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N° 203 - DÉCEMBRE 2007 - 2 Revue de SOS Villages d’Enfants L’estime de soi : une fondation pour bien grandir et se construire DOSSIER SOS Villages d’Enfants au Mali : professionnalisme et innovation au service des enfants REPORTAGE Défaillances des parents, les enfants en première ligne ENFANCE EN DANGER

Revue de SOS Villages d’Enfants · village d’enfants SOS. En leur nom, je vous en remercie et vous souhaite, à vous et à vos proches, d’excellentes fêtes de fin d’année

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N° 203 - DÉCEMBRE 2007 - 2 €

Revue de SOS Villages d’Enfants

L’estime de soi :une fondation pour bien grandiret se construire

DOSSIER

SOS Villages d’Enfants au Mali :professionnalisme et innovationau service des enfants

REPORTAGE

Défaillances des parents,les enfants en première ligne

ENFANCE EN DANGER

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Revue dePour que frères et sœurs partagent la même enfance.

EDITO

SOS Villages d’Enfants(Association reconnue d’utilité publique le 8 mai 1969)

6 cité Monthiers - 75009 Paris - Tél : 01 55 07 25 25

Président : Pierre PASCALPrésident d’Honneur : Jean MATTEOLI

Vice-Présidents :Jean Pierre ROUSSELOT et Michel REMOND

Directeur Général : Gilles PAILLARD

AAnnnnyy DDuuppeerreeyy,, ""mmaarrrraaiinnee ddee ccœœuurr""

"Dès que SOS Villages d'Enfants m'ademandé mon aide, j'ai tout de suite dit oui.J'ai en effet moi-même connu, dans ma plustendre enfance, la souffrance terrible d'êtreprivée de mes parents et séparée de monunique sœur. C'est une douleur qui reste àjamais gravée dans ma mémoire. Je trouve

formidable que SOS Villages d'Enfants offre une nouvelle vie defamille à tous ces enfants en détresse."Anny Duperey, comédienne et écrivain, soutient SOS Villagesd’Enfants depuis 1993.

Pierre PASCALPrésident

L’enfance conditionne notre vied’adulte. Elle porte en elle lesgermes de notre devenir. Lacapacité d’épanouissement d’unenfant est liée à ses racines pro-fondes et à la façon dont il aura

été aimé, respecté et encouragé dans ses premiè-res années. C’est pourquoi dans ce numéro, nousavons choisi de nous pencher sur les blessuresinvisibles. Car, comme vous le constaterez dansnotre rubrique Enfance en danger et dans notreFocus, en France, de plus en plus d’enfants évo-luent dans un environnement familial dégradé.Dans de telles conditions, il ne leur est pas toujoursfacile de bénéficier des points d’appui nécessairesà leur développement… et pourtant notre Dossiermontre combien l’acquisition, dès le plus jeuneâge, de la confiance et de l’estime de soi est fonda-mentale, pour assimiler les premiers apprentissa-ges et réussir, plus tard, sa vie sociale et profes-sionnelle. La Convention Internationale des Droitsde l’Enfant fait d’ailleurs obligation à tous les Etatsqui l’ont signée, d’assurer à tous les enfants, lesconditions matérielles, morales et psychologiquesde leur bien-être et de leur épanouissement.A l’image de nombreux enfants dans le monde pri-vés de leurs droits fondamentaux, les enfantsconfiés à SOS Villages d’Enfants ont tous été expo-sés à des dangers et à des traumatismes. Grâce àvous, nous sommes en mesure de recréer pour euxun cadre familial stable qui leur permette de gran-dir dans un environnement de respect, d’affectionet de sécurité.En cette période de fin d’année, plus que jamais, neles oubliez pas et donnez une chance à ceux qui nela connaissent pas de partager la chaleur d’unfoyer et de vivre une vraie vie d’enfants dans unvillage d’enfants SOS.En leur nom, je vous en remercie et vous souhaite,à vous et à vos proches, d’excellentes fêtes de find’année.

LLaauurreennccee FFeerrrraarrii,, aammbbaassssaaddrriiccee"Il est tellement important pour un enfant d'êtresoutenu par sa fratrie lorsqu'il a été victime decarences affectives, ou de maltraitances.SOS Villages d'Enfants leur évite de subir undeuxième traumatisme. La mission que je me suisfixée est d'aider l'association à collecter desfonds et recruter des mères SOS. L'enfance est

une des seules vraies causes pour laquelle j'ai envie de me battre".Laurence Ferrari s'est engagée depuis novembre 2003 àaccompagner SOS Villages d'Enfants en contribuant, grâce à sanotoriété, à sensibiliser le grand public et les institutions aux actionset au combat menés par l'association.

RRoobbeerrtt PPiirreess,, ""ppaarrrraaiinn ffoooott"""J'ai dit oui, car pour moi tout ce quiconcerne les enfants est important... Je me devais de m'impliquer par rapport àcette enfance qui n'a plus de structurefamiliale, des jeunes souvent séparés deleurs frères et sœurs... Il faut qu'ilsretrouvent leurs rêves".

Le footballeur Robert Pires, membre de l'équipe de France,champion du monde 1998 et champion d'Europe 2000, soutientSOS Villages d'Enfants depuis 1997.

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@RETROUVEZ-NOUS SUR INTERNETConsultez le site Internet de SOS Villages d’Enfants :www.sosve.orgVous pouvez également nous écrire par courrier électronique :[email protected]

FOCUSSans père… ni repères ?

P. 3 à 4

REPORTAGESOS Villages d’Enfants au Mali :professionnalisme et innovationau service des enfants

P. 10 à 12

ENFANCE EN DANGERDéfaillances des parents,les enfants en première ligne

P. 13 à 15

PARTENAIRESP. 21

INFO DONATEURSP. 22 à 23

ENFANTS D’IÇI ET D’AILLEURSDerrière le « jeu » se cache le « je »

P. 16 à 18

LE POINT SUR...L’Arménie, un pays rattrapé par la pauvreté

P. 19

LEGS & DONATIONS« En faisant un legs, vous faites de votre idéal votre héritier »

P. 20

DOSSIERL’estime de soi :une fondation pour bien grandir et se construire

P. 5 à 9

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3FOCUS� VILLAGES DE JOIE N°203

Sans père… ni repères ?Le couple parental traditionnel de la première moitié du 20e siècle, avec ses rôles partagés entre unemère au foyer et un père à l’activité professionnelle extérieure, a beaucoup évolué tout au long de la deuxiè-me partie du 20e siècle à nos jours. On observe aujourd’hui une augmentation de l’activité professionnel-le des mères mais aussi une part significative des familles monoparentales. Quelles sont les conséquen-ces de ce type de famille ? Grandir sans père au quotidien, est-ce un risque pour les enfants des quelques1,5 millions de familles monoparentales1 en France ? Comment l’identité masculine se forge-t-elle dansces familles qui, dans 85% des cas, sont structurées autour de la mère et entretiennent des relationsdistendues avec les pères (30% des enfants de parents divorcés ne voient plus leur père) ?

Un père, à quoi ça sert ?

Selon les psychanalystes, avoir unpère, c’est, dans le premier âge, avoird’abord quelqu’un qui va faire fonc-tion de tiers dans la relation entre lamère et l’enfant. La présence du pèreoblige l’enfant à admettre que samère n’est pas « toute » à lui. Il favo-rise ainsi l’acquisition de l’autonomieet de l’indépendance et permet à l’en-fant de s’ouvrir au monde quil’entoure. De plus, la présen-ce active des pères auprèsdes tout-petits exerce uneaction dynamisante sur leurdéveloppement.

En grandissant, l’enfant attribue aupère les prohibitions, les interdits, lesobligations et les ordres. Dans lescultures traditionnelles, la fonctionpaternelle était principalement cen-trée sur la limitation des désirs del’enfant et, en lui transmettant desrègles et des valeurs, à acquérir forcede caractère, pouvoir de contrôle,sens moral et désir d’affirmationpositive de soi. Il reste aujourd’hui

une image encore très présente decette fonction paternelle tradi-tionnelle.

Et quand « papa » n’est pas là…

Certes, l’absence du père, peut entraî-ner un sentiment d’insécurité. Pourautant, cette absence n’entrave pas lecadre du développement psychique del’enfant. Ainsi, Boris Cyrulnik, dévelop-pe-t-il l’idée d’une « constellation deréférences ». Cette théorie avance,qu’un enfant évolue au sein d’uneconstellation dont les principauxacteurs sont son père et sa mère. Sil’un des deux vient à disparaître ou às’éloigner, l’enfant peut continuernéanmoins à se développer en « adop-tant » dans son entourage de nouvel-les « références adultes » ou « tuteursd’attachement » qui sauront remplir levide affectif laissé. Dans le cas de l’ab-sence du père, il peut tout aussi biens’agir d’un autre parent masculin, d’unprofesseur ou d’un éducateur… toutepersonne auprès de qui l’enfant sauraretrouver ce sentiment de sécurité.Reste néanmoins bien réel le besoinpour tout enfant de connaître ses deuxgéniteurs afin de situer ses racines etorigines, même s’il ne peut, au quoti-dien, vivre avec.

1) INED (Institut Nationale des Études Démogra-phiques.

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FOCUS�4 VILLAGES DE JOIE N°203

Villages de Joie : « Dans un couple

parental, le rôle du père et de la mère

sont-ils interchangeables ? »

Françoise Peille : « Il faut dire d’em-blée que l’enfant a besoin d’une fonc-tion parentale adéquate plutôt qued’un père ou d’une mère à tout prix.On entend souvent dire que « rien neremplace une mère ou un père », ondevrait plutôt dire que rien ne rem-place une fonction maternelle/pater-nelle adéquate ! »

VDJ : « Dans les villages d’enfants

SOS, le fait que les enfants grandis-

sent auprès de « mères SOS » signi-

fie-t-il qu’ils grandissent sans autori-

té paternelle ? »

FP : « Il faut rappeler que les enfantsfont un travail psychique d’intériori-sation des images parentales qu’ils

vont puiser, en premier lieu, chezleurs parents mais aussi chez lesadultes qui s’occupent d’eux au quo-tidien et qui leur proposent des ima-ges d’identification solides, fiables etsource de sécurité. Ainsi, chez lesenfants placés auprès d’une mèreSOS, celle-ci leur transmet sa propreimage de l’autorité paternelle.»

VDJ : « Est-il approprié de réintrodui-

re une figure masculine auprès d’un

enfant victime de maltraitance de la

part d’un homme ? »

FP : « Pour un enfant qui a été mal-traité par un père ou un beau-père, ilest encore plus souhaitable de luiproposer une figure masculine car ilest important qu’il puisse surmonterprogressivement son sentiment deméfiance ou de rejet à l’égard deshommes en général et puissent réap-prendre à tisser avec eux des lienspositifs et exempts de violence. Envillage d’enfants SOS, cette figurepourra être représentée par les édu-

cateurs, le directeur de village oubien encore l’entraîneur, dans lecadre d’une activité sportive.Dans les villages d’enfants SOS,même si l’adulte auprès de qui l’en-fant grandit au quotidien est une« mère SOS », il peut sans difficultétrouver une ou plusieurs référencesmasculines, stables et bienveillantes,auprès des hommes présents dansl’équipe éducative du village : direc-teur, éducateurs, hommes d’entre-tien,… De plus, l’une des missions des direc-teurs de village d’enfants SOSconsiste à favoriser les activitésludiques, sportives ou culturellesextérieures au village, qui serontautant de sources de contacts avecde nouveaux « acteurs » dans la viequotidienne des enfants. »

* Auteur de « La bientraitance de l’enfant »(Armand Colin, 2005), « Frères et sœurs, chacuncherche sa place » (Hachette Pratique, 2005),« Savoir écouter un enfant » (Publibook, 2002),« Appartenance et filiations » (Editions ESF,2000)

Villages de Joie : « Quelles sont vos

relations avec les enfants ? »

Eric Cochenet : « Ma fonction m’amè-ne à intervenir régulièrement dansles maisons familiales, au momentdes repas ou bien quand ils font leursdevoirs. Je suis là en tant que simplespectateur ; il n’y a avec moi aucunenjeu ou aucun conflit d’intérêt. C’estpourquoi il leur est parfois plus facilede venir spontanément vers moi.Mon atelier leur est toujours ouvert etles enfants viennent souvent me voir.Pour eux, c’est une espèce de« caverne d’Ali Baba ». Ensemble,nous réparons leur bicyclette et jeleur apprends à quoi servent lesoutils et comment s’en servir. »

VDJ : « De quoi parlez-vous avec

eux ? »

EC : « A peu près de tout : des actua-lités, de la musique mais aussi deleur relation avec leurs parents biolo-giques, de comment ils se projettentdans l’avenir.... C’est souvent auxdétours de conversations anodinesque surgissent les petites et les gran-des confidences. A force d’être làpour les écouter et les encourager, ilssavent qu’ils peuvent compter surmoi. »

VDJ : « Que pensez-vous que votre

présence apporte aux enfants ? »

EC : « Je suis quelqu’un d’entier. Jen’ai pas peur de leur parler franche-ment, même si ce que j’ai à dire ne leurfait pas toujours plaisir… car dans lavie on ne fait pas toujours ce que l’onveut. Pratiquer une activité manuelle,c’est très exigeant. Cela nécessite legoût de l’effort et du travail bien fait.C’est souvent pour eux un moyen deprendre davantage confiance en eux eten leurs capacités. »

Eric Cochenet, homme d’entretien au villaged’enfants SOS de Jarville depuis 7 ans.

Françoise Peille,Psychologue Clinicienne*

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[ ENTRETIEN ]

[ ENTRETIEN ]

Dans les villagesd’enfants SOS, lesenfants peuventtrouver une ouplusieurs référencesmasculines auprès deshommes présents dansl’équipe éducative duvillage : Directeur,éducateurs, hommesd’entretien...

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DOSSIER� 5

L’estime de soi : un conceptqui prend sa source dansnotre vie d’enfant

L’image de soi n’est pas innée. Elleest le résultat de nos diverses expé-riences. Nous apprenons à nous voiret à nous évaluer avant tout à traversles yeux des personnes importantespour nous : parents, frères et sœurs,enseignants et enfin, amis.A travers toutes les valorisations queles parents adressent à leur enfant -le félicitant pour ses premiers pas,pour le premier mot lu dans un livrede lecture… - l’enfant se trouveconforté dans sa capacité à agir et àêtre reconnu. Cette image positive desoi est indispensable pour « aller de

l’avant », pour progresser. En effet,c’est grâce à elle que l’enfant ap-prend à assumer et à supporter seslimites et ses échecs… pour un jourles dépasser. Favoriser chez l’enfant une imagepositive de soi n’est pas en faire« l’enfant roi », c’est en faire unenfant curieux, ayant envie d’appren-dre, un enfant capable d’avoirconfiance dans les autres.

Les premières fêlures

Un enfant veut avant tout être aiméet il est prêt à faire bien des chosespour cela, même à renier sa natureprofonde. C’est donc naturellementdès l’enfance que l’on voit apparaître

les premières fêlures de l’amour pro-pre.

■ L’enfant modèle, un écueil généré

par certains parents

Nombre d’enfants sont confrontés àune attente parentale très élevée quiles place devant une « barre trophaute » pour eux. Ils ne peuvent doncque se sentir diminués par leur inca-pacité à répondre à ces attentes :devoir être impérativement le pre-mier en classe par exemple ou êtrel’enfant sportif systématiquementvainqueur… Il s’ensuit le risque pourl’enfant de sentir qu’il est toujours endeçà de ce que l’on espère secrète-ment pour lui. Il n’est jamais satisfaitde lui, se critique, détruit ses dessins,

VILLAGES DE JOIE N°203

L’estime de soi :une fondation pour bien grandir etse construire

L’estime de soi est une atti-tude fondamentale dans lavie. C’est elle qui nouspermet d’oser entrepren-dre, d’oser vivre et agir aumilieu des autres, d’envisa-ger la vie avec optimisme.Autant chez l’enfant quechez l’adulte, elle varie aucours de l’existence avecdes progressions subitesou des régressions tempo-raires. Mais les prémisses del’estime de soi prennent leursource dès notre plus tendreenfance dans des relationsd’attachement qui suscitentun sentiment de confiance.

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panique s’il n’obtient pas une bonnenote à l’école… Cet enfant peut aussidévelopper des symptômes liés austress (maux de cœur, de ventre,d’insomnie, etc.) et surtout des sen-timents dépressifs.

■ Le syndrome « Poil de carotte »

Un autre type d’enfant se révèleaussi avoir une faible estime de lui :celui qui n’est pas investi, pourlequel on n’a pas de désirs ou d’at-tentes, celui qui est toujours de trop.Cet enfant se dira : " Cela ne sert àrien de faire des efforts, d’être gentilou habile puisque je ne vaux pas lapeine qu’on s’occupe de moi. " Cher-chant à se définir par la façon donton réagit à sa personne, il ne trouvepas dans son entourage d’écho à sesactions et rentre dans une spiralechronique d’auto-dévalorisation.

■ « Pourquoi n’es-tu pas comme ton

frère ? »

Dans une famille, les parents aspi-rent à donner à leurs enfants lemême niveau d’amour et d’éduca-tion. Mais chaque enfant reçoit diffé-remment cet apport. Cela tient au faitque chaque individu possède sa pro-pre sensibilité mais aussi que la posi-tion de l’enfant dans la fratrie l’inves-tit d’un rôle particulier. Le risque repose alors sur les compa-raisons systématiquement établiespar les parents, mettant un desenfants en position « d’exemple àsuivre », pensant par là stimuler lesautres, alors que le risque est celuid’une dévalorisation permanente.C’est un exemple courant chez lesparents privilégiant la réussite scolai-re de l’un au détriment de la créativi-té de l’autre qui se sentira « rabais-sé » dans ses goûts et aptitudes.

La confiance en soi se cultiveau quotidien…

… en établissant un climat affec-

tueux, stable et fiable autour de l’en-

fant...

Tout adulte ou enfant qui se sentaimé de façon permanente, mêmepar une seule personne sur terre, estamené à se percevoir comme quel-qu’un d’aimable, donc ayant unevaleur. Lorsqu’il est assimilé, ce sen-timent rassurant lui ouvre l’universdes possibilités. En effet, il peut sedire : " Si je suis aimé par cette per-sonne, il est dorénavant possibled’être aimé par d’autres ". L’enfant éprouve un sentiment desécurité quand il a une vie stable dansle temps et dans l’espace et, surtout,quand les personnes significativespour lui sont présentes régulière-

ment. Trop de changements majeursdans la vie quotidienne du foyer peu-vent contribuer à insécuriser lesenfants, surtout les plus jeunes.Ce sentiment de sécurité se consoli-de quand les adultes tiennent leurspromesses. L’enfant peut tolérer undélai entre son désir et la satisfactionde son désir quand il a déjà pu cons-tater que les adultes tiennent leurspromesses et qu’il obtiendra satis-faction. Les adultes sont alors perçuscomme fiables, sécurisants et dignesde confiance. C’est à cette conditionque l’enfant en vient à intérioriser laconfiance qui lui donne de l’espoirface à l’avenir.

… en instaurant des règles de vie

concrètes et constantes...

Que ce soit à l’école ou à la maison,il est important que les adultes éla-borent des règles de conduite. Cesrègles de vie doivent s’exprimerconcrètement en fonction desvaleurs éducatives que l’on souhaitetransmettre à l’enfant. La crédibilitéde ces règles passe par leur mise enapplication par les parents eux-mêmes.L’application des règles ne doit pasvarier selon les pulsions et leshumeurs de l’adulte. C’est d’ailleursce qui est le plus difficile à réalisertant chez les parents que chez lesenseignants. La constance ou la fer-meté prend un sens positif quandl’adulte ne perd jamais de vue lesvaleurs qu’il veut transmettre. Toute-fois, la fermeté ne signifie pas la rigi-dité. Par exemple, on peut suspen-dre exceptionnellement une règlelors d’un événement spécial mais ondoit signifier à l’enfant que c’est unprivilège et que la règle sera remiseen vigueur. La constance sécurisebeaucoup les enfants car elle leurpermet de percevoir les adultescomme étant fiables et dignes deconfiance.

… en connaissant et en reconnaissant

la valeur personnelle de chacun...

Avoir une bonne estime de soi, c’estse connaître de façon réaliste avecses forces et ses limites. Il ne suffitpas de voir les forces et faiblesses del’enfant, il est aussi important de leslui souligner, de communiquer aveclui sur ses qualités, sur ce qui fait delui un être unique.

VILLAGES DE JOIE N°203

Quand les enfants ont le sentiment d’être placés devant une barre trop haute pour eux...

La confiance en soi se cultive au quotidien.

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DOSSIER� 7VILLAGES DE JOIE N°203

Il convient donc naturellement deparler aux enfants de manièrerespectueuse en évitant, par exem-ple, les petits sobriquets à connota-tion négative, même s’ils sont ditssans agressivité. Les petits nomscomme « Bouboule » peuvent finirpar nourrir le monologue intérieur del’enfant et lui donner le sentimentd’être différent, moins bien que lesautres. De même, les critiques fré-quentes, les remarques acerbes oules jugements à l’emporte-pièce peu-vent être perçus comme autant decoups, susceptibles d’endommagerdurablement l’ego.A contrario, les adultes qui s’excla-ment à chaque production de l’en-fant, même lorsque celle-ci est carré-ment mauvaise, ne lui rendent passervice. Ils contribuent à l’illusionnersur lui-même, illusions que les autresauront vite fait de lui enlever.

… en favorisant le sentiment d’ap-

partenance à un groupe,

Tout être humain est d’abord et avanttout un être social. Pouvoir parler,rire, chanter, philosopher et bougeravec d’autres nous donne un senti-ment de complétude et nous rendheureux. Ce que les autres nous di-sent de nous, la façon dont ils nousregardent et nous écoutent, bref lafaçon dont ils nous considèrent,nous aide à nous définir et nousdonne le goût d’améliorer certainesde nos attitudes.Les enfants et les adolescents quiéprouvent des difficultés sociales,qui ne savent pas comment se faireou garder des amis, développent unemauvaise image d’eux-mêmes au

plan social et se déprécient beau-coup. Des études ont montré que lesenfants et les adolescents qui éprou-vent des difficultés à se faire ou àgarder des amis, qui se sententisolés ou rejetés ont plus de risquesd’éprouver à l’âge adulte des problè-mes sociaux importants.Il est donc primordial d’amener lesenfants à développer des habiletéssociales dès leur jeune âge… et lepremier groupe auquel l’enfant estconfronté, où se vivent échanges,

négociations et rivalités, c’est bienévidemment la fratrie.

… en développant le sentiment de

compétence.

L’enfant ne peut faire d’apprentissa-ges moteurs, intellectuels et sociauxsans avoir de succès dans sesactions et ses réalisations. La réussi-te consolide les acquisitions tout enassurant leur conservation. Il estimportant que l’enfant se pose desdéfis ou que l’adulte l’aide à se fixerdes objectifs réalistes, c’est-à-direqui soient adaptés à son niveau dedéveloppement et à ses capacités. Sil’enfant échoue parce que l’objectifétait trop élevé, il n’aura pas de plai-sir, sera démotivé et s’estimeramoins. Dans tout processus d’apprentissa-ge, les parents ou les enseignantsdoivent amener l’enfant à compren-dre que les erreurs sont inévitablesmais formatrices dans la mesure oùil devra trouver d’autres stratégiespour arriver à ses fins. Mais si on faitvivre à l’enfant un stress de perfor-mance en étant obsédé par ses résul-tats, sans accorder d’importance auprocessus par lequel il est parvenu àces résultats, l’enfant considérerainévitablement ses erreurs commedes échecs. En bout de ligne, il seraporté à démissionner et à se dépré-cier. On doit aussi lui faire prendreconscience qu’un résultat négatif neremet pas en cause sa valeur person-nelle ni son potentiel.

Pour que l’enfant développe une bonne estime de soi, il faut l’amener à prendre conscience de ses qualités etde ses compétences.

Valoriser le parcours del’enfant au lieu du résultat,c’est transformer l’échec enexpérience positive.

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DOSSIER�8

Pierre1 a huit ans. De toute sonenfance il n’a connu que desparoles le dévalorisant en per-

manence : « Espèce de crétin, tu necomprends jamais rien... Qu’est-cequi m’a fichu un imbécile pareil !C’est à cause de toi que ta mère estmorte de chagrin22… ». Son père et sabelle-mère n’ont de cesse de lui ren-voyer son insignifiance, voire de leculpabiliser. Pierre n’est pas le seuldans la fratrie à souffrir de coupslorsque père et belle-mère ont bu…et ils boivent souvent. Mais lui, plusque ses frères et sœurs, subit cerejet, cette dévalorisation permanen-te qu’il a beaucoup « ressassé » lorsde fugues qu’il fait fréquemment.C’est d’ailleurs suite à l’une d’entreelles que l’école a signalé son casaux services sociaux.Depuis 8 mois, Pierre et sa fratriesont placés chez SOS Villages d’En-fants par l’Aide sociale à l’Enfance,sur demande d’un juge des enfants.Et Pierre inquiète beaucoup sa mèreSOS qui se sent en échec par rapportà lui. Elle en réfère à l’équipe éduca-tive. Il ne se laisse pas approcher,

refuse tout contact chaleureux, s’en-ferme dans une image de gamin nulen classe, insupportable dans la viequotidienne et qui ne réussit pas às’intégrer à quoi que ce soit. Il donneen permanence une image négativede lui, provoquant le rejet qu’il sem-ble chercher par son comportement.Pour Pierre, comme pour la plupartdes enfants maltraités, le messageque lui envoie désormais sa mèreSOS - « Je suis là parce que je penseque tu mérites qu’on t’aime » - le meten totale contradiction avec l’imagequ’on lui a toujours renvoyée. Cemessage l’angoisse et, dans un pre-mier temps, il réagit avec les armesqu’il connaît : le rejet, les parolesblessantes… C’est sa façon de seprotéger face à l’inconnu.Dans ce cas, c’est tout un travail d’é-quipe qui s’organise pour soutenir lamère SOS dans sa mission éducati-ve. Tout est mis en œuvre pour trou-ver la « faille dans la cuirasse ». C’estsouvent autour de « petits riens »qu’il faut agir pour valoriser l’enfantcar ils ne sont généralement pas per-çus comme une menace. La présen-

ce des éducateurs et de tout autrepersonnel est alors mise à contribu-tion pour déceler ce qui va porterl’enfant à se laisser aller et à le met-tre sur la voie de la confiance.Un accompagnement avec lepsychothérapeute du village d’en-fants SOS est souvent indispensable.Et chaque fois que possible, la thé-rapie s’effectue en parallèle avec lesparents biologiques pour qu’ils chan-gent progressivement de discours etde regard vis-à-vis de leur enfant,qu’ils apprennent à ne plus lui ren-voyer une image négative de lui-même. La mère SOS pourra alors commen-cer véritablement sa mission desécurisation et d’accompagnementde l’enfant pour lui permettre des’envisager dans de nouvellesperspectives et d’établir avec sonentourage des relations solides etépanouissantes pour l’avenir.

1) L’identité des personnes citées dans cet arti-cle a été modifiée.

2) La mère de Pierre est morte de maladiequand il avait 8 mois.

VILLAGES DE JOIE N°203

[ EXPÉRIENCE ]

Pour que ces enfants portent sur eux unregard différent de celui qu’ils ont reçudans leur histoire familiale, toutel’équipe éducative des villagesd’enfants SOS se mobilise.

Briser la carapace des enfantsqui ne peuvent pas se laisser aimer

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DOSSIER� 9

Villages de Joie : « Pour vous, psycho-

logue en village d’enfants SOS, quels

sont les principaux signes « cli-

niques » que vous percevez chez les

enfants dont l’histoire est marquée

par un manque d’estime de soi ? »

Estelle Jourdren : « En village d’en-fants SOS, les enfants manquanttotalement de confiance en eux sontnombreux. Certains signes de leurcomportement sont révélateurs. Parexemple :

• l’enfant s’auto- déprécie ; on l’entendsouvent dire : « je n’y arrive pas »,« je suis nul », « je ne sais pas »,

• il ne prend pas soin de son corps nide ses effets personnels,

• s’il se blesse fréquemment, il peuts’agir d’une réaction d’auto-destruc-tion inconsciente,

• il se met en retrait et a des difficul-tés à tisser des liens avec ses cama-rades,

• il adopte une attitude d’insécuritéface à ses peurs, ou bien, au contrai-re, une attitude de toute-puissance,se façonnant ainsi une « carapace »pour dissimiler ses vrais senti-ments,

• il tente de mettre en échec la rela-tion affective à l’autre, en se rendantparfois « détestable » pour se fairerejeter et se confirmer à lui-mêmequ’il n’est pas aimable,

• il connaît de graves difficultés sco-laires. »

VDJ : « Que font-ils vivre aux person-

nes qui en ont la charge ? »

EJ : « Les manifestations peuventêtre variées mais elles tournent sou-vent autour de l’auto-destruction. Parexemple, l’enfant peut saccager lemobilier tout neuf de sa chambre,arracher et déchirer tous ses postersfixés au mur, salir ou même trouerson pull tout propre et en parfait état,perdre ses lunettes de vue et devoiren racheter tous les 3 mois. Tout ceciest compliqué à gérer pour la mèreSOS. A force, cette dernière pourraitmême se laisser aller à penser quel’enfant ne mérite effectivement pasque lui soit racheté systématique-ment du neuf, du beau puisqu’il n’enprend pas soin. Or, là serait le« piège » et renforcerait le processusdans lequel est enfermé l’enfant (« jene vaux rien » « je ne suis capable derien »). Il est également fréquent quel’enfant provoque quotidiennementdes situations de conflit avec la mèreSOS pour représenter « le mauvaisenfant » qu’il est persuadé être. »

VDJ : « Quels vous paraissent être les

axes principaux de travail auprès de

ces enfants ? »

EJ : « Je pense qu’il faut valoriser l’en-fant au maximum. Le but est de l’a-mener à prendre conscience de sesqualités et de ses compétences afinde l’amener à porter un regard diffé-rent sur lui que celui qu’il a reçu dansson histoire familiale. Il y a différentesfaçons de faire passer ce message,par exemple :

• pour les enfants abusés ou maltrai-tés physiquement, il est importantqu’ils se réapproprient leur corps.Pour cela, un accompagnementautour du soin du corps peut êtretrès bénéfique. Il s’agit d’apprendreà l’enfant qu’il mérite qu’on prennesoin de lui. Cela peut commencer enfaisant grand cas des petits bobosdu quotidien, comme d’une égrati-gnure, et aller jusqu’à appliquer unmasque du visage à une pré-adoles-cente, pour lui faire prendre cons-cience de sa féminité et lui apporterla notion de bien-être.

• en trouvant des stratégies pouraborder le travail scolaire autrementqu’en étant perçu par l’enfantcomme le miroir de son incompé-tence,

• en valorisant chaque réussite et entransformant l’erreur ou l’échec enexpérience positive,

• en ne laissant jamais l’enfant s’auto-déprécier sans réagir verbalement,

• en lui répétant qu’on l’aime et qu’onest là, même quand il ne fait pas leschoses comme il faut et surtoutdans ces cas-là.

Dans ces actions, chaque membrede l’équipe éducative joue un rôlemajeur. C’est pourquoi nous com-muniquons beaucoup sur l’évolu-tion des enfants. Mais, quand toutcela ne suffit pas, il faut alors envisa-ger d’avoir recours à une psychothé-rapie. »

VILLAGES DE JOIE N°203

[ ENTRETIEN ]

Estelle Jourdren,psychologue au village d’enfantsSOS de Chateaudun

La valorisation de l’enfant abusé commence en traitant avec le plus grand soin les petits bobos du quotidien.

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REPORTAGE�10

Des actions innovantes auservice des enfants

A leur retour des célébrations, PierrePascal et Gilles Paillard, respective-ment Président et Directeur Généralde SOS Villages d’Enfants, se sontdéclarés très impressionnés par l’or-ganisation et les compétences deséquipes sur place. Gilles Paillard constate : « Lesactions sont menées de façon rigou-reuse et exigeante et dans unevolonté permanente de s’améliorer etd’innover. En témoignent l’excellencedu nouveau programme de renforce-ment de la famille comme la mise enplace de la démarche qualité dans lesvillages. Ces deux approches novatri-ces permettent d’apporter uneréponse encore plus forte et plus per-tinente au profit des enfants. »

Une démarche qualité dans unsouci constant d’améliorationdes prestations

Une attention particulière est portéesur la qualité du travail effectuéauprès des enfants. Cette approcheest formalisée par des directives inter-nationales : un manuel établit 10 stan-dards liés à la prise en charge desenfants et des jeunes. L’associationmalienne s’est approprié cette appro-che à partir de 2004 avec des ateliersspécifiques. Les équipes des 2 villagesont complété cette approche générale,par des « plans d’implantation » visantà la mise en œuvre pratique dechaque standard. Un processus d’au-to-évaluation est prévu pour analyserles difficultés, identifier les problèmeset apporter des corrections en fonc-tion des objectifs recherchés.

Une reconnaissance officielle

L’association malienne est reconnuepar les départements ministériels detutelle (Promotion de la Femme, del’Enfant et de la Famille et Développe-ment Social, de la Solidarité et desPersonnes Agées). L’association estaussi invitée à intégrer le ConseilNational de la Famille. La représenta-tion de la Première Dame à cetanniversaire fut l’illustration de cesbonnes relations. L’association est également trèsimplantée localement : de nombreuxpartenaires se sont joints à cette jour-née de réjouissance partagée (voirpage 12).

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* : source : l’Etat du Monde 2007 (EditionsLa Découverte - SOS Kinderdorf International)

FICHE D’IDENTITÉ• Capitale : Bamako• Superficie : 1 240 000 km2

• Langues : français (langue officielle),bambara, sénoufo, sarakolé, dogon,pulaar (peul), tamajek, arabe

• Monnaie : Franc CFA• Nature du régime : régime

présidentiel• Chef de l’état : Amadou Toumani Touré

INDICATEURS• Population : 13 millions• l’un des 10 pays les plus pauvres du

monde • 80 % de la population vit de

l’agriculture céréalière• Espérance de vie : 48 ans• Taux de mortalité infantile : 133.5 ‰• Taux d’alphabétisation des adultes : 19%

SOS Villages d’Enfants au Mali : professionnalisme et innovationau service des enfantsEn juin dernier, se déroulait la célébration du 20e anniversaire du premiervillage d’enfants SOS du Mali. A cette occasion, une délégation françaises’est rendue sur place et en a profité pour visiter les deux villagesd’enfants SOS de Sanankoroba et de Socoura/Mopti, pour rencontrerles équipes et faire le point sur les projets en cours. Zoom sur l’actiondes équipes de SOS Villages d’Enfants au Mali.

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Soutien, engagement, accompagne-ment, trois mots qui traduisentparfaitement l’état d’esprit quiréunit SOS Villages d’Enfants Fran-ce et SOS Villages d’Enfants Malidans un même objectif de réussiteet de pérennité.

Professeur Marouf Keita, extrait du dis-cours d’ouverture de la cérémonie du 20e

anniversaire de SOS Villages d’Enfants au Mali.

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11REPORTAGE�

En 2007, 2 nouvelles maisonsfamiliales aux villagesde Sanankoroba etSocoura/Mopti ont ouvertleurs portes.

Elles accueilleront, à terme, 40 nou-veaux enfants, portant à 290 le nomb-re total des enfants pris en charge dansles 29 maisons familiales. Dans chacunde ces 2 villages d’enfants SOS, les jar-dins d’enfants prennent également encharge quotidiennement 452 enfants,dont 44 sont issus des villages d’en-fants SOS. A Sanankoroba, 691enfants (dont 91 du village d’enfantsSOS) fréquentent l’école SOS.

Le programme derenforcement de la famillevient en aide à 112 familles

L’exode rural des hommes qui tou-che massivement le Mali fragilise lasituation des femmes et des enfantssans ressources et expose lesenfants des familles les plusdémunies à un risque très élevéd’abandon. Pour tenter d’endiguer cephénomène, l’association malienneSOS Villages d’Enfants a mis enplace, dès 2005, un programme derenforcement du lien familial. Il vientcompléter, en amont, l’activité des 2villages d’enfants SOS de Sananko-roba et de Socoura/Mopti.Ce programme soutient aujourd’hui112 familles sur ces deux sites etpermet ainsi de prendre en chargequotidiennement 510 enfants (scolari-sation, soins...) pendant que plus de200 de leurs parents bénéficient decours d’alphabétisation, de formationet d’apprentissage professionnel.

En moyenne, les familles retrouventleur autonomie en 3 ans mais, àSocoura/Mopti, 2 familles ont pu sor-tir du programme au bout de deuxans seulement. Fort du succès de cesexpériences, un autre programme dece type sera lancé à Kita en janvier2008 pour 40 familles, soit 150enfants et 70 adultes.

La crèche SOS deSanankoroba, un autredispositif de soutien auxfamilles

Depuis avril 2007, la crèche du villaged’enfants SOS de Sanankoroba - installée sur un terrain octroyé par lamunicipalité - accueille, de 8 h à 17 h,60 enfants âgés de 6 mois à 3 ans. Cesenfants, issus des familles les plusdémunies, bénéficient ainsi de l’ap-port nutritionnel et du suivi médicalindispensables à leur croissance. Pen-dant ce temps, les mères peuvent seconsacrer pleinement à des activitésprofessionnelles qui leur permettentde subvenir à leurs besoins. L’établissement, doté de 3 dortoirs etde sanitaires, est équipé de matelas,de biberons, de matériel de cuisine etde jouets. Il a été très bien accueillipar la communauté, à laquelle il sera,à terme, rétrocédé.4 « nourrices » ont été spécialementrecrutées et formées pour s’occuperdes enfants (voir témoignage duGREF, page suivante) ainsi qu’unecuisinière et une femme de ménage.Les mères de famille sont égalementassociées à l’entretien des locaux, ce

qui favorise l’assimilation des règlesd’hygiène et contribue à leur implica-tion dans le projet.

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Pour soutenir notre action,parrainez un village d’enfants SOSau Mali.

C’est grâce au soutien de nombreuxparrains et marraines que lesvillages d’enfants SOS deSanankoroba (Bamako) et deSocoura/Mopti ont été créés. Grâceà vous, la construction de 4 maisonsfamiliales supplémentairespermettent d’accroître la prise encharge d’enfants orphelins ouabandonnés.

La construction d’un 3e villaged’enfants SOS démarre à KITA.Il accueillera 150 enfants dès 2009.

Vous aussi, apportez votrecontribution au développement denos villages d’enfants SOS du Mali.

Choisissez le village d’enfants quevous souhaitez soutenir et faites lebonheur de centaines d’enfants àSanankoroba, Socoura/Mopti ouKita.

Alors, remplissez vite votre bulletinde soutien !

Avec seulement 20 euros parmois, vous pouvez agirlocalement et efficacement !

Pour en savoir plus sur lesvillages d’enfants SOS à parrainer: www.sosve.org

Aujourd’hui, 112 familles maliennes bénéficient du programme de renforcement des familles.

60 enfants sont accueillis tous les jours dans lanouvelle crèche SOS.

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REPORTAGE�12

Fondé il y a près de 20 ans, leGREF (Groupement des Retrai-tés Educateurs Sans Frontiè-res) monte et accompagne, à

travers le monde, des actions àvocation éducative et sociale dans lebut d’apporter les connaissancesindispensables à l’alphabétisation etla formation des jeunes et des moinsjeunes. Partageant les mêmes valeurs desolidarité et de responsabilisation,c’est tout naturellement que SOSVillages d’Enfants Mali fait appel auGREF, dans le cadre de son program-me de prévention de l’abandon, pourformer près d’une soixantaine demères en difficultés sur l’hygiène etla prévention infantiles. « Pour cesfemmes, dont la plupart étaient anal-phabètes et très isolées, cette forma-tion a été un temps fort au coursduquel elles ont pu apprendre mais,surtout, se rencontrer et échanger »,se rappelle Monique JOECKER, coor-dinatrice de l’action du GREF àSanankoroba.

Fortes du succès de cette premièreopération, les deux associationsréitèrent leur partenariat en 2007avec la formation de 8 monitrices-puéricultrices pour le projet decrèche du village d’enfants SOS de

Sanankoroba, un établissement quiaccueille aujourd’hui 60 enfants.

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[ SUR LE TERRAIN ]

Le GREF et SOS Villages d’Enfants Mali luttent de concert pour favoriser le développementdurable des populations locales.

Depuis maintenant 6 ans, l’association Juste pour unsourire apporte son soutien au village d’enfants SOS deSanankoroba !

Al’origine de cette initiative,un étudiant de l’Ecole Supé-rieure de Commerce de Pau,qui a l’idée d’utiliser la

structure de son école pour organi-ser des convois de médicaments àdestination de projets caritatifs

venant en aide à la populationmalienne. C’est ainsi que depuis 6ans, Juste pour un sourire a choisinotamment d’approvisionner le villa-ge d’enfants SOS de Sanankoroba.Depuis, les liens entre les deux asso-ciations se sont développés et la

contribution de Juste pour un sourirene se limite plus seulement aux médi-caments : « L’année dernière, dans lecadre du programme de renforce-ment de la famille et de prévention del’abandon du village d’enfants SOSde Sanankoroba, l’argent que nousavons collecté a aussi servi à financerdes charrues et des bœufs. Cetteannée, une partie de l’argent versésera utilisée pour approvisionner unfonds de micro-crédit destiné à aiderceux qui souhaitent monter un com-merce ou se lancer dans l’artisanat»,rapporte Marjorie Rouveure, l’actuel-le Vice-Présidente de Juste pour unsourire. Elle ajoute : « Lors de notredernière visite, en juin 2007, nousavons été très favorablement impres-sionnés par l’accueil qui nous a étéréservé ainsi que par la pérennité duprojet et la rigueur des équipes. » Ilfaut dire que, logés au sein d’unefamille SOS, les membres de Justepour un Sourire ont pu vivre pleine-ment les festivités des 20 ans du villa-ge de Sanankoroba. Une expériencequi les a renforcés dans leur vocationhumanitaire !

Grâce aux formations dispensées dans le cadre du programme de renforcement de la famille, les mères endifficultés sortent de leur isolement.

Cette année, une partie des fonds collectés par Juste un sourire servira à approvisionner un fonds de micro-crédit pour aider ceux qui veulent monter un commerce.

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kPour en savoir plus sur le GREF :

www.gref.asso.fr

Pour en savoir plus sur

Juste pour un sourire :

http://justeunsourire.blog4ever.com

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13ENFANCE EN DANGER

7 mineurs sur 1000 signalés« en danger”1 », un constatalarmant

En France, selon le dernier rapport del’ODAS2, sur l’année 2005, ce sont 97 000enfants qui ont fait l’objet d’un signale-ment auprès des conseils généraux, soitprès de 7 mineurs sur 1000. «Un chiffre enconstante augmentation depuis 2000(+15%) ! », s’alarment les professionnelsdu monde de l’enfance.Parallèlement, l’ODAS constate que,contrairement aux idées reçues, la

précarité économique des familles neconstitue que très minoritairementun facteur direct de mise en dangerdes enfants (seulement 13% dessignalements)... alors que les caren-ces éducatives des parents sontinvoquées dans 6 cas sur 10 ! Lescarences éducatives se traduisent engénéral par un défaut de surveillanceet de protection, le non respect desprescriptions médicales ou de soins,le non respect du rythme de l’enfant,le désintérêt pour la scolarité et l’édu-cation en général.

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Carences éducatives 59%

Conflits de couple et séparations 29%

Problèmes psycho-pathologiques des parents 14%

Chômage, précarité, difficultés financières 13%

Dépendance à l’alcool ou à la drogue 12%

Environnement, habitat 10%

Maladie, décès d’un parent, chocs affectifs 6%

Errance, marginalité 5%

Autres 12%

Défaillances des parents,les enfants en première ligne

L’enfant doit pouvoir trouver au sein de son environnement familial, la sécurité, la reconnaissance et l’affectionqui lui permettront de se développer et de parvenir à l’âge adulte dans les meilleures conditions. En France, lenombre d’enfants « en risque » est, selon les départements, en progression. L’isolement des familles, l’inoccupationdes parents et la montée de la violence dans les relations sociales contribuent à expliquer ce phénomèneinquiétant. Un problème de société qui fait du soutien à la parentalité un nouvel enjeu.

L’appellation « enfants endanger » regroupe ceux qui sontvictimes de maltraitance et ceuxqui sont considérés « enrisque ». Les premiers sontconfrontés à des phénomènes deviolences avérées, qu’elles soientphysiques, psychologiques ousexuelles, tandis que ceux de ladeuxième catégorie connaissentdes conditions d’existencerisquant de compromettre leursanté, leur sécurité, leurmoralité ou leur entretien. Or, depuis près d’une dizained’années, cette deuxièmecatégorie représente 80% descas signalés en moyenne !

Les enfants « à risque » en 2005 - Répartition des facteurs

Lettre de l’ODAS - Décembre 2006

1) Voir encadré ci-dessus2) Observatoire national de l’Action Sociale

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ENFANCE EN DANGER�14

L’isolement social, un facteur déterminant

La situation de ces familles est souventcaractéristique dans le sens où ellescumulent le plus souvent précaritésociale, relationnelle, psychoaffectiveet professionnelle. Une précédenteenquête3 réalisée par l’ODAS et leSNATED4 avait d’ailleurs clairementétabli le lien entre l’inactivité chro-nique des parents et la dégradationdes aptitudes parentales. En cas designalement, il apparaît, en effet, queles deux parents sont désoeuvrés prèsd’1 fois sur 3, contre 1 fois sur 20quand les deux parents travaillent. Defait, l’inactivité et le désoeuvremententraînent souvent un isolement socialfavorisant la perte de repères et desresponsabilités. Cet isolement social des familles setrouve renforcé par le phénomène del’éclatement familial. Du fait de l’éloi-gnement géographique, les grands-parents et la famille proche ne peu-vent plus soulager, conseiller etassister quotidiennement les parentsdans leur mission éducative, rendantcelle-ci plus astreignante et lourde àporter.

Des adultes en pleine confusion...

Il est malheureusement souvent diffici-le pour un parent en difficultés écono-miques et sociales de garder uneestime de soi suffisamment forte pouréduquer son enfant et lui transmettreles valeurs auxquelles lui-même necroît plus vraiment. Difficile, également,pour l’adulte, qui n’a pas lui-même,étant enfant, bénéficier d’un modèled’éducation, de savoir gérer un foyer etélever ses enfants. Pas toujours évident

VILLAGES DE JOIE N°203

Les carences éducatives, la faute à une société en pertede repères ?L’étude de l’ODAS (cf. page précédente) met en évidence l’augmentation dunombre de familles fragiles d’une part, souvent trop isolées pour offrir àleurs enfants les conditions d’un développement satisfaisant, et d’autrepart, les difficultés croissantes des familles à proposer à leurs enfants lesrepères élémentaires à la vie sociale et les orientations à suivre pour cons-truire leur avenir.

YE : « Lorsqu’elles sont arrivées, jeme souviens qu’elles étaient toutesétonnées de devoir manger avec descouverts et non plus avec les doigts.Elles n’avaient toujours connu quedes maisons avec des cartons enguise de fenêtres. Elles n’avaientjamais eu de chambres, ni même delits à elles. Pendant longtemps, ellesavaient très peur que je sorte le soiren les laissant seules pour la nuitcomme le faisait leur mère. Ellesétaient en très grande demande decadre et d’attention. Avoir quelqu’unqui leur donne à manger à heure

bruyants et agités. Ils n’avaientconfiance en personne et surtout pasdans les adultes. Du coup, rien nesemblait avoir de prise sur eux : ils nese sentaient pas investis ni dans leurvie, ni dans celle de la maison, ni à l’é-cole. Il a vraiment fallu le concours detoute l’équipe éducative pour leurexpliquer les règles et, surtout, don-ner un sens aux sanctions lorsque cesrègles n’étaient pas respectées.Aujourd’hui, ils arrivent mieux àcanaliser leur énergie... et désormais,ils la mettent spontanément au servi-ce des autres. »

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fixe, qui les couche à heure fixe, quiémette des règles, des rituels, quisache leur dire non, qui garde un capet n’en dévie pas... cela les a sécuri-sées et apaisées dès le début.Aujourd’hui, elles sont conscientesde la chance qu’elles ont eu de pou-voir grandir normalement, d’avoirune vraie vie de famille mais ausside pouvoir aller à l’école.»

ED : « Il a fallu tout leur apprendre :comment se nourrir proprement, com-ment se laver, apprendre à respecterles autres. A leur arrivée, ils étaient très

non plus de savoir comment exercerson autorité parentale dans une sociétéoù les fonctions symboliques du père etde la mère ne se posent plus en com-plémentarité mais en concurrence et oùil n’existe plus un seul modèle defamille : famille monoparentale, recom-posées... (voir Focus, page 3).

Yvette Exbrayat et Edith Ducher, mères SOS au village d’enfants SOS de Chateaudun, accueillent, à elles deux,cinq fratries d’enfants entre 8 et 16 ans. Parmi ces enfants, certains ont été placés pour cause de défaillance grave.

A leur arrivée en village d’enfants SOS, il faut souvent tout apprendre aux enfants,leur expliquer les règles et surtout donner un sens aux sanctions.A leur arrivée en village d’enfants SOS, il faut souvent tout apprendre aux enfants,leur expliquer les règles et surtout donner un sens aux sanctions.

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3) 19994) Service National d’Assistance Téléphonique

pour l’Enfance en Danger (ex-SNATEM)

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15ENFANCE EN DANGER

Fédérer, mobiliser, rassemblerles parents

De nombreuses associations et cent-res sociaux cherchent à fédérer,mobiliser et rassembler les parentsautour de nouvelles valeurs. Lesgroupes de parents ou bien lesRéseaux d’Ecoute, d’Appui et d’Ac-compagnement des Parents (REAAP),permettent ainsi aux parents de par-tager des compétences et de déve-lopper des soutiens mutuels. Grâce àde telles initiatives, de nombreuxparents en détresse sont sortis deleur isolement.

Assister les parents dans leurmission éducative

Pilotés par les Conseils Généraux,des programmes d’aide collective ouindividualisée sont proposés auxparents. Ils incluent un soutienpsychologique et matériel, l’inter-vention d’éducateurs à domicile,voire même, le placement desenfants sur des périodes courtes(vacances scolaires, par exemple).Ces actions sont relayées par les ser-vices de médecine scolaire et de pro-tection maternelle et infantile, quiont d’ailleurs vu leurs missions ren-forcées par la réforme de la protec-tion de l’enfance de mars 2007. Detels programmes supposent l’adhé-sion des parents et ne s’adressent

donc que très marginalement auxparents d’enfants en danger.

Le placement, la mesure dudernier recours

Enfin, le dernier volet de la Protectionde l’Enfance est judiciaire. Il estdéployé lorsqu’il apparaît que le dan-ger ne peut être traité sur un modecontractuel avec les parents. Uneprocédure de « signalement » estalors enclenchée et aboutit à la saisi-ne d’un magistrat. La décision de cedernier s’impose de fait aux parents.Cette dernière peut aussi bien résul-ter en des actions éducatives à domi-cile (AEMO5) que des placements,avec retrait de l’autorité parentale,dans les cas les plus extrêmes.

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Réapprendre le sens de la parentalitéPour permettre aux parents de mieux se positionner face aux demandes de leurs enfants, de nombreuxdispositifs en faveur de la protection de l’enfance ont été mis en place par les services publics.

SOS Villages d’Enfants,une mission au cœur de laprévention En France, lorsque les actions deprévention ont été vaines et quel’état de la situation parentaleinduit un placement durable desenfants, l’Aide Sociale à l’Enfancefait appel à SOS Villages d’Enfantspour le placement de fratries.Mais, dans les pays en voie dedéveloppement, où il n’existe biensouvent qu’une politique deprotection très embryonnaire etsans moyens, SOS Villagesd’Enfants joue aussi un rôleprimordial dans la prévention :

■ en sensibilisant les autoritésdu pays et la société à la causede l’enfance,

■ en mettant en oeuvre desprogrammes de prévention del’abandon et de renforcement dulien familial pour des enfants envoie de marginalisation : actionsd’accueil, de soins, de scolarisationdes enfants mais aussi actions deremobilisation pour et avec lesparents autour de l’amélioration del’habitat, d’aide et conseil pour lagestion du quotidien, l’accès à desressources économiques.

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Avant de s’imposer aux enfants, l’autorité parentale s’impose aux parents : les parentsn’ont juridiquement pas le droit de renoncer à exercer leur autorité parentale car elleconstitue l’essence même de leur fonction.

Le code civil confère à la responsa-bilité parentale « le droit et ledevoir de surveillance et d’éduca-tion » et la Convention Internatio-nale des Droits de l’Enfant rappelleque les parents ont la responsabili-té d’élever et d’assurer le dévelop-pement de leurs enfants (art. 18).

5) Actions Educatives en Milieu Ouvert

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Derrière le jeu, se cache le « je »Dans notre monde d’adultes, le jeu de l'enfant a longtemps été considéré comme un simple divertisse-ment. Pourtant, depuis quelques années, on reconnaît que le jeu est la conduite privilégiée de l'enfant etqu’il correspond à un besoin profond de son être. A juste titre car, par le jeu, l'enfant se construit sur tousles plans : physique, affectif, mental et social.

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Le jeu : un Droit de l’enfant uni-versellement reconnuLe rôle fondamental du jeu a étéreconnu par la communauté inter-nationale et par la Convention desNations Unies relative aux Droitsde l’Enfant (article 31) qui consi-dère que « les Etats-parties recon-naissent à l’enfant le droit aurepos et aux loisirs, de se livrer aujeu et à des activités récréativespropres à son âge et de participerlibrement à la vie culturelle etartistique».Ce droit figure également dans laCharte Africaine des Droits et dubien-être de l’enfant (article 12).

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ENFANTS D’ICI ET D’AILLEURS� 17

Le jeu, un facteur dedéveloppement essentielpour l'enfant

Qu’il s’agisse d’une activité purementludique comme celle d’un bébé quilaisse tomber sa cuillère pour jouir dubruit produit, de jeux symboliques oùl'enfant se donne un rôle de person-nage ou de rôle (« le papa et lamaman », les petites voitures, la mar-chande…), ou de jeux de règles (jeude dames, balle au prisonnier, trocd’images...), tous favorisent et cor-respondent à une phase d’apprentis-sage essentielle à la constructionidentitaire. Un bon observateur peutd’ailleurs évaluer précisément leniveau de développement moteur,intellectuel affectif et social d’unenfant en fonction de ses jeux et de lafaçon dont il y joue.

Jeu et expression

Le jeu précède le langage. Avantmême de savoir utiliser les mots,l’enfant communique ses sentiments,tant positifs que négatifs. Jeter unobjet par terre, sourire à un person-nage, déchirer un dessin, provoquerun accident ou une dispute, voilàautant de gestes que l’enfant utilisepour communiquer ce qu’il ressent.Le jeu est en quelque sorte le langa-ge primaire de l’enfant.

Jeu et plaisir

Le jeu n’a d'autre but que celui deprocurer du plaisir. Or, le plaisir est lemoteur de tout apprentissage réussi.Toute carence dans ce domaine peutdonc avoir des conséquences trèsnéfastes sur le développement del’individu. En ce sens, le jeu peutmême constituer une forme depsychothérapie.

Jeu et découverte

Le jeu permet à l’enfant de donner unsens à une situation et d’approfondir lacompréhension qu’il en a. L’enfantdécouvre quels sont les objets, les per-sonnes, les événements qui l’entou-rent et quels rapports ils entretiennententre eux. A partir de cette connaissan-ce des règles qui régissent le mondeenvironnant, il apprend à interagiravec les objets et les personnes. Le jeujette ainsi les bases de sa capacitéd’adaptation qui lui sera utile sa viedurant. Ainsi, par le jeu, l’enfantdécouvre le monde avec plaisir etdéveloppe ses propres stratégiesd’action et d’adaptation.

Jeu et maîtrise de la réalité

Dans son jeu, l’enfant décide ce qu’estla réalité, il la transforme et l’adapte àses désirs. N’ayant pas de procédurepropre ni de règles à suivre, il est leseul maître à bord. Il peut donner vieà tous les objets, se créer un ami ima-ginaire, faire bouger l’inanimé, fairepleurer les végétaux, faire parler lesanimaux, passer sans transition del’époque de l’homme des cavernes àl’ère spatiale. L’enfant apprend ainsilui-même à solutionner les problèmesau fur et à mesure qu’ils surgissent. Ilcomprend ainsi qu’il peut influer surson environnement.

Jeu et socialisation

A partir de 7 ans environ, apparais-sent les jeux de règles qui permettentà l'enfant d’établir le contact avec lesautres. Il s'habitue ainsi à envisagerle point de vue d'autrui et fait l'ap-prentissage de la vie sociale. Lors deces jeux, le joueur doit prévoir ce quevont faire ses coéquipiers et s'ajusterconstamment à la situation. C’estainsi qu’il apprend à prendre ses pro-pres décisions, de façon autonome.

Toutefois, les activités qui misent surun apprentissage trop précoce peu-vent provoquer une réaction de satu-ration ou de désintérêt chez l’enfant.Les spécialistes sont de plus en plussouvent confrontés à des parentstrop soucieux de réussir leur métierde parents et qui soumettent l’enfant,trop tôt, à un surplus d’activités ou àdes activités non appropriés. Ce qui apour conséquence d’obtenir l’effetinverse de celui espéré. Ce qui comp-te avant tout c’est de laisser l’enfantêtre un enfant…

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ENFANTS D’ICI ET D’AILLEURS�18

Ce que la Convention internatio-nale ne dit pas, c’est que pourpouvoir jouer, l’enfant a besoind’un milieu de vie favorable, c’est-à-dire qu’il se sente en sécurité.Pour les enfants séparés de leurfamille ou qui évoluent dans unecellule familiale dégradée, ce sen-timent de sécurité n’existe pas…et que dire des centaines demillions d’autres à travers lemonde dont la préoccupationmajeure est celle de leur surviequotidienne ?

vécu des situations traumatiques. Eneffet, il évite que les enfants nesoient abandonnés à leurs peurs et àla haine. C’est pourquoi dans tousles villages d’enfants SOS et mêmelors d’opérations d’urgence, commece fut le cas au Darfour ou au Liban,nous aménageons des espaces dejeux qui permettent aux enfants derelâcher leurs tensions, leur agressi-vité ou leur anxiété mais aussi de lesexprimer autrement que par la vio-lence.»

C’est pourquoi l’action de SOS Villa-

ges d’Enfants vise à recréer en toutpremier lieu un environnement fami-lial autour de l’enfant et s’emploie àmonter des initiatives pour tenter dedonner à tous les enfants des « petitsmorceaux d’enfance ». Rémy Mazin,son Directeur Général Adjoint,explique : « Les enfants déracinéspar la violence, qu’il s’agisse de vio-lences familiales ou extérieures,comme celles des conflits armés,sont souvent instables. Ils se mon-trent tantôt agressifs, tantôtmutiques, se disputent les jouets,font des cauchemars. Certains sontlittéralement tétanisés de terreur parle bruit d’un avion. D’autres cèdent àdes crises de panique ou d’angoisseparce qu’ils ont été témoins de scè-nes terribles. Nous avons observéque le jeu constitue un moyen de soi-gner les enfants qui vivent ou ont

VILLAGES DE JOIE N°203

Le jeu, un moyen efficace et naturel d’évacuer sesangoisses et de surmonter ses peurs

Retrouver le goûtde l’enfance avecSOS Villages d’Enfants

D’après les spécialistes, lesprogrammes de développementdu jeune enfant les plus efficacessont intégrés etmultidimensionnels : ■ qu’ils reposent à la fois sur dessoins de santé, une alimentationéquilibrée et le développementdes aptitudes sociales,émotionnelles,■ qu’ils doivent refléter, dans lemême temps, le contexte culturelet traditionnel dans lequel évoluel’enfant. C’est pourquoi dans les villagesd’enfants SOS à travers lemonde, en marge de la viescolaire et des soins quereçoivent les enfants, denombreux ateliers ludiques etartistiques sont régulièrementorganisés par des éducateurslocaux et s’articulent autour de laréalité culturelle du pays.

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Dans les jours qui ont suivi le Tsunami, les équipes de SOS Villages d’Enfants ontorganisé de nombreux jeux et animations pour permettre aux enfants de retrouver leursourire et d’évacuer leur stress.

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Les « orphelins sociaux »

Dans un tel contexte et malgré lesefforts du gouvernement, les aban-dons dits « sociaux » sont de plus enplus nombreux3 : depuis 5 ans, ilsaugmentent chaque année de 15 %1.Il s’agit d’enfants abandonnés parleur famille à la porte des orpheli-nats ; leurs parents pensant ainsi leurgarantir l’éducation qu’eux-mêmesne peuvent malheureusement leuroffrir. La situation de ces enfantsnécessite une prise en charge de lon-gue durée, que les institutions exis-tantes ne peuvent pas assurer3.

Pour faire face à cettesituation, SOS Villagesd’Enfants a décidé derenforcer son action en :

■ en construisant un 2e village d’en-fants SOS : les travaux ont commen-cé à Idjevan, dans la province de

19LE POINT SUR...� VILLAGES DE JOIE N°203

L’Arménie, un pays rattrapé par la pauvretéAu-delà des terribles catastrophes naturelles qui ont touché l’Arménie au cours des dernières années, lepays est aujourd’hui confronté à un appauvrissement général en particulier dans les régions rurales et fait face,depuis 1998, à une forte augmentation des enfants abandonnés. Pour soutenir la population locale, SOSVillages d’Enfants s’est engagée auprès de sa fédération internationale à soutenir l’ensemble des programmesdéveloppés en Arménie et à créer un nouveau village d’enfants SOS à Idjevan.

Actuellement, 27 % des foyersarméniens sont touchés par l’extrêmepauvreté, et tout particulièrement les55 000 familles monoparentales1.Les enfants sont les plus vulnérables.La mortalité infantile est de 30,2 ‰,ce qui est 8 fois supérieur à laFrance2. De nombreux enfantssouffrent de problèmes de santé etne sont pas, ou peu, scolarisés.

1) SOS Kinderdorf INternational2) L’Etat du Monde - 20073) www.unicef.org

■ Le chantier du village d’enfants SOS d’Idjevan devrait démarrer fin 2007 etreprésente un investissement de 1,5 millions d’euros sur deux ans. A compter de 2009, ses frais de fonctionnement devrait s’élever à plus de330 000 euros par an.

■ Un nouveau programme de prévention de l’abandon auprès des familles fragiliséessera également mis en œuvre pour un montant de 37 000 euros par an.

■ Les frais de fonctionnement du village d’enfants SOS de Kotajk ainsi que lesprogrammes de prévention de l’abandon représentent un engagement financierde 640 000 euros par an.

SOS Villages d’Enfants s’engage pour les enfants arméniens etfait appel à votre générosité.

Pour soutenir les enfants arméniens et/ou parrainer l’un des deux villagesd’enfants SOS en Arménie : www.sosve.org

Tavush, au nord-est du pays. Le futurvillage est situé sur un terrain de4 hectares, non loin d’une écolepublique. Les 14 maisons familialesaccueilleront à terme plus de 90enfants abandonnés ou n’ayant plusaucune famille. Il ouvrira ses portesen 2009.

■ en développant des programmesde renforcement de la famille, àGumri et Erevan. Un nouveau pro-gramme, destiné à 200 bénéficiaires,se met également en place à Idjevan.

■ en s’engageant à assurer le fonc-tionnement du village d’enfants SOS

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de Kotajk, créé suite au terrible trem-blement de terre de 1988, abritant 84enfants au sein de 13 maisons fami-liales et accueillant 120 enfants dansson jardin d’enfants SOS. Depuis lacréation du village, près de 200enfants y ont été pris en charge.

■ en créant, successivement depuis2001, 3 foyers de jeunes SOS dans laville d’Erevan. Ils permettent actuelle-ment à 52 adolescents, encadrés pardes éducateurs, de suivre des étudesou une formation.

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« En faisant un legs, vous faitesde votre idéal votre héritier »C’est avec ces mots qu’une cam-pagne TV encourage les legs aubénéfice des associations et fon-dations.

Un spot publicitaire de pro-motion des legs en direc-tion des associations et desfondations a été diffusé

depuis le 20 août, sur de nombreu-ses chaînes de télévision et deradios partenaires. France générosi-tés, à l’initiative de cette campagne,a ainsi souhaité informer le publicque, contrairement à une idée reçue,le legs à une association ou une fon-dation est à la portée de tous et qu’ilpermet de contribuer personnelle-ment à une cause de son choix.

Vous choisissez à qui vous donnez…

Grâce au legs, vous êtes libre de vousinvestir à titre posthume dans une ouplusieurs œuvres qui vous ressemble.Celles-ci doivent cependant exercerleur activité en France, avoir pourobjet exclusif l’assistance, la bienfai-sance (exception faite de la protectiondes animaux), la recherche scienti-fique ou médicale et être reconnued’utilité publique. France générositésrecommande toutefois, la plus grandevigilance quant au libellé du nom del’organisme que vous souhaitez grati-fier pour qu’il n’y ait pas de confusionpossible.

LEGS & DONATIONS�20 VILLAGES DE JOIE N°203

Créée en 1998, l’union nationale des organis-mes faisant appel aux générosités, dite Francegénérosités, est un syndicat professionnel quidéfend les intérêts des associations et fonda-

tions d’intérêt général qui, au niveau national, quelle que soit la causequ’elles défendent, font appel à toute les formes de générosités (donsde particuliers, legs, donations, assurance vie, partenariat d’entrepri-ses dans le cadre d’opérations de mécénat ou de parrainage, …). A ce titre, France générosités a pour mission de :

• promouvoir les politiques favorables au développement de la générosité,

• de soutenir les initiatives de ses membres allant dans le sensd'une collecte saine, efficace et transparente,

• d’informer les publics concernés en assurant un travail de veille etd’expertise sur toutes les problématiques liées à la générosité privée.

Pour toute information concernant le spot, les legs et toutesles formes de générosités : www.francegenerosites.org

Une vie de famille en héri-tage… exonérée de droit desuccession !

Parce que SOS Villages d’Enfantsest une association reconnued’utilité publique, elle peut recueillirvotre patrimoine sans avoir àacquitter aucun droit desuccession. Ainsi, les biens quevous destinez à l’associationprofiteront intégralement auxenfants que nous accueillons.Inscrire SOS Villages d’Enfants survotre testament en tant quelégataire, c’est offrir à des enfantsque tout abandonne une vie defamille en héritage. Et parce queSOS Villages d’Enfants est membredu Comité de la Charte, vouspouvez être assuré de léguer entoute confiance !

Pour plus d’informations, n’hésitezpas à en parler à votre notaire ou à contacter Joëlle LEPINOY,Service Legs et Donations au 01 55 07 25 [email protected]

… et combien et pourquoi vous donnez

Cette campagne est également l’oc-casion de rappeler que le legs effec-tué au profit d’une association peuttout aussi bien porter sur l’ensemblede votre succession que sur unequote-part de vos biens ou encoresur un ou plusieurs biens déterminésvoire sur certaines liquidités.

Le legs doit être impérativementorganisé par un acte écrit, c’est à direpar testament, dans lequel vous pou-vez spécifier des conditions, auxquel-

les l’association ou la fondation esttenue, telles que l'utilisation ou ladestination précise du legs.

Le legs est uneressource stable etdurable qui donneaux associationsplus de visibilitépour conduire desprojets à moyen etlong terme.

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21PARTENAIRES� VILLAGES DE JOIE N°203

Construire ensembleSOS Villages d’Enfants bénéficie de l’appui d’entreprises qui lui permet de financer davantage de projetsen France et dans le monde. Découvrez ou retrouvez des entreprises solidaires qui nous aident ponctuel-lement ou nous accompagnent dans la durée.

Une contribution significative à laconstruction de la dixièmemaison au village d’enfants SOSde Marange La Fondation Veolia Environnement a renouvelé sonsoutien à SOS Villages d’Enfants en accordant une subven-tion de 30 000 € pour la construction de la dixième maisonfamiliale du village d’enfants SOS de Marange, et plusparticulièrement pour les travaux de chauffage et de plom-berie. Ce projet solidaire a été porté en interne par un« salarié parrain », Olivier Legrontec des Rapides de Lorrai-ne, qui a pu découvrir notre action sur le terrain : « Nousavons été très marqués par l'accueil que nous ont réservéles enfants et les mères SOS du village de Marange. Ce futun moment d'échange intense et nous avons donc décidéd'y retourner prochainementavec un plus grand nombre denos collaborateurs afin de leurfaire partager cet relation quenous envisageons sur le longterme ».

Les partenariats de l’insertion

Au delà de la prise en charge des enfants en détresse, SOS Villages d’Enfants soutient, depuis 1993, les Ateliers de la Garen-ne. Cet établissement propose à des jeunes de 16 à 30 ans enfermés dans des situations d'échec une aide concrète et per-sonnalisée, en alternant formation au travail en ateliers de production et formation générale pour la vie de tous les jours.

La nouvelle fondation d’entreprise du Groupe SEB a choi-si d’apporter plus spécifiquement son soutien aux ateliersde cuisine, couture et ménage qui permettent aux jeunesd’acquérir les bases de l’autonomie dans les actes de lavie quotidienne. En plus d’un soutien financier pour cesateliers en lien avec l’univers domestique, la fondation vaégalement offrir un lot d’ap-pareils électroménagers pouranimer les ateliers.

La fondation d’entreprise SFR a renouvelé son soutien à SOSVillages d’Enfants et aux Ateliers de la Garenne en finançantla mise en œuvre d’un atelier dédié à l’apprentissage du fran-çais. Cette formation permet à des jeunes en situation diffi-cile d’apprendre à mieux communiquer, lire et rédiger en vuede leur insertion sociale et professionnelle mais égalementde susciter chez eux le goût pour la lecture.

L’épanouissement des enfants àtravers le chant Le groupe HSBC a lancé, au niveau international, sur 2007-2012, le programme mondial Future First consacré à l’en-fance défavorisée. En France, il apporte son soutien à SOSVillages d’Enfants pour la mise en place d’ateliers musi-caux destinés à des enfants âgés de 5 à 18 ans. Ce projetpédagogique va permettre à ces enfants de s’épanouir etde prendre confiance en eux à travers la pratique d’uneactivité artistique.

Juva Santé : pour la 2e annéeconsécutive, une journée à l’usinepour aider les enfantsCette année encore, les Laboratoires Juva Santé ont ras-semblé leurs salariés dans l’usine de Forbach un samedimatin pour participer bénévolement à la fabrication deproduits Juvamine et Mercurochrome. Les Directions dusiège, de l’usine et de l’entrepôt de Juva Santé ont égale-ment participé à cette journée et la production ainsi réaliséele 15 septembre dernier a été convertie en don pour soute-nir la rénovation de la maison commune du villaged’enfants SOS de Marange.

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INFO DONATEURS�22

A la rencontre des pêcheurs deMurty Pudukuppam

Sur la plage de Murty Pudukuppam, à20 km de Pondichéry, petit port depêche au bord de l’océan indien, lespêcheurs raccommodent leurs filets etles enfants jouent. Tout comme cejour du 26 décembre 2004, au momentoù la vague est arrivée. Une vague de25 mètres de haut qui a tout balayésur son passage : les maisons en pier-re ou en bois, et surtout tous ceux quin’ont pas pu courir assez vite. Dès le lendemain de la catastrophe, leséquipes de SOS Villages d’EnfantsInde étaient sur le terrain pourdéployer en urgence un Programmede prévention de l’abandon. Il fallaitabsolument redonner un toit à ceuxqui avaient tout perdu, permettre auxpêcheurs de récupérer sans tarderleurs outils de production et surtoutaider la population à surmonter le chocpsychologique. Aujourd’hui, à Murty Pudukuppam, ceprogramme prend en charge 500enfants et 225 familles. 5000 enfantsau total en bénéficient sur tout le dis-trict de Pondichéry... 3 ans après la tragédie, les pêcheursde Murty Pudukuppam se souvien-nent très bien de la réactivité de SOSVillages d’Enfants Inde. 5 mois aprèsle tsunami, les pêcheurs recevaient45 bateaux à Murthy Pudukuppam,dont 17 grâce aux dons recueillis par

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Tsunami ... 3 ans après : grâce à votre générosité, la vie a repris son coursAprès la tragédie du 26 décembre 2004, notre association lançait l’Opération « SOS Orphelins d’Asie* ».Grâce à votre générosité, nous sommes aujourd’hui en mesure de financer en Inde et en Indonésie diffé-rents programmes qui ont permis de relancer la vie de ceux qui avaient tout perdu.

SOS Villages d’Enfants France. L’as-sociation indienne a été la premièreorganisation humanitaire à mettre àdisposition des bateaux aux pêcheurssur toute la côte est de l’Inde. Lespêcheurs, même s’ils ont mis dutemps à retourner sur la plage aprèsle drame, sont très heureux aujour-d’hui de bénéficier de ce programme.Un programme qui leur permet defaire vivre leurs familles. A 2 km de la plage, le village a été entiè-rement reconstruit par SOS Villagesd’Enfants. Il compte 225 maisons, dont17 ont été financées par les dons fran-

Utilisation des fonds collectésau profit des victimes du Tsunami

(du 28/06/2005 au 30/11/2007)

Construction duvillage d'enfants SOSde Pondichéry (2006)

558 817,74 €

41%

Programmes de Préventionde l'abandon (2005 - 2006) 606 830,77 €

43%

Construction duvillage d'enfants SOS

de Meulaboh (2007)145 283,90 €

11%Prise en chargedes enfants

de Pondichéry (2007)24 105,36 €

2%

Prise en chargedes enfants de Meulaboh (2007)35 728,34 €

3%

Total 1 370 766,11 €

çais. Des maisons simples, mais toute-fois plus confortables et plus fonction-nelles que les anciennes. Les famillessont les premières à le reconnaître.Elles ont participé à leur agencement.La vie a repris son cours et s’articuleautour du centre social SOS où lesfamilles reçoivent les soins dont ellesont besoin, où les femmes participentà des ateliers de couture et d’artisanatlocal et où les enfants suivent des coursde soutien scolaire.

1) dans le cadre des actions menées par notre Fédé-ration Internationale dans les régions touchées

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23INFO DONATEURS� VILLAGES DE JOIE N°203

Nous apprenons le décès, en juin, deMonsieur François MAAS qui fut en saqualité de Président du Comité de soutien deFreyming-Merlebach, l’un des co-fondateursdu village de MARANGE et l’un des plusfidèles partisans de notre démarche SOS.

Nous adressons à Madame Paulette MAASnos sincères condoléances.

DDiirreecctteeuurr ddee llaa PPuubblliiccaattiioonn :: Gilles PaillardRRééddaaccttrriiccee eenn CChheeff :: Frédérique Clénet-Lécuyer

OOnntt ppaarrttiicciippéé àà ccee nnuumméérroo ::Clémence Beck, Karen Breton, Marianne Brivet,Krystelle Cadenat, Éric Cochenet, Édith Ducher,

Yvette Exbrayat, France générosités, Anne-Sophie Gerin,GREF, Estelle Jourdren, Juste pour un sourire, Rémy Mazin, Pascale Merlin, Isabelle Moret,

Chantal Palitzyne, Françoise Peille, Florence SakiMMaaqquueettttee :: ORIENT EXPRESS - Tél. : 01 43 21 99 02

IImmpprreessssiioonn :: ISTRA IN2, avenue de la 2e D.B. - 67300 Schiltigheim

RRoouuttaaggee :: PRNPPhhoottooss :: SOS Villages d’Enfants, Corbis,

Matton, Getty ImagesPPuubblliiccaattiioonn ttrriimmeessttrriieellllee ééddiittééee ppaarr :: SOS Villages d’Enfants

PPoouurr ttoouuttee iinnffoorrmmaattiioonn ::SOS Villages d’Enfants

6, Cité Monthiers - 75009 Paris - Tél. : 01 55 07 25 25AAbboonnnneemmeenntt aannnnuueell :: 8 € / PPrriixx aauu nnuumméérroo :: 2 €

CCoommmmiissssiioonn ppaarriittaaiirree :: N° 0112 H 81095ISSN : 0243.6949 - Dépôt légal : Décembre 2007

Dernière minute...Somalie : l’action de SOS Villages d’Enfantsmenacée par l’ampleur des violences

Le 10 novembre dernier, le village d’enfants SOS deMogadiscio a une nouvelle fois fait l’objet de tirs demortier. Survenu dans la nuit, le bombardement a faitun blessé grave parmi le personnel d’encadrement. Unautre garde, une mère SOS et un enfant ont été légère-ment touchés.Suite à cette nouvelle attaque, SOS Villages d’Enfantsainsi que plus de 40 autres ONG agissant sur place, ontsigné un manifeste dans lequel elles alertent l’opinioninternationale sur la situation catastrophique qui séviten Somalie. Ces organisations déclarent : « C’est unevéritable catastrophe humanitaire que connaissentactuellement le centre et le sud de la Somalie. Des dizai-nes de milliers de personnes se réfugient à Mogadiscioalors que, sur place, 335 000 personnes réclament déjàdes soins vitaux. L’explosion des besoins s’accompagned’une escalade de la violence et les ONG ne peuventplus assurer leur action, ni garantir la sécurité de leurpersonnel. » Elles appellent la communauté internatio-nale, ainsi que les parties inhérentes au conflit, à semobiliser pour assurer la protection des civils et du per-sonnel humanitaire.

Tchad / Soudan : la position de SOS Villagesd'Enfants concernant l'adoption et lacoopération avec les autorités

L'objectif de SOS Villages d'Enfants est de venir en aideaux enfants et aux familles dans le besoin. Le principecentral de notre action est que chaque enfant devraitgrandir dans une famille qui soit la sienne ou dans unenvironnement familier, lorsque c'est possible. Noussommes convaincus, et c'est ce que nous visons, que lesenfants devraient grandir en apprenant leur languematernelle au sein de leur propre culture. Toutefois,lorsqu’il n’existe pas de solutions locales à la prise encharge de l’enfant, nous considérons que l’adoptioninternationale - si elle respecte la voie juridique appro-priée ainsi que les principes fondamentaux établis parla convention de La Haye - représente une bonne optionpour le bien-être de l’enfant.Pour ce qui est de la prise en charge des enfants àl’étranger, nous tenons à rappeler que SOS Villages d'En-fants travaille avec les services locaux et nationaux deprotection de l'enfance et de la jeunesse. Non seulementnous dépendons de cette coopération avec les gouverne-ments et de leur soutien, mais nous considérons commevitale pour notre travail la mise en place d'une aptitude

locale pour la prise en charge de type familial à longterme. Dans notre travail avec les enfants ayant été privés deleur milieu familial, ce sont, dans la plupart des cas, lesparents, d'autres membres de la famille ou les servicesde protection de l'enfance et de la jeunesse qui sont lestuteurs, et non SOS Villages d'Enfants. Dans les régions déchirées par la guerre, comme leTchad et le Soudan, SOS Villages d'Enfants fournit unsoutien psychologique à des enfants et des femmessouffrant de traumatismes et présentant des symptô-mes liés à ces derniers. C'est essentiellement dans detelles situations d'urgence et de crise qu'il faudrait toutparticulièrement veiller à ce que les enfants ne soientpas séparés de leur famille. SOS Villages d'Enfantsdéplore la situation dans laquelle se trouvent les 103enfants de l’Arche de Zoé et espère que tous les effortsseront entrepris pour qu'ils retrouvent leur famille etque leur bien-être sera continuellement protégé.

Et aussi…

■ Au Vietnam, les pluies diluviennes qui se sont abat-tues sur le pays, peu après la fin de la saison des pluies,causant de fortes inondations, n’ont pas affecté la viedes villages d’enfants SOS parrainés par la France(Dalat, Vinh et Dong Hoi). Des mesures ont été prisespour que l’approvisionnement en nourriture ne soit pasinterrompu et que la scolarité puisse suivre son cours.Seul le village d’enfants SOS de Nha Trang a subiquelques dégâts.

■ En République dominicaine et en Haïti, où la tempê-te tropicale « Noël » a provoqué de graves inondations,les infrastructures de SOS Villages d’Enfants n’ont pasété touchées.

■ En Amérique centrale, 3 villages d’enfants SOS, situésau Nicaragua et au Costa Rica, ont subi des dégâts maté-riels après les fortes pluies qui se sont abattues surtoute la région mi-octobre.

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6 cité Monthiers - 75009 Pariswww.sosve.orgService Relations donateurs : 01 55 07 25 35

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