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L A R E V U E D E R F R E N C E I N F I R M I R E
1re
mutuelledesprofessionnelsdelasant
Ce
livre
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Tir part
2011
La gestion du stressau travail
Le stress au travail,dfinition et enjeux
Stress, penses etreprsentations
Stress et motions,entre dbordement ethyper-protection
Dcoder le langagedu corps pour anticiperle stress
Image, estime de soi
et confiance en soi
Crer des relationsde confiance avec lespatients et leur famille
Stress et relationsentre professionnels
Agressivit, violenceet stress
Stress organisationnel
Dmarche globaleet plan dactionspersonnalis pourlutter contre le stress
p1
p3
p5
p7
p9
p11
p13
p15
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Fiches ralises en partenariat avec la MNH67217
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63SOiNS- n 752- janvier/fvrier 2011
en fichesla gestion du stress au travail
C
hristia
nLeGall
LA GESTION DU
STRESS AU TRAVAIL
1. Le stress au travail,dfinition et enjeux
2. Stress, penses
et reprsentations3. Stress et motions,entre dbordementet hyper-protection
4. Dcoder le langagedu corps pour anticiperle stress
5. Image, estime de soiet confiance en soi
6. Crer des relations deconfiance avec les patientset leur famille
7. Stress et relations entreprofessionnels
8. Agressivit, violenceet stress
9. Stress organisationnel
10. Dmarche globale etplan dactions personnalispour lutter contre le stressSADAPTERETAGIR
Lenvironnement de travail est en constantchangement. Les ractions neuro-physiologiques austress sappuient sur une mise disposition des ressources
personnelles pour mieux sadapter et agir. Elles ont permis
lhomme de la prhistoire de fuir ou combattre un
prdateur et constituent donc un hritage de nos anctres.
Le systme nerveux et les glandes surrnales de lhommedu palolithique, confront un danger vital, sont soumis
des modifications physiologiques importantes. Des
hormones sont scrtes (adrnaline, noradrnaline) qui,
leur tour, bouleversent le fonctionnement de lorganisme :
acclration du rythme cardiaque, augmentation de la
tension musculaire, ralentissement de la digestion,
stimulation du foie, diminution de la circulation sanguine
dans la peau La vigilance saccrot. Ce sisme
physiologique et hormonal a pour but de permettre au
corps de ragir efficacement pour survivre.
Aujourdhui, il en va autrement. Les risques dedangers mortels ou les situations de stress aigu sont plus
rares dans notre socit. Ils ont t remplacs par dessources de stress de la vie quotidienne qui agissent de faon
continue et rpte : bruit, lumire lectrique, promiscuit
dans les salles de soins, charge de travail, interruptions,
tensions relationnelles Pourtant, le cerveau ragit comme
sil sagissait dun risque vital, sans diffrencier un danger qui
menace lintgrit physique et un stress sans consquences
majeures (par exemple, lorsque quelquun subit un reproche
sur son travail). La raction physiologique est identique, doncdisproportionne. linverse
des hommes prhistoriques,
nous subissons, en gnral,
ces pressions sans agir
physiquement. Le stress
chronique sinstalle. Les
capacits dadaptation
ntant pas illimites, des
dsordres physiques et
psychologiques plus ou
moins importants peuvent
apparatre. Le stress affaiblit
le systme de dfenseimmunitaire de lorganisme.
DFINITION Je suis stress , il ma stress , les conditions
de travail sont de plus en plus stressantes dans ce service .
Ces remarques sont frquentes mais que rvlent-elles ?
Daprs le dictionnaire Le Robert, le terme stress signifie
effort intense et tension. Au dbut du sicle dernier, ce
terme tait utilis par les ingnieurs : il exprimait laction
dexercer une contrainte, la pression sur des mtaux et la
capacit du matriel y rsister.
Actuellement le mot stress dsigne la foisla pression de lenvironnement et la raction delorganisme cette dernire1. Par exemple, une infirmire
travaille dans un service de gronto-psychiatrie et prend en
charge trente patients trs dpendants sur deux tages
depuis plusieurs semaines, suite labsence dune collgue,
elle peut alors tre sujette au stress.
Les facteurs de stress sont : la surcharge de travail,la prcision des gestes exige, lamplitude et les
changements dhoraires, mais aussi le fait de devoir
interrompre les soins pour rpondre une urgence, se
concentrer pour analyser et dcider rapidement, raliser
un soin prescrit que lon sait douloureux un patient en fin
de vie
La notion de stress inclut galement lacapacit changer son organisationpour intgrerde nouvelles donnes (larrive imprvue dun patient),
utiliser les nouvelles technologies, entendre et accueillir le
dsarroi dun patient, mobiliser son attention pour couter
les familles, les collgues, les mdecins, et leur rpondre.
Exercer son mtier dans des conditions dorganisation et
de travail qui ne correspondent plus lthique ni ses
propres valeurs soignantes (respect, personnalisation des
soins, humanit) est la principale source de stress cite
par les infirmires qui envisagent de changer deprofession2.
1/10Le stress au travail,dfinition et enjeux
Il est important de comprendre le processus du stress pour prvenir ses effets ngatifs, de mieux seconnatre pour faire face aux pressions de son environnement et dagir en accord avec ses valeursafin de donner le meilleur de soi. En effet, le bien-tre de linfirmire est le pr-requis de la qualitdes soins. Le stress a plusieurs facettes qui peuvent tre tout aussi nfastes que bnfiques.
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aniaH
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59SOiNS- n 753- mars 2011
en fichesla gestion du stress au travail
Une des actions pour rduire le stress est toutdabord den prendre conscience. Pour reprendrelexemple prcdent, linfirmire, inquite et tendue, qui doit
parler lors dune runion devant une quinzaine de personnes
(mdecins, chef de service, cadres, infirmiers), doit
sefforcer de reprer ses reprsentations, pour linstant
inconscientes, de la situation, en se posant les questions
suivantes : Quand je pense la runion, quest-ce que jeme dis ? Quelles sont mes penses ? , Quelles images me
viennent lesprit ? La rponse peut tre : Je me vois
tremblante, bgayante, je me dis que les mdecins ne vont
pas mcouter.
En tant vigilante, linfirmire prend conscienceque ses craintes correspondent une projectionsur le futur.Ce nest pas la ralit mais une hypothse quiest prise pour la ralit. Il est vident que linfirmire ne peut
pas connatre le futur mais en se projetant tremblante etbgayante , elle se conditionne se comporter ainsi.
DIFFRENCIERLARALITDESPROJECTIONSSURLEFUTUR
En prtant attention son propre systme depenses subjectif,force est de constater que lensembledes reprsentations, des croyances et des projections dont
il est constitu peuvent accentuer le stress. Il sagit de
modifier ces reprsentations pour agir efficacement en
accord avec les valeurs et lenvironnement professionnels.
Sont concerns par le stress :lintellect (penses, croyances, reprsentations, capaci-
ts de discernement) ;
lmotionnel(sentiments, motions, intuition) ;
le corporel(sensations physiques, mouvements, rac-
tions du corps).
La raction au stress est lalerte dun changementinterne (tat personnel) ou externe (li lenvironnement). Tenir compte de ces changementspermet ainsi de sadapter pour prserver sa scurit et son
bien-tre.
Lexpression gestion du stress sous-entend, dune part, un tat de stress dj install et dautre part, le
souhait den diminuer les effets dsagrables ou ngatifs.Serait-il donc possible quune situation qui est source de
stress aujourdhui ne le soit plus demain ? Par exemple, une
infirmire peut tre stresse lide de parler devant quinze
personnes lors dune runion mdicale sans que cela soit
forcment le cas pour une autre infirmire. Comment
expliquer cette diffrence ? Il est possible que ces deux
infirmires soient gouvernes par des systmes de penses,
de reprsentations et de croyances qui soient diffrents.
Il peut tre difficile dagir sur certains facteursde stress : les organisations de travail, lambiance dans leservice, lenvironnement sonore, etc. En revanche, il est
possible de reconnatre toutes les situations o le stress est
provoqu par un mode de penses et de reprsentations
internes et subjectives.
Le cerveau peroit le monde extrieur ensappuyant sur les cinq sens.Les informations sontanalyses et filtres par lintellect en fonction de lhistoire,
des croyances, de lducation et des valeurs qui lui sont
propres. Autrement dit, ces perceptions sont traduites en
reprsentations mentales spcifiques chacun. La ralit
nest pas perue telle quelle est mais telle quelle est
interprte. Ce nest donc pas la situation externe relle qui
dclenche une raction de stress, mais sa reprsentation
obligatoirement subjective.
LIMPACTDESPENSESETDESREPRSENTATIONSSURLESTRESS
2/10Stress, penses et reprsentationsChaque personne possde son propre systme de penses constitu dun ensemble de reprsentations,de croyances et de projections. Cet ensemble peut accrotre, voire provoquer un tat de stress.Il sagit donc dapprendre le transformer pour mieux ragir et rduire limpact du stressnotamment sur la vie professionnelle.
Christia
nLeGall
POUR EN SAVOIR
PLUS
Carillo C.tre unsoignant heureux : le dfi.Fluidifier les relations etapprivoiser les motions.Masson, 2010.
Lebonheur dsesprment.Librio, 2006.
Manueldpictte. Livre de Poche,2000.
Laconstruction de soi.ditions du Seuil, 2006.
Massin C, Sauvegrain I.Russir sans se dtruire.Albin Michel, 2006.
Pouvoir
illimit. Robert Lafont,2003.
LA GESTION DU
STRESS AU TRAVAIL
1. Stress au travail, dfinitionet enjeux (Soins; 752 : 63-64)
2. Stress, penseset reprsentations
3. Stress et motions,entre dbordementet hyper-protection
4. Dcoder le langagedu corps pour anticiperle stress
5. Image, estime de soiet confiance en soi
6. Crer des relations deconfiance avec les patientset leur famille
7. Stress et relations entreprofessionnels
8. Agressivit, violenceet stress
9. Stress organisationnel
10. Dmarche globale et
plan dactions personnalispour lutter contre le stress
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59SOiNS- n 756- juin 2011
en fiches
Estimer une personne, cest laimer telle quelleest,avec ses qualits et ses dfauts. Si cette dfinition paratvidente pour un tiers, elle ne lest pas toujours lorsquil sagit
de soi.
Lestime de soi est lie au jugement quune personne porte
sur elle-mme, cest--dire sur son apparence physique, ses
comptences personnelles et professionnelles, ses capa-
cits intellectuelles et physiques et ses aptitudes tre
apprcie des autres.
Avoir une bonne estime de soi se diffrenciedtre complaisant et consiste porter un regard
bienveillant sur soi-mme. Cest reconnatre dune part, ses
capacits et ses limites, et dautre part, sa valeur en tant que
personne. Lestime de soi est une valeur fragile etchangeante qui augmente lorsque nous vivons enrespectant nos propres valeurs et qui diminue chaquefois que notre comportement nest pas cohrent avecelles. 1Avoir une haute estime de soi ne signifie pas treorgueilleux. Une personne orgueilleuse ou imbue se
survalorise et a besoin de dvaloriser les autres. linverse,
une personne qui a une bonne estime delle-mme reconnat
sa propre valeur et celle des autres.
Il est possible de tester le niveau de son estime de soi en rpondant aux
questions suivantes :
la gestion du stress au travail
C
hristia
nLeGall
LA GESTION DU
STRESS AU TRAVAIL
1. Le stress au travail,dfinition et enjeuxSoins
2. Stress, penses Soins
3. Stress et motions,entre dbordement Soins
4. Dcoder le langagedu corps pour anticiper Soins 2011 ; 755 :
5. Image, estime de soiet confiance en soi
6. Crer des relations deconfiance avec les patientset leur famille
7. Stress et relations entreprofessionnels
8. Agressivit, violenceet stress
9. Stress organisationnel
10. Dmarche globale etplan dactions personnalispour lutter contre le stress
DFINITION
QUELQUESINDICATEURSDELESTIMEDESOI
5/10 Image, estime de soiet confiance en soi
Lestime de soi accrot la capacit sadapter aux situations de stress. Associe la confiance ensoi, elle engendre de multiples avantages qui sont autant de pistes explorer pour dvelopper lebien-tre et souvrir aux autres.
Lestime de soi slabore pendant lenfance. Lestudes du chercheur Jens Pruessner2montrent que la qualit
des soins parentaux auprs du bb a une incidence surlestime de soi et la capacit de rponse au stress des
enfants. Par ailleurs, un enfant aura une meilleure estime de
lui si ses parents lui expriment un amour inconditionnel,
cest--dire non dpendant de son comportement ou de ses
capacits. Lenfant intgre quil possde une valeur propre,
quil est aimable tel quil est.
Le discours des adultes influence limage quelenfant a de lui. Par exemple, une petite fille a eu unemauvaise note un devoir ou a renvers son verre. Si ses
parents lui disent : Que tu es bte ! ou tu es maladroite ,ils qualifient ngativement ce quelle est : lenfant ne peut rien
faire pour tre aimable, elle est ainsi : bte ou maladroite. Si aucontraire, ils valuent son comportement : Tu nas pas asseztravaill , tu as mal appris ta leon ou fais attention, tienston verre droit , lenfant peut modifier son comportementpour sadapter et ce quil est nest pas remis en question.
Une fois adulte, le niveau destime de soi dpendrafortement du regard et du jugement que la personne pense
que lon porte sur elle, et cela dautant plus si son estime de
soi est faible. Recevoir des apprciations positives entretient
une estime de soi haute.
LEREGARDDESAUTRES
NOTES
1. Poletti R, Dobbs B.Petitcahier dexercices destimede soi. Jouvence, 2008.
2. Pruessner J. tudes des
soins maternels chez
dtudes sur le vieillissement,Institut Douglas.
3. Heimpel Sara et coll.Do people with lowself-esteem really want to
differences in motivation torepair negative mood.Journal of Personal ity andSocial Psychology2002 ; 82 :128-147.
4. Deschamps JC,Beauvois JL.Des attitudesaux attributions : sur laconstruction sociale de laralit. PUG, 1redition, 1996.
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44 SOiNS- n 757- juillet/aot 2011
en fiches
la gestion du stress au travail
POUR EN SAVOIR
PLUS
Cessezdtre gentil soyez vrai : treavec les autres en restant soi-mme. Les dit ions delHomme, 2001.
Carillo C.tre un soignantheureux : le dfi. Fluidifier lesrelations, apprivoiser les mo-tions. Masson, 2010.
Relations soi-gnants soigns. Masson,2009.
Derrire la magie, Interditions
2010.
ducation thrapeutique, pr-vention et maladies chroniques.Masson, collection Abrgs demdecine, 2007.
Sapproprier des techniques de communi-
cation prcises soutenues par une intention
bienveillante en accord avec les valeurs
soignantes permet de crer des relations
de confiance. Des changes de qualit avecles patients et leur famille ne font pas
disparatre le stress mais prviennent ou
attnuent de nombreuses situations de
stress. Les relations avec les patients sont
une des principales sources de satisfaction
du mtier gnralement cites par lessoignants1.
Quelques pistes peuvent tre explores pour amliorer une
qualit relationnelle entre soignant et soign :
savoir reprer ses propres limiteset demander de
laide aux collgues quand limpatience, lmotion et le ras-
le-bol prennent le dessus sur une attitude soignante ;
inviter la personne exprimer sesdifficults ;
poser des questions ouvertes et ciblespour faire
prciser et aider lexpression ;
tablir une relation de confianceavec le patient en
lcoutant et le questionnant dabord, puis en reformulant.
Ensuite, il sagira dinformer le patient et dexpliquer le projet
de soins en tenant compte de son tat motionnel, de ses
attentes et de sa reprsentation de la maladie et du
traitement ;
cest-
-dire montrer de la comprhension par un geste, un regard,
un silence, un mot et une prsence bienveillante ;
utiliser lhumouret rire avec le patient.
CONCLUSION
COMMENTAMLIORERLAQUALITRELATIONNELLE
Voici quelques erreurs viter pour sortir du stress
relationnel :
. Par exemple, si une infir-
mire dit un patient angoiss : a va aller, ne vous inqui-
tez pas ! , il ne se sentira pas entendu. La soignante tente
en ralit de se rassurer elle-mme ;
rapidement quand un patient
exprime une difficult. Par exemple,
un patient dit lors du repas : a
ne passe pas, je ne veux pas man-
ger . Si linfirmire propose un
autre plat ou un repas mix sans
poser des questions prcises au
malade, elle ne saura pas que le
manque dapptit du patient est d
lannonce du diagnostic du
mdecin. Son action soignante serainefficace ;
lorsquun
patient refuse dtre soign. Par exemple, une infirmire peut
se sentir dcourage parce quelle ne russit pas convaincre
un patient atteint dune pathologie chronique prendre son
traitement. La remise en question est constructive si elle est
mesure et ralise dans une dmarche professionnelle
rflexive. Il sagit pour linfirmire de
ne pas considrer le manque de rigu-
eur du patient comme un chec,
autrement dit, de ne pas le prendre
personnellement. En revanche, elle
peut reprer dans une situation ce
qui appartient au patient et ce qui la
concerne en propre, cest--dire ses
propres rsistances, motions, pro-
jections et croyances. En outre, la
cause de non compliance est multi-
factorielle. Une rflexion en quipepluridisciplinaire est souhaitable.
Fiche ralise enpartenariat avec la MNH
ERREURSVITER
LAUTEUR
formatrice consultante en
relations humaines,
Myriade formation,Montpellier (34)
reformuler ce que la personne dit en repre-nant lide ou le mot essentiel. Ceci consiste rediredune manire plus concise ou plus explicite ce que le patient
ou tout autre interlocuteur vient dexprimer. Les faits, lesides et les sentiments peuvent tre reformuls. Cette
mthode prsente de nombreux intrts : elle diminue les
erreurs de comprhension, donne au patient ou ses
proches le sentiment dtre entendu et reconnu et ainsi
contribue diminuer la tension motionnelle. Elle aide ga-
lement linterlocuteur approfondir ce quil pense ou
prendre conscience de ce quil ressent, lui permet de mieuxentendre ce quil dit lui-mme et de ce fait, laide prendre
conscience de ses comportements, ses motions, ses dif-
ficults et trouver en lui les ressources pour y faire face.
TECHNIQUESDECOMMUNICATIONPOURRDUIRELESTRESSRELATIONNEL(SUITE)
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aniaHagemeister/ElsevierMassonSAS
NOTE
Santet satisfaction des soignantsau travail en France et enEurope. Presses de lEHESP,2008.
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60 SOiNS- n 758- septembre 2011
en fiches
la gestion du stress au travail
POUR EN SAVOIR
PLUS
Carillo C. tre un soignantheureux : le dfi. Fluidifierles relations, apprivoiser lesmotions. Masson, 2010.
Watzlawick P.Faitesvous-mme votre malheur.Le Seuil, 2009.
montre que, dans la plupart des cas, la personne va
s'excuser en expliquant qu'elle tait perdue dans ses penses.
La dmarche consiste donc dcrire les faits sans jugementou interprtation puis poser une question ouverte cible.
En revanche, si l'infirmire pose la question sous la formesuivante : Pourquoi mignorez-vous volontairement ? ,elle met une interprtation sans en tre consciente,
persuade que c'est un fait. Elle initie alors une relation
tendue avec le mdecin. Cependant, si la professionnelle
s'autorise ragir, par exemple, en interrogeant le mdecin,elle se confronte la ralit des faits, se dtache de ses
projections, de ses croyances et de ses peurs. Elle revient
simplement aux faits concrets et vite les malentendus dus
aux interprtations errones.
Si une infirmire souhaite travailler dans uneambiance agrableet exercer une influence positive ausein dune quipe, clarifier ce quelle veut vraiment est une
tape ncessaire car elle pourra dcouvrir quelle agit parfois
lencontre de son objectif. En effet, elle peut se surprendre
elle-mme en observant quelle parle une autre soignante
sur un ton agressif. Son comportement montre alors quelle
dsire inconsciemment laisser exploser sa colre. Limportant
est donc dtre clair et cohrent vis--vis de soi-mme avant
de ltre avec les autres .
Quatre tapes sont suivre afin dexprimer unecritique constructive au sein dune quipe2:
dcrire les faits sans mettre de jugement sur unautre soignant.Par exemple, une infirmire estime quuneaide-soignante na pas donn correctement manger un
patient. Si elle scrit : Tu nas pas bien fait ton travail , elle
formule un jugement. Il est probable que laide-soignante, sesentant critique, se focalise sur la forme et prpare sa
dfense plutt que dcouter le fond du problme. linverse,
linfirmire peut sexprimer ainsi : midi, tu as dbarrassle plateau de M. Paul qui mange seul avec difficult. Ilnavait pas touch son repas et tu ne lui as pas proposton aide. Lutilisation du terme travail dans la premireraction de linfirmire nest pas explicite. Cette dernire et
laide-soignante nont peut-tre pas la mme ide de ce que
doit tre le travail de chacune. Un fait remarqu doit tre situ
dans le temps, la dure et le lieu. Il ne pourra pas tre ni car
il sera vrifiable concrtement. Sa description doit tre prcise
pour viter la polmique ;mettre des mots sur son motion en prenant laresponsabilit de son ressenti.Linfirmire exprimeson motion en disant : Je suis, Je ressens , Je suis inquite quand je vois que le patient na pasmang ou Je suis irrite . Elle ne dit pas : Tu mirritesou Tu me mets en colre . Ainsi laide-soignante nest
pas remise en question en tant que personne. Cest son
comportement qui ne convient pas pour linstant. En outre,
linfirmire prend la responsabilit de son ressenti. En
disant tu mirrites , elle donne le pouvoir sa collguedagir sur ses propres motions et se positionne en tant
que victime passive ;
exprimer un besoin.Linfirmire exprime un besoinnon dpendant de lautre : Jai besoin de clarification , Jai besoin de relation de confiance . Elle ne dit pas : Jai besoin que tu me comprennes mais Jai besoinde comprendre . Elle ne le culpabilise pas en exigeant quilrponde son besoin ;
formuler positivement une demande claire et pr-cise. Linfirmire formule une demande pour avoir un impactrel dans les relations : Pourrais-tu me dire pourquoi tu nas
pas donn manger au patient ? ou Veux-tu me donnerton analyse de la situation? .Le fait mme dexiger et dim-poser entrane chez linterlocuteur une crispation et un senti-
ment dopposition. En formulant une demande, linfirmire
montre laide-soignante quelle la prend en considration.
Par cette ouverture, elle lincite subtilement tre dans le
mme tat desprit.
EXPRIMERUNECRITIQUECONSTRUCTIVEAUSEINDUNEQUIPE
Les tensions qualifies de conflits de per-
sonnes sont souvent provoques par un
manque dcoute et dattention entre pro-fessionnels ou par des organisations et des
fonctions mal dfinies. Qualit dcoute,
attention porte lautre, soutien, respect
et cohsion, sont des critres essentiels demotivation au sein dune quipe.
CONCLUSION
T
aniaHagemeister/ElsevierMassonSAS
Fiche ralise enpartenariat avec la MNH
LAUTEUR
Claudine Carillo,
formatrice consultante en
relations humaines,
Myriade formation,Montpellier (34)
NOTES
1. Estryn-Behar M.Sant etsatisfaction des soignants autravail en France et en Europe.Presses de lEHESP, 2008.
2. Rosenberg M.(Auteur)Seils G. (Interviewer).Dnouer les conflits par lacommunication non violente.d. Jouvence, 2006.
DISCERNERLESFAITSDESINTERPRTATIONSPOURNEPASSESENTIRDVALORIS(SUITE)
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57SOiNS- n 759- octobre 2011
en fichesla gestion du stress au travail
NOTES
1. Krug EG, Dahlberg LL,Mercy JA, Zwi A, Lozano-Ascencio R (sous la dir.de).Rapport mondial sur laviolence et la sant.Organisation mondiale de la
Sant, Genve 2002. www.who.int/violence_injury_prevention/violence/world_report/en/full_fr.pdf
2. Observatoire nationaldes violences en milieuhospitalier(ONVH)DGOS-DSR-FG Fvrier2011.Le Bilan national desremontes des signalementsdactes de violence en milieuhospitalier Anne 2010.Ministre de la Sant et desSports. www.sante.gouv.fr/
IMG/pdf/Bilan_national_ONVH-2010-2.pdf
.../...
Lobjectif est de faire redescendre la temprature motion-
nelle. Il sagit de trouver et de comprendre les motivations
dun comportement agressif. Instaurer une relation de
confiance scurisante constitue lattitude la plus adapte
face un comportement dagressivit et ce, autant pour
prvenir que pour ragir. Lagressivit traduit une souffrance
physique ou morale et la tentative de se dfendre contre ce
qui fait souffrir (encadr 1). Elle peut tre engendre par un
mode de communication inadapt, non personnalis ou
toute expression dun jugement ngatif.
COMPRENDREPOURAGIREFFICACEMENT
LOrganisation mondiale de la sant (OMS) dfinitla violence comme lusage intentionnel ou menace de la force
physique ou du pouvoir, contre soi-mme, une autre personne
ou une communaut, entranant ou risquant fortement
dentraner des consquences ngatives sur la sant physique,
mentale ou sociale de celui ou celle qui en est victime 1.
Dans son dernier rapport, lObservatoire nationaldes violences en milieu hospitalier (ONVH) a mis en
vidence une augmentation de 38 % des signalements entre
2008 et 2009 et une hausse de 7 % en 2010. Les 3 services
les plus touchs sont la psychiatrie, les urgences et la
mdecine gnrale2.
DFINITIONETCONTEXTE
8/10Agressivit, violence et stressLes soignants sont confronts trop souvent des incivilits, des exigences abusives ou desviolences verbales. Sils connaissent les causes de lagressivit des patients ou des familles, ilspeuvent prendre du recul et ne pas subir de stress. Une palette varie dattitudes est leurdisposition pour anticiper ou faire baisser la pression.
Christia
nLeGall
Des pistes daction peuvent tre envisages pour faire face
un comportement agressif :
couter en favorisant lexpression verbale dupatient pour diminuer la tension motionnelle et viter laviolence physique. Si une personne met des mots sur sa
colre, sa tension intrieure baisse, elle naura probablement
plus besoin de la violence physique. Face un patient encolre, linfirmire peut alterner les questions fermes qui
canalisent langoisse de celui-ci et le rassurent et des ques-
tions ouvertes cibles qui permettent au malade de sexpri-
mer et ainsi de rsorber son trop plein motionnel ;
reprer et assumer son propre agacementpro-voqu, par exemple, par les demandes rptes dune
patiente qui freine la ralisation des autres soins. Si le soi-
gnant se laisse emporter par ses motions, il lui est difficiledadapter son comportement la situation et aux
PISTESDACTIONFACEUNCOMPORTEMENTAGRESSIF
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aniaHagemeister/ElsevierMassonSAS
LA GESTION DU STRESS
AU TRAVAIL
1. Le stress au travail,dfinition et enjeux(Soins2011 ; 752 : 63-4)
2. Stress, penseset reprsentations (Soins2011 ; 753 : 59-60)
3. Stress et motions,entre dbordementet hyper-protection (Soins2011 ; 754 : 61-2)
4. Dcoder le langagedu corps pour anticiperle stress (Soins2011 ; 755 :59-60)
5. Image, estime de soiet confiance en soi
6. Crer des relations deconfiance avec les patientset leur famille
7. Stress et relationsentre professionnels
8. Agressivit, violenceet stress
9. Stress organisationnel
10. Dmarche globale et plandactions personnalis pourlutter contre le stress
ENCADR1.Facteurs dclencheurs de comportements dagressivit ou de violence.
Source : Delevoye JP. Rapport annuel 2010, prsent le 22 Mars 2011 au Conseil conomique, social et environnemental (CESE).
www.lecese.fr/newsletter/archivees/newsmars11.html
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en fiches
Le stress est souvent dfini comme une difficult de lindividu
sadapter son environnement. Dautres approches sou-
lignent le lien entre les pressions excessives exerces dans
le cadre de lorganisation du travail (surcharge de travail,
manque de reconnaissance, soutien de lencadrement
insuffisant) et les problmes de sant mentale et physique
des salaris1. Ces risques psychosociaux sont lobjet de
nombreuses recherches.
Une infirmire peut se sentir insatisfaite dune journe de travail quand elle a limpression de navoir rienaccompli correctement. Pourtant elle a travaill sans relche : distribution des mdicaments, runions sur un nouveau projet,
mise jour du dossier du comit de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) De plus, elle a d intervenir dans un conflit,
former brivement une nouvelle infirmire, rpondre maintes reprises au tlphone. En fin de garde, elle constate quelle a
consacr peu de temps aux patients et aux familles. Linformation, les soins relationnels, laccompagnement, les conseils, les
entretiens dducation thrapeutique, autrement dit, son rle propre dinfirmire, est mis mal. Linsatisfaction rpte qui
dcoule des conditions de travail, en perdurant, engendre la souffrance et provoque des symptmes aiss identifier.Le psychiatre Christophe Dejours a mis en lumire lescauses de la souffrance au travail3. Celle-ci se caractrise par : des conditions de travail difficiles : conflit entre collgues,climat social tendu, absence dentraide, rtention dinformation, proto-
coles contre-productifs ;
labsence de reconnaissance ;les efforts physiques ;lenvironnement agressif (bruits, promiscuit, produits toxiques,etc.) ;
la pnibilit psychologique : rythmes de travail, travail de nuit,horaires alternants, prise en charge de patients en dtresse physique
ou/et psychologique ;
la crainte dtre en limite de comptence ; la peur dtre contraint de mal faire son travail.
la gestion du stress au travail
C
hristia
nLeGall
LA GESTION DU
STRESS AU TRAVAIL
1. Le stress au travail,dfinition et enjeux(Soins2011 ; 752 : 63-4)
2. Stress, penseset reprsentations (Soins2011 ; 753 : 59-60)
3. Stress et motions,entre dbordementet hyper-protection (Soins2011 ; 754 : 61-2)
4. Dcoder le langagedu corps pour anticiperle stress (Soins 2011 ; 755 :59-60)
5. Image, estime de soiet confiance en soi
6. Crer des relations deconfiance avec les patientset leur famille
7. Stress et relations entreprofessionnels
8. Agressivit, violenceet stress
9. Stress organisationnel
10. Dmarche globale etplan dactions personnalispour lutter contre le stress
INTRODUCTION
LASOUFFRANCEAUTRAVAIL
9/10Stress organisationnelLorganisation du travail dfaillante et les relations professionnelles difficiles font partie des risquespsychosociaux bien connus. Sources de tension pour le soignant, ils doivent faire lobjet dactions deprvention dans une dmarche collective avec le soutien des instances institutionnelles.
Selon ltude Press-Next dirige par MadeleineEstryn-Behar2,si les infirmires sont fires dexercer leurprofession, elles sont, en revanche, nombreuses souffrir
des conditions de travail. 70% dentre elles considrent que
le soutien psychologique au travail (face la charge
motionnelle, la violence) nest pas satisfaisant. Un peu
plus de la moiti estime ne pas pouvoir dispenser des soins
de faon adquate. Daprs cette mme tude, 17 % des
infirmires envisagent assez souvent de quitter la
profession.
Dautres causes de malaise peuvent treconstates dans les services de soins :la confrontation de logiques difficiles concilier ;
la cotation des actes techniques,dans le cadre dela tarification lactivit (T2A), qui ne prend pas en compte
le soin relationnel ;
la remise en cause des valeurs soignantespar lalogique de la rentabilit et lacclration du rythme de travail ;
la technicisation des pratiques professionnellesdo une diminution du temps pass auprs du patient ;
la responsabilisation du personnel dans la ralisationdes actes avec moins ou pas de temps dencadrement du
nouveau personnel ;
labsence des cadres sur le terrainobnubils par lagestion des plannings et la mise en place des nouvelles rgle-
mentations. Les cadres de sant consacrent une part impor-
tante de leur temps grer une pnurie dinfirmires : postes
vacants, (selon les hpitaux de lAssistance publique-hpitaux
de Paris, 600 postes dinfirmires vacants en septembre 2007),
personnels absents non remplacs, turn over.Certains soignants ont le sentiment dune perte de sens de leur
rle.
CONTEXTE
T
aniaH
agemeister/ElsevierMassonSAS
NOTES
1. Karasek R.Characteristics of TaskStructure associated withPhysiological Stress andCardio-Vascular Diseases.Annals American Conferenceof Governmental Hygienists,1984.
2. Estryn-Behar M.Santet satisfaction des soignantsau travail en France et enEurope, Presses de lEHESP,2008.
3. Dejours C.Souffrance en
France, la banalisation delinjustice sociale. Seuil, 1998.
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