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ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE »
RAPPORT SYNTHETIQUE DES TRAVAUX
Décembre 2008
PLAN
I / ORGANIGRAMME
II / INTRODUCTION
III / DEROULEMENT
IV / SYNTHESE DES SOUS COMMISSIONS : Diagnostic et recommandations
1) Education et formation2) Santé et Développement social3) Dialogue social, politique et syndical4) Culture5) Sports et Loisirs
V / CONCLUSIONS GENERALES
VI / ANNEXES (226 pages)
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I - ORGANIGRAMME
*Président : Mamadou Fadiga 77 653 84 27 [email protected]
* Vices Présidents : Babacar Diop Buuba [email protected] , Aloyse Raymond Ndiaye [email protected] , et Marie Louise Corréa [email protected]
* Rapporteurs : Thié Ndiaye [email protected] et Jeanne Lopis Sylla [email protected]
*Secrétaire permanent : Ousmane Diadhiou [email protected]
*5 Sous commissions
- Education et formation ; coordonnateur Amadou Lamine Ngom [email protected]
- Santé et développement social ; Saliou Diagne [email protected]
- Culture ; Youssou Mbargane Guissé [email protected]
- Dialogues social, syndical et politique ; Abdoulaye Guèye [email protected]
- Sports et loisirs ; Ousmane Diadhiou [email protected]
Siège : Forum Civil, avenue Malick Sy sise à Dakar, date des plénières : Jeudi
UFN El Hadji Malick AS DIONE
77 552 87 49
Titulaire d’un CAES en 1997 et d’une Maîtrise es Sciences mathématiques appliquées en 1993. Prof de Math depuis 1997, Formateur au CFPJ depuis octobre 2006. Trésorier Général du parti, membre fondateur de l’UFN, membre du BP
NJ/MAG Fode Ndiaye : 77 551 15 88Ingénieur SG adjoint du NJ/MAG
RTA-S Bocar Ly [email protected]
77 558 43 19
Professeur de Mathématiques (CACEM en 1984-Dues PC en 1981). En service au CEM Dieuppeul depuis 1986. Membre du Secrétariat politique du Rta-S chargé de l’organisation
AFP Jeanne Lopis-Sylla 77 644 56 41 [email protected]
Chercheur IFAN et Présidente du Conseil d'Administration (PCA) de la mutuelle des femmes « Racines du progrès ».Membre de l’ANCP
JEF JEL Amadou Sow Professeur es lettres, inspecteur de l’Education spécialiste des
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Tel 77 5324721
questions éducatives et des civilisations africaines, ancien directeur d’école, doctorant es grammaire, Secrétaire National chargé de la Communication Jef Jel
PIT Dr Boubacar Danfakha Pr Economie UCAD
FDESLamine Sow : 77 557 17 00 [email protected] BAC + 2 : Educateur sportif Responsable
département de Dakar (Fdes)
RNDMamadou Koly Niang : 77 545 46 33 Homme d’Affaires USA/ Sénégal Membre du SEPO
CONGADAlioune Badara SENGHOR 77 511 3849
CONGADDjebel SARR : 77 539 89 42
CONGADIbrahima Lamine DIOP 77 553 21 42
MRDSMoctar GAYE : 77 546 28 03
Lyane Sow : 77 656 72 72
Professeur de Français [email protected]
Prof de médecine UCAD [email protected]
UNSASAblaye GUEYE : 77 643 70 21 [email protected] Inspecteur de l’Enseignement, Syndicaliste
Secrétaire chargé de l’Administration de l’UNSAS
TekkiAlpha DIA 77 657 94 63 Mouvement TEKKI Economiste financier [email protected]
Yoonu Askan Wi
Mamadou Abdoul SY 77 641 00 62 [email protected]
économiste, cadre d’ONG (secteur : éducation non formelle)
CAAS -Toure Marème cire Diallo776567601
-Mousssa GASSAMA: 77 656 41 38
SALIOU DIAGNE: 76 698 69 70;
-Abdoulalye Sène : 77 366 16 37; Magne
Cisse: 775783798 [email protected]
assis tante sociale, hôpital A. Le Dantec,
assistant social
assistant social coud [email protected]
assistant social coud [email protected]
aide sociale : « les enquêtes médico-sociales »
Individuel Mamadou FADIGA 77 653 84 27 [email protected] Inspecteur de l’Enseignement
Souleymane NDIAYE Professeur
Pacte Repu. Fatou Dème DIOUF [email protected] 77 54071 68 Educatrice Spécialisée
Mame Ami Mbow : 77 637 74 60 : Artisanat [email protected]
Massamba LAM 77 548 91 83 [email protected] Retraité, chercheur à l’IFAN
Awa MBOW : 77 637 06 73 [email protected] Médecin
individuel Ousmane SOW : 33 82067 66 Sculpteur
Alfred NDIAYE [email protected] Prof UGB
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Fatou Sow Diagne : 33 820 03 55
Abou Touré : 77 556 84 10 IFAN
Mamadou Faye Ancien Directeur Office du Bac
GIS Ousmane Diadhiou : 77 537 30 29 / 33 855 94 50 Géographe [email protected]
Dr Marie Ka CISSE Santé Abass Ndao
Dr Daha Kane
Rokhaya Fall Sokhna : 33 832 13 61 / 77 637 97 67 Prof UCAD [email protected]
Bouba DIOP : 77 644 41 62 Professeur
Waly SENE : 33 837 46 60/77 558 04 89 Prof à l’ENEA [email protected]
SCEMES Cheikh g.Diop : [email protected] 77 557 51 24
Gorgui Ciss 775463203 / 338243035 [email protected] Professeur
Dapina Mbaye : 776346707 Cinéaste [email protected]
Boubacar Diallo 77 6489220 / 33 8251136 [email protected]
Amara Seck : 77 630 0381 [email protected] Professeur
Mamadou Ndoye [email protected]
Individuelle Marie Amy Mbow [email protected]
LD/MPT Fatoumata Yaye Boye Ly 77 651 62 12 Professeur CEMG [email protected]
Ndiaga SYLLA 776562232 [email protected]
Amadou Lamine Ngom [email protected] 77 552 62 40 Prof enseignement technique
UNSAS Abdoulaye Guèye [email protected] Inspecteur-syndicaliste
PIT Thié NDIAYE [email protected] 77 517 06 26 INSTITUTEUR
Youssou Mbargane Guissé [email protected] Professeur 775424858
Marie Louise Corréa [email protected] Professeur en médecine
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II / INTRODUCTION
Le fait même qu’un titre « Gouvernance sociale » nous soit proposé avec plusieurs sous titres : « Ressources humaines », « Droits économiques et socio culturels » montre la complexité de la mission qui nous est confiée. A cela, il faut ajouter le fait que certaines thématiques listées dans notre cahier de charge (ex. accès aux services sociaux de base, conditions des travailleurs , accès aux logements, infrastructures et transports, solidarité, avec les couches vulnérables) sont parfois reprises dans leurs spécificités dans le listing (ex. éducation et formation, santé, culture, jeunesse, emploi, genre et promotion de la femme, situation des personnes âgées, les migrations, défi économiques, sports, etc.
Il est donc nécessaire de montrer les articulations pour mieux affiner la jonction des anneaux.
Ce qui fait l’articulation avec deux autres commissions (à savoir gouvernance politique, économique, et financière) c’est bien le terme gouvernance, considéré comme fondement de tout développement durable et qui pose les articulations entre gouvernement et acteurs sociaux.
La bonne gouvernance est considérée comme un système complexe d’interactions entre des structures, des traditions, des fonctions (responsabilités) et des procédés ‘pratiques) caractérisés par trois (3) valeurs fondamentales : responsabilité, transparence et participation.
La nature et la qualité de ces interactions qui ont pour but de mener à un développement humain durable, détermine comment le pouvoir est exercé, comment les dépositaires d’enjeux expriment leurs points de vue et comment les décideurs sont tenus responsables »
La notion de gouvernance reconnaît « que des questions d’intérêt public comprennent des gammes d’activités et des problèmes qui nécessitent une intervention et un apport non seulement des organismes d’Etat, mais aussi des acteurs non gouvernementaux, tels que la société civile et le secteur privé (cf doc. d’interaction, comprendre la bonne gouvernance, in B Diop Buuba, Congad, Retour sur les livres d’hivernages, 2003).
Toute société a besoin pour naître, se développer et se maintenir, de se fonder sur plusieurs « biens communs », par exemple : le sentiment d’appartenir à un groupe humain distinct par le mode vie, l’habitat, la religion. Il faut intégrer le fait que nous vivons aussi de plus en plus dans une ère de sous régionalités, régionalités et mondialité ; les sociétés humaines ont pris conscience de leur existence en tant que communautés solidaires et non en tant qu’ensembles multiples juxtaposés (cf. Ricardo Petrelle, le Bien commun, Labor, 1996).
Notre pays a souscrit à des engagements internationaux (OMD, EPT, etc.) sous régionaux, régionaux, (COMEDAF). Ce qui fait donc l’être humain c’est la solidarité avec ses parents, voisins, semblables, c’est, la transmission de connaissances pour un savoir vivre ; l’enfant, le citoyen est ainsi préparé à la vie en société. Il s’y ajoute le savoir faire. Le membre du groupe doit pouvoir participer à la satisfaction des besoins matériels. Pour bien participer à la vie du groupe, il faut jouir d’une bonne santé physique et mentale. Des techniques, des processus particuliers sont élaborés dans les différentes sociétés humaines pour combler des « gaps », soigner des handicaps, soigner des traumatismes.
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Ce qui fait la différence entre les pays, c’est la mobilisation de leur capital humain, intellectuel et social et la réussite des articulations. (+)
On peut même se demander si ce n’est pas parce que les articulations ne sont pas bien assurées que, les MINEDAF qui ont été convoqués depuis 1961 ont eu des résultats limités : les rencontres des Ministres de l’Education, de la Formation, de l’Economie et de la Planification ne suffisent pas. Il faut que des Ministres de la Culture et de la Communication soient impliqués dans les politiques éducatives, c’est ce que l’Unesco et l’Union Africaine ont fini de comprendre. C’est cela qui nous a amené à travailler autour cinq (5) sous commissions :
Education Formation ; Santé et développement social ; Culture et communication Sport-Loisirs ; Dialogues social et citoyen.
Les discussions au sein de la commission n’ont pas manqué de revenir sur les concepts fondamentaux que sont les « les ressources humaines » les notions relatives au « capital humain », au « capital social » et au « capital culturel »
Le concept de ressources humaines peut résumer notre propos.
En effet, c’est une évidence, l’homme est au centre de l’étude et de la conduite de la vie économique, sociale et culturelle dans tout pays. Il l’est par ce qu’il se trouve en sa qualité de producteur et de consommateur au début et à la fin du processus de production des biens et des services dont une société a besoin à un moment donné de son histoire.
En effet les économistes de toutes obédiences ont toujours mis l’accent sur le rôle central joué par l’homme dans l’exercice des biens et de services, ils insistent sur le facteur travail dans sa dimension manuelle comme intellectuelle, facteur qui a toujours eu une place privilégiée dans toutes les grandes théories économiques. Certes sous l’influence de l’école classique qui distingue l’homme du facteur capital (capital matériel et monétaire) on a trop souvent accordé moins d’importance au problème essentiel du coût de production, du facteur travail en assimilant facilement l’homme producteur à une matière première ; c'est-à-dire une ressource à l’image des ressources naturelles ou matérielles. D’où l’expression « ressources humaines » concept aussi vieux la science économique mais dont l’utilisation de façon courante est relativement récente. Fréquemment employée au pluriel ; la notion de « ressources humaines » peut parfois être singulier. François Perroux parle souvent ainsi de la « ressource humaine » dont le plein développement est pour lui l’objectif même de l’économie. Le singulier et la transcription en lettres majuscules accentue l’importance accordée à ce qui est humain. Dans son sens le plus abstrait »ressources humaines » désigne les inputs humains qui interviennent dans le processus de production. C’est là, en quelques mots une signification qui donne à l’être humain la même valeur que les ressources naturelles ou matérielles. Les êtres humains interviennent comme on l’a noté plus haut, de deux façons dans les phénomènes économiques : en tant facteurs de production et en tant que processus finaux des processus socio économiques.
Il existe par ailleurs un autre concept plus large des » ressources humaines » selon lequel « ressources humaines » et « êtres humains » ont une valeur identique. Il s’en suit dès lors que le développement des ressources humaines implique le développement de l’homme dans tous les
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rôles qu’il peut jouer en tant que consommateur, producteur, membre de la société, en tant qu’être doué de raison, mu par des aspirations spirituelles et esthétiques pour son plein épanouissement. C’est dans ce sens qu’un auteur ; Hector Corréa note : « la mise en valeur des ressources humaines est un processus qui consiste à accroître les connaissances théoriques et pratiques et les aptitudes de tous les individus qui composent la société ». Au plan économique, la mise en valeur des ressources humaines apparaît comme une accumulation de « capital humain » effectivement investi dans le développement économique d’un pays. Au point de vue social et culturel, elle consiste à aider les individus à mener une vie pleine et plus riche. En somme selon cette acceptation, les ressources humaines peuvent être définies comme « l’ensemble des moyens disponibles constitués par le nombre et la qualité des hommes. L’éventail des ressources est donc ici largement ouvert et ses frontières parfois imprécises». Il s’agit pour ainsi dire des hommes, de leur âge, de leur localisation, de leur mobilité, de leur disposition au travail, de leur éducation, de leur santé, de leurs motivations, de leurs valeurs. En somme de tout cela fait parie des ressources humaines. Dans cette optique, il est important de ne restreindre la notion de ressources humaines à un seul de ces éléments ainsi qu’on est tenté parfois de le faire en la ramenant exclusivement ou principalement à une de ses dimensions à savoir l’éducation et la formation.
III / DEROULEMENT DES TRAVAUX
Le 1er Juin 2008 marque le début officiel des Assises Nationales sénégalaises initiées par la société civile et une bonne frange du monde politique excepté la mouvance présidentielle. L’ouverture a eu lieu au Méridien président sous la conduite du Président des Assises Nationales ; Amadou Mactar Mbow ancien directeur de l’Unesco et Ministre sous le magistère de Léopold Senghor. Les mois de juin et de juillet seront utiliser pour la mise en place des structures et commissions devant coordonner et piloter les Assises Nationales. Au départ sept (7) Commissions thématiques (Ethique, Monde rural, Gouvernance Sociale, Aménagement du territoire, scientifique, NTICs, Politique extérieure et migration) et trois (3) commissions transversales (organisation, finances et communication) sont créées.
La commission 4 intitulée « Gouvernance Sociale, droits économiques et sociaux, valorisation des ressources humaines » a démarré ses travaux le 31 Juillet 2008 au siège du Forum Civil sous la conduite de son Président le doyen Amadou Fadiga ancien inspecteur de l’enseignement. Du 31 juillet au 30 novembre, la commission 4 a tenu des plénières (8), des réunions de sous commissions (+ 20) et comité de rédaction (5) et des séminaires sans compter les interviews accordées à des personnes ressources. Les membres de la dite commission participent aux rencontres des commissions et aux consultations citoyennes
A – Les plénières.
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Elles ont réuni tous membres de la commission 4 et des invités (personnes ressources, commissions transversales, etc.) et se sont tenues le jeudi au siège du Forum Civil sur l’avenue Malick Sy sise à Dakar.
La première plénière du Jeudi 31 Juillet 2008 présidée par le Président Fadiga, a reçu vingt trois participants Après lecture du document "Commissions des Assises Nationales" portant sur les thèmes intéressant le groupe, ses membres ont procédé à des échanges exploratoires.Le président de la Commission, dans une première synthèse a proposé:
- de confier les questions liées au genre, aux personnes âgées, à la jeunesse, aux sports d'une part et d'autre part celles relatives aux transports à une huitième et une neuvième commissions à créer
- de recentrer le reste des thèmes autour de trois (3) groupes de travail: 1/ Education-Formation-Santé
2/ Culture-Sports
3/ Accès aux services sociaux de base-Logement- Conditions de travail.
Monsieur Babacar Diop dit Buuba, par ailleurs élu vice-président de la commission est chargé de présenter un exposé introductif sur la « Gouvernance Sociale » et Waly séne sur « les ressources humaines ».
La seconde plénière (15 participants) du jeudi 7 Aout présidée par Babacar Diop Buuba marque le début des travaux avec la nomination du bureau :
- Doyen Fadiga président de la commission- Babacar Diop Buuba et Aloyes Raymond Ndiaye respectivement premier
et second vices présidents- Thié Ndiaye et Jeanne Lopis Sylla co rapporteurs- Ousmane Diadhiou secrétaire permanentMonsieur Abdoulaye Elimane Kane membre de la commission scientifique a
apporter quelques éclairages sur a méthodologie de travail. Pour une fluidité des informations, il a recommandé d’utiliser les tics.
Le fait majeur de cette troisième plénière (25 participants) du jeudi 14 Août 2008 est la subdivision de la commission en cinq (5) sous commissions thématiques (voire sous commissions)
La quatrième plénière (20 participants) du jeudi 28 Août 2008 a été décalée d’une semaine afin de permettre aux cinq (5) sous commissions de démarrer leurs travaux. Chaque sous commission a présenté :
- Ses membres- Sa méthodologie- Son chronogramme- Ses activités - Son budget
Certaines sous commissions comme « Education et Formation » a plusieurs volets ; enseignement préscolaire ; enseignement élémentaire ; enseignement
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moyen, élémentaire, supérieur, etc. Seule la sous commission « Sport et Loisirs » avait tardé à démarrer par manque de membres, des noms furent proposés pour l’étoffer. Pour toutes les sous commissions on retient trois principes :
- Etat des lieux- Politiques existantes - Recommandations
Les cinquième et sixième plénières ont eu lieu respectivement les 25 Septembre et 16 Octobre. Elles se sont appesanties sur le bilan d’étape, le respect du calendrier, les souscriptions. Il est à noter que l’ancienne ministre de la santé le professeur Marie Louise Corréa a été nommé troisième vice présidente de la commission 4.
La septième plénière (13 participants) du jeudi 30 Octobre a été axée sur le rapport final. Il a été décidé de présenter un rapport final synthétique d’une cinquantaine de pages. Les travaux succincts des sous commissions sont joints en annexes. Pour cela un comité de rédaction a été mis en place comprenant les deux rapporteurs, les vices présidents, le président et les coordonnateurs de sous commissions et la date du 27 Novembre a été retenue pour la réception de tous les travaux des sous commissions.
La huitième plénière tenue le jeudi 27 Novembre 2008, s’est appesantie sur la date de dépôt des rapports de commissions thématiques : 31 Décembre 2009. La neuvième commission s’est tenue le 23 décembre 2008 et la dernière le 30 décembre 2008 fut consacrée à la validation de la synthèse.B – Les sous commissions
La plénière du jeudi 14 Août avait entériné la subdivision de la commission en 5 sous commissions :
1) Education et formation
Coordonnée par le doyen Amadou Lamine, elle se réunissait le mercredi au Congad. Elle a tenu plus dix réunions. Elle a une dizaine de membres tous du secteur de l’éducation (professeurs, inspecteurs, maîtres, directeurs, etc.) Pour un travail bien élaboré, la sous commission a pris tous secteurs de l’enseignement réparti par volets :
a- Le volet « les trajectoires du système éducatif au Sénégal : les fondamentaux de l’éducation » fait par Babacar Diop Buuba
b- Le volet « Pré scolaire » on a une contribution de madame Seynabou Diallo.
c- Le volet « Enseignement élémentaire » a été fait par un collège de jeunes inspecteurs de l’enseignement sous la supervision du Doyen Fadiga inspecteur président de la Commission 4 (pages ?)
d- Volet « Enseignement secondaire Général » confié a Mactar Gaye professeur (11 pages) »
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e- Volet « Enseignement technique et formation professionnelle » à Boubar Diallo inspecteur d’enseignement et Amadou Lamine Ngom professeur d’enseignement technique (30 pages)
f- Le volet « Enseignement supérieur » confié au Satuc
g- Le volet « Education non formelle » confié à Jeanne Lopis Sylla linguiste (12 pages)
h- Le volet « Engagement du Sénégal dans le Monde et dans le domaine de l’éducation », à Rokhaya Fall Sokhna professeur (6 pages)
La synthèse des travaux de cette sous commission est confiée Amara (5 pages)
2 ) Santé et développement social
Sous la houlette de Saliou Diagne travailleur social secondé par Thié Ndiaye professeur et Iyane Sow professeur en médecine, Aloyse Ndiaye professeur et Awa Sow. L’équipe se réunissait au quartier Scat Urbam de Grand-Yoff les mercredis.Les travaux sont faits en deux volets :
a- Santé par Iyane Sowb- Développement social
3 ) Culture et communication
Elle a été pilotée par Youssou Mbargane Guissé professeur en collaboration avec plusieurs artistes comme Ousmane Sow sculpteur. Les travaux se poursuivent et plusieurs artistes interviewés. Elle se réunion tous les jeudis au siège du Forum civil. Ses travaux se sont déroulés sur plusieurs mois en plusieurs endroits du Sénégal.4 ) Dialogues social, politique et syndical
Coordonnée par Abdoulaye Guèye syndicaliste, en collaboration avec Gorgui Ciss professeur et élu local, Diébel Sarr (ONG), Jeanne Lopis Sylla chercheuse à l’IFAN, Fatou Dem Diouf assistante sociale. Elle se réunit les mardis au Forum Civil. Les travaux sont synthétisés dans un document de 7 pages. (Voire annexe)
5 ) Sports et loisirs
Cette sous commission fut conduite par Ousmane Diadhiou (géographe) travailleur social en collaboration avec Moussa Guèye entraineur et dirigeant
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de navétane et Ahmet Diouf sportif et informaticien. Elle se réunit à ANAFA les lundis à ANAFA. Elle n’a pas encore bouclé ses travaux. Voir plan de travail en annexe.
III – Les séminaires
Seules trois avaient prévu de faire des séminaires :
a- La sous commission «Education et formation» a tenu son séminaire de validation le samedi 25 Octobre 2008 au siège des Assises Nationales au Point E rue Kaolack angle Kolda
b- « Santé et développement social» a fait son séminaire le samedi 8 Novembre au siège des Assises Nationales, correspondant à l’ouverture des consultations de Dakar
c- La sous commission « Culture et communication avait prévu de faire un séminaire avant la clôture des travaux.
IV – Le comité de rédaction
Le comité de rédaction s’est réuni une première fois au Just 4 U le samedi 15 Novembre 2008. Ont participé les deux vices présidents Babacar Diop Buuba et ALoyse, Ousmane Diadhiou et Jeanne Lopis Sylla. Il a été retenu que :
1- Le 1er vice président Babacar Diop Buuba fera l’introduction du rapport final en faisant la synthèse des deux textes introductifs
2- Le rapporteur Ousmane fut chargé de faire la partie narrative des travaux de la commission
3- Les deux rapporteurs Thié Ndiaye et Jeanne Lopis Sylla furent chargés de la synthèse des travaux en sous commission avec deux parties
- Diagnostic- Recommandations
4- Le président Fadiga et le second vice président Aloyse Ndiaye furent chargés de la conclusion finale.
La seconde réunion du comité de rédaction a eu lieu le jeudi 20 novembre au siège du Forum Social. Elle sera suivie d’une troisième rencontre le Samedi 27 Décembre.
Enfin la dernière rencontre du comité de rédaction a eu lieu le Mardi 30 Décembre.
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III / SYNTHESE DES SOUS COMMISSIONS : Diagnostic et recommandations
Au terme de quatre mois de travaux, la Commission 4 « Gouvernance sociale », qui a mené ses activités de réflexion suivant cinq axes pris en charge par les cinq sous-commissions « Education - Formation », « Culture », « Dialogue politique - Dialogue social - Dialogue citoyen », « Santé –Développement social » et « Sports-Loisirs » est parvenue aux conclusions ci-dessous, concernant l’état des lieux / diagnostic et les propositions / recommandations.
1) EDUCATION ET FORMATION
Le passage en revue des engagements internationaux auxquels le Sénégal a souscrit, dans le domaine de l’éducation, a conduit à faire les constats ci-après. Dix ans après le Sommet mondial sur l’éducation de base (Jomtien 1990), le Forum mondial sur l’Éducation (Dakar, avril 2000) démontre que, malgré d’importants progrès, beaucoup reste encore à faire, notamment dans le domaine de l’accès des enfants à l’enseignement primaire, de l’alphabétisation des adultes et de l’égalité de genre dans le système éducatif. Le forum de Dakar a fait de l’éducation pour tous une priorité, dont les buts sont étroitement liés au développement. Le système éducatif sénégalais comporte sept ordres d’enseignement :
- l’Education préscolaire ; - l’Enseignement élémentaire ; - l’Enseignement moyen ; - l’Enseignement secondaire ; - l’Enseignement supérieur ; - l’Enseignement technique ; - l’Education non formelle.
Le présent rapport de synthèse expose d’abord, dans sa globalité, un état des lieux du système, issu du séminaire organisé par la sous-commission, avant de livrer les résultats des travaux pour chaque ordre d’enseignement. 1. LE SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS 1.1. ETAT DES LIEUX DU SYSTEME
Le système éducatif est administré par trois ministères - Préscolaire, Enseignement élémentaire et moyen ; - Enseignement technique et Formation professionnelle ;
- Enseignement secondaire et Enseignements supérieurs (CUR et universités). Le risque ici est, alors, de voir perdurer la gestion au jour le jour des intérêts catégoriels, au détriment d’un pilotage qui sauvegarde l’ensemble des intérêts des usagers du système, et cela malgré l’existence d’un Plan Décennal de l’Education et de la Formation (PDEF).
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Cette organisation institutionnelle remet même en cause le caractère systémique de l’Ecole tant recherché depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ( EGEF). Elle entraîne la dispersion des moyens et le manque de concertation qui atténuent considérablement les chances d’efficience escomptée par les auteurs du PDEF. C’est pour ces raisons que les membres de la sous-commission proposent le retour à un ministère unique avec des directions fortes mettant en œuvre solidairement la politique nationale concertée et coordonnée.
1.1.1. Le financement du système « L’Etat reste le principal bailleur du système éducatif en maintenant le budget à 40% du budget de fonctionnement hors dépenses communes et hors amortissement de la dette. » (Rapport d’exécution technique et financière 2006, ME/DPRE/DES). Cet effort dans le cadre de la mobilisation pérenne des ressources est consécutif à un choix déterminé des Autorités sénégalaises. Passant de 33 à 34% puis à 40%, cette allocation des ressources traduit bien la volonté de développement d’un capital humain autorisant des victoires continues dans la lutte contre la pauvreté et les disparités. C’est la raison pour laquelle l’UNESCO classe le Sénégal dans le groupe E des pays consacrant entre 16 et 22 % de leur PIB à l’éducation. Ces pays réalisant une mobilisation moyenne de ressources internes de l’Etat reflétant par là même une priorité budgétaire pour l’éducation acceptable compte tenu du faible niveau de développement économique du pays. Si cet effort louable est salué par tous, un courant de forte suspicion est apparu durant le séminaire quant à l’effectivité de la dépense proclamée. Aussi, est- il souhaitable qu’un débat franc soit organisé sur la transparence des ressources réellement allouées et sur les arbitrages opérés.
1.1.2. La nécessité d’un débat large et sincère autour des questions cardinales
. La formation des enseignants La formation des enseignants a préoccupé très fortement les séminaristes. Car, « ce qui se passe dans la classe et l’impact de l’enseignant et de l’enseignement ont été identifiés par de nombreuses études évoquées comme la variable essentielle pour l’amélioration des résultats d’apprentissage. La manière dont les enseignants enseignent doit être au centre de toute réforme destinée à améliorer la qualité. » (Gauthier et Dembelé, 2004, p 2-4, et une « obsession » pour les Autorités sénégalaises. La variable relative aux enseignants a été identifiée tout au long des travaux comme celle qui a l’effet le plus prononcé sur les acquis scolaires des élèves de milieux modestes. Même lorsque les milieux d’origine des élèves présentent des différences significatives, les enseignants bien formés peuvent exercer une forte influence sur l’amélioration de leurs niveaux acquis. La Réunion biennale sur la qualité organisée en 2003 par l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique informe que les bons enseignants se révèlent efficaces quels que soient les niveaux acquis des apprenants et aussi hétérogènes que soit la classe. Le manque d’identité positive que charrient les nouveaux corps dénommés « volontaires et vacataires de l’éducation » appelle à une réflexion profonde sur le recrutement, la formation et
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la promotion des enseignants gages d’une amélioration de la qualité de l’éducation, « dans un souci d’excellence, de façon à obtenir des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. » (Objectif 6 du Cadre d’action de Dakar et Objectifs du Millénaire pour le Développement). . L’environnement des apprentissages, avec des années scolaires régulièrement perturbées par des grèves cycliques Ces grèves sont devenues la marque distinctive de l’Ecole sénégalaise. Elles ont entamé la crédibilité du secteur public et participé au développement du secteur privé qui joue depuis plusieurs années déjà le rôle de soupape de sécurité du système (en 2006, 388 collèges privés contre 520 pour le public et beaucoup d’établissements privés d’enseignement supérieur). Ces grèves concernent donc tous les secteurs du préscolaire à l’université et affectent dangereusement la fécondité du système. Elles installent la méfiance au sein de la communauté éducative, les parents d’élèves et d’étudiants jouant aux sapeurs pompiers pour constamment sauver l’année académique et éviter des années blanches.
. Le calendrier scolaire et universitaire
Qui, tel qu’il est confectionné, rend illusoire toute efficacité du système. Le survol des programmes qui s’ensuit explique dans une large mesure la médiocrité des résultats aux différents examens. La faiblesse du quantum horaire officiel (800 heures) et celui réalisé dans les différentes académies : 636 h à Kolda, 654 à Ziguinchor et 836 à Thiès, par exemple, sont révélateurs de la faiblesse des ambitions en matière de formation des ressources humaines de qualité et de la gestion laxiste du système.
. Les effectifs pléthoriques
Certaines classes et facultés sont tout simplement des garderies d’élèves et d’étudiants. Les ratios d’encadrement que l’on y observe sont adverses à toute réussite et expliquent les échecs massifs enregistrés chaque année. L’on doit dès à présent s’entendre sur la révision à la hausse des allocations du budget consolidé d’investissement pour atténuer considérablement les effets dévastateurs de cette massification indue des effectifs et revenir assez rapidement à des situations plus conformes à l’esprit et à la lettre du PDEF et des engagements internationaux du Sénégal.
1.1. PROPOSITIONS EN VUE DE L’AMELIORATION DU SYSTEME1.2. La communauté éducative doit se mobiliser pour consolider les progrès importants réalisés dans
l’élargissement de l’accès, dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages et dans la gestion du système éducatif sénégalais.
- Une concertation impliquant tous les acteurs de l’éducation et les partenaires devrait à être convoquée rapidement pour asseoir un climat apaisé dans l’Ecole, renforcer la capacité du système à transformer les ressources disponibles en résultats. Le lien actuel entre les ressources mobilisées et les rendements est faible et reproduit des inégalités et des disparités de toutes sortes.
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- Le recrutement en nombre suffisant d’enseignants, de personnels de supervision pédagogique, de gestionnaires du système et une formation adaptée à leurs vocations actuelles devront y figurer en bonne place, de même que les choix du Sénégal en matière d’alphabétisation et leur articulation au développement national.
- L’application des conclusions de la réforme de l’enseignement supérieur ayant connu des fortunes diverses, il est urgent de se pencher, très sérieusement, sur ce secteur déterminant pour la constitution d’un capital humain de qualité et l’instauration d’une recherche véritablement féconde.
- La propension à la privatisation de secteurs de plus en plus larges (écoles, collèges, écoles et instituts universitaires) et les effets de la fonction de service, dans des départements et facultés de l’Université, posent naturellement la lancinante question du financement de l’Ecole au Sénégal. Des accords fédérateurs devront être réalisés aussi bien concernant ces domaines que concernant la logique d’action qui devra leur servir de trame.
Les lecteurs désireux d’approfondir l’analyse de ces différents points, abordés ci-dessus, pourront se reporter avec profit aux neuf (9) documents de base joints en annexe à cette synthèse.
2. LES ORDRES D’ENSEIGNEMENT
2.1. L’ÉDUCATION PRÉSCOLAIRE
2.1.2. ETAT DES LIEUX
On assiste à la création :
- d’écoles publiques
- d’écoles privées catholiques
- d’écoles privées laïques
- des daaras
Aujourd’hui, on crée une Agence pour gérer ce que l’on appelle la Case des Tout-petits en confisquant
les prérogatives de la Direction du Préscolaire, pour y mener des activités d’éducation préscolaire.
Depuis des années, on parle de démocratisation de l’Enseignement, mais sur le plan institutionnel,
l’Ecole Maternelle trouve difficilement sa place.
Cette démocratisation est-elle effective, si l’on considère les enfants de la rue ?
Différents ministères ont abrité l’école maternelle :
- Ministère de l’Action Sociale
- Ministère de la Femme
- Ministère de la Santé et de l’Action Sociale
- Ministère de l’Education Nationale
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Sur le plan institutionnel donc, il serait indiqué de créer un Ministère unique pour l’éducation, la
formation et la recherche.
Il s’agit d’harmoniser, de fixer ou d’ancrer cette école maternelle au Ministère de l’Education
Nationale, et créer des Directions Générales ou des Agences pour une coordination indispensable.
2.1.3. RECOMMANDATIONS
- Elever le niveau de formation, des Educateurs avec BAC + 1 EFI (pour la maîtrise de la didactique des disciplines)
- Faire de la FASTEF un passage obligé pour les Inspecteurs et Inspecteurs Adjoints du Préscolaire pour une bonne pratique pédagogique.
- Revenir sur la spécialisation Préscolaire / Elémentaire.
- Remédier à l’absence d’un dispositif de pilotage cohérent, on se perd entre Direction du Préscolaire et Agence de la Case des Tout-petits.
2.2. L’ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE
2.2.1. ETAT DES LIEUX . Taux d’inscription des enfants de 7 ans
Le système éducatif est un système à plusieurs vitesses. En réalité, l’école est reproductrice des inégalités sociales. Alors la libéralisation de l’offre éducative est tronquée. Notre école est élitiste, coûteuse et discriminatoire malgré les gros investissements consentis par l’Etat, l’accroissement du dispositif infrastructurel et le relèvement sensible du TBS grâce aux effets de la scolarisation des filles (SCOFI) et des campagnes de sensibilisation intense au profit du recrutement à l’occasion d’événements telle que la semaine de l’école de base.
L’accès à l’éducation s’analyse à partir de la population scolarisable. Le taux d’admission est le pourcentage du nombre d’enfants de 7ans qui sont inscrits chaque année. Si ce taux est de l’ordre de (70 %) en ………, évolue-t-il et à quel rythme? Mais, le problème, c’est ceux qui ne sont pas inscrits. Pourquoi ils ne le sont pas? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Où sont-ils ?
. Taux brut de scolarisation
Le TBS qui est aujourd’hui de l’ordre de 82,5 % en 2007 est biaisé car englobant ceux qui sont âgés de 12 ans et au-delà qui sont encore au primaire. En conséquence, la progression interne n’est pas fluide et cela pose encore une fois la qualité de l’enseignement.
Le constat est que par rapport à l’accès, on est très éloigné de l’objectif de scolarisation universelle de Jomtien (Thaïlande1990).
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. Objectif de l’EPT non atteint
En milieu rural, on retrouvait dans les années 1990-2000 près de 500 classes sans maître. En tout état de cause, l’éducation pour tous n’est pas encore une réalité au Sénégal. Entre autres raisons, on peut retenir l’ajustement structurel qui s’est traduit par la maîtrise de la masse salariale pour dégraisser la fonction publique, la mise en veilleuse de la formation (250 formés contre 1200 par an face à un besoin annuel de remplacement de plus de 200 enseignants ayant acquis leur droit à la retraite), le problème de planification et l’incitation à aller à la retraite (départ volontaire).
. Efforts fournis
Les succès encourageants qui méritent d’être retenus sont la campagne de la scolarisation des filles (SCOFI) qui a réellement boosté l’admission et le niveau acceptable du taux brut de scolarisation, l’autorisation de recrutement de 700 enseignants et l’autorisation des Classes à Double Flux (CDF) et des Classes Multigrades (CM), mais aussi le relèvement du budget alloué à l’éducation (40% du budget de l’Etat) qui, cependant, ne cesse d’alimenter la controverse.
. Problèmes liés à l’accès à l’enseignement
Le système éducatif sénégalais présente des disparités dans l’accès entre garçons et filles, entre régions, entre secteurs ou sous secteurs et un déficit criard d’enseignants.
Le défi de l’éducation pour tous reste un élément crucial dans l’ordre de bataille des objectifs du système éducatif sénégalais et du PDEF. En réalité, les 30% (……) des enfants de 7 ans qui ne sont pas inscrits à l’école peuvent être répartis comme suit :
1) ceux dont les parents ne veulent pas de l’école ;2) les enfants en situation de travail ;3) les enfants de la rue (talibés) ;4) les enfants des zones sans écoles ;5) les enfants souffrant d’un handicap (sourds, muets, non voyants, déficients mentaux).
2.2.2.. RECOMMANDATIONS
Accès à l’enseignement
. Elargir davantage l’accès à l’éducation
Il faudra avant tout libéraliser effectivement l’offre éducative à travers un élargissement de l’accès à tous les niveaux, accroître le dispositif infrastructurel et le mobilier scolaire de qualité, assurer une dotation suffisante en manuels et intrants pédagogiques et procéder à un recrutement d’enseignants en quantité et en qualité.
. Poursuivre le programme de construction de nouvelles écoles selon une carte scolaire rationnelle
La première action pertinente qu’il convient de poser est le renforcement et la poursuite du programme de construction d’écoles nouvelles selon une carte scolaire équilibrée et cohérente. Cette action sera renforcée par un vaste programme de généralisation des cantines scolaires. Ceci relève de la
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responsabilité de l’Etat et des Collectivités locales par rapport à leurs missions régaliennes d’orientation et d’accompagnement.
. Elaborer un programme de mise en place progressive d’établissements spéciaux au profit des enfants handicapés
Sous la responsabilité de l’Etat, des partenaires extérieurs, des ONG et des bonnes volontés, il faut d’urgence mettre en place un programme dénommé SCOHANDICAP pour renforcer l’ouverture de l’accès aux jeunes atteints d’un handicap.
. Encourager et assister tous les projets ayant pour objectif le retrait des enfants de la rue
L’idée est de rendre effectif la libéralisation de l’offre d’éducation et l’autonomisation des structures parapubliques et privées pour marquer l’élan irrévocable de l’élargissement de l’accès en rendant publiques les bonnes expériences comme le Programme de Renforcement des Familles (PRF) de l’AN/ Villages D’Enfants SOS et Kinderndorf International, le Partenariat pour le Retrait et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) initié par le Gouvernement du Sénégal et la Banque Mondiale, etc.
. Susciter un vigoureux mouvement de plaidoyer pour la reconnaissance et le respect des droits de l’enfant à l’éducation
Ce mouvement sera orienté vers les familles et certaines communautés hostiles à l’école. L’initiative sera portée à la fois par l’Etat d’abord, ensuite par les ONG, les mouvements de défense des femmes, les chefs religieux, les syndicats, les organisations de la société civile, etc.
Qualité de l’enseignement
. Introduire les langues nationales comme medium d’enseignement privilégié , tout au moins dans les trois premières années de l’élémentaire, en préparant progressivement l’élève à la maîtrise du français suivant une approche fonctionnelle.
. Exiger une qualification professionnelle pour tous les enseignants, mettre un terme aux pratiques actuelles de recrutement : volontariat, vacatariat, quota sécuritaire ou complémentaire.
Dans le privé, il sera mis fin à la délivrance des autorisations d’enseigner sans diplôme professionnel.
. Rationaliser les niveaux de carrière des enseignants de l’élémentaire en les ramenant à deux
La réforme devra obéir au schéma suivant :
-Extinction du corps des instituteurs adjoints (BFEM + 1 an) ;-Maintien du corps des instituteurs ordinaires (Bac + 1 an) ;-Création d’un corps nouveau de technicien de l’éducation (Bac + 3 ans).Par ailleurs, l’Etat doit travailler à une meilleure revalorisation de la situation matérielle et financière
des enseignants – avec une des avantages supplémentaires à ceux qui sont en service en milieu rural.
. Mettre à disposition le matériel didactique adéquat, pour toutes les disciplines et en quantité suffisante
. Doter les écoles de bibliothèques et inciter les élèves à la lecture
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Pour arriver à résorber le déficit en manuel scolaire, il faudrait aussi mettre en place une bonne politique éditoriale.
. Restructurer l’année scolaire pour faire travailler davantage
Selon les statuts (1966), les enseignants ont droit à deux mois de congé par an. Ainsi donc, l’année scolaire doit s’étaler normalement sur 10 mois. Considérant qu’il serait trop facile de jeter l’anathème sur les enseignants et les élèves, il serait intéressant de revisiter la proposition faite en 1974 par les Inspecteurs de l’Enseignement Primaire (IEP).
En substance il s’agira de planifier l’année scolaire comme suit :
Rentrée des classes :-1er octobre pour les maîtres ;-2 novembre pour les élèves ;-Fermeture des classes : le 30 Juin ; soit pour les enseignants 8 mois ou 32 semaines de travail plein
à raison de 30 heures par semaines; Les examens : tous les examens se dérouleront du 1er au 31 Juillet. Ce faisant, le système va accéder au quantum horaire de 900 heures par année.L’intérêt est que le mois d’Octobre sera réservé à la préparation de la rentrée des classes (mis en
place des maîtres, nettoyage de l’école et des classes, etc.). Ce sera l’occasion d’organiser les examens professionnels écrits des enseignants.
Les examens scolaires seront concentrés au mois de Juillet et tous les enseignants seront disponibles pour les corriger ou les surveiller.
En ce qui concerne les fêtes scolaires, religieuses ou légales, elles seront normalisées et leur durée sera ramenée à deux semaines au total.
Pour éviter les « années blanches », il nous paraît nécessaire d’instituer un quantum horaire valable pour toutes les classes du cycle élémentaire et un quantum horaire pour tous les autres niveaux.
. Renforcer la supervision et le contrôle pédagogique
Gestion de l’enseignement
Si le Sénégal ambitionne de bâtir une école de qualité pour tous, il doit :
. Mettre l'accent sur la gestion de la qualité, et cela passe par une utilisation efficiente des ressources (humaines, matérielles et financières), mais aussi et surtout par une planification rigoureuse aussi bien au niveau central que déconcentré ;
. Créer des comités locaux de suivi des curricula et appliquer une gestion par contrats d’objectifs en mettant en avant l’obligation de résultats ;
. Créer un département ministériel unique pour l’Education, la Formation et la recherche, avec des directions générales fortes et un système de corrélation et de coordination très opérationnel.
. Institutionnaliser les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) tous les quatre (4) ans avec des instances de réflexion et d’échanges qui dépassent les préoccupations salariales, syndicales, et
. Créer une commission de suivi et d’évaluation se réunissant tous les deux (2) ans.
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. Instaurer un cadre synergique d’échange entre les écoles de formations, les universités et les personnels opérationnels pour promouvoir la recherche action et la recherche appliquée, dans une démarche novatrice et prospective.
2.3. L’ENSEIGNEMENT MOYEN
2.3.1. ETAT DES LIEUX Les faiblesses de l’enseignement moyen sont particulièrement liées à la qualité, à la formation et au projet d’établissement.
En matière de qualité Déficit de professeurs de mathématiques et de professeur d’EPS, ce qui entraîne des
surcharges horaires ou des réductions horaires dans certaines classes. Le niveau académique des professeurs est assez faible dans les disciplines scientifiques particulièrement, entraînant du coup la faiblesse de niveau des élèves pourtant tant décriée
Le ratio manuel élève reste toujours faible (1,5) et loin de la norme fixée dans la deuxième phase (en moyenne 1,5 au niveau national comme en 2005).
Déficit de classes physiques par rapport aux classes pédagogiques Déficit du temps de travail lié aux multiples fêtes, démarrage tardif des cours et grèves
aussi bien des élèves que des enseignants Déficit d’assistants sociaux L’inexistence de cantines scolaires avec des élèves qui passent la journée à l’école sans
pouvoir se restaurer à cause de la journée continue
Dans le domaine précis de la formation, on a noté : Les modules de formation non différenciés par rapport aux cibles. On a vu des vacataires
bénéficier des mêmes formations que des professeurs expérimentés alors qu’ils n’ont pas les mêmes besoins
L’absence de passerelles permettant le passage de PCEM à PEM et de PEM à PES L’insertion dans le système de vacataires sans formation pédagogique Une distorsion entre la planification pédagogique et la planification financière due à la
lenteur dans la mise à disposition des fonds prévus pour les formations. Les CPN et les CPI sans aucune indemnité liée à leurs missions; conséquence des CPI
quittent la formation continuée pour des postes de responsabilité (lycée et collège), la FASTEF ou pour devenir IS.
L’absence de relations hiérarchiques entre PRF et CNFC. Un manque de cohérence ou une dichotomie entre les objectifs nationaux de formation et les objectifs de formation ciblée au niveau déconcentré.
Les PRF vivent dans un dénuement total (manque de matériel.
Dans le domaine du Projet d’Etablissement Absence de mise en projet de beaucoup d’établissements Absence systématique d’une évaluation des effets/ impacts des projets sur les rendements
scolaires et les enseignements apprentissages ; Difficulté à mobiliser la communauté autour du PE ; Faible participation des collectivités locales et des communautés au financement des actions
prévues dans le PE ; Absence d’un dispositif d’évaluation interne du PE ;
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Suite à la chute brutale enregistrée en 2005 dans les résultats du BFEM (30,18%), le moyen affiche une meilleure mine cette année avec 37,39% ; soit une hausse de 7,21%. Ces résultats au niveau national sont confirmés par ceux des régions ; seules Saint-Louis et Dakar ont enregistré une baisse en passant respectivement de 28, 3% à 25,73% et 34,6 % en à 34,16%.
Il est important de signaler que malgré cette hausse du taux de réussite au BFEM, 8 régions sur 11 régions ont enregistré des scores en deçà de la moyenne.
2.3.2. RECOMMANDATIONS
Pour un meilleur développement de l’enseignement moyen dans le cadre global d’un système éducatif global, réunifié et harmonieux, nous recommandons les aspects suivants :
l’enseignement technique obligatoire pour tous au premier cycle une bonne planification de la création des CEM une évaluation de la journée continue dans le rendement des élèves adéquation entre les classes physiques et les clases pédagogiques équipement des CEM en matériel pédagogique didactique et scientifique association des professeurs dans la définition des programmes préparer l’élève à s’insérer dans la vie active à la fin du cycle allier les cours théoriques aux travaux pratiques définir les programmes en fonction des objectifs alléger les programmes afin de ne pas surcharger inutilement l’élève limiter les effectifs par classe pour un enseignement performant fixer le taux horaire annuel validant l’année par niveau et le communiquer aussi bien
aux élèves qu’aux enseignants restaurer la discipline en revalorisant les décisions des conseils de classes motiver les enseignants par la formation continue accompagnée de passerelles définir un statut clair du conseiller pédagogique doit être défini et appliqué avoir une politique incitative pour maintenir en fonction les enseignants des
disciplines scientifiques organiser un suivi régulier des enseignements par les IGEN et les IS revoir les systèmes d’évaluation instaurer un système de contrôle de la gestion des établissements Mettre en place un plan d’urgence pour la formation de professeurs de maths et
d’EPS pour la résorption du gap à court terme
(Sources : Rapport d’exécution financière interne du PDEF 2006)
2.4. L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
2.4.1. ETAT DES LIEUX Au lieu d’un discours spéculatif, l’observation de faits sur le terrain sera privilégiée ; l’accent sera mis surtout sur les indicateurs d’efficacité internes. Autrement dit, il sera passé en revue l’évolution du réseau d’établissements d’enseignement secondaire, les acteurs, le temps de travail et les programmes, le budget et le conseil de gestion.
- la suppression de l’internat dont les conséquences étaient désastreuses ; beaucoup d’élèves, et pas les moins brillants, avaient abandonné leurs études, d’autres avaient des troubles mentaux, etc.
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- des lycées ont étét progressivement implantés dans les capitales régionales (qui n’en avaient pas) d’abord ; puis dans les chefs lieux de département, voire dans les chefs lieux d’arrondissement. Ainsi, en 1990/1991 le réseau de l’enseignement secondaire général couvrait 57 établissements (31 publics + 26 privés) contre 111 (48 publics + 63 privés) en 1999/20001 ; le nombre d’établissements secondaires a presque doublé en dix ans ; ces efforts s’expliquent par le souci de se conformer à la Déclaration Mondiale qui avait lancé, en 1990, le concept d’« Education Pour Tous » en l’an 2000.
- dans quelques départements, on transforme un CEM en lycée sans de nouvelles infrastructures (salles de classe, latrines, bibliothèque, etc.) ; les cours sont dispensés sur deux ou trois sites différents, éloignés les uns des autres durant les premières années d’existence : se posent alors des problèmes de surveillance, de déplacements des élèves et des professeurs, de perte de temps, etc.
- dans d’autres, on construit de nouvelles infrastructures mais non équipées ;
- dans certains, on implante des abris provisoires qui résistent peu aux intempéries et paradoxalement pour une durée assez longue.
Toutefois, ce nombre important d’établissements secondaires a permis d’accroître considérablement l’effectif total des élèves du secondaire qui passe de 58983 (dont 38% de filles) en 2000 à 105918 (39,1% de filles) en 2007. Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) passe ainsi globalement de 9,9% à 14,38% ; de 13,1% à 17,16% chez les garçons et de 7,1% à 11,48% chez les filles.
- les Surveillants généraux et les Surveillants simples : dans beaucoup d’établissements leur nombre est insuffisant et chacun a un jour de repos dans les jours ouvrables de la semaine ; la plupart du temps, c’est le Censeur qui fait, à leur place, ce travail de surveillance ;
- le Bibliothécaire : dans nos lycées, ce n’est pas en général un Bibliothécaire de formation mais un surveillant chargé de gérer la bibliothèque ; les élèves ont le plus souvent peur d’entrer dans la bibliothèque (qui, généralement, ressemble à un magasin de livres exigu et sombre) et / ou d’emprunter des livres au Bibliothécaire qui les terrorise. Il y a très peu d’établissements secondaires dotés de toutes les œuvres au programme en nombre suffisant ; certains établissements n’ont même pas de bibliothèque ;
- l’Assistant(e) social(e) : peu de lycées ont un(e) Assistant(e) alors qu’il (elle) peut jouer un rôle essentiel dans la prise en charge de certains élèves en difficulté : beaucoup de perditions scolaires sont dues à l’absence de cette personne.
1-2-2 – Le corps professoral
Autrefois, on recrutait les professeurs à la suite d’une année de formation à l’ENS (actuelle FASTEF). Actuellement, il existe deux schémas de recrutement :
- les professeurs qui ont d’abord fait une ou deux années de formation à l’ENS ou à l’actuelle FASTEF ;
- les professeurs vacataires sélectionnés uniquement sur la base de leur formation académique ; ils pratiquent les classes pendant au moins deux années scolaires avant de recevoir, pour une durée de 45 jours, une formation pédagogique. Ils peuvent ensuite devenir des professeurs contractuels.
Certes des cellules pédagogiques existent dans les écoles, mais leur travail se limite généralement à harmoniser les enseignements et à organiser des devoirs communs.
1 2 Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE 2006/2007
22
Les Inspecteurs de spécialité devaient aider à améliorer les enseignements, mais ils sont en nombre insuffisant, avec peu de moyens.
Il s’y ajoute que le nombre d’enseignants reste insuffisant.
Conséquence :
- des surcharges horaires pour les professeurs accompagnées souvent de réductions horaires pour les élèves ;
- selon les cas et les zones, des professeurs de collège d’enseignement moyen (PCEM) interviennent dans le secondaire et même tiennent des classes de terminale, l’essentiel, pour certains Inspecteurs d’Académie et Proviseurs, étant de faire fonctionner les classes.
Cette insuffisance est plus marquée chez les professeurs de mathématiques ; les départements éloignés des grandes villes en souffrent beaucoup.
A Bakel, par exemple, un professeur de physique et chimie dispensait, durant l’année scolaire 2007 – 2008, des cours de maths dans les classes de terminales S. A Dakar, les postes vacants en maths ne sont plus déclarés dans les « miroirs » : pour les autorités, il est plus facile d’avoir un vacataire en maths à Dakar que de l’avoir ailleurs. Avec la tendance actuelle (les mathématiciens s’orientent de plus en plus vers une spécialisation dans les TIC), on peut craindre le pire : ne plus trouver, dans un futur proche, un mathématicien candidat au recrutement.
Il faut également signaler :
- la fuite des cerveaux vers d’autres secteurs plus offrants. Beaucoup d’enseignants font le concours de l’ENAM pour devenir entre autres administrateurs civils ; certains restent dans la vacation le temps de réunir la somme nécessaire pour émigrer ;
- l’abnégation de certains professeurs qui, en accord avec leurs élèves, travaillent, même les jours fériés et/ou de repos, pour terminer à temps leurs programmes ;
- l’image négative de l’enseignant : il est diabolisé par les autorités, méprisé par la société ; il n’est plus un modèle pour l’élève ;
- le comportement déviant de quelques enseignants : certains professeurs dispensant des cours de renforcement payants à leurs propres élèves défavorisent les autres dans le choix des sujets de devoir ; une manière d’inciter les autres à joindre leur groupe ; d’autres font la cour à leurs élèves, vendent des cours polycopiés ;
- les cours dispensés dans les établissements privés : certains professeurs négligent les élèves du public au profit de ceux du privé ; d’autres, très sérieux dans les deux cas, s’épuisent davantage ;
- le mouvement des enseignants défavorise les zones dites déshéritées.
- les grèves d’enseignants : l’insatisfaction ou la satisfaction tardive et/ou partielle des revendications syndicales et, quelquefois, l’irrespect des accords par le gouvernement entraînent des grèves répétitives qui réduisent considérablement le temps des enseignements.
Conséquence :
23
Soit l’enseignant ne termine pas le programme, soit il distribue le reste dans des feuilles polycopiées, pour se donner bonne conscience.
1-2-3- Les élèves et les performances
Dans nos établissements le nombre des classes physiques (salles) est presque toujours inférieur à celui des classes pédagogiques (groupe d’élèves ayant le même emploi de temps). Ce qui entraîne la rotation de celles-ci avec ses corollaires (bruits, pertes de temps…).
*L’effectif des classes pédagogiques :
Particulièrement pléthorique dans beaucoup d’établissements, il pose trois problèmes majeurs :
- le professeur a peu d’espace pour se déplacer et surveiller le travail de ses élèves ;- il a d’énormes difficultés à organiser plus de deux devoirs surveillés par semestre (celui-ci étant très
court chez nous) et peu d’enseignants ont trouvé d’autres types d’évaluation efficaces. - la promiscuité aidant, certains élèves ne font qu’observer la copie ou le cahier des autres pour
recopier, ce qui instaure la culture de la tricherie.
Toutefois, il faut signaler que l’effectif de la série S1 est très réduit : il varie entre huit (8) et treize (13) selon les écoles ; c’est un gâchis par rapport au nombre de professeurs mobilisés.
Le passage en classe supérieure : La recherche effrénée de la scolarisation universelle, sous la pression des bailleurs de fonds, favorise l’amalgame et le superficiel.
Les paramètres quantitatifs cachent mal la faiblesse du niveau de nos élèves : le taux de redoublement est encore élevé même si les élèves passent en classe supérieure :
- à l’élémentaire, par quota et non en fonction de la moyenne ;- aux moyen et secondaire, souvent avec une moyenne de 09,5/20 au lieu de 10/20 et plus ; - une moyenne de 10/20 au lieu de 12/20 permet, sans le BFEM, d’orienter l’élève en classe de
seconde.
NB :
En 2006, le Ministre de l’Education National, dans sa note de service N° 004129 du 08 septembre 2006 adressée à l’Inspecteur D’académie de DAKAR, a pris, entres autres, la disposition suivante :
« - Pour ce qui concerne les classes bloquées (sans notes du second semestre ou avec des notes en nombre insuffisant), tenir compte des notes du premier semestre, avec la moyenne de 09/20 comme barre de passage en classe supérieure.
- Pour les élèves ayant une moyenne comprise entre 08 et 09/20, les considérer comme repêchables pour le passage en classe supérieure en tenant compte des critères habituels (âge, déroulement de la scolarité, conduite, notes dans les matières dominantes, notes disponibles du second semestre ».
24
Les conseils de classes étaient tenus, au mois de septembre, par l’administration de chaque établissement concerné.
*Les taux de redoublement :
Le tableau (3) suivant résume les données générales de l’enseignement secondaire général en 2006/2007 :
ETABLISSEMENTSCP ou
EFFECTIFS REDOUBLANTS
Zone Statut1° et2° cycle
2° cycle GP G F Total %F G F Total %F
RuralPrivé
Public
3
14
1
2
4
103
8
2346
5
1071
13
3417
38,5%
31,3%
0
203
0
113
0
316 35,8%
Total Rural 17 3 107 2354 1076 3430 31,4% 203 113 316 35,8%
Urbain
Privé
Public
127
34
5
37
589
1677
12773
49346
9967
30402
22740
79748
43,8%
38,1%
1944
6888
1417
4281
3361
11169
42,2%
38,3%
Total Urbain
161 42 2266 62119 40369 102488 39,4% 8832 5698 14530 39,2%
Total 178 45 2373 64473 41445 105918 39,1% 9035 5811 14846 39,1%
_______________
(3) Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE NATIONAL 2006/2007, p.111
CP : classes pédagogiques ; GP : groupes pédagogiques
A partir du tableau, on peut savoir qu’en 2006/2007 :
- le taux national de redoublement s’élève à 14,01% (14846/105918)
- ce taux, chez les filles, est de 14,02% (5811/41445) contre 14,01% (9035/64473) chez les garçons ;
- le taux national de redoublement dans le privé est de 6,22% (1417/22753) contre 13,8% (11485/83165) dans le public ;
25
- le taux de redoublement dans le privé rural est de 0% contre 6,23% (1417/22740) dans le privé urbain ;
- le taux de redoublement dans le public rural est de 9,24% (316/3417) contre 14% (11169/79748) dans le public urbain ;
- le taux de redoublement, dans le privé et chez les filles, est de 6,23% (1417/22740) contre 13,96% (4394/31473) dans le public ;- le taux de redoublement, dans le privé et chez les garçons, est de 15,21% (1944/12773) contre 13,71% (7091/51692) ;- le taux de redoublement, dans le privé rural t chez les filles, est de 0% contre 14,21% (1417/9967) dans le privé urbain .Le taux de redoublement varie donc en fonction du sexe, de la zone et du statut de l’établissement.
*Les taux de réussite au BAC :
A partir des documents (4) confectionnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE) et rapports d’activité de l’OFFICE du BAC, on peut dresser le tableau suivant qui résume l’évolution du taux de réussite au BAC, de 1999 à 2008
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
44,3% 39% 53,1% 39,7% 44,2% 46,1% 45,5% 50,2% 48,6% 42,9%
______________________________
(4) Voir : DPRE, SITUATION DES INDICATEURS DE L’EDUCATION 2000-2005, oct. 2005 ;
DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2006, p. 75 DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2007, mai 2007, p.84
Le taux de réussite évolue en dents de scie, avec une chute à partir de 2006. En outre, ce taux ne révèle pas toute la faiblesse du niveau des candidats ; l’examen du
BAC se fait en deux groupes :
- ont réussi au premier groupe les candidats ayant une moyenne supérieure ou égale à 10/20 (à l’examen) et ceux, après repêchage par le jury, qui ont une moyenne tournant autour de 09,50/20 ;
- les candidats ayant obtenu une moyenne au moins égale à 08/20 sont admissibles au deuxième groupe ; comme le sont ceux qui avaient un peu moins de 08/20 et qui sont repêchés. La délibération se fait comme au premier, avec possibilité de repêcher encore. De plus, les épreuves du deuxième groupe sont très faciles ; le nombre de reçus à ce groupe est presque toujours supérieur à celui du premier groupe, comme le montre le tableau suivant :
Année Inscrits Admis Mentions
(5)Effectif
total
Taux de
participation
1°
groupe
2°
groupeTotal
Taux
de réussite
Très
bienBien A. bien
Pas-
sable
2005 36636 97,7 7008 9261 16269 45,5 10 108 882 15269
2006 41826 97,2 9119 11275 20394 50,2 2 113 1037 19242
2007 47136 97,9 10546 11892 22438 48,6 8 229 1713 20488
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Par ailleurs, des correcteurs véreux permettent à certains candidats de reconnaître leur copie pour leur attribuer une bonne note.
1-3 - Le temps de travail et les programmes
« C’est là, la véritable énigme de tous les acteurs du système et l’un des facteurs les plus inhibant des performances du système », selon Waly NDIAYE (6). Depuis des années, il est toujours écourté. Les causes de cette réduction sont multiples : démarrage tardif de l’année scolaire (acte du deuxième mouvement des professeur non encore disponible, manque de professeurs, désherbage tardif de certains établissements, etc.), souvent mi-novembre, même si officiellement l’ouverture a lieu début octobre, arrêt précoce des cours pour les classes n’ayant pas d’examen de fin d’année, fêtes officielles et nombreuses fêtes politico-religieuses, anticipations et prolongements des fêtes, grèves des élèves, grèves des enseignants et absentéisme,
Il s’y ajoute que les programmes sont démentiels. L’étendu des programmes n’est pas en adéquation avec le temps réel de travail : les classes de terminale terminent difficilement, et à la veille des examens, leurs programmes malgré les cours polycopiés dans certaines disciplines, les cours dits de « rattrapage » ; les secondes et les premières ne terminent presque jamais leurs programmes.
(5) Nous n’avons pas tous les détails pour les autres années
(6) Coordonnateur des Revendications/SUDES. Voir son article dans « Sud Online » du 31 juillet 2008
1-4 - Le budget et le conseil de gestion
Selon les documents de la DPRE, la part de l’Education dans le Budget National est de 33%, loin des 40% dont parlent souvent les autorités, et son taux d’exécution couvre rarement ce qui était prescrit.
Dans les lycées, le conseil de gestion est, selon le décret N° 2000 – 337 du 16 mai 2000, composé par les membres de droit (le Chef d’établissement, président du conseil, le Censeur ou le Directeur des études, le Surveillant général, l’Intendant, le Gestionnaire, le représentant du Conseil Régional, le représentant du Maire, le représentant du Trésor) et les membres élus (1 Surveillant général, 2 Représentants des parents d’élèves, 4 ou 3 Représentants du personnel enseignant si le nombre d’élèves dépasse ou non 1000, 2 ou1 Représentants du personnel de surveillance pour les mêmes raisons, 3 ou 2 Représentants des élèves, idem). Le décret met ainsi en place un cadre institutionnel impliquant toute la communauté éducative.
Mais il précise en son article 3 :
« Le conseil de gestion exerce soit par lui-même, soit par sa section permanente prévue à l’article 5, des attributions relatives au fonctionnement matériel et moral de l’établissement. Le conseil de gestion donne son avis sur l’état prévisionnel des recettes et des dépenses, l’observation des prescriptions relatives à l’hygiène et sur toutes les questions qui sont soumises par le Ministre de l’Education National, l’Inspecteur d’Académie, le Chef d’établissement ou la section permanente. (7) Le conseil de gestion vote le budget ».
Le conseil de gestion ne donne donc que des avis, ses attributions sont ambiguës alors que celles de la section permanente, qui dans la réalité le supplante, sont très précises à l’article 5 du même décret : « Ses attributions sont consultatives ».
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Dans les établissements secondaires, il existe deux types de budget :
- le budget alloué par l’ETAT et sur lequel le conseil de gestion n’a aucun avis à donner ; son montant est assez substantiel ;
- le budget, provenant de l’inscription des élèves et des ressources additionnelles, sur lequel le conseil de gestion donne son avis consultatif.
2 – BILAN
Depuis 1981, les changements intervenus dans les politiques éducatives peuvent faire croire à une réforme efficiente et irréversible de l’Ecole sénégalaise, surtout du cycle secondaire :
- les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) ont été tenus pour l’avènement d’une école nationale, démocratique et populaire ; (7)Le Chef d’établissement, président, le Censeur ou le Directeur de Etudes, le Surveillant général, l’Intendant ou le Gestionnaire, les Représentants du personnel enseignant et de surveillance au conseil de gestion
- les conclusions de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation (CNREF), née au lendemain des EGEF, avaient jeté, en 1983, les bases d’une Ecole Nouvelle ;
- la volonté proclamée des autorités de l’époque de réformer le système éducatif en exploitant judicieusement ces conclusions ;
- le colloque de Saint-Louis, en 1995, qui a permis de dégager les grandes orientations et les stratégies visant le renforcement de l’accès à l’éducation, la réalisation de la gestion concertée du secteur, l’harmonisation des intervenions dans le secteur de l’éducation ;
- les séminaires de Bambey et de Gorée qui ont permis de mettre en place des commissions thématiques (Accès, Qualité, Gestion) et d’élaborer un diagnostic et un plan d’actions pour chacun des sous secteurs ;
- la tenue à Dakar, en 2000, des Assises Mondiales sur le bilan de l’Education Pour Tous sur la période 1990-2000 ;
- le démarrage du Programme Décennal de l’Education et de la Formation.
- l’existence des Inspecteurs de spécialité.
Le PDEF, actuellement dénommé Programme de Développement de l’Education et de la Formation, « a capitalisé l’ensemble de ces démarches qu’il a développées et approfondies pour les inscrire dans un cadre politique qui identifie, hiérarchise, planifie les priorités du gouvernement, harmonise et organise les interventions », avec trois objectifs majeurs :
- démocratiser l’accès à l’éducation de base ;
- améliorer la qualité des enseignements ;
- rendre plus efficiente la gestion du système.
Avec l’accroissement du réseau d’établissements et la discrimination positive visant à inscrire et maintenir les filles dans tous les ordres d’enseignement, l’accès à l’enseignement secondaire a connu des bonds appréciables.
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Cependant, la pratique quotidienne et les réalités du terrain conduisent à penser qu’aux lieux et place de réforme cohérente et efficiente, on assiste plutôt à une stagnation, voire une régression de notre système éducatif, particulièrement du système secondaire général :
- la qualité de l’enseignement et le niveau général des élèves continuent de baisser d’année en année, conséquences des effectifs pléthoriques des classes, de l’insuffisance des manuels scolaires et des matériels didactiques, de la pénurie des moyens humains : le personnel de surveillance reste insuffisant, les professeurs ne sont plus formés et recrutés en nombre suffisant ;
- la lassitude de beaucoup d’enseignants pour cause de surcharges horaires dans le public et/ou dans le public et le privé ;
- le fractionnement du Ministère de l’Education en trois hypothèque davantage le dialogue social pour lequel les autorités adoptent toujours une politique de pourrissement.
Les indicateurs internes tels que le Taux Brut de Scolarisation, le taux de redoublement et les taux de réussite au BAC sont loin des normes de performance scolaire.
Il reste entendu que la DPRE produit des documents de référence, même si beaucoup de réalités du terrain analysées ici lui échappent.
2.4.2. RECOMMANDATIONS
Les aspects positifs des politiques éducatives menées jusque là doivent être préservés et améliorés constamment. Mais aussi pour avoir un système éducatif performant, les recommandations suivantes peuvent être prises en compte :
- bien planifier l’implantation des lycées sur une durée de dix (10) ans ;
- créer le corps des Chefs d’établissement, avec un concours d’entrée, une formation et un examen de sortie. Les nouveaux sortants seront d’abord nommés Adjoint au Chef d’établissement, avec suppression du poste de Censeur ;
- faire gérer les bibliothèques par des bibliothécaires de formation ;
- arrêter le recrutement des vacataires et former ceux qui sont actuellement dans les classes ;
- former (avec des profils d’entrée et de sortie) et recruter en nombre suffisant des professeurs ;
- revaloriser la fonction enseignante, sanctionner négativement les comportements déviants et positivement les comportements mélioratifs ;
- accorder une prime aux enseignants officiant dans les zones dites déshéritées ;
- assurer un plan de carrière aux enseignants : établir par exemple des passerelles permettant à un professeur d’enseignement moyen (PEM) de devenir professeur d’enseignement secondaire (PES) sans retourner à la faculté… ;
- former en nombre suffisant des Inspecteurs de spécialité et les doter de moyens pour rendre efficiente leur mission ;
- instaurer la moyenne de 10/20 comme barre de passage en classe supérieure ;
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- repenser le deuxième groupe du BAC et revoir les modalités d’orientation des nouveaux bacheliers aux universités.
- réorienter les élèves, qui échouent pour la deuxième fois au bac, dans des filières (à créer) qui débouchent sur des activités productives ou des possibilités de promotions sociales ;
- renforcer l’action éducative par la contribution des médias et réduire considérablement la fréquence des films, en supprimer certains ;
- restaurer l’unicité du Ministère de l’Education nationale avec des Directions pour ses sous secteurs ;
- renforcer le conseil de gestion, lui attribuer un avis délibératif ;
- réduire la durée des fêtes scolaires et revoir les programmes.
2.5. L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
2.5.1. ETAT DES LIEUX
1. Difficultés liées aux effectifs
Il est important de remarquer que les structures de l’enseignement supérieur principalement les universités sont confrontées de plus en plus à un surplus d’effectifs d’étudiants alors que les infrastructures existantes n’ont pas été conçues pour en accueillir autant. Cette surpopulation se fait plus sentir au premier cycle où nous avons 75% des effectifs. Cela est à l’origine de plusieurs troubles et ne va pas sans déteindre sur la qualité des enseignements ainsi que sur le taux de réussite qui se situe de nos jours entre 20 et 25% dans les facultés.
2. Profil des diplômésEn dehors du secteur privé, les sortants des structures de l’enseignement supérieur public n’ont pas de diplôme professionnel (à l’exception notoire des sortants des écoles supérieures universitaires et non universitaires et de la FMPO) et sont dans leur écrasante majorité composés de littéraires.
3. Difficultés budgétairesLes difficultés que traverse aujourd’hui l’enseignement supérieur sont grandement liées au déficit budgétaire des universités. A Dakar, par exemple, les salaires à eux seuls constituent 95% du budget tandis qu’à Saint-Louis, ils constituent 75% du budget. Ces chiffres montrent avec acuité que l’essentiel des budgets de l’enseignement supérieur est destiné au fonctionnement, ce qui ne va pas sans conséquence sur la recherche et l’enseignement. Pour l’essentiel, la recherche au niveau de l’enseignement se fait dans le cadre de projets financés par des organismes extérieurs aux universités. L’enseignement quant à lui se déroule dans des conditions extrêmement difficiles caractérisées par le manque d’infrastructures mais aussi de matériaux de base.
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A côté de la prédominance des dépenses de fonctionnement sur les dépenses de recherche et d’enseignement, force est de reconnaître que dans l’enseignement supérieur, la part des budgets destinée au social (budget COUD + bourses) est de loin supérieure à celle dédiée au pédagogique.
2.5.2.. RECOMMANDATIONS
1- Sur l’autonomie des universités
Création d’une direction de l’enseignement supérieur forte. Le directeur de l’enseignement supérieur doit être au moins aussi gradé que le plus gradé des recteurs ;
Création d’une chancellerie des universités eu égard à l’existence de plusieurs universités ;
Allocation de budgets conséquents qui assureraient aux universités une réelle autonomie financière (financement des universités, fonctions de service) ;
Election du Recteur par communauté universitaire. A défaut, celle-ci propose trois (03) candidats et à charge pour le Président de la République de faire son choix parmi ceux-ci ;
Révision du mode de nomination des doyens et directeurs d’UFR. Ces derniers ne doivent pas être élus que par les enseignants de rang A. Il faut que les enseignants de tout rang, les PATS et étudiants puissent participer à l’élection de celui qui doit les administrer.
2- Sur l’accès et les infrastructures
Réviser le mécanisme d’admission des bacheliers et créer de nouvelles filières ;
Réorganiser les programmes de construction dans les universités et CUR en tenant compte de l’objet de la réalisation, de l’agenda et de la qualité ;
Rationaliser et mutualiser les moyens disponibles (infrastructures, équipements, etc.) entre universités et entre structures d’une même université ;
Diversifier les offres de formation en mettant en place une Commission de Concertation Ministère - Université - Milieux professionnels définissant les nouveaux créneaux d’enseignement à développer dans les universités en harmonie avec leur milieu d’insertion ;
Ouvrir sans délai une deuxième université à Dakar en explorant, au besoin, les stratégies de formation ouverte et à distance et la coopération internationale.
3- Sur la formation, les curricula et l’insertion
La mise en place du système LMD devra contribuer au renforcement de la collaboration entre les universités et les CUR et leurs partenaires, en général, et avec les entreprises, en particulier.
En effet, le LMD est un nouveau système d’enseignement supérieur facilitant l’harmonisation et l’équivalence des diplômes au niveau international. Au Sénégal, il aura l’avantage de contribuer à susciter l’émergence d’un cadre de référence visant à améliorer la qualité de l’enseignement, à faciliter la mobilité des enseignants et des étudiants et, dans la même dynamique, les personnels administratifs. De plus, il favorisera une ouverture au secteur professionnel en permettant une adéquation entre la formation et l’emploi.
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Pour assurer la qualité de ses formations, il est impératif d’avoir un taux d’encadrement qui se rapproche de celui des pays émergents, soit au moins un enseignant pour trente étudiants. Pour ce faire le gouvernement devrait mener une politique volontariste de recrutement de personnels d’enseignement et de recherche et de personnels administratif, technique et de service en vue de mettre à niveau les universités, d’avoir des normes de création de postes pour la montée en puissance des nouvelles créations d’établissements d’enseignement supérieur.
4- Sur l’enseignement supérieur privé
Harmoniser les curricula ;
Etablir un référentiel unique pour l’évaluation ;
Avoir des programmes officiels ou agréés par l’Etat ;
Mettre sur pied une commission nationale d’homologation des titres et diplômes ;
Contractualiser avec les universités publiques.
5- Sur les TIC et la Documentation
Développer des réseaux d’éducation et de recherche dotés de leur propre infrastructure ;
Concevoir et mettre en œuvre un système d’information unique pour l’enseignement supérieur ;
Proposer des modèles pédagogiques pour l’enseignement à distance par les universités ;
Elaborer un plan stratégique pour une politique documentaire de l’enseignement supérieur.
6- Sur la Recherche
Créer un cadre permanent de planification, de programmation, de suivi et de prospective pour la recherche au Sénégal en relation avec le Ministère en charge de la recherche ;
Profiter de la mise en place des écoles doctorales pour remédier aux faiblesses actuelles du système : renforcement des liens avec les organismes de recherche et le secteur privé ;
Favoriser la création de fondations universitaires dont une des missions est de mobiliser des ressources pour le financement de la recherche ;
Améliorer l’environnement de la recherche par une augmentation des budgets des structures documentaires (normes UNESCO de 5% au moins des budgets des universités).
7- Sur la gouvernance et la gestion
Actualiser la carte universitaire de manière cohérente ;
Définir la mission et les valeurs de l’enseignement supérieur en spécifiant les missions et les compétences des établissements et des administrateurs ;
Définir le statut de l’enseignement supérieur privé ;
Etablir les relations entre les universités et les milieux économiques ;
Mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des crises ;
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Renforcer les capacités administratives et de gestion des dirigeants et des personnels (élaboration de textes, élaboration de projets, gestion administrative) ;
Elaborer des codes d’éthique et de déontologie en matière de recherche et de gouvernance ;
Promouvoir une bonne politique d’assistance sociale au niveau des établissements du supérieur.
8- Sur les œuvres sociales et l’hébergement
Créer une cité universitaire internationale à Dakar, Saint Louis et progressivement dans les autres universités où chaque nationalité aura un quota de lits ;
Exhorter les collectivités locales à conventionner des logements en faveur des étudiants de leur localité ;
Favoriser la promotion d’un partenariat entre le COUD et les entreprises installées dans certaines localités à l’image d’une entreprise basée à Kédougou qui a accepté de mettre à la disposition des étudiants de cette localité un immeuble entièrement équipé à Dakar ;
Mettre l’accent sur la construction d’infrastructures pédagogiques et sociales avant le démarrage effectif des enseignements pour toute nouvelle université ;
Promouvoir une meilleure politique de l’hébergement privilégiant l’excellence.
9- Sur les bourses
Promouvoir une politique d’attribution des bourses basée sur l’excellence ;
Privilégier les étudiants des filières scientifiques dans l’attribution des bourses ;
Veiller au paiement des bourses à date échue pour éviter les mouvements d’humeur des étudiants.
2.6. L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
2.6.1. ETAT DES LIEUX ET RECOMMANDATIONS
CONSTATS ET PROPOSITIONS
Les chapitres ci-dessous pourraient constituer une base pour l’établissement d’un Plan d’action pluriannuel de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle définissant rigoureusement son curriculum en vue de conforter ce système d’enseignement dans sa position « prioritaire » maintes fois déclarée par les gouvernants..
CHAPITRE CONSTAT PROPOSITONS
SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL
- Instabilité institutionnelle et dispersion des moyens
il est indispensable de mettre en place :
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de formation
- contrôle insuffisant des actions de formation du public et du privé
- un nouvel organigramme et une tutelle unique,
- un observatoire de l’emploi et de la formation suffisamment fonctionnel
- une restructuration des diplômes et une organisation des passerelles
DISPOSITIF DE PILOTAGE DU SYSTEME D’ETFP
Instabilité de la tutelle et déficit de cadre de concertation et de suivi des politiques d’ETFP
Mettre en place des commissions nationales (au niveau du Ministère), régionales, départementales et/ ou locales pour le pilotage, le suivi, l’évaluation et la validation de la politique d’ETFP, en relation avec tous les partenaires, avec des réunions périodiques
ETAT DES
INFRASTRUCTURES
Les bâtiments de certaines écoles sont dans un état de délabrement généralisé
- le capital matériel disposé dans les infrastructures techniques, la vibration permanente des machines, le capital humain qui les fréquente et les risques d’accidents engendrés nécessitent une sécurisation et un entretien permanents des locaux.
Une réhabilitation sans délai est vivement recommandée
STRUCTURES ET
EQUIPEMENTS
- Nombre très insuffisant de Lycées et de Centre d’enseignement technique (CET)
La formation technique, source de compétence professionnelle et de production de richesse, devrait dorénavant être la priorité des constructions et équipements scolaires, à raison d’au moins:
- un Centre d’enseignement technique par département,
- un lycée Technique par région
- A défaut, la création de lycées mixtes, ayant fait leur preuve de réussite, comme les lycées Seydina Limamou LAYE et Cheikh Ahmadou BAMBA est à encourager
La construction d’écoles et le renouvellement permanent des équipements devraient permettre à notre enseignement d’être en phase avec l’évolution des sciences et des techniques.
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-Manque d’équipement
- Machines vétustes
- Outillage incomplet
il faut retenir que la rénovation, la réorganisation, des structures et la dotation substantielle d’équipement et d’outillage aux lycées et Centre d’enseignement technique sont une condition sine qua none pour un enseignement efficient
FONCTIONNEMENT DES
STRUCTURES
- Aucun budget pour les réparations
l’institution d’un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures est indispensable pour leur durée de vie
- Insuffisance de
matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires
les travaux pratiques s’exerçant sur une réalité matérielle, technique et industrielle, la priorité doit toujours être donnée aux dépenses de matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires
FILIERES
- Enseignement très limité de l’économie familiale et de la technologie dans certains CEM
- l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la méthode et le raisonnement analytique des adolescents.
Ainsi, pour acquérir une vaste culture ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique, il serait judicieux :
- de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)
- de former suffisamment de professeurs de spécialité
- d’envisager la généralisation de leur enseignement de la 6è à la 3è
- Persistance malheureuse des BAC techniques à double finalité
Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.
Pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre jeunesse, il urge absolument de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7 en consolidant les matières scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux écoles supérieures techniques
Existence de Programmes inadaptés ou programme selon le bailleur
un manque notoire de contrôle et de coordination est constaté dans le fonctionnement des structures.
Il est donc impératif de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation formation- emploi, répondant aux objectifs fixés
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par nos plans de développement économique et social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère
- Disparition totale des CAP dans les écoles publiques
Le CAP étant le diplôme académique à partir duquel les entreprises recrutaient leurs futurs agents de maîtrise, la formation menant à ces diplômes ne doit pas être laissée seulement à l’initiative des écoles privées qui ne disposeraient pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.
Toutefois, on remarque l’ouverture des formations CAP et BEP dans les écoles publiques sous forme payante
La reprise de cette formation dans les centres de formation publics est vitale et stratégique
Marginalisation de l’Education religieuse,
En accord avec les responsables, une attention
soutenue devrait être portée à cette forme d’éducation adoptée par une grande frange de notre population, pour leur inculquer un savoir-faire.
PARTENARIAT
(Relations entre l’école et l’entreprise)
Insuffisance de la prise en charge du partenariat au niveau de la formation initiale, de la formation continue et de l’insertion des formés
la connaissance du milieu industriel est très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en formation.
Ce faisant, il faut :
- systématiser l’accueil des élèves et étudiants dans le milieu professionnel
(la formation par alternance est sans aucun doute l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation professionnelle)
- mettre en place des structures de formation continuée en direction des personnels des secteurs formel et informel
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L’APPRENTISSAGE
- Le système n’est ni défini, ni organisé en vue de tenir compte des différents niveaux formel et informel
-les formations artisanale et rurale sont en régression
- Il faut procéder à la rédaction de nouveaux textes réglementaires mettant en place un organigramme qui prend en compte les secteurs artisanal, urbain et rural
il existe :
- la formation formalisée
- la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans
- l’éducation surveillée
Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est important de réhabiliter, rééquiper et redynamiser toutes ces formes d’écoles de formation
GESTION DES ETABLISSEMENTS
- Certains lycées techniques sont administrés par des personnels hors du domaine de l’ETFP
La gestion d’un établissement d’enseignement technique nécessite des connaissances avérées dans l’ingénierie de formation.
En conséquence, cette situation paradoxale crée inévitablement des conflits de compétence et des choix des priorités entraînant souvent la déliquescence de l’établissement.
ORIENTATION
DES ELEVES DANS LE SUPERIEUR
-Elèves pas orientés ou envoyés à des formations où ils ne sont pas destinés
Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une formation scientifique identique au BAC S1 ont une formation technologique les prédisposant aux cycles d’ingénieurs se voient jeter dans d’autres Facultés où ils s’adaptent très difficilement.
Désormais, on doit respecter leur cursus scolaire en les orientant prioritairement dans les écoles et instituts supérieurs de formation professionnelle.
Aussi, pour respecter l’égalité des chances de tous les milieux socio-économiques de notre population, il est indispensable :
- de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel public
- d’instituer des facultés techniques afin d’accueillir le maximum d’étudiants dans les instituts de l’enseignement supérieur technique et professionnel : (ESP Dakar, Ecole Polytechnique, IFACE, CEPECS, IST, etc.
FORMATION
- Insuffisance des effectifs
Il est très urgent de former suffisamment de professeurs pour combler le déficit existant.
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DE
FORMATEURS
- déficit de professeurs de spécialités
- la réouverture des sections de professeurs de spécialités en disparition devrait être effective
-manque criard de professeurs de haut niveau universitaire
Notre système d’enseignement technique ne compte aucun agrégé,
il est indispensable d’encourager les professeurs en exercice et des sortants méritants des instituts de formation à aborder la préparation à l’agrégation.
- Formation continuée des
Enseignants non systématisée
- la mise en place d’une structure de formation continuée est indispensable pour s’adapter à l’évolution des techniques et au changement continu des normes internationales
- Recrutement inacceptable
d’enseignants
Des enseignants sont en poste dans certains établissements sans formation adéquate .
Il est indispensable de renforcer leur compétence, pour un meilleur redéploiement
FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE
-insuffisance notoire des fonds alloués par l’état
- Déficit de transparence dans l’utilisation des fonds
Il faut accroître les fonds de l’ETFP par :
- l’augmentation substantielle du budget de l’état
- la redéfinition des rôles de l’ONFP et du FONDEF
- la redéfinition de la contribution forfaitaire à la charge des employeurs (CFCE)
- l’implication plus poussée des collectivités locales et régionales
- la mise en place d’un système de contrôle et de suivi impliquant les organisations patronales et syndicales
2.7. L’EDUCATION NON FORMELLE.
2.7.1. ETAT DES LIEUX
De nombreux problèmes et contraintes ont été identifiés dans le sous-secteur de l’éducation non formelle. Nous retiendrons principalement ceux-ci :
- dispersion des actions d’alphabétisation sans une véritable coordination entre acteurs, d’où absence d’harmonisation des interventions ;
- absences de statistiques fiables sur la situation du sous-secteur ;
- faible efficacité externe des programmes d’alphabétisation ;
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- conditions précaires des personnels de l’alphabétisation et absence d’un plan de carrière ;
- érosion des effectifs : les adolescents de même que les adultes ont du mal à concilier leurs obligations de travail avec une fréquentation régulière de la classe ;
- caractère sommaire des infrastructures : conçus pour être provisoires, ces abris doivent être réparés ou entièrement couverts après chaque saison des pluies ; ils ne permettent pas de stocker du matériel pédagogique, des livres ni des cahiers ;
- environnement non sécurisé : de par son emplacement, l’ECB ou la CAF présente souvent l’inconvénient d’être assez bruyante, souvent sans clôture ;
- faiblesse du budget de l’Etat alloué au financement du sous-secteur de l’éducation non formelle (à peine 1% des 40% officiellement déclarés du budget global de l’Etat destiné à l’éducation) ;
- quasi-absence de formation des acteurs et surtout des formateurs en matière de gestion, de formation professionnelle, de langues et de méthodologies d’apprentissage ;
- difficultés à garantir la qualité des apprentissages et des services ;- instabilité de l’ancrage institutionnel ;- absence de valorisation des acquis et d’équivalence avec le système de certification existant ;- marginalisation de l’éducation des adultes dans le système éducatif sénégalais.
2.7.2.. RECOMMANDATIONS
Les recommandations que nous formulons ici recoupent celles déjà clairement consignées dans le document de politique général 2003-2012 et dans le Cadre d’Orientation stratégique (COSA), et qui sont des objectifs prioritaires. Elles ont pour objectifs de :
- contribuer à la scolarisation universelle par la promotion de modèles alternatifs stabilisés (ECB, daara, etc.) pour la prise en charge des enfants non scolarisés ou déscolarisés précoces ;
- assurer l’éradication rapide de l’analphabétisme, tout en améliorant la qualité et la pertinence de l’offre de services d’alphabétisation ;
- favoriser ou créer un environnement lettré ;- promouvoir les langues nationales dans la vie officielle et publique, à l’école et dans la formation
professionnelle;- renforcer le pilotage des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non formelle aux
plans intra-sectoriel et inter sectoriel ;- renforcer le financement public des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non
formelle ;- renforcer la communication et la mobilisation sociale ;- instaurer et privilégier le partage de l’information et des expériences entre acteurs de l’Education
non formelle (Etat, société civile, c’est-à-dire ONG, Associations diverses de citoyens) ;- impliquer les organisations professionnelles ou de divers métiers et celles confessionnelles.
2 ) Santé et développement social A - DEVELOPPEMENT SOCIAL I. CONTEXTE : ETAT DES LIEUX Depuis son accession à l'indépendance, le Sénégal a bénéficié d’une importante aide extérieure qui en faisait l’un des pays les plus assistés. Le pays s’est cependant engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie. Les
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résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement de l'inefficacité des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance. . La politique économique était marquée par un fort interventionnisme de l’Etat : omniprésence dans la sphère productive, forte réglementation des activités du secteur privé, développement du secteur agricole appuyé essentiellement sur des sociétés d’encadrement jugées étouffantes. Quant à la politique industrielle, elle est marquée par la nationalisation des unités stratégiques de production. La politique monétaire, commune au sein de l’UEMOA, était caractérisée par une certaine restriction du crédit ; ce qui constituait également une contrainte à l’éclosion du secteur privé local. Avec les chocs subis par l’économie (cycle de sécheresse, baisse des termes de l’échange, chocs pétroliers) et le déclin des secteurs arachidiers et miniers, le système a commencé à montrer ses limites vers le début des années 70 avec des risques évidents de crise d’insolvabilité : ralentissement de la croissance du PIB (2,8 en 1960-70 ; 2,3 en1975-80), et de sa croissance par tête qui devient négative (-0,5%). Des politiques d’ajustement structurel sont ainsi mises en œuvre à travers des programmes de stabilisation, pour corriger les déséquilibres, et des programmes d’ajustement, pour relancer la croissance, accompagnées d’un vaste programme de réformes visant à réduire le rôle de l’Etat dans l’économie, favoriser le développement du secteur privé, assouplir la législation du travail et ouvrir l’économie sur l’extérieur. Toute une série d'autres réformes ont également été élaborées concernant les privatisations partielles ou totales, la dissolution de certaines sociétés, la réduction des subventions aux entreprises publiques allant jusqu’à 50%, en1990. Le processus de désengagement de l’Etat aura des incidences directes sur les populations par la réduction du nombre d’emplois, conduisant les autorités à mettre n place une stratégie de développement pour la période 1996-2001 inscrite dans le IX° Plan d’orientation pour le développement économique et social ,dénommée « Compétitivité et Développement humain durable ». En vue de renverser les tendances négatives, les autorités sénégalaises ont aussi créé des mécanismes de concertation et des processus de participation à divers niveaux de décision. Bien que toutes les politiques d’ajustement structurel fassent du secteur privé moderne l’acteur principal du développement économique et social, le secteur privé structuré n’est pas parvenu malgré tout à jouer un rôle plus déterminant pour stimuler la croissance. Son expansion reste insuffisante (14% en 1993-94, 17% en1994-95, 18% en 1996-97) et le taux d’investissement privé est trop faible pour assurer des gains de productivité significatifs à l’économie (13,1% en 1998). Même si les politiques mises en œuvre ont favorisé une reprise de la croissance, elles n’ont pas permis de relever le niveau de vie des populations. La crispation autour de l’équilibre financier depuis son accession à l'indépendance, le Sénégal a bénéficié d’une importante aide extérieure qui en faisait l’un des pays les plus assistés. Le pays s’est cependant engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie. Les résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement de l'inefficacité des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance. court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement. court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement. L’analyse de la nature et des déterminants de la politique sociale au Sénégal durant cette période montre, en effet, une inadéquation entre le niveau et la structure des dépenses publiques avec les objectifs de développement social affichés par le Gouvernement d’une part, avec les impératifs de développement durable d'autre part.
40
En matière de santé, le Sénégal est resté confronté à une situation médiocre qui a eu des conséquences négatives sur la productivité de la main d’ œuvre, la richesse des populations et sur le processus de développement en général. L’une des principales limites a été la faiblesse de la demande effective par rapport à la demande notionnelle, traduisant des besoins sanitaires insatisfaits. L’accès à la santé a été également limité par la faiblesse de l’offre, tant en termes quantitatifs que qualitatifs, du fait notamment des déficits dans la fourniture des biens et services sanitaires, dans la production nationale de médicaments de base, et du fait du défaut d’une politique d’entretien des infrastructures, de formation et de motivation du personnel. Malgré les efforts faits pour atteindre la recommandation de l ’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixée à 9% du budget national, les ressources allouées à ce secteur sont, en 2000, inférieures à ce montant (7,26%) et ne permettent pas d’édifier une offre suffisante pour satisfaire la demande. La couverture sanitaire demeure encore très faible : seuls 65% de la population accèdent à un service de santé à moins de 5km. Il y a seulement 01 médecin pour 13.210 habitants. Plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre de différents plans, programmes et réformes entrepris par l’Etat. Cependant en 2000, les indicateurs de santé continuent à montrer de faibles résultats : l’espérance de vie n’est que de 52 ans ; sur 1000 naissances vivantes, 70 décès avant un an et 145 avant cinq ans ; le taux de mortalité maternelle est estimé à 510 cas pour 100.000 naissances vivantes. L’infection VIH/Sida a progressé malgré la faible prévalence ; un enfant sur cinq souffre d’insuffisance pondérale, dont 8% présentent un état de sous- nutrition chronique ou émaciation ; le paludisme demeure la première cause de morbidité avec 25% des cas déclarés et la prévalence de la diarrhée touchait encore 26% des enfants âgés de moins de cinq ans. Ces chiffres cachent, par ailleurs, des disparités importantes selon le milieu de résidence. On a pu souligner de fortes disparités régionales dues à une trop grande concentration de l’offre, des différences de niveau dans les besoins plus prononcés chez les femmes et les enfants, ainsi qu’une gamme très inégales des revenus des populations dans un système où l’individu accédait aux soins en fonction de ses besoins et de ses propres capacités à les financer. En matière d’éducation, si la couverture s’est améliorée, l’accès des pauvres à l’éducation est resté limité. Nous n'allons pas nous attarder sur la situation de l'éducation au Sénégal dont l'analyse a été faite ailleurs. Quant au marché du travail il se caractérise essentiellement par une augmentation rapide de la demande d’emploi face à une insuffisance de l’offre, aussi bien en quantité qu’en qualité. Chaque année la croissance démographique déverse sur le marché de l’emploi un supplément qui accroît la demande nationale. Le rythme d’accélération de cette demande est plus prononcé dans les zones urbaines (du fait de l’exode rural), chez les jeunes (compte tenu de la structure démographique par âge) et, dans la dernière période, chez la population féminine (à cause de l’augmentation du taux d’activité). La faiblesse de l’offre d’emploi est restée liée aux facteurs structurels de l’économie sénégalaise, notamment à une croissance peu dynamique tirée par des secteurs peu créateurs d’emploi comme l’agriculture et le tourisme, bien que ces deux secteurs utilisent une main d’œuvre importante, ils parviennent difficilement à pérenniser les emplois, du fait du caractère saisonnier de leurs activités, à la réduction d’emplois dans les secteurs public et para public dans le cadre du rétablissement des grands équilibres économiques et à l’assouplissement de la législation du travail introduite pour attirer les investissements.
Le marché de l’emploi sénégalais s’est caractérisé, durant cette période, par la destruction d’emplois dans le secteur moderne de l’économie (notamment dans les entreprises non financières, les sociétés d’assurances et la fonction publique), face à une forte évolution des emplois dans l’économie informelle. Le secteur informel dominait et domine toujours les activités du secteur
41
privé : la part de celui-ci dans le PIB était de 85%, dont près de 60% venant du secteur informel contre 25% du secteur structuré ; au moins 50% de l’emploi dans les zones urbaines étaient fournis par le secteur informel. En ce qui concerne le cadre de vie des populations, l’exode rural vers des pôles économiques en zone urbaine, combiné à une croissance démographique annuelle de 2,7% ont rendu difficile un développement spatial adapté aux objectifs économiques et sociaux. Les difficultés d’accès au logement, l’occupation irrégulière de l’espace ainsi que l’absence d’infrastructures sociales de base étaient des problèmes récurrents qui n’ont pas été résolus par les politiques sectorielles de l’habitat. Ces problèmes étaient en relation avec la dégradation de l’environnement. Dans le secteur de l’habitat, les politiques publiques ont été confrontées à un manque très important de dispositions réglementaires, à l’absence de mécanismes de contrôle efficace, à une faible délimitation des responsabilités et à une lourdeur des formalités administratives. L’offre de logement a été inadaptée aux besoins des populations ce qui a créé une occupation anarchique et à l’érection d’installations incompatibles avec un cadre de vie favorable à un développement humain durable. Les coûts financiers ont été exorbitants pour les populations, les exonérations prévues par la loi en faveur des couches les plus pauvres n’ont pas eu, dans la pratique, l’effet escompté. Dans l’ensemble, force est de constater, le faible impact sur le niveau de vie des populations des politiques de développement mise en œuvre les vingt années allant de 1980 à 2000 et l’échec relatif des programmes d’ajustement structurel. L’ampleur et la gravité de la situation se sont traduites par un appauvrissement croissant des populations, la persistance de la corruption mais aussi par une aspiration des citoyens à participer davantage à la gestion des affaires.
Qu'en est-il avec l'avènement de l'alternance ? Pour l’essentiel, les politiques et tendances économiques n’ont pas connu de rupture suite à l’alternance politique intervenue au Sénégal à la fin du premier trimestre 2000. Le nouveau gouvernement a poursuivi les orientations de la stratégie de développement national et a entériné les différents engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale, tout en renforçant l’intégration régionale. Dans ce contexte, le Sénégal a été accepté en juin 2000 comme pays bénéficiaire de l’Initiative renforcée en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) lancée en 1996 sous l’égide de la BM , du FMI et des principaux pays créanciers membres du Club de Paris. Il a eu accès à une aide intermédiaire constituée par les premiers versements au titre des annulations prévues. Ceci a été possible après qu’il a présenté un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui a été approuvé par les Conseils d’Administration de la BM et du FMI. Un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1) sera élaboré « à travers un processus participatif » et sera réactualisé (DSRP2) intégrant la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Le Sénégal pourra ainsi bénéficier de la mise en œuvre de la totalité des allégements de dette prévue dans le cadre de cette initiative. Compte tenu du poids de la dette sur le budget national, ces avantages semblent déterminants pour le bon déroulement de la L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale stratégie de croissance.
L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale stratégie de croissance et réduire significativement la pauvreté. Dans un contexte de mondialisation accrue, les efforts sont destinés à améliorer la compétitivité globale et sectorielle de l’économie en vue d’assurer la viabilité extérieure et intérieure de l’économie.
42
En 2005 le Gouvernement et le Système des Nations Unies (SNU) ont entamé le processus d’élaboration d’un Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF). Il constitue une réponse collective du système aux principaux défis de développement du pays, identifiés à travers un diagnostic commun de la situation (Bilan Commun Pays) issu du processus d’élaboration du nouveau document de réduction de la pauvreté (DSRP2 – 2006/2010), fondé sur l’évaluation des avancées en direction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2001-2015) et intégrant les éléments de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Il ressort de l'ensemble de ces actions des résultats à apprécier à deux niveaux:
Sur plan macroéconomique : Des performances macroéconomiques appréciables mais insuffisantes.
Sur le plan social: Des résultats encore faibles au plan du développement humain particulièrement dans le monde rural où résident les couches sociales les plus défavorisées.
. La prévalence de la pauvreté demeure relativement élevée au Sénégal. L’enquête ESAM I ( ?) révèle qu’au milieu des années 1990, 58% des ménages, soit 65,6% de la population vivaient en deçà du seuil de la pauvreté. L’Enquête de Perception de la Pauvreté au Sénégal (EPPS) réalisée en 2001 indique que près des deux tiers des ménages interrogés se considèrent comme pauvres et près du quart comme très pauvres. En outre, 64% des ménages estiment que la pauvreté s’est aggravée durant les cinq dernières années.
Cependant une enquête plus récente (ESAM II) révèle une baisse du taux de pauvreté. La proportion de la population pauvre est passée ainsi de 67,9% en1994/95 à 57,1% en 2001/02, soit une baisse de16% en termes relatifs. Cette enquête confirme la répartition inégale de la pauvreté selon les zones géographiques. La pauvreté est en effet plus marquée dans les zones rurales où sa baisse est moins accentuée. En effet la proportion des ménages pauvres en milieu rural est passée de 65,9% à 57,5% dans la même période, soit une baisse de 13% environ. C’est dans les deux régions de Kolda et de Ziguinchor que la pauvreté au niveau des ménages est la plus élevée (deux ménages sur trois). Sur la période considérée, on enregistre une baisse de 33% environ dans la région de Dakar contre 31% dans les autres villes du pays.
II.-TABLEAUN SYNTHETIQUE DES PROBLEMES DE DEVELOPPEMENT
a) La pauvreté recule mais demeure encore importante. DIAGNOSTIC
CONTRAINTES
ROLE ET
RESPONSABILITES
DES ACTEURS
AXES DE
DEVELOPPEMENT
43
Selon les diagnostics de la
pauvreté établi en 2005 : Prévalence encore élevée
de la pauvreté : - Contraction de la
population vivant en
dessous du seuil de la
pauvreté de 16% entre
1994 et 2002. - L’incidence de pauvreté
au niveau des ménages
passe de 61,4% à 48% - Mais la perception des
ménages indique 65% de
pauvres dont 23% très
pauvres. - En milieu rural 65,1% des
individus et 57,5 des
ménages vivent en dessous
du seuil de la pauvreté. - En milieu urbain,
respectivement 50,1% et
43,3% (à Dakar :42,2% et
33,6%) - La même tendance est
confirmée dans les régions.
- Le manque
d’opportunités entraîne
l’émigration massive des
jeunes vers l’Europe. Résultats mitigés des
politiques de lutte contre
la pauvreté. - 37,8% des 5 / 15 ans
travaillent (1048000), - Autant sont analphabètes. - 500000 mineurs subissent
les pires formes de travail
(340000 sont des
domestiques, 1000000 des
mendiants dont 20000 à
Dakar) - Selon le DSRP 2, 400000
jeunes sont en grande
précarité, 100000 enfants
sont sexuellement
exploités,
- 56% de ménages 3° âge
sont pauvres ce qui les
exclut de la citoyenneté,
des instances de décision,
Causes immédiates (structurelles) de
la pauvreté : * La faible productivité des facteurs de
production et la baisse des gains de
productivité. * Une économie rurale faible, peu
productive et majoritaire. - plus de 2/3 de la population pour
10% du PIB (2004) - baisse tendancielle des rendements, - l’analphabétisme le manque de
formation empêchent la promotion du
monde rural et la modernisation
agricole. *La croissance est faible et
insuffisamment pro pauvre (2,7% entre
80 et 2000, le taux est inférieur à ceux
de la démographie et de la dette) - les secteurs concernés sont peu
pourvoyeurs d’emploi, - la vulnérabilité du pays par rapport à
l’évolution du marché mondial crée un
déséquilibre des échanges. -*La faiblesse voire l’inexistence de
protection sociale -le système de sécurité sociale est
résiduel (seuls 7,8% de la population
active et 12% de la population totale
bénéficient de couverture sociale ;
seuls 5% des affiliés sont de la
population rurale) Causes sous-jacentes *La prépondérance du secteur informel
dans la création d’emploi et de richesse
- Il représente 56% du PIB du Sénégal
et 10,7% de celui de Dakar. *La répartition inégale des revenus - 20% des plus riches contrôlent 41%
des richesses
- 20% les plus pauvres ont 8% des
revenus. *La faiblesse des infrastructures
d’accompagnement des activités
économiques - Les télécommunications se
développent, les secteurs de l’énergie,
des transports et de l’eau potable
connaissent des déficits et une
mauvaise qualité des services. * L’inadéquation entre la formation et
l’emploi des jeunes.
Etat - Améliorer
constamment le climat
des affaires pour
encourager les
investissements
nationaux et étrangers.
- Promouvoir une
croissance pro pauvre
génératrice de revenus
Partenaires - Mettre en cohérence
leurs inter- ventions
autour des priorités
nationales et pour une
meilleure
complémentarité. Etat - Promouvoir l’équité - Adopter des
politiques de
redistribution plus
efficaces pour la
promotion d’une
croissance pro pauvre
créatrice d’emplois et
de revenus
Privé - jouer un rôle moteur
dans la croissance par
la création d’emplois
et de richesses et par
l’amélioration de
l’accès aux services
sociaux de base. Etat - promouvoir des
opportunités de
développement local
et de décentralisation Société civile - jouer un rôle de
veille, de médiation et
de plaidoyer pour
renforcer la cohérence
d’ensemble et la
vision consensuelle à
long terme des
Diversifier
l’économie Créer une
croissance durable Etendre la
protection sociale Promouvoir
l’emploi Améliorer l’accès
aux services sociaux
de base. Renforcer la
gouvernance et le
contrôle citoyen sur
l’action publique.
44
et du système de prise en
charge. - la vulnérabilité du 3° âge
est accrue du fait de la
dépendance financière des
jeunes.
- L’entrée précoce dans le travail :
32,5% des 10/14 ans - L’offre de formation faible - l’exploitation et les pires formes de
travail faites aux enfants. *les carences dans le contrôle externe
des dépenses publiques : - L’utilisation irrationnelle des
ressources publiques (Finances
publiques – dépassements et
réorientations budgétaires - ;
Passations des marchés) - Le contrôle de l’Assemblée
Nationale et de la Cour des Comptes
insuffisant. *les difficultés de la Décentralisation
du Développement local : + Une décentralisation peu profonde
en rapport avec : - la faiblesse des ressources
financières - la faiblesse des capacités
humaines des élus et services
déconcentrés de l’Etat dans la gestion
des compétences transférées - le dispositif de mise en œuvre et
de suivi non fonctionnel - la stratégie de réduction de la
pauvreté aux niveaux sectoriel et local,
inerte. - non articulation entre lutte
contre la pauvreté et décentralisation. Causes profondes (tendances
lourdes) * Les aléas climatiques et naturels - les exportations sont dépendantes
des ressources naturelles et des
facteurs climatiques. - la vulnérabilité du pays par
rapport aux facteurs exogènes :
fluctuation des prix des matières
premières ; catastrophes. - la précarité de l’habitat et du
milieu de vie des populations pauvres. *Les difficultés des PME vis-à-vis : - du crédit bancaire, explique les
projets à faible profitabilité - de l’environnement juridique et
commercial problématique. *Les difficultés d’accès au foncier - pour la reconnaissance des droits
réformes grâce à la
Participation Etat Améliorer sa capacité
de pilotage du
développement par la
mise en œuvre
effective des réformes
et par la promotion de
l’équité. Partenaires. Appuyer dans la mise
en œuvre de certaines
réformes socio
économiques et
financières. Appuyer pour une
meilleure
coordination. Développer de
nouvelles pratiques
pour l’alignement,
l’harmonisation des
procédures, l’allège-
ment des coûts de
transactions et
l’accroissement de
l’appui budgétaire.
Renforcer la Com-
mission Nationale
de lutte contre la
Corruption et la
Concussion Renforcer
l’intégration sous-
régionale, régionale
et continentale.
45
de propriété foncière, - l’impossibilité liée de garantir des
parcelles pour le financement. *L’impact des politiques publiques sur
les conditions de vie - la lenteur de la mise en œuvre des
politiques publiques - la faible qualité de la
programmation et de la gestion des
dépenses publiques - la faiblesse des Ministères dans la
formulation, la mise en œuvre, le suivi
des politiques, programmes et projets. - la corruption qui demeure u
problème majeur.
b) La faim et la malnutrition sont en baisse mais persistent encore. DIAGNOSTIC
CONTRAINTES
ROLE ET
RESPONSABILITES
DES ACTEURS
PERSPECTIVES DE
DEVELOPPEMENT
L’insuffisance des
productions et la
baisse du taux de
couverture des
besoins :
- céréales : 61% en
99-00 ; 50% en 20
01 ; 35% en 01-06. - viandes : 20kg/hbt
en 60 ; 11,6 en 1999. - lait : 42l /hbt en 93 ;
26 en 1998. - riz : importation 600
mille tonnes/an. Nb : la sous –
alimentation touche
24% de la population
en 2001. La malnutrition. - Insuffisance
pondérale pour 19,2%
des enfants de moins de
5 ans en 2001 contre
Causes immédiates. -La production céréalière insuffisante, - Les interdits alimentaires aux enfants et
femmes enceintes, - La faiblesse des revenus affecte le
pouvoir d’achat des ruraux, - Les pratiques alimentaires inadéquates
concernant l’allaitement maternel exclusif
peu pratiqué et le sevrage, - La prévalence des parasitoses
intestinales et la situation sanitaire
précaire, - Les soins prodigués aux enfants de
manière inappropriée pendant les épisodes
de diarrhées. Causes sous-jacentes : - La faible performance du secteur
agricole, - Les effets néfastes des subventions des
produits agricoles et agro alimentaires
occidentaux sur les productions locales, - Le faible niveau de scolarisation des
femmes est un facteur aggravant de la
malnutrition.
Etat. - La Loi
d’Orientation Agro-
Sylvo-Pastorale qui
doit servir de fonde-
ment aux plans de
développement
agricole et forestier,
n’est pas décrétée. - Peu de visibilité et
de lisibilité à la
conduite de l’activité
productive en milieu
rural. - Pas de politique de
prévention et de
gestion des risques et
catastrophes
opérationnelle. Société civile, Elus,
Privé. Contribution à
l’effort de formation,
de sensibilisation et à
Opérationnaliser les
lois, Renforcer les capa-
cités des acteurs par
- infrastructures
marchandes - pistes de production
- le désenclavement, - la baisse des coûts
des facteurs. Améliorer la
production locale : - la transformation
sur les lieux de
production et
l’approvisionnement
des villes - le développement
du vivrier marchand
par la promotion des
marchés ruraux. - Renforcer les A G
46
16% en 2005. - Ce taux est de
23,3% en milieu rural
contre 12,2% en
ville. - L’insuffisance
pondérale sévère
touche 5,9% des
enfants sénégalais.
Elle est plus aigue à
Kaolack 27,8% ; à
Diourbel 25,4% à
Tamba 24,7%
Causes profondes. - Les politiques publiques instables
concernant le secteur agricole et leur mise
en œuvre tardive, - Les aléas climatiques et naturels
(sécheresse, inondations, pluies hors
saison), la dégradation du capital foncier,
le péril acridien, rendent l’activité
productive vulnérable. - La surexploitation des ressources
naturelles (poissons, foncier, pâturages et
forêts) affecte la couverture des besoins
alimentaires, La dégradation du cadre de vie en
campagne comme en ville, est un facteur
aggravant. - Le % de pauvreté élevé des ménages
(57,1 en 2002 avec de fortes disparités en
défaveur du monde rural).
la valorisation des
potentiels de
production. Partenaires - Appui à l’Etat dans
la lutte contre les
subventions aux
exportations du Nord.
- Valorisation de la
production.
R - Renforcer la
nutrition en milieu
scolaire et sanitaire
ainsi que le
déparasitage, - renforcer les acteurs
en gestion de risques
et catastrophes.
c) Les pratiques discriminatoires portant atteintes aux droits de la femme
DIAGNOSTIC
CONTRAINTES
ROLE ET
RESPONSABILITES
DES ACTEURS
PERSPECTIVES DE
DEVELOPPEMENT
Discriminations sociales et
culturelles. -L’empreinte culturelle à
dominante patriarcale crée des
stéréotypes qui confinent la
femme aux tâches
domestiques et procréatives. - Les coutumes et la religion
confortent la « normalité » de
ces discriminations ( ?) - Les grossesses précoces dues
au mariage précoce et aux
rapports hors mariage - La caporalisation des
instances et organismes de
décision par les hommes crée
la sous- représentation des
femmes Discriminations juridiques - Le code de la famille crée
des discriminations entre les
parents
- Le statut insuffisamment
valorisé de la femme dans
la société et la défense par
les hommes de leurs
avantages acquis. - La faible capacité de
négociation des femmes
limite leur présence au
niveau des instances de
décision. - L’insuffisance des efforts
en vue d’intégrer les
conventions internationales
signées et la faible
La famille et la
communauté. - Sensibilisation pour
la promotion de
l’égalité et de l’équité
- Renforcer leurs
capa- cités en matière
de genre - Promotion de la
scolarisation des filles
et l’alphabétisation
fonctionnelle, La société civile - Les leaders
d’opinions et
religieux mobilisent la
société autour des
objectifs des
politiques et pour le
changement des
comportements. - Plaidoyer pour la
Eduquer et for- mer
la femme. Appui à l’exercice
effectif de ces
droits. Renforcer la con-
naissance des droits
de la femme.
47
- Des décrets d’application ne
sont pas pris, publiés ou
diffusés ce qui bloque des
mesures favorables à l’équité. - Des mesures contradictoires
sont prises par rapport à la
protection contre les violences
faites aux femmes. Discriminations au niveau de
l’éducation et de la
formation. - Développement insuffisant
des capacités et compétences
valorisant leur participation - Fortes disparités : Au Préscolaire % d’accès moyen annuel filles
9,2 ; garçons 9,8 Au Primaire : % d’inscrits au CI /2003 : F
81% ; G 89,5% TBS /2003 : F 72, 3% ; G
79,3% Aux Secondaire et
Supérieur : respectivement, F
33% et 19,6% des effectifs. Discriminations d’accès aux
opportunités économiques - Accès difficile aux facteurs
de production et aux
ressources (dont le crédit
bancaire et la terre) par
manque de garantie - L’exploitation agricole des
femmes sont plus petites et
moins rentables du fait des
moindres accès au matériel et
intégration aux circuits
économiques. - Les AGR sont monopolisées
par les hommes, les
productions féminines sont
destinées à
l’autoconsommation. - Il y a peu de chefs
d’entreprises parmi elles. - Cette dépendance
économique réduit leur
pouvoir décision, leur capacité
de négociation et entraîne un
accès limité aux soins de
application du principe
d’égalité et d’équité de
genre. - L’absence d’une culture
du droit et la difficulté
d’assurer la mise en œuvre
des lois adoptées. La complexité des règles de
procédures judiciaires et de
preuve pour les femmes
analphabètes. Causes immédiates des
discriminations
éducatives - L’analphabétisme et le
faible accès à la formation
valorisante et capacitante
de la femme en tant que
citoyenne, productrice et
mère. Causes sous-jacentes - La charge de travail de la
mère, - Le manque de confiance
en soi, - Le mariage et les
grossesses précoces, - L’opposition du mari. Causes profondes des
disparités des effectifs : - La division sexuelle du
travail, - La faible discrimination
de genre dans les politiques
et programmes de
formation Causes immédiates des
discriminations
économiques : - Le manque
d’informations sur les
opportunités économiques, L’accès difficile à l’emploi,
au crédit et aux facteurs de
production. Causes sous-jacentes - L’analphabétisme élevé, - Le pouvoir de négociation
promotion des droits
des femmes. - Mobilisation de
ressources
supplémentaires pour
la mise en œuvre d’un
programme de
promotion de l’égalité
et de l’équité. Etat -Harmoniser les lois
et textes avec les
conventions pour
permettre la présence
des femmes dans les
sphères de décision
comme actrices. - Application des
mesures de protection
de la femme pour sa
promotion
économique et sociale
(Loi sur l’autorité
parentale). -Mise en place d’un
dispositif
institutionnel incluant
des structures de
promotion, des
institutions de
finance- ment
formelles et
informelles et des
organes de
communication. Partenaires - Assistance au
gouvernement pour le
renforcement des
capacités au niveau
national et pour la
mobilisation des
ressources.
Renforcer les capa-
tés des acteurs et
leur coopération
(SDA, société civile,
ONG, femmes
leaders, groupements
de promotion
féminine en
synergie) Favoriser l’accès
aux moyens de
production, au
crédit et aux
marchés.
48
santé, des risques élevés de
mortalité et d’infection
aux MST / SIDA.
faible sur le marché de
l’emploi, - Le contrôle faible sur le
produit de leur travail, Des pratiques
redistributives peu
favorables à l’accumulation
et à l’investissement, Les faibles disponibilités
financières. Causes profondes - La faible politique de
l’Etat pour le renforcement
des capacités et la création
d’opportunités
économiques et sociales
(dont la faiblesse des
politiques et actions pour
l’allègement des travaux)
III.- RECOMMANDATIONS Aux recommandations présentées dans les différents tableaux l'on peut ajouter une recommandation qui nous paraît essentielle c'est la mise en œuvre d'une politique sociale audacieuse Un des effets majeurs des différentes politiques sociales mis en évidence par l'évaluation générale des politiques c'est l'insuffisance, voire l'inexistence de la Protection sociale. A l’heure actuelle, c’est bien le programme mis en pratique par les gouvernements libéraux des années 1980 et 2000 qui non seulement montre des signes de faillite pratique (la pauvreté s’accroît, les inégalités face à la vulnérabilité également), mais qui également montre son incohérence théorique, sinon le faible niveau de connaissance empirique et de simple bon sens des discours qui l’ont organisé. Si l’inadaptation du paradigme néolibéral devient incontestable ; ce n’est pas pour autant que des projets sociaux ou sociétaires alternatifs émergent. La question de la protection sociale doit être au cœur de tels projets alternatifs. L’histoire a au moins montré une chose en Europe : quand la protection sociale est au cœur d’un projet politique, ses effets, en matière de réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité, mais aussi ses effets productifs, sont rapides et massifs. Quand le problème est rejeté à plus tard, ce qui est présenté comme « politiques sociales » se réduit à une parodie et un cortège d’effets pervers. Au plan national, le BIT met en œuvre « une stratégie intégrée d’extension de la couverture sociale aux personnes non protégées, qui comprend trois modes d’action complémentaires :
L’extension à partir des mécanismes « classiques » de sécurité sociale : assurances sociales, prestations et systèmes universels et programmes d’assistance sociale ;
49
La promotion et le soutien au développement de nouveaux systèmes décentralisés issus d’initiatives locales, en particulier la micro assurance ; La conception d’articulations et de ponts entre les systèmes décentralisés et les autres formes de protection sociale et d’intervention publique.
.
. B.- LA SANTE I.- CONTEXTE : ETAT DES LIEUX La Santé constitue, avec l’Education, les deux secteurs qui doivent garantir à un pays des ressources
humaines de qualité. Longtemps considérés, à tort, comme des domaines non productifs, il est
maintenant établi qu’il s’agit-là de secteurs parmi les plus importants. Même les partenaires au
développement (ou bailleurs de fonds) les plus récalcitrants ont fini par admettre l’intérêt d’investir
dans la santé des populations.
Il est permis de passer en revue les différents domaines du secteur de la santé : les infrastructures,
les ressources humaines, la gestion du secteur, le financement de la santé, les laboratoires, les
médicaments, la prévention et l’hygiène, les domaines sociaux, les secteurs liés à la santé, les
médecines sectorielles.
L’analyse de la situation du secteur montre certes bien des acquis comme la construction de
nouvelles infrastructures, le recrutement de personnels de santé, l’important financement du secteur,
y compris par une forte contribution des populations, la suppression de taxes sur les médicaments
etc. mais le constat est le même : la santé coûte cher et il y a beaucoup de mécontentement aussi
bien chez les populations qu’au sein des professionnels de la santé. Les soins de qualité et surtout
spécialisés sont peu accessibles en dehors des grands centres urbains, beaucoup de réflexions et
d’accords pertinents attendent encore d’être appliqués, les hôpitaux croulent sous la dette et la
mauvaise gestion, en matière d’infrastructures et de ressources humaines le Sénégal est encore loin
des normes, le commerce illicite des médicaments fait encore rage, de même que la corruption. Le
laboratoire, le service d’hygiène, la santé bucco-dentaire, la médecine traditionnelle souffrent
encore d’un manque de considération notoire.
Les tableaux ci-dessous résument l’ensemble des points forts et points faibles relevés pour chaque
domaine du secteur de la santé. Nous formulons quelques propositions à la suite des tableaux.
(document).
II- TABLEAUX DE PRESENTATION DE LA SITUATION DE LA SANTE
Domaines Points forts Points Faibles
50
8. Domaines sociauxHandicapés Amélioration de l’accessibilité
physique aux structures
- Disponibilité réduite de soins spécialisés - Accessibilité financière faible
Sujets âgés
Mise en place du plan sésame
- Pénurie de spécialistes de la Médecine
du sujet âgé - Problème de prise en charge des soins
Santé de la Reproduction
- Affectation de Sages Femmes dans
les centres de santé - Existence de Programme de Santé
de la Reproduction
- Spécialistes de gynécologie insuffisants - Soins spécialisés pas toujours
accessibles dans les régions
Maladies de l’Enfance
- Réduction morbidité et mortalité
- Programme de prévention de la
transmission du VIH
- PEV et programme de nutrition
- Accessibilité aux soins spécialisés réduite
dans les régions - Ressources humaines insuffisantes
Revendications
syndicales
- Réflexion menée sur les problèmes
du secteur - Protocoles d’accord signés avec
différents Ministres
- Instabilité sociale - Politique de pourrissement - Non respect des engagements pris par le
gouvernement - Griefs aux syndicats par rapport aux
comportements de leurs membres
9. Autres secteurs liés à la Santé Assainissement
-
- Mauvaise répercussion sur le niveau
d’hygiène - Endémicité des maladies aux mains sales
Pauvreté
- Programme de lutte contre la
pauvreté - Solidarité naturelle des populations
sénégalaises
Inaccessibilité aux soins de qualité de la
plupart des populations Faible taux de fréquentation des structures
de santé
10. Médecines sectorielles Maladies chroniques
- Décentralisation de la lutte contre le
Diabète - Subvention de l’insuline - Existence de programmes de lutte
- Ressources humaines spécialisées
insuffisantes - Faiblesse de l’appui institutionnel et
financier
Maladies endémiques et
épidémiques
- Existence de programmes de lutte
contre certaines de ces maladies - Importance de l’appui financier à
certains programmes
- Problèmes d’organisation et de
management - Absence de solidarité entre programmes - Problèmes de stratégie vaccinale
Accidents, Urgences
Catastrophes
- Existence d’un plan ORSEC - Mise en place SAMU en cours - Réflexion pour décentraliser les
soins spécialisés
- Insuffisance ressources humaines - Déficit en infrastructures
- Problèmes de disponibilité des implants
- Problème de la prise en charge financière
- Absence de structures de soins de longue
durée
Santé bucco - dentaire
- Possibilité de formation des
Ressources humaines - Multiplication des cabinets dentaires
- Manque de considération
- Rareté des ressources humaines - Faiblesse des moyens - Coûts élevés des intrants
Médecine traditionnelle
- Disponibilité de produits naturels - Efforts d’intégration dans le système
- Manque d’organisation - Absence de reconnaissance formelle - Beaucoup de confusion dans le secteur
51
sanitaire
- Intégration insuffisante dans le système
sanitaire
Exercice illégal
- Beaucoup de textes réglementaires
existent - Existence d’Ordres nationaux
- Faiblesse de la volonté politique - Non application des textes - Ampleur de l’exercice illégal et de la
publicité interdite
B. Les droits à un environnement sain et durable (insuffisamment promus.)
DIAGNOSTIC
CONTRAINTES
ROLE ET
RESPONSABILITE
DES ACTEURS
PERSPECTIVES
DE
DEVELOPPEMENT
Difficultés en matière de
protection de
l’environnement Gestion des ressources
naturelles - La dégradation des
superficies agricoles (2,4 millions d’ha / 3,5
millions d’ha cultivables)
entraîne la baisse des
rendements. - La salinisation des terres et
des eaux - Les pressions humaines
sur les milieux entraînent la
déforestation. - Les pressions foncières, - La gestion des déchets
(collecte et traitement, - La pollution (rejets gazeux
des industries, des
véhicules ; déchets solides,
pesticides obsolètes, eaux
usées industrielles) - L’accès à l’eau, en raison
de la diminution des
précipitations, de
l’éloignement des zones de
production et de
consommation, crée des
difficultés aux ménages
ruraux. - La qualité des eaux
Causes immédiates. Causes humaines - La détérioration des sols, forêts et
l’affaiblissement des patrimoines
fauniques, piscicoles, de la bio
diversité et de la flore du fait de
l’accroissement des besoins liés au
développement des activités
économiques et sociales. Causes naturelles
- La salinisation des sols, - L a désertification, - La pollution atmosphérique par
l’industrie et les transports. Le Cadre de vie : une urbanisation
mal maitrisée : - L’habitat et l’occupation
anarchique des sols, - La défaillance des systèmes de
collecte des ordures, - La non généralisation du système
de canalisation. Causes sous-jacentes - pénuries de capacités structurelles
des acteurs chargés de la gestion de
l’eau ou de l’environnement. - L’application timide des textes
réglementaires ou législatifs, - Le non respect des textes juridiques
relatifs à la construction. - L occupation anarchique des sols, - La prévention limitée des risques
industriels,
Communautés et
Collectivités locales :
- Investissement dans
les campagnes de
sensibilisation : les
leaders mobilisent la
population,
l’influencent pour
aider l’Etat à traduire
ses politiques. - Démultiplier et
appliquer les codes
locaux de conduite et
les initiatives
communautaires de
gestion des terroirs. ONG et Secteur
privé : - S’impliquer pour la
sensibilisation, le
financement et la
gestion des activités
de protection et de
sauvegarde. Etat : - Veiller à
l’application des
textes en appuyant les
SDE / SDA ? - Renforcer les
moyens des acteurs
pour la protection et
le contrôle,
Prise en compte des
défis dans les
Cadres
Stratégiques de
Développement et
de Lutte contre la
pauvreté. Renforcer les capa-
cités d’anticipation,
de gestion, de
coordination et de
suivi-évaluation à
tous les niveaux. Diffusion de l’info
environnementale
détenue par les
structures
compétentes et
sensibilisation des
populations en
gestion des
ressources, du
cadre de vie et de
l’habitat. Mobilisation des
acteurs, des
ressources
financières et
promotion du
partenariat
52
souterraines exploitée par
les forages pose problème
(fluor, nitrates) pour
certaines zones. Dégradation du Cadre de vie
- La pression
démographique et les
migrations rendent des
zones insalubres et
impropres à l’habitat,
sujettes à des occupations
irrégulières. - Les inondations liées à une
urbanisation mal maitrisée
créent des périls que ni le
Plan ORSEC, ni le Plan
Jaaxaay n’ont pu écarter
malgré 52 milliards de CFA.
- La corruption et l’incivisme
ambiants. Causes profondes : - La faiblesse des politiques de
l’habitat et de l’urbanisme par
rapport à l’accroissement de la
population urbaine, - L’insuffisance des moyens pour
faire face à la demande de logements
et d’infrastructures, - La faiblesse des politiques et
initiatives pour l’autopromotion et la
responsabilisation des populations, - Le non exercice par les institutions
compétentes de leur pouvoir de
contrôle et de cœrcition, - Les facteurs naturels, les
comportements humains, le mode de
vie et de consommation impropres,
obèrent les potentialités de
développement ; - L’exode rural, - La concentration à Dakar des
activités socio culturelles, - La pauvreté et la vulnérabilité.
- Encourager la
responsabilisation et
l’appropriation des
communautés pour la
gestion de leurs
terroirs, - Mettre en
application effective
les textes sur la
Décentralisation et le
transfert de
compétences aux
collectivités locales
pour renforcer leurs
capacités écologiques
et de gestion.. Partenaires : - Appuyer
techniquement et
financièrement, la
conception et la mise
en œuvre des
politiques de
protection de
l’environnement et du
cadre de vie.
public/privé à
l’échelle nationale
et internationale.
III. - RECOMMANDATIONS
Dans le domaine de la santé, les progrès accomplis depuis une dizaine d’années demeurent insuffisants, notamment en ce qui concerne la mortalité infanto juvénile et celle des mères. Après une période de stagnation, voire même de recrudescence de la mortalité des enfants, les résultats de l’EDS IV (2005) attestent une certaine amélioration des conditions de survie de l’enfant. En effet, de 1997 à 2005, le taux de mortalité infanto juvénile est passé de 143/1000 à 121/1000 et celui de la mortalité infantile de 70,1/1000 à 61/1000. Le Sénégal est cité, généralement, comme le pays de référence en Afrique dans la lutte contre le VIH/SIDA . Par contre, il enregistre encore des contraintes non négligeables sur le plan du paludisme. Les conditions d’hygiène individuelle et collective et d’assainissement demeurent précaires. Les carences alimentaires sont responsables de la dégradation de l’état de santé des populations. La malnutrition atteint de façon chronique 16% des enfants de moins de cinq ans (dont 5% sont affectés de malnutrition sévère, EDS IV). Environ 72,9% de la population ont un accès à l’eau potable en 2005 (EDS IV) tandis que seuls 56,15% ont un accès à l’assainissement (QUID 2000).
L'évaluation générale de la situation nous invite à quelques propositions:
1.-Propositions d'ordre général:
53
. Assurer la stabilité institutionnelle, au niveau ministériel comme au niveau de l’ancrage des services . Prendre les dispositions nécessaires pour appliquer les mesures préconisées lors des accords avec les partenaires sociaux et celles recommandées par les innombrables commissions de réflexion. . Corriger la dispersion des domaines en regroupant la Santé, la Prévention, l’Action sociale, l’Assainissement, l’Environnement et la Gestion des déchets . Repenser la gestion des Structures de santé, en prenant en compte les réflexions déjà menées et les recommandations non encore appliquées . Veiller à alléger les coûts des prestations pour rendre les soins de qualité plus accessibles pour les populations.
2. Propositions par domaine.- 2.1. Infrastructures :
. Multiplier les structures de santé pour diminuer l’écart entre l’existant et les normes
. Réduire considérablement les déséquilibres et être plus juste dans la mise à disposition des soins de qualité et des soins spécialisés dans toutes les régions du pays. . Mettre en place de véritables hôpitaux disposant de spécialités dans tous les départements du Sénégal, et des EPS de niveau 3 hors de Dakar, notamment dans les régions d’implantation des nouvelles UFR de Santé . Equiper les structures sanitaires et veiller à la maintenance régulière, préventive comme curative, de ces équipements.
2.2. Ressources humaines : . Implanter des UFR en santé non pas dans la précipitation et la politisation, mais de manière bien réfléchie et bien préparée ; . Planifier la formation en fonction des besoins, notamment en spécialistes et en personnels paramédicaux pour s’approcher des normes ; . Renforcer la structure de formation de Référence des personnels paramédicaux, l’ENDSS, pour lui donner une identité plus conforme aux exigences, une véritable Ecole Supérieure de Formation, avec toutes les mesures d’accompagnement ; . Bien encadrer la formation privée (cahier de charges) ; . Augmenter l’effectif en formation pour tendre vers les normes, dans le cadre d’une planification correcte, et dérouler le plan de redéploiement des RH proposé en 2005.
2.3. Financement de la Santé : . Inverser la tendance en minimisant l’apport des populations ; . Trouver un système qui prenne en charge les soins aux démunis, aux sujets âgés, aux personnes vivant avec un handicap ; . Arrêter la balkanisation des financements et définir les priorités par nous-mêmes ; . Exiger une meilleure implication des collectivités locales dans le financement de la santé, les infrastructures, les équipements ; . Revoir la structuration des budgets, leur mode de confection, l’accessibilité effective aux fonds et à temps ; . Chercher à éradiquer la corruption à grande échelle, à tous les niveaux
2.4. Management du système : 54
. Revoir l’organigramme du Ministère pour le rendre plus cohérent : - Mettre en place une Direction Générale de la Santé forte qui coiffe toutes les autres
Directions et des Directions Régionales ; - Séparer le Laboratoire du Médicament avec deux Directions autonomes ; - Mettre en place une Direction Nationale de la Santé Bucco-Dentaire ; - Revoir la structuration dans le sens de mieux organiser et coordonner la lutte contre les différentes maladies ; - Mettre en place un véritable corps d’inspecteurs de la Santé, multidisciplinaire.
. Instaurer le Management par la qualité avec un système de contrôle en vue d’une amélioration continue ; . Faire de la lutte contre la corruption une priorité ; . S’agissant des Hôpitaux :
- Veiller à l’application stricte de la loi portant Réforme hospitalière et donner plus d’autorité aux instances comme le Conseil d’Administration et la CME, notamment dans la nomination des Directeurs d’Hôpitaux ;
- Mettre à la tête de chaque hôpital un Directeur Médical choisi parmi les professionnels de la Santé, par appel à candidature, secondé par un Directeur Financier et un Directeur Administratif ;
- Définir une politique d’investissement claire pour relever le plateau technique et mettre en œuvre des plans d’investissement qui tiennent compte des priorités ;
- Redéfinir la mission de référence des hôpitaux avec la mise en place de pools d’hôpitaux de référence regroupant des Spécialités voisines et plus orientés vers la recherche médicale ;
- Trouver une solution définitive au financement des Hôpitaux qui ne devra plus s’appuyer essentiellement sur la contribution des populations ;
- Réduire les postes de dépenses et envisager la contractualisation de certains secteurs ; - Assurer la mise en place d’une meilleure politique de gestion des ressources humaines ; Envisager l’application des recommandations pertinentes de la concertation nationale de
2006 sur le système hospitalier. 2.5. Question des Laboratoires :
. Respecter les accords internationaux et les recommandations de l’OMS en matière d’organisation ;
. Donner plus de moyens réglementaires, humains, financiers, matériels et logistiques au sous système de Laboratoires ; . Accorder plus de considération à ce secteur ; . Planifier la formation de spécialistes pour satisfaire aux besoins ; . Rendre accessibles les prestations de Laboratoires dans tous les départements au moins.
2.6. Question des Médicaments : . Elargir le contrôle des médicaments aux différents lots en circulation, après l’AMM. Pour cela, renforcer le Laboratoire de Contrôle des Médicaments et rendre systématiques les contrôles ; . Mettre en place une industrie de production de certains médicaments, des solutés et autres consommables ; . A l’instar du Mali, mettre en place une liste de Médicaments Traditionnels Améliorés reconnus et prescrits ; . Elaborer une Pharmacopée sénégalaise en relation avec les professionnels, et en faire une propriété nationale ; à défaut s’approprier de la Pharmacopée africaine établie par l’OUA ; . Envisager la mise en place d’un Institut des plantes avec des équipes multidisciplinaires, ce qui permettra des études systématiques de plantes, l’élaboration et la mise à jour de la pharmacopée, mais aussi la production de médicaments à base de plantes.
55
. Bien organiser la lutte contre le commerce illicite, notamment par : - La révision de l’arsenal juridique qui renforce les peines, - Le contrôle plus strict aux frontières, - L’harmonisation de la législation au niveau communautaire.
2.7. Question de l’hygiène et de la Prévention . Ne plus séparer la Prévention de la Santé ; . Redonner au Service d’Hygiène son autorité d’antan en lui fournissant les moyens réglementaires, humains, logistiques et financiers nécessaires à sa mission ; . Repenser la stratégie vaccinale avec une meilleure organisation de la vaccination de routine, l’implication de ressources humaines compétentes dans les JNV, une meilleure appréciation des taux de couverture vaccinale qui doivent être établis avec plus de sérieux ; . Redéfinir la politique de sensibilisation des populations en mettant en avant la conformité avec nos croyances, en procédant à une harmonisation des messages, et en impliquant davantage les médias dans le cadre d’un partenariat ; . Réfléchir à la mise en œuvre d’une vaccination préventive contre notamment les épidémies de méningite.
2.8. Domaines sociaux . Personnes vulnérables :
- Améliorer l’accessibilité physique et financière des soins de qualité aux personnes vivant avec un handicap ; - Réviser le plan sésame pour les sujets âgés en clarifiant et en rendant effective la prise en charge des soins ; - Organiser la formation de spécialistes des maladies du sujet âgé et rendre accessibles les soins spécialisés dans toutes les régions du pays ; - Rendre possible la prise en charge des soins aux sujets âgés avec les imputations budgétaires et lettres de garantie délivrées à leurs enfants ; - Améliorer la prise en charge de la santé maternelle par la formation de ressources humaines compétentes en nombre et à disposition dans toutes les régions ; - Evaluer la politique de planification familiale et de césarienne quasi systématiques, en mettant en avant les intérêts des populations ; - Mettre en place une politique du « mieux d’enfants » à la place du « moins d’enfants ». . Revendications syndicales : - Evaluer les accords signés entre les syndicats de professionnels de la Santé et le gouvernement en vue d’une application correcte dans l’intérêt général ; - Etablir un partenariat sain entre la tutelle et les différents acteurs de la santé ; - Instaurer un dialogue permanent pour évaluer le partenariat et prévenir les situations conflictuelles.
2.9. Médecines sectorielles
* Maladies chroniques : . Elargir et pérenniser la prise en charge décentralisée des maladies chroniques comme c’est le cas du diabète. Pour cela, il faut mettre en œuvre les pertinentes recommandations de la concertation nationale de 2006 sur la question ;
56
. Mettre à disposition les moyens nécessaires pour dérouler des programmes de prévention, de détection et de lutte contre ces maladies ; . Relever les plateaux techniques des hôpitaux et renforcer les ressources humaines qualifiées.
* Maladies endémiques et épidémiques . Revoir l’organisation de la lutte contre les maladies endémiques en vue d’une meilleure coordination (organigramme, financement, activités) ; . Evaluer et réorganiser la politique de lutte contre les maladies épidémiques ; . Impliquer davantage les autres secteurs indispensables à la maîtrise de ces fléaux (habitat, assainissement, environnement, hydraulique…) ; . Mettre à disposition les moyens nécessaires à la lutte grâce à un système de réaffectation des ressources.
* Médecine d’urgence & Prise en charge des Accidents . Mettre en place une structure de prise en charge pré-hospitalière des urgences avec un système de communication et un système d’évacuation et d’accessibilité des patients ; . Améliorer la prise en charge de toutes les victimes d’accidents grâce à une cellule de veille type comité national impliquant tous les ministères concernés et bien coordonnée ; . Mettre en place des unités de soins de longue durée, à mi-chemin entre l’hôpital et la maison; . Elaborer et mettre en œuvre une véritable politique de prévention des accidents, sur toute l’année, ayant des cibles variées, pour un changement réel de comportement ; . Veiller à l’amélioration notable des capacités des personnels de santé aussi bien médicaux que paramédicaux ; . Créer un registre national des Accidents mettant en place une base de données commune et qui permet d’avoir des statistiques fiables et complètes.
* Santé bucco-dentaire . Mettre en place une Direction Nationale stable de la Santé bucco-dentaire ; . Réglementer l’ouverture des cabinets dentaires privés et motiver les dentistes privés qui s’installent à l’intérieur du pays, par exemple par une baisse des taxes qui contribuerait à faire baisser les tarifs des soins ; . Elaborer et appliquer un vaste programme de prévention de la carie dentaire dans les écoles ; . Reprendre la formation de Techniciens Supérieurs en Odontologie (pas seulement en prothèse) ; . Etablir avec les professionnels une liste de produits essentiels à la prise en charge des maladies dentaires pour les dispenser de taxes.
* Médecine traditionnelle . Rassembler toutes les réflexions sur la Médecine traditionnelle, en rapport avec les concernés;. Impliquer les tradipraticiens dans la mise en place d’une pharmacopée nationale ; . Réglementer le secteur afin de protéger les populations des usurpateurs de fonction.
* Réglementation et exercice illégal de la Médecine. Rassembler l’arsenal juridique et réglementaire pour en faire un Code de la Santé complet et opérationnel ; Contrôler l’application effective des textes réglementaires et des lois ; . Veiller à protéger la santé des populations contre les charlatans ; . Lutter efficacement contre l’exercice illégal de la Médecine et les publicités interdites.
57
3 ) DIALOGUE POLITIQUE, DIALOGUE SOCIAL ET POLITIQUE
Contexte international et national
. Au niveau international
La globalisation économique mais aussi politique, sociale, professionnelle et médiatique qui a transcendé les frontières, révèle des tendances contradictoires : d’un côté, l’on assiste à l’augmentation des inégalités entre les continents et entre régions, de l’autre s’accroît l’importance des mouvements pour la démocratie et le respect des droits de l’Homme.
L’urgence de la participation des partenaires sociaux et des citoyens s’impose de plus en plus partout.
. Au niveau national
A l’instar de beaucoup de pays africains, l’économie sénégalaise a traversé de profondes crises liées, principalement, à la sécheresse, à la détérioration des termes de l’échange et à de mauvaises politiques tant du point de vue économique que du point de vue social.
En effet, les indicateurs macro-économiques montrent qu’avant la dévaluation intervenue en 1994, le taux de croissance était négatif (-2,2% en 1993). La dévaluation a favorisée une relance de la croissance dont le taux est passé de 2,9% en 1994 à plus de 5% en moyenne entre 1995 et 2000. Ces résultats restent néanmoins en deçà de l’objectif de croissance à deux chiffres fixé à l’horizon du IXe plan de développement économique et social (1996/2001) pour améliorer les conditions de vie des populations. L’indice de développement classe le Sénégal au 154e rang sur 174 pays en 2000.
- Sur le plan politique Depuis 1972, l’Etat du Sénégal développe une politique de décentralisation visant à favoriser la participation et la responsabilité des populations en matière de gestion des affaires publiques. Cette politique de décentralisation s’est consolidée en 1996 avec l’érection des régions en collectivité locales. Toutefois, la faiblesse de ressources humaines, matérielles et financières des collectivités locales constitue une entrave à une bonne gouvernance locale.Cependant, le contexte politique, à partir des années 1980, est marqué par l’existence d’un système démocratique fondé sur un Etat de droit où interviennent de façon remarquable des acteurs non étatiques. Les médias privés presse écrite ou électronique se développent et continuent de jouer un rôle déterminant dans l’expression des opinions des citoyens. La protection des droits de l’homme est inscrite dans la constitution comme obligation fondamentale et des institutions chargées de leur défense voient le jour, renforcées par de multiples organisations de la société civile qui veillent au respect des droits et libertés.Ces acteurs non étatiques s’organisent progressivement et s’affirment de plus en plus comme des partenaires et interlocuteurs écoutés. - Sur le plan social
58
La politique du pouvoir issu de l’alternance à entraîné des divisions dans le mouvement associatif, suscité des mécontentements et des actions revendicatives dans différents secteurs de la population (dans le monde rural, la fonction publique, dans le monde des travailleurs de l’industrie, de l’éducation, de la santé, dans la jeunesse contrainte, par le chômage et le manque de perspectives, à s’exiler clandestinement au risque de leur vie) et failli mettre à mal les bonnes relations séculaires entre les religions, les confréries et les communautés.
3.1. Etat des lieux
3.1.1. Le dialogue politique, social et citoyen de 1960 à 2000
Depuis les indépendances, en 1960, à 2000, les gouvernements successifs ont tenté de gérer les différents secteurs actifs du monde du travail sur la base de mécanismes socio politiques découlant des réalités politiques de la période.
En effet, durant la première décennie de 1960 aux années 1970, le monopartisme de fait impliquant l’existence d’un syndicalisme monocolore et d’associations inféodées au parti unique au pouvoir, la gestion des relations professionnelles reposait sur des règles édictées unilatéralement par les autorités gouvernementales..
C’est vers les années 1980 que l’on constate, avec l’émergence du multipartisme intégral et en conséquence le pluralisme syndical, la création de structures et la mise en œuvre de mécanismes de concertation bilatérales et multilatérales entre d’une part l’Etat et les partenaires sociaux (les syndicats des travailleurs, le patronat et les associations nationales) et d’autre part entre les partenaires eux-mêmes.
Mais, le dialogue instauré durant cette période (1980/1990) ne concernait que la phase d’exécution des décisions politiques, déjà prises par l’autorité, et ceci dans tous les secteurs de la société excepté le secteur de l’éducation.
En 1993, année de la plus grave crise économique que le Sénégal ait vécue avec son lot de mesures anti sociales issues du plan d’urgence aux allures d’agression contre le monde du travail et les ripostes conséquentes et généralisées de tous les travailleurs unis, des dispositions sont prises pour asseoir un véritable dialogue politique impliquant tous les partenaires (Etat, syndicats des travailleurs, patronat et certains segments de la société civile).L’objet de ce dialogue politique durant cette fameuse crise économique était de parvenir à des compromis acceptables permettant, d’une part, l’application de mesures exigées par les bailleurs de fonds, dont la diminution des salaires des agents de la fonction publique jusqu’à hauteur de 10 à 15% et, d’autre part, la baisse sensible du train de vie de l’Etat que réclamait l’intersyndicale des travailleurs.
La sortie de crise pour d’impossibles compromis n’a pu se réaliser que grâce à la dévaluation du franc CFA survenue en janvier 1994.L’une des conséquences de la dévaluation du franc CFA aura été l’installation par le gouvernement, à la demande des organisations syndicales des travailleurs de structures de concertation et de dialogue permanents autour de la politique économique et sociale de l’Etat. Ainsi furent instituées des rencontres périodiques annuelles au niveau aussi bien des différents ministères, de la primature que de la présidence de la République.
59
3.1.2. Le dialogue de 2000 à nos jours
En l’an 2000 au début de l’alternance politique au Sénégal, cette option pour le dialogue social a été renforcée grâce à la ratification par les trois partenaires (gouvernement, syndicats des travailleurs et patronat) d’une charte nationale sur le dialogue social, dont les buts essentiels étaient de :
- promouvoir la prévention des conflits en mettant en œuvre le mécanisme d’alerte que constitue la négociation préventive ;
- mettre en œuvre des procédures de négociations collectives, de conciliation, de médiation et ou d’arbitrage ;
- proposer aux pouvoirs publics, dans leurs relations avec les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales, des études ou renseignements susceptibles de compléter leurs informations sur les aspects de la politique de restructuration de l’économie impliquant l’entreprise et les travailleurs.
La pratique de la charte nationale sur le dialogue national repose sur l’application de trois principes fondamentaux que sont :
Le principe de la liberté syndicale garantie par l’Etat et les employeurs Le principe de la liberté du travail qui passe par la sauvegarde de l’outil de travail par
les travailleurs, Le respect des règles établies d’un commun accord qui évoque le partenariat, la bonne
foi, le respect et la reconnaissance mutuelle, la volonté d’entente et de conciliation, le respect des engagements pris et de la parole donnée.
NB. Les décisions issues du dialogue et de la concertation entre les parties sont adoptées par consensus et revêtent un caractère obligatoire.
En 2002, c’est l’installation du Comité national du Dialogue social ( CNDS).
Malheureusement, depuis 2005, le processus dynamique du dialogue social et citoyen s’arrête.
3.2. RECOMMANDATIONS
Il s’agit des recommandations sectorielles synthétisées relevant :
2.2.1. Du dialogue politique - Pour redresser la situation politique catastrophique qui prévaut dans le pays, il est suggéré
les recommandations ci-dessous :Faire aboutir dans les meilleures conditions et dans un délai raisonnable les Assises Nationales sans précipitation aucune.Soutenir les conclusions des Assises Nationales par un programme de mise en œuvre et des mécanismes de suivi largement partagés.
. Education et la formation Institutionnaliser les Etats généraux de l’Education et de la formation ne serait-
ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’école.
60
En d’autres termes mettre en place un conseil présidentiel annuel sur l’éducation.
Instaurer un dialogue permanent planifié concerté, périodique et fécond, renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers.
Installer dans la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education nationale, une cellule des experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui doit réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Dans cette cellule, des experts en management doivent cohabiter avec d’anciens leaders syndicalistes, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues.
Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux au niveau national, régional et international.
Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui doit être stable et souple avec des séquences minimales portant sur les défis et actions prioritaires dans un premier temps puis les réajustements nécessaires en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections pour l’année à venir.
. Santé et Action sociale Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé
et les spécialistes du secteur pour :
- Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;- Mener une bonne campagne d’information et d’explication envers les populations afin de
revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ ou largement insuffisantes ;
- S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux liée notamment à la masse salariale disproportionnée, par le biais de plans sociaux bien pensés ;
- Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.
3.2.2. Du dialogue social
. Médias Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de
traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication.
Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/ patrons de presse/ professionnels de la communication (SYNPICS), , associations des droits de l’homme pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable.
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Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse (ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente).
Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversée de l’assainissement de la presse et des média en introduisant dans le code de la presse des dispositions claires et équitables qui mettent des garde-fous à l’accès de la profession.
. Justice Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre
toutes les composantes de la nation ;
Réinstaurer les rencontres annuelles entre le PR et les différents acteurs ;
Instituer un système d’information et de communication du sommet à la base et vice – versa comme l’ont initié les Assises nationales lors des consultations citoyennes.
. Comité national du Dialogue social Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse
nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu de travail.
Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise et des services pour prévenir en amont les éventuels conflits entre patronat / travailleurs /Etat.
Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’a la base.
Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues particulièrement la prévention des conflits et la recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.
3.2.3. Du dialogue citoyen
. Collectivités locales et Société civile Introduire et pérenniser l’éducation à la citoyenneté au niveau de l’école et
de l’université. Améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à la base à qui
on doit respect et considération. Favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation
citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes.
Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.
Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre la maison du citoyen devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté et où se discuterait de manière participative les budgets des collectivités (budgets participatifs) et toutes autres questions d’ordre économique, social et culturel.
4 ) Culture
2.1. ETAT DES LIEUX
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2.1.1. Identités et diversité culturelle au Sénégal
Le Sénégal appartient à l’espace historique et sociologique millénaire de la Sénégambie, lieu de convergences et de brassages entre peuples divers, qui fut le théâtre d’une histoire incessante d’agrégations et de ségrégations sur fond d’alliances lignagères et matrimoniales, de migrations et sédentarisations, de constructions et déconstructions politiques incessants.
Le Sénégal actuel est donc l’héritier de tout un patrimoine fondé sur la diversité culturelle, mais aussi l’expression historique désolante de la dislocation par le partage colonial des chaînes de sociétés ouest africaines solidaires depuis des millénaires.
2.1.2. Le projet culturel colonial et ses conséquences2.1.2.1. Colonialisme et résistance culturelle
L’expérience des sociétés africaines depuis les périodes les plus anciennes, mais aussi les périodes esclavagiste et coloniale montre que c’est en préservant leurs structures internes, leur autonomie structurelle, qu’elles ont pour assurer, pour l’essentiel par de multiples sacrifices et, malgré la supériorité des forces d’oppression, la transmission de leurs cultures, et par conséquent leur identité et leur personnalité culturelle. La langue, véhicule de la culture, c’est-à-dire de la pensée, des valeurs, des connaissances et savoirs, de la sensibilité en a été un des facteurs principaux. La tradition orale a été un rempart culturel impénétrable à la destruction et un refuge pour le génie culturel africain.
2.1.2.2. Colonisation et développement culturel inégal au Sénégal Le développement économique colonial et la mise en place d’infrastructures et d’équipements se sont effectués au Sénégal par la régionalisation des cultures de rente et des exploitations minières, entraînant l’inégalité entre les régions. Certaines se sont développées et monétarisées à cause des investissements en capital, d’autres par contre se sont trouvées marginalisées. C’est ainsi que les wolofs en particulier se sont considérablement affirmés sur la base d’un ensemble d’opportunités historiques : fortes tradition politico-militaires, mobilité spatiale, dynamisme linguistique, coïncidence physique entre la présence coloniale et les territoires wolof, expansion de l’islam confrérique restructurant d’une société défaite et éclatée, urbanisation, commerce, politique. Cela s’est réalisé face à la faiblesse politique extrême des Pël et des Sereer, à la décadence politique puis économique des Al Pular du Fuuta et à la marginalité globale des Jola non islamisés. Il y’a certainement aussi la flexibilité de la culture Wolof et sa grande capacité à assimiler et à s’assimiler dues probablement à l’ « hétérogénéité originelle » de sa formation qui en fait une transethnie.Le phénomène global de wolofisation touchant toutes les ethnies du Sénégal et qui s’enveloppe de cette transethnicité confrérique mouride, participe à une certaine formation protonationale et à un nationalisme dont les pôles historiques et mythiques sont Njajaan Nyaay, fondateur de l’empire du Jolof, kocc Barma Faal, philosophe et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme. Les différentes identités ethnoculturelles s’approprient des opportunités du système dominant par ce biais, tout en développant du fait des frustrations, des formes de résistance culturelle et linguistique, ethnique et régionale, comme c’est le cas avec les associations de défense et de promotion de la langue et de la culture Al pular, mais aussi du phénomène Jola avec le MDFC en Casamance.
2.1.3. Les grands traits de la politique culturelle depuis l’indépendance2.1.3.1 La politique culturelle sous Senghor
L’orientationL’orientation de la politique culturelle du Sénégal indépendant semble être l’illustration et l’application de l’idéologie de la Négritude dont le Président Senghor était un des membres
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fondateurs. La renaissance de la civilisation noire était liée à la promotion d’une conscience culturelle et d’une créativité à vocation universelle du peuple noir. Senghor eu à cœur de concevoir et d’appliquer une politique culturelle résolue et hardie qui répondait à ses aspirations idéologiques et qui fut résumée par le concept d’enracinement/d’ouverture ou de rendez vous du donner et du recevoir. Senghor était conscient que la culture est un moyen de se connaître, elle détermine notre identité, elle est au début et à la fin de toute chose ; Il s’avérait donc nécessaire de féconder les valeurs du passé grâce aux apports de la modernité : enracinement dans les valeurs spécifiques de la civilisation du monde noir et dépassement par un enrichissement et un renouvellement constant de l’acquis culturel en transcendant la conscience nationale pour atteindre la conscience universelle grâce au dialogue des civilisations dans l’esprit le plus large de la fraternité des cultures. C’est autour de ce concept d’enracinement et d’ouverture que les arts modernes ont été créés, de même que l’action politique, économique et culturelle a été organisée, durant le magistère du président Senghor.
Les acquis. Les recherches autour de l’héritage culturel africain ont conduit à la mise en place dans le domaine des arts plastiques d’une Ecole des Beaux Arts et d’une Manufacture de la Tapisserie (puis des arts décoratifs), incubateur d’une idée de l’esthétique senghorienne, qui est à la base de ce qui a été dénommée par la suite « Ecole de Dakar ». . Les grandes œuvres littéraires mondiales furent également revisitées, et adaptés au contexte africain, par les acteurs du Théâtre national Daniel Sorano (Shakespeare, les épopées historiques africaines...). . . . Les troupes de ballet, de chant, de musique, d’art dramatique (Ensemble lyrique traditionnel, Orchestre national, le ballet national, etc.) furent créées selon des critères professionnels et ceux qui les intégraient eurent un statut de fonctionnaires. . L’Ecole de danse moderne Mudra Afrique fut confiée au danseur-chorégraphe Maurice Béjart. . Dans le domaine muséal, Le Musée dynamique accueillit les expositions nationales d’art contemporain, ainsi que celles itinérantes (Picasso, Apollo et les découvertes faites sur la Lune, ...). L’exposition du musée d’ethnographie de l’IFAN fut également rénovée. . Les Nouvelles éditions africaines (NEA) permirent la publication d’une littérature diverse africaine et l’émergence d’auteurs africains et sénégalais, organisés en association nationale. Le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA) avait pour vocation la protection des œuvres intellectuelles et artistiques ainsi que la défense des intérêts moraux et matériels des créateurs d’œuvres de l’esprit. . La radio, ORTS (Office de radiodiffusion du Sénégal), à travers ses émissions culturelles en partenariat avec le Service des Archives culturelles du Sénégal (Visages du Sénégal, etc.) fit un travail de collecte du patrimoine oral et immatériel du pays, dans ses différentes composantes ethniques. . Le Fonds de Soutien à l’Industrie Cinématographique (FOSIC) devait promouvoir le cinéma sénégalais. Le journal Le Soleil, avait également des rubriques culturelles de haut niveau, traitant des sujets d’importance. . Le Festival Mondial des Arts nègres, de 1966, a été le point culminant de l’émergence de ce courant esthétique. Il a permis au Sénégal d’avoir un rayonnement culturel international et d’être le point d’enracinement de la diaspora noire en terre africaine. Le Sénégal devint à partir de ce moment, un véritable carrefour culturel intellectuel, accueillant de nombreux séminaires et conférences. . A l’actif de Senghor également, l’organisation et prix et concours nationaux qui ont stimulé la créativité.. A la fin de son mandat, le Sénégal était doté d’un certain nombre d’infrastructures culturelles et avait un personnel formé, parmi lesquels des artistes professionnels. La formation et l’éducation artistique et professionnelle ont été au centre de sa politique, ce que reflètent les affectations budgétaires dans ces secteurs et le choix sélectif des personnes en charge de la politique culturelle. La Fondation Léopold Sédar Senghor, était le prolongement de son action culturelle.
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Les faiblessesOn a souvent reproché à Senghor :- l’élitisme de sa conception de la culture. Il avait fixé des règles précises notamment en matière
d’esthétique qui ont contribué à l’émergence certes d’un art local, mais qui s’est transformé en art officiel, avec un rapport clientéliste entre les acteurs culturels « protégés » et la présidence ; les autres étant repoussés dans la marge.
- la centralisation des infrastructures et de la vie culturelle à Dakar, au détriment des régions ;- sa francophilie excessive au détriment des langues nationales.
La politique culturelle volontariste de Senghor, a fait l’objet de violentes critiques de la part des universitaires et d’une sorte de résistance, voire d’indifférence des populations au modèle d’assimilation occidentale manifeste.
2.1.3.2 La politique culturelle sous Abdou DioufL’orientation et les faiblesses
L’avènement d’Abdou Diouf coïncide avec la grande crise économique des années 80, qui connaît l’application drastique des politiques d’ajustement structurel. Cette période voit la fin du mécénat d’Etat, avec les restrictions budgétaires entraînant la fermeture de l’Ecole d’architecture et d’urbanisme, du Centre d’Etudes des civilisations, le service des Archives Culturelles, la décrépitude de l’université des Mutants et de l’Ecole des Arts, la léthargie du cinéma sénégalais (de nombreuses salles sont vendues et transformées en centres commerciaux). Le Musée dynamique est transformé en Cour de Cassation ; Mudra Afrique disparaît, de même que le Commissariat général des expositions d’art sénégalais contemporain à l’étranger etc.Submergé par les problèmes économiques et financiers (détérioration des termes de l’échange, remboursement de la dette extérieure, paupérisation des populations, crise de l’agriculture,...), on assiste au ralentissement des investissements dans le secteur culturel, avec un report des projets du Ministère de la culture au VIe plan, la suppression du budget consacré à l’équipement du Ministère de la Culture pour l’année 1981-82 au profit des secteurs dit productifs. L’ensemble des infrastructures culturelles héritées de la période senghorienne a soit été démantelé, soit périclité par absence de budget et d’orientation. La plupart des acteurs culturels officiels sont marginalisés et la politique des départs volontaires, va contribuer, par impréparation de ces acteurs, à les paupériser encore plus.Les services culturels décentralisés, notamment les centres culturels régionaux et les maisons de jeunes et de la culture dans les Départements sont devenus pratiquement inactifs, du fait du manque de ressources financières et de techniques (absence de recrutement d’animateurs,...) et n’offrent plus aux jeunes des programmes culturels. Ainsi, en raison de la conjoncture et à force de vouloir appliquer des politiques économiques dictées par les bailleurs de fonds, on a sacrifié le secteur de la culture qui, aurait pu être un levier du développement économique.
Les acquis Le désengagement de l’Etat des infrastructures culturelles et l’absence de projets et de relève des cadres favorisent à contrario, le développement de l’initiative privée.On assiste à une « libération » du modèle senghorien et à une réappropriation des espaces et des destins, débouchant sur une diversité des identités artistiques et à de nouvelles tendances : art de la récupération, le mouvement set setal, le développement du secteur de la musique qui devient une véritable industrie culturelle avec des équipements de production. A cela correspond, le développement d’associations professionnelles privées (AMMS, ASSEPIC, le SIPRES), de structures privées (Galeries) qui ont permis la promotion de jeunes talents et un certain rayonnement et une renaissance de la production et de la création culturelle. Il faut également ajouter l’appui des Services culturels étrangers (Ambassades de France, Union Européenne, Goethe Institute, etc.). L’Etat à partir de 1990, essaie de renouer avec le secteur culturel et se rend compte de la nécessité d’en faire un des axes de son action gouvernementale. A partir des années 90, l’Etat commença à
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nouveau à donner un essor à l’art et à l’œuvre littéraire sénégalais en agissant en faveur des artistes et hommes de lettres. L’Etat avait créé la Galerie nationale d’art, inaugurée le 29 janvier 1983 et qui se charge de la promotion de l’art plastique contemporain à l’intérieur et à l’extérieur, d’accueillir des expositions d’art moderne. Le campement qui abritait la mission chinoise chargée de l’édification du Stade de l’Amitié a été transformé en Village des Arts en 1989, la Résidence de la Médina qui servait à accueillir les hôtes de la République pendant les années 1962 à 1996 devint Maison de la Culture Douta Seck en 1997. La section art dramatique du Conservatoire de Dakar a été ré ouverte en 1990 et assure à nouveau la formation des comédiens. Le Salon national du livre et de la lecture, le Festival international de jazz de Saint-Louis, la Foire internationale de livre et du matériel didactique, les Rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK) sont, entre autres, de nouvelles initiatives culturelles lancées par les autorités gouvernementales. Les Grands Prix annuels du Président de la République pour les Arts et pour les Lettres ont été institués en 1990. La Biennale des Arts et des Lettres de Dakar (1990), qui deviendra en 1996 « la Biennale de l’Art Africain Contemporain », fait, tous les deux ans, l’état de la création artistique africaine et permet de soumettre celle-ci à la critique internationale, d’encourager la recherche, d’organiser la réflexion et de présenter les analyses sur les conditions, les modes et les techniques de cette création, de faciliter aux créateurs la rencontre avec des mécènes et des collectionneurs. Bref, de créer un véritable réseau de relations et d’informations entre les différents acteurs du monde artistique. La Biennale a également permis de développer l’initiative privée grâce à ses « espaces off ».La décentralisation culturelle a été instaurée par la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et communautés rurales.Les centres culturels régionaux sont revalorisés. En même temps s’active l’organisation de semaines nationales de la jeunesse et de la culture. Depuis 1996, le Sénégal a institué des journées nationales du patrimoine qui se veulent des moments forts de découverte, d’échanges et de prospective du patrimoine culturel du pays. Ces actions mises en œuvre par le Gouvernement s’inscrivent dans le cadre, de l’application de la politique culturelle définie dans la Charte culturelle du Sénégal et des préoccupations et objectifs des instances multilatérales de coopération culturelle.
2.1.3.3. La politique culturelle sous Abdoulaye WadeL’orientation
La politique culturelle est à l’état de grands projets, dont certains datent de l’ancien régime : Parc culturel (Musée d’Art contemporain, Ecole des Beaux-arts, Ecole d’architecture, Bibliothèque nationale, Archives nationales, Musée de la Renaissance, Grand théâtre), le Monument de la Renaissance, la place du Souvenir, le FESMAN.
Les acquisSur le plan législatif, les acquis sont constitués par le vote de la loi n°2002-18 du 15 avril 2002 portant règles d’application des activités de production, d’exploitation et de promotion cinématographique et audiovisuelle ainsi que par celle sur les droits d’auteurs et les droits voisins qui permettent de lutter contre la piraterie en protégeant les créateurs.
Les faiblessesOn note un déficit étatique de la prise en charge de la culture, qui se manifeste par une moindre implication financière de l’Etat, au profit de la coopération bilatérale ou multilatérale. Les associations culturelles locales notamment tissent des partenariats de financement avec des conseils régionaux ou des municipalités dans le cadre de la coopération décentralisée. La politique culturelle nationale semble inféodée aux desiderata de la Présidence, qui développe des « grands projets » auxquels le Ministre ne semble pas être véritablement associé et auquel n’est pas associée l’expertise nationale. Il y a des secteurs qui sont mis en exergue plus que d’autres, comme le patrimoine matériel, notamment le patrimoine architectural colonial.La politique culturelle manque de vision nationale et d’identité, puisque la conception et la réalisation de l’ambitieux projet de « parc culturel » ne semblent pas avoir été discutées, ni avec les
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professionnels des différentes filières concernées, ni avec les cadres de la culture. Ce projet semble être plus l’émanation d’une volonté personnelle du chef de l’Etat, que l’aboutissement d’une politique culturelle nationale. Cependant, on doit mentionner que des consultations nationales avaient été, un moment, entreprises, à l’initiative du Ministère de tutelle, afin d’évaluer les besoins des différentes régions du pays. Un projet synthétique dénommé PNDC (Programme national de Décentralisation Culturelle) avait été élaboré dont fait partie l’agenda culturel, sorte de calendrier des manifestations culturelles sur toute l’étendue du territoire national.
L’absence de politique culturelle nationale s’est traduite, tout d’abord, par l’instabilité qui a caractérisé le Ministère, avec la succession de plusieurs ministres à la tête de ce département, qui fut même supprimé un moment ou rattaché à un autre département.Au niveau du fonctionnement du Ministère, l’absence de réflexion organisée et d’un plan d’action détaillant les objectifs et les stratégies, favorise l’improvisation et le pilotage a vue.Le dispositif législatif adopté est également mis en attente, du fait de sa non-application, notamment dans le secteur de la musique et du cinéma par exemple (droits de propriété annexes,...).Différents autres points restent saillants :
- L’absence de formation de nouveaux cadres culturels ;- Le défaut d’accompagnement des collectivités locales, en matière d’infrastructures, d’équipements et de ressources humaines et financières rend la décentralisation des compétences culturelles non opérationnelles ; - Le risque de marginalisation et de frustration des nouvelles entités régionales récemment créées qui devraient dépendre des 5 pôles culturels existants que sont Louga, Thiès, Fatick, Kolda et Ziguinchor.- La mise en veilleuse du projet de la Bibliothèque nationale alors que le projet est en place ;- La non-organisation des grands prix du Chef de l’Etat.
2.1.4. Mondialisation et médiations des cultures2.1.4.1. Mondialisation et hégémonisme culturel occidental
La mondialisation actuelle est le contexte aggravant de cette situation. Il est le règne sans partage de l’économie de marché. Les économies du monde sont en effet soumises à un marché unifié sous le maillage d’un système financier planétarisé avec un formidable déploiement à son service des Nouvelles Technologiques de l’Information et de la Communication (NTCI) en plein essor.
Ce système global et dynamique est en même temps porteur d’exclusions, d’une homogénéisation des besoins mondiaux et de diffusion « d’universaux culturels ». L’Anglais est naturellement le véhicule de cette culture mondiale puisqu’il est déjà « la langue des mass media ». On comprend donc parfaitement les réajustements auxquels procède l’Agence de la Francophonie pour se maintenir.Ce contexte de recherche hégémonique est particulièrement favorisé par la dislocation du système communiste, l’affaiblissement du Tiers Monde à la fin des années 80 et l’épuisement du discours alternatif.
Willy Jackson (2000 :58) 2 s’est posé la question suivante : « L’Afrique peut-elle, dans le contexte actuel de son insertion dépendante dans la mondialisation, concevoir des politiques cohérentes de développement des capacités » ?
2.1.4.2. L’absence de Projet culturel La question est d’autant plus pertinente que dans le Rapport final de la première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain, est mentionné (2002 ; 36)3 ceci :
2Willy Jackson (2000). Exode des compétences et développement des capacités en Afrique. Ed.CEA/CRDI/OIM, p.58.
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« L’on a relevé les lacunes graves dans la formulation et la mise en œuvre des politiques culturelles africaines, quarante ans après les indépendances. Les participants ont aussi déploré un recul très net de la culture dans les priorités de l’UNESCO, de l’OUA et des gouvernements africains pris individuellement. Est symptomatique à cet égard, l’omission de la culture comme secteur prioritaire dans le NEPAD ». Le Rapport note toujours : « l’on a aussi déploré que les conférences ministérielles de l’OUA soient gelées depuis 1993 et que l’OUA n’ait pas jugé utile de créer une institution spécialisée, chargée de la culture, depuis la disparition des organisations régionales et sous-régionales comme l’ICA, l’EA CROTANAL ou la léthargie des institutions comme le CICIBA, le CERDOTOLA, le CELTHO, etc. ».Les politiques d’Ajustement structurel ont fini de balayer les acquis et de mettre la culture au rencart, laissant place à quelques initiatives nationales professionnelles ou privées (FESPACO, SIAO, KORA, FESMAN,...).Aujourd’hui les politiques culturelles nationales, dans la plupart des pays africains, font apparaître une absence de plan national de développement culturel, une intégration de la culture dans le développement, une bureaucratisation des structures, un budget dérisoire pour la culture, une insuffisance du personnel spécialisé. La culture reste élitiste, fondée sur les langues étrangères et surtout réservée aux gens de la capitale. Les artistes eux-mêmes sont marginalisés à tel enseigne qu’aujourd’hui, le statut de l’artiste est gravement rabaissé.
2.2. RECOMMANDATIONS
2.2.1 Orientation et méthodologie : Construction d’un modèle culturel fondé sur la décentralisation et une économie de la culture
1 -Développer un modèle culturel citoyen fondé sur l’esprit critique, l’intégrité morale, les valeurs de travail et de respect des autres et du bien public, la tolérance confessionnelle et la culture de la paix, l’amour de la patrie africaine, la sociabilité et la solidarité ;
2.- Développer une pensée critique et prospective au sein des masses par l’éducation, l’enseignement, la formation et l’information qui fortifie le sentiment d’appartenance historique et de parenté culturelle communes aux différentes communautés du Sénégal et de l’Afrique, et celui d’un même destin unitaire de libération et de renaissance ;
3- Construire un développement économique, culturel et éducatif local intégral pour mettre fin progressivement aux déséquilibres culturels entre régions et ethnies, ainsi qu’entre la mégalopole Dakar et l’hinterland ;
4- Opérer une décentralisation effective de la politique culturelle en incitant et appuyant les initiatives locales, à la base, en stimulant la compétition saine et l’émergence de la perfection dans le travail et dans la production.
5- Mettre en place un Budget national conséquent pour la culture, construire des infrastructures et des équipements suffisants et de qualité dans toutes les régions du pays, travailler à l’accroissement de l’expertise des ressources humaines locales par la formation de qualité valorisée.
6 - Développer des industries culturelles, composante importante de l’économie nationale et source de création de richesses pour les individus et les communautés
2.2.2. Les cibles, les acteurs, la synergie
3 Rapport final 2002 Première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain. Nairobi-Kenya, 16-18dec, 57p.
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1. Déterminer les cibles de la politique culturelle (les enfants, les jeunes, les femmes, les élèves et étudiants, les adultes analphabètes, les régions, les ethnies, les groupes marginalisés)2. Mettre en place des mesures de concertation suivie, d’appui logistique, financier et technique, d’implication, développer une synergie dans tous les programmes, activités et évaluation de la politique culturelle nationale avec : 3. Mettre en place des partenariats entre les acteurs privés du secteur de la communication et des médias et les acteurs culturels privés dans tous les domaines créatifs, productifs et commerciaux de l’art et de l’artisanat d’art ;4. Faire appel à la compétence et à l’expertise de tous les artistes sénégalais internationalement connus et appréciés, les traditionnistes et experts de la culture et mettre à profit leurs réseaux d’appartenance dans les grands programmes ou projets de portée régionale, africaine et internationale ;5. Appuyer les associations culturelles et artistiques de toutes les régions et localités du Sénégal afin d’aider à la création de fédérations fortes, à la mutualisation des moyens, à l’élévation du niveau et de la qualité des créations et productions.
2.2.3. Donner une dimension prioritaire régionale et africaine à la politique culturelle
1. Développer une coopération régionale, africaine de mise en commun des moyens et des ressources, résolument orientée dans l’intégration et le remembrement politique du continent. Celle-ci doit permettre de desserrer l’étau de l’hégémonie culturelle bureaucratique, francophone et élitiste étouffant de la politique culturelle du Sénégal depuis Senghor jusqu’aux travers actuels avec Wade, en passant par la période déjà régressive de Diouf. Cette politique culturelle dans ses grands traits est marquée par la dépendance en matière de financement, de mépris et de marginalisation de nos cultures et langues et d’aliénation à l’égard du modèle occidental dans ses contenus et formes les plus décadents, particulièrement pour notre jeunesse.
2. Contribuer à l’émergence d’ « un corps autonome et critique d’intellectuels, capable de construire un modèle culturel alternatif » fondé sur le précieux héritage transsaharien et soudanais par le renforcement et la redynamisation des structures et institutions régionales existantes, par la formation de réseaux d’hommes de culture, de savants, d’artistes et de créateurs ;
3. Développer un partenariat multidimensionnel au sein des pays du Sahara et du Soudan avec des programmes sur l’héritage culturel commun, aux niveaux suivants :
- un niveau politique par la collaboration régionale africaine avec les ministères des différents pays et l’introduction de programmes éducatifs dans le scolaire, touchant l’étude des grandes langues régionales, l’enseignement de modules de formation dans le milieu des jeunes et des femmes, des artisans, des artistes et créateurs, le développement de programmes d’échanges entre les musées et centres de recherches et de création. Cette collaboration toucherait également l’organisation de festivals, colloques, rencontres et le renforcement des activités déjà existant ;
- un niveau social en appuyant à la base des associations artistiques et culturelles, des associations de jeunesse, des organes de presse et de communication communautaires au niveau régional africain.
- un niveau économique :
. En prenant des dispositions juridiques et réglementaires garanties par l’Etat ou les moyens des collectivités pour la promotion du mécénat d’art et le financement par les Banques de la place de projets culturels ;
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. En mobilisant des personnalités du secteur privé pour des parrainages, des mécènes et des fondations et institutions régionales ou sous régionales afin de bénéficier de soutiens à des activités et à des programmes d’échanges et d’intégration régionale.
4. Favoriser la création d’un marché de travail régional transsaharien et soudanais potentiellement ouverte à tout le continent qui permette la production, la commercialisation et la valorisation des produits artistiques et culturels de qualité ainsi que la mobilité des producteurs et créateurs.
Ce vaste marché de travail régional ouest africain et magrébin permettrait le renforcement et le développement des capacités locales par l’accumulation et l’innovation grâce à l’appropriation du Numérique et des NTIC. Il contribuerait à l’emploi des jeunes et des femmes et à la création de richesses. Mais également, en valorisant les créateurs, il serait un ciment pour l’unité et la solidarité entre les générations, les hommes et les femmes, les différentes communautés ethnoculturelles.
2.2.4. Redéfinir les termes de nos partenariats culturels
1. Redéfinir préférentiellement de manière concertée avec les Etats membres d’organisations régionales communes (CDEAO et Union Africaine : projet d’un Centre culturel panafricain à Alger), l’harmonisation des politiques culturelles africaines ainsi que la définition des termes d’un nouveau partenariat culturel avec la France et l’Europe en général, fondé sur le respect mutuel et l’enrichissement réciproque en s’appuyant sur les principes de l’autonomie et de la diversité culturelle,
2. Définir rigoureusement le partenariat culturel avec la Diaspora de manière général, les communautés noires des USA, les pays d’Amérique et des Caraïbes mais aussi les Etats émergents comme le Brésil, l’Inde, la Chine.
LES OBJECTIFS
Tous ces développements nous ramènent en fait à la question du rôle et de la responsabilité des artistes et des travailleurs culturels dans la prise en charge des préoccupations des besoins des populations, dans un contexte où l’enjeu est d’assurer la capacité de l’Afrique à peser sur le processus de la mondialisation.
Trois objectifs dialectiquement liés s’imposent :
1. Mettre sur pied une organisation fédérée forte des artistes, créateurs et travailleurs culturels et créer un rapport de force et contre pouvoir pour peser de manière significative sur la politique culturelle du pays. En effet, les artistes, créateurs et travailleurs culturels, à travers leurs organisations et associations fortes et fédérées, par leurs activités en lien organique avec les populations et surtout avec la jeunesse dans les quartiers, les lieux de travail, doivent par leur efficacité, leur crédibilité, peser de manière significative aux niveaux local, régional et national sur la politique culturelle en matière de conception, de décision, de programmes, et d’évaluations.
2. Construire un Etat démocratique et de bonne gouvernanceUne nécessité s’impose, celle de déterritorialiser la décision politique, de rapatrier la capacité de l’État à définir jusqu’ici seul et de manière bureaucratique les priorités de la politique culturelle nationale. L’État reste en effet la centralité politique incontournable et l’enjeu des intérêts et des
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rapports de forces en présence dans la société ; il faut travailler aujourd’hui dans un esprit d’engagement, d’autonomie et de responsabilité, à renverser la vapeur et asseoir un rapport de force qui impose la démocratie et la bonne gouvernance dans le domaine de la politique culturelle nationale.
3. Elaborer et mener la politique culturelle nationale du Sénégal de manière créatrice et opérationnelle qui s’appuie sur une structure de concertation d’autorité indépendante et juridiquement établie. Une telle institution fluide, de concertation et d’évaluation, serait composée en représentants de l’Etat du Sénégal, des fédérations d’associations d’artistes, intellectuels, créateurs, des Associations culturelles de quartiers et de villages, des Municipalités et communautés de base, des ONG, des Académies et Universités de toutes les régions du pays. Une telle masse critique serait le foyer institutionnel garant de l’exécution de la politique culturelle nationale définie.
Les programmes de la politique culturelle nationale
Les termes de ce cahier de charge pourraient porter sur la réalisation des programmes suivants :
1- Se réapproprier de manière créatrice et innovante en utilisant les Nouvelles Technologies nos riches patrimoines intellectuels, culturels et artistiques anciens et actuels par une politique de création d’infrastructures culturelles modernes et adaptées, par la formation professionnelle artistique et culturelle continue dès le primaire pour susciter des vocations et détecter les jeunes talents, par la création d’Instituts professionnels, d’instituts universitaires et d’Ecoles d’Art de dimension régionale avec des filières de professionnalisation dans les divers domaines de la culture, de l’art et de l’artisanat d’art.
2- Prendre toutes les mesures juridiques, réglementaires et institutionnelles pour assurer la protection de la propriété intellectuelle, des droits d’auteurs et des droits voisins afin que les artistes et créateurs soient pleinement protégés au plan national et international et jouissent pleinement de leur art.
3- Travailler activement à la « révolution alphabétique » du pays : à l’écriture de ses langues et leur parler dans tous les domaines de la politique, économique, scientifique, juridique, technologique, artistique, etc., garantir la préservation de la langue de chaque groupe ethnique dont celle des minorités et leur enrichissement moderne. Pour ce faire :
Collaborer étroitement avec les linguistes qui font un travail scientifique précieux sur nos langues.
Etablir des programmes d’élaboration de textes, brochures, ouvrages, dictionnaires dans les différentes matières scientifiques et techniques, etc. et accorder une place aux langues régionales dans la cadre de programmes communs avec les pays voisins, les institutions régionales de recherches et d’édition comme, entre autres, le Centre d’études linguistiques et historiques par tradition orale de L’union Africaine, à Niamey Niger.
Organiser de manière planifiée avec des moyens adéquats et en relation avec les associations, mouvements, organisations scientifiques et communautaires qui se préoccupent de défendre les langues nationales, des programmes vigoureux et ciblés d’alphabétisation conscientes de toutes les couches de la population, cela dans des délais fixés pour atteindre les objectifs.
Assurer la protection du patrimoine matériel et immatériel de chaque communauté ethnique par l’application des dispositions règlementaires existantes, leur promotion par
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l’enseignement et la popularisation par diverses manifestations de qualité au niveau national, sous-régional et international dans le cadre de programmes de partenariat.
4. Elever le niveau idéologique et intellectuel des citoyens sénégalais et travailler à leur accès démocratique à la culture artistique sénégalaise, africaine et internationale par des programmes d’animation et d’informations riches et denses dans les radios, télévisions, festivals, concours, manifestations locales et itinérantes, publications diverses.
5. Prendre toutes les dispositions juridiques et économiques internes en innovant dans ce domaine pour assurer de manière autonome les moyens financiers et budgétaires nécessaires à la politique culturelle nationale d’essence et d’accès démocratique ; développer des partenariats multiples d’appoint à certains grands programmes en particulier.
5 ) Sports et Loisirs
Le sport sénégalais est le reflet de la société et de la politique du gouvernement dominant. Il n’y a pas de sport bien portant comme il n’y a pas d’école bien portante dans une société malade. Le sport sénégalais est en crise identitaire et de perspectives.
1- Etat des lieux (diagnostic)
De 1959 à 2008, le Sénégal a connu 19 ministres de sports et/ou de la jeunesse. Cependant la durée de leur mandat dépasse rarement cinq ans sauf François Bob (1978-1985) Joseph Mathiam (73-78), Matar Diop (88-93), Ousmane Paye (93 -98). Il faut noter qu’il n’y pas une réelle vision pour hisser le pays au niveau international.
Au plan des infrastructures le Sénégal ne compte que quatre stades nationaux : Amitié (60 000 places), Demba Diop (25 000 places), Iba Diop et Aline Sitoé Diatta qui a abrité une partie de la CAN de 1992. Le Sénégal ne compte pas de stade omnisport, cependant la piscine olympique est un joyau qu’il faut préserver et utiliser à bon escient. Pour les loisirs, la spéculation foncière fait qu’il n’y pas plus d’espaces de jeux aménagés ni d’espaces verts
Depuis 2000 le Ministère des sports dans le cadre du BCI a opéré un vaste programme de réalisations d’infrastructures sportives matérialisé aujourd’hui par les plateaux multifonctionnels, la construction et la réhabilitation de stades municipaux, l’éclairage dans les installations sportives, la pose de gazon synthétique, etc.
Ce programme qui a concerné toute l’étendue du territoire se poursuit pour doter les sportifs sénégalais de cadre d’épanouissement et d’éclosion de leurs talents.
Sur toute l’étendue du territoire national, le Ministère des sports a entrepris la construction de plusieurs infrastructures sportives. Ce programme a concerné toutes les régions et est pris en charge par le Budget Consolidé d’Investissement alloué au ministère.
Au niveau des disciplines sportives, le Sénégal peut se targuer de pratiquer tous les sports même une fédération sénégalaise de ski existe. Le sport sénégalais est caractérisé par une diversité avec 47 fédérations et groupements sportifs, ce qui traduit l’option pour une pratique sportive pluridisciplinaire. Conformément à la loi 84-59 du 23 Mai 1984 portant charte du sport et en vertu du principe de démocratisation, tout sénégalais a la possibilité de pratiquer l’activité sportive de son choix, au niveau où sa volonté et ses capacités personnelles lui permettent d’accéder.
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La lutte est le sport le mieux pratiqué au Sénégal, c’est un loisir et un jeu bien ancrés dans les us et coutumes du Sénégal. Cependant la lutte avec frappe est spécifiquement sénégalaise qui doit être rangé au rang de patrimoine culturel mondial.
Le présent vote du budget de 2009, nous renseigne éloquemment sur le sport et la politique sportive au Sénégal. Avec un budget de 6 093 064 480 francs CFA, le ministère des sports et des loisirs occupe 0,4 % du budget national du Sénégal. Plus grave l’équipe nationale A de foot engloutit à elle seule 90 % de ce budget. Donc un budget pour gérer 8 matches amicaux au plus par an, donc pas de politique sportive. Et pourtant, on n’a pas même pas de fédération ni de championnat régulier, les seules satisfactions en matière de football remontent 2002 avec une finale perdue en CAN et un quart de finale en Coupe du Monde.
Ne disposant pas d’infrastructures ni d’espaces de détente, les loisirs sont limités entre amis dans le temps et dans l’espace. Ce qui fait que les navétanes sont les loisirs les plus partagés avec leur cachet alliant sport de masse, jeux et loisirs. Avec le mouvement navétane, le Sénégal a un des réseaux sportifs les plus denses au monde; l’ONCAV compte 3 253 ASC, 312 zones, 44 ODCAV et 14 ORCAV. Aucun coin du Sénégal n’échappe au mouvement navétane.
Quelques constats majeurs :
- Absence politique et vision sportives (depuis l’indépendance seul Lamine Diack a initié une réelle politique avec la réforme portant son nom).
- Manque d’infrastructures sportives.
- Manque de cadres sportifs
- Manque de cadre juridique sportif pour les différentes catégories de sports ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.
- Insuffisance des subventions accordées aux fédérations
- Boulimie foncière en ville (destruction du stade Assane Diouf et morcellement des réserves foncières du stade de l’Amitié)
- Place congrue réservée au sport dans le système éducatif, l’éducation n’est pas une matière fondamentale à l’école, dépasse rarement deux heures par semaine.
- Absence quasi-totale de médailles au niveau international (Médaille d’argent de Dia Ba aux JO de Séoul en 1998)
- Absence d’une fédération (football) inspirée et entrainée par les tendances nouvelles de l’évolution au niveau mondial et d’un championnat digne d’une nation classée à la FIFA et quart de finaliste en 2002.
2- Recommandations
Le sport est un ensemble d’activités physiques et ludiques codifiées, ayant une signification et des objectifs sociaux, humains aujourd’hui culturels, économiques et sociaux en rapport avec l’apparition et le développement des sociétés humaines. Il est devenu une préoccupation majeure donc politique qui ne laisse presque personne indifférent et qui est souvent l’otage d’embrigadements et de caporalisation à des fins politiciennes par certains Etats qui ne s’en servent que pour des prestiges élitistes et occasionnels. Le sport est un produit de la culture
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humaine indissociable de toute société. C’est un acquis de la culture humaine, pratique sociale humaine.
Dès lors que le sport est devenu une politique économique avec ses industries spécifiques, un moyen d’insertion, de réinsertion et de reconversions sociales, professionnelles. Il, par sa transversalité, faut donc doter le sport doit peut et doit contribuer au développement multiforme du Sénégal. Pour se faire il faut doter le sport de cadre d’une nouvelle politique, d’un statut social, d’un statut dans le système éducatif sénégalais.
Quelques recommandations :
- Une élaboration d’une nouvelle politique du sport avec ses exigences et nécessités sectorielles ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.
- Une politique sectorielle de formation de cadres techniques administratifs, financiers, économiques
- Formation des jeunes et très jeunes
- Construction de stades régionaux, départementaux, municipaux
- Assigner aux sports des objectifs dans le processus d’éducation et de formation (de la case des tout-petits jusqu’à l’université), réformer l’UASSU pour qu’elle soit réellement l’expression du sport dans un contexte scolaire et universitaire et réhabiliter l’éducation physique à l’école pour qu’elle soit une discipline fondamentale obligatoire et non optionnelle
- Construire des infrastructures : Infrastructures de masses dans toutes les disciplines pour une pratique populaire du sport Infrastructures d’élite (stades, complexes sportifs pluridisciplinaires, etc.) pour les
compétitions internationales, pour abriter des événements sportifs régionaux, internationaux et mondiaux.
- Impliquer les collectivités locales dans les infrastructures (l’éducation, le sport et les loisirs étant des compétences transférées)
- Subventionner annuellement les associations, clubs et structures sportives légalement constitués et reconnus
- Faire de nouveaux textes, pour un cadre juridique propre au sport amateur
- Doter les fédérations délégataires de pourvoir ; de moyens humains, matériels et financiers
- Professionnaliser certaines élites comme le football et le basket en attendant, la lutte ayant un peu d’avance. Créer un cadre juridique spécifique qui protège la ligue professionnelle (armature juridique, législation du travail), les clubs, les joueurs et les investisseurs nationaux, internationaux, donc rassurer le cadre professionnel et surtout les investisseurs, nous entrons dans les réalités du marché (syndicats de joueurs, d’entraineurs et investisseurs). La ligue du sport professionnel doit aider au développement du sport amateur et sa ligue.
- Pour les anciennes gloires (pratiquants professionnels, internationaux, encadreurs, etc.), il faut les accompagner dans leur reconversion professionnelle dans le sport (métiers d’éducateurs, entraineurs, formateurs, instructeurs, économie du sport, droit du sport,
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communication, etc.) autrement dit vers les métiers et compétences actuels et à venir du sport et vers les structures institutionnelles formelles (fédérations, ligues, clubs).
V / CONCLUSIONS GENERALES
Pendant plusieurs mois les membres de la Commission 4 « Droits Economiques et Sociaux
– Valorisation des Ressources Humaines », devenue après discussion « Gouvernance sociale » ont travaillé avec assiduité animés par souci de ne pas décevoir l'espoir suscité par la volonté de rupture suscitée par les Assises Nationales. Ils ont travaillé en équipe, toutes tendances confondues, d'appartenance diverse. La méthodologie qu'ils ont suivi les a conduit à fonder leurs appréciations sur une documentation fiable testée par le recours au terrain, par des discussions, des échanges contradictoires au sein des sous- commissions et avec la population, assurant à leurs conclusions et recommandations une valeur populaire et nationale, qu'ils acceptent de soumettre au jugement du public.
Il ressort de l'examen des résultats des travaux des points communs qui méritent d'être retenus, à soumettre à la réflexion, qui permettent de comprendre, peut-être, un peu mieux le chemin qui reste à parcourir. Un simple retour sur la situation de la santé dans notre pays nous en donne une idée. Les investigations menées dans ce domaine ont montré que la plupart des maux dont souffre le secteur de la santé sont liés à un problème de management qui explique la mauvaise gestion, le non respect des engagements, l’absence de contrôle et de sanction, la non application des recommandations qui ont été faites dans le passé. Beaucoup de réflexions ont été conduites avec des conclusions pertinentes. Leur application constituerait un début de solution à la plupart des problèmes soulignés. La santé coûte cher au Sénégal, alors que beaucoup d’argent a été mis à disposition par la contribution des populations, par l’Etat du Sénégal et par les partenaires au développement. Il est possible, par une répartition juste et équilibrée des moyens, de parvenir tout au moins à inverser la tendance : la contribution des populations à l’effort de financement de la santé doit rester symbolique conformément à l’esprit d’Alma Atta.
On l'a vu dans le domaine de l'éducation. Les familles sont prêtes à payer cher, même très cher, la formation de leurs enfants, pourvu que celle-ci soit de qualité. Elles préfèrent les garder au pays si elles sont assurées de la qualité de la formation. Cet esprit de sacrifice est partagé par les familles les plus modestes. Pourquoi la santé est-elle donc « malade »? Il y a certainement une cause plus profonde: l'égoïsme de la dirigeante, des nantis, assurés de bénéficier des soins hors du pays d' où leur désintérêt pour la situation intérieure. Une classe dirigeante trop égoïste, sans générosité, sans souci des plus démunis, ne peut encourager l'amélioration du système de santé. A cela s'ajoute la corruption un fléau très répandu dans le secteur et qui engloutit des sommes faramineuses ; la lutte contre ces phénomènes doit figurer parmi les priorités.
Cet exemple pris dans le domaine de la santé résume l'essentiel de ce qu'il faut retenir: si l'on place , le management ou la bonne gouvernance avec ce qu'elle comporte comme exigence éthique, la transparence, l'équité, le respect de l'autre, le recours au mérite, donc la compétence, dans le choix des hommes et des femmes, en premier lieu, elle ne doit pas être guidée par les intérêts matériels, l'argent ou le pouvoir de domination, mais surtout par le souci du bien commun, l'esprit de solidarité. C'est donc sur des valeurs éthiques que doit reposer la rupture.
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VI / Annexes
Les travaux de la commission 4 « Gouvernance Sociale » (226 pages)
Sommaire
TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF 1
EDUCATION PRESCOLAIRE AU SENEGAL 9
ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE 15
ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL 31
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL 40
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNELLE 55
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 94
EDUCATION NON FORMELLE 100
Engagements du Sénégal dans le domaine de l’éducation 121
LE SECTEUR DE LA SANTE 128
DEVELOPPEMENT SOCIAL 142
DIALOGUE SOCIAL POLITIQUE ET SYNDICAL 172
CULTURE 187
SPORTS ET LOISIRS 204
76
Annexes
Des travaux de la commission 4 « Gouvernance Sociale »
Décembre 2009
Sommaire77
RESUME 2
TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF 7 EDUCATION
PRESCOLAIRE AU SENEGAL 15 ENSEIGNEMENT
ELEMENTAIRE 20
ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL 35
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL 45
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNELLE 60
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 99
EDUCATION NON FORMELLE 109
Engagement du Sénégal dans le domaine de l’éducation 126
LE SECTEUR DE LA SANTE 133
DEVELOPPEMENT SOCIAL 148
DIALOGUE SOCIAL POLITIQUE ET SYNDICAL 178
CULTURE 193
SPORTS ET LOISIRS 210
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ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « GOUVERNANCE SOCIALE »
SOUS COMMISSION
« EDUCATION ET FORMATION »
VOLETS TRAITES
O- RESUME « EDUCATION ET FORMATION »
1- LES FONDAMENTAUX 5- ENSEIGNEMENT MOYEN
DE L’EDUCATION 6- ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
2- LES ENGAGEMENTS DU GENERAL
SENEGAL DANS LE MONDE 7- ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET
3- EDUCATION PRESCOLAIRE FORMATION PROFESSIONNELLE
4- ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE 8- ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
9- EDUCATION NON FORMELLE
NOYAU DE BASE
- Jeanne Lopis SYLLA - Rokaya Fall SOKHNA
- Amadou lamine NGOM - Mamadou FADIGA
- Babacar DIOP Buuba - Waly SENE
- Bocar Amadou LY - Mactar GAYE
- Boubacar DIALLO - Yaya NDIAYE
- Amara SECK - Ousmane DIADHIOU
- Momar Talla KANE - Amadou SOW
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OCTOBRE 2008
ASSISES NATIONALES
COMMISSION IV « GOUVERNANCE SOCIALE »
SOUS-COMMISSION « EDUCATION ET FORMATION »
RESUME DES TRAVAUX DE LA SOUS COMMISSION « EDUCATION ET FORMATION »
Les membres de la sous-commission « Education-Formation » se sont réunis le 25 octobre 2008 dans la salle de conférence du Congad pour procéder à l’état des lieux du système éducatif sénégalais et examiner par la même occasion les propositions d’amélioration des rendements suggérés par les conférencier(e)s du jour.
Les travaux ont démarré à 9 heures et ont été clôturés à 14 heures sous la présidence de Monsieur Bouba Diop, Vice-Président de la sous-commission. La feuille de présence est jointe en annexe.
L’éducation préscolaire, les enseignements : élémentaire, moyen, secondaire, supérieur, technique et l’éducation non formelle ont fait l’objet d’exposés distincts. Il en a été de même « des engagements du Sénégal dans le monde dans le domaine de l’éducation » et « des fondamentaux » devant servir de trame à une éducation nationale et démocratique. Les textes liminaires et les noms de leurs auteurs sont joints à la présente synthèse.
Le débat large, approfondi et empreint de courtoisie qui s’en est suivi a permis :
- Premièrement, de remercier très chaleureusement chacune et chacun des conférenciers pour l’ensemble des efforts fournis dans la collecte documentaire et pour la qualité remarquables des productions présentées ;
- Deuxièmement, de relever et d’analyser les zones d’excellence et de dysfonctionnement de L’Ecole sénégalaise au regard,
- d’une part, des tentatives d’adaptation du système éducatif aux impératifs d’amélioration continu de l’indice de développement humain des populations et,
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- d’autre part, des engagements internationaux du Sénégal.
La synthèse des débats conforte les conclusions des rapports sectoriels (voir annexe) et met en exergue les points suivants :
I. FONCTIONNEMENT POLITICO-ADMINISTRATIF DU SYSTEME EDUCATIF :
Le système éducatif est actuellement administré par les ministères :
- celui du préscolaire, de l’enseignement élémentaire et du moyen ;- de l’enseignement technique et de la formation professionnelle ;- de l’enseignement secondaire et des enseignements supérieurs ;
Malgré l’existence d’un Plan Décennal de l’Education et de la Formation (PDEF), cette option n’est pas de nature à faire émerger la nécessaire hiérarchie des priorités retenues pour rester au service exclusif des objectifs finaux du système. Le risque est alors de voir perdurer la gestion au jour le jour des intérêts catégoriels au détriment d’un pilotage qui sauvegarde l’ensemble des intérêts des usagers du système.
Cette organisation institutionnelle remet même en cause le caractère systémique de l’Ecole tant recherché depuis les Etats Généraux de l’Education et de la Formation ( EGEF). En effet, un système se caractérise par les interactions dynamiques que ses éléments constitutifs entretiennent entre eux de sorte que toute action significative sur l’un quelconque des éléments ou des sous-systèmes entraîne des modifications sur chacun des éléments, sur le système et sur son environnement. Or, les cloisons étanches entre les différents ordres d’enseignement ne permettent ni ces interactions, ni la régulation d’ensemble que devrait assurer une instance supérieure organisée à cet effet.
A ceci s’ajoute la dispersion des moyens et le manque de concertation qui atténuent considérablement les chances d’efficience escomptée par les auteurs du PDEF.
C’est pour ces raisons que les membres de la sous-commission proposent le retour à un ministère unique avec des directions fortes mettant en œuvre solidairement la politique nationale concertée et coordonnée.
II. FINANCEMENT DU SYSTEME
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« L’Etat reste le principal bailleur du système éducatif en maintenant le budget à 40% du budget de fonctionnement hors dépenses communes et hors amortissement de la dette. » (Rapport d’exécution technique et financière 2006, ME/DPRE/DES).
Cet effort dans le cadre de la mobilisation pérenne des ressources est consécutif à un choix déterminé des Autorités sénégalaises. Passant de 33 à 34% puis à 40%, cette allocation des ressources traduit bien la volonté de développement d’un capital humain autorisant des victoires continues dans la lutte contre la pauvreté et les disparités. C’est la raison pour laquelle l’UNESCO classe le Sénégal dans le groupe E des pays consacrant entre 16 et 22 % de leur PIB à l’éducation. Ces pays réalisant une mobilisation moyenne de ressources internes de l’Etat reflétant par là même une priorité budgétaire pour l’éducation acceptable compte tenu du faible niveau de développement économique du pays.
Si cet effort louable est salué par tous, un courant de forte suspicion est apparu durant le séminaire quant à l’effectivité de la dépense proclamée. Aussi, est- il souhaitable qu’un débat franc soit organisé sur la transparence des ressources réellement allouées et sur les arbitrages opérés. Ceci permettrait de dissiper les malentendus et de mobiliser durablement la moyenne proportion des acteurs dans l’amélioration des rendements internes, externes, quantitatifs et qualitatifs de l’Ecole.
A propos d’arbitrage, les séminaristes se sont inquiétés du sort fait à l’enseignement technique et à la formation professionnelle plusieurs fois proclamé priorité nationale jusque dans beaucoup de plans triennaux d’investissement mais qui continue de recevoir une part dérisoire du budget (entre 2 et 3 %). Comment dans ces conditions peut-on espérer traduire en actes les recommandations des « Assises sur l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle » tenues au CICES et présidées par Monsieur le Président de la République ?
L’instabilité institutionnelle de ce secteur ajoutée à l’état de délabrement avancé des infrastructures, à l’indigence des structures et des équipements, au manque criard de professeurs de rang universitaire entre autres, entament la crédibilité de ce secteur essentiel pour le développement du pays.
Le lycée agricole de Bignona est la seule structure du genre dans un pays majoritairement composé d’agriculteurs. Cette anomalie doit être corrigée le plus rapidement possible car « une offre d’éducation qui n’articule pas un objectif d’universalisation dans sa partie basse et un objectif d’adéquation à la structure des emplois dans sa partie haute rend moins évident pour le responsable politique les arbitrages et régulations » nécessaires à une tonification de l’économie nationale.
III. NECESSITE D’UN DEBAT LARGE ET SINCERE AUTOUR DES QUESTIONS CARDINALES
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III.1. FORMATION DES ENSEIGNANTS
La formation des enseignants a préoccupé très fortement les séminaristes. Car, « ce qui se passe dans la classe et l’impact de l’enseignant et de l’enseignement ont été identifiés par de nombreuses études évoquées comme la variable essentielle pour l’amélioration des résultats d’apprentissage. La manière dont les enseignants enseignent doit être au centre de toute réforme destinée à améliorer la qualité. » (Gauthier et Dembelé, 2004, p 2-4, et une « obsession » pour les Autorités sénégalaises. La variable relative aux enseignants a été identifiée tout au long des travaux comme celle qui a l’effet le plus prononcé sur les acquis scolaires des élèves de milieux modestes. Même lorsque les milieux d’origine des élèves présentent des différences significatives, les enseignants bien formés peuvent exercer une forte influence sur l’amélioration de leurs niveaux acquis. La Réunion biennale sur la qualité organisée en 2003 par l’Association pour le Développement de l’Education en Afrique informe que les bons enseignants se révèlent efficaces quels que soient les niveaux acquis des apprenants et aussi hétérogènes que soit la classe. Or, aujourd’hui l’absence d’une formation adéquate est le lit de toutes les frustrations notées aussi bien chez les enseignants, les parents d’élèves que chez les apprenants eux-mêmes.
Le manque d’identité positive que charrient les nouveaux corps dénommés « volontaires et vacataires de l’éducation » appelle à une réflexion profonde sur le recrutement, la formation et la promotion des enseignants gages d’une amélioration de la qualité de l’éducation « dans un souci d’excellence, de façon à obtenir des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante. » Objectif 6 du Cadre d’action de Dakar et Objectifs de développement du Millénaire.
III.2. ENVIRONNEMENT DES APPRENTISSAGES
III.2.1. Années scolaires régulièrement perturbées
III.2.1.1. Les grèves cycliques sont devenues la marque distinctive de l’Ecole sénégalaise. Elles ont entamé la crédibilité du secteur public et participé au développement du secteur privé qui joue depuis plusieurs années déjà le rôle de soupape de sécurité du système (en 2006, 388 collèges privés contre 520 pour le public et beaucoup d’établissements privés d’enseignement supérieur).
Ces grèves concernent donc tous les secteurs du préscolaire à l’université et affectent dangereusement la fécondité du système. Elles installent la méfiance au sein de la communauté éducative, les parents d’élèves et d’étudiants jouant aux sapeurs pompiers pour constamment sauver l’année académique et éviter des années blanches.
III.2.1.2 Le calendrier scolaire et universitaire tel qu’il est confectionné est depuis bien longtemps un élément adverse à une bonne rétention et une consolidation des savoirs transmis par les enseignants et
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des savoirs acquis par les apprenants. Les pertes de pré-requis consécutives aux vacances de toutes sortes rendent illusoires toute efficacité du système. Le survol des programmes qui s’ensuit explique dans une large mesure la médiocrité des résultats aux différents examens. La faiblesse du quantum horaire officiel (800 heures) et celui réalisé dans les différentes académies : 636 h à Kolda, 654 à Ziguinchor et 836 à Thiès par exemple sont révélateurs de la faiblesse des ambitions en matière de formation des ressources humaines de qualité et de la gestion laxiste du système.
III.2.1.3. Les effectifs pléthoriques L’accès à une éducation de qualité comme un droit humain fondé sur une plus grande pertinence, une plus grande équité et le respect approprié des droits des enseignants et des élèves commande un abandon de ces pratiques. Certaines classes et facultés sont de simples garderies d’élèves et d’étudiants. Les ratios d’encadrement que l’on y observe sont adverses à toute réussite et expliquent les échecs massifs enregistrés chaque année. L’on doit dès à présent s’entendre sur la révision à la hausse des allocations du budget consolidé d’investissement pour atténuer considérablement les effets dévastateurs de cette massification indue des effectifs et revenir assez rapidement à des situations plus conformes à l’esprit et à la lettre du PDEF et des engagements internationaux du Sénégal.
La communauté éducative doit se mobiliser pour consolider les progrès importants réalisés dans l’élargissement de l’accès, dans l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages et dans la gestion du système éducatif sénégalais.
Une concertation impliquant tous les acteurs de l’éducation et les partenaires gagnerait à être convoquée rapidement pour asseoir un climat apaisé dans l’Ecole, renforcer la capacité du système à transformer les ressources disponibles en résultats. Le lien actuel entre les ressources mobilisées et les rendements est faible et reproduit des inégalités et de disparités de toutes sortes.
Le recrutement en nombre suffisant d’enseignants, de personnels de supervision pédagogique, de gestionnaires du système et une formation adaptée à leurs vocations actuelles y figureront en bonne place. Ce sera également l’occasion de revenir sur nos choix en matière d’alphabétisation et leur articulation au développement national.
L’application des conclusions de la réforme de l’enseignement supérieur ayant connu des fortunes diverses, il urge de se pencher très sérieusement sur ce secteur déterminant pour la constitution d’un capital humain de qualité et l’instauration d’une recherche à fécondité avérée.
La propension à la privatisation de secteurs de plus en plus larges (écoles, collèges, écoles et instituts universitaires) et les effets de la fonction service dans des départements et facultés de l’Université posent naturellement la lancinante question du financement de l’Ecole au Sénégal. Des accords fédérateurs devront être réalisés aussi bien sur ces domaines que dans celui de la logique d’action qui devra leur servir de trame.
Celles ou ceux qui voudront approfondir l’analyse de ces différents points abordés au cours du séminaire pourront se reporter avec profit aux neuf (9) documents de base joints à cette synthèse.
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Rapporteur AMARA SECK
Président du Cabinet « Solutions
pédagogiques pour l’Afrique SPA »
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
LES TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF
AU SENEGAL
LES FONDAMENTAUX DE L’EDUCATION
PROFESSEUR BABACAR DIOP BUUBA
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
OCTOBRE 2008
85
TRAJECTOIRES DU SYSTEME EDUCATIF
A. LES FONDAMENTAUX
a. L’éducation est la tension permanente pour le savoir, le savoir faire, le savoir devenir
socialement. C’est valoriser nos potentialités physiques, techniciennes, intellectuelles, spirituelles. Il
s’agit aussi de tirer profit du patrimoine humain.
Il s’agit d’une ouverture aux plans local, national, sous régional, régional et
international.
Il s’agit de s’inspirer des bonnes pratiques, d’inventer de nouvelles, de tirer des leçons
des difficultés voire des échecs.
Le sujet est complexe.
b. L’écrivain sénégalais, Abdoulaye Sadji4, avait consacré une réflexion à la question dans un essai5.
Du reste, il est révélateur que la plupart des écrits de cet auteur s’inscrivent dans une dynamique
soit de valorisation positive des traditions africaines soit de description du choc entre cultures
africaines et occidentales6. A travers son essai sur l’Education, on perçoit nettement qu’Abdoulaye
Sadji éprouve quelque gêne à répondre à ceux qui contestent aux civilisations africaines une
épaisseur historique. Voici en quels termes il évoque les conceptions sur les civilisations africaines :
« l’homme noir des contrées forestières ou semi forestières de l’Afrique en est encore à ce stade où
son comportement n’est pas le résultat d’une réflexion philosophique mais celui d’une simple
adaptation au milieu naturel.
4 L’auteur né en 1910 à Rufisque, après des études en langue arabe (Coran) et française (écoles primaire et
secondaire), a servi comme enseignant puis comme inspecteur du primaire jusqu’à sa mort en 1961.5 Sadji A., Education africaine et civilisation, Dakar, 1964.
6 Nous rappelons que l’auteur a écrit en collaboration avec Léopold Sédar Senghor, La belle histoire de leuk. Le lièvre
à l’usage des enfants. Il a publié d’autres ouvrages : Tounka, une légende de la Mer, Paris, Présence Africaine, 1952 :
Maïmouna (roman), Présence Africaine, 1958 ; Nini, Mulâtresse de Saint-Louis, Paris, 1954 ; Modou Fatim,
(Nouvelles), Imprimerie Diop, Dakar, 1960.
86
Des historiens et des ethnologues qui prennent le contre-pied des détracteurs de la race noire
nous révèlent l’existence peut-être lointaine dans le passé mais réelle dans les faits et les documents,
d’une civilisation nègre pendant laquelle les Noirs savaient déjà travailler les métaux et « tisser des
vêtements »… Et Sadji de signaler que le débat est mené de savoir si ces brillantes civilisations
(Ghana par exemple) sont le fait de « Noirs authentiques ou d’hommes d’origine sémitique » (Sadji
1964, 24-25).
Visiblement, Abdoulaye Sadji ne semble pas être partisan des thèses de Cheikh Anta Diop sur
l’antériorité des civilisations nègres ou sur l’Egypte nègre initiatrice de certaines civilisations
méditerranéennes (gréco-latines) et proche orientales (hébraïques et arabes) ; par contre, il semble
développer une idée de l’Afrique, chère aux tenants de la Négritude, en particulier la vision
senghorienne, à laquelle Cheikh Anta reproche du reste de manquer de perspective historique7. Il est
possible aussi que Sadji soit dans la même attitude que Césaire, qui tout en soutenant moralement 8
Cheikh Anta Diop, n’avait pas les arguments scientifiques pour renforcer les hypothèses du
physicien égyptologue sénégalais.
Abdoulaye Sadji a accordé une grande attention à l’habillement (Ibid. : 25 sq.) dans le
recensement de faits de civilisation africaine. Concernant les étapes de l’initiation, il s’est davantage
appesanti sur le sevrage et la circoncision. Bien entendu, même s’il n’a pas tenté une remontée dans
la préhistoire ou l’antiquité africaine comme l’aurait fait un disciple de Cheikh Anta Diop, il n’a pu
s’empêcher, comme nous l’avons annoncé du reste, de réfléchir sur les contacts avec les autres
civilisations, en particulier avec l’Islam (Ibid. 42 sq).
Mieux encore, il s’est montré sensible, comme Jeanmaire, aux parallélismes entre les
civilisations africaines contemporaines et les civilisations européennes de l’Antiquité (gréco-latine
surtout). Voici en quels termes il conclut la comparaison : « les deux exemples de l’éducation
grecque et romaine prouvent qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil et que l’éducation, telle qu’elle
était donnée autrefois aux jeunes sénégalaise, puisait ses ressources dans une sagesse fort antique
« Ibid. : 67). Cet exercice a été renforcé par le professeur Michel Woronoff, à Dakar en 1976 lors du
7 Cette critique est reprise dans Civilisations ou Barbarie. Cheikh Anta pense que pour définir
correctement l’identité culturelle, il faut faire ressortir les dimensions historique, linguistique et
psychique. Or, les tenants de la négritude ont trop spécifié ce troisième facteur (Diop, 1981, 279).8 Cheikh Anta Diop rend hommage à Césaire pour cette attitude dans la préface de Nations nègres et
culture, édition de 1979, T.I.P. 5.87
colloque « Afrique Noire et monde méditerranéen dans l’Antiquité ». M. Woronoff, dans sa
communication, « Structures parallèles de l’initiation des jeunes gens en Afrique Noire et dans la
tradition grecque », a rendu hommage à jeanmaire, tout en soulignant les limites de son travail9.
Après avoir fait un survol des travaux sur la question en Afrique et dans le reste du monde
(Colloque 1978 : 238-239), il insiste sur l’intérêt du cas africain (Ibid. : 240) et fait ressortir quelque
grands enseignements qu’on pourrait tirer de cette riche expérience : l’affirmation de l’identité
biologique (Ibid : 250), l’initiation à la responsabilité (Ibid. 247), la spécialisation (ibid. : 248), la
solidarité (Ibid.). Les riches débats qui ont suivi son exposé avaient permis au professeur Omar
Kane, historien, de revenir sur la dimension globale de l’éducation africaine10. Les échanges ont
permis de revenir sur l’importance des contextes géographiques des activités économiques, la
spécificité des civilisations agraires et/ou maritime (Ibid. : 149) sur le jeu d’ethnies, classes ou
groupes sociaux particuliers11.
Si l’initiation africaine permet l’affirmation d’identités fortes, de personnalités assumées, si
elle encourage la pratique de l’endurance, la réalisation d’exploits, elle prépare au maniement de la
loi des contraires : remède/poison, vie/mort, etc. Par la renaissance, s’élargit l’espace de la
dialectique, et les pratiques cycliques ne sont pas en contradiction avec une évolution en spirale.
Michel Woronoff n’avait pas du reste manqué de recourir à l’autorité de L. -V. Thomas pour
expliquer quelques situations qui semblent assez cocasses : « lors de l’initiation d’adultes âgés
quelquefois de 30 à 35 ans, par formalisme, « le fameux formalisme diola », on continue à leur
donner des conseils sur la manière d’avoir des enfants, les mystères de la reproduction, comme s’ils
ne les connaissaient pas. Cela montre bien qu’il y a eu une sorte de transformation de l’initiation,
due aux conditions économiques générales qui ont changé » (colloque 1978 : 263-264).
B. NOUVEAUX DEFIS ET MUTATIONS9 « C’est H. Jeanmaire qui a le premier présenté un exposé systématique de la question, en mettant l’accent sur les
lumières que l’Afrique pouvait projeter sur les légendes obscures ou des rites mal compris de l’Antiquité grecque
actuellement si les idées développées par Jeanmaire sur la crypte spartriate ou sur le rôle de la classe des jeunes
dans le monde achéen se trouvent partiellement remises en question, si son information ethnosociologique paraît
dater un peu. Il n’en reste pas moins que l’essentiel de sa réflexion demeure valide et s’intégre aux études récentes
sur les société agraires » (Colloque 1978 : 237).10 Le professeur Kane avait insisté sur les dimensions mystiques, techniques, socio professionnelles, les relations
entre
jeunes et adultes, garçons et filles, les volets physique et moral (colloque 1978 : 261). 11 Ainsi Jean-Georges Texier avait demandé à M. Woronoff « si les différentes tribus (ou ethnies) dont il nous avait
parlé ont été, à un moment donné, conquérantes ou si elles ont eu un caractère militaire très marqué « (Colloque 1970 :
257).
88
La nécessité de tenir compte de l’évolution historique et donc des leçons du passé pour
pouvoir asseoir un projet éducatif viable n’a pas échappé aux chercheurs organiques qui ont eu pour
souci d’accompagner l’action des leaders politiques. Tel fut le cas de Roland Collin qui fut très
proche à la fois de Léopold Sédar Senghor et de Mamadou Dia, alliés puis adversaires sur la scène
politique sénégalaise. Dans sa thèse12, il revient sur la plupart des travaux que nous avons signalés.
Il consacre la première partie de son tome I à la société précoloniale (Colin 1980 : 51 sq.). Son
approche est à mi-chemin entre celle de Jeanmaire (à l’échelle de toute l’Afrique) et celle
d’Abdoulaye Saji (focalisation sur les Wolof-Lébu) ; en effet, R. Collin, lui, a choisi de comparer les
pratiques wolof, sereer et toucouleur. Ce qui lui permet de dégager six stades dans l’évolution des
individus.
STADE SEREER WOLOF PULAAR
Enfance 0 à 2 ans xeq, robtatin perlit, perantal tugge
Enfance, 2 à 6 ans 0 njaj
0 ngor (m)
/0 ndew (f)
Gune sukaabe
tokos be
Enfance
de 6/7 à 12 ans
0 njaji (m)
nde ban dong/
0 ndew (f)
xale
njagamar (f)
cukalon
Adolescence
de 12 à 20/25 ans
0 fes ou 0
sangit (m)
0 toog – njegemaar (f)
aat njulli
berloót
waxambaane (m)
sëglu janq (f)
sukaabe (m)
boombi (f)
Adultes actifs
de 20/25 à 60/70 ans
0 mak (m)
O tew ou jeeg (f)
borom kër (m)
jeeg (f)
hellifaabe (m)
see medbe (f)
Vieillards qui ne peuvent
plus travailler
O nogoy kilifa (m)
mag (m,f)
mawbe
raneebe
m = masculin et f = féminin
Après avoir dégagé les similitudes entre ce découpage et celui établi par les psychologues
occidentaux (Ibid. : 55), l’auteur étudie successivement :
12 Colin R. Systèmes d’éducation et mutations sociales. Continuité et discontinuité dans les dynamiques socio- éducatives, le cas du Sénégal, thèse de doctorat soutenue le 17 décembre 1977 à l’Université de Paris V et publiée par l’Atelier de Reproduction des thèses, Université de Lille III, 1980.
89
L’éducation intra familliale et pré-initiatique en insistant du reste sur la phase
prénatale et sur la naissance et le sevrage, sur la place des grands-parents, de l’oncle, sur le
rôle des contes ;
l’éducation initiatique ;
l’éducation post-initiatique.
Il consacre, comme Abdoulaye Sadji, une part de la réflexion au choc avec l’islam (Ibid. : 108
sq.) pour analyser l’osmose, les greffages ou les résistances selon le cas. Ce qui lui permet de
distinguer, par exemple, la différence d’évolution des systèmes wolof et sereer, le premier
caractérisé par « la dualité en équilibre difficile entre un système politico-militaire accusant de plus
en plus sa domination sur un système lamanal de type sérère. L’éducation lignagère est impuissante
à rétablir les contrepoids à partir du moment où l’influence et la domination de l’empire colonial
viendront durcir la force militaire du haut et briser par la relation marchande la continuité des
rapports sociaux du bas » (Ibid. : 146).
C. QUEL AVENIR ?
Pour bien tracer les voies d’un futur enrichissant, il faut avoir à l’esprit l’articulation entre les
secteurs formels, non formels et informels du secteur éducatif. Pour le niveau formel, Cheikh Anta
Diop avait bien insisté sur l’importance des langues nationales. Dans un article consacré à la
renaissance africaine il développe ses points de vue :
“Quand nous voudrions nous adresser efficacement au peuple africain pour un but éducatif
quelconque, nous ne tarderons pas à réclamer la nécessité de recourir aux langues africaines.
Faire un travail préalable pour rendre celles-ci aptes à exprimer toute la réalité moderne, c’est
donc supprimer l’obstacle majeur qui s’opposait à une éducation populaire extra scolaire”.
Les experts africains réunis par le Bureau régional de l’UNESCO à Dakar dans le cadre de la
préparation de la Conférence Internationale sur l’Education de Jomtien (1990) ne pouvaient non
plus ignorer l’importance d’une mise en perspective des problèmes éducatifs africains à partir d’une
analyse des forces et faiblesses de l’éducation traditionnelle. Ils ont dégagé « deux axes référentiels
dont l’un est vertical, orienté de l’amont chronologique vers l’aval du temps, et où se situent des
réalités aussi déterminantes que l’ascendance génétique et parentale, l’âge, etc. Quant à l’axe
horizontal, il se réfère aux alliances et associations avec d’autres lignages, d’autres jeunes (classes
d’âges, etc.).
90
Le biologique et le socioculturel interfèrent toujours pour créer les droits et devoirs de l’enfant
à l’égard des autres »13.
Ils ont procédé à une réduction des différentes étapes de l’éducation africaine :
la première intégration biophysique avec la première rupture que constitue le sevrage ;
L’intégration dans une société spécialisée qui valorise l’autoformation, les apprentissages
spéciaux ;
L’initiation qui fusionne les axes (vertical et horizontal) de référence.
Ce système d’éducation avait des points forts qui pouvaient se résumer en un mot :
l’importance du « savoir lié » ;
« liaison des connaissances générales à la pratique ;
Liaison de l’éducation à la production ;
Liaison à la culture aussi par le truchement de la langue maternelle et par l’immersion des
éléments du savoir dans les pratiques culturelles (jeux, masques et rites religieux, danses,
musiques, sport, etc.) ;
Enfin la liaison de cet enseignement avec les valeurs ethniques reconnues… »
(Ki-Zerbo 1990 : 40).
Ce système avait aussi ses points faibles parmi lesquels les experts ont recensé :
« un faible niveau d’abstraction et de généralement ; un faible coefficient d’accumulation et de
diffusion. Cette éducation présentait aussi une ouverture assez faible en dehors de chaque groupe
ethnique ou même villageois. Enfin les épreuves de l’initiation étaient parfois excessives
(mutulations), voire fatales » (ibid. 39).
Autant il semble qu’il faut être prudent sur la formulation de la première faiblesse14, autant il
semble important d’insister sur la deuxième limite qui s’explique en partie par le blocage des
traditions écrites à un certain moment de l’histoire africaine.
En effet, l’Afrique, qui a développé plusieurs systèmes d’écriture, comme l’a montré le
professeur Théophile Obenga (1973), n’a pas connu un phénomène comparable à celui de la
révolution de l’imprimerie qui s’est déroulée en Europe au début des temps modernes. Ce qui
13 J. Ki-Zerbo, Eduquer ou Périr, Unesco, Unicef, 1990, p. 36.14 Voir à ce propos l’ouvrage d’Arthur B. Powell et Marilynn Frankenstein, Ethnomathematics, Challenging
Eurocentrism in Mathematics Education, State uni. Of New York Press, 1997.
91
explique qu’après les grands chocs avec les autres grandes civilisations proche-orientales ou
méditerranéennes, on assiste à une « désagrégation sourde qui explique en grande partie les misères
et les naufrages actuels dans l’institution scolaire » (Ki-Zerbo, 1990 : 41).
Les sociétés africaines ont été ébranlées dans leurs fondements, on leur a imposé un type
d’économie, des systèmes politiques qui servent en général des intérêts de groupes allogènes ou
autochtones minoritaires et compradores. Les hommes sont dans les mines, les champs, les usines,
les chantiers, « les femmes, après avoir fait les enfants, doivent les élever seules et préparer de leurs
propres mains le bois d’ébènes contemporain… » (Ki-Zerbo, 1990 : 42), et « les villes africaines
sont souvent, non pas des moteurs pour les dépotoirs d’un centre lointain dont elles sont
structurellement incapables de rééditer l’exploit » (ibid. : 45).
Est-ce une raison pour baisser les bras ? Que non pas ! Au contraire, il faut prêter attention
aux nouvelles pousses qui sortent du fumier, ces nouvelles pousses sont en général des formes
d’adaptation positive aux nouveaux contextes, pour relever les anciens et nouveaux défis : la lutte
pour la démocratie, l’autosuffisance alimentaire, la santé, la paix, la préservation de
l’environnement, etc. et dans cette nouvelle aventure éducative, les Africains auront à cœur de se
réapproprier les nouvelles technologies de communication en y développant des contenus
spécifiques conformes à leur histoire et à leurs aspirations.
Et, dans le combat pour la nouvelle orientation africaine des processus éducatifs, la société
civile africaine devra consolider le travail qu’elle a entamé dans le cadre, non seulement de la
Comedaf (Johannesbourg 2007), mais aussi dans le processus de la Confintea VI (Conférence
Internationale sur l’Education des Adultes), des évaluations et suivi de l’Education Pour Tous
(Dakar 2000) et des O.M.D. (New York 2000). D’ici 2015, il s’agit de suivre et de rectifier de
manière durable. Au Sénégal, le processus de réflexion critique a abouti aux premiers états
généraux sur l’Education et la Formation en 1980, et la loi d’orientation de 91 exprime le vœu
d’une école nouvelle devant contribuer à la promotion de la justice sociale, de la démocratie, du
progrès. Elle veut œuvrer à la libération du pays au triple plan économique, social et culturel.
Professeur Babacar Diop Buuba
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
92
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
EDUCATION PRESCOLAIRE AU SENEGAL
93
Octobre 2008
L’ECOLE MATERNELLE SENEGALAISE
I – GENERALITES
L’Ecole Maternelle Sénégalaise débute avec l’arrivée des sœurs franciscaines à Gorée dans les
années 1887. Cela veut dire que le Sénégal est un pionnier en la matière.
Déjà, à Tandiène en Casamance, les femmes avaient trouvé un système de garderie qui était
unique en son genre, une femme gardait les enfants leur faisait la cuisine, pendant que les autres
membres du groupe s’occupaient de son champ donc à tour de rôle, chaque maman gardait les
enfants de ses camarades. La garderie naquit de cette solidarité féminine.
Quelquefois, certains pensent que seuls les nantis peuvent faire accéder leurs enfants à l’Ecole
Maternelle ; d’autres pensent qu’à l’école maternelle, on s’amuse.
Certains intellectuels ne pensent même pas à l’importance de cette étape pour leurs enfants.
II - ETAT DES LIEUX
On a vu la création :
- d’Ecoles Publiques
- d’Ecoles Privées Catholiques
- d’Ecoles Privées Laïques
- des Daaras
En ce moment, on a créé une Agence pour gérer ce que l’on appelle la Case des Tout-petits en
confisquant les prérogatives de la Direction du Préscolaire, pour y mener des activités d’éducation
préscolaire.
Depuis des années, on parle de démocratisation de l’Enseignement, mais sur le plan
institutionnel, l’Ecole Maternelle trouve difficilement sa place.
Cette démocratisation est-elle effective, si l’on considère les enfants de la rue ?
Différents ministères ont abrité l’école maternelle :
94
- Ministère de l’Action Sociale
- Ministère de la Femme
- Ministère de la Santé et de l’Action Sociale
- Ministère de l’Education Nationale
Sur le plan institutionnel donc, il serait intelligent de créer un Ministère unique pour
l’éducation, la Formation et la Recherche.
Il s’agit d’harmoniser, de fixer ou d’ancrer cette Ecole Maternelle au Ministère de l’Education
Nationale, et créer des Directions Générales ou des Agences pour une coordination indispensable.
III - IMPORTANCE DE L’EDUCATION PRESCOLAIRE
Vous remarquerez que l’on parle d’éducation préscolaire, et non d’Enseignement Préscolaire,
car au préscolaire, il n’y a pas de Programme comme à l’Elémentaire, on prépare l’enfant à
l’Elémentaire, et comment ?
- En s’appuyant sur :
Le savoir
Le savoir-faire
Le savoir-être
Le savoir interagir avec l’Environnement
L’Educateur Préscolaire doit développer
- Les aspects cognitifs
- Les aspects affectifs
- Les aspects psychomoteurs chez l’enfant
Il est donc très important pour l’Educateur de connaître la psychologie de l’Enfant. Piaget,
Wallon, Françoise Dotto se sont tous appesanti sur les différents stades du développement de
l’Enfant.
Les différentes taxonomies (Bloom, Harrow) nous renseignent sur les objectifs que l’éducateur
doit atteindre et comment les atteindre suivant les stades de développement de l’enfant.
L’éducateur travaille sur des activités dont les principales sont :
- Le langage (conte, comptine)
- Les logicomathématiques (pour préparer l’enfant aux activités logiques et mathématiques)
- Les exercices perceptivo moteurs (que l’on appelle les exercices sensoriels au cours
d’initiation)
- Le graphisme (pour préparer l’enfant à l’écriture)95
- Les activités manuelles
- Les activités musicales
- Les activités psychomotrices.
Pour le suivi du développement de l’enfant, l’éducateur ne doit pas négliger le cahier du dessin
du bonhomme qui va le renseigner sur la maîtrise du schéma corporel de l’enfant.
Ainsi, l’Enfant est bien préparé pour recevoir les Enseignements à Ecole Elémentaire.
Encore faut-il que l’Education Préscolaire soit spécialiste du préscolaire, bien formé, diplômé
et non formé « sur le tas ».
L’Inspecteur ou l’Inspecteur Adjoint du Préscolaire doit être spécialiste du préscolaire.
Une autre difficulté, et non des moindres, vient se greffer au manque de spécialisation, c’est la
non maîtrise du médium d’enseignement par les élèves ; la langue française n’est pas la langue
maternelle des enfants sénégalais.
Pourtant, chaque pédagogue connaît l’importance de la langue maternelle pendant les premiers
apprentissages, il s’y ajoute que le Sénégal a dépensé des millions pour l’Alphabétisation, pour
arriver à quoi ?
Certains ne voient pas l’utilité de l’emploi des langues nationales dans les écoles maternelles
publiques (et encore !), certains éducateurs n’arrivent pas à élaborer leur fiches de préparation en
langue maternelle, car les enseignants sont mal préparés, ce qui pose le problème de la maîtrise de
la didactique des disciplines.
Certains deviennent de vrais dangers, surtout ceux préparés « sur le tas » qui n’ont aucune
expérience, et qui croient dur comme fer que l’Ecole Maternelle est uniquement un espace de jeu.
IV- IMPORTANCE DE LA TRANSITION PRESCOLAIRE/ELEMENTAIRE
Il devient donc indispensable que les Maîtres du CI/CP travaillent avec les éducateurs des
grandes sections de la Maternelle pour une bonne jonction et transition du Préscolaire à
l’Elémentaire.
Cette transition Préscolaire / Elémentaire est très importante pour éviter à l’enfant le
traumatisme assimilable à un sevrage brutal. En effet, la différence est grande car, le milieu
préscolaire où tout est liberté : travail en ateliers, classes décorées, attrayantes, où l’on peut se
déplacer à sa guise, disposition en rond, est différent d’une classe de l’élémentaire où tout est
discipline, les élèves sont assis face à un tableau et surtout face à un maître qui quelquefois tient une
cravache (même si les châtiments corporels sont interdits).
96
Il est donc inutile de revenir sur l’importance de cette transition, elle est fondamentale, et c’est
pourquoi :
- la spécialisation des enseignants est indispensable,
- la bonne formation des enseignants devient une exigence
V – RECOMMANDATIONS
- Il faudrait élever le niveau de formation, des Educateurs
avec BAC + 1
EFI (pour la maîtrise de la didactique des disciplines)
- La FASTEF doit être un passage obligé pour les Inspecteurs et Inspecteurs Adjoints du
Préscolaire pour une bonne pratique pédagogique.
- Il faudrait revenir sur la spécialisation Préscolaire / Elémentaire
- Au niveau du Préscolaire, il manque un dispositif de pilotage cohérent, on se perd entre
Direction du Préscolaire et Agence de la Case des Tout-petits
VI - QUELQUES INTERROGATIONS
Le Directeur de l’Agence de la Case des Tout-petits dépend de qui ?
De quel ministère l’éducation préscolaire dépend-elle ?
Combien de catégories d’éducateurs y a t’il ?
- Quel cursus subissent-ils ?
- A quel niveau sont-ils recrutés ?
- De quels statuts relèvent-ils ?
- Leur contrôle pédagogique est-il correctement assuré ?
VII – CONCLUSIONS
Quelques questions posées qui méritent qu’on y réponde de façon très claire si l’on veut mener
à bien l’Education Préscolaire et donner toute l’importance à cette phase cruciale des premiers
apprentissages de 0 à 5 ans.
Pour rappel : la langue française n’est pas la langue maternelle des sénégalais, et il est
prouvé que l’on peut enseigner en Wolof, Joola, Sereer, Manding, etc. C’est un problème de
97
confiance en nos langues et une question de volonté politique. Mais malheureusement, le
colonisateur nous a persuadés que nos langues étaient des dialectes inaptes à appréhender
des notions abstraites comme les mathématiques.
Pour insister : tous les enseignants ne sont pas des spécialistes du préscolaire y compris les
Inspecteurs non encore spécialisés dans le domaine visé.
REPUBLIQUE DU SENEGAL
SOUS COMMISSION EDUCATION/FORMATION
EDUCATION
ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE
OCTOBRE 2008
98
Présenté par : Mamadou FADIGA
INTRODUCTION 3
I- L’ACCES A L’EDUCATION 5
a. Les limites de l’offre éducative 6
b. Les problèmes liés à l’accès à l’enseignement 7
c. Des pistes de solution pour l’accès 7
II- LA QUALITE DE L’EDUCATION 9
A- Problématique de la qualité des enseignements
dans le système éducatif 10
B- Diagnostic de la qualité de l’enseignement 11
C- Des pistes de solutions pour améliorer
la qualité de l’enseignement 14
III- LA GESTION DE L’EDUCATION 18
A- Etat des lieux sur la gestion de l’enseignement 19
B- Les difficultés liées a la gestion 19
C- Assainir et moderniser la gestion 20
99
INTRODUCTION
Avant l’indépendance, le système éducatif était régi par l’arrêté du 2 août 1945 du
gouverneur de l’AOF. C’était un système éducatif pratiquement français de par ses programmes,
ses structures, ses méthodes, son administration et sa gestion. Les enseignements portaient en
général ; en histoire sur l’histoire de la France, en géographie sur les structures administratives de la
France et les institutions scolaires dépendaient des académies de France.
A l’indépendance, le droit à l’éducation fut inscrit dans la constitution de la République
marquant du coup l’accès gratuit à l’éducation. Ainsi, avec la loi d’orientation de 1971, l’accès libre
à l’enseignement public fut consacré et l’enseignement privé fut également autorisé, reconnu et
subventionné selon certaines conditions. Cette école qui marque une rupture timide se préoccupait
de mettre sur pied des réformes prenant en compte les préoccupations du pays. Toutefois c’était une
école qui est restée pendant longtemps élitiste, coûtant cher et fermant ses portes à la majorité des
enfants en âge de scolarisation. En conséquence, des réformes successives ont été entreprises pour
d’abord, marquer une certaine démarcation vis-à-vis du système français et ensuite, décentraliser et
déconcentrer l’administration scolaire (départementalisation, régionalisation, création de structures
de formation d’enseignants etc.). C’est dans cette optique que de grands efforts sont consentis pour
augmenter l’offre d’éducation.
A ce niveau, il est important de noter la part importante du budget de l’Etat consacrée à
l’éducation, les ressources provenant de la coopération bilatérale et multilatérale (FAC, FED et
autres ONG), l’engouement des populations qu’on pouvait lire par la mise en place de classes sous
abris provisoires en Casamance et au Fleuve.
Sur le plan des écoles de formation des enseignants, on peut retenir l’Ecole Normale
Supérieure dont la vocation est de former des professeurs des Collège et Lycée et des Inspecteurs de
l’enseignement.
Pour la formation des instituteurs, il y avait l’Ecole Normale William Ponty, l’Ecole Normale
Germaine le Goff, le CFPS de Thiès où les enseignants en formation étaient recrutés à partir du
BAC. De plus, on pouvait décompter trois (3) Ecoles Normales Régionales, deux (2) CFPP. Au
total, plus de 1000 enseignants étaient recrutés chaque année sous la forte pression de la demande.
Avec la forte poussée démographique et les injonctions d’une situation économique
désastreuse, le secteur de l’éducation ne sera pas épargné. Cela se justifie par l’inadaptation des
contenus et des activités éducatives aux besoins socioculturel, économique, technique et
scientifique du pays. La tendance à la stagnation du taux de scolarisation élémentaire en constitue 100
l’illustration la plus plausible. Cette crise du système éducatif va aboutir à la convocation des Etats
Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) en 1981 et l’examen de leurs conclusions est
confié à la CNREF. Cette étape constitue un moment historique de l’école sénégalaise. Les
conclusions de ces assises de l’éducation ont permis de mieux définir la politique éducative à
travers laquelle les priorités sont nettement déclarées et beaucoup de projets sont montés avec les
partenaires notamment la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et le Fonds de
l’OPEP, etc.
A- LES LIMITES DE L’OFFRE EDUCATIVE
1°) LE TAUX D’INSCRIPTION DES ENFANTS DE 7 ANS.
Le système éducatif est un système à plusieurs vitesses. En réalité, l’école est reproductrice
des inégalités sociales. Alors la libéralisation de l’offre éducative est tronquée. Notre école est
élitiste, coûteuse et discriminatoire malgré les gros investissements consentis par l’Etat,
l’accroissement du dispositif infrastructurel et le relèvement sensible du TBS grâce aux effets de la
scolarisation des filles (SCOFI) et des campagnes de sensibilisation intense au profit du recrutement
à l’occasion d’événements telle que la semaine de l’école de base.
L’accès à l’éducation s’analyse à partir de la population scolarisable. Le taux d’admission est
le pourcentage du nombre d’enfants de 7ans qui sont inscrits chaque année. Si ce taux est de l’ordre
de (70 %) en ………, évolue-t-il et à quel rythme? Mais, le problème, c’est ceux qui ne sont pas
inscrits. Pourquoi ils ne le sont pas? Qui sont-ils ? Que font-ils ? Où sont-ils ?
2°) LE TAUX BRUT DE SCOLARISATION
Le TBS qui est aujourd’hui de l’ordre de 82,5 % en 2007 est biaisé car englobant ceux qui
sont âgés de 12 ans et au-delà qui sont encore au primaire. En conséquence, la progression interne
n’est pas fluide et cela pose encore une fois la qualité de l’enseignement.
Le constat est que par rapport à l’accès, on est très éloigné de l’objectif de scolarisation
universelle de Jomtien (Thaïlande1990).
101
3°) L’OBJECTIF DE L’EPT EN 2000 N’EST PAS ATTEINT
En milieu rural, on retrouvait dans les années 1990-2000 près de 500 classes sans maître. En
tout état de cause, l’éducation pour tous n’est pas encore une réalité au Sénégal. Entre autres
raisons, on peut retenir l’ajustement structurel qui s’est traduit par la maîtrise de la masse salariale
pour dégraisser la fonction publique, la mise en veilleuse de la formation (250 formés contre 1200
par an face à un besoin annuel de remplacement de plus de 200 enseignants ayant acquis leur droit
à la retraite), le problème de planification et l’incitation à aller à la retraite (départ volontaire).
4°) POURTANT DES EFFORTS IMPORTANTS ONT ETE FAITS
Les succès encourageants qui méritent d’être retenus sont la campagne de la scolarisation des
filles (SCOFI) qui a réellement boosté l’admission et le niveau acceptable du taux brut de
scolarisation, l’autorisation de recrutement de 700 enseignants et l’autorisation des Classes à
Double Flux (CDF) et des Classes Multigrades (CM), mais aussi le relèvement du budget alloué à
l’éducation (40% du budget de l’Etat) qui, cependant, ne cesse d’alimenter la controverse.
C) LES PROBLEMES LIES A L’ACCES A L’ENSEIGNEMENT
Le système éducatif sénégalais présente des disparités dans l’accès entre garçons et filles,
entre régions, entre secteurs ou sous secteurs et un déficit criard d’enseignants.
Le défi de l’éducation pour tous reste un élément crucial dans l’ordre de bataille des objectifs
du système éducatif sénégalais et du PDEF. En réalité, les 30% (……) des enfants de 7 ans qui ne
sont pas inscrits à l’école peuvent être répartis comme suit :
5) Ceux dont les parents ne veulent pas de l’école ;
6) Les enfants en situation de travail ;
7) Les enfants de la rue (talibés) ;
8) Les enfants des zones sans écoles ;
9) Les enfants souffrant d’un handicap (sourds, muets, non voyants, déficients
mentaux).
D) DES PISTES DE SOLUTION POUR L’ACCES
1) ELARGIR DAVANTAGE L’ACCES A L’EDUCATION
102
Il faudra avant tout libéraliser effectivement l’offre éducative à travers un élargissement de
l’accès à tous les niveaux, accroître le dispositif infrastructurel et le mobilier scolaire de qualité,
assurer une dotation suffisante en manuels et intrants pédagogiques et procéder à un recrutement
d’enseignants en quantité et en qualité.
2) POURSUIVRE LE PROGRAMME DE CONSTRUCTION D’ECOLES
NOUVELLES SELON UNE CARTE SCOLAIRE RATIONNELLE
La première action pertinente qu’il convient de poser est le renforcement et la poursuite du
programme de construction d’écoles nouvelles selon une carte scolaire équilibrée et cohérente.
Cette action sera renforcée par un vaste programme de généralisation des cantines scolaires. Ceci
relève de la responsabilité de l’Etat et des Collectivités locales par rapport à leurs missions
régaliennes d’orientation et d’accompagnement.
3) ELABORER UN PROGRAMME DE MISE EN PLACE PROGRESSIVE
D’ETABLISSEMENT SPECIAUX AU PROFIT DES ENFANTS HANDICAPES
Sous la responsabilité de l’Etat, des partenaires extérieurs, des ONG et des bonnes volontés,
il urge de mettre en place un programme dénommé SCOHANDICAP pour renforcer l’ouverture de
l’accès aux jeunes atteints d’un handicap.
4) ENCOURAGER ET ASSISTER TOUS LES PROJETS AYANT POUR OBJECTIF LE
RETRAIT DES ENFANTS DE LA RUE
L’idée est de rendre effectif la libéralisation de l’offre d’éducation et l’autonomisation des
structures parapubliques et privées pour marquer l’élan irrévocable de l’élargissement de l’accès en
rendant publiques les bonnes expériences comme le Programme de Renforcement des Familles
(PRF) de l’AN/ Villages D’Enfants SOS et Kinderndorf International, la Partenariat pour le Retrait
et la Réinsertion des Enfants de la Rue (PARRER) initié par le Gouvernement du Sénégal et la
Banque Mondiale, etc.
5) SUSCITER UN VIGOUREUX MOUVEMENT DE PLAIDOYER POUR LA
RECONNAISSANCE ET LE RESPECT DES DROITS DE L’ENFANT A
L’EDUCATION.
Ce mouvement sera orienté vers les familles et certaines communautés hostiles à l’école.
L’initiative sera portée à la fois par l’Etat d’abord, ensuite par les ONG, les mouvements de
défense des femmes, les chefs religieux, les syndicats, les organisations de la société civile,
etc.
103
A- PROBLEMATIQUE DE LA QUALITE DES ENSEIGNEMENTS DANS LE SYSTEME EDUCATIF :
De nos jours, le slogan au cœur de la sphère du système éducatif est la baisse de niveau des
apprenants.
L’interrogation est la suivante : cette baisse de niveau est-elle le résultat d’une conjonction de
facteurs ? Les effets de causes multiples ? Quels sont ces facteurs et causes ? Ne pourrait-on pas
considérer le tout dans une série de causalité ?
Une chose est au moins certaine, c’est le niveau faible du taux de réussite aux différents
examens, mais encore et surtout le défaut de qualité des produits obtenus que sont ceux-là qui sont
considérés par l’évaluation certificative comme les bons produits. En termes clairs, le mal est
profond. L’analyse de ces statistiques et produits conduit directement à la source du mal. C’est
pourquoi, dans cette amorce de réflexion, nous préférons l’approche systémique à celle simpliste et
parcellaire. Cette approche systémique consiste à porter la réflexion sur l’ensemble des actes des
acteurs et partenaires du système, du Chef de l’Etat et de ses Ministres chargés du secteur de
l’éducation et de la formation, aux enseignants, principaux acteurs à la base.
En effet, concernant la politique éducative telle qu’elle est déclinée dans le PDEF,
l’antériorité de la phase d’accès sur celle de la qualité pose la pertinence de la question du choix
porté sur la scolarisation universelle sans son corollaire, la qualité. En soi, la scolarisation
universelle est bonne, elle ne peut souffrir d’aucune critique.
Il n’est pas bon d’être nihiliste, mais il est remarquablement bon de savoir poser des
questions et de savoir remettre en question, quelquefois de manière inouïe afin de renverser les
pseudo – valeurs pour installer ou réinstaller les valeurs qui grandissent l’âme de l’humain.
En tout état de cause les gouvernants doivent fonder leurs politiques éducatives sur la
nécessité de réaliser la plénitude humaine, et corollairement les problèmes et revendications
légitimes posés par les enseignants doivent être traités efficacement sans louvoiement par les
autorités administratives compétentes. Ce qui n’est pas toujours le cas.
Par ailleurs, certes les conditions sociales et matérielles du corps de contrôle et des
enseignants ne sont pas les meilleures, cependant, au-delà de toute considération particulière, ceux-
104
là doivent, avec plus de profondeur, mesurer leur parcelle de responsabilité dans la faillite du
système éducatif du point de vue de la qualité des enseignants / apprentissages.
Des maîtres se plaignent de l’absence de contrôle et de soutien pédagogiques du corps de
contrôle. Des maîtres ou maîtresses s’absentent sans raison valable, d’autres viennent en classe sans
aucune volonté de bien accomplir leur devoir citoyen ; des directeurs d’école restent des semaines
voir des mois sans contrôler les préparations pédagogiques de leurs adjoints, ni les encadrer dans
leur pratique de classe ; des parents d’élèves qui ne viennent jamais se renseigner auprès des maîtres
du comportement ou du niveau de leurs enfants ; des élèves qui n’ont jamais de fournitures au
complet, bref, on pourrait encore continuer à énumérer les maux dont souffre le système éducatif.
Il semble clair que cette dimension humaine universelle dont nous avons parlé plus haut est
marginalisée au profit des considérations particulières. La qualité des enseignements en gémit de
douleur, et les apprenants en sont les victimes. Or l’accès à l’école et surtout la qualité de
l’enseignement ont un impact déterminant dans le processus de développement individuel et social
de l’enfant.
De là, chacun des acteurs du système est appelé à l’effort fondateur de l’éthique qui consiste
à participer activement à la réalisation du prochain, et particulièrement de l’apprenant car c’est de
lui qu’il s’agit ici. Et cela suppose une considération de la valeur humaine, une haute conscience
professionnelle, un sens de la citoyenneté, une auto responsabilisation de chacun des acteurs du
système éducatif, du sommet à la base.
B- DIAGNOSTIC DE LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT
De façon générale on peut retenir que les conditions d’enseignement / apprentissage sont peu
stimulantes, les effectifs sont pléthoriques. Il y a par ailleurs l’insuffisance du matériel didactique,
la faiblesse des performances scolaires et universitaires en comparaison avec des pays de l’Afrique
de l’Ouest en ce sens que les modèles d’évaluation des acquis sont encore obsolètes et archaïques ;
d’où une formation initiale et continue des enseignants au rabais.
1°) LA FAIBLE APPROPRIATION DES DISCIPLINES DITES INSTRUMENTALES
La faible appropriation des disciplines dites instrumentales est le tendon d’achille de la
mauvaise qualité de l’éducation. En réalité, la lecture n’est plus courante, le sens et la pratique des
opérations sont hésitants et l’écriture est mal en point (même la copie d’une leçon n’est plus
correcte).
105
2°) DES INDICATEURS LE MONTRENT
Les indicateurs de performances du système scolaire sont encore très faibles. Au niveau des
résultats scolaires au CFEE le repêchage, est devenu la règle et malgré cela le taux d’admission
dépasse rarement 50%. De plus on note, une très grande proportion de redoublants malgré le
nouveau système de passage d’une étape à l’autre (l’interdiction de redoublement dans une étape).
3°) LES LIMITES DU MEDIUM D’ENSEIGNEMENT
La maîtrise de la langue française comme médium d’enseignement : la langue française est
loin d’être maîtrisée, or c’est l’instrument premier par lequel l’enfant accède à toutes les autres
connaissances (calcul, étude du milieu, etc.).
L’utilisation de la langue française est une difficulté majeure et elle n’est pas la seule.
Le français, langue d’enseignement, est utilisé comme s’il était la langue maternelle. On
imagine les difficultés immenses, souvent insurmontables que les enfants rencontrent pour assimiler
la lecture, le calcul, l’orthographe, la grammaire à travers un médium que peu d’entre eux
comprennent véritablement. Cela est d’autant plus vrai que, sur le plan purement linguistique, il est
évident qu’« apprendre une langue étrangère, ce n’est pas coller des étiquettes sur les données de
l’expérience ». Cela pose toute la problématique de l’enseignement du français en particulier et de
la didactique des disciplines en général. L’instruction dans une langue étrangère a un impact négatif
sur l’apprentissage et les enseignants sont mal préparés à gérer cette réalité.
L’approche curriculaire comme innovation pédagogique majeure est une initiative innovante
à saluer.
4) LE RECRUTEMENT ET LA FORMATION DES MAITRES
Un examen de la carte professionnelle des enseignants (personnel trop hétéroclite) montre
une situation de diversité extrême sur plusieurs plans, laquelle diversité autorise les questions
suivantes:
Il y a combien de catégories de maîtres ?
A quel niveau sont-ils recrutés ?
Quelle formation subissent-ils ?
De quels statuts relèvent-ils ?
Comment sont-ils gérés administrativement, financièrement, socialement, sanitairement?
A toutes ces questions, le comportement des syndicats et des consciences populaires et
citoyennes en apportent des éclaircissements ponctuels. 106
5) LA QUASI INDISPONIBILITE DU MATERIEL DIDACTIQUE
Le déficit en matériel didactique est énorme en ce qui concerne le matériel collectif pour
pratiquement toutes les disciplines. Par ailleurs, les plupart des élèves sont dépourvus de manuels et
de petites fournitures scolaires. C’est un frein majeur à la qualité de l’enseignement quand on sait
que le matériel didactique est l’auxiliaire indispensable de l’enseignement surtout dans les classes à
effectif pléthorique.
6) LE TEMPS E TRAVAIL SCOLAIRE EST TRES REDUIT (QH
Le calendrier scolaire officiel n’est pas celui qui est réellement effectué. Le travail débute
deux à trois semaines après la rentrée et les classes sont fermées bien avant la fin du mois de juillet.
Le temps scolaire est largement compromis par les innombrables fêtes, les examens, les grèves des
maîtres et des élèves et le fort taux d’absentéisme entre autres. En conséquence toutes les années
scolaires sont presque théoriquement toujours blanches!
7) LE DEFICIT DE LA SUPERVISION ET DU CONTROLE PEDAGOGIQUE
Le déficit du contrôle pédagogique est criard du point de vue de l’encadrement et de la
supervision des directeurs d’école.
Le contrôle pédagogique des inspecteurs quant à lui fait largement défaut. Il est d’autant plus
aléatoire que les moyens de transport sont dérisoires hormis la gestion paternaliste dont ils sont
l’objet de la part de certains inspecteurs responsables de la gestion au premier chef.
Tous ces constats peignent le tableau pas très reluisant de l’enseignement élémentaire qui
pose la nécessité d’un vigoureux redressement. Les EGEF (avaient fait de l’enseignement
élémentaire (avec la formation professionnelle) la priorité des priorités pour la formation de
ressources humaines de qualité nécessaires au pays.
C- DES PISTES DE SOLUTIONS POUR AMELIORER LA QUALITE DE
L’ENSEIGNEMENT
1° INTRODUIRE LES LANGUES NATIONALES COMME MEDIUM D’ENSEIGNEMENT
TOUT AU MOINS DANS LES TROIS PREMIERES ANNEES DE L’ELEMENTAIRE
La question, les débats et réflexions, mesures et les initiatives continuent de tirer en
longueur. Il s’agit fondamentalement de procéder, avec toute la didactique et la technicité requises,
à un maillage conséquent de l’introduction des langues nationales et à un renforcement des horaires
107
de ces langues dans les apprentissages. A ce titre toutes les implications et les présuppositions
psychopédagogiques, didactiques, socioculturelles seront étudiées avec toute la rigueur scientifique
requise. C’est un truisme de dire qu’apprendre à partir d’une langue maternelle est plus facile
qu’apprendre avec une langue étrangère.
Pour y remédier, il convient d’entrevoir une introduction réfléchie des langues nationales
pour les trois premières années comme médium privilégié.
Progressivement, l’élève est préparé à la maîtrise du français suivant une approche
fonctionnelle. Il sera ainsi convoqué par une pédagogie instruite par la logique de maîtrise de
l’expression orale et expression écrite ; les fautes étant davantage sanctionnées par une démarche de
consolidation et de remédiation des écarts de production.
2°) EXIGER UNE QUALIFICATION PROFESSIONNELLE POUR TOUS LES
ENSEIGNANTS
Dans le public il sera question de mettre un terme aux pratiques actuelles du recrutement telle que
le volontariat, le vacatariat, le quota sécuritaire ou complémentaire tout en bannissant le
clientélisme, le copinage et la forfaiture.
Dans le privé, il sera mis fin à la délivrance des autorisations d’enseigner sans diplôme
professionnel.
3°) RATIONNALISER LES NIVEAUX DE CARRIERES DES ENSEIGNANTS DE
L’ELEMENTAIRE EN LES RAMENANT A DEUX
La réforme devra obéir au schéma suivant :
- Extinction du corps des instituteurs adjoints (BFEM + 1 an) ;
- Maintien du corps des instituteurs ordinaires (Bac + 1 an) ;
- Création d’un corps nouveau de technicien de l’éducation (Bac + 3 ans).
Dans les modules de formation des techniciens de l’éducation, y introduire en plus des
questions classiques de pédagogie générale, de pédagogie spéciale, de législation et de déontologie,
des notions d’alphabétisation et d’initiation à l’informatique. En tout état de cause, la durée de la
formation qualifiante ne saurait être inférieure à une (1) année (soit 12 mois). Cette mesure
devra s’accompagner de mesures transitoires de soutien et de requalification pour ceux qui seront
encore dans le système.
Enfin, pour ce qui concerne le personnel et le calendrier scolaire, prendre toutes les mesures
législatives et réglementaires nécessaires à cet effet.
108
Par ailleurs, l’Etat doit travailler à une meilleure revalorisation de la situation matérielle et
financière des enseignants – avec une des avantages supplémentaires à ceux qui sont en service en
milieu rural.
En outre, l’avènement d’un code de conduite consensuel mettant en relief les obligations
réciproques de pouvoirs publics et des syndicats, en termes de prise en charge diligente de leurs
revendications pédagogique et statutaire et de respect scrupuleux des engagements contractés, est
vivement souhaitée
4°) METTRE A DISPOSITION LE MATERIEL DIDACTIQUE ADEQUAT ET SUFFISANT
La dotation en matériel didactique devra être effective pour toutes les disciplines aussi bien
sur le plan collectif qu’individuel. Cependant, l’accent devra être mis sur les manuels principaux
dans une dimension stratégique de gratuité des manuels et fournitures à l’instar de l’expérience (de
1983- 1988) en la matière qui a eu des résultats positifs. Il est aussi important à ce niveau de veiller
à la dotation correcte des écoles en bibliothèques scolaires et à l’incitation des élèves à la lecture de
façon à renforcer la maîtrise des divers aspects de la langue (oral et écrit).
En somme, pour arriver à résorber le déficit en manuel scolaire, il faudrait penser à mettre en
place une bonne politique éditoriale.
En outre le système, dans la perspective de promotion de l’égalité entre les élèves pour
museler les écarts de niveau de provenance sociale, généralise le port des uniformes en complément
de l’équipement en matériel didactique individuel (livres et cahiers).
5°) RESTRUCTURER L’ANNEE SCOLAIRE POUR FAIRE TRAVAILLER DAVANTAGE
Selon les statuts (1966), les enseignants ont droit à deux mois de congé par an. Ainsi donc,
l’année scolaire doit s’étaler normalement sur 10 mois. Considérant qu’il serait trop facile de jeter
l’anathème sur les enseignants et les élèves, il serait intéressant de revisiter la proposition faite en
1974 par les Inspecteurs de l’Enseignement Primaire (IEP).
En substance il s’agira de planifier l’année scolaire comme suit :
Rentrée des classes :
- 1er octobre pour les maîtres ;
- 2 novembre pour les élèves ;
- Fermeture des classes : le 30 Juin ; soit pour les enseignants 8 mois ou 32
semaines de travail plein à raison de 30 heures par semaines;
Les examens : tous les examens se dérouleront du 1er au 31 Juillet.
109
Ce faisant, le système va accéder au quantum horaire de 900 heures par année.
L’intérêt est que le mois d’Octobre sera réservé à la préparation de la rentrée des classes (mis en
place des maîtres, nettoyage de l’école et des classes, etc.).
Ce sera l’occasion d’organiser les examens professionnels écrits des enseignants.
Les examens scolaires seront concentrés au mois de Juillet et tous les enseignants seront
disponibles pour les corriger ou les surveiller.
En ce qui concerne les fêtes scolaires, religieuses ou légales, elles seront normalisées et leur
durée sera ramenée deux semaines au total.
Pour éviter les « années blanches », il nous paraît nécessaire de d’instituer un quantum
horaire valable pour toutes les classes du cycle élémentaire, et un quantum horaire pour tous les
autres niveaux.
Quant au système de redoublement, il est conditionné par le niveau de performances requis
dans chaque classe (et non dans l’étape) pour minorer l’éventualité d’un cumul exagéré
d’insuffisances.
6°) RENFORCER LA SUPERVISION ET LE CONTROLE PEDAGOGIQUE
Le dispositif devra permettre d’astreindre les directeurs d’établissement à assurer
effectivement leur rôle d’encadrement pédagogique. Il sera question de façon pratique et régulière
de procéder à la validation des documents pédagogiques et administratifs et d’insister sur le respect
des horaires de travail. En outre, il faudra assurer une assistance de 6 heures par semaine aux jeunes
enseignants et sévir contre l’absentéisme.
Pour mieux assurer le contrôle pédagogique que doivent effectuer les inspecteurs, il est
inévitable de doter les Inspections Départementales de l’Education Nationale (IDEN) de moyens de
transport conséquent et d’instaurer les conditions d’une gestion non personnalisée et non
paternaliste. Ainsi, il sera possible des respecter la planification du contrôle pédagogique des
maîtres avec un ratio d’au moins une inspection tous les trois (3) ans.
Dans la perspective d’une véritable école de qualité, les mots d’ordre devront être sans
conteste la limitation des effectifs par classe, la généralisation et la pérennisation des bonnes
pratiques et expériences (en pédagogie, en mobilisation sociale et en gestion), l’élargissement des
réformes et innovations pédagogiques, l’adaptation des curricula de formation aux réalités locales,
l’institutionnalisation d’un dispositif de renforcement des acquis pour les élèves faibles tout en
changeant le paradigme de l’évaluation (évaluation certificative et qualifiante à la place d’une
évaluation diplômante. 110
A) ETAT DES LIEUX SUR LA GESTION DE L’ENSEIGNEMENT
Le transfert de compétences aux Collectivités Locales en matière éducative est une initiative
très heureuse. Il faut noter les efforts d’amélioration de la gestion par la mise en place d’un système
de gestion ouvert (Comité de Gestion d’Ecoles, Cellule Ecole Milieu, Conseil d’Etablissement,
etc.). Toutefois, la faiblesse des capacités locales de planification et de gestion limitent les
possibilités de transfert d’autorité, de moyens et de responsabilités. Ce qui constitue un goulot
d’étranglement pour le fonctionnement du système de décentralisation en général et de l’éducation
en particulier. En réalité, le transfert des compétences aux collectivités en matière d’éducation n’est
qu’un transfert de façade car les collectivités locales n’interviennent que de manière sporadique
surtout quand leur crédibilité ou leur quiétude institutionnelle et politique sont menacées. Cette
situation est d’autant plus atroce que les fonds de dotation et les fonds de concours arrivent
tardivement. Les crédits alloués aux écoles ne sont que des sortes de bouches trous qui sapent en
réalité le bon fonctionnement des établissements scolaires qui ne reçoivent pratiquement des
collectivités locales qu’une dotation en craies.
B) LES DIFFICULTES LIEES A LA GESTION
La carence de la gestion des ressources humaines est manifeste. Elle se matérialise par une
instabilité institutionnelle, une dispersion des moyens, une gestion défectueuse des ressources de
l’école, des réformes et innovations pédagogiques jamais achevées, un pouvoir de décision au sein
des écoles qui est plus l’affaire des enseignants que de la communauté.
111
Aujourd'hui, le plus grand mal dont souffre le système éducatif Sénégalais, c'est l'absence
d'un dispositif de pilotage cohérent, et ceci à tous les niveaux. Le Conseil National de l’Education et
de la Formation (CONSEF), présidé par le Premier Ministre ne s'est pas réuni depuis 2004 alors
qu'il doit tenir une réunion annuelle. Le Comité National de Coordination et de Suivi (CNCS)
présidé par le Ministre de l'Education a connu le même sort. Il en est ainsi des organes
déconcentrés, à savoir le Comité Régional de Coordination et de Suivi CRCS (au niveau régional)
et la table de concertation (au niveau départemental). La léthargie constatée dans le fonctionnement
de ces organes de pilotage et de suivi du PDEF est à l'origine de beaucoup de conflits entre le
Gouvernement et les autres acteurs du système, notamment les enseignants.
En ce qui concerne la gestion administrative et pédagogique, la Banque ECOBANK veut
s'occuper du paiement des salaires des Contractuels, mais se heurte à un problème de fichier; ni le
Ministère de l’éducation, ni celui de la fonction publique ne sont en mesure de fournir un fichier
fiable. Ce qui renseigne sur la légèreté avec laquelle les personnels contractuels sont gérés.
Il en est ainsi dans les recrutements, les affectations et mutations des personnels (qui sont
devenus permanents tout le long de l'année).
Un grand laxisme est noté à ce niveau, aussi bien au niveau central que déconcentré. L'organisation
des examens et concours, la délivrance des arrêtés d'admission et des diplômes n'échappent pas à ce
laxisme qui caractérise le fonctionnement de toutes les composantes du système.
La gestion pédagogique, gage de la qualité, est traitée en parent pauvre. Peu de directeurs
d'école s'occupent de l'encadrement de leurs adjoints, le ratio inspecteur/Maîtres est de l'ordre de
200 à 300 maîtres pour un inspecteur selon les endroits. Cette situation est source de frustration et
de démotivation et ne favorise pas la formation continuée des enseignants à travers un suivi
pédagogique permanent. Certains enseignants attendent une commission d'examen pendant 5 ou
6ans, voir plus. En conséquence, l’instauration d’un système de contrôle et de supervision renforcé
s’impose aussi bien à l’élémentaire qu’aux autres niveaux du système éducatif.
C) ASSAINIR ET MODERNISER LA GESTION
Si nous ambitionnons de bâtir une école de qualité pour tous, nous devons mettre
l'accent sur la gestion de la qualité et cela passe par une utilisation efficiente des ressources
(humaines, matérielles et financières), mais aussi et surtout par une planification rigoureuse aussi
bien au niveau central que déconcentré.
Il serait judicieux par ailleurs de créer des comités locaux de suivi des curricula et de prôner
une gestion qui s’appuie sur les contrats d’objectifs et met en avant l’obligation de résultats. Cela va 112
faciliter la stabilisation d’un outil de planification et de gestion du système et l’optimisation des
ressources humaines disponibles (réorganisation de la suppléance par exemple).
Sur le plan institutionnel, il serait judicieux de créer un département ministériel unique pour
l’Education, la Formation et la recherche, avec des directions générales fortes et un système de
corrélation et de coordination très opérationnel.
De plus, nous suggérons l’institutionnalisation des Etats Généraux de l’Education et de la
Formation (EGEF) tous les quatre (4) ans avec des instances de réflexion et d’échange qui
dépassent les préoccupations salariales, syndicales, etc. Toutefois, il faut qu’une commission de
suivi et d’évaluation se réunisse tous les deux (2) ans.
Quant aux personnels de contrôle et d’encadrement, notamment les inspecteurs de
l’éducation, il convient de mieux des outiller en instaurant des parcours de formations portés par
une spécialisation plus poussée dans leurs domaines d’interventions (didactique, gestion
administrative et financière, conception de politique publique d’éducation,…).
De plus, il importe de mieux les réarmer en matière de bonne gouvernance des programmes
et des projets (recherche constance de l’efficience, rationalisation des procédures de prise de
décision, participation des partenaires, …).
Il sera également pertinent par ailleurs de renforcer la contractualisation des services avec
des opérateurs spécialisés, de procéder à des évaluations périodiques internes et externes surtout
avant les fins de gestion, de créer des bases de données fiables à tous les niveaux du système. Les
mécanismes de sanctions (positives / négatives) doivent être rendus effectifs pour soutenir la culture
du professionnalisme et valoriser la pratique des principes déontologiques.
En dernier lieu, ce serait novateur et prospectif d’instaurer un cadre synergique d’échange
entre les écoles de formations, les universités et les personnels opérationnels pour promouvoir la
recherche action et appliquée.
113
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
ENSEIGNEMENT MOYEN AU SENEGAL
BOCAR AMADOU LY
114
OCTOBRE 2008
INTRODUCTION
L’éducation et la formation sont des maillons fondamentaux dans le développement politique,
économique culturel et social d’un pays. Elles façonnent le type de citoyen voulu dans le projet de
société clairement défini. C’est la raison pour laquelle le système éducatif dans sa globalité est un
tout harmonieux et les différents secteurs ne sont que des maillons d’une même chaîne. Dans ce
cadre, l’enseignement moyen général est à la croisée des chemins car devant assurer la jonction
entre l’enseignement élémentaire et l’enseignement secondaire pour permettre à l’élève soit de
s’insérer rapidement dans la vie active, soit d’accéder à l’enseignement supérieur.
ETAT DES LIEUX
Pendant de longues années, depuis l’indépendance il y a eu des CEG (premier cycle de la 6° à la 3°)
qui recevaient les élèves du CM2 du Cours Normal et des lycées regroupant aussi bien le premier
que le second cycle (de la 6° à la terminale) qui recevaient les autres élèves du CM2. Les lycées
étaient surtout installés dans les capitales régionales principalement à Dakar, Thiès, Kaolack,
Ziguinchor, Saint-Louis Cependant avec le boom démographique et l’accroissement des élèves
admis à l’entrée en 6° pour accéder à l’enseignement moyen, la nécessité de rapprocher les lieux
d’éducation des lieux d’habitation a favorisé la création des CEM de proximité, de même que des
lycées avec comme objectif d’augmenter le TBS surtout pour les filles en intégrant l’approche genre
dans le système éducatif et l’objectif visé par la phase 2 du pdef est d’augmenter les capacités
d’accueil dans l’enseignement moyen en portant le TBS à 50% en 2007 et le taux de transition
du CM2 à la 6ème à 53% en 2007 alors que l’objectif de l’année 2006 est d’atteindre un taux de
transition de 45% du CM2 en 6ème
Evolution des effectifs dans le moyen
1999/2000
2000/2001
2001/2002
2002/2003
2003/2004
2004/2005
2005/2006
TAMA
Garçons 112 230 116929 126141 140 028 159 343 176 920 199 620 10,1%
Filles 73 908 78083 87168 98 940 117 763 134 943 154 339 13,1%
115
Effectif G+F
186 138 195012213309
238 968 277 106 311 863 353 959 11,3%
% filles 39,7% 40,0% 40,9% 41,4% 42,5% 43,3% 43,6% 1,6%
Cette option est salutaire, mais elle ne doit pas suivre une logique politicienne mais plutôt
s’articuler autour d’une bonne maîtrise de la carte scolaire, du besoin objectif de création et tenant
compte de toutes les mesures d’accompagnement (locaux fonctionnels, enseignants de qualité en
nombre suffisant, matériel pédagogique et didactique en nombre suffisant, bonne gestion des cas
sociaux, intégration de l’école au milieu environnant etc…). Cependant il est apparu beaucoup de
cas où la création des CEM répondait plus à une préoccupation politicienne avec des rivalités entre
zones qu’à une bonne étude du milieu. La non étude scientifique des possibilités et des besoins et
une bonne préparation amenaient l’état à construire des abris provisoires, empruntant des locaux des
écoles élémentaires et des fois à démarrer les cours en décembre.
Le taux de transition des filles 47,9%, reste en dessous de la moyenne nationale et celui des
garçons est de 52,7%. Les garçons sont plus scolarisés que les filles comme en témoigne le TBS qui
est de 36,4% chez les premiers contre 26,5% chez les seconds. L’indice de parité qui se situe 0,73
et, en défaveur des filles, montre l’importance des efforts à fournir pour atteindre l’objectif d’équité
en matière de scolarisation pour ce niveau d’enseignement
Tableau#: évolution du TBS de 2000 à 2006
Cependant nous remarquons aujourd’hui un désintérêt de plus en plus accentué aux études, articulé
aux mauvaises conditions de travail surtout en banlieue avec des effectifs moyens de 90 par classe
avec des pointes de 120 et dans des classes de 3° avec des élèves qui doivent faire leurs
116
25,9%
16,8%
21,2%
36,4%
33,5%31,4%
28,7%
25,0%25,0%
26,5%24,1%
21,9%
19,1%
15,7%15,5%
28,7%
31,3%
26,5%
23,7%
20,2%20,1%
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Garçons Filles Global
examens .Comment peut on faire un travail sérieux avec de tels effectifs et avoir des résultats
satisfaisants aux examens ?
A cette difficulté supplémentaire s’ajoute le manque de moyens didactiques et de personnel
conséquent et le manque de motivation des enseignants. Et les résultats scolaires reflètent cet état de
fait.
RESULTATS EXAMENS ET CONCOURS
Année ScolaireExamen ou
Concours
Nombre
d’inscritsPrésents Admis
Taux de
Réussite
2000 / 2001
C.F.E.E. 138.595 135.244 68.126 50.37 %
Entrée en 6ème 140.465 138.625 44.755 32.28 %
B.F.E.M. 46.342 45.247 21.256 46.97 %
2001 / 2002
C.F.E.E. 146.052 141.921 64.311 45.31 %
Entrée en 6ème 148.408 143.169 48.545 33.90 %
B.F.E.M. 49.280 47.774 21.306 44.60 %
2002 / 2003
C.F.E.E. 159105 155976 78541 50.35 %
Entrée en 6ème 159043 151063 62359 41.28 %
B.F.E.M. 57961 56841 31184 54.86 %
2003 / 2004
C.F.E.E. 165987 157849 71108 45.05 %
Entrée en 6ème 163386 160977 72822 45.23 %
B.F.E.M. 63823 62472 34613 55.41 %
2004 / 2005
C.F.E.E. 180058 176523 83493 47.30 %
Entrée en 6ème 176808 174150 82333 47.28 %
B.F.E.M. 70967 70219 21193 30.18 %
2005 / 2006 CFEE 185263 182401 126645 69.43 %
117
Entrée en 6ème 180074 178123 95582 53.66 %
BFEM 100008 94940 35500 37.39 %
En 1999 En 2000 En 2001 En 2002 En 2003 En 2004 En 2005 En 2006
52.16 % 51.27 % 46.97 % 44.60 % 54.86 % 55.41 % 30.18 % 37.39 %
Remarque
La deuxième année d’application de la réforme du BFEM (2005-2006) a permis de mieux
comprendre les dispositions du décret et une meilleure préparation des candidats. Ce qui
pourrait expliquer la hausse de 07. 21 % notée sur les résultats de cette année.
Pour le BFEM franco – arabe, une légère baisse de -02. 04 % a été notée.
FAIBLESSES
Les faiblesses du moyen ont pour nom :
En matière de qualité
Déficit de professeurs de mathématiques et de professeur d’EPS ; Ce qui entraîne des
surcharges horaires ou des réductions horaires dans certaines classes. Le niveau académique
des professeurs est assez faible dans les disciplines scientifiques particulièrement, entraînant
du coup la faiblesse de niveau des élèves pourtant tant décriée
Le ratio manuel élève reste toujours faible (1,5) et loin de la norme fixée dans la deuxième
phase (en moyenne 1,5 au niveau national comme en 2005).
Déficit de classes physiques par rapport aux classes pédagogiques
Déficit du temps de travail lié aux multiples fêtes, démarrage tardif des cours et grèves
aussi bien des élèves que des enseignants
Déficit d’assistants sociaux
L’inexistence de cantines scolaires avec des élèves qui passent la journée à l’école sans
pouvoir se restaurer à cause de la journée continue
Dans le domaine précis de la formation, on a noté :
Les modules de formation sont non différenciés par rapport aux cibles. On a vu des
vacataires bénéficier des mêmes formations que des professeurs expérimentés alors qu’ils
n’ont pas les mêmes besoins
L’absence de passerelles permettant le passage de PCEM à PEM et de PEM à PES
L’insertion dans le système de vacataires sans formation pédagogique 118
Distorsion entre la planification pédagogique et la planification financière due à la lenteur
dans la mise à disposition des fonds prévus pour les formations.
Les CPN et les CPI n’ont aucune indemnité liée à leurs missions; conséquence des CPI
quittent la formation continuée pour des postes de responsabilité (lycée et collège), la
FASTEF ou pour devenir IS.
L’Absence de relations hiérarchiques entre PRF et CNFC. Un manque de cohérence ou une
dichotomie entre les objectifs nationaux de formation et les objectifs de formation ciblée au
niveau déconcentré.
Les PRF vivent dans un dénuement total qui a pour nom, manque de matériel et certains
sont couverts par d’autres structures.
Dans le domaine du Projet d’Etablissement :
Absence de mise en projet de beaucoup d’établissements
Absence systématique d’une évaluation des effets/ impacts des projets sur les rendements
scolaires et les enseignements apprentissages ;
Difficulté à mobiliser la communauté autour du PE ;
Faible participation des collectivités locales et des communautés au financement des actions
prévues dans le PE ;
Absence d’un dispositif d’évaluation interne du PE ;
Suite à la chute brutale enregistrée 2005 dans les résultats du BFEM (30,18%), le moyen affiche
une meilleure mine cette année avec 37,39% ; soit une hausse de 7,21%. Ces résultats au niveau
national sont confirmés par ceux des régions ; seules Saint-Louis et Dakar ont enregistré une
baisse en passant respectivement de 28, 3% à 25,73% et 34,6 % en à 34,16%.
Il est important de signaler que malgré cette hausse du taux de réussite au BFEM, 8 régions sur 11
régions ont enregistré des scores en deçà de la moyenne nationale ce qui mérite d’être instruit pour
comprendre les facteurs explicatifs afin de développer des stratégies d’amélioration.
Graphique# : évolution du taux de réussite au BFEM de 2000 à 2006
119
Taux de réussite au BFEM (%)
37,430,2
55,454,9
44,646,9
51,3
0
10
20
30
40
50
60
1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003 2003/2004 2004/2005 2005/2006
II Analyse des données de la situation
o les programmes ne sont pas adaptés aux réalités socio culturelles du milieu
o il y a un suivi mécanique des réformes des programmes en France et la non
implication objective dans la définition des programmes des acteurs sur le terrain qui
ont une meilleure maîtrise de l’approche pédagogique de l’outil.
o On a l’impression que l’aspect mercantile prend le dessus sur le souci de
l’intériorisation des apprentissages avec beaucoup d’enseignants dans les zones
urbaines particulièrement qui font du « xar matt » dans le privé avec beaucoup plus
de sérieux que dans le public s’ils ne s’érigent pas en GIE pour ouvrir des écoles
privées.
o Le système d’enseignement moyen général ne permet pas à l’élève en fin de cycle de
s’insérer dans le milieu productif s’il n’a pas les possibilités de poursuivre ses
études, ce qui repose de manière fondamentale les conclusions des Etats Généraux
sur le cycle fondamental en permettant à tous les enfants d’avoir le minimum
nécessaire en fin de cycle d’être productif et utile à la société. Mais cet objectif ne
peut être atteint sans un enseignant bien formé, motivé et mis dans des conditions
optimales de rentabilité non pas en terme mercantile mais de formateur et
d’éducateur. Comment peut- on demander à un enseignant d’être performant avec un
effectif de 80 à 100 élèves et plus ? Comment peut- on demander à un enseignant
d’être performant et de prendre son travail comme un plaisir et non un fardeau si on
ne lui permet pas par une promotion interne de gravir des échelles ? Ya-t-il de la part
des décideurs politiques une réflexion profonde ?
o Par ailleurs un enseignant du CEM comme du lycée peut rester toute sa carrière dans
le même corps. Et le corps des PCEM qui était prévu comme une situation transitoire
est devenue une situation pérenne. Il n’a aucune possibilité de devenir PEM s’il ne
retourne pas à l’université pour préparer la licence. L’enseignant du moyen n’a
aucune possibilité de promotion interne. Alors que l’Etat doit trouver des formes
120
passerelles même sous forme de diplôme pédagogique. De ce fait les cellules
pédagogiques et la formation continue auraient un grand intérêt pour l’enseignant.
o Après 15 à 20 ans dans les classes, un enseignant doit nécessairement être reversé
dans une autre structure de l’éducation où il peut apporter son expérience et son
expertise à la génération suivante. Comment explique- t- on le manque criard de prof
de maths particulièrement si ce n’est par une non vision prospective claire et une non
visibilité de l’objectif recherché. Aujourd’hui la trouvaille est la formation de
vacataires et contractuels dans l’enseignement moyen et secondaire. Les termes
même de vacataire et contractuels sont révélateurs de l’objectif visé par le pouvoir.
o On ne peut pas ne pas parler des problèmes internes. Les méthodes d’évaluation
posent problème aussi bien dans les classes que lors des examens. Et le pire se
retrouve à l’enseignement supérieur. . On dirait que le très faible taux de réussite
aussi bien dans les évaluations internes que lors des examens ne semble pas
préoccuper les enseignants alors que cela devait les amener à s’interroger sur le
degré de réceptivité de leur message pour en déceler les raisons.
III - RECOMMANDATIONS
Pour un meilleur développement de l’enseignement moyen dans le cadre global d’un système
éducatif global, réunifié et harmonieux, nous recommandons les aspects suivants :
l’enseignement technique obligatoire pour tous au premier cycle
une bonne planification de la création des CEM
une évaluation de la journée continue dans le rendement des élèves
adéquation entre les classes physiques et les clases pédagogiques
équipement des CEM en matériel pédagogique didactique et scientifique
association des professeurs dans la définition des programmes
préparer l’élève à s’insérer dans la vie active à la fin du cycle
allier les cours théoriques aux travaux pratiques
121
définir les programmes en fonction des objectifs
alléger les programmes afin de ne pas surcharger inutilement l’élève
limiter les effectifs par classe pour un enseignement performant
fixer le taux horaire annuel validant l’année par niveau et le communiquer aussi bien
aux élèves et aux enseignants
restaurer la discipline en revalorisant les décisions des conseils de classes
motiver les enseignants par la formation continue accompagnée de passerelles
Un statut clair du conseiller pédagogique doit être défini et appliqué
avoir une politique incitative pour maintenir en fonction les enseignants des
disciplines scientifiques
organiser un suivi régulier des enseignements par les IGEN et les IS
revoir les systèmes d’évaluation
instaurer un système de contrôler la gestion des établissements
Mise en place d’un plan d’urgence pour la formation de professeurs de maths et
d’EPS pour la résorption du gap à court terme
Cf Sources : Rapport d’exécution financière interne du PDEF 2006
SIGLES
CEG : Collège d’Enseignement Général
CEM : Collège d’Enseignement Moyen
TBS : Taux Brut de Scolarisation
122
PDEF : Plan Décennal de l’Education et de la Formation
EPS : Education Physique et Sportive
PCEM : Professeur de Collège d’Enseignement Moyen
PEM : Professeur d’Enseignement Moyen
PES : Professeur d’Enseignement Secondaire
CPN : Conseiller Pédagogique National
CPI : Conseiller Pédagogique Itinérant
IGEN : Inspecteur Général de l’Education National
IS : Inspecteur de Spécialité
PRF : Pôle Régional de Fonctionnement
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE GENERAL123
AU SENEGAL
MACTAR GAYE
OCTOBRE 2008
L’Education et la Formation sont des sous secteurs névralgiques en ce sens qu’ils ciblent
généralement la frange la plus précieuse, la plus sensible, mais aussi la plus fragile de notre pays : la
jeunesse. Or, la qualité du système éducatif sénégalais est, aujourd’hui, de plus en plus sujette à
caution pour plusieurs raisons qui ne seront pas toutes évoquées ici : il s’agira de faire l’état des
lieux de l’enseignement secondaire général, le bilan du secteur et de préconiser des alternatives
1-L’ETAT DES LIEUX
Au lieu d’un discours spéculatif, l’observation de faits sur le terrain sera privilégiée ; l’accent
sera mis surtout sur les indicateurs d’efficacité internes. Autrement dit, il sera passé en revue
l’évolution du réseau d’établissements d’enseignement secondaire, les acteurs, le temps de travail et
les programmes, le budget et le conseil de gestion.
1-1 – L’évolution du réseau
Trois périodes intéressent cette évolution : de 1960 à 1981, de 1981 à 2000 et de 2000 à 2007.
1-1-1- La première période
124
E n 1960, le SENEGAL accéda à l’indépendance avec peu de lycées dans les capitales
régionales suivantes : SANIT-LOUIS, DAKAR, THIES, KAOLACK et ZIGUINCHOR. C’était
assez suffisant pour justifier le régime INTERNAT dans le système scolaire secondaire jusqu’en
1981, date de la tenue des ETATS GENERAUX qui avaient abouti à des recommandations parmi
lesquelles on peut noter :
- la suppression de l’internat dont les conséquences étaient désastreuses ; beaucoup d’élèves, et pas
les moins brillants, avaient abandonné leurs études, d’autres avaient des troubles mentaux…
- la construction d’un lycée par département pour faciliter l’accès à l’enseignement secondaire.
_____________________________________________1Voir Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education, INDICATEURS 2000, juin 2000, p
1-1-2- La deuxième période
Des lycées étaient progressivement implantés dans les capitales régionales (qui n’en avaient
pas) d’abord ; puis dans les chefs lieux de département, voire dans les chefs lieux d’arrondissement.
Ainsi, en 1990/1991 le réseau de l’enseignement secondaire général couvrait 57 établissements (31
publics + 26 privés) contre 111 (48 publics + 63 privés) en 1999/200015. Le nombre
d’établissements secondaires a presque doublé en dix ans ; ces efforts s’expliquent par le souci de se
conformer à la Déclaration Mondiale qui avait lancé, en 1990, le concept d’« Education Pour
Tous » à l’an 2000.
1-1-3 – La troisième période
Cette période est marquée par trois événements majeurs :
- la tenue, à DAKAR, des assises sur le bilan de l’« Education Pour Tous » sur la période
1990-2000 ;
- le démarrage du Programme de Décennal de l’Education et de la Formation ;
- l’alternance politique.
C’est la période de création, à outrance, d’établissements secondaires ; le nombre de 1999-2000 a plus
que doublé : il passe de 111à 223. Ils sont ainsi répartis dans le tableau (2) suivant :
15 2 Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE 2006/2007
125
ETABLISSEMENTS
ZONE STATUT Premier et Second cycle
Second cycle
Rural PrivéPublic
314
12
Total Rural 17 3Urbain Privé
Public12734
537
Total Urbain 161 42Total 178 45 La
densité du réseau varie en fonction de la zone : en zone rurale le public l’emporte sur le privé ; c’est
l’inverse en zone urbaine. Cependant, il faut signaler que la taille des établissements publics est
généralement plus grande que celle des privés Comme on le voit les établissements prolifèrent, mais
dans quelles conditions ?
On note que :
- dans quelques départements, on transforme un CEM en lycée sans de nouvelles
infrastructures (salles de classe, latrines, bibliothèque, etc.) ; les cours sont dispensés sur
deux ou trois cites différents, éloignés les uns des autres durant les premières années
d’existence : se posent alors des problèmes de surveillance, de déplacements des élèves et
des professeurs, de perte de temps, etc.
- dans d’autres, on construit de nouvelles infrastructures mais non équipées ;
- dans certains, on implante des abris provisoires qui résistent peu aux intempéries et
paradoxalement pour une durée assez longue.
Toutefois, ce nombre important d’établissements secondaires a permis d’accroître
considérablement l’effectif total des élèves du secondaire qui passe de 58983 (dont 38% de filles)
en 2000 à 105918 (39,1% de filles) en 2007. Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) passe ainsi
globalement de 9,9% à 14,38% ; de 13,1% à 17,16% chez les garçons et de 7,1% à 11,48% chez les
filles.
1- 2 – Les acteurs
L’accent sera mis ici sur l’administration interne, le corps professoral, les élèves et les performances
1-2-1- L’administration interne
126
Il sera passé en revue quelques membres du personnel administratif déterminants dans la gestion
des ressources humaines d’un lycée : le Proviseur, le Censeur, les Surveillants généraux, les
Surveillants simples, le Bibliothécaire et l’Assistant(e) social(e). Ils jouent dans les normes un rôle
capital pour la bonne marche du lycée :
- le Proviseur : c’est le chef d’établissement, la personne morale de l’équipe. Certains
Proviseurs savent manager leur équipe, d’autres non, par manque d’expérience et / ou insuffisance
de formation. On peut être directement Proviseur sans être auparavant Censeur.
- le Censeur : il s’occupe, en principe, des affaires pédagogiques : il confectionne les emplois
de temps… distribue les classes en tenant compte de l’avis du Proviseur, s’il en émet, et
généralement des vœux des Professeurs. Mais il y a souvent conflit de domaine de compétence
entre Proviseur et Censeur, ce qui ne tarde pas à déteindre sur la qualité des enseignements… ;
- les Surveillants généraux et les Surveillants simples : dans beaucoup d’établissements
leur nombre est insuffisant et chacun a un jour de repos dans les jours ouvrables de la
semaine ; la plupart du temps, c’est le Censeur qui fait, à leur place, ce travail de
surveillance ;
- le Bibliothécaire : dans nos lycées, ce n’est pas en général un Bibliothécaire de formation
mais un surveillant chargé de gérer la bibliothèque ; les élèves ont le plus souvent peur
d’entrer dans la bibliothèque (qui, généralement, ressemble à un magasin de livres exigu et
sombre) et / ou d’emprunter des livres au Bibliothécaire qui les terrorise. Il y a très peu
d’établissements secondaires dotés de toutes les œuvres au programme en nombre suffisant ;
certains établissements n’ont même pas de bibliothèque ;
- l’Assistant(e) social(e) : peu de lycées ont un(e) Assistant(e) alors qu’il (elle) peut jouer un
rôle essentiel dans la prise en charge de certains élèves en difficulté : beaucoup de perditions
scolaires sont dues à l’absence de cette personne.
-
1-2-2 – Le corps professoral
Autrefois, on recrutait les professeurs à la suite d’une année de formation à l’ENS (actuelle
FASTEF). Actuellement, il existe deux schémas de recrutement :
- les professeurs qui ont d’abord fait une ou deux années de formation à l’ENS ou à l’actuelle
FASTEF ;
- les professeurs vacataires sélectionnés uniquement sur la base de leur formation académique ;
ils pratiquent les classes pendant au moins deux années scolaires avant de recevoir, pour une durée
de 45 jours, une formation pédagogique. Ils peuvent ensuite devenir des professeurs contractuels.
127
Certes des cellules pédagogiques existent dans les écoles, mais leur travail se limite généralement à
harmoniser les enseignements et à organiser des devoirs communs.
Les Inspecteurs de spécialité devaient aider à améliorer les enseignements, mais ils sont en nombre
insuffisant, avec peu de moyens.
Il s’y ajoute que le nombre d’enseignants reste insuffisant.
Conséquences :
- des surcharges horaires pour les professeurs accompagnées souvent de réductions horaires
pour les élèves ;
- selon les cas et les zones, des professeurs de collège d’enseignement moyen (PCEM)
interviennent dans le secondaire et même tiennent des classes de terminale, l’essentiel, pour
certains Inspecteurs d’Académie et Proviseurs, étant de faire fonctionner les classes.
Cette insuffisance est plus marquée chez les professeurs de mathématiques ; les départements
éloignés des grandes villes en souffrent beaucoup.
A Backel, par exemple, un professeur de physique et chimie dispensait, durant l’année scolaire
2007 – 2008, des cours de maths dans les classes de terminales S. A Dakar, les postes vacants en
maths ne sont plus déclarés dans les « miroirs » : pour les autorités, il est plus facile d’avoir un
vacataire en maths à Dakar que de l’avoir ailleurs. Avec la tendance actuelle (les mathématiciens
s’orientent de plus en plus vers une spécialisation dans les TIC), on peut craindre le pire : ne plus
trouver, dans un futur proche, un mathématicien candidat au recrutement.
Il faut également signaler :
- la fuite des cerveaux vers d’autres secteurs plus offrants. Beaucoup d’enseignants font le
concours de l’ENAM pour devenir entre autres administrateurs civils ; certains restent dans
la vacation le temps de réunir la somme nécessaire pour émigrer ;
- l’abnégation de certains professeurs qui, en accord avec leurs élèves, travaillent, même les
jours fériés et/ou de repos, pour terminer à temps leurs programmes ;
- l’image négative de l’enseignant : il est diabolisé par les autorités, méprisé par la société ; il
n’est plus un modèle pour l’élève ;
128
- le comportement déviant de quelques enseignants : certains professeurs dispensant des cours
de renforcement payants à leurs propres élèves défavorisent les autres dans le choix des
sujets de devoir ; une manière d’inciter les autres à joindre leur groupe ; d’autres font la cour
à leurs élèves, vendent des cours polycopiés ;
- les cours dispensés dans les établissements privés : certains professeurs négligent les élèves
du public au profit de ceux du privé ; d’autres, très sérieux dans les deux cas, s’épuisent
davantage ;
- le mouvement des enseignants défavorise les zones dites déshéritées.
- les grèves d’enseignants : l’insatisfaction ou la satisfaction tardive et/ou partielle des
revendications syndicales et, quelquefois, l’irrespect des accords par le gouvernement entraînent des
grèves répétitives qui réduisent considérablement le temps des enseignements.
Conséquence :
Soit l’enseignant ne termine pas le programme, soit il distribue le reste dans des feuilles
polycopiées, pour se donner bonne conscience.
1-2-3- Les élèves et les performances
Dans nos établissements le nombre des classes physiques (salles) est presque toujours inférieur à
celui des classes pédagogiques (groupe d’élèves ayant le même emploi de temps). Ce qui entraîne la
rotation de celles-ci avec ses corollaires (bruits, pertes de temps…).
*L’effectif des classes pédagogiques :
Particulièrement pléthorique dans beaucoup d’établissements, il pose trois problèmes
majeurs :
- le professeur a peu d’espace pour se déplacer et surveiller le travail de ses élèves ;
- il a d’énormes difficultés à organiser plus de deux devoirs surveillés par semestre (celui-ci
étant très court chez nous) et peu d’enseignants ont trouvé d’autres types d’évaluation
efficaces.
129
- la promiscuité aidant, certains élèves ne font qu’observer la copie ou le cahier des autres
pour recopier, ce qui instaure la culture de la tricherie.
Toutefois, il faut signaler que l’effectif de la série S1 est très réduit : il varie entre huit (8) et
treize (13) selon les écoles ; c’est un gâchis par rapport au nombre de professeurs mobilisés.
Le passage en classe supérieure :
La recherche effrénée de la scolarisation universelle, sous la pression des bailleurs de
fonds, favorise l’amalgame et le superficiel.
Les paramètres quantitatifs cachent mal la faiblesse du niveau de nos élèves : le taux de
redoublement est encore élevé même si les élèves passent en classe supérieure :
- à l’élémentaire, par quota et non en fonction de la moyenne ;
- aux moyen et secondaire, souvent avec une moyenne de 09,5/20 au lieu de 10/20 et plus ;
- une moyenne de 10/20 au lieu de 12/20 permet, sans le BFEM, d’orienter l’élève en classe
de seconde.
NB :
En 2006, le Ministre de l’Education National, dans sa note de service N° 004129 du 08 septembre
2006 adressée à l’Inspecteur D’académie de DAKAR, a pris, entres autres, la disposition suivante :
« - Pour ce qui concerne les classes bloquées (sans notes du second semestre ou avec des notes
en nombre insuffisant), tenir compte des notes du premier semestre, avec la moyenne de 09/20
comme barre de passage en classe supérieure.
- Pour les élèves ayant une moyenne comprise entre 08 et 09/20, les considérer comme
repêchables pour le passage en classe supérieure en tenant compte des critères habituels (âge,
déroulement de la scolarité, conduite, notes dans les matières dominantes, notes disponibles du
second semestre ».
Les conseils de classes étaient tenus, au mois de septembre, par l’administration de chaque
établissement concerné.
*Les taux de redoublement :
130
Le tableau (3) suivant résume les données générales de l’enseignement secondaire général en 2006/2007 :
ETABLISSEMENTSCP ou
EFFECTIFS REDOUBLANTS
Zone Statut1° et2° cycle
2° cycle GP G F Total %F G F Total %F
RuralPrivé
Public
3
14
1
2
4
103
8
2346
5
1071
13
3417
38,5%
31,3%
0
203
0
113
0
316 35,8%
Total Rural 17 3 107 2354 1076 3430 31,4% 203 113 316 35,8%
Urbain
Privé
Public
127
34
5
37
589
1677
12773
49346
9967
30402
22740
79748
43,8%
38,1%
1944
6888
1417
4281
3361
11169
42,2%
38,3%
Total Urbain
161 42 2266 62119 40369 102488 39,4% 8832 5698 14530 39,2%
Total 178 45 2373 64473 41445 105918 39,1% 9035 5811 14846 39,1%
_______________
(3) Voir DPRE, ANNUAIRE STATISTIQUE NATIONAL 2006/2007, p.111
CP : classes pédagogiques ; GP : groupes pédagogiques
A partir du tableau, on peut savoir qu’en 2006/2007 :
- le taux national de redoublement s’élève à 14,01% (14846/105918)
- ce taux, chez les filles, est de 14,02% (5811/41445) contre 14,01% (9035/64473) chez les
garçons ;
- le taux national de redoublement dans le privé est de 6,22% (1417/22753) contre 13,8%
(11485/83165) dans le public ;
- le taux de redoublement dans le privé rural est de 0% contre 6,23% (1417/22740) dans le privé
urbain ;
131
- le taux de redoublement dans le public rural est de 9,24% (316/3417) contre 14% (11169/79748)
dans le public urbain ;
- le taux de redoublement, dans le privé et chez les filles, est de 6,23% (1417/22740) contre
13,96% (4394/31473) dans le public ;- le taux de redoublement, dans le privé et chez les garçons,
est de 15,21% (1944/12773) contre 13,71% (7091/51692) ;- le taux de redoublement, dans le privé
rural t chez les filles, est de 0% contre 14,21% (1417/9967) dans le privé urbain .Le taux de
redoublement varie donc en fonction du sexe, de la zone et du statut de l’établissement.
*Les taux de réussite au BAC :
A partir des documents (4) confectionnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de
l’Education (DPRE) et rapports d’activité de l’OFFICE du BAC, on peut dresser le tableau suivant qui résume
l’évolution du taux de réussite au BAC, de 1999 à 2008
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 200844,3% 39% 53,1% 39,7% 44,2% 46,1% 45,5% 50,2% 48,6% 42,9%______________________________
(4) Voir : DPRE, SITUATION DES INDICATEURS DE L’EDUCATION 2000-2005, oct. 2005 ;
DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2006, p. 75
DPRE, RAPPORT NATIONAL SUR LA SITUATION DE L’EDUCATION 2007, mai 2007, p.84
_______________________________________
Le taux de réussite évolue en dents de scie, avec une chute à partir de 2006. En outre, ce taux ne
révèle pas toute la faiblesse du niveau des candidats ; l’examen du
BAC se fait en deux groupes :
- ont réussi au premier groupe les candidats ayant une moyenne supérieure ou égale à 10/20 (à
l’examen) et ceux, après repêchage par le jury, qui ont une moyenne tournant autour de
09,50/20 ;
- les candidats ayant obtenu une moyenne au moins égale à 08/20 sont admissibles au
deuxième groupe ; comme le sont ceux qui avaient un peu moins de 08/20 et qui sont
repêchés. La délibération se fait comme au premier, avec possibilité de repêcher encore. De
plus, les épreuves du deuxième groupe sont très faciles ; le nombre de reçus à ce groupe est
presque toujours supérieur à celui du premier groupe, comme le montre le tableau suivant :
132
Année Inscrits Admis Mentions
(5)Effectif
total
Taux de
participation
1°
groupe
2°
groupeTotal
Taux
de réussite
Très
bienBien
A. bien
Pas-
sable
2005 36636 97,7 7008 9261 16269 45,5 10 108 882 15269
2006 41826 97,2 9119 11275 20394 50,2 2 113 1037 19242
2007 47136 97,9 10546 11892 22438 48,6 8 229 1713 20488
Par ailleurs, des correcteurs véreux permettent à certains candidats de reconnaître leur copie pour leur attribuer une bonne note.
1-3 - Le temps de travail et les programmes
« C’est là, la véritable énigme de tous les acteurs du système et l’un des facteurs les plus inhibant
des performances du système », selon Waly NDIAYE (6). Depuis des années, il est toujours
écourté. Les causes de cette réduction sont multiples : démarrage tardif de l’année scolaire (acte du
deuxième mouvement des professeur non encore disponible, manque de professeurs, désherbage
tardif de certains établissements, etc.), souvent mi-novembre, même si officiellement l’ouverture a
lieu début octobre, arrêt précoce des cours pour les classes n’ayant pas d’examen de fin d’année,
fêtes officielles et nombreuses fêtes politico-religieuses, anticipations et prolongements des fêtes,
grèves des élèves, grèves des enseignants et absentéisme,
Il s’y ajoute que les programmes sont démentiels. L’étendu des programmes n’est pas en
adéquation avec le temps réel de travail : les classes de terminale terminent difficilement, et à la
veille des examens, leurs programmes malgré les cours polycopiés dans certaines disciplines, les
cours dits de « rattrapage » ; les secondes et les premières ne terminent presque jamais leurs
programmes.
______________________________
(5) Nous n’avons pas tous les détails pour les autres années
(6) Coordonnateur des Revendications/SUDES. Voir son article dans « Sud Online » du 31 juillet
2008
_________________________________
1-4 - Le budget et le conseil de gestion
133
Selon les documents de la DPRE, la part de l’Education dans le Budget National est de 33%,
loin des 40% dont parlent souvent les autorités, et son taux d’exécution couvre rarement ce qui était
prescrit.
Dans les lycées, le conseil de gestion est, selon le décret N° 2000 – 337 du 16 mai 2000,
composé par les membres de droit (le Chef d’établissement, président du conseil, le Censeur ou le
Directeur des études, le Surveillant général, l’Intendant, le Gestionnaire, le représentant du Conseil
Régional, le représentant du Maire, le représentant du Trésor) et les membres élus (1 Surveillant
général, 2 Représentants des parents d’élèves, 4 ou 3 Représentants du personnel enseignant si le
nombre d’élèves dépasse ou non 1000, 2 ou1 Représentants du personnel de surveillance pour les
mêmes raisons, 3 ou 2 Représentants des élèves, idem). Le décret met ainsi en place un cadre
institutionnel impliquant toute la communauté éducative.
Mais il précise en son article 3 :
« Le conseil de gestion exerce soit par lui-même, soit par sa section permanente prévue à
l’article 5, des attributions relatives au fonctionnement matériel et moral de l’établissement. Le
conseil de gestion donne son avis sur l’état prévisionnel des recettes et des dépenses, l’observation
des prescriptions relatives à l’hygiène et sur toutes les questions qui sont soumises par le Ministre
de l’Education National, l’Inspecteur d’Académie, le Chef d’établissement ou la section
permanente. (7) Le conseil de gestion vote le budget ».
Le conseil de gestion ne donne donc que des avis, ses attributions sont ambiguës alors que
celles de la section permanente, qui dans la réalité le supplante, sont très précises à l’article 5 du
même décret : « Ses attributions sont consultatives ».
Dans les établissements secondaires, il existe deux types de budget :
- le budget alloué par l’ETAT et sur lequel le conseil de gestion n’a aucun avis à donner ; son
montant est assez substantiel ;
- le budget, provenant de l’inscription des élèves et des ressources additionnelles, sur lequel le
conseil de gestion donne son avis consultatif.
2 – BILAN
134
Depuis 1981, les changements intervenus dans les politiques éducatives peuvent faire croire à
une réforme efficiente et irréversible de l’Ecole sénégalaise, surtout du cycle secondaire :
- les Etats Généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) ont été tenus pour l’avènement
d’une école nationale, démocratique et populaire ; (7)Le Chef d’établissement, président, le
Censeur ou le Directeur de Etudes, le Surveillant général, l’Intendant ou le Gestionnaire, les
Représentants du personnel enseignant et de surveillance au conseil de gestion
- les conclusions de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation
(CNREF), née au lendemain des EGEF, avaient jeté, en 1983, les bases d’une Ecole Nouvelle ;
- la volonté proclamée des autorités de l’époque de réformer le système éducatif en exploitant
judicieusement ces conclusions ;
- le colloque de Saint-Louis, en 1995, qui a permis de dégager les grandes orientations et les
stratégies visant le renforcement de l’accès à l’éducation, la réalisation de la gestion concertée du
secteur, l’harmonisation des intervenions dans le secteur de l’éducation ;
- les séminaires de Bambey et de Gorée qui ont permis de mettre en place des commissions
thématiques (Accès, Qualité, Gestion) et d’élaborer un diagnostic et un plan d’actions pour chacun
des sous secteurs ;
- la tenue à Dakar, en 2000, des Assises Mondiales sur le bilan de l’Education Pour Tous sur la
période 1990-2000 ;
- le démarrage du Programme Décennal de l’Education et de la Formation.
- l’existence des Inspecteurs de spécialité.
Le PDEF, actuellement dénommé Programme de Développement de l’Education et de la
Formation, « a capitalisé l’ensemble de ces démarches qu’il a développées et approfondies pour les
inscrire dans un cadre politique qui identifie, hiérarchise, planifie les priorités du gouvernement,
harmonise et organise les interventions », avec trois objectifs majeurs :
- démocratiser l’accès à l’éducation de base ;
- améliorer la qualité des enseignements ;
- rendre plus efficiente la gestion du système.
135
Avec l’accroissement du réseau d’établissements et la discrimination positive visant à inscrire
et maintenir les filles dans tous les ordres d’enseignement, l’accès à l’enseignement secondaire a
connu des bonds appréciables.
Cependant, la pratique quotidienne et les réalités du terrain conduisent à penser qu’aux lieu et
place de réforme cohérente et efficiente, on assiste plutôt à une stagnation, voire une régression de
notre système éducatif, particulièrement du système secondaire général :
- la qualité de l’enseignement et le niveau général des élèves continuent de baisser d’année en
année, conséquences des effectifs pléthoriques des classes, de l’insuffisance des manuels scolaires
et des matériels didactiques, de la pénurie des moyens humains : le personnel de surveillance reste
insuffisant, les professeurs ne sont plus formés et recrutés en nombre suffisant ;
- la lassitude de beaucoup d’enseignants pour cause de surcharges horaires dans le public et/ou
dans le public et le privé ;
- le fractionnement du Ministère de l’Education en trois hypothèque davantage le dialogue social
pour lequel les autorités adoptent toujours une politique de pourrissement.
Les indicateurs internes tels que le Taux Brut de Scolarisation, le taux de redoublement et les
taux de réussite au BAC sont loin des normes de performance scolaire.
Il reste entendu que la DPRE produit des documents de référence, même si beaucoup de réalités
du terrain analysées ici lui échappent.
3- LES RECOMMANDATIONS
Les aspects positifs des politiques éducatives menées jusque là doivent être préservés et
améliorés constamment. Mais aussi pour avoir un système éducatif performant, les
recommandations suivantes peuvent être prises en compte :
- bien planifier l’implantation des lycées sur une durée de dix (10) ans ;
- créer le corps des Chefs d’établissement, avec un concours d’entrée, une formation et un examen
de sortie. Les nouveaux sortants seront d’abord nommés Adjoint au Chef d’établissement, avec
suppression du poste de Censeur ;
- faire gérer les bibliothèques par des bibliothécaires de formation ;
- arrêter le recrutement des vacataires et former ceux qui sont actuellement dans les classes ;
136
- former (avec des profils d’entrée et de sortie) et recruter en nombre suffisant des professeurs ;
- revaloriser la fonction enseignante, sanctionner négativement les comportements déviants et
positivement les comportements mélioratifs ;
- accorder une prime aux enseignants officiant dans les zones dites déshéritées ;
- assurer un plan de carrière aux enseignants : établir par exemple des passerelles permettant à un
professeur d’enseignement (PEM) de devenir professeur d’enseignement secondaire (PES) sans
retourner à la faculté… ;
- former en nombre suffisant des Inspecteurs de spécialité et les doter de moyens pour rendre
efficiente leur mission ;
- instaurer la moyenne de 10/20 comme barre de passage en classe supérieure ;
- repenser le deuxième groupe du BAC et revoir les modalités d’orientation des nouveaux
bacheliers aux universités.
- réorienter les élèves, qui échouent pour la deuxième fois au bac, dans des filières (à créer) qui
débouchent sur des activités productives ou des possibilités de promotions sociales ;
- renforcer l’action éducative par la contribution des médias et réduire considérablement la
fréquence des films, en supprimer certains ;
- restaurer l’unicité du Ministère de l’Education Nationale avec des Directions pour ses sous
secteurs ;
- renforcer le conseil de gestion, lui attribuer un avis délibératif ;
- réduire la durée des fêtes scolaires et revoir les programmes.
SIGLES ET ABREVIATIONS
DPRE: Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education
ENS: Ecole Normale Supérieure
137
FASTEF: Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation
PCEM: Professeur de Collège d’Enseignement Moyen
PEM: Professeur d’Enseignement Moyen
PES: Professeur d’Enseignement Secondaire
TBS: Taux Brut Scolarisation
ASSISES NATIONALES
Commission 4 « Gouvernance sociale »
Sous- Commission « Education-Formation »
VOLET
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE 138
ET
FORMATION PROFESSIONNELLE
AU SENEGAL
BOUBACAR DIALLO
AMADOU LAMINE NGOM
OCTOBRE 2008
L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE AU SENEGAL
I - INTRODUCTION
Le développement très rapide de sciences et techniques place notre pays dans la perspective
de profondes mutations.
Des changements quantitatifs et qualitatifs s’opèrent, et appellent notre société par des voix
autorisées à se pencher périodiquement sur un aspect fondamental de l’activité de l’homme en vue
de transformer son environnement.
II – SURVOL HISTORIQUE
2 – 1 - JUSQU’EN 1959
L’évolution de notre pays dans le cadre de l’A.O.F, les orientations du système colonial
liées au développement industriel de la métropole et de ses colonies, la place stratégique qu’occupe 139
notre pays dans la zone occidentale de l’Afrique, favorisaient l’implantation de nouvelles structures
parmi lesquelles des établissements de formation professionnelle
Ces établissements embryonnaires de ce qu’on appelle aujourd’hui notre système
d’enseignement technique et de formation professionnelle, avaient pour vocation de promouvoir
l’émergence d’une main-d’œuvre qualifiée, apte à réaliser certaines tâches nécessaires comme
support de l’activité industrielle et commerciale.
Les centres de formation tels que :
le centre d’apprentissage maritime de Rufisque,
le centre d’apprentissage agricole de Louga,
le centre de formation rapide de Dakar,
le centre d’apprentissage de Saint-Louis, etc
étaient les creusets de formation des agents de maintenance, de vulgarisation et d’encadrement à
certains niveaux
L’essor économique, la multiplicité des tâches amenèrent les autorités de l’époque à se pencher sur
une première transformation de ces centres de formation et la création d’autres pouvant assurer la
promotion des cadres intermédiaires.
Il s’agissait d’élever le niveau de formation, d’initier des jeunes à des techniques
modernes dans les secteurs agricole, industriel et commercial.
C’est ainsi que :
… le Collège industriel de Dakar et le Collège de commerce furent transformés en Lycée
technique
… un Centre d’apprentissage des jeunes filles fut créé à Dakar,
le Collège technique et le Centre d’apprentissage industriel et commercial de Saint-Louis
furent regroupés
2 – 2 - A PARTIR DE 1959
L’accession à l’autonomie interne étant survenue le 1er Avril 1959, au moment où le
Sénégal regroupait l’essentiel des moyens de l’enseignement technique et de la formation
professionnelle en Afrique de l’ouest francophone.
Il fallait cependant mettre en place une politique de formation professionnelle et de
formation des cadres tout en développant des moyens d’éducation technique pour permettre à la
nation sénégalaise en devenir de réaliser ses objectifs de développement.
Les premiers actes du gouvernement d’alors devaient aller dans le sens de :
140
redéfinir des objectifs,
recenser toutes les actions de formation éclatées dans les divers départements ministériels et
les regrouper au sein d’une nouvelle structure dont les responsabilités étaient :
- de réunir toutes les prérogatives en matière de formation professionnelle, d’enseignement
technique et formation des cadres en vue de satisfaire aux besoins nationaux à moyen et long
terme,
- d’organiser, de renouveler et de développer tous les moyens de formation.
De cette volonté de synthèse est né, le 10 Avril 1959 par décret 59 – 077, le Secrétariat d’Etat
auprès du Président du Conseil chargé de l’Enseignement Technique et de la Formation
Professionnelle.
Ce département ministériel était chargé d’assurer :
l’orientation, l’information et l’initiation, la psychotechnique du travail, l’enseignement
technique, l’apprentissage, le perfectionnement, la promotion féminine et artisanale, la
formation professionnelle accélérée
le développement de tous les moyens utiles à l’éducation technique
le contrôle de l’enseignement technique et la formation professionnelle privée
toutes formations permettant le reclassement, la réadaptation, la spécialisation
professionnelle en vue de fournir le personnel et la main-d’œuvre de tous les niveaux de
qualification nécessaires à notre développement.
La mission dévolue à ce Secrétariat d’Etat s’avérant rapidement beaucoup plus vaste qu’on le
pensait, le gouvernement décida de le transformer en Ministère de l’enseignement technique et la
formation professionnelle, le 13 Mars 1960, puis en Ministère de l’enseignement technique et la
formation des Cadres, le 25 Mai 1960.
Les activités du Ministère devaient couvrir les secteurs suivants :
le secteur industriel et artisanal,
le secteur commercial et administratif,
les secteurs ruraux,
la formation féminine.
141
Ce fut de grands moments de recensement des moyens de formation et d’évaluation des besoins en
éléments formés au terme desquels la politique nationale de l’enseignement technique et de la
formation professionnelle venait de connaître sa première mouture ; il s’agissait :
2–2–1- POUR LES ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
(le recrutement, le régime de scolarité, la discipline et l’orientation des élèves)
Il s’agissait d’établissement qualifiés de « classiques » dans leur forme, leur programme et leur
aboutissement que l‘on peut classer en deux catégories :
A – Préparation et formation des cadres au niveau du second degré de l’enseignement
technique
a / Préparation à l’admission dans le cycle universitaire en vue de l’accès au niveau ingénieur et
équivalent ;
b / Préparation et formation au niveau des techniciens supérieurs
c / Formation au niveau cadres moyens et de la maîtrise
d / Formation des formateurs
(Ecoles chargées de la préparation du personnel des enseignements technique et professionnels
théorique et pratique)
B - Préparation et formation au niveau ouvrier qualifié ou employé
2- 2- 2- POUR LES STRUCTURES D’ORGANISATION ET DE CQNTROLE
A– L’organisation des examens et concours
a / Etude des problèmes généraux relatifs aux différents diplômes,
b / Organisation des examens et concours,
c / Adaptation des programmes
B– Le contrôle matériel des établissements privés
Décision d’ouverture
Autorisation d’enseigner
Autorisation de diriger
142
Attributions d’allocations diverses
2- 2- 3- POUR LA CREATION D’ECOLES DE FORMATION DIVERSES
Un effort particulier sur la diversification de la formation fut entreprise par la création de :
l’école maritime,
l’institut de coupe couture et mode,
le centre de qualification industrielle de Dakar,
le centre de formation horticole,
le centre de formation artisanale,
l’école des cadres ruraux de Bambey,
l’école nationale des travaux publics et du bâtiment,
l’école normale d’enseignement technique et professionnel, etc.
2-2-4- D’AUTRES STRUCTURES DE FORMATION, DE PERFECTIONNEMENT, DE
PROMOTION ET D’ETUDES non moins importantes furent créées
1 - Les cours professionnels (cours du soir)
destinés aux adolescents en apprentissage artisanal, commerciale ou industriel ;
2 - les cours de perfectionnement et de promotion
pour préparer, promouvoir, ou perfectionner les cadres actuels ou les personnels dignes
d’accéder à cette maîtrise, par des méthodes plus rapides et directes, afin de tenir compte de la
réalité et de l’urgence des besoins en cadres nationaux ;
3 - les cours de reconversion
stages dispensés à des chômeurs par une formation rapide répondant à des besoins connus,
4 - les cours de formation féminine
notamment en zone rurale et en économie familiale
5 - le centre national de formation et d’action, chargé
d’assurer des actions de formation, de perfectionnement et de promotion
143
de donner la formation civique et la morale professionnelle avec le maximum d’efficacité
pour la mise en œuvre de la politique économique et sociale du gouvernement
6 - la division formation des cadres, chargé :
de faire des enquêtes sur les besoins présents et futurs en main d’œuvre
d’établir les délais souhaitables de toute formation
de tenir à jour toutes les données relatives aux disponibilités des moyens de formation
de déterminer les effectifs bénéficiaires de bourse, au Sénégal et à l’étranger, en fonction des
besoins et des disponibilités,
Plusieurs tentatives de réformes sectorielles aboutirent à des impasses, malgré les
déclarations répétées des autorités de l’état pour souligner la priorité accordée au développement de
ce secteur.
Les multiples changements allant de Ministère, à Secrétariat d’Etat, à Direction et les
maigres moyens financiers mobilisés ont toujours été sans commune mesure avec les objectifs
visés.
7 – les centres d’éducation spéciale
Destinés aux handicapés sociaux pour :
- la prévention de la délinquance,
- la réinsertion rapide des jeunes en rupture sociale,
- le suivi de l’individu jusqu’à sa totale insertion sociale
Ces centres sont pilotés par le ministère de la justice
III - LA REFORME DE 1972
Elle fut essentiellement axée sur le relèvement des niveaux de formation et le renforcement
des structures, par la suppression regrettable des formations niveau Certificat d’aptitude
professionnelle (C.A.P.) dans les établissements publics, en les remplaçant par les Brevet
d’enseignement professionnel (B.E.P.).
Cette mesure réduisait considérablement la population de jeunes intéressés par cette
formation par le niveau de recrutement à la base.
L’initiative était laissée aux cours du soir (C.N.C.P.I.C.) qui utilise les moyens
infrastructurels des écoles étatiques et aux écoles privées qui ne disposent pas d’équipements
appropriés et tronquent l’horaire.
144
le remplacement des Brevets de technicien par les Baccalauréats techniques des séries
industrielles (F) et commerciales (G)
L’ouverture de Baccalauréats « dits à double finalités », dont le profil était mal défini, débouche
aussi à une impasse par ce que les éléments formés n’avaient pas le niveau requis pour accéder à
l’enseignement supérieur et pas d’aptitudes professionnelles suffisantes pour intégrer facilement les
circuits de production.
Il fut effectué :
l’ouverture de nouveaux lycées techniques à Pikine et Diourbel,
la construction de l’école normale supérieure d’enseignement technique,
L’on revint sur la transformation de certaines séries de Brevets de technicien en
Baccalauréats techniques, en améliorant le contenu des formations pour les spécialités
retenues
Toute cette panoplie de structures et de moyens de formation devait être le fer de lance de
l’enseignement technique et de la formation professionnelle au Sénégal, mais force est de
reconnaître que faute de volonté politique affirmée on remarque toutes sortes de négligence et
d’exclusion effritant permanemment le curriculum préalablement défini
IV - LES ETATS GENERAUX DE JANVIER 1981
La crise de l’école sénégalaise, manifestation patente de celle de notre société, est
l’aboutissement d’une quête de solution aux nombreux problèmes posés par un accroissement sans
cesse de nouveaux besoins engendrés par un environnement socio- culturel en pleine mutation
L’organisation de ces historiques journées de réflexion de janvier 1981 dans notre pays sur
un système d’enseignement et de formation hérité de la colonisation et les résultats obtenus à l’issue
des travaux, ouvrit de nouvelles perspectives.
Elles furent l’aboutissement d’une crise profonde de notre système éducatif, et marquèrent
un point de départ important.
Les conclusions retenues à l’issue des travaux, suscitèrent de grands espoirs à tous les
niveaux et en cela toutes sensibilités confondues.
Il se dégagea des idées-forces pour une nouvelle orientation de notre école, qui une fois
réalisée permettrait à notre pays de se réconcilier enfin avec son système éducatif pour que celui-ci
fasse sienne ses profondes aspirations en le plaçant désormais dans le sens d’une école nationale,
démocratique et populaire, d’une école polyvalente et polytechnique, dotée de systèmes harmonisés
prenant en charge d’une manière continue l’homme sénégalais nouveau.
145
Les états généraux sur l’éducation et la formation avaient orienté notre enseignement vers
un monde en perpétuel développement scientifique et technique.
en précisant un nouveau profil,
en se fixant de nouveaux objectifs tout en proposant un certain nombre de moyens à dégager
pour la mise en œuvre de cette école,
en lui assignant de prendre en charge toutes nos aspirations intellectuelles, morales et
philosophiques.
en développant nos capacités infrastructurelles afin de rendre notre enseignement plus
performant par la nécessaire liaison de l’école à la production
Cette école nouvelle faisant siennes les profondes aspirations de notre société, devait
réaliser cette étroite liaison entre le social, l’économique ou le culturel, entre l’éducation et l’activité
productrice.
Dans la perspective d’un développement économique et social notable, notre pays avait
besoin de :
l’aménagement de plusieurs barrages hydro-électriques et hydro- agricoles
l’irrigation des terres pour une culture intensive
la multiplication des forages
l’exploitation de nos ressources minières et halieutiques
Aussi, il s’agissait de réorienter particulièrement la formation professionnelle
A la suite, l’esprit des états généraux fut complètement dévoyé
Après les Etats Généraux de l’éducation et de la formation, on ouvrit :
le Lycée technique commercial Abdoulaye NIASS de Kaolack
le Lycée technique industriel et minier de Kédougou
le Lycée technique agricole de Bignona
Le Lycée Technique de Génie civil de Thiès et plus tard :
146
PROJET D'ORGANIGRAMME
STRUCTURES DIPLOMES
13 ANS
18 ANS
22 ANS
ECOLES ET INSTITUTS NATIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE
CENTRES REGIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE
CENTRES NATIONAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE
CENTRESDEPARTEMENTAUX DE FORMATION PROFESSIONNELLE
CENTRES D'INITIATION PROFESSIONNELLE
DIPLOME D'INGENIEUR -----------------BREVET DE TECHNICIENS SUPERIEURS
C E F PCERTIFICAT ELEMENTAIRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE
C I P CERTIFICAT D'INITIATION PROFESSIONNELLE
CYCLE SUPERIEUR DE FORMATIONPROFESSIONNELLE
CYCLE SECONDAIRE ET PROFESSIONNELLE
CYCLE FONDAMENTAL
APPREN-TISSAGE
FORMA-TION
PROFESSI -ONNELLE
DIVERSESSTRATEGIES
Alternance,Modulaire..
VIE
ACT I V E
CYCLE
MOYEN
DES
CERTI- FICATS
POUR
TOUT
MODULE
DE
FORMA- TION
DIPLOME DE TECHNICIEN BAC PROFESSIONNEL
--------------BEP------------- CQP CAP
147
CONFIGURATION DE L'ECOLE NOUVELLE
ENSEIGNEMENT GENERAL SECONDAIRE
ENSEIGNEMENT GENERAL TECHNIQUE
FORMATION PROFES- SIONNELLE
PRODUCTION
CYCLE FONDAMENTALPOLYTECHNIQUE
ENSEIGNEMENT PRESCOLAIRE
ENSEI-GNEMENTS SPECIAUX
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
148
ORGANIGRAMME DES NIVEAUX TECHNIQUES
VIE ACTIVE
C.E.P.E.
ENSEIGNEMENT
FACULTESINSTITUTS
BAC BT
BTS
BEP
CAPCEPP
BFEM
CYCLE MOYEN
CYCLE FONDAMENTAL
EDUCATIONSPECIALISEE
AUTRESDIPLOMES
CYCLESECON- DAIRE
LANGUES NATIONALESARABE - FRANCAIS
BAC : Baccalauréats TechniquesB.T. : Brevet de TechnicienB.T.S. : Brevet de Technicien SupérieurB.E.P. : Brevet d'Enseignement ProfessionnelC.A.P. : Certificat d'Aptitude ProfessionnelleC.E.P.P. : Certificat d'Etudes Pratiques Professionnelles
149
V - ETAT DES LIEUX
V–1- LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET L’APPRENTISSAGE
L’école sénégalaise avec l’enseignement technique et professionnel sont imprégnés de
modèles étrangers souvent assimilés au secteur dit moderne et au progrès technique. Une partie de
la formation professionnelle se situe aussi dans ce camp, et son organisation est également des pays
occidentaux.
Pourtant, plus elle liée aux milieux professionnels, aux structures sociales, aux savoirs
locaux et aux systèmes de production, plus elle est confrontée à la diversité des situations et plus il
devient difficile de le modéliser.
Elle rencontre d’autres cultures, d’autres usages, d’autres significations. ; modernité et
tradition s’entremêlent, s’affrontent ou s’épaulent.
A ce propos sont présentés les différents types de formation professionnelle
V-2- DIFFERENTS TYPES DE FORMATION PROFESSIONNELLE
Malgré la forte immersion de certaines actions de formation professionnelle dans
l’environnement social, se rapprochant ainsi de l’apprentissage traditionnel, nous relaterons de
nombreuses formules dont le but commun est de vouloir apporter de nouvelles techniques,
vulgariser de nouveaux modes de production.
V-3- LES CENTRES DE FORMATION LIES AU SYSTEME SCOLAIRE
Il existe des cycles post primaires dans le but de donner une qualification professionnelle aux jeunes
exclus du secondaire. Notamment :
- de nombreux centres d’apprentissage artisanal et rural,
- des centres de formation d’apprentis et de jeunes agriculteurs
- des sections ménagères,
fonctionnant souvent très mal accueillant des jeunes peu motivés, sans illusion sur les débouchés
qu’ils pourront trouver à leur sortie.
V-4- LES CENTRES DE FORMATION INDEPENDANTS DU SYSTEME SCOLAIRE
Emanant de nombreuses ONG de différentes branches professionnelles, de projets de
développement, de sociétés para- étatiques, des chambres de métiers et d’organismes privés.
150
Ils sont caractérisés par une grande hétérogénéité, par ce que s’adressant à une population en
age et niveau différent. On y trouve beaucoup d’analphabètes
V-5- LA FORMATION DANS LES ENTREPRISES
Ces actions de formation concernent le secteur formel de l’économie, les grosses entreprises
privées et les grandes sociétés de développement para- étatiques.
Les entreprises utilisent très souvent les organismes collectifs de formation de l’état.
Elles ont aussi recours à la « formation sur le tas »
Leurs besoins de formation restent quantitativement limités à leur croissance.
V-6- VULGARISATION, INFORMATION, COMMUNICATION
Les finalités sont parfois étroitement liées à la production (notamment la vulgarisation agricole)
ou des aspects sociaux. Il s’agit d’organismes d’appui à la formation tels que : les médias, les cours
par correspondance, les cours de perfectionnement, etc.
V-7- L’APPRENTISSAGE
Ce mode de formation pratiqué dans le secteur informel concerne principalement la
grande majorité de la jeunesse analphabète ou précocement déscolarisé ou ayant même suivi le
cycle d’enseignement secondaire.
Une très grande majorité de jeunes font leur apprentissage dans les activités traditionnelles
telles que les commerçants, les artisans, les petites entreprises appartenant au secteur peu ou non
structuré.
L’exode rural frappe beaucoup de jeunes de la campagne, mais pour ceux qui y restent, ils
font un réel apprentissage rural en s’initiant au travail de la terre sur des unités familiales de
production.
Souvent la situation de l’apprenti peut paraître difficile au point de reprocher à ce système
d’exploiter le travail des jeunes, mais force est de reconnaître qu’on y livre un certain savoir- faire.
Malgré ces critiques, plus des deux tiers des jeunes n’ont que ce moyen d’insertion ou la rue.
Cette fonction sociale majeure assure inéluctablement la transmission des savoir- faire
locaux qui globalement ne manquent pas d’innover et de s’adapter aux situations les plus cruciales.151
De nos jours, l’apprentissage traditionnel est incontournable.
V- 8- ORGANISATION DU DISPOSITIF NATIONAL DE FORMATION
PROFESSIONNELLE
Ce dispositif devrait traduire une politique nationale d’ajustement de la formation à
l’emploi, correspondant à la planification des ressources humaines, entièrement tombée en
désuétude.
L’office national de la formation professionnelle (ONFP) qui devait orienter la
formation a eu tendance à devenir une structure bureaucratique inefficace et parfois parasite.
Le Fonds de Développement de la Formation (FONDEF) structure parallèle créée
récemment gagnerait à être redéfinir dans ses fonctions au regard des activités de l’ONFP.
Il serait nécessaire de les redynamiser en vue de développer et contrôler la formation
professionnelle par les instruments suivants :
assurer une organisation fiable de la collecte, la gestion et la répartition de la taxe de
formation professionnelle,
assurer une sélection et un contrôle rigoureux des organismes de formation,
Il est à noter que :
ces fonds collectés retournent rarement à la formation, et dans plusieurs cas, la crise
financière de l’état a provoqué leur rétention totale ou partielle,
le comportement de l’administration n’est pas toujours incitatif,
la gestion paritaire des fonds n’est pas aisée,
les syndicats de salariés ont un rôle très limité,
la participation des chambres de métiers est timide
VI - OBSERVATIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS
De tout ce qui précède, il est regrettable de constater l’absence quasi permanente d’une réelle prise
en charge des actions de formation dans les domaines maintes fois affirmés comme prioritaires pour
le développement du pays, à savoir : l’autosuffisance alimentaire par la promotion de
l’enseignement agricole, hydraulique, halieutique, forestier et de l’élevage, etc…
Il était donc nécessaire de combler ce retard par la création de Lycées, de Centres de
formation et d’infrastructures pour ouvrir de nouveaux débouchés.152
Ainsi, le secteur primaire serait dans une perspective conforme à notre développement
économique et social.
VI-1- CONTEXTE ET ENJEUX
Les changements intervenus dans l’environnement social et économique exigent un réexamen de
notre politique de formation professionnelle, qui devra au regard des pertinentes recommandations
de la Commission Nationale de Réformes de l’Education et la Formation, des séminaires sur la
problématique de la Formation Professionnelle et sur la modernisation de l’Administration, se
tourner résolument vers une meilleure adéquation à l’emploi.
La situation socio économique est marquée par entre autres :
- Une forte croissance démographique et une demande sociale considérable en matière
d’éducation et de formation
- Un écart grandissant entre la consommation et la production entraînant un déséquilibre
de la balance commerciale.
- Un niveau de productivité encore faible
On notera :
L’impact des politiques d’ajustement structurel qui s’ajoute aux problèmes déjà posés par
notre système et de formation par :
une marginalisation des effectifs de la Formation Professionnelle au bénéfice de
l’enseignement général secondaire, inversant la pyramide éducationnelle en plaçant la
Formation Professionnelle au second plan, les élèves sont traditionnellement orientés dans
les établissements de formation professionnelle parce qu’ils échouent dans l’enseignement
général,
Une tutelle et un contrôle dispersés des établissements de formation professionnelle qui ne
favorisent pas une coordination suffisante au niveau national,
Le déphasage des actions de formation par rapport au besoin du monde du travail, les filières
ouvertes ainsi que la technologie enseignée souvent importée, s’éloignent du contexte local et
pour une bonne part on y apprend des savoirs et des savoir-faire peu utilisés dans la vie
active,
Des ressources allouées, par l’état, insuffisantes rendent difficile la maintenance des
installations, des équipements, et la satisfaction en fourniture de matière d’œuvre,
153
Des formateurs dont le profil ne facilite pas toujours la liaison avec l’emploi, situation
inhérente au type académique de la formation reçue,
Un faible rendement interne et externe de nos structures de formation qui produisent des
diplômés sans se préoccuper des débouchés et sont accusés ainsi de former des chômeurs ;
d’autant plus que les diplômés durant leur formation, ne se prédisposent pas en faveur des
emplois non formels,
Une quasi absence de mécanismes de contrôle en amont et en aval pour stopper les
formations obsolètes et favoriser un réaménagement pour d’autres filières.
VI-2- ORIENTATIONS
La volonté politique manifestée par la promulgation de la loi d’orientation de 1990 et
différents projets de réforme et/ou plan d’action, les remaniements institutionnels intervenus
récemment, entre autres, nous conduisent, au vu du constat ainsi fait, à repenser les approches qu’il
convient de suivre , pour adapter les efforts de formation professionnelle aux nouveaux objectifs et
impératifs en matière d’emploi des hommes et des femmes de notre pays, aussi bien dans le secteur
structuré que dans celui non structuré.
Une évolution rapide des techniques, donc des profils de besoin professionnel, une
pression démographique croissante dans une population jeune qui constitue une arrivée massive
d’une main d’œuvre potentielle qu’il convient de former, un chômage associé à une pénurie de
main d’œuvre pour certains emplois dans tous les secteurs, sont des défis que nous devons relever
par la mise en place d’un système de formation professionnelle adapté et performant.
Il s’agira de développer des stratégies afin :
- d’élever le niveau de compétitivité en adaptant l’économie aux exigences de
l’environnement mondial
- d’améliorer l’environnement et l’infrastructure de la production rurale
- de valoriser les ressources humaines et relancer les investissements
VI-3- LE PROJET
Notre projet est de mettre en place un système de formation professionnelle qui corrigera
les déséquilibres constatés, répondra aux recommandations signalées, et mettra au point des outils
nouveaux pour adapter le ʺproduitʺ aux besoins qui évoluent.
Les multiples contraintes et possibilités qui en découlent seront abordées sous un jour
nouveau par nos institutions, nos structures de formation professionnelle et par tous nos partenaires
dans une perspective de redéploiement de notre économie.
154
Il s’agira pour nous, afin d’accroître l’efficacité du système et de le rendre plus cohérent et
performant, en rapport avec nos objectifs de développement à court, moyen et long terme, de mettre
en place un organigramme pyramidal à plusieurs niveaux, avec des activités déconcentrées et
décentralisées prenant davantage en compte l’organisation territoriale, le secteur rural et le secteur
informel.
Les formations polyvalentes, les actions de perfectionnement, de reconversion et surtout
l’ouverture vers le secteur privé et l’organisation de l’apprentissage seront des axes retenus pour le
développement de la formation professionnelle.
VI-4- COMMENT ADAPTER LE DISPOSITIF D’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE
FORMATION PROFESSIONNELLE ?
Cette adaptation embrasse plusieurs objectifs de nature différente :
le développement de compétences nouvelles concernant les nouvelles technologies,
la recherche de nouveaux modes de production, d’organisation et de gestion pour relever les
défis du développement et de la croissance démographique,
l’adoption d’une dimension sociale facilitant l’insertion des jeunes, valorisant l’activité des
femmes en apportant des compétences nouvelles à ceux qui constituent les relais de
diffusion,
VI-5- QUEL AVENIR POUR L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION
PROFESSIONNELLE ?
Un enseignement technique secondaire et supérieur trop éloigné des réalités professionnelles, qui
dispense un enseignement éthéré, qui manque gravement de moyens, qui fonctionne avec des coûts
dérisoires ne peut être qu’un enseignement au rabais. Cet enseignement est à bannir.
Cependant, notre pays possède un réseau d’établissements représentant des
investissements matériels et un capital d’expérience remarquables, qu’il faut certes augmenter
considérablement.
Il faudrait donc valoriser ces infrastructures en réorientant et en démultipliant leurs
activités vers des objectifs conformes à notre plan de développement économique et social.
155
VI-6- QUELLES FONCTIONS L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA
FORMATION PROFESSIONNELLE PEUVENT-ILS REMPLIR ?
A / La formation initiale
Constitue une mission nécessaire, la seule qui soit développée actuellement par une majorité
d’établissements.
Cette formation doit se poursuivre dans la mesure où la diffusion de nouvelles technologies,
de nouveaux comportements et de nouvelles formes d’organisation dans les entreprises, passent
plus facilement par les jeunes cadres, techniciens, vulgarisateurs.
Si la formation initiale n’était pas correctement assurée, comment pourrait- on faire
confiance à l’enseignement technique pour d’autres missions ?
B / La formation continue
Est un complément de la première et un moyen privilégié ‘être en relation avec les milieux
professionnels. Elle peut être dispensée intra muros, délocalisée au sein des projets ou dans les
entreprises
C /La constitution des centres de ressources
Au cas où l’école dispose d’équipements appropriés, ceux-ci pourraient :
s‘ouvrir à l’utilisation des professionnels (modalités définies au cas par cas)
servir à expérimenter et vulgariser des produits, des méthodes et des techniques qui peuvent
s’avérer pertinents, à capitaliser et diffuser de l’information, à offrir des prestations à l’égard
des créateurs d’emploi (études de marchés, conseil de gestion, techniques de production,
etc…)
L’enseignement Technique devrait servir d’appui au
développement, tout en enrichissant par ses rapports avec l’extérieur, les différentes formations
dispensées.
La mise en œuvre de cette politique nécessite d’indiquer quelques étapes à parcourir
VI-7- QUELLES MESURES FAUT-IL PRENDRE POUR ESPERER REMPLIR CES
FONCTIONS ?
156
En raison des systèmes dans lesquels évoluent les établissements, il faudrait réfléchir sur
des mesures à prendre, à savoir :
A / MAITRISER LES FLUX
L’état sénégalais peut-il résister à la poussée de tous les candidats à la poursuite des études
sans mettre en péril la stabilité politique et la paix sociale ?
Le budget alloué, la qualité de l’enseignement et les débouchés dans les emplois sont-ils
suffisants ?
Faudrait-il limiter les effectifs à cause des coûts de revient et des
besoins en ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs et spécialistes ?
B/REVISER LES METHODES, LES CONTENUS, LES CRITERES D’EVALUATION
Les réalités négatives de notre enseignement ont été maintes fois décriées :
- un enseignement souvent trop théorique, pléthorique et lacunaire,
- quelques matières secondaires alourdies,
- des référentiels et des programmes mal adaptés
C / ANALYSER LES BESOINS POUR FIXER LES OBJECTIFS
Sa complexité nécessite une démarche pragmatique dans le temps.
L’analyse des métiers, du marché de l’emploi dont l’évolution est peu certaine doit être
menée avoir beaucoup de rigueur et de patience pour fixer les objectifs de formation et déterminer
l’architecture du système pédagogique.
D / MODIFIER LA STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DES ETABLISSEMENTS
L’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la
méthode et le raisonnement analytique des adolescents ; ainsi, pour acquérir une vaste culture
technologique ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique,
il serait judicieux :
de réhabiliter et de rénover sans délai les structures de formation existantes,
de doter substantiellement en équipement et en outillage les lycées, Centres d’enseignement
technique et centres artisanaux, pour un enseignement efficient,
157
d’instituer un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures pour
assurer leur durée de vie
de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles
spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)
d’envisager la généralisation de l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie,
de la 6è à la 3è
de former suffisamment de professeurs de spécialité
de développer la formation de corps de contrôle pour le suivi des enseignements.
de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7, en consolidant les matières
scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux
écoles supérieures techniques, pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des
sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre
jeunesse
Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et
réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.
Il est donc impératif :
de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre
système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation
formation- emploi, répondant aux objectifs fixés par nos plans de développement économique et
social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère
de ressusciter les CAP dans les établissements étatiques, (diplômes à partir
desquels les entreprises recrutent leurs futurs agents de maîtrise), et de renoncer à leur privatisation
dans l’école publique,
La formation menant à ces diplômes ne devant plus être laissée à l’initiative des écoles privées qui
ne disposent pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.
La reprise de cette formation dans les CET est vitale et stratégique
d‘instituer la formation alternée ;la connaissance du milieu industriel
étant très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en
formation.
L’accueil des élèves et étudiants pour la formation par alternance est indéniablement
l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation
158
E / FAIRE EVOLUER LES STATUTS ET LA GESTION DU PERSONNEL ENSEIGNANT
Il apparaît qu‘un certain nombre des fonctions dont nous avons parlé ne pourront pas être
remplies par les enseignants conventionnels, faute de compétence ou de motivation.
Le premier risque à éviter concerne la fuite vers les entreprises de bons formateurs,
souvent anciens bénéficiaires de bourses, susceptibles de multiplier leurs revenus par deux ou trois
en quittant l’enseignement.
Comment revaloriser ceux qui effectueront de nouvelles activités hors de l’établissement
tout en évitant les abus ?
Comment valoriser les carrières autrement que les thèses, les publications, les enseignements
ex cathedra ?
Comment attirer des professionnels dans les établissements de formation ?
Comment faciliter l’alternance production/formation ?
La résolution de ces questions permettra d’avoir un personnel stable, de qualité, susceptible de
transformer qualitativement l’enseignement technique.
VI-8- LES STRATEGIES
INSTITUTIONNELLE
La perspective de relance économique, les politiques de restructuration dans les
différents secteurs, ainsi que l’apport des nouvelles technologies conditionnent les besoins
quantitatifs et qualitatifs en main d’œuvre formée.
Chacun de ces éléments et les autres confrontent notre système de formation
professionnelle à de nouveaux défis et nous obligent à adopter de nouvelles stratégies et dégager de
nouvelles mesures.
Il s’agira au niveau des programmes de développement de revoir les liens existant entre le
système éducationnel et celui de la formation professionnelle afin de réduire les déséquilibres et
mettre en place progressivement la pyramide souhaitée.
La mise en place d’un système de crédits et d’autres formes d’assistance des sortants de
nos écoles et centres de formation professionnelle sera recherché dans le cadre de l’encouragement
de la création de micro et petites entreprises, des organismes et partenaires seront sollicités ; tels
que la Cellule d’Appui à l’entreprise, l’AGETIP, l’ONFP et les ONG, ainsi que les collectivités
locales, les chambres de commerce, etc.
159
Tous ces organismes en relation avec le département et d’autres Ministères concernés,
faciliteront l’identification des besoins pour l’obtention des financements et participeront au
mécanisme de contrôle et d’évaluation des résultats et carrières des formés. Ils seront des
partenaires privilégiés aux différents programmes de formation.
VI-9- QUELLES STRATEGIES POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE
La formation professionnelle est plus souvent marquée par une influence extérieure au
milieu local et l’apprentissage caractérisé par des modalités de transmission de compétences plus
anciennes et plus contextualisées.
A / RATIONNALISER LES EFFORTFS FORMATION PROFESSIONNELLE
L’enseignement polyvalent (dans le cycle fondamental)
Allant du cours d’initiation à la troisième, selon les recommandations encore actuelles des états
généraux de l’éducation et de la formation, il devrait :
- dispenser à tous les enfants une formation générale et une
formation polyvalente articulée sur les réalités locales,
- initier les élèves sur les différents aspects de la production,
Sa généralisation augmenterait considérablement le taux de scolarisation
- Le cycle secondaire technique et professionnel
Composé de deux filières que sont :
- l’enseignement secondaire technique
pour préparer les élèves à l’admission dans le cycle universitaire,
- l’enseignement professionnel
pour préparer et former au niveau ouvrier qualifié, employé et techniciens
- L’enseignement supérieur technique
doit contribuer au comblement rapide des besoins du Sénégal en cadres
techniques et scientifiques, en instaurant des facultés techniques de tous ordres et des facultés des
sciences de l’ingénieur,
160
- Au niveau du secteur informel ou non structuré
Les problèmes encore non résolus, posés par les déséquilibres de notre système d’éducation
et de formation, associés aux difficultés inhérentes à la restructuration et à la crise économique,
engendrent une lenteur de la croissance de l’emploi dans le secteur moderne ou structuré ou formel.
Les nouveaux venus sur le marché du travail n’ont d’autres possibilités pour éviter le chômage que
de rejoindre le secteur non structuré, traditionnel ou informel
Il devient impérieux de prendre en compte dans la formation cette population cible, jeune, en
augmentation qui dépasse de loin celui du secteur structuré dans le domaine de l’emploi.
Le développement de la micro, et petite entreprise, de l’artisanat pose des problèmes de
formation qu’il convient de résoudre.
Pour les femmes
Les femmes sont encore restreintes à une gamme limitée de secteurs et d’emploi traditionnel
et pourtant sont majoritaires dans notre pays.
Le recrutement des femmes sera favorisé aussi bien au niveau de la formation initiale qu’au
niveau du perfectionnement afin de les intéresser aux autres secteurs d’activité et de rompre une
certaine ségrégation.
Pour l’éducation spécialisée ou surveillée
- Beaucoup de jeunes « appelés délinquants » avaient simplement investis la rue par ce que
négligés ou non encadrés.
- Des centres de rééducation étaient institués pour eux en vue de leur permettre de s’insérer
dans la vie active.
Pour les handicapés
161
Des initiatives devront être encouragées pour cette catégorie de citoyens qui aspirent comme
tous les autres au mieux être par une meilleure insertion.
Nos établissements de formation devront systématiser les cours sur l’esprit d’entreprise et
l’emploi indépendant dans leur programme d’étude, car enfin notre système doit engendrer un
sentiment d’autonomie et faire connaître aux stagiaires les possibilités offertes par l’emploi
indépendant, pour ainsi participer à la modification de certaines croyances et comportements.
Pour l’éducation religieuse
Très longtemps considérée comme un type d’éducation fermée, par ce que non approchée,
l’émergence de quelques « Daaras » modernes fait naître de bonnes ambitions pour acquérir une
formation professionnelle
Pour La formation post- primaire et les filières non formelles
Pour le milieu rural
- L’initiation aux méthodes culturales modernes par les centres polyvalents de formation
communautaire et les centres de formation professionnelle,
- le rééquilibrage en faveur de l’insertion locale contre l’exode,
- le prolongement de l’éducation des jeunes filles,
- l’évolution des structures familiales, etc.
constituent la mise en valeur de la plus grande ressource productive de notre pays,
pour cela il faudrait, sans doute :
- réhabiliter les centres ruraux en vue d’accroître leurs capacités,
- ouvrir largement ces centres au monde environnant,
- rechercher des collaborations utiles pour la formation et l’insertion,
- travailler avec tous les relais techniques et financiers du développement,
- recruter un personnel permanent, polyvalent, peux nombreux et bien préparé aux tâches
d’animation et de formation
La condition majeure d’une transformation de ces centres réside dans le fait d’intégrer
les jeunes, dans leur milieu, au sein d’activités productrices et d’appliquer des méthodes de
formation duale ou par alternance et par compétence.
L’accueil, dans des ateliers d’initiation, l’obtention de revenus propres, les
perspectives matrimoniales constituent quelques facteurs qui conditionneraient l’efficacité de la
formation comme moyen de réduction de l’exode rural,162
Dans le milieu urbain
Il faut ressusciter, réhabiliter, rééquiper et redynamiser les écoles de formation artisanale,
d’éducation surveillée et animer la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans.
Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est
important d’utiliser judicieusement toutes les structures.
La formation professionnelle des adultes
Les populations ciblées sont essentiellement :
- Les travailleurs, salariés des entreprises des secteurs structuré et non structuré pour le
renforcement de leur qualification professionnelle et l’amélioration de leurs revenus,
- les agriculteurs, les éleveurs, les artisans, les commerçants et les transporteurs pour le
développement rationnel de leurs activités,
- La main d’œuvre du secteur agricole, des petites entreprises rurales et urbaines est très
souvent laissée en rade
Les centres de formation et de reconversion des adultes sont à restaurer pour le renforcement des
activités et l’amélioration des conditions de travail.
B / COMMENT ENRICHIR L’APPRENTISSAGE TRADITIONNEL ?
L’implication des maîtres artisans et des chefs d’atelier pourrait :
- faciliter l’organisation de cette formation,
- réduire le fossé entre populations,
- contribuer à atténuer les déséquilibres constatés,
- donner aux jeunes des compléments de formation en rapport avec leur travail quotidien et
en fonction de l’exercice d’un métier,
L’on pourrait regrouper les apprentis à des heures ou des jours convenus en accord avec leurs
patrons pour acquérir :
- des notions élémentaires dans les techniques utilisées dans leur profession
163
- des notions de calcul, lecture, écriture et des connaissances instrumentales,
- une initiation à des techniques améliorées dans leur branche professionnelle,
- l’apprentissage de notions d’organisation et de gestion appropriées
Les moyens nécessaires pour la faisabilité de cette formation complémentaire pourraient
s’avérer peu importants dans le cadre d’ateliers pilotes préalablement identifiés.
C / LES MESURES TRANSVERSALES POUR RENFORCER LA FORMATION ET
L’APPRENTISSAGE
- Il faudrait prendre en compte la politique nationale de formation, la ressource en
formateurs et les supports de communication, pour appliquer une politique nationale d’orientation et
de financement de la formation,
- il conviendrait que l’état oriente, organise le financement et contrôle les efforts de la
formation, en soutenant les efforts d’analyse de l’évolution des métiers, des qualifications et de
l’emploi.
VI – 10 - PARTICULARITES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR TECHNIQUE
Il est vrai que les coûts sont plus élevés que ceux de l’enseignement supérieur général, entraînant
ainsi la réduction des effectifs au profit des élèves provenant de l’enseignement secondaire général.
De plus, Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une
formation scientifique identique au BAC S1, ont une formation technologique les prédisposant aux
cycles d’ingénieurs, se voient jeter en Faculté de sciences économiques, ou Faculté de sciences, ou
ailleurs.
Il est indispensable :
de respecter les cursus scolaires des élèves de l’enseignement technique
d’instituer des facultés techniques pour former le maximum d’ingénieurs et
de techniciens supérieurs
d’accueillir le maximum d’étudiants issus de l’enseignement technique et de la formation
professionnelle dans les facultés et instituts de l’enseignement supérieur technique et
professionnel :(Ecoles Supérieures et Instituts Polytechniques)
de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel publique, source
de négligence du cycle normal :
164
VI-11- FINANCEMENT
Les investissements en matière de formation professionnelle devront être
considérablement augmentés dans le cadre du Programme National d’Equipement et de la
coopération bilatérale et multilatérale, car la Formation Professionnelle doit être considérée comme
un élément essentiel de la politique de l’emploi et non comme un domaine distinct traité
séparément.
Ces investissements dans ce secteur donnent un élan au redressement, à l’amélioration de
la productivité et à la croissance.
Les budgets de fonctionnement encore très insuffisants méritent dans une certaine mesure,
d’être améliorés en rapport avec une gestion rationalisée de nos ressources financières au niveau de
toutes les structures.
Le système de prélèvement utilisé jusqu’à présent par l’Office Nationale de Formation
Professionnelle (ONFP) restructuré et le FONDEF, trouvera sa source d’efficacité dans la prise
d’une part importante de ses organes tripartites, aux décisions sur l’utilisation des fonds.
La contribution financière des entreprises et sociétés associées à d’autres formes, doit
être considérée par les Entrepreneurs comme un investissement et non comme un supplément
d’impôt, car le système de financement constitue un moyen qui servira à adapter l’offre à la
demande de main d’œuvre de différents niveaux de qualification.
Des formations sous-contrat et d’autres mesures d’incitation seront développées dans des
programmes de formation associés à la production dans le sens le plus large.
Les mesures d’orientation économique qui visent à favoriser la décentralisation et
l’implantation des outils de production, par un développement régional plus harmonieux
accompagnant l’ensemble des secteurs primaire, secondaire et tertiaire, participent à la mise en
place de moyens financiers, matériels et humains pour le développement de la formation
professionnelle dans notre pays.
VI-11- 1- AU NIVEAU DU DEPARTEMENT MINISTERIEL
Restructurer le service central pour l’adapter aux nouvelles orientations définies nous amène à
élaborer et mettre en place un organigramme fonctionnel.
165
Ce nouvel organigramme prendra en compte les activités inhérentes au projet annoncé
dans une administration modernisée pour assurer la gestion, l’animation et le contrôle des actions de
formation professionnelle.
Il est indispensable d’augmenter l a part du budget
effectivement alloué à l’enseignement technique par l’état.
De 2000 à 2006,
il a varié entre 1,6 et 3,3% du budget de l’éducation nationale
VI-11-2 - AU NIVEAU DES RELATIONS AVEC NOS PARTENAIRES
Sur le plan national
Une recherche plus poussée de la collaboration des représentants des employeurs et des
travailleurs pour mettre à profit leur expérience pour la mise au point des programmes de formation
des jeunes, des femmes et des handicapés, pour organiser et développer l’apprentissage.
Nos partenaires feront partie des organes chargés de l’élaboration des politiques de
formation professionnelle. Ils seront membres délibérants dans la gestion de nos structures
réformées et revitalisées.
Le savoir faire et l’expérience de nos partenaires sociaux individuels ou collectifs, les
organisations patronales, de travailleurs seront mobilisés au sein des Commissions Nationales
Consultatives Paritaires pour une meilleure définition des problèmes que soulèvent la formation de
ressources humaines.
Il s’agira à ce niveau, de traduire des besoins d’emploi en besoin de formation, de
mobiliser les statistiques de formation, afin d’élaborer des programmes, référentiels d’emploi et de
diplômes.
Ces commissions paritaires constitueront un élément de renouveau pour notre système de
formation professionnelle.
166
La participation des collectivités locales, régionales et départementales aux actions de
formation sera poursuivie et développée, la signature de convention sera encouragée, la chambre de
commerce et d’industrie, la chambre des métiers, les associations concernées contribueront aux
efforts de redéploiement envisagé pour une prise en compte plus grande du secteur non structuré, de
la formation des femmes et des handicapés.
Les formateurs, une fois les problèmes fondamentaux liés à leurs activités
professionnelles résolus dans des délais retenus, en relation avec d’autres travailleurs des autres
secteurs, qui considèrent la formation professionnelle comme une question essentielle, seront
largement associés pour entre autre promouvoir, le perfectionnement, le recyclage et la
reconversion, ainsi faciliter la mobilité professionnelle et une meilleure gestion de notre système
rénové.
Sur le plan international
Nos efforts seront mobilisés pour poursuivre et développer la coopération avec nos
partenaires extérieurs en relation avec leurs représentations dans notre pays.
L’intervention des organisations telles que le B I T, le P N U D, la Banque Mondiale, la
Francophonie, etc. ainsi que la coopération bilatérale avec nos partenaires africains et européens
devront être renforcées pour un soutien accru et suivi de nos actions de formation.
Un accent particulier sera mis à la formation des ressources humaines, la réalisation et le suivi des
projets de formation professionnelle.
Les organisations non gouvernementales (O N G) qui développent sur le plan national des
formations souvent plus prés de certaines de nos réalités et des populations, seront encouragées et
suivies.
Des activités de coordination seront initiées pour harmoniser et pour une meilleure
planification des actions de formation professionnelle.
Leurs options soutiendront notre recherche d’un système plus adapté.
VI-12- LES STRUCTURES
167
VI-12-1 - POUR LES LYCEES ET CENTRES DE FORMATION PROFESSIONNELLE
De nouvelles mesures en direction de nos structures de formation professionnelle s’avèrent
nécessaires pour leur fonctionnement.
Nos établissements de formation professionnelle doivent augmenter leur propre productivité
et opter pour une approche équilibrée de leurs actions de formation.
Nos centres devront s’investir dans des programmes et méthodes de développement
individuel et collectif par l’approche par l’alternance, modulaire, ou par l’approche par compétence
et l’élargissement à d’autres groupes cibles publics et privés.
Ils doivent diversifier les filières et développer des actions de recyclage, de reconversion et
de perfectionnement sur les sites, en entreprise au même titre que les formations initiales.
Cette réforme des textes leur permettra de s’ouvrir aux auditeurs étrangers et au secteur
privé pour un meilleur développement du marché de la formation.
Nos structures doivent initier des actions de redynamisation, de la formation continue, des
conseils de gestion et de perfectionnement.
Les établissements de formation professionnelle dans le cadre ci-défini s’appuieront sur les
moyens financiers générés par les prestations de service, le perfectionnement et par les activités des
coopératives scolaires pour suppléer à l’insuffisance des moyens financiers dégagés par l’état.
En fonction des nouveaux besoins, leur stratégie d’activités doit être souple ; en relation
avec les entreprises, des formations modulaires, et la mise au point de prototype en coopération
avec celles-ci seront favorisées.
Les Centres et Ecoles de formation professionnelle développeront des formations
associées à des perspectives d’emploi pour leurs diplômés.
Nos établissements de formation devront intéresser davantage les femmes et les handicapés.
VI-12- 2- POUR L’EDUCATION RELIGIEUSE
168
En accord avec les responsables, une attention particulière devrait être portée à ce type de
formation, choisie par une importante frange de la population, pour l’apprentissage d’un métier
VI-12- 3- POUR L’EDUCATION SPECIALE OU « SURVEILLEE »
- Beaucoup de jeunes « appelés délinquants » avaient simplement investi la rue par ce que
négligés ou non encadrés.
- Des centres de rééducation et de réadaptation étaient institués pour eux en vue de leur
permettre de s’insérer dans la vie active.
- Parmi les plus fonctionnels d’entre eux il y avait celui de LIBERTE VI.
Ce centre qui a su réintégrer beaucoup de ces jeunes dans la vie active voit ses locaux presque
détruits et/ou ses espaces transformés en locaux d’habitation par des privilégiés
faudrait-il cautionner cette situation, pour marginaliser cette frange de la population ?
ou, faudrait-il respecter l’égalité des chances de tous les milieux sociaux de notre
population ?
L’état sénégalais devrait prendre des mesures idoines pour :
Redresser cette situation
Rééquiper, relancer et redynamiser cette structure
Multiplier de tels centres à l’échelon national
VI-12- 4- POUR LES HANDICAPES
On devrait aussi favoriser la réhabilitation et le développement de centres spécialisés de
formation professionnelle pour les handicapés de différents ordres.
En d’autres termes, ces Ecoles et Centres de formation professionnelle mettront en œuvre des
Projets d’établissements. Ces projets permettront de :
définir les orientations et les formations dispensées,
proposer des modifications internes et d’autres actions complémentaires adaptées à
l’environnement.
VI-12- 5- AU NIVEAU DU SECTEUR INFORMEL OU NON STRUTURE
169
Jusqu’à présent, l’apprentissage traditionnel dans le site familial, champ ou atelier d’artisan
est la principale méthode de formation dans le secteur informel, c’est pour nous un défi majeur que
de maintenir et d’améliorer ces formations en tenant compte des contraintes du milieu.
Il s’agira de mettre en place un système d’apprentissage, de lui dégager des stratégies en
relation étroite avec les partenaires ruraux et urbains.
Dans le cadre de programmes associés à la production des mesures d’accompagnement, de
protection de l’apprenti et de l’employeur seront prises dans un nouveau projet de convention
soumis à nos partenaires.
Les établissements de formation ruraux et urbains fourniront un soutien pédagogique, à ce
niveau, les O N G et autres associations d’entraide seront d’un apport indispensable
VI-13 LA FORMATION ET LE PERFECTIONNEMENT DES FORMATEURS
La régularisation des situations administratives des formateurs liée aux statuts des
personnels de la formation professionnelle fera l’objet d’attention particulière pour une juste
solution des problèmes posés, mais il s’agira aussi d’organiser ;
- le perfectionnement pédagogique et technique suivant l’évolution signalée plus haut,
- la formation des corps de contrôle et le suivi des actions pédagogiques.
- la prise de nouvelles initiatives pour développer les ressources humaines par la formation
de l’encadrement.
Les chefs d’établissement, les gestionnaires tant dans le secteur de la formation publique
que dans le secteur de la formation privée, partie intégrante du système de formation
professionnelle, prendront part dans la promotion de l’encadrement administratif et pédagogique.
Ceci, associé à la mise en œuvre du plan de formation continuée des formateurs déjà
élaboré, permettra à notre enseignement professionnel de combler les déficits et de répondre ainsi
aux exigences de notre développement économique et social.
170
- de développer et de renforcer la formation des enseignants de tous niveaux : du maître
d’enseignement professionnel au professeur agrégé. L’absence de plans de carrières pour les
enseignants des disciplines techniques a pour conséquences l’inexistence de Professeur agrégé dans
cet ordre d’enseignement.
- de développer un partenariat national et international avec différents instituts de formation de
formateurs et d’encadreurs y compris les corps de contrôle,
- d’assurer une formation continuée des enseignants,
- d’encourager l’édition et la recherche didactique,
- d’organiser des stages, des visites d’entreprises, des voyages d’études pour les enseignants,
- de mettre en place un Comité National de Suivi pour le respect de l’exécution des politiques
sectorielles dans le secteur de l’enseignement technique et de la formation .professionnelle, etc...
CONCLUSIONS
On notera que, par rapport aux points soulevés et aux propositions ci-dessus, les principales
causes qui ont entraîné un retard important dans l’application des différents plans d’action déjà
existants sont :
- l’instabilité institutionnelle,
- la non application des documents de politique d’E.T.F.P. élaborés par différents Ministres
malgré les conclusions des différents séminaires organisés dans ce sens,
- l’insuffisance criarde des budgets, alloués à l’enseignement technique et la
formation .professionnelle (ETFP), etc.
CONSTATS ET PROPOSITIONS
Les chapitres ci-dessous pourraient constituer une base pour l’établissement d’un Plan d’action pluriannuel de l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle définissant rigoureusement son curriculum en vue de conforter ce système d’enseignement dans sa position « prioritaire » maintes fois déclarée par les gouvernants.
171
CHAPITRE CONSTAT PROPOSITONS
SUR LE PLAN INSTITUTIONNEL
- Instabilité institutionnelle et dispersion des moyens de formation
- contrôle insuffisant des actions de formation du public et du privé
il est indispensable de mettre en place :
- un nouvel organigramme et une tutelle unique,
- un observatoire de l’emploi et de la formation suffisamment fonctionnel
- une restructuration des diplômes et une organisation des passerelles
DISPOSITIF DE PILOTAGE DU SYSTEME D’ETFP
Instabilité de la tutelle et déficit de cadre de concertation et de suivi des politiques d’ETFP
Mettre en place des commissions nationales (au niveau du Ministère), régionales, départementales et/ ou locales pour le pilotage, le suivi, l’évaluation et la validation de la politique d’ETFP, en relation avec tous les partenaires, avec des réunions périodiques
ETAT DES
INFRASTRUCTURES
Les bâtiments de certaines écoles sont dans un état de délabrement généralisé
- le capital matériel disposé dans les infrastructures techniques, la vibration permanente des machines, le capital humain qui les fréquente et les risques d’accidents engendrés nécessitent une sécurisation et un entretien permanents des locaux.
Une réhabilitation sans délai est vivement recommandée
172
STRUCTURES ET
EQUIPEMENTS
- Nombre très insuffisant de Lycées et de Centre d’enseignement technique (CET)
La formation technique, source de compétence professionnelle et de production de richesse, devrait dorénavant être la priorité des constructions et équipements scolaires, à raison d’au moins:
- un Centre d’enseignement technique par département,
- un lycée Technique par région
- A défaut, la création de lycées mixtes, ayant fait leur preuve de réussite, comme les lycées Seydina Limamou LAYE et Cheikh Ahmadou BAMBA est à encourager
La construction d’écoles et le renouvellement permanent des équipements devraient permettre à notre enseignement d’être en phase avec l’évolution des sciences et des techniques.
-Manque d’équipement
- Machines vétustes
- Outillage incomplet
il faut retenir que la rénovation, la réorganisation, des structures et la dotation substantielle d’équipement et d’outillage aux lycées et Centre d’enseignement technique sont une condition sine qua none pour un enseignement efficient
FONCTIONNEMENT DES
STRUCTURES
- Aucun budget pour les réparations
l’institution d’un système permanent de maintenance des équipements et des infrastructures est indispensable pour leur durée de vie
- Insuffisance de
matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires
les travaux pratiques s’exerçant sur une réalité matérielle, technique et industrielle, la priorité doit toujours être donnée aux dépenses de matière d’œuvre et d’ouvrages scolaires
FILIERES
- Enseignement très limité de l’économie familiale et de la technologie dans certains CEM
- l’enseignement de l’économie familiale et de la technologie étant un gage pour l’esprit, la méthode et le raisonnement analytique des adolescents.
Ainsi, pour acquérir une vaste culture ouverte sur le monde moderne et réduire la fracture technologique, il serait judicieux :
- de créer des blocs scientifiques et techniques polarisant tous les CEM ou d’équiper des salles spécialisées dans tous les CEM (cette solution est de proximité et de moindre coût)
- de former suffisamment de professeurs de
173
spécialité
- d’envisager la généralisation de leur enseignement de la 6è à la 3è
- Persistance malheureuse des BAC techniques à double finalité
Depuis quelques années, ces baccalauréats ont été dénoncés dans plusieurs séminaires et réunions, mais la question est restée sans suite heureuse.
Pour éviter de continuer à mobiliser irrationnellement des sommes importantes sans résultats probants et à sacrifier des valeurs potentielles de notre jeunesse, il urge absolument de réformer tous les BAC à double finalité F1, F3, F6 et F7 en consolidant les matières scientifiques afin de mieux préparer les élèves à l’accès aux écoles d’ingénieurs et aux écoles supérieures techniques
Existence de Programmes inadaptés ou programme selon le bailleur
un manque notoire de contrôle et de coordination est constaté dans le fonctionnement des structures.
Il est donc impératif de penser à une politique globale harmonisé et cohérente de notre système, conforme à un plan national de formation, tendant vers une parfaite adéquation formation- emploi, répondant aux objectifs fixés par nos plans de développement économique et social, imposée à toutes les structures et coordonnée par le ministère
- Disparition totale des CAP dans les écoles publiques
Le CAP étant le diplôme académique à partir duquel les entreprises recrutaient leurs futurs agents de maîtrise, la formation menant à ces diplômes ne doit pas être laissée seulement à l’initiative des écoles privées qui ne disposeraient pas d’équipements appropriés et tronquent l’horaire.
Toutefois, on remarque l’ouverture des formations CAP et BEP dans les écoles publiques sous forme payante
La reprise de cette formation dans les centres de formation publics est vitale et stratégique
Marginalisation de l’Education religieuse,
En accord avec les responsables, une attention
soutenue devrait être portée à cette forme d’éducation adoptée par une grande frange de notre population, pour leur inculquer un savoir-faire.
174
PARTENARIAT
(Relations entre l’école et l’entreprise)
Insuffisance de la prise en charge du partenariat au niveau de la formation initiale, de la formation continue et de l’insertion des formés
la connaissance du milieu industriel est très importante pour les élèves issus de la formation professionnelle et les professeurs en formation.
Ce faisant, il faut :
- systématiser l’accueil des élèves et étudiants dans le milieu professionnel
(la formation par alternance est sans aucun doute l’une des plus importantes participations de l’entreprise à l’effort national de formation professionnelle)
- mettre en place des structures de formation continuée en direction des personnels des secteurs formel et informel
L’APPRENTISSAGE
- Le système n’est ni défini, ni organisé en vue de tenir compte des différents niveaux formel et informel
-les formations artisanale et rurale sont en régression
- Il faut procéder à la rédaction de nouveaux textes réglementaires mettant en place un organigramme qui prend en compte les secteurs artisanal, urbain et rural
il existe :
- la formation formalisée
- la formation traditionnelle dans les ateliers et garages d’artisans
- l’éducation surveillée
Aux moments où, à tous les niveaux, notre jeunesse en dérision a tant besoin de formation, il est important de réhabiliter, rééquiper et redynamiser toutes ces formes d’écoles de formation
GESTION DES ETABLISSEMENTS
- Certains lycées techniques sont administrés par des personnels hors du domaine de l’ETFP
La gestion d’un établissement d’enseignement tech- que nécessite des connaissances avérées dans l’ingénierie de formation.
En conséquence, cette situation paradoxale crée inévitablement des conflits de compétence et des choix des priorités entraînant souvent la déliquescence de l’établissement.
175
ORIENTATION
DES ELEVES DANS LE SUPERIEUR
-Elèves pas orientés ou envoyés à des formations où ils ne sont pas destinés
Il est regrettable de constater que les élèves des lycées techniques qui, en plus d’une formation scientifique identique au BAC S1 ont une formation technologique les prédisposant aux cycles d’ingénieurs se voient jeter dans d’autres Facultés où ils s’adaptent très difficilement.
Désormais, on doit respecter leur cursus scolaire en les orientant prioritairement dans les écoles et instituts supérieurs de formation professionnelle.
Aussi, pour respecter l’égalité des chances de tous les milieux socio-économiques de notre population, il est indispensable :
- de renoncer à la privatisation poussée de l’enseignement supérieur professionnel public
- d’instituer des facultés techniques afin d’accueillir le maximum d’étudiants dans les instituts de l’enseignement supérieur technique et professionnel : (ESP Dakar, Ecole Polytechnique, IFACE, CEPECS, IST, etc…
FORMATION
DE
FORMATEURS
- Insuffisance des effectifs
- déficit de professeurs de spécialités
Il est très urgent de former suffisamment de professeurs pour combler le déficit existant.
- la réouverture des sections de professeurs de spécialités en disparition devrait être effective
-manque criard de professeurs de haut niveau universitaire
Notre système d’enseignement technique ne compte aucun agrégé,
il est indispensable d’encourager les professeurs en exercice et des sortants méritants des instituts de formation à aborder la préparation à l’agrégation.
- Formation continuée des
Enseignants non systématisée
- la mise en place d’une structure de formation continuée est indispensable pour s’adapter à l’évolution des techniques et au changement continu des normes internationales
- Recrutement inacceptable
d’enseignants
Des enseignants sont en poste dans certains établissements sans formation adéquate .
Il est indispensable de renforcer leur compétence, pour un meilleur redéploiement
176
FINANCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE
-insuffisance notoire des fonds alloués par l’état
- Déficit de transparence dans l’utilisation des fonds
Il faut accroître les fonds de l’ETFP par :
- l’augmentation substantielle du budget de l’état
- la redéfinition des rôles de l’ONFP et du FONDEF
- la redéfinition de la contribution forfaitaire à la charge des employeurs (CFCE)
- l’implication plus poussée des collectivités locales et régionales
- la mise en place d’un système de contrôle et de suivi impliquant les organisations patronales et syndicales
PAR BOUBACAR DIALLO
ET AMADOU LAMINE NGOM
177
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU SENEGAL
Syndicat Autonome des Travailleurs des Universités et des Centres Universitaires (SATUC)
Octobre 2008
178
L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU SENEGAL
A. PRESENTATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays d’Afrique, fait face à un double défi : celui d’une
demande sociale en expansion pour l’Enseignement Supérieur et la recherche de la qualité et
de la pertinence des prestations dans ce secteur.
Par suite des progrès dans la scolarisation primaire universelle et l’expansion du secondaire,
les projections prévoient pour l’ensemble des pays francophones d’Afrique une population de
1,8 millions d’étudiants en 2 015 soit 2,5 fois plus qu’en 2004 (800 000 étudiants).
Des études comparatives ont montré que les ressources pour l’éducation en pourcentage du
PIB dans les pays francophones sont en moyenne beaucoup plus faibles que celles des pays
anglophones 2,7% contre 4,5%. Toutefois la priorité pour le supérieur à l’intérieur des
dépenses publiques d’éducation est plus forte qu’ailleurs pendant les 15 dernières années.
Le taux d’accroissement annuel des effectifs d’étudiants est estimé à près de 12%, ce qui a fait
passer l’effectif de l’Université Cheikh Anta Diop de 37 782 étudiants en 2003-2004 à plus de
44 000 étudiants en 2004-2005 et à 62 000 en 2007-2008.
On peut estimer que 61% des bacheliers qui formulent des demandes d’admission à l’UCAD
obtiennent satisfaction. Ainsi en 2003-2004, sur 13 274 nouveaux bacheliers, 8 159 ont pu
être inscrits dans les différents établissements de l’UCAD alors que l'UGB en 10 ans (1998-
2008) n’a pas encore 5 000 étudiants.
Cette structure ne peut manquer d’influer négativement sur les résultats.
B. ENJEUX DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Dans un monde soumis à une compétition économique, où le savoir scientifique et
technologique est devenu un enjeu majeur, les universités et autres établissements
d’enseignement supérieur ont pour mission de former des diplômés hautement qualifiés et des
citoyens responsables, capables de s’intégrer dans tous secteurs de l’activité humaine.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 179
Les universités doivent créer, promouvoir et diffuser les connaissances par la recherche et
fournir à la communauté l’expertise appropriée pour aider la société à assurer le
développement économique, social et culturel.
L’enseignement supérieur doit également accroître et diversifier l’offre de formation afin de
répondre aux multiples préoccupations d’un pays en développement.
Une politique de décentralisation en faveur des régions pour les doter d’établissement
d’enseignement supérieur doit être menée.
Les universités doivent aider :
à comprendre, interpréter, préserver, renforcer, promouvoir et diffuser les cultures
nationales, régionales, internationales et historiques dans un contexte de pluralisme
culturel et de diversité culturelle ;
à préserver et à promouvoir les valeurs sociétales en assurant la formation des jeunes
aux valeurs qui sont à la base d’une citoyenneté démocratique ;
à contribuer au développement et à l’amélioration de l’éducation à tous les niveaux,
notamment par la formation des enseignants.
C. FORCES ET FAIBLESSES DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
CONTEXTE
Créée le 24 février 1957, l’université de Dakar été depuis les indépendances le fer de lance de
l’enseignement supérieur en Afrique francophone. En effet, plusieurs cadres africains ont été
formés dans notre pays.
Malgré les difficultés que rencontre notre enseignement supérieur, difficultés liées aux
mauvaises politiques dans ce secteur de la vie nationale, force est de constater, que le Sénégal
reste et demeure une attraction pour les étudiants africains
L’UCAD à elle seule compte 62 000 étudiants sénégalais pendant que les autres universités et
CUR en totalisent 6 000 et l’enseignement supérieur privé 25 000.
Toutefois, en dépit de ces effectifs, l’enseignement supérieur est aujourd’hui en deçà des
normes UNESCO selon lesquelles pour qu’un pays puisse être véritablement en voie de
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 180
développement il faut au moins que 2% de sa population accède à l’enseignement supérieur
(le Sénégal est à environ 1,7%).
I. FORCES
L’enseignement supérieur sénégalais est organisé de manière à offrir aux universités
publiques un cadre juridique avantageux qui se traduit aussi bien au niveau administratif et
financier que de la gestion des personnels et des étudiants.
Ainsi, les universités sénégalaises publiques comme privées accueillent beaucoup d’étudiants
étrangers car elles bénéficient d’un capital crédit considérable en Afrique. L’UCAD avec ses
pôles d’excellence que sont la FMPO, l’ESP, le CESTI et l’EBAD est classé par l’Indice de
Classification Shanghaï comme première université africaine francophone au Sud du Sahara
et treizième sur les cent premières universités africaines. Cependant, ce classement ne traduit
pas les réalités de l’enseignement supérieur au Sénégal du fait des nombreuses difficultés que
rencontrent nos universités et écoles nationales supérieures.
Le Sénégal a aussi l’avantage de compter sur des ressources humaines de qualité et en nombre
dans l’enseignement supérieur même si par ailleurs l’on note que le taux d’encadrement est
très faible. Aujourd’hui, l’UCAD à elle seule compte 1 150 enseignants dont le moins gradé a
le DEA alors que l’UGB en a 140, L’UPT de Thiès 86 et le CUR de Bambey 81. Et à côté de
ces enseignants il y a prés de 4 000 doctorants dans l’enseignement supérieur de manière
générale.
Aussi, récemment l’Etat sénégalais a entrepris d’étendre la carte universitaire par la création
de deux universités et d’un CUR sans compter le projet de création de trois autres CUR.
II. FAIBLESSES
4. Difficultés liées aux effectifs
Il est important de remarquer que les structures de l’enseignement supérieur
principalement les universités sont confrontées de plus en plus à un surplus d’effectifs
d’étudiants alors que les infrastructures existantes n’ont pas été conçues pour en accueillir
autant. Cette surpopulation se fait plus sentir au premier cycle où nous avons 75% des
effectifs. Cela est à l’origine de plusieurs troubles et ne va pas sans déteindre sur la qualité
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 181
des enseignements ainsi que sur le taux de réussite qui se situe de nos jours entre 20 et
25% dans les facultés.
5. Profil des diplômés
En dehors du secteur privé, les sortants des structures de l’enseignement supérieur public
n’ont pas de diplôme professionnel (à l’exception notoire des sortants des écoles
supérieures universitaires et non universitaires et de la FMPO) et sont dans leur écrasante
majorité composés de littéraires.
6. Difficultés budgétaires
Les difficultés que traverse aujourd’hui l’enseignement supérieur sont grandement liées au
déficit budgétaire des universités. A Dakar, par exemple, les salaires à eux seuls constituent
95% du budget tandis qu’à Saint-Louis, ils constituent 75% du budget. Ces chiffres montrent
avec acuité que l’essentiel des budgets de l’enseignement supérieur est destiné au
fonctionnement, ce qui ne va pas sans conséquence sur la recherche et l’enseignement. Pour
l’essentiel, la recherche au niveau de l’enseignement se fait dans le cadre de projets financés
par des organismes extérieurs aux universités. L’enseignement quant à lui se déroule dans des
conditions extrêmement difficiles caractérisées par le manque d’infrastructures mais aussi de
matériaux de base.
A côté de la prédominance des dépenses de fonctionnement sur les dépenses de recherche et
d’enseignement, force est de reconnaître que dans l’enseignement supérieur, la part des
budgets destinée au social (budget COUD + bourses) est de loin supérieure à celle dédiée au
pédagogique.
D. RECOMMANDATIONS
1- Sur l’autonomie des universités
Création d’une direction de l’enseignement supérieur forte. Le directeur de
l’enseignement supérieur doit être au moins aussi gradé que le plus gradé des recteurs ;
Création d’une chancellerie des universités eu égard à l’existence de plusieurs
universités ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 182
Allocation de budgets conséquents qui assureraient aux universités une réelle
autonomie financière (financement des universités, fonctions de service) ;
Election du Recteur par communauté universitaire. A défaut, celle-ci propose trois
(03) candidats et à charge pour le Président de la République de faire son choix parmi
ceux-ci ;
Révision du mode de nomination des doyens et directeurs d’UFR. Ces derniers ne
doivent pas être élus que par les enseignants de rang A. Il faut que les enseignants de
tout rang, les PATS et étudiants puissent participer à l’élection de celui qui doit les
administrer.
2- Sur l’accès et les infrastructures
Réviser le mécanisme d’admission des bacheliers et créer de nouvelles filières ;
Réorganiser les programmes de construction dans les universités et CUR en tenant
compte de l’objet de la réalisation, de l’agenda et de la qualité ;
Rationaliser et mutualiser les moyens disponibles (infrastructures, équipements, etc.)
entre universités et entre structures d’une même université ;
Diversifier les offres de formation en mettant en place une Commission de
Concertation Ministère - Université - Milieux professionnels définissant les nouveaux
créneaux d’enseignement à développer dans les universités en harmonie avec leur
milieu d’insertion ;
Ouvrir sans délai une deuxième université à Dakar en explorant, au besoin, les
stratégies de formation ouverte et à distance et la coopération internationale ;
3- Sur la formation, les curricula et l’insertion
La mise en place du LMD devra contribuer au renforcement de la collaboration entre
les universités et les CUR et leurs partenaires, en général, et avec les entreprises, en
particulier.
En effet, le LMD est un nouveau système d’enseignement supérieur facilitant
l’harmonisation et l’équivalence des diplômes au niveau international. Au Sénégal, il
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 183
aura l’avantage de contribuer à susciter l’émergence d’un cadre de référence visant à
améliorer la qualité de l’enseignement, à faciliter la mobilité des enseignants et des
étudiants et, dans la même dynamique, les personnels administratifs. De plus, il
favorisera une ouverture au secteur professionnel en permettant une adéquation entre
la formation et l’emploi.
Pour assurer la qualité de ses formations, il est impératif d’avoir un taux
d’encadrement qui se rapproche de celui des pays émergents, soit au moins un
enseignant pour trente étudiants. Pour ce faire le gouvernement devrait mener une
politique volontariste de recrutement de personnels d’enseignement et de recherche et
de personnels administratif, technique et de service en vue de mettre à niveau les
universités, d’avoir des normes de création de postes pour la montée en puissance des
nouvelles créations d’établissements d’enseignement supérieur.
4- Sur l’enseignement supérieur privé
Harmoniser les curricula ;
Etablir un référentiel unique pour l’évaluation ;
Avoir des programmes officiels ou agréés par l’Etat ;
Mettre sur pied une commission nationale d’homologation des titres et diplômes ;
Contractualiser avec les universités publiques.
5- Sur les TIC et la Documentation
Développer des réseaux d’éducation et de recherche dotés de leur propre
infrastructure ;
Concevoir et mettre en œuvre un système d’information unique pour l’enseignement
supérieur ;
Proposer des modèles pédagogiques pour l’enseignement à distance par les
universités ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 184
Elaborer un plan stratégique pour une politique documentaire de l’enseignement
supérieur.
6- Sur la Recherche
Créer un cadre permanent de planification, de programmation, de suivi et de
prospective pour la recherche au Sénégal en relation avec le Ministère en charge de la
recherche ;
Profiter de la mise en place des écoles doctorales pour remédier aux faiblesses
actuelles du système : renforcement des liens avec les organismes de recherche et le
secteur privé ;
Favoriser la création de fondations universitaires dont une des missions est de
mobiliser des ressources pour le financement de la recherche ;
Améliorer l’environnement de la recherche par une augmentation des budgets des
structures documentaires (normes UNESCO de 5% au moins des budgets des
universités).
7- Sur la gouvernance et la gestion
Actualiser la carte universitaire de manière cohérente ;
Définir la mission et les valeurs de l’enseignement supérieur en spécifiant les missions
et les compétences des établissements et des administrateurs ;
Définir le statut de l’enseignement supérieur privé ;
Etablir les relations entre les universités et les milieux économiques ;
Mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des crises ;
Renforcer les capacités administratives et de gestion des dirigeants et des personnels
(élaboration de textes, élaboration de projets, gestion administrative) ;
Elaborer des codes d’éthique et de déontologie en matière de recherche et de
gouvernance ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 185
Promouvoir une bonne politique d’assistance sociale au niveau des établissements du
supérieur.
8- Sur les œuvres sociales et l’hébergement
Créer une cité universitaire internationale à Dakar, Saint Louis et progressivement
dans les autres universités où chaque nationalité aura un quota de lits ;
Exhorter les collectivités locales à conventionner des logements en faveur des
étudiants de leur localité ;
Favoriser la promotion d’un partenariat entre le COUD et les entreprises installées
dans certaines localités à l’image d’une entreprise basée à Kédougou qui a accepté de
mettre à la disposition des étudiants de cette localité un immeuble entièrement équipé
à Dakar ;
Mettre l’accent sur la construction d’infrastructures pédagogiques et sociales avant le
démarrage effectif des enseignements pour toute nouvelle université ;
Promouvoir une meilleure politique de l’hébergement privilégiant l’excellence.
9- Sur les bourses
Promouvoir une politique d’attribution des bourses basée sur l’excellence ;
Privilégier les étudiants des filières scientifiques dans l’attribution des bourses ;
Veiller au paiement des bourses à date échue pour éviter les mouvements d’humeur
des étudiants.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 186
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
CESTI : Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information
COUD : Centre des Œuvres Universitaires de Dakar
CUR : Centre Universitaire Régional
DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies
EBAD : Ecole de Bibliothécaires, Archivistes et Documentalistes
ESP : Ecole Supérieure Polytechnique
FMPO : Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie
LMD : Licence, Master, Doctorat
UCAD : Université Cheikh Anta DIOP
UGB : Université Gaston Berger
UNESCO: United Nations for Education, Science and Culture Organization
UPT: Université Polytechnique de Thiès
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 187
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
VOLET
EDUCATION NON FORMELLE
AU SÉNÉGAL
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 188
Jeanne LOPIS - SYLLA
Octobre 2008
L’EDUCATION NON FORMELLE AU SÉNÉGAL
INTRODUCTION
La politique éducative du Sénégal, nous l’avons vu notamment dans les engagements
auxquels notre pays a souscrit, s'est appuyée sur les conclusions issues de nombreuses
rencontres nationales se retrouvant dans plusieurs de nos textes. Il s’agit :
- sur le plan international, des conférences internationales de Jomtien 1990 et Dakar 2000 et
aussi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), de la Décennie des Nations
Unies pour l’Alphabétisation (DNUA), de LIFE ;
- sur le plan national, des conclusions des États Généraux de l'Éducation et de la Formation
(EGEF) tenus en janvier 1981, de la Loi d'Orientation de l'Éducation n° 91-22 du 16 février
1991 définissant le profil du nouveau type d'homme à forger à travers l'éducation, des
colloques de Kolda de 1993, de Saint-Louis de 1995, de la Lettre de Politique sectorielle, de
la Constitution du Sénégal de 2001, notamment en ses articles 1, 8, 21 et 22, du Dixième Plan
de Développement économique et social pour 2002-2007, du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP II) qui ont inspiré les stratégies de mise en œuvre du PDEF
2000-2011/2010, du Document de Politique générale 2003-2012 et du Cadre d’Orientation
stratégique de l’Alphabétisation (COSA)
.
. La Loi d’Orientation 91-22
Conformément à cette loi, l'Education nationale vise à :
préparer les conditions d'un développement intégral, assumé par la nation tout entière ;
promouvoir les valeurs dans lesquelles la nation se reconnaît ;
élever le niveau culturel de la population.
Etant laïque, démocratique et permanente, l'éducation nationale a pour objectif l'éradication
complète et définitive de l'analphabétisme, ainsi que le perfectionnement professionnel et la
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 189
promotion sociale de tous les citoyens, pour l'amélioration de leurs conditions d'existence et
d'emploi
La Constitution du Sénégal de 2001
Il existe dans la Constitution plusieurs dispositions traitant de l’éducation en terme de
droit, d’organisation, de langues... ; la Constitution garantit à tous les citoyens les libertés et
droits individuels fondamentaux (1re génération des droits humains), les droits économiques et
sociaux (2e génération) tels que le droit à l'éducation, le droit de savoir lire et écrire.
Toutes les institutions nationales, publiques ou privées ont le devoir d'alphabétiser leurs
membres et de participer à l'effort national d'alphabétisation dans l'une des langues nationales.
. Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP II)
Ce document dégage, pour le Sénégal, les principaux objectifs selon trois axes prioritaires,
dont la généralisation de l’accès aux services sociaux essentiels, en accélérant la mise en place
des infrastructures de base afin de renforcer le capital humain avant 2010 et l’éradication de
toutes les formes d’exclusion au sein de la Nation et instaurer l’égalité des sexes dans les
niveaux d’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2015.
. La Lettre de Politique sectorielle
Selon cette lettre, les activités développées par le Programme décennal de l’Education et de la
Formation (PDEF) permettront de satisfaire les exigences de la scolarisation universelle
conformément aux Objectifs de Développement du Millénaire et de la lutte contre la pauvreté.
Le Programme décennal pour le Développement de l’Education et de la Formation (PDEF)
Conçu dans le cadre de l’initiative spéciale des Nations-Unies pour l’Afrique, dans leur
volonté d’appuyer des secteurs aussi importants pour le développement que l’éducation, la
santé, l’agriculture, l’aménagement du territoire, le PDEF, en se fondant sur ses trois
composantes (accès, qualité et gestion), vise, entre autres, la réduction du taux
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 190
d'analphabétisme, à travers une démarche accordant une large place à des modules/modèles
alternatifs d'éducation non formelle et à la promotion des langues nationales.
Le Document de Politique générale 2003-2012
Le Document précise dans ses orientations générales que « l’Éducation de Base doit être
renforcée. Elle doit (et) mettre un accent particulier sur la nécessité de forger une nouvelle
personnalité sénégalaise, fière de son identité et de sa culture. Dans cette perspective,
l’introduction des langues nationales dans le système éducatif devient une nécessité
impérieuse. Elle permettrait la promotion des langues nationales comme langues de culture
utilisables dans l’enseignement scientifique et technique à la mesure de nos ambitions de
développement, de contenus éducatifs et des notions de justice sociale et de progrès. »
. Le Cadre d’Orientation stratégique (COSA)
Le Ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, des Langues nationales et de la
Francophonie a convoqué, en avril 2007, les Assises de SALY, pour définir de nouvelles
approches, un nouveau dispositif et de nouvelles stratégies d’intervention. L’objectif était de
pouvoir offrir des programmes d’éducation efficaces en adéquation avec les exigences d’une
alphabétisation de développement. Cette action s’inscrit dans la « dynamique d’une
alphabétisation tout au long de la vie, concrète et efficace » et qui doit, à terme, rendre
autonomes les populations.
1. DEFINITION ET RAPPEL HISTORIQUE
L’émergence du concept d’éducation non formelle (ENF) date des années 1960-1970. Les
résultats de l’école donnaient lieu à une réflexion et à une remise en cause de cette institution
comme seul lieu d’acquisition du savoir : « l’école n’est plus considérée comme le seul lieu
d’enseignement et ne peut plus prétendre assumer seule les fonctions éducatives de la
société » 16. (Ali Hamadache* « Articulation de l’éducation formelle et non formelle… »
Unesco)
16 Ali HAMADACHI* « Articulation de l’éducation formelle et non formelle – Implication pour la formation des enseignants »- UNESCO,2 Classification internationale Type de l’Education (CITE), UNESCO, 1997, p 41.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 191
Définition de l’éducation non formelle
La Classification internationale Type de l’Education (CITE) définit l’éducation non formelle
comme un enseignement pouvant être à l’intérieur ou à l’extérieur des établissements
scolaires, et dont les bénéficiaires sont adultes. « Selon les spécifi-cités du pays concerné, cet
enseignement peut englober des programmes d’alpha-bétisation des adultes, d’éducation de
base d’enfants non scolarisés, d’acquisition de compétences utiles à la vie ordinaire et
professionnelle et de culture générale ».
Les programmes d’enseignement non formel ne suivent pas nécessairement le système
« d’échelle » et peuvent être de durée variable » 2.
La notion d’éducation non formelle fait référence aux initiatives éducatives qui sont
organisées en dehors du système d’éducation institué par l’Etat, c'est-à-dire du système de
l’éducation formelle qui, elle, est codifiée, structurée, hiérarchisée, qui obéit à des textes et
dispose d’infrastructures et de ressources humaines, matérielles et financières. Les initiatives
éducatives non formelles ont donc en commun la particularité d’être extra scolaires. On les
assimile, en outre, à un patchwork parce qu’elles regroupent des structures éducatives
diversifiées dont les approches essaient de s’adapter aux besoins des apprenants. L’éducation
non formelle inclut aussi des types d’éducation et de formation qui, pour certains, peuvent
s’acquérir dans le quartier, la maison, l’atelier, ou divers groupes.
Ainsi donc, l’éducation non formelle est constituée de l’alphabétisation, des Ecoles
communautaires de base (ECB), de la formation dans les daaras, de l’apprentissage dans
certains corps de métier, ce dernier type étant dit informel dans certaines classifications.
1.2. Historique
Des initiatives d’éducation non formelle voient le jour vers les années 1970, à la suite de
la crise scolaire de 1968 qui va durer environ une décennie, jusqu’à la convocation des Etats
généraux de l’Education et de la Formation (EGF) tenus à la fin de l’année 1981.
Une seconde crise du système formel (« l’école de la dette », selon l’expression du
Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde) arrête le projet d’école nouvelle
sénégalaise, né de cette vaste concertation de 1981, avec les plans d’ajustement structurel
dictés par les institutions de Bretton Woods. Avec la réduction drastique des dépenses de
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 192
l’Etat et l’austérité, on assiste à la disparition des acquis sociaux comme l’internat et la demi-
pension, à l’apparition de la classe à double flux en zone urbaine et périurbaine, de la classe
multigrade en zone rurale, des vacataires, des volontaires de l’éducation en 1995, à des
conditions de sous rémunération.
Cette politique, considérée comme une politique au rabais, entraîne comme conséquence
une longue suite de grèves prolongées qui ont abouti à l’année blanche de 1988 et à l’année
universitaire invalidée de 1993.
C’est dans un tel contexte que les initiatives d’éducation non formelle se développent.
Demeurées marginales durant des années, leur évolution est marquée par quatre grandes
dates, principalement.
D’abord :
- 1990 : Jomtien (Forum mondial sur l’éducation pour tous (EPT), à Jomtien), où l’on
prend conscience que les Etats n’ont pas la capacité d’assumer les conditions nécessaires pour
atteindre l’objectif de la scolarisation universelle ;
- 1990 : le colloque de Kolda ;
- 1993 : le colloque de Saint-Louis.
Ces trois premières dates sont des années-clés qui ont permis d’asseoir une politique et un
plan d’action sous la responsabilité d’un ministère dont la mission était d’impulser, de
coordonner et de planifier les initiatives en matière d’alphabétisation et de promotion des
langues nationales
Ensuite :
- la quatrième grande date, c’est avril 2000, Dakar, avec le Forum sur l’EPT, qui élève
l’éducation non formelle au rang des priorités.
L’ENF connaît depuis une vingtaine d’années un essor particulier, dû en partie à la crise de
l’école, de l’éducation formelle, qui conduit à la multiplication des programmes
L’Etat lui-même a fini par s’inscrire dans cette dynamique, de diversification de l’offre
éducative, à travers des programmes d’appui (cf. PDEF 2000-2010).
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 193
2. ETAT DES LIEUX
2.1. Les acteurs
2.1.1. Les acteurs directs
. Les organisations non gouvernementales (ONG) nationales
Les ONG nationales interviennent dans une ou plusieurs régions ; elles bénéficient de
l’appui des agences de coopération, des organismes internationaux ou de l’Etat.
. Les structures locales
Ce sont les ateliers artisanaux relevant de l’économie populaire, les associations de
développement de quartier, les associations sportives et culturelles, les groupements
économiques, les initiatives individuelles, les daara ou écoles coraniques.
2.1.2. Les appuis à l’ENF
. Les ONG internationales,
Qui sont d’origine européenne ou américaine, disposent de moyens qui leur permettent
d’appuyer les ONG nationales et les initiatives locales.
. Les organismes internationaux
A travers leurs agences de coopération, ceux-ci soutiennent financièrement les
programmes nationaux que coordonne l’Etat. L’ACDI, l’UNESCO et l’UNICEFsont
essentiellement les agences qui soutiennent le sous-secteur de l’éducation non formelle.
. Le Ministère de l’Education avec la DAEB / DALN :
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 194
Il assure le financement et la coordination de programmes nationaux
d’alphabétisation et d’ECB à travers les projets PAPA, PAPF, PADEN, le Projet Alpha
Femme, le PENFD, le PAIS.
. D’autres ministères, dans le cadre de la mise en œuvre de politiques sectorielles.
2.2. La localisation
Selon une enquête de l’UNESCO menée en 2001, 78 % des structures d’éducation
non formelle reconnues par l’Etat ont leur siège à Dakar ; mais leur action intervient dans les
régions en tenant compte de leurs disparités. « Ainsi pour les projets sous tutelle de la DAEB,
les quotas d’ECB et les activités d’alphabétisation sont très souvent déterminés en faveur des
localités situées en milieu rural (dans les villages) où l’analphabétisme est plus élevé, et qui
manquent d’infrastructures scolaires.
Cependant, les initiatives comme les formations coin de rue (FCR) sont très ciblées
puisqu’elles ne concernent que les enfants des bidonvilles et des quartiers défavorisés des
grandes villes. Une enquête de Enda Ecopole (2003), révèle que 60 % des « Formations coins
de rue » (FCR) sont concentrées à Pikine, Thiaroye et Guédiawaye dans la région de Dakar. »
(cf. DPRE, PDEF « Analyse du secteur de l’éducation », CREA, janvier 2004, p.27).
2.3. Les infrastructures
De manière générale, les classes d’alphabétisation, les cours dispensés dans les ECB et les
« formations coins de rue » (FCR) se font dans des lieux d’habitation, dans des locaux
réservés à des groupements d’intérêt économique ou de promotion féminine et même dans des
abris provisoires ou en plein air. Parfois, certains opérateurs utilisent les salles de classe du
formel en dehors des heures de cours.
2.4. La tutelle ou l’instabilité institutionnelle
Au plan institutionnel, l’éducation non formelle, initialement gérée par la Direction de
l’Alphabétisation et de l’Education de Base (DAEB) et la Direction de la Promotion des
Langues nationales (DPLN) qui ont fusionné en 2003 pour donner naissance à la Direction de
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 195
l’alphabétisation et des langues nationales (DALN), a été, successivement, placée sous la
tutelle de différents ministères, avec plusieurs statuts.
De 1995 à nos jours :
. d’abord sous la responsabilité d’un Ministre délégué chargé de l’Education de Base
et des Langues nationales (MDCEBLN) auprès du Ministre de l’Education nationale (MEN),
elle passe en 2000 sous la tutelle d’un département ministériel ayant en charge
l’Enseignement technique, la Formation professionnelle et l’Alphabétisation.
en 2004, la première formule est ramenée avec un Ministre délégué chargé de
l’Alphabétisation, des Langues nationales et de la Francophonie
. en 2007, le département est érigé en Ministère de plein exercice, le Ministère des
Langues nationales et de la Francophonie. .
. vers la fin 2007, le sous-secteur est arrimé au Ministère de la Culture, baptisé Ministère de
la Culture, du Patrimoine historique classé, des Langues nationales et de la Francophonie, à
travers la Direction de l’Alphabétisation et des Langues nationales.
Le sous-secteur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle souffre d’une réelle
instabilité dans le dispositif institutionnel.
En outre, nombreux sont les ministères qui mènent des activités d’alphabétisation liées
à leurs domaines d’intervention et sans impliquer le Ministère de tutelle. Ainsi : le Ministère
de l'Economie Maritime, des Transports maritimes, de la Pêche et de la Pisciculture ; le
Ministère de la Décentralisation et des Collectivités locales ; le Ministère de la Famille, de
l'Entreprenariat féminin et de la micro finance.
Cela rend difficile la mise en place d’un système cohérent en matière d’éducation.
2.5. Les types de structures
Il y a, en matière d’éducation non formelle deux catégories de structures.
. Les structures nées des initiatives endogènes, c’est-à-dire des initiatives venant des
communautés elles-mêmes soutenues souvent par des ONG.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 196
. La seconde catégorie de structures est soutenue par l’Etat, dans le cadre de
programmes d’appui au sous-secteur ; ces programmes s’adressent aux adultes (15 à
49 ans) analphabètes et jeunes déscolarisés et non scolarisés pour une éducation de
base dans les langues nationales (alphabétisation fonctionnelle, post- alphabétisation et
écoles communautaires de base (ECB).
2.5.1. L’alphabétisation
Selon l’UNESCO, une personne est considérée comme analphabète lorsqu’elle est
incapable de lire et écrire en le comprenant « un exposé bref et simple de faits qui ont trait à
sa vie quotidienne ».
Peut aussi être considéré comme un analphabète « toute personne qui ne sait lire que
des chiffres, son nom ou une expression courante apprise par cœur »
D’après le recensement général de la population de 1988, La population analphabète
était estimée en 1998 à 3 500 000 personnes (dont 1 996 746 femmes). C’est la base de calcul
utilisée par la DAEB dans ses simulations et ses hypothèses, afin de déterminer le stock de la
population à alphabétiser, en ce qui concerne la période 1998 – 2003. Il lui a fallu se fonder
aussi sur les différents enrôlements, les données démographiques disponibles étant
supérieures à 10 ans. Les résultats de ces calculs indiquent que 500 000 personnes ont été
alphabétisées ; il subsisterait donc encore 3 000 000 d’analphabètes.
La réduction de l’analphabétisme n’est donc, en moyenne, que de 2 % environ, par an.
Or, l’objectif était de 5 %, pour parvenir à son éradication progressive.
Les tableaux ci-dessous présentent les chiffres officiels de la situation en 2003 et de l’évolution du sous-secteur de 1992 à 2001, chiffres donnés par la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE)31718
17
18 DPRE, PDEF : « Analyse du sous-secteur de l’Education », CREA, janvier 2004.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 197
bleau 2.1 : Distribution des effectifs touchés par l’alphabétisation, Sénégal 2003
Régions
Global
Total Hommes Femmes
Dakar 146219 21404 124815
Thès 171924 20953 150971
Kaolack 122063 22675 99388
Fatick 126803 27184 99619
Tamba 131389 48145 83244
Kolda 150880 30057 120823
Ziguinchor 87513 11772 75740
Louga 175127 20377 154750
Saint-Louis 230097 70193 159904
Diourbel 159459 17590 141869
Total 1501881 404036 1097845
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 198
Source : ME/DAEB/Bureau statistique.
Tableau 2.2 : Taux d’analphabétisme -10 ans et plus –
(base recensement 1988), Sénégal 1992-2001
Année Hommes Femmes Total
1992 64,7 72,7 64,1
1993 53,5 71,1 62,7
1994 52,1 69,3 60,5
1995 51,6 68,3 60,5
1996 51,4 67,9 60,2
1997 50,9 67,1 59,6
1998 45,1 59,3 52,8
1999 43,9 57,6 51,4
2000 41,7 54,8 48,9
2001 39,6 52,6 46,4
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 199
Source : ME/DAEB/Bureau statistique.
Toujours selon la Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE),
dans le document précité :
« On ne devra pas compter sur les progrès vers la scolarisation universelle et les
initiatives communautaires ainsi que des partenaires au développement pour espérer une
éradication de l’analphabétisme au cours des dix prochaines années.
D’abord, il est fort possible que l’incidence de ce phénomène, soit sous-estimée par le
taux officiel de 46,4% en 2001 (* Taux d’analphabétisme en 2005 : 58,1% (Source ANSD).
En effet, pour la même année, la Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS) a
mené une enquête intitulée « Questionnaire unifié sur les indicateurs de développement)
(QUID) portant sur un échantillon de 28 613 individus. A la question « savez-vous lire ou
écrire ?», 57,2 % ont répondu par la négative. Etant donné que l’échantillonnage a été conçu
de manière à permettre une extrapolation au niveau national, on se retrouve avec une
proportion très élevée de personnes ne sachant lire ni écrire ».
2.5.2. Les écoles communautaires de base
La population prise en charge par les écoles communautaires de base concerne la
tranche d’âge de 9 à 14 ans constitués d’enfants analphabètes (non scolarisés) et
déscolarisés. Les filles représentent 65 % des effectifs. Le Ministère de l’Alphabétisation,
pour l’implantation des projets qui relèvent de sa tutelle, favorise les régions où le taux
d’analphabétisme est élevé et qui souffrent d’un déficit réel d’infrastructures scolaires
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 200
Tableau 2.3 : Distribution par région et genre des effectifs des écoles communautaires de base, Sénégal 2003
Régions
Global (1ère et 2ème années)
Nombre de classes
Effectif
Hommes Femmes Total
Fatick 37 337 717 1054
Ziguinchor 26 420 322 742
Kolda 25 192 520 712
Saint-Louis 32 167 746 913
Thiès 32 284 627 911
Tambacounda 37 727 328 1055
Louga 31 256 628 884
Diourbel 47 557 782 1339
Dakar 26 259 481 740
Matam 15 103 325 428
Kaolack 47 138 1202 1340
Total 355 3440 6678 10118
2.5.3. Les daara
L’école gérée par l’Education nationale, de type école française, n’est pas le premier
modèle d’enseignement au Sénégal. Avant elle a existé et continue d’exister un autre modèle
dit école coranique ou « daara », dont les tenants rejettent bien souvent leur catégorisation
dans le « non formel ».
Pour notre part, nous avons maintenu les daara dans l’éducation « non formelle » en
partant de la définition selon laquelle cette catégorie est constituée de structures qui se
développent hors du système géré par l’Etat, à travers le Ministère de l’Education (nationale).
Les objectifs, les contenus et les méthodes d’apprentissage qui peuvent différencier les
daara, sont fonction de la confrérie dont relève ces écoles coraniques (mouride ou tidiane). Le
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 201
type d’homme ou de femme que produisent ces écoles est celui de personnes ayant une bonne
connaissance et une bonne pratique de leur religion et qui participent à la vie économique et
sociale. Leurs activités économiques s’exercent le plus souvent dans le secteur informel.
On peut distinguer les types de daara selon leur implantation.
2.5.3.1. Les daara en milieu urbain
Celles-ci prolifèrent avec l’exode rural et sont de 2 types :
- les daara originaires de la zone rurale, où les marabouts viennent s’installer en ville
avec leurs taalibé dont les parents sont restés dans leur village ; ces daara ne font l’objet
d’aucun contrôle et ont recours, pour leur subsistance, à la mendicité des enfants qui devient
un usage abusif, outrepassant le principe de l’aumône lié à l’enseignement religieux, c’est-à-
dire l’apprentissage de l’humilité et de la précarité ;
- les daara de quartier, qui accueillent les enfants du quartier avantleur scolarisation ou
pendant les vacances scolaires.
II.5.3.2.Les daara en milieu rural
L’objectif essentiel est ici l’apprentissage du Coran.
Les taalibé sont placés en internat, ce qui permet un meilleur encadrement et une
meilleure éducation qui assurent à la fois l’enseignement coranique et la préparation à la vie
active.
C’est dans ce milieu que se trouvent les pôles d’excellence de l’enseignement
coranique, avec des institutions vieilles de plus d’un siècle.
2.5.3.3. Les daara dits modernes
Dans le cadre d’un partenariat entre l’UNICEF et le Ministère de l’Education, une expérience
pilote menée dans 80 daara propose un programme d’enseignement coranique traditionnel
amélioré, en ce sens que les élèves en sortent avec un métier.
Modèle du Trilinguisme (Daara amélioré et Formation professionnelle)
DISCIPLINES HORAIRES/semaine
Education religieuse 15h
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 202
(Coran, Hadith, Pratiques cultuelles,…)
Apprentissages instrumentaux
(langues :arabe, langue nationale, français ;mathématique)10h
Compétences de vie courante
(santé nutrition, environnement, EVF/EMP, droits humains, genre, TIC,…)
5h
Compétences techniques et professionnelles (sciences, technique, technologie, travaux pratiques, apprentissage dans des filières porteuses)
5h
Total 35 heures
2.5.4. Les apprentissages techniques
Dans la diversité des offres de formation, on trouve celle donnée par le biais de
métiers à forte demande en main-d’œuvre : le transport, l’artisanat, la cordonnerie, la
menuiserie, la mécanique automobile, etc.
La population concernée est celle des jeunes non scolarisés ou déscolarisés qui se sont
retrouvés très tôt hors du système scolaire.
Ces apprentissages sont à la base de la consolidation des corps de métier qui
interviennent quotidiennement dans le système de production économique, au Sénégal.
2.6. Le medium de l’enseignement non formel : les langues nationales
La Direction de la Promotion des Langues nationales (DPLN), puis la Direction de
l’Alphabétisation et des Langues nationales (DALN), a fait d’importantes avancées dans la
codification des langues nationales : elle en est à une quinzaine de langues nationales,
permettant, ainsi, un accès plus large à l’éducation de base non formelle.
Travaillant en partenariat avec l’UNICEF, elle a mis en place un programme
d’introduction du trilinguisme et de la formation professionnelle dans les daara, cela pour une
durée de cinq ans. En plus de l’arabe et de l’enseignement traditionnel du coran, ce
programme introduit le français et la formation professionnelle. L’expérience prend en charge
80 daara répartis dans quatre régions (Dakar, Thiès, Diourbel et Kaolack.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 203
3. CONTRAINTES ET PROBLEMES IDENTIFIES
De nombreux problèmes et contraintes ont été identifiés dans le sous-secteur de
l’éducation non formelle. Nous retiendrons principalement ceux-ci :
- dispersion des actions d’alphabétisation sans une véritable coordination entre acteurs,
d’où absence d’harmonisation des interventions ;
- absences de statistiques fiables sur la situation du sous-secteur ;
- faible efficacité externe des programmes d’alphabétisation ;
- conditions précaires des personnels de l’alphabétisation et absence d’un plan de carrière ;
- érosion des effectifs : les adolescents de même que les adultes ont du mal à concilier
leurs obligations de travail avec une fréquentation régulière de la classe ;
- caractère sommaire des infrastructures : conçus pour être provisoires, ces abris doivent
être réparés ou entièrement couverts après chaque saison des pluies ; ils ne permettent
pas de stocker du matériel pédagogique, des livres ni des cahiers ;
- environnement non sécurisé : de par son emplacement, l’ECB ou la CAF présente
souvent l’inconvénient d’être assez bruyante, souvent sans clôture ;
faiblesse du budget de l’Etat alloué au financement du sous-secteur de l’éducation non
formelle (à peine 1% des 40% officiellement déclarés du budget global de l’Etat destiné
à l’éducation) ;
- quasi-absence de formation des acteurs et surtout des formateurs en matière de gestion,
de formation professionnelle, de langues et de méthodologies d’apprentissage ;
- difficultés à garantir la qualité des apprentissages et des services ;
- instabilité de l’ancrage institutionnel ;
- absence de valorisation des acquis et d’équivalence avec le système de certification
existant ;
- marginalisation de l’éducation des adultes dans le système éducatif sénégalais.
4. RECOMMANDATIONS
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 204
Les recommandations que nous formulons ici recoupent celles déjà clairement consignées
dans le document de politique général 2003-2012 et dans le Cadre d’Orientation stratégique
(COSA), et qui sont des objectifs prioritaires. Elles ont pour objectifs de :
- contribuer à la scolarisation universelle par la promotion de modèles alternatifs
stabilisés (ECB, daara, etc.) pour la prise en charge des enfants non scolarisés ou
déscolarisés précoces ;
- assurer l’éradication rapide de l’analphabétisme, tout en améliorant la qualité et la
pertinence de l’offre de services d’alphabétisation ;
- favoriser ou créer un environnement lettré ;
- promouvoir les langues nationales dans la vie officielle et publique, à l’école et dans la
formation professionnelle;
- renforcer le pilotage des programmes et actions du sous-secteur de l’éducation non
formelle aux plans intra-sectoriel et inter-sectoriel ;
- renforcer le financement public des programmes et actions du sous-secteur de
l’éducation non formelle ;
- renforcer la communication et la mobilisation sociale ;
- instaurer et privilégier le partage de l’information et des expériences entre acteurs de
l’Education non formelle (Etat, société civile, c’est-à-dire ONG, Associations diverses
de citoyens) ;
- impliquer les organisations professionnelles ou de divers métiers et celles
confessionnelles.
ASSISES NATIONALES DU SENEGAL
COMMISSION 4 : « Gouvernance sociale »
SOUS COMMISSION : « EDUCATION ET FORMATION »
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 205
VOLET
ENGAGEMENTS DU SENEGAL DANS LE MONDE
DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION
ROKHAYA FALL SOKHNA
OCTOBRE 2008
LES ENGAGEMENTS DU SENEGAL DANS LE MONDE
DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION
Conscient de la nécessité où se trouve toute société de s’ouvrir pour essayer de s’enrichir du
contact et de la solidarité avec les autres, le Sénégal a souscrit à des engagements
internationaux qui touchent au volet éducation.
Nous prendrons en exemple les engagements tournant autour de l’éducation pour tous (EPT)
et ceux qu’il partage avec les gouvernements des états de l’Union africaine au sein de la
Conférence des Ministres de l’éducation (COMEDAF).
Le Forum Mondial sur l’Education
Dans les principes qu’elle induit (former pour apprendre à connaître, à faire, à vivre
ensemble et à être), la déclaration mondiale sur l’éducation de base faite à Jomtien en 1990
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 206
était une invite faite aux gouvernements pour une concentration des efforts sur l’éducation de
base qui prépare l’homme à sa vie de citoyen.
C’est pourquoi tout au long de la première décennie de l’éducation, la communauté
internationale a pris des engagements en faveur de l’éducation de base lors de ses
nombreuses rencontres:
1990, sommet mondial pour les enfants,
1992, conférence sur l’environnement,
1993, conférence mondiale sur les besoins éducatifs spéciaux : accès et qualité,
1995, sommet mondial pour le développement social,
quatrième conférence mondiale sur les femmes en 1995,
1996, réunion à la mi-décennie du Forum consultatif international sur l’éducation pour
tous
1997, conférence internationale sur l’éducation des adultes
1997, conférence internationale sur le travail des enfants
A l’instar des autres gouvernements, le Sénégal a souscrit à ses engagements pour que toute personne, enfant, adolescent ou adulte puisse bénéficier d’une formation conçue pour répondre à ses besoins fondamentaux.
Dix ans après Jomtien, le Forum mondial sur l’éducation qui s’est tenu à Dakar en Avril 2000 faisant le bilan de la décennie écoulée, montre que, même si des progrès importants ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire, dans le domaine de l’accès des enfants à l’enseignement primaire, de l’alphabétisation des adultes et de l’égalité de genre dans le système éducatif.
L’analyse de la situation globale a conduit le Forum mondial de l’éducation à attirer l’attention des partenaires de l’éducation sur l’importance de l’éducation pour tous (EPT) dans sa relation avec la réduction des inégalités de manière générale et de la pauvreté en particulier, autant d’éléments faisant partie des objectifs du Millénaire (OMD). La relation entre éducation, développement durable, paix et stabilité à l’intérieur des pays et entre eux étant chose établie, le forum a jugé que réaliser l’éducation pour tous est en fait une priorité dans la mesure où, les buts qu’elle vise sont étroitement liés au développement.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 207
Un cadre d’action visant la réalisation de six objectifs a été élaboré, et les gouvernements, les organisations, groupes et association présents à la réunion de Dakar ont signé une douzaine d’engagements dont le respect devra leur permettre d’atteindre les objectifs visés.
Les objectifs :
1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects, la protection de la petite enfance, et notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés.
2. Faire en sorte que d’ici 2015, tous les enfants, notamment les filles et les enfants en
difficulté ou issus des minorités ethniques, aient la possibilité d’accéder à un
enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu’à son
terme.
3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes en assurant un accès équitable à des
programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition des connaissances ainsi que des
compétences liées à la vie courante.
4. Améliorer de 50% les niveaux d’alphabétisation des adultes, et notamment des
femmes, d’ici 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes
d’éducation de base et d’éducation permanente.
5. Eliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire
d’ici 2005 et instaurer l’égalité dans ce domaine d’ici 2015 en veillant notamment à
assurer aux filles l’accès équitable et sans restriction à une éducation de base de
qualité avec les mêmes chances de réussite.
6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation et garantir son excellence de
façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables,
notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture, le calcul et les compétences
indispensables dans la vie courante.
Ces six objectifs sont reconnus comme le socle devant porter ce droit fondamental de tout
homme qu’est l’éducation.
Pour bâtir ce socle, les signataires du Forum s’engagent à :
Susciter, aux niveaux national et international, un puissant engagement
politique en faveur de l’éducation pour tous, définir des plans d’action
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 208
nationaux et augmenter significativement les investissements dans l’éducation
de base.
Promouvoir des politiques d’éducation de base pour tous dans le cadre d’une
action sectorielle durable et bien intégrée, clairement articulée avec les
stratégies de développement et d’élimination de la pauvreté.
Faire en sorte que la société civile s’investisse activement dans la formulation,
la mise en œuvre et le suivi des stratégies de développement de l’éducation.
Mettre en place des systèmes de gestion et de gouvernance éducative qui soient
réactifs, participatifs et évaluables.
Répondre au besoins des systèmes éducatifs subissant le contrecoup de
situations de conflits et d’instabilité et conduire les programmes d’éducation
selon des méthodes qui soient de nature à promouvoir la paix , la
compréhension mutuelle et la tolérance et à prévenir la violence et les conflits.
Mettre en œuvre des stratégies intégrées pour l’égalité des sexes dans
l’éducation, qui prennent en compte la nécessité d’une évolution des attitudes,
des valeurs et des pratiques.
Mettre en œuvre d’urgence des activités et des programmes d’éducation pour
lutter contre la pandémie du VIH/SIDA.
Créer un environnement éducatif sain et sûr, inclusif et équitablement doté en
ressources, qui favorise l’excellence de l’apprentissage avec des niveaux
d’acquisition bien définis pour tous.
Améliorer la condition, la motivation et le professionnalisme des enseignants.
Mettre les nouvelles technologies de l’information et de la communication au
service de la réalisation des objectifs de l’éducation pour tous.
Assurer un suivi systématique des progrès accomplis du point de vue des
objectifs et des stratégies de l’EPT au niveau national régional et international.
Renforcer les mécanismes existants pour faire progresser plus rapidement
l’éducation pour tous.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 209
Les objectifs étant fixés pour l’horizon 2015, des rapports périodiques sont produits pour
évaluer les progrès accomplis depuis 2000.
Ainsi, le rapport mondial de suivi de l’EPT 2007, se basant sur les informations disponibles à
la fin de l’année scolaire 2004, essaie de déterminer le chemin parcouru et les progrès
accomplis depuis Dakar. Ce rapport note que :
L’enseignement pré primaire est en augmentation même si ce n’est pas de façon très sensible
et cela surtout en Afrique Subsaharienne.
L’accès à l’école primaire aussi s’améliore, même s’il reste encore un nombre trop élevé
d’enfants non scolarisés.
Des progrès vers la réalisation de la parité entre les sexes ont été aussi accomplis, en dépit
des disparités encore prédominantes dans l’enseignement secondaire.
En matière d’alphabétisation, les progrès enregistrés ont été maigres et le rapport note qu’un
adulte sur cinq dans le monde est analphabète.
Le calcul de l’indice de développement de l’EPT (cet indice est la mesure composite de la
situation d’un pays quant à la réalisation de l’Agenda de l’EPT) n’a pu être porté que sur les
quatre objectifs les plus quantifiables qui sont :
Objectif 2 : l’éducation primaire universelle mesurée par le taux net de scolarisation dans le
primaire
Objectif 4 : l’alphabétisation des adultes, mesurée par le taux d’Alphabétisme de la
population âgée de 15 ans et plus.
Objectif 5 : parité et égalité entre les sexes, mesurée par l’indice de l’EPT relatif au genre
(IEG), qui est la moyenne des indices de parité entre les sexes (IPS) des taux bruts de
scolarisation (TBS) du primaire et du secondaire et du taux d’alphabétisme des adultes.
Objectif 6 : la qualité de l’éducation, mesurée par le taux de survie en cinquième année du
primaire.
Il est apparu à la lumière de cette analyse que le Sénégal se trouve classé à la 114ème place
sur un total de 125 pays. Il fait partie des 28 derniers pays dont les valeurs de l’IDE sont
comprises entre 0,43 et 0,79.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 210
Celui du Sénégal, calculé à partir du taux national de scolarisation dans le primaire (0,662),
du taux d’alphabétisation des adultes (0,39), de l’indice de l’EPT relatif au genre (0,749) et du
taux de survie en 5ème année du primaire (0,782) est de 0,646.
L’IDE exprimé sous forme de rapport, part de 0 à 1. La valeur 1 représente la pleine
réalisation de l’EPT.
Avec 0,646, l’IDE du Sénégal est donc assez bas, et le pays se trouve encore relativement
éloigné des objectifs fixés en 2000 par le Forum mondial pour l’éducation.
Les organisations de la société civile (ONG, Syndicat, Jeunes, femmes, Universités etc.) se
réunissent périodiquement depuis 2001 pour une consultation collective dans le but de mieux
intérioriser les objectifs de Dakar 2000, relever certaines avancées et surtout cerner les
obstacles à la réalisation de ce à quoi les états se sont engagés lors du forum mondial :
l’Education pour tous (EPT).
Assurer un suivi systématique des progrès accomplis du point de vue des objectifs et des
stratégies de l’EPT aux nivaux national, régional et international est le onzième engagement
retenu lors du Forum de Dakar.
Les Etats Africains essaient depuis de maintenir la mobilisation à travers le cadre d’action
constitué par la Conférence des Ministre de l’éducation de l’Union africaine.
LA COMEDAF
A trois reprises elle s’est réunie et la dernière session en date a eu lieu à Johannesburg
(Afrique du Sud) en vue de discuter le progrès accompli dans la mise en œuvre du Plan
d’action.
Cette réunion qui s’est tenue du 6 au 7 août 2007 (COMEDAF III) a été l’occasion de voir
l’accélération du processus de l’élargissement de la vision sur les questions éducatives ; le
plan d’action de la deuxième décennie de l’éducation y a été discuté.
Une volonté de fusion des différents instruments dynamiques s’est nettement dégagée.
Des propositions d’harmonisation dans certains secteurs de l’éducation (celui de
l’enseignement supérieur notamment) ont été avancées.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 211
L’enjeu constitué par la formation technique et professionnelle au sein du secteur de
l’éducation a fait l’objet de consensus.
L’affirmation d’une volonté d’avancer dans la formation des formateurs s’est dégagée, alors
que la mobilisation pour une solidarité africaine dans la prise en charge du sort des personnes
surtout des enfants et des femmes dans une situation de conflit ou de post conflit a été encore
réaffirmée.
Le projet de refondation des systèmes éducatifs africains et la mobilisation qu’il implique
permet opportunément de lancer les jalons d’un partenariat bénéfique entre les organisations
de la société civile et les institutions spécialisées de l’UA (l’académie des Langues, l’institut
pour le développement de l’éducation , etc.)
Il est regrettable que l’état sénégalais qui à travers son gouvernement a souscrit à tous les
engagements relatifs aux objectif du forum mondial pour l’éducation, ne se soit pas présenté à
la réunion de la COMEDAF III. Cela est d’autant plus impardonnable que le Sénégal prétend
jouer un rôle leader en Afrique, surtout dans le cadre du partenariat stratégique entre l’UA et
l’Inde en matière de télé enseignement et télé médecine.
République du Sénégal
Assises Nationales : Commission 4
§ § § § § § § § § §
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 212
Sous commission Santé et Développement Social :
Secteur de la Santé
Introduction
La Santé constitue, avec l’Education, les deux secteurs qui doivent garantir à un pays des
ressources humaines de qualité. Longtemps considérés, à tort, comme des domaines non
productifs, il est maintenant établi qu’il s’agit-là de secteurs parmi les plus importants. Même les
partenaires au développement (ou bailleurs de fonds) les plus récalcitrants ont fini par admettre
l’intérêt d’investir dans la santé des populations.
La Démarche adoptée par la sous commission Santé et Développement social comprend
différentes méthodes :
. la recherche documentaire
. la réalisation d’interviews et d’entretiens
. le recueil de vécus individuels et d’avis d’experts par écrit
Le présent rapport n’inclut pas les conclusions des consultations citoyennes en matière de santé,
qui se sont tenues dans les différents départements du pays.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 213
Etat des lieux
Il a permis de passer en revue les différents domaines du secteur de la santé : les infrastructures, les
ressources humaines, la gestion du secteur, le financement de la santé, les laboratoires, les
médicaments, la prévention et l’hygiène, les domaines sociaux, les secteurs liés à la santé, les
médecines sectorielles.
L’analyse de la situation du secteur montre certes bien des acquis comme la construction de
nouvelles infrastructures, le recrutement de personnels de santé, l’important financement du
secteur, y compris par une forte contribution des populations, la suppression de taxes sur les
médicaments etc., mais le constat est le même : la santé coûte cher et il y a beaucoup de
mécontentement aussi bien chez les populations qu’au sein des professionnels de la santé. Les
soins de qualité et surtout spécialisés sont peu accessibles en dehors des grands centres urbains,
beaucoup de réflexions et d’accords pertinents attendent encore d’être appliqués, les hôpitaux
croulent sous la dette et la mauvaise gestion, en matière d’infrastructures et de ressources
humaines le Sénégal est encore loin des normes, le commerce illicite des médicaments fait encore
rage, de même que la corruption.
Le laboratoire, le service d’hygiène, la santé bucco-dentaire, la médecine traditionnelle souffrent
encore d’un manque de considération notoire.
Les tableaux ci-dessous résument l’ensemble des points forts et points faibles relevés pour chaque
domaine du secteur de la santé.
Les propositions formulées conséquemment à cette évaluation sont présentées à la fin du
document.
Résumés des Points forts et Points faibles (1)
Domaines Points forts Points Faibles
1. Infrastructures
Nombre et répartition
Construction de nouvelles structures
Le Sénégal est loin des normes
Plateau technique Assez relevé dans les EPS de niveau 3
Peu de soins spécialisés dans les régions autres que Dakar
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 214
Accessibilité Existence de structures de santé dans toutes les régions
- Grande disparité avec déséquilibre monstre entre Dakar et les autres régions
- Coûts des prestations élevés
2. Ressources humaines
Formation des personnels
- Existence de Facultés et d’Ecoles de formation
- Qualité de la Formation
- Augmentation de l’effectif à l’ENDSS
- Formation en Santé publique disponible
- Pas de planification systématique en fonction des besoins
- Pas de politique de formation de spécialistes
Disponibilité
- Formation chaque année de personnels de différents corps
- Recrutements annuels
- Ressources de qualité
- Normes non encore atteintes
- Pas de motivation pour les zones reculées
- Pénurie en spécialistes
Gestion
Existence de Direction des Ressources Humaines
- Absence de plan de carrière clair et motivant
- Laisser aller dans la gestion
3. Management et Gouvernance du secteur
Management
- Beaucoup de réflexion déjà menée
- Accords signés avec les syndicats
- Laxisme généralisé
- Pas de système de contrôle
- Absence d’application des recommandations et des accords
- Corruption à grande échelle
Hôpitaux - Loi sur Réforme hospitalière prise
- Réflexion pendant 1 an sur le fonctionnement des hôpitaux
- Mauvaise gestion
- Dette massive
- Pléthore de personnels peu qualifiés
- Peu d’emprise de la tutelle
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 215
- Mauvaise application de la loi portant réforme hospitalière
4. Financement de la Santé
Budget Etat Augmentation des Budgets de l’Etat chaque année
- Mauvaise gestion
- Répartition souvent injuste
- Mécanismes de financements à revoir
- Inaccessibilité d’un important pourcentage des crédits votés
Appui au
développement
Beaucoup de financements extérieurs
- Non utilisation de l’argent mis à disposition (PDIS)
- Déséquilibre dans l’appui
- Absence de détermination des priorités par l’Etat
Autres Importante contribution des populations
- Faible contribution des collectivités locales
- Problème de recouvrement des certificats d’indigence
- Problème des mutuelles, assurances et sécurité sociale
- Financement des hôpitaux
Domaines Points forts Points Faibles
5. Laboratoires d’Analyses
Nombre et répartition
Existence de laboratoire dans tous les centres de santé
- Accessibilité réduite pour les zones reculées
- Services d’imagerie insuffisants
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 216
Plateau technique Ressources humaines de qualité au niveau national et régional
- Equipement insuffisant
- Qualification insuffisante en zone décentralisée
- Ruptures de réactifs et consommables incessantes
Moyens
- Nouveaux textes réglementant les laboratoires privés
- Existence d’un Réseau National de Laboratoires
- Manque de considération aussi bien au niveau central que dans les structures sanitaires
- Budgets inexistants ou insuffisants
- Aucun texte organisant le Réseau de Laboratoires
6. Médicaments
Accessibilité
- Détaxation des Médicaments
- Système de distribution public et privé répandu
- Disponibilité des génériques
- Coûts toujours élevés
- Pharmacopée non disponible
Contrôle - Contrôle avant AMM
- Laboratoire de Contrôle performant
- Vente illicite répandue
- Contrôle de la qualité non systématique
Production
- Recherches effectuées
- Technologie disponible
- Faiblesse de la production (10%)
- Pas d’investissement
- Législation à revoir
7. Prévention
Hygiène
- Existence d’une Direction nationale
- Représentation dans toutes les régions
- Service National sous équipé
- Ressources humaines insuffisantes
- Autorité émoussée
Vaccination
- Existence d’un Programme national de routine
- Organisation de journées
- Doute sur les taux de couverture
- Absence de vaccination préventive contre certaines
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 217
nationales de renforcement
- Appui aux services décentralisés
épidémies
- Suivi de la vaccination laissé aux seules familles
Sensibilisation Implication des communautés
- Trop de folklore
- Faiblesse de l’implication de la Presse
- Manque d’harmonie des messages
Domaines Points forts Points Faibles
8. Domaines sociaux
Handicapés Amélioration de l’accessibilité physique aux structures
- Disponibilité réduite de soins spécialisés
- Accessibilité financière faible
Sujets âgés Mise en place du plan sésame
- Pénurie de spécialistes de la Médecine du sujet âgé
- Problème de prise en charge des soins
Santé de la Reproduction
- Affectation de Sages Femmes dans les centres de santé
- Existence de Programme de Santé de la Reproduction
- Spécialistes de gynécologie insuffisants
- Soins spécialisés pas toujours accessibles dans les régions
Maladies de l’Enfance
- Réduction morbidité et mortalité
- Programme de prévention de la transmission du VIH
- PEV et programme de nutrition
- Accessibilité aux soins spécialisés réduite dans les régions
- Ressources humaines insuffisantes
Revendications syndicales
- Réflexion menée sur les problèmes du secteur
- Protocoles d’accord signés
- Instabilité sociale
- Politique de pourrissement
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 218
avec différents Ministres - Non respect des engagements pris par le gouvernement
- Griefs aux syndicats par rapport aux comportements de leurs membres
9. Autres secteurs liés à la Santé
Assainissement -
- Mauvaise répercussion sur le niveau d’hygiène
- Endémicité des maladies aux mains sales
Pauvreté
- Programme de lutte contre la pauvreté
- Solidarité naturelle des populations sénégalaises
Inaccessibilité aux soins de qualité de la plupart des populations
Faible taux de fréquentation des structures de santé
10. Médecines sectorielles
Maladies chroniques
- Décentralisation de la lutte contre le Diabète
- Subvention de l’insuline
- Existence de programmes de lutte
- Ressources humaines spécialisées insuffisantes
- Faiblesse de l’appui institutionnel et financier
Maladies endémiques et épidémiques
- Existence de programmes de lutte contre certaines de ces maladies
- Importance de l’appui financier à certains programmes
- Problèmes d’organisation et de management
- Absence de solidarité entre programmes
- Problèmes de stratégie vaccinale
Accidents, Urgences Catastrophes
- Existence d’un plan ORSEC
- Mise en place SAMU en cours
- Réflexion pour décentraliser les soins spécialisés
- Insuffisance ressources humaines
- Déficit en infrastructures
- Problèmes de disponibilité des implants
- Problème de la prise en charge financière
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 219
- Absence de structures de soins de longue durée
Santé bucco - dentaire
- Possibilité de formation des Ressources humaines
- Multiplication des cabinets dentaires
- Manque de considération
- Rareté des ressources humaines
- Faiblesse des moyens
- Coûts élevés des intrants
Médecine traditionnelle
- Disponibilité de produits naturels
- Efforts d’intégration dans le système sanitaire
- Manque d’organisation
- Absence de reconnaissance formelle
- Beaucoup de confusion dans le secteur
- Intégration insuffisante dans le système sanitaire
Exercice illégal
- Beaucoup de textes réglementaires existent
- Existence d’Ordres nationaux
- Faiblesse de la volonté politique
- Non application des textes
- Ampleur de l’exercice illégal et de la publicité interdite
Propositions alternatives
PROPOSITIONS D’ORDRE GENERAL
. Assurer la stabilité institutionnelle, au niveau ministériel comme au niveau de l’ancrage des services
. Prendre les dispositions nécessaires pour appliquer les mesures préconisées lors des accords avec les partenaires sociaux et celles recommandées par les innombrables commissions de réflexion.
. Corriger la dispersion des domaines en regroupant la Santé, la Prévention, l’Action sociale, l’Assainissement, l’Environnement et la Gestion des déchets
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 220
. Repenser la gestion des Structures de santé, en prenant en compte les réflexions déjà menées et les recommandations non encore appliquées
. Veiller à alléger les coûts des prestations pour rendre les soins de qualité plus accessibles pour les populations.
PROPOSITIONS PAR DOMAINE
2.1. Infrastructures :
. Multiplier les structures de santé pour diminuer l’écart entre l’existant et les normes
. Réduire considérablement les déséquilibres et être plus juste dans la mise à disposition des soins de qualité et des soins spécialisés dans toutes les régions du pays.
. Mettre en place de véritables hôpitaux disposant de spécialités dans tous les départements du Sénégal, et des EPS de niveau 3 hors de Dakar, notamment dans les régions d’implantation des nouvelles UFR de Santé
. Equiper les structures sanitaires et veiller à la maintenance régulière, préventive comme curative, de ces équipements.
2.2. Ressources humaines :
. Implanter des UFR en santé non pas dans la précipitation et la politisation, mais de manière bien réfléchie et bien préparée ;
. Planifier la formation en fonction des besoins, notamment en spécialistes et en personnels paramédicaux pour s’approcher des normes ;
. Renforcer la structure de formation de Référence des personnels paramédicaux, l’ENDSS, pour lui donner une identité plus conforme aux exigences, une véritable Ecole Supérieure de Formation, avec toutes les mesures d’accompagnement ;
. Bien encadrer la formation privée (cahier de charges) ;
. Augmenter l’effectif en formation pour tendre vers les normes, dans le cadre d’une planification correcte, et dérouler le plan de redéploiement des RH proposé en 2005.
2.3. Financement de la Santé :
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 221
. Inverser la tendance en minimisant l’apport des populations ;
. Trouver un système qui prenne en charge les soins aux démunis, aux sujets âgés, aux personnes vivant avec un handicap ;
. Arrêter la balkanisation des financements et définir les priorités par nous-mêmes ;
. Exiger une meilleure implication des collectivités locales dans le financement de la santé, les infrastructures, les équipements ;
. Revoir la structuration des budgets, leur mode de confection, l’accessibilité effective aux fonds et à temps ;
. Chercher à éradiquer la corruption à grande échelle, à tous les niveaux
2.4. Management du système :
. Revoir l’organigramme du Ministère pour le rendre plus cohérent :
- Mettre en place une Direction Générale de la Santé forte qui coiffe toutes les autres Directions et des Directions Régionales ;
- Séparer le Laboratoire du Médicament avec deux Directions autonomes ;
- Mettre en place une Direction Nationale de la Santé Bucco-Dentaire ;
- Revoir la structuration dans le sens de mieux organiser et coordonner la lutte contre les différentes maladies ;
- Mettre en place un véritable corps d’inspecteurs de la Santé, multidisciplinaire.
. Instaurer le Management par la qualité avec un système de contrôle en vue d’une amélioration continue ;
. Faire de la lutte contre la corruption une priorité ;
. S’agissant des Hôpitaux :
- Veiller à l’application stricte de la loi portant Réforme hospitalière et donner plus d’autorité aux instances comme le Conseil d’Administration et la CME, notamment dans la nomination des Directeurs d’Hôpitaux ;
- Mettre à la tête de chaque hôpital un Directeur Médical choisi parmi les professionnels de la Santé, par appel à candidature, secondé par un Directeur Financier et un Directeur Administratif ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 222
- Définir une politique d’investissement claire pour relever le plateau technique et mettre en œuvre des plans d’investissement qui tiennent compte des priorités ;
- Redéfinir la mission de référence des hôpitaux avec la mise en place de pools d’hôpitaux de référence regroupant des Spécialités voisines et plus orientés vers la recherche médicale ;
- Trouver une solution définitive au financement des Hôpitaux qui ne devra plus s’appuyer essentiellement sur la contribution des populations ;
- Réduire les postes de dépenses et envisager la contractualisation de certains secteurs ;
- Assurer la mise en place d’une meilleure politique de gestion des ressources humaines ;
- Envisager l’application des recommandations pertinentes de la concertation nationale de 2006 sur le système hospitalier.
2.5. Question des Laboratoires :
. Respecter les accords internationaux et les recommandations de l’OMS en matière d’organisation ;
. Donner plus de moyens réglementaires, humains, financiers, matériels et logistiques au sous système de Laboratoires ;
. Accorder plus de considération à ce secteur ;
. Planifier la formation de spécialistes pour satisfaire aux besoins ;
. Rendre accessibles les prestations de Laboratoires dans tous les départements au moins.
2.6. Question des Médicaments :
. Elargir le contrôle des médicaments aux différents lots en circulation, après l’AMM. Pour cela, renforcer le Laboratoire de Contrôle des Médicaments et rendre systématiques les contrôles ;
. Mettre en place une industrie de production de certains médicaments, des solutés et autres consommables ;
. A l’instar du Mali, mettre en place une liste de Médicaments Traditionnels Améliorés reconnus et prescrits ;
. Elaborer une Pharmacopée sénégalaise en relation avec les professionnels, et en faire une propriété nationale ; à défaut s’approprier de la Pharmacopée africaine établie par l’OUA ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 223
. Envisager la mise en place d’un Institut des plantes avec des équipes multidisciplinaires, ce qui permettra des études systématiques de plantes, l’élaboration et la mise à jour de la pharmacopée, mais aussi la production de médicaments à base de plantes.
. Bien organiser la lutte contre le commerce illicite, notamment par :
- La révision de l’arsenal juridique qui renforce les peines,
- Le contrôle plus strict aux frontières,
- L’harmonisation de la législation au niveau communautaire.
2.7. Question de l’hygiène et de la Prévention
. Ne plus séparer la Prévention de la Santé ;
. Redonner au Service d’Hygiène son autorité d’antan en lui fournissant les moyens réglementaires, humains, logistiques et financiers nécessaires à sa mission ;
. Repenser la stratégie vaccinale avec une meilleure organisation de la vaccination de routine, l’implication de ressources humaines compétentes dans les JNV, une meilleure appréciation des taux de couverture vaccinale qui doivent être établis avec plus de sérieux ;
. Redéfinir la politique de sensibilisation des populations en mettant en avant la conformité avec nos croyances, en procédant à une harmonisation des messages, et en impliquant davantage les médias dans le cadre d’un partenariat ;
. Réfléchir à la mise en œuvre d’une vaccination préventive contre notamment les épidémies de méningite.
2.8. Domaines sociaux
. Personnes vulnérables :
- Améliorer l’accessibilité physique et financière des soins de qualité aux personnes vivant avec un handicap ;
- Réviser le plan sésame pour les sujets âgés en clarifiant et en rendant effective la prise en charge des soins ;
- Organiser la formation de spécialistes des maladies du sujet âgé et rendre accessibles les soins spécialisés dans toutes les régions du pays ;
- Rendre possible la prise en charge des soins aux sujets âgés avec les imputations budgétaires et lettres de garantie délivrées à leurs enfants ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 224
- Améliorer la prise en charge de la santé maternelle par la formation de ressources humaines compétentes en nombre et à disposition dans toutes les régions ;
- Evaluer la politique de planification familiale et de césarienne quasi systématiques, en mettant en avant les intérêts des populations ;
- Mettre en place une politique du « mieux d’enfants » à la place du « moins d’enfants ».
. Revendications syndicales :
- Evaluer les accords signés entre les syndicats de professionnels de la Santé et le gouvernement en vue d’une application correcte dans l’intérêt général ;
- Etablir un partenariat sain entre la tutelle et les différents acteurs de la santé ;
- Instaurer un dialogue permanent pour évaluer le partenariat et prévenir les situations conflictuelles.
2.9. Médecines sectorielles
* Maladies chroniques :
. Elargir et pérenniser la prise en charge décentralisée des maladies chroniques comme c’est le cas du diabète. Pour cela, il faut mettre en œuvre les pertinentes recommandations de la concertation nationale de 2006 sur la question ;
. Mettre à disposition les moyens nécessaires pour dérouler des programmes de prévention, de détection et de lutte contre ces maladies ;
. Relever les plateaux techniques des hôpitaux et renforcer les ressources humaines qualifiées.
* Maladies endémiques et épidémiques
. Revoir l’organisation de la lutte contre les maladies endémiques en vue d’une meilleure coordination (organigramme, financement, activités) ;
. Evaluer et réorganiser la politique de lutte contre les maladies épidémiques ;
. Impliquer davantage les autres secteurs indispensables à la maîtrise de ces fléaux (habitat, assainissement, environnement, hydraulique…) ;
. Mettre à disposition les moyens nécessaires à la lutte grâce à un système de réaffectation des ressources.
* Médecine d’urgence & Prise en charge des Accidents
. Mettre en place une structure de prise en charge pré-hospitalière des urgences avec un système de communication et un système d’évacuation et d’accessibilité des patients ;
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 225
. Améliorer la prise en charge de toutes les victimes d’accidents grâce à une cellule de veille type comité national impliquant tous les ministères concernés et bien coordonnée ;
. Mettre en place des unités de soins de longue durée, à mi-chemin entre l’hôpital et la maison;
. Elaborer et mettre en œuvre une véritable politique de prévention des accidents, sur toute l’année, ayant des cibles variées, pour un changement réel de comportement ;
. Veiller à l’amélioration notable des capacités des personnels de santé aussi bien médicaux que paramédicaux ;
. Créer un registre national des Accidents mettant en place une base de données commune et qui permet d’avoir des statistiques fiables et complètes.
* Santé bucco-dentaire
. Mettre en place une Direction Nationale stable de la Santé bucco-dentaire ;
. Réglementer l’ouverture des cabinets dentaires privés et motiver les dentistes privés qui s’installent à l’intérieur du pays, par exemple par une baisse des taxes qui contribuerait à faire baisser les tarifs des soins ;
. Elaborer et appliquer un vaste programme de prévention de la carie dentaire dans les écoles ;
. Reprendre la formation de Techniciens Supérieurs en Odontologie (pas seulement en prothèse) ;
. Etablir avec les professionnels une liste de produits essentiels à la prise en charge des maladies dentaires pour les dispenser de taxes.
* Médecine traditionnelle
. Rassembler toutes les réflexions sur la Médecine traditionnelle, en rapport avec les concernés;
. Impliquer les tradipraticiens dans la mise en place d’une pharmacopée nationale ;
. Réglementer le secteur afin de protéger les populations des usurpateurs de fonction.p
* Réglementation et exercice illégal de la Médecine
. Rassembler l’arsenal juridique et réglementaire pour en faire un Code de la Santé complet et opérationnel ;
. Contrôler l’application effective des textes réglementaires et des lois ;
. Veiller à protéger la santé des populations contre les charlatans ;
. Lutter efficacement contre l’exercice illégal de la Médecine et les publicités interdites.
IV. Conclusions
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 226
Les investigations menées ont montré que la plupart des maux dont souffre le secteur de la santé sont liés à un problème de management qui explique la mauvaise gestion, le non respect des engagements, l’absence de contrôle et de sanction, la non application des recommandations.
Beaucoup de réflexions ont été menées avec des conclusions pertinentes ; leur application constituerait un début de solution à la plupart des problèmes soulignés.
La santé coûte cher au Sénégal, alors que beaucoup d’argent a été mis à disposition par la contribution des populations, par l’Etat du Sénégal et par les partenaires au développement. Il est possible, par une répartition juste et équilibrée des moyens, de parvenir tout au moins à inverser la tendance : la contribution des populations à l’effort de financement de la santé doit rester symbolique conformément à l’esprit d’Alma Atta.
La corruption constitue un fléau très répandu dans le secteur et engloutit des sommes faramineuses ; la lutte contre ce phénomène doit figurer parmi les priorités.
ASSISES NATIONALES
Commission « Droits Economiques et Sociaux – Valorisation des Ressources Humaines »
Développement Social »
JOURNEE D’ETUDES DU 27 SEPTEMBRE 2008-09-11
PLAN DE L’ ETUDE
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 227
I. POLITIQUES SOCIALES AU SENEGAL
Sigles
Indicateurs de base sur le pays
Définitions
Introduction
II. ETAT DE LA QUESTION
1) Le contexte de mise en œuvre des politiques publiques
A/ Le profil du pays
a ) Observations générales et difficultés de développement
Caractéristiques physiquesi. Données climatologiques
ii. Données hydrographiques Démographie et conditions de vie Structures politiques et administratives
b ) Principaux facteurs économiques et sociaux
Structure productive de l’économieiii. L’offre domestiqueiv. La demande intérieurev. Le secteur extérieur
vi. Les finances publiques
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 228
Economie et pauvretéi. Développement des facteurs sociaux
ii. Prévalence de la pauvreté et lenteur des progrès
B / Politiques et Stratégies de développement
a ) Orientations de développement de1960 à 2000 : l’ajustement structurel
b ) Orientations et Réformes en cours : les programmes de lutte contre la pauvreté
c ) Les résultats
d ) Au plan macroéconomique
e ) Au plan du développement local
f )Au plan du développement humain
2) Les défis
III. ANALYSE DES EFFETS
1) Analyse stratégique des problèmes de développement
A / La Pauvreté
a ) La situation de référence
b ) Les contraintes
c ) Le rôle et la responsabilité des acteurs
d ) Les axes stratégiques
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 229
B / La Faim et la Malnutrition
C / Les Discriminations et Clivages
D / L’Accès aux Services Sociaux de Base
E / Conclusion
2) Considérations générales
A /Pauvreté ou Paupérisation ?
a ) Le Discours sur la pauvreté
b ) La Question agraire
c ) Le Monde du Travail
d ) La paupérisation
B / L’Afrique face aux défis
a ) L’Afrique « marginalisée » ?
b ) L’adoption du libéralisme ?
c ) Sortir de la Pauvreté
Voir enfin la réalité en face Les mirages de la Croissances et des Investissements Extérieurs Améliorer les performances de l’économie réelle
C /Le rôle de la Protection Sociale dans l’émergence d’un régime de développement soutenable
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 230
a ) Le Système de Protection sociale au Sénégal
b ) Les Politiques Sociales dans le 1/3Monde : l’Assurance, l’Assistance, l’Absence
c ) Une Protection Sociale à vocation Universelle
d ) L’élimination de la pauvreté par la Protection Sociale
3- Que Faire ?
A / Changer de Regard !
B / Poser les Bases d’une Stratégie de Développement Véritable
C / Combiner des Formes Etatiques et Non - Etatiques de Socialisation
IV. PROPOSITIONS ALTERNATIVES POUR UN DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL ENDOGENE, PARTICIPATIF, DEMOCRATIQUE
1) Une Mondialisation plus juste
2) Un Projet Social Progressiste
A / Les Postulats
B / Les Options (Une Révolution du Regard)
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 231
C / Les Politiques et les Mesures
a) La Stratégie de Développementb) Une Politique Sociale Cohérentec) Une Gouvernance basée sur la Démocratie Participatived) Une Diplomatie fondée sur des Avantages Mutuelse) Un Renouveau National, Culturel et Intellectuel basé sur les
Valeurs, la Rationalité et la Créativité
3) Recommandations
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » Annexes 232
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I. DEVELOPPEMENT SOCIAL AU SENEGAL.
SIGLES
INDICATEURS DE BASE SUR LE PAYS
DEFINITIONS ET PROBLEMATIQUES.
Le Droit
Le droit est à la fois une règle de vie sociale et la règle qui régit les rapports entre les hommes groupés dans des liens sociétaires ; ces sociétés (constituées en vue d’une fin et pourvue d’une organisation au service de cette fin), pouvant être temporelles ou spirituelles, privées ou publiques, nationales ou internationales.
Si on se limite à l’ordre profane et sans sortir du cadre national, l’Etat a la prééminence et, par conséquent, son Droit prévaut. Dès cet instant, il n’est de règle de droit que celle posée (ou reçue et agrée) par l’autorité publique dont les organes qualifiés édictent les règles de conduite nécessaires.
Le Droit occupe, dans le monde « occidental » une place de premier plan. Il est regardé comme le grand régulateur de la vie sociale.
Héritiers de Rousseau et de Montesquieu, Kant et les rédacteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 demandaient au droit d’assurer « la coexistence des libertés » : la vie en commun de citoyens dont la liberté eut été absolue s’ils n’avaient du reconnaître aux autres des prérogatives identiques aux leurs.
Pour eux, cette mission incombait, plus exactement, à la loi. Un législateur, organe de la souveraineté populaire, devait être institué précisément pour poser les normes de la vie sociale.
Le droit, dans cette conception, s’impose à tous sans que des règles venues d’autres sphères (la morale, la politique) puissent interférer avec le jeu des siennes. Son autorité est exclusive. D’autre part il n’est rien qui puisse lui échapper entre personnes humaines.
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264
A la réflexion, pourtant, on découvre que cette conception a au moins besoin d’être nuancée. Le droit comparé a même permis d’établir qu’elle est rejetée dans diverses communautés. Loin que l’autorité du droit y soit sans partage, on observe, autour de la loi, une série de réalités importantes qui, elles aussi, règlent la vie sociale : les mœurs, les coutumes, les usages, la jurisprudence, la doctrine, le contrat avec toutes ses variantes…
Il suffit au surplus à un Européen de franchir la Manche pour trouver en Angleterre un droit contenu en principe dans des décisions judiciaires issues de vieilles coutumes et ou la loi, quelle que soit son importance de fait, n’est théoriquement qu’une exception.
Une fois le droit défini, comment croire qu’il puisse être totalement indépendant de la morale, alors qu’on admet qu’il est l’instrument de la justice et qu’il doit faire une certaine place à l’équité ?
Il est vrai que, dans des nations laïques et idéologiquement divisées, le droit ne doit pas chercher à imposer une morale plutôt qu’une autre. Il ne peut que refléter les règles de la morale admises par l’ensemble des citoyens.
Dans d’immenses communautés humaines en revanche, le droit est lié, non seulement à une morale, mais à une religion. On a pu dire ainsi que, dans le monde musulman, le droit n’était qu’une des faces de la religion.
L’hindouisme ne voit pas d’une manière très différente la place du droit. Dans la conception juive, également, Dieu est partie aux relations entre les hommes ; le devoir à son égard l’emporte sur les droits de ceux-ci. De même les droits coutumiers africains sont sacralisés. L’élément juridique et l’élément religieux sont indissociables.
Comment croire aussi que le droit puisse être indépendant de la politique ?
A l’ Etat gendarme dont on avait pu rêver au XIX° siècle, s’est substitué un Etat providence, qui proclame le droit de chacun à la santé, à la sécurité, à l’éducation, au travail, et qui considère de son devoir d’aider au développement des personnalités. Le droit dès lors concourt à une politique sociale.
Mais à vrai dire n’est-il pas toujours l’instrument d’une politique puisque celle-ci est l’art d’aménager la société dans l’intérêt général ? Leurs objectifs s’exprimant à peu près dans les mêmes termes, comment pourraient-ils rester séparés ?
On voit combien fragiles et contingentes sont les idées, encore largement répandues, de la souveraineté exclusive du droit sur la société.
L’idée que le droit puisse et doive tout régir n’est pas davantage partagée par tous. Si dans le monde occidental, l’homme attend de chacun de ses gestes qu’il soit juridiquement « défendu » ou « permis » ; dans de vieilles sociétés pourtant, le droit, loin de tout régir, est totalement effacé devant les devoirs, les usages et les rites.
Dans les plus vieilles civilisations, en Chine, au Japon, en Asie plus généralement, les obligations morales et sociales, les rites de la vie en société sont suffisamment puissants pour que des règles juridiques apparaissent inutiles ou choquantes par leur brutalité.
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Dans la région de Kolda, de ce qui fait la fierté de la plupart des communautés villageoises, compte le fait de n’avoir jamais eu recours à l’arbitrage d’un tribunal (indicateur évident du recul de la sagesse et de l’harmonie).
….Il est vrai que les transformations de l’époque contemporaine contraignent ces sociétés à faire une certaine place au droit.
Mais si l’on constate à quel point l’idée, issue de la Déclaration de 1789, selon laquelle « tout ce qui n’est pas défendu est permis » a banni des sociétés occidentales toute considération de morale sociale, toute idée de juste prix ou de bénéfice raisonnable, et si l’on pense à toute la réglementation économique et sociale qui pallie mal cette carence ; comment ne pas sentir, avec la pensée orientale ou africaine traditionnelle, qu’une société obligée de se fonder sur le droit est une société barbare ?
Il faut essayer de se placer au-dessus des idées reçues dans tel continent ou dans tel autre. On admettra sans doute alors que le droit n’est qu’une des techniques de l’organisation de la société, qu’il n’est ni exclusif ni omnipotent. Les forces économiques et politiques et les aspirations vers plus de justice influent sur le droit et, à coté de lui, modèlent la société. On peut même regretter que la morale sociale, qui fait appel à la conscience et non à la contrainte, ne joue pas, auprès de lui, un rôle plus important.
Il faut pourtant « croire » au droit.
Son rôle n’est pas seulement d’assurer l’ordre et la paix, mais de promouvoir plus de justice dans une société constamment corrompue par l’égoïsme individuel et collectif des hommes et ainsi, en définitive de promouvoir l’homme lui-même. Il est l’instrument le plus direct et efficace pour modifier les structures et les institutions. Il change les psychologies mêmes : qui songerait aujourd’hui à défendre l’esclavage et la ségrégation raciale, à s’indigner des congés payés et demain de la participation du personnel ? Le droit est créateur d’avenir !
A l’échelle du monde, les diverses nations, ont, comme les citoyens d’une communauté, à vivre ensemble ; et on y observe à nouveau l’insuffisance mais aussi la nécessité du droit international public. Par les règles qu’il pose et les institutions dont il assure le fonctionnement il peut contribuer à réduire le nombre des conflits.
Mais parce que sa force est moins contraignante que dans le cadre national, on voit plus clairement qu’il ne peut suppléer aux consciences.
Et pourtant, le problème, là encore, n’est pas seulement d’assurer la coexistence des libertés, mais dans un monde ou les deux tiers des hommes vivent dans un état de misère tragique, le développement des personnalités : le développement humain. C’est dire la carrière qui s’ouvrira au droit lorsque l’homme aura pris une conscience planétaire de sa solidarité
Droits de l’homme
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Les droits de l’homme sont les droits dont disposent toutes les personnes, en vertu de leur condition humaine, pour vivre libres et dans la dignité.
Ces droits confèrent à chacun des créances morales sur le comportement des autres individus, ainsi que sur la structure des dispositifs sociaux.
Les droits de l’homme expriment notre engagement le plus profond à assurer un accès universel aux biens et aux libertés pour vivre dans la dignité.
Devoirs et obligations.
Les devoirs et obligations, termes équivalents, constituent des normes.
Les Normes définissent la façon dont les individus et les autres acteurs de la société doivent se comporter.
Certains devoirs et obligations exigent seulement de quelqu’un qu’il s’abstienne de faire quelque chose. D’autres exigent d’entreprendre une action ou l’une des actions faisant partie d’un éventail d’actes admissibles.
Droits de l’homme et Devoirs corrélés.
Les droits de l’homme renvoient à des devoirs et obligations.
Sont appelés débiteurs d’obligations les individus, groupes et entités collectivement responsables de la réalisation des droits de l’homme. Ce sont ces responsables qui doivent rendre des comptes si le droit en question n’est pas réalisé.
Lorsqu’un droit est bafoué ou insuffisamment protégé, c’est forcément qu’une personne, ou une institution, a failli à son devoir.
Les devoirs parfaits indiquent à la fois comment un devoir peut être accompli et au profit de qui.
Antinomies.
La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de1948 proclamait entre autres que « L’homme a des droits contre l’Etat que l’Etat lui assure.» Cette affirmation, rationalisation contemporaine d’un long processus historique, n’a jamais été davantage contredite par la réalité.
Plus des deux tiers des Etats membres des Nations Unies la violent délibérément, alors même qu’ils ne cessent, toujours plus nombreux, de ratifier des déclarations de portée supra étatique, voire universelle. L’Etat, sujet souverain du droit international, oppose un cran d’arrêt redoutable aux tentatives modernes de penser conjointement les droits individuels et la démocratie.
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Face à un bilan jugé accablant, on est tenté de porter le regard sur les mécanismes institutionnels, politiques et juridiques tenus pour responsables ou défaillants. Mais n’est-il pas nécessaire de jeter un coup d’œil sur les conditions philosophiques des fondements mêmes des droits de l’homme ? Dès l’origine, ces conditions semblent minées par des antinomies que l’histoire moderne ne fait que développer.
Au-delà d’un fonds commun, les droits de l’homme sont pensés, dès l’origine, dans les déclarations américaine (1776) et française (1789), de deux façons comprenant chacune des implications rigoureusement opposées.
Le fonds commun de ces déclarations c’est l’affirmation (en référence aux théories du droit naturel moderne) de l’égalité fondamentale des individus et de l’existence de droits subjectifs qui viennent limiter les pouvoirs de l’Etat.
Les Déclarations américaines de 1776 reposent sur l’idée que la société, par son fonctionnement naturel, réalise presque automatiquement les droits de l’homme, pourvu que l’Etat limite ses interventions. « Les droits naturels trouvent une juste équivalence dans les lois régissant le commerce et le les relations humaines, et les personnes privées obéissent à ces dernières parce qu’elles y trouvent immédiatement leurs intérêts et non parce que l’Etat impose des lois formelles sous peine de sanction. » La philosophie n’a pas besoin de se préoccuper elle-même de sa réalisation.
Les concepteurs de la Déclaration française de 1789 sont persuadés que, « contrairement à la conception libérale de l’harmonie naturelle, les lois naturelles de la société ne s’accomplissent pas avec la nécessité d’un ordre physique. » Dès lors, cet ordre doit être porté au pouvoir sur la base de la connaissance philosophique et à l’aide du pouvoir politique…puisque l’harmonie recherchée ne saurait naître naturellement du jeu égoïste des intérêts immédiats…
Alors même que leurs contenus sont pratiquement identiques, les deux déclarations sont portées par deux conceptions des droits de l’homme fondamentalement différentes et qui continuent, aujourd’hui encore, de s’affronter dans nos sociétés contemporaines.
Les Créances .
Les Déclarations américaine et française insistaient surtout sur la liberté et sur les limites de l’Etat.
La Constitution de 1791 évoquait certes un autre type de droits de l’homme : non pas seulement des pouvoirs d’agir (libertés) mais aussi « des pouvoirs d’obliger » (créances) l’Etat à assurer un certain nombre de services. On peut lire en effet dans son titre premier : « il sera crée et organisé un établissement général de secours publics pour élever les enfants abandonnés, soulager les pauvres infirmes et fournir du travail aux pauvres valides qui n’auraient pu s’en procurer…Il sera créé et organisé une instruction publique, commune à tous les citoyens, gratuite à l’égard des parties d’enseignement indispensables à tous les hommes… »
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Ce sont la Constitution de 1848 et surtout celle de1946 qui mettront l’accent principal sur les devoirs de l’Etat, c’est-à-dire sur les exigences que le citoyen est en droit de faire valoir. La Constitution de1848 reconnaîtra l’existence d’un devoir pour la République « d’assurer l’existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail…soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler »
La Constitution de1946 ira plus loin pour ajouter véritablement, à l’exigence d’une « démocratie politique » (droits-libertés) celle d’une « démocratie sociale » (créances). Des créances portant sur « la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos, les loisirs, l’accès à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture… »
Il n’est pas aujourd’hui une déclaration des droits de l’homme, qu’elle émane d’une nation, d’une organisation internationale qui ne mentionne, à coté des droits-libertés, des créances dont le nombre et la qualité sont par définition indéfinissables à priori.
L’apparition de ces nouveaux droits introduit inévitablement des modifications dans la conception des rapports de l’Etat et de la société et nous mène vers une tout autre conception de la démocratie ; une démocratie non plus libérale mais sociale…qui donnera aux Déclarations sur les droits de l’homme tout leur sens et qui réalisera le « droit humain ».
Mais ce droit s’interprète désormais comme un droit social : l’homme est par nature un être social.
Certes l’ordre fondé sur « le droit individuel » n’exclut pas la charité ni l’assistance, mais celles-ci sont livrées aux aléas du simple devoir moral : « à ce devoir de l’Etat ne correspond pas un droit chez celui qui en est l’objet » (G. Burdeau, Le Libéralisme).
Au contraire, il s’agit désormais de revendiquer au nom de « l’individu social » la reconnaissance juridique d’une protection contre le malheur et même d’une garantie de bonheur.
L’individu est considéré comme un «ayant droit » dont les revendications ne se limitent pas au simple exercice, même effectif, de sa liberté et de sa citoyenneté, et l’Etat ne saurait demeurer passif, il doit intervenir, à travers une série d’obligations positives, comme promoteur d’un intérêt collectif dont il a le devoir d’assurer la réalisation par l’intermédiaire d’un nombre toujours plus grand de services rendus à la collectivité.
Cette nouvelle conception de l’ordre juridique ne supprime pas les droits individuels, elle les élargit en les fondant sur la solidarité sociale, désormais complémentaire de la liberté, de l’égalité ou de la fraternité.
Droits Sociaux.
Après la reconnaissance progressive, au XIX° siècle et au début du XX° siècle, des droits politiques (liberté d’association, liberté d’expression, élection des représentants de la nation), les sociétés ont été marquées, au XX° siècle – outre l’extension des droits à l’autodétermination des peuples -, par l’établissement de Droits sociaux et un développement important de politiques sociales.
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Dans les constitutions, qu’elles soient française, soviétique ou indienne, les divers droits au travail, au bien-être,à la santé, au repos, ont été affirmés avec solennité. Concrètement, les gouvernements, quelle que soit leur idéologie, sont intervenus sur le terrain social pour orienter, inciter ou diriger les décisions qui permettent, de la vie à la mort, de satisfaire les besoins des populations.
Cantonné au départ aux relations employeurs-salariés, le « social » s’étend progressivement à l’ensemble de la communauté nationale.
Le Droit social comprend deux parties principales : le Droit du Travail et le Droit de la Sécurité Sociale.
Le droit du travail régit les rapports individuels entre employeur et travailleurs salariés. Prenant en considération l’inégalité qui affecte les relations de travail, le salarié dépendant juridiquement et économiquement de son employeur, ce droit apparaît comme une législation de protection conférant au salarié des droits d’ordre public, qui entraînent corrélativement pour l’employeur des obligations dont la violation peut être assortie de sanctions pénales.
Le Droit de la sécurité sociale est le droit à une redistribution financière destinée à garantir la sécurité économique individuelle des personnes qu’elle protège.
La redistribution suppose d’une part un prélèvement et d’autre part une redistribution des fonds prélevés entre les bénéficiaires : le droit de la sécurité sociale a pour objet d’aménager des techniques spécifiques de redistribution.
Le droit de la sécurité sociale est né pour protéger les salariés.
L’évolution des systèmes contemporains se caractérise par l’extension de la protection à des catégories sociales non salariées. Ainsi en France, la quasi-totalité de la population bénéficie maintenant d’une protection obligatoire de la famille contre la vieillesse et la maladie.
Le droit à la sécurité sociale a donc un champ d’application plus vaste que le droit du travail ; il intéresse l’ensemble de la nation.
La Sécurité sociale, qui, selon les pays, tend à couvrir les citoyens contre les risques du chômage, de la maladie, de la vieillesse et à garantir les revenus des familles par des mécanismes collectifs, est devenue un des éléments clefs de la politique sociale.
Son extension, plus ou moins rapide selon la richesse et surtout l’orientation politique des Etats, s’est réellement traduite par une socialisation relative des économies :
socialisation de l’Assistance, quand les revenus garantis sont généralisés mais aussi uniformes ou forfaitaires ;
socialisation de l’Assurance, quand les indemnisations prévues sont, elles aussi, généralisées mais proportionnelles – avec ou sans plafond – aux ressources antérieures des citoyens.
Il s’agit, si l’on compare la situation de ces pays à celle qu’ils connaissaient il y’a plus d’un demi-siècle, non pas d’une profonde réforme mais d’une véritable révolution silencieuse, modifiant les rouages de l’activité économique et sociale.
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En France, les prestations sociales consacrées à garantir les droits à la santé, à une vie familiale décente et à la retraite - quasi inexistantes au début du XX° siècle – représentaient 0,1% du P.I.B en 1925 ; 20% en 1970 ; 26% en 1980.
Cette part socialisée des richesses nationales atteignait en 1980, 21,4% au Royaume-Uni, 22,8% en Italie, 28 à 30% au Danemark, en R.F.A. et aux Pays-Bas.
Depuis, certains pays capitalistes ont quand même freiné cette socialisation. C’est le cas des sociétés anglo-saxonnes (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni) et des nations sœurs (Nouvelle-Zélande, Australie).
Considérée chez les uns comme un investissement humain – l’homme étant le premier de tous les capitaux – la sécurité sociale a contribué partiellement à réduire les inégalités, sans supprimer pour autant les poches de pauvreté dans les pays développés, à préserver la santé, à réduire les taux de mortalité infantile, à prolonger la vie humaine et à améliorer le niveau et le genre de vie.
Mais interprétée chez les autres comme une dépense freinant l’épargne et l’investissement industriel, la sécurité sociale demeure une notion et une institution très discutées, notamment dans les pays riches et capitalistes où le « seuil critique » de la socialisation est, selon les libéraux, atteint, voire dépassé.
Quant aux pays en développement, ils ont, dans les limites de leurs moyens, crée, eux aussi, des systèmes de sécurité sociale, le plus souvent résiduels : réservés qu’ils sont aux salariés qui ne constituent qu’une faible proportion de la population.
La sécurité sociale y progresse cependant, mais elle y subit une crise d’adaptation : calquée trop souvent sur les schémas occidentaux, elle doit encore s’ouvrir à une population rurale et à un secteur non formel qui sont exclus et en croissance importante.
La recherche de la maîtrise des dépenses sociales et d’une meilleure articulation entre politique sociale et politique économique devient dans tous les pays, une des grandes priorités pour éviter à la fois la faillite (permettre seulement le décollage) des entreprises et l’aggravation des exclusions.
Enfin, l’une des préoccupations principales de bon nombre d’organismes internationaux et de certaines nations, est de définir les moyens permettant de rationaliser les échanges et la croissance mondiale afin de ne pas aboutir à une aggravation de la guerre économique qui saperait les piliers d’une sécurité sociale toujours en chantier.
Protection Sociale.
Pour beaucoup de pays en développement, le libéralisme économique, réactualisé par la mondialisation néolibérale en cours, signifie une aggravation de l’insécurité sociale qui amplifie l’impact des forces économiques extérieures, pousse à restructurer l’économie nationale et le marché du travail, accélère le changement socioéconomique et accroît le risque social.
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Un vaste phénomène d’exclusion sociale est la conséquence des politiques d’ajustement structurel et de libre jeu des marchés introduites durant les années 80. Ces politiques, conçues principalement par la Banque Mondiale et le F.M.I., visaient la stabilité macroéconomique et budgétaire. Mais bon nombre de pays ont subi les effets de l’afflux ou du reflux de capitaux fébriles, leurs marchés ont été perturbés, supprimant d’innombrables emplois et plongeant des millions de personnes dans la misère. L’insécurité économique crée un risque social lié à un ou plusieurs facteurs tels la maladie, la vieillesse, le chômage, la perte de revenus, la taille de la famille, les conflits, les catastrophes…, et donc la nécessité d’une protection sociale. Malheureusement la capacité de l’Etat de fournir une protection sociale diminue au moment où elle est de plus en plus nécessaire.
La Protection sociale est cependant un aspect fondamental, central, du Contrat Social que chaque Etat conclut avec les citoyens et que les citoyens passent entre eux-mêmes.
Au niveau le plus fondamental, il faut entendre par protection sociale, les politiques publiques et les actions privées qui peuvent compenser l’absence ou la réduction sensible de revenus du travail, aider les familles ayant des enfants, dispenser des soins, assurer le logement des citoyens, un environnement sain…
La protection sociale prend généralement deux formes :
L’Assurance sociale ou Sécurité sociale , financée par des cotisations mises en commun par les individus ou les ménages afin de se protéger eux-mêmes contre des risques futurs.
L’Assurance sociale implique nécessairement une redistribution des contribuables en général aux personnes exposées à des risques sociaux particuliers. Par exemple quand une personne a besoin d’aide pour écarter un risque social ou pour remédier à la vulnérabilité économique et ne peut obtenir cette aide sur le marché, l’Etat intervient par le canal de l’Assurance – maladie, l’Assurance – vieillesse, l’Assurance chômage, les garanties de ressources, etc.…
L’Aide sociale ou Assistance sociale, qui englobe toutes les actions des pouvoirs publics conçues pour transférer des ressources aux membres de la société qui y ont droit en vertu de leur dénuement.
Les Associations jouent un rôle de plus en plus actif dans l’assistance sociale aux pauvres et aux groupes vulnérables :
Fondations caritatives religieuses (comités chrétiens de paroisse, comités islamiques Zakat).
Associations laïques de développement (mouvements féministes, défenseurs des droits de l’homme, mouvements écologistes…)
Mécanismes traditionnels de solidarité (groupes familiaux, groupes de quartiers ou de villages, mutuelles…)
La société civile participe à des programmes tels que l’organisation, par la communauté locale, de services de soins, de l’amélioration de l’alimentation par des cantines, des groupements de femmes ou de mères, de caisses communautaires de micro finance, par des comités locaux de préservation de l’environnement…
Les Collectivités locales devraient participer plus activement aux projets visant à développer les capacités d’organisation, à organiser des formations, à offrir une assistance juridique, à organiser des services de santé préventive et des activités génératrices de revenus…
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Une définition plus large verrait dans la protection sociale une intervention publique orientée vers la création de Capital humain dans le but d’aider les individus, les ménages et les groupes à mieux gérer le risque ; et d’aider ceux qui sont devenus incapables pourvoir à leurs besoins. Car la protection sociale non seulement implique l’Assurance sociale mais aussi renvoie à tout un ensemble de projets et de programmes nationaux qui sont précisément destinés à éliminer la pauvreté.
La protection sociale devrait aller au-delà de la formule classique d’un système de protection ciblée, résiduel, et s’attaquer aux problèmes plus profonds et plus vastes que sont :
la faiblesse des revenus, la pauvreté des moyens (santé, éducation et autres domaines d’indigence) la sécurité alimentaire, l’inégalité et l’exclusion sociales ainsi que le renforcement des capacités des pauvres (le capital social : le patrimoine des
ménages, la terre, le crédit…)De plus, elle devrait chercher l’intégration des mécanismes de protection assurée par la famille, les associations, la société civile, les collectivités locales ; en un modèle d’aide sociale visant tous ceux qui ne sont pas couverts par l’Assurance sociale : les indigents, les chômeurs, les travailleurs de l’informel, les ruraux.
Mais l’absence de Politique Sociale de Développement permettant de faire face aux problèmes sociaux, structurels ou systémiques, vient gêner entre autres facteurs la capacité des gouvernements de gérer le libéralisme économique qui est au cœur même des problèmes liés à la protection sociale.
Développement Social / Développement Humain – Politiques Sociales.
Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, on percevait le retard économique des pays que l’on devait appeler plus tard pays sous-développés.
Mais le phénomène du sous-développement était considéré comme de nature essentiellement économique et l’action pour le développement comme relevant surtout de la politique économique.
L’expérience devait vite révéler que les dimensions du problème dépassaient de beaucoup le domaine économique. Les Pays en Voie de Développement ont à la fois à transformer leurs structures économiques, à modifier souvent profondément leurs structures sociales, à changer des mentalités, tout en supportant les charges d’une explosion démographique sans précédent dans l’histoire.
Le développement apparaît désormais pour chaque pays comme un projet global de transformation de la société aux points de vue politique, économique, sociologique, culturel.
Or, quelque soit le modèle de développement choisi, on retrouve des problèmes semblables à résoudre.
En premier lieu, toute politique de développement exige à la fois l’intervention de l’Etat et une adhésion de la population. En effet un des impératifs du développement sur lequel l’unanimité se fait
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aujourd’hui, c’est que sa réalisation réclame non seulement l’adhésion de la population toute entière mais aussi sa mobilisation pour le développement, ce qui suppose une transformation de certaines mentalités et de certaines structures sociales.
Il faut donc créer « des structures de participation » de la population. Il est impossible de moderniser le secteur agricole, qui comprend la majeure partie de la population active, en s’adressant à des centaines de milliers de paysans dispersés dans tout le pays.
De plus c’est dans ce secteur que se rencontrent des blocages sociologiques importants. IL faudra donc chercher à agir sur des collectivités. Choisira-t-on la formule de la modernisation de la collectivité rurale, celle de la coopérative, celle de la ferme d’Etat ? Comment imaginer des structures de participation évolutives qui ne soient pas la transposition d’institutions ayant fait leurs preuves à l’étranger, mais inadaptées aux réalités spécifiques de nos pays ?
La politique de développement social suppose une politique de l’emploi. Dans les pays sous-développés, la politique de l’emploi doit considérer des caractéristiques spécifiques : forte croissance démographique, exode rural, clivage entre un secteur salarié et la masse des sous-employés, des chômeurs et des exclus du monde du travail.
En pays développés, le droit du travail est celui des travailleurs salariés ; ici, au lieu d’un droit du travail salarié, il fait concevoir un droit de l’emploi. Celui-ci aura, entre autres taches à résoudre, à imaginer les procédés de répartition professionnelle et géographique de la main-d’œuvre tant agricole que moderne, fournir le cadre juridique approprié de l’investissement- travail (surtout dans le monde rural), fixer les avantages du secteur salarié de manière à éviter que les salariés n’apparaissent comme des privilégiés, et limiter ainsi l’exode rural.
La politique du développement a toujours à éliminer certains obstacles sociologiques par certaines réformes dans le domaine du droit de la famille ou dans celui du régime classique d’utilisation de la terre ; ou à promouvoir certains principes tel celui de l’égalité malgré les différences ethniques, de castes, et autres discriminations ou clivages.
La croissance des pays en voie de développement dépend de l’accélération de la formation du capital. Les investissements doivent être augmentés et l’ensemble du développement, y compris le social, financé.
Cet impératif appelle une série de mesures parmi lesquelles, la mise en place d’une infrastructure bancaire capable d’assurer les fonctions de drainage de l’épargne et de distribution de crédits. L’existence de banques nationales semble incontournable.
En bref, l’objectif du développement doit être de permettre aux êtres humains d’avoir
accès aux ressources nécessaires pour bénéficier de conditions de vie décentes, de vivre longtemps et en bonne santé, de s’instruire…
Il englobe d’autres facteurs auxquels les individus sont attachés : participation, sécurité, viabilité, droits garantis…autant d’éléments qui permettent d’être créatif, productif, de vivre dans la dignité et d’avoir un sentiment d’appartenance à une communauté…C’est un Développement Humain simplement ; un processus d’élargissement des choix des individus, via l’expansion des capacités et des potentialités humaines.
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Potentialités – Capacités – Liberté.
Les potentialités humaines désignent le champ des possibles dont disposent les individus (bénéficier d’une alimentation correcte, vivre longtemps et prendre part à la vie de la collectivité, par exemple).
Les capacités représentent, elles, les différentes combinaisons des potentialités d’une personne. Elles reflètent par conséquent la liberté de réaliser des potentialités. En ce sens, développement humain et liberté procèdent des mêmes principes.
Pauvreté – Vulnérabilité .
La pauvreté humaine est un phénomène multidimensionnel. Fondamentalement, elle peut être définie comme une privation de capacités : capacité de se nourrir, de vivre en bonne santé, d’atteindre l’age adulte et de vivre longtemps, de s’instruire, de se former, de s’exprimer, de participer aux décisions notamment par des élections démocratiques, d’obtenir un emploi et un revenu décent, de défendre ses droits…
Ces privations de capacités élémentaires sont autant de limitations de droits et donc de libertés substantielles qui permettent à une personne de mener le genre de vie qu’elle souhaite.
Les pauvres n’ont pas la liberté de réaliser leurs potentialités.
La pauvreté monétaire est l’absence d’un seul élément : le revenu.
On peu préférer ce critère parce qu’on estime qu’il renvoie à la seule forme de pauvreté qui importe ou que tout manque peut être réduit à un dénominateur commun (approche des institutions de Bretton Woods).
En revanche, le concept de pauvreté humaine considère l’absence d’un revenu comme un facteur important de dénuement, mais non comme le seul. D’après ce concept, toutes les formes de pauvreté ne peuvent non plus être réduites au revenu. La vie humaine ne se résumant pas au revenu, l’insuffisance de revenu ne peut pas représenter la totalité des déficits dont souffrent les êtres humains.
La vulnérabilité, au sens général, est la probabilité de voir sa situation ou ses conditions de vie se dégrader ou s’enfoncer face aux fluctuations de la vie.
L’analyse de la vulnérabilité porte à la fois sur la nature des forces agissant sur le bien-être d’une personne, que sur son aptitude à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est exposée.
Cette double dimension, externe et interne, de la vulnérabilité serait, semble-t- il, au cœur de la stratégie de lutte contre la pauvreté définie dans le D.S.R.P. « Il s’agit tout à la fois de protéger les individus et les ménages contre les risques, les chocs et les crises auxquels ils sont soumis et renforcer leurs capacités à se défendre pour affronter ces situations sans subir de pertes sévères. »
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L’Initiative 20/20.
Le Sommet Mondial sur le Développement Social tenu à Copenhague en Mars 1995 a adopté, comme mesure pragmatique fondamentale de lutte contre la pauvreté, la mise en œuvre de ce qui est communément appelé l’Initiative 20/20 (I. 20/20).
Celle-ci consiste en un engagement mutuel des pays en voie de développement et des pays développés à consacrer respectivement 20% des dépenses du budget national et 20% de l’aide publique au développement (APD) aux services sociaux de base définis dans un sens limité et couvrant les six secteurs suivants :
Santé de base, Education de base, Eau, Assainissement, Nutrition, Santé de la reproduction et population.
Pourquoi les Services Sociaux de Base ?
Les services sociaux de base ont certaines caractéristiques spécifiques qui les distinguent des autres domaines de priorité du développement humain et justifient l’attention qu’on leur accorde dans l’Initiative 20/20 : les services sociaux de base revêtent une importance particulière dans la réduction des pires aspects de la pauvreté.
L’ignorance, la maladie, la faim sont les principaux facteurs qui perpétuent le cycle de la pauvreté.
L éducation de base, les soins de santé primaire, la planification familiale, la nutrition, l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement constituent donc des thèmes cruciaux pour briser ce cycle.
D’un point de vue économique, tous les services sociaux de base affichent un taux de rendement élevé et sont associés à des externalités très positives. En d’autres termes, la société entière pourra bénéficier de l’élargissement de la couverture de ces services et de l’amélioration de leur qualité.
La Politique Sociale.
Une démarche considère la politique sociale comme l’ensemble des mesures prises pour prévenir ou réduire les risques sociaux ou permettre aux citoyens d’y faire face.
Cette perspective est généralement attachée à l’approche des institutions de Bretton Woods qui mettent l’accent sur la gestion des risques et font une large place au marché et à la croissance.
Selon une autre démarche, la politique sociale peut être considérée comme l’ensemble des interventions que mènent les pouvoirs publics et d’autres acteurs (au niveau national et supranational), dans le libre fonctionnement des forces du marché, afin de :
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Redistribuer les ressources de ceux qui ont trop vers ceux qui n’ont pas assez, Réguler l’économie d’une façon à rehausser son objet social, Permettre l’exercice des droits sociaux et répondre aux besoins populaires de sécurité
socioéconomique, d’éducation et de santé publique soit en fournissant directement ces services soit en assurant l’accès à ces services fournis par d’autres.
En même temps, la promulgation du concept de Droits Sociaux met le citoyen à même d’exiger de son gouvernement qu’il adopte une politique sociale permettant l’exercice pratique de ces droits.
Cette perspective est attachée aux organismes des Nations Unies tel le PNUD ; elle met l’accent sur l’accroissement des recettes publiques et leur redistribution ; elle accorde un large rôle aux pouvoirs publics.
En tout état de cause, les politiques sociales effectivement adoptées dépendent en partie :
Du niveau de développement économique atteint et De la mobilisation des partenaires sociaux en faveur de telles politiques.
La politique sociale est déterminée à la fois par la croissance économique et par la vie politique d’un pays.
Un pays n’a pas besoin d’être riche pour développer la solidarité nationale, mais celle-ci aide un pays à devenir riche.
Les investissements consacrés à l’éducation, la formation, la santé et les services sont des investissements dans la croissance de la richesse nationale.
INTRODUCTION
II. ETAT DE LA QUESTION.1) Le contexte de mise en œuvre des politiques publiques.
A. Le profil du pays.a) Observations générales et difficultés de développement.
Caractéristiques physiques Population et conditions de vie Structures politiques et administratives
b) Principaux facteurs économiques et sociaux. Structures productives de l’économie Economie et pauvreté.
B. Politiques et stratégies de développement de 1960 à nos jours.
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a) Orientations du développement de 1960 à 2000 : l’Ajustement.Depuis son accession à l’indépendance jusqu’à la fin des années 70, la situation économique
et financière du Sénégal s’est constamment dégradée avec une faible croissance, un déficit chronique des finances publiques et de la balance des paiements, une inflation galopante et une dégradation du niveau de vie des populations. Pourtant, le Sénégal a bénéficié d’une aide extérieure massive qui en faisait l’un des pays les plus assistés.
Pour corriger ces déséquilibres, le pays s’est engagé, avec les institutions financières internationales, dans un processus quasi permanent d’ajustement de son économie.
Les résultats obtenus sont restés en deçà des attentes en raison principalement d’une internalisation insuffisante des réformes au plan national et d’une mauvaise gouvernance.
L’économie sénégalaise était très extravertie au moment de l’accession du pays à la souveraineté nationale.
Les rares unités de production industrielles étaient crées par des filiales de maisons mères installées en France. La majeure partie des produits de consommation courante étaient importée et notamment les biens vivriers. Son appareil productif était essentiellement structuré autour de la production des biens primaires destinés à l’exportation et de l’exploitation minière. Les échanges extérieurs avaient pour destination principale la France.
Cette dépendance vis-à-vis de la France, y compris sur le plan de la monnaie, a eu pour effet de réduire la compétitivité des produits sénégalais et de rendre les exportations du pays tributaires des fluctuations de l’économie française.
La politique économique était marquée par un fort interventionnisme de l’Etat : omniprésence dans la sphère productive, forte réglementation des activités du secteur privé, développement du secteur agricole appuyé essentiellement sur des sociétés d’encadrement jugées étouffantes. Quant à la politique industrielle, elle est marquée par la nationalisation des unités stratégiques de production. La politique monétaire, qui est commune au sein de l’UMOA, était marquée par une certaine restriction du crédit ; ce qui constituait également une contrainte à l’éclosion du secteur privé local.
Avec les chocs subis par l’économie (cycle de sécheresse, baisse des termes de l’échange, chocs pétroliers) et le déclin des secteurs arachidiers et miniers, le système commence à montrer ses limites vers le début des années 70 avec des risques évidents de crise d’insolvabilité : ralentissement de la croissance du PIB (2,8 en 1960-70 ; 2,3 en1975-80), et de sa croissance par tête qui devient négative (-0,5%).
Des politiques d’ajustement structurel sont ainsi mises en œuvre (programmes de stabilisation pour corriger les déséquilibres et des programmes d’ajustement pour relancer la croissance) :
Plan de Stabilisation à Court Terme 1979-1980, Plan de Redressement Economique et Financier (PREF) 1980-1985, Plan d’Ajustement à Moyen et Long Terme (PAMLT) 1985-1992, Plan d’Urgence et Dévaluation (ajustement monétaire) 1992-1994. Ces mesures seront accompagnées d’un vaste programme de réformes visant à réduire
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le rôle de l’Etat dans l’économie, favoriser le développement du secteur privé, assouplir la législation du travail et ouvrir l’économie sur l’extérieur.
Les restructurations vont se traduire par des compressions importantes de personnel avec toutes les conséquences sociales qu’elles induiront.
La réforme de la gestion des facteurs de production, (semences et engrais) impliquant la vente directe des engrais et semences aux paysans et la suppression de toutes subventions publiques, cela va se traduire par une hausse sensible des charges d’exploitation.
En plus des déflations de personnel, particulièrement au niveau des sociétés d’encadrement, la NPA contribuera, pour beaucoup, à la détérioration des conditions de vie des paysans, par la baisse de la productivité et des revenus agricoles.
Le réaménagement du code du travail sera marqué par la suppression des articles 35 et 199. Désormais, les employeurs peuvent recourir sans limite au contrat de travail à durée temporaire. Ces réformes, mises en œuvre dans le cadre de la NPI, vont fragiliser les entreprises à faible compétitivité ainsi que les ménages. Par leur caractère brutal, elles ont également conduit à un effritement du tissu industriel et à précarisation de l’emploi.
Toute une série de réformes ont aussi porté sur des privatisations partielles ou totales, la dissolution de certaines sociétés, la réduction des subventions aux entreprises publiques jusqu’à 50% en1990. Le processus de désengagement de l’Etat ainsi entamé aura des incidences directes sur les populations par la réduction du nombre d’emplois.
Une des mesures du PAMLT concerne le gel des dépenses salariales dont la part dans le budget passe de 52 à 49% du fait du blocage des recrutements et avancements et du non remplacement des retraités et des décédés.
Après la dévaluation, les mesures prises avec l’aval de l’Assemblée Nationale, à l’endroit des services sociaux de base n’ont fait qu’accentuer l crise sociale : les prix des denrées ont subi des hausses de 20 à 35% ; les tarifs de l’eau, de l’électricité, des télécommunications ainsi que ceux des produits pétroliers ont connu des augmentations du même ordre.
*La stratégie de développement du pays pour la période 1996-2001 est définie, dans le IX° Plan d’orientation pour le développement économique et social dénommé « Compétitivité et Développement humain durable ».
En vue de renverser les tendances négatives susmentionnées, les autorités sénégalaises ont développé des mécanismes de concertation et des processus de participation à divers niveaux de décision.
Bien que toutes les politiques d’ajustement structurel font du secteur privé moderne l’acteur principal du développement économique et social, le secteur privé structuré n’est pas parvenu à jouer un rôle plus marqué pour stimuler la croissance. Son expansion est insuffisante (14% en 1993-94, 17% en1994-95, 18% en 1996-97) et le taux d’investissement privé est trop faible pour assurer des gains de productivité suffisants à l’économie (13,1% en 1998) à cause principalement :
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De l’étroitesse du marché intérieur (découlant justement de l’ajustement qui par la paupérisation croissante des populations a contribué à la baisse de la demande solvable).
De l’absence d’infrastructures de transports permettant de tirer profit des opportunités sous-régionales pour l’accroissement des exportations.
Du caractère individuel ou familial de l’entreprise avec un mode d’exploitation qui ne met pas en avant les intérêts de l’entreprise elle-même.
Du manque de transparence dans la gestion, motivé par l’évasion fiscale, cause de la méfiance des partenaires et des difficultés dans l’accès au financement.
De l’insuffisance de fonds propres des entreprises privées pour assurer leur expansion. Des lourdeurs dans l’agrément, du manque d’équité dans le traitement des acteurs du
secteur privé par l’Etat (des distorsions voulues sont pratiquées en faveur de certaines entreprises).
La mise en place, depuis plus de six ans, d’une stratégie d’ajustement global de l’économie a eu des effets macroéconomiques positifs ; certains résultats économiques et financiers dépassant même les objectifs initialement fixés.
C’est le cas du taux de croissance du PIB qui après avoir connu des frémissements en 1994, s’est placé dans une tendance favorable les années suivantes. Ainsi il a été estimé à 5,6% en 2000 malgré les perturbations dans l’approvisionnement en énergie électrique du pays. Grâce à la lutte contre la hausse des prix, le taux d’inflation mesuré par des prix à la consommation, est passé de 32,1% en1994 à 8,1% en 1995 pour se situer à 0,7% en 2000. On note également qu’à la fin 2000les opérations financière de l’Etat se sont soldées par un déficit de 2% du PIB, contre 3,5% en 1999.
Les réformes mises en œuvre dans le cadre des programmes d’ajustement, initiées pour assainir le cadre macroéconomique afin d’instaurer une croissance durable et équitable, n’ont eu cependant qu’une faible incidence sur les conditions de vie des populations.
Cette faible incidence s’explique par leur faible capacité à créer des emplois. Le faible niveau des emplois est lié principalement à la faiblesse de l’investissement et l’atonie de l’agriculture et de l’industrie.
Les performances réalisées en matière de stabilisation se révèlent fragiles et insuffisantes au regard de la persistance du chômage, de la profonde dégradation des conditions de vie des populations et de l’expansion de la pauvreté. Si l’on n croit l’Enquête sur les priorités (ESP 1991) et l’Enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM 1994), on serait passé en quatre ans de 33% à 58% des ménages vivant au-dessous du seuil de la pauvreté. La pauvreté affecte beaucoup plus les zones rurales où 79% des ménages sont pauvres.
Même si les politiques mises en œuvre ont favorisé une reprise de la croissance, elles n’ont pas permis de relever le niveau de vie des populations. La crispation autour de l’équilibre financier de court terme a occulté les problèmes fondamentaux de développement.
L’analyse de la nature et des déterminants de la politique sociale au Sénégal durant cette période montre une inadéquation entre e niveau et la structure des dépenses publiques avec les objectifs de développement social affichés par le Gouvernement d’une part, et d’autre part, avec les impératifs de développement durable.
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En matière de santé, le Sénégal est resté confronté à une situation médiocre qui a eu des conséquences négatives sur la productivité de la main d’œuvre, la richesse des populations et sur le processus de développement en général. L’une des principales limites a été la faiblesse de la demande effective par rapport à la demande notionnelle, traduisant des besoins sanitaires insatisfaits.
L’accès à la santé a été également limité par la faiblesse de l’offre, tant en termes quantitatifs que qualitatifs du fait notamment des déficits dans la fourniture des biens et services sanitaires, dans la production nationale de médicaments de base, et du fait du défaut d’une politique d’entretien des infrastructures, de formation et de motivation du personnel. Malgré les efforts faits pour atteindre la recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) fixée à 9% du budget national, les ressources allouées à ce secteur sont en 2000 inférieures à ce montant (7,26%) et, en tout cas, ne permettent pas d’édifier une offre suffisante pour satisfaire la demande. La couverture sanitaire est demeurée très faible : seuls 65% de la population accèdent à un service de santé à moins de 5km, et il y a seulement 01 médecin pour 13.210 habitants.
Certes, plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre de différents plans, programmes et réformes entrepris par l’Etat. Cependant en 2000, les indicateurs de santé continuent à montrer de faible résultats : l’espérance de vie n’est que de 52 ans ; sur 1000 naissances vivantes, 70 décèdent avant un an et 145 avant cinq ans ; le taux de mortalité maternelle est estimé à 510 cas pour 100.000 naissances vivantes. L’infection VIH/Sida a progressé malgré la faible prévalence ; un enfant sur cinq souffre d’insuffisance pondérale dont 8% présentent un état de sous- nutrition chronique ou émaciation ; le paludisme demeure la première cause de morbidité avec 25% des cas déclarés et la prévalence de la diarrhée touchait encore 26% des enfants âgés de moins de cinq ans. En plus, ces chiffres cachent des disparités importantes selon le milieu de résidence.
On a pu souligner de fortes disparités régionales dues à une trop grande concentration de l’offre, des différences de niveau dans les besoins plus prononcés chez les femmes et les enfants, ainsi qu’une gamme très inégales des revenus des populations dans un système où l’individu accédait aux soins en fonction et de ses besoins et de ses propres capacités à les financer.
En matière d’éducation, si la couverture s’est améliorée, l’accès des pauvres à l’éducation est resté limité. En effet, malgré le niveau élevé des ressources allouées à l’éducation, l’offre est toujours restée très inférieure à la demande et les indicateurs montraient que le Sénégal restait confronté à une situation préoccupante. L’analphabétisme touchait 59% de la population totale et 71,5% de la population féminine. En 1999/2000, le taux brut de scolarisation dans l’élémentaire (65,8%) n’a presque pas évolué par rapport à son niveau de l’année précédente et cachait d’importantes disparités dans l’accès à l’éducation selon le sexe (73,5% chez les garçons contre 58,1% chez les filles), la zone de résidence ou le niveau de vie. Le niveau d’encadrement estimé par le ratio élèves/ maîtres à 65 en moyenne était significatif de la faible qualité de l’enseignement primaire.
Le marché du travail se caractérisait essentiellement par une augmentation rapide de la demande d’emploi face à une insuffisance de l’offre, aussi bien en quantité qu’en qualité. Chaque année la croissance démographique déverse sur le marché de l’emploi un supplément qui accroît la demande nationale. Le rythme d’accélération de cette demande est plus prononcé dans les zones urbaines (du fait de l’exode rural), chez les jeunes (compte tenu de la structure démographique par age) et, dans la dernière période, chez la population féminine (à cause de l’augmentation du taux
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d’activité). La faiblesse de l’offre d’emploi est restée liée aux facteurs structurels de l’économie sénégalaise, notamment à une croissance peu dynamique tirée par des secteurs peu créateurs d’emploi (l’agriculture et le tourisme, bien qu’utilisant une main d’œuvre importante, pérennisent difficilement les emplois du fait du caractère saisonnier de leurs activités), à la réduction d’emplois dans les secteurs public et parapublic dans le cadre du rétablissement des grands équilibres économiques et à l’assouplissement de la législation du travail introduite pour attirer les investissements. Le marché de l’emploi sénégalais s’est caractérisé dans la période par la destruction d’emplois dans le secteur moderne de l’économie (notamment dans les entreprises non financières, les sociétés d’assurances et la fonction publique) face à une forte évolution des emplois dans l’économie informelle. Par ailleurs, le secteur informel dominait et domine toujours les activités du secteur privé : la part de celui-ci dans le PIB était de 85%, dont près de 60% venant du secteur informel contre 25% du secteur structuré ; au moins 50% de l’emploi dans les zones urbaines étaient fournis par le secteur informel.
Le système d’information d’alors ne permettait pas d’avoir une connaissance fine du marché de l’emploi mais une augmentation du chômage urbain était perceptible qui était plus prononcée pour la tranche d’age 15-34 ans et qui affectait davantage les femmes. Face à cela, il faut cependant souligner que de plus en plus de femmes sénégalaises accédaient à des postes de responsabilité technique et de direction, tant au niveau central que régional. En effet, 4 sur 29 ministres (soit 13,8%) et 2.013 conseillères rurales, régionales et municipales sur 13.920 (soit 14,5%) étaient des femmes en 2000.
En ce qui concerne le cadre de vie des populations, l’exode rural vers des pôles économiques en zone urbaine, combiné à une croissance démographique annuelle de 2,7% ont rendu difficile un développement spatial adapté aux objectifs économiques et sociaux.
Les difficultés d’accès au logement, l’occupation irrégulière de l’espace ainsi que l’absence d’infrastructures sociales de base étaient des problèmes récurrents qui n’ont pas été résolus par les politiques sectorielles de l’habitat. Ces problèmes étaient en relation avec la dégradation de l’environnement. Dans le secteur de l’habitat, les politiques publiques ont été confrontées à un manque très important de dispositions réglementaires, à l’absence de mécanismes de contrôle efficace, à une faible délimitation des responsabilités et à une lourdeur des formalités administratives.
L’offre de logement a été inadaptée aux besoins des populations ce qui a créé une occupation anarchique et à l’érection d’installations incompatibles avec un cadre de vie favorable à un développement humain durable.
Les coûts financiers ont été exorbitants pour les populations, les exonérations prévues par la loi en faveur des couches les plus pauvres n’ont pas eu, dans la pratique, l’effet escompté.
Dans l’ensemble, force est de constater, le faible impact sur le niveau de vie des populations des politiques de développement mise en œuvre les vingt années allant de 1980 à 2000 et l’échec relatif des programmes d’ajustement structurel.
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L’ampleur et la gravité de la situation se sont traduites par un appauvrissement croissant des populations, la persistance de la corruption mais aussi par une aspiration des citoyens à participer davantage à la gestion des affaires.
Malgré un certain allègement, la dette extérieure a constitué un lourd fardeau pour l’économie. Cela explique que le Sénégal ait bénéficié de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Dans ce cadre, le gouvernement s’est engagé auprès des institutions de Bretton Woods à élaborer un Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté.
b) Orientations et réformes en cours : les programmes de lutte contre la pauvreté.
Le contexte
Pour l’essentiel, les politiques et tendances économiques n’ont pas connu de rupture suite à l’alternance politique intervenue au Sénégal à la fin du premier trimestre 2000.
Le nouveau gouvernement a poursuivi les orientations de la stratégie de développement national et a entériné les différents engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale, tout en renforçant l’intégration régionale.
Dans ce contexte, le Sénégal a été accepté en juin 2000 comme pays bénéficiaire de l’Initiative renforcée en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) lancée en 1996 sous l’égide de la BM, du FMI et des principaux pays créanciers membres du Club de Paris. Il a eu accès à une aide intermédiaire constituée par les premiers versements au titre des annulations prévues. Ceci a été possible après qu’il a formulé un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui a été approuvé par les Conseils d’Administration de la BM et du FMI. Un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP1) sera élaboré « à travers un processus participatif » et sera réactualisé (DSRP2) intégrant la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Le Sénégal pourra ainsi bénéficier de la mise en œuvre de la totalité des allégements de dette prévue dans le cadre de cette initiative.
Compte tenu du poids de la dette sur le budget national, ces avantages semblent déterminants pour le bon déroulement de la stratégie de croissance.
L’option nationale en matière de développement vise principalement à placer l’économie sénégalaise sur un sentier de croissance forte et durable permettant de satisfaire la demande sociale et réduire significativement la pauvreté.
Dans un contexte marqué par une mondialisation accrue, les efforts sont destinés à améliorer la compétitivité globale et sectorielle de l’économie en vue d’assurer la viabilité extérieure et intérieure de l’économie.
Les programmes de stabilité macroéconomique et de réformes structurelles appuyées par les institutions de Bretton Woods cherchent toujours à consolider les acquis obtenus suite aux politiques post-dévaluation du FCFA en matière de maîtrise de la demande et de relance de l’offre.
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Le contrôle de l’inflation, l’assainissement des finances publiques et les réformes de libéralisation de l’économie sont parmi les priorités du programme appuyé par le FMI pour l’année 2000, dans le cadre d’un arrangement au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (PRGF en anglais) qui a remplacé le 22 Novembre 1999 la traditionnelle Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé (FASR).
Dans des accords passés avec le FMI (voir Lettre d’Intention du 31 Août 2001 signée du Ministre du Budget), le gouvernement de Me Wade s’est engagé, entre autres conditionnalités, à réaliser les objectifs de politique économique et financière suivants :
Uniformiser le taux de la TVA à 18%, Préparer la privatisation de la SENELEC ? Libéraliser le secteur arachidier, Lever le blocage des prix des hydrocarbures, Réduire de 50% la subvention du gaz butane.
L’adoption d’un taux unique de TVA qui passe de 10 à 18%, décidée au sein de l’UEMOA, concerne la hausse de la taxation de 63 produits de consommation courante (alors que la taxe sur les produits de luxe baisse de 20 à 18%).
L’augmentation, qui s’en est suivie, des prix du pétrole lampant, du carburant de pêche artisanale, du riz et la hausse de 10% sur le prix de l’électricité, montrent, si besoin en était, l’absence de la moindre amélioration des politiques sociales promises.
Cette hausse des tarifications de l’électricité est destinée à aider la SENELEC à éponger sa dette auprès des banques et fournisseurs. La société d’électricité qui a pompé près d’une centaine de milliards dans les caisses de l’Etat depuis l’arrivée du nouveau régime, se porte toujours mal et tend la main pour vivre. Menacée de mévente, la SENELEC risque de faire souffrir encore un temps le contribuable.
Après deux campagnes de commercialisation désastreuses où, d’une part, une production a été synonyme de détresse (2000/2001) et, d’autre part, de milliers de paysans ont été exclus de la production avec à l’arrivée une baisse du prix d’achat et une mévente (2001), on a assisté à un retour en arrière à pas de géant, au triste passé des années 1980 de la politique de désengagement de l’Etat du Crédit Agricoleet à l’encouragement du secteur privé à prendre en charge la politique d’approvisionnement du monde rural en facteurs de production.
On a assisté à une tentative de liquidation de la filière arachidière sans qu’aucune solution véritable de rechange ne fut prévue.et avec la privatisation de la SONACOS (devenue SUNEOR), le gouvernement n’a fait que céder aux exigences des multinationales de l’huile de s’accaparer des capacités industrielles du pays pour raffiner à moindre prix l’huile végétale brute importée ; et de préparer son projet de faire venir des fermiers étrangers qui constitue une nouvelle accélération de la politique de développement du capitalisme dans les campagnes. Le Plan GOANA n’est qu’un pion de plus avancé dans cette perspective. La fébrilité qui semble l’accueillir dans le monde rural ne doit pas être prise pour une cécité de nos braves populations ; ce serait sous estimer les capacités de récupération des initiatives sans laquelle les orientations données aux politiques nous auraient menés directement en enfer.
Pour le moment les jeunes désertent de plus la campagne et le littoral pour les villes et pour « Barsaxx » plutot que Barsa. De graves conséquences en découlent pour les familles et pour le pays : les ménages et la campagne se dépeuplent de leurs bras les plus valides (exposant le Sénégal au paradoxe de devenir un jour un pays agraire sans
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paysans) ; l’économie de régions entières se trouve menacée…dont les jeunes sont donc obligés d’émigrer dans les (conditions difficiles et les drames qu’on sait) pour vivre et aider leurs parents ; l’accentuation des flux des migrations intérieures, avec tous les problèmes que cela entraine entre migrants et populations autochtones concernant notamment l’occupation des terres ; l’aggravation du déficit vivrier urbain et rural, ce qui a installé le pays devant une menace de famine permanente (mais une disette aigue de fait pour beaucoup de contrées) ; le développement autour des villes d’un lumpen de plus en plus important avec comme corollaire la multiplication des taudis et de l’occupation anarchique, la dégradation du cadre de vie, l’approfondissement de la précarité, la montée de la délinquance, le développement des déviances et l’accroissement de l’insécurité.
Tout ceci tombe comme une réponse confirmatoire à l’interrogation de A.Sall – sociologue, Coordinateur Régional du Projet PNUD, Futurs Africains - se gaussant sur le thème très médiatisé et très « porteur »de la pauvreté : « N’est-on pas en présence d’une nouvelle lubie, d’un nouveau mythe ? Dans ses versions dominantes et institutionnalisées, la lutte contre la pauvreté n’est-elle pas simplement un nouvel instrument, une nouvelle politique pour enfermer les pays dits pauvres – qu’il eut été plus correct de caractériser comme pays dominés – dans le giron d’un système mondial profondément et essentiellement inégalitaire ? N’est-elle pas de ce point de vue un approfondissement – mais avec des correctifs – des ajustements structurels administrés à grandes doses, et au pas de charge, aux pays africains dans les années 1980 et 1990 » ? (Pensée sociale critique pour le XXI° siècle – L’Harmattan 2003)
Selon lui, en Afrique sub-saharienne, les cartes de la pauvreté se superposent, dans une très large mesure, à celles des pays qui ont connu les rigueurs des ajustements structurels : « Si l’on considère les indicateurs de pauvreté monétaire (1$/jour), 24 des 29 pays d’Afrique sub-saharienne ayant connu l’ajustement structurel depuis les années 1980 sont aujourd’hui considérés par la BM comme très pauvres et très endettés ». D’ailleurs, tous les pays africains ayant été sous ajustement dans les années 1980 figurent encore aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres. Troublante, cette coïncidence n’en est pas fortuite pour autant. On sait déjà que les premiers programmes d’ajustement structurel visaient essentiellement à corriger les déséquilibres financiers en comprimant, par des politiques déflationnistes, les investissements qui auraient été nécessaires pour satisfaire la demande sociale. Au nom d’une rigueur budgétaire adossée à des préoccupations purement comptables, l’investissement dans les secteurs sociaux a connu une chute brutale. Et, en raison de ses effets négatifs, la mise en place de ces politiques d’ajustement par les gouvernements africains a rencontré très rapidement une vive opposition des couches populaires et suscité dans certains pays des mouvements sociaux et politiques d’envergure. Au Sénégal, on se rappelle l’épique levée de boucliers contre la loi 83/01.
Notons pour finir que selon la Commission économique pour l’Afrique (1999), l’indice de pauvreté au Sénégal doit baisser de 4% par an pour réduire de moitié la population pauvre à l’horizon 2015, ce qui requiert une croissance annuelle du PIB et du PIB par tête respectives de 6,3% et 3,7%, performances jamais réalisées au Sénégal. ( ?)
Les politiques mises en œuvre au début des années 2000 s’inspirent des stratégies dégagées par : le projet du X° Plan d’Orientation pour le Développement Economique et Social (PODES
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2002-2007), le DSRP (2002-2007 incluant le PDEF, le PDIS, le PNIR, le P/FDS), le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG), et le NEPAD. Elles sont également en cohérence avec l’approche sous régionale par l’UEMOA en Afrique de l’Ouest.
En 2005 le Gouvernement et le Système des Nations Unies (SNU) ont entamé le processus d’élaboration d’un Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF). Il constitue une réponse collective du système aux principaux défis de développement du pays, identifiés à travers un diagnostic commun de la situation (Bilan Commun Pays) issu du processus d’élaboration du nouveau document de réduction de la pauvreté (DSRP2 – 2006/2010), fondé sur l’évaluation des avancées en direction des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 2001-2015) et intégrant les éléments de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA).
Le bilan des résultats .
Sur plan macroéconomique :Des performances macroéconomiques appréciables mais insuffisantes.
Consolidant les gains de compétitivité issus de la dévaluation du FCFA en 1994,
le Sénégal a initié une stratégie visant à renforcer la compétitivité globale de l’économie
tout en améliorant le niveau de développement humain.
Cette approche a produit des résultats probants au niveau macroéconomique avec une
croissance moyenne d’environ 5% par an entre 2000 et 2005 et un taux de croissance réel par tête de 2,2% ainsi qu’une certaine maîtrise de l’inflation avec moyen inférieur à 2% sur la même période.
Cependant, ces taux de croissance demeurent inférieurs aux objectifs de croissance fixés d’au minimum 7% par an, nécessaires pour réduire de moitié l’incidence de la pauvreté d’ici 2015.
Sur le plan social. Des résultats encore faibles au plan du développement humain.
L’amélioration de la situation macroéconomique n’est pas accompagnée par des progrès significatifs dans le secteur social. En dépit de son accélération par rapport à la période pré-dévaluation, la croissance économique enregistrée a un faible contenu en emploi, notamment dans le monde rural où résident les couches sociales les plus défavorisées.
La position du Sénégal sur l’échiquier international s’est dégradée dans la mesure où il appartient désormais à la catégorie des Pays les Moins Avancés (PMA) avec un PNB par habitant de 508 $ en 2002 et un indice de Développement Humain (IDH) relativement faible (0,437) dégringolant à la situation d’avant 1995 (0,449) même si on note un léger progrès en 2005 (0,499).
La prévalence de la pauvreté demeure relativement élevée au Sénégal.
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L’enquête ESAM I ( ?) révèle qu’au milieu des années 1990, 58% des ménages, soit 65,6% de la population vivaient en deçà du seuil de la pauvreté.
L’Enquête de Perception de la Pauvreté au Sénégal (EPPS) réalisée en 2001 indique que près des deux tiers des ménages interrogés se considèrent comme pauvres et près du quart comme très pauvres. En outre, 64% des ménages estiment que la pauvreté s’est aggravée durant les cinq dernières années.
Cependant une enquête plus récente (ESAM II) révèle une baisse du taux de pauvreté. La proportion de la population pauvre est passée ainsi de 67,9% en1994/95 à 57,1% en 2001/02, soit une baisse de16% en termes relatifs.
Cette enquête confirme la répartition inégale de la pauvreté selon les zones géographiques. La pauvreté est en effet plus marquée dans les zones rurales où sa baisse est moins accentuée. En effet la proportion des ménages pauvres en milieu rural est passée de 65,9% à 57,5% dans la même période, soit une baisse de 13% environ. C’est dans les deux régions de Kolda et de Ziguinchor que la pauvreté au niveau des ménages est la plus élevée (deux ménages sur trois). Sur la période considérée, on enregistre une baisse de 33% environ dans la région de Dakar contre 31% dans les autres villes du pays.
Dans le domaine de l’éducation, le Sénégal n’a pas encore réussi l’objectif de l’éducation universelle au niveau de l’enseignement élémentaire,même si le taux brut de scolarisation (TBS) est en progrès et se situe à 79,9% en 2004, contre 68,3% en 2000 et 54,6% en 1995. L’écart entre les garçons (82,4%) et les filles (77,3%) connaît une amélioration certaine (respectivement62,7% et 46,6% en 1995*) mais demeure non négligeable. L’analphabétisme recule mais touche encore 62,2% de la population en 2005 dont 71,2% de femmes.
Cependant les indicateurs d’éducation se situent en deçà de ceux de la Mauritanie, de la moyenne des pays d’Afrique au sud du Sahara, de l’ensemble des pays en développement ainsi que de la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire. La situation de la santé est également moins favorable que celle de l’ensemble des pays en développement et des pays à revenu intermédiaire.
Avant l’indépendance, le système éducatif était régi par l’arrêté du 2 août 1945 du
gouverneur de l’AOF. C’était un système éducatif pratiquement français de par ses programmes, ses
structures, ses méthodes, son administration et sa gestion. Les enseignements portaient en général ;
en histoire sur l’histoire de la France, en géographie sur les structures administratives de la France et
les institutions scolaires dépendaient des académies de France.
A l’indépendance, le droit à l’éducation fut inscrit dans la constitution de la République
marquant du coup l’accès gratuit à l’éducation. Ainsi, avec la loi d’orientation de 1971, l’accès libre
à l’enseignement public fut consacré et l’enseignement privé fut également autorisé, reconnu et
subventionné selon certaines conditions. Cette école qui marque une rupture timide se préoccupait de
mettre sur pied des réformes prenant en compte les préoccupations du pays. Toutefois c’était une
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école qui est restée pendant longtemps élitiste, coûtant cher et fermant ses portes à la majorité des
enfants en âge de scolarisation. En conséquence, des réformes successives ont été entreprises pour
d’abord, marquer une certaine démarcation vis-à-vis du système français et ensuite, décentraliser et
déconcentrer l’administration scolaire (départementalisation, régionalisation, création de structures
de formation d’enseignants etc.). C’est dans cette optique que de grands efforts sont consentis pour
augmenter l’offre d’éducation.
A ce niveau, il est important de noter la part importante du budget de l’Etat consacrée à
l’éducation, les ressources provenant de la coopération bilatérale et multilatérale (FAC, FED et
autres ONG), l’engouement des populations qu’on pouvait lire par la mise en place de classes sous
abris provisoires en Casamance et au Fleuve.
Sur le plan des écoles de formation des enseignants, on peut retenir l’Ecole Normale
Supérieure dont la vocation est de former des professeurs des Collège et Lycée et des Inspecteurs de
l’enseignement.
Pour la formation des instituteurs, il y avait l’Ecole Normale William Ponty, l’Ecole Normale
Germaine le Goff, le CFPS de Thiès où les enseignants en formation étaient recrutés à partir du
BAC. De plus, on pouvait décompter trois (3) Ecoles Normales Régionales, deux (2) CFPP. Au
total, plus de 1000 enseignants étaient recrutés chaque année sous la forte pression de la demande.
Avec la forte poussée démographique et les injonctions d’une situation économique
désastreuse, le secteur de l’éducation ne sera pas épargné. Cela se justifie par l’inadaptation des
contenus et des activités éducatives aux besoins socioculturel, économique, technique et scientifique
du pays. La tendance à la stagnation du taux de scolarisation élémentaire en constitue l’illustration la
plus plausible. Cette crise du système éducatif va aboutir à la convocation des Etats Généraux de
l’Education et de la Formation (EGEF) en 1981 et l’examen de leurs conclusions est confié à la
CNREF. Cette étape constitue un moment historique de l’école sénégalaise. Les conclusions de ces
assises de l’éducation ont permis de mieux définir la politique éducative à travers laquelle les
priorités sont nettement déclarées et beaucoup de projets sont montés avec les partenaires notamment
la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement et le Fonds de l’OPEP, etc.
Thié Ndiaye
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ASSISES NATIONALES
COMMISSION 4 : DROITS ECONOMIQUES ET SOCIAUX, VALORISATION DES RESSOURCES HUMAINES
SOUS COMMISSION : DIALOGUE POLITIQUE, SOCIAL ET CITOYEN.
I- Contexte international et national
II- Etat des lieux
III- Quelques éléments de définitions des trois formes de dialogue, de bilans et propositions de solutions
- Dialogue politique- Dialogue social- Dialogue citoyen
IV- Recommandations générales
Le Président,
Abdoulaye Guèye UNSAS
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I- Contexte international et national
1) Au niveau international :
La globalisation économique mais aussi politique, sociale, professionnelle et médiatique qui a transcendé les frontières, révèle des tendances contradictoires : d’un coté, l’augmentation des inégalités entre les continents et entre régions mais d’un autre coté, augmente aussi l’importance des mouvements dans le sens de la démocratie et des respects des droits de l’homme.Dans des sociétés où les techniques prennent de plus en plus de place et ou l’information est disponible en permanence ( malgré les intérêts qui l’influencent), la société de la connaissance est devenue un défi pour tous les pays. L’urgence de la participation sociale et de l’action des citoyens, face aux « anciens » et aux nouveaux conflits et aux chemins du développement et des modes de vie qui épuisent la planète, est de mise dans le monde entier.
2) Au niveau national :
A l’instar de beaucoup de pays africains, l’économie sénégalaise a traversé de profondes crises liées, principalement à la sécheresse, à la détérioration des termes de l’échange et à de mauvaises politiques tant du point de vue économique que social.
En effet, les indicateurs macro-économiques montrent qu’avant la dévaluation intervenue en 1994, le taux de croissance était négatif (-2,2% en 1993). La dévaluation a favorisée une relance de la croissance dont le taux est passé de 2,9% en 1994 à plus de 5% en moyenne entre 1995 et 2000. Ces résultats restent néanmoins en deçà de l’objectif de croissance à deux chiffres fixés à l’horizon du IXe plan de développement économique et social (1996/2001) pour améliorer les conditions de vie des populations. L’indice de développement classe le Sénégal au 154e rang sur 174 pays en 2000.
Au plan politique : Le contexte est marqué depuis les années 1980 par l’existence d’un système démocratique fondé sur un Etat de droit où interviennent de façon remarquable des acteurs non étatiques. La presse privée écrite ou parlée se développe et continue de jouer un rôle déterminant dans l’expression des opinions des citoyens. La protection des droits de l’homme est inscrite dans la constitution comme obligation fondamentale et des institutions chargées de la défense de ces droits sont créées.Elles sont renforcées par des organisations multiples de la société civile qui veillent au respect des droits et libertés de l’homme.Ces acteurs non étatiques s’organisent progressivement et s’affirment de plus en plus comme des partenaires et interlocuteurs écoutés.
De même depuis 1972, l’ Etat du Sénégal développe une politique de décentralisation visant à favoriser la participation des populations à la gestion des affaires publiques.
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La décentralisation s’est consolidée en 1996 avec l’érection des régions en collectivité locales dotées de la personnalité et de l’autonomie financière au même titre que les communes et les communautés rurales. L’Etat leur a transféré à cet effet, neuf domaines de compétence parmi lesquels, l’éducation, la santé et l’environnement. Cette décentralisation favorise la responsabilité des populations. Toutefois, la faiblesse de ressources humaines matérielles et financières des collectivités locales, constitue une entrave à une bonne gouvernance locale.
Qu’en-est-il aujourd’hui de tous ces acquis dans les domaines, politique, économique et social ?
Huit ans de gestion de notre pays ont mis dans un piteux état des secteurs vitaux de son économie comme l’agriculture et la pêche ainsi que les composantes les plus importantes de notre secteur industriel (SONACOS, ICS, SAR, SENELEC, etc.) et le tourisme, qui avaient jusque la, servi de locomotive à la croissance économique.
Sur le plan social : La politique néfaste du pouvoir de l’alternance, faite de démagogie, de pilotage à vue et d’instrumentalisation à entrainé des divisions dans le mouvement associatif suscité des mécontentements et des actions revendicatives dans différents secteurs de la population (dans le monde rural, la fonction publique, dans le monde des travailleurs de l’industrie, de l’éducation, de la santé, dans la jeunesse contrainte, par le chômage et le manque de perspectives, à s’exiler clandestinement au risque de leur vie) et failli mettre le feu aux bonnes relations séculaires entre les religions, les confréries et les communautés.
II- Etat des lieux
1) Le dialogue politique, social et citoyen de 1960 à 2000
Depuis les indépendances en 1960, à 2000, les gouvernements successifs ont tenté de gérer les différents secteurs actifs du monde du travail sur la base de mécanismes socio-politiques découlant des réalités politiques de la période.
En effet, durant la première décennie de 1960 aux années 1970, le mono-partisme de fait impliquant le mono syndicalisme et l’existence d’associations inféodées au parti unique au pouvoir, la gestion des relations professionnelles reposait sur des règles édictées unilatéralement par les autorités gouvernementales. Les partenaires principalement les syndicats, la société civile représentée par les diverses associations et le patronnât national peu représentatif, ont joué un rôle tout à fait marginal servant souvent de caution aux décisions prises par le pouvoir central.
Il faudra attendre une dizaine d’années vers les années 1980 pour constater avec l’émergence du multipartisme intégral et en conséquence le pluralisme syndical, l’instauration de structures et la mise en œuvre de mécanismes de concertation bilatérales et multilatérales entre d’une part
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l’Etat et les partenaires sociaux (les syndicats des travailleurs, le patronat et les associations nationales) et d’autre part entre les partenaires eux-mêmes.
Mais, c’est très important et il faut le souligner, que le dialogue instauré dans cette période (1980/1990, ne concernait que la phase d’exécution des décisions politiques déjà prises par l’autorité et ceci dans tous les secteurs de la société excepté le secteur de l’éducation.
Et c’est à partir de 1993, année de la plus grave crise économique que le Sénégal ait vécue avec son lot de mesures anti sociales issues du plan d’urgence aux allures d’agression contre le monde du travail et les ripostes conséquentes et généralisées de tous les travailleurs unis, que des dispositions furent prises pour instaurer un véritable dialogue politique impliquant tous les partenaire (Etat, syndicats des travailleurs, patronat et certains segments de la société civile).L’objet de ce dialogue politique durant cette fameuse crise économique était de parvenir à des compromis, acceptables permettant d’une part, l’application de mesures exigées par les bailleurs dont la diminution des salaires des agents de la fonction publique jusqu’à une hauteur de 10 à 15% et d’autre part la baisse sensible du train de vie de l’Etat que réclamait l’intersyndicale des travailleurs.
La sortie de crise pour d’impossibles compromis n’a pu se réaliser que grâce à la dévaluation du franc CFA survenue en janvier 1994.L’une des conséquences de la dévaluation du franc CFA aura été l’installation par le gouvernement sur la demande des organisations syndicales des travailleurs de structures de concertation et de dialogue permanents autour de la politique économique et sociale de l’Etat. Ainsi furent instituées des rencontres périodiques annuelles au niveau aussi bien des différents ministères, de la primature que de la présidence de la République.
2) Le dialogue de 2000 à nos jours
En l’an 2000 au début de l’alternance politique au Sénégal, cette option du dialogue sur le plan social a été renforcée par la ratification d’une charte nationale sur le dialogue social par les trois partenaires que sont le gouvernement, les syndicats des travailleurs et le patronat.
Cette charte avait pour buts essentiels de :
- Promouvoir la prévention des conflits en mettant en œuvre le mécanisme d’alerte que constitue la négociation préventive ;
- Mettre en œuvre des procédures de négociations collectives, de conciliation, de médiation et ou d’arbitrage ;
- Proposer aux pouvoirs publics, dans leurs relations avec les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales, des études ou renseignements susceptibles de compléter leurs informations sur les aspects de la politique de restructuration de l’économie impliquant l’entreprise et les travailleurs.
La pratique de la charte nationale sur le dialogue national repose sur l’application de trois principes fondamentaux que sont :
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Le principe de la liberté syndicale garantie par l’Etat et les employeurs Le principe de la liberté du travail qui passe par la sauvegarde de l’outil de travail par les
travailleurs, Le respect des règles établies d’un commun accord qui évoque le partenariat, la bonne
foi, le respect et la reconnaissance mutuelle, la volonté d’entente et de conciliation, le respect des engagements pris et de la parole donnée.
Enfin, il faut noter que les décisions issues du dialogue et de la concertation entre les parties sont adoptées par consensus et revêtent un caractère obligatoire.
Cet important processus de mise en place des mécanismes de dialogue et de concertation sociale connaitra un couronnement par l’installation du comité national du dialogue social( CNDS) durant l’années 2002.
Malheureusement depuis 2005, la dynamique vivace de dialogue social et citoyen est rompue pour emprunter la même voie que le dialogue politique qui n’a de fait jamais pu se réaliser depuis le début de l’alternance en 2000.
En effet, au plan politique et institutionnel, la logique du régime dit de l’alternance a vidé de toute substance les institutions républicaines instrumentalisées au service d’un homme et de son parti, tout en foulant au pied les libertés individuelles et collectives et en remettant en cause les acquis démocratiques.
Cette même logique a aussi plongé les agents de l’Etat dans l’indignation, source de découragement et de laxisme, réduisant à leur plus simple expression les notions de service public, d’administration républicaine et d’intérêt général.
III- Quelques éléments de définition des trois formes de dialogue, de bilans et propositions de solutions :
1) Le dialogue politique :
Il s’agit moins de la politique partisane, que d’options stratégiques au niveau économique, culturel et des secteurs sociaux comme l’éducation, la santé, la décentralisation, l’environnement etc.
a) Exemple de définition :
Le dialogue politique est une stratégie « qui engage les principaux acteurs et partenaires dans des échanges sur les réformes et les changements qui permettent de dépasser les obstacles aux multiples demandes exprimées par les populations. Il s’agit de construire des compréhensions
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partagées sur les défis et sur les stratégies de façon à réussir la convergence d’efforts et d’investissements pour une meilleure efficacité. Finalement le dialogue politique est un moyen décisif pour faire émerger de nouveaux liens de partenariat faits de confiance, d’écoute et d’ancrage pour les dynamiques internes qui sont les principaux facteurs de développement d’un pays » .
Par rapport à cette définition, nous pouvons noter quelques événements importants de dialogue politique dans notre pays :
Au plan politique partisane avec la réforme du code électoral dit « Kéba Mbaye » en 1991 et la mise sur pied de manière consensuelle du système de gestion des élections dénommé ONEL en 1998.
Au plan politique éducative, on notera surtout la tenue des Etats Généraux de l’éducation en 1981 et en politique sanitaire, la concertation nationale de la santé sur le système hospitalier en 2007 et les assises de l’action sociale en 2008.
b) Eléments de bilan et de propositions
L’exploitation des fiches de consultation de certains acteurs déterminants dans les secteurs de l’éducation et de la santé donne les appréciations et propositions suivantes, concernant :
Le processus électoral :
- Des acquis importants ont été obtenus avec le code électoral dit KEBA MBAYE de 1993 et la mise sur pieds de l’ONEL, en 1998.
Depuis 2000, l’unanimité » de l’opinion est faite que le dialogue politique est rompu au Sénégal. Il est inexistant du fait du comportement du Président de la République et de son parti. En effet, les manipulations de notre loi fondamentale qu’est la constitution et les prises de décisions unilatérales concernant le code électoral font le lit d’une gestion personnalisée de l’Etat par le pouvoir PDS.
- Pour redresser la situation politique catastrophique qui prévaut dans le pays, il est suggéré les recommandations ci-dessous :
Faire aboutir dans les meilleures conditions et dans un délai raisonnable les Assises Nationales sans précipitation aucune.Soutenir les conclusions des Assises Nationales par un programme de mise en œuvre et des mécanismes de suivi largement partagés.
Le secteur de l’Education
- Les crises répétitives du système éducatif sénégalais durant les années 60 (mai 68) , 70 (grève des années 1971 – 72 – 73), 80 (grève du SUDES, mai 1980), ont débouché sur les assises historiques de 1981 avec la participations de tous les secteurs de la vie nationale (autorités gouvernementales, religieuses, patronales, syndicales, de la société civile et même d’observateurs étrangers).
- A la suite des Etats généraux de l’Education, des structures de suivi et d’évaluation des accords de ces assises, ont contribué à la tenue de plusieurs rencontres (fora autour des
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problèmes de l’Enseignement préscolaire, élémentaire et non formel, concertation sur l’enseignement supérieur qui ont produit le programme décennal de l’éducation et de la formation en 1996/97.
Comme on peut le constater de 1981 à 2000,la politique axée sur le système éducatif a fait l’objet d’une attention particulière de la part de l’Etat et des partenaires sociaux grâce à l’option franche adoptée par les différents gouvernements d’alors.
Depuis 2002, et particulièrement durant ces 3 dernières années, c’est la confusion totale tant au niveau des ministères de tutelle (Ministère de l’Education et Fonction publique) qu’au niveau de la présidence de la république où les manœuvres et la corruption active ont pris le pas sur une gestion concertée de notre système éducatif dans son ensemble.
Aujourd’hui, tous les acteurs du système éducatif consultés sont du même avis, que le dialogue politique et social est bloqué et qu’il faut impérativement, pour relever le défi d’une bonne école, d’un bon système éducatif appliquer concrètement les recommandations suivantes :
Institutionnaliser les Etas généraux de l’Education & de la formation, ne serait – ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’école ; en d’autres termes, mettre en place un Conseil présidentiel annuel sur l’Education ;
Instaurer un dialogue permanent, planifié, concerté, périodique et fécond renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers ;
Installer à la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education une cellule d’experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui devra réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Au sein de cette cellule, des experts en management devront travailler avec d’anciens leaders syndicaux, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues ;
Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et des enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés, vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux aux niveaux national, régional et international ;
Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui devrait être stable et souple avec des ressources minimales portant sur les défis et actions prioritaires dans un premier temps, puis les réajustements nécessaires
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en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections portant sur l’année à venir.
Le secteur de la santé
La couverture sanitaire dans notre pays a connu des évolutions différenciées concernant aussi bien l’accès des citoyens aux services sociaux de base que l’existence de plateaux techniques sanitaires et, en conséquence, la qualité des soins.
En effet, les soins de santé ont été presqu’entièrement gratuits au Sénégal avant l’indépendance et même jusqu’au début des années 80 avec la mise en place des politiques de soins de santé primaires avec la Conférence d’Alma Ata. En ce qui concerne la qualité des prestations en soins de santé, le déficit en infrastructures et en dotation conséquentes tant en médicaments qu’en ressources (financières, humaines) reste un problème récurrent qui contribue à révéler le hiatus entre le besoin de protection de plus en plus pressant des populations et la tendance de l’Etat à se défausser sur les populations de plus en plus vulnérables.
De même, si la crise économique aidant, surtout dans les années 90, beaucoup d’initiatives ont été prises pour multiplier des structures sanitaires sur toute l’étendue du territoire national (centres de santé, districts, hôpitaux) et aider les populations à accéder aux médicaments essentiels (génériques, Initiative de Bamako), par contre, depuis 2000, date de l’alternance, la politique en matière de santé est catastrophique pour la majorité de la population.
Cependant, il faut souligner que le régime de l’alternance, même si c’est de manière démagogique, a depuis 2000 organisé 3 grandes concertations dans le secteur de la santé et de l’action sociale. Il s’agit :
des assises nationales de la santé initiées par le 1er gouvernement de l’alternance en 2000 ;
de la concertation nationale sur le système hospitalier en 2007 ;
des assisses de l’Action sociale en 2007 ;
Cependant, le dialogue entre l’Etat et les partenaires semble dans l’impasse dans le secteur de la santé du fait du pouvoir en place qui ne tient jamais promesse.
Quelques recommandations sur le secteur de la santé pour améliorer le sort des populations les plus démunies :
Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé et les spécialistes pour
Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;
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Mener une bonne campagne d’information et d’explication en direction des populations afin de revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ou largement insuffisantes la plupart du temps ;
S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux, notamment la masse salariale disproportionnée par le biais de plans sociaux bien prévus.
Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.
2) Le dialogue social
a) Exemple de définition :
Le dialogue social doit être compris comme un ensemble de mécanismes d’échanges, de consultations, de conciliation et de négociation entre l’Etat et les partenaires sociaux ; voire entre les partenaires sociaux sur tout sujet d’intérêt mutuel.
Il est aussi un outil de paix et de cohésion sociale devant permettre la définition et la mise en œuvre de politiques, règles et mécanismes de prévention et de gestion des conflits sociaux.
Deux exemples de dialogue social :
Au niveau de la communication et des médias, on note la tenue d’importantes assises sur la presse en 1994 après la dévaluation du franc Cfa qui ont permis d’instaurer le code de la presse et la mise sur pieds d’une structure de suivi qu’est le C.RED.
Au niveau national, les multiples rencontres de concertation entre l’Etat et les partenaires sociaux durant les années 2001 et 2002, ont permis d’aboutir à des accords historiques sous forme de charte nationale sur le dialogue social signé d’accords parties le 22 novembre 2002.
b) Eléments de bilan et de propositions :
La démarche empruntée ici aussi c’est l’exploitation des fiches- questionnaires et la synthèse des propositions et recommandations des acteurs consultés des secteurs ciblés.
Le secteur des média
Il est l’un des secteurs sinon le secteur le plus dynamique et le plus développé durant ces dernières décennies.Le développement des Média est fondé d’une part sur une évolution fulgurante des technologies des communications, et d’autre part à la politique de libéralisation pratiquée depuis les années 1980.
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Ce secteur de la communication et des média à participé à des étapes différentes à la convocation de rencontres de concertations qu’on peut dater en :
1994, après la dévaluation une longue concertation a eu lieu autour principalement, de la nouvelle convention régissant les journalistes et les techniciens de la communication.1998, concertation sur l’éthique et la déontologie dont le suivi, et l’évaluation devait être assurés par le C.RED et les dispositions concentrées dans un code dit de la presse.
Depuis les années 80, le monde de la communication et des média a pleinement joui des droits à la liberté d’expression et d’opinion grâce à la lutte soutenue des travailleurs de ce secteur mais à l’ouverture d’esprit et la bonne intelligence que le pouvoir d’alors se faisait de la liberté de presse.
Malheureusement, depuis l’alternance, le pouvoir en place de par sa vision étriquée de la liberté de presse et d’opinion cherche par tous les moyens à bâillonner la presse nationale ou à défaut à emprisonner les journalistes.
L’examen des fiches de consultations auprès des acteurs du secteur des média, permet de retenir les recommandations suivantes :
Des rencontres, larges de tous les acteurs intéressés au sort et au devenir de la communication et de la presse dans notre pays (pouvoir publics, SYNPICS, journalistes et techniciens indépendants, représentants de la société civile d’observateurs internationaux assez outillés en la matière) dans le but d’examiner et de solutionner quatre grandes préoccupations :
o Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication ;
o Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/patrons de presse/ professionnels (syndicat SYNPICS)/associations des droits de l’homme ; pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable ;
o Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse ( ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente) ;
o Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversées de l’assainissement de la presse et des média.
Le secteur de la justice
A l’instar de tous les autres secteurs, celui de la justice a évolué avec ses moments de gloire mais aussi ses périodes de divagation voire de déchéance.
Autant les sénégalais ne pourront jamais oublier, le haut magister des Magistrats et avocats émérites comme le Juge Monsieur Kéba Mbaye et Maître Fadilou Diop, pour ne citer que ceux là, autant le citoyen sénégalais a hâte aujourd’hui de tourner la page la plus obscure de la magistrature sénégalaise tout au long de ces huit dernières années jalonnées d’ interpellations intempestives,
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d’arrestation et d’emprisonnements arbitraires de citoyens de tous bords ( journalistes, hommes politiques, syndicalistes, simples citoyens, défenseurs des droits de l’homme etc.…).
Pour les hommes et femmes du secteur de la justice qui ont bien voulu répondre à notre questionnaire, le seul responsable de cette situation dégradante est l’absence de dialogue.
Les recommandations faites pour remédier à la crise due au manque de concertation sont les suivantes :
Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre les composantes du paysRéinstaurer les rencontres annuelles entre le Président et les Acteurs des différents secteurs.Instruire un système d’information et de communication du sommet à la base et vice versa de la base vers le sommet.
Le comité national du dialogue social
Le long processus pour institutionnaliser le dialogue social au Sénégal à débuté depuis 1997 sous l’égide du BIT / PRODIAF, qui va progressivement instauré entre les trois partenaires : gouvernement/patronat/ syndicats sur un partenariat solide basé sur la concertation et les échanges autour de leurs préoccupations communes.Plusieurs rencontres au niveau national et sous régional ont amené les parties prenantes à souhaiter la mise en place de mécanismes de prévention et de régulation des conflits.Les partenaires ont aussi décidé de créer un cadre de concertation permanente, de manière à substituer le dialogue à la confrontation.Ils ont enfin souhaité une déconcentration et une décentralisation des instances de négociation, de manière à élargir le dialogue social.Cinq ans après, précisément le 22 novembre 2002, tous les partenaires signent le protocole relatif à la charte patronale sur le dialogue social et mettent en place le comité National du Dialogue Social ( CNDS).Mais, depuis 2002, le CNDS fonctionne t il efficacement ? Le dialogue social est il constant entre les partenaires ? Le CNDS a-t-il prévenu et réalisé des accords pour éviter des conflits sociaux ?La consultation de certains membres du CNDS représentants de syndicats, patronat et gouvernement, révèle :D’une part que le CNDS a connu deux périodes avec un fonctionnement différencié, la période de 2002 à 2005 durant laquelle le CNDS a disposé de la part du gouvernement des moyens de sa politique de prévention des conflits et la période de 2005 à nos jours où le ministère de tutelle à savoir, du Travail et de l’Emploi s’est accaparé de toutes les prérogatives du CNDS; le CNDS se contentant d’organiser des sessions annuelles classiques de concertation et d’échanges autour de thèmes choisis ;D’autre part, que pour faire fonctionner efficacement le CNDS, il faut nécessairement :
o Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu du travail.
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o Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise, des services pour prévenir en amont des conflits éventuels entre patronat / travailleurs / gouvernement.
o Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’à la base ;
o Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues : prévention des conflits en priorité et recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.
3) Le dialogue citoyen :
a) Exemple de définition
Le dialogue citoyen vise à promouvoir la démocratie à la base et le renforcement de la participation communautaire à la prise de décisions politiques dans le cadre de la gouvernance locale. Il s’agit aussi de créer les conditions d’une large concertation entre l’Etat et les organisations citoyennes (OCB, ASC,FORA civils, ONG, Organisations des droits de l’homme etc.) afin que les citoyens soient impliqués dans l’élaboration des politiques nationales.Les moments forts dans le cadre du dialogue citoyen ont été notés durant :
o Le processus de création des communautés rurales en 1972 et des conseils régionaux en 1996 avec des consultations larges du monde rural et des villes. Cette dynamique de la décentralisation a poussé les différents acteurs de toutes les associations du secteur agricole à se regrouper dans une structure démocratique dénommée : Cadre national de concertation des ruraux (CNCR) d’une part ;
o De même dans les communes et les régions, les Maires et les Présidents de Conseil régionaux se retrouvent autour de préoccupations communes à l’intérieure d’une association nationale des Maires et Présidents de conseil régionaux (ANMPER) d’autre part ;
o Enfin, et dans un contexte d’absence de dialogue tant au niveau politique social que citoyen, l’heureuse initiative des Assises Nationales réintroduit le véritable débat citoyen avec les larges consultations à la base.
Aujourd’hui, l’opinion dans sa forte majorité apprécie les Assises nationales comme opportunes et utiles surtout sous la forme des consultations citoyennes à la base. Après le diagnostic et les appréciations sur le dialogue citoyen, quelles recommandations ?
Un travail soutenu et continu d’éducation citoyenne au niveau de l’école doit être mené.Il faut améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à qui on doit respect et considération ;
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Il faut favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes ;Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre « la maison du citoyen » devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté où se discuterait de manière participative les budgets (budgets participatifs) et toutes autres questions d’intérêt commun au niveau local.
IV- Recommandations générales
Il s’agit des recommandations sectorielles synthétisées relevant :
1) Du dialogue politique :
a) Secteur de l’Education et de la formation :
Institutionnaliser les Etats généraux de l’Education et de la formation ne serait - ce que pour instaurer des concertations annuelles afin de diagnostiquer, évaluer et dégager des perspectives nouvelles pour l’ école.
En d’autres termes mettre en place un conseil présidentiel annuel sur l’éducation.
Instaurer un dialogue permanent planifié concerté, périodique et fécond, renforcé par la communication permanente sur les besoins, le contexte, les moyens, les engagements globaux et particuliers.
Installer dans la direction des ressources humaines du Ministère de l’Education nationale, une cellule des experts qui s’occupe du dialogue avec les syndicats et qui doit réfléchir sur les mécanismes de contrôle de la motivation. Dans cette cellule, des experts en management doivent cohabiter avec d’anciens leaders syndicalistes, des enseignants à la retraite, des assistants sociaux et des psychopédagogues.
Renforcer les capacités institutionnelles des partenaires sociaux dans la compréhension des processus et enjeux de la mondialisation, au service d’un dialogue social constructif avec les pouvoirs publics sur les solutions à apporter aux problèmes de développement, en faveur des communautés vers un partenariat large et solide dans la défense des intérêts et besoins des acteurs et groupes sociaux au niveau national, régional et international.
Elaborer de manière concertée un calendrier annuel des négociations qui doit être stable et souple avec des séquences minimales portant sur les défis et
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actions prioritaires dans un premier temps puis les réajustements nécessaires en deuxième lieu et enfin, l’évaluation et les projections pour l’année à venir.
b) Secteur de la santé et de l’action sociale
Instaurer un dialogue franc et sincère avec les partenaires sociaux de la santé et les spécialistes du secteur pour :
- Rompre avec le populisme et le folklore dans la mise en œuvre des programmes de santé ;- Mener une bonne campagne d’information et d’explication envers les populations afin de
revoir les politiques de gratuité à courte vue qui ruinent les structures de soins du fait de l’absence ou de l’octroi de subventions tardivement décaissées et/ ou largement insuffisantes ;
- S’entendre avec les partenaires sociaux sur la rationalisation des ressources humaines dans les hôpitaux liée notamment à la masse salariale disproportionnée, par le biais de plans sociaux bien pensés ;
- Initier un véritable dialogue politique et social en vue de résoudre objectivement les problèmes se posant dans le secteur et bannir les pratiques de corruption et de clientélisme.
-
2) Du dialogue social
a) Secteur des médias :
Revisiter la convention collective en vigueur pour en faire un outil de traitement efficace du salaire et de la promotion des professionnels de l’information et de la communication.
Elaborer un nouveau code de la presse consensuel entre gouvernement/ patrons de presse/ professionnels de la communication (SYNPICS), , associations des droits de l’homme pour mieux protéger le journaliste et le rendre plus responsable.
Trouver un compromis largement partagé autour de la création d’une structure appropriée pour le suivi et la bonne application du code de la presse ( ordre des journalistes ou toute autre dénomination pertinente).
Prendre en charge après de larges débats, la question sensible et controversée de l’assainissement de la presse et des média en introduisant dans le code de la presse des dispositions claires et équitables qui mettent des garde-fous à l’accès de la profession.
b) Secteur de la Justice
Mettre en place des mécanismes au niveau national et local destinés à faciliter le dialogue entre toutes les composantes de la nation ;
Réinstaurer les rencontres annuelles entre le PR et les différents acteurs ;
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Instituer un système d’information et de communication du sommet à la base et vice – versa comme l’ont initié les Assises nationales lors des consultations citoyennes.
c) Secteur Comité National du Dialogue Social
Aider à développer une prise de conscience des partenaires sociaux concernant l’impérieuse nécessité de s’accorder sur l’importance du dialogue en milieu de travail .
Créer des mécanismes de concertation au niveau de l’entreprise et des services pour prévenir en amont les éventuels conflits entre patronat / travailleurs /Etat .
Créer des réseaux de communication plus opérationnels entre partenaires tant au niveau national qu’a la base.
Donner au CNDS tous les moyens nécessaires pour mener avec efficacité l’ensemble des missions qui lui sont dévolues particulièrement la prévention des conflits et la recherche de solutions adéquates aux différends opposant les partenaires du monde du travail.
3) Du dialogue citoyen :
Collectivités locales et société civile
Introduire et pérenniser l’éducation à la citoyenneté au niveau de l’école et de l’université.
Améliorer sensiblement la communication avec les citoyens à la base à qui on doit respect et considération.
Favoriser à tous les niveaux de la représentation populaire, la participation citoyenne pleine et entière pour l’utilisation optimale de toutes les potentialités citoyennes.
Aider à bâtir une société civile locale dense dans les collectivités locales en créant un cadre d’expression de la citoyenneté participative.
Créer dans les collectivités locales des structures de concertation du genre la maison du citoyen devant servir de cadre permanent au réseautage de la société civile et à l’expression de la citoyenneté et où se discuterait de manière participative les budgets des collectivités (budgets participatifs) et toutes autres questions d’ordre économique, social et culturel.
Annexes : fiches de consultation et d’interview
1. Secteurs : Enseignement et Santé2. Secteurs : Média, justice et CNDS3. Secteurs : ONG et collectivités locales
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Pour la sous commission, le rapporteur : Abdoulaye Guèye
ASSISES NATIONALES 2008 : Commission 4 « Gouvernance sociale »
Sous commission « Culture »
Par : Youssouph Mbargane Guissé (Président), Ousmane Sow, Marie-Amy Mbow, Alioune Dapina Mbaye
I – Culture, Arts et sociétés
La culture joue un rôle actif de maintien et de pérennisation de la société dans ses bases matérielles et ses
formes sociales, en façonnant les individus dans les valeurs, les savoirs et les savoir-faire hérités et transmis
au cours de l’histoire à travers une langue commune. La culture qui englobe toutes formes et dimensions de
la création artistique matérielle et immatérielle, produit ainsi une identité de référence collective,
linguistique, esthétique et spirituelle. Celle ci imprègne les pratiques sociales et permet aux individus, aux
différentes catégories et classes l’intégration et la participation à la totalité sociale, à travers les formes
multiples de socialisation par l’éducation et l’initiation. Cependant les individus eux-mêmes, les catégories
et classes développent une socialisation et une intégration différentielle à cette culture commune, cela en
fonction des héritages particuliers, des intérêts spécifiques et des rapports de force, des représentations
qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur place et rôle dans la société. C’est pourquoi la culture est dynamique ; elle
est traversée par la tension des forces contradictoires qui la travaillent. Elle constitue le lieu d’affrontements
politiques de classes dont l’enjeu est l’hégémonie sur la direction historique de la société.
Cette superstructure globale, collective, cristallisée dans les institutions politiques et sociales, dans les
pratiques sociales quotidiennes, dans l’imaginaire et les représentations, influence négativement ou
positivement le devenir de la société car elle est le lieu où s’entremêlent et s’affrontent ancien et nouveau,
continuité et rupture. C’est donc là aussi que se dégagent les perspectives de l’évolution et du devenir de la
société déjà contenue virtuellement dans ses flancs matériels.
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La création artistique, un des éléments les plus importants et les plus représentatifs de la culture est le lieu
de la formulation diffuse ou consciente de cette lutte historique de résistance et de reconstruction
identitaire forte. Ainsi les arts plastiques, l’architecture, le cinéma et l’audio visuel, la poterie, la peinture,
l’artisanat d’art, la musique, la danse, l’habillement et de tout ce qui touche à l’esthétique du corps, le
théâtre, les traditions culinaires et de consommation, les contes et mythes, le sport et les jeux, etc. sont-ils à
divers niveaux de tension esthétique et idéologique, les terrains d’expression et de reformulation
renouvelée des termes du maintien de l’intégrité d’une société et de son développement potentiel.
II. Identités et diversité culturelle au Sénégal
Le Sénégal appartient à l’espace historique et sociologique millénaire de la Sénégambie. Cette zone
écologique hétérogène allant du désert à la forêt a été le lieu de convergences et de brassages entre peuples
divers, le théâtre d’une histoire incessante d’agrégations et de ségrégations sur fond d’alliances lignagères et
matrimoniales, de migrations et sédentarisations, de constructions et déconstructions politiques incessants.
La Sénégambie a subi la double influence du Sahara à travers le commerce transsaharien et l’islam et du
Soudan avec les grandes constructions politiques de la région. Les convergences et solidarités historiques
avec les sociétés du Sahara et du Soudan depuis des millénaires et dont les réalités et les symboles sont
dans vécus et les pratiques culturelles et artistiques commandent aujourd’hui un destin unitaire de
résistance et de renaissance face à la mondialisation.
Les fleuves Sénégal, Gambie, Casamance et Niger ont déterminé de manière essentielle le cadre spatial et
historique de l’évolution des sociétés en présence. La métallurgie du fer, l’essor de l’agriculture, de l’élevage,
de la pêche ont favorisé les échanges intra régionaux et transsahariens.
Les guerres et suprématies politiques et religieuses, les divisions et inégalités sociales, les hiérarchies
statutaires et de classe ont néanmoins crée des complémentarités et solidarités linguistiques et culturelles
forgeant ainsi des chaînes de sociétés au destin historique commun.
Sur un fond de civilisation commune, dans un même cadre existentiel déterminé par la loi de l’évolution
inégale entre les sociétés, chaque peuple a spécifié ses représentations sociales et développé une culture
originale propre : Sereer, Al pular, Soninké, Manding, Wolof, mais aussi des rameaux de moindre dimension :
Jola, Balant, Baynuk, Manjak, Tenda, Bassari, Koniagi, etc.
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L’histoire de la Sénégambie a consacré donc la diversité culturelle de ses peuples, préservée pendant
plusieurs siècles par la nature démocratique du pouvoir traditionnel. Celui-ci en effet associait les différentes
composantes de la société au fonctionnement et au contrôle du pouvoir. Là où la suprématie politique d’un
groupe était consacrée, l’Etat dominant n’exerçait pas une violence économique et politique sur les diverses
communautés de base. Celles-ci gardaient leur système de reproduction sociale et communautaire et leur
autonomie culturelle.
De manière générale, l’histoire de la Sénégambie établit des influences et des transferts culturels entre
différentes sociétés, codifiés par la parenté à plaisanterie, un système de correspondance de lien de
cousinage, vécu de manière à consolider la paix et la sociabilité entre communautés, mais aussi entre
confessions religieuses ainsi apparentées. Emprunts et reconversion culturelle jalonnent l’histoire des
communautés.
Le Sénégal actuel est l’héritier de tout ce patrimoine fondé sur la diversité culturelle mais aussi l’expression
historique désolante de la dislocation par le partage colonial des chaînes de sociétés ouest africaines
solidaires depuis des millénaires.
III. Le projet culturel colonial et ses conséquences
III.1. Colonialisme et résistance culturelle
Un des phénomènes les plus importants et les plus profonds qu’enseigne l’histoire des sociétés
africaines, est à notre avis, leur résistance culturelle indestructible à toutes les formes de destruction,
selon les termes d’Amilcar Cabral (1975)19.
L’expérience des sociétés africaines depuis les périodes les plus anciennes, mais aussi les périodes
esclavagiste et coloniale montre que c’est en préservant leurs structures internes, leur autonomie
structurelle, qu’elles ont pour assurer, pour l’essentiel par de multiples sacrifices et, malgré la
supériorité des forces d’oppression, la transmission de leurs cultures, et par conséquent leur identité
et leur personnalité culturelle.
La langue, véhicule de la culture, c’est-à-dire de la pensée, des valeurs, des connaissances et savoirs,
de la sensibilité en a été un des facteurs principaux. La tradition orale a été un rempart culturel
impénétrable à la destruction et un refuge pour le génie culturel africain.
En réalité, la matrice matérielle de cette résistance culturelle indestructible a été la communauté
agraire traditionnelle, forme d’organisation sociale estimée la plus ancienne de l’évolution des
sociétés africaines. Elle a traversé tous les temps et s’est maintenue dans ses traits essentiels en
19 Amilcar Cabral (1975). L’arme de la Théorie. Paris : Ed. Maspero
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utilisant et en combinant les facteurs de sa reproduction que sont la structure lignagère et familiale, la
religion ethnique et la langue.
L’existence sur tout l’espace international ouest africain de foyers de civilisation fondés sur de
puissants réseaux d’alliances matrimoniales, marchands, étatiques et guerriers, mais aussi culturels,
spirituels et religieux denses a constitué de manière permanente une matrice plus large de la
résistance culturelle indestructible et de solidarité des sociétés africaines.
III.2. Colonisation et développement culturel inégal au Sénégal
Le développement économique colonial et la mise en place d’infrastructures et d’équipements se
sont effectués au Sénégal par la régionalisation des cultures de rente et des exploitations minières,
entraînant l’inégalité entre les régions. Certaines se sont développées et monétarisées à cause des
investissements en capital, d’autres par contre se trouvées marginalisées. L’école, l’administration et
l’urbanisation, le statut juridique lié aux quatre communes ont divisé la société en évolués et en
indigènes produisant des nouvelles catégories de classes riches et pauvres. L’école en particulier
s’installe dans des zones et régions privilégiées d’exploitation économique et favorise certaines
ethnies ou fraction d’ethnies, certaines familles aristocratiques anciennes et métisses liées à la
colonisation, créant ainsi une fracture entre les régions et une division sociale et culturelle au sein
des communautés, des groupes et des individus.
C’est ainsi que les wolofs en particulier se sont considérablement affirmés sur la base d’un ensemble
d’opportunités historiques : fortes tradition politico-militaires, mobilité spatiale, dynamisme
linguistique, coïncidence physique entre la présence coloniale et les territoires wolof, expansion de
l’islam confrérique restructurant d’une société défaite et éclatée, urbanisation, commerce, politique.
Cela s’est réalisé face à la faiblesse politique extrême des Pël et des Sereer, à la décadence politique
puis économique des Al Pular du Fuuta et à la marginalité globale des Jola non islamisés.
Il y’a certainement aussi la flexibilité de la culture Wolof et sa grande capacité à assimiler et à
s’assimiler dues probablement à l’ « hétérogénéité originelle » de sa formation qui en fait une
transethnie.
Le phénomène global de wolofisation touchant toutes les ethnies du Sénégal et qui s’enveloppe de
cette transethnicité confrérique mouride, participe à une certaine formation protonationale et à un
nationalisme dont les pôles historiques et mythiques sont Njajaan Nyaay, fondateur de l’empire du
Jolof, kocc Barma Faal, philosophe et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme.
Les différentes identités ethnoculturelles s’approprient des opportunités du système dominant par ce
biais, tout en développant du fait des frustrations, des formes de résistance culturelle et linguistique,
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ethnique et régionale, comme c’est le cas avec les associations de défense et de promotion de la
langue et de la culture Al pular, mais aussi du phénomène Jola avec le MDFC en Casamance.
IV Les grands traits de la politique culturelle depuis l’indépendance
La politique culturelle sous Senghor
L’orientation
L’orientation de la politique culturelle du Sénégal indépendant semble être l’illustration et
l’application de l’idéologie de la Négritude dont le Président Senghor était un des membres
fondateurs. La renaissance de la civilisation noire était liée à la promotion d’une conscience
culturelle et d’une créativité à vocation universelle du peuple noir. Senghor eu à cœur de
concevoir et d’appliquer une politique culturelle résolue et hardie qui répondait à ses aspirations
idéologiques et qui fut résumée par le concept d’enracinement/d’ouverture ou de rendez vous du
donner et du recevoir. Senghor était conscient que la culture est un moyen de se connaître, elle
détermine notre identité, elle est au début et à la fin de toute chose ; Il s’avérait donc nécessaire
de féconder les valeurs du passé grâce aux apports de la modernité : enracinement dans les
valeurs spécifiques de la civilisation du monde noir et dépassement par un enrichissement et un
renouvellement constant de l’acquis culturel en transcendant la conscience nationale pour
atteindre la conscience universelle grâce au dialogue des civilisations dans l’esprit le plus large
de la fraternité des cultures. C’est autour de ce concept d’enracinement et d’ouverture que les arts
modernes ont été créés, de même que l’action politique, économique et culturelle a été organisée,
durant le magistère du président Senghor.
Les acquis
Les recherches autour de l’héritage culturel africain ont conduit à la mise en place dans le
domaine des arts plastiques d’une Ecole des Beaux Arts et d’une Manufacture de la Tapisserie
(puis des arts décoratifs), incubateur d’une idée de l’esthétique senghorienne, qui est à la base de
ce qui a été dénommée par la suite « Ecole de Dakar ». Les grandes œuvres littéraires mondiales
furent également revisités, et adaptés au contexte africain, par les acteurs du Théâtre national
Daniel Sorano (Shakespeare, les épopées historiques africaines...). Les troupes de ballet, de
chant, de musique, d’art dramatique (Ensemble lyrique traditionnel, Orchestre national, le ballet
national, etc.) furent créées selon des critères professionnels et ceux qui les intégraient eurent un
statut de fonctionnaires. L’Ecole de danse moderne Mudra Afrique fut confiée au danseur-
chorégraphe Maurice Béjart. Dans le domaine muséal, Le Musée dynamique accueilli les
expositions nationales d’art contemporain, ainsi que celles itinérantes (Picasso, Apollo et les
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découvertes faites sur la Lune, ...). L’exposition du musée d’ethnographie de l’IFAN fut
également rénovée. Les Nouvelles éditions africaines (NEA) permirent la publication d’une
littérature diverse africaine et l’émergence d’auteurs africains et sénégalais, organisés en
association nationale. Le Bureau sénégalais du droit d’auteur (BSDA) avait pour vocation la
protection des œuvres intellectuelles et artistiques ainsi que la défense des intérêts moraux et
matériels des créateurs d’œuvres de l’esprit. La radio, ORTS (Office de radiodiffusion du
Sénégal), à travers ses émissions culturelles en partenariat avec le Service des Archives
culturelles du Sénégal (Visages du Sénégal, etc.) fit un travail de collecte du patrimoine oral et
immatériel du pays, dans ses différentes composantes ethniques. Le Fonds de Soutien à
l’Industrie Cinématographique (FOSIC) devait promouvoir le cinéma sénégalais. Le journal Le
Soleil, avait également des rubriques culturelles de haut niveau, traitant des sujets d’importance.
Le Festival Mondial des Arts nègres, de 1967, a été le point culminant de l’émergence de ce
courant esthétique. Il a permis au Sénégal d’avoir un rayonnement culturel international et d’être
le point d’enracinement de la diaspora noire en terre africaine. Le Sénégal devint à partir de ce
moment, un véritable carrefour culturel intellectuel, accueillant de nombreux séminaires et
conférences.
A l’actif de Senghor également, l’organisation et prix et concours nationaux qui ont stimulé la
créativité.
A la fin de son mandat, le Sénégal était doté d’un certain nombre d’infrastructures culturelles et
avait un personnel formé, parmi lesquels des artistes professionnels. La formation et l’éducation
artistique et professionnelle ont été au centre de sa politique, ce que reflètent les affectations
budgétaires dans ces secteurs et le choix sélectif des personnes en charge de la politique
culturelle. La Fondation Léopold Sédar Senghor, était le prolongement de son action culturelle.
Les faiblesses
On a souvent reproché à Senghor :
- l’élitisme de sa conception de la culture. Il avait fixé des règles précises notamment en matière
d’esthétique qui ont contribué à l’émergence certes d’un art local, mais qui s’est transformé en art
officiel, avec un rapport clientéliste entre les acteurs culturels « protégés » et la présidence ; les
autres étant repoussés dans la marge.
- la centralisation des infrastructures et de la vie culturelle à Dakar, au détriment des régions ;
- sa francophilie excessive au détriment des langues nationales.
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La politique culturelle volontariste de Senghor, a fait l’objet de violentes critiques de la part des
universitaires et d’une sorte de résistance, voire d’indifférence des populations au modèle
d’assimilation occidentale manifeste.
- La politique culturelle sous Abdou Diouf
L’orientation et les faiblesses
L’avènement d’Abdou Diouf coïncide avec la grande crise économique des années 80, qui connaît
l’application drastique des politiques d’ajustement structurel. Cette période voit la fin du mécénat
d’état, avec les restrictions budgétaires entraînant la fermeture de l’Ecole d’architecture et
d’urbanisme, du Centre d’Etudes des civilisations, le service des Archives Culturelles, la
décrépitude de l’université des Mutants et de l’Ecole des Arts, la léthargie du cinéma sénégalais (de
nombreuses salles sont vendues et transformées en centres commerciaux). Le Musée dynamique est
transformé en Cour de Cassation ; Mudra Afrique disparaît de même que le Commissariat général
des expositions d’art sénégalais contemporain à l’étranger etc.
Submergé par les problèmes économiques et financiers (détérioration des termes de l’échange,
remboursement de la dette extérieure, paupérisation des populations, crise de l’agriculture,...), on
assiste au ralentissement des investissements dans le secteur culturel, avec un report des projets du
Ministère de la culture au VIe plan, la suppression du budget consacré à l’équipement du Ministère
de la Culture pour l’année 1981-82 au profit des secteurs dit productifs. L’ensemble des
infrastructures culturelles héritées de la période senghorienne ont été soit démantelé, soit ont périclité
par absence de budget et d’orientation. La plupart des acteurs culturels officiels sont marginalisés et
la politique des départs volontaires, va contribuer, par impréparation des ces acteurs, à les paupériser
encore plus.
Les services culturels décentralisés, notamment les centres culturels régionaux et les maisons de
jeunes et de la culture dans les Départements sont devenus pratiquement inactifs du fait du manque
de ressources financières et de techniques (absence de recrutement d’animateurs,...) et n’offrent plus
aux jeunes des programmes culturels. Ainsi, en raison de la conjoncture et à force de vouloir
appliquer des politiques économiques dictées par les bailleurs, on a sacrifié le secteur de la culture
qui, aurait pu être un levier du développement économique.
Les acquis
Le désengagement de l’Etat des infrastructures culturels et l’absence de projets et de relève des
cadres favorisent à contrario, le développement de l’initiative privée.
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On assiste à une « libération » du modèle senghorien et à une réappropriation des espaces et des
destins, débouchant sur une diversité des identités artistiques et à de nouvelles tendances : art de la
récupération, le mouvement set setal, le développement du secteur de la musique qui devient une
véritable industrie culturelle avec des équipements de production. A cela correspond, le
développement d’associations professionnelles privées (AMMS, ASSEPIC, le SIPRES), de
structures privées (Galeries ) qui ont permis la promotion de jeunes talents et un certain rayonnement
et une renaissance de la production et de la création culturelle. Il faut également ajouter l’appui des
Services culturels étrangers (Ambassades de France, Union Européenne, Goethe Institute, etc.).
L’Etat à partir de 1990, essaie de renouer avec le secteur culturel et se rend compte de la nécessité
d’en faire un des axes de son action gouvernementale. A partir des années 90, l’Etat commença à
nouveau à donner un essor à l’art et à l’œuvre littéraire sénégalais en agissant en faveur des artistes et
hommes de lettres. L’Etat avait créé la Galerie nationale d’art, inaugurée le 29 janvier 1983 et qui se
charge de la promotion de l’art plastique contemporain à l’intérieur et à l’extérieur, d’accueillir des
expositions d’art moderne. Le campement qui abritait la mission chinoise chargée de l’édification du
stade Amitié a été transformé en Village des arts en 1989, la Résidence de la Médina qui servait à
accueillir les hôtes de la République pendant les années 1962 à 1996 devint Maison de la culture
Douta Seck en 1997. La section art dramatique du Conservatoire de Dakar a été réouverte en 1990 et
assure à nouveau la formation des comédiens. Le Salon national du livre et de la lecture, le Festival
international de jazz de Saint Louis, la Foire internationale de livre et du matériel didactique, les
Rencontres cinématographiques de Dakar (RECIDAK) sont, entre autres, de nouvelles initiatives
culturelles lancées par les autorités gouvernementales. Les Grands Prix annuels du Président de la
République pour les Arts et pour les Lettres ont été institués en 1990. La Biennale des Arts et des
Lettres de Dakar (1990), qui deviendra en 1996 « la Biennale de l’Art Africain Contemporain », fait,
tous les deux ans, l’état de la création artistique africaine et permet de soumettre celle-ci à la critique
internationale, d’encourager la recherche, d’organiser la réflexion et de présenter les analyses sur les
conditions, les modes et les techniques de cette création, de faciliter aux créateurs la rencontre avec
des mécènes et des collectionneurs. Bref, de créer un véritable réseau de relations et d’informations
entre les différents acteurs du monde artistique. La Biennale a également permis de développer
l’initiative privée grâce à ses « espaces off ».
La décentralisation culturelle a été instaurée par la loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de
compétences aux régions, communes et communautés rurales.
Les centres culturels régionaux sont revalorisés. En même temps s’active l’organisation de semaines
nationales de la jeunesse et de la culture. Depuis 1996, le Sénégal a institué des journées nationales
du patrimoine qui se veulent des moments forts de découverte, d’échanges et de prospective du
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patrimoine culturel du pays. Ces actions mises en oeuvre par le Gouvernement s’inscrivent dans le
cadre, de l’application de la politique culturelle définie dans la Charte culturelle du Sénégal et des
préoccupations et objectifs des instances multilatérales de coopération culturelle.
La politique culturelle sous Abdoulaye Wade
L’orientation
La politique culturelle est à l’état de grands projets, dont certains datent de l’ancien régime : Parc
culturel (Musée d’Art contemporain, Ecole des Beaux arts, Ecole d’architecture, Bibliothèque
nationale, Archives nationales, Musée de la Renaissance, Grand théâtre ), le Monument de la
Renaissance, la place du Souvenir, le FESMAN.
Les acquis
Sur le plan législatif, les acquis sont constitués par le vote de la loi n°2002-18 du 15 avril 2002
portant règles d’application des activités de production, d’exploitation et de promotion
cinématographique et audiovisuelle ainsi que par celle sur les droits d’auteurs et les droits voisins
qui permettent de lutter contre la piraterie en protégeant les créateurs.
Les faiblesses
On note un déficit étatique de la prise en charge de la culture, qui se manifeste par une moindre
implication financière de l’état, au profit de la coopération bilatérale ou multilatérale. Les
associations culturelles locales notamment tissent des partenariats de financement avec des conseils
régionaux ou des municipalités dans le cadre de la coopération décentralisée.
La politique culturelle nationale semble inféodée aux desiderata de la Présidence, qui développe des
« grands projets » auxquels le Ministre ne semble pas être véritablement associé et auquel n’est pas
associée l’expertise nationale.
Il y a des secteurs qui sont mis en exergue plus que d’autres, comme le patrimoine matériel,
notamment le patrimoine architectural colonial.
La politique culturelle manque de vision nationale et d’identité, puisque la conception et la
réalisation de l’ambitieux projet de « parc culturel » ne semblent pas avoir été discutées, ni avec les
professionnels des différentes filières concernées, ni avec les cadres de la culture. Ce projet semble
être plus l’émanation d’une volonté personnelle du chef de l’Etat, que l’aboutissement d’une
politique culturelle nationale. Cependant, on doit mentionner que des consultations nationales
avaient été, un moment, entreprises, à l’initiative du Ministère de tutelle, afin d’évaluer les besoins
des différentes régions du pays. Un projet synthétique dénommé PNDC (Programme national de
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Décentralisation Culturelle) avait été élaboré dont fait partie l’agenda culturel, sorte de calendrier des
manifestations culturelles sur toute l’étendue du territoire national.
L’absence de politique culturelle nationale s’est traduite, tout d’abord, par l’instabilité qui a
caractérisé le Ministère, avec la succession de plusieurs ministres à la tête de ce département, qui fut
même supprimé un moment ou rattaché à un autre département.
Au niveau du fonctionnement du Ministère, l’absence de réflexion organisée et d’un plan d’action
détaillant les objectifs et les stratégies, favorise l’improvisation et le pilotage a vue.
Le dispositif législatif adopté est également mis en attente, du fait de sa non application, notamment
dans le secteur de la musique et du cinéma par exemple (droits de propriété annexes,...).
Différents autres points restent saillants :
- L’absence de formation de nouveaux cadres culturels ;
- Le défaut d’accompagnement des collectivités locales, en matière d’infrastructures,
d’équipements et de ressources humaines et financières rend la décentralisation des compétences
culturelles non opérationnelles ;
- Le risque de marginalisation et de frustration des nouvelles entités régionales récemment
créées qui devraient dépendre des 5 pôles culturels existants que sont Louga, Thiès, Fatick,
Kolda et Ziguinchor.
- La mise en veilleuse du projet de la Bibliothèque nationale alors que le projet est en place ;
- La non organisation de l’organisation des grands prix de l’Etat.
V. Mondialisation et médiations des cultures
V.1. Mondialisation et hégémonisme culturel occidental
La mondialisation actuelle est le contexte aggravant de cette situation. Il est le règne sans partage de
l’économie de marché. Les économies du monde sont en effet soumises à un marché unifié sous le
maillage d’un système financier planétarisé avec un déploiement à son service d’un formidable essor
des Nouvelles Technologiques de l’Information et de la Communication (NTCI).
Ce système global et dynamique est en même temps porteur d’exclusions. En effet, des segments de
pays, des régions, des secteurs économiques et des sociétés locales sont laissés hors jeu, coupés des
processus d’accumulation et de consommation qui le caractérisent.
Cette économie est aussi porteuse d’une homogénéisation des besoins mondiaux et de la diffusion
« d’universaux culturels » au sein de la grande zone de ce libre échange. Le narcissisme des
dirigeants politiques américains que le Président Bush porte si maladroitement est un produit déjà
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ancien dans la stratégie de l’hégémonie américaine sur le monde. Yves Eudès (1982)20 montre bien
que cette idéologie postule que l’ensemble de la culture américaine est le reflet d’amalgame précoce
d’une culture mondiale en gestation et peut naturellement se répandre de par le monde et répondre
aux besoins de toutes les sociétés.
Elle est portée par les réseaux de communication modernes, électroniques. L’Anglais est
naturellement le véhicule de cette culture mondiale puisqu’il est déjà « la langue des mass media ».
L’Amérique serait donc la direction organisatrice de l’humanité. Les sociétés humaines doivent
parvenir à un consensus mondial et c’est par l’effacement des cultures nationales qu’il pourra être
réalisé.
John Kennedy déjà se voyait lui-même, selon ses propres termes, comme le premier Président pour
lequel le monde entier est en un sens un problème de politique intérieure américaine.
On comprend donc parfaitement les réajustements auxquels procède l’Agence de la Francophonie
pour se maintenir.
Ce contexte de recherche hégémonique est d’autant plus favorisé par la dislocation du système
communiste, l’affaiblissement du Tiers Monde à la fin des années 80 et l’épuisement du discours
alternatif.
Dans la sphère politique, la mondialisation en cours se conjugue en termes de détérioration de la
décision politique, de dislocation de la souveraineté de l’Etat. Cette dernière est désormais
confisquée par les pouvoirs économiques et financiers internationaux (FMI, Banque Mondiale,
OMC), par les Etats les plus puissants et par les pouvoirs mafieux (drogue, armes), les Etats africains
sont encroûtés dans les mécanismes de dilution de la souveraineté, générés par la mondialisation et
sont devenus une courroie de transmission entre l’économie mondiale et l’économie nationale, à tel
enseigne que Willy Jackson (2000 :58) 21 s’est posé la question suivante : « L’Afrique peut-elle, dans
le contexte actuel de son insertion dépendante dans la mondialisation, concevoir des politiques
cohérentes de développement des capacités » ?
V.2. L’absence de Projet culturel
La question est d’autant plus pertinente que dans le Rapport final de la première réunion d’experts
chargés de préparer le congrès culturel panafricain, est mentionné (2002 ; 36)22 ceci :
20Yves Eudes (1982). La conquête des Esprits. L’appareil d’exportation culturelle américaine. Paris : éd Maspero.21Willy Jackson (2000). Exode des compétences et développement des capacités en Afrique. Ed.CEA/CRDI/OIM, p.58.
22 Rapport final 2002 Première réunion d’experts chargés de préparer le congrès culturel panafricain. Nairobi-Kenya, 16-18dec, 57p.
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« L’on a relevé les lacunes graves dans la formulation et la mise en œuvre des politiques culturelles
africaines, quarante ans après les indépendances. Les participants ont aussi déploré un recul très net
de la culture dans les priorités de l’UNESCO, de l’OUA et des gouvernements africains pris
individuellement. Est symptomatique à cet égard, l’omission de la culture comme secteur prioritaire
dans le NEPAD ». Le Rapport note toujours : « l’on a aussi déploré que les conférences
ministérielles de l’OUA soient gelées depuis 1993 et que l’OUA n’ait pas jugé utile de créer une
institution spécialisée, chargée de la culture, depuis la disparition des organisations régionales et
sous-régionales comme l’ICA, l’EA CROTANAL ou la léthargie des institutions comme le CICIBA,
le CERDOTOLA, le CELTHO, etc. ».
Les politiques d’Ajustement structurel ont fini de balayer les acquis et de mettre la culture au rancart,
laissant place à quelques initiatives nationales professionnelles ou privées (FESPACO, SIAO,
KORA, FESMAN,...).
Aujourd’hui les politiques culturelles nationales, dans la plupart des pays africains, montrent une
absence d’un plan national de développement culturel, une intégration de la culture dans le
développement, une bureaucratisation des structures, un budget dérisoire pour la culture, une
insuffisance du personnel spécialisé. La culture reste élitiste, fondée sur les langues étrangères et
surtout réservée aux gens de la capitale. Les artistes eux-mêmes sont marginalisés à tel enseigne
qu’aujourd’hui, le statut de l’artiste est gravement rabaissé.
VI Recommandations
6. 1 Orientation et méthodologie : Construction d’un modèle culturel fondé sur la
décentralisation et une économie de la culture
1 -Développer un modèle culturel citoyen fondé sur l’esprit critique, l’intégrité morale, les valeurs
de travail et de respect des autres et du bien public, la tolérance confessionnelle et la culture de la
paix, l’amour de la patrie africaine, la sociabilité et la solidarité ;
2.- Développer une pensée critique et prospective au sein des masses par l’éducation,
l’enseignement, la formation et l’information qui fortifie le sentiment d’appartenance historique et de
parenté culturelle communes aux différentes communautés du Sénégal et de l’Afrique, et celui d’un
même destin unitaire de libération et de renaissance ;
3- Construire un développement économique, culturel et éducatif local intégral pour mettre fin
progressivement aux déséquilibres culturels entre régions et ethnies, ainsi qu’entre la mégalopole
Dakar et l’hinterland ;
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4- Opérer une décentralisation effective de la politique culturelle en incitant et appuyant les
initiatives locales, à la base, en stimulant la compétition saine et l’émergence de la perfection dans le
travail et dans la production.
5- Mettre en place un Budget national conséquent pour la culture, construire des infrastructures et
des équipements suffisants et de qualité dans toutes les régions du pays, travailler à l’accroissement
de l’expertise des ressources humaines locales par la formation de qualité valorisée.
6 - Développer des industries culturelles, composante importante de l’économie nationale et source
de création de richesses pour les individus et les communautés
6.2. Les cibles, les acteurs, la synergie
1. Déterminer les cibles de la politique culturelle (les enfants, les jeunes, les femmes, les élèves
et étudiants, les adultes analphabètes, les régions, les ethnies, les groupes marginalisés)
2. Mettre en place des mesures de concertation suivie, d’appui logistique, financier et technique,
d’implication, développer une synergie dans tous les programmes, activités et évaluation de la
politique culturelle nationale avec :
3. Mettre en place des partenariats entre les acteurs privés du secteur de la communication et des
médias et les acteurs culturels privés dans tous les domaines créatifs, productifs et commerciaux de
l’art et de l’artisanat d’art ;
4. Faire appel à la compétence et à l’expertise de tous les artistes sénégalais internationalement
connus et appréciés, les traditionnistes et experts de la culture et mettre à profit leurs réseaux
d’appartenance dans les grands programmes ou projets de portée régionale, africaine et
internationale ;
5. Appuyer les associations culturelles et artistiques de toutes les régions et localités du Sénégal
afin d’aider à la création de fédérations fortes, à la mutualisation des moyens, à l’élévation du
niveau et de la qualité des créations et productions.
6.3. Donner une dimension prioritaire régionale et africaine à la politique culturelle
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux
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1. Développer une coopération régionale, africaine de mise en commun des moyens et des
ressources, résolument orientée dans l’intégration et le remembrement politique du continent.
Celle-ci doit permettre de desserrer l’étau de l’hégémonie culturelle bureaucratique, francophone et
élitiste étouffant de la politique culturelle du Sénégal depuis Senghor jusqu’aux travers actuels avec
Wade, en passant par la période déjà régressive de Diouf. Cette politique culturelle dans ses grands
traits est marquée par la dépendance en matière de financement, de mépris et de marginalisation de
nos cultures et langues et d’aliénation à l’égard du modèle occidental dans ses contenus et formes les
plus décadents, particulièrement pour notre jeunesse.
2. Contribuer à l’émergence d’ « un corps autonome et critique d’intellectuels, capable de
construire un modèle culturel alternatif » fondé sur le précieux héritage transsaharien et soudanais
par le renforcement et la redynamisation des structures et institutions régionales existantes, par la
formation de réseaux d’hommes de culture, de savants, d’artistes et de créateurs ;
3. Développer un partenariat multidimensionnel au sein des pays du Sahara et du Soudan avec des
programmes sur l’héritage culturel commun, aux niveaux suivants :
- un niveau politique par la collaboration régionale africaine avec les ministères des différents
pays et l’introduction de programmes éducatifs dans le scolaire, touchant l’étude des grandes langues
régionales, l’enseignement de modules de formation dans le milieu des jeunes et des femmes, des artisans,
des artistes et créateurs, le développement de programmes d’échanges entre les musées et centres de
recherches et de création. Cette collaboration toucherait également l’organisation de festivals, colloques,
rencontres et le renforcement des activités déjà existant ;
- un niveau social en appuyant à la base des associations artistiques et culturelles, des
associations de jeunesse, des organes de presse et de communication communautaires au niveau régional
africain.
- un niveau économique :
. En prenant des dispositions juridiques et réglementaires garanties par l’Etat ou les moyens des
collectivités pour la promotion du mécénat d’art et le financement par les Banques de la place de projets
culturels ;
. En mobilisant des personnalités du secteur privé pour des parrainages, des mécènes et des
fondations et institutions régionales ou sous régionales afin de bénéficier de soutiens à des activités et à des
programmes d’échanges et d’intégration régionale.
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4. Favoriser la création d’un marché de travail régional transsaharien et soudanais potentiellement
ouverte à tout le continent qui permette la production, la commercialisation et la valorisation des produits
artistiques et culturels de qualité ainsi que la mobilité des producteurs et créateurs.
Ce vaste marché de travail régional ouest africain et magrébin permettrait le renforcement et le
développement des capacités locales par l’accumulation et l’innovation grâce à l’appropriation du
Numérique et des NTIC. Il contribuerait à l’emploi des jeunes et des femmes et à la création de richesses.
Mais également, en valorisant les créateurs, il serait un ciment pour l’unité et la solidarité entre les
générations, les hommes et les femmes, les différentes communautés ethnoculturelles.
6.4. Redéfinir les termes de nos partenariats culturels
1. Redéfinir préférentiellement de manière concertée avec les Etats membres d’organisations
régionales communes (CDEAO et Union Africaine : projet d’un Centre culturel panafricain à Alger),
l’harmonisation des politiques culturelles africaines ainsi que la définition des termes d’un nouveau
partenariat culturel avec la France et l’Europe en général, fondé sur le respect mutuel et
l’enrichissement réciproque en s’appuyant sur les principes de l’autonomie et de la diversité
culturelle,
2. Définir rigoureusement le partenariat culturel avec la Diaspora de manière général, les communautés
noires des USA, les pays d’Amérique et des Caraïbes mais aussi les Etats émergents comme le Brésil, l’Inde,
la Chine.
VII. LES OBJECTIFS
Tous ces développements nous ramènent en fait à la question du rôle et de la responsabilité des
artistes et des travailleurs culturels dans la prise en charge des préoccupations des besoins des
populations, dans un contexte où l’enjeu est d’assurer la capacité de l’Afrique à peser sur le
processus de la mondialisation.
Trois objectifs dialectiquement liés s’imposent :
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1. Mettre sur pied une organisation fédérée forte des artistes, créateurs et travailleurs culturels
et créer un rapport de force et contre pouvoir pour peser de manière significative sur la
politique culturelle du pays.
En effet, les artistes, créateurs et travailleurs culturels, à travers leurs organisations et associations
fortes et fédérées, par leurs activités en lien organique avec les populations et surtout avec la
jeunesse dans les quartiers, les lieux de travail, doivent par leur efficacité, leur crédibilité, peser de
manière significative aux niveaux local, régional et national sur la politique culturelle en matière de
conception, de décision, de programmes, et d’évaluations.
2. Construire un Etat démocratique et de bonne gouvernance
Une nécessité s’impose, celle de déterritorialiser la décision politique, de rapatrier la capacité de
l’État à définir jusqu’ici seul et de manière bureaucratique les priorités de la politique culturelle
nationale. L’État reste en effet la centralité politique incontournable et l’enjeu des intérêts et des
rapports de forces en présence dans la société ; il faut travailler aujourd’hui dans un esprit
d’engagement, d’autonomie et de responsabilité, à renverser la vapeur et asseoir un rapport de force
qui impose la démocratie et la bonne gouvernance dans le domaine de la politique culturelle
nationale.
3. Elaborer et mener la politique culturelle nationale du Sénégal de manière créatrice et
opérationnelle qui s’appuie sur une structure de concertation d’autorité indépendante et
juridiquement établie.
Une telle institution fluide, de concertation et d’évaluation, serait composée en représentants de
l’Etat du Sénégal, des fédérations d’associations d’artistes, intellectuels, créateurs, des Associations
culturelles de quartiers et de villages, des Municipalités et communautés de base, des ONG, des
Académies et Universités de toutes les régions du pays.
Une telle masse critique serait le foyer institutionnel garant de l’exécution de la politique culturelle
nationale définie.
Les programmes de la politique culturelle nationale
Les termes de ce cahier de charge pourraient porter sur la réalisation des programmes suivants :
1- Se réapproprier de manière créatrice et innovante en utilisant les Nouvelles Technologies nos
riches patrimoines intellectuels, culturels et artistiques anciens et actuels par une politique de
création d’infrastructures culturelles modernes et adaptées, par la formation professionnelle
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux
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artistique et culturelle continue dès le primaire pour susciter des vocations et détecter les jeunes
talents, par la création d’Instituts professionnels, d’instituts universitaires et d’Ecoles d’Art de
dimension régionale avec des filières de professionnalisation dans les divers domaines de la culture,
de l’art et de l’artisanat d’art.
2.- Prendre toutes les mesures juridiques, réglementaires et institutionnelles pour assurer la
protection de la propriété intellectuelle, des droits d’auteurs et des droits voisins afin que les artistes
et créateurs soient pleinement protégés au plan national et international et jouissent pleinement de
leur art.
3- Travailler activement à la « révolution alphabétique » du pays : à l’écriture de ses langues et leur
parler dans tous les domaines de la politique, économique, scientifique, juridique, technologique,
artistique, etc., garantir la préservation de la langue de chaque groupe ethnique dont celle des
minorités et leur enrichissement moderne. Pour ce faire :
Collaborer étroitement avec les linguistes qui font un travail scientifique précieux sur nos
langues.
Etablir des programmes d’élaboration de textes, brochures, ouvrages, dictionnaires dans les
différentes matières scientifiques et techniques, etc. et accorder une place aux langues
régionales dans la cadre de programmes communs avec les pays voisins, les institutions
régionales de recherches et d’édition comme, entre autres, le Centre d’études linguistiques et
historiques par tradition orale de L’union Africaine, à Niamey Niger.
Organiser de manière planifiée avec des moyens adéquats et en relation avec les
associations, mouvements, organisations scientifiques et communautaires qui se préoccupent
de défendre les langues nationales, des programmes vigoureux et ciblés d’alphabétisation
conscientes de toutes les couches de la population, cela dans des délais fixés pour atteindre
les objectifs.
Assurer la protection du patrimoine matériel et immatériel de chaque communauté ethnique
par l’application des dispositions règlementaires existantes, leur promotion par
l’enseignement et la popularisation par diverses manifestations de qualité au niveau national,
sous-régional et international dans le cadre de programmes de partenariat.
4. Elever le niveau idéologique et intellectuel des citoyens sénégalais et travailler à leur accès
démocratique à la culture artistique sénégalaise, africaine et internationale par des programmes
d’animation et d’informations riches et denses dans les radios, télévisions, festivals, concours,
manifestations locales et itinérantes, publications diverses.
ASSISES NATIONALES : COMMISSION 4 « GOUVERNANCE SOCIALE » - Rapport synthétique des travaux
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5. Prendre toutes les dispositions juridiques et économiques internes en innovant dans ce domaine
pour assurer de manière autonome les moyens financiers et budgétaires nécessaires à la politique
culturelle nationale d’essence et d’accès démocratique ; développer des partenariats multiples
d’appoint à certains grands programmes en particulier.
ASSISES NATIONALES – Commission 4 « Gouvernance Sociale »
Sous commission « Sports et Loisirs »
Membres :
- Ousmane DIADHIOU
- Moussa GUEYE
- Ahmet Diouf
- Mamadou Fadiga
- Amadou Lamine NGOM
Personnes ressources interviewées :
- Joe DIOP
- Lamine Diack
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Décembre 2008
Sommaire
I / Texte introductif de la sous commission
1 - Un peu d’histoire
2 - Le Sénégal
3 - L’impasse
II / Etat des lieux :
1- Infrastructures et sports modernes
2- Spécificité Africaine ou sports traditionnels
3- Le mouvement navétane
III / Mouvement Sport et Progrès « MSP »
IV / Loisirs
V / Interviews et propositions alternatives (Lamine Diack et Joe Diop)
1- Diagnostic2- Recommandations
VI / Annexes et documents
- Questionnaire
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- Documents utilisés (non disponibles) Projet de Manifeste du MSP Notre objectif est d’apporter une modeste contribution à l’effort national de relance et de
reconstruction de notre football par Joe Diop
Sous commission « Sports et Loisirs »
I / Texte introductif de la sous commission
Le début des travaux de la sous commission «Sports et loisirs» correspond comme par hasard à la clôture des XXIII Jeux Olympiques tenus à Pékin. La première place de la Chine à ses et/ou ces jeux démontre que le sport reflète souvent le développement économico-social d’un pays ou le volontarisme politique, idéologique et/ou culturel (par exemple ; Sao Tomé, Cuba, Jamaïque, Iran). Le bond économique de la Chine est à inscrire dans les annales économiques et sportives du monde : elle a cumulé les développements économique et sportif : deuxième puissance économique et première puissance olympique. Ce que le Japon n’a pu réussir ni la puissance américaine dont l’hégémonie olympique a été toujours contestée par l’URSS et récemment par la Fédération de Russie.
Les récents JO démontrent que le sport est le lieu de la confrontation entre capital économique, humain et social : les luttes politiques et socio culturelles y trouvent un prolongement. Ainsi malgré une levée de boucliers par l’essentiel de l’occident, la Chine a réussi à tenir ses et/ou ces jeux dans un climat social heurté avec la question du Tibet. Même les chantres de la démocratie libérale (USA, France, Royaume Uni par exemple) ont fait fi des questions des droits de l’homme en Chine pour ne pas heurter cet interlocuteur qui des arguments non négligeables. N’est ce pas que Malraux prédisait « Quand la Chine se réveillera, le monde tremblera » ?
La piètre participation sénégalaise à ces JO reflète bien les insuffisances et errements de la politique éducative et d’atmosphère politique.
1 - Un peu d’histoire
Les premiers êtres humains vivaient de pêche, de chasse et cueillette. L’activité physique fait partie de la vie humaine. La première grande civilisation connue qui est celle des Pharaons attachait beaucoup d’importance aux sports. Le pharaon était un habile athlète conducteur de char. La mise sur pied de troupes armées implique forcément une intense activité physique des soldats et potentiels soldats.
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Création culturelle nouvelle de l’homme, le sport est devenu l’un des faits dominants de la civilisation contemporaine. Comme pratique ou comme spectacle il occupe une place permanente aussi bien dans l’organisation que dans la conscience de la société, traduisant ainsi un besoin historique nouveau.
L’omni présence du sport se manifeste à tous les niveaux, il fait partie de tous les problèmes vitaux de la réalité quotidienne (culturelle, sociale et politique) en tant que composante essentielle de celle-ci, il est accepté et appuyé par tous les systèmes constitutionnels de quelle que soit l’idéologie qu’ils s’inspirent ou se réclament.
L’emblème et/ou le totem des pays ou des armées représentant un animal (lion, éléphant, aigle, etc.) est une représentation symbolique pour inculquer à l’armée ou le pays la force et/ou les attributs de l’animal en question. Le Sphinx lion dominait le monde pharaonique. Il continue de dompter tous les pays africains avec le sixième trophée de CAN remporté par l’Egypte au Ghana en 2008. Et pourtant, le Sénégal absent dans les armoiries de trophées footballistiques a su dompter le sphinx à deux reprises (Caire 86 et Bamako 2002).
2 - Le Sénégal
Le Sénégal capitale de l’Afrique Occidentale Française (AOF) a eu à bénéficier très tôt d’infrastructures sportives adéquates, ce qui lui a permis d’avoir des athlètes de très haut niveau au début des indépendances dans les années 60. Le processus a été enclenché depuis la première guerre mondiale où des tirailleurs sénégalais brillaient dans plusieurs disciplines sportives sans oublier des étudiants qui faisaient la fierté de la Métropole. Raoul Diagne faisait partie de l’équipe nationale française de football. L’exploit, en pleine période coloniale de Batlin Siki premier africain champion du monde de boxe peut être rappelé.
L’équipe nationale du Sénégal est le premier vainqueur du tournoi de l’Amitié devant la France, celle d’Asmara en 1968 était potentiellement capable de représenter l’Afrique à la coupe du monde.
D’autres disciplines sportives comme le basket (féminin et masculin), l’athlétisme et la lutte apporteront beaucoup de satisfactions tant qu’au niveau régional qu’international avec Amadou Dia Ba vainqueur de la médaille d’argent aux jeux olympiques de Séoul 1988 aux 400 mètres haies, Amy Mbacké Thiam, Kène Ndoye, Yékini et Ambroise Sarr en lutte, peuvent être cités.
3 – L’impasse
L’impasse du sport sénégalais en général correspond à la longue traversée du désert du football Sénégalais d’Asmara1968 (Ethiopie) à Caire 1988 (Egypte). Malgré les résultats positifs apportés par les autres disciplines sportives, les autorités politiques continuent de miser sur le football. Entretemps l’athlétisme discipline phare des JO perdait ses repères par manque d’infrastructures.
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La pratique du sport à l’école est un fait majeur dans l’enseignement. Cependant les compétitions intra scolaires et universitaires connaissent des difficultés qui font qu’on a l’impression que l’UASSU n’existe plus.
Au vu des maigres résultats sportifs de ces deux dernières années, un diagnostic du sport sénégalais s’annonce indispensable. Nous souhaitons que ces Assises Nationales dégagent des pistes de réflexions en attendant d’avoir des assises nationales sur le sport.
II / Etat des lieux
1- Infrastructures et sports modernes
De 1959 à 2008, le Sénégal a connu 19 ministres de sports et/ou de la jeunesse. Cependant la durée de leur mandat dépasse rarement cinq ans sauf Francois Bob (1978-1985) Joseph Mathiam (73-78), Matar Diop (88-93), Ousmane Paye (93 -98). Il faut noter qu’il n’y pas une réelle vision pour hisser le pays au niveau international. Lamine DIACK : 18 juin 1969/5 avril 1973, Commissaire général aux Sports- Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports avait initié un ambitieux projet d’infrastructures afin d’équiper chaque région de stade régional puis des stades municipaux. C’est aussi sous sa houlette que le mouvement navétane est propulsé comme un sport masse. Le maillage du mouvement navétane fait du Sénégal l’un des pays les plus densément couvert sportivement du monde : aucun coin du pays n’échappe au mouvement même si sa pratique est limitée dans le temps (maxi 3 mois).
Au plan des infrastructures le Sénégal ne compte que quatre stades nationaux : Amitié (60 000 places), Demba Diop (25 000 places), Iba Diop et Aline Sitoé Diatta qui a abrité une partie de la CAN de 1992. Le Sénégal ne compte pas de stade omnisport, cependant la piscine olympique est un joyau qu’il faut préserver et utiliser à bon escient. Pour les loisirs, la spéculation foncière fait qu’il n’y pas plus d’espaces de jeux aménagés ni d’espaces verts
Depuis 2000 le Ministère des sports dans le cadre du BCI a opéré un vaste programme de réalisations d’infrastructures sportives matérialisé aujourd’hui par les plateaux multifonctionnels, la construction et la réhabilitation de stades municipaux, l’éclairage dans les installations sportives, la pose de gazon synthétique, etc.
Ce programme qui a concerné toute l’étendue du territoire se poursuit pour doter les sportifs sénégalais de cadre d’épanouissement et d’éclosion de leurs talents.
Sur toute l’étendue du territoire national, le Ministère des sports a entrepris la construction de plusieurs infrastructures sportives. Ce programme a concerné toutes les régions et est pris en charge par le Budget Consolidé d’Investissement alloué au ministère.
Ainsi des plateaux multifonctionnels ont été réalisés, des stades construits et réhabilités pour offrir aux acteurs sportifs un cadre approprié de développer la pratique sportive.
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Le document joint donne une idée plus claire de l’étendue de l’ensemble des travaux effectués au Sénégal dans le secteur des infrastructures sportives.
Le ministère est structuré comme suite :
une Direction de la Haute Compétition ; une Direction de l’Education Physique et des Activités Sportives ; une Direction de la Jeunesse et des Activités Socio-éducatives ; Un Service de l’Administration et de l’Equipement ; deux services rattachés au Cabinet :
- l’Inspection de la Jeunesse et des Sports ;- le Bureau de Presse d’Information et de Documentation ;
Un service national : le Centre National d’Education Populaire et Sportive ; un établissement public : Institut National d’Education Populaire et du Sport (INSEPS.)
La raison de ce changement est de mieux préciser les champs d’intervention du Sport d’Elite et du Sport de Masse. Ainsi l’ancienne Direction d’Education Physique et des Sports (DEPS) a donné la Direction de la Haute Compétition (DHC) et la Direction de l’Education Physique et des Activités Sportives (DEPAS.)
La DEPAS a en charge les activités physiques et sportives, le sport de masse et la tutelle des fédérations ; la DHC s’occupant uniquement des programmes de compétitions de haut niveau.
En plus de ces mesures structurelles, le Centre National d’Education populaire (CNEPS) et le Service de l’Administration Générale et de l’Equipement (SAGE) ont été érigés en services nationaux.
Enfin, une Inspection de la Jeunesse et du Sport (IJS) a été créée au niveau du Cabinet. Elle s’occupe du contrôle administratif et financier des services et organismes sous tutelle (fédérations, mouvement de jeunesse etc.) du contrôle pédagogique du personnel, de la formation initiale et continue des agents et de la coopération internationale.
Au niveau des disciplines sportives, le Sénégal peut se targuer de pratiquer tous les sports même une fédération Sénégal de ski existe. Le sport sénégalais est caractérisé par une diversité avec 47 fédérations et groupements sportifs, ce qui traduit l’option pour une pratique sportive pluridisciplinaire. Conformément à la loi 84-59 du 23 Mai 1984 portant charte du sport et en vertu du principe de démocratisation, tout sénégalais a la possibilité de pratiquer l’activité sportive de son choix, au niveau où sa volonté et ses capacités personnelles lui permettent d’accéder.
Le présent vote du budget de 2009, nous renseigne éloquemment sur le sport et la politique sportive au Sénégal. Avec un budget de 6 093 064 480 francs CFA, le ministère des sports et des loisirs occupe 0,4 % du budget national du Sénégal. Plus grave l’équipe nationale A de foot engloutit à elle seule 90 % de ce budget. Donc un budget pour gérer 8 matches amicaux au plus par an, donc pas de politique sportive. Et pourtant, on n’a pas même pas de fédération ni de championnat régulier, les seules satisfactions en matière de football remontent 2002 avec une finale perdue en CAN et un quart de finale en Coupe du Monde.
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2- Spécificité Africaine ou sports traditionnels
Le patrimoine culturel de l’Afrique est très riche en traditions sportives. En effet, les exercices et jeux physiques ont de très profondes racines dans l’histoire des peuples africains et remontent aux origines même du continent. Les sociétés africaines ont crée et développé des formes d’expression physique et multiples et très variées, favorables à leur épanouissement social et répondant aux besoins sociaux de production et de lutte militaire.
En Afrique, la pratique sportive est aussi vieille que le monde. Ici que sport se conjugue avec jeux et loisirs. Chaque région a ses propres pratiques : les régates le long des fleuves et des cotes, la lutte est un sport continental, l’athlétisme par exemple les courses de fonds qui sont le domaine de l’Afrique de l’est et du Maghreb. Cependant il faut noter les sports individuels qui ne demandent pas trop de matériels ni d’infrastructures sont plus développés en Afrique que les sports collectifs. Les médailles olympiques africaines sont en général arrachées aux sports individuels. La liaison entre la pratique sportive et l’activité sociale de production apparaît d’elle-même : la nage et les courses de pirogues sont le fait des pêcheurs, la lutte est organisée par les masses paysannes à l’issue de bonnes récoltes. Les périodes de sécheresse ou de mauvaises récoltes ces joutes sont suspendues (AJ NDÊND : suspendre les tambours en wolof). C’est activités étroitement liées à la vie sociale participant à l’amélioration des aptitudes physiques des éléments qu’elles mobilisaient, de même que leur adresse et leur savoir-faire dans le cadre de leurs métiers respectifs.
Au Sénégal, le sport national est bien la lutte même si le football par le biais des navétane occupe une place importante. La lutte est le sport le mieux pratiqué au Sénégal, c’est loisir et jeu bien ancrés dans les us et coutumes du Sénégal. Cependant, certaines ethnies ; Seerer Diola et Al Puular en sont les véritables détenteurs. Ce qui fait que malgré une urbanisation galopante, la lutte continue d’être le loisir et le jeu préférés des Sénégalais. Sa pratique respectait un calendrier agricole, elle se pratique en général après les moissons. La lutte est un loisir et non une profession, ce qui fit que les premiers trophées étaient des drapeaux. Chaque village ou contrée organisait son tournoi qui dépassait rarement une semaine. Le vainqueur gagnait un drapeau et surtout de la considération. Au Niger, le champion national recevait un sabre sacré.
C’est plus tard que des récompenses en nature voient le jour : des vaches, des télévisions, ciment. Il n’est rare de voir en milieu seerer, un lutteur avoir un troupeau d’une cinquantaine de vaches gagnées dans différents tournois. Lorsque, la lutte atteint la ville, elle se restructure et les cachets voient le jour dans les années 1970 avec les Mbaye Guèye, Robert Diouf, Double Less, etc. Le fait majeur dans la lutte sénégalaise est la lutte avec frappe qui est spécifiquement sénégalaise. Elle n’est pratiquée nulle part ailleurs. La lutte simple est encore la plus pratiquée. Depuis lors la lutte avec frappe qui demande des infrastructures, un corps médical et une couverture sociale, connait un essor fulgurant à partir des années 90, des dizaines de millions sont mis en jeu et le sponsoring en est pour quelque chose. La lutte est premier sport au Sénégal qui s’est professionnalisé. Ce que football cherche en vain. L’éclosion des écuries et écoles de lutte l’ont dopée. Cependant si au niveau africain, le Sénégal est au premier devant le Niger, le Burkina et le Nigeria, aux JO, le Sénégal ne parvient pas à décrocher une médaille. La faute, la lutte gréco-romaine seule lutte autorisée aux JO, est presque méconnue au Sénégal. Le Sénégal parvient à exporter sa lutte en Europe en organisant
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des combats dans les villes européennes. Peut-être un jour, la lutte sénégalaise sera hissée au rang de sport olympique comme le taekwondo (sport coréen), le judo, etc.
3- Le mouvement navétane
Créé dans les années soixante, le mouvement navétane (activités qui se déroulent pendant les grandes vacances scolaires) au sein des quartiers et villages du Sénégal, est venu répondre aux besoins d’épanouissement et de loisirs de la jeunesse par le biais d’Associations Sportives et Culturelles (ASC) mises en place par les jeunes à travers tout le Pays. Cette jeunesse la plupart du temps laissée à elle-même pendant les vacances, prit l’initiative de créer des cadres d’expressions et de capacitations à travers de petites organisations nommées ASC. Dès lors un puissant mouvement sans précédant dans le secteur de la jeunesse commença à se développer à partir des quartiers et villages du Sénégal. En 1971 l’ONCAV (Organisation Nationale de Coordination des Activités de Vacances) fut mise en place par l’Etat pour coordonner cette initiative des jeunes. Dès le début, le mouvement avait pratiquement diversifié ses activités au sein de la jeunesse afin de lui permettre de trouver des espaces d’expressions pendant les vacances, tant sur le plan sportif que sur le plan culturel. Toutes les disciplines sportives étaient pratiquées, des animations culturelles aussi à travers des troupes théâtrales, sous forme de compétitions saines se déroulaient entre les ASC. Il est convoité par tous les politiciens du fait de son effet mobilisateur sur toute la jeunesse pratiquement du Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’après deux décennies d’existence, il commence à perdre toute sa raison d’être aujourd’hui. Pour un sport facteur d’unité de la jeunesse, et de renforcement des valeurs de solidarité et de tolérance entre les jeunes dès ses premiers pas, le mouvement navétane connaît aujourd’hui un revirement extrêmement dangereux du fait du chauvinisme et de la violence qui l’accompagnent presque durant les matchs de football. Aujourd’hui avec l’influence de l’argent dans le sport, seul le football reste dans les diverses activités qui l’accompagnaient dès sa création. Le football navétane sport dominant, et qui crée des recettes dans les stades et même plus que le championnat traditionnel de football d’élite au Sénégal, a fini d’orienter les dirigeants dans la liquidation des autres secteurs que le mouvement associatif avait créés ; or ces derniers non seulement ont servi à plusieurs générations de jeunes dans le renforcement de leurs capacités à travers ces organisations de base mais entretenaient des relations amicales, de fraternité et de solidarité entre les jeunes des quartiers et villages du Sénégal. Derrière les ASC aujourd’hui, des opportunistes sont tapis dans l’ombre, ils donnent à la compétition d’autres enjeux comme le trophée en oubliant la participation qui est symbole d’échanges avec d’autres jeunes, ils récupéreent l’engouement autour des équipes dans les quartiers.
Loin de ses objectifs de départ, le mouvement navétane ne se focalise que sur le football aujourd’hui par son utilisation, par ses structures d’encadrement qui a notre avis s’en servent pour faire tout simplement de l’argent. Or si nous regardons de près les sommes d’argent que rapporte le mouvement navétanes aujourd’hui, force est de se demander si réellement les ASC qui sont les principales actrices des manifestations bénéficiant des retombées leur permettant d’investir réellement dans leur quartier et particulièrement au sein de la jeunesse dans le de renforcement de leurs capacités ou d’insertion dans des activités génératrices de revenus pour lutter contre le chômage. Les subventions des maires d’arrondissements et autres ne sont destinées qu’à mettre les équipes de football dans des conditions de participation aux championnats de football. Or dans la
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structuration des ASC (bureaux et commissions) rien n’avait été laissé pour faire des jeunes des citoyens engagés au service de leur pays.
Avec le mouvement navétane, le Sénégal a un des réseaux sportifs les plus denses au monde; l’ONCAV compte 3 253 ASC, 312 zones, 44 ODCAV et 14 ORCAV. Aucun coin du Sénégal n’échappe au mouvement navétane.
III / Mouvement Sport et Progrès
Depuis l’indépendance, seul Lamine Diack a initié une véritable politique sportive dite « Réforme Lamine DIACK » (1969) qui devait doter le sport de notre pays de structures à la dimension de ses ambitions pour une percée continentale victorieuse : on procéda à la fusion de nombreux clubs pour ‘ créer des entités viables ‘’ pluridisciplinaires et plus compétitives qui ne devaient rien envier à leurs homologues d’envergure africaine. Cette réforme voulait que chaque club ait au moins quatre (4) disciplines : football, basket et athlétisme obligatoires, la quatrième optionnelle. Cette réforme sera le moteur du mouvement navétane pour une pratique de sports de masse. C’est à cette occasion que naquirent : le Jaraaf, le Ndiambour, la linguére le Barack, etc. Cette réforme n’a pas atteint les objectifs qui lui furent assignés de placer le sport sénégalais sur l’orbite du succès et au bout de trois ans d’application, il fallut se rendre à l’évidence et constater l’échec qui approfondit davantage la crise du sport de notre pays. C’est alors que l’Etat convoqua en Août –Septembre 1973 la première réunion élargie des responsables du sport à l’occasion de ce qui fut baptisé ‘Etats généraux du sport sénégalais : le Séminaire de réflexion sur la politique sportive du Sénégal.
Une décennie après la société civile et une bonne partie du mouvement sportif entreprend une réflexion sur la culture et le sport sénégalais intitulée «Caada gi». Son pendant sportif fut le Mouvement Sport et Progrès « MSP » qui va trouver une oreille attentive au près des autorités gouvernementales. C’est ainsi que plusieurs rencontres seront faites pour hisser le sport sénégalais en général et le football en particulier sur la scène continentale.
- LE PREMIER CONSEIL NATIONAL DES 8 ET 9 JANVIER 1976
La pratique de L’E.P.S. et du sport n’a jamais fait l’objet d’une orientation d’ensemble cohérente au Sénégal et l’essentiel des textes la régissant date de l’époque coloniale. Le S.E.U.S. devait soumettre au conseil un ‘projet de charte du sport sénégalais ‘ Et ce texte fondamental devait servir de guide à l’action des différentes instances sportives. Le Premier conseil national devait donc se pencher sur la définition d’une politique sportive exprimée pour l’essentiel dans le projet de charte qui en constitue la base juridique.
Le séminaire de Blaise DIAGNE avait institué des conseils régionaux des sports (C.R.S.) ‘structures décentralisés à la fois de conception, de coordination et d’animation sportive ‘au niveau des régions. Après 2 ans d’existence, les C.R.S. n’ont pas pu s’identifier au rôle qui leur était
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assigné là où il a été possible de les mettre sur pied. Le Premier Conseil national devait trouver la solution dans l’adoption d’un projet d’arrêté les réglementant.
- LE DEUXIEME CONSEIL NATIONAL DES 14-15 ET 16 OCTOBRE 1976
Prolongement du premier, il devait achever de définir les derniers éléments constitutifs de la politique sportive de l’état.
- Le club sportif, cellule de base était encore à l’ordre du jour. De fait l’application la ‘Réforme Lamine Diack qui devait aboutir à la création de nouveaux ‘ clubs omnisports plus viables ‘ et susceptibles d’impulser le sport de notre pays sur le continent, on a constaté un échec. Ainsi la réforme a été incapable de résoudre les contradictions persistantes dans les nouveaux clubs ; le développement de notre sport ne s’est pas donc produit.
- Les clubs ont pour mission de propulser le sport sénégalais d’abord au niveau local, international, continental et ensuite au niveau mondial et le rendre donc plus compétitif ‘, pour ce faire il fallait alléger les structures et différencier ‘ le club d’élite ‘ du club tout court. Les premiers devant être dotés de puissants moyens matériels et financiers ; le club sénégalais, par rapport à ses homologues africains sont très démunis.
- A partir de ce moment, la base de la pyramide devait regrouper des structures telles : les navétanes, le corpo, l’U.A.SS.U et les clubs militaires et paramilitaires. Les clubs d’élite, dont le nombre devait être limité, dotés de puissants moyens ne devaient plus rien envier aux grandes formations africaines qui tenaient la vedette, au niveau desquelles ils devaient se hisser pour une compétition à armes égales
- LE TROISIEME CONSEIL NATIONAL : Pour redynamisation du sport au Sénégal Nov.1977
Se fondant sur l’orientation déjà définie à partir du Séminaire de Blaise DIAGNE et à travers les deux premiers conseils nationaux, le 3éme conseil national devait être consacré à la redynamisation du sport au Sénégal que rien ne devait plus entraver.
- Les organismes sportifs, sous le poids de l’arsenal de réformes à l’occasion des conseils nationaux, devaient se redynamiser. L’UASSU, L’ONCAV, et le CORPO, structures d’animation permanente devaient constituer la base de la pyramide devant donner naissance à des clubs d’élite à l’échelle des villes et des régions « bénéficiant du concours de toutes les ressources financières locales, des municipalités aux unités industrielles….
- Les structures militaires et paramilitaires (ASFA, POLICE essentiellement constituées à l’image des F.A.R (forces armées royales marocaines) répondant à la volonté de l’Etat de « rompre définitivement avec le bricolage et l’instabilité, etc. et de pouvoir compter sur une élite sportive disponible et stable ‘ parce qu’incorporée dans l’armée ou la police (les casernes) pour les besoins de la haute compétition.
Cette incorporation doit par ailleurs enrayer l’exode déjà endémique de l’élite sportive de notre pays.
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- Le sport corporatif selon le conseil national devra devenir un ‘ sport promotionnel, susceptible de répondre à ce vent de néo-professionnalisme qui se généralise en Afrique ‘. Le patronat des entreprises, usines, banques etc. …devra apporter son concours à l’Etat pour la réalisation des programmes d’infrastructures fonctionnelles et contribuer de concert avec l’armée et la police, à juguler l’exode des meilleurs sportifs qui devraient être employés dans ces entreprises
IV / Les loisirs
Le loisir se définit comme le temps dont quelqu’un peut disposer en dehors de ses occupations ordinaires.
Sans professionnalisme ni semi professionnalisme, le sport se fait en temps de loisirs. Pourtant les loisirs ne sont pas pris dans les grandes politiques sportives. Un cadre de vie radieux implique des espaces de détente comme des jardins publics, des espaces verts, des centres aérés, des terrains de jeunes, etc.
Ne disposant pas d’infrastructures ni d’espaces de détente, les loisirs sont limités entre amis dans le temps et dans l’espace. Ce qui fait que les navétane sont les loisirs les plus partagés avec leur cachet alliant sport de masse, jeux et loisirs.
Pourtant, la création du ministère du cadre de vie et de loisirs devait baliser le terrain tenir en compte des loisirs de proximité et du sport de masse. Mais hélas, la boulimie foncière fait que les rares espaces aménagés et terrains de jadis sont vendus pour des centres commerciaux et/ou immeubles à usage d’habitation. Ce ci n’épargne plus les plages qui sont devenues des sites touristiques fermés aux populations locales.
Peut-être la future capitale prendre en compte les loisirs et les infrastructures pour cadre vie digne d’une ville moderne du 3e millénaire. Il faut faire en sorte que les nouveaux quartiers et les nouvelles villes tiennent compte des aspirations
V / Interviews et recommandations
Présentation Joe Diop : Né à Saint-Louis, habitant Thiès, cadre sportif ancien entraineur et sélectionneur de
l’équipe nationale de football, ancien collaborateur de Feu Mawade Wade et Lamine Diack
Lamine Diop : Né à Dakar (Rebeusse), première licence en 1949, commissaire général aux sports (1969), compétiteurs dans plusieurs disciplines sportives, entraineur et sélectionneur, Secrétaire général de fédération d’athlétisme, ministre et député.
Le recoupement des interviews de deux personnalités (Lamine Diack et Joe Diop) du sport sénégalais montre un tableau en deux colonnes :
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1- Diagnostic Il n’y a pas de sport bien portant comme il n’y a pas d’école bien portante dans une société
malade. Le sport sénégalais est le reflet de la société et de la politique du gouvernement dominant. Le sport sénégalais est en crise identitaire et de perspectives. Il y a une absence de politique sportive depuis le départ de l’administration coloniale, indépendamment des conseils nationaux, des séminaires, des journées d’études et la réforme Lamine Diack. Le sport sénégalais a fonctionné d’une manière empirique avec des textes obsolètes qui n’ont pas la dignité de notre temps du XXe siècle, du 3e millénaire. Toute l’organisation du sport sénégalais est élitiste, quelque soit la discipline, il n’y a pas de sport masse.
Le football est la plus forte image de la crise du sport sénégalais. Le non renouvellement de l’élite, nécessite la définition et l’élaboration d’un politique de masse pour permettre le renouvellement des élites et pour cela il faut des états généraux du sport.
Les succès du football en 2002 ne sont pas le résultat d’une politique d’ensemble du football, du basket, de l’athlétisme, etc. Quelques constats majeurs sont à soulignés- Absence politique et vision sportives (depuis l’indépendance seul Lamine Diack a initié une
réelle politique avec la réforme portant son nom).- Manque d’infrastructures sportives.
- Manque de cadres sportifs
- Manque de cadre juridique sportif pour les différentes catégories de sports ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.
- Insuffisance des subventions accordées aux fédérations
- Boulimie foncière en ville (destruction du stade Assane Diouf et morcellement des réserves foncières du stade de L’amitié)
- Place congrue réservée au sport dans le système éducatif, l’éducation n’est pas une matière fondamentale à l’école, dépasse rarement deux heures par semaine.
- Absence quasi-totale de médailles au niveau international (Médaille d’argent de Dia Ba aux JO de Séoul en 1998)
- Absence d’une fédération (football) inspirée et entrainée par les tendances nouvelles de l’évolution au niveau mondial et d’un championnat digne d’une nation classée à la FIFA et quart de finaliste en 2002.
-
2- RecommandationsLe sport est un ensemble d’activités physiques et ludiques codifiées, ayant une signification et
des objectifs sociaux, humains aujourd’hui culturels, économiques et sociaux en rapport avec l’apparition et le développement des sociétés humaines. Il est devenu une préoccupation majeure donc politique qui ne laisse presque personne indifférent et qui est souvent l’otage d’embrigadements et de caporalisation à des fins politiciennes par certains Etats qui ne s’en
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servent que pour des prestiges élitistes et occasionnels. Le sport est un produit de la culture humaine indissociable de toute société. C’est un acquis de la culture humaine, pratique sociale humaine.
Dès lors que le sport est devenu une politique économique avec ses industries spécifiques, un moyen d’insertion, de réinsertion et de reconversions sociales, professionnelles. Il, par sa transversalité, faut donc doter le sport doit peut et doit contribuer au développement multiforme du Sénégal. Pour se faire il faut doter le sport de cadre d’une nouvelle politique, d’un statut social, d’un statut dans le système éducatif sénégalais.Quelques recommandations : - Une élaboration d’une nouvelle politique du sport avec ses exigences et nécessités
sectorielles ; sport d’élite, sport de masse ou de loisirs, sport féminin, handisport, sport corporatif, sport des tout-jeunes, sport des jeunes et sport scolaire et universitaire.
- Une politique sectorielle de formation de cadres techniques administratifs, financiers, économiques
- Formation des jeunes et très jeunes
- Construction de stades régionaux, départementaux, municipaux
- Assigner aux sports des objectifs dans le processus d’éducation et de formation (de la case des tout-petits jusqu’à l’université), réformer l’UASSU pour qu’elle soit réellement l’expression du sport dans un contexte scolaire et universitaire et réhabiliter l’éducation physique à l’école pour qu’elle soit une discipline fondamentale obligatoire et non optionnelle
- Construire des infrastructures : Infrastructures de masses dans toutes les disciplines pour une pratique populaire du sport Infrastructures d’élite (stades, complexes sportifs pluridisciplinaires, etc.) pour les
compétitions internationales, pour abriter des événements sportifs régionaux, internationaux et mondiaux
- Impliquer les collectivités locales dans les infrastructures (l’éducation, le sport et les loisirs étant des compétences transférées)
- Subventionner annuellement les associations, clubs et structures sportives légalement constitués et reconnus
- Faire de nouveaux textes, pour un cadre juridique propre au sport amateur
- Doter les fédérations délégataires de pourvoir ; de moyens humains, matériels et financiers
- Professionnaliser certaines élites comme le football et le basket en attendant, la lutte ayant un peu d’avance. Créer un cadre juridique spécifique qui protège la ligue professionnelle (armature juridique, législation du travail), les clubs, les joueurs et les investisseurs nationaux, internationaux, donc rassurer le cadre professionnel et surtout les investisseurs, nous entrons dans les réalités du marché (syndicats de joueurs, d’entraineurs et investisseurs). La ligue du sport professionnel doit aider au développement du sport amateur et sa ligue.
- Pour les anciennes gloires (pratiquants professionnels, internationaux, encadreurs, etc.), il faut les accompagner dans leur reconversion professionnelle dans le sport (métiers d’éducateurs, entraineurs, formateurs, instructeurs, économie du sport, droit du sport,
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communication, etc.) autrement dit vers les métiers et compétences actuels et à venir du sport et vers les structures institutionnelles formelles (fédérations, ligues, clubs)
VI / Annexes
Questionnaire
1- Présentation
2- Sports pratiqués
3- Professionnalisme (football)
4- Les infrastructures
5- Les grandes politiques et/ou réformes sportives
6- Etat des lieux du sport au Sénégal
7- Sport et éducation : le cas de l’UASSU
8- Athlétisme
9- Football
10- Les vétérans ; destin des anciennes gloires
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11 Perspectives et recommandations
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