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Septembre 2003 - Librairie Lardanchet

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Beaux livres Anciens et Modernes

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Librairie Lardanchet

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Beaux livres

Anciens et modernes

16 - beaumont

Beaux livres

Anciens et modernes

Paris 2003

1. CHARTIER (A.). Demandes damours avec les responces. A Paris, s.d. [Veuve Jean Trepperel et Jean Jehannot, vers 1510-1520], petit in-8° (132 x 89 mm.) de 8 ff. de 26 lignes par page, maroquin citron, triple filet doré en encadrement, dos à nerfs orné, dentelle intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet).

Exemplaire unique de cette édition qui semble inconnue de tous les bibliographes.

Par son format, sa présentation et sa langue, ce petit livret appartient à une catégorie bien connue d'ouvrages, répondant au nom de "plaquette gothique", désignation employée par les bibliophiles et les libraires depuis le XIXe siècle.Ce terme désigne un certain nombre de livres, généralement de petit format, imprimés en français avec la bâtarde parisienne, variante française de l'écriture gothique. Publiés entre 1490-1540, ils sont rarement signés par leur imprimeur, et presque jamais datés. Ils firent les beaux jours de quelques maisons d'édition, comme les Trepperel, Janot et Lotrian à Paris ou les Marechal-Chaussard et Nourry à Lyon.Ces textes, souvent anonymes et destinés à un large public, sont soit de courtes pièces en vers, soit des almanachs, des pronostications, des traités de vulgarisation médicale, des vies de saints nécessaires pour les pélerinages, ou encore des sotties, des farces, des mystères…Devenus rares, terme judicieusement employé, Dominique Coq estime que les neuf dizièmes ont disparu durant les deux siècles qui ont suivi leur publication.Longtemps oubliés, ils sont devenus depuis le XVIIIe siècle, l'objet de convoitise de quelques grands collectionneurs, Chastre de Cangé, Guyon de Sardière, Lignerolles, Rothschild, Th. Dobrée et plus récemment, Edmée Maus.

Généralement attribuée à Alain Chartier, cette pièce d'amour courtois en prose et en vers se trouve toujours jointe à ses œuvres, notamment dans l'édition publiée par Galliot du Pré en 1529.

Les Demandes damours sont une des productions les plus répandues du Moyen Age, aussi en connaît-on diverses rédaction (Cf. Bulletin des anciens textes français, 1875, 25 et 30). Notre édition suit celle publiée par Jean Trepperel vers 1490 qui débute ainsi :" Je vous demande se Amours avaient perdu leur nom, comment les nommeriez-vous ? - Responce : Plaisant sagesse. " La dernière question est celle-ci :" Beau sire, je vous demande si ioye au cœur dung amant croist par bon espoir. - Responce : Ouy car bon espoir est le plus grant bien qui soit en amours apres mercy ".

Tchemerzine, à l'article Chartier, recense 13 éditions des Demandes d'amours, de 1495 environ à 1540, recensement qui est sans doute encore très incomplet. Notre édition s'ouvre par un grand bois presqu'à pleine page représentant un homme discourant surmonté d'une banderole vide dénommé Le docteur portant un rouleau par Harrisse, Excepta Colombiana (n° 63), accolé à une femme surmontée également d'une banderole vide dite La femme à la résille (v. reproduction dans Harrisse, p.108). Ces deux bois, accolés ensemble ou avec un autre, avec ou sans bordure, se retrouvent dans un certain nombre d'ouvrages publiés par Jean Trepperel, notamment Le Verger d'Honneur ou le Jardin de Plaisance et réutilisés par sa veuve en association avec Denis Jeannot. L'activité de la Veuve Trepperel se situe entre 1511 et 1525 ; la netteté du bois qui ne présente aucune cassure permet de dater notre édition du tout début de son activité, vers 1511 et au plus tard vers 1520.

Exemplaire en parfaite condition, réglé.

Provenance : Nodier (Cat., 1844, n° 985) ; Lignerolles (Cat., 1894, n° 2007).

Gay, Bibliographies de l'amour et des femmes, I, 849-850 (cite cet exemplaire) ; Tchemerzine, Bibliographie d'Editions Originales…, III, pp. 302-310 ; Rothschild, II, 1830-1832 (ed. de 1420, 1525, 1540) ; Brunet, II, 580-581 ; D. Coq., Les Tribulations des plaquettes gothiques, R.B.N., n° 33, pp.47-53.

Voir la reproduction, page 16

2. CHARTIER (A.). Les Œuvres. Paris, Galliot du Pré, 1529, in-12 réglé, maroquin rouge, plats ornés au centre d’une couronne de laurier, dos à nerfs orné, doublure de maroquin bleu entièrement décorée d’ovales de feuillages contenant une fleur, tranches dorées (Thibaron-Joly).

Première édition en lettres rondes des Œuvres d'Alain Chartier (1385-1433), considéré en son temps comme le père de l'éloquence française.

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Secrétaire du roi Charles VII, Chartier tenta de mobiliser les Français en faveur de celui-ci. Sa renommée fut considérable jusqu'à la fin du règne de Henri III.

L'édition, la dernière publiée au XVIe siècle, s'intègre dans la petite collection des poètes anciens, publiée par Galliot du Pré.Son économie s'inspire fidèlement de celle de l'édition donnée par le même en 1526. Elle contient son œuvre en prose et en vers.Le volume débute par Curial, pièce en prose décrivant les misères de la vie à la Cour, puis suit le Quadrilogue, dialogue entre le peuple, le clergé et la France, montrant ainsi l'état du pays à la veille de l'épopée de Jeanne d'Arc.On trouve ensuite les poèmes : Petit Libelle au roy, Bréviaire des nobles, Réveille-matin, la Belle Dame sans Mercy, poème qui fut contredit, débattu et imité, le Livre des quatres Dames, cantate funèbre sur le désastre d'Azincourt, l'Hopital d'amours, faussement attribué à Chartier, ainsi que la Pastourelle de Granson. Le reste de l'œuvre poétique consiste en complaintes et ballades, dont le Régime de Fortune.

8 jolies vignettes gravées sur bois et initiales sur fond criblé. Le titre, imprimé en caractères rouges et noirs, porte la marque de Galliot du Pré.

Exemplaire de choix, très grand de marges (142 x 83 mm), dans une élégante reliure dont le décor de la doublure est à l'imitation de ceux qui étaient réalisés pour P. Duodo.

Provenance : ex-libris de la bibliothèque du baron Double (Cat., Cabinet d'un Curieux, 1892, n° 160, “… un des plus grand qui se puisse voir… ”).

Tchermerzine, III, 300 (cite cet exemplaire) ; Rothschild, I, 441 ; Barbier, Ma bibliothèque poétique, I, 17 (2 exemplaires, hauteur 136 et 133,5 mm.)

1 - chartier

Edition originale de la traduction française de l'ouvrage de Rondelet, Libri de piscibus marinis, qui selon le système de périodisation de l'évolution scientifique établi par Fritz Krafft et repris par Anne Baümer dans son livre Zoologie der Renaissance - Renaissance der Zoologie, est à classer dans la troisième et dernière phase, phase dite de la révolution scientifique, où les méthodes et les théories de l'Antiquité, ne sont plus qu'une base théorique qui guide les recherches en permettant d'atteindre des résultats distincts de ceux de l'Antiquité, le chercheur donnant plus d'importance à ses propres observations qu'à la tradition.

Avec Rondelet qui classe la faune aquatique par genre et espèce, selon une démarche de type scientifique, et Aldrovandi, dans une moindre mesure, qui poursuivit et développa cette tentative, la révolution scientifique de l'ichtyologie est accomplie. On ne peut en dire autant des ouvrages de Belon, Salviani et Gessner, qui se contentent d'accorder encore le primat aux textes de la tradition.Il faudra attendre le Systema Naturae de Carl Von Linné (1707-1778), paru en 1758, pour que l'ichtyologie évolue de nouveau.

Pour accompagner son texte, Rondelet, fit graver des bois d'après ses propres dessins ou sous son contrôle, par G. Reverdy, l'un des artistes préférés des imprimeurs lyonnais et que Natalis Rondot n'hésite pas à comparer à Bernard Salomon et Pierre Eskrich.Katarina Kolb, dans son Essai sur les traités des Poissons de la Renaissance, insiste sur la supériorité manifeste de ces gravures, en dépit de leur petit format. Aucun détail significatif n'y est omis, contrairement à ce qu'on observe chez Aldrovandi et surtout chez Belon, où chaque espèce a subi une grande

3. RONDELET (G.). L'Histoire entière des poissons… Lyon, Mace Bonhome, 1558, 2 parties en un vol. gr. in-4° (286 x 197 mm.), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).

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schématisation. Cette transformation ne se produit pas dans les gravures de G. Reverdy qui emprunte réellement les formes à la nature.Toujours selon cette dernière, notre meilleure spécialiste de l'ichtyologie de la Renaissance, ces gravures ne redoublent pas les indications textuelles, comme chez Belon, leur exactitude dispensant de donner des descriptions dans le texte qui peut, dès lors, être consacré aux problèmes anatomiques ou à l'utilisation médicale des animaux marins.

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Le soin du détail, la luminosité suggérée par les hachures, l'aspect vivant des espèces, l'utilisation des contrastes et la copie minutieuse, permirent d'assimiler ces images à des emblèmes. Elles fixèrent pour plus de deux siècles des nouvelles normes dans la représentation des animaux marins.Le cycle iconographique constitué d'un portrait de l'auteur et d'environ 420 bois gravés, est complété par une élégante série d'initiales à fond floral.

Superbe exemplaire de cet ouvrage fondamental, à la fois par son texte et son illustration, pour l'histoire de l'ichtyologie.

Rare dans cette condition.

Provenances : Paris (Cat., Biblioth. Parisiana, Londres, 1780, n° 124) ; Pichon (Cat., 1869, n° 176) ; Renard (Cat., 1881, n° 287).

Nissen, 3475 ; Norman, II, n° 1848 ; D.S.B., 11-12, pp. 527-528 ("… Rondelet's reputation effectively depends on his massive compendium an aquatic life… it laid the foundations for later ichthyological research and was the standard reference work for over a century") ; Baudrier, X, n° 259 ; Brunet, IV, 1373 ("Cette traduction est un peu plus recherchée que l'original latin") ; Laurent Pinon, Livres de Zoologie de la Renaissance, une Anthologie (1450-1700), n° 20 (Attribue la traduction à Laurent Joubert) ; Katarina Kolb, Graveur artistes & Hommes de Science, 1996 ; Bogaert-Damin-A.Piron, Livres d'animaux du XVIe au XXe siècle, n° 5.

4. COLONNA (Fr.). Hypnerotomachie ou discours du Songe de Poliphile, déduisant comme amour le combat a l'occasion de Polia... Nouvellement traduite de langage italien en François. Paris, Kerver, 1561, in-folio (341 x 224 mm.), maroquin havane, plats ornés d'un grand décor d'entrelacs, dos à nerfs orné de même, bordure intérieure de même maroquin, tranches dorées (Hardy-Mesnil).

Dernière et la plus importante des trois éditions sorties des presses de Kerver, de la première traduction française du plus beau et du plus célèbre livre italien de la Renaissance publié à Venise en 1499 par Alde.

L'Hypnerotomachie constitue une des fascinantes énigmes de la Renaissance. En effet malgré toutes les savantes études qui ont été faites, on ne peut établir d'une façon certaine qui en fut l'auteur.Ce roman anonyme en forme de vision, est à la fois le récit du songe amoureux de Poliphile qui poursuit puis retrouve dans un décor de ruines, d'architectures à l'antique et de jardins, sa bien-aimée Polia et un essai de recréation du monde antique, fondement d'une esthétique idéale.Son influence sur l'architecture, l'art des jardins et la littérature est considérable.Le texte est divisé en deux parties, elles-mêmes articulées en 38 chapitres, dont les initiales reliées entre elles donnent en forme d'acrostiche, la phrase suivante : " Poliam frater Franciscus Colonna peram avit ".D'après certains historiens, le nom cité dans l'acrostiche serait celui de l'auteur. Il s'agit de Francesco Colonna.

On doit cette traduction à Jean Martin bien que ce dernier précise dans son Avis au lecteur : " ... un miè amy qui avait la copie de ce livre, me l'apporta pour me la comuniquer et apres plusieurs propos me pria que par

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amour de luy ie voulusse prendre la charge de la revoir. Ce que ie luy accorday, ... et de faict me trouvàt pour l'heure un petit de loysir, comencay en sa présence à changer no seulemnt quelques ortographes qui ne nous sont plus usitées, mais d'avantage à transposer quelques mots qui retenaient encore de la fraze italienne, tant corrompue que véritablement ie m'esbahy comment ce gentilhomme en avait peu si bien venir à bout..."Au verso du titre figure un texte en latin de la main de Gohory que ne contenait pas la première édition française de 1546.

Dédiée au Comte Henri de Lenoncourt, gouverneur de Valois, cette édition est illustrée d'un beau titre à bordure historiée et de 181 bois, dont 13 à pleine page. Seul l'un d'eux a été modifié ; il s'agit de celui qui est imprimé au verso du feuillet B6. Une série d'initiales à fond criblé ainsi que de nombreux bandeaux complètent l'iconographie.

Les initiales formant le célèbre acrostiche ont été revues par rapport à ceux des éditions précédentes.

Par sa mise en page et son illustration typique de l'école de Fontainebleau, nous avons là un ouvrage spécifiquement français, qui est l'un des plus beaux livres de la Renaissance.

Exemplaire, réglé. Les bois sont très bien venus. Il est exceptionnel par sa dimension. Un exemplaire en parchemin ivoire de l'époque, ayant figuré récemment au catalogue d'un libraire parisien, n'offrait pas de telles marges (334 x 214 mm).

Provenance : Louis Michaud ; Fr. Raggazoni.

Mortimer, French Books XVI, 147 ; Brun, p.174.

5. PALLADIO (A.). I quattro libri dell'Architettura. Venice, Dominicho Franceschi, 1570, 4 parties en un vol. in-4° de 166 ff., sign A2, B-II4, KK4, AAA-FFF4, AAAA-RRRR4, vélin blanc, dos à nerfs, tranches mouchetées (reliure du XVIIIe siècle).

Edition originale.

Des traités italiens d'architecture du XVIe, le I quattro libri dell'Architettura de Palladio est le plus influent.Ayant reçu une solide formation d'architecte, par opposition à ses contemporains qui en étaient très souvent dépourvu, Palladio expose un savoir qui semble préexister à son œuvre, donnant ainsi à son texte une rigueur et une clarté qu'aucun traité d'alors n'avait offertes. Pendant plusieurs siècles et encore aujourd'hui, architectes, écoles et civilisations les plus variées se réclament de son enseignement, plus particulièrement en Angleterre.

L'ouvrage est formé de 4 livres, le premier décrit les cinq ordres et les principes de base de l'édification ; le second traite des palais et villas, type de construction auquel Palladio consacra l'essentiel de son temps, lui accordant dans ses activités une priorité jamais concédée jusque-là par aucun architecte de la Renaissance. Le troisième livre s'intéresse aux espaces publics, le dernier évoque les modèles antiques dont l'influence persistante s'exerça sur les réalisations de l'architecte de Vicenza.Chaque livre est annoncé par un beau titre-frontispice, puis suivent en appui du texte un grand nombre de bois gravés ; au total on en compte 217 que les rédacteurs du catalogue Fowler attribuent aux frères Chrieger et à C. Coriolano.

Bel exemplaire. Quelques restaurations.

Fowler, 212 ; Berlin Catalog, 2592 ; Mortimer, Italian 16 th Century Books, 352 ; Printing and the Mind of Man, # 92 ; Wiebenson, Architectural theory and Practice, I-25 ("The quattro libri exerted an astonishing impact on the architects and architecture of the centuries following its publication, and helped Palladio the most imitated architect of all time") ; Masson, Italian Gardens, pp. 206-207.

6. [...]. Voyage du Roy à Metz. L'occasion d'iceluy : Ensemble les signes de rejouyssance faits par les habitants, pour honorer l'entrée de sa Majesté. S.l. [Metz], Abr. Fabert, s.d. [1610], in-folio (299 x 192 mm.), vélin ivoire, plats ornés d'un décor argenté oxydé, filets en encadrement, petit motif floral en angle, couronne de lauriers au centre, dos lisse orné, tranches dorées (reliure de l'époque).

Seule et unique édition de ce livre de fêtes, relatant l'entrée de Henri IV à Metz en mars 1603. Il fut publié sept ans plus tard, soit en 1610, l'année où Ravaillac assassina Henri IV dans son carrosse, alors accompagné du duc d'Epernon.

Affaibli par les guerres de religion, le pouvoir royal tente de rétablir son autorité sur le royaume.Si la puissance royale est présente à Metz avec une poignée de soldats dans la citadelle, un gouverneur ou son lieutenant, un président royal et ses assesseurs, ce qui prévaut c'est la fidélité du gouverneur. Or, depuis 1583, la ville est aux mains de Nogaret de la Valette, avec Jean-Louis, duc d'Epernon (1554-1642). Il place sa famille, se constitue une clientèle et rêve de se tailler aux portes du royaume une véritable principauté, semblable à celle de Bouillon Sedan. Ni ses visées ni une évolution qui les transforme peu à peu en sujets, ne sont du goût des Messins, d'autant que leur situation se trouve compliquée : un tiers d'entre eux sont de religion protestante. Différentes circonstances d'ordre politique faciliteront le progrès de l'emprise royale, notamment la venue de Henri IV, afin d'y jouer son rôle de protecteur et d'y rétablir la sérénité.

Héritier des relations d'entrée royales du XVIe siècle, le livre de fêtes devient plus imposant au XVIIe siècle, à la fois par son format et sa présentation. Il connaîtra son plein épanouissement sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV, où ils devient le fruit d'entreprises coûteuses et de longue haleine.L'un des chefs-d'œuvre de l'édition lorraine, sorti des presses d'Abraham Fabert, conseiller du Roi, maître échevin, et surtout célèbre pour la qualité de ses impressions. Il édita la plupart des ouvrages illustrés ou en partie par Alexandre Vallée.

Dès le XVIe, puis surtout au XVIIe siècle, lorsque la gravure s'impose comme un art majeur, les graveurs lorrains figurent parmi les plus grands : Gabriel Salmon, Pierre Woeriot, Alexandre Vallée, Appier Hanzelet, Callot, Claude le Lorrain… Ils contribuèrent à en améliorer la technique.Le cycle iconographique se compose d'un frontispice héraldique représentant les armoiries du duc d'Epernon,

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d'un titre imprimé dans un encadrement architectural gravé avec le portrait d'Henri IV, les deux signés Alexandre Vallée, d'une vue repliée qui passe pour être la plus ancienne représentation de l'aqueduc romain de Jouy aux Arches, qui alimentait en eau la ville de Metz, de 15 planches simples ou double (1) gravées en taille-douce, d'un plan replié de la ville de Metz (ici habilement restauré), et d'une carte du pays messin.Parmi les 15 planches simples ou double représentant les cortèges, les arcs de triomphe, les décors… trois se distinguent : l'une figure Henri IV à cheval, sous un dais, l'autre montre Marie de Médicis portée sur une litière. La dernière et de loin la plus spectaculaire, illustre un spectacle pyrotechnique ( " Combat nocturne et autres artifices, executez devant leurs Maiestez, par le sieur Abraham Fabert. " )Le reste de l'ornementation consiste en initiales et culs-de-lampe.

Exceptionnel exemplaire, très délicatement colorié à l'époque avec rehauts d'or et d'argent, ayant appartenu à Jean Ballesdens, collectionneur réputé de livres et de manuscrits. Le chancelier Seguier en fit son secrétaire particulier, puis en 1643, le précepteur de ses petits-enfants. A sa mort, il lègua ses manuscrits à Colbert.Nous n'avons trouvé aucune trace d'un autre exemplaire ainsi colorié, excepté celui de la vente Firmin-Didot, également cuirassé d'une reliure de l'époque en vélin.

Provenance : Jean Ballesdens (? - 1674) qui a inscrit, comme à son habitude, son nom sous le titre imprimé, J. Ballesdens, A. ; un numéro ancien d'inventaire, n° 1351 ; collection particulière.

Vinet, Bibliographie méthodique et raisonnée des Beaux-Arts, 481 ; Ruggieri, 352 (ex. en noir) ; Destailleurs, 228 (ex. en noir) ; Firmin-Didot, 516 ; Brunet, II, 1147 ; Hauser, Les Sources de l'histoire de France, T. 3, 4, 3202 ; Henri Claude, Les Graveurs lorrains et l'Art du livre, 1994, pp.7-15.

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5 - palladio

7. [...]. Permission (La) aux servantes de coucher avec leurs maistres. S.l.n.d. [circa 1620], in-12 de 8 ff., maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (A. Motte).

Edition originale de cette facétie fourmillant de métaphores érotiques.Elle fut réimprimée dans les Variétés historiques de Fournier.

Ce genre littéraire prit une ampleur au début du XVIIe siècle. Publiées anonymement, ces pièces étaient souvent alors réunies en recueil. Parmi les plus célèbres, on peut citer : Le Débat des lavendières de Paris avec leur caquet ; Le Voyage racourcy, de trois bourgeoises de Paris, avec leur ruse et finesse ; La Consolation des femmes veuves de Paris ; Parfaict macquereau suivant la cour…

Exemplaire à grandes marges, établi par A. Motte. D'abord ouvrier chez Trautz, il succéda à ce dernier en 1879. Quelques mois plus tard, il vendit l'atelier à Thibaron-Joly.

Provenance : Lignerolles (Cat., 1894, 1975).

Lemonyer, Bibliographie des ouvrages relatifs aux femmes et au mariage, III, 691 ; non cité par Rothschild.

Voir la reproduction, page 16

8. SULLY (M. de Bethune). Mémoires des sages et royales oeconomies d'estat, domestique, politiques et militaires de Henry Le Grand... et des servitudes utiles obeissances convenables & administration loyales de Maximilien de Bethune. A Amstelredam [Angers], chez Alethinosgraphe de Claeretimelce & Graphexechon de Pistariste [Jacques Bouquet], [1639-1640], 2 vol. in-folio de 6 ff. n. ch., 704 pp. dont l'errata ; 4 ff. n. ch., 744 pp., un f. n. ch. d'errata ; maroquin rouge, double encadrement de filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés aux petits fers dorés, tranches dorées (reliure de l'époque).

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7 - la permission aux servantes…

Edition originale, rare.

Ne pouvant paraître dans les conditions prévues par la législation royale en raison de leur contenu, Sully décida de faire imprimer clandestinement ses Mémoires dans son château, à Angers. A cet effet, il passa un contrat le 7 décembre 1638 avec un imprimeur d'Auxerre, Jacques Bouquet.L'ouvrage fut imprimé en 1640, et son tirage fut limité ; aujourd'hui encore, seul un petit nombre d'exemplaires en sont conservés dans les collections publiques et privées, et on ne la rencontre qu'exceptionnellement dans les catalogues de librairies.

Joliment imprimé en caractères romains, le volume s'ouvre sur une page de titre ornée de trois V, peints en vert ; ils symbolisent les trois vertus : foi, espérance et charité.

Ecarté des affaires publiques en 1611, Sully (1559-1641), huguenot convaincu, se mit à la rédaction de ses Mémoires dont il n'envisageait pas la publication, souhaitant revenir au pouvoir. Au fur et à mesure que cette perspective s'éloigna, il sortit de sa réserve, d'où les nombreux remaniements que l'on constate dans les différents manuscrits. C'est lors de la rédaction du quatrième état du texte qu'il se décida à livrer à la postérité son ouvrage, dont la première édition s'interrompt à l'année 1605. Il fallut attendre 1661 pour que la librairie Courbé en achève l'impression. En raison de sa faible diffusion et de ses accents polémiques, trois contrefaçons virent le jour : 1649, 1652 et une non datée.Dans ce long texte, foisonnant et parfois travesti, Sully dresse le bilan des services qu'il avait rendus à la France, dans la collaboration la plus étroite avec Henri IV, et ajoute à ce constat un développement futuriste et visionnaire, le célèbre plan de configuration européenne connu sous le nom de " grand dessein ", projet qui prit forme de nos jours avec certaines institutions internationales.Ces Mémoires rencontrèrent diverses fortunes, oubliés sous Louis XIV, ils connurent un regain d'intérêt au XVIIIe siècle, contribuant à forger la légende de Sully comme parangon du bon ministre et référence pour les physiocrates, qui établirent les deux composantes de Sully : prédilection pour la terre et l'agriculture, et soutien à la doctrine de la libre circulation, car sans liberté, pas d'économie.

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8 - sully

Exemplaire de qualité.Les reliures ont fait anciennement l'objet de quelques petites et habiles restaurations.

Kress, 537 ; INED, 4259 ; Hauser, 1464 & 2574 ; Brunet V, pp.589-590 ; Blanqui : " Le livre sera éternellement digne d'être consulté comme le point de départ des réformes économiques qui ont mis fin aux abus du Moyen Age et qui ont abouti à la Révolution Française " ; Coquelin & Guillaumin, II, 685.

9. LEONARDO DA VINCI. Trattato della Pittura di Lionardo da Vinci, novamente dato in luce, con la vita dell'istesso autore, scritta da Rafaelle du Fresne. Si sono giunti i tre libri della pittura, & il trattato della statua di Leon Battista Alberti, con la vita del medesimo… Paris, Jacques Langlois, 1651, 2 parties en un vol. in-folio (382 x 255 mm.), veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle).

Edition originale, dédiée à Christine de Suède.

Vers 1490, Léonard de Vinci forme le projet d'un Trattato de la peinture, afin de donner un nouveau statut à l'activité de peintre. Les notes qu'il formula concernent le métier, la technique et la théorie." La peinture est pour lui l'accomplissement suprême de l'activité spirituelle : elle est supérieure à la sculpture, qui ignore la couleur et le paysage ; elle est au-dessus de la poésie parce qu'elle explore les " œuvres de la nature " ; couvrant la totalité du réel et de l'imaginaire, elle suppose une sorte d'enquête scientifique permanente, dont elle manifeste les résultats. "Ce projet, initialement prévu sous forme d'un manuel, prit une telle ampleur qu'il devint de plus en plus difficile à maîtriser. Il ne vit jamais le jour du vivant de l'artiste.

Francesco Melzi (1491-1570), qui suivit Léonard pendant son second séjour à Milan, hérita de tous les écrits du maître qu'il emporta à la villa Vaprio d'Adda, où ils étaient régulièrement consultés et copiés. Il entreprit lui-même de faire compiler par deux scribes, le recueil qui devait porter le nom Trattato della Pittura. Ce travail resté inachevé aboutit à la bibliothèque des duc d'Urbino et passa, lors de l'acquisition du duché en 1626, à la bibliothèque du Vatican, qui le conserve toujours. Il est connu sous le nom de Codex Urbinas Latinus.Après le décès de Melzi, les écrits de Leonardo firent l'objet d'un vaste trafic et ce pendant plus d'un demi-siècle. Suite à cette dispersion anarchique, hormis quelques personnalités, plus personne ne connaissait réellement la teneur scientifique de ces manuscrits. Ils resteront inconnus jusqu'à la fin du XIXe siècle et l'on n'eut qu'une connaissance partielle de ses idées sur la peinture par la compilation du Trattato qui circulait sous forme de copies manuscrites, toutes plus ou moins complètes et parfois simplifiées.

Il semblerait que ce soit d'après une version issue du Codex Urbinas, en partie revue sur les textes, aujourd'hui conservée à la bibliothèque Ambrosienne, que R. du Fresne ait établi son édition. Elle se substitua alors à la tradition manuscrite et donna lieu à une série d'édition en français, en anglais, en espagnol, en italien jusqu'au début des années 1810, date où l'on retrouva le Codex Urbinas.

L'importance de cette édition est double. Elle représente le seul ensemble d'écrits de Léonard de Vinci connu jusqu'aux éditions méthodiques des manuscrits entreprises à la fin du XIXe siècle, et d'autre part, elle souligne l'importance du Codex Urbinas qui nous livre un grand nombre d'aperçus dont nous n'aurions pas connaissance par les manuscrits autographes subsistants.

Un portrait frontispice de Vinci, une vignette de titre, 3 vignettes en-tête, 3 lettrines, et 65 figures gravées en taille douce, d'après les dessins d'Errard.La tradition veut que ces dessins soient une interprétation de ceux de Poussin, eux-mêmes copiés sur un manuscrit du Trattato appartenant à Cassinao del Pozzo, le secrétaire du cardinal Barberini.La seconde partie est ornée d'un portrait frontispice d'Alberti, 9 vignettes, en-tête et culs-de-lampe, 4 lettrines et 16 figures en taille-douce.

Superbe exemplaire à belles marges, d'un ouvrage que l'on rencontre souvent en mauvaise condition.En début de volume, petite restauration en marge des feuillets.

Provenance : Jean-Baptiste Descamp (1716-1791), peintre d'intérieur et écrivain, neveu de Louis Coypel. Il étudia avec Ulin et Largillière.

Cicognara, 232 ; Fowler, 180 (Ed. de 1733) ; Wiebenson - Baines, The Mark J. Millard, French Books, vol. I, n° 95 ; Chastel, Leonard di Vinci, Traité de la peinture, pp.44-45 ; Benezit, IV, p. 474.

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10. LA FONTAINE (J. de). Fables Choisies mises en vers par M. de La Fontaine. Fables choisies… seconde partie. Paris, Denys Thierry-Claude Barbin, 1668, 2 vol. in-12 - Fables Choisies mises en vers par Mr de La Fontaine. Troisième partie. Quatrième partie. Paris, Denis Thierry et Claude Barbin, 1678-1679, 2 vol. in-12 - Fables Choisies par Mr de La Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1694, un vol. in-12. Ensemble de 5 vol. in-12, maroquin rouge, filets à froid autour des plats, armes au centre, dos à nerfs ornés d'un chiffre entrelacé plusieurs fois répété, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Lortic, fils).

Réunion rarissime, en un seul corps, des éditions originales des divers livres des fables ; les deux premiers tomes reproduisent avec corrections et changements l'édition in-4° ; ils constituent la seconde édition originale.

L'illustration se compose de 235 figures gravées à mi-page, dues à François Chauveau, Nicolas Guerard ou non signées ; les vignettes des parties 1 et 2 sont au nombre de 118 ; pour les parties 3 à 5, on en compte respectivement 44, 44, et 29, en premier tirage.L'iconographie expressive et spirituelle, proche de celle d'un bestiaire, a été composée du vivant de l'auteur.

Précieux exemplaire aux armes et chiffre du Prince d'Essling, parfaitement conservé, dans de sobres reliures de Lortic.Cette réunion est exceptionnelle, elle manque à la plupart des grandes collections des classiques français du XVIIe siècle, Tchemerzine n'en cite aucun exemplaire.

Rochambeau, Bibliographie des Œuvres de La Fontaine, n° 5.

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11. LA FONTAINE (J. de). Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine, & par lui reveües, corrigées et augmentées. A Paris, chez Denis Thierry et Claude Barbin, 1678-1679, 4 volumes. - Fables choisies. Par M. de La Fontaine. A Paris, chez Claude Barbin, 1694. Ensemble de 5 volumes in-12 (149 x 87 mm.), maroquin rouge janséniste, dentelle intérieure, tranches dorées (Chambolle-Duru).

Edition originale collective des Fables de la Fontaine, la seule qui ait été imprimée sous les yeux de l'auteur.

Le tome 1er et la deuxième partie contiennent, l'un 59 fables, l'autre 64, plus l'Epilogue avec les figures dessinées et gravées par Chauveau pour l'édition in-4° de 1668.La troisième et la quatrième partie contiennent, l'une 46, l'autre 45 fables qui n'avaient point encore été publiées, sauf les huit fables parues en 1671, sous le titre Fables nouvelles et qui sont réparties dans les deux volumes.

Le tome de 1694 nous donne également en première édition 27 fables nouvelles plus Belphégor, Les Compagnons d'Ulysse, Daphnis, Les filles de Minée, et l'envoi au Duc de Bourgogne pour la fable V (Le Vieux Chat et la Jeune Souris).

L'illustration se compose de 235 vignettes à l'eau-forte de François Chauveau, N. Guerard, ou non signées. Les vignettes des parties 1 et 2 sont celles de l'édition de 1668. Il s'y ajoute, pour les parties 3 à 5, respectivement 44, 44 et 29 vignettes en premier tirage.

Bel exemplaire.Le T. I est comme presque toujours sans le feuillet volant d'errata.

Rochebilière, Bibliographie des éditions originales d'auteurs français des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, p.59, n° 168 (A propos du feuillet d'errata : " Ce feuillet manque la plupart du temps ") ; Rochambeau, Bibliographie des œuvres de La Fontaine, n° 15.

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12. LA FONTAINE (J. de). Contes et Nouvelles en vers. Amsterdam, Henry Desbordes, 1685, 2 tomes en un vol. in-12 (158 x 99 mm.), maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, avec petite rosace aux angles, dos lisse très finement orné d'un décor ondulé à répétition, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).

Première édition collective et la première illustrée, publiée du vivant de l'auteur.

Les Contes sont l'un des deux genres qui assureront à son auteur le succès auprès de ses contemporains et la postérité.Il puise chez les auteurs anciens, Boccace, l'Arioste, Les Cent Nouvelles Nouvelles, Rabelais, Machiavel… qu'il connaît bien et apprécie, le canevas de ses histoires, pour offrir à ses lecteurs des adaptations en vers irréguliers, naturels et proche de la prose, ou en décasyllabe de style marotique, fort goûtées. Les Contes, parfois jugés lestes et scabreux par la censure, connaîtront le succès dès leurs premières publications.Au XVIIIe ils s'imposeront comme l'une des sources d'inspiration de l'art galant.

A la différence des Fables, les éditions originales des Contes seront publiées sans illustration. Il faudra attendre 1685 pour une première édition illustrée, soit dix ans après que la quatrième partie ait été frappée par la censure et deux ans après l'élection de La Fontaine à l'Académie. Publiée sans privilège du Roi, à Amsterdam, chez Henri Desbordes, elle comporte un frontispice et 58 vignettes à mi-page de Romain de Hooghe qui donnent naissance à un exercice de style pratiqué par plusieurs générations d'artistes. L'édition fit l'objet de réimpressions et de plusieurs contrefaçons.

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Superbe exemplaire de premier état et à belles marges, provenant de la bibliothèque Rahir. Les gravures sont d'un tirage lumineux. Il est conservé dans une reliure que le rédacteur du catalogue de la vente Rahir donne à Derome. Cette attribution est juste, le décor ondulé du dos étant similaire à celui des Lettres d'Abéliard et d'Héloïse… présenté par Seymour de Ricci, volume qui porte l'étiquette de Dérome le Jeune, exerçant alors rue St-Jâque au-dessus de St-Benoist.

L'exemplaire présente la particularité d'avoir la vignette du Villageois qui cherche son veau en double état, le second se substituant à celle de l'Anneau d'Hans Carvel.

Provenance : T.N. Abdy ; Earl of Gosford dont la vente eut lieu à Paris en 1882 ; Rahir (Cat.V, 1937, n° 1430).

Tchemerzine, VI, p. 375 ; Landwehr, Romeyn de Hooghe, n° 62, p. 149 ; Seymour de Ricci, French signed Bindings in the Mortimer L. Schiff Collection, I, n° 60.

13. RACINE (J.). Bérénice. Paris, Cl. Barbin, 1671, in-12, veau marbré, dos lisse finement orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle).

Edition originale de cette tragédie en cinq actes dédiée à Colbert, considérée à l'époque comme un chef-d'oeuvre, mettant en scène trois personnages luttant contre leurs passions et triomphant d'elles.Elle fut jouée pour la première fois le 21 novembre 1670 à l'hôtel de Bourgogne.

Exemplaire séduisant, en reliure du XVIIIe, condition des plus rares.

Un mors légèrement fendu.

Hauteur : 135 mm.

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14. LA FAYETTE (Mme de). Zayde, Histoire espagnole, par Mr de Segrais. Avec un traité de l'origine des romans par Monsieur Huet. Paris, Cl. Barbin, 1670-1671, 2 vol. petit in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plat, dos à nerfs ornés, roulette dorée intérieure (Trautz-Bauzonnet).

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Edition originale rare de ce roman publié sous le nom de Segrais, qui reconnut qu'il n'en n'était pas l'auteur lorsque Madame de La Fayette en revendiqua la paternité. Huet, dans son traité De l'origine des Romans, ici en édition originale, le confirma.En revanche, Segrais l'initia aux techniques romanesques et l'aida pour la disposition de son livre.

Superbe exemplaire, dont les deux volumes sont d'une taille identique.Condition rare et recherchée.

Dimension : 162 x 96 mm.

Voir la reproduction, page 16

15. SAINT-AUGUSTIN. Les Confessions. Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1712, in-12, maroquin vert olive, roulette dorée autour des plats, dos à nerfs, les caissons respectivement mosaïqués de maroquin rouge, citron, bleu, l'ensemble richement orné aux petits fers, doublure de maroquin rouge ornée d'une roulette dorée, tranches dorées (reliure de l'époque).

L'un des textes majeurs avec la Cité de Dieu du théologien latin Saint-Augustin qui demeure l'initiateur et l'animateur de la pensée catholique et de la philosophie chrétienne.

Dans ses Confessions, Saint-Augustin raconte sa jeunesse jusqu'au moment de sa conversion. L'ouvrage est la première grande autobiographie et constitue l'archétype de ce genre littéraire.

Traduction de du Bois faite sur l'édition latine des pères bénédictins de la congrégation de Saint-Maur.

Un frontispice de J.-B. Corneille interprété par Noblin.

Exemplaire réglé dans une ravissante reliure doublée strictement contemporaine.Les plats sont ornés d'une austère roulette de lis au naturel, et le dos mosaïqué est orné de multiples petits fers, parmi lesquels des cœurs enflammés percés de flèches ou flammes, symboles de l'amour divin.

16. BEAUMONT (P.-F.). Gouverneurs, lieutenans de Roy, prevôts des marchands, échevins, procureurs, avocats du Roy, greffiers, receveurs, conseillers, et quartiniers de la ville de Paris. S.l.n.d., [1735-1755], in-folio (426 x 277 mm.) de 174 ff. gravés ou manuscrits, maroquin rouge, large dentelle sur les plats avec fleurs de lys dans les angles, armes au centre, dos à nerfs orné d'un fleur de lys plusieurs fois répétée, tranches dorées (reliure de l'époque).

Edition originale de cet ouvrage entièrement gravé, présenté dans Heraut d'Armes comme la seule autorité officielle héraldique de la ville de Paris. C'est en quelque sorte un historien de la capitale, racontant Paris avec ses évènements, ses personnages et ces grandes figures.

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16 - beaumont

Nommé prévôt des Marchands en 1729, Michel-Etienne Turgot, père de Jacques, le ministre de Louis XVI, commanda successivement deux ouvrages, un plan de Paris en 1734 à Bretez, et en 1735, ce recueil d'armoiries à Beaumont, graveur ordinaire de la Ville, terminé en 1755, date que porte le blason le plus tardif. Il représente celui de Pierre Richard Boucher, reçu conseiller le 27 juin 1755.Des feuillets supplémentaires gravés avaient été prévus pour permettre une mise à jour ; ainsi de 1755 à 1785, armoiries et nom des nouveaux promus furent gravés sur des feuillets volants puis collés dans les blancs qui leur étaient impartis.Du Moyen Age à la Révolution, au moins cent vingt-six prévôts des marchands se sont succédés à la tête de Paris, depuis d'Evreux de Valencienne nommé par le Roi Saint-Louis en 1263, jusqu'à Jacques de Flesselles en 1789.

L'exemplaire est intéressant à la fois par sa provenance, par la manière dont il a été constitué, et par la qualité et la fraîcheur de sa reliure.

Il est aux armes de Armand-Jérome Bignon (1711-1772), qui accéda en 1764 à la fonction de prévôt des Marchands au lieu de Jean-Baptiste Elie Camus de Pontcarré, et ce jusqu'en 1772, date de son décès. On est tenté de penser que le volume lui fut offert lors de cette nomination.

D'autre part, il a été constitué avec soin. Il s'ouvre sur un titre finement calligraphié, portant un chiffre entrelacé qu'il nous a été impossible de déchiffrer, et s'achève par une table de 18 ff. manuscrits, reprenant les personnages cités. Le nom de Bignon est le seul à avoir été calligraphié dans un caractère plus grand et avec une encre de couleur différente.Il est l'un des plus complets que nous ayons rencontrés. Il prend fin le 14 juillet 1789 avec la nomination de Jacques de Flesselles, le dernier des prévôts des Marchands, assassiné le jour de la prise de la Bastille. En outre, ont été ajoutés six échevins, deux conseillers et un quartinier, chacun étant représenté par son blason, ici manuscrit.

Le vocabulaire ornemental et l'impression qui s'en dégage, nous permettent d'attribuer cette reliure à Louis Douceur. Elle appartient à la même famille que celles des Fables de La Fontaine (1755-1759) de la vente Rahir (Cat.III, 1935, n° 82), de l'Edit de Création de la charge du Lieutenant Général de Police de la Ville (1748), ayant figuré au catalogue d'une vente anonyme (Cat., 7 mai 1969, n° 58), du Wastelain (1761) de la vente Esmérian (Cat. II, 1972, n° 117), et du Chabert (1753) de la vente Beraldi (Cat. II, 1934, n° 45), chacune ayant été donnée à Douceur, excepté celle du Chabert attribuée alors à Padeloup, mais depuis, cette attribution a été corrigée par les rédacteurs du catalogue Esmérian qui ont reconnu la main de Douceur.Louis Douceur, reçu maître en 1721, s'intitulait relieur du Roy, parce qu'il était titulaire par décret royal, de la charge du dépôt des Affaires étrangères. Il décéda en 1769.

Saffroy, II, 24994 ; Héraut d'Armes, 1861, T.I, p.242-247 ; Mareuse, 2601 ; Thoinan, Les Relieurs français, (1500-1800), p.231 ; Olivier, 871.

Voir la reproduction en frontispice

17. [...]. ALMANACH ROYAL. Année M.DCC. LXI... Paris, Le Breton, [1761], gr. in-8° (210 x 127 mm.), maroquin vert olive, sur les plats large plaque dorée de style rocaille, cartouche central festonné, mosaïqué de maroquin rouge, armes peintes, dos lisse orné de fleurs de lys plusieurs fois répétées, tranches dorées (reliure de l'époque).

L'Almanach royal parut pour la première fois sous ce titre en 1700 et ne cessa de s'étoffer au fil des ans. De simple calendrier assorti de vagues considérations politiques, il devint ainsi un véritable annuaire officiel donnant une multitude de renseignements sur tout ce qui avait trait au royaume et même au-delà. Le caractère annuel de cette publication l'imposa aisément comme cadeau d'étrennes, les grands personnages le faisant luxueusement relier à leurs armes.

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Exemplaire imprimé sur grand papier aux armes peintes sur mica de Madame Victoire (1733-1739), l'une des filles de Louis XV.Le tirage et l'élégance de la reliure de style rocaille laissent indiquer qu'il s'agit de l'exemplaire personnel de cette princesse, qui l'offrit à son écuyer, M. Montigny.

Bien que non signée, la reliure présente toutes les caractéristiques des productions de Pierre Paul Dubuisson, qui succéda à Michel-Antoine Padeloup comme relieur du Roi. Il mourut le 15 juin 1762.Il exécuta une reliure semblable pour Marie-Leczinska. Elle a figuré au catalogue de 1910, Livres dans de riches reliures… de la librairie D. Morgand, sous le numéro 171 f.

Superbe condition.

Provenance : Madame Victoire ; Montigny, l'écuyer ordinaire de Madame Victoire (Almanach Royal. Paris, Le Breton, 1774, p.162) et selon une note manuscrite, "argentier des enfants de France en 1775" ; Bibliothèque de Mme N. (Cat., 29 mars 1979, n° 8 avec reproduction en couleurs).

Thoinan (E.), Les Relieurs français (1500-1800), pp. 265-267 ; Olivier, 2514.

18. CARMONTELLE (L. Carrogis, dit). Jardin de Monceau, près de Paris, appartenant à son altesse sérénissime monseigneur le Duc de Chartres. Paris, Delafosse, Née et Masquelier, 1779, in-folio (540 x 371 mm), demi-veau moucheté à coins, dos à nerfs orné, tranches lisses (reliure de l'époque).

Edition originale et premier tirage.

Carmontelle publia cet album en réponse aux violentes critiques qui s'étaient abattues sur lui et son jardin, ce qui tend à renforcer le rôle précurseur que joua notre homme. Pour réussir cette entreprise, il eut recours à la souscription, le prix d'un tel ouvrage étant déjà élevé.

Louis Carrogis, dit Carmontelle, apparaît comme le parangon de la culture raffinée du milieu du XVIIIe siècle où le goût pour le divertissement tend à la perfection.D'extraction modeste et autodidacte doué, il fut tour à tour auteur dramatique, metteur en scène, dessinateur de costumes, ordonnateur de fêtes, peintre, graveur et créateur de jardins.

Le Duc de Chartres, après avoir fait construire une petite maison sur les hauteurs de Mousseaux, où il se plaisait à recevoir ses intimes : Lauzun, Chabot, Fitz-James, Dufort ou Monville dans de joyeux dîners, demanda en 1773 à Carmontelle de lui créer un espace de plaisirs, qui deviendra l'un des plus beaux jardins pittoresques du temps.Connu sous le nom de Folie de Chartres, il marqua une phase spécifique du style irrégulier en France.S'opposant aux modèles naturels anglais contemporains, rompant avec certains imitateurs français comme Jean-Marie Morel, s'inspirant des jardins de promenade japonais, Carmontelle revendiqua un art des jardins relevant de l'illusion et de la fantaisie, où se succédaient tout au long de la promenade des scènes, qui étaient autant d'invitations à voyager dans tous les temps et dans tous les lieux.Ainsi il conçut 17 points où le promeneur pouvait s'arrêter, pour contempler la vue. Composée à chaque fois comme un tableau, chacune d'entre elles fut organisée selon un vocabulaire où toutes les tendances étaient représentées : Antiquité revisitée, exotisme chinois ou turc, goût champêtre, ruines, tombeaux égyptiens, naumachie, minaret, moulin à vent hollandais, petit temple en rotonde de marbre blanc, pyramide… Son but était d'offrir non seulement de beaux paysages, mais aussi de railler les théories d'alors, et de faire apprendre en amusant. La Folie de Chartres était une recherche du plaisir qui affirmait un propos éducatif.

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Un plan général et 17 planches gravées imageant les 17 points de vues où le promeneur pouvait s'arrêter, illustrent l'ouvrage. Interprétées d'après les dessins de l'auteur, elles ont été gravées par Bertrand, Cauché, J. Le Roy, T. Deni, O. Michel, L'Epine, Michault, Croutelle, Colibon…

Exemplaire très frais, d'un beau tirage. Coupes et mors légèrement épidermés.

19. LESSON (R. Primevère). Les Trochilidées ou les Colibris et les Oiseaux-Mouches. Paris, Arthus Bertrand, [1832-1833], fort vol. in-8°, demi-maroquin rouge à grains longs, dos lisse orné d'un chiffre couronné en tête, non rogné (reliure de l'époque).

Edition originale.

66 gravures au burin par Oudet, imprimées en couleurs par Lesauvage, d'après les dessins de J.-G. Prêtre, A.-G. Bevalet et Audart, illustrent l'édition.

L'édition du livre d'oiseaux connut au XIXe siècle un essor sans précédent, fruit des récentes découvertes des techniques d'impressions, toujours plus sophistiquées, et du talent des dessinateurs.

En publiant cet album de dessins, l'auteur s'est attaché à reproduire avec tout le luxe qui le distingue une famille d'oiseaux, les trochilidées et les oiseaux-mouches, que la nature a richement dotée. Buffon les décrivait ainsi : " de tous les êtres animés, l'oiseau-mouche est le plus élégant par les formes et le plus brillant par les couleurs…"

L'un des 12 exemplaires sur papier grand raisin vélin, contenant un double état des planches, l'un en couleurs, l'un sur chine appliqué.

Superbe exemplaire, au chiffre de Marie-Louise.Quelques pâles rousseurs éparses n'atteignant que les feuillets de texte.

Provenance : […], Die Bibliothek Napoléons I und der Kaiserin Marie Luise, Berlin, 1931, n° 369.

Ronsil, 1774 ; Mc Gill-Wood, 433 ; Nissen, IVB, 549 ; Sitwell, p.117 ; Ripley, p.169 ; Anker, 294.

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20. CONSTANT (B.). Adolphe… Londres-Paris, H. Colburn-Treuttel et Würtz, 1816, in-12 (170 x 99 mm.), demi-veau prune, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l'époque).

Première édition parisienne.

Rédigée entre 1806 et 1810, ce roman d'analyse psychologique ne fut publié qu'en 1816 lors de l'exil de l'auteur à Londres. Il a pour trame la tumultueuse relation qui liait Benjamin Constant avec Madame de Staël, et met au jour ce mal dont souffrait l'auteur, son impuissance d'aimer.

Séduisant exemplaire, en reliure de l'époque, du deuxième état. Il est conforme aux caractéristiques énoncées par le catalogue de la Bibliothèque nationale :" C'est la composition de Crapelet, mais son nom a disparu in fine, probablement pour en permettre la vente en Angleterre. L'édition londonienne s'étant en effet beaucoup mieux vendue que la parisienne, il est probable que les invendus de Paris furent envoyés à Londres, après cette retouche, rendue nécessaire par certaines dispositions des lois anglaises ". (Bibliothèque nationale, Benjamin Constant, n° 197).

Provenance : ex-libris manuscrit Pierre Gauthier ; Librairie Chalvet ; Michel Bolloré.

21. TOCQUEVILLE (A. de). De la Démocratie en Amérique. Paris, Librairie de Charles Gosselin, 1838-1840, 4 vol. in-8°, demi-veau bleu, dos lisses ornés de fers romantiques, tranches mouchetées (reliure de l'époque).

" Ouvrage fondamental donnant une description de la société américaine au cours de laquelle Tocqueville dépasse largement le cadre socio-géographique des Etats-Unis pour se lancer dans la constitution d'un idéal-type de société démocratique, au sein de laquelle il s'efforce d'imaginer l'horizon intellectuel et sensible et les mœurs du futur homo democratius " [A. Jardin].

L'ouvrage, formé de deux parties, chacune constituée de deux volumes, fut publié en édition originale en 1835 pour la première et en 1840 pour la seconde. Il est exceptionnel de rencontrer ces quatre tomes en édition originale.La première partie est ici en sixième édition, la seconde est à la date de l'originale avec mention "troisième édition".

Une carte coloriée de l'Amérique du Nord.

Superbe exemplaire élégamment relié à l'époque, très frais intérieurement. Il est bien complet de la carte.La petite différence dans le décor des dos s'explique par les deux années qui séparent la première publication de la seconde. Un cahier très légèrement roussi.

Bibliothèque nationale, En français dans le texte, 253 ; Sabin, T. 25-26, pp. 268-269.

22. CHATEAUBRIAND (F.-R., Vicomte de). Mémoires d'Outre-tombe. Paris, La Presse, [circa 1850], in-folio oblong, demi-chagrin havane, dos à nerfs orné, tranches lisses (reliure ancienne).

Edition préoriginale.

Faute de subsides, la société en commandite, propriétaire des Mémoires, céda à Emile de Girardin, le créateur du journal La Presse, le droit de publier l'ouvrage en feuilletons.L'opération fut un succès, Girardin devant même réimprimer les feuilletons ; ces derniers s'identifient par la suppression de la mention Feuilleton de la Presse et la date de publication. Ceux du premier tirage sont rares.

Exemplaire bien complet de la préface de Charles Monselet, qui, elle, n'a jamais été réimprimée.

Mors légèrement épidermés.

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23. FLAUBERT (G.). L'Education sentimentale, histoire d'un jeune homme… Paris, Michel Lévy Frères, 1870, 2 vol. in-8°, demi-maroquin prune à coins, plats de papier de même couleur, dos à nerfs ornés d'un fleuron doré plusieurs fois répété, tête dorée, non rogné, étui (reliure de l'époque).

Edition originale.

Dans l'Education sentimentale, histoire d'un jeune homme, Flaubert retrace la vie d'un étudiant en droit, Frédéric Moreau, depuis la révolution de 1848 jusqu'à l'avènement de la IIIe République, en transposant sa propre expérience. Ainsi reconnaît-on sous les traits de Mme Arnoux, celle avec qui le potache entretenait une relation étroite, Elisa Schlesinger, le grand amour d'adolescence de Flaubert. Bien que l'œuvre ait été accueillie avec peu d'enthousiasme, son influence sera considérable sur les romanciers réalistes, sur Proust et sur l'école du “Nouveau Roman”.

L'un des rares exemplaires sur Hollande, seul tirage sur grand papier. On en dénombre une trentaine.

Superbe exemplaire, non ébarbé, dans une sobre reliure de l'époque. Il est non cité par Lambiotte.

Lambiotte (A.), Le Livre et l'Estampe, n° 13-14, pp.18-21.

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24. CORBIÈRE (T.). Les Amours jaunes. Paris, Imprimerie du XIXe siècle, 1873, in-12 (182 x 120 mm.), maroquin citron, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné de même, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de soie moirée jaune, couverture, tête dorée, non rogné (Guérin).

Edition originale.

Un autoportrait gravé à l'eau-forte, en frontispice.

Il fallut attendre la publication des Poètes maudits en 1884, pour révéler cette œuvre jusqu'alors passée totalement inaperçue.Son amour de la mer, la souffrance que lui infligèrent son physique et sa surdité éclatent dans ses poèmes qui semblent être guidés par des associations visuelles, où les surréalistes ont cru reconnaître les premiers essais d'écriture automatique.

Exemplaire de qualité, à grandes marges, dont la couverture est en belle condition et ce, malgré quelques petits manques.Sa sobre reliure de maroquin citron dont le dos est plus sombre, a été exécutée par Guérin qui succéda vers 1890 à Gayler-Hirou.Il exerça rue de Condé à Paris, et prit en 1923 comme successeur Saulnier.

25. PICARD (Ed.) & REDON (O.). Le Juré. Monodrame en 5 actes. Bruxelles, Madame Vve Monnom, 1887, in-4°, vélin blanc à la bradel, à rabats, plats ornés de motifs d'entrelacs au centre, balance de la justice aux angles, dos lisse orné de même, non rogné (L. Claessens).

Edition originale et premier tirage.

Le rapport entre la littérature et la peinture, symbiose de la pensée et de la sensibilité des écrivains et des peintres, caractérise particulièrement les symbolistes.

Dès 1885, Redon trouve en Belgique un milieu attentif à ses créations notamment chez quelques écrivains. Grâce à l'aide conjuguée de Joris-Karl Huysmans, Jules Destrée, Edmond Picard et Verhaeren, il expose ses dessins en janvier 1886 aux XX puis à la Libre Esthétique.Durant cette même année Octave Maus lui demande de réaliser pour Le Juré d'Edmond Picard, son ami et compagnon d'armes esthétiques, une série de six dessins et une série de six lithographies les reproduisant. Il répond qu'il " ne copie pas du tout ", et propose de livrer soit uniquement les dessins, à faire reproduire par une autre main, soit uniquement les lithographies, soit les dessins et des lithographies qui en seraient des variantes - solution qui est finalement adoptée.Picard s'en montre très satisfait dans une lettre du 3 février 1887 : " C'est une interprétation superbe de mon Juré et elle dépasse même la portée que je m'étais faite de mon œuvre. Je crois que cette série va prendre une des plus belles places dans vos productions. "

Redon maîtrisait alors parfaitement la technique de la lithographie qui fut durant dix années de sa vie son presque unique agent d'expression, en tout cas le plus parfait. " Cette œuvre… plus que les peintures et les fusains mêmes, a contribué durant cette période à la diffusion de son art… "

7 lithographies originales d'Odilon Redon et 2 portraits gravés hors-texte, l'un de l'artiste par lui-même le second par Théo van Rysselberghe.Celles-ci ne figurent pas face aux passages du texte auxquels elles sont censées se rapporter, mais comme des frontispices en tête de chapitres. Tirées sur japon impérial, elles sont protégées par une serpente avec légende imprimée.

Picard, qui avait déjà fait publier en 1884 La Forge Roussel avec des illustrations de Fernand Knopff chez le prédécesseur de la veuve Monnom, lui confia l'impression de son Juré, qui est également imprimé en noir et en sépia. Cette dernière joua un rôle important dans l'édition belge.

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Tirage unique limité à 100 exemplaires tous sur papier de Hollande.

Exemplaire relié à l'époque par Claessens, condition la plus souhaitable. Il est bien complet du feuillet d'envoi.

Mellerio, n° 75 à 81; Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 28 avec reproduction ; Artist and the Book, n° 252 ; Dario Gamboni, La Plume et le Pinceau, 1989 ; A. et L. Fontainas, Edmond Deman - Editeur, 1997 ; Galeries nationales du Grand Palais, Paris-Bruxelles / Bruxelles-Paris, 1997, n° 255.

26. LOUYS (P.). Astarté. Paris, Librairie de l'Art Indépendant, 1891, in-4°, broché, couverture illustrée, chemise et étui gainés de box citron.

Edition originale.

Publié à compte d'auteur, ce précieux recueil de poèmes aux relents symbolistes, marqua l'entrée de Pierre Louÿs en littérature et par là même, affirma son talent. Ces poèmes sont soit accompagnés de citations en épigraphe, soit dédiés à un proche, Valéry, Albert Besnard, André Gide…Sa présentation en est très soignée, typographie aérée, couverture dessinée par Albert Besnard figurant Astarté à la chevelure cramoisie émergeant des eaux parmi les lys, choix du format…

L'un des 4 exemplaires de tête, sur papier de Chine.

Parfaite condition.

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27. ZOLA (E.). La Bête humaine. Paris, G. Charpentier et Cie, 1890, in-12, demi-maroquin orange à coins, dos à nerfs orné, couverture et dos, tête dorée (P. Affolter).

Edition originale.

“L'histoire se passe de février 1869 à juillet 1870. Cette œuvre qui se déroule entièrement sur la ligne Paris-Le Havre, présente une peinture très documentée… celle des réseaux ferrés et des machines à vapeurs. C'est aussi un roman judiciaire, voire un roman policier, qui met en scène une galerie de criminels, du meurtrier par jalousie au meutrier par cupidité, de l'assassin sournois au criminel qu'une pulsion atavique pousse à l'acte irraisonné. ”

L'ouvrage a été adapté au théâtre et au cinéma, notamment par Jean Renoir en 1938 et Fritz Lang en 1954 avec Glenn Ford.

L'un des 30 exemplaires de tête sur papier japon.

Reliure de Paul Affolter qui travailla de 1880 à 1929.

28. TOULOUSE-LAUTREC (H. de) & RENARD (J.). Histoires Naturelles. Paris, Floury, 1899, in-4°(317 x 223 mm.), veau fauve, premier plat orné d'un motif à froid figurant un renard, idéogramme du nom de l'auteur du livre, dos lisse, roulette à froid intérieure, couverture à rabats et dos conservés, non rogné (reliure de l'époque).

L'un des plus beaux bestiaires du XXe siècle. Il est une sorte de paradis terrestre. Parmi les multiples éditions illustrées des Histoires Naturelles - Bonnard en 1904, Benjamin Rabier en 1918, Auguste Roubille en 1928 - celle de Lautrec est la plus originale, la plus belle et la plus profondément juste.

Son goût des animaux dont il parlait avec familiarité, permit à Toulouse-Lautrec d'apprécier ces courtes leçons de choses, pleines d'humour et de finesse, écrites dans un style concis. Avec une subtile ironie, Renard scrute les mœurs et les instincts, le us et coutumes des animaux ; il se situe dans la tradition de La Fontaine et Grandville.Lautrec avait découvert Jules Renard par Poil de Carotte dont il apprécia suffisamment la lecture pour demander à Tristan Bernard de le présenter à l'auteur. Leur rencontre eut lieu le 26 novembre 1894. Jules Renard fut très vite séduit par la sensibilité et le talent du peintre : " Lautrec dessine admirablement bien. " Le peintre lui proposa alors d'illustrer ces Histoires Naturelles, et ce dans les années 1897. Il resta très attentif au texte de Renard.

22 lithographies originales de Toulouse-Lautrec, tirées sur les presses à bras de Henri Stern.Communément décrites comme des lithographies, Anthony Griffith pense que ces images n'ont pas été tracées directement sur la pierre comme Lautrec le faisait le plus souvent, mais sur papier report, qui, enduit d'une préparation, permit en l'humidifiant, d'en faire un transfert sur la pierre lithographique. Ainsi Lautrec put jouer avec le grain de papier et évita la manipulation des pierres encombrantes.S'ils ne s'accordèrent pas sur le choix des illustrations, leur rencontre fut une réussite employant avec justesse le mot ou le trait, donnant ainsi des descriptions simplifiées et incisives de ces chères bêtes.Charles Renaudie se chargea de choisir la typographie.

Edition limitée à 100 exemplaires, tous sur papier vélin.En tête du volume a été relié le très rare prospectus de parution.

Exemplaire à toutes marges dans une sobre et charmante reliure de l'époque, condition rare, la plupart des exemplaires ayant été reliés tardivemement, certains ayant même fait l'objet d'un lavage. La couverture par sa simplicité plastique a séduit le relieur anonyme, qui a trouvé de bon goût de la reproduire en guise de décor. Quelques pâles et légères rousseurs éparses.

L'exemplaire est protégé par une boîte-étui de Pierre Lucien Martin.

Provenance : Vente anonyme, Paris, Loudmer, 20-11-94.

Chapon, Le Peintre et le Livre, p.45 ("La merveille de ce livre réside dans la synthèse qui est faite du mouvement et de la silhouette… La gravure confère au rendu de chaque bête un velouté de plume ou de pelage…) ; R. Castelman, A Century of artists books, p.118.

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29. GIDE (A.). Les Nourritures terrestres. Paris, Société du Mercure de France, 1897, in-8°, maroquin citron, plats et dos décorés d'une dentelle dorée, dos lisse, doublure et gardes de daim mastic ornées d'un semis de points dorés et d'étoiles palladium, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise à rabats et étui gainés de maroquin citron (P. Bonet, 1954).

Edition originale, dédiée à Maurice Quillot.

Texte de référence pour toute une génération de lecteurs, son influence plutôt morale qu'esthétique se retrouve chez de nombreux écrivains français, de Montherlant à Camus.Ecrit sur un ton poétique, Gide présente son livre comme une apologie du dénuement, insistant sur le don de soi et la nécessité de l'effort personnel.

L'un des 3 exemplaires de tête sur papier du Japon ; celui-ci a été magnifiquement relié par Paul Bonet.

En début de volume ont été insérés une L.AS. à propos des Nourritures et un poème libertin manuscrit de Gide, interpellant Maurice Quillot.L'auteur du Voyage d'Urien eut pour Quillot, l'ancien directeur de Potache-Revue, petit journal auquel il collabora sous le pseudonyme de Zan Bal Dar, une très vive affection. Non seulement il lui dédia ses Nourritures terrestres, mais il l'aida à maintes reprises, notamment lorsqu'il renfloua sa laiterie en situation désespérée…Quillot, qui appartenait au cénacle littéraire formé par Pierre Louÿs, Marcel Drouin et Emile Legrand, nous laissa un Traité de la méduse qui avait de quoi plaire au Gide de juin 1892, ouvrage ni plus long ni plus étrange que son Traité du Narcisse.

Exemplaire en parfaite condition.

Provenance : Jacobi ; Sabatier ; Ragazzoni.

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30. [...]. GAZETTE DU BON TON (LA). Art, modes et frivolités. Paris, Librairie de beaux-arts, 1912-1925, 70 numéros en 69 fascicules in-4° (247 x 195 mm.), en ff., couverture.

La première véritable revue moderne sur la mode, créée et dirigée par Lucien Vogel, l'une des personnalités clés à l'origine de la révolution graphique qui secoua les magazines de mode et d'actualité dans le premier quart du XXe siècle.

Publiée de 1912 à 1925, à raison d'une dizaine de numéros par an, La Gazette du Bon Ton donna le ton aux futures revues de mode et de l'actualité en général.En 1928, Lucien Vogel bouleversa la presse d'information en créant deux magazines : Lu et Vu.

Inspiré par Le Journal des Dames et des Modes, revue éditée au XIXe par l'abbé de Mésangère, Lucien Vogel, eut l'idée simple, qui consista à s'adresser à des peintres et dessinateurs étrangers aux affaires de la haute couture, et à utiliser leur fraîcheur et leur liberté pour présenter les collections… Il voyait dans ce projet non seulement une action esthétique et publicitaire, mais aussi une démarche journalistique.Il contacta alors pour les illustrations Paul Iribe, Jean Bakst, Georges Barbier, Georges Lepape, André Marty, Pierre et Jacques Brissaud, Charles Martin, Bernard Boutet de Monvel, Boussingault, Dresa, Dufy, Méras, Erte… pour les textes, Gabriel Mourey, Roger Boutet de Monvel, René Blum, Claude Roger-Marx, Jean-Louis Vaudoyer.

572 planches hors-texte coloriées au pochoir et 158 croquis, ainsi que de nombreuses publicités.

Exemplaire très frais, dans sa condition d'origine.Quelques plats de couverture empoussiérés.

Colas, Bibliographie générale du costume et de la mode, T. I, 1202.

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31. GOLL (I.) & LÉGER (F.). Die Chaplinade. Dresde, Rudolf Kaemmerer, [1920], in-4°, cartonnage d'éditeur.

Edition originale de cette pièce de théâtre d'avant-garde, inspirée par le film américain. Elle constitue la première expérience d'introduction d'un film dans une pièce de théâtre.

La pièce fut successivement traduite en français, en italien et en anglais.

De Paris, où Goll s'était fixé avec son épouse, il repartit en 1919 pour Berlin, année qui marqua le début d'une carrière littéraire couronnée de succès et ce jusqu'en 1933.Il publia alors des textes dans différentes maisons d'éditions, chez Kurt Wolf à Leipzig, Fischer Verlag à Berlin, et Rudolf Kaemmerer à Dresde qui édita successivement son poème Astral, un chant et un poème cinématographique Die Chaplinade (La Chaplinade).

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4 dessins de Fernand Léger datant de son époque mécanique (1919-1922), illustrent l'ouvrage. Ils représentent Charlie Chaplin comme un automate dont les mouvements sont autant de séquences de film. Léger créa à la suite de ces illustrations, le Charlot Cubiste, haut-relief mobile en bois découpé, qui devait être le héros d'un film d'animation Charlot Cubiste dont il avait écrit le synopsis. Seules deux séquences furent tournées, intégrées par la suite à son film Le Ballet mécanique de 1924.

Exemplaire très frais.

Y. Goll, Poète européen des cinq continents, Fondation Yvan et Claire Goll, n° 134 ; Saphire, Fernand Léger, The Complete Graphic Work, p.299.

32. LIMBOURG (G.) & MASSON (A.). Soleil bas. Paris, Galerie Simon, 1924, in-8°, broché, couverture.

Edition originale de ces poèmes, première œuvre de l'auteur.

Premier livre illustré d'André Masson.

4 eaux-fortes originales d'esprit surréaliste.

Tirage limité à 112 exemplaires, tous signés par l'auteur et l'illustrateur ; celui-ci est l'un des 10 premiers sur japon impérial. Un feuillet de texte très légèrement taché.

Centre Georges Pompidou, Daniel Henry Kahnweiler, p. 184 ; Y. Peyré, Peinture et Poésie, n° 25 ; Museum of Modern Art, A Century of Artists Books, n° 131 ; D. Stein-R. Fl. Johnson, Artists' Book in the Modern Era 1879-2000, n° 51 ; Saphire, 1-4.

33. CARCO (F.). Tableau de l'Amour vénal. Paris, NRF, 1924, in-4°, maroquin noir, premier plat orné d'un décor doré au palladium et à froid évoquant un corps féminin, sur le second, petites guirlandes de cercles concentriques dorés ou au palladium, dos lisse, doublure de maroquin terre de Sienne ornée d'une constellation de cercles concentriques dorés, gardes de daim gris, couverture et dos, non rogné, chemise et étui gainés de maroquin noir (Pierre Legrain).

Edition originale.

12 lithographies originales hors-texte en noir, de Luc-Albert Moreau.

Tirage limité à 335 exemplaires ; celui-ci est sur vélin pur fil Lafuma-Navarre.

Exemplaire d'Henri Mondor, enrichi :

- de trois dessins originaux à la mine de plomb, au format du livre, signés et légendés.- d'une L.A.S. de Luc-Albert Moreau, qui donne quelques conseils au biographe de Mallarmé pour la reliure de son exemplaire, suggestions suivies en pointillé par Pierre Legrain.- d'une photo de Luc-Albert Moreau en mitrailleur de 2e classe, dédicacée au grand Mondor.

Achevée le 31 juillet 1928 pour Henri Mondor, cette reliure est atypique dans la production de Pierre Legrain. Son décor s'organise suivant la diagonale des plats, alors que ce dernier a pour habitude de les dessiner suivant un axe vertical ou longitudinal. Elle date de la période où le praticien est parvenu à l'absolue maîtrise.Pierre Legrain en réalisa une seconde sur cet ouvrage qui fut exposée en 1947 à New York ([...], Masterpieces of French modern bindings, 1947, n° 16 avec reproduction).

Provenance : Henri Mondor ; Pierre Berès.

[…], Pierre Legrain - Relieur, n° 123 ; R. Adler, Reliures. Présenté par Rose Adler, pl. 35 avec reproduction ; Pierre Bérès, Choix de livres illustrés par les principaux artistes modernes, n° 21, avec reproduction.

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34. JOUVE (P.J.). Paulina 1880. Paris, NRF, 1925, in-4° tellière, veau coquille d'œuf tramé de rouge à la toile d'acier, plat mettant en scène la couverture de la collection blanche de la NRF, dos lisse bordé de rivets d'ivoire, tête noire, doublure de box noir, gardes de nubuck gris, couverture et dos, boite à dos de box noir (J. de Gonet, 1982).

Edition originale de ce roman mystique teinté d'érotisme.

L'un des 109 exemplaires de tête de format in-4° tellière sur papier vergé pur fil Lafuma-Navarre.

Intéressante reliure du surfaciste Jean de Gonet, dont le corps d'ouvrage est classique. Par son décor, on ne peut s'empêcher d’y voir une opération de détournement où se mêlent "hommage et profanation".

Exposition : Claude Guérin, Jean de Gonet, Reliures, 1982, n° 21 avec reproductions ; Bibliotheca Wittockiana, Jean de Gonet, Relieur, n° 42 avec reproduction.

35. JOUVE (P.J.). Paulina 1880. Paris, NRF, 1925, in-4° tellière, maroquin rouge, filets à froid autour des plats, dos à nerfs orné, doublure de maroquin rouge, gardes de soie moirée rouge, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, étui (Semet & Plumelle).

Edition originale de ce roman mystique teinté d'érotisme.

L'un des 109 exemplaires de tête de format in-4° tellière sur papier Vergé pur fil Lafuma-Navarre.

Condition parfaite.

Provenance : Georges Donckier de Donceel.

Pia, Dictionnaire des œuvres érotiques, p. 389.

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36. ERNST (M.). La Femme 100 têtes. Paris, Editions du Carrefour, 1929, in-4°, box vert bronze, décor oblique passant d'un plat à l'autre, sept grands yeux étoilés, mosaïqués de box vert, sur fond blanc, paupières de box brique, serties de formes de box saumon, terre de Sienne et havane, épousant la paupière, l'ensemble parcouru de vagues de box décliné dans les tons verts, doublure et gardes serties d'un listel havane, couverture et dos, tranches dorées, chemise et étui gainés de box (Paul Bonet, 1963).

Edition originale du premier roman-collage de Max Ernst, précédé d'un Avis au lecteur d'André Breton.

Réalisés à partir de gravures sur bois extraites de périodiques, d'ouvrages scientifiques de vulgarisation ou de romans-feuilletons de la fin du XIXe siècle, ses romans-collages se caractérisent par une iconographie abondante, quelquefois accompagnée d'un texte. Dans La Femme 100 têtes, un texte court sous forme de légendes pleines de poésie et d'humour.

147 reproductions de collages de Max Ernst.

L'un des 12 premiers exemplaires sur japon impérial.

Au moment de sa reliure, ont été joints : - le manuscrit autographe de l'important Avis au lecteur d'André Breton, signé, soit 2 pages in-folio (266 x 210 mm.) présentant de nombreuses corrections.- le manuscrit autographe d'Ernst des légendes, soit 8 pages, présentant chacune des ratures et des corrections.- de 3 collages avec légendes de Max Ernst, signés et datés 1929 : 1) : " La Femme 100 têtes garde son secret " (Spies, 1414). 2) : " Elle livre son secret ", avec " La f. 100 t. " au verso (Spies, 1416). 3) : sans titre, avec " La f. 100 t. " au verso (Spies, 1415).

Ils font partie des 4 collages non retenus pour l'édition, recensés par Spies.

Pour dessiner cette reliure, Paul Bonet prend comme élément de base l'œil et l'étoile, thèmes chers aux surréalistes.

Exposition : Bibliothèque nationale, La Reliure originale, 1965, n° 145.

Provenance : Jean Hugues ; Edmée Maus ; Renaud Gillet.

Marguerite Bonnet, II, pp. 1467-1468 ; Werner Spies, Max Ernst Werke, (1929-1938), Houston/Cologne, 1979, 1414-1563 ; W. Spies, Max Ernst : les collages, inventaire et contradictions, Paris, 1984 ; Werner Spies, La Révolution Surréaliste, pp.60-61 et pp. 174-175 ; P. Bonet, Carnets, 1412 avec reproduction de la reliure.

37. GIDE (A.). Les Faux-Monnayeurs. Paris, NRF, 1925, in-4°, maroquin bleu-gris, plats ornés d'une spirale excentrée de cercles dorés, dos lisse orné de même, doublure de maroquin moutarde, gardes de soie moirée ou de papier lézardé gris, couverture et dos, tranches dorées, étui (Tchékéroul, A. Pelseneer Dec-R. Paris Dor.).

Edition originale.

Roman de la maturité de Gide, Les Faux-Monnayeurs est un des livres les plus révélateurs de l'après-guerre. Il est au carrefour des différentes tendances de l'art narratif d'alors.

L'un des 121 exemplaires de tête de format in-4° tellière sur papier vergé Lafuma-Navarre.

Vladimir Tchékéroul-Kouch exerça de 1940 à 1992.

Exposition : Bibliothèque Royale Albert Ier, Reflets de la bibliophilie en Belgique, II, n° 65.

38. BRETON (A.). Introduction au discours sur le peu de réalité. Paris, NRF, 1927, in-4°, maroquin bleu, premier plat, bande verticale de maroquin gold avec nom de l'auteur frappé à froid, traversant un cercle zodiacal frappé à l'or et au palladium, titre de l'ouvrage en lettres dorées, second plat, bande verticale de papier marbré à reflets dorés, dos lisse, doublure et gardes de même papier, couverture et dos, tête dorée, non rogné, chemise et étui bordés de maroquin bleu (Paul Bonet, 1931).

Edition originale.

" C'est une rêverie sur les droits illimités de l'imagination, rêverie coupée de dialogues où apparaît la conception que Breton se fait de la femme et de l'amour (et qui marque incontestablement un tournant capital de son évolution sensible et intellectuelle) " (Biro-Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, p. 218).

Une page manuscrite de l'auteur reproduite en fac-similé.

L'un des 20 exemplaires sur papier "chamois", du tirage à 100 réservé au service de presse.Exemplaire de Paul Eluard, avec son horoscope autographe par André Breton, porté sur un des feuillets de garde du volume.Ce document important réunit deux grands noms du surréalisme et témoigne de l'attrait exercé par l'astrologie sur les membres de ce mouvement. Pour certains d'entre eux, établir un horoscope relevait d'une sorte de jeu surréaliste.

Reliure "astrologique" de Paul Bonet, réalisée en 1931 à la demande de Paul Eluard dont on sait qu'il avait le goût des belles reliures. Le praticien, dans ses Carnets, l'a décrite comme surréaliste. Elle date de la période où Bonet travailla pour Gaffé.

Provenance : Paul Eluard, avec son ex-libris dessiné par Ernst ; Jean Hugues ; Renaud Gillet.

Marguerite Bonnet, I, p. LXI, II, pp. 263, 1434, 1438 ff. ; Paul Bonet, Carnets, 204 A ; Charles Haroche-Raymond Jean-Henri Behar, Paul, Max et les autres - Paul Eluard et les Surréalistes, 1993.

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39. BRETON (A.) & ÉLUARD (P.). L'Immaculée conception. Paris, Editions Surréalistes, 1930, in-4°, broché, couverture.

Edition originale.

Succédant au divertissant Ralentir Travaux, Breton et Eluard, dans ce texte à deux écritures, explorent un univers où seul Lautréamont les avait précédés ; ils se substituent en quelque sorte à des aliénés.A travers d'admirables poèmes en prose, ils tentent ainsi la reconstruction de l'existence humaine dans sa totalité, depuis la conception, en passant par la vie intra-utérine et la naissance, jusqu'à la mort, puis en deux cycles d'essais groupés sous les titres Les possessions et Les méditations, ils opposent les délires mentaux (débilité mentale, délire d'interprétation, démence précoce, manie aiguë, paralysie générale) à la conscience de veille, état perturbé par les poussées de l'inconscient.

Une gravure de Dali illustre ce poème. Elle figure uniquement dans les exemplaires sur grand papier.

L'un des 100 exemplaires sur hollande Van Gelder, signés par les deux auteurs, avec la gravure.

Intéressant et précieux exemplaire où Valentine Hugo a mis en valeur le travail des deux poètes.Afin de rendre visible l'écriture à deux voix de l'Immaculée conception, elle souligna ici l'intégralité du texte selon deux couleurs, restituant ainsi à chacun des auteurs sa contribution :

" Les textes sont soulignés en vert pour André Breton en amarante pour P.E."

Ces mots de Valentine Hugo sont précédés d'un long texte manuscrit où elle précise qu'elle avait aidé à l'édition de l'Immaculée conception. En effet, Corti ne pouvant financer cette publication dut, avant l'impression du texte, vendre le manuscrit à Marie-Laure de Noailles et les brouillons des originaux à Valentine Hugo.

Ce travail de restitution est en tout point conforme à celui qui apparaît dans les Œuvres complètes d'Eluard, de la Pléiade.

L'exemplaire est conservé dans un étui-chemise de Saulnier.

Provenance : Valentine Hugo (1887-1968) ; Pierre Leroy (Cat., 2002, n° 59).

G. Sebbag, Les Editions surréalistes, 1926-1968, n° 16.

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40. PICASSO (P.) & OVIDE. Les Métamorphoses. Paris, Skira, 1931, in-4°, maroquin bleu janséniste, dos lisse orné, tête dorée, couverture et dos, étui gainé de maroquin bleu (Alix).

Illustration originale de Picasso comprenant 30 eaux-fortes, dont 15 hors-texte.

" C'est un des rares cas où Picasso illustre un livre avec tant de fidélité au texte. "Première véritable œuvre du peintre en tant qu'illustrateur, après quelques planches isolées, ce beau livre, imprimé sur les presses de Léon Pichon, est né de l'enthousiasme et de la volonté d'un jeune éditeur, Skira.Suggéré par Pierre Matisse à Picasso, ce texte du poète latin, qui fixe les principaux épisodes de la mythologie grecque et romaine, a été illustré de gravures aux formes classiques, respectant ainsi le récit.

Tirage à 145 exemplaires, tous signés par l'artiste ; celui-ci est sur papier d'Arches.

Cramer, Pablo Picasso, Les livres illustrés, n° 19 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, p.146-148 ; Johnson-D. Stein, The Reva and David Logan Collection of Illustrated Book, Fine Arts Museums of San Francisco, n° 56 ; Castelman, A Century of Artists Books, The New-York Museum of Modern Art, p. 111.

41. SCHMIED (F.-L.) & MARDRUS (DR. J.C.). Le Paradis musulman. Paris, Schmied, 1930, gr. in-4°, en ff., couverture, chemise, étui.

L'un des plus beaux livres, conçus et réalisés par F.-L. Schmied.

" Le Paradis musulman est l'illustration d'une prière invocatrice des astres par une giration d'or au milieu d'une préciosité bleue et rouge. Ses paysages féériques, traités comme des miniatures, ses personnages vêtus de pourpre et d'or, la somptueuse bigarrure des fleurs, l'éclat rutilant des dragons et chimères, l'ingéniosité des motifs, constituent un ensemble éblouissant pour ce récit mystique inédit de J.C. Mardrus ".

31 bois en couleurs dont 8 à pleine page, certains rehaussés d'or et de palladium, constituent l'iconographie.

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Tirage unique à 177 exemplaires, sur papier du Japon ; celui-ci est l'un des 20 de collaborateurs. Il est enrichi :

- d'une page imprimée (p. 39) illustrée d'une aquarelle originale (12,8 x 10,5 cm.), ayant servi à l'illustration de l'ouvrage, signée et dédicacée par Schmied.- d'une des 25 suites sur japon en couleurs (n° 16), signée par l'artiste, soit 30 planches.- d'une des 25 suites sur japon en noir (n° 16), signée par l'artiste, soit 30 planches.

M. Nasti, Schmied, p. 167.

42. COLETTE (S.G.) & DUNOYER DE SEGONZAC (A.). La Treille Muscate. Paris, Chez l'auteur, 1932, in-4°, broché, couverture, chemise, étui.

Edition originale.

lllustré de 35 eaux-fortes originales, ce livre évoque à la fois le travail de Colette et l'atmosphère du Midi. Ainsi pour transcrire cette ambiance, l'artiste grava sans arrêt, notant les différents aspects de la maison, la treille garnie de grappes, les attitudes de la chatte, le plat de rascasse, mais surtout Colette assise à son bureau, les cheveux ébouriffés, absorbée par son travail d’écrivain.

Cet ouvrage plein de soleil et d’odeurs marines, reste l'illustré le plus attachant dans l'œuvre du peintre.

Tirage limité à 165 exemplaires sur Hollande van Gelder ; celui-ci (n° 135) a été enrichi d'un beau dessin de Dunoyer de Segonzac à l'encre de Chine, signé. L'Entrée de la Treille Muscate. 322 x 253 mm.

43. LÉAUTAUD (P.). Les Souvenirs d'un marchand de tableaux. Manuscrit autographe signé. s.d., [1937], 4 p. petit in-4°.

Pittoresque article paru dans La Chronique filmée du mois de novembre 1937 et qui n'a pas été repris. Il a servi à l'impression et porte des indications de typographe.

Du récent livre de Vollard, Souvenirs d'un marchand de tableaux (A. Michel, 1937), Léautaud fait plus qu'un compte rendu : une chronique vivante et pittoresque, où il évoque tour à tour sa jeunesse de basoche, les visites de Vollard au Mercure de France, ses relations amicales avec lui, puis enfin le livre lui-même. Ce sont d'abord les flâneries de sa propre jeunesse dans Paris, au temps où l'on trouvait ches les marchands… des Constantin Guys, et souvent les plus beaux, pour trois francs. Parlant ensuite des peintres, il égratigne Carrière et Puvis de Chavannes. Mais Valéry ne lui a-t-il pas reproché de parler peinture comme un homme de lettres ? Il revient donc à Vollard : Je le voyais à travers les vitres de son magasin de la rue Laffitte, mon Dieu ! à peu de choses près le même homme qu'aujourd'hui, avec son air de ne pas s'amuser beaucoup. Le revoyant au Mercure, il lui demandait quand il écrirait ses souvenirs : Il se contentait de rire, en remuant sa grosse tête, avec un petit air de malice sur les lèvres. Son livre est fort divertissant, très divers, extrêmement évocateur de toute une époque. (…) Il y a aussi des passages graves, respectueux, presque émus, sur certains peintres. (…) M. Ambroise Vollard a l'esprit moqueur, de l'observation, un grand sens des ridicules. Il ajoute çà et là à la sottise de quelques-uns de ses personnages, au comique de certaines situations… La fin est bien personnelle : M. Vollard avait un chat, qu'il n'a pu garder. Il a bien voulu me demander de l'accueillir au nombre de ceux qui peuplent ma maison. En hommage à son premier grand maître, je l'ai appelé : Ambroise.

44. PICASSO (P.). Sueño y mentira de Franco. Paris, Chez l'auteur, 1937, in-plano, en ff., sous couverture illustrée.

Edition originale reproduisant le manuscrit illustré original. Il est accompagné des versions imprimées du texte espagnol et de sa traduction française ainsi que d'une traduction anglaise, à part.

Les 18 eaux-fortes originales de Picasso sont tirées sur deux planches.

L'ouvrage, annoncé en 1937 comme un acte d'exécration de l'attentat dont est victime le peuple espagnol, était donné par Picasso au peuple espagnol et vendu au profit d'un fond de secours pour l'Espagne républicaine. Les dernières scènes ont été gravées immédiatement après le bombardement de Guernica.

Exemplaire sur papier de Montval, estampillé de la signature de l'artiste.

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Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 28 ; Museum of Modern Art, New-York, A Century of Artists' Books, pp. 126-127 ; Victoria & albert Museum, From Manet to Hockney, n° 106.

45. LEIRIS (M.). L'Age d'homme. Paris, NRF, [1939], in-12, broché, couverture, chemise et étui gainés de maroquin bleu.

Edition originale.

Publié en 1939, ce récit de confessions utilise les matériaux d'une expérience vécue : souvenirs d'enfance, émotions éprouvées, évènements vivement ressentis, rêves significatifs, obsessions, désirs inavoués… l'ensemble présenté dans un ordre logique ou chronologique, selon l'optique de l'autobiographie ou du journal.

Exemplaire offert par l'auteur à sa mère, personne qu'il interpelle tout au long de son livre.

Il porte au recto du feuillet de garde ce merveilleux envoi :

A ma chère maman, qui lira dans ce livre des chosesqui lui seront peut-être pénibles,mais qui comprendra - j'en suis

sûr - qu'il ne s'agit là qued'injustices d'enfant n'engageant pas

la tendresse de l'âge adulte.Michel

Cette dernière évoquera dans une lettre en date du 5 novembre 1939, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, la lecture de cet ouvrage, et plus particulièrement les douloureux passages concernant la relation de son fils avec son père, tous deux lui suscitant affection et respect.

Provenance : Pierre Leroy.

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46. CAMUS (A.). La Peste. Paris, NRF, 1947, in-12 (175 x 110 mm.), cartonnage d'éditeur exécuté d'après la maquette de Mario Prassinos, chemise et étui bordés de maroquin rouge.

Edition originale.

Jamais Camus ne prit si longtemps pour terminer un ouvrage qui, dès sa parution, fut salué par la critique.L'auteur voulut que son livre se lise sur plusieurs portées. Le contenu manifeste est la lutte des résistants contre les nazis ; le contenu latent, le combat inévitable contre tous les totalitarismes et autoritarismes.

Exemplaire offert par l'auteur à René Char :

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Epousant le même amour de la terre méditerranéenne, érigeant en philosophie l’idée de révolte, s’engageant dans la Résistance et partageant une quête commune de la beauté, leur rencontre était inévitable.En 1945 paraissent Seuls demeurent, recueil de poèmes qui attirèrent l’attention de Camus. L’année suivante, Camus déjà plus au fait de l’œuvre de Char, s’enflamma pour Feuillets d’Hypnos et persuada Gaston Gallimard d’éditer ces poèmes dans la collection Espoir. Pour l’Algérois, le poète était déjà, comme il aimait à l’appeler, ce frère de planète, trouvant en lui un aîné. Dans une lettre échangée avec Char en 1959, il lui confia " admirer a été une de mes plus grandes joies, que devenu homme, je n’espérais plus jusqu’à votre rencontre. "Le provençal qui écrivait de Camus en 1965 dans Naissance et jour levant d’une Amitié, " Je le rencontrai, je sus que nous avions un chemin à faire ensemble ", se plaisait à évoquer le premier jour de leur rencontre datant de 1946 : " … je compris à l’expression des yeux de Camus, à l’exubérance qui les éclaira, qu’il touchait à une terre et à des êtres aux soleils jumeaux [...]. Plus tard, [...] Camus et moi, nous plaisions à trouver que c’était certainement une chance que nous nous soyons rapprochés l’un l’autre, puis affectionnés dans les meilleures conditions, celle où la lenteur heureuse est promesse de durée [...] ".Seule la mort mit un terme à cette amitié, Camus décédant en 1960 dans un accident de voiture.

Est joint : une L.A.S. à en-tête de la NRF, d'Albert Camus à René Char : " Voici mon spectacle. Votre avis plus que tout autre m'importe aujourd'hui. J'ai essayé de parler pour nous tous. Que vous dire de plus sinon ma confiance et mon amitié ". (S.l., 25 juin [1947?], une page in-8°, enveloppe jointe). Elle accompagnait l'exemplaire lorsque Char le reçut de Camus.

Provenance : Pierre Leroy.

47. [...]. Poésie de mots inconnus. Paris, Le Degré 41, [1949], in-4° (171 x 136 mm.), de 29 ff. pliés en quatre répartis en cinq chemises portant imprimés les noms des collaborateurs représentés à l'intérieur de chacune, le tout contenu dans deux feuillets double formant chemise, eux-mêmes placés dans une couverture de parchemin illustrée [par Ribemont-Dessaignes] avec la mise en garde Ne coupez pas mes pages, enveloppe (ici manquante) de parchemin.

La publication de Poésie de mots inconnus, l'un des plus célèbres recueils de Iliazd, à laquelle ont participé plus de quarante poètes et artistes, rassemble, auprès de quelques inédits, une majorité de textes parus de 1910 à 1948. Ils sont l'œuvre de l'avant-garde russe, des principales figures du mouvement Dada, français ou allemand, et d'autres amitiés du Montparnasse des années 1920.Se présentant sous forme de feuillets libres, répartis en cinq chemises, le livre manifeste une grande invention typographique.Iliazd publia cette anthologie de la poésie phonétique authentique en réponse à l'ouvrage d'Isidore Isou Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique, manifeste pour une nouvelle forme de poésie.

Textes de Akinsemoyin, Albert-Birot, Arp, Artaud, Audiberti, Ball, Beaudin, Bryen, Dermée, Hausmann, Huidobro, Iliazd, Jolas, Khlebnikov, Krutchonykh, Picasso, Poplavsky, Schwitters, Seuphor, Terentiev, Tzara, ornés par Arp, Braque, Bryen, Chagall, Dominguez, Férat, Giacometti, Gleizes, Hausmann, Laurens, Léger, Magnelli, Masson, Matisse, Metzinger, Miro, Picasso, Survage, Taeuber-Arp, Tytgat, Villon, Wols, Ribemont-Dessaignes.

25 gravures originales in-texte dont 6 bois en noir et en couleurs, 6 eaux-fortes, 2 burins, 3 pointes-sèches, 5 lithographies dont 3 en couleurs, 2 aquatintes et une linogravue en une couleur, et une affiche typographique de Raoul Hausmann.

Tirage limité à 171 exemplaires numérotés, signés par l'éditeur ; celui-ci est l'un des 157 sur papier Isle-de-France à la cuve.

The Artist and the book, n° 305 ; Iliazd, Centre Georges Ponpidou, 1978, p.113 ; Cramer, Picasso, Livres illustrés, n° 54 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, 209-211 et 293-294 ; 50 livres illustrés depuis 1947, Bibliothèque nationale, n° 7.

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48. LAURENS (H.) & LUCIEN DE SAMOSATE. Dialogues. Paris, Tériade, 1951, in-folio (380 x 280 mm.), box noir, mosaïque de box noir glacé, dessin de Laurens peint à la laque blanche, symétrique sur les deux plats, dos orné du titre en lettres blanches, doublures et gardes de daim noir, tranches dorées sur témoins, couverture illustrée, chemise et étui gainés de maroquin noir (Creuzevault).

Troisième fruit de la collaboration entre Laurens et Tériade, l'ouvrage est illustré de 34 gravures originales sur bois en couleurs, au dessin rigoureux et vivant.

24 gravures hors texte sur bois et gravures dans le texte, le tout en couleurs par Henri Laurens.

Tirage à 275 exemplaires sur vergé d'Arches signés par l'artiste ; celui-ci est l'un des 40 premiers comportant une suite sur Chine de toutes les gravures en couleurs.

Reliure de Creuzevault d'après une maquette de Laurens.

Cette reliure fut conçue en 1952 et exécutée à 6 exemplaires en collaboration avec le sculpteur, le dessin au trait de Laurens étant reproduit à la laque et Creuzevault interprétant les motifs décoratifs des fonds (Henri Creuzevault, tome VI, n° 220, reproduit p. 522).

Rauch, Les Peintres et le Livre, n° 127 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 220-222 ; Hommage à Tériade, p. 115 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 125.

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49. GIONO (J.) & BUFFET (B.). Recherche de la Pureté. Paris, H. Creuzevault, 1953, in-folio, maroquin noir, plats ornés d'une mosaïque de bandes de box noir, gris canon et blanc, disposées dans le sens de la diagonale, sur le premier plat titre de l'ouvrage frappré à froid, dos lisse orné de même avec les noms de l'auteur et de l'illustrateur frappés à froid et au palladium disposés dans le sens de la hauteur, doublure et gardes de daim noir, couverture et dos, tranches au palladium, chemise et étui gainés de maroquin noir (Creuzevault).

Publié pour la première fois en 1939, ce texte n'est pas un simple pamphlet contre la guerre, c'est en réalité une étude de l'homme face au monde, à ses injustices et ses ignominies." … s'il y a un texte sur lequel étaient susceptibles de se rencontrer avec bonheur Jean Giono et Bernard Buffet, c'est assurément celui-ci. Bernard Buffet est un peintre de la solitude et il la traduit comme rarement encore on l'avait fait. Son illustration, qui pourrait sembler n'avoir qu'un rapport lointain avec le texte, est au contraire très près de son esprit. Treize ans après Jean Giono, Bernard Buffet écrit à son tour et à sa manière une "recherche de la pureté". Elle exprime l'isolement de l'homme face au système social, et s'il peut paraître bizarre de voir des canons illustrés par des chardons, il n'en est pas moins vrai qu'ici les chardons et les canons veulent dire la même chose… Ce livre prend place à côté des Chants de Maldoror car tous deux parlent du même désespoir et du même dégoût : celui de l'homme devant l'homme. Qu'il soit debout ou à genoux, devant les fusils ou libre, qu'il ait les yeux bandés ou non, l'homme est seul. " (Pierre Bergé).

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21 eaux-fortes originales.

Tirage limité à 160 exemplaires, tous sur Rives, signés par l'auteur et l'illustrateur.

L'un des 30 exemplaires de têtes, contenant :

- un dessin original à la mine de plomb, signé, ayant servi à l'illustration du livre. "Bol et légume". 170 x 230 mm.- une suite des gravures sur Rives ivoire.- 4 gravures non retenues pour l'illustration.

Exemplaire de Paul Bauzet enrichi d'une magnifique nature morte à l'encre de Chine, dédicacée par l'artiste à ce dernier (351 x 230 mm).

L'austère reliure de Creuzevault se fond parfaitement avec l'esprit du livre.

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50. MANSOUR (J.) & BELLMER (H.). Jules César. Paris, Seghers, 1955, in-8°, cartonnage d'éditeur et étui.

Edition originale de ce récit érotique de l'écrivain égyptien d'expression française.

5 gravures sur cuivre à la pointe et au burin de Hans Bellmer.

Edition limitée à 113 exemplaires ; celui-ci est l'un des 99 sur vélin de Rives.

Il est enrichi d'un E.A. de l'auteur :

Pour Jacques et SylviaEntre vos mains

Le chiffre fatidiquede mes rêves

Joyce.

Pascal Pia, Dictionnaire des œuvres érotiques, p. 259.

51. CAMUS (A.). L'Homme révolté. Paris, NRF, [1951], in-12, maroquin vert olive janséniste, dos lisse, couverture et dos, tête dorée, non rogné, chemise et étui bordés de maroquin vert (D.-H. Mercher).

Edition originale.

Camus aborde, dans cet essai, l'un des problèmes majeurs, à ses yeux, du XXe siècle : celui du meurtre, du crime qui se prétend légitimé par l'idéologie ou la raison d'Etat. Le meurtre se justifie-t-il ? Ainsi décrit-il depuis la Bible jusqu'aux révolutionnaires de l'époque contemporaine, des figures empruntées à la religion, à la philosophie, à la politique et à la littérature.Sa condamnation du marxisme et de son totalitarisme,

ainsi que le refus des idéologies absolues, lui valurent de nombreuses critiques.

L'un des 40 exemplaires de tête sur Hollande Van Gelder.

Sobre reliure de Daniel Mercher qui exerce ses talents depuis 1964.

50 - mansour & bellmer

52. CAMUS (A.). La Chute. Paris, NRF, 1956, in-12, maroquin gris foncé, plats et dos ornés d'un décor abstrait formé de bandes contournées et rectilignes de box blanc, noir, ivoire, gris olive et taupe, doublure et gardes de box brun taupe, couverture et dos, tête dorée, tranches dorées sur témoins, chemise et étui (M. de Bellefroid).

Edition originale.

De ce roman, Jean-Paul Sartre écrira dans Les Temps Modernes : " Un chef-d'œuvre sinon le meilleur livre de Camus parce qu'il s'y montre et s'y cache tout entier. "

L'un des 35 exemplaires de tête sur vélin de Hollande.

Exposé en 1976 à la Bibliothèque Royal Albert Ier, l'exemplaire a été relié pour Georges Donckier de Donceel.

Provenance : Georges Donckier de Donceel.

Exposition : Bibliothèque Royale Albert Ier, Reflets de la Bibliophilie en Belgique, III, n° 97 avec reproduction.

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53. LÉAUTAUD (P.). Journal littéraire. Paris, Mercure de France, 1954-1966, 19 vol. in-8°, broché, couverture, chemise et étui.

Première édition complète.

Dès 1893, Léautaud commença à noter ses impressions, mais la rédaction n'en devint régulière qu'à partir du Petit Ami.Par opposition à un journal d'introspection comme celui d'Amiel ou de Gide qui est une succession de notes de lectures, le journal de Léautaud est celui d'un chroniqueur au style vif, direct, et d'une grande précision psychologique.

" Au début, Léautaud est éblouissant de verve et de méchanceté. Il a la phrase souvent cruelle, mais en général très juste. "Bien que le journal se transforme peu à peu en une chronique personnelle, il demeure intéressant par ses vues sur la littérature ou sur les écrivains qu'il était amené à rencontrer en tant que secrétaire de rédaction du Mercure.

L'un des 30 exemplaires de tête sur madagascar.

54. PICASSO (P.). O libro del conocimiento. Paris, Latitud Cuaranta y uno (Iliazd), 1959, in-folio (415 x 305 mm.), monté sur onglets, cartonnage recouvert de la couverture rempliée d'origine illustrée d'une gravure, chemise de papier d'Auvergne titré, couverture et dos, chemise et étui toilés d'éditeur (Leroux, 1974, non signée).

L'un des livres les plus originaux de la deuxième moitié du XXe siècle, né de la synthèses de deux modes d'expression et orchestré par deux génies.

Iija Zadnevitch dit Iliazd, par l'agencement rigoureux de la mise en page mêlé à sa théorie des volumes variables de lettres, rompt avec l'usage routinier de la typographie ; il crée un nouvel espace visuel capable de voisiner avec Picasso qui a su en quelques traits nerveux et puissants, évoquer le témoignage de ce moine voyageur en Afrique. Il suggère par ces 24 pointes sèches originales l'essentiel de ce continent avec ses climats, sa faune, sa flore, ses races.

Edition limitée à 54 exemplaires sur japon ancien, celui-ci est signé par l'artiste et l'éditeur.

Provenance : D'une Bibliothèque L'autre (Cat., 1995, n° 330).

Chapon, Le Peintre et le Livre, 295 ; A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 22 ; Centre Georges Pompidou, Iliazd, p.114 ; Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 98 ; Garvey, The Artist and the book 1860-1960 in Western Europe and United States, 1961, n° 330.

55. CAMUS (A.). Carnets. Mai 1935 - Février 1942. Janvier 1942 - Mars 1951. Mars 1951 - Décembre 1959. Paris, NRF, 1962-1964-1989, 3 vol. in-12, maroquin prune janséniste, dos lisses ornés, doublure et gardes de daim beige serties d'un listel prune, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin prune (C. et J.-P. Miguet).

Editions originales.

L'un des 90 et 72 exemplaires de tête (n° 8 et 37), imprimés respectivement sur papier de Hollande van Gelder et vélin pur chiffon de Rives Arjomari-Prioux.

Superbe exemplaire parfaitement relié à l'unisson par les Miguet.

Provenance : Lattes (Cat. I , 2000, n° 52).

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