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12 juillet - 23 juillet 2014 BANGUI République Centrafricaine

Reponse d'Oxfam en RCA

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12 juillet - 23 juillet 2014

BANGUIRépublique Centrafricaine

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La République Centrafricaine (RCA) est un pays enclavé d’Afrique Centrale et l’un des plus pauvres du monde. Depuis son indépendance il y a un demi siècle, le pays vit dans une instabilité politique chronique, freinant le développement de la na-tion et de ses institutions.

En mars 2013, la Séléka, une coalition de groupes armés dont les combattants étaient - pour la grande majorité - musulmans, prend Bangui, la capitale, et destitue le Président Bozizé alors en place. Les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Séléka durant les mois qui suivront, transforment alors progressivement les hostilités en conflit intercommunautaire à base religieuse entre non-musulmans (chrétiens et animistes) et musulmans.

Face à cette violence plusieurs groupes d’auto-défense se consti-tuent dans différents quartiers de la ville, les Anti-balakas. Le nombre d’attaques contre les civils musulmans et les actes de repré-sailles envers les chrétiens augmentent alors de façon inquiétante. Les ONG internationales, la France et les Nations Unies émettent des alertes sur la possibilité d’un génocide.

En décembre 2013, ces milices Anti-balakas à majorité chrétienne lancent un assaut sur Bangui. La répression en retour des combat-tants de la Séléka n’en sera que plus sanglante, faisant environ un millier de victimes civiles, et des centaines de milliers de déplacés.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies autorise alors le 5 dé-cembre 2013 l’intervention en RCA des forces de maintien de la paix de la MISCA (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique, sous conduite africaine), avec le soutien de la force française appe-lée « opération Sangaris » dans Bangui.

8 mois plus tard, on compte toujours 100 000 déplacés à Bangui répartis sur 40 sites. 500 000 dans tout le pays. Et 400 000 réfugiés dans les pays voisins.

La ville est méconnaissable sur le plan social. Des quartiers entiers ont été intégralement pillés et vidés, notamment de la population musulmane qui représentait une partie non négligeable des habi-tants de certaines zones de la ville. Les différentes communautés se sont regroupées en fonction de leur religion, autour de l’église, ou de la mosquée. Les derniers musulmans de Bangui sont ainsi retran-chés dans le quartier de PK5 autour de la mosquée centrale, un des derniers édifices religieux de la communauté encore debout.

L’insécurité qui demeure dans Bangui et la perte de tous leurs biens ne permettent pas encore aux déplacés de rentrer chez eux.

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-M’POKO (AIRPORT) CITY-Le site de l’aéroport de M’poko est le plus grand camp de déplacés de RCA. Il abrite aujourd’hui environ 40 000 personnes ayant fui en décembre 2013 leur quartier, alors dévasté par le cycle de violence qui venait d’éclater entre la Séléka et les Anti-balakas. 8 mois plus tard les besoins humanitaires sont nombreux et les habitants du camps ne peuvent toujours pas rentrer chez eux.

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Les habitudes de vie de ceux qui ont du fuir ont changé. Les gens essaient de vivre de petits commerces faits de brics et de brocs. On charge les téléphones pour 50F, on cultive des jardins pour s’alimenter, on vend du petit bois pour cuisiner, des médicaments et des chewing gums. Il y a des églises, un bar, un marché ; la vie communautaire est reconstituée, une petite ville s’est créée à l’ombre des carcasses d’avion dispersées sur le site.

Dans le camp, les problèmes de nourriture semblent la première préoc-cupation de ces voyageurs coincés à l’aéroport, viennent ensuite l’eau, l’éducation des enfants, et surtout : la sécurité. Sans réconciliation natio-nale ni désarmement des groupes armés, les gens ne se disent pas assez protégés pour pouvoir retourner chez eux.

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DES BESOINS ALIMENTAIRES« Aujourd’hui le véritable problème sur le camp c’est la distribution des vivres » em-braye Bertrand, le coordinateur du site de M’poko. Lui même vit ici depuis décembre 2013. « Depuis le 19 février, les partenaires qui distribuaient les vivres ont eu énormé-ment de problèmes et se sont retirés du camp, depuis ce jour là, il n’y a pas eu de distribu-tions sur le site de M’poko. »

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Les dernières distributions ali-mentaires datant d’il y a 6 mois ont dégénéré en émeute, sous fond de corruption et de faux coupons. Le PAM a alors décidé de les arrêter.

Sur le marché qui s’est créé sur le site, l’accès aux protéines ani-males est difficile, car la plupart vivent ici avec moins de 1 dollar par jour.

Dans la famille de Yé tisésé on fait avec peu de moyens en atten-dant des jours meilleurs.

Marché de M’poko. Des chenilles et des piments sont étalés sur le sol pour la vente.

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YE TISESE« Je me nomme Monsieur Isséké David, dénommé Yé tisésé, ce qui veut dire ‘source de la terre », se présente Yé tisésé, un ancien gendarme au-jourd’hui à la retraite.

Père de 12 enfants, il est arrivé avec toute sa famille à M’poko en dé-cembre 2013. Il raconte : « On a entendu que des malfaiteurs étaient entrés dans le quartier pour nous faire du mal, nous avons préféré nous cacher. Ici à l’aéroclub nous sommes comme des réfugiés chez nous mêmes.

Nous avons abandonné nos maisons et tous nos biens. »

« La maison a été pillée, il ne reste que le mur… si on rentre tout de suite on ne sait pas où loger les enfants et les petits-enfants. »

Il dit se tenir à l’écoute des négociations qui se passent dans une autre capitale africaine, avec pour espoir que la situation change rapidement.

« On attend, les jours passent, et notre morphologie change, on maigrit, on a changé de corpulence et de poids… l’Etat nous dit de patienter, on conti-nue à patienter, on est déformé, on n’a pas de moyens de subsistance »

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Les habitants disent avoir confiance en leur Etat, mais ils ne se sentent pas écou-tés.On murmure que s’il n’y pas d’aide alimentaire, c’est pour éviter que les dé-placés ne se sédentarisent dans la zone.

Mais après 8 mois sur place, il a bien fallu s’organiser pour survivre.

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LE MOTEUR HANDICAPSous chaque hutte délabrée, on trouve 6 à 7 personnes en moyenne. Généralement le père, la mère et peut-être 3 ou 4 enfants. Beaucoup, voire tous, ont perdu leur activité : les commerçants se sont fait piller, les maisons ont été saccagées, les écoles sont fermées. Beaucoup se sont alors tournés vers la terre, pour cultiver des potagers sur le site et subvenir à leurs besoins. Certaines parties du camp de l’aéroport se transforment en de grands champs de culture, faisant vivre une partie de sa population déplacée.

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SIMPLICE

Lingdi Simplice est arrivé à M’poko le 5 décembre 2013, « comme tout le monde » nous dit il. Paralysé du côté gauche des suites de la polio, il raconte son histoire :

« L’arrivée ici était très compliquée. Etant une personne handicapée, les déplacements sont très difficiles. C’est ma famille, surtout mon épouse, qui m’a aidé à me tenir pour m’amener ici sur le site de M’poko. Avant j’étais professeur d’anglais. Lorsque les armes ont commencé à reten-tir, je me suis précipité avec ma famille pour me retrouver ici sur le site.

Ici j’ai essayé de réunir les personnes handicapées car nous sommes tou-jours marginalisés, bousculés, et ça m’a donné l’idée de créer une associa-tion, un comité, pour les personnes handicapées. Pendant les distributions on ne recevait pas trop de choses, on ne pouvait pas rester comme ça, alors on a tenté de réaliser des choses par nous-mêmes, comme ce jardin. »

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Simplice ne veut pas s’arrêter là désormais et a déjà son plan établi :

« On veut aussi faire de l’élevage de volailles, de porcins, pour pouvoir ten-ter de faire quelque chose pour améliorer la situation des personnes handi-capées. Pour la suite, si on cultive la terre c’est pour récolter et gagner quelque chose, pour notre subsistance d’abord, et pour vendre une partie pour ache-

ter d’autres choses. Maintenant nous vivons avec nos maigres moyens : on se bat pour vivre!

Pour manger, on est privé de tout sur le site, le peu avec lequel on vit c’est ce qu’on sème et ce qu’on récolte dans le jardin. On a semé les amarantes amères, douces, les épinards, le gombo… tout ce qu’on peut manger pen-dant un mois et qu’on privilégie ici. »

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Vue du camp de M’poko

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Derrière le tarmac, proche des champs culti-vés, se trouve un camp armé d’Anti-balakas. Sur le site de M’poko, les armes sont physique-ment interdites, mais bien présentes dans tous les esprits. Toute cette population a vu ses mai-sons pillées, et on ne peut oublier en quelques mois un tel traumatisme.

DES ARMESet

DES JOUETS

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Beaucoup d’exactions ont été commises sur le site au début, mais grâce au travail des ONG le camp ne peut plus recevoir d’hommes en armes. Les patrouilles de la Force Européenne (EUFOR) et de la Gen-darmerie centrafricaine durant la journée ont apporté un calme relatif sur le site.

On m’assure qu’ « Aujourd’hui, tu peux te balader dans le site sans inquiétude. Au début avec 100 000 personnes ce n’était pas facile, mais aujourd’hui le site est calme. »

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Il est pourtant difficile de savoir combien d’armes circulent dans le camp, car rien ne transparait à première vue.

Le coordinateur du site ex-plique la situation : « Au début tu voyais les gens avec des ma-chettes, des armes, des kalach-nikovs sur le site, aujourd’hui on ne voit plus ça car leur chef les a sensibilisés à leur venue sur le site: leur objectif n’est pas de résider sur le site, mais d’être derrière le tarmac », à quelques centaines de mètres.

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Au milieu trainent les enfants. Selon le Ministère de l’Education 45% des écoles primaires du pays sont toujours fermées.Ces enfants ne seront plus scolarisés depuis bientôt un an. Ils sont environ 8 000 à errer dans le camp.

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Dans M’poko on croise des enfants jouant avec des fusils, comme les vrais, mais en bois. Témoins et acteurs mal-gré eux de la guerre, l’impact du conflit sur les enfants d’aujourd’hui pourrait éclore dans quelques années, et repro-duire le cycle de violence actuel.

Bertrand témoigne du problème : « Moi qui vous parle j’ai un enfant d’un an et huit mois, dès qu’il attrape une pierre il dit « grenade » et il la jette sur moi… quel est l’avenir de cet enfant là? Il y a un gros travail psychosocial à faire pour ces enfants, sinon je vous le dis l’avenir de la Centrafrique est hypothé-qué. »

«Dès qu’il attrape une pierre il dit ‘‘grenade’’ et il la jette sur moi»

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PRINCEA l’hopital communautaire, le jeune Prince fait partie des civils victimes du conflit.Le 2 mai 2014 il a reçu deux balles perdues à la jambe et est aujourd’hui en convalescence.

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ANTOINETTEAntoinette Bolobo, 42 ans, est mère de 10 enfants. Elle raconte son histoire :

« Je suis arrivée depuis le 5 décembre. Avant je travaillais au centre de santé, je suis infirmière. Mais maintenant je ne fais rien. Je ne peux pas rentrer chez moi, il y a trop d’insécurité dans les 3ème et 5ème arrondissements.

Ils ont tout détruit, ils ont pillé ma maison jusqu’à quatre fois. Moi, mère de 10 enfants, je fais comment pour retourner chez moi ? Mes enfants ici ne font rien, ce sont des étudiants normalement mais ça fait 6 mois maintenant qu’ils n’étu-dient pas, à cause des problèmes d’insécurité.

Nous voulons que notre quartier et notre arrondissement soient désarmés, nous voulons la paix, que nos enfants puissent manger, jouer, marcher, danser, s’amu-ser, comme il faut.

S’il y a l’insécurité on ne peut pas sortir. Nos enfants, c’est notre retraite, pour notre vieillesse… mais si on tue tous nos enfants, nos garçons, comment fe-rons-nous? »

En fin de journée un attroupement se constitue autour de sa hutte. Son fils vient de se faire tuer dans un autre quartier de la ville.

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A ce jour, beaucoup des déplacés sur le site de M’po-ko disent avoir fui la guerre. Leur problème actuellement reste le désarmement des différentes milices afin de rétablir la sécurité.

Sous les ailes des carcasses d’avions, comme Jacques, on rêve ainsi de pouvoir rentrer chez soi.

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JACQUESJacques Senzema vit avec sa femme et ses 13 enfants sur le site. Sa dernière fille est né le 4 novembre 2013, un mois à peine avant qu’ils aient du fuir vers le site de l’aéroport.Autrefois infirmier, Jacques travaillait comme laborantin au centre médical chinois depuis 14 ans. Il y faisait également des consultations. Le centre ayant fermé, aujourd’hui il se retrouve sans emploi, et fait face à toutes les difficultés qui vont avec : « Aujourd’hui je ne travaille même pas, on peine à trouver à manger, on a des problèmes de santé, de logement pour trouver une hutte pour protéger les enfants. On est donc sous l’avion, et quand il pleut on reste debout jusqu’à ce que la pluie cesse pour se coucher et dormir ».

« Nous souhaitons rentrer chez nous mais nous attendons surtout de voir ce qu’il va se passer. J’aimerais retravailler dans les quartiers comme infirmier ».

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LA RECONCILIATION

Après toutes les atrocités commises, il semble que la récon-ciliation viendra après de longues médiations intercommu-nautaires. Pour y parvenir, il faudra que les coupables des atrocités de ces derniers mois soient traduits en justice, et que les groupes armés déposent les armes.

Enseignant à l’université avant de devenir coordinateur du camp M’poko, Bertrand se fait le porte-paroles des déplacés.

« Ce que nous voulons aujourd’hui c’est s’asseoir autour d’une table pour pouvoir discuter et voir un avenir meilleur. Il y a un moment pour faire la guerre, mais il y a aussi un moment pour se réconcilier. Mais pour tous ceux qui ont les mains liées dans ce conflit que la République Centrafricaine a vécu, le tribunal de l’histoire va les poursuivre. »

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Dans le 3ème arrondissement de Bangui, entre la mosquée, le marché et l’aéroport non loin, vivaient ici 6 000 personnes dans le quartier de PK5. Il était un grand marché de la ville et est toujours considéré comme un lieu important où musulmans et chrétiens se côtoyaient et cohabitaient en paix.

L’ E N C L AV E MUSULMANE

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SOULEYMANE

Un ancien commerçant du quartier se souvient de cette époque pas si lointaine : « Avant on était ensemble, on vivait en parfaite union, on se réunissait, s’il y avait une fête on invitait nos amis chrétiens à venir manger avec nous, on était ensemble ; Mais depuis, c’est difficile, même si on se dit bonjour c’est du bout des lèvres et pas du fond du cœur ».

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Jusqu’à ce 5 décembre 2013, où les Anti-balakas, principalement chré-tiens, ont attaqué le quartier et tous les musulmans ont du fuir, se réfu-giant sur le site de la mosquée centrale, ou dans un pays voisin.

Le conflit entre les Anti-balakas chrétiens, et la Séléka musulmane a semé la confusion au sein des différentes communautés en Centrafrique. Les exactions de chacun étant perçues comme actes barbares au nom de la religion. Tous les chrétiens sont subitement devenus des Anti-balakas aux yeux des musulmans, et tous les musulmans sont devenus dangereux aux yeux des chrétiens. Des groupes de jeunes profitent de cette situation d’insécurité totale pour commettre nombres d’exactions et de pillages, assimilés sous le nom de faux Anti-balakas.

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Il ne reste aujourd’hui qu’une communauté d’environ 2 000 Centrafricains regroupés dans une enclave dite musulmane : PK5.Depuis décembre 2013, ces musulmans ne peuvent plus se hasarder à sortir de cette enclave au risque de se faire tuer, par un Anti-balaka ou la « justice » populaire.

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LA MOSQUEE CENTRALEA l’ombre du manguier, les hommes passent la journée à discuter. Le soir ils déroulent la bâche qui protège le peu d’affaires qui leur restent, et dorment sur les nattes au sol.Au pied de la mosquée, on regarde le temps passer. C’est la saison des pluies désormais. « Quand il pleut on couvre nos bagages avec les bâches et on rentre se protéger dans la mosquée ou on s’installe dans d’autres tentes », explique Souleymane. « Ca fait presque 7 mois que nous sommes ici et nous vivons dans un état vraiment très critique. »

Il y a des besoins humanitaires comme dans tous les autres camps de déplacés de Bangui, mais la préoccupation principale du quartier de la mosquée est la sécurité. Alors on se tient au courant en écoutant la radio. On attend. Et on espère que les négociations pour la paix qui se déroulent au loin dans une autre capitale africaine résoudront cette situation d’isolement.

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Si on sort, on risque sa peau :« On ne peut pas sortir du quartier, si un musulman sort et croise des Anti-balakas il est mort. Ca fait 6 mois que je suis ici à la mos-quée centrale, je ne peux aller nulle part de peur d’être attaqué par les Anti-balakas, au risque de ma vie », explique Idriss.

Ces dernier temps il n’y a pas eu d’attaques sur le camp, il y a une accalmie et le marché où se côtoient chrétiens et musulmans s’est remis à fonctionner en juin dernier, même si on entend toujours des coups de feu le soir venant du quartier en face.

« Moi je voudrais rebâtir ma maison, rester à Bangui. Je voudrais qu’il y ait la paix, et qu’avec ma famille on vive comme avant. Ici, les conditions d’hygiène laissent à désirer, on a une seule toilette pour les milliers de personnes qui y vivent. » Et puis la quantité de vivres: 12 kilos de riz et ½ litre d’huile pour un mois par personne, « c’est très difficile, la vie est très rude », souffle-t-il.

IDRISS

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Comment revenir à la vie normale une fois le lien social rompu?

Il faut une paix durable et qu’ils nous trouvent une solution ho-norable, au bénéfice de tous, de tout le monde. Il faut désarmer nos cœurs, nos esprits, à l’église, à la mosquée, dans les familles, les communautés, que tout le monde œuvre à la paix. », livre Aisha qui était juriste au Tribunal de Grande Instance de Bangui.

« J’ai mes enfants, j’aimerais aller travailler mais je ne peux pas, on ne peut pas… tout a été détruit ».

Faute de réconciliation nationale, les déplacés de chaque camp ne peuvent rentrer chez eux.

« IL FAUT DESARMER NOS CŒURS »

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Cette prison à ciel ouvert est gardée par la MISCA et ses soldats burundais. Le contingent a établi ses quartiers dans l’école en face de la mosquée centrale. Une école de moins mais au moins ils assurent la sécurité des musulmans et patrouillent la journée dans le quartier.

« S’ils n’étaient pas là effectivement tout serait parti, il n’y aurait plus rien pour qu’à la rentrée les élèves puissent se retrouver et s’asseoir. Donc c’est une bonne chose que les forces de la MISCA soient restées là pour garder cette école » raconte Mathieu, un habitant du quartier.

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Les maisons laissées à l’abandon ont été pillées pour la plupart. Le quartier de Ramandji est silencieux. Désert. La nature reprend ses droits peu à peu. L’herbe pousse sur les routes qui ne sont plus empruntées, les plantes ont poussé et envahissent les jardins des maisons. L’homme a disparu. On croise quelques personnes : ceux qui reviennent récupé-rer ce qui reste de leur chez eux, et ceux qui sont restés. Des vieillards et des enfants.

LE SILENCE

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Mathieu est un ancien chef de quartier de Ramandji. Il est le président d’une ONG locale, l’APEC, l’Alliance pour la Protection de l’Enfance en Centrafrique. Ses enfants ont fui au camp de M’poko non loin, mais lui a préféré rester. Quitte à faire face à des tentatives de pillages la nuit.

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« Il y avait 6 000 personnes dans le quartier avant. Tous les chrétiens sont partis sur le site de l’aéroport, et les musulmans au quartier de la mosquée à PK5 » explique Mathieu.

Il s’inquiète particulièrement du sort des enfants qui ne vont plus à l’école, alors que dans certains coins de la ville celle-ci a repris. Mais la seule du quartier est occupée par la MISCA.

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Le 25 mai, 2014 les Anti-balakas ont tué trois musulmans. Le même jour un Anti-balaka fut tué. Dès lors le quartier a subi un embargo. Il est devenu une enclave pour les musul-mans, ainsi que pour les quelques chrétiens restés. Contrairement aux musulmans réfugiés à la mosquée centrale, les chrétiens eux peuvent aller et venir. Mais plus aucun véhi-cule ne circule dans le quartier.

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Pour les quelques centaines de personnes étant restées, aucune aide ne leur est appor-tée. « Dans le quartier il n’y aucune ONG leur venant en aide, pour des raisons de sécuri-té principalement. Ces quelques personnes restées ne peuvent souvent pas quitter le site, trop jeunes ou trop vieux. Ils survivent grâce aux jardins de maison mais c’est difficile.» raconte Mathieu.

Il y a entre 100 et 150 enfants sur le site, et 70 vieillards isolés n’ayant pu fuir.

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Les services de gestion de déchets ne fonctionnent plus non plus.

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Les portes des maisons qui n’ont pas été pillées sont closes. Il ne reste plus aucun musulman dans le quartier qui ne soit pas réfugié à la mosquée.

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Mais la majorité des maisons ont été intégralement pillées et dépouillées de ce qu’elles contenaient.

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Le quartier est d’un calme inquiétant. Beaucoup d’histoires terribles sont ancrées entre ces murs, désormais à ciel ouvert.

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La MISCA assure la protection des civils et la sécurité du quartier en pa-trouillant durant la journée. Mais cela ne suffit pas pour permettre aux ha-bitants qui ont fui de revenir explique mathieu.

«Les gens ont peur. Même à l’aéroport des gens ont reçu des balles perdues. Tu ne sais pas où se trouve la mort. »

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Lakuenga est un quartier du 2ème arrondissement où musulmans et chrétiens formaient une commu-nauté. Dany habite avec ses enfants juste en face de la mosquée.

Le quartier abritait encore des musulmans, qui s’étaient réfugiés au sein de la mosquée fin mai 2014. Ils étaient protégés par leur communauté, les autres habitants du quartier, eux chrétiens.

LAKUENGA

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DANYMais un soir, des débor-dements entre Selekas et Anti-balakas ont embrasé les esprits et des groupes dit faux Anti-balakas sont ve-nus dans le quartier piller la mosquée, la dernière ne fai-sant pas partie de l’enclave.

Face aux menaces ils ont du céder : « Ils voulaient casser la maison chez nous aussi. Ils ont creusé un trou dans la mosquée en disant que les musulmans y cachaient des armes mais heureusement ils n’ont rien trouvé dedans. C’est comme ça que le pillage a commencé » raconte Dany.

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Des jeunes continuent à venir un à un pour ramasser les quelques tôles restantes de la mosquée. Le quartier est désormais tranquille, mais déserté de sa moitié musulmane.

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J O U R S P A I S I B L E S AU BORD DE L’OUBANGUI

La partie Sud Est de la capitale centrafri-caine, dans le 1er arrondissement, suit le cours de l’Oubangui. Entre le palais de la Présidence et l’Ambassade de France, la coquette y disperse le souvenir de ses amours déchirés, le long du Boulevard De Gaulle, entre la Colline et le fleuve.

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ALAIN LE PÊCHEURLes pêcheurs sont sur la plage nuit et jour pour attraper ce qui pourra peut être faire vivre la famille pendant une semaine. Même si en ce dé-but de saison des pluies, les revenus de la pêche sont maigres. Il est 16h. Alain, dit « Alain le Pêcheur », vient de passer sa journée à raccommoder son filet. Demain il sera sur sa pirogue dès 6h.

Avec l’aide des plus braves qui ne possèdent pas de bateaux, ses collègues pêcheurs partent sur le fleuve sur une partie qui leur est réser-vée. Les différentes associations de pêcheurs se sont organisées pour se répartir ce bout de littoral, et pour chacun sa zone d’espoir. En face, à quelques coups de pagaie, se trouve la République Démocratique du Congo et sa ville frontière, Zongo. Des pirogues font les allers retours, principalement pour le petit commerce et le transport du bois.

En décembre dernier pendant les évènements entre Séléka et Anti-balakas, la maison d’Alain a été pillée et lui et sa famille ont dû fuir en face en RDC pendant deux mois, avant de revenir. Comme beaucoup d’autres, il a tout perdu et il faudra un certain temps pour se remettre d’aplomb.

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Les pêcheurs étendent leur filet en cercle non loin du bord pendant une quinzaine de minutes.Le filet est peu à peu extirpé de l’eau, on espère, on guette attentivement le moindre remuement de queue. Plusieurs mains se dépêchent. Le soleil brûle en-core les peaux à cette heure ci. Le pêcheur partagera la moitié des gains de la jour-née entre les différentes mains. Les plus vaillants gagnent ainsi un peu plus, les enfants quelques francs.

On travaille en famille. Le père était pê-cheur, le frère l’est aussi et le fils apprend déjà. Les femmes, elles, attendent avec les filles le butin pour aller le vendre au marché.

Deux poissons pour ce coup-ci. Demain sera meilleur.

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Au loin, faisant face à la mer on aperçoit l’hôtel Oubangui, aujourd’hui investi par la MISCA, et la terrasse du Rock Club.

Depuis 1906 on vient au Rock Club pour s’y détendre. Sa piscine et sa vue imprenable sur le fleuve en font un endroit prisé par la clientèle expatriée de Bangui. On y vient faire quelques brasses, taper la balle entre collègues, ou partager une Moncaf en regardant au loin les filets des pêcheurs re-cueillir les derniers poissons de la journée. Pour des raisons de sécurité, les lieux de détente où sont autorisés à se rendre les expatriés sont rares à Bangui.

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En face, de l’autre côté du boulevard, un bouquet traine.Ils sont une bande de jeunes, entre 12 et 18 ans, à composer des bouquets faits de fleurs sauvages. Ils sont « Fleuristes Paysagistes », et vendent leurs fleurs en face du Rock Club, tous les jours à partir de 8h du matin.

Aujourd’hui c’est dimanche, le club devrait accueillir du beau monde, des clients potentiels pour ces jeunes fleuristes, c’est le jour le plus prometteur de la semaine.

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ROCK CLUBFLOWERS

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BONHEUR a 17 ans. Il vit avec son frère Sylvanus (18 ans), sa petite sœur, son petit frère et sa mère. Son père a été tué en 2014 pendant les évènements avec la Séléka, et sa maison pillée. L’école fut fermée et il a fallu trouver des solutions pour subvenir aux besoins de la famille. Avec sa bande ils ont alors appris à confectionner des bouquets de fleurs, pour les vendre entre les courts de tennis et l’entrée du Rock Club.

Depuis, certaines écoles ont ré-ouvert, mais eux sont restés en bord de route, à tenter de convaincre les passants de fleurir leur chez eux.

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Dimanche 6hLa bande à Bonheur part à la Colline pour cueillir les fleurs fraîches dans la nature. Ils grimpent tour à tour dans les arbres, à la recherche de ce qui constituera leur création quelques heures plus tard. Il faut parfois aller les chercher haut, mais la générosité de mère nature garantit toujours de quoi faire des bouquets.

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Ils se rejoignent ensuite devant le Rock club pour étaler leurs cueillettes. Les fleurs jonchent le sol. Un rayon de lumière surgit enfin entre les feuilles du manguier, la confection des bouquets va pouvoir commencer.

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8hLe ventre commence à gargouiller. Les bouquets sont prêts, ils n’attendent que d’être achetés. 2000F pièce, soit 3 euros. Mais le dimanche matin les abonnés arrivent plus tard. Il n’y a plus qu’à attendre jusqu’à 18h, heure à laquelle la clientèle s’en retournera dans ses compounds.

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10h A quelques mètres de là, dans une rue perpendiculaire donnant sur le restaurant l’Escale, ont fleuri d’autres bouquets. Un autre groupe d’en-fants munis de pelles exposent leurs créations. Leurs vêtements laissent à penser qu’ils vivent dans la rue. Eux non plus ne vont plus à l’école. Pour récolter quelques pièces jetées par les automobilistes, ils rebouchent les trous dans la route en terre creusés par les fortes pluies de la saison. Dé-sormais ils vendent aussi des fleurs.

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11hPour se payer le luxe d’un petit déjeuner il faut vendre. Alors les jeunes fleuristes se ruent sur les clients matinaux du club, mais cela ne fonctionne pas toujours comme ils voudraient. Le repas clas-sique est constitué de boules de manioc ve-nant avec de la viande de brousse en sauce, de quoi calmer la faim. Un bou-quet de vendu c’est un re-pas pour cinq personnes.

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17h Fin de journée. Un seul bouquet a été vendu aujourd’hui. Bonheur et Sylvanus seront à nouveau devant le Rock Club demain matin.

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« Au-delà du simple restaurant, le Bangui Plage relève davantage de l'escapade en bord de mer : les pieds dans le sable, la terrasse au bord du fleuve Oubangui offre une vue presque sans limite sur la tranquillité des eaux et la quiétude de la nature environnante. Autour du bâtiment cen-tral qui contient le bar et la cuisine, une vaste terrasse accueille parasols et tables basses, d'où le regard embrasse un panorama exceptionnel sur Zongo et les rives congolaises. Un espace enfants propose balançoires, tourniquets, bascule… »

Guide touristique Le Petit Futé Ed. 2010

ESCAPADE EN BORD DE MER

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Depuis, le Bangui Plage a été pillé et déserté. Il accueille désormais une station de collecte et de traitement des eaux du fleuve. Cette station va appro-visionner en eau potable tous les camps de déplacés de la ville qui en ont besoin. Les tourniquets ne tournent plus, mais l’eau du fleuve se faufile dans les tuyaux, pour être stockée dans des poches d’eau.

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Oxfam produit dernièrement 315m3 par jour d’eau potable pour les différents camps de déplacés non connectés au réseau national de la SODECA, représentant une population bénéficiaire de près de 80 000 personnes dans Bangui.

L’eau est ensuite acheminée par camions dans différents lieux de la ville qui accueillent des déplacés, camps et hôpitaux.L’approvisionnement en eau po-table a permis à la population de conserver des pratiques d’hygiène pour la cuisine, la toilette ou l’as-sainissement. Cela réduit égale-ment le risque de maladies liées à l’eau dans les camps.

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Les personnes ayant fui leurs quartiers depuis décembre 2013 se sont spontanément réfu-giées dans des lieux qu’elles jugeaient sécuri-sés: l’aéroport, et principalement autour des lieux de cultes, les églises et mosquées.

Plus de 100 000 Banguissois sont ainsi dépla-cés dans des camps un peu partout dans la ville.

LA VIE DEPLACEE

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EGLISE STE TRINITE

Dominique a quitté son quartier avec ses enfants le 5 décembre 2013 comme tous ses voisins du camp de déplacés de l’Eglise Ste Trinité. Sa maison a été pillée comme toutes celles de son quartier dans le 3ème arrondissement à PK5. Les conditions de sécurité actuelles ne lui per-mettent pas d’envisager un retour dans ce qu’il reste de sa maison.

En attendant il habite ici, au milieu des autres. De grandes bâches ont été installées autour du lieu de culte, sous lesquelles s’entassent les familles. Quelques bouts de cartons pour les plus infortunés, un matelas pour ceux qui ont su se débrouiller.

Sur le site, l’eau n’est pas un problème. Oxfam est venu en approvi-sionner le camp lorsque les connections avec le réseau de la SODE-CA ne fonctionnaient pas. Aujourd’hui elles ont été réparées et desservent à nouveau de l’eau.

Pendant que beaucoup d’hommes sortent la journée à la recherche d’un travail, les femmes s’occupent des enfants, vendent quelques bricoles, font la cuisine pour la famille et les autres qui n’ont même pas de quoi manger. La viande est chère sur le marché, alors le re-pas se résume à des feuilles de manioc en sauce avec des chenilles, et du riz. Le menu est très prisé dans les camps.

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La saison des pluies amène son lot de tracas quotidiens pour les habitants des camps, mais aussi des risques significatifs pour la prolifération de ma-ladies liées à l’eau. Oxfam est venu distribuer en mai dernier des kits de base incluant matelas, produits d’hygiène et ustensiles de cuisine afin d’ap-porter le minimum basique pour les communautés déplacées qui ont tout perdu, en attendant un possible retour chez eux.

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«Je veux la paix. Je veux que nous rentrions chez nous, dans nos quartiers, dans nos maisons. On ne veut pas continuer à vivre comme ça, vous voyez comment nous sommes ? Les gens dorment par terre, quand il pleut tout le monde se met au garde à vous » constate Dominique, se sentant impuissant quant à son propre sort.

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DON BOSCOEn cette saison des pluies, la boue écla-bousse les pas des déplacés du camp de Don Bosco. Comme Jobert, ils sont 5 000 à avoir pris refuge ici.

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Jobert est arrivé le 7 décembre 2013 après des attaques dans son quartier.: « Pour sau-ver la vie de la famille, on a préféré se réfu-gier ici à Don Bosco » se justifie-t-il.

« Nous sommes là, on se débrouille pour vivre, pour survivre nous faisons des petits travaux dans le champs, c’est grâce à cela que nous vivons. Désormais, la chose première dont nous avons besoin c’est la sécurité. »

La maison de Jobert, comme celles de tous les habitants de son quartier, a été pillée. Toitures, habits, ustensiles de cuisine « tout a été volé, il n’y a plus rien ». Pour l’heure aucune condition n’est donc remplie pour faire revenir sa famille dans le quartier.Sa femme et ses autres enfants ont fui à Bambari se protéger. Depuis quatre mois il n’a plus de nouvelles « peut être à cause du réseau, ou l’électricité » explique-t-il.

JOBERT

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Sous la tente, ils sont une centaine à partager l’espace, une trentaine de familles au total. Des enfants se sont joints à Jobert : il les a pris sous son aile pour les protéger. Mais sans emploi, il n’a pas de quoi les nourrir. Alors certains confectionnent des balais en paille, et en tirent 100 à 200F pour faire vivre la famille. Pour l’eau, ce sont les plus jeunes qui vont la chercher aux bornes installées par Oxfam, en guise de contribution aux tâches quotidiennes.

Dans le camp de Don Bosco, Oxfam apporte de l’eau potable pour les 5 000 déplacés du site. Les équipes apportent également un appui en Eau, Hygiène et Assainissement pour 15 000 déplacés dans la région de Bangui.

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aDes camps et quartiers de Bangui, dont ceux où Ox-fam apporte une aide, ont été inondés et deviennent extrêmement boueux avec les premières pluies de la saison, affectant les déplacements au sein des camps.

C’est le cas du camp de Castors où, sur demande des habitants, Oxfam a entrepris des travaux pour tasser les sols boueux, en embauchant des dépla-cés habitant sur le site. Le dialogue entre les repré-sentants des déplacés et les mobilisateurs commu-nautaires est essentiel pour qu’Oxfam puisse faire son travail en contribuant à l’harmonie du camp.

CAMP CASTORS

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Un mobilisateur communautaire Oxfam avec des déplacés du camp Castors.

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A Castors, un site de 6 000 déplacés où Oxfam intervient, et comme dans beaucoup de camps, le nombre de personnes présentes sur le site fait pres-sion sur les infrastructures sanitaires en place. Afin de réduire les risques de maladie, les latrines ont d’abord été désembourbées en partenariat avec des ONG locales. Après vidange, de nouvelles latrines ont été construites afin d'augmenter le nombre de cabines disponibles pour les déplacés.

Oxfam embauche ainsi chaque semaine des hygiénistes dans les camps afin de nettoyer les latrines 4 fois par jour, de maintenir propres les points de lavage des mains, et pour assurer la disponibilité de l’eau.

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Le site de St Jacques com-porte plus de 6 000 per-sonnes, majoritairement de confession chrétienne. Eux aussi sont venus se réfugier à l’église pour sauver leur vie suite au conflit.

EGLISE ST JACQUES

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Et depuis, les enfants ne vont plus à l’école.

« Sur le site Saint Jacques on a à peu près 1 000 enfants qui ne vont plus à l’école depuis le 5 décembre. Ils sont là, ils vadrouillent du matin au soir, ils vivent à l’encontre de leurs droits et n’ont pas accès à l’éducation qui est un droit primordial » explique le Coordina-teur du site, Judicael Rogriguez, ancienne-ment inspecteur des douanes.

« L’école est primordiale pour instruire les enfants et leur permettre d’être les décideurs de demain. S’ils ne vont pas à l’école, quel sera leur avenir ? Il faut venir à leur secours, même si ce n’est qu’une semaine d’animation pédagogique, cela redynamisera les enfants, leur mémoire, ce sera une bonne chose » suggère-t-il.

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Eglise de la Ste Trinité. Afin de se faire soigner, il faut aller au centre de santé. Mais certains disent ne pas avoir les moyens pour s’y rendre.

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LA QUESTION DU RETOURLa grande majorité des déplacés souhaite revenir chez eux et que leurs enfants soient à nouveau scolarisés. Mais leur volonté de revenir se heurte à deux problèmes majeurs : les problèmes d’in-sécurité permanents à Bangui, et le manque de moyens finan-ciers pour se réinstaller.

La maison de Dominique a été pillée et détruite, ainsi que tout ses biens. Alors pour le moment lui et sa famille sont obligés de rester dans le camp.« Nous ne pouvons pas rentrer… mettez-vous à notre place. Si par exemple vous vous mettez à notre place et qu’on brûle votre mai-son, qu’on vous prend tout, on pille tout, est-ce que vous allez aller vous mettre sous des toits vides ? Non… ».

La sécurité est ainsi primordiale pour permettre aux habitants de rentrer dans leur quartier. Mais sans aucune ressource, il sera difficile pour beaucoup de rebâtir leur maison et recommencer à vivre nor-malement. Dominique espère ainsi comme beaucoup de ses voisins qu’une organisation leur donnera des ustensiles pour se réinstaller, de l’équipement et des taules pour avoir un vrai toit. En attendant conclut-il, « On n’a même pas d’argent pour acheter les cercueils et pour enterrer nos cadavres. »

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Photos © Vincent Tremeau / Oxfam

Contact :

Vincent TremeauChargé de communications et mediasOxfam GB au Mali

[email protected]@gmail.com