement dans le privé est de 6,22% (1417/22753) contre 13,8% (11485/83165) dans le public ;

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- le taux de redoublement dans le privé rural est de 0% contre 6,23% (1417/22740) dans le privé urbain ;

- le taux de redoublement dans le public rural est de 9,24% (316/3417) contre 14% (11169/79748) dans le public urbain ;

- le taux de redoublement, dans le privé et chez les filles, est de 6,23% (1417/22740) contre 13,96% (4394/31473) dans le public ;- le taux de redoublement, dans le privé et chez les garçons, est de 15,21% (1944/12773) contre 13,71% (7091/51692) ;- le taux de redoublement, dans le privé rural t chez les filles, est de 0% contre 14,21% (1417/9967) dans le privé urbain .Le taux de redoublement varie donc en fonction du sexe, de la zone et du statut de l’établissement.

*Les taux de réussite au BAC :

A partir des documents (4) confectionnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE) et rapports d’activité de l’OFFICE du BAC, on peut dresser le tableau suivant qui résume l’évolution du taux de réussite au BAC, de 1999 à 2008

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

44,3% 39% 53,1% 39,7% 44,2% 46,1% 45,5% 50,2% 48,6% 42,9%

______________________________

(4) Voir : DPRE, SITUATION DES INDICATEURS DE L’EDUCATION 2000-2005, oct. 2005 ;

DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2006, p. 75 DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2007, mai 2007, p.84

Le taux de réussite évolue en dents de scie, avec une chute à partir de 2006. En outre, ce taux ne révèle pas toute la faiblesse du niveau des candidats ; l’examen du

BAC se fait en deux groupes :

- ont réussi au premier groupe les candidats ayant une moyenne supérieure ou égale à 10/20 (à l’examen) et ceux, après repêchage par le jury, qui ont une moyenne tournant autour de 09,50/20 ;

- les candidats ayant obtenu une moyenne au moins égale à 08/20 sont admissibles au deuxième groupe ; comme le sont ceux qui avaient un peu moins de 08/20 et qui sont repêchés. La délibération se fait comme au premier, avec possibilité de repêcher encore. De plus, les épreuves du deuxième groupe sont très faciles ; le nombre de reçus à ce groupe est presque toujours supérieur à celui du premier groupe, comme le montre le tableau suivant :

Année Inscrits Admis Mentions

(5)Effectif

total

Taux de

participation

groupe

groupeTotal

Taux

de réussite

Très

bienBien A. bien

Pas-

sable

2005 36636 97,7 7008 9261 16269 45,5 10 108 882 15269

2006 41826 97,2 9119 11275 20394 50,2 2 113 1037 19242

2007 47136 97,9 10546 11892 22438 48,6 8 229 1713 20488

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Par ailleurs, des correcteurs véreux permettent à certains candidats de reconnaître leur copie pour leur attribuer une bonne note.

1-3 - Le temps de travail et les programmes

« C’est là, la véritable énigme de tous les acteurs du système et l’un des facteurs les plus inhibant des performances du système », selon Waly NDIAYE (6). Depuis des années, il est toujours écourté. Les causes de cette réduction sont multiples : démarrage tardif de l’année scolaire (acte du deuxième mouvement des professeur non encore disponible, manque de professeurs, désherbage tardif de certains établissements, etc.), souvent mi-novembre, même si officiellement l’ouverture a lieu début octobre, arrêt précoce des cours pour les classes n’ayant pas d’examen de fin d’année, fêtes officielles et nombreuses fêtes politico-religieuses, anticipations et prolongements des fêtes, grèves des élèves, grèves des enseignants et absentéisme,

Il s’y ajoute que les programmes sont démentiels. L’étendu des programmes n’est pas en adéquation avec le temps réel de travail : les classes de terminale terminent difficilement, et à la veille des examens, leurs programmes malgré les cours polycopiés dans certaines disciplines, les cours dits de « rattrapage » ; les secondes et les premières ne terminent presque jamais leurs programmes.

(5) Nous n’avons pas tous les détails pour les autres années

(6) Coordonnateur des Revendications/SUDES. Voir son article dans « Sud Online » du 31 juillet 2008

1-4 - Le budget et le conseil de gestion

Selon les documents de la DPRE, la part de l’Education dans le Budget National est de 33%, loin des 40% dont parlent souvent les autorités, et son taux d’exécution couvre rarement ce qui était prescrit.

Dans les lycées, le conseil de gestion est, selon le décret N° 2000 – 337 du 16 mai 2000, composé par les membres de droit (le Chef d’établissement, président du conseil, le Censeur ou le Directeur des études, le Surveillant général, l’Intendant, le Gestionnaire, le représentant du Conseil Régional, le représentant du Maire, le représentant du Trésor) et les membres élus (1 Surveillant général, 2 Représentants des parents d’élèves, 4 ou 3 Représentants du personnel enseignant si le nombre d’élèves dépasse ou non 1000, 2 ou1 Représentants du personnel de surveillance pour les mêmes raisons, 3 ou 2 Représentants des élèves, idem). Le décret met ainsi en place un cadre institutionnel impliquant toute la communauté éducative.

Mais il précise en son article 3 :

« Le conseil de gestion exerce soit par lui-même, soit par sa section permanente prévue à l’article 5, des attributions relatives au fonctionnement matériel et moral de l’établissement. Le conseil de gestion donne son avis sur l’état prévisionnel des recettes et des dépenses, l’observation des prescriptions relatives à l’hygiène et sur toutes les questions qui sont soumises par le Ministre de l’Education National, l’Inspecteur d’Académie, le Chef d’établissement ou la section permanente. (7) Le conseil de gestion vote le budget ».

Le conseil de gestion ne donne donc que des avis, ses attributions sont ambiguës alors que celles de la section permanente, qui dans la réalité le supplante, sont très précises à l’article 5 du même décret : « Ses attributions sont consultatives ».

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Dans les établissements secondaires, il existe deux types de budget :

- le budget alloué par l’ETAT et sur lequel le conseil de gestion n’a aucun avis à donner ; son montant est assez substantiel ;

- le budget, provenant de l’inscription des élèves et des ressources additionnelles, sur lequel le conseil de gestion donne son avis consultatif.

2 – BILAN

Depuis 1981, les changements intervenus dans les politiques éducatives peuvent faire croire à une réforme efficiente et irréversible de l’Ecole sénégalaise, surtout du cycle secondaire :

- les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) ont été tenus pour l’avènement d’une école nationale, démocratique et populaire ; (7)Le Chef d’établissement, président, le Censeur ou le Directeur de Etudes, le Surveillant général, l’Intendant ou le Gestionnaire, les Représentants du personnel enseignant et de surveillance au conseil de gestion

- les conclusions de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation (CNREF), née au lendemain des EGEF, avaient jeté, en 1983, les bases d’une Ecole Nouvelle ;

- la volonté proclamée des autorités de l’époque de réformer le système éducatif en exploitant judicieusement ces conclusions ;

- le colloque de Saint-Louis, en 1995, qui a permis de dégager les grandes orientations et les stratégies visant le renforcement de l’accès à l’éducation, la réalisation de la gestion concertée du secteur, l’harmonisation des intervenions dans le secteur de l’éducation ;

- les séminaires de Bambey et de Gorée qui ont permis de mettre en place des commissions thématiques (Accès, Qualité, Gestion) et d’élaborer un diagnostic et un plan d’actions pour chacun des sous secteurs ;

- la tenue à Dakar, en 2000, des Assises Mondiales sur le bilan de l’Education Pour Tous sur la période 1990-2000 ;

- le démarrage du Programme Décennal de l’Education et de la Formation.

- l’existence des Inspecteurs de spécialité.

Le PDEF, actuellement dénommé Programme de Développement de l’Education et de la Formation, « a capitalisé l’ensemble de ces démarches qu’il a développées et approfondies pour les inscrire dans un cadre politique qui identifie, hiérarchise, planifie les priorités du gouvernement, harmonise et organise les interventions », avec trois objectifs majeurs :

- démocratiser l’accès à l’éducation de base ;

- améliorer la qualité des enseignements ;

- rendre plus efficiente la gestion du système.

Avec l’accroissement du réseau d’établissements et la discrimination positive visant à inscrire et maintenir les filles dans tous les ordres d’enseignement, l’accès à l’enseignement secondaire a connu des bonds appréciables.

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Page 29: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Cependant, la pratique quotidienne et les réalités du terrain conduisent à penser qu’aux lieux et place de réforme cohérente et efficiente, on assiste plutôt à une stagnation, voire une régression de notre système éducatif, particulièrement du système secondaire général :

- la qualité de l’enseignement et le niveau général des élèves continuent de baisser d’année en année, conséquences des effectifs pléthoriques des classes, de l’insuffisance des manuels scolaires et des matériels didactiques, de la pénurie des moyens humains : le personnel de surveillance reste insuffisant, les professeurs ne sont plus formés et recrutés en nombre suffisant ;

- la lassitude de beaucoup d’enseignants pour cause de surcharges horaires dans le public et/ou dans le public et le privé ;

- le fractionnement du Ministère de l’Education en trois hypothèque davantage le dialogue social pour lequel les autorités adoptent toujours une politique de pourrissement.

Les indicateurs internes tels que le Taux Brut de Scolarisation, le taux de redoublement et les taux de réussite au BAC sont loin des normes de performance scolaire.

Il reste entendu que la DPRE produit des documents de référence, même si beaucoup de réalités du terrain analysées ici lui échappent.

2.4.2. RECOMMANDATIONS

Les aspects positifs des politiques éducatives menées jusque là doivent être préservés et améliorés constamment. Mais aussi pour avoir un système éducatif performant, les recommandations suivantes peuvent être prises en compte :

- bien planifier l’implantation des lycées sur une durée de dix (10) ans ;

- créer le corps des Chefs d’établissement, avec un concours d’entrée, une formation et un examen de sortie. Les nouveaux sortants seront d’abord nommés Adjoint au Chef d’établissement, avec suppression du poste de Censeur ;

- faire gérer les bibliothèques par des bibliothécaires de formation ;

- arrêter le recrutement des vacataires et former ceux qui sont actuellement dans les classes ;

- former (avec des profils d’entrée et de sortie) et recruter en nombre suffisant des professeurs ;

- revaloriser la fonction enseignante, sanctionner négativement les comportements déviants et positivement les comportements mélioratifs ;

- accorder une prime aux enseignants officiant dans les zones dites déshéritées ;

- assurer un plan de carrière aux enseignants : établir par exemple des passerelles permettant à un professeur d’enseignement moyen (PEM) de devenir professeur d’enseignement secondaire (PES) sans retourner à la faculté… ;

- former en nombre suffisant des Inspecteurs de spécialité et les doter de moyens pour rendre efficiente leur mission ;

- instaurer la moyenne de 10/20 comme barre de passage en classe supérieure ;

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Page 30: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- repenser le deuxième groupe du BAC et revoir les modalités d’orientation des nouveaux bacheliers aux universités.

- réorienter les élèves, qui échouent pour la deuxième fois au bac, dans des filières (à créer) qui débouchent sur des activités productives ou des possibilités de promotions sociales ;

- renforcer l’action éducative par la contribution des médias et réduire considérablement la fréquence des films, en supprimer certains ;

- restaurer l’unicité du Ministère de l’Education nationale avec des Directions pour ses sous secteurs ;

- renforcer le conseil de gestion, lui attribuer un avis délibératif ;

- réduire la durée des fêtes scolaires et revoir les programmes.

2.5. L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

2.5.1. ETAT DES LIEUX

1. Difficultés liées aux effectifs

Il est important de remarquer que les structures de l’enseignement supérieur principalement les universités sont confrontées de plus en plus à un surplus d’effectifs d’étudiants alors que les infrastructures existantes n’ont pas été conçues pour en accueillir autant. Cette surpopulation se fait plus sentir au premier cycle où nous avons 75% des effectifs. Cela est à l’origine de plusieurs troubles et ne va pas sans déteindre sur la qualité des enseignements ainsi que sur le taux de réussite qui se situe de nos jours entre 20 et 25% dans les facultés.

2. Profil des diplômésEn dehors du secteur privé, les sortants des structures de l’enseignement supérieur public n’ont pas de diplôme professionnel (à l’exception notoire des sortants des écoles supérieures universitaires et non universitaires et de la FMPO) et sont dans leur écrasante majorité composés de littéraires.

3. Difficultés budgétairesLes difficultés que traverse aujourd’hui l’enseignement supérieur sont grandement liées au déficit budgétaire des universités. A Dakar, par exemple, les salaires à eux seuls constituent 95% du budget tandis qu’à Saint-Louis, ils constituent 75% du budget. Ces chiffres montrent avec acuité que l’essentiel des budgets de l’enseignement supérieur est destiné au fonctionnement, ce qui ne va pas sans conséquence sur la recherche et l’enseignement. Pour l’essentiel, la recherche au niveau de l’enseignement se fait dans le cadre de projets financés par des organismes extérieurs aux universités. L’enseignement quant à lui se déroule dans des conditions extrêmement difficiles caractérisées par le manque d’infrastructures mais aussi de matériaux de base.

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Page 31: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

A côté de la prédominance des dépenses de fonctionnement sur les dépenses de recherche et d’enseignement, force est de reconnaître que dans l’enseignement supérieur, la part des budgets destinée au social (budget COUD + bourses) est de loin supérieure à celle dédiée au pédagogique.

2.5.2.. RECOMMANDATIONS

1- Sur l’autonomie des universités

Création d’une direction de l’enseignement supérieur forte. Le directeur de l’enseignement supérieur doit être au moins aussi gradé que le plus gradé des recteurs ;

Création d’une chancellerie des universités eu égard à l’existence de plusieurs universités ;

Allocation de budgets conséquents qui assureraient aux universités une réelle autonomie financière (financement des universités, fonctions de service) ;

Election du Recteur par communauté universitaire. A défaut, celle-ci propose trois (03) candidats et à charge pour le Président de la République de faire son choix parmi ceux-ci ;

Révision du mode de nomination des doyens et directeurs d’UFR. Ces derniers ne doivent pas être élus que par les enseignants de rang A. Il faut que les enseignants de tout rang, les PATS et étudiants puissent participer à l’élection de celui qui doit les administrer.

2- Sur l’accès et les infrastructures

Réviser le mécanisme d’admission des bacheliers et créer de nouvelles filières ;

Réorganiser les programmes de construction dans les universités et CUR en tenant compte de l’objet de la réalisation, de l’agenda et de la qualité ;

Rationaliser et mutualiser les moyens disponibles (infrastructures, équipements, etc.) entre universités et entre structures d’une même université ;

Diversifier les offres de formation en mettant en place une Commission de Concertation Ministère - Université - Milieux professionnels définissant les nouveaux créneaux d’enseignement à développer dans les universités en harmonie avec leur milieu d’insertion ;

Ouvrir sans délai une deuxième université à Dakar en explorant, au besoin, les stratégies de formation ouverte et à distance et la coopération internationale.

3- Sur la formation, les curricula et l’insertion

La mise en place du système LMD devra contribuer au renforcement de la collaboration entre les universités et les CUR et leurs partenaires, en général, et avec les entreprises, en particulier.

En effet, le LMD est un nouveau système d’enseignement supérieur facilitant l’harmonisation et l’équivalence des diplômes au niveau international. Au Sénégal, il aura l’avantage de contribuer à susciter l’émergence d’un cadre de référence visant à améliorer la qualité de l’enseignement, à faciliter la mobilité des enseignants et des étudiants et, dans la même dynamique, les personnels administratifs. De plus, il favorisera une ouverture au secteur professionnel en permettant une adéquation entre la formation et l’emploi.

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Page 32: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Pour assurer la qualité de ses formations, il est impératif d’avoir un taux d’encadrement qui se rapproche de celui des pays émergents, soit au moins un enseignant pour trente étudiants. Pour ce faire le gouvernement devrait mener une politique volontariste de recrutement de personnels d’enseignement et de recherche et de personnels administratif, technique et de service en vue de mettre à niveau les universités, d’avoir des normes de création de postes pour la montée en puissance des nouvelles créations d’établissements d’enseignement supérieur.

4- Sur l’enseignement supérieur privé

Harmoniser les curricula ;

Etablir un référentiel unique pour l’évaluation ;

Avoir des programmes officiels ou agréés par l’Etat ;

Mettre sur pied une commission nationale d’homologation des titres et diplômes ;

Contractualiser avec les universités publiques.

5- Sur les TIC et la Documentation

Développer des réseaux d’éducation et de recherche dotés de leur propre infrastructure ;

Concevoir et mettre en œuvre un système d’information unique pour l’enseignement supérieur ;

Proposer des modèles pédagogiques pour l’enseignement à distance par les universités ;

Elaborer un plan stratégique pour une politique documentaire de l’enseignement supérieur.

6- Sur la Recherche

Créer un cadre permanent de planification, de programmation, de suivi et de prospective pour la recherche au Sénégal en relation avec le Ministère en charge de la recherche ;

Profiter de la mise en place des écoles doctorales pour remédier aux faiblesses actuelles du système : renforcement des liens avec les organismes de recherche et le secteur privé ;

Favoriser la création de fondations universitaires dont une des missions est de mobiliser des ressources pour le financement de la recherche ;

Améliorer l’environnement de la recherche par une augmentation des budgets des structures documentaires (normes UNESCO de 5% au moins des budgets des universités).

7- Sur la gouvernance et la gestion

Actualiser la carte universitaire de manière cohérente ;

Définir la mission et les valeurs de l’enseignement supérieur en spécifiant les missions et les compétences des établissements et des administrateurs ;

Définir le statut de l’enseignement supérieur privé ;

Etablir les relations entre les universités et les milieux économiques ;

Mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des crises ;

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Page 33: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Renforcer les capacités administratives et de gestion des dirigeants et des personnels (élaboration de textes, élaboration de projets, gestion administrative) ;

Elaborer des codes d’éthique et de déontologie en matière de recherche et de gouvernance ;

Promouvoir une bonne politique d’assistance sociale au niveau des établissements du supérieur.

8- Sur les œuvres sociales et l’hébergement

Créer une cité universitaire internationale à Dakar, Saint Louis et progressivement dans les autres universités où chaque nationalité aura un quota de lits ;

Exhorter les collectivités locales à conventionner des logements en faveur des étudiants de leur localité ;

Favoriser la promotion d’un partenariat entre le COUD et les entreprises installées dans certaines localités à l’image d’une entreprise basée à Kédougou qui a accepté de mettre à la disposition des étudiants de cette localité un immeuble entièrement équipé à Dakar ;

Mettre l’accent sur la construction d’infrastructures pédagogiques et sociales avant le démarrage effectif des enseignements pour toute nouvelle université ;

Promouvoir une meilleure politique de l’hébergement privilégiant l’excellence.

9- Sur les bourses

Promouvoir une politique d’attribution des bourses basée sur l’excellence ;

Privilégier les étudiants des filières scientifiques dans l’attribution des bourses ;

Veiller au paiement des bourses à date échue pour éviter les mouvements d’humeur des étudiants.

2.6. L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

2.6.1. ETAT DES LIEUX ET RECOMMANDATIONS

CONSTATS ET PROPOSITIONS

Les chapitres ci-dessous pourraient constituer une base pour l’établissement d’un Plan d’action pluriannuel de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle définissant rigoureusement son curriculum en vue de conforter ce système d’enseignement dans sa position « prioritaire » maintes fois déclarée par les gouvernants..

CHAPITRE CONSTAT PROPOSITONS

SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL

- Instabilité institutionnelle et dispersion des moyens

il est indispensable de mettre en place :

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Page 34: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

de formation

- contrôle insuffisant des actions de formation du public et du privé

- un nouvel organigramme et une tutelle unique,

- un observatoire de l’emploi et de la formation suffisamment fonctionnel

- une restructuration des diplômes et une organisation des passerelles

DISPOSITIF DE PILOTAGE DU SYSTEME D’ETFP

Instabilité de la tutelle et déficit de cadre de concertation et de suivi des politiques d’ETFP

Mettre en place des commissions nationales (au niveau du Ministère), régionales, départementales et/ ou locales pour le pilotage, le suivi, l’évaluation et la validation de la politique d’ETFP, en relation avec tous les partenaires, avec des réunions périodiques

ETAT DES

INFRASTRUCTURES

Les bâtiments de certaines écoles sont dans un état de délabrement généralisé

- le capital matériel disposé dans les infrastructures techniques, la vibration permanente des machines, le capital humain qui les fréquente et les risques d’accidents engendrés nécessitent une sécurisation et un entretien permanents des locaux.

Une réhabilitation sans délai est vivement recommandée

STRUCTURES ET

EQUIPEMENTS

- Nombre très insuffisant de Lycées et de Centre d’enseignement technique (CET)

La formation technique, source de compétence professionnelle et de production de richesse, devrait dorénavant être la priorité des constructions et équipements scolaires, à raison d’au moins:

- un Centre d’enseignement technique par département,

- un lycée Technique par région

- A défaut, la création de lycées mixtes, ayant fait leur preuve de réussite, comme les lycées Seydina Limamou LAYE et Cheikh Ahmadou BAMBA est à encourager

La construction d’écoles et le renouvellement permanent des équipements devraient permettre à notre enseignement d’être en phase avec l’évolution des sciences et des techniques.

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Page 35: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

-Manque d’équipement

- Machines vétustes

- Outillage incomplet

il faut retenir que la rénovation, la réorganisation, des structures et la dotation substantielle d’équipement et d’outillage aux lycées et Centre d’enseignement technique sont une condition sine qua none pour un enseignement efficient

FONCTIONNEMENT DES

STRUCTURES

- Aucun budget pour les réparations

l’institution d’un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures est indispensable pour leur durée de vie

- Insuffisance de

matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires

les travaux pratiques s’exerçant sur une réalité matérielle, technique et industrielle, la priorité doit toujours être donnée aux dépenses de matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires

FILIERES

- Enseignement très limité de l’économie familiale et de la technologie dans certains CEM

- l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la méthode et le raisonnement analytique des adolescents.

Ainsi, pour acquérir une vaste culture ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique, il serait judicieux :

- de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)

- de former suffisamment de professeurs de spécialité

- d’envisager la généralisation de leur enseignement de la 6è à la 3è

- Persistance malheureuse des BAC techniques à double finalité

Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.

Pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre jeunesse, il urge absolument de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7 en consolidant les matières scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux écoles supérieures techniques

Existence de Programmes inadaptés ou programme selon le bailleur

un manque notoire de contrôle et de coordination est constaté dans le fonctionnement des structures.

Il est donc impératif de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation formation- emploi, répondant aux objectifs fixés

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Page 36: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

par nos plans de développement économique et social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère

- Disparition totale des CAP dans les écoles publiques

Le CAP étant le diplôme académique à partir duquel les entreprises recrutaient leurs futurs agents de maîtrise, la formation menant à ces diplômes ne doit pas être laissée seulement à l’initiative des écoles privées qui ne disposeraient pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.

Toutefois, on remarque l’ouverture des formations CAP et BEP dans les écoles publiques sous forme payante

La reprise de cette formation dans les centres de formation publics est vitale et stratégique

Marginalisation de l’Education religieuse,

En accord avec les responsables, une attention

soutenue devrait être portée à cette forme d’éducation adoptée par une grande frange de notre population, pour leur inculquer un savoir-faire.

PARTENARIAT

(Relations entre l’école et l’entreprise)

Insuffisance de la prise en charge du partenariat au niveau de la formation initiale, de la formation continue et de l’insertion des formés

la connaissance du milieu industriel est très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en formation.

Ce faisant, il faut :

- systématiser l’accueil des élèves et étudiants dans le milieu professionnel

(la formation par alternance est sans aucun doute l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation professionnelle)

- mettre en place des structures de formation continuée en direction des personnels des secteurs formel et informel

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Page 37: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

L’APPRENTISSAGE

- Le système n’est ni défini, ni organisé en vue de tenir compte des différents niveaux formel et informel

-les formations artisanale et rurale sont en régression

- Il faut procéder à la rédaction de nouveaux textes réglementaires mettant en place un organigramme qui prend en compte les secteurs artisanal, urbain et rural

il existe :

- la formation formalisée

- la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans

- l’éducation surveillée

Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est important de réhabiliter, rééquiper et redynamiser toutes ces formes d’écoles de formation

GESTION DES ETABLISSEMENTS

- Certains lycées techniques sont administrés par des personnels hors du domaine de l’ETFP

La gestion d’un établissement d’enseignement technique nécessite des connaissances avérées dans l’ingénierie de formation.

En conséquence, cette situation paradoxale crée inévitablement des conflits de compétence et des choix des priorités entraînant souvent la déliquescence de l’établissement.

ORIENTATION

DES ELEVES DANS LE SUPERIEUR

-Elèves pas orientés ou envoyés à des formations où ils ne sont pas destinés

Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une formation scientifique identique au BAC S1 ont une formation technologique les prédisposant aux cycles d’ingénieurs se voient jeter dans d’autres Facultés où ils s’adaptent très difficilement.

Désormais, on doit respecter leur cursus scolaire en les orientant prioritairement dans les écoles et instituts supérieurs de formation professionnelle.

Aussi, pour respecter l’égalité des chances de tous les milieux socio-économiques de notre population, il est indispensable :

- de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel public

- d’instituer des facultés techniques afin d’accueillir le maximum d’étudiants dans les instituts de l’enseignement supérieur technique et professionnel : (ESP Dakar, Ecole Polytechnique, IFACE, CEPECS, IST, etc.

FORMATION

- Insuffisance des effectifs

Il est très urgent de former suffisamment de professeurs pour combler le déficit existant.

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Page 38: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

DE

FORMATEURS

- déficit de professeurs de spécialités

- la réouverture des sections de professeurs de spécialités en disparition devrait être effective

-manque criard de professeurs de haut niveau universitaire

Notre système d’enseignement technique ne compte aucun agrégé,

il est indispensable d’encourager les professeurs en exercice et des sortants méritants des instituts de formation à aborder la préparation à l’agrégation.

- Formation continuée des

Enseignants non systématisée

- la mise en place d’une structure de formation continuée est indispensable pour s’adapter à l’évolution des techniques et au changement continu des normes internationales

- Recrutement inacceptable

d’enseignants

Des enseignants sont en poste dans certains établissements sans formation adéquate .

Il est indispensable de renforcer leur compétence, pour un meilleur redéploiement

FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE

-insuffisance notoire des fonds alloués par l’état

- Déficit de transparence dans l’utilisation des fonds

Il faut accroître les fonds de l’ETFP par :

- l’augmentation substantielle du budget de l’état

- la redéfinition des rôles de l’ONFP et du FONDEF

- la redéfinition de la contribution forfaitaire à la charge des employeurs (CFCE)

- l’implication plus poussée des collectivités locales et régionales

- la mise en place d’un système de contrôle et de suivi impliquant les organisations patronales et syndicales

2.7. L’EDUCATION NON FORMELLE.

2.7.1. ETAT DES LIEUX

De nombreux problèmes et contraintes ont été identifiés dans le sous-secteur de l’éducation non formelle. Nous retiendrons principalement ceux-ci :

- dispersion des actions d’alphabétisation sans une véritable coordination entre acteurs, d’où absence d’harmonisation des interventions ;

- absences de statistiques fiables sur la situation du sous-secteur ;

- faible efficacité externe des programmes d’alphabétisation ;

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Page 39: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- conditions précaires des personnels de l’alphabétisation et absence d’un plan de carrière ;

- érosion des effectifs : les adolescents de même que les adultes ont du mal à concilier leurs obligations de travail avec une fréquentation régulière de la classe ;

- caractère sommaire des infrastructures : conçus pour être provisoires, ces abris doivent être réparés ou entièrement couverts après chaque saison des pluies ; ils ne permettent pas de stocker du matériel pédagogique, des livres ni des cahiers ;

- environnement non sécurisé : de par son emplacement, l’ECB ou la CAF présente souvent l’inconvénient d’être assez bruyante, souvent sans clôture ;

- faiblesse du budget de l’Etat alloué au financement du sous-secteur de l’éducation non formelle (à peine 1% des 40% officiellement déclarés du budget global de l’Etat destiné à l’éducation) ;

- quasi-absence de formation des acteurs et surtout des formateurs en matière de gestion, de formation professionnelle, de langues et de méthodologies d’apprentissage ;

- difficultés à garantir la qualité des apprentissages et des services ;- instabilité de l’ancrage institutionnel ;- absence de valorisation des acquis et d’équivalence avec le système de certification existant ;- marginalisation de l’éducation des adultes dans le système éducatif sénégalais.

2.7.2.. RECOMMANDATIONS

Les recommandations que nous formulons ici recoupent celles déjà clairement consignées dans le document de politique général 2003-2012 et dans le Cadre d’Orientation stratégique (COSA), et qui sont des objectifs prioritaires. Elles ont pour objectifs de :

- contribuer à la scolarisation universelle par la promotion de modèles alternatifs stabilisés (ECB, daara, etc.) pour la prise en charge des enfants non scolarisés ou déscolarisés précoces ;

- assurer l’éradication rapide de l’analphabétisme, tout en améliorant la qualité et la pertinence de l’offre de services d’alphabétisation ;

- favoriser ou créer un environnement lettré ;- promouvoir les langues nationales dans la vie officielle et publique, à l’école et dans la formation

professionnelle;- renforcer le pilotage des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non formelle aux

plans intra-sectoriel et inter sectoriel ;- renforcer le financement public des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non

formelle ;- renforcer la communication et la mobilisation sociale ;- instaurer et privilégier le partage de l’information et des expériences entre acteurs de l’Education

non formelle (Etat, société civile, c’est-à-dire ONG, Associations diverses de citoyens) ;- impliquer les organisations professionnelles ou de divers métiers et celles confessionnelles.

   2 ) Santé et développement social                                                    A -  DEVELOPPEMENT SOCIAL        I.  CONTEXTE : ETAT DES LIEUX    Depuis son accession à l'indépendance, le Sénégal a bénéficié d’une importante aide extérieure qui en faisait l’un des pays les plus assistés. Le pays s’est  cependant engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie. Les

39

Page 40: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement  de l'inefficacité  des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance.               . La politique économique était marquée par un fort interventionnisme de l’Etat : omniprésence dans la sphère productive, forte réglementation des activités du secteur privé, développement du secteur agricole appuyé essentiellement sur des sociétés d’encadrement jugées étouffantes. Quant à la politique industrielle, elle est marquée par la nationalisation des unités stratégiques de production. La politique monétaire, commune au sein de l’UEMOA, était caractérisée par une certaine restriction du crédit ; ce qui constituait également une contrainte à l’éclosion du secteur privé local. Avec les chocs subis par l’économie (cycle de sécheresse, baisse des termes de l’échange, chocs pétroliers) et le déclin des secteurs arachidiers et miniers, le système  a commencé à montrer ses limites vers le début des années 70 avec des risques évidents de crise d’insolvabilité : ralentissement de la croissance du PIB (2,8 en 1960-70 ; 2,3 en1975-80), et de sa croissance par tête qui devient négative (-0,5%). Des politiques d’ajustement structurel sont ainsi mises en œuvre  à travers des programmes de stabilisation, pour corriger les déséquilibres, et des programmes d’ajustement, pour relancer la croissance,   accompagnées d’un vaste programme de réformes visant à réduire  le rôle de l’Etat dans l’économie, favoriser le développement du secteur privé, assouplir la législation du travail et ouvrir l’économie sur l’extérieur.   Toute une série d'autres  réformes ont également été élaborées concernant les privatisations partielles ou totales, la dissolution de certaines sociétés, la réduction des subventions aux entreprises publiques allant  jusqu’à 50%, en1990.   Le processus de désengagement de l’Etat  aura des incidences directes sur les populations par la réduction du nombre d’emplois, conduisant les autorités à mettre n place une  stratégie de développement  pour la période 1996-2001  inscrite dans  le IX° Plan d’orientation pour le développement économique et social ,dénommée « Compétitivité et Développement humain durable ». En vue de renverser les tendances négatives, les autorités sénégalaises ont aussi créé des mécanismes de concertation et des processus de participation à divers niveaux de décision.               Bien que toutes les politiques d’ajustement structurel fassent du secteur privé moderne l’acteur principal du développement économique et social, le secteur privé structuré n’est pas parvenu malgré tout à jouer un rôle plus déterminant pour stimuler la croissance. Son expansion reste insuffisante (14% en 1993-94, 17% en1994-95, 18% en 1996-97) et le taux d’investissement privé est trop faible pour assurer des gains de productivité significatifs à l’économie (13,1% en 1998).                             Même si les politiques mises en œuvre ont favorisé une reprise de la croissance, elles n’ont pas permis de relever le niveau de vie des populations. La crispation autour de l’équilibre financier depuis son accession à l'indépendance, le Sénégal a bénéficié d’une importante aide extérieure qui en faisait l’un des pays les plus assistés. Le pays s’est  cependant engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie. Les résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement  de l'inefficacité  des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance.  court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement. court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement. L’analyse  de la nature et des déterminants de la politique sociale au Sénégal durant cette période montre,  en effet, une inadéquation entre le niveau et la structure des dépenses publiques avec les objectifs de développement social affichés par le Gouvernement d’une part,  avec les impératifs de développement durable d'autre part.         

40

Page 41: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

En matière de santé, le Sénégal est resté confronté à une situation médiocre qui a eu des conséquences négatives sur la productivité de la main d’ œuvre, la richesse des populations et sur le processus de développement en général. L’une des principales limites a été la faiblesse de la demande effective par rapport à la demande notionnelle, traduisant des besoins sanitaires insatisfaits. L’accès à la santé a été également limité par la faiblesse de l’offre, tant en termes quantitatifs que qualitatifs, du fait notamment des déficits dans la fourniture des biens et services sanitaires, dans la production nationale de médicaments de base, et du fait du défaut d’une politique d’entretien des infrastructures, de formation et de motivation du personnel. Malgré les efforts faits pour atteindre la recommandation de l ’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixée à 9% du budget national, les ressources allouées à ce secteur sont, en 2000, inférieures à ce montant (7,26%) et  ne permettent pas d’édifier une offre suffisante pour satisfaire la demande. La couverture sanitaire  demeure encore très faible : seuls 65% de la population accèdent à un service de santé à moins de 5km. Il y a seulement 01 médecin pour 13.210 habitants.   Plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre  de différents plans,   programmes et réformes entrepris par l’Etat. Cependant en 2000, les indicateurs de santé continuent à montrer de faibles résultats : l’espérance de vie n’est que de 52 ans ; sur 1000 naissances vivantes, 70 décès avant un an et 145 avant cinq ans ; le taux de mortalité maternelle est estimé à 510 cas pour 100.000 naissances vivantes. L’infection VIH/Sida a progressé malgré la faible prévalence ; un enfant sur cinq souffre d’insuffisance pondérale, dont 8% présentent un état de sous- nutrition chronique ou émaciation ; le paludisme demeure la première cause de morbidité avec 25% des cas déclarés et la prévalence de la diarrhée touchait encore 26% des enfants âgés de moins de cinq ans.  Ces chiffres cachent, par ailleurs, des disparités importantes selon le milieu de résidence.   On a pu souligner de fortes disparités régionales dues à une trop grande concentration de l’offre, des différences de niveau dans les besoins plus prononcés chez les femmes et les enfants, ainsi qu’une gamme très inégales des revenus des populations dans un système où l’individu accédait aux soins en fonction  de ses besoins et de ses propres capacités à les financer.          En matière d’éducation, si la couverture s’est améliorée, l’accès des pauvres à l’éducation est resté limité. Nous n'allons pas nous attarder sur la situation de l'éducation au Sénégal dont l'analyse a été faite ailleurs.     Quant au marché du travail il se caractérise essentiellement par une augmentation rapide de la demande d’emploi face à une insuffisance de l’offre, aussi bien en quantité qu’en qualité. Chaque année la croissance démographique déverse sur le marché de l’emploi un supplément qui accroît la demande nationale. Le rythme d’accélération de cette demande est plus prononcé dans les zones urbaines (du fait de l’exode rural), chez les jeunes (compte tenu de la structure démographique par âge) et, dans la dernière période, chez la population féminine (à cause de l’augmentation du taux d’activité). La faiblesse de l’offre d’emploi  est restée liée aux facteurs structurels de l’économie sénégalaise, notamment à une croissance peu dynamique tirée par des secteurs peu créateurs d’emploi comme l’agriculture et le tourisme, bien que ces deux secteurs utilisent une main d’œuvre importante, ils parviennent difficilement à  pérenniser  les emplois, du fait du caractère saisonnier  de leurs activités,  à la réduction d’emplois dans les secteurs public et para public dans le cadre  du rétablissement des grands équilibres économiques et à l’assouplissement de la législation du travail introduite pour attirer les investissements.

 Le marché de l’emploi sénégalais s’est caractérisé, durant cette  période, par la destruction d’emplois dans le secteur moderne de l’économie (notamment dans les entreprises non financières, les sociétés d’assurances et la fonction publique), face à une forte évolution des emplois  dans l’économie informelle. Le secteur informel dominait et domine toujours les activités du secteur

41

Page 42: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

privé : la part de celui-ci dans le PIB était de 85%, dont près de 60% venant du secteur informel contre 25% du secteur structuré ; au moins 50% de l’emploi dans les zones urbaines étaient fournis par le secteur informel.     En ce qui concerne le cadre de vie des populations, l’exode rural vers des pôles économiques en zone urbaine, combiné à une croissance démographique annuelle de 2,7% ont rendu difficile un développement spatial adapté aux objectifs économiques et sociaux. Les difficultés d’accès au logement, l’occupation irrégulière de l’espace ainsi que l’absence d’infrastructures sociales de base étaient des problèmes récurrents qui n’ont pas été résolus par les politiques sectorielles de l’habitat. Ces problèmes étaient en relation avec la dégradation de l’environnement.                                                                                              Dans le secteur de l’habitat, les politiques publiques ont été confrontées à un manque très important de dispositions réglementaires, à l’absence de mécanismes de contrôle efficace, à une faible délimitation des responsabilités et à une lourdeur des formalités administratives. L’offre de logement a été inadaptée aux besoins des populations ce qui a créé une occupation anarchique et à l’érection d’installations incompatibles avec un cadre de vie favorable à un développement humain durable. Les coûts financiers ont été exorbitants pour les populations, les exonérations prévues par la loi en faveur des couches les plus pauvres n’ont pas eu, dans la pratique, l’effet escompté.   Dans l’ensemble, force est de constater, le faible impact sur le niveau de vie des populations des politiques de développement mise en œuvre les vingt années allant de 1980 à 2000 et l’échec relatif des programmes d’ajustement structurel. L’ampleur et la gravité de la situation se sont traduites par un appauvrissement croissant des populations, la persistance de la corruption mais aussi par une aspiration des citoyens à participer davantage à la gestion des affaires.                 

    Qu'en est-il avec l'avènement de l'alternance ? Pour l’essentiel, les politiques et tendances économiques n’ont pas connu de rupture suite à l’alternance politique intervenue au Sénégal à la fin du premier trimestre 2000. Le nouveau gouvernement a poursuivi les orientations de la stratégie de développement national et a entériné les différents engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale, tout en renforçant l’intégration régionale.  Dans ce contexte, le Sénégal a été accepté en juin 2000 comme pays bénéficiaire de l’Initiative renforcée en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) lancée en 1996 sous l’égide de la BM , du FMI et des principaux pays créanciers membres du Club de Paris. Il a eu accès à une aide intermédiaire constituée par les premiers versements au titre des annulations prévues. Ceci a été possible après qu’il a présenté  un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui a été approuvé par les Conseils d’Administration de la BM et du FMI. Un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1) sera élaboré « à travers un processus participatif » et sera réactualisé (DSRP2) intégrant la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Le Sénégal pourra ainsi bénéficier de la mise en œuvre de la totalité des allégements de dette prévue dans le cadre de cette initiative. Compte tenu du poids de la dette sur le budget national, ces avantages semblent déterminants pour le bon déroulement de la  L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale stratégie de croissance.

 L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale stratégie de croissance et réduire significativement la pauvreté. Dans un contexte de mondialisation accrue, les efforts sont destinés à améliorer la compétitivité globale et sectorielle de l’économie en vue d’assurer la viabilité extérieure et intérieure de l’économie.

42

Page 43: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

                             En 2005 le Gouvernement et le Système des Nations Unies (SNU) ont entamé le processus d’élaboration d’un Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF). Il constitue une réponse collective du système aux principaux défis de développement du pays, identifiés à travers un diagnostic commun de la situation (Bilan Commun Pays) issu du processus d’élaboration du nouveau document de réduction de la pauvreté (DSRP2 – 2006/2010), fondé sur l’évaluation des avancées en direction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2001-2015) et intégrant les éléments de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA).   Il ressort de l'ensemble de ces actions des résultats à apprécier à deux niveaux:

     Sur plan macroéconomique : Des performances macroéconomiques appréciables mais insuffisantes.

               

     Sur le plan social: Des résultats encore faibles au plan du développement humain particulièrement dans le monde rural où résident les couches sociales les plus défavorisées.

        .  La prévalence de la pauvreté demeure relativement élevée au Sénégal. L’enquête ESAM I ( ?) révèle qu’au milieu des années 1990, 58% des ménages, soit 65,6% de la population vivaient en deçà du seuil de la pauvreté. L’Enquête de Perception de la Pauvreté au Sénégal (EPPS) réalisée en 2001 indique que près des deux tiers des ménages interrogés se considèrent comme pauvres et près du quart comme très pauvres. En outre, 64% des ménages estiment que la pauvreté s’est aggravée durant les cinq dernières années.

Cependant une enquête plus récente (ESAM II) révèle une baisse du taux de pauvreté. La proportion de la population pauvre est passée ainsi de 67,9% en1994/95 à 57,1% en 2001/02, soit une baisse de16% en termes relatifs. Cette enquête confirme la répartition inégale de la pauvreté selon les zones géographiques. La pauvreté est en effet plus marquée  dans les zones rurales où sa baisse est moins accentuée. En effet la proportion des ménages pauvres en milieu rural est passée de 65,9% à 57,5% dans la même période, soit une baisse de 13% environ. C’est dans les deux régions de Kolda et de Ziguinchor que la pauvreté au niveau des ménages est la plus élevée (deux ménages sur trois). Sur la période considérée, on enregistre une baisse de 33% environ dans la région de Dakar contre 31% dans les autres villes du pays.           

    II.-TABLEAUN SYNTHETIQUE DES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT      

a)   La pauvreté recule mais demeure encore importante.   DIAGNOSTIC

  CONTRAINTES

ROLE ET

RESPONSABILITES

DES ACTEURS

  AXES DE

DEVELOPPEMENT

43

Page 44: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Selon les diagnostics de la

pauvreté établi en 2005 : Prévalence encore élevée

de la pauvreté : - Contraction de la

population vivant en

dessous du seuil de la

pauvreté de 16% entre

1994 et 2002. - L’incidence de pauvreté

au niveau des ménages

passe de 61,4% à 48% - Mais la perception des

ménages indique 65% de

pauvres dont 23% très

pauvres. - En milieu rural 65,1% des

individus et 57,5 des 

ménages vivent en dessous

du seuil de la pauvreté. - En milieu urbain,

respectivement 50,1% et

43,3% (à Dakar :42,2% et

33,6%) - La même tendance est

confirmée dans les régions.

-  Le manque

d’opportunités entraîne

l’émigration massive des

jeunes vers l’Europe. Résultats mitigés des

politiques de lutte contre

la pauvreté. - 37,8% des 5 / 15 ans

travaillent (1048000), - Autant sont analphabètes. - 500000 mineurs subissent

les pires formes de travail

(340000 sont des

domestiques, 1000000 des

mendiants dont 20000 à

Dakar) - Selon le DSRP 2, 400000

jeunes sont en grande

précarité, 100000 enfants

sont sexuellement

exploités,

- 56% de ménages 3° âge

sont pauvres ce qui les

exclut de la citoyenneté,

des instances de décision,

Causes immédiates (structurelles) de

la pauvreté : * La faible productivité des facteurs de

production et la baisse des gains de

productivité. * Une économie rurale faible, peu

productive et majoritaire.  - plus de 2/3 de la population pour

10% du PIB (2004)  - baisse tendancielle des rendements,  - l’analphabétisme le manque de

formation empêchent la promotion du

monde rural et la modernisation

agricole. *La croissance est faible et

insuffisamment pro pauvre (2,7% entre

80 et 2000, le taux est inférieur à ceux

de la démographie et de la dette)  - les secteurs concernés sont peu

pourvoyeurs d’emploi,  - la vulnérabilité du pays par rapport à

l’évolution du marché mondial crée un

déséquilibre des échanges.  -*La faiblesse voire l’inexistence de

protection sociale  -le système de sécurité sociale est

résiduel (seuls 7,8% de la population

active et 12% de la population totale

bénéficient de couverture sociale ;

seuls 5% des affiliés sont de la

population rurale) Causes sous-jacentes *La prépondérance du secteur informel

dans la création d’emploi et de richesse

 - Il représente 56% du PIB du Sénégal

et 10,7% de celui de Dakar. *La répartition inégale des revenus  - 20% des plus riches contrôlent 41%

des richesses 

 -  20% les plus pauvres ont 8% des

revenus. *La faiblesse des infrastructures

d’accompagnement des activités

économiques  - Les télécommunications se

développent, les secteurs de l’énergie,

des transports et de l’eau potable

connaissent des déficits et une

mauvaise qualité des services. * L’inadéquation entre la formation et

l’emploi des jeunes.

Etat - Améliorer

constamment le climat

des affaires pour

encourager les

investissements

nationaux et étrangers.

- Promouvoir  une

croissance pro pauvre

génératrice de revenus

Partenaires - Mettre  en cohérence

leurs inter- ventions

autour des priorités

nationales et pour une

meilleure

complémentarité.     Etat - Promouvoir l’équité - Adopter des

politiques de

redistribution plus

efficaces pour la

promotion d’une

croissance pro pauvre

créatrice d’emplois et

de revenus

Privé - jouer un rôle moteur

dans la croissance par

la création d’emplois

et de richesses et par

l’amélioration de

l’accès aux services

sociaux de base. Etat - promouvoir des

opportunités de

développement local

et de décentralisation Société civile - jouer un rôle de

veille, de médiation et

de plaidoyer pour

renforcer la cohérence

d’ensemble et la

vision consensuelle à

long terme des

Diversifier

l’économie       Créer une

croissance  durable       Etendre la

protection sociale                   Promouvoir

l’emploi         Améliorer l’accès

aux services sociaux

de base.             Renforcer la

gouvernance et le

contrôle citoyen sur

l’action publique.                      

44

Page 45: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

et du système de prise en

charge. - la vulnérabilité du 3° âge

est accrue du fait de la

dépendance financière des

jeunes.    

 - L’entrée précoce dans le travail :

32,5% des 10/14 ans  - L’offre de formation faible   - l’exploitation et les pires formes de

travail faites aux enfants. *les carences dans le contrôle externe

des dépenses publiques   :  - L’utilisation irrationnelle des

ressources publiques (Finances

publiques – dépassements et

réorientations budgétaires  - ;

Passations des marchés)  - Le contrôle de l’Assemblée

Nationale et de la Cour des Comptes

insuffisant. *les difficultés de la Décentralisation

du Développement local   :  + Une décentralisation peu profonde

en rapport avec :         - la faiblesse des ressources

financières         - la faiblesse des capacités

humaines des élus et services

déconcentrés de l’Etat dans la gestion

des compétences transférées         - le dispositif de mise en œuvre et

de suivi non fonctionnel         - la stratégie de réduction de la

pauvreté aux niveaux sectoriel et local,

inerte.         - non articulation entre lutte

contre la pauvreté et décentralisation. Causes profondes (tendances

lourdes) * Les aléas climatiques et naturels        - les exportations sont dépendantes

des ressources naturelles et des

facteurs climatiques.        - la vulnérabilité du pays par

rapport aux facteurs exogènes :

fluctuation des prix des matières

premières ; catastrophes.        - la précarité de l’habitat et du

milieu de vie des populations pauvres. *Les difficultés des PME   vis-à-vis  :        - du crédit bancaire, explique les

projets à faible profitabilité        - de l’environnement juridique et

commercial problématique. *Les difficultés d’accès au foncier        - pour la reconnaissance des droits

réformes grâce à la

Participation         Etat Améliorer sa capacité

de pilotage du

développement par la

mise en œuvre

effective des réformes

et par la promotion de

l’équité. Partenaires. Appuyer dans la mise

en œuvre de certaines

réformes socio

économiques et

financières. Appuyer pour une

meilleure

coordination. Développer de

nouvelles pratiques

pour l’alignement,

l’harmonisation des

procédures, l’allège-

ment des coûts de

transactions et

l’accroissement de

l’appui budgétaire.

        Renforcer la Com-

mission Nationale

de  lutte contre la

Corruption et la

Concussion   Renforcer

l’intégration sous-

régionale, régionale

et continentale.

45

Page 46: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

de propriété foncière,      - l’impossibilité liée de garantir des

parcelles pour le financement. *L’impact des politiques publiques sur

les conditions de vie       - la lenteur de la mise en œuvre des

politiques publiques       - la faible qualité de la

programmation et de la gestion des

dépenses publiques       - la faiblesse des Ministères dans la

formulation, la mise en œuvre, le suivi

des politiques, programmes et projets.       - la corruption qui demeure u

problème majeur.    

b)   La faim et la malnutrition sont en baisse mais persistent encore.   DIAGNOSTIC

  CONTRAINTES

ROLE ET

RESPONSABILITES

DES ACTEURS

  PERSPECTIVES DE

DEVELOPPEMENT

  L’insuffisance des

productions et la

baisse du taux de

couverture des

besoins :

 - céréales : 61% en

99-00 ; 50% en 20

01 ; 35% en 01-06.  - viandes : 20kg/hbt

en 60 ; 11,6 en 1999.  - lait : 42l /hbt en 93 ;

26 en 1998.  - riz : importation 600

mille tonnes/an. Nb : la sous –

alimentation touche

24% de la population

en 2001. La malnutrition.  - Insuffisance

pondérale pour 19,2%

des  enfants de moins de

5 ans en 2001 contre

  Causes immédiates.  -La production céréalière insuffisante,  - Les interdits alimentaires aux enfants et

femmes enceintes,  - La faiblesse des revenus affecte le

pouvoir d’achat des ruraux,  - Les pratiques alimentaires inadéquates

concernant l’allaitement maternel exclusif

peu pratiqué et le sevrage,  - La prévalence des parasitoses

intestinales et la situation sanitaire

précaire,  - Les soins prodigués aux enfants de

manière inappropriée pendant les épisodes

de diarrhées. Causes sous-jacentes :  - La faible performance du secteur

agricole,  - Les effets néfastes des subventions des

produits agricoles et agro alimentaires

occidentaux  sur les productions locales,  - Le faible niveau de scolarisation des

femmes est un facteur aggravant de la

malnutrition.

  Etat. - La Loi

d’Orientation Agro-

Sylvo-Pastorale qui

doit servir de fonde-

ment aux plans de

développement

agricole et forestier,

n’est pas décrétée. - Peu de visibilité et

de lisibilité à la

conduite de l’activité

productive en milieu

rural. - Pas de politique de

prévention et de

gestion des risques et

catastrophes

opérationnelle. Société civile, Elus,

Privé. Contribution à

l’effort de formation,

de sensibilisation et à

  Opérationnaliser les

lois,   Renforcer les capa-

cités des acteurs par

 - infrastructures

marchandes - pistes de production

- le désenclavement, - la baisse des coûts

des facteurs.   Améliorer la

production locale : - la transformation

sur les lieux de

production et

l’approvisionnement

des villes - le développement

du vivrier marchand

par la promotion des

marchés ruraux. - Renforcer les A G

46

Page 47: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

16% en 2005.  - Ce taux est de

23,3% en milieu rural

 contre 12,2% en

ville.  - L’insuffisance

pondérale sévère

touche 5,9% des

enfants sénégalais.

Elle est plus aigue à

Kaolack 27,8% ; à

Diourbel 25,4%   à

Tamba 24,7%  

Causes profondes.  - Les politiques publiques instables

concernant le secteur agricole et leur mise

en œuvre tardive,  - Les aléas climatiques et naturels

(sécheresse, inondations, pluies hors

saison), la dégradation du capital foncier,

le péril acridien, rendent l’activité

productive vulnérable.  - La surexploitation des ressources

naturelles (poissons, foncier, pâturages et

forêts) affecte la couverture des besoins

alimentaires, La dégradation du cadre de vie en

campagne comme en ville, est un facteur

aggravant.  - Le % de pauvreté élevé des ménages

(57,1 en 2002 avec de fortes disparités en

défaveur du monde rural).  

la valorisation des

potentiels de

production. Partenaires - Appui à l’Etat dans

la lutte contre les

subventions aux

exportations du Nord.

- Valorisation de la

production.

R - Renforcer la

nutrition en milieu

scolaire et sanitaire

ainsi que le

déparasitage, - renforcer les acteurs

en gestion de risques

et catastrophes.

                                                                       

    c) Les pratiques discriminatoires portant atteintes aux droits de la femme

  DIAGNOSTIC

  CONTRAINTES

ROLE ET

RESPONSABILITES

DES ACTEURS

  PERSPECTIVES DE

DEVELOPPEMENT

Discriminations sociales et

culturelles. -L’empreinte culturelle à

dominante patriarcale crée des

stéréotypes qui confinent la

femme aux tâches

domestiques et procréatives. - Les coutumes et la religion

confortent la « normalité » de

ces discriminations ( ?) - Les grossesses précoces dues

au mariage précoce et aux

rapports hors mariage - La caporalisation des

instances et organismes de

décision par les hommes crée

la sous- représentation des

femmes Discriminations juridiques - Le code de la famille crée

des discriminations entre les

parents

- Le statut insuffisamment

valorisé de la femme dans

la société et la défense par

les hommes de leurs

avantages acquis. - La faible capacité de

négociation  des femmes

limite leur présence au

niveau des instances de

décision.                 - L’insuffisance des efforts

en vue d’intégrer les

conventions internationales

signées et la faible

La famille et la

communauté. - Sensibilisation pour

la promotion de

l’égalité et de l’équité

- Renforcer leurs

capa- cités en matière

de genre - Promotion de la

scolarisation des filles

et l’alphabétisation

fonctionnelle, La société civile - Les leaders

d’opinions et

religieux mobilisent la

société autour des

objectifs des

politiques et pour le

changement des

comportements. - Plaidoyer pour la

Eduquer et for- mer

la femme.       Appui à l’exercice

effectif de ces

droits.           Renforcer la  con-

naissance des droits

de la femme.            

47

Page 48: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Des décrets d’application ne

sont pas pris, publiés ou

diffusés ce qui bloque des

mesures favorables à l’équité. - Des mesures contradictoires

sont prises par rapport à la

protection contre les violences

faites aux femmes. Discriminations au niveau de

l’éducation et de la

formation. - Développement insuffisant

des capacités et compétences

valorisant leur participation - Fortes disparités :       Au Préscolaire   % d’accès moyen annuel filles

9,2 ; garçons 9,8       Au Primaire   : % d’inscrits au CI /2003 : F

81% ; G 89,5% TBS /2003 : F 72, 3% ; G

79,3%        Aux Secondaire et

Supérieur   : respectivement, F

33% et 19,6% des effectifs. Discriminations d’accès aux

opportunités économiques - Accès difficile aux facteurs

de production et aux

ressources (dont le crédit

bancaire et la terre) par

manque de garantie - L’exploitation agricole des

femmes sont plus petites et

moins rentables du fait des

moindres accès au matériel et

intégration aux circuits

économiques. - Les AGR sont monopolisées

par les hommes, les

productions féminines sont

destinées à

l’autoconsommation. - Il y a peu de chefs

d’entreprises parmi elles. - Cette dépendance

économique réduit leur

pouvoir décision, leur capacité

de négociation et entraîne un

accès limité aux soins de

application du principe

d’égalité et d’équité de

genre.   - L’absence d’une culture

du droit et la difficulté

d’assurer la mise en œuvre

des lois adoptées.   La complexité des règles de

procédures judiciaires et de

preuve pour les femmes

analphabètes. Causes immédiates des

discriminations

éducatives - L’analphabétisme et le

faible accès à la formation

valorisante et capacitante

de la femme en tant que

citoyenne,  productrice et

mère. Causes sous-jacentes - La charge de travail de la

mère, - Le manque de confiance

en soi, - Le mariage et les

grossesses précoces, - L’opposition du mari. Causes profondes des

disparités des effectifs : - La division sexuelle du

travail, - La faible discrimination

de genre dans les politiques

et programmes de

formation Causes immédiates des

discriminations

économiques : - Le manque

d’informations sur les

opportunités économiques, L’accès difficile à l’emploi,

au crédit et aux facteurs de

production.   Causes sous-jacentes - L’analphabétisme élevé, - Le pouvoir de négociation

promotion des droits

des femmes. - Mobilisation de

ressources

supplémentaires pour

la mise en œuvre d’un

programme de

promotion de l’égalité

et de l’équité. Etat -Harmoniser les lois

et textes avec les

conventions pour

permettre la présence

des femmes dans les

sphères de décision

comme actrices. - Application des

mesures de protection

de la femme pour sa

promotion

économique et sociale

(Loi sur l’autorité

parentale). -Mise en place d’un

dispositif

institutionnel incluant

des structures de

promotion, des

institutions de

finance- ment

formelles et

informelles et des

organes de

communication. Partenaires - Assistance au

gouvernement pour le

renforcement des

capacités au niveau

national et pour la

mobilisation des

ressources.  

  Renforcer les capa-

tés des acteurs et

leur coopération

(SDA, société civile,

ONG, femmes

leaders, groupements

de promotion

féminine en

synergie)         Favoriser l’accès

aux moyens de

production, au

crédit et aux

marchés.  

48

Page 49: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

santé, des risques élevés de

mortalité  et d’infection

aux MST / SIDA.

faible sur le marché de

l’emploi, - Le contrôle faible sur le

produit de leur travail, Des pratiques

redistributives peu

favorables à l’accumulation

et à l’investissement, Les faibles disponibilités

financières.   Causes profondes - La faible politique de

l’Etat pour le renforcement

des capacités et la création

d’opportunités

économiques et sociales

(dont la faiblesse des

politiques et actions pour

l’allègement des travaux)    

     

III.- RECOMMANDATIONS      Aux recommandations présentées dans les différents tableaux l'on peut ajouter une recommandation qui nous paraît essentielle c'est la mise en œuvre d'une politique sociale audacieuse  Un des effets majeurs des différentes  politiques sociales mis en évidence par l'évaluation générale des politiques  c'est l'insuffisance, voire l'inexistence de la Protection sociale.    A l’heure actuelle, c’est bien le programme mis en pratique par les gouvernements libéraux des années 1980 et 2000 qui non seulement montre des signes de faillite pratique (la pauvreté s’accroît, les inégalités face à la vulnérabilité également), mais qui également montre son incohérence théorique, sinon le faible niveau de connaissance empirique et de simple bon sens des discours qui l’ont organisé. Si l’inadaptation du paradigme néolibéral devient incontestable ; ce n’est pas pour autant que des projets sociaux ou sociétaires alternatifs émergent.         La question de la protection sociale doit être au cœur de tels projets alternatifs. L’histoire a au moins montré une chose en Europe : quand la protection sociale est au cœur d’un projet politique, ses effets, en matière de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité, mais aussi ses effets productifs, sont rapides et massifs. Quand le problème est rejeté à plus tard, ce qui est présenté comme « politiques sociales » se réduit à une parodie et un cortège d’effets pervers.               Au plan national, le BIT met en œuvre « une stratégie intégrée d’extension de la couverture sociale aux personnes non protégées, qui comprend trois modes d’action complémentaires :

     L’extension à partir des mécanismes « classiques » de sécurité sociale : assurances sociales, prestations et systèmes universels et programmes d’assistance sociale ;

49

Page 50: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

     La promotion et le soutien au développement de nouveaux systèmes décentralisés issus d’initiatives locales, en particulier la micro assurance ;      La conception d’articulations et de ponts entre les systèmes décentralisés et les autres formes de protection sociale et d’intervention publique.

       .                                

.     B.-  LA SANTE              I.- CONTEXTE : ETAT DES LIEUX   La Santé constitue, avec l’Education, les deux secteurs qui doivent garantir à un pays des ressources

humaines de qualité. Longtemps considérés, à tort, comme des domaines non productifs, il est

maintenant établi qu’il s’agit-là de secteurs parmi les plus importants. Même les partenaires au

développement (ou bailleurs de fonds) les plus récalcitrants ont fini par admettre l’intérêt d’investir

dans la santé des populations.

Il est permis de passer en revue les différents domaines du secteur de la santé  : les infrastructures,

les ressources humaines, la gestion du secteur, le financement de la santé, les laboratoires, les

médicaments, la prévention et l’hygiène, les domaines sociaux, les secteurs liés à la santé, les

médecines sectorielles.

L’analyse de la situation du secteur montre certes bien des acquis comme la construction de

nouvelles infrastructures, le recrutement de personnels de santé, l’important financement du secteur,

y compris par une forte contribution des populations, la suppression de taxes sur les médicaments

etc. mais le constat est le même : la santé coûte cher et il y a beaucoup de mécontentement aussi

bien chez les populations qu’au sein des professionnels de la santé. Les soins de qualité et surtout

spécialisés sont peu accessibles en dehors des grands centres urbains, beaucoup de réflexions et

d’accords pertinents attendent encore d’être appliqués, les hôpitaux croulent sous la dette et la

mauvaise gestion, en matière d’infrastructures et de ressources humaines le Sénégal est encore loin

des normes, le commerce illicite des médicaments fait encore rage, de même que la corruption. Le

laboratoire, le service d’hygiène, la santé bucco-dentaire, la médecine traditionnelle souffrent

encore d’un manque de considération notoire.

Les tableaux ci-dessous résument l’ensemble des points forts et points faibles relevés pour chaque

domaine du secteur de la santé. Nous formulons quelques propositions à la suite des tableaux.

(document).

       II- TABLEAUX DE PRESENTATION DE LA SITUATION DE LA SANTE

Domaines Points forts Points Faibles  

50

Page 51: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

8. Domaines sociauxHandicapés Amélioration de l’accessibilité

physique aux structures 

- Disponibilité réduite de soins spécialisés - Accessibilité financière faible

  Sujets âgés  

  Mise en place du plan sésame

- Pénurie de spécialistes de la Médecine

du sujet âgé - Problème de prise en charge des soins

    Santé de la Reproduction  

- Affectation de Sages Femmes dans

les centres de santé - Existence de Programme de Santé

de la Reproduction

- Spécialistes de gynécologie insuffisants - Soins spécialisés pas toujours

accessibles dans les régions

  Maladies de l’Enfance

- Réduction morbidité et mortalité

- Programme de prévention de la

transmission du VIH

- PEV et programme de nutrition

- Accessibilité aux soins spécialisés réduite

dans les régions - Ressources humaines insuffisantes

  Revendications

syndicales  

- Réflexion menée sur les problèmes

du secteur - Protocoles d’accord signés avec

différents Ministres  

- Instabilité sociale - Politique de pourrissement - Non respect des engagements pris par le

gouvernement - Griefs aux syndicats par rapport aux

comportements de leurs membres

9. Autres secteurs liés à la Santé  Assainissement  

  -

- Mauvaise répercussion sur le niveau

d’hygiène - Endémicité des maladies aux mains sales

  Pauvreté  

- Programme de lutte contre la

pauvreté - Solidarité naturelle des populations

sénégalaises

Inaccessibilité aux soins de qualité de la

plupart des populations Faible taux de fréquentation des structures

de santé

10. Médecines sectorielles    Maladies chroniques  

- Décentralisation de la lutte contre le

Diabète - Subvention de l’insuline - Existence de programmes de lutte

- Ressources humaines spécialisées

insuffisantes - Faiblesse de l’appui institutionnel et

financier

  Maladies endémiques et

épidémiques

- Existence de programmes de lutte

contre certaines de ces maladies - Importance de l’appui financier à

certains programmes

- Problèmes d’organisation et de

management - Absence de solidarité entre programmes - Problèmes de stratégie vaccinale

  Accidents, Urgences

Catastrophes

- Existence d’un plan ORSEC - Mise en place SAMU en cours - Réflexion pour décentraliser les

soins spécialisés

- Insuffisance ressources humaines - Déficit en infrastructures

- Problèmes de disponibilité des implants

- Problème de la prise en charge financière

- Absence de structures de soins de longue

durée

  Santé bucco -  dentaire 

- Possibilité de formation des

Ressources humaines - Multiplication des cabinets dentaires  

- Manque de considération

- Rareté des ressources humaines - Faiblesse des moyens - Coûts élevés des intrants

    Médecine traditionnelle

  - Disponibilité de produits naturels - Efforts d’intégration dans le système

- Manque d’organisation - Absence de reconnaissance formelle - Beaucoup de confusion dans le secteur

51

Page 52: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

sanitaire  

- Intégration insuffisante dans le système

sanitaire

  Exercice illégal  

 - Beaucoup de textes réglementaires

existent - Existence d’Ordres nationaux  

- Faiblesse de la volonté politique - Non application des textes - Ampleur de l’exercice illégal et de la

publicité interdite

   

  B.     Les droits à un environnement sain et durable (insuffisamment promus.)

    DIAGNOSTIC

  CONTRAINTES

ROLE ET

RESPONSABILITE

DES ACTEURS

PERSPECTIVES

DE

DEVELOPPEMENT

Difficultés en matière de

protection de

l’environnement Gestion des ressources

naturelles - La dégradation des

superficies agricoles (2,4 millions d’ha / 3,5

millions d’ha cultivables)

entraîne la baisse des

rendements. - La salinisation des terres et

des eaux - Les pressions humaines

sur les milieux entraînent la

déforestation. - Les pressions foncières, - La gestion des déchets

(collecte et traitement, - La pollution (rejets gazeux

des industries, des

véhicules ; déchets solides,

pesticides obsolètes, eaux

usées industrielles) - L’accès à l’eau, en raison

de la diminution des

précipitations, de

l’éloignement des zones de

production et de

consommation, crée des

difficultés aux ménages

ruraux. - La qualité des eaux

Causes immédiates. Causes humaines - La détérioration des sols, forêts et

l’affaiblissement des patrimoines

fauniques, piscicoles, de la bio

diversité et de la flore du fait de

l’accroissement des besoins liés au

développement des activités

économiques et sociales. Causes naturelles

- La salinisation des sols, - L a désertification, - La pollution atmosphérique par

l’industrie et les transports. Le Cadre de vie   : une urbanisation

mal maitrisée   : - L’habitat et l’occupation

anarchique des sols, - La défaillance  des systèmes de

collecte des ordures, - La non généralisation du système

de canalisation. Causes sous-jacentes - pénuries de capacités structurelles

des acteurs chargés de la gestion de

l’eau ou de l’environnement. - L’application timide des textes

réglementaires ou législatifs, - Le non respect des textes juridiques

relatifs à la construction. - L occupation anarchique des sols, - La prévention limitée des risques

industriels,

Communautés et

Collectivités locales :

- Investissement dans

les campagnes de

sensibilisation : les

leaders mobilisent la

population,

l’influencent pour

aider l’Etat à traduire

ses politiques. - Démultiplier et

appliquer les codes

locaux de conduite et

les initiatives

communautaires de

gestion des terroirs. ONG et Secteur

privé : - S’impliquer pour la

sensibilisation, le

financement et la

gestion des activités

de protection et de

sauvegarde. Etat : - Veiller à

l’application des

textes en appuyant les

SDE / SDA ? - Renforcer les

moyens des acteurs

pour la protection et

le contrôle,

Prise en compte des

défis dans les

Cadres

Stratégiques de

Développement et

de Lutte contre la

pauvreté.   Renforcer les capa-

cités d’anticipation,

de gestion, de

coordination et de

suivi-évaluation à

tous les niveaux.   Diffusion de l’info

environnementale

détenue par les

structures

compétentes et

sensibilisation des

populations en

gestion des

ressources, du

cadre de vie et de

l’habitat.   Mobilisation des

acteurs, des

ressources

financières et

promotion du

partenariat

52

Page 53: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

souterraines exploitée par

les forages pose problème

(fluor, nitrates) pour

certaines zones. Dégradation du Cadre de vie

- La pression

démographique et les

migrations rendent des

zones insalubres et

impropres à l’habitat,

sujettes à des occupations

irrégulières. - Les inondations liées à une

urbanisation mal maitrisée

créent des périls que ni le

Plan ORSEC, ni le Plan

Jaaxaay n’ont pu écarter

malgré 52 milliards de CFA.

- La corruption et l’incivisme

ambiants. Causes profondes : - La faiblesse des politiques de

l’habitat et de l’urbanisme par

rapport à l’accroissement de la

population urbaine, - L’insuffisance des moyens pour

faire face à la demande de logements

et d’infrastructures, - La faiblesse des politiques et

initiatives pour l’autopromotion et la

responsabilisation des populations, - Le non exercice par les institutions

compétentes de leur pouvoir de

contrôle et de cœrcition, - Les facteurs naturels, les

comportements humains, le mode de

vie et de consommation impropres,

obèrent les potentialités de

développement ; - L’exode rural, - La concentration à Dakar des

activités socio culturelles, - La pauvreté et la vulnérabilité.

- Encourager la

responsabilisation et

l’appropriation des

communautés pour la

gestion de leurs

terroirs, - Mettre en

application effective

les textes sur la

Décentralisation et le

transfert de

compétences aux

collectivités locales

pour renforcer leurs

capacités écologiques

et de gestion.. Partenaires : - Appuyer

techniquement et

financièrement, la

conception et la mise

en œuvre des

politiques de

protection de

l’environnement et du

cadre de vie.

public/privé à

l’échelle nationale

et internationale.

   

  III. - RECOMMANDATIONS

  Dans le domaine de la santé, les progrès accomplis depuis une dizaine d’années demeurent insuffisants, notamment en ce qui concerne la mortalité infanto juvénile et celle des mères. Après une période de stagnation, voire même de recrudescence de la mortalité des enfants, les résultats de l’EDS IV (2005) attestent une certaine amélioration des conditions de survie de l’enfant. En effet, de 1997 à 2005, le taux de mortalité infanto juvénile est passé de 143/1000 à 121/1000 et celui de la mortalité infantile  de 70,1/1000 à 61/1000.   Le  Sénégal est cité, généralement, comme  le pays de référence en Afrique dans la lutte contre le VIH/SIDA . Par contre,  il enregistre encore des contraintes non négligeables sur le plan du paludisme.  Les conditions d’hygiène individuelle et collective et d’assainissement demeurent précaires.  Les carences alimentaires sont responsables de la dégradation de l’état de santé des populations. La malnutrition atteint de façon chronique 16% des enfants de moins de cinq ans (dont 5% sont affectés de malnutrition sévère, EDS IV). Environ 72,9% de la population ont un accès à l’eau potable en 2005 (EDS IV) tandis que seuls 56,15% ont un accès à l’assainissement (QUID 2000).  

L'évaluation générale de la situation nous invite à quelques propositions:

1.-Propositions d'ordre général:

53

Page 54: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Assurer la stabilité institutionnelle, au niveau ministériel comme au niveau de l’ancrage des services   . Prendre les dispositions nécessaires pour appliquer les mesures préconisées lors des accords avec les partenaires sociaux et celles recommandées par les innombrables commissions de réflexion.   . Corriger la dispersion des domaines en regroupant la Santé, la Prévention, l’Action sociale, l’Assainissement, l’Environnement et la Gestion des déchets   . Repenser la gestion des Structures de santé, en prenant en compte les réflexions déjà menées et les recommandations non encore appliquées   . Veiller à alléger les coûts des prestations pour rendre les soins de qualité plus accessibles pour les populations.    

2. Propositions par domaine.-   2.1. Infrastructures :

. Multiplier les structures de santé pour diminuer l’écart entre l’existant et les normes

. Réduire considérablement les déséquilibres et être plus juste dans la mise à disposition des soins de qualité et des soins spécialisés dans toutes les régions du pays. . Mettre en place de véritables hôpitaux disposant de spécialités dans tous les départements du Sénégal, et des EPS de niveau 3 hors de Dakar, notamment dans les régions d’implantation des nouvelles UFR de Santé . Equiper les structures sanitaires et veiller à la maintenance régulière, préventive comme curative, de ces équipements.

2.2. Ressources humaines : . Implanter des UFR en santé non pas dans la précipitation et la politisation, mais de manière bien réfléchie et bien préparée ; . Planifier la formation en fonction des besoins, notamment en spécialistes et en personnels paramédicaux pour s’approcher des normes ; . Renforcer la structure de formation de Référence des personnels paramédicaux, l’ENDSS, pour lui donner une identité plus conforme aux exigences, une véritable Ecole Supérieure de Formation, avec toutes les mesures d’accompagnement ; . Bien encadrer la formation privée (cahier de charges) ; . Augmenter l’effectif en formation pour tendre vers les normes, dans le cadre d’une planification correcte, et dérouler le plan de redéploiement des RH proposé en 2005.

2.3. Financement de la Santé :  . Inverser la tendance en minimisant l’apport des populations ; . Trouver un système qui prenne en charge les soins aux démunis, aux sujets âgés, aux personnes vivant avec un handicap ; . Arrêter la balkanisation des financements et définir les priorités par nous-mêmes ; . Exiger une meilleure implication des collectivités locales dans le financement de la santé, les infrastructures, les équipements ; . Revoir la structuration des budgets, leur mode de confection, l’accessibilité effective aux fonds et à temps ; . Chercher à éradiquer la corruption à grande échelle, à tous les niveaux   

2.4. Management du système :  54

Page 55: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Revoir l’organigramme du Ministère pour le rendre plus cohérent : - Mettre en place une Direction Générale de la Santé forte qui coiffe toutes les autres

Directions et des Directions Régionales ; - Séparer le Laboratoire du Médicament avec deux Directions autonomes ; - Mettre en place une Direction Nationale de la Santé Bucco-Dentaire ; - Revoir la structuration dans le sens de mieux organiser et coordonner la lutte contre les différentes maladies ; - Mettre en place un véritable corps d’inspecteurs de la Santé, multidisciplinaire.

. Instaurer le Management par la qualité avec un système de contrôle en vue d’une amélioration continue ;   . Faire de la lutte contre la corruption une priorité ;   . S’agissant des Hôpitaux :

- Veiller à l’application stricte de la loi portant Réforme hospitalière et donner plus d’autorité aux instances comme le Conseil d’Administration et la CME, notamment dans la nomination des Directeurs d’Hôpitaux ;

- Mettre à la tête de chaque hôpital un Directeur Médical choisi parmi les professionnels de la Santé, par appel à candidature, secondé par un Directeur Financier et un Directeur Administratif ;

- Définir une politique d’investissement claire pour relever le plateau technique et mettre en œuvre des plans d’investissement qui tiennent compte des priorités ;

- Redéfinir la mission de référence des hôpitaux avec la mise en place de pools d’hôpitaux de référence regroupant des Spécialités voisines et plus orientés vers la recherche médicale ;

- Trouver une solution définitive au financement des Hôpitaux qui ne devra plus s’appuyer essentiellement sur la contribution des populations ;

- Réduire les postes de dépenses et envisager la contractualisation de certains secteurs ; - Assurer la mise en place d’une meilleure politique de gestion des ressources humaines ; Envisager l’application des recommandations pertinentes de la concertation nationale de

2006 sur le système hospitalier.   2.5. Question des Laboratoires :

. Respecter les accords internationaux et les recommandations de l’OMS en matière d’organisation ;

. Donner plus de moyens réglementaires, humains, financiers, matériels et logistiques au sous système de Laboratoires ; . Accorder plus de considération à ce secteur ; . Planifier la formation de spécialistes pour satisfaire aux besoins ; . Rendre accessibles les prestations de Laboratoires dans tous les départements au moins.  

2.6. Question des Médicaments : . Elargir le contrôle des médicaments aux différents lots en circulation, après l’AMM. Pour cela, renforcer le Laboratoire de Contrôle des Médicaments et rendre systématiques les contrôles ; . Mettre en place une industrie de production de certains médicaments, des solutés et autres consommables ; . A l’instar du Mali, mettre en place une liste de Médicaments Traditionnels Améliorés reconnus et prescrits ; . Elaborer une Pharmacopée sénégalaise en relation avec les professionnels, et en faire une propriété nationale ; à défaut s’approprier de la Pharmacopée africaine établie par l’OUA ; . Envisager la mise en place d’un Institut des plantes avec des équipes multidisciplinaires, ce qui permettra des études systématiques de plantes, l’élaboration et la mise à jour de la pharmacopée, mais aussi la production de médicaments à base de plantes.

55

Page 56: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Bien organiser la lutte contre le commerce illicite, notamment par : - La révision de l’arsenal juridique qui renforce les peines, - Le contrôle plus strict aux frontières, - L’harmonisation de la législation au niveau communautaire.

             

            2.7. Question de l’hygiène et de la Prévention . Ne plus séparer la Prévention de la Santé ; . Redonner au Service d’Hygiène son autorité d’antan en lui fournissant les moyens réglementaires, humains, logistiques et financiers nécessaires à sa mission ; . Repenser la stratégie vaccinale avec une meilleure organisation de la vaccination de routine, l’implication de ressources humaines compétentes dans les JNV, une meilleure appréciation des taux de couverture vaccinale qui doivent être établis avec plus de sérieux ; . Redéfinir la politique de sensibilisation des populations en mettant en avant la conformité avec nos croyances, en procédant à une harmonisation des messages, et en impliquant davantage les médias dans le cadre d’un partenariat ; . Réfléchir à la mise en œuvre d’une vaccination préventive contre notamment les épidémies de méningite.  

2.8. Domaines sociaux . Personnes vulnérables :

- Améliorer l’accessibilité physique et financière des soins de qualité aux personnes vivant avec un handicap ; - Réviser le plan sésame pour les sujets âgés en clarifiant et en rendant effective la prise en charge des soins ; - Organiser la formation de spécialistes des maladies du sujet âgé et rendre accessibles les soins spécialisés dans toutes les régions du pays ; - Rendre possible la prise en charge des soins aux sujets âgés avec les imputations budgétaires et lettres de garantie délivrées à leurs enfants ; - Améliorer la prise en charge de la santé maternelle par la formation de ressources humaines compétentes en nombre et à disposition dans toutes les régions ; - Evaluer la politique de planification familiale et de césarienne quasi systématiques, en mettant en avant les intérêts des populations ; - Mettre en place une politique du « mieux d’enfants » à la place du « moins d’enfants ».               . Revendications syndicales : - Evaluer les accords signés entre les syndicats de professionnels de la Santé et le gouvernement en vue d’une application correcte dans l’intérêt général ; - Etablir un partenariat sain entre la tutelle et les différents acteurs de la santé ; - Instaurer un dialogue permanent pour évaluer le partenariat et prévenir les situations conflictuelles.  

2.9. Médecines sectorielles

                        * Maladies chroniques : . Elargir et pérenniser la prise en charge décentralisée des maladies chroniques comme c’est le cas du diabète. Pour cela, il faut mettre en œuvre les pertinentes recommandations de la concertation nationale de 2006 sur la question ;

56

Page 57: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Mettre à disposition les moyens nécessaires pour dérouler des programmes de prévention, de détection et de lutte contre ces maladies ; . Relever les plateaux techniques des hôpitaux et renforcer les ressources humaines qualifiées.

                        * Maladies endémiques et épidémiques . Revoir l’organisation de la lutte contre les maladies endémiques en vue d’une meilleure coordination (organigramme, financement, activités) ; . Evaluer et réorganiser la politique de lutte contre les maladies épidémiques ; . Impliquer davantage les autres secteurs indispensables à la maîtrise de ces fléaux (habitat, assainissement, environnement, hydraulique…) ; . Mettre à disposition les moyens nécessaires à la lutte grâce à un système de réaffectation des ressources.

* Médecine d’urgence & Prise en charge des Accidents . Mettre en place une structure de prise en charge pré-hospitalière des urgences avec un système de communication et un système d’évacuation et d’accessibilité des patients ; . Améliorer la prise en charge de toutes les victimes d’accidents grâce à une cellule de veille type comité national impliquant tous les ministères concernés et bien coordonnée ; . Mettre en place des unités de soins de longue durée, à mi-chemin entre l’hôpital et la maison; . Elaborer et mettre en œuvre une véritable politique de prévention des accidents, sur toute l’année, ayant des cibles variées, pour un changement réel de comportement ; . Veiller à l’amélioration notable des capacités des personnels de santé aussi bien médicaux que paramédicaux ; . Créer un registre national des Accidents mettant en place une base de données commune et qui permet d’avoir des statistiques fiables et complètes.

                        * Santé bucco-dentaire . Mettre en place une Direction Nationale stable de la Santé bucco-dentaire ; . Réglementer l’ouverture des cabinets dentaires privés et motiver les dentistes privés qui s’installent à l’intérieur du pays, par exemple par une baisse des taxes qui contribuerait à faire baisser les tarifs des soins ; . Elaborer et appliquer un vaste programme de prévention de la carie dentaire dans les écoles ; . Reprendre la formation de Techniciens Supérieurs en Odontologie (pas seulement en prothèse) ; . Etablir avec les professionnels une liste de produits essentiels à la prise en charge des maladies dentaires pour les dispenser de taxes.  

* Médecine traditionnelle . Rassembler toutes les réflexions sur la Médecine traditionnelle, en rapport avec les concernés;. Impliquer les tradipraticiens dans la mise en place d’une pharmacopée nationale ; . Réglementer le secteur afin de protéger les populations des usurpateurs de fonction.

                        * Réglementation et exercice illégal de la Médecine. Rassembler l’arsenal juridique et réglementaire pour en faire un Code de la Santé complet et opérationnel ; Contrôler l’application effective des textes réglementaires et des lois ; . Veiller à protéger la santé des populations contre les charlatans ; . Lutter efficacement contre l’exercice illégal de la Médecine et les publicités interdites.

57

Page 58: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

3 ) DIALOGUE POLITIQUE, DIALOGUE SOCIAL ET POLITIQUE

Contexte international et national

. Au niveau international 

La globalisation économique mais aussi politique, sociale, professionnelle et médiatique qui a transcendé les frontières, révèle des tendances contradictoires : d’un côté, l’on assiste à l’augmentation des inégalités entre les continents et entre régions, de l’autre s’accroît l’importance des mouvements pour la démocratie et le respect des droits de l’Homme.

L’urgence de la participation des partenaires sociaux et des citoyens s’impose de plus en plus partout.

. Au niveau national 

A l’instar de beaucoup de pays africains, l’économie sénégalaise a traversé de profondes crises liées, principalement, à la sécheresse, à la détérioration des termes de l’échange et à de mauvaises politiques tant du point de vue économique que du point de vue social.

En effet, les indicateurs macro-économiques montrent qu’avant la dévaluation intervenue en 1994, le taux de croissance était négatif (-2,2% en 1993). La dévaluation a favorisée une relance de la croissance dont le taux est passé de 2,9% en 1994 à plus de 5% en moyenne entre 1995 et 2000. Ces résultats restent néanmoins en deçà de l’objectif de croissance à deux chiffres fixé à l’horizon du IXe plan de développement économique et social (1996/2001) pour améliorer les conditions de vie des populations. L’indice de développement classe le Sénégal au 154e rang sur 174 pays en 2000.

- Sur le plan politique Depuis 1972, l’Etat du Sénégal développe une politique de décentralisation visant à favoriser la participation et la responsabilité des populations en matière de gestion des affaires publiques. Cette politique de décentralisation s’est consolidée en 1996 avec l’érection des régions en collectivité locales. Toutefois, la faiblesse de ressources humaines, matérielles et financières des collectivités locales constitue une entrave à une bonne gouvernance locale.Cependant, le contexte politique, à partir des années 1980, est marqué par l’existence d’un système démocratique fondé sur un Etat de droit où interviennent de façon remarquable des acteurs non étatiques. Les médias privés presse écrite ou électronique se développent et continuent de jouer un rôle déterminant dans l’expression des opinions des citoyens. La protection des droits de l’homme est inscrite dans la constitution comme obligation fondamentale et des institutions chargées de leur défense voient le jour, renforcées par de multiples organisations de la société civile qui veillent au respect des droits et libertés.Ces acteurs non étatiques s’organisent progressivement et s’affirment de plus en plus comme des partenaires et interlocuteurs écoutés. - Sur le plan social

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La politique du pouvoir issu de l’alternance à entraîné des divisions dans le mouvement associatif, suscité des mécontentements et des actions revendicatives dans différents secteurs de la population (dans le monde rural, la fonction publique, dans le monde des travailleurs de l’industrie, de l’éducation, de la santé, dans la jeunesse contrainte, par le chômage et le manque de perspectives, à s’exiler clandestinement au risque de leur vie) et failli mettre à mal les bonnes relations séculaires entre les religions, les confréries et les communautés.

3.1. Etat des lieux

3.1.1. Le dialogue politique, social et citoyen de 1960 à 2000

Depuis les indépendances, en 1960, à 2000, les gouvernements successifs ont tenté de gérer les différents secteurs actifs du monde du travail sur la base de mécanismes socio politiques découlant des réalités politiques de la période.

En effet, durant la première décennie de 1960 aux années 1970, le monopartisme de fait impliquant l’existence d’un syndicalisme monocolore et d’associations inféodées au parti unique au pouvoir, la gestion des relations professionnelles reposait sur des règles édictées unilatéralement par les autorités gouvernementales..

C’est vers les années 1980 que l’on constate, avec l’émergence du multipartisme intégral et en conséquence le pluralisme syndical, la création de structures et la mise en œuvre de mécanismes de concertation bilatérales et multilatérales entre d’une part l’Etat et les partenaires sociaux (les syndicats des travailleurs, le patronat et les associations nationales) et d’autre part entre les partenaires eux-mêmes.

Mais, le dialogue instauré durant cette période (1980/1990) ne concernait que la phase d’exécution des décisions politiques, déjà prises par l’autorité, et ceci dans tous les secteurs de la société excepté le secteur de l’éducation.

En 1993, année de la plus grave crise économique que le Sénégal ait vécue avec son lot de mesures anti sociales issues du plan d’urgence aux allures d’agression contre le monde du travail et les ripostes conséquentes et généralisées de tous les travailleurs unis, des dispositions sont prises pour asseoir un véritable dialogue politique impliquant tous les partenaires (Etat, syndicats des travailleurs, patronat et certains segments de la société civile).L’objet de ce dialogue politique durant cette fameuse crise économique était de parvenir à des compromis acceptables permettant, d’une part, l’application de mesures exigées par les bailleurs de fonds, dont la diminution des salaires des agents de la fonction publique jusqu’à hauteur de 10 à 15% et, d’autre part, la baisse sensible du train de vie de l’Etat que réclamait l’intersyndicale des travailleurs.

La sortie de crise pour d’impossibles compromis n’a pu se réaliser que grâce à la dévaluation du franc CFA survenue en janvier 1994.L’une des conséquences de la dévaluation du franc CFA aura été l’installation par le gouvernement, à la demande des organisations syndicales des travailleurs de structures de concertation et de dialogue permanents autour de la politique économique et sociale de l’Etat. Ainsi furent instituées des rencontres périodiques annuelles au niveau aussi bien des différents ministères, de la primature que de la présidence de la République.

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3.1.2. Le dialogue de 2000 à nos jours

En l’an 2000 au début de l’alternance politique au Sénégal, cette option pour le dialogue social a été renforcée grâce à la ratification par les trois partenaires (gouvernement, syndicats des travailleurs et patronat) d’une charte nationale sur le dialogue social, dont les buts essentiels étaient de :

- promouvoir la prévention des conflits en mettant en œuvre le mécanisme d’alerte que constitue la négociation préventive ;

- mettre en œuvre des procédures de négociations collectives, de conciliation, de médiation et ou d’arbitrage ;

- proposer aux pouvoirs publics, dans leurs relations avec les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales, des études ou renseignements susceptibles de compléter leurs informations sur les aspects de la politique de restructuration de l’économie impliquant l’entreprise et les travailleurs.

La pratique de la charte nationale sur le dialogue national repose sur l’application de trois principes fondamentaux que sont :

Le principe de la liberté syndicale garantie par l’Etat et les employeurs Le principe de la liberté du travail qui passe par la sauvegarde de l’outil de travail par

les travailleurs, Le respect des règles établies d’un commun accord qui évoque le partenariat, la bonne

foi, le respect et la reconnaissance mutuelle, la volonté d’entente et de conciliation, le respect des engagements pris et de la parole donnée.

NB. Les décisions issues du dialogue et de la concertation entre les parties sont adoptées par consensus et revêtent un caractère obligatoire.

En 2002, c’est l’installation du Comité national du Dialogue social ( CNDS).

Malheureusement, depuis 2005, le processus dynamique du dialogue social et citoyen s’arrête.

3.2. RECOMMANDATIONS

Il s’agit des recommandations sectorielles synthétisées relevant :

2.2.1. Du dialogue politique - Pour redresser la situation politique catastrophique qui prévaut dans le pays, il est suggéré

les recommandations ci-dessous :Faire aboutir dans les meilleures conditions et dans un délai raisonnable les Assises Nationales sans précipitation aucune.Soutenir les conclusions des Assises Nationales par un programme de mise en œuvre et des mécanismes de suivi largement partagés.

. Education et la formation  Institutionnaliser les Etats généraux de l’Education et de la formation ne serait-

ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’école.

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En d’autres termes mettre en place un conseil présidentiel annuel sur l’éducation.

Instaurer un dialogue permanent planifié concerté, périodique et fécond, renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers.

Installer dans la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education nationale, une cellule des experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui doit réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Dans cette cellule, des experts en management doivent cohabiter avec d’anciens leaders syndicalistes, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues.

Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux au niveau national, régional et international.

Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui doit être stable et souple avec des séquences minimales portant sur les défis et actions prioritaires dans un premier temps puis les réajustements nécessaires en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections pour l’année à venir.

. Santé et Action sociale Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé

et les spécialistes du secteur pour :

- Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;- Mener une bonne campagne d’information et d’explication envers les populations afin de

revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ ou largement insuffisantes ;

- S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux liée notamment à la masse salariale disproportionnée, par le biais de plans sociaux bien pensés ;

- Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.

3.2.2. Du dialogue social

. Médias  Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de

traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication.

Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/ patrons de presse/ professionnels de la communication (SYNPICS), , associations des droits de l’homme pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable.

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Page 62: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse (ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente).

Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversée de l’assainissement de la presse et des média en introduisant dans le code de la presse des dispositions claires et équitables qui mettent des garde-fous à l’accès de la profession.

. Justice Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre

toutes les composantes de la nation ;

Réinstaurer les rencontres annuelles entre le PR et les différents acteurs ;

Instituer un système d’information et de communication du sommet à la base et vice – versa comme l’ont initié les Assises nationales lors des consultations citoyennes.

. Comité national du Dialogue social Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse

nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu de travail.

Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise et des services pour prévenir en amont les éventuels conflits entre patronat / travailleurs /Etat.

Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’a la base.

Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues particulièrement la prévention des conflits et la recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.

3.2.3. Du dialogue citoyen

. Collectivités locales et Société civile Introduire et pérenniser l’éducation à la citoyenneté au niveau de l’école et

de l’université. Améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à la base à qui

on doit respect et considération. Favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation

citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes.

Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.

Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre la maison du citoyen devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté et où se discuterait de manière participative les budgets des collectivités (budgets participatifs) et toutes autres questions d’ordre économique, social et culturel.

 

4 ) Culture

2.1. ETAT DES LIEUX

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Page 63: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

2.1.1. Identités et diversité culturelle au Sénégal

Le Sénégal appartient à l’espace historique et sociologique millénaire de la Sénégambie, lieu de convergences et de brassages entre peuples divers, qui fut le théâtre d’une histoire incessante d’agrégations et de ségrégations sur fond d’alliances lignagères et matrimoniales, de migrations et sédentarisations, de constructions et déconstructions politiques incessants.

Le Sénégal actuel est donc l’héritier de tout un patrimoine fondé sur la diversité culturelle, mais aussi l’expression historique désolante de la dislocation par le partage colonial des chaînes de sociétés ouest africaines solidaires depuis des millénaires.

2.1.2. Le projet culturel colonial et ses conséquences2.1.2.1. Colonialisme et résistance culturelle

L’expérience des sociétés africaines depuis les périodes les plus anciennes, mais aussi les périodes esclavagiste et coloniale montre que c’est en préservant leurs structures internes, leur autonomie structurelle, qu’elles ont pour assurer, pour l’essentiel par de multiples sacrifices et, malgré la supériorité des forces d’oppression, la transmission de leurs cultures, et par conséquent leur identité et leur personnalité culturelle. La langue, véhicule de la culture, c’est-à-dire de la pensée, des valeurs, des connaissances et savoirs, de la sensibilité en a été un des facteurs principaux. La tradition orale a été un rempart culturel impénétrable à la destruction et un refuge pour le génie culturel africain.

2.1.2.2. Colonisation et développement culturel inégal au Sénégal Le développement économique colonial et la mise en place d’infrastructures et d’équipements se sont effectués au Sénégal par la régionalisation des cultures de rente et des exploitations minières, entraînant l’inégalité entre les régions. Certaines se sont développées et monétarisées à cause des investissements en capital, d’autres par contre se sont trouvées marginalisées. C’est ainsi que les wolofs en particulier se sont considérablement affirmés sur la base d’un ensemble d’opportunités historiques : fortes tradition politico-militaires, mobilité spatiale, dynamisme linguistique, coïncidence physique entre la présence coloniale et les territoires wolof, expansion de l’islam confrérique restructurant d’une société défaite et éclatée, urbanisation, commerce, politique. Cela s’est réalisé face à la faiblesse politique extrême des Pël et des Sereer, à la décadence politique puis économique des Al Pular du Fuuta et à la marginalité globale des Jola non islamisés. Il y’a certainement aussi la flexibilité de la culture Wolof et sa grande capacité à assimiler et à s’assimiler dues probablement à l’ « hétérogénéité originelle » de sa formation qui en fait une transethnie.Le phénomène global de wolofisation touchant toutes les ethnies du Sénégal et qui s’enveloppe de cette transethnicité confrérique mouride, participe à une certaine formation protonationale et à un nationalisme dont les pôles historiques et mythiques sont Njajaan Nyaay, fondateur de l’empire du Jolof, kocc Barma Faal, philosophe et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme. Les différentes identités ethnoculturelles s’approprient des opportunités du système dominant par ce biais, tout en développant du fait des frustrations, des formes de résistance culturelle et linguistique, ethnique et régionale, comme c’est le cas avec les associations de défense et de promotion de la langue et de la culture Al pular, mais aussi du phénomène Jola avec le MDFC en Casamance.

2.1.3. Les grands traits de la politique culturelle depuis l’indépendance2.1.3.1 La politique culturelle sous Senghor

L’orientationL’orientation de la politique culturelle du Sénégal indépendant semble être l’illustration et l’application de l’idéologie de la Négritude dont le Président Senghor était un des membres

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fondateurs. La renaissance de la civilisation noire était liée à la promotion d’une conscience culturelle et d’une créativité à vocation universelle du peuple noir. Senghor eu à cœur de concevoir et d’appliquer une politique culturelle résolue et hardie qui répondait à ses aspirations idéologiques et qui fut résumée par le concept d’enracinement/d’ouverture ou de rendez vous du donner et du recevoir. Senghor était conscient que la culture est un moyen de se connaître, elle détermine notre identité, elle est au début et à la fin de toute chose ; Il s’avérait donc nécessaire de féconder les valeurs du passé grâce aux apports de la modernité : enracinement dans les valeurs spécifiques de la civilisation du monde noir et dépassement par un enrichissement et un renouvellement constant de l’acquis culturel en transcendant la conscience nationale pour atteindre la conscience universelle grâce au dialogue des civilisations dans l’esprit le plus large de la fraternité des cultures. C’est autour de ce concept d’enracinement et d’ouverture que les arts modernes ont été créés, de même que l’action politique, économique et culturelle a été organisée, durant le magistère du président Senghor.

Les acquis. Les recherches autour de l’héritage culturel africain ont conduit à la mise en place dans le domaine des arts plastiques d’une Ecole des Beaux Arts et d’une Manufacture de la Tapisserie (puis des arts décoratifs), incubateur d’une idée de l’esthétique senghorienne, qui est à la base de ce qui a été dénommée par la suite « Ecole de Dakar ». . Les grandes œuvres littéraires mondiales furent également revisitées, et adaptés au contexte africain, par les acteurs du Théâtre national Daniel Sorano (Shakespeare, les épopées historiques africaines...). . . . Les troupes de ballet, de chant, de musique, d’art dramatique (Ensemble lyrique traditionnel, Orchestre national, le ballet national, etc.) furent créées selon des critères professionnels et ceux qui les intégraient eurent un statut de fonctionnaires. . L’Ecole de danse moderne Mudra Afrique fut confiée au danseur-chorégraphe Maurice Béjart. . Dans le domaine muséal, Le Musée dynamique accueillit les expositions nationales d’art contemporain, ainsi que celles itinérantes (Picasso, Apollo et les découvertes faites sur la Lune, ...). L’exposition du musée d’ethnographie de l’IFAN fut également rénovée. . Les Nouvelles éditions africaines (NEA) permirent la publication d’une littérature diverse africaine et l’émergence d’auteurs africains et sénégalais, organisés en association nationale. Le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA) avait pour vocation la protection des œuvres intellectuelles et artistiques ainsi que la défense des intérêts moraux et matériels des créateurs d’œuvres de l’esprit. . La radio, ORTS (Office de radiodiffusion du Sénégal), à travers ses émissions culturelles en partenariat avec le Service des Archives culturelles du Sénégal (Visages du Sénégal, etc.) fit un travail de collecte du patrimoine oral et immatériel du pays, dans ses différentes composantes ethniques. . Le Fonds de Soutien à l’Industrie Cinématographique (FOSIC) devait promouvoir le cinéma sénégalais. Le journal Le Soleil, avait également des rubriques culturelles de haut niveau, traitant des sujets d’importance. . Le Festival Mondial des Arts nègres, de 1966, a été le point culminant de l’émergence de ce courant esthétique. Il a permis au Sénégal d’avoir un rayonnement culturel international et d’être le point d’enracinement de la diaspora noire en terre africaine. Le Sénégal devint à partir de ce moment, un véritable carrefour culturel intellectuel, accueillant de nombreux séminaires et conférences. . A l’actif de Senghor également, l’organisation et prix et concours nationaux qui ont stimulé la créativité.. A la fin de son mandat, le Sénégal était doté d’un certain nombre d’infrastructures culturelles et avait un personnel formé, parmi lesquels des artistes professionnels. La formation et l’éducation artistique et professionnelle ont été au centre de sa politique, ce que reflètent les affectations budgétaires dans ces secteurs et le choix sélectif des personnes en charge de la politique culturelle. La Fondation Léopold Sédar Senghor, était le prolongement de son action culturelle.

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Les faiblessesOn a souvent reproché à Senghor :- l’élitisme de sa conception de la culture. Il avait fixé des règles précises notamment en matière

d’esthétique qui ont contribué à l’émergence certes d’un art local, mais qui s’est transformé en art officiel, avec un rapport clientéliste entre les acteurs culturels « protégés » et la présidence ; les autres étant repoussés dans la marge.

- la centralisation des infrastructures et de la vie culturelle à Dakar, au détriment des régions ;- sa francophilie excessive au détriment des langues nationales.

La politique culturelle volontariste de Senghor, a fait l’objet de violentes critiques de la part des universitaires et d’une sorte de résistance, voire d’indifférence des populations au modèle d’assimilation occidentale manifeste.

2.1.3.2 La politique culturelle sous Abdou DioufL’orientation et les faiblesses

L’avènement d’Abdou Diouf coïncide avec la grande crise économique des années 80, qui connaît l’application drastique des politiques d’ajustement structurel. Cette période voit la fin du mécénat d’Etat, avec les restrictions budgétaires entraînant la fermeture de l’Ecole d’architecture et d’urbanisme, du Centre d’Etudes des civilisations, le service des Archives Culturelles, la décrépitude de l’université des Mutants et de l’Ecole des Arts, la léthargie du cinéma sénégalais (de nombreuses salles sont vendues et transformées en centres commerciaux). Le Musée dynamique est transformé en Cour de Cassation ; Mudra Afrique disparaît, de même que le Commissariat général des expositions d’art sénégalais contemporain à l’étranger etc.Submergé par les problèmes économiques et financiers (détérioration des termes de l’échange, remboursement de la dette extérieure, paupérisation des populations, crise de l’agriculture,...), on assiste au ralentissement des investissements dans le secteur culturel, avec un report des projets du Ministère de la culture au VIe plan, la suppression du budget consacré à l’équipement du Ministère de la Culture pour l’année 1981-82 au profit des secteurs dit productifs. L’ensemble des infrastructures culturelles héritées de la période senghorienne a soit été démantelé, soit périclité par absence de budget et d’orientation. La plupart des acteurs culturels officiels sont marginalisés et la politique des départs volontaires, va contribuer, par impréparation de ces acteurs, à les paupériser encore plus.Les services culturels décentralisés, notamment les centres culturels régionaux et les maisons de jeunes et de la culture dans les Départements sont devenus pratiquement inactifs, du fait du manque de ressources financières et de techniques (absence de recrutement d’animateurs,...) et n’offrent plus aux jeunes des programmes culturels. Ainsi, en raison de la conjoncture et à force de vouloir appliquer des politiques économiques dictées par les bailleurs de fonds, on a sacrifié le secteur de la culture qui, aurait pu être un levier du développement économique.

Les acquis Le désengagement de l’Etat des infrastructures culturelles et l’absence de projets et de relève des cadres favorisent à contrario, le développement de l’initiative privée.On assiste à une « libération » du modèle senghorien et à une réappropriation des espaces et des destins, débouchant sur une diversité des identités artistiques et à de nouvelles tendances : art de la récupération, le mouvement set setal, le développement du secteur de la musique qui devient une véritable industrie culturelle avec des équipements de production. A cela correspond, le développement d’associations professionnelles privées (AMMS, ASSEPIC, le SIPRES), de structures privées (Galeries) qui ont permis la promotion de jeunes talents et un certain rayonnement et une renaissance de la production et de la création culturelle. Il faut également ajouter l’appui des Services culturels étrangers (Ambassades de France, Union Européenne, Goethe Institute, etc.). L’Etat à partir de 1990, essaie de renouer avec le secteur culturel et se rend compte de la nécessité d’en faire un des axes de son action gouvernementale. A partir des années 90, l’Etat commença à

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nouveau à donner un essor à l’art et à l’œuvre littéraire sénégalais en agissant en faveur des artistes et hommes de lettres. L’Etat avait créé la Galerie nationale d’art, inaugurée le 29 janvier 1983 et qui se charge de la promotion de l’art plastique contemporain à l’intérieur et à l’extérieur, d’accueillir des expositions d’art moderne. Le campement qui abritait la mission chinoise chargée de l’édification du Stade de l’Amitié a été transformé en Village des Arts en 1989, la Résidence de la Médina qui servait à accueillir les hôtes de la République pendant les années 1962 à 1996 devint Maison de la Culture Douta Seck en 1997. La section art dramatique du Conservatoire de Dakar a été ré ouverte en 1990 et assure à nouveau la formation des comédiens. Le Salon national du livre et de la lecture, le Festival international de jazz de Saint-Louis, la Foire internationale de livre et du matériel didactique, les Rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK) sont, entre autres, de nouvelles initiatives culturelles lancées par les autorités gouvernementales. Les Grands Prix annuels du Président de la République pour les Arts et pour les Lettres ont été institués en 1990. La Biennale des Arts et des Lettres de Dakar (1990), qui deviendra en 1996 « la Biennale de l’Art Africain Contemporain », fait, tous les deux ans, l’état de la création artistique africaine et permet de soumettre celle-ci à la critique internationale, d’encourager la recherche, d’organiser la réflexion et de présenter les analyses sur les conditions, les modes et les techniques de cette création, de faciliter aux créateurs la rencontre avec des mécènes et des collectionneurs. Bref, de créer un véritable réseau de relations et d’informations entre les différents acteurs du monde artistique. La Biennale a également permis de développer l’initiative privée grâce à ses « espaces off ».La décentralisation culturelle a été instaurée par la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales.Les centres culturels régionaux sont revalorisés. En même temps s’active l’organisation de semaines nationales de la jeunesse et de la culture. Depuis 1996, le Sénégal a institué des journées nationales du patrimoine qui se veulent des moments forts de découverte, d’échanges et de prospective du patrimoine culturel du pays. Ces actions mises en œuvre par le Gouvernement s’inscrivent dans le cadre, de l’application de la politique culturelle définie dans la Charte culturelle du Sénégal et des préoccupations et objectifs des instances multilatérales de coopération culturelle.

2.1.3.3. La politique culturelle sous Abdoulaye WadeL’orientation

La politique culturelle est à l’état de grands projets, dont certains datent de l’ancien régime : Parc culturel (Musée d’Art contemporain, Ecole des Beaux-arts, Ecole d’architecture, Bibliothèque nationale, Archives nationales, Musée de la Renaissance, Grand théâtre), le Monument de la Renaissance, la place du Souvenir, le FESMAN.

Les acquisSur le plan législatif, les acquis sont constitués par le vote de la loi n°2002-18 du 15 avril 2002 portant règles d’application des activités de production, d’exploitation et de promotion cinématographique et audiovisuelle ainsi que par celle sur les droits d’auteurs et les droits voisins qui permettent de lutter contre la piraterie en protégeant les créateurs.

Les faiblessesOn note un déficit étatique de la prise en charge de la culture, qui se manifeste par une moindre implication financière de l’Etat, au profit de la coopération bilatérale ou multilatérale. Les associations culturelles locales notamment tissent des partenariats de financement avec des conseils régionaux ou des municipalités dans le cadre de la coopération décentralisée. La politique culturelle nationale semble inféodée aux desiderata de la Présidence, qui développe des « grands projets » auxquels le Ministre ne semble pas être véritablement associé et auquel n’est pas associée l’expertise nationale. Il y a des secteurs qui sont mis en exergue plus que d’autres, comme le patrimoine matériel, notamment le patrimoine architectural colonial.La politique culturelle manque de vision nationale et d’identité, puisque la conception et la réalisation de l’ambitieux projet de « parc culturel » ne semblent pas avoir été discutées, ni avec les

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professionnels des différentes filières concernées, ni avec les cadres de la culture. Ce projet semble être plus l’émanation d’une volonté personnelle du chef de l’Etat, que l’aboutissement d’une politique culturelle nationale. Cependant, on doit mentionner que des consultations nationales avaient été, un moment, entreprises, à l’initiative du Ministère de tutelle, afin d’évaluer les besoins des différentes régions du pays. Un projet synthétique dénommé PNDC (Programme national de Décentralisation Culturelle) avait été élaboré dont fait partie l’agenda culturel, sorte de calendrier des manifestations culturelles sur toute l’étendue du territoire national.

L’absence de politique culturelle nationale s’est traduite, tout d’abord, par l’instabilité qui a caractérisé le Ministère, avec la succession de plusieurs ministres à la tête de ce département, qui fut même supprimé un moment ou rattaché à un autre département.Au niveau du fonctionnement du Ministère, l’absence de réflexion organisée et d’un plan d’action détaillant les objectifs et les stratégies, favorise l’improvisation et le pilotage a vue.Le dispositif législatif adopté est également mis en attente, du fait de sa non-application, notamment dans le secteur de la musique et du cinéma par exemple (droits de propriété annexes,...).Différents autres points restent saillants :

- L’absence de formation de nouveaux cadres culturels ;- Le défaut d’accompagnement des collectivités locales, en matière d’infrastructures, d’équipements et de ressources humaines et financières rend la décentralisation des compétences culturelles non opérationnelles ; - Le risque de marginalisation et de frustration des nouvelles entités régionales récemment créées qui devraient dépendre des 5 pôles culturels existants que sont Louga, Thiès, Fatick, Kolda et Ziguinchor.- La mise en veilleuse du projet de la Bibliothèque nationale alors que le projet est en place ;- La non-organisation des grands prix du Chef de l’Etat.

2.1.4. Mondialisation et médiations des cultures2.1.4.1. Mondialisation et hégémonisme culturel occidental

La mondialisation actuelle est le contexte aggravant de cette situation. Il est le règne sans partage de l’économie de marché. Les économies du monde sont en effet soumises à un marché unifié sous le maillage d’un système financier planétarisé avec un formidable déploiement à son service des Nouvelles Technologiques de l’Information et de la Communication (NTCI) en plein essor.

Ce système global et dynamique est en même temps porteur d’exclusions, d’une homogénéisation des besoins mondiaux et de diffusion « d’universaux culturels ». L’Anglais est naturellement le véhicule de cette culture mondiale puisqu’il est déjà « la langue des mass media ». On comprend donc parfaitement les réajustements auxquels procède l’Agence de la Francophonie pour se maintenir.Ce contexte de recherche hégémonique est particulièrement favorisé par la dislocation du système communiste, l’affaiblissement du Tiers Monde à la fin des années 80 et l’épuisement du discours alternatif.

Willy Jackson (2000 :58) 2 s’est posé la question suivante : « L’Afrique peut-elle, dans le contexte actuel de son insertion dépendante dans la mondialisation, concevoir des politiques cohérentes de développement des capacités » ?

2.1.4.2. L’absence de Projet culturel La question est d’autant plus pertinente que dans le Rapport final de la première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain, est mentionné (2002 ; 36)3 ceci :

2Willy Jackson (2000).  Exode des compétences et développement des capacités en Afrique. Ed.CEA/CRDI/OIM, p.58.

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« L’on a relevé les lacunes graves dans la formulation et la mise en œuvre des politiques culturelles africaines, quarante ans après les indépendances. Les participants ont aussi déploré un recul très net de la culture dans les priorités de l’UNESCO, de l’OUA et des gouvernements africains pris individuellement. Est symptomatique à cet égard, l’omission de la culture comme secteur prioritaire dans le NEPAD ». Le Rapport note toujours : « l’on a aussi déploré que les conférences ministérielles de l’OUA soient gelées depuis 1993 et que l’OUA n’ait pas jugé utile de créer une institution spécialisée, chargée de la culture, depuis la disparition des organisations régionales et sous-régionales comme l’ICA, l’EA CROTANAL ou la léthargie des institutions comme le CICIBA, le CERDOTOLA, le CELTHO, etc. ».Les politiques d’Ajustement structurel ont fini de balayer les acquis et de mettre la culture au rencart, laissant place à quelques initiatives nationales professionnelles ou privées (FESPACO, SIAO, KORA, FESMAN,...).Aujourd’hui les politiques culturelles nationales, dans la plupart des pays africains, font apparaître une absence de plan national de développement culturel, une intégration de la culture dans le développement, une bureaucratisation des structures, un budget dérisoire pour la culture, une insuffisance du personnel spécialisé. La culture reste élitiste, fondée sur les langues étrangères et surtout réservée aux gens de la capitale. Les artistes eux-mêmes sont marginalisés à tel enseigne qu’aujourd’hui, le statut de l’artiste est gravement rabaissé.

2.2. RECOMMANDATIONS

2.2.1 Orientation et méthodologie : Construction d’un modèle culturel fondé sur la décentralisation et une économie de la culture

1 -Développer un modèle culturel citoyen fondé sur l’esprit critique, l’intégrité morale, les valeurs de travail et de respect des autres et du bien public, la tolérance confessionnelle et la culture de la paix, l’amour de la patrie africaine, la sociabilité et la solidarité ;

2.- Développer une pensée critique et prospective au sein des masses par l’éducation, l’enseignement, la formation et l’information qui fortifie le sentiment d’appartenance historique et de parenté culturelle communes aux différentes communautés du Sénégal et de l’Afrique, et celui d’un même destin unitaire de libération et de renaissance ;

3- Construire un développement économique, culturel et éducatif local intégral pour mettre fin progressivement aux déséquilibres culturels entre régions et ethnies, ainsi qu’entre la mégalopole Dakar et l’hinterland ;

4- Opérer une décentralisation effective de la politique culturelle en incitant et appuyant les initiatives locales, à la base, en stimulant la compétition saine et l’émergence de la perfection dans le travail et dans la production.

5- Mettre en place un Budget national conséquent pour la culture, construire des infrastructures et des équipements suffisants et de qualité dans toutes les régions du pays, travailler à l’accroissement de l’expertise des ressources humaines locales par la formation de qualité valorisée.

6 - Développer des industries culturelles, composante importante de l’économie nationale et source de création de richesses pour les individus et les communautés

2.2.2. Les cibles, les acteurs, la synergie

3 Rapport final 2002 Première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain. Nairobi-Kenya, 16-18dec, 57p.

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1. Déterminer les cibles de la politique culturelle (les enfants, les jeunes, les femmes, les élèves et étudiants, les adultes analphabètes, les régions, les ethnies, les groupes marginalisés)2. Mettre en place des mesures de concertation suivie, d’appui logistique, financier et technique, d’implication, développer une synergie dans tous les programmes, activités et évaluation de la politique culturelle nationale avec : 3. Mettre en place des partenariats entre les acteurs privés du secteur de la communication et des médias et les acteurs culturels privés dans tous les domaines créatifs, productifs et commerciaux de l’art et de l’artisanat d’art ;4. Faire appel à la compétence et à l’expertise de tous les artistes sénégalais internationalement connus et appréciés, les traditionnistes et experts de la culture et mettre à profit leurs réseaux d’appartenance dans les grands programmes ou projets de portée régionale, africaine et internationale ;5. Appuyer les associations culturelles et artistiques de toutes les régions et localités du Sénégal afin d’aider à la création de fédérations fortes, à la mutualisation des moyens, à l’élévation du niveau et de la qualité des créations et productions.

2.2.3. Donner une dimension prioritaire régionale et africaine à la politique culturelle

1. Développer une coopération régionale, africaine de mise en commun des moyens et des ressources, résolument orientée dans l’intégration et le remembrement politique du continent. Celle-ci doit permettre de desserrer l’étau de l’hégémonie culturelle bureaucratique, francophone et élitiste étouffant de la politique culturelle du Sénégal depuis Senghor jusqu’aux travers actuels avec Wade, en passant par la période déjà régressive de Diouf. Cette politique culturelle dans ses grands traits est marquée par la dépendance en matière de financement, de mépris et de marginalisation de nos cultures et langues et d’aliénation à l’égard du modèle occidental dans ses contenus et formes les plus décadents, particulièrement pour notre jeunesse.

2. Contribuer à l’émergence d’ « un corps autonome et critique d’intellectuels, capable de construire un modèle culturel alternatif »  fondé sur le précieux héritage transsaharien et soudanais par le renforcement et la redynamisation des structures et institutions régionales existantes, par la formation de réseaux d’hommes de culture, de savants, d’artistes et de créateurs ;

3. Développer un partenariat multidimensionnel au sein des pays du Sahara et du Soudan avec des programmes sur l’héritage culturel commun, aux niveaux suivants :

- un niveau politique par la collaboration régionale africaine avec les ministères des différents pays et l’introduction de programmes éducatifs dans le scolaire, touchant l’étude des grandes langues régionales, l’enseignement de modules de formation dans le milieu des jeunes et des femmes, des artisans, des artistes et créateurs, le développement de programmes d’échanges entre les musées et centres de recherches et de création. Cette collaboration toucherait également l’organisation de festivals, colloques, rencontres et le renforcement des activités déjà existant ;

- un niveau social en appuyant à la base des associations artistiques et culturelles, des associations de jeunesse, des organes de presse et de communication communautaires au niveau régional africain.

- un niveau économique :

. En prenant des dispositions juridiques et réglementaires garanties par l’Etat ou les moyens des collectivités pour la promotion du mécénat d’art et le financement par les Banques de la place de projets culturels ;

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. En mobilisant des personnalités du secteur privé pour des parrainages, des mécènes et des fondations et institutions régionales ou sous régionales afin de bénéficier de soutiens à des activités et à des programmes d’échanges et d’intégration régionale.

4. Favoriser la création d’un marché de travail régional transsaharien et soudanais potentiellement ouverte à tout le continent qui permette la production, la commercialisation et la valorisation des produits artistiques et culturels de qualité ainsi que la mobilité des producteurs et créateurs.

Ce vaste marché de travail régional ouest africain et magrébin permettrait le renforcement et le développement des capacités locales par l’accumulation et l’innovation grâce à l’appropriation du Numérique et des NTIC. Il contribuerait à l’emploi des jeunes et des femmes et à la création de richesses. Mais également, en valorisant les créateurs, il serait un ciment pour l’unité et la solidarité entre les générations, les hommes et les femmes, les différentes communautés ethnoculturelles.

2.2.4. Redéfinir les termes de nos partenariats culturels

1. Redéfinir préférentiellement de manière concertée avec les Etats membres d’organisations régionales communes (CDEAO et Union Africaine : projet d’un Centre culturel panafricain à Alger), l’harmonisation des politiques culturelles africaines ainsi que la définition des termes d’un nouveau partenariat culturel avec la France et l’Europe en général, fondé sur le respect mutuel et l’enrichissement réciproque en s’appuyant sur les principes de l’autonomie et de la diversité culturelle,

2. Définir rigoureusement le partenariat culturel avec la Diaspora de manière général, les communautés noires des USA, les pays d’Amérique et des Caraïbes mais aussi les Etats émergents comme le Brésil, l’Inde, la Chine.

LES OBJECTIFS

Tous ces développements nous ramènent en fait à la question du rôle et de la responsabilité des artistes et des travailleurs culturels dans la prise en charge des préoccupations des besoins des populations, dans un contexte où l’enjeu est d’assurer la capacité de l’Afrique à peser sur le processus de la mondialisation.

Trois objectifs dialectiquement liés s’imposent :

1. Mettre sur pied une organisation fédérée forte des artistes, créateurs et travailleurs culturels et créer un rapport de force et contre pouvoir pour peser de manière significative sur la politique culturelle du pays. En effet, les artistes, créateurs et travailleurs culturels, à travers leurs organisations et associations fortes et fédérées, par leurs activités en lien organique avec les populations et surtout avec la jeunesse dans les quartiers, les lieux de travail, doivent par leur efficacité, leur crédibilité, peser de manière significative aux niveaux local, régional et national sur la politique culturelle en matière de conception, de décision, de programmes, et d’évaluations.

2. Construire un Etat démocratique et de bonne gouvernanceUne nécessité s’impose, celle de déterritorialiser la décision politique, de rapatrier la capacité de l’État à définir jusqu’ici seul et de manière bureaucratique les priorités de la politique culturelle nationale. L’État reste en effet la centralité politique incontournable et l’enjeu des intérêts et des

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rapports de forces en présence dans la société ; il faut travailler aujourd’hui dans un esprit d’engagement, d’autonomie et de responsabilité, à renverser la vapeur et asseoir un rapport de force qui impose la démocratie et la bonne gouvernance dans le domaine de la politique culturelle nationale.

3. Elaborer et mener la politique culturelle nationale du Sénégal de manière créatrice et opérationnelle qui s’appuie sur une structure de concertation d’autorité indépendante et juridiquement établie. Une telle institution fluide, de concertation et d’évaluation, serait composée en représentants de l’Etat du Sénégal, des fédérations d’associations d’artistes, intellectuels, créateurs, des Associations culturelles de quartiers et de villages, des Municipalités et communautés de base, des ONG, des Académies et Universités de toutes les régions du pays. Une telle masse critique serait le foyer institutionnel garant de l’exécution de la politique culturelle nationale définie.

Les programmes de la politique culturelle nationale

Les termes de ce cahier de charge pourraient porter sur la réalisation des programmes suivants :

1- Se réapproprier de manière créatrice et innovante en utilisant les Nouvelles Technologies nos riches patrimoines intellectuels, culturels et artistiques anciens et actuels par une politique de création d’infrastructures culturelles modernes et adaptées, par la formation professionnelle artistique et culturelle continue dès le primaire pour susciter des vocations et détecter les jeunes talents, par la création d’Instituts professionnels, d’instituts universitaires et d’Ecoles d’Art de dimension régionale avec des filières de professionnalisation dans les divers domaines de la culture, de l’art et de l’artisanat d’art.

2- Prendre toutes les mesures juridiques, réglementaires et institutionnelles pour assurer la protection de la propriété intellectuelle, des droits d’auteurs et des droits voisins afin que les artistes et créateurs soient pleinement protégés au plan national et international et jouissent pleinement de leur art.

3- Travailler activement à la « révolution alphabétique » du pays : à l’écriture de ses langues et leur parler dans tous les domaines de la politique, économique, scientifique, juridique, technologique, artistique, etc., garantir la préservation de la langue de chaque groupe ethnique dont celle des minorités et leur enrichissement moderne. Pour ce faire :

Collaborer étroitement avec les linguistes qui font un travail scientifique précieux sur nos langues.

Etablir des programmes d’élaboration de textes, brochures, ouvrages, dictionnaires dans les différentes matières scientifiques et techniques, etc. et accorder une place aux langues régionales dans la cadre de programmes communs avec les pays voisins, les institutions régionales de recherches et d’édition comme, entre autres, le Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale de L’union Africaine, à Niamey Niger.

Organiser de manière planifiée avec des moyens adéquats et en relation avec les associations, mouvements, organisations scientifiques et communautaires qui se préoccupent de défendre les langues nationales, des programmes vigoureux et ciblés d’alphabétisation conscientes de toutes les couches de la population, cela dans des délais fixés pour atteindre les objectifs.

Assurer la protection du patrimoine matériel et immatériel de chaque communauté ethnique par l’application des dispositions règlementaires existantes, leur promotion par

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l’enseignement et la popularisation par diverses manifestations de qualité au niveau national, sous-régional et international dans le cadre de programmes de partenariat.

4. Elever le niveau idéologique et intellectuel des citoyens sénégalais et travailler à leur accès démocratique à la culture artistique sénégalaise, africaine et internationale par des programmes d’animation et d’informations riches et denses dans les radios, télévisions, festivals, concours, manifestations locales et itinérantes, publications diverses.

5. Prendre toutes les dispositions juridiques et économiques internes en innovant dans ce domaine pour assurer de manière autonome les moyens financiers et budgétaires nécessaires à la politique culturelle nationale d’essence et d’accès démocratique ; développer des partenariats multiples d’appoint à certains grands programmes en particulier.

5 )  Sports et Loisirs

Le sport sénégalais est le reflet de la société et de la politique du gouvernement dominant. Il n’y a pas de sport bien portant comme il n’y a pas d’école bien portante dans une société malade. Le sport sénégalais est en crise identitaire et de perspectives.

1- Etat des lieux (diagnostic)

De 1959 à 2008, le Sénégal a connu 19 ministres de sports et/ou de la jeunesse. Cependant la durée de leur mandat dépasse rarement cinq ans sauf François Bob (1978-1985) Joseph Mathiam (73-78), Matar Diop (88-93), Ousmane Paye (93 -98). Il faut noter qu’il n’y pas une réelle vision pour hisser le pays au niveau international.

Au plan des infrastructures le Sénégal ne compte que quatre stades nationaux : Amitié (60 000 places), Demba Diop (25 000 places), Iba Diop et Aline Sitoé Diatta qui a abrité une partie de la CAN de 1992. Le Sénégal ne compte pas de stade omnisport, cependant la piscine olympique est un joyau qu’il faut préserver et utiliser à bon escient. Pour les loisirs, la spéculation foncière fait qu’il n’y pas plus d’espaces de jeux aménagés ni d’espaces verts

Depuis 2000 le Ministère des sports dans le cadre du BCI a opéré un vaste programme de réalisations d’infrastructures sportives matérialisé aujourd’hui par les plateaux multifonctionnels, la construction et la réhabilitation de stades municipaux, l’éclairage dans les installations sportives, la pose de gazon synthétique, etc.

Ce programme qui a concerné toute l’étendue du territoire se poursuit pour doter les sportifs sénégalais de cadre d’épanouissement et d’éclosion de leurs talents.

Sur toute l’étendue du territoire national, le Ministère des sports a entrepris la construction de plusieurs infrastructures sportives. Ce programme a concerné toutes les régions et est pris en charge par le Budget Consolidé d’Investissement alloué au ministère.

Au niveau des disciplines sportives, le Sénégal peut se targuer de pratiquer tous les sports même une fédération sénégalaise de ski existe. Le sport sénégalais est caractérisé par une diversité avec 47 fédérations et groupements sportifs, ce qui traduit l’option pour une pratique sportive pluridisciplinaire. Conformément à la loi 84-59 du 23 Mai 1984 portant charte du sport et en vertu du principe de démocratisation, tout sénégalais a la possibilité de pratiquer l’activité sportive de son choix, au niveau où sa volonté et ses capacités personnelles lui permettent d’accéder.

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La lutte est le sport le mieux pratiqué au Sénégal, c’est un loisir et un jeu bien ancrés dans les us et coutumes du Sénégal. Cependant la lutte avec frappe est spécifiquement sénégalaise qui doit être rangé au rang de patrimoine culturel mondial.

Le présent vote du budget de 2009, nous renseigne éloquemment sur le sport et la politique sportive au Sénégal. Avec un budget de 6 093 064 480 francs CFA, le ministère des sports et des loisirs occupe 0,4 % du budget national du Sénégal. Plus grave l’équipe nationale A de foot engloutit à elle seule 90 % de ce budget. Donc un budget pour gérer 8 matches amicaux au plus par an, donc pas de politique sportive. Et pourtant, on n’a pas même pas de fédération ni de championnat régulier, les seules satisfactions en matière de football remontent 2002 avec une finale perdue en CAN et un quart de finale en Coupe du Monde.

Ne disposant pas d’infrastructures ni d’espaces de détente, les loisirs sont limités entre amis dans le temps et dans l’espace. Ce qui fait que les navétanes sont les loisirs les plus partagés avec leur cachet alliant sport de masse, jeux et loisirs. Avec le mouvement navétane, le Sénégal a un des réseaux sportifs les plus denses au monde; l’ONCAV compte 3 253 ASC, 312 zones, 44 ODCAV et 14 ORCAV. Aucun coin du Sénégal n’échappe au mouvement navétane.

Quelques constats majeurs :

- Absence politique et vision sportives (depuis l’indépendance seul Lamine Diack a initié une réelle politique avec la réforme portant son nom).

- Manque d’infrastructures sportives.

- Manque de cadres sportifs

- Manque de cadre juridique sportif pour les différentes catégories de sports ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.

- Insuffisance des subventions accordées aux fédérations

- Boulimie foncière en ville (destruction du stade Assane Diouf et morcellement des réserves foncières du stade de l’Amitié)

- Place congrue réservée au sport dans le système éducatif, l’éducation n’est pas une matière fondamentale à l’école, dépasse rarement deux heures par semaine.

- Absence quasi-totale de médailles au niveau international (Médaille d’argent de Dia Ba aux JO de Séoul en 1998)

- Absence d’une fédération (football) inspirée et entrainée par les tendances nouvelles de l’évolution au niveau mondial et d’un championnat digne d’une nation classée à la FIFA et quart de finaliste en 2002.

2- Recommandations

Le sport est un ensemble d’activités physiques et ludiques codifiées, ayant une signification et des objectifs sociaux, humains aujourd’hui culturels, économiques et sociaux en rapport avec l’apparition et le développement des sociétés humaines. Il est devenu une préoccupation majeure donc politique qui ne laisse presque personne indifférent et qui est souvent l’otage d’embrigadements et de caporalisation à des fins politiciennes par certains Etats qui ne s’en servent que pour des prestiges élitistes et occasionnels. Le sport est un produit de la culture

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humaine indissociable de toute société. C’est un acquis de la culture humaine, pratique sociale humaine.

Dès lors que le sport est devenu une politique économique avec ses industries spécifiques, un moyen d’insertion, de réinsertion et de reconversions sociales, professionnelles. Il, par sa transversalité, faut donc doter le sport doit peut et doit contribuer au développement multiforme du Sénégal. Pour se faire il faut doter le sport de cadre d’une nouvelle politique, d’un statut social, d’un statut dans le système éducatif sénégalais.

Quelques recommandations :

- Une élaboration d’une nouvelle politique du sport avec ses exigences et nécessités sectorielles ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.

- Une politique sectorielle de formation de cadres techniques administratifs, financiers, économiques

- Formation des jeunes et très jeunes

- Construction de stades régionaux, départementaux, municipaux

- Assigner aux sports des objectifs dans le processus d’éducation et de formation (de la case des tout-petits jusqu’à l’université), réformer l’UASSU pour qu’elle soit réellement l’expression du sport dans un contexte scolaire et universitaire et réhabiliter l’éducation physique à l’école pour qu’elle soit une discipline fondamentale obligatoire et non optionnelle

- Construire des infrastructures : Infrastructures de masses dans toutes les disciplines pour une pratique populaire du sport Infrastructures d’élite (stades, complexes sportifs pluridisciplinaires, etc.) pour les

compétitions internationales, pour abriter des événements sportifs régionaux, internationaux et mondiaux.

- Impliquer les collectivités locales dans les infrastructures (l’éducation, le sport et les loisirs étant des compétences transférées)

- Subventionner annuellement les associations, clubs et structures sportives légalement constitués et reconnus

- Faire de nouveaux textes, pour un cadre juridique propre au sport amateur

- Doter les fédérations délégataires de pourvoir ; de moyens humains, matériels et financiers

- Professionnaliser certaines élites comme le football et le basket en attendant, la lutte ayant un peu d’avance. Créer un cadre juridique spécifique qui protège la ligue professionnelle (armature juridique, législation du travail), les clubs, les joueurs et les investisseurs nationaux, internationaux, donc rassurer le cadre professionnel et surtout les investisseurs, nous entrons dans les réalités du marché (syndicats de joueurs, d’entraineurs et investisseurs). La ligue du sport professionnel doit aider au développement du sport amateur et sa ligue.

- Pour les anciennes gloires (pratiquants professionnels, internationaux, encadreurs, etc.), il faut les accompagner dans leur reconversion professionnelle dans le sport (métiers d’éducateurs, entraineurs, formateurs, instructeurs, économie du sport, droit du sport,

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communication, etc.) autrement dit vers les métiers et compétences actuels et à venir du sport et vers les structures institutionnelles formelles (fédérations, ligues, clubs).

V /   CONCLUSIONS GENERALES  

  Pendant plusieurs mois les membres de la Commission 4 «  Droits Economiques et Sociaux

– Valorisation des Ressources Humaines », devenue après discussion   « Gouvernance sociale » ont travaillé avec assiduité animés par souci de ne pas décevoir l'espoir suscité par la volonté de rupture suscitée par les Assises Nationales. Ils ont travaillé en équipe, toutes tendances confondues, d'appartenance diverse. La méthodologie qu'ils ont suivi les a conduit à fonder leurs appréciations sur une documentation fiable testée par le recours au terrain, par des discussions, des échanges contradictoires au sein des sous- commissions  et avec la population, assurant à leurs conclusions et recommandations une valeur populaire et nationale, qu'ils acceptent de soumettre au jugement du public.  

Il ressort de l'examen des résultats des travaux  des points communs  qui méritent d'être retenus, à soumettre à la réflexion, qui permettent de comprendre, peut-être, un peu mieux le chemin qui reste à parcourir. Un simple retour sur la situation de la santé dans notre pays nous en donne une idée.  Les investigations menées  dans ce domaine ont montré que la plupart des maux dont souffre le secteur de la santé sont liés à un problème de management qui explique la mauvaise gestion, le non respect des engagements, l’absence de contrôle et de sanction, la non application des recommandations qui ont été faites dans le passé. Beaucoup de réflexions ont été conduites avec des conclusions pertinentes. Leur application constituerait un début de solution à la plupart des problèmes soulignés. La santé coûte cher au Sénégal, alors que beaucoup d’argent a été mis à disposition par la contribution des populations, par l’Etat du Sénégal et par les partenaires au développement. Il est possible, par une répartition juste et équilibrée des moyens, de parvenir tout au moins à inverser la tendance : la contribution des populations à l’effort de financement de la santé doit rester symbolique conformément à l’esprit d’Alma Atta.  

On l'a vu dans le domaine de l'éducation. Les familles sont prêtes à payer cher, même très cher, la formation de leurs enfants, pourvu que celle-ci soit de qualité. Elles préfèrent les garder au pays si elles sont assurées de la qualité de la formation. Cet esprit de sacrifice est partagé par les familles les plus modestes.  Pourquoi la santé est-elle donc  « malade »? Il y a certainement une cause plus profonde: l'égoïsme de la dirigeante, des nantis,  assurés de bénéficier des soins  hors du pays d' où leur désintérêt pour la situation intérieure. Une classe dirigeante trop égoïste, sans générosité, sans souci des plus démunis, ne peut encourager l'amélioration du système de santé. A cela s'ajoute la corruption un fléau très répandu dans le secteur et qui engloutit des sommes faramineuses ; la lutte contre ces phénomènes doit figurer parmi les priorités.   

Cet exemple pris dans le domaine de la santé résume  l'essentiel de ce qu'il faut retenir:  si l'on place , le management ou la bonne gouvernance avec ce qu'elle comporte comme exigence éthique, la transparence, l'équité, le respect de l'autre, le recours au mérite, donc la compétence, dans le choix des hommes et des femmes, en premier lieu,  elle ne doit pas être guidée  par les intérêts matériels,  l'argent ou le pouvoir de domination, mais surtout par le souci du bien commun, l'esprit de solidarité. C'est donc sur des valeurs éthiques que doit reposer la rupture.

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VI / Annexes

Les travaux de la commission 4 « Gouvernance Sociale » (226 pages)

Sommaire

TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF 1

EDUCATION PRESCOLAIRE AU SENEGAL 9

ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE 15

ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL 31

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL 40

ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNELLE 55

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 94

EDUCATION NON FORMELLE 100

Engagements du Sénégal dans le domaine de l’éducation 121

LE SECTEUR DE LA SANTE 128

DEVELOPPEMENT SOCIAL 142

DIALOGUE SOCIAL POLITIQUE ET SYNDICAL 172

CULTURE 187

SPORTS ET LOISIRS 204

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Page 77: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Annexes

Des travaux de la commission 4 « Gouvernance Sociale »

Décembre 2009

Sommaire77

Page 78: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

RESUME 2

TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF 7 EDUCATION

PRESCOLAIRE AU SENEGAL 15 ENSEIGNEMENT

ELEMENTAIRE 20

ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL 35

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL 45

ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNELLE 60

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 99

EDUCATION NON FORMELLE 109

Engagement du Sénégal dans le domaine de l’éducation 126

LE SECTEUR DE LA SANTE 133

DEVELOPPEMENT SOCIAL 148

DIALOGUE SOCIAL POLITIQUE ET SYNDICAL 178

CULTURE 193

SPORTS ET LOISIRS 210

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Page 79: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « GOUVERNANCE SOCIALE »

SOUS COMMISSION 

« EDUCATION ET FORMATION »

VOLETS TRAITES

O- RESUME « EDUCATION ET FORMATION »

1- LES FONDAMENTAUX 5- ENSEIGNEMENT MOYEN

DE L’EDUCATION 6- ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

2- LES ENGAGEMENTS DU GENERAL

SENEGAL DANS LE MONDE 7- ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET

3- EDUCATION PRESCOLAIRE FORMATION PROFESSIONNELLE

4- ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE 8- ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

9- EDUCATION NON FORMELLE

NOYAU DE BASE

- Jeanne Lopis SYLLA - Rokaya Fall SOKHNA

- Amadou lamine NGOM - Mamadou FADIGA

- Babacar DIOP Buuba - Waly SENE

- Bocar Amadou LY - Mactar GAYE

- Boubacar DIALLO - Yaya NDIAYE

- Amara SECK - Ousmane DIADHIOU

- Momar Talla KANE - Amadou SOW

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Page 80: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

OCTOBRE 2008

ASSISES NATIONALES

COMMISSION IV « GOUVERNANCE SOCIALE »

SOUS-COMMISSION « EDUCATION ET FORMATION »

RESUME DES TRAVAUX DE LA SOUS COMMISSION « EDUCATION ET FORMATION »

Les membres de la sous-commission « Education-Formation » se sont réunis le 25 octobre 2008 dans la salle de conférence du Congad pour procéder à l’état des lieux du système éducatif sénégalais et examiner par la même occasion les propositions d’amélioration des rendements suggérés par les conférencier(e)s du jour.

Les travaux ont démarré à 9 heures et ont été clôturés à 14 heures sous la présidence de Monsieur Bouba Diop, Vice-Président de la sous-commission. La feuille de présence est jointe en annexe.

L’éducation préscolaire, les enseignements : élémentaire, moyen, secondaire, supérieur, technique et l’éducation non formelle ont fait l’objet d’exposés distincts. Il en a été de même « des engagements du Sénégal dans le monde dans le domaine de l’éducation » et « des fondamentaux » devant servir de trame à une éducation nationale et démocratique. Les textes liminaires et les noms de leurs auteurs sont joints à la présente synthèse.

Le débat large, approfondi et empreint de courtoisie qui s’en est suivi a permis :

- Premièrement, de remercier très chaleureusement chacune et chacun des conférenciers pour l’ensemble des efforts fournis dans la collecte documentaire et pour la qualité remarquables des productions présentées ;

- Deuxièmement, de relever et d’analyser les zones d’excellence et de dysfonctionnement de L’Ecole sénégalaise au regard,

- d’une part, des tentatives d’adaptation du système éducatif aux impératifs d’amélioration continu de l’indice de développement humain des populations et,

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Page 81: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- d’autre part, des engagements internationaux du Sénégal.

La synthèse des débats conforte les conclusions des rapports sectoriels (voir annexe) et met en exergue les points suivants :

I. FONCTIONNEMENT POLITICO-ADMINISTRATIF DU SYSTEME EDUCATIF :

Le système éducatif est actuellement administré par les ministères :

- celui du préscolaire, de l’enseignement élémentaire et du moyen ;- de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ;- de l’enseignement secondaire et des enseignements supérieurs ;

Malgré l’existence d’un Plan Décennal de l’Education et de la Formation (PDEF), cette option n’est pas de nature à faire émerger la nécessaire hiérarchie des priorités retenues pour rester au service exclusif des objectifs finaux du système. Le risque est alors de voir perdurer la gestion au jour le jour des intérêts catégoriels au détriment d’un pilotage qui sauvegarde l’ensemble des intérêts des usagers du système.

Cette organisation institutionnelle remet même en cause le caractère systémique de l’Ecole tant recherché depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ( EGEF). En effet, un système se caractérise par les interactions dynamiques que ses éléments constitutifs entretiennent entre eux de sorte que toute action significative sur l’un quelconque des éléments ou des sous-systèmes entraîne des modifications sur chacun des éléments, sur le système et sur son environnement. Or, les cloisons étanches entre les différents ordres d’enseignement ne permettent ni ces interactions, ni la régulation d’ensemble que devrait assurer une instance supérieure organisée à cet effet.

A ceci s’ajoute la dispersion des moyens et le manque de concertation qui atténuent considérablement les chances d’efficience escomptée par les auteurs du PDEF.

C’est pour ces raisons que les membres de la sous-commission proposent le retour à un ministère unique avec des directions fortes mettant en œuvre solidairement la politique nationale concertée et coordonnée.

II. FINANCEMENT DU SYSTEME

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« L’Etat reste le principal bailleur du système éducatif en maintenant le budget à 40% du budget de fonctionnement hors dépenses communes et hors amortissement de la dette. » (Rapport d’exécution technique et financière 2006, ME/DPRE/DES).

Cet effort dans le cadre de la mobilisation pérenne des ressources est consécutif à un choix déterminé des Autorités sénégalaises. Passant de 33 à 34% puis à 40%, cette allocation des ressources traduit bien la volonté de développement d’un capital humain autorisant des victoires continues dans la lutte contre la pauvreté et les disparités. C’est la raison pour laquelle l’UNESCO classe le Sénégal dans le groupe E des pays consacrant entre 16 et 22 % de leur PIB à l’éducation. Ces pays réalisant une mobilisation moyenne de ressources internes de l’Etat reflétant par là même une priorité budgétaire pour l’éducation acceptable compte tenu du faible niveau de développement économique du pays.

Si cet effort louable est salué par tous, un courant de forte suspicion est apparu durant le séminaire quant à l’effectivité de la dépense proclamée. Aussi, est- il souhaitable qu’un débat franc soit organisé sur la transparence des ressources réellement allouées et sur les arbitrages opérés. Ceci permettrait de dissiper les malentendus et de mobiliser durablement la moyenne proportion des acteurs dans l’amélioration des rendements internes, externes, quantitatifs et qualitatifs de l’Ecole.

A propos d’arbitrage, les séminaristes se sont inquiétés du sort fait à l’enseignement technique et à la formation professionnelle plusieurs fois proclamé priorité nationale jusque dans beaucoup de plans triennaux d’investissement mais qui continue de recevoir une part dérisoire du budget (entre 2 et 3 %). Comment dans ces conditions peut-on espérer traduire en actes les recommandations des « Assises sur l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle » tenues au CICES et présidées par Monsieur le Président de la République ?

L’instabilité institutionnelle de ce secteur ajoutée à l’état de délabrement avancé des infrastructures, à l’indigence des structures et des équipements, au manque criard de professeurs de rang universitaire entre autres, entament la crédibilité de ce secteur essentiel pour le développement du pays.

Le lycée agricole de Bignona est la seule structure du genre dans un pays majoritairement composé d’agriculteurs. Cette anomalie doit être corrigée le plus rapidement possible car « une offre d’éducation qui n’articule pas un objectif d’universalisation dans sa partie basse et un objectif d’adéquation à la structure des emplois dans sa partie haute rend moins évident pour le responsable politique les arbitrages et régulations » nécessaires à une tonification de l’économie nationale.

III. NECESSITE D’UN DEBAT LARGE ET SINCERE AUTOUR DES QUESTIONS CARDINALES

82

Page 83: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

III.1. FORMATION DES ENSEIGNANTS

La formation des enseignants a préoccupé très fortement les séminaristes. Car, « ce qui se passe dans la classe et l’impact de l’enseignant et de l’enseignement ont été identifiés par de nombreuses études évoquées comme la variable essentielle pour l’amélioration des résultats d’apprentissage. La manière dont les enseignants enseignent doit être au centre de toute réforme destinée à améliorer la qualité. » (Gauthier et Dembelé, 2004, p 2-4, et une « obsession » pour les Autorités sénégalaises. La variable relative aux enseignants a été identifiée tout au long des travaux comme celle qui a l’effet le plus prononcé sur les acquis scolaires des élèves de milieux modestes. Même lorsque les milieux d’origine des élèves présentent des différences significatives, les enseignants bien formés peuvent exercer une forte influence sur l’amélioration de leurs niveaux acquis. La Réunion biennale sur la qualité organisée en 2003 par l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique informe que les bons enseignants se révèlent efficaces quels que soient les niveaux acquis des apprenants et aussi hétérogènes que soit la classe. Or, aujourd’hui l’absence d’une formation adéquate est le lit de toutes les frustrations notées aussi bien chez les enseignants, les parents d’élèves que chez les apprenants eux-mêmes.

Le manque d’identité positive que charrient les nouveaux corps dénommés « volontaires et vacataires de l’éducation » appelle à une réflexion profonde sur le recrutement, la formation et la promotion des enseignants gages d’une amélioration de la qualité de l’éducation « dans un souci d’excellence, de façon à obtenir des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. » Objectif 6 du Cadre d’action de Dakar et Objectifs de développement du Millénaire.

III.2. ENVIRONNEMENT DES APPRENTISSAGES

III.2.1. Années scolaires régulièrement perturbées

III.2.1.1. Les grèves cycliques sont devenues la marque distinctive de l’Ecole sénégalaise. Elles ont entamé la crédibilité du secteur public et participé au développement du secteur privé qui joue depuis plusieurs années déjà le rôle de soupape de sécurité du système (en 2006, 388 collèges privés contre 520 pour le public et beaucoup d’établissements privés d’enseignement supérieur).

Ces grèves concernent donc tous les secteurs du préscolaire à l’université et affectent dangereusement la fécondité du système. Elles installent la méfiance au sein de la communauté éducative, les parents d’élèves et d’étudiants jouant aux sapeurs pompiers pour constamment sauver l’année académique et éviter des années blanches.

III.2.1.2 Le calendrier scolaire et universitaire tel qu’il est confectionné est depuis bien longtemps un élément adverse à une bonne rétention et une consolidation des savoirs transmis par les enseignants et

83

Page 84: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

des savoirs acquis par les apprenants. Les pertes de pré-requis consécutives aux vacances de toutes sortes rendent illusoires toute efficacité du système. Le survol des programmes qui s’ensuit explique dans une large mesure la médiocrité des résultats aux différents examens. La faiblesse du quantum horaire officiel (800 heures) et celui réalisé dans les différentes académies : 636 h à Kolda, 654 à Ziguinchor et 836 à Thiès par exemple sont révélateurs de la faiblesse des ambitions en matière de formation des ressources humaines de qualité et de la gestion laxiste du système.

III.2.1.3. Les effectifs pléthoriques L’accès à une éducation de qualité comme un droit humain fondé sur une plus grande pertinence, une plus grande équité et le respect approprié des droits des enseignants et des élèves commande un abandon de ces pratiques. Certaines classes et facultés sont de simples garderies d’élèves et d’étudiants. Les ratios d’encadrement que l’on y observe sont adverses à toute réussite et expliquent les échecs massifs enregistrés chaque année. L’on doit dès à présent s’entendre sur la révision à la hausse des allocations du budget consolidé d’investissement pour atténuer considérablement les effets dévastateurs de cette massification indue des effectifs et revenir assez rapidement à des situations plus conformes à l’esprit et à la lettre du PDEF et des engagements internationaux du Sénégal.

La communauté éducative doit se mobiliser pour consolider les progrès importants réalisés dans l’élargissement de l’accès, dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages et dans la gestion du système éducatif sénégalais.

Une concertation impliquant tous les acteurs de l’éducation et les partenaires gagnerait à être convoquée rapidement pour asseoir un climat apaisé dans l’Ecole, renforcer la capacité du système à transformer les ressources disponibles en résultats. Le lien actuel entre les ressources mobilisées et les rendements est faible et reproduit des inégalités et de disparités de toutes sortes.

Le recrutement en nombre suffisant d’enseignants, de personnels de supervision pédagogique, de gestionnaires du système et une formation adaptée à leurs vocations actuelles y figureront en bonne place. Ce sera également l’occasion de revenir sur nos choix en matière d’alphabétisation et leur articulation au développement national.

L’application des conclusions de la réforme de l’enseignement supérieur ayant connu des fortunes diverses, il urge de se pencher très sérieusement sur ce secteur déterminant pour la constitution d’un capital humain de qualité et l’instauration d’une recherche à fécondité avérée.

La propension à la privatisation de secteurs de plus en plus larges (écoles, collèges, écoles et instituts universitaires) et les effets de la fonction service dans des départements et facultés de l’Université posent naturellement la lancinante question du financement de l’Ecole au Sénégal. Des accords fédérateurs devront être réalisés aussi bien sur ces domaines que dans celui de la logique d’action qui devra leur servir de trame.

Celles ou ceux qui voudront approfondir l’analyse de ces différents points abordés au cours du séminaire pourront se reporter avec profit aux neuf (9) documents de base joints à cette synthèse.

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Page 85: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Rapporteur AMARA SECK

Président du Cabinet « Solutions

pédagogiques pour l’Afrique SPA »

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

LES TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF

AU SENEGAL

LES FONDAMENTAUX DE L’EDUCATION

PROFESSEUR BABACAR DIOP BUUBA

Faculté des Lettres et Sciences Humaines  

OCTOBRE 2008

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Page 86: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF

A. LES FONDAMENTAUX

a. L’éducation est la tension permanente pour le savoir, le savoir faire, le savoir devenir

socialement. C’est valoriser nos potentialités physiques, techniciennes, intellectuelles, spirituelles. Il

s’agit aussi de tirer profit du patrimoine humain.

Il s’agit d’une ouverture aux plans local, national, sous régional, régional et

international.

Il s’agit de s’inspirer des bonnes pratiques, d’inventer de nouvelles, de tirer des leçons

des difficultés voire des échecs.

Le sujet est complexe.

b. L’écrivain sénégalais, Abdoulaye Sadji4, avait consacré une réflexion à la question dans un essai5.

Du reste, il est révélateur que la plupart des écrits de cet auteur s’inscrivent dans une dynamique

soit de valorisation positive des traditions africaines soit de description du choc entre cultures

africaines et occidentales6. A travers son essai sur l’Education, on perçoit nettement qu’Abdoulaye

Sadji éprouve quelque gêne à répondre à ceux qui contestent aux civilisations africaines une

épaisseur historique. Voici en quels termes il évoque les conceptions sur les civilisations africaines :

« l’homme noir des contrées forestières ou semi forestières de l’Afrique en est encore à ce stade où

son comportement n’est pas le résultat d’une réflexion philosophique mais celui d’une simple

adaptation au milieu naturel.

4 L’auteur né en 1910 à Rufisque, après des études en langue arabe (Coran) et française (écoles primaire et

secondaire), a servi comme enseignant puis comme inspecteur du primaire jusqu’à sa mort en 1961.5 Sadji A., Education africaine et civilisation, Dakar, 1964.

6 Nous rappelons que l’auteur a écrit en collaboration avec Léopold Sédar Senghor, La belle histoire de leuk. Le lièvre

à l’usage des enfants. Il a publié d’autres ouvrages : Tounka, une légende de la Mer, Paris, Présence Africaine, 1952 :

Maïmouna (roman), Présence Africaine, 1958 ; Nini, Mulâtresse de Saint-Louis, Paris, 1954 ; Modou Fatim,

(Nouvelles), Imprimerie Diop, Dakar, 1960. 

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Page 87: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Des historiens et des ethnologues qui prennent le contre-pied des détracteurs de la race noire

nous révèlent l’existence peut-être lointaine dans le passé mais réelle dans les faits et les documents,

d’une civilisation nègre pendant laquelle les Noirs savaient déjà travailler les métaux et « tisser des

vêtements »… Et Sadji de signaler que le débat est mené de savoir si ces brillantes civilisations

(Ghana par exemple) sont le fait de « Noirs authentiques ou d’hommes d’origine sémitique » (Sadji

1964, 24-25).

Visiblement, Abdoulaye Sadji ne semble pas être partisan des thèses de Cheikh Anta Diop sur

l’antériorité des civilisations nègres ou sur l’Egypte nègre initiatrice de certaines civilisations

méditerranéennes (gréco-latines) et proche orientales (hébraïques et arabes) ; par contre, il semble

développer une idée de l’Afrique, chère aux tenants de la Négritude, en particulier la vision

senghorienne, à laquelle Cheikh Anta reproche du reste de manquer de perspective historique7. Il est

possible aussi que Sadji soit dans la même attitude que Césaire, qui tout en soutenant moralement 8

Cheikh Anta Diop, n’avait pas les arguments scientifiques pour renforcer les hypothèses du

physicien égyptologue sénégalais.

Abdoulaye Sadji a accordé une grande attention à l’habillement (Ibid. : 25 sq.) dans le

recensement de faits de civilisation africaine. Concernant les étapes de l’initiation, il s’est davantage

appesanti sur le sevrage et la circoncision. Bien entendu, même s’il n’a pas tenté une remontée dans

la préhistoire ou l’antiquité africaine comme l’aurait fait un disciple de Cheikh Anta Diop, il n’a pu

s’empêcher, comme nous l’avons annoncé du reste, de réfléchir sur les contacts avec les autres

civilisations, en particulier avec l’Islam (Ibid. 42 sq).

Mieux encore, il s’est montré sensible, comme Jeanmaire, aux parallélismes entre les

civilisations africaines contemporaines et les civilisations européennes de l’Antiquité (gréco-latine

surtout). Voici en quels termes il conclut la comparaison : « les deux exemples de l’éducation

grecque et romaine prouvent qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil et que l’éducation, telle qu’elle

était donnée autrefois aux jeunes sénégalaise, puisait ses ressources dans une sagesse fort antique

« Ibid. : 67). Cet exercice a été renforcé par le professeur Michel Woronoff, à Dakar en 1976 lors du

7 Cette critique est reprise dans Civilisations ou Barbarie. Cheikh Anta pense que pour définir

correctement l’identité culturelle, il faut faire ressortir les dimensions historique, linguistique et

psychique. Or, les tenants de la négritude ont trop spécifié ce troisième facteur (Diop, 1981, 279).8 Cheikh Anta Diop rend hommage à Césaire pour cette attitude dans la préface de Nations nègres et

culture, édition de 1979, T.I.P. 5.87

Page 88: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

colloque « Afrique Noire et monde méditerranéen dans l’Antiquité ». M. Woronoff, dans sa

communication, « Structures parallèles de l’initiation des jeunes gens en Afrique Noire et dans la

tradition grecque », a rendu hommage à jeanmaire, tout en soulignant les limites de son travail9.

Après avoir fait un survol des travaux sur la question en Afrique et dans le reste du monde

(Colloque 1978 : 238-239), il insiste sur l’intérêt du cas africain (Ibid. : 240) et fait ressortir quelque

grands enseignements qu’on pourrait tirer de cette riche expérience : l’affirmation de l’identité

biologique (Ibid : 250), l’initiation à la responsabilité (Ibid. 247), la spécialisation (ibid. : 248), la

solidarité (Ibid.). Les riches débats qui ont suivi son exposé avaient permis au professeur Omar

Kane, historien, de revenir sur la dimension globale de l’éducation africaine10. Les échanges ont

permis de revenir sur l’importance des contextes géographiques des activités économiques, la

spécificité des civilisations agraires et/ou maritime (Ibid. : 149) sur le jeu d’ethnies, classes ou

groupes sociaux particuliers11.

Si l’initiation africaine permet l’affirmation d’identités fortes, de personnalités assumées, si

elle encourage la pratique de l’endurance, la réalisation d’exploits, elle prépare au maniement de la

loi des contraires : remède/poison, vie/mort, etc. Par la renaissance, s’élargit l’espace de la

dialectique, et les pratiques cycliques ne sont pas en contradiction avec une évolution en spirale.

Michel Woronoff n’avait pas du reste manqué de recourir à l’autorité de L. -V. Thomas pour

expliquer quelques situations qui semblent assez cocasses : « lors de l’initiation d’adultes âgés

quelquefois de 30 à 35 ans, par formalisme, « le fameux formalisme diola », on continue à leur

donner des conseils sur la manière d’avoir des enfants, les mystères de la reproduction, comme s’ils

ne les connaissaient pas. Cela montre bien qu’il y a eu une sorte de transformation de l’initiation,

due aux conditions économiques générales qui ont changé » (colloque 1978 : 263-264).

B. NOUVEAUX DEFIS ET MUTATIONS9 « C’est H. Jeanmaire qui a le premier présenté un exposé systématique de la question, en mettant l’accent sur les

lumières que l’Afrique pouvait projeter sur les légendes obscures ou des rites mal compris de l’Antiquité grecque

actuellement si les idées développées par Jeanmaire sur la crypte spartriate ou sur le rôle de la classe des jeunes

dans le monde achéen se trouvent partiellement remises en question, si son information ethnosociologique paraît

dater un peu. Il n’en reste pas moins que l’essentiel de sa réflexion demeure valide et s’intégre aux études récentes

sur les société agraires » (Colloque 1978 : 237).10 Le professeur Kane avait insisté sur les dimensions mystiques, techniques, socio professionnelles, les relations

entre

jeunes et adultes, garçons et filles, les volets physique et moral (colloque 1978 : 261). 11 Ainsi Jean-Georges Texier avait demandé à M. Woronoff « si les différentes tribus (ou ethnies) dont il nous avait

parlé ont été, à un moment donné, conquérantes ou si elles ont eu un caractère militaire très marqué «   (Colloque 1970 :

257).

88

Page 89: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

La nécessité de tenir compte de l’évolution historique et donc des leçons du passé pour

pouvoir asseoir un projet éducatif viable n’a pas échappé aux chercheurs organiques qui ont eu pour

souci d’accompagner l’action des leaders politiques. Tel fut le cas de Roland Collin qui fut très

proche à la fois de Léopold Sédar Senghor et de Mamadou Dia, alliés puis adversaires sur la scène

politique sénégalaise. Dans sa thèse12, il revient sur la plupart des travaux que nous avons signalés.

Il consacre la première partie de son tome I à la société précoloniale (Colin 1980 : 51 sq.). Son

approche est à mi-chemin entre celle de Jeanmaire (à l’échelle de toute l’Afrique) et celle

d’Abdoulaye Saji (focalisation sur les Wolof-Lébu) ; en effet, R. Collin, lui, a choisi de comparer les

pratiques wolof, sereer et toucouleur. Ce qui lui permet de dégager six stades dans l’évolution des

individus.

STADE SEREER WOLOF PULAAR

Enfance 0 à 2 ans xeq, robtatin perlit, perantal tugge

Enfance, 2 à 6 ans 0 njaj

0 ngor (m)

/0 ndew (f)

Gune sukaabe

tokos be

Enfance

de 6/7 à 12 ans

0 njaji (m)

nde ban dong/

0 ndew (f)

xale

njagamar (f)

cukalon

Adolescence

de 12 à 20/25 ans

0 fes ou 0

sangit (m)

0 toog – njegemaar (f)

aat njulli

berloót

waxambaane (m)

sëglu janq (f)

sukaabe (m)

boombi (f)

Adultes actifs

de 20/25 à 60/70 ans

0 mak (m)

O tew ou jeeg (f)

borom kër (m)

jeeg (f)

hellifaabe (m)

see medbe (f)

Vieillards qui ne peuvent

plus travailler

O nogoy kilifa (m)

mag (m,f)

mawbe

raneebe

m = masculin et f = féminin

Après avoir dégagé les similitudes entre ce découpage et celui établi par les psychologues

occidentaux (Ibid. : 55), l’auteur étudie successivement :

12 Colin R. Systèmes d’éducation et mutations sociales. Continuité et discontinuité dans les dynamiques socio- éducatives, le cas du Sénégal, thèse de doctorat soutenue le 17 décembre 1977 à l’Université de Paris V et publiée par l’Atelier de Reproduction des thèses, Université de Lille III, 1980.

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Page 90: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

L’éducation intra familliale et pré-initiatique en insistant du reste sur la phase

prénatale et sur la naissance et le sevrage, sur la place des grands-parents, de l’oncle, sur le

rôle des contes ;

l’éducation initiatique ;

l’éducation post-initiatique.

Il consacre, comme Abdoulaye Sadji, une part de la réflexion au choc avec l’islam (Ibid.  : 108

sq.) pour analyser l’osmose, les greffages ou les résistances selon le cas. Ce qui lui permet de

distinguer, par exemple, la différence d’évolution des systèmes wolof et sereer, le premier

caractérisé par « la dualité en équilibre difficile entre un système politico-militaire accusant de plus

en plus sa domination sur un système lamanal de type sérère. L’éducation lignagère est impuissante

à rétablir les contrepoids à partir du moment où l’influence et la domination de l’empire colonial

viendront durcir la force militaire du haut et briser par la relation marchande la continuité des

rapports sociaux du bas » (Ibid. : 146).

C. QUEL AVENIR ?

Pour bien tracer les voies d’un futur enrichissant, il faut avoir à l’esprit l’articulation entre les

secteurs formels, non formels et informels du secteur éducatif. Pour le niveau formel, Cheikh Anta

Diop avait bien insisté sur l’importance des langues nationales. Dans un article consacré à la

renaissance africaine il développe ses points de vue :

“Quand nous voudrions nous adresser efficacement au peuple africain pour un but éducatif

quelconque, nous ne tarderons pas à réclamer la nécessité de recourir aux langues africaines.

Faire un travail préalable pour rendre celles-ci aptes à exprimer toute la réalité moderne, c’est

donc supprimer l’obstacle majeur qui s’opposait à une éducation populaire extra scolaire”.

Les experts africains réunis par le Bureau régional de l’UNESCO à Dakar dans le cadre de la

préparation de la Conférence Internationale sur l’Education de Jomtien (1990) ne pouvaient non

plus ignorer l’importance d’une mise en perspective des problèmes éducatifs africains à partir d’une

analyse des forces et faiblesses de l’éducation traditionnelle. Ils ont dégagé « deux axes référentiels

dont l’un est vertical, orienté de l’amont chronologique vers l’aval du temps, et où se situent des

réalités aussi déterminantes que l’ascendance génétique et parentale, l’âge, etc. Quant à l’axe

horizontal, il se réfère aux alliances et associations avec d’autres lignages, d’autres jeunes (classes

d’âges, etc.).

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Page 91: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Le biologique et le socioculturel interfèrent toujours pour créer les droits et devoirs de l’enfant

à l’égard des autres »13.

Ils ont procédé à une réduction des différentes étapes de l’éducation africaine :

la première intégration biophysique avec la première rupture que constitue le sevrage ;

L’intégration dans une société spécialisée qui valorise l’autoformation, les apprentissages

spéciaux ;

L’initiation qui fusionne les axes (vertical et horizontal) de référence.

Ce système d’éducation avait des points forts qui pouvaient se résumer en un mot :

l’importance du « savoir lié » ;

« liaison des connaissances générales à la pratique ;

Liaison de l’éducation à la production ;

Liaison à la culture aussi par le truchement de la langue maternelle et par l’immersion des

éléments du savoir dans les pratiques culturelles (jeux, masques et rites religieux, danses,

musiques, sport, etc.) ;

Enfin la liaison de cet enseignement avec les valeurs ethniques reconnues… »

(Ki-Zerbo 1990 : 40).

Ce système avait aussi ses points faibles parmi lesquels les experts ont recensé :

« un faible niveau d’abstraction et de généralement ; un faible coefficient d’accumulation et de

diffusion. Cette éducation présentait aussi une ouverture assez faible en dehors de chaque groupe

ethnique ou même villageois. Enfin les épreuves de l’initiation étaient parfois excessives

(mutulations), voire fatales » (ibid. 39).

Autant il semble qu’il faut être prudent sur la formulation de la première faiblesse14, autant il

semble important d’insister sur la deuxième limite qui s’explique en partie par le blocage des

traditions écrites à un certain moment de l’histoire africaine.

En effet, l’Afrique, qui a développé plusieurs systèmes d’écriture, comme l’a montré le

professeur Théophile Obenga (1973), n’a pas connu un phénomène comparable à celui de la

révolution de l’imprimerie qui s’est déroulée en Europe au début des temps modernes. Ce qui

13 J. Ki-Zerbo, Eduquer ou Périr, Unesco, Unicef, 1990, p. 36.14 Voir à ce propos l’ouvrage d’Arthur B. Powell et Marilynn Frankenstein, Ethnomathematics, Challenging

Eurocentrism in Mathematics Education, State uni. Of New York Press, 1997.

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Page 92: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

explique qu’après les grands chocs avec les autres grandes civilisations proche-orientales ou

méditerranéennes, on assiste à une « désagrégation sourde qui explique en grande partie les misères

et les naufrages actuels dans l’institution scolaire » (Ki-Zerbo, 1990 : 41).

Les sociétés africaines ont été ébranlées dans leurs fondements, on leur a imposé un type

d’économie, des systèmes politiques qui servent en général des intérêts de groupes allogènes ou

autochtones minoritaires et compradores. Les hommes sont dans les mines, les champs, les usines,

les chantiers, « les femmes, après avoir fait les enfants, doivent les élever seules et préparer de leurs

propres mains le bois d’ébènes contemporain… » (Ki-Zerbo, 1990 : 42), et « les villes africaines

sont souvent, non pas des moteurs pour les dépotoirs d’un centre lointain dont elles sont

structurellement incapables de rééditer l’exploit » (ibid. : 45).

Est-ce une raison pour baisser les bras ? Que non pas ! Au contraire, il faut prêter attention

aux nouvelles pousses qui sortent du fumier, ces nouvelles pousses sont en général des formes

d’adaptation positive aux nouveaux contextes, pour relever les anciens et nouveaux défis : la lutte

pour la démocratie, l’autosuffisance alimentaire, la santé, la paix, la préservation de

l’environnement, etc. et dans cette nouvelle aventure éducative, les Africains auront à cœur de se

réapproprier les nouvelles technologies de communication en y développant des contenus

spécifiques conformes à leur histoire et à leurs aspirations.

Et, dans le combat pour la nouvelle orientation africaine des processus éducatifs, la société

civile africaine devra consolider le travail qu’elle a entamé dans le cadre, non seulement de la

Comedaf (Johannesbourg 2007), mais aussi dans le processus de la Confintea VI (Conférence

Internationale sur l’Education des Adultes), des évaluations et suivi de l’Education Pour Tous

(Dakar 2000) et des O.M.D. (New York 2000). D’ici 2015, il s’agit de suivre et de rectifier de

manière durable. Au Sénégal, le processus de réflexion critique a abouti aux premiers états

généraux sur l’Education et la Formation en 1980, et la loi d’orientation de 91 exprime le vœu

d’une école nouvelle devant contribuer à la promotion de la justice sociale, de la démocratie, du

progrès. Elle veut œuvrer à la libération du pays au triple plan économique, social et culturel.

Professeur Babacar Diop Buuba

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

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Page 93: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

EDUCATION PRESCOLAIRE AU SENEGAL

93

Page 94: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Octobre 2008

L’ECOLE MATERNELLE SENEGALAISE

I – GENERALITES

L’Ecole Maternelle Sénégalaise débute avec l’arrivée des sœurs franciscaines à Gorée dans les

années 1887. Cela veut dire que le Sénégal est un pionnier en la matière.

Déjà, à Tandiène en Casamance, les femmes avaient trouvé un système de garderie qui était

unique en son genre, une femme gardait les enfants leur faisait la cuisine, pendant que les autres

membres du groupe s’occupaient de son champ donc à tour de rôle, chaque maman gardait les

enfants de ses camarades. La garderie naquit de cette solidarité féminine.

Quelquefois, certains pensent que seuls les nantis peuvent faire accéder leurs enfants à l’Ecole

Maternelle ; d’autres pensent qu’à l’école maternelle, on s’amuse.

Certains intellectuels ne pensent même pas à l’importance de cette étape pour leurs enfants.

II - ETAT DES LIEUX

On a vu la création :

- d’Ecoles Publiques

- d’Ecoles Privées Catholiques

- d’Ecoles Privées Laïques

- des Daaras

En ce moment, on a créé une Agence pour gérer ce que l’on appelle la Case des Tout-petits en

confisquant les prérogatives de la Direction du Préscolaire, pour y mener des activités d’éducation

préscolaire.

Depuis des années, on parle de démocratisation de l’Enseignement, mais sur le plan

institutionnel, l’Ecole Maternelle trouve difficilement sa place.

Cette démocratisation est-elle effective, si l’on considère les enfants de la rue ?

Différents ministères ont abrité l’école maternelle :

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Page 95: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Ministère de l’Action Sociale

- Ministère de la Femme

- Ministère de la Santé et de l’Action Sociale

- Ministère de l’Education Nationale

Sur le plan institutionnel donc, il serait intelligent de créer un Ministère unique pour

l’éducation, la Formation et la Recherche.

Il s’agit d’harmoniser, de fixer ou d’ancrer cette Ecole Maternelle au Ministère de l’Education

Nationale, et créer des Directions Générales ou des Agences pour une coordination indispensable.

III - IMPORTANCE DE L’EDUCATION PRESCOLAIRE

Vous remarquerez que l’on parle d’éducation préscolaire, et non d’Enseignement Préscolaire,

car au préscolaire, il n’y a pas de Programme comme à l’Elémentaire, on prépare l’enfant à

l’Elémentaire, et comment ?

- En s’appuyant sur :

Le savoir

Le savoir-faire

Le savoir-être

Le savoir interagir avec l’Environnement

L’Educateur Préscolaire doit développer

- Les aspects cognitifs

- Les aspects affectifs

- Les aspects psychomoteurs chez l’enfant

Il est donc très important pour l’Educateur de connaître la psychologie de l’Enfant. Piaget,

Wallon, Françoise Dotto se sont tous appesanti sur les différents stades du développement de

l’Enfant.

Les différentes taxonomies (Bloom, Harrow) nous renseignent sur les objectifs que l’éducateur

doit atteindre et comment les atteindre suivant les stades de développement de l’enfant.

L’éducateur travaille sur des activités dont les principales sont :

- Le langage (conte, comptine)

- Les logicomathématiques (pour préparer l’enfant aux activités logiques et mathématiques)

- Les exercices perceptivo moteurs (que l’on appelle les exercices sensoriels au cours

d’initiation)

- Le graphisme (pour préparer l’enfant à l’écriture)95

Page 96: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Les activités manuelles

- Les activités musicales

- Les activités psychomotrices.

Pour le suivi du développement de l’enfant, l’éducateur ne doit pas négliger le cahier du dessin

du bonhomme qui va le renseigner sur la maîtrise du schéma corporel de l’enfant.

Ainsi, l’Enfant est bien préparé pour recevoir les Enseignements à Ecole Elémentaire.

Encore faut-il que l’Education Préscolaire soit spécialiste du préscolaire, bien formé, diplômé

et non formé « sur le tas ».

L’Inspecteur ou l’Inspecteur Adjoint du Préscolaire doit être spécialiste du préscolaire.

Une autre difficulté, et non des moindres, vient se greffer au manque de spécialisation, c’est la

non maîtrise du médium d’enseignement par les élèves ; la langue française n’est pas la langue

maternelle des enfants sénégalais.

Pourtant, chaque pédagogue connaît l’importance de la langue maternelle pendant les premiers

apprentissages, il s’y ajoute que le Sénégal a dépensé des millions pour l’Alphabétisation, pour

arriver à quoi ?

Certains ne voient pas l’utilité de l’emploi des langues nationales dans les écoles maternelles

publiques (et encore !), certains éducateurs n’arrivent pas à élaborer leur fiches de préparation en

langue maternelle, car les enseignants sont mal préparés, ce qui pose le problème de la maîtrise de

la didactique des disciplines.

Certains deviennent de vrais dangers, surtout ceux préparés « sur le tas » qui n’ont aucune

expérience, et qui croient dur comme fer que l’Ecole Maternelle est uniquement un espace de jeu.

IV- IMPORTANCE DE LA TRANSITION PRESCOLAIRE/ELEMENTAIRE

Il devient donc indispensable que les Maîtres du CI/CP travaillent avec les éducateurs des

grandes sections de la Maternelle pour une bonne jonction et transition du Préscolaire à

l’Elémentaire.

Cette transition Préscolaire / Elémentaire est très importante pour éviter à l’enfant le

traumatisme assimilable à un sevrage brutal. En effet, la différence est grande car, le milieu

préscolaire où tout est liberté : travail en ateliers, classes décorées, attrayantes, où l’on peut se

déplacer à sa guise, disposition en rond, est différent d’une classe de l’élémentaire où tout est

discipline, les élèves sont assis face à un tableau et surtout face à un maître qui quelquefois tient une

cravache (même si les châtiments corporels sont interdits).

96

Page 97: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Il est donc inutile de revenir sur l’importance de cette transition, elle est fondamentale, et c’est

pourquoi :

- la spécialisation des enseignants est indispensable,

- la bonne formation des enseignants devient une exigence 

V – RECOMMANDATIONS

- Il faudrait élever le niveau de formation, des Educateurs

avec BAC + 1

EFI (pour la maîtrise de la didactique des disciplines)

- La FASTEF doit être un passage obligé pour les Inspecteurs et Inspecteurs Adjoints du

Préscolaire pour une bonne pratique pédagogique.

- Il faudrait revenir sur la spécialisation Préscolaire / Elémentaire

- Au niveau du Préscolaire, il manque un dispositif de pilotage cohérent, on se perd entre

Direction du Préscolaire et Agence de la Case des Tout-petits

VI - QUELQUES INTERROGATIONS

Le Directeur de l’Agence de la Case des Tout-petits dépend de qui ?

De quel ministère l’éducation préscolaire dépend-elle ?

Combien de catégories d’éducateurs y a t’il ?

- Quel cursus subissent-ils ?

- A quel niveau sont-ils recrutés ?

- De quels statuts relèvent-ils ?

- Leur contrôle pédagogique est-il correctement assuré ?

VII – CONCLUSIONS

Quelques questions posées qui méritent qu’on y réponde de façon très claire si l’on veut mener

à bien l’Education Préscolaire et donner toute l’importance à cette phase cruciale des premiers

apprentissages de 0 à 5 ans.

Pour rappel : la langue française n’est pas la langue maternelle des sénégalais, et il est

prouvé que l’on peut enseigner en Wolof, Joola, Sereer, Manding, etc. C’est un problème de

97

Page 98: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

confiance en nos langues et une question de volonté politique. Mais malheureusement, le

colonisateur nous a persuadés que nos langues étaient des dialectes inaptes à appréhender

des notions abstraites comme les mathématiques.

Pour insister : tous les enseignants ne sont pas des spécialistes du préscolaire y compris les

Inspecteurs non encore spécialisés dans le domaine visé.

REPUBLIQUE DU SENEGAL

SOUS COMMISSION EDUCATION/FORMATION

EDUCATION

ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE

OCTOBRE 2008

98

Page 99: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Présenté par : Mamadou FADIGA

INTRODUCTION 3

I- L’ACCES A L’EDUCATION 5

a. Les limites de l’offre éducative 6

b. Les problèmes liés à l’accès à l’enseignement 7

c. Des pistes de solution pour l’accès 7

II- LA QUALITE DE L’EDUCATION 9

A- Problématique de la qualité des enseignements

dans le système éducatif 10

B- Diagnostic de la qualité de l’enseignement 11

C- Des pistes de solutions pour améliorer

la qualité de l’enseignement 14

III- LA GESTION DE L’EDUCATION 18

A- Etat des lieux sur la gestion de l’enseignement 19

B- Les difficultés liées a la gestion 19

C- Assainir et moderniser la gestion 20

99

Page 100: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

INTRODUCTION

Avant l’indépendance, le système éducatif était régi par l’arrêté du 2 août 1945 du

gouverneur de l’AOF. C’était un système éducatif pratiquement français de par ses programmes,

ses structures, ses méthodes, son administration et sa gestion. Les enseignements portaient en

général ; en histoire sur l’histoire de la France, en géographie sur les structures administratives de la

France et les institutions scolaires dépendaient des académies de France.

A l’indépendance, le droit à l’éducation fut inscrit dans la constitution de la République

marquant du coup l’accès gratuit à l’éducation. Ainsi, avec la loi d’orientation de 1971, l’accès libre

à l’enseignement public fut consacré et l’enseignement privé fut également autorisé, reconnu et

subventionné selon certaines conditions. Cette école qui marque une rupture timide se préoccupait

de mettre sur pied des réformes prenant en compte les préoccupations du pays. Toutefois c’était une

école qui est restée pendant longtemps élitiste, coûtant cher et fermant ses portes à la majorité des

enfants en âge de scolarisation. En conséquence, des réformes successives ont été entreprises pour

d’abord, marquer une certaine démarcation vis-à-vis du système français et ensuite, décentraliser et

déconcentrer l’administration scolaire (départementalisation, régionalisation, création de structures

de formation d’enseignants etc.). C’est dans cette optique que de grands efforts sont consentis pour

augmenter l’offre d’éducation.

A ce niveau, il est important de noter la part importante du budget de l’Etat consacrée à

l’éducation, les ressources provenant de la coopération bilatérale et multilatérale (FAC, FED et

autres ONG), l’engouement des populations qu’on pouvait lire par la mise en place de classes sous

abris provisoires en Casamance et au Fleuve.

Sur le plan des écoles de formation des enseignants, on peut retenir l’Ecole Normale

Supérieure dont la vocation est de former des professeurs des Collège et Lycée et des Inspecteurs de

l’enseignement.

Pour la formation des instituteurs, il y avait l’Ecole Normale William Ponty, l’Ecole Normale

Germaine le Goff, le CFPS de Thiès où les enseignants en formation étaient recrutés à partir du

BAC. De plus, on pouvait décompter trois (3) Ecoles Normales Régionales, deux (2) CFPP. Au

total, plus de 1000 enseignants étaient recrutés chaque année sous la forte pression de la demande.

Avec la forte poussée démographique et les injonctions d’une situation économique

désastreuse, le secteur de l’éducation ne sera pas épargné. Cela se justifie par l’inadaptation des

contenus et des activités éducatives aux besoins socioculturel, économique, technique et

scientifique du pays. La tendance à la stagnation du taux de scolarisation élémentaire en constitue 100

Page 101: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

l’illustration la plus plausible. Cette crise du système éducatif va aboutir à la convocation des Etats

Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) en 1981 et l’examen de leurs conclusions est

confié à la CNREF. Cette étape constitue un moment historique de l’école sénégalaise. Les

conclusions de ces assises de l’éducation ont permis de mieux définir la politique éducative à

travers laquelle les priorités sont nettement déclarées et beaucoup de projets sont montés avec les

partenaires notamment la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et le Fonds de

l’OPEP, etc.

A- LES LIMITES DE L’OFFRE EDUCATIVE

1°) LE TAUX D’INSCRIPTION DES ENFANTS DE 7 ANS.

Le système éducatif est un système à plusieurs vitesses. En réalité, l’école est reproductrice

des inégalités sociales.  Alors la libéralisation de l’offre éducative est tronquée. Notre école est

élitiste, coûteuse et discriminatoire malgré les gros investissements consentis par l’Etat,

l’accroissement du dispositif infrastructurel et le relèvement sensible du TBS grâce aux effets de la

scolarisation des filles (SCOFI) et des campagnes de sensibilisation intense au profit du recrutement

à l’occasion d’événements telle que la semaine de l’école de base.

L’accès à l’éducation s’analyse à partir de la population scolarisable. Le taux d’admission est

le pourcentage du nombre d’enfants de 7ans qui sont inscrits chaque année. Si ce taux est de l’ordre

de (70 %) en ………, évolue-t-il et à quel rythme? Mais, le problème, c’est ceux qui ne sont pas

inscrits. Pourquoi ils ne le sont pas? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Où sont-ils ?

2°) LE TAUX BRUT DE SCOLARISATION

Le TBS qui est aujourd’hui de l’ordre de 82,5 % en 2007 est biaisé car englobant ceux qui

sont âgés de 12 ans et au-delà qui sont encore au primaire. En conséquence, la progression interne

n’est pas fluide et cela pose encore une fois la qualité de l’enseignement.

Le constat  est que par rapport à l’accès, on est très éloigné de l’objectif de scolarisation

universelle de Jomtien (Thaïlande1990).

101

Page 102: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

3°) L’OBJECTIF DE L’EPT EN 2000 N’EST PAS ATTEINT

En milieu rural, on retrouvait dans les années 1990-2000 près de 500 classes sans maître. En

tout état de cause, l’éducation pour tous n’est pas encore une réalité au Sénégal. Entre autres

raisons, on peut retenir l’ajustement structurel qui s’est traduit par la maîtrise de la masse salariale

pour dégraisser la fonction publique, la mise en veilleuse de la formation (250 formés contre 1200

par an face à un besoin annuel de remplacement de plus de 200 enseignants ayant acquis leur droit

à la retraite), le problème de planification et l’incitation à aller à la retraite (départ volontaire).

4°) POURTANT DES EFFORTS IMPORTANTS ONT ETE FAITS

Les succès encourageants qui méritent d’être retenus sont la campagne de la scolarisation des

filles (SCOFI) qui a réellement boosté l’admission et le niveau acceptable du taux brut de

scolarisation, l’autorisation de recrutement de 700 enseignants et l’autorisation des Classes à

Double Flux (CDF) et des Classes Multigrades (CM), mais aussi le relèvement du budget alloué à

l’éducation (40% du budget de l’Etat) qui, cependant, ne cesse d’alimenter la controverse.

C) LES PROBLEMES LIES A L’ACCES A L’ENSEIGNEMENT

Le système éducatif sénégalais présente des disparités dans l’accès entre garçons et filles,

entre régions, entre secteurs ou sous secteurs et un déficit criard d’enseignants.

Le défi de l’éducation pour tous reste un élément crucial dans l’ordre de bataille des objectifs

du système éducatif sénégalais et du PDEF. En réalité, les 30% (……) des enfants de 7 ans qui ne

sont pas inscrits à l’école peuvent être répartis comme suit :

5) Ceux dont les parents ne veulent pas de l’école ;

6) Les enfants en situation de travail ;

7) Les enfants de la rue (talibés) ;

8) Les enfants des zones sans écoles ;

9) Les enfants souffrant d’un handicap (sourds, muets, non voyants, déficients

mentaux).

D) DES PISTES DE SOLUTION POUR L’ACCES

1) ELARGIR DAVANTAGE L’ACCES A L’EDUCATION

102

Page 103: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Il faudra avant tout libéraliser effectivement l’offre éducative à travers un élargissement de

l’accès à tous les niveaux, accroître le dispositif infrastructurel et le mobilier scolaire de qualité,

assurer une dotation suffisante en manuels et intrants pédagogiques et procéder à un recrutement

d’enseignants en quantité et en qualité.

2) POURSUIVRE LE PROGRAMME DE CONSTRUCTION D’ECOLES

NOUVELLES SELON UNE CARTE SCOLAIRE RATIONNELLE

La première action pertinente qu’il convient de poser est le renforcement et la poursuite du

programme de construction d’écoles nouvelles selon une carte scolaire équilibrée et cohérente.

Cette action sera renforcée par un vaste programme de généralisation des cantines scolaires. Ceci

relève de la responsabilité de l’Etat et des Collectivités locales par rapport à leurs missions

régaliennes d’orientation et d’accompagnement.

3) ELABORER UN PROGRAMME DE MISE EN PLACE PROGRESSIVE

D’ETABLISSEMENT SPECIAUX AU PROFIT DES ENFANTS HANDICAPES

Sous la responsabilité de l’Etat, des partenaires extérieurs, des ONG et des bonnes volontés,

il urge de mettre en place un programme dénommé SCOHANDICAP pour renforcer l’ouverture de

l’accès aux jeunes atteints d’un handicap.

4) ENCOURAGER ET ASSISTER TOUS LES PROJETS AYANT POUR OBJECTIF LE

RETRAIT DES ENFANTS DE LA RUE

L’idée est de rendre effectif la libéralisation de l’offre d’éducation et l’autonomisation des

structures parapubliques et privées pour marquer l’élan irrévocable de l’élargissement de l’accès en

rendant publiques les bonnes expériences comme le Programme de Renforcement des Familles

(PRF) de l’AN/ Villages D’Enfants SOS et Kinderndorf International, la Partenariat pour le Retrait

et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) initié par le Gouvernement du Sénégal et la

Banque Mondiale, etc.

5) SUSCITER UN VIGOUREUX MOUVEMENT DE PLAIDOYER POUR LA

RECONNAISSANCE ET LE RESPECT DES DROITS DE L’ENFANT A

L’EDUCATION.

Ce mouvement sera orienté vers les familles et certaines communautés hostiles à l’école.

L’initiative sera portée à la fois par l’Etat d’abord, ensuite par les ONG, les mouvements de

défense des femmes, les chefs religieux, les syndicats, les organisations de la société civile,

etc.

103

Page 104: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

A- PROBLEMATIQUE DE LA QUALITE DES ENSEIGNEMENTS DANS LE SYSTEME EDUCATIF :

De nos jours, le slogan au cœur de la sphère du système éducatif est la baisse de niveau des

apprenants.

L’interrogation est la suivante : cette baisse de niveau est-elle le résultat d’une conjonction de

facteurs ? Les effets de causes multiples ? Quels sont ces facteurs et causes ? Ne pourrait-on pas

considérer le tout dans une série de causalité ?

Une chose est au moins certaine, c’est le niveau faible du taux de réussite aux différents

examens, mais encore et surtout le défaut de qualité des produits obtenus que sont ceux-là qui sont

considérés par l’évaluation certificative comme les bons produits. En termes clairs, le mal est

profond. L’analyse de ces statistiques et produits conduit directement à la source du mal. C’est

pourquoi, dans cette amorce de réflexion, nous préférons l’approche systémique à celle simpliste et

parcellaire. Cette approche systémique consiste à porter la réflexion sur l’ensemble des actes des

acteurs et partenaires du système, du Chef de l’Etat et de ses Ministres chargés du secteur de

l’éducation et de la formation, aux enseignants, principaux acteurs à la base.

En effet, concernant la politique éducative telle qu’elle est déclinée dans le PDEF,

l’antériorité de la phase d’accès sur celle de la qualité pose la pertinence de la question du choix

porté sur la scolarisation universelle sans son corollaire, la qualité. En soi, la scolarisation

universelle est bonne, elle ne peut souffrir d’aucune critique.

Il n’est pas bon d’être nihiliste, mais il est remarquablement bon de savoir poser des

questions et de savoir remettre en question, quelquefois de manière inouïe afin de renverser les

pseudo – valeurs pour installer ou réinstaller les valeurs qui grandissent l’âme de l’humain.

En tout état de cause les gouvernants doivent fonder leurs politiques éducatives sur la

nécessité de réaliser la plénitude humaine, et corollairement les problèmes et revendications

légitimes posés par les enseignants doivent être traités efficacement sans louvoiement par les

autorités administratives compétentes. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Par ailleurs, certes les conditions sociales et matérielles du corps de contrôle et des

enseignants ne sont pas les meilleures, cependant, au-delà de toute considération particulière, ceux-

104

Page 105: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

là doivent, avec plus de profondeur, mesurer leur parcelle de responsabilité dans la faillite du

système éducatif du point de vue de la qualité des enseignants / apprentissages.

Des maîtres se plaignent de l’absence de contrôle et de soutien pédagogiques du corps de

contrôle. Des maîtres ou maîtresses s’absentent sans raison valable, d’autres viennent en classe sans

aucune volonté de bien accomplir leur devoir citoyen ; des directeurs d’école restent des semaines

voir des mois sans contrôler les préparations pédagogiques de leurs adjoints, ni les encadrer dans

leur pratique de classe ; des parents d’élèves qui ne viennent jamais se renseigner auprès des maîtres

du comportement ou du niveau de leurs enfants ; des élèves qui n’ont jamais de fournitures au

complet, bref, on pourrait encore continuer à énumérer les maux dont souffre le système éducatif.

Il semble clair que cette dimension humaine universelle dont nous avons parlé plus haut est

marginalisée au profit des considérations particulières. La qualité des enseignements en gémit de

douleur, et les apprenants en sont les victimes. Or l’accès à l’école et surtout la qualité de

l’enseignement ont un impact déterminant dans le processus de développement individuel et social

de l’enfant.

De là, chacun des acteurs du système est appelé à l’effort fondateur de l’éthique qui consiste

à participer activement à la réalisation du prochain, et particulièrement de l’apprenant car c’est de

lui qu’il s’agit ici. Et cela suppose une considération de la valeur humaine, une haute conscience

professionnelle, un sens de la citoyenneté, une auto responsabilisation de chacun des acteurs du

système éducatif, du sommet à la base.

B- DIAGNOSTIC DE LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT

De façon générale on peut retenir que les conditions d’enseignement / apprentissage sont peu

stimulantes, les effectifs sont pléthoriques. Il y a par ailleurs l’insuffisance du matériel didactique,

la faiblesse des performances scolaires et universitaires en comparaison avec des pays de l’Afrique

de l’Ouest en ce sens que les modèles d’évaluation des acquis sont encore obsolètes et archaïques ;

d’où une formation initiale et continue des enseignants au rabais.

1°) LA FAIBLE APPROPRIATION DES DISCIPLINES DITES INSTRUMENTALES

La faible appropriation des disciplines dites instrumentales est le tendon d’achille de la

mauvaise qualité de l’éducation. En réalité, la lecture n’est plus courante, le sens et la pratique des

opérations sont hésitants et l’écriture est mal en point (même la copie d’une leçon n’est plus

correcte).

105

Page 106: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

2°) DES INDICATEURS LE MONTRENT

Les indicateurs de performances du système scolaire sont encore très faibles. Au niveau des

résultats scolaires au CFEE le repêchage, est devenu la règle et malgré cela le taux d’admission

dépasse rarement 50%. De plus on note, une très grande proportion de redoublants malgré le

nouveau système de passage d’une étape à l’autre (l’interdiction de redoublement dans une étape).

3°) LES LIMITES DU MEDIUM D’ENSEIGNEMENT

La maîtrise de la langue française comme médium d’enseignement : la langue française est

loin d’être maîtrisée, or c’est l’instrument premier par lequel l’enfant accède à toutes les autres

connaissances (calcul, étude du milieu, etc.).

L’utilisation de la langue française est une difficulté majeure et elle n’est pas la seule.

Le français, langue d’enseignement, est utilisé comme s’il était la langue maternelle. On

imagine les difficultés immenses, souvent insurmontables que les enfants rencontrent pour assimiler

la lecture, le calcul, l’orthographe, la grammaire à travers un médium que peu d’entre eux

comprennent véritablement. Cela est d’autant plus vrai que, sur le plan purement linguistique, il est

évident qu’« apprendre une langue étrangère, ce n’est pas coller des étiquettes sur les données de

l’expérience ». Cela pose toute la problématique de l’enseignement du français en particulier et de

la didactique des disciplines en général. L’instruction dans une langue étrangère a un impact négatif

sur l’apprentissage et les enseignants sont mal préparés à gérer cette réalité.

L’approche curriculaire comme innovation pédagogique majeure est une initiative innovante

à saluer.

4) LE RECRUTEMENT ET LA FORMATION DES MAITRES

Un examen de la carte professionnelle des enseignants (personnel trop hétéroclite) montre

une situation de diversité extrême sur plusieurs plans, laquelle diversité autorise les questions

suivantes:

Il y a combien de catégories de maîtres ?

A quel niveau sont-ils recrutés ?

Quelle formation subissent-ils ?

De quels statuts relèvent-ils ?

Comment sont-ils gérés administrativement, financièrement, socialement, sanitairement?

A toutes ces questions, le comportement des syndicats et des consciences populaires et

citoyennes en apportent des éclaircissements ponctuels. 106

Page 107: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

5) LA QUASI INDISPONIBILITE DU MATERIEL DIDACTIQUE

Le déficit en matériel didactique est énorme en ce qui concerne le matériel collectif pour

pratiquement toutes les disciplines. Par ailleurs, les plupart des élèves sont dépourvus de manuels et

de petites fournitures scolaires. C’est un frein majeur à la qualité de l’enseignement quand on sait

que le matériel didactique est l’auxiliaire indispensable de l’enseignement surtout dans les classes à

effectif pléthorique.

6) LE TEMPS E TRAVAIL SCOLAIRE EST TRES REDUIT (QH

Le calendrier scolaire officiel n’est pas celui qui est réellement effectué. Le travail débute

deux à trois semaines après la rentrée et les classes sont fermées bien avant la fin du mois de juillet.

Le temps scolaire est largement compromis par les innombrables fêtes, les examens, les grèves des

maîtres et des élèves et le fort taux d’absentéisme entre autres. En conséquence toutes les années

scolaires sont presque théoriquement toujours blanches!

7) LE DEFICIT DE LA SUPERVISION ET DU CONTROLE PEDAGOGIQUE

Le déficit du contrôle pédagogique est criard du point de vue de l’encadrement et de la

supervision des directeurs d’école.

Le contrôle pédagogique des inspecteurs quant à lui fait largement défaut. Il est d’autant plus

aléatoire que les moyens de transport sont dérisoires hormis la gestion paternaliste dont ils sont

l’objet de la part de certains inspecteurs responsables de la gestion au premier chef.

Tous ces constats peignent le tableau pas très reluisant de l’enseignement élémentaire qui

pose la nécessité d’un vigoureux redressement. Les EGEF (avaient fait de l’enseignement

élémentaire (avec la formation professionnelle) la priorité des priorités pour la formation de

ressources humaines de qualité nécessaires au pays.

C- DES PISTES DE SOLUTIONS POUR AMELIORER LA QUALITE DE

L’ENSEIGNEMENT

1° INTRODUIRE LES LANGUES NATIONALES COMME MEDIUM D’ENSEIGNEMENT

TOUT AU MOINS DANS LES TROIS PREMIERES ANNEES DE L’ELEMENTAIRE

La question, les débats et réflexions, mesures et les initiatives continuent de tirer en

longueur. Il s’agit fondamentalement de procéder, avec toute la didactique et la technicité requises,

à un maillage conséquent de l’introduction des langues nationales et à un renforcement des horaires

107

Page 108: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

de ces langues dans les apprentissages. A ce titre toutes les implications et les présuppositions

psychopédagogiques, didactiques, socioculturelles seront étudiées avec toute la rigueur scientifique

requise. C’est un truisme de dire qu’apprendre à partir d’une langue maternelle est plus facile

qu’apprendre avec une langue étrangère.

Pour y remédier, il convient d’entrevoir une introduction réfléchie des langues nationales

pour les trois premières années comme médium privilégié.

Progressivement, l’élève est préparé à la maîtrise du français suivant une approche

fonctionnelle. Il sera ainsi convoqué par une pédagogie instruite par la logique de maîtrise de

l’expression orale et expression écrite ; les fautes étant davantage sanctionnées par une démarche de

consolidation et de remédiation des écarts de production.

2°) EXIGER UNE QUALIFICATION PROFESSIONNELLE POUR TOUS LES

ENSEIGNANTS

Dans le public il sera question de mettre un terme aux pratiques actuelles du recrutement telle que

le volontariat, le vacatariat, le quota sécuritaire ou complémentaire tout en bannissant le

clientélisme, le copinage et la forfaiture.

Dans le privé, il sera mis fin à la délivrance des autorisations d’enseigner sans diplôme

professionnel.

3°) RATIONNALISER LES NIVEAUX DE CARRIERES DES ENSEIGNANTS DE

L’ELEMENTAIRE EN LES RAMENANT A DEUX

La réforme devra obéir au schéma suivant :

- Extinction du corps des instituteurs adjoints (BFEM + 1 an) ;

- Maintien du corps des instituteurs ordinaires (Bac + 1 an) ;

- Création d’un corps nouveau de technicien de l’éducation (Bac + 3 ans).

Dans les modules de formation des techniciens de l’éducation, y introduire en plus des

questions classiques de pédagogie générale, de pédagogie spéciale, de législation et de déontologie,

des notions d’alphabétisation et d’initiation à l’informatique. En tout état de cause, la durée de la

formation qualifiante ne saurait être inférieure à une (1) année (soit 12 mois). Cette mesure

devra s’accompagner de mesures transitoires de soutien et de requalification pour ceux qui seront

encore dans le système.

Enfin, pour ce qui concerne le personnel et le calendrier scolaire, prendre toutes les mesures

législatives et réglementaires nécessaires à cet effet.

108

Page 109: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Par ailleurs, l’Etat doit travailler à une meilleure revalorisation de la situation matérielle et

financière des enseignants – avec une des avantages supplémentaires à ceux qui sont en service en

milieu rural.

En outre, l’avènement d’un code de conduite consensuel mettant en relief les obligations

réciproques de pouvoirs publics et des syndicats, en termes de prise en charge diligente de leurs

revendications pédagogique et statutaire et de respect scrupuleux des engagements contractés, est

vivement souhaitée

4°) METTRE A DISPOSITION LE MATERIEL DIDACTIQUE ADEQUAT ET SUFFISANT

La dotation en matériel didactique devra être effective pour toutes les disciplines aussi bien

sur le plan collectif qu’individuel. Cependant, l’accent devra être mis sur les manuels principaux

dans une dimension stratégique de gratuité des manuels et fournitures à l’instar de l’expérience (de

1983- 1988) en la matière qui a eu des résultats positifs. Il est aussi important à ce niveau de veiller

à la dotation correcte des écoles en bibliothèques scolaires et à l’incitation des élèves à la lecture de

façon à renforcer la maîtrise des divers aspects de la langue (oral et écrit).

En somme, pour arriver à résorber le déficit en manuel scolaire, il faudrait penser à mettre en

place une bonne politique éditoriale. 

En outre le système, dans la perspective de promotion de l’égalité entre les élèves pour

museler les écarts de niveau de provenance sociale, généralise le port des uniformes en complément

de l’équipement en matériel didactique individuel (livres et cahiers).

5°) RESTRUCTURER L’ANNEE SCOLAIRE POUR FAIRE TRAVAILLER DAVANTAGE

Selon les statuts (1966), les enseignants ont droit à deux mois de congé par an. Ainsi donc,

l’année scolaire doit s’étaler normalement sur 10 mois. Considérant qu’il serait trop facile de jeter

l’anathème sur les enseignants et les élèves, il serait intéressant de revisiter la proposition faite en

1974 par les Inspecteurs de l’Enseignement Primaire (IEP).

En substance il s’agira de planifier l’année scolaire comme suit :

Rentrée des classes :

- 1er octobre pour les maîtres ;

- 2 novembre pour les élèves ;

- Fermeture des classes : le 30 Juin ; soit pour les enseignants 8 mois ou 32

semaines de travail plein à raison de 30 heures par semaines;

Les examens : tous les examens se dérouleront du 1er au 31 Juillet.

109

Page 110: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Ce faisant, le système va accéder au quantum horaire de 900 heures par année.

L’intérêt est que le mois d’Octobre sera réservé à la préparation de la rentrée des classes (mis en

place des maîtres, nettoyage de l’école et des classes, etc.).

Ce sera l’occasion d’organiser les examens professionnels écrits des enseignants.

Les examens scolaires seront concentrés au mois de Juillet et tous les enseignants seront

disponibles pour les corriger ou les surveiller.

En ce qui concerne les fêtes scolaires, religieuses ou légales, elles seront normalisées et leur

durée sera ramenée deux semaines au total.

Pour éviter les « années blanches », il nous paraît nécessaire de d’instituer un quantum

horaire valable pour toutes les classes du cycle élémentaire, et un quantum horaire pour tous les

autres niveaux.

Quant au système de redoublement, il est conditionné par le niveau de performances requis

dans chaque classe (et non dans l’étape) pour minorer l’éventualité d’un cumul exagéré

d’insuffisances.

6°) RENFORCER LA SUPERVISION ET LE CONTROLE PEDAGOGIQUE

Le dispositif devra permettre d’astreindre les directeurs d’établissement à assurer

effectivement leur rôle d’encadrement pédagogique. Il sera question de façon pratique et régulière

de procéder à la validation des documents pédagogiques et administratifs et d’insister sur le respect

des horaires de travail. En outre, il faudra assurer une assistance de 6 heures par semaine aux jeunes

enseignants et sévir contre l’absentéisme.

Pour mieux assurer le contrôle pédagogique que doivent effectuer les inspecteurs, il est

inévitable de doter les Inspections Départementales de l’Education Nationale (IDEN) de moyens de

transport conséquent et d’instaurer les conditions d’une gestion non personnalisée et non

paternaliste. Ainsi, il sera possible des respecter la planification du contrôle pédagogique des

maîtres avec un ratio d’au moins une inspection tous les trois (3) ans.

Dans la perspective d’une véritable école de qualité, les mots d’ordre devront être sans

conteste la limitation des effectifs par classe, la généralisation et la pérennisation des bonnes

pratiques et expériences (en pédagogie, en mobilisation sociale et en gestion), l’élargissement des

réformes et innovations pédagogiques, l’adaptation des curricula de formation aux réalités locales,

l’institutionnalisation d’un dispositif de renforcement des acquis pour les élèves faibles tout en

changeant le paradigme de l’évaluation (évaluation certificative et qualifiante à la place d’une

évaluation diplômante. 110

Page 111: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

A) ETAT DES LIEUX SUR LA GESTION DE L’ENSEIGNEMENT

Le transfert de compétences aux Collectivités Locales en matière éducative est une initiative

très heureuse. Il faut noter les efforts d’amélioration de la gestion par la mise en place d’un système

de gestion ouvert (Comité de Gestion d’Ecoles, Cellule Ecole Milieu, Conseil d’Etablissement,

etc.). Toutefois, la faiblesse des capacités locales de planification et de gestion limitent les

possibilités de transfert d’autorité, de moyens et de responsabilités. Ce qui constitue un goulot

d’étranglement pour le fonctionnement du système de décentralisation en général et de l’éducation

en particulier. En réalité, le transfert des compétences aux collectivités en matière d’éducation n’est

qu’un transfert de façade car les collectivités locales n’interviennent que de manière sporadique

surtout quand leur crédibilité ou leur quiétude institutionnelle et politique sont menacées. Cette

situation est d’autant plus atroce que les fonds de dotation et les fonds de concours arrivent

tardivement. Les crédits alloués aux écoles ne sont que des sortes de bouches trous qui sapent en

réalité le bon fonctionnement des établissements scolaires qui ne reçoivent pratiquement des

collectivités locales qu’une dotation en craies.

B) LES DIFFICULTES LIEES A LA GESTION

La carence de la gestion des ressources humaines est manifeste. Elle se matérialise par une

instabilité institutionnelle, une dispersion des moyens, une gestion défectueuse des ressources de

l’école, des réformes et innovations pédagogiques jamais achevées, un pouvoir de décision au sein

des écoles qui est plus l’affaire des enseignants que de la communauté.

111

Page 112: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Aujourd'hui, le plus grand mal dont souffre le système éducatif Sénégalais, c'est l'absence

d'un dispositif de pilotage cohérent, et ceci à tous les niveaux. Le Conseil National de l’Education et

de la Formation (CONSEF), présidé par le Premier Ministre ne s'est pas réuni depuis 2004 alors

qu'il doit tenir une réunion annuelle. Le Comité National de Coordination et de Suivi (CNCS)

présidé par le Ministre de l'Education a connu le même sort. Il en est ainsi des organes

déconcentrés, à savoir le Comité Régional de Coordination et de Suivi CRCS (au niveau régional)

et la table de concertation (au niveau départemental). La léthargie constatée dans le fonctionnement

de ces organes de pilotage et de suivi du PDEF est à l'origine de beaucoup de conflits entre le

Gouvernement et les autres acteurs du système, notamment les enseignants.

En ce qui concerne la gestion administrative et pédagogique, la Banque ECOBANK veut

s'occuper du paiement des salaires des Contractuels, mais se heurte à un problème de fichier; ni le

Ministère de l’éducation, ni celui de la fonction publique ne sont en mesure de fournir un fichier

fiable. Ce qui renseigne sur la légèreté avec laquelle les personnels contractuels sont gérés.

Il en est ainsi dans les recrutements, les affectations et mutations des personnels (qui sont

devenus permanents tout le long de l'année).

Un grand laxisme est noté à ce niveau, aussi bien au niveau central que  déconcentré. L'organisation

des examens et concours, la délivrance des arrêtés d'admission et des diplômes n'échappent pas à ce

laxisme qui caractérise le fonctionnement de toutes les composantes du système.

La gestion pédagogique, gage de la qualité, est traitée en parent pauvre. Peu de directeurs

d'école s'occupent de l'encadrement de leurs adjoints, le ratio inspecteur/Maîtres est de l'ordre de

200 à 300 maîtres pour un inspecteur selon les endroits. Cette situation est source de frustration et  

de démotivation et ne favorise pas la formation continuée des enseignants à travers un suivi

pédagogique permanent. Certains enseignants attendent une commission d'examen pendant 5 ou

6ans, voir plus. En conséquence, l’instauration d’un système de contrôle et de supervision renforcé

s’impose aussi bien à l’élémentaire qu’aux autres niveaux du système éducatif.

C) ASSAINIR ET MODERNISER LA GESTION

Si nous ambitionnons de bâtir une école de qualité pour tous, nous devons mettre

l'accent sur la gestion de la qualité et cela passe par une utilisation efficiente des ressources

(humaines, matérielles et financières), mais aussi et surtout par une planification rigoureuse aussi

bien au niveau central que déconcentré.

Il serait judicieux par ailleurs de créer des comités locaux de suivi des curricula et de prôner

une gestion qui s’appuie sur les contrats d’objectifs et met en avant l’obligation de résultats. Cela va 112

Page 113: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

faciliter la stabilisation d’un outil de planification et de gestion du système et l’optimisation des

ressources humaines disponibles (réorganisation de la suppléance par exemple).

Sur le plan institutionnel, il serait judicieux de créer un département ministériel unique pour

l’Education, la Formation et la recherche, avec des directions générales fortes et un système de

corrélation et de coordination très opérationnel.

De plus, nous suggérons l’institutionnalisation des Etats Généraux de l’Education et de la

Formation (EGEF) tous les quatre (4) ans avec des instances de réflexion et d’échange qui

dépassent les préoccupations salariales, syndicales, etc. Toutefois, il faut qu’une commission de

suivi et d’évaluation se réunisse tous les deux (2) ans.

Quant aux personnels de contrôle et d’encadrement, notamment les inspecteurs de

l’éducation, il convient de mieux des outiller en instaurant des parcours de formations portés par

une spécialisation plus poussée dans leurs domaines d’interventions (didactique, gestion

administrative et financière, conception de politique publique d’éducation,…).

De plus, il importe de mieux les réarmer en matière de bonne gouvernance des programmes

et des projets (recherche constance de l’efficience, rationalisation des procédures de prise de

décision, participation des partenaires, …).

Il sera également pertinent par ailleurs de renforcer la contractualisation des services avec

des opérateurs spécialisés, de procéder à des évaluations périodiques internes et externes surtout

avant les fins de gestion, de créer des bases de données fiables à tous les niveaux du système. Les

mécanismes de sanctions (positives / négatives) doivent être rendus effectifs pour soutenir la culture

du professionnalisme et valoriser la pratique des principes déontologiques.

En dernier lieu, ce serait novateur et prospectif d’instaurer un cadre synergique d’échange

entre les écoles de formations, les universités et les personnels opérationnels pour promouvoir la

recherche action et appliquée.

113

Page 114: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL

BOCAR AMADOU LY

114

Page 115: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

OCTOBRE 2008

INTRODUCTION

L’éducation et la formation sont des maillons fondamentaux dans le développement politique,

économique culturel et social d’un pays. Elles façonnent le type de citoyen voulu dans le projet de

société clairement défini. C’est la raison pour laquelle le système éducatif dans sa globalité est un

tout harmonieux et les différents secteurs ne sont que des maillons d’une même chaîne. Dans ce

cadre, l’enseignement moyen général est à la croisée des chemins car devant assurer la jonction

entre l’enseignement élémentaire et l’enseignement secondaire pour permettre à l’élève soit de

s’insérer rapidement dans la vie active, soit d’accéder à l’enseignement supérieur.

ETAT DES LIEUX

Pendant de longues années, depuis l’indépendance il y a eu des CEG (premier cycle de la 6° à la 3°)

qui recevaient les élèves du CM2 du Cours Normal et des lycées regroupant aussi bien le premier

que le second cycle (de la 6° à la terminale) qui recevaient les autres élèves du CM2. Les lycées

étaient surtout installés dans les capitales régionales principalement à Dakar, Thiès, Kaolack,

Ziguinchor, Saint-Louis Cependant avec le boom démographique et l’accroissement des élèves

admis à l’entrée en 6° pour accéder à l’enseignement moyen, la nécessité de rapprocher les lieux

d’éducation des lieux d’habitation a favorisé la création des CEM de proximité, de même que des

lycées avec comme objectif d’augmenter le TBS surtout pour les filles en intégrant l’approche genre

dans le système éducatif et l’objectif visé par la phase 2 du pdef est d’augmenter les capacités

d’accueil dans l’enseignement moyen en portant le TBS à 50% en 2007 et le taux de transition

du CM2 à la 6ème à 53% en 2007 alors que l’objectif de l’année 2006 est d’atteindre un taux de

transition de 45% du CM2 en 6ème

Evolution des effectifs dans le moyen

1999/2000

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

2004/2005

2005/2006

TAMA

Garçons 112 230 116929 126141 140 028 159 343 176 920 199 620 10,1%

Filles 73 908 78083 87168 98 940 117 763 134 943 154 339 13,1%

115

Page 116: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Effectif G+F

186 138 195012213309

238 968 277 106 311 863 353 959 11,3%

% filles 39,7% 40,0% 40,9% 41,4% 42,5% 43,3% 43,6% 1,6%

Cette option est salutaire, mais elle ne doit pas suivre une logique politicienne mais plutôt

s’articuler autour d’une bonne maîtrise de la carte scolaire, du besoin objectif de création et tenant

compte de toutes les mesures d’accompagnement (locaux fonctionnels, enseignants de qualité en

nombre suffisant, matériel pédagogique et didactique en nombre suffisant, bonne gestion des cas

sociaux, intégration de l’école au milieu environnant etc…). Cependant il est apparu beaucoup de

cas où la création des CEM répondait plus à une préoccupation politicienne avec des rivalités entre

zones qu’à une bonne étude du milieu. La non étude scientifique des possibilités et des besoins et

une bonne préparation amenaient l’état à construire des abris provisoires, empruntant des locaux des

écoles élémentaires et des fois à démarrer les cours en décembre.

Le taux de transition des filles 47,9%, reste en dessous de la moyenne nationale et celui des

garçons est de 52,7%. Les garçons sont plus scolarisés que les filles comme en témoigne le TBS qui

est de 36,4% chez les premiers contre 26,5% chez les seconds. L’indice de parité qui se situe 0,73

et, en défaveur des filles, montre l’importance des efforts à fournir pour atteindre l’objectif d’équité

en matière de scolarisation pour ce niveau d’enseignement

Tableau#: évolution du TBS de 2000 à 2006

Cependant nous remarquons aujourd’hui un désintérêt de plus en plus accentué aux études, articulé

aux mauvaises conditions de travail surtout en banlieue avec des effectifs moyens de 90 par classe

avec des pointes de 120 et dans des classes de 3° avec des élèves qui doivent faire leurs

116

25,9%

16,8%

21,2%

36,4%

33,5%31,4%

28,7%

25,0%25,0%

26,5%24,1%

21,9%

19,1%

15,7%15,5%

28,7%

31,3%

26,5%

23,7%

20,2%20,1%

10,0%

15,0%

20,0%

25,0%

30,0%

35,0%

40,0%

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Garçons Filles Global

Page 117: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

examens .Comment peut on faire un travail sérieux avec de tels effectifs et avoir des résultats

satisfaisants aux examens ?

A cette difficulté supplémentaire s’ajoute le manque de moyens didactiques et de personnel

conséquent et le manque de motivation des enseignants. Et les résultats scolaires reflètent cet état de

fait.

RESULTATS EXAMENS ET CONCOURS

Année ScolaireExamen ou

Concours

Nombre

d’inscritsPrésents Admis

Taux de

Réussite

2000 / 2001

C.F.E.E. 138.595 135.244 68.126 50.37 %

Entrée en 6ème 140.465 138.625 44.755 32.28 %

B.F.E.M. 46.342 45.247 21.256 46.97 %

2001 / 2002

C.F.E.E. 146.052 141.921 64.311 45.31 %

Entrée en 6ème 148.408 143.169 48.545 33.90 %

B.F.E.M. 49.280 47.774 21.306 44.60 %

2002 / 2003

C.F.E.E. 159105 155976 78541 50.35 %

Entrée en 6ème 159043 151063 62359 41.28 %

B.F.E.M. 57961 56841 31184 54.86 %

2003 / 2004

C.F.E.E. 165987 157849 71108 45.05 %

Entrée en 6ème 163386 160977 72822 45.23 %

B.F.E.M. 63823 62472 34613 55.41 %

2004 / 2005

C.F.E.E. 180058 176523 83493 47.30 %

Entrée en 6ème 176808 174150 82333 47.28 %

B.F.E.M. 70967 70219 21193 30.18 %

2005 / 2006 CFEE 185263 182401 126645 69.43 %

117

Page 118: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Entrée en 6ème 180074 178123 95582 53.66 %

BFEM 100008 94940 35500 37.39 %

En 1999 En 2000 En 2001 En 2002 En 2003 En 2004 En 2005 En 2006

52.16 % 51.27 % 46.97 % 44.60 % 54.86 % 55.41 % 30.18 % 37.39 %

Remarque

La deuxième année d’application de la réforme du BFEM (2005-2006) a permis de mieux

comprendre les dispositions du décret et une meilleure préparation des candidats. Ce qui

pourrait expliquer la hausse de 07. 21 % notée sur les résultats de cette année.

Pour le BFEM franco – arabe, une légère baisse de -02. 04 % a été notée.

FAIBLESSES

Les faiblesses du moyen ont pour nom :

En matière de qualité

Déficit de professeurs de mathématiques et de professeur d’EPS ; Ce qui entraîne des

surcharges horaires ou des réductions horaires dans certaines classes. Le niveau académique

des professeurs est assez faible dans les disciplines scientifiques particulièrement, entraînant

du coup la faiblesse de niveau des élèves pourtant tant décriée

Le ratio manuel élève reste toujours faible (1,5) et loin de la norme fixée dans la deuxième

phase (en moyenne 1,5 au niveau national comme en 2005).

Déficit de classes physiques par rapport aux classes pédagogiques

Déficit du temps de travail lié aux multiples fêtes, démarrage tardif des cours et grèves

aussi bien des élèves que des enseignants

Déficit d’assistants sociaux

L’inexistence de cantines scolaires avec des élèves qui passent la journée à l’école sans

pouvoir se restaurer à cause de la journée continue

Dans le domaine précis de la formation, on a noté :

Les modules de formation sont non différenciés par rapport aux cibles. On a vu des

vacataires bénéficier des mêmes formations que des professeurs expérimentés alors qu’ils

n’ont pas les mêmes besoins

L’absence de passerelles permettant le passage de PCEM à PEM et de PEM à PES

L’insertion dans le système de vacataires sans formation pédagogique 118

Page 119: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Distorsion entre la planification pédagogique et la planification financière due à la lenteur

dans la mise à disposition des fonds prévus pour les formations.

Les CPN et les CPI n’ont aucune indemnité liée à leurs missions; conséquence des CPI

quittent la formation continuée pour des postes de responsabilité (lycée et collège), la

FASTEF ou pour devenir IS.

L’Absence de relations hiérarchiques entre PRF et CNFC. Un manque de cohérence ou une

dichotomie entre les objectifs nationaux de formation et les objectifs de formation ciblée au

niveau déconcentré.

Les PRF vivent dans un dénuement total qui a pour nom, manque de matériel et certains

sont couverts par d’autres structures.

Dans le domaine du Projet d’Etablissement :

Absence de mise en projet de beaucoup d’établissements

Absence systématique d’une évaluation des effets/ impacts des projets sur les rendements

scolaires et les enseignements apprentissages ;

Difficulté à mobiliser la communauté autour du PE ;

Faible participation des collectivités locales et des communautés au financement des actions

prévues dans le PE ;

Absence d’un dispositif d’évaluation interne du PE ;

Suite à la chute brutale enregistrée 2005 dans les résultats du BFEM (30,18%), le moyen affiche

une meilleure mine cette année avec 37,39% ; soit une hausse de 7,21%. Ces résultats au niveau

national sont confirmés par ceux des régions ; seules Saint-Louis et Dakar ont enregistré une

baisse en passant respectivement de 28, 3% à 25,73% et 34,6 % en à 34,16%.

Il est important de signaler que malgré cette hausse du taux de réussite au BFEM, 8 régions sur 11

régions ont enregistré des scores en deçà de la moyenne nationale ce qui mérite d’être instruit pour

comprendre les facteurs explicatifs afin de développer des stratégies d’amélioration.

Graphique# : évolution du taux de réussite au BFEM de 2000 à 2006

119

Page 120: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Taux de réussite au BFEM (%)

37,430,2

55,454,9

44,646,9

51,3

0

10

20

30

40

50

60

1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/2004 2004/2005 2005/2006

II Analyse des données de la situation

o les programmes ne sont pas adaptés aux réalités socio culturelles du milieu 

o il y a un suivi mécanique des réformes des programmes en France et la non

implication objective dans la définition des programmes des acteurs sur le terrain qui

ont une meilleure maîtrise de l’approche pédagogique de l’outil.

o On a l’impression que l’aspect mercantile prend le dessus sur le souci de

l’intériorisation des apprentissages avec beaucoup d’enseignants dans les zones

urbaines particulièrement qui font du « xar matt »  dans le privé avec beaucoup plus

de sérieux que dans le public s’ils ne s’érigent pas en GIE pour ouvrir des écoles

privées.

o Le système d’enseignement moyen général ne permet pas à l’élève en fin de cycle de

s’insérer dans le milieu productif s’il n’a pas les possibilités de poursuivre ses

études, ce qui repose de manière fondamentale les conclusions des Etats Généraux

sur le cycle fondamental en permettant à tous les enfants d’avoir le minimum

nécessaire en fin de cycle d’être productif et utile à la société. Mais cet objectif ne

peut être atteint sans un enseignant bien formé, motivé et mis dans des conditions

optimales de rentabilité non pas en terme mercantile mais de formateur et

d’éducateur. Comment peut- on demander à un enseignant d’être performant avec un

effectif de 80 à 100 élèves et plus ? Comment peut- on demander à un enseignant

d’être performant et de prendre son travail comme un plaisir et non un fardeau si on

ne lui permet pas par une promotion interne de gravir des échelles ? Ya-t-il de la part

des décideurs politiques une réflexion profonde ?

o Par ailleurs un enseignant du CEM comme du lycée peut rester toute sa carrière dans

le même corps. Et le corps des PCEM qui était prévu comme une situation transitoire

est devenue une situation pérenne. Il n’a aucune possibilité de devenir PEM s’il ne

retourne pas à l’université pour préparer la licence. L’enseignant du moyen n’a

aucune possibilité de promotion interne. Alors que l’Etat doit trouver des formes

120

Page 121: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

passerelles même sous forme de diplôme pédagogique. De ce fait les cellules

pédagogiques et la formation continue auraient un grand intérêt pour l’enseignant.

o Après 15 à 20 ans dans les classes, un enseignant doit nécessairement être reversé

dans une autre structure de l’éducation où il peut apporter son expérience et son

expertise à la génération suivante. Comment explique- t- on le manque criard de prof

de maths particulièrement si ce n’est par une non vision prospective claire et une non

visibilité de l’objectif recherché. Aujourd’hui la trouvaille est la formation de

vacataires et contractuels dans l’enseignement moyen et secondaire. Les termes

même de vacataire et contractuels sont révélateurs de l’objectif visé par le pouvoir.

o On ne peut pas ne pas parler des problèmes internes. Les méthodes d’évaluation

posent problème aussi bien dans les classes que lors des examens. Et le pire se

retrouve à l’enseignement supérieur. . On dirait que le très faible taux de réussite

aussi bien dans les évaluations internes que lors des examens ne semble pas

préoccuper les enseignants alors que cela devait les amener à s’interroger sur le

degré de réceptivité de leur message pour en déceler les raisons.

III - RECOMMANDATIONS

Pour un meilleur développement de l’enseignement moyen dans le cadre global d’un système

éducatif global, réunifié et harmonieux, nous recommandons les aspects suivants :

l’enseignement technique obligatoire pour tous au premier cycle

une bonne planification de la création des CEM

une évaluation de la journée continue dans le rendement des élèves

adéquation entre les classes physiques et les clases pédagogiques

équipement des CEM en matériel pédagogique didactique et scientifique

association des professeurs dans la définition des programmes

préparer l’élève à s’insérer dans la vie active à la fin du cycle

allier les cours théoriques aux travaux pratiques

121

Page 122: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

définir les programmes en fonction des objectifs

alléger les programmes afin de ne pas surcharger inutilement l’élève

limiter les effectifs par classe pour un enseignement performant

fixer le taux horaire annuel validant l’année par niveau et le communiquer aussi bien

aux élèves et aux enseignants

restaurer la discipline en revalorisant les décisions des conseils de classes

motiver les enseignants par la formation continue accompagnée de passerelles

Un statut clair du conseiller pédagogique doit être défini et appliqué

avoir une politique incitative pour maintenir en fonction les enseignants des

disciplines scientifiques

organiser un suivi régulier des enseignements par les IGEN et les IS

revoir les systèmes d’évaluation

instaurer un système de contrôler la gestion des établissements

Mise en place d’un plan d’urgence pour la formation de professeurs de maths et

d’EPS pour la résorption du gap à court terme

Cf Sources : Rapport d’exécution financière interne du PDEF 2006

SIGLES

CEG : Collège d’Enseignement Général

CEM : Collège d’Enseignement Moyen

TBS : Taux Brut de Scolarisation

122

Page 123: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

PDEF : Plan Décennal de l’Education et de la Formation

EPS : Education Physique et Sportive

PCEM : Professeur de Collège d’Enseignement Moyen

PEM : Professeur d’Enseignement Moyen

PES : Professeur d’Enseignement Secondaire

CPN : Conseiller Pédagogique National

CPI : Conseiller Pédagogique Itinérant

IGEN : Inspecteur Général de l’Education National

IS : Inspecteur de Spécialité

PRF : Pôle Régional de Fonctionnement

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL123

Page 124: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

AU SENEGAL

MACTAR GAYE

OCTOBRE 2008

L’Education et la Formation sont des sous secteurs névralgiques en ce sens qu’ils ciblent

généralement la frange la plus précieuse, la plus sensible, mais aussi la plus fragile de notre pays : la

jeunesse. Or, la qualité du système éducatif sénégalais est, aujourd’hui, de plus en plus sujette à

caution pour plusieurs raisons qui ne seront pas toutes évoquées ici : il s’agira de faire l’état des

lieux de l’enseignement secondaire général, le bilan du secteur et de préconiser des alternatives

1-L’ETAT DES LIEUX

Au lieu d’un discours spéculatif, l’observation de faits sur le terrain sera privilégiée ; l’accent

sera mis surtout sur les indicateurs d’efficacité internes. Autrement dit, il sera passé en revue

l’évolution du réseau d’établissements d’enseignement secondaire, les acteurs, le temps de travail et

les programmes, le budget et le conseil de gestion.

1-1 – L’évolution du réseau

Trois périodes intéressent cette évolution : de 1960 à 1981, de 1981 à 2000 et de 2000 à 2007.

1-1-1- La première période

124

Page 125: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

E n 1960, le SENEGAL accéda à l’indépendance avec peu de lycées dans les capitales

régionales suivantes : SANIT-LOUIS, DAKAR, THIES, KAOLACK et ZIGUINCHOR. C’était

assez suffisant pour justifier le régime INTERNAT dans le système scolaire secondaire jusqu’en

1981, date de la tenue des ETATS GENERAUX qui avaient abouti à des recommandations parmi

lesquelles on peut noter :

- la suppression de l’internat dont les conséquences étaient désastreuses ; beaucoup d’élèves, et pas

les moins brillants, avaient abandonné leurs études, d’autres avaient des troubles mentaux…

- la construction d’un lycée par département pour faciliter l’accès à l’enseignement secondaire.

_____________________________________________1Voir Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education, INDICATEURS 2000, juin 2000, p

1-1-2- La deuxième période

Des lycées étaient progressivement implantés dans les capitales régionales (qui n’en avaient

pas) d’abord ; puis dans les chefs lieux de département, voire dans les chefs lieux d’arrondissement.

Ainsi, en 1990/1991 le réseau de l’enseignement secondaire général couvrait 57 établissements (31

publics + 26 privés) contre 111 (48 publics + 63 privés) en 1999/200015. Le nombre

d’établissements secondaires a presque doublé en dix ans ; ces efforts s’expliquent par le souci de se

conformer à la Déclaration Mondiale qui avait lancé, en 1990, le concept d’« Education Pour

Tous » à l’an 2000.

1-1-3 – La troisième période

Cette période est marquée par trois événements majeurs :

- la tenue, à DAKAR, des assises sur le bilan de l’« Education Pour Tous » sur la période

1990-2000 ;

- le démarrage du Programme de Décennal de l’Education et de la Formation ;

- l’alternance politique.

C’est la période de création, à outrance, d’établissements secondaires ; le nombre de 1999-2000 a plus

que doublé : il passe de 111à 223. Ils sont ainsi répartis dans le tableau (2) suivant :

15 2 Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE 2006/2007

125

Page 126: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ETABLISSEMENTS

ZONE STATUT Premier et Second cycle

Second cycle

Rural PrivéPublic

314

12

Total Rural 17 3Urbain Privé

Public12734

537

Total Urbain 161 42Total 178 45 La

densité du réseau varie en fonction de la zone : en zone rurale le public l’emporte sur le privé ; c’est

l’inverse en zone urbaine. Cependant, il faut signaler que la taille des établissements publics est

généralement plus grande que celle des privés Comme on le voit les établissements prolifèrent, mais

dans quelles conditions ?

On note que :

- dans quelques départements, on transforme un CEM en lycée sans de nouvelles

infrastructures (salles de classe, latrines, bibliothèque, etc.) ; les cours sont dispensés sur

deux ou trois cites différents, éloignés les uns des autres durant les premières années

d’existence : se posent alors des problèmes de surveillance, de déplacements des élèves et

des professeurs, de perte de temps, etc.

- dans d’autres, on construit de nouvelles infrastructures mais non équipées ;

- dans certains, on implante des abris provisoires qui résistent peu aux intempéries et

paradoxalement pour une durée assez longue.

Toutefois, ce nombre important d’établissements secondaires a permis d’accroître

considérablement l’effectif total des élèves du secondaire qui passe de 58983 (dont 38% de filles)

en 2000 à 105918 (39,1% de filles) en 2007. Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) passe ainsi

globalement de 9,9% à 14,38% ; de 13,1% à 17,16% chez les garçons et de 7,1% à 11,48% chez les

filles.

1- 2 – Les acteurs

L’accent sera mis ici sur l’administration interne, le corps professoral, les élèves et les performances

1-2-1- L’administration interne

126

Page 127: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Il sera passé en revue quelques membres du personnel administratif déterminants dans la gestion

des ressources humaines d’un lycée : le Proviseur, le Censeur, les Surveillants généraux, les

Surveillants simples, le Bibliothécaire et l’Assistant(e) social(e). Ils jouent dans les normes un rôle

capital pour la bonne marche du lycée :

- le Proviseur : c’est le chef d’établissement, la personne morale de l’équipe. Certains

Proviseurs savent manager leur équipe, d’autres non, par manque d’expérience et / ou insuffisance

de formation. On peut être directement Proviseur sans être auparavant Censeur.

- le Censeur : il s’occupe, en principe, des affaires pédagogiques : il confectionne les emplois

de temps… distribue les classes en tenant compte de l’avis du Proviseur, s’il en émet, et

généralement des vœux des Professeurs. Mais il y a souvent conflit de domaine de compétence

entre Proviseur et Censeur, ce qui ne tarde pas à déteindre sur la qualité des enseignements… ;

- les Surveillants généraux et les Surveillants simples : dans beaucoup d’établissements

leur nombre est insuffisant et chacun a un jour de repos dans les jours ouvrables de la

semaine ; la plupart du temps, c’est le Censeur qui fait, à leur place, ce travail de

surveillance ;

- le Bibliothécaire : dans nos lycées, ce n’est pas en général un Bibliothécaire de formation

mais un surveillant chargé de gérer la bibliothèque ; les élèves ont le plus souvent peur

d’entrer dans la bibliothèque (qui, généralement, ressemble à un magasin de livres exigu et

sombre) et / ou d’emprunter des livres au Bibliothécaire qui les terrorise. Il y a très peu

d’établissements secondaires dotés de toutes les œuvres au programme en nombre suffisant ;

certains établissements n’ont même pas de bibliothèque ;

- l’Assistant(e) social(e) : peu de lycées ont un(e) Assistant(e) alors qu’il (elle) peut jouer un

rôle essentiel dans la prise en charge de certains élèves en difficulté : beaucoup de perditions

scolaires sont dues à l’absence de cette personne.

-

1-2-2 – Le corps professoral

Autrefois, on recrutait les professeurs à la suite d’une année de formation à l’ENS (actuelle

FASTEF). Actuellement, il existe deux schémas de recrutement :

- les professeurs qui ont d’abord fait une ou deux années de formation à l’ENS ou à l’actuelle

FASTEF ;

- les professeurs vacataires sélectionnés uniquement sur la base de leur formation académique ;

ils pratiquent les classes pendant au moins deux années scolaires avant de recevoir, pour une durée

de 45 jours, une formation pédagogique. Ils peuvent ensuite devenir des professeurs contractuels.

127

Page 128: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Certes des cellules pédagogiques existent dans les écoles, mais leur travail se limite généralement à

harmoniser les enseignements et à organiser des devoirs communs.

Les Inspecteurs de spécialité devaient aider à améliorer les enseignements, mais ils sont en nombre

insuffisant, avec peu de moyens.

Il s’y ajoute que le nombre d’enseignants reste insuffisant.

Conséquences :

- des surcharges horaires pour les professeurs accompagnées souvent de réductions horaires

pour les élèves ;

- selon les cas et les zones, des professeurs de collège d’enseignement moyen (PCEM)

interviennent dans le secondaire et même tiennent des classes de terminale, l’essentiel, pour

certains Inspecteurs d’Académie et Proviseurs, étant de faire fonctionner les classes.

Cette insuffisance est plus marquée chez les professeurs de mathématiques ; les départements

éloignés des grandes villes en souffrent beaucoup.

A Backel, par exemple, un professeur de physique et chimie dispensait, durant l’année scolaire

2007 – 2008, des cours de maths dans les classes de terminales S. A Dakar, les postes vacants en

maths ne sont plus déclarés dans les « miroirs » : pour les autorités, il est plus facile d’avoir un

vacataire en maths à Dakar que de l’avoir ailleurs. Avec la tendance actuelle (les mathématiciens

s’orientent de plus en plus vers une spécialisation dans les TIC), on peut craindre le pire : ne plus

trouver, dans un futur proche, un mathématicien candidat au recrutement.

Il faut également signaler :

- la fuite des cerveaux vers d’autres secteurs plus offrants. Beaucoup d’enseignants font le

concours de l’ENAM pour devenir entre autres administrateurs civils ; certains restent dans

la vacation le temps de réunir la somme nécessaire pour émigrer ;

- l’abnégation de certains professeurs qui, en accord avec leurs élèves, travaillent, même les

jours fériés et/ou de repos, pour terminer à temps leurs programmes ;

- l’image négative de l’enseignant : il est diabolisé par les autorités, méprisé par la société ; il

n’est plus un modèle pour l’élève ;

128

Page 129: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- le comportement déviant de quelques enseignants : certains professeurs dispensant des cours

de renforcement payants à leurs propres élèves défavorisent les autres dans le choix des

sujets de devoir ; une manière d’inciter les autres à joindre leur groupe ; d’autres font la cour

à leurs élèves, vendent des cours polycopiés ;

- les cours dispensés dans les établissements privés : certains professeurs négligent les élèves

du public au profit de ceux du privé ; d’autres, très sérieux dans les deux cas, s’épuisent

davantage ;

- le mouvement des enseignants défavorise les zones dites déshéritées.

- les grèves d’enseignants : l’insatisfaction ou la satisfaction tardive et/ou partielle des

revendications syndicales et, quelquefois, l’irrespect des accords par le gouvernement entraînent des

grèves répétitives qui réduisent considérablement le temps des enseignements.

Conséquence :

Soit l’enseignant ne termine pas le programme, soit il distribue le reste dans des feuilles

polycopiées, pour se donner bonne conscience.

1-2-3- Les élèves et les performances

Dans nos établissements le nombre des classes physiques (salles) est presque toujours inférieur à

celui des classes pédagogiques (groupe d’élèves ayant le même emploi de temps). Ce qui entraîne la

rotation de celles-ci avec ses corollaires (bruits, pertes de temps…).

*L’effectif des classes pédagogiques :

Particulièrement pléthorique dans beaucoup d’établissements, il pose trois problèmes

majeurs :

- le professeur a peu d’espace pour se déplacer et surveiller le travail de ses élèves ;

- il a d’énormes difficultés à organiser plus de deux devoirs surveillés par semestre (celui-ci

étant très court chez nous) et peu d’enseignants ont trouvé d’autres types d’évaluation

efficaces.

129

Page 130: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- la promiscuité aidant, certains élèves ne font qu’observer la copie ou le cahier des autres

pour recopier, ce qui instaure la culture de la tricherie.

Toutefois, il faut signaler que l’effectif de la série S1 est très réduit : il varie entre huit (8) et

treize (13) selon les écoles ; c’est un gâchis par rapport au nombre de professeurs mobilisés.

Le passage en classe supérieure :

La recherche effrénée de la scolarisation universelle, sous la pression des bailleurs de

fonds, favorise l’amalgame et le superficiel.

Les paramètres quantitatifs cachent mal la faiblesse du niveau de nos élèves : le taux de

redoublement est encore élevé même si les élèves passent en classe supérieure :

- à l’élémentaire, par quota et non en fonction de la moyenne ;

- aux moyen et secondaire, souvent avec une moyenne de 09,5/20 au lieu de 10/20 et plus ;

- une moyenne de 10/20 au lieu de 12/20 permet, sans le BFEM, d’orienter l’élève en classe

de seconde.

NB :

En 2006, le Ministre de l’Education National, dans sa note de service N° 004129 du 08 septembre

2006 adressée à l’Inspecteur D’académie de DAKAR, a pris, entres autres, la disposition suivante :

«  - Pour ce qui concerne les classes bloquées (sans notes du second semestre ou avec des notes

en nombre insuffisant), tenir compte des notes du premier semestre, avec la moyenne de 09/20

comme barre de passage en classe supérieure.

- Pour les élèves ayant une moyenne comprise entre 08 et 09/20, les considérer comme

repêchables pour le passage en classe supérieure en tenant compte des critères habituels (âge,

déroulement de la scolarité, conduite, notes dans les matières dominantes, notes disponibles du

second semestre ».

Les conseils de classes étaient tenus, au mois de septembre, par l’administration de chaque

établissement concerné.

*Les taux de redoublement :

130

Page 131: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Le tableau (3) suivant résume les données générales de l’enseignement secondaire général en 2006/2007 :

ETABLISSEMENTSCP ou

EFFECTIFS REDOUBLANTS

Zone Statut1° et2° cycle

2° cycle GP G F Total %F G F Total %F

RuralPrivé

Public

3

14

1

2

4

103

8

2346

5

1071

13

3417

38,5%

31,3%

0

203

0

113

0

316 35,8%

Total Rural 17 3 107 2354 1076 3430 31,4% 203 113 316 35,8%

Urbain

Privé

Public

127

34

5

37

589

1677

12773

49346

9967

30402

22740

79748

43,8%

38,1%

1944

6888

1417

4281

3361

11169

42,2%

38,3%

Total Urbain

161 42 2266 62119 40369 102488 39,4% 8832 5698 14530 39,2%

Total 178 45 2373 64473 41445 105918 39,1% 9035 5811 14846 39,1%

_______________

(3) Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE NATIONAL 2006/2007, p.111

CP : classes pédagogiques ; GP : groupes pédagogiques

A partir du tableau, on peut savoir qu’en 2006/2007 :

- le taux national de redoublement s’élève à 14,01% (14846/105918)

- ce taux, chez les filles, est de 14,02% (5811/41445) contre 14,01% (9035/64473) chez les

garçons ;

- le taux national de redoublement dans le privé est de 6,22% (1417/22753) contre 13,8%

(11485/83165) dans le public ;

- le taux de redoublement dans le privé rural est de 0% contre 6,23% (1417/22740) dans le privé

urbain ;

131

Page 132: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- le taux de redoublement dans le public rural est de 9,24% (316/3417) contre 14% (11169/79748)

dans le public urbain ;

- le taux de redoublement, dans le privé et chez les filles, est de 6,23% (1417/22740) contre

13,96% (4394/31473) dans le public ;- le taux de redoublement, dans le privé et chez les garçons,

est de 15,21% (1944/12773) contre 13,71% (7091/51692) ;- le taux de redoublement, dans le privé

rural t chez les filles, est de 0% contre 14,21% (1417/9967) dans le privé urbain .Le taux de

redoublement varie donc en fonction du sexe, de la zone et du statut de l’établissement.

*Les taux de réussite au BAC :

A partir des documents (4) confectionnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de

l’Education (DPRE) et rapports d’activité de l’OFFICE du BAC, on peut dresser le tableau suivant qui résume

l’évolution du taux de réussite au BAC, de 1999 à 2008

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 200844,3% 39% 53,1% 39,7% 44,2% 46,1% 45,5% 50,2% 48,6% 42,9%______________________________

(4) Voir : DPRE, SITUATION DES INDICATEURS DE L’EDUCATION 2000-2005, oct. 2005 ;

DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2006, p. 75

DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2007, mai 2007, p.84

_______________________________________

Le taux de réussite évolue en dents de scie, avec une chute à partir de 2006. En outre, ce taux ne

révèle pas toute la faiblesse du niveau des candidats ; l’examen du

BAC se fait en deux groupes :

- ont réussi au premier groupe les candidats ayant une moyenne supérieure ou égale à 10/20 (à

l’examen) et ceux, après repêchage par le jury, qui ont une moyenne tournant autour de

09,50/20 ;

- les candidats ayant obtenu une moyenne au moins égale à 08/20 sont admissibles au

deuxième groupe ; comme le sont ceux qui avaient un peu moins de 08/20 et qui sont

repêchés. La délibération se fait comme au premier, avec possibilité de repêcher encore. De

plus, les épreuves du deuxième groupe sont très faciles ; le nombre de reçus à ce groupe est

presque toujours supérieur à celui du premier groupe, comme le montre le tableau suivant :

132

Page 133: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Année Inscrits Admis Mentions

(5)Effectif

total

Taux de

participation

groupe

groupeTotal

Taux

de réussite

Très

bienBien

A. bien

Pas-

sable

2005 36636 97,7 7008 9261 16269 45,5 10 108 882 15269

2006 41826 97,2 9119 11275 20394 50,2 2 113 1037 19242

2007 47136 97,9 10546 11892 22438 48,6 8 229 1713 20488

Par ailleurs, des correcteurs véreux permettent à certains candidats de reconnaître leur copie pour leur attribuer une bonne note.

1-3 - Le temps de travail et les programmes

« C’est là, la véritable énigme de tous les acteurs du système et l’un des facteurs les plus inhibant

des performances du système », selon Waly NDIAYE (6). Depuis des années, il est toujours

écourté. Les causes de cette réduction sont multiples : démarrage tardif de l’année scolaire (acte du

deuxième mouvement des professeur non encore disponible, manque de professeurs, désherbage

tardif de certains établissements, etc.), souvent mi-novembre, même si officiellement l’ouverture a

lieu début octobre, arrêt précoce des cours pour les classes n’ayant pas d’examen de fin d’année,

fêtes officielles et nombreuses fêtes politico-religieuses, anticipations et prolongements des fêtes,

grèves des élèves, grèves des enseignants et absentéisme,

Il s’y ajoute que les programmes sont démentiels. L’étendu des programmes n’est pas en

adéquation avec le temps réel de travail : les classes de terminale terminent difficilement, et à la

veille des examens, leurs programmes malgré les cours polycopiés dans certaines disciplines, les

cours dits de « rattrapage » ; les secondes et les premières ne terminent presque jamais leurs

programmes.

______________________________

(5) Nous n’avons pas tous les détails pour les autres années

(6) Coordonnateur des Revendications/SUDES. Voir son article dans « Sud Online » du 31 juillet

2008

_________________________________

1-4 - Le budget et le conseil de gestion

133

Page 134: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Selon les documents de la DPRE, la part de l’Education dans le Budget National est de 33%,

loin des 40% dont parlent souvent les autorités, et son taux d’exécution couvre rarement ce qui était

prescrit.

Dans les lycées, le conseil de gestion est, selon le décret N° 2000 – 337 du 16 mai 2000,

composé par les membres de droit (le Chef d’établissement, président du conseil, le Censeur ou le

Directeur des études, le Surveillant général, l’Intendant, le Gestionnaire, le représentant du Conseil

Régional, le représentant du Maire, le représentant du Trésor) et les membres élus (1 Surveillant

général, 2 Représentants des parents d’élèves, 4 ou 3 Représentants du personnel enseignant si le

nombre d’élèves dépasse ou non 1000, 2 ou1 Représentants du personnel de surveillance pour les

mêmes raisons, 3 ou 2 Représentants des élèves, idem). Le décret met ainsi en place un cadre

institutionnel impliquant toute la communauté éducative.

Mais il précise en son article 3 :

« Le conseil de gestion exerce soit par lui-même, soit par sa section permanente prévue à

l’article 5, des attributions relatives au fonctionnement matériel et moral de l’établissement. Le

conseil de gestion donne son avis sur l’état prévisionnel des recettes et des dépenses, l’observation

des prescriptions relatives à l’hygiène et sur toutes les questions qui sont soumises par le Ministre

de l’Education National, l’Inspecteur d’Académie, le Chef d’établissement ou la section

permanente. (7) Le conseil de gestion vote le budget ».

Le conseil de gestion ne donne donc que des avis, ses attributions sont ambiguës alors que

celles de la section permanente, qui dans la réalité le supplante, sont très précises à l’article 5 du

même décret : « Ses attributions sont consultatives ».

Dans les établissements secondaires, il existe deux types de budget :

- le budget alloué par l’ETAT et sur lequel le conseil de gestion n’a aucun avis à donner ; son

montant est assez substantiel ;

- le budget, provenant de l’inscription des élèves et des ressources additionnelles, sur lequel le

conseil de gestion donne son avis consultatif.

2 – BILAN

134

Page 135: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Depuis 1981, les changements intervenus dans les politiques éducatives peuvent faire croire à

une réforme efficiente et irréversible de l’Ecole sénégalaise, surtout du cycle secondaire :

- les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) ont été tenus pour l’avènement

d’une école nationale, démocratique et populaire ; (7)Le Chef d’établissement, président, le

Censeur ou le Directeur de Etudes, le Surveillant général, l’Intendant ou le Gestionnaire, les

Représentants du personnel enseignant et de surveillance au conseil de gestion

- les conclusions de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation

(CNREF), née au lendemain des EGEF, avaient jeté, en 1983, les bases d’une Ecole Nouvelle ;

- la volonté proclamée des autorités de l’époque de réformer le système éducatif en exploitant

judicieusement ces conclusions ;

- le colloque de Saint-Louis, en 1995, qui a permis de dégager les grandes orientations et les

stratégies visant le renforcement de l’accès à l’éducation, la réalisation de la gestion concertée du

secteur, l’harmonisation des intervenions dans le secteur de l’éducation ;

- les séminaires de Bambey et de Gorée qui ont permis de mettre en place des commissions

thématiques (Accès, Qualité, Gestion) et d’élaborer un diagnostic et un plan d’actions pour chacun

des sous secteurs ;

- la tenue à Dakar, en 2000, des Assises Mondiales sur le bilan de l’Education Pour Tous sur la

période 1990-2000 ;

- le démarrage du Programme Décennal de l’Education et de la Formation.

- l’existence des Inspecteurs de spécialité.

Le PDEF, actuellement dénommé Programme de Développement de l’Education et de la

Formation, « a capitalisé l’ensemble de ces démarches qu’il a développées et approfondies pour les

inscrire dans un cadre politique qui identifie, hiérarchise, planifie les priorités du gouvernement,

harmonise et organise les interventions », avec trois objectifs majeurs :

- démocratiser l’accès à l’éducation de base ;

- améliorer la qualité des enseignements ;

- rendre plus efficiente la gestion du système.

135

Page 136: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Avec l’accroissement du réseau d’établissements et la discrimination positive visant à inscrire

et maintenir les filles dans tous les ordres d’enseignement, l’accès à l’enseignement secondaire a

connu des bonds appréciables.

Cependant, la pratique quotidienne et les réalités du terrain conduisent à penser qu’aux lieu et

place de réforme cohérente et efficiente, on assiste plutôt à une stagnation, voire une régression de

notre système éducatif, particulièrement du système secondaire général :

- la qualité de l’enseignement et le niveau général des élèves continuent de baisser d’année en

année, conséquences des effectifs pléthoriques des classes, de l’insuffisance des manuels scolaires

et des matériels didactiques, de la pénurie des moyens humains : le personnel de surveillance reste

insuffisant, les professeurs ne sont plus formés et recrutés en nombre suffisant ;

- la lassitude de beaucoup d’enseignants pour cause de surcharges horaires dans le public et/ou

dans le public et le privé ;

- le fractionnement du Ministère de l’Education en trois hypothèque davantage le dialogue social

pour lequel les autorités adoptent toujours une politique de pourrissement.

Les indicateurs internes tels que le Taux Brut de Scolarisation, le taux de redoublement et les

taux de réussite au BAC sont loin des normes de performance scolaire.

Il reste entendu que la DPRE produit des documents de référence, même si beaucoup de réalités

du terrain analysées ici lui échappent.

3- LES RECOMMANDATIONS

Les aspects positifs des politiques éducatives menées jusque là doivent être préservés et

améliorés constamment. Mais aussi pour avoir un système éducatif performant, les

recommandations suivantes peuvent être prises en compte :

- bien planifier l’implantation des lycées sur une durée de dix (10) ans ;

- créer le corps des Chefs d’établissement, avec un concours d’entrée, une formation et un examen

de sortie. Les nouveaux sortants seront d’abord nommés Adjoint au Chef d’établissement, avec

suppression du poste de Censeur ;

- faire gérer les bibliothèques par des bibliothécaires de formation ;

- arrêter le recrutement des vacataires et former ceux qui sont actuellement dans les classes ;

136

Page 137: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- former (avec des profils d’entrée et de sortie) et recruter en nombre suffisant des professeurs ;

- revaloriser la fonction enseignante, sanctionner négativement les comportements déviants et

positivement les comportements mélioratifs ;

- accorder une prime aux enseignants officiant dans les zones dites déshéritées ;

- assurer un plan de carrière aux enseignants : établir par exemple des passerelles permettant à un

professeur d’enseignement (PEM) de devenir professeur d’enseignement secondaire (PES) sans

retourner à la faculté… ;

- former en nombre suffisant des Inspecteurs de spécialité et les doter de moyens pour rendre

efficiente leur mission ;

- instaurer la moyenne de 10/20 comme barre de passage en classe supérieure ;

- repenser le deuxième groupe du BAC et revoir les modalités d’orientation des nouveaux

bacheliers aux universités.

- réorienter les élèves, qui échouent pour la deuxième fois au bac, dans des filières (à créer) qui

débouchent sur des activités productives ou des possibilités de promotions sociales ;

- renforcer l’action éducative par la contribution des médias et réduire considérablement la

fréquence des films, en supprimer certains ;

- restaurer l’unicité du Ministère de l’Education Nationale avec des Directions pour ses sous

secteurs ;

- renforcer le conseil de gestion, lui attribuer un avis délibératif ;

- réduire la durée des fêtes scolaires et revoir les programmes.

SIGLES ET ABREVIATIONS

DPRE: Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education

ENS: Ecole Normale Supérieure

137

Page 138: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

FASTEF: Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation

PCEM: Professeur de Collège d’Enseignement Moyen

PEM: Professeur d’Enseignement Moyen

PES: Professeur d’Enseignement Secondaire

TBS: Taux Brut Scolarisation

ASSISES NATIONALES

Commission 4 « Gouvernance sociale »

Sous- Commission « Education-Formation »

VOLET

ENSEIGNEMENT TECHNIQUE 138

Page 139: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ET

FORMATION PROFESSIONNELLE

AU SENEGAL

BOUBACAR DIALLO

AMADOU LAMINE NGOM

OCTOBRE 2008

L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE AU SENEGAL

I - INTRODUCTION

Le développement très rapide de sciences et techniques place notre pays dans la perspective

de profondes mutations.

Des changements quantitatifs et qualitatifs s’opèrent, et appellent notre société par des voix

autorisées à se pencher périodiquement sur un aspect fondamental de l’activité de l’homme en vue

de transformer son environnement.

II – SURVOL HISTORIQUE

2 – 1 - JUSQU’EN 1959

L’évolution de notre pays dans le cadre de l’A.O.F, les orientations du système colonial

liées au développement industriel de la métropole et de ses colonies, la place stratégique qu’occupe 139

Page 140: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

notre pays dans la zone occidentale de l’Afrique, favorisaient l’implantation de nouvelles structures

parmi lesquelles des établissements de formation professionnelle

Ces établissements embryonnaires de ce qu’on appelle aujourd’hui notre système

d’enseignement technique et de formation professionnelle, avaient pour vocation de promouvoir

l’émergence d’une main-d’œuvre qualifiée, apte à réaliser certaines tâches nécessaires comme

support de l’activité industrielle et commerciale.

Les centres de formation tels que :

le centre d’apprentissage maritime de Rufisque,

le centre d’apprentissage agricole de Louga,

le centre de formation rapide de Dakar,

le centre d’apprentissage de Saint-Louis, etc

étaient les creusets de formation des agents de maintenance, de vulgarisation et d’encadrement à

certains niveaux

L’essor économique, la multiplicité des tâches amenèrent les autorités de l’époque à se pencher sur

une première transformation de ces centres de formation et la création d’autres pouvant assurer la

promotion des cadres intermédiaires.

Il s’agissait d’élever le niveau de formation, d’initier des jeunes à des techniques

modernes dans les secteurs agricole, industriel et commercial.

C’est ainsi que :

… le Collège industriel de Dakar et le Collège de commerce furent transformés en Lycée

technique

… un Centre d’apprentissage des jeunes filles fut créé à Dakar,

le Collège technique et le Centre d’apprentissage industriel et commercial de Saint-Louis

furent regroupés

2 – 2 - A PARTIR DE 1959

L’accession à l’autonomie interne étant survenue le 1er Avril 1959, au moment où le

Sénégal regroupait l’essentiel des moyens de l’enseignement technique et de la formation

professionnelle en Afrique de l’ouest francophone.

Il fallait cependant mettre en place une politique de formation professionnelle et de

formation des cadres tout en développant des moyens d’éducation technique pour permettre à la

nation sénégalaise en devenir de réaliser ses objectifs de développement.

Les premiers actes du gouvernement d’alors devaient aller dans le sens de :

140

Page 141: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

redéfinir des objectifs,

recenser toutes les actions de formation éclatées dans les divers départements ministériels et

les regrouper au sein d’une nouvelle structure dont les responsabilités étaient :

- de réunir toutes les prérogatives en matière de formation professionnelle, d’enseignement

technique et formation des cadres en vue de satisfaire aux besoins nationaux à moyen et long

terme,

- d’organiser, de renouveler et de développer tous les moyens de formation.

De cette volonté de synthèse est né, le 10 Avril 1959 par décret 59 – 077, le Secrétariat d’Etat

auprès du Président du Conseil chargé de l’Enseignement Technique et de la Formation

Professionnelle.

Ce département ministériel était chargé d’assurer :

l’orientation, l’information et l’initiation, la psychotechnique du travail, l’enseignement

technique, l’apprentissage, le perfectionnement, la promotion féminine et artisanale, la

formation professionnelle accélérée

le développement de tous les moyens utiles à l’éducation technique

le contrôle de l’enseignement technique et la formation professionnelle privée

toutes formations permettant le reclassement, la réadaptation, la spécialisation

professionnelle en vue de fournir le personnel et la main-d’œuvre de tous les niveaux de

qualification nécessaires à notre développement.

La mission dévolue à ce Secrétariat d’Etat s’avérant rapidement beaucoup plus vaste qu’on le

pensait, le gouvernement décida de le transformer en Ministère de l’enseignement technique et la

formation professionnelle, le 13 Mars 1960, puis en Ministère de l’enseignement technique et la

formation des Cadres, le 25 Mai 1960.

Les activités du Ministère devaient couvrir les secteurs suivants :

le secteur industriel et artisanal,

le secteur commercial et administratif,

les secteurs ruraux,

la formation féminine.

141

Page 142: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Ce fut de grands moments de recensement des moyens de formation et d’évaluation des besoins en

éléments formés au terme desquels la politique nationale de l’enseignement technique et de la

formation professionnelle venait de connaître sa première mouture ; il s’agissait :

2–2–1- POUR LES ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE

(le recrutement, le régime de scolarité, la discipline et l’orientation des élèves)

Il s’agissait d’établissement qualifiés de « classiques » dans leur forme, leur programme et leur

aboutissement que l‘on peut classer en deux catégories :

A – Préparation et formation des cadres au niveau du second degré de l’enseignement

technique

a / Préparation à l’admission dans le cycle universitaire en vue de l’accès au niveau ingénieur et

équivalent ;

b / Préparation et formation au niveau des techniciens supérieurs

c / Formation au niveau cadres moyens et de la maîtrise

d / Formation des formateurs

(Ecoles chargées de la préparation du personnel des enseignements technique et professionnels

théorique et pratique)

B - Préparation et formation au niveau ouvrier qualifié ou employé

2- 2- 2- POUR LES STRUCTURES D’ORGANISATION ET DE CQNTROLE

A– L’organisation des examens et concours

a / Etude des problèmes généraux relatifs aux différents diplômes,

b / Organisation des examens et concours,

c / Adaptation des programmes

B– Le contrôle matériel des établissements privés

Décision d’ouverture

Autorisation d’enseigner

Autorisation de diriger

142

Page 143: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Attributions d’allocations diverses

2- 2- 3- POUR LA CREATION D’ECOLES DE FORMATION DIVERSES

Un effort particulier sur la diversification de la formation fut entreprise par la création de :

l’école maritime,

l’institut de coupe couture et mode,

le centre de qualification industrielle de Dakar,

le centre de formation horticole,

le centre de formation artisanale,

l’école des cadres ruraux de Bambey,

l’école nationale des travaux publics et du bâtiment,

l’école normale d’enseignement technique et professionnel, etc.

2-2-4- D’AUTRES STRUCTURES DE FORMATION, DE PERFECTIONNEMENT, DE

PROMOTION ET D’ETUDES non moins importantes furent créées

1 - Les cours professionnels (cours du soir)

destinés aux adolescents en apprentissage artisanal, commerciale ou industriel ;

2 - les cours de perfectionnement et de promotion

pour préparer, promouvoir, ou perfectionner les cadres actuels ou les personnels dignes

d’accéder à cette maîtrise, par des méthodes plus rapides et directes, afin de tenir compte de la

réalité et de l’urgence des besoins en cadres nationaux ;

3 - les cours de reconversion

stages dispensés à des chômeurs par une formation rapide répondant à des besoins connus,

4 - les cours de formation féminine

notamment en zone rurale et en économie familiale

5 - le centre national de formation et d’action, chargé 

d’assurer des actions de formation, de perfectionnement et de promotion

143

Page 144: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

de donner la formation civique et la morale professionnelle avec le maximum d’efficacité

pour la mise en œuvre de la politique économique et sociale du gouvernement

6 - la division formation des cadres, chargé :

de faire des enquêtes sur les besoins présents et futurs en main d’œuvre

d’établir les délais souhaitables de toute formation

de tenir à jour toutes les données relatives aux disponibilités des moyens de formation

de déterminer les effectifs bénéficiaires de bourse, au Sénégal et à l’étranger, en fonction des

besoins et des disponibilités,

Plusieurs tentatives de réformes sectorielles aboutirent à des impasses, malgré les

déclarations répétées des autorités de l’état pour souligner la priorité accordée au développement de

ce secteur.

Les multiples changements allant de Ministère, à Secrétariat d’Etat, à Direction et les

maigres moyens financiers mobilisés ont toujours été sans commune mesure avec les objectifs

visés.

7 – les centres d’éducation spéciale 

Destinés aux handicapés sociaux pour :

- la prévention de la délinquance,

- la réinsertion rapide des jeunes en rupture sociale,

- le suivi de l’individu jusqu’à sa totale insertion sociale

Ces centres sont pilotés par le ministère de la justice

III - LA REFORME DE 1972

Elle fut essentiellement axée sur le relèvement des niveaux de formation et le renforcement

des structures, par la suppression regrettable des formations niveau Certificat d’aptitude

professionnelle (C.A.P.) dans les établissements publics, en les remplaçant par les Brevet

d’enseignement professionnel (B.E.P.).

Cette mesure réduisait considérablement la population de jeunes intéressés par cette

formation par le niveau de recrutement à la base.

L’initiative était laissée aux cours du soir (C.N.C.P.I.C.) qui utilise les moyens

infrastructurels des écoles étatiques et aux écoles privées qui ne disposent pas d’équipements

appropriés et tronquent l’horaire.

144

Page 145: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

le remplacement des Brevets de technicien par les Baccalauréats techniques des séries

industrielles (F) et commerciales (G)

L’ouverture de Baccalauréats « dits à double finalités », dont le profil était mal défini, débouche

aussi à une impasse par ce que les éléments formés n’avaient pas le niveau requis pour accéder à

l’enseignement supérieur et pas d’aptitudes professionnelles suffisantes pour intégrer facilement les

circuits de production.

Il fut effectué :

l’ouverture de nouveaux lycées techniques à Pikine et Diourbel,

la construction de l’école normale supérieure d’enseignement technique,

L’on revint sur la transformation de certaines séries de Brevets de technicien en

Baccalauréats techniques, en améliorant le contenu des formations pour les spécialités

retenues

Toute cette panoplie de structures et de moyens de formation devait être le fer de lance de

l’enseignement technique et de la formation professionnelle au Sénégal, mais force est de

reconnaître que faute de volonté politique affirmée on remarque toutes sortes de négligence et

d’exclusion effritant permanemment le curriculum préalablement défini

IV - LES ETATS GENERAUX DE JANVIER 1981

La crise de l’école sénégalaise, manifestation patente de celle de notre société, est

l’aboutissement d’une quête de solution aux nombreux problèmes posés par un accroissement sans

cesse de nouveaux besoins engendrés par un environnement socio- culturel en pleine mutation

L’organisation de ces historiques journées de réflexion de janvier 1981 dans notre pays sur

un système d’enseignement et de formation hérité de la colonisation et les résultats obtenus à l’issue

des travaux, ouvrit de nouvelles perspectives.

Elles furent l’aboutissement d’une crise profonde de notre système éducatif, et marquèrent

un point de départ important.

Les conclusions retenues à l’issue des travaux, suscitèrent de grands espoirs à tous les

niveaux et en cela toutes sensibilités confondues.

Il se dégagea des idées-forces pour une nouvelle orientation de notre école, qui une fois

réalisée permettrait à notre pays de se réconcilier enfin avec son système éducatif pour que celui-ci

fasse sienne ses profondes aspirations en le plaçant désormais dans le sens d’une école nationale,

démocratique et populaire, d’une école polyvalente et polytechnique, dotée de systèmes harmonisés

prenant en charge d’une manière continue l’homme sénégalais nouveau.

145

Page 146: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les états généraux sur l’éducation et la formation avaient orienté notre enseignement vers

un monde en perpétuel développement scientifique et technique.

en précisant un nouveau profil,

en se fixant de nouveaux objectifs tout en proposant un certain nombre de moyens à dégager

pour la mise en œuvre de cette école,

en lui assignant de prendre en charge toutes nos aspirations intellectuelles, morales et

philosophiques.

en développant nos capacités infrastructurelles afin de rendre notre enseignement plus

performant par la nécessaire liaison de l’école à la production

Cette école nouvelle faisant siennes les profondes aspirations de notre société, devait

réaliser cette étroite liaison entre le social, l’économique ou le culturel, entre l’éducation et l’activité

productrice.

Dans la perspective d’un développement économique et social notable, notre pays avait

besoin de :

l’aménagement de plusieurs barrages hydro-électriques et hydro- agricoles

l’irrigation des terres pour une culture intensive

la multiplication des forages

l’exploitation de nos ressources minières et halieutiques

Aussi, il s’agissait de réorienter particulièrement la formation professionnelle

A la suite, l’esprit des états généraux fut complètement dévoyé

Après les Etats Généraux de l’éducation et de la formation, on ouvrit :

le Lycée technique commercial Abdoulaye NIASS de Kaolack

le Lycée technique industriel et minier de Kédougou

le Lycée technique agricole de Bignona

Le Lycée Technique de Génie civil de Thiès et plus tard :

146

Page 147: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

PROJET D'ORGANIGRAMME

STRUCTURES DIPLOMES

13 ANS

18 ANS

22 ANS

ECOLES ET INSTITUTS NATIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE

CENTRES REGIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE

CENTRES NATIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE

CENTRESDEPARTEMENTAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE

CENTRES D'INITIATION PROFESSIONNELLE

DIPLOME D'INGENIEUR -----------------BREVET DE TECHNICIENS SUPERIEURS

C E F PCERTIFICAT ELEMENTAIRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE

C I P CERTIFICAT D'INITIATION PROFESSIONNELLE

CYCLE SUPERIEUR DE FORMATIONPROFESSIONNELLE

CYCLE SECONDAIRE ET PROFESSIONNELLE

CYCLE FONDAMENTAL

APPREN-TISSAGE

FORMA-TION

PROFESSI -ONNELLE

DIVERSESSTRATEGIES

Alternance,Modulaire..

VIE

ACT I V E

CYCLE

MOYEN

DES

CERTI- FICATS

POUR

TOUT

MODULE

DE

FORMA- TION

DIPLOME DE TECHNICIEN BAC PROFESSIONNEL

--------------BEP------------- CQP CAP

147

Page 148: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

CONFIGURATION DE L'ECOLE NOUVELLE

ENSEIGNEMENT GENERAL SECONDAIRE

ENSEIGNEMENT GENERAL TECHNIQUE

FORMATION PROFES- SIONNELLE

PRODUCTION

CYCLE FONDAMENTALPOLYTECHNIQUE

ENSEIGNEMENT PRESCOLAIRE

ENSEI-GNEMENTS SPECIAUX

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

148

Page 149: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ORGANIGRAMME DES NIVEAUX TECHNIQUES

VIE ACTIVE

C.E.P.E.

ENSEIGNEMENT

FACULTESINSTITUTS

BAC BT

BTS

BEP

CAPCEPP

BFEM

CYCLE MOYEN

CYCLE FONDAMENTAL

EDUCATIONSPECIALISEE

AUTRESDIPLOMES

CYCLESECON- DAIRE

LANGUES NATIONALESARABE - FRANCAIS

BAC : Baccalauréats TechniquesB.T. : Brevet de TechnicienB.T.S. : Brevet de Technicien SupérieurB.E.P. : Brevet d'Enseignement ProfessionnelC.A.P. : Certificat d'Aptitude ProfessionnelleC.E.P.P. : Certificat d'Etudes Pratiques Professionnelles

149

Page 150: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

V - ETAT DES LIEUX

V–1- LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET L’APPRENTISSAGE

L’école sénégalaise avec l’enseignement technique et professionnel sont imprégnés de

modèles étrangers souvent assimilés au secteur dit moderne et au progrès technique. Une partie de

la formation professionnelle se situe aussi dans ce camp, et son organisation est également des pays

occidentaux.

Pourtant, plus elle liée aux milieux professionnels, aux structures sociales, aux savoirs

locaux et aux systèmes de production, plus elle est confrontée à la diversité des situations et plus il

devient difficile de le modéliser.

Elle rencontre d’autres cultures, d’autres usages, d’autres significations. ; modernité et

tradition s’entremêlent, s’affrontent ou s’épaulent.

A ce propos sont présentés les différents types de formation professionnelle

V-2- DIFFERENTS TYPES DE FORMATION PROFESSIONNELLE

Malgré la forte immersion de certaines actions de formation professionnelle dans

l’environnement social, se rapprochant ainsi de l’apprentissage traditionnel, nous relaterons de

nombreuses formules dont le but commun est de vouloir apporter de nouvelles techniques,

vulgariser de nouveaux modes de production.

V-3- LES CENTRES DE FORMATION LIES AU SYSTEME SCOLAIRE

Il existe des cycles post primaires dans le but de donner une qualification professionnelle aux jeunes

exclus du secondaire. Notamment :

- de nombreux centres d’apprentissage artisanal et rural,

- des centres de formation d’apprentis et de jeunes agriculteurs

- des sections ménagères,

fonctionnant souvent très mal accueillant des jeunes peu motivés, sans illusion sur les débouchés

qu’ils pourront trouver à leur sortie.

V-4- LES CENTRES DE FORMATION INDEPENDANTS DU SYSTEME SCOLAIRE

Emanant de nombreuses ONG de différentes branches professionnelles, de projets de

développement, de sociétés para- étatiques, des chambres de métiers et d’organismes privés.

150

Page 151: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Ils sont caractérisés par une grande hétérogénéité, par ce que s’adressant à une population en

age et niveau différent. On y trouve beaucoup d’analphabètes

V-5- LA FORMATION DANS LES ENTREPRISES

Ces actions de formation concernent le secteur formel de l’économie, les grosses entreprises

privées et les grandes sociétés de développement para- étatiques.

Les entreprises utilisent très souvent les organismes collectifs de formation de l’état.

Elles ont aussi recours à la « formation sur le tas »

Leurs besoins de formation restent quantitativement limités à leur croissance.

V-6- VULGARISATION, INFORMATION, COMMUNICATION

Les finalités sont parfois étroitement liées à la production (notamment la vulgarisation agricole)

ou des aspects sociaux. Il s’agit d’organismes d’appui à la formation tels que : les médias, les cours

par correspondance, les cours de perfectionnement, etc.

V-7- L’APPRENTISSAGE

Ce mode de formation pratiqué dans le secteur informel concerne principalement la

grande majorité de la jeunesse analphabète ou précocement déscolarisé ou ayant même suivi le

cycle d’enseignement secondaire.

Une très grande majorité de jeunes font leur apprentissage dans les activités traditionnelles

telles que les commerçants, les artisans, les petites entreprises appartenant au secteur peu ou non

structuré.

L’exode rural frappe beaucoup de jeunes de la campagne, mais pour ceux qui y restent, ils

font un réel apprentissage rural en s’initiant au travail de la terre sur des unités familiales de

production.

Souvent la situation de l’apprenti peut paraître difficile au point de reprocher à ce système

d’exploiter le travail des jeunes, mais force est de reconnaître qu’on y livre un certain savoir- faire.

Malgré ces critiques, plus des deux tiers des jeunes n’ont que ce moyen d’insertion ou la rue.

Cette fonction sociale majeure assure inéluctablement la transmission des savoir- faire

locaux qui globalement ne manquent pas d’innover et de s’adapter aux situations les plus cruciales.151

Page 152: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

De nos jours, l’apprentissage traditionnel est incontournable.

V- 8- ORGANISATION DU DISPOSITIF NATIONAL DE FORMATION

PROFESSIONNELLE

Ce dispositif devrait traduire une politique nationale d’ajustement de la formation à

l’emploi, correspondant à la planification des ressources humaines, entièrement tombée en

désuétude.

L’office national de la formation professionnelle (ONFP) qui devait orienter la

formation a eu tendance à devenir une structure bureaucratique inefficace et parfois parasite.

Le Fonds de Développement de la Formation (FONDEF) structure parallèle créée

récemment gagnerait à être redéfinir dans ses fonctions au regard des activités de l’ONFP.

Il serait nécessaire de les redynamiser en vue de développer et contrôler la formation

professionnelle par les instruments suivants :

assurer une organisation fiable de la collecte, la gestion et la répartition de la taxe de

formation professionnelle,

assurer une sélection et un contrôle rigoureux des organismes de formation,

Il est à noter que :

ces fonds collectés retournent rarement à la formation, et dans plusieurs cas, la crise

financière de l’état a provoqué leur rétention totale ou partielle,

le comportement de l’administration n’est pas toujours incitatif,

la gestion paritaire des fonds n’est pas aisée,

les syndicats de salariés ont un rôle très limité,

la participation des chambres de métiers est timide

VI - OBSERVATIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS

De tout ce qui précède, il est regrettable de constater l’absence quasi permanente d’une réelle prise

en charge des actions de formation dans les domaines maintes fois affirmés comme prioritaires pour

le développement du pays, à savoir : l’autosuffisance alimentaire par la promotion de

l’enseignement agricole, hydraulique, halieutique, forestier et de l’élevage, etc…

Il était donc nécessaire de combler ce retard par la création de Lycées, de Centres de

formation et d’infrastructures pour ouvrir de nouveaux débouchés.152

Page 153: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Ainsi, le secteur primaire serait dans une perspective conforme à notre développement

économique et social.

VI-1- CONTEXTE ET ENJEUX

Les changements intervenus dans l’environnement social et économique exigent un réexamen de

notre politique de formation professionnelle, qui devra au regard des pertinentes recommandations

de la Commission Nationale de Réformes de l’Education et la Formation, des séminaires sur la

problématique de la Formation Professionnelle et sur la modernisation de l’Administration, se

tourner résolument vers une meilleure adéquation à l’emploi.

La situation socio économique est marquée par entre autres :

- Une forte croissance démographique et une demande sociale considérable en matière

d’éducation et de formation

- Un écart grandissant entre la consommation et la production entraînant un déséquilibre

de la balance commerciale.

- Un niveau de productivité encore faible

On notera :

L’impact des politiques d’ajustement structurel qui s’ajoute aux problèmes déjà posés par

notre système et de formation par :

une marginalisation des effectifs de la Formation Professionnelle au bénéfice de

l’enseignement général secondaire, inversant la pyramide éducationnelle en plaçant la

Formation Professionnelle au second plan, les élèves sont traditionnellement orientés dans

les établissements de formation professionnelle parce qu’ils échouent dans l’enseignement

général,

Une tutelle et un contrôle dispersés des établissements de formation professionnelle qui ne

favorisent pas une coordination suffisante au niveau national,

Le déphasage des actions de formation par rapport au besoin du monde du travail, les filières

ouvertes ainsi que la technologie enseignée souvent importée, s’éloignent du contexte local et

pour une bonne part on y apprend des savoirs et des savoir-faire peu utilisés dans la vie

active,

Des ressources allouées, par l’état, insuffisantes rendent difficile la maintenance des

installations, des équipements, et la satisfaction en fourniture de matière d’œuvre,

153

Page 154: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Des formateurs dont le profil ne facilite pas toujours la liaison avec l’emploi, situation

inhérente au type académique de la formation reçue,

Un faible rendement interne et externe de nos structures de formation qui produisent des

diplômés sans se préoccuper des débouchés et sont accusés ainsi de former des chômeurs ;

d’autant plus que les diplômés durant leur formation, ne se prédisposent pas en faveur des

emplois non formels,

Une quasi absence de mécanismes de contrôle en amont et en aval pour stopper les

formations obsolètes et favoriser un réaménagement pour d’autres filières.

VI-2- ORIENTATIONS

La volonté politique manifestée par la promulgation de la loi d’orientation de 1990 et

différents projets de réforme et/ou plan d’action, les remaniements institutionnels intervenus

récemment, entre autres, nous conduisent, au vu du constat ainsi fait, à repenser les approches qu’il

convient de suivre , pour adapter les efforts de formation professionnelle aux nouveaux objectifs et

impératifs en matière d’emploi des hommes et des femmes de notre pays, aussi bien dans le secteur

structuré que dans celui non structuré.

Une évolution rapide des techniques, donc des profils de besoin professionnel, une

pression démographique croissante dans une population jeune qui constitue une arrivée massive

d’une main d’œuvre potentielle qu’il convient de former, un chômage associé à une pénurie de

main d’œuvre pour certains emplois dans tous les secteurs, sont des défis que nous devons relever

par la mise en place d’un système de formation professionnelle adapté et performant.

Il s’agira de développer des stratégies afin :

- d’élever le niveau de compétitivité en adaptant l’économie aux exigences de

l’environnement mondial

- d’améliorer l’environnement et l’infrastructure de la production rurale

- de valoriser les ressources humaines et relancer les investissements

VI-3- LE PROJET

Notre projet est de mettre en place un système de formation professionnelle qui corrigera

les déséquilibres constatés, répondra aux recommandations signalées, et mettra au point des outils

nouveaux pour adapter le ʺproduitʺ aux besoins qui évoluent.

Les multiples contraintes et possibilités qui en découlent seront abordées sous un jour

nouveau par nos institutions, nos structures de formation professionnelle et par tous nos partenaires

dans une perspective de redéploiement de notre économie.

154

Page 155: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Il s’agira pour nous, afin d’accroître l’efficacité du système et de le rendre plus cohérent et

performant, en rapport avec nos objectifs de développement à court, moyen et long terme, de mettre

en place un organigramme pyramidal à plusieurs niveaux, avec des activités déconcentrées et

décentralisées prenant davantage en compte l’organisation territoriale, le secteur rural et le secteur

informel.

Les formations polyvalentes, les actions de perfectionnement, de reconversion et surtout

l’ouverture vers le secteur privé et l’organisation de l’apprentissage seront des axes retenus pour le

développement de la formation professionnelle.

VI-4- COMMENT ADAPTER LE DISPOSITIF D’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE

FORMATION PROFESSIONNELLE ?

Cette adaptation embrasse plusieurs objectifs de nature différente :

le développement de compétences nouvelles concernant les nouvelles technologies,

la recherche de nouveaux modes de production, d’organisation et de gestion pour relever les

défis du développement et de la croissance démographique,

l’adoption d’une dimension sociale facilitant l’insertion des jeunes, valorisant l’activité des

femmes en apportant des compétences nouvelles à ceux qui constituent les relais de

diffusion,

VI-5- QUEL AVENIR POUR L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION

PROFESSIONNELLE ?

Un enseignement technique secondaire et supérieur trop éloigné des réalités professionnelles, qui

dispense un enseignement éthéré, qui manque gravement de moyens, qui fonctionne avec des coûts

dérisoires ne peut être qu’un enseignement au rabais. Cet enseignement est à bannir.

Cependant, notre pays possède un réseau d’établissements représentant des

investissements matériels et un capital d’expérience remarquables, qu’il faut certes augmenter

considérablement.

Il faudrait donc valoriser ces infrastructures en réorientant et en démultipliant leurs

activités vers des objectifs conformes à notre plan de développement économique et social.

155

Page 156: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

VI-6- QUELLES FONCTIONS L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA

FORMATION PROFESSIONNELLE PEUVENT-ILS REMPLIR ?

A / La formation initiale

Constitue une mission nécessaire, la seule qui soit développée actuellement par une majorité

d’établissements.

Cette formation doit se poursuivre dans la mesure où la diffusion de nouvelles technologies,

de nouveaux comportements et de nouvelles formes d’organisation dans les entreprises, passent

plus facilement par les jeunes cadres, techniciens, vulgarisateurs.

Si la formation initiale n’était pas correctement assurée, comment pourrait- on faire

confiance à l’enseignement technique pour d’autres missions ?

B / La formation continue

Est un complément de la première et un moyen privilégié ‘être en relation avec les milieux

professionnels. Elle peut être dispensée intra muros, délocalisée au sein des projets ou dans les

entreprises

C /La constitution des centres de ressources 

Au cas où l’école dispose d’équipements appropriés, ceux-ci pourraient :

s‘ouvrir à l’utilisation des professionnels (modalités définies au cas par cas)

servir à expérimenter et vulgariser des produits, des méthodes et des techniques qui peuvent

s’avérer pertinents, à capitaliser et diffuser de l’information, à offrir des prestations à l’égard

des créateurs d’emploi (études de marchés, conseil de gestion, techniques de production,

etc…)

L’enseignement Technique devrait servir d’appui au

développement, tout en enrichissant par ses rapports avec l’extérieur, les différentes formations

dispensées.

La mise en œuvre de cette politique nécessite d’indiquer quelques étapes à parcourir

VI-7- QUELLES MESURES FAUT-IL PRENDRE POUR ESPERER REMPLIR CES

FONCTIONS ?

156

Page 157: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

En raison des systèmes dans lesquels évoluent les établissements, il faudrait réfléchir sur

des mesures à prendre, à savoir :

A / MAITRISER LES FLUX

L’état sénégalais peut-il résister à la poussée de tous les candidats à la poursuite des études

sans mettre en péril la stabilité politique et la paix sociale ?

Le budget alloué, la qualité de l’enseignement et les débouchés dans les emplois sont-ils

suffisants ?

Faudrait-il limiter les effectifs à cause des coûts de revient et des

besoins en ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs et spécialistes ?

B/REVISER LES METHODES, LES CONTENUS, LES CRITERES D’EVALUATION

Les réalités négatives de notre enseignement ont été maintes fois décriées :

- un enseignement souvent trop théorique, pléthorique et lacunaire,

- quelques matières secondaires alourdies,

- des référentiels et des programmes mal adaptés

C / ANALYSER LES BESOINS POUR FIXER LES OBJECTIFS

Sa complexité nécessite une démarche pragmatique dans le temps.

L’analyse des métiers, du marché de l’emploi dont l’évolution est peu certaine doit être

menée avoir beaucoup de rigueur et de patience pour fixer les objectifs de formation et déterminer

l’architecture du système pédagogique.

D / MODIFIER LA STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DES ETABLISSEMENTS

L’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la

méthode et le raisonnement analytique des adolescents ; ainsi, pour acquérir une vaste culture

technologique ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique,

il serait judicieux :

de réhabiliter et de rénover sans délai les structures de formation existantes,

de doter substantiellement en équipement et en outillage les lycées, Centres d’enseignement

technique et centres artisanaux, pour un enseignement efficient,

157

Page 158: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

d’instituer un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures pour

assurer leur durée de vie

de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles

spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)

d’envisager la généralisation de l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie,

de la 6è à la 3è

de former suffisamment de professeurs de spécialité

de développer la formation de corps de contrôle pour le suivi des enseignements.

de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7, en consolidant les matières

scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux

écoles supérieures techniques, pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des

sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre

jeunesse

Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et

réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.

Il est donc impératif :

de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre

système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation

formation- emploi, répondant aux objectifs fixés par nos plans de développement économique et

social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère

de ressusciter les CAP dans les établissements étatiques, (diplômes à partir

desquels les entreprises recrutent leurs futurs agents de maîtrise), et de renoncer à leur privatisation

dans l’école publique,

La formation menant à ces diplômes ne devant plus être laissée à l’initiative des écoles privées qui

ne disposent pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.

La reprise de cette formation dans les CET est vitale et stratégique

d‘instituer la formation alternée ;la connaissance du milieu industriel

étant très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en

formation.

L’accueil des élèves et étudiants pour la formation par alternance est indéniablement

l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation

158

Page 159: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

E / FAIRE EVOLUER LES STATUTS ET LA GESTION DU PERSONNEL ENSEIGNANT

Il apparaît qu‘un certain nombre des fonctions dont nous avons parlé ne pourront pas être

remplies par les enseignants conventionnels, faute de compétence ou de motivation.

Le premier risque à éviter concerne la fuite vers les entreprises de bons formateurs,

souvent anciens bénéficiaires de bourses, susceptibles de multiplier leurs revenus par deux ou trois

en quittant l’enseignement.

Comment revaloriser ceux qui effectueront de nouvelles activités hors de l’établissement

tout en évitant les abus ?

Comment valoriser les carrières autrement que les thèses, les publications, les enseignements

ex cathedra ?

Comment attirer des professionnels dans les établissements de formation ?

Comment faciliter l’alternance production/formation ?

La résolution de ces questions permettra d’avoir un personnel stable, de qualité, susceptible de

transformer qualitativement l’enseignement technique.

VI-8- LES STRATEGIES

INSTITUTIONNELLE

La perspective de relance économique, les politiques de restructuration dans les

différents secteurs, ainsi que l’apport des nouvelles technologies conditionnent les besoins

quantitatifs et qualitatifs en main d’œuvre formée.

Chacun de ces éléments et les autres confrontent notre système de formation

professionnelle à de nouveaux défis et nous obligent à adopter de nouvelles stratégies et dégager de

nouvelles mesures.

Il s’agira au niveau des programmes de développement de revoir les liens existant entre le

système éducationnel et celui de la formation professionnelle afin de réduire les déséquilibres et

mettre en place progressivement la pyramide souhaitée.

La mise en place d’un système de crédits et d’autres formes d’assistance des sortants de

nos écoles et centres de formation professionnelle sera recherché dans le cadre de l’encouragement

de la création de micro et petites entreprises, des organismes et partenaires seront sollicités  ; tels

que la Cellule d’Appui à l’entreprise, l’AGETIP, l’ONFP et les ONG, ainsi que les collectivités

locales, les chambres de commerce, etc.

159

Page 160: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Tous ces organismes en relation avec le département et d’autres Ministères concernés,

faciliteront l’identification des besoins pour l’obtention des financements et participeront au

mécanisme de contrôle et d’évaluation des résultats et carrières des formés. Ils seront des

partenaires privilégiés aux différents programmes de formation.

VI-9- QUELLES STRATEGIES POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE

La formation professionnelle est plus souvent marquée par une influence extérieure au

milieu local et l’apprentissage caractérisé par des modalités de transmission de compétences plus

anciennes et plus contextualisées.

A / RATIONNALISER LES EFFORTFS FORMATION PROFESSIONNELLE

L’enseignement polyvalent (dans le cycle fondamental)

Allant du cours d’initiation à la troisième, selon les recommandations encore actuelles des états

généraux de l’éducation et de la formation, il devrait :

- dispenser à tous les enfants une formation générale et une

formation polyvalente articulée sur les réalités locales,

- initier les élèves sur les différents aspects de la production,

Sa généralisation augmenterait considérablement le taux de scolarisation

- Le cycle secondaire technique et professionnel

Composé de deux filières que sont :

- l’enseignement secondaire technique

pour préparer les élèves à l’admission dans le cycle universitaire,

- l’enseignement professionnel

pour préparer et former au niveau ouvrier qualifié, employé et techniciens

- L’enseignement supérieur technique

doit contribuer au comblement rapide des besoins du Sénégal en cadres

techniques et scientifiques, en instaurant des facultés techniques de tous ordres et des facultés des

sciences de l’ingénieur,

160

Page 161: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Au niveau du secteur informel ou non structuré

Les problèmes encore non résolus, posés par les déséquilibres de notre système d’éducation

et de formation, associés aux difficultés inhérentes à la restructuration et à la crise économique,

engendrent une lenteur de la croissance de l’emploi dans le secteur moderne ou structuré ou formel.

Les nouveaux venus sur le marché du travail n’ont d’autres possibilités pour éviter le chômage que

de rejoindre le secteur non structuré, traditionnel ou informel

Il devient impérieux de prendre en compte dans la formation cette population cible, jeune, en

augmentation qui dépasse de loin celui du secteur structuré dans le domaine de l’emploi.

Le développement de la micro, et petite entreprise, de l’artisanat pose des problèmes de

formation qu’il convient de résoudre.

Pour les femmes

Les femmes sont encore restreintes à une gamme limitée de secteurs et d’emploi traditionnel

et pourtant sont majoritaires dans notre pays.

Le recrutement des femmes sera favorisé aussi bien au niveau de la formation initiale qu’au

niveau du perfectionnement afin de les intéresser aux autres secteurs d’activité et de rompre une

certaine ségrégation.

Pour l’éducation spécialisée ou surveillée

- Beaucoup de jeunes « appelés délinquants » avaient simplement investis la rue par ce que

négligés ou non encadrés.

- Des centres de rééducation étaient institués pour eux en vue de leur permettre de s’insérer

dans la vie active.

Pour les handicapés

161

Page 162: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Des initiatives devront être encouragées pour cette catégorie de citoyens qui aspirent comme

tous les autres au mieux être par une meilleure insertion.

Nos établissements de formation devront systématiser les cours sur l’esprit d’entreprise et

l’emploi indépendant dans leur programme d’étude, car enfin notre système doit engendrer un

sentiment d’autonomie et faire connaître aux stagiaires les possibilités offertes par l’emploi

indépendant, pour ainsi participer à la modification de certaines croyances et comportements.

Pour l’éducation religieuse

Très longtemps considérée comme un type d’éducation fermée, par ce que non approchée,

l’émergence de quelques « Daaras » modernes fait naître de bonnes ambitions pour acquérir une

formation professionnelle

Pour La formation post- primaire et les filières non formelles 

Pour le milieu rural

- L’initiation aux méthodes culturales modernes par les centres polyvalents de formation

communautaire et les centres de formation professionnelle,

- le rééquilibrage en faveur de l’insertion locale contre l’exode,

- le prolongement de l’éducation des jeunes filles,

- l’évolution des structures familiales, etc.

constituent la mise en valeur de la plus grande ressource productive de notre pays,

pour cela il faudrait, sans doute :

- réhabiliter les centres ruraux en vue d’accroître leurs capacités,

- ouvrir largement ces centres au monde environnant,

- rechercher des collaborations utiles pour la formation et l’insertion,

- travailler avec tous les relais techniques et financiers du développement,

- recruter un personnel permanent, polyvalent, peux nombreux et bien préparé aux tâches

d’animation et de formation

La condition majeure d’une transformation de ces centres réside dans le fait d’intégrer

les jeunes, dans leur milieu, au sein d’activités productrices et d’appliquer des méthodes de

formation duale ou par alternance et par compétence.

L’accueil, dans des ateliers d’initiation, l’obtention de revenus propres, les

perspectives matrimoniales constituent quelques facteurs qui conditionneraient l’efficacité de la

formation comme moyen de réduction de l’exode rural,162

Page 163: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Dans le milieu urbain

Il faut ressusciter, réhabiliter, rééquiper et redynamiser les écoles de formation artisanale,

d’éducation surveillée et animer la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans.

Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est

important d’utiliser judicieusement toutes les structures.

La formation professionnelle des adultes

Les populations ciblées sont essentiellement :

- Les travailleurs, salariés des entreprises des secteurs structuré et non structuré pour le

renforcement de leur qualification professionnelle et l’amélioration de leurs revenus,

- les agriculteurs, les éleveurs, les artisans, les commerçants et les transporteurs pour le

développement rationnel de leurs activités,

- La main d’œuvre du secteur agricole, des petites entreprises rurales et urbaines est très

souvent laissée en rade

Les centres de formation et de reconversion des adultes sont à restaurer pour le renforcement des

activités et l’amélioration des conditions de travail.

B / COMMENT ENRICHIR L’APPRENTISSAGE TRADITIONNEL ?

L’implication des maîtres artisans et des chefs d’atelier pourrait :

- faciliter l’organisation de cette formation,

- réduire le fossé entre populations,

- contribuer à atténuer les déséquilibres constatés,

- donner aux jeunes des compléments de formation en rapport avec leur travail quotidien et

en fonction de l’exercice d’un métier,

L’on pourrait regrouper les apprentis à des heures ou des jours convenus en accord avec leurs

patrons pour acquérir :

- des notions élémentaires dans les techniques utilisées dans leur profession

163

Page 164: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- des notions de calcul, lecture, écriture et des connaissances instrumentales,

- une initiation à des techniques améliorées dans leur branche professionnelle,

- l’apprentissage de notions d’organisation et de gestion appropriées

Les moyens nécessaires pour la faisabilité de cette formation complémentaire pourraient

s’avérer peu importants dans le cadre d’ateliers pilotes préalablement identifiés.

C / LES MESURES TRANSVERSALES POUR RENFORCER LA FORMATION ET

L’APPRENTISSAGE

- Il faudrait prendre en compte la politique nationale de formation, la ressource en

formateurs et les supports de communication, pour appliquer une politique nationale d’orientation et

de financement de la formation,

- il conviendrait que l’état oriente, organise le financement et contrôle les efforts de la

formation, en soutenant les efforts d’analyse de l’évolution des métiers, des qualifications et de

l’emploi. 

VI – 10 - PARTICULARITES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR TECHNIQUE

Il est vrai que les coûts sont plus élevés que ceux de l’enseignement supérieur général, entraînant

ainsi la réduction des effectifs au profit des élèves provenant de l’enseignement secondaire général.

De plus, Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une

formation scientifique identique au BAC S1, ont une formation technologique les prédisposant aux

cycles d’ingénieurs, se voient jeter en Faculté de sciences économiques, ou Faculté de sciences, ou

ailleurs.

Il est indispensable :

de respecter les cursus scolaires des élèves de l’enseignement technique

d’instituer des facultés techniques pour former le maximum d’ingénieurs et

de techniciens supérieurs

d’accueillir le maximum d’étudiants issus de l’enseignement technique et de la formation

professionnelle dans les facultés et instituts de l’enseignement supérieur technique et

professionnel :(Ecoles Supérieures et Instituts Polytechniques)

de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel publique, source

de négligence du cycle normal :

164

Page 165: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

VI-11- FINANCEMENT

Les investissements en matière de formation professionnelle devront être

considérablement augmentés dans le cadre du Programme National d’Equipement et de la

coopération bilatérale et multilatérale, car la Formation Professionnelle doit être considérée comme

un élément essentiel de la politique de l’emploi et non comme un domaine distinct traité

séparément.

Ces investissements dans ce secteur donnent un élan au redressement, à l’amélioration de

la productivité et à la croissance.

Les budgets de fonctionnement encore très insuffisants méritent dans une certaine mesure,

d’être améliorés en rapport avec une gestion rationalisée de nos ressources financières au niveau de

toutes les structures.

Le système de prélèvement utilisé jusqu’à présent par l’Office Nationale de Formation

Professionnelle (ONFP) restructuré et le FONDEF, trouvera sa source d’efficacité dans la prise

d’une part importante de ses organes tripartites, aux décisions sur l’utilisation des fonds.

La contribution financière des entreprises et sociétés associées à d’autres formes, doit

être considérée par les Entrepreneurs comme un investissement et non comme un supplément

d’impôt, car le système de financement constitue un moyen qui servira à adapter l’offre à la

demande de main d’œuvre de différents niveaux de qualification.

Des formations sous-contrat et d’autres mesures d’incitation seront développées dans des

programmes de formation associés à la production dans le sens le plus large.

Les mesures d’orientation économique qui visent à favoriser la décentralisation et

l’implantation des outils de production, par un développement régional plus harmonieux

accompagnant l’ensemble des secteurs primaire, secondaire et tertiaire, participent à la mise en

place de moyens financiers, matériels et humains pour le développement de la formation

professionnelle dans notre pays.

VI-11- 1- AU NIVEAU DU DEPARTEMENT MINISTERIEL

Restructurer le service central pour l’adapter aux nouvelles orientations définies nous amène à

élaborer et mettre en place un organigramme fonctionnel.

165

Page 166: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Ce nouvel organigramme prendra en compte les activités inhérentes au projet annoncé

dans une administration modernisée pour assurer la gestion, l’animation et le contrôle des actions de

formation professionnelle.

Il est indispensable d’augmenter l a part du budget

effectivement alloué à l’enseignement technique par l’état.

De 2000 à 2006,

il a varié entre 1,6 et 3,3% du budget de l’éducation nationale

VI-11-2 - AU NIVEAU DES RELATIONS AVEC NOS PARTENAIRES

Sur le plan national

Une recherche plus poussée de la collaboration des représentants des employeurs et des

travailleurs pour mettre à profit leur expérience pour la mise au point des programmes de formation

des jeunes, des femmes et des handicapés, pour organiser et développer l’apprentissage.

Nos partenaires feront partie des organes chargés de l’élaboration des politiques de

formation professionnelle. Ils seront membres délibérants dans la gestion de nos structures

réformées et revitalisées.

Le savoir faire et l’expérience de nos partenaires sociaux individuels ou collectifs, les

organisations patronales, de travailleurs seront mobilisés au sein des Commissions Nationales

Consultatives Paritaires pour une meilleure définition des problèmes que soulèvent la formation de

ressources humaines.

Il s’agira à ce niveau, de traduire des besoins d’emploi en besoin de formation, de

mobiliser les statistiques de formation, afin d’élaborer des programmes, référentiels d’emploi et de

diplômes.

Ces commissions paritaires constitueront un élément de renouveau pour notre système de

formation professionnelle.

166

Page 167: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

La participation des collectivités locales, régionales et départementales aux actions de

formation sera poursuivie et développée, la signature de convention sera encouragée, la chambre de

commerce et d’industrie, la chambre des métiers, les associations concernées contribueront aux

efforts de redéploiement envisagé pour une prise en compte plus grande du secteur non structuré, de

la formation des femmes et des handicapés.

Les formateurs, une fois les problèmes fondamentaux liés à leurs activités

professionnelles résolus dans des délais retenus, en relation avec d’autres travailleurs des autres

secteurs, qui considèrent la formation professionnelle comme une question essentielle, seront

largement associés pour entre autre promouvoir, le perfectionnement, le recyclage et la

reconversion, ainsi faciliter la mobilité professionnelle et une meilleure gestion de notre système

rénové.

Sur le plan international

Nos efforts seront mobilisés pour poursuivre et développer la coopération avec nos

partenaires extérieurs en relation avec leurs représentations dans notre pays.

L’intervention des organisations telles que le B I T, le P N U D, la Banque Mondiale, la

Francophonie, etc. ainsi que la coopération bilatérale avec nos partenaires africains et européens

devront être renforcées pour un soutien accru et suivi de nos actions de formation.

Un accent particulier sera mis à la formation des ressources humaines, la réalisation et le suivi des

projets de formation professionnelle.

Les organisations non gouvernementales (O N G) qui développent sur le plan national des

formations souvent plus prés de certaines de nos réalités et des populations, seront encouragées et

suivies.

Des activités de coordination seront initiées pour harmoniser et pour une meilleure

planification des actions de formation professionnelle.

Leurs options soutiendront notre recherche d’un système plus adapté.

VI-12- LES STRUCTURES

167

Page 168: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

VI-12-1 - POUR LES LYCEES ET CENTRES DE FORMATION PROFESSIONNELLE

De nouvelles mesures en direction de nos structures de formation professionnelle s’avèrent

nécessaires pour leur fonctionnement.

Nos établissements de formation professionnelle doivent augmenter leur propre productivité

et opter pour une approche équilibrée de leurs actions de formation.

Nos centres devront s’investir dans des programmes et méthodes de développement

individuel et collectif par l’approche par l’alternance, modulaire, ou par l’approche par compétence

et l’élargissement à d’autres groupes cibles publics et privés.

Ils doivent diversifier les filières et développer des actions de recyclage, de reconversion et

de perfectionnement sur les sites, en entreprise au même titre que les formations initiales.

Cette réforme des textes leur permettra de s’ouvrir aux auditeurs étrangers et au secteur

privé pour un meilleur développement du marché de la formation.

Nos structures doivent initier des actions de redynamisation, de la formation continue, des

conseils de gestion et de perfectionnement.

Les établissements de formation professionnelle dans le cadre ci-défini s’appuieront sur les

moyens financiers générés par les prestations de service, le perfectionnement et par les activités des

coopératives scolaires pour suppléer à l’insuffisance des moyens financiers dégagés par l’état.

En fonction des nouveaux besoins, leur stratégie d’activités doit être souple ; en relation

avec les entreprises, des formations modulaires, et la mise au point de prototype en coopération

avec celles-ci seront favorisées.

Les Centres et Ecoles de formation professionnelle développeront des formations

associées à des perspectives d’emploi pour leurs diplômés.

Nos établissements de formation devront intéresser davantage les femmes et les handicapés.

VI-12- 2- POUR L’EDUCATION RELIGIEUSE

168

Page 169: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

En accord avec les responsables, une attention particulière devrait être portée à ce type de

formation, choisie par une importante frange de la population, pour l’apprentissage d’un métier

VI-12- 3- POUR L’EDUCATION SPECIALE OU   «   SURVEILLEE   »

- Beaucoup de jeunes « appelés délinquants » avaient simplement investi la rue par ce que

négligés ou non encadrés.

- Des centres de rééducation et de réadaptation étaient institués pour eux en vue de leur

permettre de s’insérer dans la vie active.

- Parmi les plus fonctionnels d’entre eux il y avait celui de LIBERTE VI.

Ce centre qui a su réintégrer beaucoup de ces jeunes dans la vie active voit ses locaux presque

détruits et/ou ses espaces transformés en locaux d’habitation par des privilégiés

faudrait-il cautionner cette situation, pour marginaliser cette frange de la population   ?

ou, faudrait-il respecter l’égalité des chances de tous les milieux sociaux de notre

population   ?

L’état sénégalais devrait prendre des mesures idoines pour :

Redresser cette situation

Rééquiper, relancer et redynamiser cette structure

Multiplier de tels centres à l’échelon national

VI-12- 4- POUR LES HANDICAPES

On devrait aussi favoriser la réhabilitation et le développement de centres spécialisés de

formation professionnelle pour les handicapés de différents ordres.

En d’autres termes, ces Ecoles et Centres de formation professionnelle mettront en œuvre des

Projets d’établissements. Ces projets permettront de :

définir les orientations et les formations dispensées,

proposer des modifications internes et d’autres actions complémentaires adaptées à

l’environnement.

VI-12- 5- AU NIVEAU DU SECTEUR INFORMEL OU NON STRUTURE

169

Page 170: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Jusqu’à présent, l’apprentissage traditionnel dans le site familial, champ ou atelier d’artisan

est la principale méthode de formation dans le secteur informel, c’est pour nous un défi majeur que

de maintenir et d’améliorer ces formations en tenant compte des contraintes du milieu.

Il s’agira de mettre en place un système d’apprentissage, de lui dégager des stratégies en

relation étroite avec les partenaires ruraux et urbains.

Dans le cadre de programmes associés à la production des mesures d’accompagnement, de

protection de l’apprenti et de l’employeur seront prises dans un nouveau projet de convention

soumis à nos partenaires.

Les établissements de formation ruraux et urbains fourniront un soutien pédagogique, à ce

niveau, les O N G et autres associations d’entraide seront d’un apport indispensable

VI-13 LA FORMATION ET LE PERFECTIONNEMENT DES FORMATEURS

La régularisation des situations administratives des formateurs liée aux statuts des

personnels de la formation professionnelle fera l’objet d’attention particulière pour une juste

solution des problèmes posés, mais il s’agira aussi d’organiser ;

- le perfectionnement pédagogique et technique suivant l’évolution signalée plus haut,

- la formation des corps de contrôle et le suivi des actions pédagogiques.

- la prise de nouvelles initiatives pour développer les ressources humaines par la formation

de l’encadrement.

Les chefs d’établissement, les gestionnaires tant dans le secteur de la formation publique

que dans le secteur de la formation privée, partie intégrante du système de formation

professionnelle, prendront part dans la promotion de l’encadrement administratif et pédagogique.

Ceci, associé à la mise en œuvre du plan de formation continuée des formateurs déjà

élaboré, permettra à notre enseignement professionnel de combler les déficits et de répondre ainsi

aux exigences de notre développement économique et social.

170

Page 171: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- de développer et de renforcer la formation des enseignants de tous niveaux : du maître

d’enseignement professionnel au professeur agrégé. L’absence de plans de carrières pour les

enseignants des disciplines techniques a pour conséquences l’inexistence de Professeur agrégé dans

cet ordre d’enseignement.

- de développer un partenariat national et international avec différents instituts de formation de

formateurs et d’encadreurs y compris les corps de contrôle,

- d’assurer une formation continuée des enseignants,

- d’encourager l’édition et la recherche didactique,

- d’organiser des stages, des visites d’entreprises, des voyages d’études pour les enseignants,

- de mettre en place un Comité National de Suivi pour le respect de l’exécution des politiques

sectorielles dans le secteur de l’enseignement technique et de la formation .professionnelle, etc...

CONCLUSIONS

On notera que, par rapport aux points soulevés et aux propositions ci-dessus, les principales

causes qui ont entraîné un retard important dans l’application des différents plans d’action déjà

existants sont :

- l’instabilité institutionnelle,

- la non application des documents de politique d’E.T.F.P. élaborés par différents Ministres

malgré les conclusions des différents séminaires organisés dans ce sens,

- l’insuffisance criarde des budgets, alloués à l’enseignement technique et la

formation .professionnelle (ETFP), etc.

CONSTATS ET PROPOSITIONS

Les chapitres ci-dessous pourraient constituer une base pour l’établissement d’un Plan d’action pluriannuel de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle définissant rigoureusement son curriculum en vue de conforter ce système d’enseignement dans sa position « prioritaire » maintes fois déclarée par les gouvernants.

171

Page 172: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

CHAPITRE CONSTAT PROPOSITONS

SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL

- Instabilité institutionnelle et dispersion des moyens de formation

- contrôle insuffisant des actions de formation du public et du privé

il est indispensable de mettre en place :

- un nouvel organigramme et une tutelle unique,

- un observatoire de l’emploi et de la formation suffisamment fonctionnel

- une restructuration des diplômes et une organisation des passerelles

DISPOSITIF DE PILOTAGE DU SYSTEME D’ETFP

Instabilité de la tutelle et déficit de cadre de concertation et de suivi des politiques d’ETFP

Mettre en place des commissions nationales (au niveau du Ministère), régionales, départementales et/ ou locales pour le pilotage, le suivi, l’évaluation et la validation de la politique d’ETFP, en relation avec tous les partenaires, avec des réunions périodiques

ETAT DES

INFRASTRUCTURES

Les bâtiments de certaines écoles sont dans un état de délabrement généralisé

- le capital matériel disposé dans les infrastructures techniques, la vibration permanente des machines, le capital humain qui les fréquente et les risques d’accidents engendrés nécessitent une sécurisation et un entretien permanents des locaux.

Une réhabilitation sans délai est vivement recommandée

172

Page 173: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

STRUCTURES ET

EQUIPEMENTS

- Nombre très insuffisant de Lycées et de Centre d’enseignement technique (CET)

La formation technique, source de compétence professionnelle et de production de richesse, devrait dorénavant être la priorité des constructions et équipements scolaires, à raison d’au moins:

- un Centre d’enseignement technique par département,

- un lycée Technique par région

- A défaut, la création de lycées mixtes, ayant fait leur preuve de réussite, comme les lycées Seydina Limamou LAYE et Cheikh Ahmadou BAMBA est à encourager

La construction d’écoles et le renouvellement permanent des équipements devraient permettre à notre enseignement d’être en phase avec l’évolution des sciences et des techniques.

-Manque d’équipement

- Machines vétustes

- Outillage incomplet

il faut retenir que la rénovation, la réorganisation, des structures et la dotation substantielle d’équipement et d’outillage aux lycées et Centre d’enseignement technique sont une condition sine qua none pour un enseignement efficient

FONCTIONNEMENT DES

STRUCTURES

- Aucun budget pour les réparations

l’institution d’un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures est indispensable pour leur durée de vie

- Insuffisance de

matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires

les travaux pratiques s’exerçant sur une réalité matérielle, technique et industrielle, la priorité doit toujours être donnée aux dépenses de matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires

FILIERES

- Enseignement très limité de l’économie familiale et de la technologie dans certains CEM

- l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la méthode et le raisonnement analytique des adolescents.

Ainsi, pour acquérir une vaste culture ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique, il serait judicieux :

- de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)

- de former suffisamment de professeurs de

173

Page 174: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

spécialité

- d’envisager la généralisation de leur enseignement de la 6è à la 3è

- Persistance malheureuse des BAC techniques à double finalité

Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.

Pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre jeunesse, il urge absolument de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7 en consolidant les matières scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux écoles supérieures techniques

Existence de Programmes inadaptés ou programme selon le bailleur

un manque notoire de contrôle et de coordination est constaté dans le fonctionnement des structures.

Il est donc impératif de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation formation- emploi, répondant aux objectifs fixés par nos plans de développement économique et social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère

- Disparition totale des CAP dans les écoles publiques

Le CAP étant le diplôme académique à partir duquel les entreprises recrutaient leurs futurs agents de maîtrise, la formation menant à ces diplômes ne doit pas être laissée seulement à l’initiative des écoles privées qui ne disposeraient pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.

Toutefois, on remarque l’ouverture des formations CAP et BEP dans les écoles publiques sous forme payante

La reprise de cette formation dans les centres de formation publics est vitale et stratégique

Marginalisation de l’Education religieuse,

En accord avec les responsables, une attention

soutenue devrait être portée à cette forme d’éducation adoptée par une grande frange de notre population, pour leur inculquer un savoir-faire.

174

Page 175: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

PARTENARIAT

(Relations entre l’école et l’entreprise)

Insuffisance de la prise en charge du partenariat au niveau de la formation initiale, de la formation continue et de l’insertion des formés

la connaissance du milieu industriel est très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en formation.

Ce faisant, il faut :

- systématiser l’accueil des élèves et étudiants dans le milieu professionnel

(la formation par alternance est sans aucun doute l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation professionnelle)

- mettre en place des structures de formation continuée en direction des personnels des secteurs formel et informel

L’APPRENTISSAGE

- Le système n’est ni défini, ni organisé en vue de tenir compte des différents niveaux formel et informel

-les formations artisanale et rurale sont en régression

- Il faut procéder à la rédaction de nouveaux textes réglementaires mettant en place un organigramme qui prend en compte les secteurs artisanal, urbain et rural

il existe :

- la formation formalisée

- la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans

- l’éducation surveillée

Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est important de réhabiliter, rééquiper et redynamiser toutes ces formes d’écoles de formation

GESTION DES ETABLISSEMENTS

- Certains lycées techniques sont administrés par des personnels hors du domaine de l’ETFP

La gestion d’un établissement d’enseignement tech- que nécessite des connaissances avérées dans l’ingénierie de formation.

En conséquence, cette situation paradoxale crée inévitablement des conflits de compétence et des choix des priorités entraînant souvent la déliquescence de l’établissement.

175

Page 176: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ORIENTATION

DES ELEVES DANS LE SUPERIEUR

-Elèves pas orientés ou envoyés à des formations où ils ne sont pas destinés

Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une formation scientifique identique au BAC S1 ont une formation technologique les prédisposant aux cycles d’ingénieurs se voient jeter dans d’autres Facultés où ils s’adaptent très difficilement.

Désormais, on doit respecter leur cursus scolaire en les orientant prioritairement dans les écoles et instituts supérieurs de formation professionnelle.

Aussi, pour respecter l’égalité des chances de tous les milieux socio-économiques de notre population, il est indispensable :

- de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel public

- d’instituer des facultés techniques afin d’accueillir le maximum d’étudiants dans les instituts de l’enseignement supérieur technique et professionnel : (ESP Dakar, Ecole Polytechnique, IFACE, CEPECS, IST, etc…

FORMATION

DE

FORMATEURS

- Insuffisance des effectifs

- déficit de professeurs de spécialités

Il est très urgent de former suffisamment de professeurs pour combler le déficit existant.

- la réouverture des sections de professeurs de spécialités en disparition devrait être effective

-manque criard de professeurs de haut niveau universitaire

Notre système d’enseignement technique ne compte aucun agrégé,

il est indispensable d’encourager les professeurs en exercice et des sortants méritants des instituts de formation à aborder la préparation à l’agrégation.

- Formation continuée des

Enseignants non systématisée

- la mise en place d’une structure de formation continuée est indispensable pour s’adapter à l’évolution des techniques et au changement continu des normes internationales

- Recrutement inacceptable

d’enseignants

Des enseignants sont en poste dans certains établissements sans formation adéquate .

Il est indispensable de renforcer leur compétence, pour un meilleur redéploiement

176

Page 177: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE

-insuffisance notoire des fonds alloués par l’état

- Déficit de transparence dans l’utilisation des fonds

Il faut accroître les fonds de l’ETFP par :

- l’augmentation substantielle du budget de l’état

- la redéfinition des rôles de l’ONFP et du FONDEF

- la redéfinition de la contribution forfaitaire à la charge des employeurs (CFCE)

- l’implication plus poussée des collectivités locales et régionales

- la mise en place d’un système de contrôle et de suivi impliquant les organisations patronales et syndicales

PAR BOUBACAR DIALLO

ET AMADOU LAMINE NGOM

177

Page 178: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU SENEGAL

Syndicat Autonome des Travailleurs des Universités et des Centres Universitaires (SATUC)

Octobre 2008

178

Page 179: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU SENEGAL

A. PRESENTATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays d’Afrique, fait face à un double défi : celui d’une

demande sociale en expansion pour l’Enseignement Supérieur et la recherche de la qualité et

de la pertinence des prestations dans ce secteur.

Par suite des progrès dans la scolarisation primaire universelle et l’expansion du secondaire,

les projections prévoient pour l’ensemble des pays francophones d’Afrique une population de

1,8 millions d’étudiants en 2 015 soit 2,5 fois plus qu’en 2004 (800 000 étudiants).

Des études comparatives ont montré que les ressources pour l’éducation en pourcentage du

PIB dans les pays francophones sont en moyenne beaucoup plus faibles que celles des pays

anglophones 2,7% contre 4,5%. Toutefois la priorité pour le supérieur à l’intérieur des

dépenses publiques d’éducation est plus forte qu’ailleurs pendant les 15 dernières années.

Le taux d’accroissement annuel des effectifs d’étudiants est estimé à près de 12%, ce qui a fait

passer l’effectif de l’Université Cheikh Anta Diop de 37 782 étudiants en 2003-2004 à plus de

44 000 étudiants en 2004-2005 et à 62 000 en 2007-2008.

On peut estimer que 61% des bacheliers qui formulent des demandes d’admission à l’UCAD

obtiennent satisfaction. Ainsi en 2003-2004, sur 13 274 nouveaux bacheliers, 8 159 ont pu

être inscrits dans les différents établissements de l’UCAD alors que l'UGB en 10 ans (1998-

2008) n’a pas encore 5 000 étudiants.

Cette structure ne peut manquer d’influer négativement sur les résultats.

B. ENJEUX DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Dans un monde soumis à une compétition économique, où le savoir scientifique et

technologique est devenu un enjeu majeur, les universités et autres établissements

d’enseignement supérieur ont pour mission de former des diplômés hautement qualifiés et des

citoyens responsables, capables de s’intégrer dans tous secteurs de l’activité humaine.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 179

Page 180: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les universités doivent créer, promouvoir et diffuser les connaissances par la recherche et

fournir à la communauté l’expertise appropriée pour aider la société à assurer le

développement économique, social et culturel.

L’enseignement supérieur doit également accroître et diversifier l’offre de formation afin de

répondre aux multiples préoccupations d’un pays en développement.

Une politique de décentralisation en faveur des régions pour les doter d’établissement

d’enseignement supérieur doit être menée.

Les universités doivent aider :

à comprendre, interpréter, préserver, renforcer, promouvoir et diffuser les cultures

nationales, régionales, internationales et historiques dans un contexte de pluralisme

culturel et de diversité culturelle ;

à préserver et à promouvoir les valeurs sociétales en assurant la formation des jeunes

aux valeurs qui sont à la base d’une citoyenneté démocratique ;

à contribuer au développement et à l’amélioration de l’éducation à tous les niveaux,

notamment par la formation des enseignants.

C. FORCES ET FAIBLESSES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

CONTEXTE

Créée le 24 février 1957, l’université de Dakar été depuis les indépendances le fer de lance de

l’enseignement supérieur en Afrique francophone. En effet, plusieurs cadres africains ont été

formés dans notre pays.

Malgré les difficultés que rencontre notre enseignement supérieur, difficultés liées aux

mauvaises politiques dans ce secteur de la vie nationale, force est de constater, que le Sénégal

reste et demeure une attraction pour les étudiants africains

L’UCAD à elle seule compte 62 000 étudiants sénégalais pendant que les autres universités et

CUR en totalisent 6 000 et l’enseignement supérieur privé 25 000.

Toutefois, en dépit de ces effectifs, l’enseignement supérieur est aujourd’hui en deçà des

normes UNESCO selon lesquelles pour qu’un pays puisse être véritablement en voie de

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 180

Page 181: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

développement il faut au moins que 2% de sa population accède à l’enseignement supérieur

(le Sénégal est à environ 1,7%).

I. FORCES

L’enseignement supérieur sénégalais est organisé de manière à offrir aux universités

publiques un cadre juridique avantageux qui se traduit aussi bien au niveau administratif et

financier que de la gestion des personnels et des étudiants.

Ainsi, les universités sénégalaises publiques comme privées accueillent beaucoup d’étudiants

étrangers car elles bénéficient d’un capital crédit considérable en Afrique. L’UCAD avec ses

pôles d’excellence que sont la FMPO, l’ESP, le CESTI et l’EBAD est classé par l’Indice de

Classification Shanghaï comme première université africaine francophone au Sud du Sahara

et treizième sur les cent premières universités africaines. Cependant, ce classement ne traduit

pas les réalités de l’enseignement supérieur au Sénégal du fait des nombreuses difficultés que

rencontrent nos universités et écoles nationales supérieures.

Le Sénégal a aussi l’avantage de compter sur des ressources humaines de qualité et en nombre

dans l’enseignement supérieur même si par ailleurs l’on note que le taux d’encadrement est

très faible. Aujourd’hui, l’UCAD à elle seule compte 1 150 enseignants dont le moins gradé a

le DEA alors que l’UGB en a 140, L’UPT de Thiès 86 et le CUR de Bambey 81. Et à côté de

ces enseignants il y a prés de 4 000 doctorants dans l’enseignement supérieur de manière

générale.

Aussi, récemment l’Etat sénégalais a entrepris d’étendre la carte universitaire par la création

de deux universités et d’un CUR sans compter le projet de création de trois autres CUR.

II. FAIBLESSES

4. Difficultés liées aux effectifs

Il est important de remarquer que les structures de l’enseignement supérieur

principalement les universités sont confrontées de plus en plus à un surplus d’effectifs

d’étudiants alors que les infrastructures existantes n’ont pas été conçues pour en accueillir

autant. Cette surpopulation se fait plus sentir au premier cycle où nous avons 75% des

effectifs. Cela est à l’origine de plusieurs troubles et ne va pas sans déteindre sur la qualité

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 181

Page 182: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

des enseignements ainsi que sur le taux de réussite qui se situe de nos jours entre 20 et

25% dans les facultés.

5. Profil des diplômés

En dehors du secteur privé, les sortants des structures de l’enseignement supérieur public

n’ont pas de diplôme professionnel (à l’exception notoire des sortants des écoles

supérieures universitaires et non universitaires et de la FMPO) et sont dans leur écrasante

majorité composés de littéraires.

6. Difficultés budgétaires

Les difficultés que traverse aujourd’hui l’enseignement supérieur sont grandement liées au

déficit budgétaire des universités. A Dakar, par exemple, les salaires à eux seuls constituent

95% du budget tandis qu’à Saint-Louis, ils constituent 75% du budget. Ces chiffres montrent

avec acuité que l’essentiel des budgets de l’enseignement supérieur est destiné au

fonctionnement, ce qui ne va pas sans conséquence sur la recherche et l’enseignement. Pour

l’essentiel, la recherche au niveau de l’enseignement se fait dans le cadre de projets financés

par des organismes extérieurs aux universités. L’enseignement quant à lui se déroule dans des

conditions extrêmement difficiles caractérisées par le manque d’infrastructures mais aussi de

matériaux de base.

A côté de la prédominance des dépenses de fonctionnement sur les dépenses de recherche et

d’enseignement, force est de reconnaître que dans l’enseignement supérieur, la part des

budgets destinée au social (budget COUD + bourses) est de loin supérieure à celle dédiée au

pédagogique.

D. RECOMMANDATIONS

1- Sur l’autonomie des universités

Création d’une direction de l’enseignement supérieur forte. Le directeur de

l’enseignement supérieur doit être au moins aussi gradé que le plus gradé des recteurs ;

Création d’une chancellerie des universités eu égard à l’existence de plusieurs

universités ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 182

Page 183: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Allocation de budgets conséquents qui assureraient aux universités une réelle

autonomie financière (financement des universités, fonctions de service) ;

Election du Recteur par communauté universitaire. A défaut, celle-ci propose trois

(03) candidats et à charge pour le Président de la République de faire son choix parmi

ceux-ci ;

Révision du mode de nomination des doyens et directeurs d’UFR. Ces derniers ne

doivent pas être élus que par les enseignants de rang A. Il faut que les enseignants de

tout rang, les PATS et étudiants puissent participer à l’élection de celui qui doit les

administrer.

2- Sur l’accès et les infrastructures

Réviser le mécanisme d’admission des bacheliers et créer de nouvelles filières ;

Réorganiser les programmes de construction dans les universités et CUR en tenant

compte de l’objet de la réalisation, de l’agenda et de la qualité ;

Rationaliser et mutualiser les moyens disponibles (infrastructures, équipements, etc.)

entre universités et entre structures d’une même université ;

Diversifier les offres de formation en mettant en place une Commission de

Concertation Ministère - Université - Milieux professionnels définissant les nouveaux

créneaux d’enseignement à développer dans les universités en harmonie avec leur

milieu d’insertion ;

Ouvrir sans délai une deuxième université à Dakar en explorant, au besoin, les

stratégies de formation ouverte et à distance et la coopération internationale ;

3- Sur la formation, les curricula et l’insertion

La mise en place du LMD devra contribuer au renforcement de la collaboration entre

les universités et les CUR et leurs partenaires, en général, et avec les entreprises, en

particulier.

En effet, le LMD est un nouveau système d’enseignement supérieur facilitant

l’harmonisation et l’équivalence des diplômes au niveau international. Au Sénégal, il

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 183

Page 184: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

aura l’avantage de contribuer à susciter l’émergence d’un cadre de référence visant à

améliorer la qualité de l’enseignement, à faciliter la mobilité des enseignants et des

étudiants et, dans la même dynamique, les personnels administratifs. De plus, il

favorisera une ouverture au secteur professionnel en permettant une adéquation entre

la formation et l’emploi.

Pour assurer la qualité de ses formations, il est impératif d’avoir un taux

d’encadrement qui se rapproche de celui des pays émergents, soit au moins un

enseignant pour trente étudiants. Pour ce faire le gouvernement devrait mener une

politique volontariste de recrutement de personnels d’enseignement et de recherche et

de personnels administratif, technique et de service en vue de mettre à niveau les

universités, d’avoir des normes de création de postes pour la montée en puissance des

nouvelles créations d’établissements d’enseignement supérieur.

4- Sur l’enseignement supérieur privé

Harmoniser les curricula ;

Etablir un référentiel unique pour l’évaluation ;

Avoir des programmes officiels ou agréés par l’Etat ;

Mettre sur pied une commission nationale d’homologation des titres et diplômes ;

Contractualiser avec les universités publiques.

5- Sur les TIC et la Documentation

Développer des réseaux d’éducation et de recherche dotés de leur propre

infrastructure ;

Concevoir et mettre en œuvre un système d’information unique pour l’enseignement

supérieur ;

Proposer des modèles pédagogiques pour l’enseignement à distance par les

universités ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 184

Page 185: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Elaborer un plan stratégique pour une politique documentaire de l’enseignement

supérieur.

6- Sur la Recherche

Créer un cadre permanent de planification, de programmation, de suivi et de

prospective pour la recherche au Sénégal en relation avec le Ministère en charge de la

recherche ;

Profiter de la mise en place des écoles doctorales pour remédier aux faiblesses

actuelles du système : renforcement des liens avec les organismes de recherche et le

secteur privé ;

Favoriser la création de fondations universitaires dont une des missions est de

mobiliser des ressources pour le financement de la recherche ;

Améliorer l’environnement de la recherche par une augmentation des budgets des

structures documentaires (normes UNESCO de 5% au moins des budgets des

universités).

7- Sur la gouvernance et la gestion

Actualiser la carte universitaire de manière cohérente ;

Définir la mission et les valeurs de l’enseignement supérieur en spécifiant les missions

et les compétences des établissements et des administrateurs ;

Définir le statut de l’enseignement supérieur privé ;

Etablir les relations entre les universités et les milieux économiques ;

Mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des crises ;

Renforcer les capacités administratives et de gestion des dirigeants et des personnels

(élaboration de textes, élaboration de projets, gestion administrative) ;

Elaborer des codes d’éthique et de déontologie en matière de recherche et de

gouvernance ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 185

Page 186: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Promouvoir une bonne politique d’assistance sociale au niveau des établissements du

supérieur.

8- Sur les œuvres sociales et l’hébergement

Créer une cité universitaire internationale à Dakar, Saint Louis et progressivement

dans les autres universités où chaque nationalité aura un quota de lits ;

Exhorter les collectivités locales à conventionner des logements en faveur des

étudiants de leur localité ;

Favoriser la promotion d’un partenariat entre le COUD et les entreprises installées

dans certaines localités à l’image d’une entreprise basée à Kédougou qui a accepté de

mettre à la disposition des étudiants de cette localité un immeuble entièrement équipé

à Dakar ;

Mettre l’accent sur la construction d’infrastructures pédagogiques et sociales avant le

démarrage effectif des enseignements pour toute nouvelle université ;

Promouvoir une meilleure politique de l’hébergement privilégiant l’excellence.

9- Sur les bourses

Promouvoir une politique d’attribution des bourses basée sur l’excellence ;

Privilégier les étudiants des filières scientifiques dans l’attribution des bourses ;

Veiller au paiement des bourses à date échue pour éviter les mouvements d’humeur

des étudiants.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 186

Page 187: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

CESTI : Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information

COUD : Centre des Œuvres Universitaires de Dakar

CUR : Centre Universitaire Régional

DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies

EBAD : Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes

ESP : Ecole Supérieure Polytechnique

FMPO : Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie

LMD : Licence, Master, Doctorat

UCAD : Université Cheikh Anta DIOP

UGB : Université Gaston Berger

UNESCO: United Nations for Education, Science and Culture Organization

UPT: Université Polytechnique de Thiès

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 187

Page 188: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

VOLET

EDUCATION NON FORMELLE

AU SÉNÉGAL

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 188

Page 189: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Jeanne LOPIS - SYLLA

Octobre 2008

L’EDUCATION NON FORMELLE AU SÉNÉGAL

INTRODUCTION

La politique éducative du Sénégal, nous l’avons vu notamment dans les engagements

auxquels notre pays a souscrit, s'est appuyée sur les conclusions issues de nombreuses

rencontres nationales se retrouvant dans plusieurs de nos textes. Il s’agit :

- sur le plan international, des conférences internationales de Jomtien 1990 et Dakar 2000 et

aussi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), de la Décennie des Nations

Unies pour l’Alphabétisation (DNUA), de LIFE ;

- sur le plan national, des conclusions des États Généraux de l'Éducation et de la Formation

(EGEF) tenus en janvier 1981, de la Loi d'Orientation de l'Éducation n° 91-22 du 16 février

1991 définissant le profil du nouveau type d'homme à forger à travers l'éducation, des

colloques de Kolda de 1993, de Saint-Louis de 1995, de la Lettre de Politique sectorielle, de

la Constitution du Sénégal de 2001, notamment en ses articles 1, 8, 21 et 22, du Dixième Plan

de Développement économique et social pour 2002-2007, du Document de Stratégie de

Réduction de la Pauvreté (DSRP II) qui ont inspiré les stratégies de mise en œuvre du PDEF

2000-2011/2010, du Document de Politique générale 2003-2012 et du Cadre d’Orientation

stratégique de l’Alphabétisation (COSA)

.

. La Loi d’Orientation 91-22

Conformément à cette loi, l'Education nationale vise à :

préparer les conditions d'un développement intégral, assumé par la nation tout entière ;

promouvoir les valeurs dans lesquelles la nation se reconnaît ;

élever le niveau culturel de la population.

Etant laïque, démocratique et permanente, l'éducation nationale a pour objectif l'éradication

complète et définitive de l'analphabétisme, ainsi que le perfectionnement professionnel et la

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 189

Page 190: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

promotion sociale de tous les citoyens, pour l'amélioration de leurs conditions d'existence et

d'emploi

La Constitution du Sénégal de 2001

Il existe dans la Constitution plusieurs dispositions traitant de l’éducation en terme de

droit, d’organisation, de langues... ; la Constitution garantit à tous les citoyens les libertés et

droits individuels fondamentaux (1re génération des droits humains), les droits économiques et

sociaux (2e génération) tels que le droit à l'éducation, le droit de savoir lire et écrire.

Toutes les institutions nationales, publiques ou privées ont le devoir d'alphabétiser leurs

membres et de participer à l'effort national d'alphabétisation dans l'une des langues nationales.

. Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP II) 

Ce document dégage, pour le Sénégal, les principaux objectifs selon trois axes prioritaires,

dont la généralisation de l’accès aux services sociaux essentiels, en accélérant la mise en place

des infrastructures de base afin de renforcer le capital humain avant 2010 et l’éradication de

toutes les formes d’exclusion au sein de la Nation et instaurer l’égalité des sexes dans les

niveaux d’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2015.

. La Lettre de Politique sectorielle

Selon cette lettre, les activités développées par le Programme décennal de l’Education et de la

Formation (PDEF) permettront de satisfaire les exigences de la scolarisation universelle

conformément aux Objectifs de Développement du Millénaire et de la lutte contre la pauvreté.

Le Programme décennal pour le Développement de l’Education et de la Formation (PDEF)

Conçu dans le cadre de l’initiative spéciale des Nations-Unies pour l’Afrique, dans leur

volonté d’appuyer des secteurs aussi importants pour le développement que l’éducation, la

santé, l’agriculture, l’aménagement du territoire, le PDEF, en se fondant sur ses trois

composantes (accès, qualité et gestion), vise, entre autres, la réduction du taux

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 190

Page 191: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

d'analphabétisme, à travers une démarche accordant une large place à des modules/modèles

alternatifs d'éducation non formelle et à la promotion des langues nationales.

Le Document de Politique générale 2003-2012

Le Document précise dans ses orientations générales que « l’Éducation de Base doit être

renforcée. Elle doit (et) mettre un accent particulier sur la nécessité de forger une nouvelle

personnalité sénégalaise, fière de son identité et de sa culture. Dans cette perspective,

l’introduction des langues nationales dans le système éducatif devient une nécessité

impérieuse. Elle permettrait la promotion des langues nationales comme langues de culture

utilisables dans l’enseignement scientifique et technique à la mesure de nos ambitions de

développement, de contenus éducatifs et des notions de justice sociale et de progrès. »

. Le Cadre d’Orientation stratégique (COSA)

Le Ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de la

Francophonie a convoqué, en avril 2007, les Assises de SALY, pour définir de nouvelles

approches, un nouveau dispositif et de nouvelles stratégies d’intervention. L’objectif était de

pouvoir offrir des programmes d’éducation efficaces en adéquation avec les exigences d’une

alphabétisation de développement. Cette action s’inscrit dans la « dynamique d’une

alphabétisation tout au long de la vie, concrète et efficace » et qui doit, à terme, rendre

autonomes les populations.

1. DEFINITION ET RAPPEL HISTORIQUE

L’émergence du concept d’éducation non formelle (ENF) date des années 1960-1970. Les

résultats de l’école donnaient lieu à une réflexion et à une remise en cause de cette institution

comme seul lieu d’acquisition du savoir : « l’école n’est plus considérée comme le seul lieu

d’enseignement et ne peut plus prétendre assumer seule les fonctions éducatives de la

société » 16. (Ali Hamadache* « Articulation de l’éducation formelle et non formelle… »

Unesco)

16 Ali HAMADACHI* « Articulation de l’éducation formelle et non formelle – Implication pour la formation des enseignants »- UNESCO,2 Classification internationale Type de l’Education (CITE), UNESCO, 1997, p 41.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 191

Page 192: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Définition de l’éducation non formelle

La Classification internationale Type de l’Education (CITE) définit l’éducation non formelle

comme un enseignement pouvant être à l’intérieur ou à l’extérieur des établissements

scolaires, et dont les bénéficiaires sont adultes. «  Selon les spécifi-cités du pays concerné, cet

enseignement peut englober des programmes d’alpha-bétisation des adultes, d’éducation de

base d’enfants non scolarisés, d’acquisition de compétences utiles à la vie ordinaire et

professionnelle et de culture générale ».

Les programmes d’enseignement non formel ne suivent pas nécessairement le système

« d’échelle » et peuvent être de durée variable » 2.

La notion d’éducation non formelle fait référence aux initiatives éducatives qui sont

organisées en dehors du système d’éducation institué par l’Etat, c'est-à-dire du système de

l’éducation formelle qui, elle, est codifiée, structurée, hiérarchisée, qui obéit à des textes et

dispose d’infrastructures et de ressources humaines, matérielles et financières. Les initiatives

éducatives non formelles ont donc en commun la particularité d’être extra scolaires. On les

assimile, en outre, à un patchwork parce qu’elles regroupent des structures éducatives

diversifiées dont les approches essaient de s’adapter aux besoins des apprenants. L’éducation

non formelle inclut aussi des types d’éducation et de formation qui, pour certains, peuvent

s’acquérir dans le quartier, la maison, l’atelier, ou divers groupes.

Ainsi donc, l’éducation non formelle est constituée de l’alphabétisation, des Ecoles

communautaires de base (ECB), de la formation dans les daaras, de l’apprentissage dans

certains corps de métier, ce dernier type étant dit informel dans certaines classifications.

1.2. Historique

Des initiatives d’éducation non formelle voient le jour vers les années 1970, à la suite de

la crise scolaire de 1968 qui va durer environ une décennie, jusqu’à la convocation des Etats

généraux de l’Education et de la Formation (EGF) tenus à la fin de l’année 1981.

Une seconde crise du système formel (« l’école de la dette », selon l’expression du

Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde) arrête le projet d’école nouvelle

sénégalaise, né de cette vaste concertation de 1981, avec les plans d’ajustement structurel

dictés par les institutions de Bretton Woods. Avec la réduction drastique des dépenses de

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 192

Page 193: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

l’Etat et l’austérité, on assiste à la disparition des acquis sociaux comme l’internat et la demi-

pension, à l’apparition de la classe à double flux en zone urbaine et périurbaine, de la classe

multigrade en zone rurale, des vacataires, des volontaires de l’éducation en 1995, à des

conditions de sous rémunération.

Cette politique, considérée comme une politique au rabais, entraîne comme conséquence

une longue suite de grèves prolongées qui ont abouti à l’année blanche de 1988 et à l’année

universitaire invalidée de 1993.

C’est dans un tel contexte que les initiatives d’éducation non formelle se développent.

Demeurées marginales durant des années, leur évolution est marquée par quatre grandes

dates, principalement.

D’abord :

- 1990 : Jomtien (Forum mondial sur l’éducation pour tous (EPT), à Jomtien), où l’on

prend conscience que les Etats n’ont pas la capacité d’assumer les conditions nécessaires pour

atteindre l’objectif de la scolarisation universelle ;

- 1990 : le colloque de Kolda ;

- 1993 : le colloque de Saint-Louis.

Ces trois premières dates sont des années-clés qui ont permis d’asseoir une politique et un

plan d’action sous la responsabilité d’un ministère dont la mission était d’impulser, de

coordonner et de planifier les initiatives en matière d’alphabétisation et de promotion des

langues nationales

Ensuite :

- la quatrième grande date, c’est avril 2000, Dakar, avec le Forum sur l’EPT, qui élève

l’éducation non formelle au rang des priorités.

L’ENF connaît depuis une vingtaine d’années un essor particulier, dû en partie à la crise de

l’école, de l’éducation formelle, qui conduit à la multiplication des programmes

L’Etat lui-même a fini par s’inscrire dans cette dynamique, de diversification de l’offre

éducative, à travers des programmes d’appui (cf. PDEF 2000-2010).

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 193

Page 194: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

2. ETAT DES LIEUX

2.1. Les acteurs

2.1.1. Les acteurs directs

. Les organisations non gouvernementales (ONG) nationales

Les ONG nationales interviennent dans une ou plusieurs régions ; elles bénéficient de

l’appui des agences de coopération, des organismes internationaux ou de l’Etat.

. Les structures locales 

Ce sont les ateliers artisanaux relevant de l’économie populaire, les associations de

développement de quartier, les associations sportives et culturelles, les groupements

économiques, les initiatives individuelles, les daara ou écoles coraniques.

2.1.2. Les appuis à l’ENF

. Les ONG internationales, 

Qui sont d’origine européenne ou américaine, disposent de moyens qui leur permettent

d’appuyer les ONG nationales et les initiatives locales.

. Les organismes internationaux

A travers leurs agences de coopération, ceux-ci soutiennent financièrement les

programmes nationaux que coordonne l’Etat. L’ACDI, l’UNESCO et l’UNICEFsont

essentiellement les agences qui soutiennent le sous-secteur de l’éducation non formelle.

. Le Ministère de l’Education avec la DAEB / DALN :

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 194

Page 195: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Il assure le financement et la coordination de programmes nationaux

d’alphabétisation et d’ECB à travers les projets PAPA, PAPF, PADEN, le Projet Alpha

Femme, le PENFD, le PAIS.

. D’autres ministères, dans le cadre de la mise en œuvre de politiques sectorielles.

2.2. La localisation

Selon une enquête de l’UNESCO menée en 2001, 78 % des structures d’éducation

non formelle reconnues par l’Etat ont leur siège à Dakar ;  mais leur action intervient dans les

régions en tenant compte de leurs disparités. « Ainsi pour les projets sous tutelle de la DAEB,

les quotas d’ECB et les activités d’alphabétisation sont très souvent déterminés en faveur des

localités situées en milieu rural (dans les villages) où l’analphabétisme est plus élevé, et qui

manquent d’infrastructures scolaires.

Cependant, les initiatives comme les formations coin de rue (FCR) sont très ciblées

puisqu’elles ne concernent que les enfants des bidonvilles et des quartiers défavorisés des

grandes villes. Une enquête de Enda Ecopole (2003), révèle que 60 % des « Formations coins

de rue » (FCR) sont concentrées à Pikine, Thiaroye et Guédiawaye dans la région de Dakar. »

(cf. DPRE, PDEF « Analyse du secteur de l’éducation », CREA, janvier 2004, p.27).

2.3. Les infrastructures

De manière générale, les classes d’alphabétisation, les cours dispensés dans les ECB et les

« formations coins de rue » (FCR) se font dans des lieux d’habitation, dans des locaux

réservés à des groupements d’intérêt économique ou de promotion féminine et même dans des

abris provisoires ou en plein air. Parfois, certains opérateurs utilisent les salles de classe du

formel en dehors des heures de cours.

2.4. La tutelle ou l’instabilité institutionnelle

Au plan institutionnel, l’éducation non formelle, initialement gérée par la Direction de

l’Alphabétisation et de l’Education de Base (DAEB) et la Direction de la Promotion des

Langues nationales (DPLN) qui ont fusionné en 2003 pour donner naissance à la Direction de

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 195

Page 196: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

l’alphabétisation et des langues nationales (DALN), a été, successivement, placée sous la

tutelle de différents ministères, avec plusieurs statuts.

De 1995 à nos jours :

. d’abord sous la responsabilité d’un Ministre délégué chargé de l’Education de Base

et des Langues nationales (MDCEBLN) auprès du Ministre de l’Education nationale (MEN),

elle passe en 2000 sous la tutelle d’un département ministériel ayant en charge

l’Enseignement technique, la Formation professionnelle et l’Alphabétisation.

en 2004, la première formule est ramenée avec un Ministre délégué chargé de

l’Alphabétisation, des Langues nationales et de la Francophonie

. en 2007, le département est érigé en Ministère de plein exercice, le Ministère des

Langues nationales et de la Francophonie. .

. vers la fin 2007, le sous-secteur est arrimé au Ministère de la Culture, baptisé Ministère de

la Culture, du Patrimoine historique classé, des Langues nationales et de la Francophonie, à

travers la Direction de l’Alphabétisation et des Langues nationales.

Le sous-secteur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle souffre d’une réelle

instabilité dans le dispositif institutionnel.

En outre, nombreux sont les ministères qui mènent des activités d’alphabétisation liées

à leurs domaines d’intervention et sans impliquer le Ministère de tutelle. Ainsi : le Ministère

de l'Economie Maritime, des Transports maritimes, de la Pêche et de la Pisciculture ; le

Ministère de la Décentralisation et des Collectivités locales ; le Ministère de la Famille, de

l'Entreprenariat féminin et de la micro finance.

Cela rend difficile la mise en place d’un système cohérent en matière d’éducation.

2.5. Les types de structures

Il y a, en matière d’éducation non formelle deux catégories de structures.

. Les structures nées des initiatives endogènes, c’est-à-dire des initiatives venant des

communautés elles-mêmes soutenues souvent par des ONG.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 196

Page 197: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. La seconde catégorie de structures est soutenue par l’Etat, dans le cadre de

programmes d’appui au sous-secteur ; ces programmes s’adressent aux adultes (15 à

49 ans) analphabètes et jeunes déscolarisés et non scolarisés pour une éducation de

base dans les langues nationales (alphabétisation fonctionnelle, post- alphabétisation et

écoles communautaires de base (ECB).

2.5.1. L’alphabétisation

Selon l’UNESCO, une personne est considérée comme analphabète lorsqu’elle est

incapable de lire et écrire en le comprenant « un exposé bref et simple de faits qui ont trait à

sa vie quotidienne ».

Peut aussi être considéré comme un analphabète «  toute personne qui ne sait lire que

des chiffres, son nom ou une expression courante apprise par cœur »

D’après le recensement général de la population de 1988, La population analphabète

était estimée en 1998 à 3 500 000 personnes (dont 1 996 746 femmes). C’est la base de calcul

utilisée par la DAEB dans ses simulations et ses hypothèses, afin de déterminer le stock de la

population à alphabétiser, en ce qui concerne la période 1998 – 2003. Il lui a fallu se fonder

aussi sur les différents enrôlements, les données démographiques disponibles étant

supérieures à 10 ans. Les résultats de ces calculs indiquent que 500 000 personnes ont été

alphabétisées ; il subsisterait donc encore 3 000 000 d’analphabètes.

La réduction de l’analphabétisme n’est donc, en moyenne, que de 2 % environ, par an.

Or, l’objectif était de 5 %, pour parvenir à son éradication progressive.

Les tableaux ci-dessous présentent les chiffres officiels de la situation en 2003 et de l’évolution du sous-secteur de 1992 à 2001, chiffres donnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE)31718

17

18 DPRE, PDEF : « Analyse du sous-secteur de l’Education », CREA, janvier 2004.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 197

Page 198: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

bleau 2.1 : Distribution des effectifs touchés par l’alphabétisation, Sénégal 2003

Régions

Global

Total Hommes Femmes

Dakar 146219 21404 124815

Thès 171924 20953 150971

Kaolack 122063 22675 99388

Fatick 126803 27184 99619

Tamba 131389 48145 83244

Kolda 150880 30057 120823

Ziguinchor 87513 11772 75740

Louga 175127 20377 154750

Saint-Louis 230097 70193 159904

Diourbel 159459 17590 141869

Total 1501881 404036 1097845

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 198

Page 199: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Source : ME/DAEB/Bureau statistique.

Tableau 2.2 : Taux d’analphabétisme -10 ans et plus –

(base recensement 1988), Sénégal 1992-2001

Année Hommes Femmes Total

1992 64,7 72,7 64,1

1993 53,5 71,1 62,7

1994 52,1 69,3 60,5

1995 51,6 68,3 60,5

1996 51,4 67,9 60,2

1997 50,9 67,1 59,6

1998 45,1 59,3 52,8

1999 43,9 57,6 51,4

2000 41,7 54,8 48,9

2001 39,6 52,6 46,4

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 199

Page 200: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Source : ME/DAEB/Bureau statistique.

Toujours selon la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE),

dans le document précité :

« On ne devra pas compter sur les progrès vers la scolarisation universelle et les

initiatives communautaires ainsi que des partenaires au développement pour espérer une

éradication de l’analphabétisme au cours des dix prochaines années.

D’abord, il est fort possible que l’incidence de ce phénomène, soit sous-estimée par le

taux officiel de 46,4% en 2001 (* Taux d’analphabétisme en 2005 : 58,1% (Source ANSD).

En effet, pour la même année, la Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) a

mené une enquête intitulée « Questionnaire unifié sur les indicateurs de développement)

(QUID) portant sur un échantillon de 28 613 individus. A la question « savez-vous lire ou

écrire ?», 57,2 % ont répondu par la négative. Etant donné que l’échantillonnage a été conçu

de manière à permettre une extrapolation au niveau national, on se retrouve avec une

proportion très élevée de personnes ne sachant lire ni écrire ».

2.5.2. Les écoles communautaires de base

La population prise en charge par les écoles communautaires de base concerne la

tranche d’âge de 9 à 14 ans constitués d’enfants analphabètes (non scolarisés) et

déscolarisés. Les filles représentent 65 % des effectifs. Le Ministère de l’Alphabétisation,

pour l’implantation des projets qui relèvent de sa tutelle, favorise les régions où le taux

d’analphabétisme est élevé et qui souffrent d’un déficit réel d’infrastructures scolaires

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 200

Page 201: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Tableau 2.3 : Distribution par région et genre des effectifs des écoles communautaires de base, Sénégal 2003

Régions

Global (1ère et 2ème années)

Nombre de classes

Effectif

Hommes Femmes Total

Fatick 37 337 717 1054

Ziguinchor 26 420 322 742

Kolda 25 192 520 712

Saint-Louis 32 167 746 913

Thiès 32 284 627 911

Tambacounda 37 727 328 1055

Louga 31 256 628 884

Diourbel 47 557 782 1339

Dakar 26 259 481 740

Matam 15 103 325 428

Kaolack 47 138 1202 1340

Total 355 3440 6678 10118

2.5.3. Les daara

L’école gérée par l’Education nationale, de type école française, n’est pas le premier

modèle d’enseignement au Sénégal. Avant elle a existé et continue d’exister un autre modèle

dit école coranique ou « daara », dont les tenants rejettent bien souvent leur catégorisation

dans le « non formel ».

Pour notre part, nous avons maintenu les daara dans l’éducation « non formelle » en

partant de la définition selon laquelle cette catégorie est constituée de structures qui se

développent hors du système géré par l’Etat, à travers le Ministère de l’Education (nationale).

Les objectifs, les contenus et les méthodes d’apprentissage qui peuvent différencier les

daara, sont fonction de la confrérie dont relève ces écoles coraniques (mouride ou tidiane). Le

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 201

Page 202: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

type d’homme ou de femme que produisent ces écoles est celui de personnes ayant une bonne

connaissance et une bonne pratique de leur religion et qui participent à la vie économique et

sociale. Leurs activités économiques s’exercent le plus souvent dans le secteur informel.

On peut distinguer les types de daara selon leur implantation.

2.5.3.1. Les daara en milieu urbain

Celles-ci prolifèrent avec l’exode rural et sont de 2 types :

- les daara originaires de la zone rurale, où les marabouts viennent s’installer en ville

avec leurs taalibé dont les parents sont restés dans leur village ; ces daara ne font l’objet

d’aucun contrôle et ont recours, pour leur subsistance, à la mendicité des enfants qui devient

un usage abusif, outrepassant le principe de l’aumône lié à l’enseignement religieux, c’est-à-

dire l’apprentissage de l’humilité et de la précarité ;

- les daara de quartier, qui accueillent les enfants du quartier avantleur scolarisation ou

pendant les vacances scolaires.

II.5.3.2.Les daara en milieu rural

L’objectif essentiel est ici l’apprentissage du Coran.

Les taalibé sont placés en internat, ce qui permet un meilleur encadrement et une

meilleure éducation qui assurent à la fois l’enseignement coranique et la préparation à la vie

active.

C’est dans ce milieu que se trouvent les pôles d’excellence de l’enseignement

coranique, avec des institutions vieilles de plus d’un siècle.

2.5.3.3. Les daara dits modernes

Dans le cadre d’un partenariat entre l’UNICEF et le Ministère de l’Education, une expérience

pilote menée dans 80 daara propose un programme d’enseignement coranique traditionnel

amélioré, en ce sens que les élèves en sortent avec un métier.

Modèle du Trilinguisme (Daara amélioré et Formation professionnelle)

DISCIPLINES HORAIRES/semaine

Education religieuse 15h

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 202

Page 203: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

(Coran, Hadith, Pratiques cultuelles,…)

Apprentissages instrumentaux

(langues :arabe, langue nationale, français ;mathématique)10h

Compétences de vie courante

(santé nutrition, environnement, EVF/EMP, droits humains, genre, TIC,…)

5h

Compétences techniques et professionnelles (sciences, technique, technologie, travaux pratiques, apprentissage dans des filières porteuses)

5h

Total 35 heures

2.5.4. Les apprentissages techniques

Dans la diversité des offres de formation, on trouve celle donnée par le biais de

métiers à forte demande en main-d’œuvre : le transport, l’artisanat, la cordonnerie, la

menuiserie, la mécanique automobile, etc.

La population concernée est celle des jeunes non scolarisés ou déscolarisés qui se sont

retrouvés très tôt hors du système scolaire.

Ces apprentissages sont à la base de la consolidation des corps de métier qui

interviennent quotidiennement dans le système de production économique, au Sénégal.

2.6. Le medium de l’enseignement non formel : les langues nationales

La Direction de la Promotion des Langues nationales (DPLN), puis la Direction de

l’Alphabétisation et des Langues nationales (DALN), a fait d’importantes avancées dans la

codification des langues nationales : elle en est à une quinzaine de langues nationales,

permettant, ainsi, un accès plus large à l’éducation de base non formelle.

Travaillant en partenariat avec l’UNICEF, elle a mis en place un programme

d’introduction du trilinguisme et de la formation professionnelle dans les daara, cela pour une

durée de cinq ans. En plus de l’arabe et de l’enseignement traditionnel du coran, ce

programme introduit le français et la formation professionnelle. L’expérience prend en charge

80 daara répartis dans quatre régions (Dakar, Thiès, Diourbel et Kaolack.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 203

Page 204: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

3. CONTRAINTES ET PROBLEMES IDENTIFIES

De nombreux problèmes et contraintes ont été identifiés dans le sous-secteur de

l’éducation non formelle. Nous retiendrons principalement ceux-ci :

- dispersion des actions d’alphabétisation sans une véritable coordination entre acteurs,

d’où absence d’harmonisation des interventions ;

- absences de statistiques fiables sur la situation du sous-secteur ;

- faible efficacité externe des programmes d’alphabétisation ;

- conditions précaires des personnels de l’alphabétisation et absence d’un plan de carrière ;

- érosion des effectifs : les adolescents de même que les adultes ont du mal à concilier

leurs obligations de travail avec une fréquentation régulière de la classe ;

- caractère sommaire des infrastructures : conçus pour être provisoires, ces abris doivent

être réparés ou entièrement couverts après chaque saison des pluies ; ils ne permettent

pas de stocker du matériel pédagogique, des livres ni des cahiers ;

- environnement non sécurisé : de par son emplacement, l’ECB ou la CAF présente

souvent l’inconvénient d’être assez bruyante, souvent sans clôture ;

faiblesse du budget de l’Etat alloué au financement du sous-secteur de l’éducation non

formelle (à peine 1% des 40% officiellement déclarés du budget global de l’Etat destiné

à l’éducation) ;

- quasi-absence de formation des acteurs et surtout des formateurs en matière de gestion,

de formation professionnelle, de langues et de méthodologies d’apprentissage ;

- difficultés à garantir la qualité des apprentissages et des services ;

- instabilité de l’ancrage institutionnel ;

- absence de valorisation des acquis et d’équivalence avec le système de certification

existant ;

- marginalisation de l’éducation des adultes dans le système éducatif sénégalais.

4. RECOMMANDATIONS

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 204

Page 205: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les recommandations que nous formulons ici recoupent celles déjà clairement consignées

dans le document de politique général 2003-2012 et dans le Cadre d’Orientation stratégique

(COSA), et qui sont des objectifs prioritaires. Elles ont pour objectifs de :

- contribuer à la scolarisation universelle par la promotion de modèles alternatifs

stabilisés (ECB, daara, etc.) pour la prise en charge des enfants non scolarisés ou

déscolarisés précoces ; 

- assurer l’éradication rapide de l’analphabétisme, tout en améliorant la qualité et la

pertinence de l’offre de services d’alphabétisation ;

- favoriser ou créer un environnement lettré ;

- promouvoir les langues nationales dans la vie officielle et publique, à l’école et dans la

formation professionnelle;

- renforcer le pilotage des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non

formelle aux plans intra-sectoriel et inter-sectoriel ;

- renforcer le financement public des programmes et actions du sous-secteur de

l’éducation non formelle ;

- renforcer la communication et la mobilisation sociale ;

- instaurer et privilégier le partage de l’information et des expériences entre acteurs de

l’Education non formelle (Etat, société civile, c’est-à-dire ONG, Associations diverses

de citoyens) ;

- impliquer les organisations professionnelles ou de divers métiers et celles

confessionnelles.

ASSISES NATIONALES  DU SENEGAL

COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »

SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 205

Page 206: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

VOLET

ENGAGEMENTS DU SENEGAL DANS LE MONDE

DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION

ROKHAYA FALL SOKHNA

OCTOBRE 2008

LES ENGAGEMENTS DU SENEGAL DANS LE MONDE

DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION

Conscient de la nécessité où se trouve toute société de s’ouvrir pour essayer de s’enrichir du

contact et de la solidarité avec les autres, le Sénégal a souscrit à des engagements

internationaux qui touchent au volet éducation.

Nous prendrons en exemple les engagements tournant autour de l’éducation pour tous (EPT)

et ceux qu’il partage avec les gouvernements des états de l’Union africaine au sein de la

Conférence des Ministres de l’éducation (COMEDAF).

Le Forum Mondial sur l’Education

Dans les principes qu’elle induit (former pour apprendre à connaître, à faire, à vivre

ensemble et à être), la déclaration mondiale sur l’éducation de base faite à Jomtien en 1990

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 206

Page 207: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

était une invite faite aux gouvernements pour une concentration des efforts sur l’éducation de

base qui prépare l’homme à sa vie de citoyen.

C’est pourquoi tout au long de la première décennie de l’éducation, la communauté

internationale a pris des engagements en faveur de l’éducation de base lors de ses

nombreuses rencontres:

1990, sommet mondial pour les enfants,

1992, conférence sur l’environnement,

1993, conférence mondiale sur les besoins éducatifs spéciaux : accès et qualité,

1995, sommet mondial pour le développement social,

quatrième conférence mondiale sur les femmes en 1995,

1996, réunion à la mi-décennie du Forum consultatif international sur l’éducation pour

tous

1997, conférence internationale sur l’éducation des adultes

1997, conférence internationale sur le travail des enfants

A l’instar des autres gouvernements, le Sénégal a souscrit à ses engagements pour que toute personne, enfant, adolescent ou adulte puisse bénéficier d’une formation conçue pour répondre à ses besoins fondamentaux.

Dix ans après Jomtien, le Forum mondial sur l’éducation qui s’est tenu à Dakar en Avril 2000 faisant le bilan de la décennie écoulée, montre que, même si des progrès importants ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire, dans le domaine de l’accès des enfants à l’enseignement primaire, de l’alphabétisation des adultes et de l’égalité de genre dans le système éducatif.

L’analyse de la situation globale a conduit le Forum mondial de l’éducation à attirer l’attention des partenaires de l’éducation sur l’importance de l’éducation pour tous (EPT) dans sa relation avec la réduction des inégalités de manière générale et de la pauvreté en particulier, autant d’éléments faisant partie des objectifs du Millénaire (OMD). La relation entre éducation, développement durable, paix et stabilité à l’intérieur des pays et entre eux étant chose établie, le forum a jugé que réaliser l’éducation pour tous est en fait une priorité dans la mesure où, les buts qu’elle vise sont étroitement liés au développement.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 207

Page 208: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Un cadre d’action visant la réalisation de six objectifs a été élaboré, et les gouvernements, les organisations, groupes et association présents à la réunion de Dakar ont signé une douzaine d’engagements dont le respect devra leur permettre d’atteindre les objectifs visés.

Les objectifs :

1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects, la protection de la petite enfance, et notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés.

2. Faire en sorte que d’ici 2015, tous les enfants, notamment les filles et les enfants en

difficulté ou issus des minorités ethniques, aient la possibilité d’accéder à un

enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu’à son

terme.

3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes en assurant un accès équitable à des

programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition des connaissances ainsi que des

compétences liées à la vie courante.

4. Améliorer de 50% les niveaux d’alphabétisation des adultes, et notamment des

femmes, d’ici 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes

d’éducation de base et d’éducation permanente.

5. Eliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire

d’ici 2005 et instaurer l’égalité dans ce domaine d’ici 2015 en veillant notamment à

assurer aux filles l’accès équitable et sans restriction à une éducation de base de

qualité avec les mêmes chances de réussite.

6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation et garantir son excellence de

façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables,

notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences

indispensables dans la vie courante.

Ces six objectifs sont reconnus comme le socle devant porter ce droit fondamental de tout

homme qu’est l’éducation.

Pour bâtir ce socle, les signataires du Forum s’engagent à :

Susciter, aux niveaux national et international, un puissant engagement

politique en faveur de l’éducation pour tous, définir des plans d’action

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 208

Page 209: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

nationaux et augmenter significativement les investissements dans l’éducation

de base.

Promouvoir des politiques d’éducation de base pour tous dans le cadre d’une

action sectorielle durable et bien intégrée, clairement articulée avec les

stratégies de développement et d’élimination de la pauvreté.

Faire en sorte que la société civile s’investisse activement dans la formulation,

la mise en œuvre et le suivi des stratégies de développement de l’éducation.

Mettre en place des systèmes de gestion et de gouvernance éducative qui soient

réactifs, participatifs et évaluables.

Répondre au besoins des systèmes éducatifs subissant le contrecoup de

situations de conflits et d’instabilité et conduire les programmes d’éducation

selon des méthodes qui soient de nature à promouvoir la paix , la

compréhension mutuelle et la tolérance et à prévenir la violence et les conflits.

Mettre en œuvre des stratégies intégrées pour l’égalité des sexes dans

l’éducation, qui prennent en compte la nécessité d’une évolution des attitudes,

des valeurs et des pratiques.

Mettre en œuvre d’urgence des activités et des programmes d’éducation pour

lutter contre la pandémie du VIH/SIDA.

Créer un environnement éducatif sain et sûr, inclusif et équitablement doté en

ressources, qui favorise l’excellence de l’apprentissage avec des niveaux

d’acquisition bien définis pour tous.

Améliorer la condition, la motivation et le professionnalisme des enseignants.

Mettre les nouvelles technologies de l’information et de la communication au

service de la réalisation des objectifs de l’éducation pour tous.

Assurer un suivi systématique des progrès accomplis du point de vue des

objectifs et des stratégies de l’EPT au niveau national régional et international.

Renforcer les mécanismes existants pour faire progresser plus rapidement

l’éducation pour tous.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 209

Page 210: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les objectifs étant fixés pour l’horizon 2015, des rapports périodiques sont produits pour

évaluer les progrès accomplis depuis 2000.

Ainsi, le rapport mondial de suivi de l’EPT 2007, se basant sur les informations disponibles à

la fin de l’année scolaire 2004, essaie de déterminer le chemin parcouru et les progrès

accomplis depuis Dakar. Ce rapport note que :

L’enseignement pré primaire est en augmentation même si ce n’est pas de façon très sensible

et cela surtout en Afrique Subsaharienne.

L’accès à l’école primaire aussi s’améliore, même s’il reste encore un nombre trop élevé

d’enfants non scolarisés.

Des progrès vers la réalisation de la parité entre les sexes ont été aussi accomplis, en dépit

des disparités encore prédominantes dans l’enseignement secondaire.

En matière d’alphabétisation, les progrès enregistrés ont été maigres et le rapport note qu’un

adulte sur cinq dans le monde est analphabète.

Le calcul de l’indice de développement de l’EPT (cet indice est la mesure composite de la

situation d’un pays quant à la réalisation de l’Agenda de l’EPT) n’a pu être porté que sur les

quatre objectifs les plus quantifiables qui sont :

Objectif 2 : l’éducation primaire universelle mesurée par le taux net de scolarisation dans le

primaire

Objectif 4 : l’alphabétisation des adultes, mesurée par le taux d’Alphabétisme de la

population âgée de 15 ans et plus.

Objectif   5   : parité et égalité entre les sexes, mesurée par l’indice de l’EPT relatif au genre

(IEG), qui est la moyenne des indices de parité entre les sexes (IPS) des taux bruts de

scolarisation (TBS) du primaire et du secondaire et du taux d’alphabétisme des adultes.

Objectif 6 : la qualité de l’éducation, mesurée par le taux de survie en cinquième année du

primaire.

Il est apparu à la lumière de cette analyse que le Sénégal se trouve classé à la 114ème place

sur un total de 125 pays. Il fait partie des 28 derniers pays dont les valeurs de l’IDE sont

comprises entre 0,43 et 0,79.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 210

Page 211: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Celui du Sénégal, calculé à partir du taux national de scolarisation dans le primaire (0,662),

du taux d’alphabétisation des adultes (0,39), de l’indice de l’EPT relatif au genre (0,749) et du

taux de survie en 5ème année du primaire (0,782) est de 0,646.

L’IDE exprimé sous forme de rapport, part de 0 à 1. La valeur 1 représente la pleine

réalisation de l’EPT.

Avec 0,646, l’IDE du Sénégal est donc assez bas, et le pays se trouve encore relativement

éloigné des objectifs fixés en 2000 par le Forum mondial pour l’éducation.

Les organisations de la société civile (ONG, Syndicat, Jeunes, femmes, Universités etc.) se

réunissent périodiquement depuis 2001 pour une consultation collective dans le but de mieux

intérioriser les objectifs de Dakar 2000, relever certaines avancées et surtout cerner les

obstacles à la réalisation de ce à quoi les états se sont engagés lors du forum mondial :

l’Education pour tous (EPT).

Assurer un suivi systématique des progrès accomplis du point de vue des objectifs et des

stratégies de l’EPT aux nivaux national, régional et international est le onzième engagement

retenu lors du Forum de Dakar.

Les Etats Africains essaient depuis de maintenir la mobilisation à travers le cadre d’action

constitué par la Conférence des Ministre de l’éducation de l’Union africaine.

LA COMEDAF

A trois reprises elle s’est réunie et la dernière session en date a eu lieu à Johannesburg

(Afrique du Sud) en vue de discuter le progrès accompli dans la mise en œuvre du Plan

d’action.

Cette réunion qui s’est tenue du 6 au 7 août 2007 (COMEDAF III) a été l’occasion de voir

l’accélération du processus de l’élargissement de la vision sur les questions éducatives ; le

plan d’action de la deuxième décennie de l’éducation y a été discuté.

Une volonté de fusion des différents instruments dynamiques s’est nettement dégagée.

Des propositions d’harmonisation dans certains secteurs de l’éducation (celui de

l’enseignement supérieur notamment) ont été avancées.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 211

Page 212: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

L’enjeu constitué par la formation technique et professionnelle au sein du secteur de

l’éducation a fait l’objet de consensus.

L’affirmation d’une volonté d’avancer dans la formation des formateurs s’est dégagée, alors

que la mobilisation pour une solidarité africaine dans la prise en charge du sort des personnes

surtout des enfants et des femmes dans une situation de conflit ou de post conflit a été encore

réaffirmée.

Le projet de refondation des systèmes éducatifs africains et la mobilisation qu’il implique

permet opportunément de lancer les jalons d’un partenariat bénéfique entre les organisations

de la société civile et les institutions spécialisées de l’UA (l’académie des Langues, l’institut

pour le développement de l’éducation , etc.)

Il est regrettable que l’état sénégalais qui à travers son gouvernement a souscrit à tous les

engagements relatifs aux objectif du forum mondial pour l’éducation, ne se soit pas présenté à

la réunion de la COMEDAF III. Cela est d’autant plus impardonnable que le Sénégal prétend

jouer un rôle leader en Afrique, surtout dans le cadre du partenariat stratégique entre l’UA et

l’Inde en matière de télé enseignement et télé médecine.

République du Sénégal

Assises Nationales : Commission 4

§ § § § § § § § § §

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 212

Page 213: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Sous commission Santé et Développement Social :

Secteur de la Santé

Introduction

La Santé constitue, avec l’Education, les deux secteurs qui doivent garantir à un pays des

ressources humaines de qualité. Longtemps considérés, à tort, comme des domaines non

productifs, il est maintenant établi qu’il s’agit-là de secteurs parmi les plus importants. Même les

partenaires au développement (ou bailleurs de fonds) les plus récalcitrants ont fini par admettre

l’intérêt d’investir dans la santé des populations.

La Démarche adoptée par la sous commission Santé et Développement social comprend

différentes méthodes :

. la recherche documentaire

. la réalisation d’interviews et d’entretiens

. le recueil de vécus individuels et d’avis d’experts par écrit

Le présent rapport n’inclut pas les conclusions des consultations citoyennes en matière de santé,

qui se sont tenues dans les différents départements du pays.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 213

Page 214: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Etat des lieux

Il a permis de passer en revue les différents domaines du secteur de la santé : les infrastructures, les

ressources humaines, la gestion du secteur, le financement de la santé, les laboratoires, les

médicaments, la prévention et l’hygiène, les domaines sociaux, les secteurs liés à la santé, les

médecines sectorielles.

L’analyse de la situation du secteur montre certes bien des acquis comme la construction de

nouvelles infrastructures, le recrutement de personnels de santé, l’important financement du

secteur, y compris par une forte contribution des populations, la suppression de taxes sur les

médicaments etc., mais le constat est le même : la santé coûte cher et il y a beaucoup de

mécontentement aussi bien chez les populations qu’au sein des professionnels de la santé. Les

soins de qualité et surtout spécialisés sont peu accessibles en dehors des grands centres urbains,

beaucoup de réflexions et d’accords pertinents attendent encore d’être appliqués, les hôpitaux

croulent sous la dette et la mauvaise gestion, en matière d’infrastructures et de ressources

humaines le Sénégal est encore loin des normes, le commerce illicite des médicaments fait encore

rage, de même que la corruption.

Le laboratoire, le service d’hygiène, la santé bucco-dentaire, la médecine traditionnelle souffrent

encore d’un manque de considération notoire.

Les tableaux ci-dessous résument l’ensemble des points forts et points faibles relevés pour chaque

domaine du secteur de la santé.

Les propositions formulées conséquemment à cette évaluation sont présentées à la fin du

document.

Résumés des Points forts et Points faibles (1)

Domaines Points forts Points Faibles

1. Infrastructures

Nombre et répartition

Construction de nouvelles structures

Le Sénégal est loin des normes

Plateau technique Assez relevé dans les EPS de niveau 3

Peu de soins spécialisés dans les régions autres que Dakar

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 214

Page 215: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Accessibilité Existence de structures de santé dans toutes les régions

- Grande disparité avec déséquilibre monstre entre Dakar et les autres régions

- Coûts des prestations élevés

2. Ressources humaines

Formation des personnels

- Existence de Facultés et d’Ecoles de formation

- Qualité de la Formation

- Augmentation de l’effectif à l’ENDSS

- Formation en Santé publique disponible

- Pas de planification systématique en fonction des besoins

- Pas de politique de formation de spécialistes

Disponibilité

- Formation chaque année de personnels de différents corps

- Recrutements annuels

- Ressources de qualité

- Normes non encore atteintes

- Pas de motivation pour les zones reculées

- Pénurie en spécialistes

Gestion

Existence de Direction des Ressources Humaines

- Absence de plan de carrière clair et motivant

- Laisser aller dans la gestion

3.  Management et Gouvernance du secteur

Management

- Beaucoup de réflexion déjà menée

- Accords signés avec les syndicats

- Laxisme généralisé

- Pas de système de contrôle

- Absence d’application des recommandations et des accords

- Corruption à grande échelle

Hôpitaux - Loi sur Réforme hospitalière prise

- Réflexion pendant 1 an sur le fonctionnement des hôpitaux

- Mauvaise gestion

- Dette massive

- Pléthore de personnels peu qualifiés

- Peu d’emprise de la tutelle

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 215

Page 216: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Mauvaise application de la loi portant réforme hospitalière

4. Financement de la Santé

Budget Etat Augmentation des Budgets de l’Etat chaque année

- Mauvaise gestion

- Répartition souvent injuste

- Mécanismes de financements à revoir

- Inaccessibilité d’un important pourcentage des crédits votés

Appui au

développement

Beaucoup de financements extérieurs

- Non utilisation de l’argent mis à disposition (PDIS)

- Déséquilibre dans l’appui

- Absence de détermination des priorités par l’Etat

Autres Importante contribution des populations

- Faible contribution des collectivités locales

- Problème de recouvrement des certificats d’indigence

- Problème des mutuelles, assurances et sécurité sociale

- Financement des hôpitaux

Domaines Points forts Points Faibles

5. Laboratoires d’Analyses

Nombre et répartition

Existence de laboratoire dans tous les centres de santé

- Accessibilité réduite pour les zones reculées

- Services d’imagerie insuffisants

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 216

Page 217: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Plateau technique Ressources humaines de qualité au niveau national et régional

- Equipement insuffisant

- Qualification insuffisante en zone décentralisée

- Ruptures de réactifs et consommables incessantes

Moyens

- Nouveaux textes réglementant les laboratoires privés

- Existence d’un Réseau National de Laboratoires

- Manque de considération aussi bien au niveau central que dans les structures sanitaires

- Budgets inexistants ou insuffisants

- Aucun texte organisant le Réseau de Laboratoires

6. Médicaments

Accessibilité

- Détaxation des Médicaments

- Système de distribution public et privé répandu

- Disponibilité des génériques

- Coûts toujours élevés

- Pharmacopée non disponible

Contrôle - Contrôle avant AMM

- Laboratoire de Contrôle performant

- Vente illicite répandue

- Contrôle de la qualité non systématique

Production

- Recherches effectuées

- Technologie disponible

- Faiblesse de la production (10%)

- Pas d’investissement

- Législation à revoir

7. Prévention

Hygiène

- Existence d’une Direction nationale

- Représentation dans toutes les régions

- Service National sous équipé

- Ressources humaines insuffisantes

- Autorité émoussée

Vaccination

- Existence d’un Programme national de routine

- Organisation de journées

- Doute sur les taux de couverture

- Absence de vaccination préventive contre certaines

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 217

Page 218: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

nationales de renforcement

- Appui aux services décentralisés

épidémies

- Suivi de la vaccination laissé aux seules familles

Sensibilisation Implication des communautés

- Trop de folklore

- Faiblesse de l’implication de la Presse

- Manque d’harmonie des messages

Domaines Points forts Points Faibles

8. Domaines sociaux

Handicapés Amélioration de l’accessibilité physique aux structures

- Disponibilité réduite de soins spécialisés

- Accessibilité financière faible

Sujets âgés Mise en place du plan sésame

- Pénurie de spécialistes de la Médecine du sujet âgé

- Problème de prise en charge des soins

Santé de la Reproduction

- Affectation de Sages Femmes dans les centres de santé

- Existence de Programme de Santé de la Reproduction

- Spécialistes de gynécologie insuffisants

- Soins spécialisés pas toujours accessibles dans les régions

Maladies de l’Enfance

- Réduction morbidité et mortalité

- Programme de prévention de la transmission du VIH

- PEV et programme de nutrition

- Accessibilité aux soins spécialisés réduite dans les régions

- Ressources humaines insuffisantes

Revendications syndicales

- Réflexion menée sur les problèmes du secteur

- Protocoles d’accord signés

- Instabilité sociale

- Politique de pourrissement

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 218

Page 219: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

avec différents Ministres - Non respect des engagements pris par le gouvernement

- Griefs aux syndicats par rapport aux comportements de leurs membres

9. Autres secteurs liés à la Santé

Assainissement -

- Mauvaise répercussion sur le niveau d’hygiène

- Endémicité des maladies aux mains sales

Pauvreté

- Programme de lutte contre la pauvreté

- Solidarité naturelle des populations sénégalaises

Inaccessibilité aux soins de qualité de la plupart des populations

Faible taux de fréquentation des structures de santé

10. Médecines sectorielles

Maladies chroniques

- Décentralisation de la lutte contre le Diabète

- Subvention de l’insuline

- Existence de programmes de lutte

- Ressources humaines spécialisées insuffisantes

- Faiblesse de l’appui institutionnel et financier

Maladies endémiques et épidémiques

- Existence de programmes de lutte contre certaines de ces maladies

- Importance de l’appui financier à certains programmes

- Problèmes d’organisation et de management

- Absence de solidarité entre programmes

- Problèmes de stratégie vaccinale

Accidents, Urgences Catastrophes

- Existence d’un plan ORSEC

- Mise en place SAMU en cours

- Réflexion pour décentraliser les soins spécialisés

- Insuffisance ressources humaines

- Déficit en infrastructures

- Problèmes de disponibilité des implants

- Problème de la prise en charge financière

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 219

Page 220: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Absence de structures de soins de longue durée

Santé bucco - dentaire

- Possibilité de formation des Ressources humaines

- Multiplication des cabinets dentaires

- Manque de considération

- Rareté des ressources humaines

- Faiblesse des moyens

- Coûts élevés des intrants

Médecine traditionnelle

- Disponibilité de produits naturels

- Efforts d’intégration dans le système sanitaire

- Manque d’organisation

- Absence de reconnaissance formelle

- Beaucoup de confusion dans le secteur

- Intégration insuffisante dans le système sanitaire

Exercice illégal

- Beaucoup de textes réglementaires existent

- Existence d’Ordres nationaux

- Faiblesse de la volonté politique

- Non application des textes

- Ampleur de l’exercice illégal et de la publicité interdite

Propositions alternatives

PROPOSITIONS D’ORDRE GENERAL

. Assurer la stabilité institutionnelle, au niveau ministériel comme au niveau de l’ancrage des services

. Prendre les dispositions nécessaires pour appliquer les mesures préconisées lors des accords avec les partenaires sociaux et celles recommandées par les innombrables commissions de réflexion.

. Corriger la dispersion des domaines en regroupant la Santé, la Prévention, l’Action sociale, l’Assainissement, l’Environnement et la Gestion des déchets

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 220

Page 221: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Repenser la gestion des Structures de santé, en prenant en compte les réflexions déjà menées et les recommandations non encore appliquées

. Veiller à alléger les coûts des prestations pour rendre les soins de qualité plus accessibles pour les populations.

PROPOSITIONS PAR DOMAINE

2.1. Infrastructures :

. Multiplier les structures de santé pour diminuer l’écart entre l’existant et les normes

. Réduire considérablement les déséquilibres et être plus juste dans la mise à disposition des soins de qualité et des soins spécialisés dans toutes les régions du pays.

. Mettre en place de véritables hôpitaux disposant de spécialités dans tous les départements du Sénégal, et des EPS de niveau 3 hors de Dakar, notamment dans les régions d’implantation des nouvelles UFR de Santé

. Equiper les structures sanitaires et veiller à la maintenance régulière, préventive comme curative, de ces équipements.

2.2. Ressources humaines :

. Implanter des UFR en santé non pas dans la précipitation et la politisation, mais de manière bien réfléchie et bien préparée ;

. Planifier la formation en fonction des besoins, notamment en spécialistes et en personnels paramédicaux pour s’approcher des normes ;

. Renforcer la structure de formation de Référence des personnels paramédicaux, l’ENDSS, pour lui donner une identité plus conforme aux exigences, une véritable Ecole Supérieure de Formation, avec toutes les mesures d’accompagnement ;

. Bien encadrer la formation privée (cahier de charges) ;

. Augmenter l’effectif en formation pour tendre vers les normes, dans le cadre d’une planification correcte, et dérouler le plan de redéploiement des RH proposé en 2005.

2.3. Financement de la Santé :

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 221

Page 222: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Inverser la tendance en minimisant l’apport des populations ;

. Trouver un système qui prenne en charge les soins aux démunis, aux sujets âgés, aux personnes vivant avec un handicap ;

. Arrêter la balkanisation des financements et définir les priorités par nous-mêmes ;

. Exiger une meilleure implication des collectivités locales dans le financement de la santé, les infrastructures, les équipements ;

. Revoir la structuration des budgets, leur mode de confection, l’accessibilité effective aux fonds et à temps ;

. Chercher à éradiquer la corruption à grande échelle, à tous les niveaux  

2.4. Management du système :

. Revoir l’organigramme du Ministère pour le rendre plus cohérent :

- Mettre en place une Direction Générale de la Santé forte qui coiffe toutes les autres Directions et des Directions Régionales ;

- Séparer le Laboratoire du Médicament avec deux Directions autonomes ;

- Mettre en place une Direction Nationale de la Santé Bucco-Dentaire ;

- Revoir la structuration dans le sens de mieux organiser et coordonner la lutte contre les différentes maladies ;

- Mettre en place un véritable corps d’inspecteurs de la Santé, multidisciplinaire.

. Instaurer le Management par la qualité avec un système de contrôle en vue d’une amélioration continue ;

. Faire de la lutte contre la corruption une priorité ;

. S’agissant des Hôpitaux :

- Veiller à l’application stricte de la loi portant Réforme hospitalière et donner plus d’autorité aux instances comme le Conseil d’Administration et la CME, notamment dans la nomination des Directeurs d’Hôpitaux ;

- Mettre à la tête de chaque hôpital un Directeur Médical choisi parmi les professionnels de la Santé, par appel à candidature, secondé par un Directeur Financier et un Directeur Administratif ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 222

Page 223: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Définir une politique d’investissement claire pour relever le plateau technique et mettre en œuvre des plans d’investissement qui tiennent compte des priorités ;

- Redéfinir la mission de référence des hôpitaux avec la mise en place de pools d’hôpitaux de référence regroupant des Spécialités voisines et plus orientés vers la recherche médicale ;

- Trouver une solution définitive au financement des Hôpitaux qui ne devra plus s’appuyer essentiellement sur la contribution des populations ;

- Réduire les postes de dépenses et envisager la contractualisation de certains secteurs ;

- Assurer la mise en place d’une meilleure politique de gestion des ressources humaines ;

- Envisager l’application des recommandations pertinentes de la concertation nationale de 2006 sur le système hospitalier.

2.5. Question des Laboratoires :

. Respecter les accords internationaux et les recommandations de l’OMS en matière d’organisation ;

. Donner plus de moyens réglementaires, humains, financiers, matériels et logistiques au sous système de Laboratoires ;

. Accorder plus de considération à ce secteur ;

. Planifier la formation de spécialistes pour satisfaire aux besoins ;

. Rendre accessibles les prestations de Laboratoires dans tous les départements au moins.

2.6. Question des Médicaments :

. Elargir le contrôle des médicaments aux différents lots en circulation, après l’AMM. Pour cela, renforcer le Laboratoire de Contrôle des Médicaments et rendre systématiques les contrôles ;

. Mettre en place une industrie de production de certains médicaments, des solutés et autres consommables ;

. A l’instar du Mali, mettre en place une liste de Médicaments Traditionnels Améliorés reconnus et prescrits ;

. Elaborer une Pharmacopée sénégalaise en relation avec les professionnels, et en faire une propriété nationale ; à défaut s’approprier de la Pharmacopée africaine établie par l’OUA ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 223

Page 224: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Envisager la mise en place d’un Institut des plantes avec des équipes multidisciplinaires, ce qui permettra des études systématiques de plantes, l’élaboration et la mise à jour de la pharmacopée, mais aussi la production de médicaments à base de plantes.

. Bien organiser la lutte contre le commerce illicite, notamment par :

- La révision de l’arsenal juridique qui renforce les peines,

- Le contrôle plus strict aux frontières,

- L’harmonisation de la législation au niveau communautaire.

2.7. Question de l’hygiène et de la Prévention

. Ne plus séparer la Prévention de la Santé ;

. Redonner au Service d’Hygiène son autorité d’antan en lui fournissant les moyens réglementaires, humains, logistiques et financiers nécessaires à sa mission ;

. Repenser la stratégie vaccinale avec une meilleure organisation de la vaccination de routine, l’implication de ressources humaines compétentes dans les JNV, une meilleure appréciation des taux de couverture vaccinale qui doivent être établis avec plus de sérieux ;

. Redéfinir la politique de sensibilisation des populations en mettant en avant la conformité avec nos croyances, en procédant à une harmonisation des messages, et en impliquant davantage les médias dans le cadre d’un partenariat ;

. Réfléchir à la mise en œuvre d’une vaccination préventive contre notamment les épidémies de méningite.

2.8. Domaines sociaux

. Personnes vulnérables :

- Améliorer l’accessibilité physique et financière des soins de qualité aux personnes vivant avec un handicap ;

- Réviser le plan sésame pour les sujets âgés en clarifiant et en rendant effective la prise en charge des soins ;

- Organiser la formation de spécialistes des maladies du sujet âgé et rendre accessibles les soins spécialisés dans toutes les régions du pays ;

- Rendre possible la prise en charge des soins aux sujets âgés avec les imputations budgétaires et lettres de garantie délivrées à leurs enfants ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 224

Page 225: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

- Améliorer la prise en charge de la santé maternelle par la formation de ressources humaines compétentes en nombre et à disposition dans toutes les régions ;

- Evaluer la politique de planification familiale et de césarienne quasi systématiques, en mettant en avant les intérêts des populations ;

- Mettre en place une politique du « mieux d’enfants » à la place du « moins d’enfants ».

. Revendications syndicales :

- Evaluer les accords signés entre les syndicats de professionnels de la Santé et le gouvernement en vue d’une application correcte dans l’intérêt général ;

- Etablir un partenariat sain entre la tutelle et les différents acteurs de la santé ;

- Instaurer un dialogue permanent pour évaluer le partenariat et prévenir les situations conflictuelles.

2.9. Médecines sectorielles

* Maladies chroniques :

. Elargir et pérenniser la prise en charge décentralisée des maladies chroniques comme c’est le cas du diabète. Pour cela, il faut mettre en œuvre les pertinentes recommandations de la concertation nationale de 2006 sur la question ;

. Mettre à disposition les moyens nécessaires pour dérouler des programmes de prévention, de détection et de lutte contre ces maladies ;

. Relever les plateaux techniques des hôpitaux et renforcer les ressources humaines qualifiées.

* Maladies endémiques et épidémiques

. Revoir l’organisation de la lutte contre les maladies endémiques en vue d’une meilleure coordination (organigramme, financement, activités) ;

. Evaluer et réorganiser la politique de lutte contre les maladies épidémiques ;

. Impliquer davantage les autres secteurs indispensables à la maîtrise de ces fléaux (habitat, assainissement, environnement, hydraulique…) ;

. Mettre à disposition les moyens nécessaires à la lutte grâce à un système de réaffectation des ressources.

* Médecine d’urgence & Prise en charge des Accidents

. Mettre en place une structure de prise en charge pré-hospitalière des urgences avec un système de communication et un système d’évacuation et d’accessibilité des patients ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 225

Page 226: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

. Améliorer la prise en charge de toutes les victimes d’accidents grâce à une cellule de veille type comité national impliquant tous les ministères concernés et bien coordonnée ;

. Mettre en place des unités de soins de longue durée, à mi-chemin entre l’hôpital et la maison;

. Elaborer et mettre en œuvre une véritable politique de prévention des accidents, sur toute l’année, ayant des cibles variées, pour un changement réel de comportement ;

. Veiller à l’amélioration notable des capacités des personnels de santé aussi bien médicaux que paramédicaux ;

. Créer un registre national des Accidents mettant en place une base de données commune et qui permet d’avoir des statistiques fiables et complètes.

* Santé bucco-dentaire

. Mettre en place une Direction Nationale stable de la Santé bucco-dentaire ;

. Réglementer l’ouverture des cabinets dentaires privés et motiver les dentistes privés qui s’installent à l’intérieur du pays, par exemple par une baisse des taxes qui contribuerait à faire baisser les tarifs des soins ;

. Elaborer et appliquer un vaste programme de prévention de la carie dentaire dans les écoles ;

. Reprendre la formation de Techniciens Supérieurs en Odontologie (pas seulement en prothèse) ;

. Etablir avec les professionnels une liste de produits essentiels à la prise en charge des maladies dentaires pour les dispenser de taxes.

* Médecine traditionnelle

. Rassembler toutes les réflexions sur la Médecine traditionnelle, en rapport avec les concernés;

. Impliquer les tradipraticiens dans la mise en place d’une pharmacopée nationale ;

. Réglementer le secteur afin de protéger les populations des usurpateurs de fonction.p

* Réglementation et exercice illégal de la Médecine

. Rassembler l’arsenal juridique et réglementaire pour en faire un Code de la Santé complet et opérationnel ;

. Contrôler l’application effective des textes réglementaires et des lois ;

. Veiller à protéger la santé des populations contre les charlatans ;

. Lutter efficacement contre l’exercice illégal de la Médecine et les publicités interdites.

IV. Conclusions

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 226

Page 227: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Les investigations menées ont montré que la plupart des maux dont souffre le secteur de la santé sont liés à un problème de management qui explique la mauvaise gestion, le non respect des engagements, l’absence de contrôle et de sanction, la non application des recommandations.

Beaucoup de réflexions ont été menées avec des conclusions pertinentes ; leur application constituerait un début de solution à la plupart des problèmes soulignés.

La santé coûte cher au Sénégal, alors que beaucoup d’argent a été mis à disposition par la contribution des populations, par l’Etat du Sénégal et par les partenaires au développement. Il est possible, par une répartition juste et équilibrée des moyens, de parvenir tout au moins à inverser la tendance : la contribution des populations à l’effort de financement de la santé doit rester symbolique conformément à l’esprit d’Alma Atta.

La corruption constitue un fléau très répandu dans le secteur et engloutit des sommes faramineuses ; la lutte contre ce phénomène doit figurer parmi les priorités.

ASSISES NATIONALES

Commission « Droits Economiques et Sociaux – Valorisation des Ressources Humaines »

Développement Social »

JOURNEE D’ETUDES DU 27 SEPTEMBRE 2008-09-11

PLAN DE L’ ETUDE

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 227

Page 228: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

I.  POLITIQUES SOCIALES AU SENEGAL 

Sigles

Indicateurs de base sur le pays

Définitions

Introduction

II. ETAT DE LA QUESTION

1) Le contexte de mise en œuvre des politiques publiques

A/ Le profil du pays

a ) Observations générales et difficultés de développement

Caractéristiques physiquesi. Données climatologiques

ii. Données hydrographiques Démographie et conditions de vie Structures politiques et administratives

b ) Principaux facteurs économiques et sociaux

Structure productive de l’économieiii. L’offre domestiqueiv. La demande intérieurev. Le secteur extérieur

vi. Les finances publiques

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 228

Page 229: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

Economie et pauvretéi. Développement des facteurs sociaux

ii. Prévalence de la pauvreté et lenteur des progrès

B / Politiques et Stratégies de développement

a ) Orientations de développement de1960 à 2000 : l’ajustement structurel

b ) Orientations et Réformes en cours : les programmes de lutte contre la pauvreté

c ) Les résultats

d ) Au plan macroéconomique

e ) Au plan du développement local

f )Au plan du développement humain

2) Les défis

III. ANALYSE DES EFFETS

1) Analyse stratégique des problèmes de développement

A / La Pauvreté

a ) La situation de référence

b ) Les contraintes

c ) Le rôle et la responsabilité des acteurs

d ) Les axes stratégiques

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 229

Page 230: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

B / La Faim et la Malnutrition

C / Les Discriminations et Clivages

D / L’Accès aux Services Sociaux de Base

E / Conclusion

2) Considérations générales

A /Pauvreté ou Paupérisation ?

a ) Le Discours sur la pauvreté

b ) La Question agraire

c ) Le Monde du Travail

d ) La paupérisation

B / L’Afrique face aux défis

a ) L’Afrique « marginalisée » ?

b ) L’adoption du libéralisme ?

c ) Sortir de la Pauvreté

Voir enfin la réalité en face Les mirages de la Croissances et des Investissements Extérieurs Améliorer les performances de l’économie réelle

C /Le rôle de la Protection Sociale dans l’émergence d’un régime de développement soutenable

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 230

Page 231: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

a ) Le Système de Protection sociale au Sénégal

b ) Les Politiques Sociales dans le 1/3Monde : l’Assurance, l’Assistance, l’Absence

c ) Une Protection Sociale à vocation Universelle

d ) L’élimination de la pauvreté par la Protection Sociale

3- Que Faire ?

A / Changer de Regard !

B / Poser les Bases d’une Stratégie de Développement Véritable

C / Combiner des Formes Etatiques et Non - Etatiques de Socialisation

IV. PROPOSITIONS ALTERNATIVES POUR UN DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL ENDOGENE, PARTICIPATIF, DEMOCRATIQUE

1) Une Mondialisation plus juste

2) Un Projet Social Progressiste

A / Les Postulats

B / Les Options (Une Révolution du Regard)

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 231

Page 232: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

C / Les Politiques et les Mesures

a) La Stratégie de Développementb) Une Politique Sociale Cohérentec) Une Gouvernance basée sur la Démocratie Participatived) Une Diplomatie fondée sur des Avantages Mutuelse) Un Renouveau National, Culturel et Intellectuel basé sur les

Valeurs, la Rationalité et la Créativité

3) Recommandations

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 232

Page 233: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

I. DEVELOPPEMENT SOCIAL AU SENEGAL.

SIGLES

INDICATEURS DE BASE SUR LE PAYS

DEFINITIONS ET PROBLEMATIQUES.

Le Droit

Le droit est à la fois une règle de vie sociale et la règle qui régit les rapports entre les hommes groupés dans des liens sociétaires ; ces sociétés (constituées en vue d’une fin et pourvue d’une organisation au service de cette fin), pouvant être temporelles ou spirituelles, privées ou publiques, nationales ou internationales.

Si on se limite à l’ordre profane et sans sortir du cadre national, l’Etat a la prééminence et, par conséquent, son Droit prévaut. Dès cet instant, il n’est de règle de droit que celle posée (ou reçue et agrée) par l’autorité publique dont les organes qualifiés édictent les règles de conduite nécessaires.

Le Droit occupe, dans le monde « occidental » une place de premier plan. Il est regardé comme le grand régulateur de la vie sociale.

Héritiers de Rousseau et de Montesquieu, Kant et les rédacteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 demandaient au droit d’assurer « la coexistence des libertés » : la vie en commun de citoyens dont la liberté eut été absolue s’ils n’avaient du reconnaître aux autres des prérogatives identiques aux leurs.

Pour eux, cette mission incombait, plus exactement, à la loi. Un législateur, organe de la souveraineté populaire, devait être institué précisément pour poser les normes de la vie sociale.

Le droit, dans cette conception, s’impose à tous sans que des règles venues d’autres sphères (la morale, la politique) puissent interférer avec le jeu des siennes. Son autorité est exclusive. D’autre part il n’est rien qui puisse lui échapper entre personnes humaines.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 234: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

A la réflexion, pourtant, on découvre que cette conception a au moins besoin d’être nuancée. Le droit comparé a même permis d’établir qu’elle est rejetée dans diverses communautés. Loin que l’autorité du droit y soit sans partage, on observe, autour de la loi, une série de réalités importantes qui, elles aussi, règlent la vie sociale : les mœurs, les coutumes, les usages, la jurisprudence, la doctrine, le contrat avec toutes ses variantes…

Il suffit au surplus à un Européen de franchir la Manche pour trouver en Angleterre un droit contenu en principe dans des décisions judiciaires issues de vieilles coutumes et ou la loi, quelle que soit son importance de fait, n’est théoriquement qu’une exception.

Une fois le droit défini, comment croire qu’il puisse être totalement indépendant de la morale, alors qu’on admet qu’il est l’instrument de la justice et qu’il doit faire une certaine place à l’équité ?

Il est vrai que, dans des nations laïques et idéologiquement divisées, le droit ne doit pas chercher à imposer une morale plutôt qu’une autre. Il ne peut que refléter les règles de la morale admises par l’ensemble des citoyens.

Dans d’immenses communautés humaines en revanche, le droit est lié, non seulement à une morale, mais à une religion. On a pu dire ainsi que, dans le monde musulman, le droit n’était qu’une des faces de la religion.

L’hindouisme ne voit pas d’une manière très différente la place du droit. Dans la conception juive, également, Dieu est partie aux relations entre les hommes ; le devoir à son égard l’emporte sur les droits de ceux-ci. De même les droits coutumiers africains sont sacralisés. L’élément juridique et l’élément religieux sont indissociables.

Comment croire aussi que le droit puisse être indépendant de la politique ?

A l’ Etat gendarme dont on avait pu rêver au XIX° siècle, s’est substitué un Etat providence, qui proclame le droit de chacun à la santé, à la sécurité, à l’éducation, au travail, et qui considère de son devoir d’aider au développement des personnalités. Le droit dès lors concourt à une politique sociale.

Mais à vrai dire n’est-il pas toujours l’instrument d’une politique puisque celle-ci est l’art d’aménager la société dans l’intérêt général ? Leurs objectifs s’exprimant à peu près dans les mêmes termes, comment pourraient-ils rester séparés ?

On voit combien fragiles et contingentes sont les idées, encore largement répandues, de la souveraineté exclusive du droit sur la société.

L’idée que le droit puisse et doive tout régir n’est pas davantage partagée par tous. Si dans le monde occidental, l’homme attend de chacun de ses gestes qu’il soit juridiquement « défendu » ou « permis » ; dans de vieilles sociétés pourtant, le droit, loin de tout régir, est totalement effacé devant les devoirs, les usages et les rites.

Dans les plus vieilles civilisations, en Chine, au Japon, en Asie plus généralement, les obligations morales et sociales, les rites de la vie en société sont suffisamment puissants pour que des règles juridiques apparaissent inutiles ou choquantes par leur brutalité.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 235: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

Dans la région de Kolda, de ce qui fait la fierté de la plupart des communautés villageoises, compte le fait de n’avoir jamais eu recours à l’arbitrage d’un tribunal (indicateur évident du recul de la sagesse et de l’harmonie).

….Il est vrai que les transformations de l’époque contemporaine contraignent ces sociétés à faire une certaine place au droit.

Mais si l’on constate à quel point l’idée, issue de la Déclaration de 1789, selon laquelle « tout ce qui n’est pas défendu est permis » a banni des sociétés occidentales toute considération de morale sociale, toute idée de juste prix ou de bénéfice raisonnable, et si l’on pense à toute la réglementation économique et sociale qui pallie mal cette carence ; comment ne pas sentir, avec la pensée orientale ou africaine traditionnelle, qu’une société obligée de se fonder sur le droit est une société barbare ?

Il faut essayer de se placer au-dessus des idées reçues dans tel continent ou dans tel autre. On admettra sans doute alors que le droit n’est qu’une des techniques de l’organisation de la société, qu’il n’est ni exclusif ni omnipotent. Les forces économiques et politiques et les aspirations vers plus de justice influent sur le droit et, à coté de lui, modèlent la société. On peut même regretter que la morale sociale, qui fait appel à la conscience et non à la contrainte, ne joue pas, auprès de lui, un rôle plus important.

Il faut pourtant « croire » au droit.

Son rôle n’est pas seulement d’assurer l’ordre et la paix, mais de promouvoir plus de justice dans une société constamment corrompue par l’égoïsme individuel et collectif des hommes et ainsi, en définitive de promouvoir l’homme lui-même. Il est l’instrument le plus direct et efficace pour modifier les structures et les institutions. Il change les psychologies mêmes : qui songerait aujourd’hui à défendre l’esclavage et la ségrégation raciale, à s’indigner des congés payés et demain de la participation du personnel ? Le droit est créateur d’avenir !

A l’échelle du monde, les diverses nations, ont, comme les citoyens d’une communauté, à vivre ensemble ; et on y observe à nouveau l’insuffisance mais aussi la nécessité du droit international public. Par les règles qu’il pose et les institutions dont il assure le fonctionnement il peut contribuer à réduire le nombre des conflits.

Mais parce que sa force est moins contraignante que dans le cadre national, on voit plus clairement qu’il ne peut suppléer aux consciences.

Et pourtant, le problème, là encore, n’est pas seulement d’assurer la coexistence des libertés, mais dans un monde ou les deux tiers des hommes vivent dans un état de misère tragique, le développement des personnalités : le développement humain. C’est dire la carrière qui s’ouvrira au droit lorsque l’homme aura pris une conscience planétaire de sa solidarité

Droits de l’homme

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Les droits de l’homme sont les droits dont disposent toutes les personnes, en vertu de leur condition humaine, pour vivre libres et dans la dignité.

Ces droits confèrent à chacun des créances morales sur le comportement des autres individus, ainsi que sur la structure des dispositifs sociaux.

Les droits de l’homme expriment notre engagement le plus profond à assurer un accès universel aux biens et aux libertés pour vivre dans la dignité.

Devoirs et obligations.

Les devoirs et obligations, termes équivalents, constituent des normes.

Les Normes définissent la façon dont les individus et les autres acteurs de la société doivent se comporter.

Certains devoirs et obligations exigent seulement de quelqu’un qu’il s’abstienne de faire quelque chose. D’autres exigent d’entreprendre une action ou l’une des actions faisant partie d’un éventail d’actes admissibles.

Droits de l’homme et Devoirs corrélés.

Les droits de l’homme renvoient à des devoirs et obligations.

Sont appelés débiteurs d’obligations les individus, groupes et entités collectivement responsables de la réalisation des droits de l’homme. Ce sont ces responsables qui doivent rendre des comptes si le droit en question n’est pas réalisé.

Lorsqu’un droit est bafoué ou insuffisamment protégé, c’est forcément qu’une personne, ou une institution, a failli à son devoir.

Les devoirs parfaits indiquent à la fois comment un devoir peut être accompli et au profit de qui.

Antinomies.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de1948 proclamait entre autres que « L’homme a des droits contre l’Etat que l’Etat lui assure.» Cette affirmation, rationalisation contemporaine d’un long processus historique, n’a jamais été davantage contredite par la réalité.

Plus des deux tiers des Etats membres des Nations Unies la violent délibérément, alors même qu’ils ne cessent, toujours plus nombreux, de ratifier des déclarations de portée supra étatique, voire universelle. L’Etat, sujet souverain du droit international, oppose un cran d’arrêt redoutable aux tentatives modernes de penser conjointement les droits individuels et la démocratie.

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Face à un bilan jugé accablant, on est tenté de porter le regard sur les mécanismes institutionnels, politiques et juridiques tenus pour responsables ou défaillants. Mais n’est-il pas nécessaire de jeter un coup d’œil sur les conditions philosophiques des fondements mêmes des droits de l’homme ? Dès l’origine, ces conditions semblent minées par des antinomies que l’histoire moderne ne fait que développer.

  Au-delà d’un fonds commun, les droits de l’homme sont pensés, dès l’origine, dans les déclarations américaine (1776) et française (1789), de deux façons comprenant chacune des implications rigoureusement opposées.

Le fonds commun de ces déclarations c’est l’affirmation (en référence aux théories du droit naturel moderne) de l’égalité fondamentale des individus et de l’existence de droits subjectifs qui viennent limiter les pouvoirs de l’Etat.

Les Déclarations américaines de 1776 reposent sur l’idée que la société, par son fonctionnement naturel, réalise presque automatiquement les droits de l’homme, pourvu que l’Etat limite ses interventions. « Les droits naturels trouvent une juste équivalence dans les lois régissant le commerce et le les relations humaines, et les personnes privées obéissent à ces dernières parce qu’elles y trouvent immédiatement leurs intérêts et non parce que l’Etat impose des lois formelles sous peine de sanction. » La philosophie n’a pas besoin de se préoccuper elle-même de sa réalisation.

Les concepteurs de la Déclaration française de 1789 sont persuadés que, «  contrairement à la conception libérale de l’harmonie naturelle, les lois naturelles de la société ne s’accomplissent pas avec la nécessité d’un ordre physique. » Dès lors, cet ordre doit être porté au pouvoir sur la base de la connaissance philosophique et à l’aide du pouvoir politique…puisque l’harmonie recherchée ne saurait naître naturellement du jeu égoïste des intérêts immédiats…

Alors même que leurs contenus sont pratiquement identiques, les deux déclarations sont portées par deux conceptions des droits de l’homme fondamentalement différentes et qui continuent, aujourd’hui encore, de s’affronter dans nos sociétés contemporaines.

Les Créances .

Les Déclarations américaine et française insistaient surtout sur la liberté et sur les limites de l’Etat.

La Constitution de 1791 évoquait certes un autre type de droits de l’homme : non pas seulement des pouvoirs d’agir (libertés) mais aussi « des pouvoirs d’obliger » (créances) l’Etat à assurer un certain nombre de services. On peut lire en effet dans son titre premier : « il sera crée et organisé un établissement général de secours publics pour élever les enfants abandonnés, soulager les pauvres infirmes et fournir du travail aux pauvres valides qui n’auraient pu s’en procurer…Il sera créé et organisé une instruction publique, commune à tous les citoyens, gratuite à l’égard des parties d’enseignement indispensables à tous les hommes… »

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Ce sont la Constitution de 1848 et surtout celle de1946 qui mettront l’accent principal sur les devoirs de l’Etat, c’est-à-dire sur les exigences que le citoyen est en droit de faire valoir. La Constitution de1848 reconnaîtra l’existence d’un devoir pour la République « d’assurer l’existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail…soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler »

La Constitution de1946 ira plus loin pour ajouter véritablement, à l’exigence d’une « démocratie politique » (droits-libertés) celle d’une « démocratie sociale » (créances). Des créances portant sur « la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos, les loisirs, l’accès à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture… »

Il n’est pas aujourd’hui une déclaration des droits de l’homme, qu’elle émane d’une nation, d’une organisation internationale qui ne mentionne, à coté des droits-libertés, des créances dont le nombre et la qualité sont par définition indéfinissables à priori.

L’apparition de ces nouveaux droits introduit inévitablement des modifications dans la conception des rapports de l’Etat et de la société et nous mène vers une tout autre conception de la démocratie ; une démocratie non plus libérale mais sociale…qui donnera aux Déclarations sur les droits de l’homme tout leur sens et qui réalisera le « droit humain ».

Mais ce droit s’interprète désormais comme un droit social : l’homme est par nature un être social.

Certes l’ordre fondé sur « le droit individuel » n’exclut pas la charité ni l’assistance, mais celles-ci sont livrées aux aléas du simple devoir moral : « à ce devoir de l’Etat ne correspond pas un droit chez celui qui en est l’objet » (G. Burdeau, Le Libéralisme).

Au contraire, il s’agit désormais de revendiquer au nom de « l’individu social » la reconnaissance juridique d’une protection contre le malheur et même d’une garantie de bonheur.

L’individu est considéré comme un «ayant droit » dont les revendications ne se limitent pas au simple exercice, même effectif, de sa liberté et de sa citoyenneté, et l’Etat ne saurait demeurer passif, il doit intervenir, à travers une série d’obligations positives, comme promoteur d’un intérêt collectif dont il a le devoir d’assurer la réalisation par l’intermédiaire d’un nombre toujours plus grand de services rendus à la collectivité.

Cette nouvelle conception de l’ordre juridique ne supprime pas les droits individuels, elle les élargit en les fondant sur la solidarité sociale, désormais complémentaire de la liberté, de l’égalité ou de la fraternité.

Droits Sociaux.

Après la reconnaissance progressive, au XIX° siècle et au début du XX° siècle, des droits politiques (liberté d’association, liberté d’expression, élection des représentants de la nation), les sociétés ont été marquées, au XX° siècle – outre l’extension des droits à l’autodétermination des peuples -, par l’établissement de Droits sociaux et un développement important de politiques sociales.

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Dans les constitutions, qu’elles soient française, soviétique ou indienne, les divers droits au travail, au bien-être,à la santé, au repos, ont été affirmés avec solennité. Concrètement, les gouvernements, quelle que soit leur idéologie, sont intervenus sur le terrain social pour orienter, inciter ou diriger les décisions qui permettent, de la vie à la mort, de satisfaire les besoins des populations.

Cantonné au départ aux relations employeurs-salariés, le «  social » s’étend progressivement à l’ensemble de la communauté nationale.

Le Droit social comprend deux parties principales : le Droit du Travail et le Droit de la Sécurité Sociale.

Le droit du travail régit les rapports individuels entre employeur et travailleurs salariés. Prenant en considération l’inégalité qui affecte les relations de travail, le salarié dépendant juridiquement et économiquement de son employeur, ce droit apparaît comme une législation de protection conférant au salarié des droits d’ordre public, qui entraînent corrélativement pour l’employeur des obligations dont la violation peut être assortie de sanctions pénales.

Le Droit de la sécurité sociale est le droit à une redistribution financière destinée à garantir la sécurité économique individuelle des personnes qu’elle protège.

La redistribution suppose d’une part un prélèvement et d’autre part une redistribution des fonds prélevés entre les bénéficiaires : le droit de la sécurité sociale a pour objet d’aménager des techniques spécifiques de redistribution.

Le droit de la sécurité sociale est né pour protéger les salariés.

L’évolution des systèmes contemporains se caractérise par l’extension de la protection à des catégories sociales non salariées. Ainsi en France, la quasi-totalité de la population bénéficie maintenant d’une protection obligatoire de la famille contre la vieillesse et la maladie.

Le droit à la sécurité sociale a donc un champ d’application plus vaste que le droit du travail  ; il intéresse l’ensemble de la nation.

  La Sécurité sociale, qui, selon les pays, tend à couvrir les citoyens contre les risques du chômage, de la maladie, de la vieillesse et à garantir les revenus des familles par des mécanismes collectifs, est devenue un des éléments clefs de la politique sociale.

Son extension, plus ou moins rapide selon la richesse et surtout l’orientation politique des Etats, s’est réellement traduite par une socialisation relative des économies :

socialisation de l’Assistance, quand les revenus garantis sont généralisés mais aussi uniformes ou forfaitaires ;

socialisation de l’Assurance, quand les indemnisations prévues sont, elles aussi, généralisées mais proportionnelles – avec ou sans plafond – aux ressources antérieures des citoyens. 

Il s’agit, si l’on compare la situation de ces pays à celle qu’ils connaissaient il y’a plus d’un demi-siècle, non pas d’une profonde réforme mais d’une véritable révolution silencieuse, modifiant les rouages de l’activité économique et sociale.

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En France, les prestations sociales consacrées à garantir les droits à la santé, à une vie familiale décente et à la retraite - quasi inexistantes au début du XX° siècle – représentaient 0,1% du P.I.B en 1925 ; 20% en 1970 ; 26% en 1980.

Cette part socialisée des richesses nationales atteignait en 1980, 21,4% au Royaume-Uni, 22,8% en Italie, 28 à 30% au Danemark, en R.F.A. et aux Pays-Bas.

Depuis, certains pays capitalistes ont quand même freiné cette socialisation. C’est le cas des sociétés anglo-saxonnes (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni) et des nations sœurs (Nouvelle-Zélande, Australie).

Considérée chez les uns comme un investissement humain – l’homme étant le premier de tous les capitaux – la sécurité sociale a contribué partiellement à réduire les inégalités, sans supprimer pour autant les poches de pauvreté dans les pays développés, à préserver la santé, à réduire les taux de mortalité infantile, à prolonger la vie humaine et à améliorer le niveau et le genre de vie.

Mais interprétée chez les autres comme une dépense freinant l’épargne et l’investissement industriel, la sécurité sociale demeure une notion et une institution très discutées, notamment dans les pays riches et capitalistes où le « seuil critique » de la socialisation est, selon les libéraux, atteint, voire dépassé.

Quant aux pays en développement, ils ont, dans les limites de leurs moyens, crée, eux aussi, des systèmes de sécurité sociale, le plus souvent résiduels : réservés qu’ils sont aux salariés qui ne constituent qu’une faible proportion de la population.

La sécurité sociale y progresse cependant, mais elle y subit une crise d’adaptation : calquée trop souvent sur les schémas occidentaux, elle doit encore s’ouvrir à une population rurale et à un secteur non formel qui sont exclus et en croissance importante.

La recherche de la maîtrise des dépenses sociales et d’une meilleure articulation entre politique sociale et politique économique devient dans tous les pays, une des grandes priorités pour éviter à la fois la faillite (permettre seulement le décollage) des entreprises et l’aggravation des exclusions.

Enfin, l’une des préoccupations principales de bon nombre d’organismes internationaux et de certaines nations, est de définir les moyens permettant de rationaliser les échanges et la croissance mondiale afin de ne pas aboutir à une aggravation de la guerre économique qui saperait les piliers d’une sécurité sociale toujours en chantier.

Protection Sociale.

Pour beaucoup de pays en développement, le libéralisme économique, réactualisé par la mondialisation néolibérale en cours, signifie une aggravation de l’insécurité sociale qui amplifie l’impact des forces économiques extérieures, pousse à restructurer l’économie nationale et le marché du travail, accélère le changement socioéconomique et accroît le risque social.

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Un vaste phénomène d’exclusion sociale est la conséquence des politiques d’ajustement structurel et de libre jeu des marchés introduites durant les années 80. Ces politiques, conçues principalement par la Banque Mondiale et le F.M.I., visaient la stabilité macroéconomique et budgétaire. Mais bon nombre de pays ont subi les effets de l’afflux ou du reflux de capitaux fébriles, leurs marchés ont été perturbés, supprimant d’innombrables emplois et plongeant des millions de personnes dans la misère. L’insécurité économique crée un risque social lié à un ou plusieurs facteurs tels la maladie, la vieillesse, le chômage, la perte de revenus, la taille de la famille, les conflits, les catastrophes…, et donc la nécessité d’une protection sociale. Malheureusement la capacité de l’Etat de fournir une protection sociale diminue au moment où elle est de plus en plus nécessaire.

La Protection sociale est cependant un aspect fondamental, central, du Contrat Social que chaque Etat conclut avec les citoyens et que les citoyens passent entre eux-mêmes.

Au niveau le plus fondamental, il faut entendre par protection sociale, les politiques publiques et les actions privées qui peuvent compenser l’absence ou la réduction sensible de revenus du travail, aider les familles ayant des enfants, dispenser des soins, assurer le logement des citoyens, un environnement sain…

La protection sociale prend généralement deux formes :

L’Assurance sociale ou Sécurité sociale , financée par des cotisations mises en commun par les individus ou les ménages afin de se protéger eux-mêmes contre des risques futurs.

L’Assurance sociale implique nécessairement une redistribution des contribuables en général aux personnes exposées à des risques sociaux particuliers. Par exemple quand une personne a besoin d’aide pour écarter un risque social ou pour remédier à la vulnérabilité économique et ne peut obtenir cette aide sur le marché, l’Etat intervient par le canal de l’Assurance – maladie, l’Assurance – vieillesse, l’Assurance chômage, les garanties de ressources, etc.…

L’Aide sociale ou Assistance sociale, qui englobe toutes les actions des pouvoirs publics conçues pour transférer des ressources aux membres de la société qui y ont droit en vertu de leur dénuement.

Les Associations jouent un rôle de plus en plus actif dans l’assistance sociale aux pauvres et aux groupes vulnérables :

Fondations caritatives religieuses (comités chrétiens de paroisse, comités islamiques Zakat).

Associations laïques de développement (mouvements féministes, défenseurs des droits de l’homme, mouvements écologistes…)

Mécanismes traditionnels de solidarité (groupes familiaux, groupes de quartiers ou de villages, mutuelles…)

La société civile participe à des programmes tels que l’organisation, par la communauté locale, de services de soins, de l’amélioration de l’alimentation par des cantines, des groupements de femmes ou de mères, de caisses communautaires de micro finance, par des comités locaux de préservation de l’environnement…

Les Collectivités locales devraient participer plus activement aux projets visant à développer les capacités d’organisation, à organiser des formations, à offrir une assistance juridique, à organiser des services de santé préventive et des activités génératrices de revenus…

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Une définition plus large verrait dans la protection sociale une intervention publique orientée vers la création de Capital humain dans le but d’aider les individus, les ménages et les groupes à mieux gérer le risque ; et d’aider ceux qui sont devenus incapables pourvoir à leurs besoins. Car la protection sociale non seulement implique l’Assurance sociale mais aussi renvoie à tout un ensemble de projets et de programmes nationaux qui sont précisément destinés à éliminer la pauvreté.

La protection sociale devrait aller au-delà de la formule classique d’un système de protection ciblée, résiduel, et s’attaquer aux problèmes plus profonds et plus vastes que sont :

la faiblesse des revenus, la pauvreté des moyens (santé, éducation et autres domaines d’indigence) la sécurité alimentaire, l’inégalité et l’exclusion sociales ainsi que le renforcement des capacités des pauvres (le capital social : le patrimoine des

ménages, la terre, le crédit…)De plus, elle devrait chercher l’intégration des mécanismes de protection assurée par la famille, les associations, la société civile, les collectivités locales ; en un modèle d’aide sociale visant tous ceux qui ne sont pas couverts par l’Assurance sociale : les indigents, les chômeurs, les travailleurs de l’informel, les ruraux.

Mais l’absence de Politique Sociale de Développement permettant de faire face aux problèmes sociaux, structurels ou systémiques, vient gêner entre autres facteurs la capacité des gouvernements de gérer le libéralisme économique qui est au cœur même des problèmes liés à la protection sociale.

Développement Social / Développement Humain – Politiques Sociales.

Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, on percevait le retard économique des pays que l’on devait appeler plus tard pays sous-développés.

Mais le phénomène du sous-développement était considéré comme de nature essentiellement économique et l’action pour le développement comme relevant surtout de la politique économique.

L’expérience devait vite révéler que les dimensions du problème dépassaient de beaucoup le domaine économique. Les Pays en Voie de Développement ont à la fois à transformer leurs structures économiques, à modifier souvent profondément leurs structures sociales, à changer des mentalités, tout en supportant les charges d’une explosion démographique sans précédent dans l’histoire.

Le développement apparaît désormais pour chaque pays comme un projet global de transformation de la société aux points de vue politique, économique, sociologique, culturel.

Or, quelque soit le modèle de développement choisi, on retrouve des problèmes semblables à résoudre.

En premier lieu, toute politique de développement exige à la fois l’intervention de l’Etat et une adhésion de la population. En effet un des impératifs du développement sur lequel l’unanimité se fait

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aujourd’hui, c’est que sa réalisation réclame non seulement l’adhésion de la population toute entière mais aussi sa mobilisation pour le développement, ce qui suppose une transformation de certaines mentalités et de certaines structures sociales.

Il faut donc créer « des structures de participation » de la population. Il est impossible de moderniser le secteur agricole, qui comprend la majeure partie de la population active, en s’adressant à des centaines de milliers de paysans dispersés dans tout le pays.

De plus c’est dans ce secteur que se rencontrent des blocages sociologiques importants. IL faudra donc chercher à agir sur des collectivités. Choisira-t-on la formule de la modernisation de la collectivité rurale, celle de la coopérative, celle de la ferme d’Etat ? Comment imaginer des structures de participation évolutives qui ne soient pas la transposition d’institutions ayant fait leurs preuves à l’étranger, mais inadaptées aux réalités spécifiques de nos pays ?

La politique de développement social suppose une politique de l’emploi. Dans les pays sous-développés, la politique de l’emploi doit considérer des caractéristiques spécifiques : forte croissance démographique, exode rural, clivage entre un secteur salarié et la masse des sous-employés, des chômeurs et des exclus du monde du travail.

En pays développés, le droit du travail est celui des travailleurs salariés ; ici, au lieu d’un droit du travail salarié, il fait concevoir un droit de l’emploi. Celui-ci aura, entre autres taches à résoudre, à imaginer les procédés de répartition professionnelle et géographique de la main-d’œuvre tant agricole que moderne, fournir le cadre juridique approprié de l’investissement- travail (surtout dans le monde rural), fixer les avantages du secteur salarié de manière à éviter que les salariés n’apparaissent comme des privilégiés, et limiter ainsi l’exode rural.

La politique du développement a toujours à éliminer certains obstacles sociologiques par certaines réformes dans le domaine du droit de la famille ou dans celui du régime classique d’utilisation de la terre ; ou à promouvoir certains principes tel celui de l’égalité malgré les différences ethniques, de castes, et autres discriminations ou clivages.

La croissance des pays en voie de développement dépend de l’accélération de la formation du capital. Les investissements doivent être augmentés et l’ensemble du développement, y compris le social, financé.

Cet impératif appelle une série de mesures parmi lesquelles, la mise en place d’une infrastructure bancaire capable d’assurer les fonctions de drainage de l’épargne et de distribution de crédits. L’existence de banques nationales semble incontournable.

En bref, l’objectif du développement doit être de permettre aux êtres humains d’avoir

accès aux ressources nécessaires pour bénéficier de conditions de vie décentes, de vivre longtemps et en bonne santé, de s’instruire…

Il englobe d’autres facteurs auxquels les individus sont attachés : participation, sécurité, viabilité, droits garantis…autant d’éléments qui permettent d’être créatif, productif, de vivre dans la dignité et d’avoir un sentiment d’appartenance à une communauté…C’est un Développement Humain simplement ; un processus d’élargissement des choix des individus, via l’expansion des capacités et des potentialités humaines.

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Potentialités – Capacités – Liberté.

Les potentialités humaines désignent le champ des possibles dont disposent les individus (bénéficier d’une alimentation correcte, vivre longtemps et prendre part à la vie de la collectivité, par exemple).

Les capacités représentent, elles, les différentes combinaisons des potentialités d’une personne. Elles reflètent par conséquent la liberté de réaliser des potentialités. En ce sens, développement humain et liberté procèdent des mêmes principes.

Pauvreté – Vulnérabilité .

La pauvreté humaine est un phénomène multidimensionnel. Fondamentalement, elle peut être définie comme une privation de capacités : capacité de se nourrir, de vivre en bonne santé, d’atteindre l’age adulte et de vivre longtemps, de s’instruire, de se former, de s’exprimer, de participer aux décisions notamment par des élections démocratiques, d’obtenir un emploi et un revenu décent, de défendre ses droits…

Ces privations de capacités élémentaires sont autant de limitations de droits et donc de libertés substantielles qui permettent à une personne de mener le genre de vie qu’elle souhaite.

Les pauvres n’ont pas la liberté de réaliser leurs potentialités.

La pauvreté monétaire est l’absence d’un seul élément : le revenu.

On peu préférer ce critère parce qu’on estime qu’il renvoie à la seule forme de pauvreté qui importe ou que tout manque peut être réduit à un dénominateur commun (approche des institutions de Bretton Woods).

En revanche, le concept de pauvreté humaine considère l’absence d’un revenu comme un facteur important de dénuement, mais non comme le seul. D’après ce concept, toutes les formes de pauvreté ne peuvent non plus être réduites au revenu. La vie humaine ne se résumant pas au revenu, l’insuffisance de revenu ne peut pas représenter la totalité des déficits dont souffrent les êtres humains.

La vulnérabilité, au sens général, est la probabilité de voir sa situation ou ses conditions de vie se dégrader ou s’enfoncer face aux fluctuations de la vie.

L’analyse de la vulnérabilité porte à la fois sur la nature des forces agissant sur le bien-être d’une personne, que sur son aptitude à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est exposée.

Cette double dimension, externe et interne, de la vulnérabilité serait, semble-t- il, au cœur de la stratégie de lutte contre la pauvreté définie dans le D.S.R.P. « Il s’agit tout à la fois de protéger les individus et les ménages contre les risques, les chocs et les crises auxquels ils sont soumis et renforcer leurs capacités à se défendre pour affronter ces situations sans subir de pertes sévères. »

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L’Initiative 20/20.

Le Sommet Mondial sur le Développement Social tenu à Copenhague en Mars 1995 a adopté, comme mesure pragmatique fondamentale de lutte contre la pauvreté, la mise en œuvre de ce qui est communément appelé l’Initiative 20/20 (I. 20/20).

Celle-ci consiste en un engagement mutuel des pays en voie de développement et des pays développés à consacrer respectivement 20% des dépenses du budget national et 20% de l’aide publique au développement (APD) aux services sociaux de base définis dans un sens limité et couvrant les six secteurs suivants :

Santé de base, Education de base, Eau, Assainissement, Nutrition, Santé de la reproduction et population.

Pourquoi les Services Sociaux de Base ?

Les services sociaux de base ont certaines caractéristiques spécifiques qui les distinguent des autres domaines de priorité du développement humain et justifient l’attention qu’on leur accorde dans l’Initiative 20/20 : les services sociaux de base revêtent une importance particulière dans la réduction des pires aspects de la pauvreté.

L’ignorance, la maladie, la faim sont les principaux facteurs qui perpétuent le cycle de la pauvreté.

L éducation de base, les soins de santé primaire, la planification familiale, la nutrition, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement constituent donc des thèmes cruciaux pour briser ce cycle.

D’un point de vue économique, tous les services sociaux de base affichent un taux de rendement élevé et sont associés à des externalités très positives. En d’autres termes, la société entière pourra bénéficier de l’élargissement de la couverture de ces services et de l’amélioration de leur qualité.

La Politique Sociale.

Une démarche considère la politique sociale comme l’ensemble des mesures prises pour prévenir ou réduire les risques sociaux ou permettre aux citoyens d’y faire face.

Cette perspective est généralement attachée à l’approche des institutions de Bretton Woods qui mettent l’accent sur la gestion des risques et font une large place au marché et à la croissance.

Selon une autre démarche, la politique sociale peut être considérée comme l’ensemble des interventions que mènent les pouvoirs publics et d’autres acteurs (au niveau national et supranational), dans le libre fonctionnement des forces du marché, afin de :

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Redistribuer les ressources de ceux qui ont trop vers ceux qui n’ont pas assez, Réguler l’économie d’une façon à rehausser son objet social, Permettre l’exercice des droits sociaux et répondre aux besoins populaires de sécurité

socioéconomique, d’éducation et de santé publique soit en fournissant directement ces services soit en assurant l’accès à ces services fournis par d’autres.

En même temps, la promulgation du concept de Droits Sociaux met le citoyen à même d’exiger de son gouvernement qu’il adopte une politique sociale permettant l’exercice pratique de ces droits.

Cette perspective est attachée aux organismes des Nations Unies tel le PNUD ; elle met l’accent sur l’accroissement des recettes publiques et leur redistribution ; elle accorde un large rôle aux pouvoirs publics.

En tout état de cause, les politiques sociales effectivement adoptées dépendent en partie :

Du niveau de développement économique atteint et De la mobilisation des partenaires sociaux en faveur de telles politiques.

La politique sociale est déterminée à la fois par la croissance économique et par la vie politique d’un pays.

Un pays n’a pas besoin d’être riche pour développer la solidarité nationale, mais celle-ci aide un pays à devenir riche.

Les investissements consacrés à l’éducation, la formation, la santé et les services sont des investissements dans la croissance de la richesse nationale.

 

INTRODUCTION

II. ETAT DE LA QUESTION.1) Le contexte de mise en œuvre des politiques publiques.

A. Le profil du pays.a) Observations générales et difficultés de développement.

Caractéristiques physiques Population et conditions de vie Structures politiques et administratives

b) Principaux facteurs économiques et sociaux. Structures productives de l’économie Economie et pauvreté.

B. Politiques et stratégies de développement de 1960 à nos jours.

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a) Orientations du développement de 1960 à 2000 : l’Ajustement.Depuis son accession à l’indépendance jusqu’à la fin des années 70, la situation économique

et financière du Sénégal s’est constamment dégradée avec une faible croissance, un déficit chronique des finances publiques et de la balance des paiements, une inflation galopante et une dégradation du niveau de vie des populations. Pourtant, le Sénégal a bénéficié d’une aide extérieure massive qui en faisait l’un des pays les plus assistés.

Pour corriger ces déséquilibres, le pays s’est engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie.

Les résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement d’une internalisation insuffisante des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance.

L’économie sénégalaise était très extravertie au moment de l’accession du pays à la souveraineté nationale.

Les rares unités de production industrielles étaient crées par des filiales de maisons mères installées en France. La majeure partie des produits de consommation courante étaient importée et notamment les biens vivriers. Son appareil productif était essentiellement structuré autour de la production des biens primaires destinés à l’exportation et de l’exploitation minière. Les échanges extérieurs avaient pour destination principale la France.

Cette dépendance vis-à-vis de la France, y compris sur le plan de la monnaie, a eu pour effet de réduire la compétitivité des produits sénégalais et de rendre les exportations du pays tributaires des fluctuations de l’économie française.

La politique économique était marquée par un fort interventionnisme de l’Etat : omniprésence dans la sphère productive, forte réglementation des activités du secteur privé, développement du secteur agricole appuyé essentiellement sur des sociétés d’encadrement jugées étouffantes. Quant à la politique industrielle, elle est marquée par la nationalisation des unités stratégiques de production. La politique monétaire, qui est commune au sein de l’UMOA, était marquée par une certaine restriction du crédit ; ce qui constituait également une contrainte à l’éclosion du secteur privé local.

Avec les chocs subis par l’économie (cycle de sécheresse, baisse des termes de l’échange, chocs pétroliers) et le déclin des secteurs arachidiers et miniers, le système commence à montrer ses limites vers le début des années 70 avec des risques évidents de crise d’insolvabilité : ralentissement de la croissance du PIB (2,8 en 1960-70 ; 2,3 en1975-80), et de sa croissance par tête qui devient négative (-0,5%).

Des politiques d’ajustement structurel sont ainsi mises en œuvre (programmes de stabilisation pour corriger les déséquilibres et des programmes d’ajustement pour relancer la croissance) :

Plan de Stabilisation à Court Terme 1979-1980, Plan de Redressement Economique et Financier (PREF) 1980-1985, Plan d’Ajustement à Moyen et Long Terme (PAMLT) 1985-1992, Plan d’Urgence et Dévaluation (ajustement monétaire) 1992-1994. Ces mesures seront accompagnées d’un vaste programme de réformes visant à réduire

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le rôle de l’Etat dans l’économie, favoriser le développement du secteur privé, assouplir la législation du travail et ouvrir l’économie sur l’extérieur.

Les restructurations vont se traduire par des compressions importantes de personnel avec toutes les conséquences sociales qu’elles induiront.

La réforme de la gestion des facteurs de production, (semences et engrais) impliquant la vente directe des engrais et semences aux paysans et la suppression de toutes subventions publiques, cela va se traduire par une hausse sensible des charges d’exploitation.

En plus des déflations de personnel, particulièrement au niveau des sociétés d’encadrement, la NPA contribuera, pour beaucoup, à la détérioration des conditions de vie des paysans, par la baisse de la productivité et des revenus agricoles.

Le réaménagement du code du travail sera marqué par la suppression des articles 35 et 199. Désormais, les employeurs peuvent recourir sans limite au contrat de travail à durée temporaire. Ces réformes, mises en œuvre dans le cadre de la NPI, vont fragiliser les entreprises à faible compétitivité ainsi que les ménages. Par leur caractère brutal, elles ont également conduit à un effritement du tissu industriel et à précarisation de l’emploi.

Toute une série de réformes ont aussi porté sur des privatisations partielles ou totales, la dissolution de certaines sociétés, la réduction des subventions aux entreprises publiques jusqu’à 50% en1990. Le processus de désengagement de l’Etat ainsi entamé aura des incidences directes sur les populations par la réduction du nombre d’emplois.

Une des mesures du PAMLT concerne le gel des dépenses salariales dont la part dans le budget passe de 52 à 49% du fait du blocage des recrutements et avancements et du non remplacement des retraités et des décédés.

Après la dévaluation, les mesures prises avec l’aval de l’Assemblée Nationale, à l’endroit des services sociaux de base n’ont fait qu’accentuer l crise sociale : les prix des denrées ont subi des hausses de 20 à 35% ; les tarifs de l’eau, de l’électricité, des télécommunications ainsi que ceux des produits pétroliers ont connu des augmentations du même ordre.

*La stratégie de développement du pays pour la période 1996-2001 est définie, dans le IX° Plan d’orientation pour le développement économique et social dénommé « Compétitivité et Développement humain durable ».

En vue de renverser les tendances négatives susmentionnées, les autorités sénégalaises ont développé des mécanismes de concertation et des processus de participation à divers niveaux de décision.

Bien que toutes les politiques d’ajustement structurel font du secteur privé moderne l’acteur principal du développement économique et social, le secteur privé structuré n’est pas parvenu à jouer un rôle plus marqué pour stimuler la croissance. Son expansion est insuffisante (14% en 1993-94, 17% en1994-95, 18% en 1996-97) et le taux d’investissement privé est trop faible pour assurer des gains de productivité suffisants à l’économie (13,1% en 1998) à cause principalement :

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De l’étroitesse du marché intérieur (découlant justement de l’ajustement qui par la paupérisation croissante des populations a contribué à la baisse de la demande solvable).

De l’absence d’infrastructures de transports permettant de tirer profit des opportunités sous-régionales pour l’accroissement des exportations.

Du caractère individuel ou familial de l’entreprise avec un mode d’exploitation qui ne met pas en avant les intérêts de l’entreprise elle-même.

Du manque de transparence dans la gestion, motivé par l’évasion fiscale, cause de la méfiance des partenaires et des difficultés dans l’accès au financement.

De l’insuffisance de fonds propres des entreprises privées pour assurer leur expansion. Des lourdeurs dans l’agrément, du manque d’équité dans le traitement des acteurs du

secteur privé par l’Etat (des distorsions voulues sont pratiquées en faveur de certaines entreprises).

La mise en place, depuis plus de six ans, d’une stratégie d’ajustement global de l’économie a eu des effets macroéconomiques positifs ; certains résultats économiques et financiers dépassant même les objectifs initialement fixés.

C’est le cas du taux de croissance du PIB qui après avoir connu des frémissements en 1994, s’est placé dans une tendance favorable les années suivantes. Ainsi il a été estimé à 5,6% en 2000 malgré les perturbations dans l’approvisionnement en énergie électrique du pays. Grâce à la lutte contre la hausse des prix, le taux d’inflation mesuré par des prix à la consommation, est passé de 32,1% en1994 à 8,1% en 1995 pour se situer à 0,7% en 2000. On note également qu’à la fin 2000les opérations financière de l’Etat se sont soldées par un déficit de 2% du PIB, contre 3,5% en 1999.

Les réformes mises en œuvre dans le cadre des programmes d’ajustement, initiées pour assainir le cadre macroéconomique afin d’instaurer une croissance durable et équitable, n’ont eu cependant qu’une faible incidence sur les conditions de vie des populations.

Cette faible incidence s’explique par leur faible capacité à créer des emplois. Le faible niveau des emplois est lié principalement à la faiblesse de l’investissement et l’atonie de l’agriculture et de l’industrie.

Les performances réalisées en matière de stabilisation se révèlent fragiles et insuffisantes au regard de la persistance du chômage, de la profonde dégradation des conditions de vie des populations et de l’expansion de la pauvreté. Si l’on n croit l’Enquête sur les priorités (ESP 1991) et l’Enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM 1994), on serait passé en quatre ans de 33% à 58% des ménages vivant au-dessous du seuil de la pauvreté. La pauvreté affecte beaucoup plus les zones rurales où 79% des ménages sont pauvres.

Même si les politiques mises en œuvre ont favorisé une reprise de la croissance, elles n’ont pas permis de relever le niveau de vie des populations. La crispation autour de l’équilibre financier de court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement.

L’analyse de la nature et des déterminants de la politique sociale au Sénégal durant cette période montre une inadéquation entre e niveau et la structure des dépenses publiques avec les objectifs de développement social affichés par le Gouvernement d’une part, et d’autre part, avec les impératifs de développement durable.

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En matière de santé, le Sénégal est resté confronté à une situation médiocre qui a eu des conséquences négatives sur la productivité de la main d’œuvre, la richesse des populations et sur le processus de développement en général. L’une des principales limites a été la faiblesse de la demande effective par rapport à la demande notionnelle, traduisant des besoins sanitaires insatisfaits.

L’accès à la santé a été également limité par la faiblesse de l’offre, tant en termes quantitatifs que qualitatifs du fait notamment des déficits dans la fourniture des biens et services sanitaires, dans la production nationale de médicaments de base, et du fait du défaut d’une politique d’entretien des infrastructures, de formation et de motivation du personnel. Malgré les efforts faits pour atteindre la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixée à 9% du budget national, les ressources allouées à ce secteur sont en 2000 inférieures à ce montant (7,26%) et, en tout cas, ne permettent pas d’édifier une offre suffisante pour satisfaire la demande. La couverture sanitaire est demeurée très faible : seuls 65% de la population accèdent à un service de santé à moins de 5km, et il y a seulement 01 médecin pour 13.210 habitants.

Certes, plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre de différents plans, programmes et réformes entrepris par l’Etat. Cependant en 2000, les indicateurs de santé continuent à montrer de faible résultats : l’espérance de vie n’est que de 52 ans ; sur 1000 naissances vivantes, 70 décèdent avant un an et 145 avant cinq ans ; le taux de mortalité maternelle est estimé à 510 cas pour 100.000 naissances vivantes. L’infection VIH/Sida a progressé malgré la faible prévalence ; un enfant sur cinq souffre d’insuffisance pondérale dont 8% présentent un état de sous- nutrition chronique ou émaciation ; le paludisme demeure la première cause de morbidité avec 25% des cas déclarés et la prévalence de la diarrhée touchait encore 26% des enfants âgés de moins de cinq ans. En plus, ces chiffres cachent des disparités importantes selon le milieu de résidence.

On a pu souligner de fortes disparités régionales dues à une trop grande concentration de l’offre, des différences de niveau dans les besoins plus prononcés chez les femmes et les enfants, ainsi qu’une gamme très inégales des revenus des populations dans un système où l’individu accédait aux soins en fonction et de ses besoins et de ses propres capacités à les financer.

En matière d’éducation, si la couverture s’est améliorée, l’accès des pauvres à l’éducation est resté limité. En effet, malgré le niveau élevé des ressources allouées à l’éducation, l’offre est toujours restée très inférieure à la demande et les indicateurs montraient que le Sénégal restait confronté à une situation préoccupante. L’analphabétisme touchait 59% de la population totale et 71,5% de la population féminine. En 1999/2000, le taux brut de scolarisation dans l’élémentaire (65,8%) n’a presque pas évolué par rapport à son niveau de l’année précédente et cachait d’importantes disparités dans l’accès à l’éducation selon le sexe (73,5% chez les garçons contre 58,1% chez les filles), la zone de résidence ou le niveau de vie. Le niveau d’encadrement estimé par le ratio élèves/ maîtres à 65 en moyenne était significatif de la faible qualité de l’enseignement primaire.

Le marché du travail se caractérisait essentiellement par une augmentation rapide de la demande d’emploi face à une insuffisance de l’offre, aussi bien en quantité qu’en qualité. Chaque année la croissance démographique déverse sur le marché de l’emploi un supplément qui accroît la demande nationale. Le rythme d’accélération de cette demande est plus prononcé dans les zones urbaines (du fait de l’exode rural), chez les jeunes (compte tenu de la structure démographique par age) et, dans la dernière période, chez la population féminine (à cause de l’augmentation du taux

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d’activité). La faiblesse de l’offre d’emploi est restée liée aux facteurs structurels de l’économie sénégalaise, notamment à une croissance peu dynamique tirée par des secteurs peu créateurs d’emploi (l’agriculture et le tourisme, bien qu’utilisant une main d’œuvre importante, pérennisent difficilement les emplois du fait du caractère saisonnier de leurs activités), à la réduction d’emplois dans les secteurs public et parapublic dans le cadre du rétablissement des grands équilibres économiques et à l’assouplissement de la législation du travail introduite pour attirer les investissements. Le marché de l’emploi sénégalais s’est caractérisé dans la période par la destruction d’emplois dans le secteur moderne de l’économie (notamment dans les entreprises non financières, les sociétés d’assurances et la fonction publique) face à une forte évolution des emplois dans l’économie informelle. Par ailleurs, le secteur informel dominait et domine toujours les activités du secteur privé : la part de celui-ci dans le PIB était de 85%, dont près de 60% venant du secteur informel contre 25% du secteur structuré ; au moins 50% de l’emploi dans les zones urbaines étaient fournis par le secteur informel.

Le système d’information d’alors ne permettait pas d’avoir une connaissance fine du marché de l’emploi mais une augmentation du chômage urbain était perceptible qui était plus prononcée pour la tranche d’age 15-34 ans et qui affectait davantage les femmes. Face à cela, il faut cependant souligner que de plus en plus de femmes sénégalaises accédaient à des postes de responsabilité technique et de direction, tant au niveau central que régional. En effet, 4 sur 29 ministres (soit 13,8%) et 2.013 conseillères rurales, régionales et municipales sur 13.920 (soit 14,5%) étaient des femmes en 2000.

En ce qui concerne le cadre de vie des populations, l’exode rural vers des pôles économiques en zone urbaine, combiné à une croissance démographique annuelle de 2,7% ont rendu difficile un développement spatial adapté aux objectifs économiques et sociaux.

Les difficultés d’accès au logement, l’occupation irrégulière de l’espace ainsi que l’absence d’infrastructures sociales de base étaient des problèmes récurrents qui n’ont pas été résolus par les politiques sectorielles de l’habitat. Ces problèmes étaient en relation avec la dégradation de l’environnement. Dans le secteur de l’habitat, les politiques publiques ont été confrontées à un manque très important de dispositions réglementaires, à l’absence de mécanismes de contrôle efficace, à une faible délimitation des responsabilités et à une lourdeur des formalités administratives.

L’offre de logement a été inadaptée aux besoins des populations ce qui a créé une occupation anarchique et à l’érection d’installations incompatibles avec un cadre de vie favorable à un développement humain durable.

Les coûts financiers ont été exorbitants pour les populations, les exonérations prévues par la loi en faveur des couches les plus pauvres n’ont pas eu, dans la pratique, l’effet escompté.

Dans l’ensemble, force est de constater, le faible impact sur le niveau de vie des populations des politiques de développement mise en œuvre les vingt années allant de 1980 à 2000 et l’échec relatif des programmes d’ajustement structurel.

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L’ampleur et la gravité de la situation se sont traduites par un appauvrissement croissant des populations, la persistance de la corruption mais aussi par une aspiration des citoyens à participer davantage à la gestion des affaires.

Malgré un certain allègement, la dette extérieure a constitué un lourd fardeau pour l’économie. Cela explique que le Sénégal ait bénéficié de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Dans ce cadre, le gouvernement s’est engagé auprès des institutions de Bretton Woods à élaborer un Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté.

b) Orientations et réformes en cours : les programmes de lutte contre la pauvreté.

Le contexte

Pour l’essentiel, les politiques et tendances économiques n’ont pas connu de rupture suite à l’alternance politique intervenue au Sénégal à la fin du premier trimestre 2000.

Le nouveau gouvernement a poursuivi les orientations de la stratégie de développement national et a entériné les différents engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale, tout en renforçant l’intégration régionale.

Dans ce contexte, le Sénégal a été accepté en juin 2000 comme pays bénéficiaire de l’Initiative renforcée en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) lancée en 1996 sous l’égide de la BM, du FMI et des principaux pays créanciers membres du Club de Paris. Il a eu accès à une aide intermédiaire constituée par les premiers versements au titre des annulations prévues. Ceci a été possible après qu’il a formulé un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui a été approuvé par les Conseils d’Administration de la BM et du FMI. Un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1) sera élaboré « à travers un processus participatif » et sera réactualisé (DSRP2) intégrant la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Le Sénégal pourra ainsi bénéficier de la mise en œuvre de la totalité des allégements de dette prévue dans le cadre de cette initiative.

Compte tenu du poids de la dette sur le budget national, ces avantages semblent déterminants pour le bon déroulement de la stratégie de croissance.

L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale et réduire significativement la pauvreté.

Dans un contexte marqué par une mondialisation accrue, les efforts sont destinés à améliorer la compétitivité globale et sectorielle de l’économie en vue d’assurer la viabilité extérieure et intérieure de l’économie.

Les programmes de stabilité macroéconomique et de réformes structurelles appuyées par les institutions de Bretton Woods cherchent toujours à consolider les acquis obtenus suite aux politiques post-dévaluation du FCFA en matière de maîtrise de la demande et de relance de l’offre.

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Le contrôle de l’inflation, l’assainissement des finances publiques et les réformes de libéralisation de l’économie sont parmi les priorités du programme appuyé par le FMI pour l’année 2000, dans le cadre d’un arrangement au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (PRGF en anglais) qui a remplacé le 22 Novembre 1999 la traditionnelle Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé (FASR).

Dans des accords passés avec le FMI (voir Lettre d’Intention du 31 Août 2001 signée du Ministre du Budget), le gouvernement de Me Wade s’est engagé, entre autres conditionnalités, à réaliser les objectifs de politique économique et financière suivants :

Uniformiser le taux de la TVA à 18%, Préparer la privatisation de la SENELEC ? Libéraliser le secteur arachidier, Lever le blocage des prix des hydrocarbures, Réduire de 50% la subvention du gaz butane.

L’adoption d’un taux unique de TVA qui passe de 10 à 18%, décidée au sein de l’UEMOA, concerne la hausse de la taxation de 63 produits de consommation courante (alors que la taxe sur les produits de luxe baisse de 20 à 18%).

L’augmentation, qui s’en est suivie, des prix du pétrole lampant, du carburant de pêche artisanale, du riz et la hausse de 10% sur le prix de l’électricité, montrent, si besoin en était, l’absence de la moindre amélioration des politiques sociales promises.

Cette hausse des tarifications de l’électricité est destinée à aider la SENELEC à éponger sa dette auprès des banques et fournisseurs. La société d’électricité qui a pompé près d’une centaine de milliards dans les caisses de l’Etat depuis l’arrivée du nouveau régime, se porte toujours mal et tend la main pour vivre. Menacée de mévente, la SENELEC risque de faire souffrir encore un temps le contribuable.

Après deux campagnes de commercialisation désastreuses où, d’une part, une production a été synonyme de détresse (2000/2001) et, d’autre part, de milliers de paysans ont été exclus de la production avec à l’arrivée une baisse du prix d’achat et une mévente (2001), on a assisté à un retour en arrière à pas de géant, au triste passé des années 1980 de la politique de désengagement de l’Etat du Crédit Agricoleet à l’encouragement du secteur privé à prendre en charge la politique d’approvisionnement du monde rural en facteurs de production.

On a assisté à une tentative de liquidation de la filière arachidière sans qu’aucune solution véritable de rechange ne fut prévue.et avec la privatisation de la SONACOS (devenue SUNEOR), le gouvernement n’a fait que céder aux exigences des multinationales de l’huile de s’accaparer des capacités industrielles du pays pour raffiner à moindre prix l’huile végétale brute importée ; et de préparer son projet de faire venir des fermiers étrangers qui constitue une nouvelle accélération de la politique de développement du capitalisme dans les campagnes. Le Plan GOANA n’est qu’un pion de plus avancé dans cette perspective. La fébrilité qui semble l’accueillir dans le monde rural ne doit pas être prise pour une cécité de nos braves populations ; ce serait sous estimer les capacités de récupération des initiatives sans laquelle les orientations données aux politiques nous auraient menés directement en enfer.

Pour le moment les jeunes désertent de plus la campagne et le littoral pour les villes et pour «  Barsaxx » plutot que Barsa. De graves conséquences en découlent pour les familles et pour le pays : les ménages et la campagne se dépeuplent de leurs bras les plus valides (exposant le Sénégal au paradoxe de devenir un jour un pays agraire sans

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paysans) ; l’économie de régions entières se trouve menacée…dont les jeunes sont donc obligés d’émigrer dans les (conditions difficiles et les drames qu’on sait) pour vivre et aider leurs parents ; l’accentuation des flux des migrations intérieures, avec tous les problèmes que cela entraine entre migrants et populations autochtones concernant notamment l’occupation des terres ; l’aggravation du déficit vivrier urbain et rural, ce qui a installé le pays devant une menace de famine permanente (mais une disette aigue de fait pour beaucoup de contrées) ; le développement autour des villes d’un lumpen de plus en plus important avec comme corollaire la multiplication des taudis et de l’occupation anarchique, la dégradation du cadre de vie, l’approfondissement de la précarité, la montée de la délinquance, le développement des déviances et l’accroissement de l’insécurité.

Tout ceci tombe comme une réponse confirmatoire à l’interrogation de A.Sall – sociologue, Coordinateur Régional du Projet PNUD, Futurs Africains - se gaussant sur le thème très médiatisé et très « porteur »de la pauvreté : «   N’est-on pas  en présence d’une nouvelle lubie, d’un nouveau mythe ? Dans ses versions dominantes et institutionnalisées, la lutte contre la pauvreté n’est-elle pas simplement un nouvel instrument, une nouvelle politique pour enfermer les pays dits pauvres – qu’il eut été plus correct de caractériser comme pays dominés – dans le giron d’un système mondial profondément et essentiellement inégalitaire ? N’est-elle pas de ce point de vue un approfondissement – mais avec des correctifs – des ajustements structurels administrés à grandes doses, et au pas de charge, aux pays africains dans les années 1980 et 1990 » ? (Pensée sociale critique pour le XXI° siècle – L’Harmattan 2003)

Selon lui, en Afrique sub-saharienne, les cartes de la pauvreté se superposent, dans une très large mesure, à celles des pays qui ont connu les rigueurs des ajustements structurels : « Si l’on considère les indicateurs de pauvreté monétaire (1$/jour), 24 des 29 pays d’Afrique sub-saharienne ayant connu l’ajustement structurel depuis les années 1980 sont aujourd’hui considérés par la BM comme très pauvres et très endettés ». D’ailleurs, tous les pays africains ayant été sous ajustement dans les années 1980 figurent encore aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres. Troublante, cette coïncidence n’en est pas fortuite pour autant. On sait déjà que les premiers programmes d’ajustement structurel visaient essentiellement à corriger les déséquilibres financiers en comprimant, par des politiques déflationnistes, les investissements qui auraient été nécessaires pour satisfaire la demande sociale. Au nom d’une rigueur budgétaire adossée à des préoccupations purement comptables, l’investissement dans les secteurs sociaux a connu une chute brutale. Et, en raison de ses effets négatifs, la mise en place de ces politiques d’ajustement par les gouvernements africains a rencontré très rapidement une vive opposition des couches populaires et suscité dans certains pays des mouvements sociaux et politiques d’envergure. Au Sénégal, on se rappelle l’épique levée de boucliers contre la loi 83/01.  

Notons pour finir que selon la Commission économique pour l’Afrique (1999), l’indice de pauvreté au Sénégal doit baisser de 4% par an pour réduire de moitié la population pauvre à l’horizon 2015, ce qui requiert une croissance annuelle du PIB et du PIB par tête respectives de 6,3% et 3,7%, performances jamais réalisées au Sénégal. ( ?) 

Les politiques mises en œuvre au début des années 2000 s’inspirent des stratégies dégagées par : le projet du X° Plan d’Orientation pour le Développement Economique et Social (PODES

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2002-2007), le DSRP (2002-2007 incluant le PDEF, le PDIS, le PNIR, le P/FDS), le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG), et le NEPAD. Elles sont également en cohérence avec l’approche sous régionale par l’UEMOA en Afrique de l’Ouest.

En 2005 le Gouvernement et le Système des Nations Unies (SNU) ont entamé le processus d’élaboration d’un Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF). Il constitue une réponse collective du système aux principaux défis de développement du pays, identifiés à travers un diagnostic commun de la situation (Bilan Commun Pays) issu du processus d’élaboration du nouveau document de réduction de la pauvreté (DSRP2 – 2006/2010), fondé sur l’évaluation des avancées en direction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2001-2015) et intégrant les éléments de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA).

Le bilan des résultats .

Sur plan macroéconomique  :Des performances macroéconomiques appréciables mais insuffisantes.

Consolidant les gains de compétitivité issus de la dévaluation du FCFA en 1994,

le Sénégal a initié une stratégie visant à renforcer la compétitivité globale de l’économie

tout en améliorant le niveau de développement humain.

Cette approche a produit des résultats probants au niveau macroéconomique avec une

croissance moyenne d’environ 5% par an entre 2000 et 2005 et un taux de croissance réel par tête de 2,2% ainsi qu’une certaine maîtrise de l’inflation avec moyen inférieur à 2% sur la même période.

Cependant, ces taux de croissance demeurent inférieurs aux objectifs de croissance fixés d’au minimum 7% par an, nécessaires pour réduire de moitié l’incidence de la pauvreté d’ici 2015.

Sur le plan social. Des résultats encore faibles au plan du développement humain.

L’amélioration de la situation macroéconomique n’est pas accompagnée par des progrès significatifs dans le secteur social. En dépit de son accélération par rapport à la période pré-dévaluation, la croissance économique enregistrée a un faible contenu en emploi, notamment dans le monde rural où résident les couches sociales les plus défavorisées.

La position du Sénégal sur l’échiquier international s’est dégradée dans la mesure où il appartient désormais à la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA) avec un PNB par habitant de 508 $ en 2002 et un indice de Développement Humain (IDH) relativement faible (0,437) dégringolant à la situation d’avant 1995 (0,449) même si on note un léger progrès en 2005 (0,499).

La prévalence de la pauvreté demeure relativement élevée au Sénégal.

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L’enquête ESAM I ( ?) révèle qu’au milieu des années 1990, 58% des ménages, soit 65,6% de la population vivaient en deçà du seuil de la pauvreté.

L’Enquête de Perception de la Pauvreté au Sénégal (EPPS) réalisée en 2001 indique que près des deux tiers des ménages interrogés se considèrent comme pauvres et près du quart comme très pauvres. En outre, 64% des ménages estiment que la pauvreté s’est aggravée durant les cinq dernières années.

Cependant une enquête plus récente (ESAM II) révèle une baisse du taux de pauvreté. La proportion de la population pauvre est passée ainsi de 67,9% en1994/95 à 57,1% en 2001/02, soit une baisse de16% en termes relatifs.

Cette enquête confirme la répartition inégale de la pauvreté selon les zones géographiques. La pauvreté est en effet plus marquée dans les zones rurales où sa baisse est moins accentuée. En effet la proportion des ménages pauvres en milieu rural est passée de 65,9% à 57,5% dans la même période, soit une baisse de 13% environ. C’est dans les deux régions de Kolda et de Ziguinchor que la pauvreté au niveau des ménages est la plus élevée (deux ménages sur trois). Sur la période considérée, on enregistre une baisse de 33% environ dans la région de Dakar contre 31% dans les autres villes du pays.

Dans le domaine de l’éducation, le Sénégal n’a pas encore réussi l’objectif de l’éducation universelle au niveau de l’enseignement élémentaire,même si le taux brut de scolarisation (TBS) est en progrès et se situe à 79,9% en 2004, contre 68,3% en 2000 et 54,6% en 1995. L’écart entre les garçons (82,4%) et les filles (77,3%) connaît une amélioration certaine (respectivement62,7% et 46,6% en 1995*) mais demeure non négligeable. L’analphabétisme recule mais touche encore 62,2% de la population en 2005 dont 71,2% de femmes.

Cependant les indicateurs d’éducation se situent en deçà de ceux de la Mauritanie, de la moyenne des pays d’Afrique au sud du Sahara, de l’ensemble des pays en développement ainsi que de la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. La situation de la santé est également moins favorable que celle de l’ensemble des pays en développement et des pays à revenu intermédiaire.

Avant l’indépendance, le système éducatif était régi par l’arrêté du 2 août 1945 du

gouverneur de l’AOF. C’était un système éducatif pratiquement français de par ses programmes, ses

structures, ses méthodes, son administration et sa gestion. Les enseignements portaient en général ;

en histoire sur l’histoire de la France, en géographie sur les structures administratives de la France et

les institutions scolaires dépendaient des académies de France.

A l’indépendance, le droit à l’éducation fut inscrit dans la constitution de la République

marquant du coup l’accès gratuit à l’éducation. Ainsi, avec la loi d’orientation de 1971, l’accès libre

à l’enseignement public fut consacré et l’enseignement privé fut également autorisé, reconnu et

subventionné selon certaines conditions. Cette école qui marque une rupture timide se préoccupait de

mettre sur pied des réformes prenant en compte les préoccupations du pays. Toutefois c’était une

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école qui est restée pendant longtemps élitiste, coûtant cher et fermant ses portes à la majorité des

enfants en âge de scolarisation. En conséquence, des réformes successives ont été entreprises pour

d’abord, marquer une certaine démarcation vis-à-vis du système français et ensuite, décentraliser et

déconcentrer l’administration scolaire (départementalisation, régionalisation, création de structures

de formation d’enseignants etc.). C’est dans cette optique que de grands efforts sont consentis pour

augmenter l’offre d’éducation.

A ce niveau, il est important de noter la part importante du budget de l’Etat consacrée à

l’éducation, les ressources provenant de la coopération bilatérale et multilatérale (FAC, FED et

autres ONG), l’engouement des populations qu’on pouvait lire par la mise en place de classes sous

abris provisoires en Casamance et au Fleuve.

Sur le plan des écoles de formation des enseignants, on peut retenir l’Ecole Normale

Supérieure dont la vocation est de former des professeurs des Collège et Lycée et des Inspecteurs de

l’enseignement.

Pour la formation des instituteurs, il y avait l’Ecole Normale William Ponty, l’Ecole Normale

Germaine le Goff, le CFPS de Thiès où les enseignants en formation étaient recrutés à partir du

BAC. De plus, on pouvait décompter trois (3) Ecoles Normales Régionales, deux (2) CFPP. Au

total, plus de 1000 enseignants étaient recrutés chaque année sous la forte pression de la demande.

Avec la forte poussée démographique et les injonctions d’une situation économique

désastreuse, le secteur de l’éducation ne sera pas épargné. Cela se justifie par l’inadaptation des

contenus et des activités éducatives aux besoins socioculturel, économique, technique et scientifique

du pays. La tendance à la stagnation du taux de scolarisation élémentaire en constitue l’illustration la

plus plausible. Cette crise du système éducatif va aboutir à la convocation des Etats Généraux de

l’Education et de la Formation (EGEF) en 1981 et l’examen de leurs conclusions est confié à la

CNREF. Cette étape constitue un moment historique de l’école sénégalaise. Les conclusions de ces

assises de l’éducation ont permis de mieux définir la politique éducative à travers laquelle les

priorités sont nettement déclarées et beaucoup de projets sont montés avec les partenaires notamment

la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et le Fonds de l’OPEP, etc.

Thié Ndiaye

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ASSISES NATIONALES

COMMISSION 4 : DROITS ECONOMIQUES ET SOCIAUX, VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES

SOUS COMMISSION : DIALOGUE POLITIQUE, SOCIAL ET CITOYEN.

I- Contexte international et national

II- Etat des lieux

III- Quelques éléments de définitions des trois formes de dialogue, de bilans et propositions de solutions

- Dialogue politique- Dialogue social- Dialogue citoyen

IV- Recommandations générales

Le Président,

Abdoulaye Guèye UNSAS

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I- Contexte international et national

1) Au niveau international :

La globalisation économique mais aussi politique, sociale, professionnelle et médiatique qui a transcendé les frontières, révèle des tendances contradictoires : d’un coté, l’augmentation des inégalités entre les continents et entre régions mais d’un autre coté, augmente aussi l’importance des mouvements dans le sens de la démocratie et des respects des droits de l’homme.Dans des sociétés où les techniques prennent de plus en plus de place et ou l’information est disponible en permanence ( malgré les intérêts qui l’influencent), la société de la connaissance est devenue un défi pour tous les pays. L’urgence de la participation sociale et de l’action des citoyens, face aux « anciens » et aux nouveaux conflits et aux chemins du développement et des modes de vie qui épuisent la planète, est de mise dans le monde entier.

2) Au niveau national :

A l’instar de beaucoup de pays africains, l’économie sénégalaise a traversé de profondes crises liées, principalement à la sécheresse, à la détérioration des termes de l’échange et à de mauvaises politiques tant du point de vue économique que social.

En effet, les indicateurs macro-économiques montrent qu’avant la dévaluation intervenue en 1994, le taux de croissance était négatif (-2,2% en 1993). La dévaluation a favorisée une relance de la croissance dont le taux est passé de 2,9% en 1994 à plus de 5% en moyenne entre 1995 et 2000. Ces résultats restent néanmoins en deçà de l’objectif de croissance à deux chiffres fixés à l’horizon du IXe plan de développement économique et social (1996/2001) pour améliorer les conditions de vie des populations. L’indice de développement classe le Sénégal au 154e rang sur 174 pays en 2000.

Au plan politique : Le contexte est marqué depuis les années 1980 par l’existence d’un système démocratique fondé sur un Etat de droit où interviennent de façon remarquable des acteurs non étatiques. La presse privée écrite ou parlée se développe et continue de jouer un rôle déterminant dans l’expression des opinions des citoyens. La protection des droits de l’homme est inscrite dans la constitution comme obligation fondamentale et des institutions chargées de la défense de ces droits sont créées.Elles sont renforcées par des organisations multiples de la société civile qui veillent au respect des droits et libertés de l’homme.Ces acteurs non étatiques s’organisent progressivement et s’affirment de plus en plus comme des partenaires et interlocuteurs écoutés.

De même depuis 1972, l’ Etat du Sénégal développe une politique de décentralisation visant à favoriser la participation des populations à la gestion des affaires publiques.

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La décentralisation s’est consolidée en 1996 avec l’érection des régions en collectivité locales dotées de la personnalité et de l’autonomie financière au même titre que les communes et les communautés rurales. L’Etat leur a transféré à cet effet, neuf domaines de compétence parmi lesquels, l’éducation, la santé et l’environnement. Cette décentralisation favorise la responsabilité des populations. Toutefois, la faiblesse de ressources humaines matérielles et financières des collectivités locales, constitue une entrave à une bonne gouvernance locale.

Qu’en-est-il aujourd’hui de tous ces acquis dans les domaines, politique, économique et social ?

Huit ans de gestion de notre pays ont mis dans un piteux état des secteurs vitaux de son économie comme l’agriculture et la pêche ainsi que les composantes les plus importantes de notre secteur industriel (SONACOS, ICS, SAR, SENELEC, etc.) et le tourisme, qui avaient jusque la, servi de locomotive à la croissance économique.

Sur le plan social : La politique néfaste du pouvoir de l’alternance, faite de démagogie, de pilotage à vue et d’instrumentalisation à entrainé des divisions dans le mouvement associatif suscité des mécontentements et des actions revendicatives dans différents secteurs de la population (dans le monde rural, la fonction publique, dans le monde des travailleurs de l’industrie, de l’éducation, de la santé, dans la jeunesse contrainte, par le chômage et le manque de perspectives, à s’exiler clandestinement au risque de leur vie) et failli mettre le feu aux bonnes relations séculaires entre les religions, les confréries et les communautés.

II- Etat des lieux

1) Le dialogue politique, social et citoyen de 1960 à 2000

Depuis les indépendances en 1960, à 2000, les gouvernements successifs ont tenté de gérer les différents secteurs actifs du monde du travail sur la base de mécanismes socio-politiques découlant des réalités politiques de la période.

En effet, durant la première décennie de 1960 aux années 1970, le mono-partisme de fait impliquant le mono syndicalisme et l’existence d’associations inféodées au parti unique au pouvoir, la gestion des relations professionnelles reposait sur des règles édictées unilatéralement par les autorités gouvernementales. Les partenaires principalement les syndicats, la société civile représentée par les diverses associations et le patronnât national peu représentatif, ont joué un rôle tout à fait marginal servant souvent de caution aux décisions prises par le pouvoir central.

Il faudra attendre une dizaine d’années vers les années 1980 pour constater avec l’émergence du multipartisme intégral et en conséquence le pluralisme syndical, l’instauration de structures et la mise en œuvre de mécanismes de concertation bilatérales et multilatérales entre d’une part

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l’Etat et les partenaires sociaux (les syndicats des travailleurs, le patronat et les associations nationales) et d’autre part entre les partenaires eux-mêmes.

Mais, c’est très important et il faut le souligner, que le dialogue instauré dans cette période (1980/1990, ne concernait que la phase d’exécution des décisions politiques déjà prises par l’autorité et ceci dans tous les secteurs de la société excepté le secteur de l’éducation.

Et c’est à partir de 1993, année de la plus grave crise économique que le Sénégal ait vécue avec son lot de mesures anti sociales issues du plan d’urgence aux allures d’agression contre le monde du travail et les ripostes conséquentes et généralisées de tous les travailleurs unis, que des dispositions furent prises pour instaurer un véritable dialogue politique impliquant tous les partenaire (Etat, syndicats des travailleurs, patronat et certains segments de la société civile).L’objet de ce dialogue politique durant cette fameuse crise économique était de parvenir à des compromis, acceptables permettant d’une part, l’application de mesures exigées par les bailleurs dont la diminution des salaires des agents de la fonction publique jusqu’à une hauteur de 10 à 15% et d’autre part la baisse sensible du train de vie de l’Etat que réclamait l’intersyndicale des travailleurs.

La sortie de crise pour d’impossibles compromis n’a pu se réaliser que grâce à la dévaluation du franc CFA survenue en janvier 1994.L’une des conséquences de la dévaluation du franc CFA aura été l’installation par le gouvernement sur la demande des organisations syndicales des travailleurs de structures de concertation et de dialogue permanents autour de la politique économique et sociale de l’Etat. Ainsi furent instituées des rencontres périodiques annuelles au niveau aussi bien des différents ministères, de la primature que de la présidence de la République.

2) Le dialogue de 2000 à nos jours

En l’an 2000 au début de l’alternance politique au Sénégal, cette option du dialogue sur le plan social a été renforcée par la ratification d’une charte nationale sur le dialogue social par les trois partenaires que sont le gouvernement, les syndicats des travailleurs et le patronat.

Cette charte avait pour buts essentiels de :

- Promouvoir la prévention des conflits en mettant en œuvre le mécanisme d’alerte que constitue la négociation préventive ;

- Mettre en œuvre des procédures de négociations collectives, de conciliation, de médiation et ou d’arbitrage ;

- Proposer aux pouvoirs publics, dans leurs relations avec les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales, des études ou renseignements susceptibles de compléter leurs informations sur les aspects de la politique de restructuration de l’économie impliquant l’entreprise et les travailleurs.

La pratique de la charte nationale sur le dialogue national repose sur l’application de trois principes fondamentaux que sont :

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Le principe de la liberté syndicale garantie par l’Etat et les employeurs Le principe de la liberté du travail qui passe par la sauvegarde de l’outil de travail par les

travailleurs, Le respect des règles établies d’un commun accord qui évoque le partenariat, la bonne

foi, le respect et la reconnaissance mutuelle, la volonté d’entente et de conciliation, le respect des engagements pris et de la parole donnée.

Enfin, il faut noter que les décisions issues du dialogue et de la concertation entre les parties sont adoptées par consensus et revêtent un caractère obligatoire.

Cet important processus de mise en place des mécanismes de dialogue et de concertation sociale connaitra un couronnement par l’installation du comité national du dialogue social( CNDS) durant l’années 2002.

Malheureusement depuis 2005, la dynamique vivace de dialogue social et citoyen est rompue pour emprunter la même voie que le dialogue politique qui n’a de fait jamais pu se réaliser depuis le début de l’alternance en 2000.

En effet, au plan politique et institutionnel, la logique du régime dit de l’alternance a vidé de toute substance les institutions républicaines instrumentalisées au service d’un homme et de son parti, tout en foulant au pied les libertés individuelles et collectives et en remettant en cause les acquis démocratiques.

Cette même logique a aussi plongé les agents de l’Etat dans l’indignation, source de découragement et de laxisme, réduisant à leur plus simple expression les notions de service public, d’administration républicaine et d’intérêt général.

III- Quelques éléments de définition des trois formes de dialogue, de bilans et propositions de solutions :

1) Le dialogue politique :

Il s’agit moins de la politique partisane, que d’options stratégiques au niveau économique, culturel et des secteurs sociaux comme l’éducation, la santé, la décentralisation, l’environnement etc.

a) Exemple de définition :

Le dialogue politique est une stratégie « qui engage les principaux acteurs et partenaires dans des échanges sur les réformes et les changements qui permettent de dépasser les obstacles aux multiples demandes exprimées par les populations. Il s’agit de construire des compréhensions

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partagées sur les défis et sur les stratégies de façon à réussir la convergence d’efforts et d’investissements pour une meilleure efficacité. Finalement le dialogue politique est un moyen décisif pour faire émerger de nouveaux liens de partenariat faits de confiance, d’écoute et d’ancrage pour les dynamiques internes qui sont les principaux facteurs de développement d’un pays » .

Par rapport à cette définition, nous pouvons noter quelques événements importants de dialogue politique dans notre pays :

Au plan politique partisane avec la réforme du code électoral dit « Kéba Mbaye » en 1991 et la mise sur pied de manière consensuelle du système de gestion des élections dénommé ONEL en 1998.

Au plan politique éducative, on notera surtout la tenue des Etats Généraux de l’éducation en 1981 et en politique sanitaire, la concertation nationale de la santé sur le système hospitalier en 2007 et les assises de l’action sociale en 2008.

b) Eléments de bilan et de propositions

L’exploitation des fiches de consultation de certains acteurs déterminants dans les secteurs de l’éducation et de la santé donne les appréciations et propositions suivantes, concernant :

Le processus électoral :

- Des acquis importants ont été obtenus avec le code électoral dit KEBA MBAYE de 1993 et la mise sur pieds de l’ONEL, en 1998.

Depuis 2000, l’unanimité » de l’opinion est faite que le dialogue politique est rompu au Sénégal. Il est inexistant du fait du comportement du Président de la République et de son parti. En effet, les manipulations de notre loi fondamentale qu’est la constitution et les prises de décisions unilatérales concernant le code électoral font le lit d’une gestion personnalisée de l’Etat par le pouvoir PDS.

- Pour redresser la situation politique catastrophique qui prévaut dans le pays, il est suggéré les recommandations ci-dessous :

Faire aboutir dans les meilleures conditions et dans un délai raisonnable les Assises Nationales sans précipitation aucune.Soutenir les conclusions des Assises Nationales par un programme de mise en œuvre et des mécanismes de suivi largement partagés.

Le secteur de l’Education

- Les crises répétitives du système éducatif sénégalais durant les années 60 (mai 68) , 70 (grève des années 1971 – 72 – 73), 80 (grève du SUDES, mai 1980), ont débouché sur les assises historiques de 1981 avec la participations de tous les secteurs de la vie nationale (autorités gouvernementales, religieuses, patronales, syndicales, de la société civile et même d’observateurs étrangers).

- A la suite des Etats généraux de l’Education, des structures de suivi et d’évaluation des accords de ces assises, ont contribué à la tenue de plusieurs rencontres (fora autour des

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problèmes de l’Enseignement préscolaire, élémentaire et non formel, concertation sur l’enseignement supérieur qui ont produit le programme décennal de l’éducation et de la formation en 1996/97.

Comme on peut le constater de 1981 à 2000,la politique axée sur le système éducatif a fait l’objet d’une attention particulière de la part de l’Etat et des partenaires sociaux grâce à l’option franche adoptée par les différents gouvernements d’alors.

Depuis 2002, et particulièrement durant ces 3 dernières années, c’est la confusion totale tant au niveau des ministères de tutelle (Ministère de l’Education et Fonction publique) qu’au niveau de la présidence de la république où les manœuvres et la corruption active ont pris le pas sur une gestion concertée de notre système éducatif dans son ensemble.

Aujourd’hui, tous les acteurs du système éducatif consultés sont du même avis, que le dialogue politique et social est bloqué et qu’il faut impérativement, pour relever le défi d’une bonne école, d’un bon système éducatif appliquer concrètement les recommandations suivantes :

Institutionnaliser les Etas généraux de l’Education & de la formation, ne serait – ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’école ; en d’autres termes, mettre en place un Conseil présidentiel annuel sur l’Education ;

Instaurer un dialogue permanent, planifié, concerté, périodique et fécond renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers ;

Installer à la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education une cellule d’experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui devra réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Au sein de cette cellule, des experts en management devront travailler avec d’anciens leaders syndicaux, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues ;

Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et des enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés, vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux aux niveaux national, régional et international ;

Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui devrait être stable et souple avec des ressources minimales portant sur les défis et actions prioritaires dans un premier temps, puis les réajustements nécessaires

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en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections portant sur l’année à venir.

Le secteur de la santé

La couverture sanitaire dans notre pays a connu des évolutions différenciées concernant aussi bien l’accès des citoyens aux services sociaux de base que l’existence de plateaux techniques sanitaires et, en conséquence, la qualité des soins.

En effet, les soins de santé ont été presqu’entièrement gratuits au Sénégal avant l’indépendance et même jusqu’au début des années 80 avec la mise en place des politiques de soins de santé primaires avec la Conférence d’Alma Ata. En ce qui concerne la qualité des prestations en soins de santé, le déficit en infrastructures et en dotation conséquentes tant en médicaments qu’en ressources (financières, humaines) reste un problème récurrent qui contribue à révéler le hiatus entre le besoin de protection de plus en plus pressant des populations et la tendance de l’Etat à se défausser sur les populations de plus en plus vulnérables.

De même, si la crise économique aidant, surtout dans les années 90, beaucoup d’initiatives ont été prises pour multiplier des structures sanitaires sur toute l’étendue du territoire national (centres de santé, districts, hôpitaux) et aider les populations à accéder aux médicaments essentiels (génériques, Initiative de Bamako), par contre, depuis 2000, date de l’alternance, la politique en matière de santé est catastrophique pour la majorité de la population.

Cependant, il faut souligner que le régime de l’alternance, même si c’est de manière démagogique, a depuis 2000 organisé 3 grandes concertations dans le secteur de la santé et de l’action sociale. Il s’agit :

des assises nationales de la santé initiées par le 1er gouvernement de l’alternance en 2000 ;

de la concertation nationale sur le système hospitalier en 2007 ;

des assisses de l’Action sociale en 2007 ;

Cependant, le dialogue entre l’Etat et les partenaires semble dans l’impasse dans le secteur de la santé du fait du pouvoir en place qui ne tient jamais promesse.

Quelques recommandations sur le secteur de la santé pour améliorer le sort des populations les plus démunies :

Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé et les spécialistes pour

Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;

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Mener une bonne campagne d’information et d’explication en direction des populations afin de revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ou largement insuffisantes la plupart du temps ;

S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux, notamment la masse salariale disproportionnée par le biais de plans sociaux bien prévus.

Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.

2) Le dialogue social

a) Exemple de définition :

Le dialogue social doit être compris comme un ensemble de mécanismes d’échanges, de consultations, de conciliation et de négociation entre l’Etat et les partenaires sociaux ; voire entre les partenaires sociaux sur tout sujet d’intérêt mutuel.

Il est aussi un outil de paix et de cohésion sociale devant permettre la définition et la mise en œuvre de politiques, règles et mécanismes de prévention et de gestion des conflits sociaux.

Deux exemples de dialogue social :

Au niveau de la communication et des médias, on note la tenue d’importantes assises sur la presse en 1994 après la dévaluation du franc Cfa qui ont permis d’instaurer le code de la presse et la mise sur pieds d’une structure de suivi qu’est le C.RED.

Au niveau national, les multiples rencontres de concertation entre l’Etat et les partenaires sociaux durant les années 2001 et 2002, ont permis d’aboutir à des accords historiques sous forme de charte nationale sur le dialogue social signé d’accords parties le 22 novembre 2002.

b) Eléments de bilan et de propositions :

La démarche empruntée ici aussi c’est l’exploitation des fiches- questionnaires et la synthèse des propositions et recommandations des acteurs consultés des secteurs ciblés.

Le secteur des média

Il est l’un des secteurs sinon le secteur le plus dynamique et le plus développé durant ces dernières décennies.Le développement des Média est fondé d’une part sur une évolution fulgurante des technologies des communications, et d’autre part à la politique de libéralisation pratiquée depuis les années 1980.

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Ce secteur de la communication et des média à participé à des étapes différentes à la convocation de rencontres de concertations qu’on peut dater en :

1994, après la dévaluation une longue concertation a eu lieu autour principalement, de la nouvelle convention régissant les journalistes et les techniciens de la communication.1998, concertation sur l’éthique et la déontologie dont le suivi, et l’évaluation devait être assurés par le C.RED et les dispositions concentrées dans un code dit de la presse.

Depuis les années 80, le monde de la communication et des média a pleinement joui des droits à la liberté d’expression et d’opinion grâce à la lutte soutenue des travailleurs de ce secteur mais à l’ouverture d’esprit et la bonne intelligence que le pouvoir d’alors se faisait de la liberté de presse.

Malheureusement, depuis l’alternance, le pouvoir en place de par sa vision étriquée de la liberté de presse et d’opinion cherche par tous les moyens à bâillonner la presse nationale ou à défaut à emprisonner les journalistes.

L’examen des fiches de consultations auprès des acteurs du secteur des média, permet de retenir les recommandations suivantes :

Des rencontres, larges de tous les acteurs intéressés au sort et au devenir de la communication et de la presse dans notre pays (pouvoir publics, SYNPICS, journalistes et techniciens indépendants, représentants de la société civile d’observateurs internationaux assez outillés en la matière) dans le but d’examiner et de solutionner quatre grandes préoccupations :

o Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication ;

o Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/patrons de presse/ professionnels (syndicat SYNPICS)/associations des droits de l’homme ; pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable ;

o Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse ( ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente) ;

o Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversées de l’assainissement de la presse et des média.

Le secteur de la justice

A l’instar de tous les autres secteurs, celui de la justice a évolué avec ses moments de gloire mais aussi ses périodes de divagation voire de déchéance.

Autant les sénégalais ne pourront jamais oublier, le haut magister des Magistrats et avocats émérites comme le Juge Monsieur Kéba Mbaye et Maître Fadilou Diop, pour ne citer que ceux là, autant le citoyen sénégalais a hâte aujourd’hui de tourner la page la plus obscure de la magistrature sénégalaise tout au long de ces huit dernières années jalonnées d’ interpellations intempestives,

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d’arrestation et d’emprisonnements arbitraires de citoyens de tous bords ( journalistes, hommes politiques, syndicalistes, simples citoyens, défenseurs des droits de l’homme etc.…).

Pour les hommes et femmes du secteur de la justice qui ont bien voulu répondre à notre questionnaire, le seul responsable de cette situation dégradante est l’absence de dialogue.

Les recommandations faites pour remédier à la crise due au manque de concertation sont les suivantes :

Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre les composantes du paysRéinstaurer les rencontres annuelles entre le Président et les Acteurs des différents secteurs.Instruire un système d’information et de communication du sommet à la base et vice versa de la base vers le sommet.

Le comité national du dialogue social

Le long processus pour institutionnaliser le dialogue social au Sénégal à débuté depuis 1997 sous l’égide du BIT / PRODIAF, qui va progressivement instauré entre les trois partenaires : gouvernement/patronat/ syndicats sur un partenariat solide basé sur la concertation et les échanges autour de leurs préoccupations communes.Plusieurs rencontres au niveau national et sous régional ont amené les parties prenantes à souhaiter la mise en place de mécanismes de prévention et de régulation des conflits.Les partenaires ont aussi décidé de créer un cadre de concertation permanente, de manière à substituer le dialogue à la confrontation.Ils ont enfin souhaité une déconcentration et une décentralisation des instances de négociation, de manière à élargir le dialogue social.Cinq ans après, précisément le 22 novembre 2002, tous les partenaires signent le protocole relatif à la charte patronale sur le dialogue social et mettent en place le comité National du Dialogue Social ( CNDS).Mais, depuis 2002, le CNDS fonctionne t il efficacement ? Le dialogue social est il constant entre les partenaires ? Le CNDS a-t-il prévenu et réalisé des accords pour éviter des conflits sociaux ?La consultation de certains membres du CNDS représentants de syndicats, patronat et gouvernement, révèle :D’une part que le CNDS a connu deux périodes avec un fonctionnement différencié, la période de 2002 à 2005 durant laquelle le CNDS a disposé de la part du gouvernement des moyens de sa politique de prévention des conflits et la période de 2005 à nos jours où le ministère de tutelle à savoir, du Travail et de l’Emploi s’est accaparé de toutes les prérogatives du CNDS; le CNDS se contentant d’organiser des sessions annuelles classiques de concertation et d’échanges autour de thèmes choisis ;D’autre part, que pour faire fonctionner efficacement le CNDS, il faut nécessairement :

o Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu du travail.

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o Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise, des services pour prévenir en amont des conflits éventuels entre patronat / travailleurs / gouvernement.

o Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’à la base ;

o Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues : prévention des conflits en priorité et recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.

3) Le dialogue citoyen :

a) Exemple de définition

Le dialogue citoyen vise à promouvoir la démocratie à la base et le renforcement de la participation communautaire à la prise de décisions politiques dans le cadre de la gouvernance locale. Il s’agit aussi de créer les conditions d’une large concertation entre l’Etat et les organisations citoyennes (OCB, ASC,FORA civils, ONG, Organisations des droits de l’homme etc.) afin que les citoyens soient impliqués dans l’élaboration des politiques nationales.Les moments forts dans le cadre du dialogue citoyen ont été notés durant :

o Le processus de création des communautés rurales en 1972 et des conseils régionaux en 1996 avec des consultations larges du monde rural et des villes. Cette dynamique de la décentralisation a poussé les différents acteurs de toutes les associations du secteur agricole à se regrouper dans une structure démocratique dénommée : Cadre national de concertation des ruraux (CNCR) d’une part ;

o De même dans les communes et les régions, les Maires et les Présidents de Conseil régionaux se retrouvent autour de préoccupations communes à l’intérieure d’une association nationale des Maires et Présidents de conseil régionaux (ANMPER) d’autre part ;

o Enfin, et dans un contexte d’absence de dialogue tant au niveau politique social que citoyen, l’heureuse initiative des Assises Nationales réintroduit le véritable débat citoyen avec les larges consultations à la base.

Aujourd’hui, l’opinion dans sa forte majorité apprécie les Assises nationales comme opportunes et utiles surtout sous la forme des consultations citoyennes à la base. Après le diagnostic et les appréciations sur le dialogue citoyen, quelles recommandations ?

Un travail soutenu et continu d’éducation citoyenne au niveau de l’école doit être mené.Il faut améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à qui on doit respect et considération ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

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Il faut favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes ;Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre « la maison du citoyen » devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté où se discuterait de manière participative les budgets (budgets participatifs) et toutes autres questions d’intérêt commun au niveau local.

IV- Recommandations générales

Il s’agit des recommandations sectorielles synthétisées relevant :

1) Du dialogue politique :

a) Secteur de l’Education et de la formation :

Institutionnaliser les Etats généraux de l’Education et de la formation ne serait - ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’ école.

En d’autres termes mettre en place un conseil présidentiel annuel sur l’éducation.

Instaurer un dialogue permanent planifié concerté, périodique et fécond, renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers.

Installer dans la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education nationale, une cellule des experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui doit réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Dans cette cellule, des experts en management doivent cohabiter avec d’anciens leaders syndicalistes, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues.

Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux au niveau national, régional et international.

Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui doit être stable et souple avec des séquences minimales portant sur les défis et

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actions prioritaires dans un premier temps puis les réajustements nécessaires en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections pour l’année à venir.

b) Secteur de la santé et de l’action sociale

Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé et les spécialistes du secteur pour :

- Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;- Mener une bonne campagne d’information et d’explication envers les populations afin de

revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ ou largement insuffisantes ;

- S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux liée notamment à la masse salariale disproportionnée, par le biais de plans sociaux bien pensés ;

- Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.

-

2) Du dialogue social

a) Secteur des médias :

Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication.

Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/ patrons de presse/ professionnels de la communication (SYNPICS), , associations des droits de l’homme pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable.

Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse ( ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente).

Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversée de l’assainissement de la presse et des média en introduisant dans le code de la presse des dispositions claires et équitables qui mettent des garde-fous à l’accès de la profession.

b) Secteur de la Justice

Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre toutes les composantes de la nation ;

Réinstaurer les rencontres annuelles entre le PR et les différents acteurs ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 272: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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Instituer un système d’information et de communication du sommet à la base et vice – versa comme l’ont initié les Assises nationales lors des consultations citoyennes.

c) Secteur Comité National du Dialogue Social

Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu de travail .

Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise et des services pour prévenir en amont les éventuels conflits entre patronat / travailleurs /Etat .

Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’a la base.

Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues particulièrement la prévention des conflits et la recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.

3) Du dialogue citoyen :

Collectivités locales et société civile

Introduire et pérenniser l’éducation à la citoyenneté au niveau de l’école et de l’université.

Améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à la base à qui on doit respect et considération.

Favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes.

Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.

Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre la maison du citoyen devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté et où se discuterait de manière participative les budgets des collectivités (budgets participatifs) et toutes autres questions d’ordre économique, social et culturel.

Annexes : fiches de consultation et d’interview

1. Secteurs : Enseignement et Santé2. Secteurs : Média, justice et CNDS3. Secteurs : ONG et collectivités locales

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Pour la sous commission, le rapporteur : Abdoulaye Guèye

ASSISES NATIONALES 2008 : Commission 4 « Gouvernance sociale »

Sous commission « Culture »

Par : Youssouph Mbargane Guissé (Président), Ousmane Sow, Marie-Amy Mbow, Alioune Dapina Mbaye

I – Culture, Arts et sociétés

La culture joue un rôle actif de maintien et de pérennisation de la société dans ses bases matérielles et ses

formes sociales, en façonnant les individus dans les valeurs, les savoirs et les savoir-faire hérités et transmis

au cours de l’histoire à travers une langue commune. La culture qui englobe toutes formes et dimensions de

la création artistique matérielle et immatérielle, produit ainsi une identité de référence collective,

linguistique, esthétique et spirituelle. Celle ci imprègne les pratiques sociales et permet aux individus, aux

différentes catégories et classes l’intégration et la participation à la totalité sociale, à travers les formes

multiples de socialisation par l’éducation et l’initiation. Cependant les individus eux-mêmes, les catégories

et classes développent une socialisation et une intégration différentielle à cette culture commune, cela en

fonction des héritages particuliers, des intérêts spécifiques et des rapports de force, des représentations

qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur place et rôle dans la société. C’est pourquoi la culture est dynamique ; elle

est traversée par la tension des forces contradictoires qui la travaillent. Elle constitue le lieu d’affrontements

politiques de classes dont l’enjeu est l’hégémonie sur la direction historique de la société.

Cette superstructure globale, collective, cristallisée dans les institutions politiques et sociales, dans les

pratiques sociales quotidiennes, dans l’imaginaire et les représentations, influence négativement ou

positivement le devenir de la société car elle est le lieu où s’entremêlent et s’affrontent ancien et nouveau,

continuité et rupture. C’est donc là aussi que se dégagent les perspectives de l’évolution et du devenir de la

société déjà contenue virtuellement dans ses flancs matériels.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 274: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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La création artistique, un des éléments les plus importants et les plus représentatifs de la culture est le lieu

de la formulation diffuse ou consciente de cette lutte historique de résistance et de reconstruction

identitaire forte. Ainsi les arts plastiques, l’architecture, le cinéma et l’audio visuel, la poterie, la peinture,

l’artisanat d’art, la musique, la danse, l’habillement et de tout ce qui touche à l’esthétique du corps, le

théâtre, les traditions culinaires et de consommation, les contes et mythes, le sport et les jeux, etc. sont-ils à

divers niveaux de tension esthétique et idéologique, les terrains d’expression et de reformulation

renouvelée des termes du maintien de l’intégrité d’une société et de son développement potentiel.

II. Identités et diversité culturelle au Sénégal

Le Sénégal appartient à l’espace historique et sociologique millénaire de la Sénégambie. Cette zone

écologique hétérogène allant du désert à la forêt a été le lieu de convergences et de brassages entre peuples

divers, le théâtre d’une histoire incessante d’agrégations et de ségrégations sur fond d’alliances lignagères et

matrimoniales, de migrations et sédentarisations, de constructions et déconstructions politiques incessants.

La Sénégambie a subi la double influence du Sahara à travers le commerce transsaharien et l’islam et du

Soudan avec les grandes constructions politiques de la région. Les convergences et solidarités historiques

avec les sociétés du Sahara et du Soudan depuis des millénaires et dont les réalités et les symboles sont

dans vécus et les pratiques culturelles et artistiques commandent aujourd’hui un destin unitaire de

résistance et de renaissance face à la mondialisation.

Les fleuves Sénégal, Gambie, Casamance et Niger ont déterminé de manière essentielle le cadre spatial et

historique de l’évolution des sociétés en présence. La métallurgie du fer, l’essor de l’agriculture, de l’élevage,

de la pêche ont favorisé les échanges intra régionaux et transsahariens.

Les guerres et suprématies politiques et religieuses, les divisions et inégalités sociales, les hiérarchies

statutaires et de classe ont néanmoins crée des complémentarités et solidarités linguistiques et culturelles

forgeant ainsi des chaînes de sociétés au destin historique commun.

Sur un fond de civilisation commune, dans un même cadre existentiel déterminé par la loi de l’évolution

inégale entre les sociétés, chaque peuple a spécifié ses représentations sociales et développé une culture

originale propre : Sereer, Al pular, Soninké, Manding, Wolof, mais aussi des rameaux de moindre dimension :

Jola, Balant, Baynuk, Manjak, Tenda, Bassari, Koniagi, etc.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 275: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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L’histoire de la Sénégambie a consacré donc la diversité culturelle de ses peuples, préservée pendant

plusieurs siècles par la nature démocratique du pouvoir traditionnel. Celui-ci en effet associait les différentes

composantes de la société au fonctionnement et au contrôle du pouvoir. Là où la suprématie politique d’un

groupe était consacrée, l’Etat dominant n’exerçait pas une violence économique et politique sur les diverses

communautés de base. Celles-ci gardaient leur système de reproduction sociale et communautaire et leur

autonomie culturelle.

De manière générale, l’histoire de la Sénégambie établit des influences et des transferts culturels entre

différentes sociétés, codifiés par la parenté à plaisanterie, un système de correspondance de lien de

cousinage, vécu de manière à consolider la paix et la sociabilité entre communautés, mais aussi entre

confessions religieuses ainsi apparentées. Emprunts et reconversion culturelle jalonnent l’histoire des

communautés.

Le Sénégal actuel est l’héritier de tout ce patrimoine fondé sur la diversité culturelle mais aussi l’expression

historique désolante de la dislocation par le partage colonial des chaînes de sociétés ouest africaines

solidaires depuis des millénaires.

III. Le projet culturel colonial et ses conséquences

III.1. Colonialisme et résistance culturelle

Un des phénomènes les plus importants et les plus profonds qu’enseigne l’histoire des sociétés

africaines, est à notre avis, leur résistance culturelle indestructible à toutes les formes de destruction,

selon les termes d’Amilcar Cabral (1975)19.

L’expérience des sociétés africaines depuis les périodes les plus anciennes, mais aussi les périodes

esclavagiste et coloniale montre que c’est en préservant leurs structures internes, leur autonomie

structurelle, qu’elles ont pour assurer, pour l’essentiel par de multiples sacrifices et, malgré la

supériorité des forces d’oppression, la transmission de leurs cultures, et par conséquent leur identité

et leur personnalité culturelle.

La langue, véhicule de la culture, c’est-à-dire de la pensée, des valeurs, des connaissances et savoirs,

de la sensibilité en a été un des facteurs principaux. La tradition orale a été un rempart culturel

impénétrable à la destruction et un refuge pour le génie culturel africain.

En réalité, la matrice matérielle de cette résistance culturelle indestructible a été la communauté

agraire traditionnelle, forme d’organisation sociale estimée la plus ancienne de l’évolution des

sociétés africaines. Elle a traversé tous les temps et s’est maintenue dans ses traits essentiels en

19 Amilcar Cabral (1975). L’arme de la Théorie. Paris : Ed. Maspero

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 276: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

utilisant et en combinant les facteurs de sa reproduction que sont la structure lignagère et familiale, la

religion ethnique et la langue.

L’existence sur tout l’espace international ouest africain de foyers de civilisation fondés sur de

puissants réseaux d’alliances matrimoniales, marchands, étatiques et guerriers, mais aussi culturels,

spirituels et religieux denses a constitué de manière permanente une matrice plus large de la

résistance culturelle indestructible et de solidarité des sociétés africaines.

III.2. Colonisation et développement culturel inégal au Sénégal

Le développement économique colonial et la mise en place d’infrastructures et d’équipements se

sont effectués au Sénégal par la régionalisation des cultures de rente et des exploitations minières,

entraînant l’inégalité entre les régions. Certaines se sont développées et monétarisées à cause des

investissements en capital, d’autres par contre se trouvées marginalisées. L’école, l’administration et

l’urbanisation, le statut juridique lié aux quatre communes ont divisé la société en évolués et en

indigènes produisant des nouvelles catégories de classes riches et pauvres. L’école en particulier

s’installe dans des zones et régions privilégiées d’exploitation économique et favorise certaines

ethnies ou fraction d’ethnies, certaines familles aristocratiques anciennes et métisses liées à la

colonisation, créant ainsi une fracture entre les régions et une division sociale et culturelle au sein

des communautés, des groupes et des individus.

C’est ainsi que les wolofs en particulier se sont considérablement affirmés sur la base d’un ensemble

d’opportunités historiques : fortes tradition politico-militaires, mobilité spatiale, dynamisme

linguistique, coïncidence physique entre la présence coloniale et les territoires wolof, expansion de

l’islam confrérique restructurant d’une société défaite et éclatée, urbanisation, commerce, politique.

Cela s’est réalisé face à la faiblesse politique extrême des Pël et des Sereer, à la décadence politique

puis économique des Al Pular du Fuuta et à la marginalité globale des Jola non islamisés.

Il y’a certainement aussi la flexibilité de la culture Wolof et sa grande capacité à assimiler et à

s’assimiler dues probablement à l’ « hétérogénéité originelle » de sa formation qui en fait une

transethnie.

Le phénomène global de wolofisation touchant toutes les ethnies du Sénégal et qui s’enveloppe de

cette transethnicité confrérique mouride, participe à une certaine formation protonationale et à un

nationalisme dont les pôles historiques et mythiques sont Njajaan Nyaay, fondateur de l’empire du

Jolof, kocc Barma Faal, philosophe et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme.

Les différentes identités ethnoculturelles s’approprient des opportunités du système dominant par ce

biais, tout en développant du fait des frustrations, des formes de résistance culturelle et linguistique,

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 277: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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ethnique et régionale, comme c’est le cas avec les associations de défense et de promotion de la

langue et de la culture Al pular, mais aussi du phénomène Jola avec le MDFC en Casamance.

IV Les grands traits de la politique culturelle depuis l’indépendance

La politique culturelle sous Senghor

L’orientation

L’orientation de la politique culturelle du Sénégal indépendant semble être l’illustration et

l’application de l’idéologie de la Négritude dont le Président Senghor était un des membres

fondateurs. La renaissance de la civilisation noire était liée à la promotion d’une conscience

culturelle et d’une créativité à vocation universelle du peuple noir. Senghor eu à cœur de

concevoir et d’appliquer une politique culturelle résolue et hardie qui répondait à ses aspirations

idéologiques et qui fut résumée par le concept d’enracinement/d’ouverture ou de rendez vous du

donner et du recevoir. Senghor était conscient que la culture est un moyen de se connaître, elle

détermine notre identité, elle est au début et à la fin de toute chose ; Il s’avérait donc nécessaire

de féconder les valeurs du passé grâce aux apports de la modernité : enracinement dans les

valeurs spécifiques de la civilisation du monde noir et dépassement par un enrichissement et un

renouvellement constant de l’acquis culturel en transcendant la conscience nationale pour

atteindre la conscience universelle grâce au dialogue des civilisations dans l’esprit le plus large

de la fraternité des cultures. C’est autour de ce concept d’enracinement et d’ouverture que les arts

modernes ont été créés, de même que l’action politique, économique et culturelle a été organisée,

durant le magistère du président Senghor.

Les acquis

Les recherches autour de l’héritage culturel africain ont conduit à la mise en place dans le

domaine des arts plastiques d’une Ecole des Beaux Arts et d’une Manufacture de la Tapisserie

(puis des arts décoratifs), incubateur d’une idée de l’esthétique senghorienne, qui est à la base de

ce qui a été dénommée par la suite « Ecole de Dakar ». Les grandes œuvres littéraires mondiales

furent également revisités, et adaptés au contexte africain, par les acteurs du Théâtre national

Daniel Sorano (Shakespeare, les épopées historiques africaines...). Les troupes de ballet, de

chant, de musique, d’art dramatique (Ensemble lyrique traditionnel, Orchestre national, le ballet

national, etc.) furent créées selon des critères professionnels et ceux qui les intégraient eurent un

statut de fonctionnaires. L’Ecole de danse moderne Mudra Afrique fut confiée au danseur-

chorégraphe Maurice Béjart. Dans le domaine muséal, Le Musée dynamique accueilli les

expositions nationales d’art contemporain, ainsi que celles itinérantes (Picasso, Apollo et les

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 278: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

découvertes faites sur la Lune, ...). L’exposition du musée d’ethnographie de l’IFAN fut

également rénovée. Les Nouvelles éditions africaines (NEA) permirent la publication d’une

littérature diverse africaine et l’émergence d’auteurs africains et sénégalais, organisés en

association nationale. Le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA) avait pour vocation la

protection des œuvres intellectuelles et artistiques ainsi que la défense des intérêts moraux et

matériels des créateurs d’œuvres de l’esprit. La radio, ORTS (Office de radiodiffusion du

Sénégal), à travers ses émissions culturelles en partenariat avec le Service des Archives

culturelles du Sénégal (Visages du Sénégal, etc.) fit un travail de collecte du patrimoine oral et

immatériel du pays, dans ses différentes composantes ethniques. Le Fonds de Soutien à

l’Industrie Cinématographique (FOSIC) devait promouvoir le cinéma sénégalais. Le journal Le

Soleil, avait également des rubriques culturelles de haut niveau, traitant des sujets d’importance.

Le Festival Mondial des Arts nègres, de 1967, a été le point culminant de l’émergence de ce

courant esthétique. Il a permis au Sénégal d’avoir un rayonnement culturel international et d’être

le point d’enracinement de la diaspora noire en terre africaine. Le Sénégal devint à partir de ce

moment, un véritable carrefour culturel intellectuel, accueillant de nombreux séminaires et

conférences.

A l’actif de Senghor également, l’organisation et prix et concours nationaux qui ont stimulé la

créativité.

A la fin de son mandat, le Sénégal était doté d’un certain nombre d’infrastructures culturelles et

avait un personnel formé, parmi lesquels des artistes professionnels. La formation et l’éducation

artistique et professionnelle ont été au centre de sa politique, ce que reflètent les affectations

budgétaires dans ces secteurs et le choix sélectif des personnes en charge de la politique

culturelle. La Fondation Léopold Sédar Senghor, était le prolongement de son action culturelle.

Les faiblesses

On a souvent reproché à Senghor :

- l’élitisme de sa conception de la culture. Il avait fixé des règles précises notamment en matière

d’esthétique qui ont contribué à l’émergence certes d’un art local, mais qui s’est transformé en art

officiel, avec un rapport clientéliste entre les acteurs culturels « protégés » et la présidence ; les

autres étant repoussés dans la marge.

- la centralisation des infrastructures et de la vie culturelle à Dakar, au détriment des régions ;

- sa francophilie excessive au détriment des langues nationales.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 279: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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La politique culturelle volontariste de Senghor, a fait l’objet de violentes critiques de la part des

universitaires et d’une sorte de résistance, voire d’indifférence des populations au modèle

d’assimilation occidentale manifeste.

- La politique culturelle sous Abdou Diouf

L’orientation et les faiblesses

L’avènement d’Abdou Diouf coïncide avec la grande crise économique des années 80, qui connaît

l’application drastique des politiques d’ajustement structurel. Cette période voit la fin du mécénat

d’état, avec les restrictions budgétaires entraînant la fermeture de l’Ecole d’architecture et

d’urbanisme, du Centre d’Etudes des civilisations, le service des Archives Culturelles, la

décrépitude de l’université des Mutants et de l’Ecole des Arts, la léthargie du cinéma sénégalais (de

nombreuses salles sont vendues et transformées en centres commerciaux). Le Musée dynamique est

transformé en Cour de Cassation ; Mudra Afrique disparaît de même que le Commissariat général

des expositions d’art sénégalais contemporain à l’étranger etc.

Submergé par les problèmes économiques et financiers (détérioration des termes de l’échange,

remboursement de la dette extérieure, paupérisation des populations, crise de l’agriculture,...), on

assiste au ralentissement des investissements dans le secteur culturel, avec un report des projets du

Ministère de la culture au VIe plan, la suppression du budget consacré à l’équipement du Ministère

de la Culture pour l’année 1981-82 au profit des secteurs dit productifs. L’ensemble des

infrastructures culturelles héritées de la période senghorienne ont été soit démantelé, soit ont périclité

par absence de budget et d’orientation. La plupart des acteurs culturels officiels sont marginalisés et

la politique des départs volontaires, va contribuer, par impréparation des ces acteurs, à les paupériser

encore plus.

Les services culturels décentralisés, notamment les centres culturels régionaux et les maisons de

jeunes et de la culture dans les Départements sont devenus pratiquement inactifs du fait du manque

de ressources financières et de techniques (absence de recrutement d’animateurs,...) et n’offrent plus

aux jeunes des programmes culturels. Ainsi, en raison de la conjoncture et à force de vouloir

appliquer des politiques économiques dictées par les bailleurs, on a sacrifié le secteur de la culture

qui, aurait pu être un levier du développement économique.

Les acquis

Le désengagement de l’Etat des infrastructures culturels et l’absence de projets et de relève des

cadres favorisent à contrario, le développement de l’initiative privée.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 280: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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On assiste à une « libération » du modèle senghorien et à une réappropriation des espaces et des

destins, débouchant sur une diversité des identités artistiques et à de nouvelles tendances : art de la

récupération, le mouvement set setal, le développement du secteur de la musique qui devient une

véritable industrie culturelle avec des équipements de production. A cela correspond, le

développement d’associations professionnelles privées (AMMS, ASSEPIC, le SIPRES), de

structures privées (Galeries ) qui ont permis la promotion de jeunes talents et un certain rayonnement

et une renaissance de la production et de la création culturelle. Il faut également ajouter l’appui des

Services culturels étrangers (Ambassades de France, Union Européenne, Goethe Institute, etc.).

L’Etat à partir de 1990, essaie de renouer avec le secteur culturel et se rend compte de la nécessité

d’en faire un des axes de son action gouvernementale. A partir des années 90, l’Etat commença à

nouveau à donner un essor à l’art et à l’œuvre littéraire sénégalais en agissant en faveur des artistes et

hommes de lettres. L’Etat avait créé la Galerie nationale d’art, inaugurée le 29 janvier 1983 et qui se

charge de la promotion de l’art plastique contemporain à l’intérieur et à l’extérieur, d’accueillir des

expositions d’art moderne. Le campement qui abritait la mission chinoise chargée de l’édification du

stade Amitié a été transformé en Village des arts en 1989, la Résidence de la Médina qui servait à

accueillir les hôtes de la République pendant les années 1962 à 1996 devint Maison de la culture

Douta Seck en 1997. La section art dramatique du Conservatoire de Dakar a été réouverte en 1990 et

assure à nouveau la formation des comédiens. Le Salon national du livre et de la lecture, le Festival

international de jazz de Saint Louis, la Foire internationale de livre et du matériel didactique, les

Rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK) sont, entre autres, de nouvelles initiatives

culturelles lancées par les autorités gouvernementales. Les Grands Prix annuels du Président de la

République pour les Arts et pour les Lettres ont été institués en 1990. La Biennale des Arts et des

Lettres de Dakar (1990), qui deviendra en 1996 « la Biennale de l’Art Africain Contemporain », fait,

tous les deux ans, l’état de la création artistique africaine et permet de soumettre celle-ci à la critique

internationale, d’encourager la recherche, d’organiser la réflexion et de présenter les analyses sur les

conditions, les modes et les techniques de cette création, de faciliter aux créateurs la rencontre avec

des mécènes et des collectionneurs. Bref, de créer un véritable réseau de relations et d’informations

entre les différents acteurs du monde artistique. La Biennale a également permis de développer

l’initiative privée grâce à ses « espaces off ».

La décentralisation culturelle a été instaurée par la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de

compétences aux régions, communes et communautés rurales.

Les centres culturels régionaux sont revalorisés. En même temps s’active l’organisation de semaines

nationales de la jeunesse et de la culture. Depuis 1996, le Sénégal a institué des journées nationales

du patrimoine qui se veulent des moments forts de découverte, d’échanges et de prospective du

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 281: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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patrimoine culturel du pays. Ces actions mises en oeuvre par le Gouvernement s’inscrivent dans le

cadre, de l’application de la politique culturelle définie dans la Charte culturelle du Sénégal et des

préoccupations et objectifs des instances multilatérales de coopération culturelle.

La politique culturelle sous Abdoulaye Wade

L’orientation

La politique culturelle est à l’état de grands projets, dont certains datent de l’ancien régime : Parc

culturel (Musée d’Art contemporain, Ecole des Beaux arts, Ecole d’architecture, Bibliothèque

nationale, Archives nationales, Musée de la Renaissance, Grand théâtre ), le Monument de la

Renaissance, la place du Souvenir, le FESMAN.

Les acquis

Sur le plan législatif, les acquis sont constitués par le vote de la loi n°2002-18 du 15 avril 2002

portant règles d’application des activités de production, d’exploitation et de promotion

cinématographique et audiovisuelle ainsi que par celle sur les droits d’auteurs et les droits voisins

qui permettent de lutter contre la piraterie en protégeant les créateurs.

Les faiblesses

On note un déficit étatique de la prise en charge de la culture, qui se manifeste par une moindre

implication financière de l’état, au profit de la coopération bilatérale ou multilatérale. Les

associations culturelles locales notamment tissent des partenariats de financement avec des conseils

régionaux ou des municipalités dans le cadre de la coopération décentralisée.

La politique culturelle nationale semble inféodée aux desiderata de la Présidence, qui développe des

« grands projets » auxquels le Ministre ne semble pas être véritablement associé et auquel n’est pas

associée l’expertise nationale.

Il y a des secteurs qui sont mis en exergue plus que d’autres, comme le patrimoine matériel,

notamment le patrimoine architectural colonial.

La politique culturelle manque de vision nationale et d’identité, puisque la conception et la

réalisation de l’ambitieux projet de « parc culturel » ne semblent pas avoir été discutées, ni avec les

professionnels des différentes filières concernées, ni avec les cadres de la culture. Ce projet semble

être plus l’émanation d’une volonté personnelle du chef de l’Etat, que l’aboutissement d’une

politique culturelle nationale. Cependant, on doit mentionner que des consultations nationales

avaient été, un moment, entreprises, à l’initiative du Ministère de tutelle, afin d’évaluer les besoins

des différentes régions du pays. Un projet synthétique dénommé PNDC (Programme national de

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Page 282: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

Décentralisation Culturelle) avait été élaboré dont fait partie l’agenda culturel, sorte de calendrier des

manifestations culturelles sur toute l’étendue du territoire national.

L’absence de politique culturelle nationale s’est traduite, tout d’abord, par l’instabilité qui a

caractérisé le Ministère, avec la succession de plusieurs ministres à la tête de ce département, qui fut

même supprimé un moment ou rattaché à un autre département.

Au niveau du fonctionnement du Ministère, l’absence de réflexion organisée et d’un plan d’action

détaillant les objectifs et les stratégies, favorise l’improvisation et le pilotage a vue.

Le dispositif législatif adopté est également mis en attente, du fait de sa non application, notamment

dans le secteur de la musique et du cinéma par exemple (droits de propriété annexes,...).

Différents autres points restent saillants :

- L’absence de formation de nouveaux cadres culturels ;

- Le défaut d’accompagnement des collectivités locales, en matière d’infrastructures,

d’équipements et de ressources humaines et financières rend la décentralisation des compétences

culturelles non opérationnelles ;

- Le risque de marginalisation et de frustration des nouvelles entités régionales récemment

créées qui devraient dépendre des 5 pôles culturels existants que sont Louga, Thiès, Fatick,

Kolda et Ziguinchor.

- La mise en veilleuse du projet de la Bibliothèque nationale alors que le projet est en place ;

- La non organisation de l’organisation des grands prix de l’Etat.

V. Mondialisation et médiations des cultures

V.1. Mondialisation et hégémonisme culturel occidental

La mondialisation actuelle est le contexte aggravant de cette situation. Il est le règne sans partage de

l’économie de marché. Les économies du monde sont en effet soumises à un marché unifié sous le

maillage d’un système financier planétarisé avec un déploiement à son service d’un formidable essor

des Nouvelles Technologiques de l’Information et de la Communication (NTCI).

Ce système global et dynamique est en même temps porteur d’exclusions. En effet, des segments de

pays, des régions, des secteurs économiques et des sociétés locales sont laissés hors jeu, coupés des

processus d’accumulation et de consommation qui le caractérisent.

Cette économie est aussi porteuse d’une homogénéisation des besoins mondiaux et de la diffusion

« d’universaux culturels » au sein de la grande zone de ce libre échange. Le narcissisme des

dirigeants politiques américains que le Président Bush porte si maladroitement est un produit déjà

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 283: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

ancien dans la stratégie de l’hégémonie américaine sur le monde. Yves Eudès (1982)20 montre bien

que cette idéologie postule que l’ensemble de la culture américaine est le reflet d’amalgame précoce

d’une culture mondiale en gestation et peut naturellement se répandre de par le monde et répondre

aux besoins de toutes les sociétés.

Elle est portée par les réseaux de communication modernes, électroniques. L’Anglais est

naturellement le véhicule de cette culture mondiale puisqu’il est déjà « la langue des mass media ».

L’Amérique serait donc la direction organisatrice de l’humanité. Les sociétés humaines doivent

parvenir à un consensus mondial et c’est par l’effacement des cultures nationales qu’il pourra être

réalisé.

John Kennedy déjà se voyait lui-même, selon ses propres termes, comme le premier Président pour

lequel le monde entier est en un sens un problème de politique intérieure américaine.

On comprend donc parfaitement les réajustements auxquels procède l’Agence de la Francophonie

pour se maintenir.

Ce contexte de recherche hégémonique est d’autant plus favorisé par la dislocation du système

communiste, l’affaiblissement du Tiers Monde à la fin des années 80 et l’épuisement du discours

alternatif.

Dans la sphère politique, la mondialisation en cours se conjugue en termes de détérioration de la

décision politique, de dislocation de la souveraineté de l’Etat. Cette dernière est désormais

confisquée par les pouvoirs économiques et financiers internationaux (FMI, Banque Mondiale,

OMC), par les Etats les plus puissants et par les pouvoirs mafieux (drogue, armes), les Etats africains

sont encroûtés dans les mécanismes de dilution de la souveraineté, générés par la mondialisation et

sont devenus une courroie de transmission entre l’économie mondiale et l’économie nationale, à tel

enseigne que Willy Jackson (2000 :58) 21 s’est posé la question suivante : « L’Afrique peut-elle, dans

le contexte actuel de son insertion dépendante dans la mondialisation, concevoir des politiques

cohérentes de développement des capacités » ?

V.2. L’absence de Projet culturel

La question est d’autant plus pertinente que dans le Rapport final de la première réunion d’experts

chargés de préparer le congrès culturel panafricain, est mentionné (2002 ; 36)22 ceci :

20Yves Eudes (1982).  La conquête des Esprits. L’appareil d’exportation culturelle américaine. Paris : éd Maspero.21Willy Jackson (2000).  Exode des compétences et développement des capacités en Afrique. Ed.CEA/CRDI/OIM, p.58.

22 Rapport final 2002 Première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain. Nairobi-Kenya, 16-18dec, 57p.

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« L’on a relevé les lacunes graves dans la formulation et la mise en œuvre des politiques culturelles

africaines, quarante ans après les indépendances. Les participants ont aussi déploré un recul très net

de la culture dans les priorités de l’UNESCO, de l’OUA et des gouvernements africains pris

individuellement. Est symptomatique à cet égard, l’omission de la culture comme secteur prioritaire

dans le NEPAD ». Le Rapport note toujours : « l’on a aussi déploré que les conférences

ministérielles de l’OUA soient gelées depuis 1993 et que l’OUA n’ait pas jugé utile de créer une

institution spécialisée, chargée de la culture, depuis la disparition des organisations régionales et

sous-régionales comme l’ICA, l’EA CROTANAL ou la léthargie des institutions comme le CICIBA,

le CERDOTOLA, le CELTHO, etc. ».

Les politiques d’Ajustement structurel ont fini de balayer les acquis et de mettre la culture au rancart,

laissant place à quelques initiatives nationales professionnelles ou privées (FESPACO, SIAO,

KORA, FESMAN,...).

Aujourd’hui les politiques culturelles nationales, dans la plupart des pays africains, montrent une

absence d’un plan national de développement culturel, une intégration de la culture dans le

développement, une bureaucratisation des structures, un budget dérisoire pour la culture, une

insuffisance du personnel spécialisé. La culture reste élitiste, fondée sur les langues étrangères et

surtout réservée aux gens de la capitale. Les artistes eux-mêmes sont marginalisés à tel enseigne

qu’aujourd’hui, le statut de l’artiste est gravement rabaissé.

VI Recommandations

6. 1 Orientation et méthodologie : Construction d’un modèle culturel fondé sur la

décentralisation et une économie de la culture

1 -Développer un modèle culturel citoyen fondé sur l’esprit critique, l’intégrité morale, les valeurs

de travail et de respect des autres et du bien public, la tolérance confessionnelle et la culture de la

paix, l’amour de la patrie africaine, la sociabilité et la solidarité ;

2.- Développer une pensée critique et prospective au sein des masses par l’éducation,

l’enseignement, la formation et l’information qui fortifie le sentiment d’appartenance historique et de

parenté culturelle communes aux différentes communautés du Sénégal et de l’Afrique, et celui d’un

même destin unitaire de libération et de renaissance ;

3- Construire un développement économique, culturel et éducatif local intégral pour mettre fin

progressivement aux déséquilibres culturels entre régions et ethnies, ainsi qu’entre la mégalopole

Dakar et l’hinterland ;

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 285: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

4- Opérer une décentralisation effective de la politique culturelle en incitant et appuyant les

initiatives locales, à la base, en stimulant la compétition saine et l’émergence de la perfection dans le

travail et dans la production.

5- Mettre en place un Budget national conséquent pour la culture, construire des infrastructures et

des équipements suffisants et de qualité dans toutes les régions du pays, travailler à l’accroissement

de l’expertise des ressources humaines locales par la formation de qualité valorisée.

6 - Développer des industries culturelles, composante importante de l’économie nationale et source

de création de richesses pour les individus et les communautés

6.2. Les cibles, les acteurs, la synergie

1. Déterminer les cibles de la politique culturelle (les enfants, les jeunes, les femmes, les élèves

et étudiants, les adultes analphabètes, les régions, les ethnies, les groupes marginalisés)

2. Mettre en place des mesures de concertation suivie, d’appui logistique, financier et technique,

d’implication, développer une synergie dans tous les programmes, activités et évaluation de la

politique culturelle nationale avec :

3. Mettre en place des partenariats entre les acteurs privés du secteur de la communication et des

médias et les acteurs culturels privés dans tous les domaines créatifs, productifs et commerciaux de

l’art et de l’artisanat d’art ;

4. Faire appel à la compétence et à l’expertise de tous les artistes sénégalais internationalement

connus et appréciés, les traditionnistes et experts de la culture et mettre à profit leurs réseaux

d’appartenance dans les grands programmes ou projets de portée régionale, africaine et

internationale ;

5. Appuyer les associations culturelles et artistiques de toutes les régions et localités du Sénégal

afin d’aider à la création de fédérations fortes, à la mutualisation des moyens, à l’élévation du

niveau et de la qualité des créations et productions.

6.3. Donner une dimension prioritaire régionale et africaine à la politique culturelle

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 286: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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1. Développer une coopération régionale, africaine de mise en commun des moyens et des

ressources, résolument orientée dans l’intégration et le remembrement politique du continent.

Celle-ci doit permettre de desserrer l’étau de l’hégémonie culturelle bureaucratique, francophone et

élitiste étouffant de la politique culturelle du Sénégal depuis Senghor jusqu’aux travers actuels avec

Wade, en passant par la période déjà régressive de Diouf. Cette politique culturelle dans ses grands

traits est marquée par la dépendance en matière de financement, de mépris et de marginalisation de

nos cultures et langues et d’aliénation à l’égard du modèle occidental dans ses contenus et formes les

plus décadents, particulièrement pour notre jeunesse.

2. Contribuer à l’émergence d’ « un corps autonome et critique d’intellectuels, capable de

construire un modèle culturel alternatif »  fondé sur le précieux héritage transsaharien et soudanais

par le renforcement et la redynamisation des structures et institutions régionales existantes, par la

formation de réseaux d’hommes de culture, de savants, d’artistes et de créateurs ;

3. Développer un partenariat multidimensionnel au sein des pays du Sahara et du Soudan avec des

programmes sur l’héritage culturel commun, aux niveaux suivants :

- un niveau politique par la collaboration régionale africaine avec les ministères des différents

pays et l’introduction de programmes éducatifs dans le scolaire, touchant l’étude des grandes langues

régionales, l’enseignement de modules de formation dans le milieu des jeunes et des femmes, des artisans,

des artistes et créateurs, le développement de programmes d’échanges entre les musées et centres de

recherches et de création. Cette collaboration toucherait également l’organisation de festivals, colloques,

rencontres et le renforcement des activités déjà existant ;

- un niveau social en appuyant à la base des associations artistiques et culturelles, des

associations de jeunesse, des organes de presse et de communication communautaires au niveau régional

africain.

- un niveau économique :

. En prenant des dispositions juridiques et réglementaires garanties par l’Etat ou les moyens des

collectivités pour la promotion du mécénat d’art et le financement par les Banques de la place de projets

culturels ;

. En mobilisant des personnalités du secteur privé pour des parrainages, des mécènes et des

fondations et institutions régionales ou sous régionales afin de bénéficier de soutiens à des activités et à des

programmes d’échanges et d’intégration régionale.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 287: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

4. Favoriser la création d’un marché de travail régional transsaharien et soudanais potentiellement

ouverte à tout le continent qui permette la production, la commercialisation et la valorisation des produits

artistiques et culturels de qualité ainsi que la mobilité des producteurs et créateurs.

Ce vaste marché de travail régional ouest africain et magrébin permettrait le renforcement et le

développement des capacités locales par l’accumulation et l’innovation grâce à l’appropriation du

Numérique et des NTIC. Il contribuerait à l’emploi des jeunes et des femmes et à la création de richesses.

Mais également, en valorisant les créateurs, il serait un ciment pour l’unité et la solidarité entre les

générations, les hommes et les femmes, les différentes communautés ethnoculturelles.

6.4. Redéfinir les termes de nos partenariats culturels

1. Redéfinir préférentiellement de manière concertée avec les Etats membres d’organisations

régionales communes (CDEAO et Union Africaine : projet d’un Centre culturel panafricain à Alger),

l’harmonisation des politiques culturelles africaines ainsi que la définition des termes d’un nouveau

partenariat culturel avec la France et l’Europe en général, fondé sur le respect mutuel et

l’enrichissement réciproque en s’appuyant sur les principes de l’autonomie et de la diversité

culturelle,

2. Définir rigoureusement le partenariat culturel avec la Diaspora de manière général, les communautés

noires des USA, les pays d’Amérique et des Caraïbes mais aussi les Etats émergents comme le Brésil, l’Inde,

la Chine.

VII. LES OBJECTIFS 

Tous ces développements nous ramènent en fait à la question du rôle et de la responsabilité des

artistes et des travailleurs culturels dans la prise en charge des préoccupations des besoins des

populations, dans un contexte où l’enjeu est d’assurer la capacité de l’Afrique à peser sur le

processus de la mondialisation.

Trois objectifs dialectiquement liés s’imposent :

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 288: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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1. Mettre sur pied une organisation fédérée forte des artistes, créateurs et travailleurs culturels

et créer un rapport de force et contre pouvoir pour peser de manière significative sur la

politique culturelle du pays.

En effet, les artistes, créateurs et travailleurs culturels, à travers leurs organisations et associations

fortes et fédérées, par leurs activités en lien organique avec les populations et surtout avec la

jeunesse dans les quartiers, les lieux de travail, doivent par leur efficacité, leur crédibilité, peser de

manière significative aux niveaux local, régional et national sur la politique culturelle en matière de

conception, de décision, de programmes, et d’évaluations.

2. Construire un Etat démocratique et de bonne gouvernance

Une nécessité s’impose, celle de déterritorialiser la décision politique, de rapatrier la capacité de

l’État à définir jusqu’ici seul et de manière bureaucratique les priorités de la politique culturelle

nationale. L’État reste en effet la centralité politique incontournable et l’enjeu des intérêts et des

rapports de forces en présence dans la société ; il faut travailler aujourd’hui dans un esprit

d’engagement, d’autonomie et de responsabilité, à renverser la vapeur et asseoir un rapport de force

qui impose la démocratie et la bonne gouvernance dans le domaine de la politique culturelle

nationale.

3. Elaborer et mener la politique culturelle nationale du Sénégal de manière créatrice et

opérationnelle qui s’appuie sur une structure de concertation d’autorité indépendante et

juridiquement établie.

Une telle institution fluide, de concertation et d’évaluation, serait composée en représentants de

l’Etat du Sénégal, des fédérations d’associations d’artistes, intellectuels, créateurs, des Associations

culturelles de quartiers et de villages, des Municipalités et communautés de base, des ONG, des

Académies et Universités de toutes les régions du pays.

Une telle masse critique serait le foyer institutionnel garant de l’exécution de la politique culturelle

nationale définie.

Les programmes de la politique culturelle nationale

Les termes de ce cahier de charge pourraient porter sur la réalisation des programmes suivants :

1- Se réapproprier de manière créatrice et innovante en utilisant les Nouvelles Technologies nos

riches patrimoines intellectuels, culturels et artistiques anciens et actuels par une politique de

création d’infrastructures culturelles modernes et adaptées, par la formation professionnelle

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

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artistique et culturelle continue dès le primaire pour susciter des vocations et détecter les jeunes

talents, par la création d’Instituts professionnels, d’instituts universitaires et d’Ecoles d’Art de

dimension régionale avec des filières de professionnalisation dans les divers domaines de la culture,

de l’art et de l’artisanat d’art.

2.- Prendre toutes les mesures juridiques, réglementaires et institutionnelles pour assurer la

protection de la propriété intellectuelle, des droits d’auteurs et des droits voisins afin que les artistes

et créateurs soient pleinement protégés au plan national et international et jouissent pleinement de

leur art.

3- Travailler activement à la « révolution alphabétique » du pays : à l’écriture de ses langues et leur

parler dans tous les domaines de la politique, économique, scientifique, juridique, technologique,

artistique, etc., garantir la préservation de la langue de chaque groupe ethnique dont celle des

minorités et leur enrichissement moderne. Pour ce faire :

Collaborer étroitement avec les linguistes qui font un travail scientifique précieux sur nos

langues.

Etablir des programmes d’élaboration de textes, brochures, ouvrages, dictionnaires dans les

différentes matières scientifiques et techniques, etc. et accorder une place aux langues

régionales dans la cadre de programmes communs avec les pays voisins, les institutions

régionales de recherches et d’édition comme, entre autres, le Centre d’études linguistiques et

historiques par tradition orale de L’union Africaine, à Niamey Niger.

Organiser de manière planifiée avec des moyens adéquats et en relation avec les

associations, mouvements, organisations scientifiques et communautaires qui se préoccupent

de défendre les langues nationales, des programmes vigoureux et ciblés d’alphabétisation

conscientes de toutes les couches de la population, cela dans des délais fixés pour atteindre

les objectifs.

Assurer la protection du patrimoine matériel et immatériel de chaque communauté ethnique

par l’application des dispositions règlementaires existantes, leur promotion par

l’enseignement et la popularisation par diverses manifestations de qualité au niveau national,

sous-régional et international dans le cadre de programmes de partenariat.

4. Elever le niveau idéologique et intellectuel des citoyens sénégalais et travailler à leur accès

démocratique à la culture artistique sénégalaise, africaine et internationale par des programmes

d’animation et d’informations riches et denses dans les radios, télévisions, festivals, concours,

manifestations locales et itinérantes, publications diverses.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 290: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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5. Prendre toutes les dispositions juridiques et économiques internes en innovant dans ce domaine

pour assurer de manière autonome les moyens financiers et budgétaires nécessaires à la politique

culturelle nationale d’essence et d’accès démocratique ; développer des partenariats multiples

d’appoint à certains grands programmes en particulier.

ASSISES NATIONALES – Commission 4 « Gouvernance Sociale »

Sous commission « Sports et Loisirs »

Membres :

- Ousmane DIADHIOU

- Moussa GUEYE

- Ahmet Diouf

- Mamadou Fadiga

- Amadou Lamine NGOM

Personnes ressources interviewées :

- Joe DIOP

- Lamine Diack

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Page 291: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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Décembre 2008

Sommaire

I / Texte introductif de la sous commission

1 - Un peu d’histoire

2 - Le Sénégal

3 - L’impasse

II / Etat des lieux :

1- Infrastructures et sports modernes

2- Spécificité Africaine ou sports traditionnels

3- Le mouvement navétane

III / Mouvement Sport et Progrès   «   MSP   »

IV / Loisirs

V / Interviews et propositions alternatives (Lamine Diack et Joe Diop)

1- Diagnostic2- Recommandations

VI / Annexes et documents

- Questionnaire

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

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- Documents utilisés (non disponibles) Projet de Manifeste du MSP Notre objectif est d’apporter une modeste contribution à l’effort national de relance et de

reconstruction de notre football par Joe Diop

Sous commission « Sports et Loisirs »

I / Texte introductif de la sous commission

Le début des travaux de la sous commission «Sports et loisirs» correspond comme par hasard à la clôture des XXIII Jeux Olympiques tenus à Pékin. La première place de la Chine à ses et/ou ces jeux démontre que le sport reflète souvent le développement économico-social d’un pays ou le volontarisme politique, idéologique et/ou culturel (par exemple ; Sao Tomé, Cuba, Jamaïque, Iran). Le bond économique de la Chine est à inscrire dans les annales économiques et sportives du monde : elle a cumulé les développements économique et sportif : deuxième puissance économique et première puissance olympique. Ce que le Japon n’a pu réussir ni la puissance américaine dont l’hégémonie olympique a été toujours contestée par l’URSS et récemment par la Fédération de Russie.

Les récents JO démontrent que le sport est le lieu de la confrontation entre capital économique, humain et social : les luttes politiques et socio culturelles y trouvent un prolongement. Ainsi malgré une levée de boucliers par l’essentiel de l’occident, la Chine a réussi à tenir ses et/ou ces jeux dans un climat social heurté avec la question du Tibet. Même les chantres de la démocratie libérale (USA, France, Royaume Uni par exemple) ont fait fi des questions des droits de l’homme en Chine pour ne pas heurter cet interlocuteur qui des arguments non négligeables. N’est ce pas que Malraux prédisait « Quand la Chine se réveillera, le monde tremblera » ?

La piètre participation sénégalaise à ces JO reflète bien les insuffisances et errements de la politique éducative et d’atmosphère politique.

1 - Un peu d’histoire

Les premiers êtres humains vivaient de pêche, de chasse et cueillette. L’activité physique fait partie de la vie humaine. La première grande civilisation connue qui est celle des Pharaons attachait beaucoup d’importance aux sports. Le pharaon était un habile athlète conducteur de char. La mise sur pied de troupes armées implique forcément une intense activité physique des soldats et potentiels soldats.

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Page 293: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

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Création culturelle nouvelle de l’homme, le sport est devenu l’un des faits dominants de la civilisation contemporaine. Comme pratique ou comme spectacle il occupe une place permanente aussi bien dans l’organisation que dans la conscience de la société, traduisant ainsi un besoin historique nouveau.

L’omni présence du sport se manifeste à tous les niveaux, il fait partie de tous les problèmes vitaux de la réalité quotidienne (culturelle, sociale et politique) en tant que composante essentielle de celle-ci, il est accepté et appuyé par tous les systèmes constitutionnels de quelle que soit l’idéologie qu’ils s’inspirent ou se réclament.

L’emblème et/ou le totem des pays ou des armées représentant un animal (lion, éléphant, aigle, etc.) est une représentation symbolique pour inculquer à l’armée ou le pays la force et/ou les attributs de l’animal en question. Le Sphinx lion dominait le monde pharaonique. Il continue de dompter tous les pays africains avec le sixième trophée de CAN remporté par l’Egypte au Ghana en 2008. Et pourtant, le Sénégal absent dans les armoiries de trophées footballistiques a su dompter le sphinx à deux reprises (Caire 86 et Bamako 2002).

2 - Le Sénégal

Le Sénégal capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) a eu à bénéficier très tôt d’infrastructures sportives adéquates, ce qui lui a permis d’avoir des athlètes de très haut niveau au début des indépendances dans les années 60. Le processus a été enclenché depuis la première guerre mondiale où des tirailleurs sénégalais brillaient dans plusieurs disciplines sportives sans oublier des étudiants qui faisaient la fierté de la Métropole. Raoul Diagne faisait partie de l’équipe nationale française de football. L’exploit, en pleine période coloniale de Batlin Siki premier africain champion du monde de boxe peut être rappelé.

L’équipe nationale du Sénégal est le premier vainqueur du tournoi de l’Amitié devant la France, celle d’Asmara en 1968 était potentiellement capable de représenter l’Afrique à la coupe du monde.

D’autres disciplines sportives comme le basket (féminin et masculin), l’athlétisme et la lutte apporteront beaucoup de satisfactions tant qu’au niveau régional qu’international avec Amadou Dia Ba vainqueur de la médaille d’argent aux jeux olympiques de Séoul 1988 aux 400 mètres haies, Amy Mbacké Thiam, Kène Ndoye, Yékini et Ambroise Sarr en lutte, peuvent être cités.

3 – L’impasse

L’impasse du sport sénégalais en général correspond à la longue traversée du désert du football Sénégalais d’Asmara1968 (Ethiopie) à Caire 1988 (Egypte). Malgré les résultats positifs apportés par les autres disciplines sportives, les autorités politiques continuent de miser sur le football. Entretemps l’athlétisme discipline phare des JO perdait ses repères par manque d’infrastructures.

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La pratique du sport à l’école est un fait majeur dans l’enseignement. Cependant les compétitions intra scolaires et universitaires connaissent des difficultés qui font qu’on a l’impression que l’UASSU n’existe plus.

Au vu des maigres résultats sportifs de ces deux dernières années, un diagnostic du sport sénégalais s’annonce indispensable. Nous souhaitons que ces Assises Nationales dégagent des pistes de réflexions en attendant d’avoir des assises nationales sur le sport.

II / Etat des lieux 

1- Infrastructures et sports modernes

De 1959 à 2008, le Sénégal a connu 19 ministres de sports et/ou de la jeunesse. Cependant la durée de leur mandat dépasse rarement cinq ans sauf Francois Bob (1978-1985) Joseph Mathiam (73-78), Matar Diop (88-93), Ousmane Paye (93 -98). Il faut noter qu’il n’y pas une réelle vision pour hisser le pays au niveau international. Lamine DIACK : 18 juin 1969/5 avril 1973, Commissaire général aux Sports- Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports avait initié un ambitieux projet d’infrastructures afin d’équiper chaque région de stade régional puis des stades municipaux. C’est aussi sous sa houlette que le mouvement navétane est propulsé comme un sport masse. Le maillage du mouvement navétane fait du Sénégal l’un des pays les plus densément couvert sportivement du monde : aucun coin du pays n’échappe au mouvement même si sa pratique est limitée dans le temps (maxi 3 mois).

Au plan des infrastructures le Sénégal ne compte que quatre stades nationaux : Amitié (60 000 places), Demba Diop (25 000 places), Iba Diop et Aline Sitoé Diatta qui a abrité une partie de la CAN de 1992. Le Sénégal ne compte pas de stade omnisport, cependant la piscine olympique est un joyau qu’il faut préserver et utiliser à bon escient. Pour les loisirs, la spéculation foncière fait qu’il n’y pas plus d’espaces de jeux aménagés ni d’espaces verts

Depuis 2000 le Ministère des sports dans le cadre du BCI a opéré un vaste programme de réalisations d’infrastructures sportives matérialisé aujourd’hui par les plateaux multifonctionnels, la construction et la réhabilitation de stades municipaux, l’éclairage dans les installations sportives, la pose de gazon synthétique, etc.

Ce programme qui a concerné toute l’étendue du territoire se poursuit pour doter les sportifs sénégalais de cadre d’épanouissement et d’éclosion de leurs talents.

Sur toute l’étendue du territoire national, le Ministère des sports a entrepris la construction de plusieurs infrastructures sportives. Ce programme a concerné toutes les régions et est pris en charge par le Budget Consolidé d’Investissement alloué au ministère.

Ainsi des plateaux multifonctionnels ont été réalisés, des stades construits et réhabilités pour offrir aux acteurs sportifs un cadre approprié de développer la pratique sportive.

ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux

Page 295: Rapport Commission 4 Gouvernance Sociale

264

Le document joint donne une idée plus claire de l’étendue de l’ensemble des travaux effectués au Sénégal dans le secteur des infrastructures sportives.

Le ministère est structuré comme suite :

   une Direction de la Haute Compétition ;    une Direction de l’Education Physique et des Activités Sportives ;    une Direction de la Jeunesse et des Activités Socio-éducatives ;    Un Service de l’Administration et de l’Equipement ;    deux services rattachés au Cabinet :

- l’Inspection de la Jeunesse et des Sports ;- le Bureau de Presse d’Information et de Documentation ;

   Un service national : le Centre National d’Education Populaire et Sportive ;    un établissement public : Institut National d’Education Populaire et du Sport (INSEPS.)

La raison de ce changement est de mieux préciser les champs d’intervention du Sport d’Elite et du Sport de Masse. Ainsi l’ancienne Direction d’Education Physique et des Sports (DEPS) a donné la Direction de la Haute Compétition (DHC) et la Direction de l’Education Physique et des Activités Sportives (DEPAS.)

La DEPAS a en charge les activités physiques et sportives, le sport de masse et la tutelle des fédérations ; la DHC s’occupant uniquement des programmes de compétitions de haut niveau.

En plus de ces mesures structurelles, le Centre National d’Education populaire (CNEPS) et le Service de l’Administration Générale et de l’Equipement (SAGE) ont été érigés en services nationaux.

Enfin, une Inspection de la Jeunesse et du Sport (IJS) a été créée au niveau du Cabinet. Elle s’occupe du contrôle administratif et financier des services et organismes sous tutelle (fédérations, mouvement de jeunesse etc.) du contrôle pédagogique du personnel, de la formation initiale et continue des agents et de la coopération internationale.

Au niveau des disciplines sportives, le Sénégal peut se targuer de pratiquer tous les sports même une fédération Sénégal de ski existe. Le sport sénégalais est caractérisé par une diversité avec 47 fédérations et groupements sportifs, ce qui traduit l’option pour une pratique sportive pluridisciplinaire. Conformément à la loi 84-59 du 23 Mai 1984 portant charte du sport et en vertu du principe de démocratisation, tout sénégalais a la possibilité de pratiquer l’activité sportive de son choix, au niveau où sa volonté et ses capacités personnelles lui permettent d’accéder.

Le présent vote du budget de 2009, nous renseigne éloquemment sur le sport et la politique sportive au Sénégal. Avec un budget de 6 093 064 480 francs CFA, le ministère des sports et des loisirs occupe 0,4 % du budget national du Sénégal. Plus grave l’équipe nationale A de foot engloutit à elle seule 90 % de ce budget. Donc un budget pour gérer 8 matches amicaux au plus par an, donc pas de politique sportive. Et pourtant, on n’a pas même pas de fédération ni de championnat régulier, les seules satisfactions en matière de football remontent 2002 avec une finale perdue en CAN et un quart de finale en Coupe du Monde.

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2- Spécificité Africaine ou sports traditionnels

Le patrimoine culturel de l’Afrique est très riche en traditions sportives. En effet, les exercices et jeux physiques ont de très profondes racines dans l’histoire des peuples africains et remontent aux origines même du continent. Les sociétés africaines ont crée et développé des formes d’expression physique et multiples et très variées, favorables à leur épanouissement social et répondant aux besoins sociaux de production et de lutte militaire.

En Afrique, la pratique sportive est aussi vieille que le monde. Ici que sport se conjugue avec jeux et loisirs. Chaque région a ses propres pratiques : les régates le long des fleuves et des cotes, la lutte est un sport continental, l’athlétisme par exemple les courses de fonds qui sont le domaine de l’Afrique de l’est et du Maghreb. Cependant il faut noter les sports individuels qui ne demandent pas trop de matériels ni d’infrastructures sont plus développés en Afrique que les sports collectifs. Les médailles olympiques africaines sont en général arrachées aux sports individuels. La liaison entre la pratique sportive et l’activité sociale de production apparaît d’elle-même : la nage et les courses de pirogues sont le fait des pêcheurs, la lutte est organisée par les masses paysannes à l’issue de bonnes récoltes. Les périodes de sécheresse ou de mauvaises récoltes ces joutes sont suspendues (AJ NDÊND : suspendre les tambours en wolof). C’est activités étroitement liées à la vie sociale participant à l’amélioration des aptitudes physiques des éléments qu’elles mobilisaient, de même que leur adresse et leur savoir-faire dans le cadre de leurs métiers respectifs.

Au Sénégal, le sport national est bien la lutte même si le football par le biais des navétane occupe une place importante. La lutte est le sport le mieux pratiqué au Sénégal, c’est loisir et jeu bien ancrés dans les us et coutumes du Sénégal. Cependant, certaines ethnies ; Seerer Diola et Al Puular en sont les véritables détenteurs. Ce qui fait que malgré une urbanisation galopante, la lutte continue d’être le loisir et le jeu préférés des Sénégalais. Sa pratique respectait un calendrier agricole, elle se pratique en général après les moissons. La lutte est un loisir et non une profession, ce qui fit que les premiers trophées étaient des drapeaux. Chaque village ou contrée organisait son tournoi qui dépassait rarement une semaine. Le vainqueur gagnait un drapeau et surtout de la considération. Au Niger, le champion national recevait un sabre sacré.

C’est plus tard que des récompenses en nature voient le jour : des vaches, des télévisions, ciment. Il n’est rare de voir en milieu seerer, un lutteur avoir un troupeau d’une cinquantaine de vaches gagnées dans différents tournois. Lorsque, la lutte atteint la ville, elle se restructure et les cachets voient le jour dans les années 1970 avec les Mbaye Guèye, Robert Diouf, Double Less, etc. Le fait majeur dans la lutte sénégalaise est la lutte avec frappe qui est spécifiquement sénégalaise. Elle n’est pratiquée nulle part ailleurs. La lutte simple est encore la plus pratiquée. Depuis lors la lutte avec frappe qui demande des infrastructures, un corps médical et une couverture sociale, connait un essor fulgurant à partir des années 90, des dizaines de millions sont mis en jeu et le sponsoring en est pour quelque chose. La lutte est premier sport au Sénégal qui s’est professionnalisé. Ce que football cherche en vain. L’éclosion des écuries et écoles de lutte l’ont dopée. Cependant si au niveau africain, le Sénégal est au premier devant le Niger, le Burkina et le Nigeria, aux JO, le Sénégal ne parvient pas à décrocher une médaille. La faute, la lutte gréco-romaine seule lutte autorisée aux JO, est presque méconnue au Sénégal. Le Sénégal parvient à exporter sa lutte en Europe en organisant

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des combats dans les villes européennes. Peut-être un jour, la lutte sénégalaise sera hissée au rang de sport olympique comme le taekwondo (sport coréen), le judo, etc.

3- Le mouvement navétane

Créé dans les années soixante, le mouvement navétane (activités qui se déroulent pendant les grandes vacances scolaires) au sein des quartiers et villages du Sénégal, est venu répondre aux besoins d’épanouissement et de loisirs de la jeunesse par le biais d’Associations Sportives et Culturelles (ASC) mises en place par les jeunes à travers tout le Pays. Cette jeunesse la plupart du temps laissée à elle-même pendant les vacances, prit l’initiative de créer des cadres d’expressions et de capacitations à travers de petites organisations nommées ASC. Dès lors un puissant mouvement sans précédant dans le secteur de la jeunesse commença à se développer à partir des quartiers et villages du Sénégal. En 1971 l’ONCAV (Organisation Nationale de Coordination des Activités de Vacances) fut mise en place par l’Etat pour coordonner cette initiative des jeunes. Dès le début, le mouvement avait pratiquement diversifié ses activités au sein de la jeunesse afin de lui permettre de trouver des espaces d’expressions pendant les vacances, tant sur le plan sportif que sur le plan culturel. Toutes les disciplines sportives étaient pratiquées, des animations culturelles aussi à travers des troupes théâtrales, sous forme de compétitions saines se déroulaient entre les ASC. Il est convoité par tous les politiciens du fait de son effet mobilisateur sur toute la jeunesse pratiquement du Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’après deux décennies d’existence, il commence à perdre toute sa raison d’être aujourd’hui. Pour un sport facteur d’unité de la jeunesse, et de renforcement des valeurs de solidarité et de tolérance entre les jeunes dès ses premiers pas, le mouvement navétane connaît aujourd’hui un revirement extrêmement dangereux du fait du chauvinisme et de la violence qui l’accompagnent presque durant les matchs de football. Aujourd’hui avec l’influence de l’argent dans le sport, seul le football reste dans les diverses activités qui l’accompagnaient dès sa création. Le football navétane sport dominant, et qui crée des recettes dans les stades et même plus que le championnat traditionnel de football d’élite au Sénégal, a fini d’orienter les dirigeants dans la liquidation des autres secteurs que le mouvement associatif avait créés ; or ces derniers non seulement ont servi à plusieurs générations de jeunes dans le renforcement de leurs capacités à travers ces organisations de base mais entretenaient des relations amicales, de fraternité et de solidarité entre les jeunes des quartiers et villages du Sénégal. Derrière les ASC aujourd’hui, des opportunistes sont tapis dans l’ombre, ils donnent à la compétition d’autres enjeux comme le trophée en oubliant la participation qui est symbole d’échanges avec d’autres jeunes, ils récupéreent l’engouement autour des équipes dans les quartiers.

Loin de ses objectifs de départ, le mouvement navétane ne se focalise que sur le football aujourd’hui par son utilisation, par ses structures d’encadrement qui a notre avis s’en servent pour faire tout simplement de l’argent. Or si nous regardons de près les sommes d’argent que rapporte le mouvement navétanes aujourd’hui, force est de se demander si réellement les ASC qui sont les principales actrices des manifestations bénéficiant des retombées leur permettant d’investir réellement dans leur quartier et particulièrement au sein de la jeunesse dans le de renforcement de leurs capacités ou d’insertion dans des activités génératrices de revenus pour lutter contre le chômage. Les subventions des maires d’arrondissements et autres ne sont destinées qu’à mettre les équipes de football dans des conditions de participation aux championnats de football. Or dans la

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structuration des ASC (bureaux et commissions) rien n’avait été laissé pour faire des jeunes des citoyens engagés au service de leur pays.

Avec le mouvement navétane, le Sénégal a un des réseaux sportifs les plus denses au monde; l’ONCAV compte 3 253 ASC, 312 zones, 44 ODCAV et 14 ORCAV. Aucun coin du Sénégal n’échappe au mouvement navétane.

III / Mouvement   Sport et Progrès

Depuis l’indépendance, seul Lamine Diack a initié une véritable politique sportive dite « Réforme Lamine DIACK » (1969) qui devait doter le sport de notre pays de structures à la dimension de ses ambitions pour une percée continentale victorieuse : on procéda à la fusion de nombreux clubs pour ‘ créer des entités viables ‘’ pluridisciplinaires et plus compétitives qui ne devaient rien envier à leurs homologues d’envergure africaine. Cette réforme voulait que chaque club ait au moins quatre (4) disciplines : football, basket et athlétisme obligatoires, la quatrième optionnelle. Cette réforme sera le moteur du mouvement navétane pour une pratique de sports de masse. C’est à cette occasion que naquirent : le Jaraaf, le Ndiambour, la linguére le Barack, etc. Cette réforme n’a pas atteint les objectifs qui lui furent assignés de placer le sport sénégalais sur l’orbite du succès et au bout de trois ans d’application, il fallut se rendre à l’évidence et constater l’échec qui approfondit davantage la crise du sport de notre pays. C’est alors que l’Etat convoqua en Août –Septembre 1973 la première réunion élargie des responsables du sport à l’occasion de ce qui fut baptisé ‘Etats généraux du sport sénégalais : le Séminaire de réflexion sur la politique sportive du Sénégal.

Une décennie après la société civile et une bonne partie du mouvement sportif entreprend une réflexion sur la culture et le sport sénégalais intitulée «Caada gi». Son pendant sportif fut le Mouvement Sport et Progrès  « MSP » qui va trouver une oreille attentive au près des autorités gouvernementales. C’est ainsi que plusieurs rencontres seront faites pour hisser le sport sénégalais en général et le football en particulier sur la scène continentale.

- LE PREMIER CONSEIL NATIONAL DES 8 ET 9 JANVIER 1976

La pratique de L’E.P.S. et du sport n’a jamais fait l’objet d’une orientation d’ensemble cohérente au Sénégal et l’essentiel des textes la régissant date de l’époque coloniale. Le S.E.U.S. devait soumettre au conseil un ‘projet de charte du sport sénégalais ‘ Et ce texte fondamental devait servir de guide à l’action des différentes instances sportives. Le Premier conseil national devait donc se pencher sur la définition d’une politique sportive exprimée pour l’essentiel dans le projet de charte qui en constitue la base juridique.

Le séminaire de Blaise DIAGNE avait institué des conseils régionaux des sports (C.R.S.) ‘structures décentralisés à la fois de conception, de coordination et d’animation sportive ‘au niveau des régions. Après 2 ans d’existence, les C.R.S. n’ont pas pu s’identifier au rôle qui leur était

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assigné là où il a été possible de les mettre sur pied. Le Premier Conseil national devait trouver la solution dans l’adoption d’un projet d’arrêté les réglementant.

- LE DEUXIEME CONSEIL NATIONAL DES 14-15 ET 16 OCTOBRE 1976

Prolongement du premier, il devait achever de définir les derniers éléments constitutifs de la politique sportive de l’état.

- Le club sportif, cellule de base était encore à l’ordre du jour. De fait l’application la ‘Réforme Lamine Diack qui devait aboutir à la création de nouveaux ‘ clubs omnisports plus viables ‘ et susceptibles d’impulser le sport de notre pays sur le continent, on a constaté un échec. Ainsi la réforme a été incapable de résoudre les contradictions persistantes dans les nouveaux clubs ; le développement de notre sport ne s’est pas donc produit.

- Les clubs ont pour mission de propulser le sport sénégalais d’abord au niveau local, international, continental et ensuite au niveau mondial et le rendre donc plus compétitif ‘, pour ce faire il fallait alléger les structures et différencier ‘ le club d’élite ‘ du club tout court. Les premiers devant être dotés de puissants moyens matériels et financiers ; le club sénégalais, par rapport à ses homologues africains sont très démunis.

- A partir de ce moment, la base de la pyramide devait regrouper des structures telles : les navétanes, le corpo, l’U.A.SS.U et les clubs militaires et paramilitaires. Les clubs d’élite, dont le nombre devait être limité, dotés de puissants moyens ne devaient plus rien envier aux grandes formations africaines qui tenaient la vedette, au niveau desquelles ils devaient se hisser pour une compétition à armes égales

- LE TROISIEME CONSEIL NATIONAL   : Pour redynamisation du sport au Sénégal Nov.1977

Se fondant sur l’orientation déjà définie à partir du Séminaire de Blaise DIAGNE et à travers les deux premiers conseils nationaux, le 3éme conseil national devait être consacré à la redynamisation du sport au Sénégal que rien ne devait plus entraver.

- Les organismes sportifs, sous le poids de l’arsenal de réformes à l’occasion des conseils nationaux, devaient se redynamiser. L’UASSU, L’ONCAV, et le CORPO, structures d’animation permanente devaient constituer la base de la pyramide devant donner naissance à des clubs d’élite à l’échelle des villes et des régions « bénéficiant du concours de toutes les ressources financières locales, des municipalités aux unités industrielles….

- Les structures militaires et paramilitaires (ASFA, POLICE essentiellement constituées à l’image des F.A.R (forces armées royales marocaines) répondant à la volonté de l’Etat de «  rompre définitivement avec le bricolage et l’instabilité, etc. et de pouvoir compter sur une élite sportive disponible et stable ‘ parce qu’incorporée dans l’armée ou la police (les casernes) pour les besoins de la haute compétition.

Cette incorporation doit par ailleurs enrayer l’exode déjà endémique de l’élite sportive de notre pays.

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- Le sport corporatif selon le conseil national devra devenir un ‘ sport promotionnel, susceptible de répondre à ce vent de néo-professionnalisme qui se généralise en Afrique ‘. Le patronat des entreprises, usines, banques etc. …devra apporter son concours à l’Etat pour la réalisation des programmes d’infrastructures fonctionnelles et contribuer de concert avec l’armée et la police, à juguler l’exode des meilleurs sportifs qui devraient être employés dans ces entreprises

IV / Les loisirs

Le loisir se définit comme le temps dont quelqu’un peut disposer en dehors de ses occupations ordinaires.

Sans professionnalisme ni semi professionnalisme, le sport se fait en temps de loisirs. Pourtant les loisirs ne sont pas pris dans les grandes politiques sportives. Un cadre de vie radieux implique des espaces de détente comme des jardins publics, des espaces verts, des centres aérés, des terrains de jeunes, etc.

Ne disposant pas d’infrastructures ni d’espaces de détente, les loisirs sont limités entre amis dans le temps et dans l’espace. Ce qui fait que les navétane sont les loisirs les plus partagés avec leur cachet alliant sport de masse, jeux et loisirs.

Pourtant, la création du ministère du cadre de vie et de loisirs devait baliser le terrain tenir en compte des loisirs de proximité et du sport de masse. Mais hélas, la boulimie foncière fait que les rares espaces aménagés et terrains de jadis sont vendus pour des centres commerciaux et/ou immeubles à usage d’habitation. Ce ci n’épargne plus les plages qui sont devenues des sites touristiques fermés aux populations locales.

Peut-être la future capitale prendre en compte les loisirs et les infrastructures pour cadre vie digne d’une ville moderne du 3e millénaire. Il faut faire en sorte que les nouveaux quartiers et les nouvelles villes tiennent compte des aspirations

V / Interviews et recommandations

Présentation Joe Diop  : Né à Saint-Louis, habitant Thiès, cadre sportif ancien entraineur et sélectionneur de

l’équipe nationale de football, ancien collaborateur de Feu Mawade Wade et Lamine Diack

Lamine Diop  : Né à Dakar (Rebeusse), première licence en 1949, commissaire général aux sports (1969), compétiteurs dans plusieurs disciplines sportives, entraineur et sélectionneur, Secrétaire général de fédération d’athlétisme, ministre et député.

Le recoupement des interviews de deux personnalités (Lamine Diack et Joe Diop) du sport sénégalais montre un tableau en deux colonnes :

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1- Diagnostic Il n’y a pas de sport bien portant comme il n’y a pas d’école bien portante dans une société

malade. Le sport sénégalais est le reflet de la société et de la politique du gouvernement dominant. Le sport sénégalais est en crise identitaire et de perspectives. Il y a une absence de politique sportive depuis le départ de l’administration coloniale, indépendamment des conseils nationaux, des séminaires, des journées d’études et la réforme Lamine Diack. Le sport sénégalais a fonctionné d’une manière empirique avec des textes obsolètes qui n’ont pas la dignité de notre temps du XXe siècle, du 3e millénaire. Toute l’organisation du sport sénégalais est élitiste, quelque soit la discipline, il n’y a pas de sport masse.

Le football est la plus forte image de la crise du sport sénégalais. Le non renouvellement de l’élite, nécessite la définition et l’élaboration d’un politique de masse pour permettre le renouvellement des élites et pour cela il faut des états généraux du sport.

Les succès du football en 2002 ne sont pas le résultat d’une politique d’ensemble du football, du basket, de l’athlétisme, etc. Quelques constats majeurs sont à soulignés- Absence politique et vision sportives (depuis l’indépendance seul Lamine Diack a initié une

réelle politique avec la réforme portant son nom).- Manque d’infrastructures sportives.

- Manque de cadres sportifs

- Manque de cadre juridique sportif pour les différentes catégories de sports ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.

- Insuffisance des subventions accordées aux fédérations

- Boulimie foncière en ville (destruction du stade Assane Diouf et morcellement des réserves foncières du stade de L’amitié)

- Place congrue réservée au sport dans le système éducatif, l’éducation n’est pas une matière fondamentale à l’école, dépasse rarement deux heures par semaine.

- Absence quasi-totale de médailles au niveau international (Médaille d’argent de Dia Ba aux JO de Séoul en 1998)

- Absence d’une fédération (football) inspirée et entrainée par les tendances nouvelles de l’évolution au niveau mondial et d’un championnat digne d’une nation classée à la FIFA et quart de finaliste en 2002.

-

2- RecommandationsLe sport est un ensemble d’activités physiques et ludiques codifiées, ayant une signification et

des objectifs sociaux, humains aujourd’hui culturels, économiques et sociaux en rapport avec l’apparition et le développement des sociétés humaines. Il est devenu une préoccupation majeure donc politique qui ne laisse presque personne indifférent et qui est souvent l’otage d’embrigadements et de caporalisation à des fins politiciennes par certains Etats qui ne s’en

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servent que pour des prestiges élitistes et occasionnels. Le sport est un produit de la culture humaine indissociable de toute société. C’est un acquis de la culture humaine, pratique sociale humaine.

Dès lors que le sport est devenu une politique économique avec ses industries spécifiques, un moyen d’insertion, de réinsertion et de reconversions sociales, professionnelles. Il, par sa transversalité, faut donc doter le sport doit peut et doit contribuer au développement multiforme du Sénégal. Pour se faire il faut doter le sport de cadre d’une nouvelle politique, d’un statut social, d’un statut dans le système éducatif sénégalais.Quelques recommandations : - Une élaboration d’une nouvelle politique du sport avec ses exigences et nécessités

sectorielles ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.

- Une politique sectorielle de formation de cadres techniques administratifs, financiers, économiques

- Formation des jeunes et très jeunes

- Construction de stades régionaux, départementaux, municipaux

- Assigner aux sports des objectifs dans le processus d’éducation et de formation (de la case des tout-petits jusqu’à l’université), réformer l’UASSU pour qu’elle soit réellement l’expression du sport dans un contexte scolaire et universitaire et réhabiliter l’éducation physique à l’école pour qu’elle soit une discipline fondamentale obligatoire et non optionnelle

- Construire des infrastructures : Infrastructures de masses dans toutes les disciplines pour une pratique populaire du sport Infrastructures d’élite (stades, complexes sportifs pluridisciplinaires, etc.) pour les

compétitions internationales, pour abriter des événements sportifs régionaux, internationaux et mondiaux

- Impliquer les collectivités locales dans les infrastructures (l’éducation, le sport et les loisirs étant des compétences transférées)

- Subventionner annuellement les associations, clubs et structures sportives légalement constitués et reconnus

- Faire de nouveaux textes, pour un cadre juridique propre au sport amateur

- Doter les fédérations délégataires de pourvoir ; de moyens humains, matériels et financiers

- Professionnaliser certaines élites comme le football et le basket en attendant, la lutte ayant un peu d’avance. Créer un cadre juridique spécifique qui protège la ligue professionnelle (armature juridique, législation du travail), les clubs, les joueurs et les investisseurs nationaux, internationaux, donc rassurer le cadre professionnel et surtout les investisseurs, nous entrons dans les réalités du marché (syndicats de joueurs, d’entraineurs et investisseurs). La ligue du sport professionnel doit aider au développement du sport amateur et sa ligue.

- Pour les anciennes gloires (pratiquants professionnels, internationaux, encadreurs, etc.), il faut les accompagner dans leur reconversion professionnelle dans le sport (métiers d’éducateurs, entraineurs, formateurs, instructeurs, économie du sport, droit du sport,

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communication, etc.) autrement dit vers les métiers et compétences actuels et à venir du sport et vers les structures institutionnelles formelles (fédérations, ligues, clubs)

VI / Annexes

Questionnaire

1- Présentation

2- Sports pratiqués

3- Professionnalisme (football)

4- Les infrastructures

5- Les grandes politiques et/ou réformes sportives

6- Etat des lieux du sport au Sénégal

7- Sport et éducation : le cas de l’UASSU

8- Athlétisme

9- Football

10- Les vétérans ; destin des anciennes gloires

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11 Perspectives et recommandations

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