Rites de La Mort en Alsace

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Guia didàctica

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  • Strasbourg, glise Saint-ThomasMausole du Marchal de SaxeJean-Baptiste Pigalle, 1753-1777 (Photo M. Bertola, Muses de la Ville de Strasbourg)

    RITES DE LA MORT EN ALSACEDe la Prhistoire la fin du XIXe sicle

    DOSSIER DE PRPARATION LA VISITE

    MUSE ARCHOLOGIQUE2, PLACE DU CHTEAU

    Service ducatif des Muses de la Ville de Strasbourg2, place du chteau - 67076 Strasbourg cedex rservations le matin au 03 88 88 50 50 - renseignements laprs-midi au 03 88 52 50 04

  • Sommaire

    UN PROJET INTERINSTITUTIONNEL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3

    AU MUSE ARCHOLOGIQUE : UN PARCOURS TRAVERS LES SICLES . . . . . . p. 4

    La Prhistoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5Palolithique et MsolithiqueNolithique

    La Protohistoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7ge du Bronze et ge du Fer

    LAntiquit romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8

    Le Haut Moyen ge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10poque mrovingienne

    Le Moyen ge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10La naissance du cimetire mdivalRites funraires mdivauxAu Moyen ge : lart de bien mourir

    Les XVIe et XVIIe sicles : la mort baroque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12

    Le XVIIIe sicle : Le droit aux larmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13

    Le XIXe sicle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14La mort romantiqueLa mort la campagneLa tradition juive et la mort

    Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16

    BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17

    LGENDES DENSEMBLES FUNRAIRES ET UVRES DART ILLUSTRANT LE PARCOURS CHRONOLOGIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

    LEXIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24

    DES PISTES POUR DCOUVRIR LEXPOSITION EN GROUPE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27

    POUR PRPARER OU PROLONGER LA VISITE AU MUSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28

    AUTOUR DE LEXPOSITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29

    INFORMATIONS PRATIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31

    ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32Choix dpitaphes latines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32Testament du Lingon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 46Loi des XII Tables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48Choix de textes sur la perception de la mort et les ritesfunraires travers les ges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 50

    2DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

  • UN PROJET INTERINSTITUTIONNEL

    Cette exposition constitue le premier volet dune srie de regards pluridisciplinairessur la mort et les rites de lau-del en Alsace. Les fouilles archologiques menes dunord au sud de la rgion depuis une trentaine dannes ont fourni une riche matiredans le domaine de larchologie funraire, travers les dcouvertes effectuessous lgide du Service rgional de larchologie dAlsace et, depuis une quinzainedannes, par lInstitut national de recherches archologiques prventives ou, plusrcemment, par le Ple archologique interdpartemental rhnan ; lapport de lan-thropologie funraire a permis de renouveler, entre autres, lapproche jusqualorstraditionnelle des gestes et pratiques funraires des socits antiques et mdi-vales. Dbordant le cadre chronologique habituel du Muse Archologique, cetteexposition associe aussi, autour de ce dernier, plusieurs muses du rseau stras-bourgeois, travers des prts duvres (Muse Alsacien, Muse des Arts dcora-tifs, Muse des Beaux-Arts, Muse Historique), ainsi que lorganisation de parcoursdans leurs collections (Muse des Beaux-Arts, Muse Historique et Muse deluvre Notre-Dame).

    Lexposition du Muse Archologique sera prolonge, de fvrier juin 2009, par uneseconde exposition dont les Archives de la Ville et de la Communaut urbaine deStrasbourg (32, route du Rhin) seront le matre duvre.

    Un partenariat a t nou galement avec le Dpartement funraire de la Ville etde la Communaut urbaine de Strasbourg dans le cadre de la ralisation de fasci-cules pour une visite des cimetires de la Ville de Strasbourg. Ces petits livretsproposent un circuit de dcouverte et apportent des informations sur les spulturesde personnages historiques ou sur les monuments remarquables du point de vue deleur architecture ou de leur dcor. Le premier dentre eux, consacr au cimetireSaint-Urbain, est paru en novembre 2007. Dautres sont actuellement en prpara-tion sur les cimetires Saint-Gall et Saint-Louis.

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    DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

  • AU MUSE ARCHOLOGIQUE : UN PARCOURS TRAVERS LES SICLES(* les astrisques renvoient au lexique)(les mentions entre parenthses renvoient aux lgendes (p. 19 23) densembles funraires et uvresdart illustrant le parcours chronologique)

    Explorer le monde complexe des rites lis la mort, cest se plonger danslhistoire passionnante des mentalits et dcouvrir les permanences, lesvariations ou les ruptures des discours tenus sur la mort au fil des sicles.

    Ces rites ont toujours pour finalit de ffaaiirree ddiissppaarraattrree llee ccoorrppss mmoorrtt de lamanire la plus efficace possible, en fonction des croyances de chaquepoque. Par la richesse des tmoignages livrs par larchologie, par la varitde ses traditions, par son environnement religieux et social trs ouvert, par ladiversit et loriginalit de son art funraire, lAlsace est une rgion particuli-rement propice pour saisir toute la complexit des rponses donnes par lesvivants face la mort, de la Prhistoire la fin du XIXe sicle.

    Pour les priodes les plus anciennes, en particulier ppoouurr lleess cciivviilliissaattiioonnss ssaannssccrriittuurree,, llaarrcchhoollooggiiee eesstt nnoottrree sseeuullee ssoouurrccee ddiinnffoorrmmaattiioonn. Elle nous permetdapprocher travers les vestiges matriels laisss par les hommes (spul-tures, mobilier funraire, dpt doffrandes, stles marquant lemplacement dela tombe...) leurs croyances et le rituel qui environne la mort. Des premiresspultures de la fin du Palolithique aux premires ncropoles des populationssdentaires du Nolithique, des rites funraires romains ceux du dbut duMoyen ge, tout un monde de pratiques, de mythes et de croyances organiseet ritualise le passage des dfunts vers lau-del.

    Laptitude des hommes prhistoriques enterrer leurs morts et donc avoirune pense spirituelle ne fut reconnue par les archologues que dans ladeuxime moiti du XIXe sicle. La premire spulture tre identifie commetelle fut celle de labri Raymondeu Chancelade en Dordogne en 1886.

    4DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    LA PRHISTOIRE

    Andr Leroi-Gourhan, un des grands prhistoriens franais, rsume remarquable-ment bien dans les Religions de la Prhistoire la difficult pour les archologuesdapprhender le monde spirituel des civilisations anciennes sans criture. [] lhomme prhistorique a pu poser sur le sol un caillou quelconque lissuedun long rituel o il offrait un foie de bison grill sur un plat dcorce peint locre.Les gestes, les paroles, le foie, le plateau ont disparu [] Et mme lorsque lon est en prsence dun objet religieux, que peut-on en tirer lors-quon nen possde pas la cl : [] supposons quun tre intelligent, venant dun autre systme sidral et dnudu moyen de communiquer avec nous, tudie la religiosit europenne en visitantnos glises. Il y verrait des agneaux, un ne et un buf, de nombreux personnagestorturs, flagells, blesss, agonisants, gisant sur des tombeaux : quelle image resti-tuerait-il de la pense chrtienne ? Comment passerait-il de la superficie dcevantedes reprsentations la profondeur mystique des concepts ?

    PALOLITHIQUE (600 000 10 000 avant J.-C.) ET MSOLITHIQUE (10 000 5700avant J.-C.)

    Les plus anciennes spultures retrouves en Europe remontent au Palolithiquemoyen, au temps de lhomme de Nandertal, entre 100 000 et 35 000 avant J.-C.Elles se localisent gnralement dans des grottes ou des abris sous-roche.La plus ancienne spulture connue en France est celle retrouve en 1908 dans unecavit dun abri sous-roche de la Chapelle-aux Saints, en Corrze (1). Il sagit dunadulte nandertalien reposant dans une petite fosse, couch sur le dos, les jambesreplies et tournes vers la droite et le bras droit ramen vers la tte. Des fragmentsosseux de bovid, de renne et quelques outils ont t dposs prs de lui.En Alsace, si les activits humaines sont attestes ds 600 000 avant J.-C., aucunespulture na t retrouve jusqu prsent pour cette priode .

    Le Palolithique suprieur (35 00010 000 avant J.-C.) a livr en France unnombre plus important de spultures situes le plus souvent dans des abrissous-roche isoles ou groupes, qui tmoignent de rites funraires structurs. Lesdfunts sont en gnral en position replie, couchs sur le ct, et des parures endents danimaux, en coquillages sont disposes sur le corps saupoudr docre.

    Une seule spulture en Alsace est connue pour cette priode, ce qui ne permet pasdapprhender clairement la situation rgionale. En 1914 fut en effet mise au jour,de manire fortuite, Entzheim, une spulture isole (qui ne se trouvait pas dansune grotte) (2). Elle fut tudie par le prhistorien Paul Wernert qui la data duPalolithique suprieur, vers 30 000 avant J.-C.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Le passage du Palolithique au Msolithique (10 0005 700 avant J.-C.) estmarqu par une volution de la spulture qui, individuelle au Palolithique, devientle plus souvent collective au Msolithique. Cette tendance est lie la formationprogressive des premires ncropoles.Une attention particulire semble aussi porte au crne : dans la grotte dOberlarg,au sud de lAlsace, un crne isol a ainsi t mis au jour dans un niveau dat den-viron 6000 avant J.-C (3). Dautres dcouvertes en Italie, en Bavire ou au Proche-Orient, de mme que des comparaisons ethnographiques, mettent en lumire despratiques similaires. Lhypothse dun ventuel culte des crnes des anctres at avance.

    NOLITHIQUE (5700 2200 avant J.-C.)

    Deux traditions dont la ligne de partage se situe la hauteur de Slestat ont tindividualises dans les pratiques funraires du Nolithique ancien en Alsace :

    - lune septentrionale (de lElbe la Meuse) avec une forte variabilit des orienta-tions des spultures, des mobiliers domins par la prsence de cramique etdoutillage lithique et lemploi de colorants (ocre, graphite) sous forme de frag-ments placs dans la tombe ;

    - lautre mridionale (de la valle du Danube au Bassin Parisien, lextrmit occi-dentale du lac de Constance et la Haute-Alsace) avec orientation identique syst-matique des spultures, large prsence de parures de coquillages et abondantsaupoudrage docre sur une partie ou la totalit du corps.

    La dcouverte de plus de 3 000 tombes du Nolithique ancien (57004900 avant J.-C.) en Europe a permis une bonne connaissance des pratiques funraires pour cettepriode.En Alsace, des cimetires dont certains trs tendus, 111 tombes retrouves Vendenheim sont dsormais amnags prs des villages. Les morts sont inhums sans doute habills dans des fosses creuses dans le substrat loessique. Laprsence docre est souvent atteste et est interprte comme un symbole de vie,par association avec le sang. Le mobilier funraire livre des informations sur les acti-vits humaines et parfois sur lorganisation sociale travers la prsence, danscertaines tombes, dobjets de prestige comme les spondyles, coquillages de lamer Mditerrane sans doute en relation avec un statut social particulier (4). Eneffet, la prsence de trs riches tombes denfants plaide en faveur dune transmis-sion hrditaire de la richesse et du pouvoir, associe une ou plusieurs famillespar communaut.

    Le rituel funraire devient de plus en plus strotyp partir du Nolithique moyen(4900-4300 avant J.-C.) avec une harmonisation des gestes funraires au seindune mme ncropole (5-6). Le corps couch sur le dos, jambes allonges, devientla norme. Les premiers cercueils en planches assembles dateraient de cettepriode.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Au Nolithique rcent (4300-3500 avant J.-C.), des corps jets ou dposs, seulsou collectivement, dans des silos dsaffects ont t retrouvs sur plusieurs sites,tmoignant dune volution des gestes funraires et, peut-tre, dune moindre atten-tion porte au corps dans cette phase du Nolithique (7). Le Cord et le Campaniforme (2800-2200 avant J.-C.) sont les deux grandescultures du Nolithique final (3500 2200 avant J.-C) (8). Elles stendent sur desterritoires considrables, des steppes eurasiennes lest de la France et du Portugal la Hongrie. Avec elles on assiste, au moins pour louest de lEurope centrale, unretour une culture funraire marque par la prsence de vritables ncropoles, parlabondance des mobiliers funraires et par une codification trs stricte despratiques.

    LA PROTOHISTOIRE

    GES DU BRONZE (2000-750 avant J.-C.) ET DU FER (750-50 avant J.-C.)

    LAlsace a livr un nombre important de spultures protohistoriques et on peutsuivre ainsi les variations du rituel funraire sur plus de dix sicles, des environs de2000 750 avant J.-C. Un retour la spulture individuelle reste la caractristiquemajeure de cette poque, tmoignage de la mise en place dun nouvel ordre socialo lindividu prvaut nouveau sur le groupe social. La caractristique de lge du Bronze est laffermissement de la tradition de lacrmation apparue dj timidement au Nolithique. Incinration* et inhumation*vont coexister ou alterner en tombe plate ou sous tumulus en terre, ce dernier typede spulture apparaissant dans toute lEurope au dbut de lge du Bronze. Un dessites majeurs des ncropoles tumulus est la fort de Haguenau.Les tumulus sont entirement difis en terre et en gravier, parfois entours dunfoss, dlimitation rituelle autour dune ou plusieurs spultures. Ldification de cesstructures, gnralement dassez grande taille (10 40 m de diamtre pour 4 10 m de hauteur), suppose galement une cohsion importante du groupe social,avec la participation de tous ses membres. Au centre se trouve habituellement latombe fondatrice qui sera entoure au fil du temps de spultures secondaires.La pratique de la crmation*, en tombes plates ou sous tumulus, est prpondranteentre 1200 et 800 avant J.-C., durant la dernire squence de lge du Bronze (9).Les cendres et les ossements calcins sont recueillis sur le bcher funraire etplacs le plus souvent lintrieur dune urne dpose dans une fosse creuse mme le sol avec un important mobilier funraire.

    Le mobilier funraire reflte, comme durant la Prhistoire, les distinctions sexuelleset sociales mais dlivre ici encore fort peu dinformations sur les croyances ou lespratiques immatrielles.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Au premier ge du Fer (poque de Hallstatt, 750-450 avant J.-C.), apparaissent deriches spultures aristocratiques o le dfunt est inhum dans une chambre fun-raire avec un char et un important mobilier funraire, comportant des objets deprestige : vaisselle en bronze importe dItalie destine au service du vin lors debanquets rituels, riches parures en or, en bronze ou en ambre, cramique grecqueou trusque (10-12).

    Quelques grandes pierres tumulaires ont t retrouves : sont-elles des lmentsdun culte du dfunt hros ou bien servaient-elles matrialiser la tombe (13) ? la fin de la priode celtique (poque de La Tne, 450-50 avant J.-C.), de curieusestombes en silo ont t observes en association frquente avec un animal (cheval,cerf, chien). Elles sont places dans danciens silos grains dsaffects et ruti-liss. Il pourrait sagir dun rite destin assurer la fertilit de la terre et labondancedes rcoltes.

    LANTIQUIT ROMAINE (Ier au Ve sicle aprs J.-C.)

    En Alsace gallo-romaine, lusage de la crmation se rpand progressivement aucours du Ier sicle aprs J.-C., pour se gnraliser dans la seconde moiti de cesicle.Lincinration peut tre primaire : le lieu de la crmation se confond alors avec le lieude la spulture, sans dplacement des ossements calcins, puisque le bcher,bustum, est plac directement au-dessus de la fosse. Si elle est en position secon-daire, ce qui est la pratique la plus courante, les ossements calcins ont trecueillis sur le site de la crmation, ustrinum, puis placs dans un petit sac, uneurne ou un coffret avant dtre dposs dans le sol, parfois protgs par un caissonen pierre ou en plomb (14).Plusieurs ncropoles ont t identifies Strasbourg, schelonnant du Ier au IVe

    sicle le long des voies de sortie de la ville. En effet, selon la loi des Douze Tables ...les morts ne doivent pas tre ensevelis dans la ville . Les cimetires stablis-sent donc, pour des raisons la fois de salubrit, mais peut-tre aussi de concep-tions religieuses (caractre impur de la dpouille) lextrieur du primtre urbain,en gnral le long des voies de sortie des agglomrations. Le dbut de lactuelleRoute des Romains, Koenigshoffen, correspondait certainement, dans lAntiquit, une alle borde, par endroits du moins, de tombes.

    La diversit des monuments (stles, mausoles de divers types, dicules, sarco-phages) rpond la varit des demandes (15-20).

    Testaments, pitaphes* et textes littraires nous livrent une abondante documen-tation sur lensemble des rites de la mort Rome. Le testament dun dfunt desenvirons de Langres dcrivant lordonnancement de ses funrailles* de manire

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    extrmement prcise constitue un document dune grande valeur sur les rites fun-raires gallo-romains.

    Le mobilier funraire nous est connu essentiellement par le contenu des tombesmais galement grce aux descriptions faites par les Gallo-romains soucieuxdnumrer les biens destins tre brls au moment de la crmation. Quantit etqualit dpendent de la position sociale du dfunt ou de lvolution des pratiquesfunraires. Si la vaisselle est presque toujours prsente, on note aussi le dpt deverreries, dlments de parure et autres objets personnels, de figurines, de lampes huile et de pices de monnaies, oboles indispensables pour obtenir de Charon lepassage du Styx. Une rarfaction du mobilier a t constate pour le Bas-Empire.

    partir du dbut du IIIe sicle, la tendance sinverse notablement avec un retour enforce de linhumation, bien que les deux rites continuent coexister. Les tombespeuvent prsenter diverses formes : sarcophage, coffre en tuiles abritant dans cedernier cas sans doute un cercueil en bois. On a voulu y voir linfluence des cultesorientaux qui prnent le retour du corps la terre ou le rle progressif du christia-nisme qui juge lincinration contraire lesprance de la rsurrection (21).Linhumation ncessite, de plus, de disposer dun terrain assez important pour ydresser la spulture, dont il faut aussi assurer les frais de construction (sarcophage,stle) et dentretien plus importants.

    La poursuite du contact des dfunts avec les vivants revt une grande importance.La localisation des tombes le long des voies daccs la ville contribue assurer lasurvie de leur mmoire ; le passant tait en effet souvent sollicit par les pitaphesinscrites sur les tombes pour prononcer le nom des morts et pour regarder leurportrait.Plusieurs jours de lanne sont plus spcialement ddis aux dfunts : les paren-talia (13 au 21 fvrier) sont rservs de nombreuses crmonies prives donnespour apaiser les mnes* des disparus, tandis que le dernier jour, appel feralia, estmarqu par des clbrations publiques ; quant aux lmures, les fantmes desmorts, on tente de les conjurer lors des lemuria les 9, 11 et 13 mai au cours de cr-monies nocturnes.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    LE HAUT MOYEN GE

    POQUE MROVINGIENNE (Ve au VIIIe sicle aprs J.-C.)

    Linhumation habille est la rgle durant toute la priode mrovingienne, quelle quesoit la situation sociale du dfunt. Celui-ci est gnralement plac dans la tombe,couch sur le dos, selon une orientation est-ouest (la tte regardant vers lest). Lesncropoles sont organises en vastes ensembles pouvant regrouper plusieurscentaines de spultures disposes en ranges. Les tombes des personnages delaristocratie sont reconnaissables au soin dont elles ont bnfici. Erstein, parexemple o a t retrouve une vaste ncropole qui a fonctionn au long des VIe etVIIe sicles, de nombreuses tombes richement dotes taient pourvues de chambresfunraires en bois (22-23).

    Si la pratique des offrandes est en dclin en Gaule sous laction de lglise quicontrle progressivement les pratiques funraires, elle persiste toutefois jusque versla fin du VIIIe sicle. Le dpt funraire peut comprendre des cramiques et desverreries, des rcipients en bronze, en bois ou en vannerie (aujourdhui disparus),des objets de parure et de toilette, de la menue monnaie... Les tombes masculines,alamanes ou franques, sont aussi largement pourvues en pices darmement enraison de la coutume germanique demporter armes et objets quotidiens dans lau-del. Ainsi la tombe de lhomme au crne dformation artificielle volontaire deDachstein renfermait-elle, outre un couteau, tout le ncessaire pour faire du feu : unbriquet, les restes probables dune petite sacoche contenant deux silex ainsi que lesfragments dune petite bote en fer dans laquelle se trouvait peut-tre de lamadou(24).

    LE MOYEN GE

    LA NAISSANCE DU CIMETIRE MDIVAL

    partir du IXe sicle, rompant avec lexclusion des dfunts hors les murs de la ville,le Moyen ge va faire cohabiter les vivants et les morts sous lautorit de lglise. Lapremire raison de ce rapprochement est lie au souci dtre inhum ad sanctos,prs du lieu o reposent le corps ou les reliques dun saint, afin de bnficier de saprotection et de son intercession auprs de Dieu.Le cimetire devient peu peu indissociable de lglise paroissiale, dont lenclosconsacr doit protger les lieux de toute atteinte extrieure. Lobligation dinhumerles dfunts exclusivement dans cet espace simpose entre le Xe et le XIIIe sicle. Lecimetire est aussi un lieu public et habit avec des maisons construites labri delenclos funraire, o lon se runit, o est rendue la justice, o sont organisesftes et danses.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    partir de la fin du XIIIe sicle, un sens nouveau est donn lespace rserv auxmorts : le cimetire devient un lieu de prire o les vivants doivent contempler leurmort future pour permettre leur rdemption.

    RITES FUNRAIRES MDIVAUX (XIIIe au XVe sicle)

    Larchologie funraire en Alsace constitue notre principale source dinformationssur les inhumations mdivales. Les nombreuses fouilles menes entre 1970 et1990 lors de travaux dans des difices religieux ont permis de runir une docu-mentation dune grande richesse. Le dfunt est gnralement couch sur le dos,regardant vers le ciel, les mains croises sur le ventre ou la poitrine, ou encore lesdeux bras allongs le long du corps. Lorientation, donne par lautel principal tourn lest dans le chur, revt galement une grande importance : la tte doit tre louest, les pieds lest, pour que le dfunt se trouve face lautel comme de sonvivant et que sa prire soit dirige vers Jrusalem.

    Un rituel codifi prvoit le traitement du corps aprs le dcs, variable selon lestatut social du dfunt ou son degr de richesse. La veille se fait lglise puis,aprs la crmonie religieuse, le dfunt est port en terre.La prsence de traces de chaux rappelle la pratique de recouvrir le corps de chauxvive, sans doute pour des raisons sanitaires afin dacclrer la dcomposition(25). Des empreintes de certaines parties du corps peuvent ainsi tre conserveset restitues.

    Le sarcophage en pierre disparat au XIIIe sicle, au profit du cercueil en bois (clouou chevill) qui se gnralise au XVe sicle, ou de la simple inhumation en pleine terredans un linceul* (26). Des tombes et caveaux maonns en pierre ou en briquestaient destins accueillir les spultures des familles nobles dans de nombreusesglises alsaciennes.

    Le dpt de mobilier funraire est proscrit par lglise, mais cette pratique nensubsiste pas moins jusquau XVIIIe sicle. Le mobilier est toutefois christianis, puis-quil sagit de mdailles, chapelets, crucifix, figurines en terre cuite reprsentant laVierge Marie ou lEnfant Jsus

    AU MOYEN GE : LART DE BIEN MOURIR

    partir du XIVe sicle, avec la survenue des pidmies de peste, la mort sera omni-prsente dans les esprits. La premire reprsentation de danse macabre apparaten Allemagne vers 1350 et ce thme connatra un grand succs en Europe occi-dentale.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    La reprsentation de dfunts se dveloppe considrablement au cours des siclessuivants. Les cadavres apparaissent en particulier dans lart funraire, prsentanttoutes les tapes de la dcomposition. Parfois il sagit dun corps maci, habituel-lement nomm transi, parfois juste dun squelette (27-28, 30).

    Aux XVe et XVIe sicles, la perception de la mort change pour devenir preuve. Cestle comportement face elle qui va dterminer le sort du dfunt pour lternit, travers le jugement individuel de chaque vie. La bonne mort doit ainsi permettre aumourant de racheter ses fautes et dtre accompagn par les sacrements delglise, tout en conservant une parfaite matrise de soi. Le rituel mdival desagonisants comporte deux temps forts : la confession suivie de labsolution, lacommunion et ladministration de lextrme-onction. Des clauses pieuses sontsoigneusement consignes dans les obituaires* et les messes anniversaires sontclbres date rgulire pour assurer le repos de son me.

    La mort la plus frquemment reprsente au cours du Moyen ge est celle de laVierge. La dormitio prsente un schma iconographique prcis et constitue le proto-type mme de la bonne mort (31). La Vierge est allonge sur un lit monumental,souvent orn dun haut baldaquin ; elle est entoure des aptres qui accomplissentle rituel funraire. Le Christ accompagn danges apparat au-dessus de la scne etvient recueillir lme de sa mre. Elle devient ainsi lintercesseur principal desmourants.

    LES XVIE ET XVIIE SICLES : LA MORT BAROQUE

    partir du XVIe sicle, un sens nouveau est donn la mort, qui va aller en se drama-tisant tout au long du XVIIe sicle. La vision humaniste de la mort contribue enparallle une revalorisation de la vie, dont la brivet fait tout le prix. Une rflexion plus intellectualise et parfois mme mystique dbouche sur lideque lhomme doit se dfaire de son attachement aux biens matriels. Les Vanits , apparues au sicle prcdent et fort bien reprsentes dans les musesde Strasbourg, en sont une excellente illustration (29, 32-33). Le crne humain cris-tallise cette rflexion et devient un motif courant dans la peinture de cette priode.

    Deux lectures diffrentes de la mort se dveloppent avec la Rforme :- du ct catholique, une grande importance est accorde aux messes et aux indul-gences ; la dvotion aux mes du purgatoire* connat une faveur particulire ;

    - aprs 1520, les Rforms la suite de Luther et Calvin rejettent cette croyance,pour revenir la simplicit de lglise primitive. Ils prnent la charit envers lespauvres plutt que la multiplication des messes anniversaires, le salut se faisantpar la foi et les uvres charitables.

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    Lide de la mort est prsente au quotidien, au centre mme de la vie, de la prireet de la mditation quotidienne. Le rituel de la mort doit tre une pdagogie desti-nation des vivants et le sermon funbre prend une place prpondrante. partir de la fin du XVIe sicle, le crmonial baroque connat un vritable ge dor.La reprise en main par lglise du crmonial de la mort culmine avec le rituel de1614 qui va codifier pour prs de trois sicles et demi les gestes collectifs du mondecatholique.Si Strasbourg, passe la Rforme en 1524, parvient obtenir le dplacement verslextrieur de tous les cimetires intra-muros, il nen sera pas de mme pour lesinhumations dans les glises. Celles-ci perdureront jusquau XVIIIe sicle.

    LE XVIIIe SICLE : LE DROIT AUX LARMES

    Avec les philosophes et lesprit des Lumires, de nouvelles attitudes se font jour face la mort, du moins dans la socit urbaine. La mort devient un phnomne naturelcontre lequel il est possible de lutter. La figure du mdecin prend alors une placeessentielle dans cette confrontation avec la mort qui nest plus punition divine etque lon essaye de combattre.

    Le rituel connat une large simplification par rapport aux crmonies baroques,tandis que lusage du cercueil en bois devient la rgle. Des institutions municipalesspcialises dans lorganisation des funrailles prennent peu peu le relais desstructures familiales ou villageoises ou des confrries.Une sensibilit nouvelle se fait jour, avec la valorisation des qualits individuelles etfamiliales du disparu et le droit aux larmes pour pleurer celui qui a t arrach sa famille par le trpas (34).Les retrouvailles dans lau-del deviennent un des sujets favoris dvelopps par lespitaphes de la fin du XVIIIe sicle, rpondant aux besoins dune affectivit nouvelle.La survie du disparu se fait dans la mmoire et le cur des vivants, permettant dedpasser la sparation. Lide de lternit des morts dans la mmoire des vivantssexprime aussi dans la gloire qui entoure les grands hommes (35).

    Vers le milieu du XVIIIe sicle, des voix slvent pour protester contre laccumulationdes morts dans les glises. Le 17 mars 1776, un dit royal interdit le choix dunespulture dans une glise ou un couvent et renvoie les cimetires la priphrie desvilles. Les proccupations hyginistes et la volont de prserver la dignit des mortsen sont la cause. Avec lmergence de la notion dindividu, se dveloppe le souhaitde pouvoir se recueillir sur une tombe et de tmoigner son affection et son respectau dfunt. En parallle, apparat lide nouvelle que le lieu de linhumation doitappartenir la famille : le culte du souvenir devient priv.

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    LE XIXE SICLE

    LA MORT ROMANTIQUE

    La mort romantique telle que nous la percevons dans la littrature du XIXe sicleutilise frquemment la mtaphore du sommeil apais, du refuge bienheureux o lescurs meurtris trouvent enfin lapaisement. Cet aspect paisible ne doit toutefois pasfaire oublier la fascination du XIXe sicle pour le morbide, sujet qui envahit lesuvres des peintres, musiciens ou potes travers les thmes du suicide, de lamort violente. partir des annes 1840-1850 le deuil et sa codification rigide pren-nent une ampleur croissante dans les classes bourgeoises prises de conventionssociales qui se manifestent travers le dveloppement du faire-part, la publicationde la ncrologie du dfunt et la prise dhabits de deuil par toute la famille. La vogue du spiritisme et de lvocation des dfunts gagne ces mmes milieux bour-geois de la fin du XIXe sicle et soulve autant dengouement que de polmiques.

    Avec la scularisation des cimetires et le dcret du 23 prairial an XII (12 juin 1804),qui met en place une rglementation sur les cimetires et lorganisation des pompesfunbres, le dveloppement des concessions funraires connat un norme succs.Cette rglementation nouvelle fait sortir dfinitivement la gestion des cimetires dugiron de lglise pour la confier aux communes : de religieux, le cimetire devientadministratif et laque. Dimmenses ncropoles sont cres la priphrie desvilles, avec leurs hirarchies et leur symbolique, en un reflet du monde des vivants.

    LAlsace voit la cration dun art funraire original et dune grande richesse, grce la prsence du grs, un matriau abondant et facile sculpter. De nombreuxateliers spcialiss et une tradition ancienne de sculpture sur grs permettent derpondre la forte augmentation de la demande de monuments funraireslabors. Dans la seconde moiti du XIXe sicle, leur forme et leur dcor illustrentaussi la vaste gamme des influences qui sexercent sur les reprsentations artis-tiques de cette poque (retour lantique, triomphe du no-roman et du no-gothique) travers un art funraire de qualit.

    LA MORT LA CAMPAGNE

    Dans les campagnes, on tente de canaliser la mort dans un code prtabli qui laritualise lextrme et assure au dfunt un bon passage et une survie dans lau-del, mais aussi et surtout dans limaginaire social, o sexpriment de nombreusessuperstitions et lgendes. Le rite de passage que constitue le dcs de lun dessiens est aussi, pour la communaut villageoise, un moment privilgi pour marquerson unit et resserrer les rangs face au caractre inluctable de la sparation. La crainte du dcs des enfants avant quils ne puissent tre baptiss est omnipr-sente un moment o la mortalit infantile fait des ravages. Le baptme intervient

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    donc aussi vite que possible aprs la naissance et on comprend mieux la placequoccupe la sage-femme dans les villages car elle est la seule susceptible dedispenser des baptmes durgence la place du prtre ou du pasteur.Linhumation des enfants sans baptme, qui vont prendre place dans les limbes,saccompagne de rites particuliers : elle se fait en terre non consacre, prs du murde clture du cimetire, et a lieu le soir ou la nuit. Un enfant qui meurt baptis est,par contre, assimil un ange. La couleur blanche prdomine sur sa tombe, o onlve en gnral une petite statue reprsentant un enfant ou un angelot enprire (36). Lorsque la famille en a les moyens, elle se fait confectionner un souvenir mortuaire,le Leichentext qui rappellera dans la Stub la mmoire du dfunt (37).

    LA TRADITION JUIVE ET LA MORT

    Au cours des sicles, une tradition originale sest forge chez les Juifs dAlsace,fonde sur la loi juive mais intgrant aussi les lments issus de la culture alsa-cienne et rhnane. La mort est un vnement collectif, o sexprime la solidarit detoute la communaut. Le respect du mort constitue lun des principes fondamentauxdu judasme et un code minutieux dfinit la conduite tenir. Simplicit et solidaritdominent les coutumes funraires, garantissant un caractre galitaire dans le trai-tement des dfunts. Le plus grand respect entoure la dpouille mortelle que lonrevt dun habit de lin blanc.

    Lenterrement se fait souvent le jour mme, aprs lloge funbre hesped prononcpar le rabbin dans la maison mortuaire ou lentre du cimetire. Les funraillessont organises trs rapidement, sauf en priode de shabbat ou de jours de ftes,qui amnent toute suspension des activits funraires. Le qadish, la prire desmorts rcite sur la tombe par les fils du dfunt, clt la crmonie funbre. De laterre ramene de Terre Sainte est rpandue sur le visage du mort, substitut pour lavritable inhumation en Isral, dont rve tout Juif pieux.

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    CONCLUSION

    Ce voyage diachronique travers les rites de la mort en Alsace, de la Prhistoire auXIXe sicle, pour ce qui peut en tre peru, tant il est vrai que pour les priodes lesplus anciennes seules les spultures et lexpression artistique nous les font appro-cher, rvle les constantes suivantes :

    - soin et attention ports au traitement du corps du dfunt ;- peur de la mort et du mort ;- ritualisation des tapes du dcs puis de la sparation ;- ide dune vie aprs la mort ;- lien entre statut social et rituel funraire (construction de la tombe, mobilier plusou moins riche) ;

    - proximit avec les vivants (ftes anniversaires, jour consacr aux dfunts). Ces deux derniers points souffrent cependant quelques exceptions : pour le premier,il nest qu citer la religion judaque trs attache lgalit devant la mort ; quantau second, si le culte du souvenir est extrmement rpandu toutes priodes etcultures confondues, certaines populations nomades comme les tziganes sy sous-traient, effaant volontairement toute trace du dfunt.

    lintrieur des grandes lignes de permanence nonces ci-dessus transparaissent,en fonction des croyances, des cultures ou encore de lvolution des mentalits, lesdiffrences suivantes :

    - diversit de traitement du corps : en Alsace, le corps sera inhum, incinr ouencore embaum ;

    - sacralisation, privatisation ou lacisation des funrailles ;- cimetire dans le village, autour de lglise ou hors les murs ;- mort inluctable jusquau XVIIIe et mort considre comme pouvant tre retardepar la mdecine au Sicle des Lumires ;

    - pratique paenne de sentourer dobjets dans la mort persistant jusqu lpoquemrovingienne et parfois au del contrastant avec le dpouillement souhaitpar les trois religions monothistes ;

    - inhumation habille ou non.

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    Encyclopdie de lAlsace, tome 7, p. 5247-5260, voir article Mort

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    HATT (Jean-Jacques), La Tombe gallo-romaine. Recherches sur les inscriptions et lesmonuments funraires gallo-romains des trois premiers sicles de notre re,d. Picard, Paris, 1986 (rd.)

    HIDIROGLOU (Patricia), Rites funraires et pratiques de deuil chez les Juifs enFrance (XIX e XX e sicles), Coll. Histoire, Les Belles Lettres, Paris, 1999

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    RAGON (Michel), LEspace de la mort. Essai sur larchitecture, la dcoration et lur-banisme funraires, d. Albin Michel, Paris, 1981

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    THBAUT (Frdric), Le Patrimoine funraire en Alsace. Du culte des morts loubli1804-1939, Presses Universitaires de Strasbourg, 2004

    THOMAS (Louis-Vincent), Rites de mort. Pour la paix des vivants, d. Fayard, Paris,1985

    THOMAS (Louis-Vincent), La mort, Coll. Que sais-je ? n 236, d. PUF, Paris, 1988

    URECH (douard), Dictionnaire des symboles chrtiens, Neuchtel, 1972

    VOVELLE (Michel), La Mort et lOccident de 1300 nos jours, d. Gallimard, Paris,1983

    VOVELLE (Michel), LHeure du grand passage. Chronique de la mort, Coll.Dcouvertes Gallimard n 171, Paris, 1993

    VOVELLE (Michel), Mourir autrefois. Attitudes collectives devant la mort aux XVIIe etXVIIIe sicles, Coll. Archives, Gallimard, Paris, 1974

    WEYL (Robert), Le Cimetire juif de Rosenwiller, d. Salde, Strasbourg, 1988

    Pour petits :

    ZWERGER (Lisbeth), Le Rossignol (daprs le conte de H.C. Andersen), d. Nord-Sud,Zurich, 2005

    MUNGAU (Muriel) et SEGOVIA (Carmen), Au Creux de la noisette (adaptation daprsun conte populaire cossais), d. Milan jeunesse, Toulouse, 2005

    VARLEY (Susan), Au revoir Blaireau, d. Gallimard Jeunesse, Paris, 1984

    Pour adolescents :

    HAMON (Bernard), La mort et ses rituels, d. PEMF, Bibliothque du Travail, 2002

    MADSEN (Peter), LHistoire dune mre (daprs le conte de H.C. Andersen), d.Delcourt, 2005

    MEMMI (Albert), La Statue de sel, d. Gallimard, Paris, 1966

    WILDE (Oscar), Le Fantme de Canterville, Ed. Livre de Poche, Hachette, Paris, 2008

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    LGENDES DENSEMBLES FUNRAIRES ET UVRES DARTILLUSTRANT LE PARCOURS CHRONOLOGIQUE

    Les numros suivis dastrisques correspondent aux reproductions figurant dansle CD-ROM accompagnant ce dossier.Lemplacement des objets prsents dans le cadre de lexposition est prcis parles sigles suivants :

    MAS : Muse ArchologiqueMAD : Muse des Arts Dcoratifs MOND : Muse de luvre Notre-DameMBA : Muse des Beaux-Arts

    PALOLITHIQUE

    1. MAS, salle dexpositions temporairesMoulage de crne humain La Chapelle aux Saints (Corrze - France)(1908)Palolithique moyen (75 000 35 000 avant J.-C.)

    2. MAS, salle 2Mandibule humaine et mobilier funraireEntzheim, sablire Rieb(Fouilles Paul Wernert, 1914)Palolithique suprieur (vers 30 000 avant J.-C.)

    MSOLITHIQUE

    3. MAS, salle 2Crne humain isolOberlarg, Grotte du Mannlefelsen(Fouilles A. Thvenin et J. Sainty)Msolithique (vers 6000 avant J.-C.)

    NOLITHIQUE

    4. MAS, salle 3Tombe prsente en siloSpulture fminine Osthoffen-Breuschwickersheim (tombe 2)Nolithique ancien, Ruban (vers 5100 avant J.-C.)

    5. MAS, salle 3Tombe prsente en siloSpulture masculineLingolsheim, sablire Fischer (tombe 6)(Fouilles R. Forrer 1910)Nolithique moyen, culture de Grossgartach (4900-4300 avant J.-C.)

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    6. MAS, salle 3VitrineCrne humain trpan et mobilier funraireLingolsheim, sablire Schott (tombe 44)(Fouilles, 1940)Nolithique moyen, culture de Grossgartach (4900-4300 avant J.-C.)

    7. MAS, salle 3Tombe prsente en siloAchenheim, loessire Schaeffer(Fouilles F.A. Schaeffer, mars 1924)Nolithique rcent, culture de Michelsberg (4300-3500 avant J.-C.)

    8.* MAS, salle 5Tombe prsente en siloSpulture fminineAchenheim Lssire SchaefferNolithique, civilisation campaniforme (vers 2400 avant J.-C.)

    PROTOHISTOIRE

    9. MAS, salle 5Mobilier funraireNordhouse, Buerckelmatt, tumulus 2 (tombe 6)(Fouilles S.Plouin, 1992)Bronze final (entre 900 et 800 avant J.-C.)

    10. MAS, salle 5Tombe prsente en siloRconstitution dune tombe fminineNordhouse, Buerckelmatt Tumulus 4 (tombe n4)(Fouilles S. Plouin, F. Lambach, 1992)Hallstatt D (600 475 avant J.-C.)

    11. MAS, salle 6Mobilier funraire dune tombe princire Hatten, Eschenbusch (Dpt Muse dUnterlinden Colmar)Hallstatt Final (vers 500 avant J.-C.)

    12. MAS, salle 6Reconstitution dun char funraire Tombe dOhnenheim(Fouilles et reconstitution R. Forrer, 1921)Hallstatt ancien (vers 750 avant J.-C.)

    13. MAS, salle 6Stle tumulaire en grsHilsenheim, tumulus 11Hallstatt D (600 475 avant J.-C.)

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    POQUE GALLO-ROMAINE

    14.* MAS, salle 9Urne cinraire en verreStrasbourg, Porte Blanche(Fouilles A. Straub)IIe sicle aprs J.-C.

    15.* MAS, salle 8Stle funraire du lgionnaire Caius LargenniusStrasbourg-Koenigshoffen, 27-29 route des Romains(Fouilles Straub, 1878)Premire moiti du Ier sicle aprs J.-C.

    16. MAS, salle 8Stle funraire du lgionnaire Titus JuliusStrasbourg, 60 rue du Faubourg NationalPremire moiti du Ier sicle aprs J.-C.

    17. MAS, passage salle 8 salle 9Stle funraire du vtran Quintus SertoriusStrasbourg-Koenigshoffen, Route des Romains/Rue de la Charmille(Don Dromson S.A.)Premire moiti du Ier sicle aprs J.-C.

    18. MAS, salle 12Stle funraire dun couple de paysans Oberhaslach(Stle remploye dans la maonnerie dune maison, trouve en 1938)Fin du IIIe sicle aprs J.-C.

    19.* MAS, salle 15Mausole de Valerius RufusStrasbourg-Koenigshoffen, rue du Donon(Fouilles Ch. Etrich, 1998)Ier sicle aprs J.-C.

    20* MAS, couloir 21Sarcophage de Quinta FlorentinaStrasbourg-Koenigshoffen, rue Lothaire(Trouv en 1898)Dbut du IIIe sicle aprs J.-C.

    21.* MAS, salle 19Verre dcor grav Strasbourg, Porte Blanche(Fouilles Straub, 1880, tombe 157)Deuxime moiti du IIIe ou dbut IVe sicle aprs J.-C.

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    HAUT MOYEN GE

    22.* MAS, salle dexpositions temporairesPlan de la ncropole dErstein(Fouilles, Pascal Rohmer, 2000)

    23. MAS, salle dexpositions temporairesMaquette dune chambre funraire mrovingienne

    24. MAS, salle 19Crne humain dformation artificielle et mobilier funraireDachstein, Loessire Vonesch(fouilles G. F. Heintz, 1969)VIe et VIIe sicles aprs J.-C.

    MOYEN GE

    25. MAS, salle dexpositions temporairesBuste en pltre de la Dame de Sainte Foy Slestat, glise de Sainte-Foy, 1882(Muse de luvre Notre-Dame)XIe sicle

    26.* Strasbourg, glise Saint-ThomasSarcophage de lvque AdelochVers 1130

    27.* MONDLes Amants trpasssRevers dun panneau peintSouabe ou Rhin suprieurVers 1470

    28.* Muse de Cleveland (tats-Unis)Couple damoureuxAvers du panneau prcdentSouabe ou Rhin suprieurVers 1470

    29.* MBAPolyptique de la Vanit et de la Rdemption terrestreHans MemmlingVers 1490

    XVIE ET XVIIE SICLES

    30.* Strasbourg, glise Saint-ThomasDalle funraire de Nicolas RoedererAttribu Veit Wagner ou Nicolas de Haguenau1510

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    31.* MONDLa Mort de la ViergeAtelier de Hans Baldung Grien2e moiti du XVIe sicle

    32.* MAS, salle des expositions temporairesLa Madeleine pnitenteAttribu Jacques Stella(Muse des Beaux-Arts)Vers 1620

    33.* MONDGrande VanitSbastien Stoskopff1641

    XVIIIE ET XIXE SICLES

    34.* MAS, salle dexpositions temporairesRduction du monument funraire de Maria Magdalena LanghansAttribu J.V. Sonneschein daprs Johann August Nahl(Muse des Arts Dcoratifs)XVIIIe sicle

    35.* Strasbourg, glise Saint-ThomasMausole du Marchal de SaxeJean-Baptiste Pigalle1753-1777

    36. MAS, salle dexpositions temporairesCouronne funraire dun enfant XIXe sicle

    37. Souvenir mortuaire, LeichentextAuteur : Georges Jung fils, Engwiller(Muse Alsacien)1896

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    LEXIQUE

    La dfinition et ltymologie des mots ci-dessous ( lexception de cippe et libation )proviennent de :Le Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Franaise, d. Dictionnaires Le Robert,Paris, 1992

    Cimetire : est emprunt au latin chrtien cimeterium, lui-mme emprunt au grec koimt-rion, dortoir et lieu o reposent les morts. Au Moyen ge le mot signifie parvis, terraindevant lglise . En effet, autrefois tablis dans les villes auprs des glises, les cimetiresont t dsaffects entre le XVIe et le XVIIIe sicle et construits en priphrie. Dans certainescultures chrtiennes cependant, ils sont rests des dpendances des glises (voir langlaischurchyard, littralement cour de lglise ).

    Cippe : est emprunt au latin cippus, colonne funraire . Petit monument ayant la formedune colonne ou dun pilier bas, simple ou dcor quon levait comme pierre tumulaire surla fosse dans laquelle un individu tait enseveli. Souvent le cippe renfermait une urne conte-nant les cendres du mort.

    Catafalque : emprunt litalien catafalco (XVIe sicle) issu du latin populaire catafalicumqui, par une autre voie, a donn chafaud . Le mot signifie : construction en estradedresse au milieu dun lieu de culte ou dune maison pour recevoir le cercueil pendant lacrmonie funbre .

    Crmation : emprunt (XIIIe sicle) au latin imprial crematio, action de brler , incinrerles morts . Le mot a repris en franais sa signification latine surtout partir du XIXe avec laformation du mot crmatoire . Ce dernier mot cependant, entach depuis la secondeguerre mondiale (four crmatoire) dune connotation pjorative a t supplant par le termede crematorium , plus neutre.

    Ensevelir : attest vers 1120, pourrait tre form du prfixe en et sepelir, mettre un mortdans un tombeau , du latin sepelire, enterrer, faire disparatre . Il a conserv le sens dumot latin. Est aujourdhui concurrenc par enterrer . Par extension il signifie envelopperquelquun dans un linceul .

    Enterrement : action denterrer un mort (v. 1160) dsigne par mtonymie les crmoniesqui accompagnent une inhumation et le cortge funbre (1636).

    Enterrer : attest vers 1080, signifie ensevelir quelquun ( partir de 1080) et par exten-sion mettre quelque chose dans la terre ( partir de 1150).

    Epitaphe : emprunt (v. 1130) au bas latin epitaphium inscription grave sur un tombeau et support de cette inscription , qui reprend le grec epitaphios relatif au tombeau propos dloges, de jeux, etc. En franais, pitaphe a dabord repris le premier sens dulatin puis (v. 1530) le second.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Funbre : emprunt (XIVe sicle) au latin funebris relatif aux funrailles , driv de funus.Conserve le sens latin (par exemple oraison funbre ) et par extension signifie quivoque lide de la mort (ides funbres).

    Funrailles : emprunt (XIVe sicle puis 1406) au latin ecclsiastique funeralia (Xe sicle), lui-mme drivant de funera (pluriel de funus), le deuil , comprenant plusieurs crmonies.Signifie lensemble des crmonies pour rendre les derniers devoirs un mort. Semploieabusivement par extension pour mise en terre .

    Funraire : emprunt (1565) au bas latin funerarius, driv de funus. De relatif aux fun-railles on est pass par extension (1807) relatif aux tombes , par exemple : dallefunraire .

    Funrarium : construit (v. 1970) sur funrailles , daprs crmatorium , pour dsignerltablissement o les familles des dfunts se runissent avant les obsques.

    Incinration : driv du latin mdival incineratio, action dincinrer , il est dusage rareavant le XVIIIe sicle.

    Incinrer : emprunt (1488) au latin mdival incinerare, employ en mdecine pour dtruire un cadavre par le feu (XIIe) et au sens plus gnral de rduire en cendres (XIIIe).Peu employ avant 1830, ce verbe est employ dans les deux sens.

    Inhumation : attest ds 1417 (inhumacion) : action dinhumer et pratique qui consiste mettre les corps en terre

    Inhumer : emprunt (1413) au latin classique inhumare, mettre en terre , recouvrir deterre , enterrer les morts , driv de humus, terre. Signifie mettre en terre avec les cr-monies dusage .

    Libation : emprunt de la langue religieuse (1491) au latin libatio, de libare rpandre unliquide (lait, eau, vin, etc.) en lhonneur dun dieu . A conserv sons sens religieux dans sonutilisation actuelle : offrande liquide destine aux dieux ou aux morts .

    Linceul : issu du latin linteolum petite pice de toile de lin . En latin mdival, lintoleumest relev au sens de suaire (876) et de drap de lit (1096). Le sens moderne spcia-lis de suaire, drap o lon place les morts avant de les enterrer est attest depuis le XIIIe

    sicle et a limin le sens drap de lit .

    MMnneess : emprunt au latin Manes (sans doute masculin pluriel substantiv de manis signi-fiant bon). Les Mnes latins sont donc les dieux bons et dsignent les esprits desmorts, particulirement ceux des parents, que lon veut se concilier. En franais, outre sonemploi en mythologie romaine, le mot se rencontre dans le style littraire pour dsignerles morts (XVI e sicle).

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Ncropole : emprunt (1821) au grec necropolis, proprement ville des morts . Le mot estemploy comme terme dantiquits pour dsigner un vaste cimetire antique de caractremonumental (dabord propos de la ncropole dAlexandrie, loccasion de la campagnede Napolon en gypte). Peut dsigner un cimetire de grande ville, un important groupe detombes (1834).

    Obit : terme de religion, emprunt au latin mdival ecclsiastique obitus (1155), serviceanniversaire pour un mort . Le mot a dsign jusquau XVIIe la mort , le trpas . Parmtonymie il semploie spcialement dans la liturgie catholique pour dsigner le serviceanniversaire dun mort (1238), mais aussi pour les honoraires verss au prtre et lachapelle fonde pour la clbration perptuelle dune messe.

    Obituaire : emprunt (1671) au latin mdival obituarium, dsigne le rgistre o lon inscritle nom des morts.

    Obsques : emprunt au latin chrtien obsequiae, funrailles . Ce mot, surtout employau pluriel, a le sens latin de funrailles mais est actuellement en recul devant enterre-ment .

    Purgatoire : emprunt (1220) au latin ecclsiastique mdival purgatorius qui purge , aufigur, qui purifie lme . Ce terme religieux dsigne le lieu o les pcheurs morts en tatde grce expient leurs pchs jusqu la purification. Son apparition au XIIe sicle correspond un grand renouveau de la spiritualit, moins centre dsormais sur la figure terrible duPre que sur le Jugement dernier.

    Spulcre : emprunt au latin sepulcrum tombe , monument funraire driv de sepelire, ensevelir . Le mot ne semploie pour tombeau , en dehors dun style trs littraire, quenparlant du tombeau du Christ (v. 1150), appel aussi saint spulcre (v. 1230) ou proposdes tombeaux des anciens (1680).

    Spulture : emprunt (1112) au latin sepultura derniers devoirs rendus un mort , lieuo lon dpose le corps dun dfunt driv de sepelire. Le mot reprend le second sens dulatin : il dsigne aussi bien une simple fosse quun tombeau. Il dsigne paralllement lin-humation, surtout considre dans les crmonies qui laccompagnent ( les honneurs dela spulture , tre priv de spulture ).

    Suaire : du latin sudarium, mouchoir, linge pour essuyer la sueur du visage , et en baslatin ecclsiastique : linge dont on couvrait la tte dun mort , linceul , driv de sudorequi a donn suer . Le mot a dsign le linceul dont le Christ avait t envelopp, aujour-dhui nomm Saint-Suaire (1636). Le mot est littraire au sens de linceul .

    Urne : emprunt (1487)au latin urna grand rcipient pour puiser de leau , urne cin-raire , urne de vote et mesure de capacit . En franais ce mot dsigne dabord le vasedans lequel on conserve les cendres dun mort puis reprendra les diffrents sens du latin.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    DES PISTES POUR DCOUVRIR LEXPOSITION EN GROUPE

    Pour toute visite de groupe, la rservation est indispensable auprs du Serviceducatif des Muses de la Ville de Strasbourg, du lundi au vendredi, de 8h30 12h30 au 03 88 88 50 50.Pour les modalits pratiques voir en page 32.

    Visites en autonomieLes responsables de groupes dsireux de visiter lexposition de faon auto-nome peuvent, sils le souhaitent, prendre contact avec un mdiateur duService ducatif pour organiser leur visite.Pour les modalits pratiques, voir en page 32.

    Visites accueilliesLes activits ont t conues pour tre menes par une classe entire. Pourtout autre groupe pouvant limiter ses effectifs, il serait souhaitable de ne pasdpasser 20 personnes.Trois types de visites accueillies ont t programmes (retirer les fichesdescriptives au Service ducatif ou consulter le site : http://www.musees-strasbourg.org/F/visites_ateliers/actions_edu/act_edu_doss_arch.html)Une visite-dcouverte de lexposition est galement propose pour les plusgrands.

    - Fiche descriptive de la visite accueillie Au creux de la noisette Un conte pour montrer comment la vie et la mort sont lies et pour dcou-vrir les rites funraires au cours des sicles.Niveau : du CE2 la 5e de 8 13 ansAttention : pas de visite le mardi.

    - Fiche descriptive de la visite accueillie Quand les tombes racontent Dcouvrir les croyances et les rites de la mort en questionnant lesensembles funraires la manire dun archologue.Niveau : de la 6e la terminale et plus de 11 20 ans et plusAttention : pas de visite le mardi.

    - Fiche descriptive de la visite accueillie Construire un monument pourCaius Dcouvrir le monde de la mort chez les Romains puis imaginer les fun-railles dun Gallo-romain.Spcial latinistesNiveau : de la 5e la terminale et plus de 12 ans 20 ans et plus.

    - Visite-dcouverte de lexpositionPermanences et ruptures dans les rites de la mort travers les sicles.Niveau : de la 3e la terminale et plus - de 15 20 ans et plus.

    Voir aussi les informations pratiques, p. 32 et autour de lexposition , p. 30.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    POUR PRPARER OU PROLONGER LA VISITE AU MUSE

    Documentation en prt au Service ducatifEn prt pour une dure de 15 jours :

    - catalogue de lexposition ;- nombreux ouvrages sur larchologie ;- CD-ROM prsentant des documents en lien avec la thmatique de lexposition.

    Pour aller plus loin, en amont ou en aval de la visite au Muse Archologique :- voquer les autres rites de passage en Alsace, tels le baptme, la communion, lemariage travers la visite accueillie propose au Muse Alsacien : Du berceau la tombe, les rites de passage en Alsace ;

    - organiser dautres visites en autonomie sur le mme thme dans les musesconcerns : Muse de luvre Notre-Dame, Muse Historique, Muse des Beaux-Arts. Des cartels spcifiques permettent de reconnatre les uvres en rapportavec lexposition ;

    - encourager les jeunes visiteurs mener une petite enqute ethnologique auprsde leurs ans sur les traditions de la mort autrefois ;

    - prospecter la littrature enfantine il existe de trs beaux contes sur le sujet ,la littrature classique pour les plus grands et les grands textes latins ou grecspour les latinistes ou hellnistes ;

    - revisiter les grands mythes antiques Persphone et Hads, Orphe auxenfers et les mettre en regard, pourquoi pas, avec les uvres musicalescorrespondantes ;

    - mettre en parallle les grandes religions monothistes ;- suggrer aux jeunes visiteurs de partir la dcouverte des monuments stras-bourgeois prsents dans les glises et les cimetires (en saidant ventuellementdu jeu de fiches En voyageant dans le monde des morts avec Catulus, voir p. 30 ;

    - autour de la visite accueillie pour latinistes Construire un monument pourCaius approfondir le sujet au moyen de textes antiques dcrivant la mort depersonnages clbres mais aussi dpitaphes (voir les textes en annexes) ;rechercher ltymologie des mots relatifs la mort (voir le lexique p. 25).

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    AUTOUR DE LEXPOSITION

    Les informations qui suivent sont valables jusqu la fin du mois daot 2009. Desmodifications pouvant nanmoins survenir, il est recommand de vrifier lesdonnes qui suivent en consultant les programmes trimestriels ainsi que leprogramme dt de lanne 2009.Les billets peuvent tre achets lavance la caisse des muses concerns, dansla limite des places disponibles (billets non remboursables).

    Visites commentesLes 1er et 3e samedis du mois 15hDure moyenne : 1h30Visite du 6 juin 2009 interprte en LSF.

    Le temps dune rencontreVendredi 31 octobre 2008 18h30 (40 personnes maximum)La mort en chansons, interprtes et accompagnes lorgue de barbarie par Jean-Marie Moine, professeur dhistoire luniversit de Tours.

    Cycle de visites sur les rites de la mort dans le cadre de lexpositionQuand archologues et anthropologues se penchent sur la mort en Alsace

    - Samedi 31 janvier 2009 15hLe cimetire, une invention prhistorique par Christian Jeunesse, professeur dar-chologie luniversit Marc Bloch (UMB)

    - Samedi 28 fvrier 2009 15hLge du Bronze et lge du Fer par Anne-Marie Adam professeur darchologie lInstitut des Antiquits Nationales de luniversit Marc Bloch (UMB)

    - Samedi 28 mars 2009 15hLpoque gallo-romaine par Bernadette Schnitzler, conservateur du MuseArchologique

    - Samedi 25 avril 2009 15hLpoque mrovingienne par Madeleine Chtelet, archologue l'Institut Nationalde Recherches Archologiques Prventives (INRAP)

    - Samedi 16 mai 2009 15hLespace accord aux morts de la Prhistoire lpoque mrovingienne par ricBos, archo-anthropologue l'Institut national de recherches archologiquesprventives (INRAP)

    Voir les muses autrementLe 29 mars 2009 10hVisite commente pour le public mal et non-voyantLa visite est ouverte tous les publicsInscription indispensable au Service ducatif, du lundi au vendredi :

    - le matin de 8h30 12h30 au 03 88 88 50 50 - laprs-midi de 14h 17h au 03 88 52 50 04

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    Lexposition en famille- Et si les morts racontaient leur(s) histoire(s) Le 2e samedi du mois 15hPour les jeunes partir de 7 ans accompagns dadultesDure moyenne : 1h

    - un jeu de fiches En voyageant dans le monde des morts avec Catulus, pour lesjeunes visiteurs aids de leurs accompagnateurs adultes, est disponible auMuse Archologique. Se renseigner auprs des gardiens.

    Les ateliers des vacancesLes dates nont pas t encore arrtes. Se renseigner ultrieurement auprs duService ducatif ou consulter les programmes trimestriels et dt venir.

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE

    INFORMATIONS PRATIQUES

    Rites de la mort en Alsace de la Prhistoire la fin du XIXe sicleExposition du 25 avril 2008 au 31 aot 2009Ferm le 1er janvier, Vendredi Saint, 1er Mai, 1er et 11 novembre et le 25 dcembre

    Lexposition est prsente au Muse Archologique dans la salle dexpositionstemporaires mais galement dans les salles des collections permanentes du muse travers un parcours flch. Elle sinscrit dans un projet plus vaste autour de la morten Alsace associant les Archives de la Ville et de la Communaut urbaine deStrasbourg, le Dpartement funraire de la Ville de Strasbourg ainsi que certainsautres muses de la ville, tels le Muse de luvre Notre-Dame, le Muse Historiqueet le Muse des Beaux-Arts. Dans ces trois muses, les uvres en rapport avec lathmatique de la mort sont signales au moyen de cartels spcifiques.

    Visites scolaires et groupesVisites accueillies pour les jeunes de 8 ans et plus- lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 9h 18h- mardi de 9h 12h et de 14h 16h- samedi de 9h 12h et dimanche de 10h 12h (sauf le 1er dimanche du mois)

    Visites en autonomie - lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 12h 18h, - les samedi et dimanche (sauf le 1er dimanche du mois) de 10h 18h, fermeture le mardi

    Pour toute visite de groupe, la rservation est indispensable auprs du Serviceducatif des Muses de la Ville de Strasbourg, du lundi au vendredi, de 8h30 12h30 au 03 88 88 50 50.

    Consulter galement le site des Muses de la Ville de Strasbourg :http://www.musees.strasbourg.org/ visites, ateliers/ actions ducatives

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  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 32

    ANNEXES

    Choix dpitaphes latinesTombeaux romains, anthologie dpitaphes latines, d. Le Promeneur, 1993

    Retrouvailles dans la mort

    Parato hospitium : cara iungant corpora haec rursum nostrae sed perpetuae nuptiae.In spica et casia es, benedora stacta et amomo, inde oro gramenue nouum uel flos oriatur,unde coronem amens aram carmenque meum etme. Purpureo uarum uitis depicta racemoquattuor amplesast ulmos de palmite dulci. Scaenales frondes detexunt hinc geminam umbram arboream procaeram et mollis uincla maritae.Hic corpus uatis Laberi, nam spiritus iuit illuc unde ortus. Quaerite fontem animae.Quod fueram, non sum ; sed rursus ero quodmodo non sum. Ortus et occasus uitaque morsque itidest.CIL. 6, 13528/B. 1559

    Prpare le logis : nos corps qui se chris-sent vont tre runis pour de nouvellesnoces, celles-l ternelles.Tu es dans la cannelle et les grains daro-mates, amome et myrrhe au doux parfum ;je prie quen veuille natre une tigeinconnue ou quelque fleur nouvelle, dontje puisse enlacer, insens que je suis, et cetautel, et mon chant, et moi-mme. Ledessin dune vigne, avec ses grappespourpres, enlace quatre ormeaux, qui, dessouples sarments, slancent en formantcomme un dcor de scne, entrelaantleurs ombres, celle, lance, des arbres laquelle sattache lombre de lpouseonduleuse.Ici, cest pour le corps de Labrius, pote.Son esprit a rejoint le lieu do il venait.Cherchez donc la source de lme !Ce que jtais, je ne suis plus. Mais un jourje serai encor ce que, pour linstant, je nesuis. Le lever, le coucher, la mort, la vie :pareil !(Tombe dun pote inconnu du IIIe sicle apr. J.-C.,et de Bassa, sa femme ; grand cippe orn ; Rome,Vatican.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 33

    Commentateur des vieux potes, et rputsavant,Deutrius se repose en une calme paix,bien tranquille.(Tombe du savant Deutrius ; porte Capne,Rome.)

    Priscorum interpres uatum doctorq(ue uocatus) Deuterius (pl)acida securus pace quiescit.CIL. /B. 1964

    Les mtiers

    Est hoc monimentum Marcei Vergilei Eurysacis, pistoris redemptoris : apparet.CIL. 1, 1013/B. 13

    Cest ici le tombeau de Vergilius Eurysacs,concessionnaire boulanger : a se voit.(Tombeau monumental dEurysacs ; devant laporte Majeure, poque de Cicron. Il est orndune frise voquant la fabrication du pain, dolinscription.)

    Hic situs est quondam iuuenis generoso nominemiles Vlp(ius) Optatusquiq. regens uirgam decus et uirtutis honorem gestauit, proles laudanda propagine longa.Hi(c) multos domuit strauitq. per hos undiq.Montesinfandos hostes temerataque bella subiit,

    et quid n(on m)ulti poterant iuuene(s) hic semper(solusa)gebat.Cum suam totam nimium depend(ere)t iram,obuius ipse furo(r) pugnae Romanum iuuenem perhosticauulnera misit.Ipse tam(en) uictor telis undiq. clus(us,Massylae) gentis nequid fe(ra...... renit ipse suis... cladiq. et uita...B. 520

    Il gt ici, celui qui fut soldat, et jeune, avecle noble nom dUlpius Optatus. Il eut rangdofficier, et porta haut lhonneur et les-time due au courage, digne enfant de sarace, aux fils inpuisables. travers montset vaux, il mit mal et terrassa nombredennemis menaants, quand il dutaffronter une guerre hasardeuse. Bien peude jeunes avaient le front daccomplir lesmissions dont lui seul se chargeait.Concentrant toute en lui sa force imp-tueuse, et devenu lui-mme, alors quilslanait, comme le gnie des batailles, ilentranait ses cts, vers les blessures etlennemi, la jeunesse romaine. Mais lui-mme, vainqueur, combattant les Massyles,et perc dinnombrables traits... (lacune ;sacheva par ses propres armes (?))(Tombe du prfet Ulpius, qui servit sous lempe-reur Gordien ; Tagremaret, Maurtanie.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 34

    M usicus incanere, docte cantare solebata cceptusque nimis multis magnifico ingenio,r eceptus inter fautores prion,c elebri fauore artem exponens suam,u t quiuis dederet aures suas mirifico ingenios uper canentis carmine doctiloquo.CIL. 6, 7946/B. 1557

    Musicien, il chantait, habile en lart duchant, beaucoup applaudissaient son talentmagnifique. Aux yeux des amateurs, il taitle premier et pratiquait son art, admir detous. Si bien que tout chacun, dun talentmerveilleux, semplissait les oreilles, bienau-dessus de ceux qui chantent avec unchant savant modul selon lart.(Tombe du musicien M. Laelius Africanus, mort 21 ans, 6 mois et 10 jours. Son prnom,ARCUS, est donn par lacrostiche.)

    Domino dilectus, quoquo iret, semper comes poculi minister, doctus palaestrae puer,eques sepultus hic sum natus annos octo et decem.CIL. 9, 1880/B. 100

    Jaccompagnais partout le matre qui mai-mait ; je lui servais boire et jtais bonsportif. Je montais cheval. Ici suis-jeenterr. Je comptais dix-huit ans.(Tombe de C. Calpurnius Lausus ; Bnvent.)

    R omulea prole Tar (peiaque arce editus E )xigui cultor rur (is omni temporeS )umma uixi fide, nul (li feci iniuriam,T )utela adlectus Ae (lium colui patrem, V )t essem dignus in (tumulo hoc una tegi. T )e queso quisquis i (bis, inlacrima mihi, V )t letus hilans sempe (r uitam transigas S)uperet(que) potus (uiuo, fletus mortuo. n)omen si queris, iunge u(ersum exordia.CIL. 6, 10627/B. 109...

    Moi qui ai vu le jour sur le roc Tarpien,de la ligne de Romulus, je fus cultivateursur un lopin de terre, et ce ma vie durant.Jai vcu dignement, je nai ls personne.Je fus lu Tuteur et consacrai mes soins mon pre Aelius, me montrant digne, ainsi,du tombeau familial. Sil te plat, donc, toi qui passes, accorde-moi un pleur, pourpouvoir ton tour passer toute ta vie dansla bonne humeur et la joie, et pour avoir profusion du bon vin pour ta vie, deslarmes pour ta mort. Dsires-tu savoirmon nom ? De chaque vers, prends lini-tiale.(Tombe de P. Aelius Nonius Restutus ; SainteAnastasia, Rome. Son nom, RESTUTUS, estdonn par lacrostiche.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 35

    De la vanit des choses

    Quid sumus aut loquimur, uita est quid deni (quenostra ? Vel modo nobiscum uixit homo, nunc homo no(nest. Stat lapis et nomen tantum, uestigia nulla.Quid quasi iam uita est ? Non est quod quaererecu(res !CIL. 6, 22215/B. 801

    Que sommes-nous, enfin, quel mot faut-ilchoisir ? De notre vie, que peut-on dire ?Un homme tait vivant, l, hier ; mainte-nant, ce nest plus un homme. Une pierre,et un nom, et rien dautre... Quest-ce,alors, que la vie ? Rien qui vaille quon senoccupe !(Tombe de M. Marius, leve par ses trois affran-chis ; Capitole, Rome.)

    Hoc ego su in tumulo Primus, notissimus ille. Vixi Lucrinis, potabi saepe Falernum ; Balnia uina Venus mecum senuere per annos.Hec ego si potui, sit mhi terra lebis.CIL. 14, 914/B. 1318

    Je suis, moi, le fameux Primus, couchdans ce tombeau.Jai vcu dhutres, et bien souvent dgustdu Falerne.Les bains, le vin, lamour, sont alls faiblis-sant, anne aprs anne, en mme tempsque moi.Voil, si je puis dire.Et la terre me soit lgre !(Tombe de C. Domitius Primus, Ostie.)

    Heus tu, uiator lasse, qu(i)me praetereis,cum diu ambulareis, tamen hoc ueniundum esttibi!CIL. 1, 1431 ; 5, 4111/B. 119

    Eh ! toi, voyageur las qui ddaignes mapierre ! Lorsque tu auras bien couru, ilfaudra bien que tu y viennes !(Tombe de M. Statius Chilo ; Crmone.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 36

    La duret de la sparation

    Qui neminem offendit, nisi quom est mortuus.CIL. 11, 5325/E. 41

    Il na jamais bless personne si ce nestpar sa mort.(Tombe de Mlanthus, mort 14 ans ; monastredes Capucins, Spello.)

    Hoc desiderium titulo c (oniux et amoremtestatur Laeti Fusca relicta (sui.Quam quia non potuit fletu(s simul eximerea)euo, iunxit concordi nomen (in) hoc tum(ulo.0 utinam iunctos licuisset aurore fraiCIL. 6, 26489/B. 1134

    Fusca, abandonne par Laetus, son poux,atteste par ces mots lamour et le regretquelle a toujours de lui. Ne pouvantpuiser ses jours avec ses larmes, elle a unileurs noms sur ce tombeau commun.Dieux ! quil et mieux valu les laisser tousles deux jouir de cet amour qui les avaitunis !(Noms disparus ; le dfunt vcut 31 ans.)

    Flos aetatis hic iacet intus condita saxo. 0 utinam possit reparari spiritus ille,ut sciret quantus dolor est /CIL. 12, 825

    La fleur de sa jeunesse, ici ensevelie,repose sous la pierre. Ah ! sil tait donn sa vie de renatre, pour mesurer tant dedouleur !(Julia Parthnope sa fille, Julia Lucina, morte 27 ans, 10 mois et 13 jours ; sarcophagedArelate, IIIe sicle apr. J-C.).

    Te rogo praeteriens nol)is calca(re iacentem, quem rapuit nobis cru)deli fun(ere fatum.CIL. 6, 30567, 22/B. 2014

    Je te demande, toi qui passes, de ne pashasarder un pied sur cette tombe orepose celui que nous ravit le Sort etnotre deuil est dur.(Tombe anonyme dun enfant mort 6 ans ;Rome.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 37

    Humour, sagesse et posie

    Non digne, Felix, citto uitam caruisti, miselle : uiuere debueras, annis fere c (entu) licebat. Si sunt Manes, sit tibi terra leuis !CIL. 8, suppl. 11594/B. 1328

    Quitter si tt la vie, Flix, ce nest pasjuste, malheureux qui pouvais atteindre tescent ans ! La terre soit lgre tes Mnes,sil y en a !(Tombe de C. Julius Flix, qui vcut... 82 ans et7 mois ; Amdara, Byzacne, Afrique.)

    Vixi quod uolui semper bene pauper honeste, fraudaui nullum, quod iuuat ossa mea.CIL. 6, 2489/B. 991

    Jai bien vcu, selon mon gr, dans unepauvret honnte. Je nai jamais tromppersonne. Et voil qui fait bien du plaisir mes os !(Tombe de Q. Caetronius Passer, soldat de la 3ecohorte prtorienne ; porte Colline, hors-les-murs,29 aprs J.-C.)

    Aedis aedificat diues, sapiens monumentum. Hospitium est illud corporis, hic domus est. Illic paulisper remoramus, ad hic habitamus.CIL. 6, 27788/B. 1488

    Le riche difie sa maison, le sage sontombeau.Lune est auberge pour le corps, lautre estdemeure vritable. Nous sjournons danslune un tout petit moment, mais noushabiterons dans lautre.(Tombe de Tueili a Dionysia et Turpilius ros ;Rome.)

    Saep)e meis tumulis avis Attica paruula uenit et satiata thymo stillantia mena relinquit,mi uolucres bic dulce (c)anent uiridantibus antris, hic uiridat tumulis laurus prope Delia nostris, et auro similes pendunt in uitibus (uua)e...CIL. 8, 7854

    Souvent, sur mon tombeau, vient la petiteabeille. Toute gorge de thym, elle laissetomber un miel perlant en gouttes. Dansleur refuge vert, doucement, les oiseauxchantent ; sur mon tombeau se penche unvert laurier, et, pareilles lor, les grappesde raisin pendent depuis la treille.(Constantine, jardins de Salah-Bey.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 38

    si) quaeri (ti)s, Ossa Sereninon)dum desierunt, set quasi uivat amatet mon)et. At uiridi requiesce uiator in herba, ne)u fuge si tecum coeperit umbra loqui.CIL. 11, 5357 /B. 1098

    Si vous voulez savoir : les os de Srnusnont pas cess de vivre. Ainsi que dans lavie, il aime et verse la sagesse. Mais toi, voyageur, dans cette herbe bien fracheprends un peu de repos, et ne va pas ten-fuir si une ombre, avec toi, fait un brin decausette !(Inscription de Srnus ; cimetire de lglise Saint-Laurent, Spello, Ombrie.)

    Situs bic Alfius Felix Flauianus est,qui partam nimia frugalitate substantiamin diem mortis seruauit incolumem sibi. Hanc constitutus uitae in confinio filis distribuit consulens concordiae,satisque animo, dum ualet, fecit suo.Vernulis quos habuit, libertate consuluit data, filiam nurumque adfectionis aequauit gradu. Has donauit auro atque argento aequaliter, uestemque ambabus sua adsignauit manu, gratum se atque pium ut commendaret suis ; ad circa meritos quoque fecit plurimos ; et qui numquam infirmatus in uita est sua, annos peregit duos et octoginta.Felix uocatus, felix uixit cum suis.CIL. 8, 27587/E. 51

    Est enterr ici Alfius Flavianus. Jusquaujour de sa mort, il a su conserver intactsles biens quavait acquis sa rigoureusepargne. Touchant au terme de sa vie, dsi-reux dassurer la paix, il a, entre ses fils,rparti lhritage, faisant son idependant quil allait bien. Pour les esclavesns chez lui, il a voulu quils fussent libres.Il chrissait de mme et sa fille et sa bru,et il les a traites de mme : lune et lautreont reu pareils joyaux en or et pareils enargent, et de ltoffe, aussi, quil offrit de samain, pour susciter au cur des siensreconnaissance et affection. Mais il le fit,tout aussi bien, pour leurs mrites, lesquelstaient nombreux. Sans avoir d subir lamoindre maladie tout au long de son exis-tence, il a pu achever ses quatre-vingt-deuxans. Son nom tait Heureux (Flix) :heureux il a vcu en compagnie des siens.(Tombe dAlfius Flavianus Flix ( Heureux ) ;Le Kef Algrie.)

    Hospitium tibi hoc. Inuitus uenio. Veniundum esttamen.CIL. 12, 5270/B. 242

    Voil le logis qui tattend. Jy suis, demauvais gr. Il y faut bien venir, pourtant !(Cippe de Narbonne ; dbut du Ier sicle aprs J.-C.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 39

    Le passant interpel par la mort

    Quamuis la(ss)e, uiator, rogo ne graueris, ettumulum contempla meum!Lege et moraris, iam aliquid resciueris.Dum uixi, hilaris, iucundus amicis ;nunc, to(rpen)s iaceo, hic o(ssa req)u(ies)cunt mea. Natus sum Canonis, conditu in Illurico.Vale et bene facito uitae, dum fatum uenit.CIL. 3, 9733/B. 77

    (Table de marbre anonyme ; Rome.)Sans doute es-tu las, voyageur. Ne leprends pas mal, je ten prie, et contemplema tombe. Lis et prends bien ton temps :tu en apprendras quelque chose.Tant que jtais en vie : la joie, lamour demes amis. Aujourdhui, je gis l, sans pluspouvoir bouger, et mes os se reposent. Jevis le jour Conanis, mais ma tombe esten Illyrie. Salut, et mne bien ta vie,jusqu rencontrer ton destin.(Tombe de Q. Baebius, soldat de la 7e Lgion,mort 45 ans, dont 20 ans de service ; prs deTrial, Dalmatie, Ier sicle aprs J.-C.)

    V iuas, qui dixeris : uiuit Elysiis !CIL. 3, 1992/B. 1465

    Longue vie toi qui diras : Elle vit, auxChamps lyses ! (Tombe quleva M. Julius Flix AgriaJanuaria, femme incomparable avec qui il vcut26 ans sans disputes ; Salone, Dalmatie.)

    Hospes, ad hunc tumulum ne meias ossaprecantur tecta hominis. Set si gratus homo es, misce bibe dami.CIL. 6, 2357/B. 838

    Ne viens pas pisser sur mon tumulus !passant, les os dun mort ten fontdemande expresse. Mais si tu veux tre unchic type, mlange le vin, bois, et faispasser !(Cippe de Julia Flicula et de son poux,varistus ; porte Saint-Sylvestre, chteau Saint-Ange.)

    Moneo te lectis litteris, ne contemnas et uelis titulum mouere, et corpori iniuriam facere. Si quis autem sibi admiserit, non bono suo fecerit, et superos et inferos iratos habeat. Lecto, meru(m) profunde.CIL. 6, 36537/B. 2164

    Ta lecture acheve, je ten avertis bien : pasde vandalisme ! Ne va pas voler linscrip-tion ni outrager mon corps ! Si quelquunsy avise, il sen mordra les doigts, et auracontre lui la colre des Dieux, et ceux dEnhaut, et ceux dEn bas !Une fois lu, verse le vin.Inscription de L. Vibius Flix ; place de laConsolation, Rome, IIe sicle aprs J.-C.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 40

    Tombes chrtiennes

    Praeteriens hominum sortem miserare, uiator,deque mai, restent quae tibi fata uideEn mihi terra domum praebet cinisque sepulcrum, uermis et assiduus membra caduca uorat,conditor omnipotens paradysi quem esse colonumiusserat, banc tribuit culpa nefanda uicem.Nomine Felicem me olim dixere parentes, uita dicata mibi bic, ars medicina fuit :aegros multorum potui releuare dolores, morbum non potui uincere ab arte meum.CIL. 13, 2414/E. 357

    Passant ici devant, verse un pleur, voya-geur, sur le destin des hommes, et jugedaprs moi quel avenir tattend. Cest laterre, vois-tu, qui moffre une demeure, etpour mes restes un tombeau, tandis que lever acharn mange mes membres toutpourris. Moi que le Tout-Puissant voulutau Paradis, voil ce que le Grand Pcheur(Adam) ma fait obtenir la place ! Heureux tait le nom dont mes parentsjadis me surnommaient, et lart auquel onme voua, la mdecine. Jai pu de bien desgens gurir les maux cruels, et nai pas sugurir ma propre maladie.(Tombe du mdecin chrtien Flix ; Lyon.)

    Repose ici le corps de saint Libralis, quieut le rang, jadis, de Consul sur la terre.Son rang sest lev, de Consul fait martyr.Il reste pour toujours, ce titre confr aumoment de la mort. LEmpereur irrit luifut plus bienfaisant que lEmpereur ami :car sa rage en folie, tout en le dtruisant,lenvoya jusquaux astres. Lui qui lafaveur avait valu la pourpre, voil que lafureur lui vaut une couronne, et quunevolont haineuse en fait du Christ undignitaire.(Tombe du martyr M. Vibius Libralis, tu en166 sur lordre de lEmpereur Marcus, alors quilgrait le consulat ; via Salaria, Rome.)

    Martyris hic s (an)c (t)i Liberalis membra quies-cunt,qui quondam in terris consul honore fuit. Sed creuit titulis factus de consule martyr,cui uiuit semper morte creatus honor.Plus fuit irato quam grato principe felix,quem perimens rabidus misit ad astra furor. Gratia cui trabeas dederat, dedit ira coronam,dum Chr (ist)o procerem mens inimica facit.B. 904

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 41

    Mort prmature

    Inspexi lucem, subito quae erepta est mihi ita neque domino liquit e me gaudiapercipere, nec me scire quid natus forem.CIL. 12, 912/B. 78

    Jai connu la lumire, et, peu de tempsaprs, elle me fut ravie. Mon matre, ainsi,na pu faire de moi sa joie, et je nai pusavoir, moi, pourquoi jtais n.(Tombe de M. V italis Vratus Clarus, petitesclave, mort 5 ans ; Arles.)

    Flicla la pauvrette est enferme ici, ladouce enfant que dsiraient les jeux de sesamis. Que la terre te soit lgre ! Et que,sur ton tombeau, on voie pousserlamome, et les roses au doux parfumenlacer tes os sous la terre.(Urne romaine contenant les cendres de la jeuneaffranchie Julia Flicula.)

    Felicla hic misera consumptast morte, puella dulcis, amicorum concupienda iocis.Sit tibi terra leuis, tumuloque adsurgat amomum, et cingant suaues ossa sepulta rosae.CIL. 6, 20466/B. 1064

    Quisquis ades celeri gressu, precor, ito uiator,ito procul et linque nefas, tibi dico, uiator : parce oculis, nec nostra uelis cognoscere fata, sanguinea palla quae texit prodiga Clotbo, et fauit rupisse suas quoque fila sorores luctifica properante manu. Iam siste, uiator, ne tibi sim penitus quaerenti causa doloris : sede sub hac parua titulo paruoque teneturparua (ani)ma, dolor immensus crudileque (fu)nus orbatusque parens geminus, spes dura trienni diraque sors leti. Placet hoc, Fortuna,sepulchrum ?CIL. 6, 10969/B. 443

    Tu viens ici dun pas press ? Va-t-en, voyageur ! loigne-toi bien loin de cetendroit maudit, je te le dis, voyageur !pargne au moins tes yeux, et ne cherche connatre ce que fut mon destin, quelvtement sanglant aura fil pour moiCloth la bonne travailleuse, tout heureusede voir ses deux surs aprs elle casseraussi leur fil, dune main trop htive etporteuse de deuil.Et puis, reste un instant. Tu veux aller aufond des choses ? Je ne saurais te contra-rier. En ce sjour troit, et en ces quelqueslignes, sont tenus enferms : une meminuscule, une douleur immense, desobsques atroces, deux parents au curvide, trois ans dun pre espoir, et le coupfatal de la mort... Alors, Fortune !.. il teplat, ce tombeau ?(Tombe dAelia Sabina, leve par ses parents ;Rome, poque de Commode.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 42

    lnuida sors fati rapuisti Vitalem, sanctampuellam, bis quinos annos,nec patris ac matris es miserata preces.accepta et tara sueis : mortua hic sita sum.Cinis sum, cinis terra est, terra dea est, ergo ego mortua non sum.B. 974

    Tu as pris, dix ans, une pure fillette, sortcruel du Destin que ne purent flchir lesimplorations du pre et de la mre. Chrejtais aux miens, et bien-aime de tous. ma mort, cest ici quon ma ensevelie.Je suis cendre. Cendre est la terre. Et laTerre est desse ! Je ne suis donc pasmorte.(Tombe de la jeune Vitalis ; sur la via Latina.)

    Debita libertas iuueni mibi lege negata morte immatura reddita peeetua est.CIL. 10, 4917/B. 1015

    La libert qui mtait due, jeune commejtais, et que me refusait la loi, ma trendue jamais par une mort prmature.(Tombe de Narcisse, esclave et mtayer de T. Titucius Florianus, mort 21 ans ; Venafro,Italie.)

    Hic sita est Amymone Marci optima et pulcher-rima, lanifica pia pudica frugi casta domiseda.CIL. 6, 11602/B. 237

    Ici gt Amymone, fille de Marcus, et bienfaite et trs belle, bonne fileuse et pieuse,pudique, chaste, aise contenter, et quiaimait rester chez elle.(Sarcophage romain ; poque dHadrien, IIe sicleapr. J.-C.)

    Mes dix-huit ans de vie, je les ai occupsaussi bien que jai pu, dans laffection detous, ma mre et mes amis. Crois-moi :plaisante, amuse-toi ! Car ici o je suis,cest tout fait lugubre !(Inscription sur un petit autel, pour Cn. CornliusBassus, grave par son esclave, Fortunatus ; Rome,IIe sicle av. J.-C.)

    Decem et octo annorum natus uixi ut potui bene, gratus parenti atque amicis omnibus.Ioceris, ludas hortor : hic summa est seueritas !CIL. 6, 16169/B. 85

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 43

    Les Parques

    Pieris hoc tumulo tegitur de matre Venustasexto nata loco quae fuit a reliquis. Nondum uiginti iuuenis compleuerat annos,quoi quoque uirginitas nuper adempta fuit, grataque florebat cunctis mortalibus aetas,quam Fors ad superos noluit esse diu.Non pudor huic aberat, pietas non grata parenti,non amor in fratres eius auarus erat,cara fuit mater fuerant caraeque sorores,et pia coniugio grataque semper erat,inuida Pieridi cum uenit letifer(a) bora,qua cubuit molli languida saepe toro.Hanc Atropos rapuit Lachesisq. et tertia Clotho :infelix mater tollit ad astra manusincusatque deos, incusat denique Parcas,quae uitam pensant quaeque futura canunt. Inplerunt fratres magnis mugitibus auras,et cuncti flebant, nec minus ante rogum.Haec fuit ad tumulum miserae uox ultima matris,ossa simul uidit tabida Pieridis : Hanc humus excepit, leuiter precor illa prematq.infantem ex utero quae quoque sustinuit. Coniunx Pieridis supremum munus amataehunc titulum scripsit, pro pietate sua.CIL. 3, 2964/B. 1141

    Ce tombeau cache ici Piris, qui fut len-fant de Vnusta, sa mre, sixime aprs lesautres. Point navait-elle encor vcu vingtans de vie, vierge il y a bien peu. Son gefleurissait, cher tous les mortels, mais leSort a voulu en priver ceux dici. Sa pudeurlui restait, sa pit pour les siens, sonamour gnreux pour ses frres, sa mre etses surs bien-aimes, et son poux chri,quand lheure de la Mort, qui jalousaitPiris, sur son lit tout moelleux la coucha,languissante. Atropos lenleva, Lachsis,puis Clotho. Sa mre infortune lve sesbras aux cieux : elle accuse les Dieux, elleaccuse les Parques, qui psent notre vie etchantent lavenir. Ses frres, gmissant,font rsonner les airs. Que de lamenta-tions, la vue du bcher ! Tel fut le derniermot de la mre effondre, devant lemausole : La Terre me la prise, et jeprie que la Terre soit lgre son corps,elle qui la porte, et jadis mise aumonde. Le mari de Piris, en ultimecadeau pour celle quil aimait, a grav cettepierre, tmoignage damour.(Cippe tte de femme ; villa Danielli,Vragnizza, prs de Salone, Dalmatie, poque deTrajan ou plus tard.)

    Zeltos iaceo, uixi dum fata sinebant,si tamen haec uita est, tam cito gosse mori.CIL. 6, 29629/B. 1067

    Ici suis-je enterr. Jai t Zltos. Jai vcutout autant que le Destin voulait. Sil faut,pourtant, appeler vivre de devoirmourir aussi vite !(Tombe dun enfant mort 14 ans ; villaJustiniana (Jsuites), Rome.)

  • DOSSIER DE PRPARATION LA VISITERITES DE LA MORT EN ALSACE ANNEXES 44

    Iulia Sidonia Felix de nomine tantumcui, nefas ! ante diem ruperunt stemina Parcae, quam procus heu ! nuptiis Hymeneos contigitignes : ingemuere omnes, Dryades, doluere puellae,et Lucina facis demerso lumine fleuit,uirgo quod et solum pignus fueratque parentum : Memphidos haec fuerat divae sistratae sacerdos. Hic tumulata silet, aeterno munere somni.B. 1997

    Julia Sidonia, dont le nom le nom seul,hlas ! tait Bonheur ; et dont lesParques, sacrilge ! rompirent bien trop ttle fil de destine, avant quun fianc, venuchercher lpouse, ait pu lui apporter lestorches dHymne. Tout le monde agmi ; et les jeunes Dryades ont clbr ledeuil ; et Lucina pleur en renversant satorche. La vierge tait lunique enfant de safamille. Elle avait t la servante de ladesse de Memphis, celle qui tient le sistre.Ici ensevelie, elle reste en silence, etconnat du sommeil lternel privilge.(Tombe de Julia Sidonia Flix, prtresse dIsis,qui mourut 19 ans, 4 mois et 14 jours, au IIe sicle apr. J.-C. ; sur la colline Kudiat-Aty,Constantine. Sont mles au deuil les nymphes desbois, les dryades, et la desse du mariage, Lucina.)

    ...sufficit anne tibi cetera nosse libet ?uixdum terdenos Fatum mihi neuerat annos, uixdum seruili colla leuata iugo,cum mea Lethaeae ruperunt fila sorores.Dii bene, quod nobis talis a (micus eratqui d