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Liste Rôle de l’État vis-à-vis des TPE/PME dans un pays nouvellement adhérent à l’économie de marché : cas de l’Algérie Mohamed BOUKHARI Maître de conférences Université SAAD DAHLAB de Blida [email protected] RÉSUMÉ Cet article s'intéresse à la promotion de la petite et la moyenne entreprise en Algérie. Pour ce faire, il se donne pour objectif d'éclairer les institutions publiques sur la nécessité d'une nouvelle stratégie afin de stimuler l'entrepreneuriat et de diminuer la vulnérabilité des PME/TPE face à la mondialisation. Aujourd'hui, le rôle des petites et moyennes entreprises dans la croissance et le développement économique d'un pays est unanimement reconnu. Toutefois dans les pays du sud nouvellement adhérent à l'économie de marché, à l'instar de l'Algérie, le tissu des TPE/PME reste peu développé et extrêmement vulnérable aux aléas du marché. La première cause à évoquer réside dans cette récente transition vers l'économie de marché mais est-ce la seule raison? Quelle est la politique de l'État algérien pour remédier à cette situation? Quel en est le constat? Existent-ils d'autres moyens susceptibles d'améliorer la situation? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article. MOTS CLÉS PME – Transition - Économie de marché – Entrepreneuriat

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Rôle de l’État vis-à-vis des TPE/PME dans un pays nouvellement adhérent à l’économie de marché : cas de l’Algérie

Mohamed BOUKHARI Maître de conférences

Université SAAD DAHLAB de Blida [email protected]

RÉSUMÉ Cet article s'intéresse à la promotion de la petite et la moyenne entreprise en Algérie. Pour ce faire, il se donne pour objectif d'éclairer les institutions publiques sur la nécessité d'une nouvelle stratégie afin de stimuler l'entrepreneuriat et de diminuer la vulnérabilité des PME/TPE face à la mondialisation. Aujourd'hui, le rôle des petites et moyennes entreprises dans la croissance et le développement économique d'un pays est unanimement reconnu. Toutefois dans les pays du sud nouvellement adhérent à l'économie de marché, à l'instar de l'Algérie, le tissu des TPE/PME reste peu développé et extrêmement vulnérable aux aléas du marché. La première cause à évoquer réside dans cette récente transition vers l'économie de marché mais est-ce la seule raison? Quelle est la politique de l'État algérien pour remédier à cette situation? Quel en est le constat? Existent-ils d'autres moyens susceptibles d'améliorer la situation? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet article.

MOTS CLÉS

PME – Transition - Économie de marché – Entrepreneuriat

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« La vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé », 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada

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INTRODUCTION Après l’indépendance, en 1962, l’Algérie choisit le système socialiste comme modèle économique caractérisé par un mécanisme de gestion et de coordination de type planifié, et la propriété publique sur l’outil de production et de distribution. La stratégie de développement adoptée durant cette période se fonde sur une politique volontariste d’industrialisation, la politique des industries industrialisantes, financée par la nationalisation de la principale richesse minière nationale, les hydrocarbures, et l’endettement extérieur. La stratégie des industries industrialisantes en Algérie vise à faire ériger des industries intégrées en vue d’un approvisionnement en produits de base et semi-finis à travers des échanges interindustriels nationaux. A cet effet, de puissantes sociétés publiques sont érigées ayant le monopole dans les grandes branches industrielles. Cependant le bilan est médiocre, et déjà au début des années 1980 une nouvelle politique est amorcée celle de la restructuration. Cette nouvelle politique vise la restructuration organique et financière des entreprises publiques associée à la gestion autonome. Mais au bout du compte, les résultats restent toujours en deçà des espérances, les objectifs ne sont pas atteints et l’endettement de ces entreprises devient alarmant. L’État, lui-même, est endetté, le passif est garni de dettes à court terme. L’économie nationale est paralysée, les émeutes d’octobre 1988 feront le reste. Le modèle socialiste en Algérie a vécu. Une nouvelle phase débute pour l’économie algérienne, celle de la transition vers l’économie de marché. Contrairement au modèle socialiste, l’État se lance dans la libéralisation des marchés, l’encouragement de l’initiative privée, l’impulsion de la concurrence et la privatisation. Cette fois, la stratégie de développement est basée sur la promotion de l’entrepreneuriat privé par la multiplication des PME/TPE. L’État régule et promeut mais ne gère plus. La politique économique s’est enrichie en cette dernière décennie, depuis l’élection du Président Bouteflika en 1999, par une politique de relance de la demande de type keynésienne. Le plan quinquennal de consolidation de la croissance 2004-2009 est de 150 milliards de dollars américains (le PIB en 2007 est évalué à 135,28 Md. US$). Néanmoins, à l’heure actuelle, il est difficile d’affirmer que les objectifs retenus par le gouvernement sont atteints. En examinant les chiffres concernant les créations de nouvelles entreprises, on se rend compte que le tissu de PME/TPE est peu développé. Selon les chiffres du Ministère des PME et de l’artisanat algérien, le nombre de PME en 2007 était de 410 959 entreprises pour une population de 33,8 millions d’habitants, soit 1,21 PME pour 100 habitants. Ce ratio est très faible en comparaison avec les pays développés. Calculé pour le Canada et la France ce ratio représente respectivement 4,28 et 4,19. Cela veut dire qu’il faut multiplier par 3,5 le nombre de PME en Algérie (une augmentation de 350%!) pour arriver à une densité similaire à celle des pays développés. Ce simple constat dégage une problématique évidente : pourquoi le tissu des PME/TPE algérien est-il si peu développé? Pour répondre à cette question il nous parait judicieux de faire appel à une méthodologie rigoureuse afin de cerner l’activité entrepreneuriale en Algérie. Pour Alain Fayolle (Fayolle, 2005) les recherches en entrepreneuriat opposent les approches fonctionnelles, sur les individus et sur les processus (What, Who/Why, How). Thierry Verstraete (Verstraete, 2003) propose une approche théorique globale sur trois niveaux: un niveau cognitif, un niveau structural et un niveau praxéologique. Ces approches sont très intéressantes, surtout celle de Verstraete qui caractérise le phénomène entrepreneurial par rapport aux connaissances de l’entrepreneur et ses actions, mais aussi par rapport au contexte d’émergence de ce phénomène. Cette dernière évidence nous paraît primordiale puisque tout phénomène

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entrepreneurial ne peut se développer dans un contexte défavorable. Toutefois, Thierry Verstraete (Verstraete, 2003), dans son ouvrage, fait référence au contexte social, qu’il qualifie d’architecture sociale, sans faire référence au cadre économique en supposant, et c’est le cas pour la plupart des pays, que l’entrepreneuriat évolue dans un environnement d’économie de marché. Néanmoins ce n’est pas le cas de l’Algérie, qui vit une transition économique, cela veut dire qu’elle est en phase de construction de l’économie de marché, qui est le fondement ou le « terreau » indispensable à l’émergence d’un tissu entrepreneurial. En effet, il est difficile d’imaginer que l’entrepreneuriat privé puisse se développer dans une économie planifiée, monopolisée par des entreprises publiques. Cette spécificité de l’économie algérienne nous pousse vers une approche particulière, celle d’analyser l’impact de l’environnement de transition et des politiques publiques sur le développement du tissu des PME/TPE en Algérie. L’étude de l’impact de l’environnement de transition suppose de répondre à la question suivante : l’Algérie a-t-elle fini sa transition vers l’économie de marché? S’en approche-t-elle? De l’autre coté, l’économie de marché n’est pas un mécanisme parfait, pour cela il suffit de constater la succession des crises économiques après chaque période libérale. C’est pour cela que l’intervention de l’État est indispensable afin de pallier à l’incapacité de l’économie de marché à s’autoréguler. Cela veut dire aussi que les politiques publiques de soutien à l’entrepreneuriat vont de pair avec l’économie de marché et, que l’étude de l’impact de l’environnement de transition sur le développement du tissu des PME/TPE en Algérie doit s’accompagner de l’analyse de l’impact des politiques publiques sur le développement de ce même tissu. Pour ce faire, nous avons choisi de l’aborder sous trois angles essentiels, à savoir : la formation, le soutien à l’investissement et l’innovation. Pour les fins de l’étude, la méthodologie descriptive et analytique a été adoptée. Cette approche nous a permis de décrire le contexte entrepreneurial économique actuel en Algérie ainsi que les politiques publiques de soutien à l’entrepreneuriat. Elle nous a permis aussi d’analyser les performances de l’État dans ce domaine à partir des indicateurs économiques disponibles. Dans cette recherche, qui se situe dans le prolongement des études faites sur les retombées de l’entrepreneuriat sur le développement économique, nous avons organisé la communication en trois parties. La première partie se consacre à l’analyse de l’environnement de transition. La deuxième partie analyse la politique publique de promotion de l’entrepreneuriat. La dernière partie est consacrée aux ajustements susceptibles d’améliorer le tissu des PME/TPE en Algérie. 1. L’ENVIRONNEMENT DE TRANSITION Aujourd’hui, la principale caractéristique de l’économie algérienne est la transition vers l’économie de marché. Cette transition suppose le passage vers un nouveau mode de gestion et de coordination de l’activité économique qu’on peut caractériser par trois principes fondamentaux que nous empruntons à Campbell R. McConnell (Campbell et Stanley, 1988) : la formation des prix par les marchés, la liberté d’entreprendre et la concurrence. Afin de concrétiser son souhait d’instaurer l’économie de marché, l’Algérie doit impérativement enraciner ces trois principes qui s’avèrent indépendants mais qui restent néanmoins complémentaires. Sinon quelle est l’utilité d’une liberté entrepreneuriale dans des conditions de concurrence déloyale, et quel peut-être l’arbitrage par les prix si absence de concurrence et d’entrepreneuriat il y a? Procédons par ordre.

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1.1. Formation des prix par les marchés Les marchés sont un lieu d’échange où l’arbitrage entre la demande et l’offre se fait par les prix. On dénombre essentiellement quatre marchés : le marché du travail, le marché des biens et services, le marché monétaire, et celui des capitaux. Dans une économie de marché, il est supposé que les marchés sont libres dans une logique de « laisser-faire » alors que l’État est dévolu à un rôle de régulateur compensateur des possibles dérives. Le marché des biens et services est libre en Algérie et s’est développé après la libéralisation du commerce extérieure qui a été consacrée par l’ordonnance n°03-04 du 19 juillet 2003. Les statistiques des importations plaident en cette faveur puisque leur volume augmente annuellement. Selon l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (ALGEX), le volume des importations entre 2003 et 2007 est passé de 13533 à 27441 millions de dollars américains dont 73% sont détenus par le privé, soit une évolution de 102,7%. Cependant le marché des biens et services n’est pas exempt de distorsions liées aux subventions étatiques sur les produits de large consommation, à l’instar du pain, du lait ou de la pomme de terre, mais aussi sur la tarification de l’énergie et de l’eau. La subvention du pain et du lait est une mesure purement sociale. La fixation des tarifs de l’énergie et de l’eau sont des mesures initiées afin d’encourager l’investissement. Pour Abdelhamid Temmar, Ministre de l’Industrie et de la promotion des investissements algérien, la vente du gaz, pour son utilisation à des fins industrielles, à 10% de sa valeur internationale est un gage de promotion des investissements étrangers. Cependant la subvention de la pomme de terre est due à une forte spéculation sur ce produit initiée, selon l’Union des paysans libres (Upal), par des barrons et de puissants lobbies au sein même de l’État. La bureaucratie et la mauvaise coordination entre les différentes entités publiques reste néanmoins la piste privilégié. A ce sujet, l’affaire des fameuses dattes algériennes « DEGLET NOUR » en témoigne. Afin d’encourager l’exportation de la datte algérienne, les Douanes algériennes ont limité au minimum les procédures de déclaration à l’export. Au même moment, le Ministère du Commerce a exigé un contrôle sanitaire strict de ces mêmes dattes qui, de toute façon, sera réalisé par les services phytosanitaires aux frontières du pays d’accueil. Résultat, les exportateurs, dégoûtés par les procédures de contrôle sanitaire, se sont retournés au circuit informel, et la fameuse datte algérienne est exportée par des opérateurs de pays limitrophes sous leurs labels nationaux! Le marché du travail en Algérie est quasiment inexistant du fait de sa désorganisation. Ainsi, l’arbitrage sur le marché du travail en Algérie se fait uniquement par l’offre puisque les salariés n’ont aucun moyen de modifier le niveau de l’emploi. Deux raisons peuvent expliquer cette situation : a) L’État principal pourvoyeur d’emploi; b) l’informel. En Algérie l’État reste le principal pourvoyeur d’emploi, et les statistiques le démontrent si bien. Déjà 2001, avant le lancement du fameux programme d’emploi-jeune, la Fonction publique, à elle seule, compte 25% de l’emploi structuré. Mais le cœur du problème réside dans le fait que les modèles de recrutement étatiques, soit au niveau de l’administration soit au niveau des entreprises publiques, sont très bureaucratisés et sujets au clientélisme. A côté de ce secteur public bureaucratisé mais sécurisé, coexiste un secteur privé partagé entre le formel et l’informel. Selon les statistiques de l’OIT, en 2000 le secteur privé offre 28,2% d’emplois salariés mais aussi 30% d’emplois totalement « au noir ». Cette désorganisation du marché du travail a conduit à un taux de chômage élevé, même s’il est passé, officiellement, de 30% en 1998 à 12,3% en 2007. En réalité le taux de chômage annoncé par l’Office nationale des statistiques (ONS) est largement contesté, surtout par les organismes internationaux à l’instar du FMI. Dans son rapport N° 07/61 de février 2007, le FMI précise que le taux de chômage annoncé

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par l’ONS de 15,3 % en 2005 correspond à un taux saisonnier puisque l’enquête a été réalisée peu de temps avant le Ramadhan, une période d’activité commerciale intense. Sans cela, le taux de chômage aurait atteint les 21%. Nous partageons entièrement cette analyse et nous considérons que le taux de chômage de 12% correspond en réalité au chômage structurel, car une part importante des emplois crées au travers du plan de relance de 150 milliards de dollars américains correspond à des emplois temporaires de type emploi-jeune ou pour les besoins de réalisation de chantiers comme c’est le cas dans le grand projet de l’autoroute Est-Ouest. Le niveau élevé du chômage structurel en Algérie s’explique par le faible niveau de formation et de qualification des demandeurs d’emploi qui, de ce fait, se trouvent en déphasage flagrant avec la structure de l’offre d’emploi. Afin de réguler le marché du travail, et d’éliminer la dualité entre le secteur protégé et le secteur précaire, l’État a opté pour la création de l’Agence publique nationale de l’emploi (ANEM) en 2004. Ses objectifs : faciliter la recherche d'emploi ou de formation, le conseil et l’aide à l’employeur pour l’embauche et le reclassement des salariés. Même si les chiffres de l’ANEM paraissent éloquents, nous citons à titre d’exemple la création de 186000 postes d’emploi en 2008, ils ne concernent en fait que des postes créés dans le cadre du Dispositif d’insertion professionnelle (DAIP). Ces postes sont en fait des emplois temporaires pour aider les jeunes diplômés à acquérir une première expérience de travail limitée à trois années. Dans ce dispositif, l’État prend en charge un salaire moyen équivalent à 83% du salaire minimum garanti, soit 10000 dinars algérien (136 US$), et exonère de quelques impôts l’employeur avec des abattements de l’impôt sur les revenus (IRG) et dans la Sécurité sociale. L’inefficience de l’ANEM a conduit le Ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, à reconnaître publiquement, le 16 mai 2008, l'existence de problèmes au sein de l'ANEM concernant le suivi et l'accompagnement des jeunes chômeurs et s’est engagé à moderniser cette agence pour lui donner plus de rapidité, avant la fin de l'année 2008. Le marché monétaire est assez développé en Algérie au vu de la couverture nationale totale. Les principales banques sont publiques dont les plus importantes sont la CPA (crédit populaire d’Algérie) et la BNA (banque nationale d’Algérie). Ces dernières années des établissements bancaires et des établissements financiers étrangers ont fait évoluer l’offre et la qualité des services offerts à l’exemple de la BNP/PARIBAS ELDJAZAIR ou de la SOCIETE GENERALE ALGERIE. Malgré l’évolution qualitative, l’accès au crédit reste un vrai parcours de combattant pour les entreprises algériennes. Les banques étrangères se sont focalisées sur les grands comptes, les opérations du commerce extérieur et le juteux créneau du crédit à la consommation évitant ainsi le risque entreprise. Quant aux banques publiques, elles, souffrent d’une gestion héritée de l’époque socialiste, même si elles restent les premiers pourvoyeurs financiers des entreprises. En effets les règles d’octroi de crédit sont opaques et n’obéissent pas à la logique commerciale. Pour preuve, sur les 2500 milliards de dinars (34,5 Md. US$) de crédits alloués aux entreprises, la moitié a été destinée au secteur public soit autant qu’au secteur privé. Le secteur des PME/TPE, lui, n’a été financé qu’à hauteur de 450 milliards dinars (6,2 Md. USD), soit seulement 18% de l’ensemble des crédits alloués aux entreprises. Lors du Colloque maghrébin sur le financement de la PME organisé par l’Association des banques et des établissements financiers (Abef) et l’Union des banques maghrébines à Alger le 11 mars 2009, le Ministre des finances algérien, Karim Djoudi, a signalé que les PME/PMI n’ont pas la cote en Algérie. Les principaux reproches faits par les chefs d’entreprises au système bancaire, lors de ce colloque, mettent en exergue les dysfonctionnements, les lourdeurs et les excès des banques et leur impact dépressif sur l’activité réelle : garanties excessives, délais de traitement des dossiers de crédit trop longs, taux d’intérêt trop élevés, l’accueil de la clientèle est insuffisant, les relations avec l’étranger

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sont insuffisamment prises en charge et manque de formation des personnels. Résultat, selon l’étude menée par N. Nedjadi (Nedjadi, 2006), les coûts du crédit représentent le principal souci de 60% des entrepreneurs algériens. Le marché des capitaux est très peu développé en Algérie. La seule bourse d’Algérie, la Bourse d’Alger créée en 1997, est quasiment inopérante. Deux sociétés sont cotées seulement : Le Groupe pharmaceutique SAIDAL et l’entreprise de gestion hôtelière EL AURASSI. Les obligations cotées en bourse sont émises par 3 sociétés uniquement : Air Algérie, Algérie Télécom SPA et SONELGAZ. Selon les informations fournies par le portail de la Commission de surveillance des opérations de bourses (COSOB), en moyenne le nombre de transactions par séance est de 4 avec une valeur transigée de moins de 4 millions de dollars américains. Le développement d’une place financière est imputable en premier lieu aux efforts de l’État, et la bourse d’Alger n’est pas une exception. Néanmoins l’analyse de la situation algérienne montre que l’État algérien ne s’implique pas convenablement. Cela se manifeste en premier lieu par une privatisation qui se déroule, de facto, en dehors de la Bourse d’Alger alors que c’est la voie privilégiée pour assurer la transparence et le développement du marché financier. En Angleterre, en France et dans d’autres pays européens, l’essor de la bourse a été sérieusement boosté par les différentes privatisations des années quatre-vingts. En Angleterre par exemple, les privatisations thatchériennes ont attiré de nouveaux acteurs en impliquant les salariés qui ont bénéficié de réductions allant de 10 à 20% sur les prix escomptés des actions à la Bourse de Londres. En Algérie, la privatisation de l’imposant secteur public marchand se fait actuellement par appel d’offres ou de gré à gré. 1.2. Liberté entrepreneuriale La liberté d’entreprendre est sérieusement entravée en Algérie pour des raisons de bureaucratie, de corruption, de taxation élevée et d’un cadre juridique difficile. Selon le rapport Doing Business 2008 de la Banque mondiale l’Algérie est classé à la 132e place, loin derrière les pays développés à l’instar du Canada et de la France, qui sont respectivement à la 8ème au 32ème rang. Pire, l’Algérie, ces dernières années, est classée parmi les dernières en matière de réformes dans la zone MENA. Par exemple, démarrer une nouvelle affaire en Algérie nécessite en moyenne 24 jours supposant 14 procédures. La bureaucratie est devenue à tel point flagrante que 40 % des entreprises ne trouvent pas de terrains fonciers pour la réalisation de leurs projets. La corruption a atteint des seuils intolérables puisqu’elle affecte sérieusement la bonne gouvernance en Algérie. Malgré la loi n° 06/01 du 20/02/2006 relative à la « prévention et lutte contre la corruption », les scores du niveau de corruption obtenus par l’Algérie reste très faible. L’indice de perceptions de la corruption (IPC) pour 2008, calculé par Transparency International, est de 3,2 sur une échelle de 10. A titre de comparaison il est de 8,7 au Canada et de 6,9 pour la France. La pression fiscale en Algérie est des plus élevée de la zone MENA. Selon le rapport de la Banque Mondiale l’imposition touche 74,2% des bénéfices des entreprises! Ce taux est aberrant pour une économie dépendante des recettes pétrolières. Le budget de l’État est majoritairement financé par les recettes pétrolières alors que la fiscalité ordinaire n’arrive même pas à couvrir le budget de fonctionnement. Le cadre juridique est moyen et peu propice aux affaires. Selon N. Nedjadi (Nedjadi, 2006), la durée moyenne de règlement des conflits commerciaux est d’une année, ce qui pousse 70% des entreprises à recourir à des solutions à l’amiable qui sont, dans la majorité des cas, peu avantageuses. Le rapport Doing Business 2008 confirme la médiocrité du cadre juridique puisque la note attribuée à l’Algérie, en termes de protection des investisseurs, est de 5,3 sur une échelle de 10.

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1.3. La concurrence En Algérie l’ordonnance n°03-03 du 19 juillet 2003 a pour objet de fixer les conditions d’exercice de la concurrence sur le marché et de prévenir toute pratique restrictive de concurrence et de contrôler les concentrations économiques afin de stimuler l’efficience économique et d’améliorer le bien-être des consommateurs. Toutefois de nombreuses lacunes empêchent l’instauration de la politique de concurrence à l’instar de l’économie parallèle, des pratiques de contrefaçon, et des abus de position dominante. Pour Ahmed Henni (Henni, 1995) l’économie parallèle n’est pas un phénomène nouveau en Algérie, elle est une réponse à une structuration hiérarchique de type rentier. La sphère d’exclusion tend, par des activités parallèles, à s’autonomiser de la sphère monopolisée. Suite aux événements tragiques qu’a connu l’Algérie durant la décennie noire des années 1990, l’informel c’est instaurer d’une manière durable et visible. La vente sans factures est la règle dans l’ensemble des marchés de gros, alors que les importations avec des prête-noms est une pratique courante. Cette situation favorise par ricochet la contrefaçon en provenance des pays asiatiques, essentiellement la Chine. La contrefaçon touche l’ensemble des produits de marques étrangères ou nationales. La faible quantité des marques étrangères en vigueur enregistrées auprès de l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) dénote d’une politique laxiste de lutte contre la contrefaçon. En effet, au 31 décembre 2006, seule 78309 marques étrangères en vigueur étaient enregistrées auprès de l’INAPI. Les abus de position dominante se pratique essentiellement du coté des entreprises publiques, même si certaines entreprises privées ne s’en privent pas. Des mastodontes, à l’instar d’Algérie Télécom SPA, utilisent leur position dominante pour imposer des prix défiants les lois du marché afin d’écraser la concurrence. Par exemple, beaucoup d’analystes expliquent la faillite de la société égyptienne de téléphonie fixe LACOM par les pratiques anticoncurrentielles d’Algérie Télécom SPA. Cela montre que la loi sur la concurrence en Algérie n’est pas respectée et de ce fait laisse supposer que les lois en Algérie ne sont pas appliquées. En faveur de cette hypothèse, plaident les nouveaux décrets mettant fin à certains monopoles à l’exemple de celui de la Société de l’électricité et du gaz algérienne (SONELGAZ) ou de la société NAFTAL, chargée du raffinage et de la distribution des produits pétroliers. Autrement dit, malgré la loi sur la concurrence, l’État est obligé de légiférer par des décrets exécutifs afin d’imposer la concurrence dans certain secteur. Ainsi, le décret N°08-114 du 13 avril 2008 met fin au monopole de SONELGAZ en fixant les modalités d’attribution et de retrait des concessions de distribution de l’électricité et du gaz, et du cahier des charges relatif aux droits et obligations du concessionnaire. Le décret adopté par le gouvernement le 08 juillet 2008 devrait consacrer le principe d'ouverture du marché de la distribution des produits pétroliers aux opérateurs nouveaux mettant fin au monopole exercé par NAFTAL. D’autres facteurs mettent à mal la concurrence d’une manière indirecte. Il s’agit surtout de l’accord d’association avec l’Union Européenne. Entré en vigueur le premier septembre 2005, l’accord d’association avec l’Union Européenne devrait aboutir à la mise en place d’une zone de libre échange d’ici 2017. Mais vu les avantages comparatives des entreprises européennes, les PME algériennes se retrouvent devant plus de difficultés. Lors du forum d’El-Moudjahid du 19 janvier 2008, Naceri Ali Bey, membre du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, a affirmé qu’un déficit fiscal de 600 millions de dollars est enregistré annuellement. Selon lui, le déficit atteindra les 3 milliards de dollars en 2017.

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En première conclusion, il ressort que l’Algérie n’a pas su encore instaurer l’économie de marché. La gestion et la coordination de l’activité économique ne se réalisent pas selon les principes de l’économie de marché et, par conséquent, les PME/TPE algériennes sont confrontées à un environnement de transition de nature turbulente ne pouvant favoriser leur développement. 2. POLITIQUE PUBLIQUE DE PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT L’économie de marché n’est pas un mécanisme parfait de gestion et de coordination de l’activité économique, c’est pour cette raison que tous les gouvernements du monde mettent en place des politiques publiques afin d’optimiser l’allocation des ressources rares. Une des politiques du gouvernement algérien est la promotion de l’entrepreneuriat qui ne peut se réaliser qu’à travers le déploiement de trois facteurs incontournables : la formation, le soutien à l’investissement et l’innovation. 2.1. La formation Depuis l’indépendance, les efforts de l’État en matière d’éducation et de formation sont importants. En Algérie la formation est gratuite à tous les niveaux de l’apprentissage, du primaire à l’université. D’ailleurs le budget consolidé de l’éducation nationale, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur est de loin le plus important des dépenses publiques. Néanmoins, il est important de signaler que même si la bataille de la quantité est gagnée, celle de la qualité ne l’est toujours pas. Cela se traduit par une déperdition scolaire de plus en plus importante et des diplômés avec un manque en matière de savoir-faire. En conséquence un chômage structurel de plus en plus important s’installe en Algérie du fait de l’inadéquation de la demande et de l’offre de travail. Cette situation se reflète aussi sur le niveau de formation et de compétences des entrepreneurs algériens. S’ils sont preneurs de risques, au sens de Say et Knight, et chasseur d’opportunités, au sens de Hayek et Mises, ils n’ont pas le profil n’innovateur ou de personnes assurant l’allocation des ressources rares. Il est intéressant à ce niveau de citer quelques résultats de deux enquêtes réalisées en 2001 et 2007. Selon la première enquête réalisée en 2000 par Adair (Adair et Bounoua, 2001) sur un échantillon de 522 entrepreneurs, il ressort que 20,76% des interrogés ont un niveau d’instruction secondaire (entre 9 et 12 ans d’études). L’enquête de Mohammed Tahraoui en 2007 (Tahraoui, 2008), effectuée sur un échantillon de 70 entrepreneurs, montre que ce taux a diminué puisqu’il est passé à 15,7% et que le nombre des entrepreneurs ayant un niveau de formation supérieur a largement progressé de 21,33% à 67,14%. Signalons que ce progrès observé du niveau de formation des entrepreneurs ne reflète guère l’amélioration des qualités managériales. Cela est confirmé par Azzedine Tounés (Tounés, 2007) qui conclut dans son étude « Influences culturelles sur des comportements managériaux d’entrepreneurs algériens » que les entrepreneurs algériens souffrent d’absence de culture managériale au point où ils ignorent l’existence d’outils de gestion leur épargnant des problèmes basiques. Cet état des lieux est corroboré implicitement par la Directrice générale de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ). Mme Fatma Seddaoui, dans une déclaration à l’APS en marge des Assises nationales de la formation professionnelle du 08 avril 2007, a indiqué que, dorénavant, aucun promoteur de l’ANSEJ ne bénéficiera d’un financement avant d’être formé dans les domaines de la gestion afin d’assurer la pérennité des micro-entreprises.

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Il ne faut pas imputer cette situation à la qualité de l’enseignement seulement mais aussi aux contenus des programmes de formation. Le système éducatif algérien dans son ensemble, du primaire au secondaire, exclut l’entrepreneuriat des cursus contrairement à d’autres pays, à l’instar du Canada. Même à l’université, cette discipline n’est pas enseignée. L’État s’est engagé sur une autre piste dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union Européenne, celle de la mise à niveau. Dans le cadre des programmes MEDA 1 et 2, l’UE s’est engagée à financer la mise à niveau des entreprises algériennes. Les activités visées par la mise à niveau sont le management (36%), la production (26%), la qualité (15%), les aspects financiers (14%) et le marketing (9%). Même si cette initiative est louable, elle reste limitée. Selon les propos du Ministre algérien de la Petite et Moyenne entreprise et de l’artisanat, Mustapha Benbada, le programme MEDA 1 a permis la mise à niveau réel de 450 entreprises. Ce chiffre est complètement dérisoire par rapport aux 410 959 PME algériennes (0,11%). 2.2. Soutien à l’investissement Le soutien à l’investissement a pris deux formes en Algérie : a) soutien à la demande globale et b) dispositifs de soutien à l’investissement. Le plan quinquennal de soutien à la croissance économique, estimé à 150 milliards de dollars, est orienté à près de 70% vers le secteur du bâtiment et des travaux publics. L’objectif escompté est double, soutenir la croissance économique et mettre à niveau l’infrastructure nationale. Cette orientation est totalement justifié vu les séquelles de la décennie noire qu’a connu l’Algérie. Toutefois, la mauvaise gouvernance, la corruption et la bureaucratie ont déjà grandement limité les résultats escomptés. Cet état des faits a été reconnu par le Président Bouteflika le 27 octobre 2007 dans une allocution télévisée à l’occasion de la cérémonie de clôture de la rencontre Gouvernement-Walis consacrée exclusivement à la jeunesse. Les dispositifs de soutien à l’investissement sont concrétisés en Algérie par deux agences publiques : l’Agence nationale de développement des investissements (ANDI) et l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ). Le dispositif de l’ANDI est destiné aux projets d’investissement supérieur à environ 135000 US$, il permet l’exonération des droits de douanes pour les équipements, la franchise de la TVA, l’exemption du droit de mutation à titre onéreux pour toutes les acquisitions immobilières effectuées dans le cadre de l'investissement concerné, ainsi que l’affranchissement de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) et de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) pendant une période de trois ans. Le dispositif de l’ANSEJ est dédié aux investissements plafonnés à environ 135000 US$. Les avantages liés à ce dispositif sont : l’octroi d’un prêt non rémunéré (calculé en fonction du projet d’investissement); la bonification des taux d’intérêts bancaires sur les équipements; la franchise TVA; un taux déduit de 5% sur les droits de douane pour les biens d'équipements importés entrant directement dans la réalisation de l'investissement; l’exemption du droit de mutation à titre onéreux au taux de 4% pour les acquisitions immobilières; l’exonération de la taxe foncière pour une durée de 03 ans à compter la date d'achèvement de la construction; l’exonération de la TAP, IBS, VF et l’IRG pendant trois ans; l’application d’un taux réduit de cotisation patronale de 7% au titre des rémunérations versées aux salariés de la micro-entreprise. A première vue, ces deux dispositifs couvrent l’ensemble du champ d’investissement et, par leurs avantages, ils vont attirer en exclusivité l’ensemble des nouvelles créations. C’est en examinant le bulletin d’information économique du Ministère des PME et de l’artisanat qu’on se rend compte que, pour l’année 2007, le nombre de création d’entreprise dans le cadre de l’ANDI a été de 8250 et de 8102 pour l’ANSEJ, alors que le nombre total de création a été de 34192. Donc, le nombre de création d’entreprise dans le

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cadre des deux dispositifs représente 48,25% du total des créations. Autrement dit, la majorité des nouvelles créations se déroulent en dehors du dispositif. L’explication de ce phénomène varie d’un dispositif à l’autre mais, en fait, les conséquences sont les mêmes. L’ANSEJ est un dispositif orienté plutôt vers l’artisanat et la TPE. De ce fait la plupart des nouvelles créations se sont dirigées vers le secteur des services qui a connu un boom au lancement de ce dispositif avant son essoufflement ces dernières années. Selon les statistiques, plus de 60% des nouvelles créations, depuis l’institution de ce dispositif, appartiennent au secteur des services. On comprend aisément que le phénomène d’imitation a saturé le marché surtout en l’absence de statistiques fiables et d’une formation insuffisante des entrepreneurs. L’ANDI, en exigeant un seuil minimum d’investissement exclut d’office beaucoup de PME/TPE. De plus, les investissements importants, comme c’est le cas dans le cadre de l’ANDI, sont tributaires du climat des affaires qui est, comme nous l’avons illustré précédemment, peu attrayant. En conséquence, la pratique montre que les deux dispositifs sont à l’origine d’une évasion fiscale importante. Pire, des entreprises sont crées dans le cadre de ces dispositifs uniquement pour récupérer par la suite la cagnotte fiscale. C’est pour cela que des conditions complémentaires ont été introduites, à l’instar de l’exigence d’un diplôme dans la spécialité pour le créateur d’entreprise dans le cadre de l’ANSEJ. Au niveau de l’ANDI le contrôle est de plus en plus strict puisque des agents de cette agence sortent sur le terrain pour vérifier les étapes de l’investissement. Dans tous les cas de figure cela implique deux conséquences néfastes. Premièrement, les restrictions induisent moins de recours à ces dispositifs et, donc, c’est un aveu de leur efficacité limitée. Secundo, si une partie des entreprises est sujette à des exonérations fiscales alors que l’autre ne l’est pas, alors il y a distorsion dans la concurrence. Cela contredit les principes mêmes de l’économie de marché, et, par ricochet, implique moins de création d’entreprises. 2.3. Innovation Depuis les travaux de Schumpeter, le rôle de l’innovation dans l’entrepreneuriat est unanimement reconnu par la communauté scientifique. Peter Drucker (Drucker, 1985) identifie 7 sources de l’innovation : the Unexpected, Incongruities, Process Need, la structure du marché, la démographie, les changements dans la perception, les nouvelles connaissances. Retenons aussi que le passage de l’acte d’innovation à l’acte d’entreprenariat est un processus complexe. En amont, il y a une multitude de questions découlant sur des scénarios divers arbitrés par la création de valeur attendue. Benoit Balmana (Balmana, 2004) identifie le passage à l’acte d’innovation par trois étapes successives : l’étude marketing du marché, la valorisation de l’opportunité et la concrétisation des pré-requis. Chaque étape est complexe et comporte des difficultés qui exigent un investissement accru de l’entrepreneur. C’est pour cette raison que Balmana conclu que l’innovateur- créateur d’entreprise doit avoir un profil exceptionnel, un avis que nous partageons amplement. C’est pour cela que l’intervention publique est souhaitable. La politique publique en matière d’innovation en Algérie repose sur la valorisation des recherches par trois agences nationales : l’Agence nationale pour le développement de la recherche universitaire (ANDRU), L'Agence Nationale pour le Développement de la Recherche en Santé (ANDRS), et l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (ANVREDET). L’ANDRU est un établissement Public à caractère administratif qui a pour objectif principal d'impulser et de soutenir le développement et la valorisation des activités de recherche s'inscrivant dans le cadre des Programmes Nationaux de Recherche (P.N.R) tels que définis par la réglementation en vigueur et localisés au sein des institutions universitaires d'enseignement et de Recherche. Ses taches se résument au financement des programmes de recherche et à leur valorisation.

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L’ANDRS est un établissement Public à caractère administratif, chargé de contribuer à la mise en œuvre et à la réalisation du programme national de recherche en santé. Ses missions son similaire à l’ANDRU mais dans le domaine de la santé. L'ANVREDET est un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, qui a pour mission de mettre en œuvre, en relation avec les structures et organes concernés, la stratégie nationale de la valorisation des résultats de la recherche et le soutien et accompagnement des idées innovantes. L’ANDRU et l’ANDRS sont des agences de valorisation des résultats purement issus de la recherche scientifique, tandis que l’ANVREDET est plus orientée vers la sphère réelle. Il est difficile d’évaluer l’activité de ces agences à cause de leur jeune âge et de la rareté des travaux dans ce domaine. Notons toutefois que les statistiques de l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) montrent une augmentation du nombre de marques déposées en Algérie d’origine nationale ces dernières années. Leur nombre était de 1237 en 2000, 1488 en 2003, et 2477 en 2006. Néanmoins, à notre avis, il n’est pas évident de conclure à la réussite de la politique d’innovation en Algérie, car les statistiques de l’INAPI démontrent que le nombre de marques déposées en Algérie d’origine nationale est en constante évolution depuis 1981, l’époque de l’économie planifiée. Leur nombre était de 107 en 1981, 174 en 1984, 290 en 1988, 460 en 1992. Même pendant la période noir du terrorisme le nombre de marques déposées en Algérie d’origine nationale n’a cessé d’augmenter puisqu’il a atteint 518 en 1994, puis 691 en 1996, et 945 en 1999. Mais cela ne veut pas dire pour autant que ces agences ne contribueront pas à faire avancer l’innovation en Algérie. Selon Hocine Khelfaoui (Khelfaoui, 2004), par exemple, l’ANVREDET est appelée à jouer un rôle important à l’avenir du fait de son statut et de son autonomie financière. De notre part, nous estimons que cette agence seule ne peut réussir, et qu’il est souhaitable pour l’Algérie de se doter d’un système national d’innovation à l’instar du Manuel d’Oslo pour les pays de l’OCDE. En seconde conclusion, il ressort que la politique publique de promotion de l’entrepreneuriat en Algérie n’est pas assez efficace des points de vue de la formation, du soutien à l’investissement, ou de l’innovation. Des ajustements son nécessaire afin d’améliorer la situation. 3. LES AJUSTEMENTS SUSCEPTIBLES D’AMELIORER LE TISSU DES PME/TPE Le développement du tissu de PME/TPE nécessite un environnement stable où les instituts de l’économie de marché fonctionnent de manière efficace, mais aussi une politique publique susceptible d’orienter le développement des PME/TPE en Algérie et ceci en compensant les effets indésirables de l’économie de marché. Vu les lacunes décrites dans les précédents chapitres on pourrait imaginer un certain nombre de mesures étatiques susceptibles d’améliorer le tissu des PME/TPE en Algérie. Nous distingueront les mesures de court terme, c’est-à-dire celles que l’État pourrait mettre en œuvre rapidement dans des délais n’excédant pas les trois années, et les mesures de long terme nécessitant un temps relativement long à mettre en œuvre.

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3.1. Les mesures de court terme Les mesures à mettre en œuvre dans le court terme sont énumérées dans la liste ci-dessous : − Améliorer la coordination et la coopération entre les différentes entités et institutions

publiques afin d’éviter les mesures et les décisions contradictoires, comme celle observée dans l’affaire des dattes « DEGLET NOUR ». Cela pourrait se faire au travers de décrets obligeant l’échange d’informations entre entités publiques, la consultation réciproque, ainsi que la création de commissions en charge de vérifier la conflictualité ou la compatibilité des mesures. L’e-gouvernance peut grandement contribuer à accélérer et accroitre le flux d’information.

− Débloquer des fonds afin d’améliorer la collecte des statistiques économiques afin de

créer une base de donnés exploitables pour les entrepreneurs dans leur étude de marché. − Stimuler la croissance de l’artisanat par une politique plus exigeante en matière de qualité

artistique des infrastructures. Cette idée est très intéressante dans la mesure où l’État est engagé dans une politique de mise à niveau de l’infrastructure nationale dotée d’une enveloppe de 150 Md. US$. Le principe est d’impliquer le plus d’artisans possible dans la décoration des infrastructures en incluant des clauses spécifiques dans les cahiers des charges.

− Améliorer la gestion de l’Agence publique nationale de l’emploi (ANEM) et veiller par de

nouveaux décrets à rendre cette agence un acteur incontournable et obligatoire dans les recrutements au niveau des établissements publics et privés afin de permettre l’émergence d’un marché de travail organisé.

− Développer la Bourse d’Alger en imposant la privatisation des entreprises publiques via le

marché financier. Il est intéressant d’impliquer les salariés en leur proposant une part des actions au rabais, entre 10 et 20%. L’autre manière réside dans la défiscalisation partielle des produits dérivés qui sont source d’innovation et de création d’entreprises. Toutefois, il ne faut pas négliger la communication, car pour un algérien la bourse c’est nouveau, il faut l’informer, lui montre, lui conseiller. A notre avis, le phénomène d’imitation de Maria Minniti (Minniti et Bygrave, 1999) est tout-à-fait applicable dans se cas de figure.

− Les agences de soutien à l’investissement, ANSEJ et ANDI, ont montré leur limite à cause

de la distorsion de la concurrence favorisant l’apparition de comportements clientélistes et rentier dus aux avantages fiscaux et parafiscaux offerts. A notre avis, ce type d’agence est totalement contreproductif et peut-être maintenu seulement dans le cadre de la promotion d’un secteur spécifique peu développé ou d’une région isolée.

− Améliorer le financement des entreprises par les banques en créant des fonds flexibles et

transparents permettant la garantie des prêts et la bonification des taux d’intérêt. − Inciter à investir et lutter contre l’informel en diminuant progressivement les charges

fiscales et les cotisations obligatoires en les finançant à la charge des recettes pétrolières.

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3.2. Les mesures de long terme Les mesures de portée stratégique nécessitant un temps relativement long à mettre en œuvre sont énumérées ci-dessous : − Améliorer la formation en entrepreneuriat afin que les futurs entrepreneurs puissent

maitriser les principaux outils de gestion. Concrètement, l’entrepreneuriat doit être introduit à l’école comme cela se fait au Canada dans le cadre du programme du Gouvernement du Québec « Le Défi de l’entrepreneuriat jeunesse » qui vise à favoriser le développement de culture entrepreneuriale au sein de la jeunesse québécoise. A l’université il faut obligatoirement enseigner l’entrepreneuriat en tant que discipline pour les étudiants. Les enseignants chercheurs sont aussi concernés par l’enseignement de cette matière puisqu’ils sont des acteurs incontournables dans des projets d’innovation. Pour cela le Ministère de l’enseignement supérieur algérien doit imposer un master en entrepreneuriat dans chaque établissement universitaire.

− Généraliser la mise à niveau des PME/TPE sans se restreindre aux programmes MEDA.

Cette mise à niveau peur s’accompagner de la création d’une chaine audiovisuelle ou de programmes télévisés dédiés à la formation des entrepreneurs au management, marketing, gestion des ressources humaines et autres disciplines de gestion. Des formations au niveau des universités ou centres de formation doivent être initiées à titre gracieux financées sur budget de l’État.

− Lutter contre la corruption par une législation plus sévère en contraignants tous les

responsables à la déclaration des revenus et du patrimoine avant la prise de fonction et à sa fin. Une autre mesure concrète pour la lutte contre la corruption serait de monnayer la dénonciation des corrupteurs et des corrompus.

− Lutter contre le clientélisme et la bureaucratie administrative via une plus grande

décentralisation. Cela impliquera la simplification des procédures pour l’entrepreneur et plus de clarté dans la mission de l’administration décentralisée. Cela doit s’accompagner aussi des bonnes pratiques en matière de finances publiques qui supposent la définition claire des attributions et des responsabilités, le plein accès du public à l’information, la préparation, l’exécution et l’information budgétaire transparente, et la garantie de l’intégrité des données vérifiées par une institution indépendante.

− Améliorer la disponibilité du foncier industriel, afin d’éviter la spéculation et son

détournement, par l’instauration d’une base de données régionale. L’attribution du foncier doit se faire selon les procédures de concession sur une durée limitée renouvelable au plus offrant. Toute utilisation autre que celle préconisée dans le cahier des charges devrait annuler systématiquement le contrat de concession.

− Développer la qualité de l’offre de la main d’œuvre, afin de diminuer le chômage

structurel, par l’amélioration de la formation au prix d’une meilleure rémunération et prise en charge des enseignants, et de leur recyclage. L’expertise étrangère originaire des pays développés est fortement souhaitée.

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− Dépasser les lourdeurs des banques publiques par leur privatisation partielle. Soit par la diversification des actionnaires, soit par la concession de la gestion à des organismes de renommé internationale ayant fait leurs preuves dans le domaine.

− Lutter contre l’informel et le piratage afin de promouvoir la concurrence. Pour cela il faut

lutter contre les formes de ventes sans factures par l’informatisation et le réseautage des inspections des impôts, ainsi que par l’incrimination rigoureuse de ce genre de comportements.

− Élaborer une législation apurée d’erreurs et de contradictions qui reconnait l’économie de

marché comme acquis à préserver et développer. Pour cela le Code civile et ses dérivés (Code du Commerce…) doivent être enrichie de lois plus protectrices à l’égard des entrepreneurs.

− Favoriser l’émergence d’une justice plus souple et plus rapide qui permette le règlement

des conflits dans des délais raisonnables. Cela nécessite la simplification du Codes de procédures civiles, l’augmentation du nombre de tribunaux et de magistrats, et le recyclage des anciens magistrats habitués aux anciennes pratiques.

− Améliorer l’applicabilité des lois via la mise à niveau des progiciels dédiés au niveau des

tribunaux et des cours, et la promulgation de lois plus énergique dans ce domaine. La mise au point d’un indicateur d’exécution des lois (IEL) permettrait d’affiner, avec le temps, les mesures dédiées à l’amélioration de l’applicabilité des lois.

− Lutter contre les monopoles et autres positions dominantes des sociétés publiques. Pour

cela l’ordonnance n°03-03 du 19 juillet 2003 doit être appliquée dans toute sa rigueur pour éviter des faillites dues à la concurrence déloyale. Nous considérons d’ailleurs qu’il faille la rendre plus contraignantes en incluant des indemnisations substantielles pour les dommages causés.

− Aujourd’hui l’entrepreneur est innovateur. C’est pour cette raison que l’Algérie a besoin

de promouvoir l’innovation en s’articulant sur les entités déjà fonctionnelles, ANDRU, ANDRS, ANVREDET, mais pas seulement. Cette relation innovation-entrepreneuriat doit être mise dans un cadre global celui du Système d’innovation. Le modèle de l’OCDE est très intéressant et tout-à-fait adapté à l’Algérie. Il est composé de trois sphères : l’entreprise innovante, son environnement immédiat et l’environnement global. L’État joue un rôle de soutien, il permet d’assurer la disponibilité des ressources et de créer un environnement, scientifique, culturel, social et d’affaires, propice au bon fonctionnement de l’entreprise. Toutefois, nous considérons qu’un tel modèle devrait être renforcé pour tenir compte des spécificités de l’Algérie, que nous avons cités dans les parties 2 et 3 de document, dans le cadre de sa transition vers l’économie de marché. Cela passe par la création de passerelles (et pas le renforcement puisqu’ils n’existent pas réellement) entre les universités et les PME/TPE. Aussi la création d’un institut algérien de technologie, de type MIT aux États-Unis, est fortement souhaité.

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5. CONCLUSION Suite à deux décennies de réformes, l’Algérie n’a pas su encore instaurer une économie de marché performante. Les PME/TPE algériennes sont confrontées, par conséquent, à un environnement turbulent freinant leur développement. Cet environnement est caractérisé par la formation des prix hors du marché et les entraves à la concurrence et au libre entrepreneuriat. L’économie de marché en tant que mécanisme de gestion et de coordination de l’activité économique n’est pas exempte de défauts, ce qui nécessite une politique publique de soutien à l’économie nationale. Dans ce contexte, il ressort que la politique publique de promotion de l’innovation en Algérie est peu efficace. Des lacunes ont été constatées au niveau de la formation, du soutien à l’investissement et de l’innovation. Les ajustements nécessaires au développement du tissu de PME/TPE en Algérie supposent une batterie de mesures à court et long terme. Les mesures de court terme concernent l’amélioration de la collecte des statistiques, de la coordination entre les différentes institutions publiques, de la gestion de l’ANEM, et du financement des PME/TPE. Ils devraient permettre aussi de stimuler la croissance de l’artisanat, de développer la Bouse d’Alger, et de lutter contre l’informel par la diminution des charges fiscales et des cotisations obligatoires. Les mesures de long terme sont à caractère stratégique et concernent l’amélioration de la formation des entrepreneurs et des demandeurs d’emplois, de la disponibilité du foncier industrielle, et de l’applicabilité des lois. Ils contribuent aussi à la lutte contre la corruption, le clientélisme, l’informel et les positions dominantes, à dépasser la lourdeur des banques publiques, et à protéger d’avantage les entrepreneurs en favorisant une justice plus souple et plus rapide. Enfin, c’est mesures permettront de promouvoir l’émergence d’entrepreneurs innovateur qui seront la conséquence de l’édification de passerelles entre les universités et les PME/TPE. BIBLIOGRAPHIE Adair, P. et C. Bounoua (2001), « Économie informelle en Algérie », Projet CMEP, 1999,

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