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Sur les chemins de Compostelle dans l'Aube

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Introduction

L'Aube et la ville de Troyes ne sont pas des étapes "officielles" des chemins de Compostelle ; toutefois, les pèlerins du Nord-Est de la France et de Belgique ou des Pays Bas pouvaient (et peuvent encore) choisir de traverser notre département pour rejoindre le chemin de Vézelay.

Je me suis donc intéressé aux tracés possibles empruntés par les pèlerins d'hier et d'aujourd'hui, et me suis attaché à décrire brièvement les villages traversés et trouver les "indices" liés au pèlerinage de Compostelle ; coquilles, images de Saint-Jacques, etc. Ma démarche n'est pas religieuse, même si la plupart des monuments décrits sont des églises ; elle s'inscrit plutôt dans un souhait d'explorer les multiples richesses de notre patrimoine aubois en choisissant le prétexte et le regard particulier de ce pèlerinage.

Août 2006

Hervé Grosdoit-Artur

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Table des Matières

RAPPELS HISTORIQUES SUR LES CHEMINS DE COMPOSTELLE.........................4

ITINÉRAIRE DU CHEMIN DE GRANDE RANDONNÉE 654.........................................7

UN CHEMIN À TROYES .....................................................................................................12

AUTRES CHEMINS DANS L'AUBE..................................................................................15

DE PLANCY À TROYES..........................................................................................................19

DE TROYES À TONNERRE PAR CHAOURCE...........................................................................21

DE TROYES À TONNERRE PAR BOUILLY ET ERVY LE CHÂTEL.............................................25

DE VILLENAUXE À ERVY LE CHÂTEL...................................................................................25

LISTE DES LIEUX « JACQUAIRES » OU AVEC INDICES..........................................25

BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................25

Index.........................................................................................................................................25

ILLUSTRATIONS (I à XV) ..................................................................................................35

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Rappels historiques sur les chemins de Compostelle

Saint Jacques le Majeur fut l'un des Apôtres du Christ, et est supposé avoir évangélisé l'Espagne. Après son retour à Jérusalem, il est arrêté par Hérode Agrippa qui le fait décapiter. Selon la légende, son corps est ramené en Espagne par ses disciples. Il faut attendre le IXè siècle pour qu'un ermite, Pelayo, découvre, guidé par une étoile (ou une pluie d'étoile selon les sources...), l'emplacement du tombeau du saint. Le lieu est appelé Campus Stellae, le

champ de l'étoile, et c'est de là que viendrait le mot Compostelle (une autre étymologie fait référence au mot latin compostile qui signifie nécropole).

Dés cette découverte, les pèlerins commencent à se rendre en pèlerinage sur le tombeau de Saint Jacques, et au milieu du XIIè siècle, un premier guide du pèlerin circule dans les abbayes et monastères ; il s'agit du livre 5 du Codex Calixtinus, qui commence ainsi :

" Il y a quatre chemins qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en un seul à Puente la Reina en Espagne. L'un passe par Saint-Gilles, Montpellier, Toulouse et le col du Somport. Un autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac. Un autre passe par Sainte-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux. Un autre encore passe à Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d'Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux. " (source : http://compostela.free.fr/codex.htm)

Dés lors, sur ces chemins principaux, mais aussi sur ceux qui y mènent, les étapes seront marquées par la symbolique des chemins, et notamment la coquille, que l'on retrouve dans les églises, mais aussi sur les maisons accueillant les pèlerins. Selon une légende, la barque des disciples qui rapportaient la dépouille de St Jacques en Espagne fut attaquée sur les côtes de Galice par un Chevalier, qui fut aussitôt recouvert de coquilles... On explique aussi que les premiers pèlerins, parvenus au terme de

leur voyage, rapportaient une coquille trouvée sur la plage de Padron, comme symbole de leur pèlerinage.

Il faut toutefois relativiser le lien qui existe entre la coquille et le pèlerinage de St Jacques ; la coquille est un ornement utilisé depuis l'antiquité, et qui revient régulièrement dans l'histoire de l'art sans qu'aucun rapport ne puisse être établi avec le pèlerinage. Ainsi le motif de la coquille est-il souvent utilisé, notamment au XVIé siècle, comme voûte de niches ou de

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piscines sur les murs des églises, mais aussi dans l'architecture civile, sans pour autant toujours faire référence à Saint Jacques et son chemin...

Mais c'est bien sûr le saint lui-même qui inscrit encore plus les villes et villages dans l'histoire du chemin. Chaque village traversé compte au moins une représentation de Saint Jacques, en bois, en pierre ou sur les vitraux, avec ses attributs les plus courants ; le chapeau à large bord du pèlerin, le bâton encore appelé bourdon, la besace, la gourde et la coquille, bien sûr ! On trouve aussi la croix de Saint Jacques, aussi appelée croix matamore (tueur de maures), qui fut un symbole de la lutte entre chrétiens et musulmans sur le sol espagnol ; Saint jacques apparut selon la légende lors de la bataille de Simancas en 938, et fut souvent repris comme symbole de la lutte contre les musulmans ; il est bien triste de penser qu'elle orne aujourd'hui certains uniformes en Irak... Toutefois, la représentation de Saint Jacques dans une église n'est pas la marque en soi du chemin de Compostelle. Combien de donateurs prénommés Jacques se sont fait représenter au pied de leur saint patron sur des vitraux...

D'autres pèlerins célèbres ornent aussi les églises, et notamment Saint Roch, très présent dans l'Aube. Ce Saint, originaire du Languedoc, aurait vécu au début du XIVe siècle ; guérisseur, il soignaient surtout les malades de la peste, qu'il finit par contracter. De retour d'un pèlerinage de Rome, affaibli par la maladie, il se retira dans un bois près de Plaisance en Italie, et fut "secouru" par un chien qui chaque jour lui apportait un pain. Le seigneur des lieux finit par le découvrir dans sa retraite et le faire soigner, lui permettant ainsi de reprendre sa route vers la France. Saint Roch est représenté accompagné d'un enfant et d'un chien portant dans sa

gueule un pain. Il exhibe son bubon sur la jambe, et porte tous les attributs du pèlerin ; le bourdon, la besace, et parfois des coquilles ornent son chapeau.

Saint-Thibault nous rapproche cette fois de notre région. Né en 1017 à Provins, il était le fils du Comte Arnoul de Champagne, qui le destinait à une vie militaire. A 18 ans, fort de ses lectures religieuses, il décida de renoncer aux armes pour se retirer en ermite dans la forêt ardennaise, puis au Luxembourg. Il prit finalement la route des pèlerinages, qui le mena à Compostelle puis à Rome. Il passa la fin de sa vie dans l'Ordre des Camaldules à Salanigo en Italie, où il mourut en 1066.

Bien que d'origine écossaise ou irlandaise, Sainte Syre fait également partie des saints locaux, et même si aucun lien ne la rapproche de Compostelle, on la représente souvent en pèlerine. Afin d'éviter le mariage, elle pria pour devenir aveugle. Une fois cette prière exaucée, un songe l'avertit qu'elle recouvrerait la vue si elle séjournait en France. Elle partit donc rejoindre son frère Saint Fiacre à l'abbaye de Jouarre, près de Meaux. Plus tard, avertie par une révélation, elle partit à la recherche de la tombe de Saint Savinien, martyr aubois du IIIe siècle, et recouvra la vue en la trouvant. Elle y fit bâtir une église à l'endroit qu'occupe actuellement le village de Rilly Sainte Syre. Selon les hagiographes, sa découverte eu lieu 10 ou 20 ans après la mort de Savinien, ou un, deux ou même quatre siècles plus tard... Sainte Syre nous ramène aussi à l'existence, dès le haut moyen âge, de chemins de pèlerinages vers Rome empruntés par les moines du Nord de l'Europe (et notamment d'Irlande ou d'Ecosse)

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qui traversaient la France par la Champagne, en passant par les voies romaines existantes ; celle de Meaux à Troyes dans le cas présent.

Comme le Codex Calictinus nous l'indique, les chemins historiques de Compostelle en France prennent naissance dans quatre villes : Vézelay, Le Puy, Arles et Tours. Même pour ces chemins historiques, il existe de nombreuses variantes, et les infrastructures routières ont parfois emprunté (et donc détourné) le chemin d'origine. Que dire alors des chemins secondaires, c'est à dire ceux qui menaient aux quatre villes de départ ! A l'origine le pèlerin reliait Santiago de Compostelle à partir de son domicile ; il ne se rendait pas, comme beaucoup de pèlerins modernes, à Vézelay, Arles, Tours ou Saint Jean Pied de Port pour démarrer son chemin. Cela signifie presque qu'il existe un chemin par pèlerin !

Le premier chemin décrit dans les pages "Itinéraire" est celui emprunté par les pèlerins venant de Namur ; il passe par Dinant, Rocroi, Signy l'Abbaye, Reims, Chalons en Champagne, traverse l'Aube, et continue jusqu'à Vézelay en passant par Tonnerre et Auxerre. Cet itinéraire constitue le chemin de grande randonnée 654 (GR654). Son tracé évite, et de loin, la ville de Troyes, pour lui préférer des villes moins importantes comme Brienne ou Bar Sur Seine. En fait, le tracé du GR s'appuie clairement sur des étapes historiques, mais tient compte également d'autres considérations plus "modernes" ; l'intérêt du parcours, les paysages rencontrés, les routes et autoroutes évitées, l'état des chemins, etc.

Une ancienne voix gallo-romaine reliant Chalons à Troyes passait par la plaine champenoise, aujourd'hui vaste étendue cultivée, qui n'offre au marcheur qu'un paysage bien monotone en comparaison à la forêt d'Orient et aux coteaux du barséquanais. D'autres chemins - de Dival à Ervy le Châtel, de Plancy à Troyes, de Troyes à Chaource - existent, et sont décrits dans la page "Autres chemins". Par ailleurs, la page "Troyes" permet d'imaginer le parcours type d'un jacquet qui traversait notre ville et d'y décrire les marques de Saint Jacques dans les rues et édifices du bouchon de Champagne.

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Itinéraire du chemin de Grande Randonnée 654Le chemin menant à Vézelay, aujourd'hui chemin de Grande Randonnée 654, quitte la Marne par Outines et traverse les villes et villages suivants :

Bailly le Franc - Lentilles - Montmorency Beaufort - Rosnay L'Hôpital - Chalette Sur Voire - Précy Saint Martin - Saint Léger Sous Brienne - Brienne Le Château Brienne La Vieille - Dienville - Unienville - Amance - La Loge Aux Chèvres - Villeneuve Au Chêne - Marolles Lès Bailly - Fralignes - Bourguignon - Bar Sur Seine - Polisot - Avirey-Lingey - Bagneux La Fosse - Bragelogne - Villiers Le Bois – Etourvy

Bailly le FrancEn arrivant d'Outines dans la Marne, Bailly le Franc est le premier village aubois rencontré. Eglise de l'Exaltation de la sainte croix : magnifique exemple d'église à pan de bois, construite sur le même plan que sa sœur jumelle de Lentilles (ci-dessous), à la fin du XVIè siècle. Le vitrail de la Pietà date du XVIè siècle également.

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Lentilles *L'église de Lentilles est l'une des rares églises du département à être dédiée à Saint-Jacques, dédicace qu'elle partage avec Saint-Philippe comme le montre le vitrail du chœur ; c'est d'ailleurs un Saint-jacques de pierre qui trône sur l'auvent de l'église, couvert d'essentes (écailles de bois). Sa construction remonte au début du XVIè siècle, ainsi que la plupart de ses vitraux.

Montmorency BeaufortLe premier nom du village fut Beaufort, en raison d'une forteresse toute proche. Le village passa aux mains du Duc de Lancastre, qui fit assurer sa défense pendant la guerre de cent ans par un capitaine anglais du nom de "Poursuivant d'Amour". Ce dernier trahît le Duc et fit allégeance au Roi de France. En 1688, le bourg fut vendu au Duc de Montmorency-Luxembourg, et prit le nom de Montmorency, puis à une époque plus récente (1919), Montmorency Beaufort. L'église de L'Assomption de la vierge date du début du XVIè siècle, et abrite plusieurs sculptures du XVIè siècle. Elle est actuellement en restauration suite aux dommages causés par la tempête de 1999. (Visitez le site très complet d'un habitant du village : www.grammont.nom.fr )

Rosnay L'HôpitalEglise Notre Dame de l'Assomption, des XIIè et XVIè siècles. Elle abrite de magnifiques verrières, et sa crypte, église d'origine, dont la fondation remonterait à 1035, présente des voûtes impressionnantes pour la plupart restaurées au moment de la construction de l'église supérieure. Le nom du village, Rosnay, viendrait du latin renos (couler) ou rod (rivière) - la Voire coule en contrebas de l'église - et L'Hôpital de la famille à laquelle la ville fut vendue en 1640, celle du maréchal de l'Hôpital. Un prieuré hôpital Saint Nicolas se trouvait à proximité du village.

Chalette Sur VoireLa construction de l'église de l'Assomption de Chalette Sur Voire remonte aux XIIème puis XVIé siècles. Elle abrite un beau retable du XVIIè siècle, orné ça et là de quelques coquilles stylisées (?). Le nom du village pourrait venir du mot chal qui signifie "pente ou creux abrité du vent" ou encore des champs catalauniques qui désignent la plaine où les armées d'Attila furent repoussées au Vè siècle, entre Chalons en Champagne et Troyes. Le village faisait partie au XIIIè siècle des possessions de l'Abbaye Saint Loup de Troyes.

Saint-Léger Sous BrienneLe village et son église sont dédiés à Saint Léger ou Saint Leodegar. Né en 615 sur les bords du Rhin, Léger fut élevé par son oncle l'évêque de Poitiers, et suivit avec brio une éducation religieuse. Il devînt archidiacre de Poitiers puis évêque d'Autun, et chargé de l'éducation des enfants du roi Clovis. Ebroïn, jaloux du pouvoir de Léger, le tortura une première fois après la mort de Clovis, puis le fit condamner à mort en 678 ; lors de sa mise à mort qui consistait en une décapitation, trois de ses bourreaux refusèrent d'obéir aux ordres, et le quatrième du faire seul sa besogne. Après sa décapitation, Léger resta debout pendant plus d'une heure, et le quatrième bourreau, pris de folie devant ce miracle, finit par se jeter dans le bûcher qu'il réservait à la dépouille de Léger. Un prieuré bénédictin partageait autrefois avec les paroissiens la charmante petite église du village.

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Brienne Le Château *Brienne est marqué par une histoire médiévale riche, quelque peu éclipsée de nos jours par les quelques années passées par Bonaparte dans l'école militaire de la ville. Les premiers occupants du site, les branovii ou branovices sont mentionnés par Jules César dans ses "commentaires". Attila semble y être passé, et avoir pris en otages les habitants de la ville. On mentionne encore Brienne comme le site d'une déroute historique des armées de Charles Le Chauve devant celles de l'empereur de Germanie, Louis.La lignée des Comtes de Brienne occupe une place importante dans l'histoire du moyen âge, le comte Erard II disputant à Thibaut IV le Chansonnier la possession même du Comté de Champagne, dont la ville était un fief. Un des descendants d'Erard, Jean de Brienne, fut sacré et proclamé Roi de Jérusalem en 1209, puis Empereur de Constantinople en 1229.L'actuel château de Brienne a remplacé une forteresse plus ancienne détruite une première fois lors de la guerre de cent ans, puis encore assiégée à la fin du XVIè siècle. La ville fut presque entièrement détruite lors de la bataille qu'y conduit Napoléon en janvier 1814 contre l'armée des coalisés qui occupaient la place. L'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Brienne date des XIIè, XIVè et XVIè siècles ; elle abrite de beaux vitraux du XVIè siècle ainsi qu'une belle grille en fer forgé du XVIIIè siècle qui ferme son chœur. L'historien local du XIXè siècle, Anne-François Arnaud, reproduit dans son "Voyage archéologique et pittoresque..." les détails de sculpture d'une maison à pan de bois aujourd'hui disparue et qui se situait près de l'église dans la Grande Rue ; on y distingue très nettement de belles coquilles. L'église, elle, en est presque dépourvue, hormis une niche dans l'abside et une autre dans le déambulatoire droit près du choeur. Un hôpital de la Charité, aujourd'hui maison de retraite, se trouve non loin de l'entrée du château ; il fut établi en 1653 par Louise de Béon Luxembourg, Comtesse de Brienne.

Brienne La VieilleLe village ne semble être aujourd'hui qu'une simple et large rue bordée de maisons, pourtant, il mérite une halte pour admirer sa belle église dédiée à Saint-Pierre-Es-Liens, des XIIe, XVIe et XVIIe siècles. Son portail roman notamment est exemplaire de simplicité et de pureté. Une croix située près de l'entrée du cimetière présente sur son socle une curieuse coquille, que j'hésite à rapprocher de la coquille du pèlerin...L'abbaye cistercienne de Basse Fontaine fondée en 1143 par Gautier II de Brienne se trouve à quelques kilomètres du village, du moins ses magnifiques chapiteaux qui ont seuls survécu aux siècles.

Dienville *L'origine du nom (Diunvilla - Dy en Ville) viendrait des deux rives de l'Aube sur lesquelles le village est situé ; on mentionne un seigneur Milon de Dienville, en 1104, vassal des Comtes de Brienne. Ville de marché, une halle du XVIe siècle y fut malheureusement détruite au XIXe siècle pour y être remplacée par le marché couvert en brique que l'on voit aujourd'hui près de l'église Saint-Quentin. Celle-ci date principalement du XVIe siècle, avec un clocher-porche classique construit lui au XVIIIe. Elle abrite un magnifique vitrail de la création, copie (?) du vitrail de l'église Sainte Madeleine à Troyes.La chapelle Notre Dame du Tertre, située un peu en dehors du village, date des XIIe et XVIIe siècles, et faisait l'objet d'un pèlerinage.

AmanceL'église Saint-Martin d'Amance date du XIIe siècle, avec quelques remaniements opérés notamment sur son portail principal au XVIe siècle. Au XIIIe siècle, le seigneur Baudoin d'Amance dit Taillefer comptait parmi les chevaliers importants du Comté de Champagne.

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La Loge aux ChèvresLe village serait une création du XIIe siècle, lors du défrichement de la forêt du Grand Orient, possession de l'ordre des Templiers. Les chèvres font référence aux outils utilisés par les bucherons pour couper le bois. Une église y fut construite au XVIe siècle, remplacée au XIXè par l'église actuelle, récemment restaurée. Un beau chemin bordé de champs, de forêt et d'étang mène à l'étape suivante.

Villeneuve Au ChêneL'origine du village, de par son nom, se rapproche sans doute de celle de la Loge aux Chèvres. Le village était une possession des Seigneurs de Mesgrigny au XVIe siècle, et figure sur la carte de Cassini sous le nom de "Villeneuve Mesgrigny". Son église Saint Nicolas abrite deux belles sculptures de l'Ecole Troyenne, de Saint-Anne et de Saint-Eloi.

Marolles Lès BaillyLe nom de Marolles signifie "grande clairière", et c'est en effet après avoir quitté les bois de la forêt d'Orient et traversé un paysage de prairies que l'on arrive dans ce village. Au XVIè siècle, le village appartenait à la famille Lenoncourt, dont des membres furent des baillis de Bar sur Seine. L'église Saint-Rémy, dont le clocher et la partie est datent du XIIe siècle, abrite une descente de croix de l'école de sculpture Troyenne, ainsi que de belles stalles renaissance.

Fralignes Peu d'informations sur ce petit village très pittoresque, et sa modeste mais charmante église du XIIe siècle (?) sinon que l'un et l'autre étaient rattaché à l'abbaye de Molesme au XIIe siècle. L'Eglise abrite une statue en bois du XIXe siècle de Saint-Thibaut, et le vitrail de son chevet (vu de l'extérieur) évoque indéniablement le pèlerin...

BourguignonLe village se trouvait autrefois à la limite de la Bourgogne et de la Champagne (une borne de pierre du XVIIe est encore visible). Son église Saint Plet construite au XIIe siècle, fut modifiée au XVIe siècle mais ces travaux furent interrompus et jamais achevés. La famille Dinteville y fonda un Hôpital à la fin du XVIe siècle.

Bar Sur Seine *Bien que presque détruite au XVe puis à la fin du XVIe siècle, Bar Sur Seine conserve encore quelques rues et ruelles pittoresques, autour de l'église, et un point de vue magnifique sur toute sa vallée du haut de la Tour de l'horloge qui surplombe la ville et marque le début du GR654 vers Polisot. Non loin du chemin se trouve la commanderie Templière d'Avaleur, aujourd'hui propriété privée, qui possède encore sa chapelle du XIIIe siècle, et des bâtiments du XVe siècle bâtis par les chevaliers de l'Ordre de Malte.Bar sur Seine fut au moyen-âge le siège d'un comté important, dont quelques seigneurs s'illustrèrent en Terre Sainte, notamment Milon III à la fin du XIIe siècle, et Milon IV et son fils Gaucher, qui périrent à Damiette en 1219. On trouvait à Bar sur Seine plusieurs hôpitaux (Saint-Jean-Baptiste et Saint-Bernard) qui accueillaient miséreux et pèlerins. La seigneurie fut rattaché au Comté de Champagne sous Thibault IV au début du XIIIe siècle puis à la Couronne de France au début du XIVe siècle.

Notre Dame du Chêne En quittant Bar Sur Seine, on entre rapidement dans la forêt de La Garenne des Comtes, ou l'on découvre la chapelle de Notre Dame du Chêne, construite en 1867 par l'Abbé Prud, sur

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l'emplacement d'une plus ancienne en bois. La légende locale veut qu'un berger découvrit dans le tronc d'un chêne une petite statue de la Sainte-Vierge, qu'il la rapporta chez lui et que celle-ci revint d'elle même sur le site où elle fut découverte. De cette histoire débuta un pèlerinage qui aurait attiré Bernard de Clairvaux et le Roi Louis XI. Une fontaine est située à deux pas, où coule une eau sensée guérir de tous les maux... On y lit : “Vade ad natatoria Siloe - Fides tua te salvum fecit” (Va à la piscine de Siloé - Ta foi t’a sauvé). ...

Polisot *L'église Saint Denis de Polisot date du XVIe siècle. Elle présente un magnifique portail renaissance sur sa façade occidentale, décoré de nombreuses coquilles, d'un ecce homo, d'un Saint-Edme et d'une Sainte (Savine ou Syre ?) habillée en pèlerine.Saint Edme naquit en Angleterre au début du XIIIe siècle ; cet archevêque de Cantorbéry décida de fuir les persécutions financières du roi Henri III pour se retirer dans l'abbaye de Pontigny (Yonne) puis en Champagne au couvent de Soissy, près de Provins. Sainte Syre et Sainte Savine sont très présentes dans les églises auboises ; elles ont toutes deux beaucoup voyagé ; Syre pour suivre son frère Fiacre d'Irlande en France, et Savine qui fit un pèlerinage à Rome pour y être baptisée par Eusèbe, futur pape.

Avirey-LingeyEglise Saint Fale ou Saint Phal, construite au XVIe siècle. On trouve plusieurs églises et même un village qui rappelle la vie de ce Saint très local. Natif de Clermont, au début du XVIe siècle, Fale, originaire d'une riche famille, fut fait prisonnier par le roi d'Austrasie, fils de Clovis, et conduit en Champagne, ou Aventin, disciple de Saint Loup, le racheta et fit de lui un de ses plus fervents disciples. Fale mourrut en 540. L'église d'Avirey présente un magnifique portail oriental chargé de coquilles. Lingey abrite une chapelle des XIIe et XVIe siècle.

Bagneux La FosseLes origines de Bagneux La Fosse remonteraient à la pèriode gallo-romaine, et son nom indique la présence supposée de bains. Le village était d'importance au Moyen Age (la présence d'une forteresse y est attestée) et était rattaché au Comté de Tonnerre et aux Evêques de Châlons sur Saône. Il fut entièrement détruit pendant la guerre de 100 ans. Son église, assez imposante, date des XVIe, XVIIe (une pierre de l'abside est datée de 1676) et XIXe siècles (la tour clocher fut construite en 1826), et présente un joli portail lattéral condamné surmonté d'une belle coquille. Elle est placée sous le vocable de Saint Valentin ; il s'agit sans doute du Valentin Bourguignon du VIe siècle, fils d'une famille noble, élevé à la cours de Childeric Ier, qui renonça à sa vie laïque pour se faire ermite puis prêtre dans l'évêché de Langres.

BragelogneEtonnants vestiges que ceux de l'église de Bragelogne ; sa situation, à l'extérieur du village, et son architecture surprenante laisserait presque croire qu'elle a été déplacée du coeur du village et reconstruite pierre par pierre, comme pour veiller sur la belle vallée qu'elle surplombe. Certains vestiges datent de l'église du XIIe siècle, mais l'ensemble fut "reconstruit" au XXe siècle, comme sa façade en bois le prouve... De nombreuses coquilles de niches sont visibles sur la façade. Dans le village, le pélerinage et les vignes toutes proches sont évoquées à l'angle d'une maison par une sculpture moderne d'un vendangeur.

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Un chemin à Troyes *Je ne m'appuie sur aucun texte, aucun fait historique avéré pour la traversée du bouchon de champagne que je présente ici. C'est seulement au fil de mes promenades dans les rues du Vieux Troyes que m'est venue l'idée de ce parcours, qui suit quelques-uns des "indices" trouvés ça et là.

L'hébergement des pèlerins était assuré à Troyes. Plusieurs hospices ou hôtels Dieu avaient, en plus des soins aux malades et aux indigents, la mission de proposer un abris aux pèlerins ; ainsi l'Hôtel Dieu Saint Abraham, situé d'abord hors des murs puis dans le quartier de l'actuel Palais de Justice, accueillait-il les pèlerins se rendant à Jerusalem, tandis que les "michelots" (pèlerins se rendant au Mont Saint-Michel) trouvaient logis et réconfort à l'Hôtel Dieu Saint Bernard, situé entre l'actuelle place Jaurès et la rue de la Monnaie. Plusieurs couvents et abbayes pouvaient en outre accueillir dans leurs dépendances des pèlerins en quête d'un toit lors de leur traversée de Troyes. On trouve aussi mention d'un logis de Saint-Jacques-de-Compostelle dans la rue Paillot de Montabert, ancienne rue du Domino ; la maison du Boulanger, située à l'entrée de la rue, porte d'ailleurs sur un poteau cornier de très belles coquilles, de même que les poutres de la cour du Mortier d'Or toute proche.

Les lieux de culte étaient nombreux (encore neuf églises de nos jours), et certaines devaient plus particulièrement attirer le pèlerin ; l'église Saint-Jacques aux Nonnains bien sûr, disparue à la révolution, mais aussi la collégiale Saint-Urbain et l'église Saint-Pantaléon, deux églises dont la construction est liée au Pape Urbain IV. Les divers inventaires des établissements religieux de Troyes révèlent également un certain nombre de reliques du saint ; la collégiale Saint-Etienne abritait dans son trésor un «bras (de) Saint-Jacques le Petit (le mineur) et de l'autre Saint-Jacques plusieurs notables reliques», l'Hôtel Dieu Le Comte présentait en sa chapelle «un grand bras, couvert de feuilles de cuivre, lequel a un reliquaire de monsieur Saint-Jacques l'apôtre» et l'Abbaye Saint-Martin Es Aires possédait une relique de Saint-Jacques le Majeur, rapportée de Constantinople au début du XIIIè siècle.

Si Troyes était sans nul doute une ville étape pour les "jacquets" du Nord de l'Europe, elle était évidemment une ville de départ pour les Troyens et Aubois désireux de cheminer vers Compostelle. Il existe plusieurs textes historiques qui font mention de ces pèlerins locaux, comme en fait état Claude Mollo (voir la page ressources). Jacques Colet, vicaire de l'église Saint-Nicolas, effectua le pèlerinage de Compostelle dans les dernières années du XVè siècle. Au XVIIè siècle, l'évêque Troyen Malier produisît de nombreuses lettres de recommandation pour des pèlerins des environs : François Gallois en 1654, Pierre de La Cour en 1655, Toussaint Geoffroy, de Bouilly, François Henri et François Bouillard en 1659, Gabriel Vincent, Jean Gastelier et Jean Vincent, d'Aix en Othe en 1660, Jacques Bègue et Edmond Jamard, de Sainte Savine en 1661, Antoine Poupard, de Bercenay en Othe en 1664. En 1660, deux Troyens, Symphorien Freloix et Jean Imbault, décident de prendre le départ pour Compostelle, après avoir rédigé devant notaire un acte d'association, les garantissant en cas de maladie, mort, ou désistement de l'un et de l'autre, et les engageant à "s'assister mutuellement tout au long du parcours". Une autre anecdote, rapportée par Jean Marc Roger dans La Vie en Champagne (voir la page ressources) relate le pèlerinage d'Etienne Moreau, petit bandit de campagne, voleur de cierges dans les églises, et dont la peine de deux ans dans les prisons de l'évêque de Troyes fut commuée en pèlerinage à Saint Jacques en Galice, avec l'ordre "de ne revenir à Troyes qu'avec les preuves de son pèlerinage, sa compostelle".

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Le premier édifice des faubourgs de Troyes que le pèlerin rencontrait était situé près de l'actuel rond point de l'Europe ; il s'agissait du Prieuré Saint-Jacques ; «Très anciennement, à la bifurcation des routes d'Arcis et de Bar Sur Aube, s'élevait le prieuré Saint-Jacques, qui dés le XIè siècle, possédait des droits seigneuriaux sur le bourg. En 1593, après la destruction de l'église des Mathurins de Preize, et les dommages essuyés par le couvent, les religieux de Saint-Jacques s'unirent aux Mathurins qui se fixèrent définitivement au prieuré.» (source A Aufauvre, Troyes et ses environs, 1860). Dissous à la révolution, les bâtiments du prieuré furent reconvertis en usine en 1857, et ont disparu depuis.

Passé ce prieuré, le pèlerin se trouvait à l'entrée de la ville et de la rue Kleber (ancienne rue Saint-Jacques), où trônait autrefois la Porte Saint-Jacques. En longeant la rue

Saint-Jacques, il trouvait à sa gauche la petite rue Saint-Martin Es Aires, qui mène à l'abbaye du même nom, puis, un peu plus haut, l'église Saint-Nizier. Le portail latéral de cette église arbore une discrète mais jolie coquille au croisement de son pignon de bois.

Le chemin continuait ensuite vers la rue de la Cité ; à droite l'hospice Saint-Nicolas, reconstruit en 1820, mais dont la fondation remonterait au VIIè siècle, et qui pouvait peut-être accueillir les pèlerins, puis l'abbaye Saint Loup (actuel musée) qui faisait face au "beau portail" de la Cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul, construite du XIIIè au XVIIè siècle. La cathédrale conserve de magnifiques vitraux du XIIIè siècle pour les plus anciens. Un Saint-Jacques est visible dans la verrière des apôtres du bas côté Nord, mais il est aussi représenté dans deux hautes verrières du chœur (baie 213) et de la dernière travée de la nef (baie 228) ainsi que dans la verrière du pressoir mystique de Linard Gonthier. Un Saint-Roch polychrome du XVIè siècle orne une chapelle qui lui est dédié.

En quittant la Cathédrale, le pèlerin suivait la rue de la Cité, et trouvait sur sa gauche l'Hôtel Dieu Le Comte, qui pouvait également l'héberger ; la grille monumentale dessinée par Pierre Delphin en 1759 offre à la vue quelques belles coquilles sur le médaillon principal notamment

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(doit-on y reconnaître le collier de Saint Michel plutôt qu’une évocation de Compostelle ?…). Il traversait les quais et tournait à gauche pour arriver sur l'actuelle place de la Préfecture, où se trouvait autrefois l'abbaye Notre Dame au Nonnains et son église Saint-Jacques à double chœur (l'un pour l'abbaye, l'autre pour les paroissiens). Inutile de préciser que les représentations de coquilles et de Saint-Jacques devaient y être nombreuses, particulièrement sur son portail principal qui accueillait les paroissiens et les pèlerins ; on mentionne dans un inventaire de l'église une statue de Saint-Jacques «d'argent doré assis sur un pied de cuivre doré» ou encore «une bannière de taffetas jaune avec une représentation de Notre Dame et de Saint-Jacques».

En faisant le tour du jardin qui remplace aujourd'hui l'église, détruite à la révolution, le chevet de la basilique Saint-Urbain révèle ses dentelles de pierre au regard du marcheur. L'église fut construite au XIIIe siècle sur l’initiative du pape Troyen Urbain IV, sur le site de sa maison natale, la boutique de savetier de son père. Cette basilique, magnifique exemple de gothique flamboyant, offre là encore quelques belles images de Saint-Jacques ; dans sa verrière des apôtres tout d'abord, et à gauche du chœur, dans cette sculpture polychrome magnifique du XVIè siècle. Saint-Urbain abrite également les fonds baptismaux de l'ancienne église Saint-Jacques (à l'entrée, à droite).

La marche continuait à travers la ville, soit par les rues Champeaux et Molé, le long de l'église Saint-Jean Au Marché, soit par la rue Emile Zola, ancienne rue de l'Epicerie, où le pèlerin du Moyen âge devait sans doute se ravitailler dans les nombreuses échoppes qui s'y trouvaient alors.

En prenant à gauche la rue Turenne, le pèlerin arrivait au chevet plat de l'Eglise Saint-Pantaléon. En longeant son mur nord, on aperçoit dans la maçonnerie une discrète mais jolie coquille. Cette église rappelle une fois encore le pape Urbain IV, de son nom laïc Jacques Pantaléon ; son prénom est particulièrement célébré par une chapelle Saint-Jacques, magnifiquement éclairée par une verrière en grisaille de la bataille de Clavijo, où Saint-Jacques est supposé avoir mené les Espagnols chrétiens à la victoire sur les Maures musulmans ; le saint monte un grand cheval blanc avec dans une main un drapeau à coquilles et dans l'autre une épée. Une remarquable sculpture de Saint-Jacques attribuée à Dominique Le Florentin est également visible dans l'église ; il est représenté assis, son chapeau aux larges bords sur le dos, un bâton et un livre ouvert à la main. Un autre vitrail enfin, dans les hautes verrières du chœur, le représente avec son bourdon.

En quittant Saint-Pantaléon, le pèlerin rejoignait la place Jean Jaurès, ancienne place du marché au Blé, puis empruntait la rue Truelle, ancienne rue Saint-Nicolas, qui longe l'église Saint-Nicolas, dont les murs extérieurs sont décorés de multiples niches à coquilles. La ruelle menait autrefois à la porte-tour au Mistre ou porte d'Auxerre, par laquelle le pèlerin quittait la ville pour rejoindre Tonnerre puis Auxerre et Vézelay.

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Autres chemins dans l'AubeD'autres "chemins de Compostelle" existaient dans l'Aube, même si leur tracé d'aujourd'hui ne permet plus vraiment de les emprunter entièrement à pied ; voie rapide, route, cultures ont bien sûr modifié considérablement le réseau de voies et chemins du moyen âge. Pourtant, si l'on se réfère aux cartes locales de la série bleue (échelle 1:25000) de l'IGN, on arrive à retrouver le tracé d'anciennes voies romaines notamment, qui étaient empruntées par les marchands se rendant aux foires de Champagne au temps des Comtes de Champagne. Pour favoriser l'essor économique de ces foires, les Comtes assuraient la protection des marchands (ou de tout autre voyageur) qui se rendaient à Troyes ou Bar sur Aube, pour notre département, ou à Provins et Lagny pour le Nord-Ouest de l'ancien Comté de Champagne. Quand on sait les dangers encourus par les pèlerins du Moyen Age, ces voies "sécurisées" étaient une réelle bénédiction.

L'aube s'est vite trouvé à la croisée des chemins, qu'ils soient ceux des marchands ou des pèlerins. Les infrastructures gallo-romaines sont empruntées et entretenues par les voyageurs du moyen âge. Notre département est traversé par plusieurs voies romaines d'importance, dont la voie d'Agrippa, qui reliait l'Italie à Boulogne sur Mer ou à Trèves. Cette voie semble se diviser en deux itinéraires à partir de Châlons sur Saône, le premier rejoignant Châlons en Champagne par Troyes, l'autre par Langres et Bar Sur Aube. D'autres voies secondaires existent et sont entretenues au Moyen âge ; la voie de Troyes à Beauvais par Meaux, la voie de Troyes à Sens, la voie de Troyes à Avallon par Chaource, la voie de Rhèges (Troyes - Reims), etc. Ces itinéraires, dont le tracé a souvent servi à dessiner le réseau routier actuel, permettent à de nombreux pèlerins de se rendre sur les hauts lieux sacrés de leurs siècles. Bien avant la découverte du tombeau de Saint Jacques, les pèlerinages sont nombreux, parmi lesquels ; • Auxerre pour l'abbaye Saint Germain au VIe siècle, • Tours pour le tombeau de Saint Martin dès le Ve siècle, • Reims pour le tombeau de Saint Rémi dans la deuxième partie du VIe siècle, • Fleury pour les reliques de Saint Benoit rapatriées par les moines de l'abbaye au VIIe siècle, • le Mont Saint Michel et son premier sanctuaire au début du VIIIe siècle,

mais aussi bien sûr les destinations plus lointaines ; • Rome pour les tombeaux de Saint Pierre et de Saint Paul que l'on rejoint par la voie "Francigena" qui traverse l'Est du département, • Jérusalem pour le tombeau du Christ.

Il n'est pas étonnant que dès le IXe siècle, en 865, on décide de créer à Pont Sur Seine, sur l'ancienne voie romaine de Meaux à Troyes, un hospice pour accueillir les pèlerins malades et les voyageurs pauvres. Pont sur Seine est un lieu de passage stratégique à cette époque (de son ancien nom, Douze Ponts), et le restera encore quelques siècles avec son péage seigneurial puis comtal au temps des foires.

On peut retracer quelques trajets en lisant les récits de voyageurs des siècles passés, et surtout réaliser la multiplicité et la diversité de ces trajets selon leurs intentions. En 1395, le Seigneur d'Anglure emprunte sans doute la voie romaine de Rhèges pour relier son fief à Troyes puis Chatillon Sur Seine alors qu'il est en partance pour Jérusalem. En 1532, le seigneur de Champarmoy et Grandchamp, en route pour Jérusalem, part de Nogent Sur Seine et passe par le Paraclet, Pavillon [Sainte Julie], Troyes, Bar Sur Seine, Courteron et Mussy avant de

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rejoindre Lyon puis Venise ; à son retour, il fera halte de nouveau à Troyes puis à Villenauxe. Quelques décennies plus tard, en 1609, François Vinchant, voyageur belge, passe par Reims, Châlons, Rosnay L'Hôpital, Brienne, Bar Sur Aube et Clairvaux pour rejoindre Dijon lors de son pèlerinage à Rome. La même année, le voyage du bourgeois Lillois Pierre Le Monnier passe lui aussi par Troyes pour rejoindre l'Italie.

D'autres sources permettent aussi d'emprunter les chemins d'antan ; les guides de voyages sont dans leur forme actuelle des inventions relativement récentes, toutefois, quelques précurseurs ont décrit des itinéraires que devait emprunter le voyageur en France. Je citerai ici deux ouvrages, tous deux consultables en ligne dans la banque de données GALLICA ; l'un daté de 1556 et signé Charles Estienne, intitulé "Guide des Chemins de France", l'autre daté de 1788 et intitulé "Itinéraire complet de la France". Dans le premier, l'auteur décrit succintement les principales routes partant de Paris vers la province. On trouve ainsi l'itinéraire de Troyes à Paris, mais aussi celui de Troyes à Chatillon sur Seine :

Troyes - Bréviandes - La Vacherie - Saint Parres les Vaudes - Chappes - Fouchères - Bourguignon - Bar Sur Seine - Villeneuve "Bonne papeterie" - un pont "A main gauche la rivière d'ourse se rend en Seine" - Buxeuil "Laisse Potigny et Polsy à main dextre" - Neuville "Commencent les maisons être couvertes de pierre dure et tenue" - Gyé - Courteron "Le goulet d'Augustine, lieu jadis dangereux de brigands" - Mussy l'évêque (Sur Seine) - Cheretierry (Charrey ?) "Laisse Potiers à main dextre - abbaye - mauvais chemin en hiver" - Villers les Potiers (V. Patras ?) - Varenne (Vannaire ?) - Chatillon Sur Seine.

Dans l'ouvrage de 1788, les descriptions sont plus détaillées, et les trajets entre les principales villes du royaume sont décrits avec une grande précision :

* De Troyes à Auxerre, Route de traverse (par Bouilly, Auxon, Saint Florentin) : De Troyes et Faubourg Croncels, on passe à l'est de l'abbaye de Moutier (Montier) la Celle, 1/4 de lieue Ouest des Chartreux. Vignes, 1/2 quart de lieue à l'Est de St André les Moutier (les vergers). Ouest du moulin à vent de Rosières. 1/4 de lieue de Fontaine St Martin. Prairies, Russeau et ville de St Germain de Linçon. 1/2 lieue des moulins à vent et de la ville de Lépine. A l'est du moulin à vent et de la ville de Laine aux Bois. A Richebourg. 3/4 lieue du vieux château de Montaigu. 1 lieue et 1/2 de vignes à traverser, en passant à 1/2 lieue de Souleaux (Souligny); 1 lieue et 1/2 de Moussey. Côte, 1/2 lieue à l'Est du moulin à vente et de la ville de Bouilly. 1/2 lieue à l'Ouest de Saint Jean de Bonneval. A l'Est de Villery et de la forêt d'Othe. Pente rapide et Ville d'Aubeterre. à l'ouest du moulin à vent de Lirey : belle vue. Fourche de la route de Tonnerre. 1/2 lieue à l'Est de Javernant. A Chemineau. 3/4 de lieue à l'ouest de Machy. 1/2 lieue au nord ouest de Saint Phal. Vallon et prairie, au nord ouest de Chamoy. A Auxon. D'auxon on passe la côte de Plessis Puiseau. Vallon, à 1/4 de lieue de Sivrey. Côte à 3/4 de lieue de Montfey et Chaillots. Vallée et prairie, au nord de la forêt. Côte, à 1/2 lieue de Vosnon et de la forêt d'Othe. Vallon et village de Villeneuve au Chemin. Côte et vallon. (...)

* De Troyes à Tonnerre par Chaource : De Troyes et faubourg Croncels on passe devant les Chartreux. A bréviandes, hameau. Pente rapide à l'ouest de

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Courgerennes. Fourche de la route de Dijopn. Le long du parc et devant le château de Villebertin. 1/4 de lieue à l'est de Moussey. Pente rapide et hameau des Roches. Pont et rivière de Mognes. Côte et village d'Isle ou Aumont. 1/4 de lieue à l'ouest de Saint Thibault. Belle vue. 1/4 de lieue à l'est du Château de Vireloup. Entre les Bordes et le château de Bray. Côte et hameau de la Trinité, près de Crémeau (Cormost). 1 lieue à l'ouest de Vaudes et St Parres. A 1/2 lieue a l'est de La Vendue Mignot : belle vue. 1 lieue et 1/2 du village et du moulin à vent de Lirey, sur le sommet de la montagne. 2 lieue de la forêt d'Aumont et de Chaource à traverser, en passant au château de Montchevreuil. A l'est des Vendues l'Evêque ou Hautes Vendues et de Coulons. 1/4 de lieue des Loges Margueron. 1/2 lieue de Metz Robert. Pente rapide à l'ouest de Bailly. Pont et rivière d'Armance et de la Pidansatte. A Chaource. A Saint Jacques et Rue d'Enhaut. Vallon, est des bois de Cussangy. Côtes de vignes, 1/4 de lieue à l'ouest de la Jesse, du moulin à vent et du château de Montigny. Est du château de Chenoy. A Cussangy, 1 lieue à l'ouest de Maisons. Vallon pont et rivière de Landion. Côte, 1/2 lieue a l'est de Vallières. 1/2 lieue au nord ouest de Chesley. Ouest de la justice et du hameau de Châteliers. Vallon, Est de Prusy. 1/2 lieue à l'ouest de Chaserey. A Coussegrey.

* De Troyes à Plancy (en direction de Chateau Thierry) De Troyes on passe le faubourg Saint Jacques, devant les Mathurins et à la route de Langres. A La Bouras. Pont et Rivière de Seine. Au Pont Hubert. 1/4 de lieue a l'ouest de Villechétif. Le lon à l'est du village et parc de Pont Sainte Marie. Côte et à l'est de Lavau. 1/2 lieue à l'ouest de Creney, vignoble. Vallon, à l'est de la Vallote et Caloison. Côte, 1/2 lieue à l'est du village et château de Ste Maur. 1/2 lieue à l'ouest de Vailly. 3/4 de lieue à l'est de Vannes. 1 lieue au nord est de Saint Benoît. 1 lieue et 1/2 de Saint Lié et plus loin le moulin et village de Montgueux. Au bois de Feuges, 1/2 lieue à l'ouest du village. Vallon, 1 lieue et 1/2 à l'est de Mergey, Villacerf et Château. Vallons et pentes rapides à traverser. 1/2 lieue à l'est des petites Chapelles ou Chapelles Vallon. A la chapelotte Sainte Geneviève : belle vue. Vallon, 1/2 lieue des Grandes Chapelles. A Premier-Fait. Carrefour de la route de Nogent à Arcis. A reges. 1/2 lieue à l'ouest de Bessy. 1/4 de lieue de prairies et pont à passer. A 3/4 de lieue à l'ouest de Viapre. Rivière d'Aube et à Plancy.

Mais revenons maintenant à nos chemins de Compostelle ! Le topo-guide de la Fédération Française de Randonnée Pédestre "Les coteaux du Champagne aubois" mentionne trois chemins principaux ; l'un passant à Bar Sur Aube, un autre passant par Troyes en venant de Reims, et un troisième passant à l'ouest du département par Villenauxe et la forêt d'Othe.

En se référant aux vocables des églises paroissiales ou de chapelles disparues ou encore présentes, il est possible de déterminer un certain nombre de lieux spécifiquement "jacquaires" dans notre département. Par ailleurs, les "indices" - statues ou vitraux de Saint-Jacques et coquilles (autres que purement décoratives) - permettent encore d'affiner la définition d'éventuelles étapes où le pèlerin pouvait célébrer, en plus du Saint local, son objectif ultime de pèlerinage, Saint Jacques de Compostelle. Les recherches effectuées notamment par Claude Mollo (voir la page ressources) permettent de dresser un cartographie assez précises de ces lieux de passages présumés et de distinguer des lieux spécifiquement jacquaires des villages comportant des indices liés au pèlerinage de Compostelle. La

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localisation des principales abbayes de la région comme autant de lieux d'accueil des pèlerins vient encore préciser les itinéraires possibles.

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De Plancy à Troyes

Cette première partie de la traversée du département emprunte d'anciennes voies romaines, attestées, et toujours indiquées sur les cartes IGN actuelles. Ces voies reliaient Reims à Troyes en passant par Epernay, Vertus et Pleurs, avant d'entrer dans l'Aube par Plancy. A partir de Plancy, deux voies parallèles s'offrent au marcheur ; celle (médiévale ?) des Grandes Chapelles, et celle (romaine) de Rhèges. Ces deux voies très proches traversent des paysages quasi lunaires en hiver ; ceux de la plaine champenoise et de ses grandes culrures. Peu ou pas de relief, quelques arbres ou bosquets isolés, rien n'accroche l'oeil du promeneur si ce n'est le charme des villages traversés.

Abbaye Sous Plancy et Plancy l'AbbayeLa première partie du village de Plancy est l'ancienne commune Abbaye-sous-Plancy, fusionnée avec Viâpres Le Grand et Plancy en 1972. Un prieuré dépendant de l'Abbaye de Molesme y précéda à la fin du XIe siècle la fondation de l'abbaye. L'église des XIIe et XVIe siècles devait être à l'origine une église prieurale, dédiée à Saint Martin.Plancy fut donc le site d'une abbaye, cistercienne (?), mais avant cela celui d'une place forte mentionnée dés le XIe siècle. L'un des seigneurs des lieux, Miles de Plancy, s'illustra au XIIe siècle dans les croisades et devint Sénéchal de Jerusalem. Le village fut acheté à la fin du XVIIIe siècle par la famille Godard d'Aucour, toujours propriétaire de la très belle propriété qui se situe sur les rives de l'Aube. L'église de Plancy serait l'ancienne église de l'Abbaye (?), dédiée à Saint-Julien.

RhègesC'est ici qu'aboutit la voie romaine de Troyes à Rhèges. Le village abritait autrefois un prieuré de l'ordre de Cluny. Son église Saint-Michel date du XIIe siècle, et fut remaniée au XVIIe.

PremierfaitPetit village isolé dans la plaine champenoise, Premierfait possède un jolie église du XIIe siècle, dédiée à Saint-Laurent, qui abrite de très beaux vitraux du début du XVIe siècle. Le traducteur latin du XIVe siècle, Laurent de Premierfait, est originaire de ce village.

Les Grandes Chapelles *L'Eglise Saint-Pierre-Saint-Paul date des XIIe et XVIe siècles, et présente sur la porte de son portail occidental un joli Saint-Jacques surmonté d'une coquille. L'église renferme des fresques murales du 16e siècle en cours de restauration, ainsi que des reliques de Sainte Pétronille, servante ou fille, selon les hagiographes, de Saint Pierre, et patronne, au moyen âge, de la France, elle même "fille" de l'église de Rome. Parmi les autres intérêts que présente le mobilier de l'église, une superbe chaire en bois du XVIe siècle et une très belle vierge allaitante en pierre polychrome du XVIe siècle également.

Chapelle VallonAnciennement appelé les Petites Chapelles, ce village abrite une superbe église Saint-Pierre-Es-Liens du XIIe siècle, liée à l'Abbaye de la Charité Sur Loire, puis à la Commanderie templière de Troyes, qui avait une maison dans le village. Une chapelle Sainte-Geneviève marque l'endroit où la Sainte aurait fait halte en traversant la Champagne au Ve siècle.

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Pont Sainte Marie *La voie de Rhèges ou des Grandes Chapelles aboutit au lieu dit de la Croix Blanche, quartier de la commune de Pont Sainte Marie. Cette commune fut le site du premier pont au Nord de Troyes à l'époque gallo-romaine, et fut tout au long du moyen-âge le lieu de passage des voyageurs venant de Reims, qu'ils fussent marchands de foires ou pèlerins. Son église Notre-Dame-de-l'Assomption date du XVIe siècle et offre un mariage harmonieux entre les styles gothique et renaissance. De belles coquilles de bois sont visibles à la croisée des trois pignons de sa façade. Après Pont Sainte Marie, le voyageur traverse le faubourg Saint-Jacques avant d'arriver à Troyes. C'est dans ce faubourg que se trouvait autrefois le prieuré Saint Jacques, situé au croisement des routes de Pont Saint Marie et de Saint Parres aux Tertres. Il s'agissait d'un prieuré conventuel de l'ordre de Saint Benoît, mentionné dés le XIe siècle, qui fut rattaché à l'ordre des Mathurins en 1593. L'église fut détruite à la révolution, et les bâtiments conventuels furent occupés par une filature de laine puis une usine de sparterie (tissus). Il ne reste plus rien aujourd'hui de l'ancien prieuré sauf peut-être les vestiges d'un mur d'enceinte ; le terrain est occupé par une grande maison bourgeoise de la fin du XIXe siècle et par un supermarché.

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De Troyes à Tonnerre par Chaource

En quittant la ville de Troyes par la Porte aux Mystres près de l'Eglise Saint-Nicolas, le chemin traverse la commune de Saint-André les Vergers, qui abritait jusqu'à la Révolution l'Abbaye Montier La Celle, fondée par Saint-Frobert (un évêque Troyen) au VIIè siècle. On traverse ensuite les quartiers de La Croix Blanche, la Fontaine Saint-Martin, les Gros Chemins pour arriver à Rosières Près Troyes. De là, le chemin suit à quelques kilomètres de distance le tracé de la Seine, en passant par les villages de Saint-Léger, Moussey, Isle Aumont, Vaudes pour arriver à Rumilly les Vaudes, où le chemin traverse les champs qui bordent la forêt d'Aumont et de Chaource, en passant à proximité de la ferme Saint-Jacques, puis par Lantages, Chaource, Lagesses, Maisons lès Chaource, pour qitter le département au niveau d'Etourvy et se diriger vers Tonnerre et Auxerre.

Rosières près TroyesPetite commune résidentielle de l'agglomération Troyenne, Rosières (de roseaux, le village fut établi sur une zone marécageuse) ne possède pas d'église paroissiale, mais une jolie chapelle du XVIe siècle, dédiée à Sainte Scholastique, soeur de Saint-Benoît. Cette chapelle était rattachée à un prieuré de bénédictines, qui remplaça au début du XVIIè siècle un couvent de Chartreuses. On trouve aussi sur cette commune un beau château du XVIè siècle, où le conteur Charles Perrault aurait résidé et trouvé l'inspiration pour quelques uns de ses contes...

Saint-Léger Près TroyesC'est à un Saint bourguignon qu'est dédié le village et son église paroissiale ; Saint-Léger, évêque d'Autun, vécut au VIIè siècle et fut un défenseur de l'autonomie de la bourgogne de l'époque (Burgondie) contre la conquérante Neustrie (province du Nord de la France). Pour éviter la famine aux habitants d'Autun, il se livra à Ebroïn, maître du Palais du Roi de Neustrie Clotaire III, qui lui fit couper la langue et bruler les yeux. Léger mourrut assassiné dans une forêt normande en 679. L'église de Saint-Léger date du XVIe siècle, et abrite de belles verrières du XVIe siècle, où l'on retrouve notamment Saint-Roch et Saint-Jacques. Son cimetière abritait autrefois une superbe croix de pierre dîte du Champ du Repos, actuellement conservée au Musée du Louvre. Le village appartenait au XVIe siècle à la famille de Marisy, dont les armes sont représentées dans les verrières de l'église.

MousseyLe village de Moussey est lié à la famille de Mesgrigny, qui acquit le château de Villebertin en 1580 et qui possédait une chapelle dans l'église Saint-Martin, où l'on voit encore une inscription funéraire à la mémoire de la Marquise de Mesgrigny datée de 1832. L'église, du XIIe siècle, offre un bel exemple d'art roman, tout particulièrement les arches et chapîteaux de son porche. Elle abrite quelques fragments de verrières et des statues du XVIè siècle.

Isle Aumont *L'histoire d'Isle Aumont est plus riche que le village actuel ne le laisserait penser ; un des premiers monastères de la région s'y serait établi à l'époque mérovingienne, comme en témoignent les sarcophages exposés dans l'église. Le Comte de Champagne Hugues de Troyes y fit bâtir un château, à côté duquel Robert de Molesme fonda un prieuré bénédictin en 1097. L'église Saint-Pierre comporte deux nefs, l'une qui date du XIIè siècle et correspond au prieuré de Saint-Robert, l'autre des XVè et XVIè siècle et qui était destinée aux paroissiens.

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Sous le clocher on aperçoit les fondations de l'église du Xè siécle qui a précédé le prieuré. L'église abrite aujourd'hui quelques superbes exemples de l'école de sculpture Troyenne du XVIè siècle, dont un magnifique Christ assis ainsi qu'un retable en pierre représentant les douze apôtres. Une coquille serait située dans le choeur de l'église du XIIe siècle.

Saint-Thibault *Un village et son église nous rappellent l'histoire de ce pèlerin champenois du Moyen âge ; Thibaut, fils du Comte Arnoul de Champagne, fut élevé à Provins et destiné à une carrière militaire, carrière à laquelle il décida de renoncer pour se consacrer à une vie religieuse, faite de retraites spirituelles et de pèlerinages (à Compostelle et à Rome). L'église du village qui datait du XVIè siècle fut frappée par la foudre en 1924 et reconstruite peu après, conservant seulement de l'édifice d'origine son portail orné de la statue équestre de Saint-Thibaut. L'aigle posé sur sa main gauche a malheureusement disparu.

Vaudes *Rattaché à l'Abbaye de Molesmes, qui avait de nombreuses possessions dans les environs (voir plus bas le Manoir de Rumilly les Vaudes, le village de Vaudes abrite une jolie église dédiée à Saint-Cler ou Clair, dont la construction remonte aux XIIe et XVIe siècles. La petite niche avec coquille au dessus de la porte abritait autrefois une statue en bois de Saint-Cler.

Rumilly les Vaudes *C'est avec avec le comte de Champagne Hugues de Troyes que l'histoire de Rumilly les Vaudes rejoignit celle de l'Abbaye de Molesme ; le comte céda en effet en 1104 une part de ses droits sur le village aux abbés dont il avait financé l'installation à Molesme quelques années plus tôt. Les abbés s'établiront au XVIè siècle dans le Manoir aux Tourelles, superbe édifice renaissance. L'église Saint-Martin est contemporaine du manoir ; on doit sa construction à Jean Colet, curé de Rumilly et chanoine et official de Troyes, dans les premières décennies du XVIè siècle. Son plan aurait été dessiné d'après celui de la cathédrale de Troyes. Elle présente un superbe portail, très chargé en sculptures et gargouilles, de très belles verrières ainsi que de beaux exemples de sculptures de l'Ecole Troyenne (François Gentil y aurait oeuvré), qui ont malheureusement perdu leur polychromie ; parmi ces dernières on remarque un beau Saint-Jacques. A noter également la coquille sur la base du pilier droit du portail principal, qui rappelle, au même titre que les coquilles qui entourent le blason du Manoir des Tourelles, que Rumilly est une étape de pèlerinage. Une église plus ancienne existait sur un lieu dit "les fontaines Saint-Thomas" ; elle était placée sous le vocable de Saint-Barthélémy.

VougreyEn quittant Rumilly les Vaudes, on longe le cours de l'Hozain pour traverser quelques lieux dits comme la Ferme Saint-Jacques* et ses étangs, et la Chapelle d'Oze, site d'une ancienne communauté de nonnains fondé en 1145 par Geoffroy de Fournier, Vassal du Comte de Champagne, et rattachée à l'Abbaye de Molesme. La petite église de l'Assomption de Vougrey se tient un peu à l'écart du reste du village. Elle date du XIIe siècle, avec de nombreux ajouts plus récents. Non loin du village se trouvait, au lieu dit des Grands Prés, une vierge appelée Notre Dame du Chemin.

LantagesL'église de ce village fut construite au XIIè siècle et considérablement remaniée aux XVè, XVIIIè et XIXè siècles. Des fouilles archéologiques ont attesté l'existence d'un habitat gaulois sur le village.

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Une variante à la traversée de Vougrey et de Lantages existe pour rejoindre Chaource ; elle est présentée dans le Topo-guide "Les coteaux du Champagne aubois", et permet de traverser la forêt de Rumilly les Vaudes. Les rencontres avec quelques chevreuils et sangliers sont possibles, et la traversée des belles allées forestières vaut vraiment le détour.

Chaource *La petite ville de Chaource a des origines assez anciennes ; elle était située à quelques kilomètres du Pont Belin (aujourd'hui la Loge Pomblin) sur lequel se croisaient deux voix gallo-romaines ; celle de Troyes à Tonnerre et celle venant de Meaux. Des Francs s'y seraient installés au Ve siècle. Une tour en bois et une église en torchis et chaume y sont mentionées dés le IXe siècle, et au XIIè siècle, Chaource appartient au Comte de Champagne et à l'Abbaye de Montieramey. C'est de cette époque que date la construction de l'église actuelle (sanctuaire et choeur), construction qui se poursuit au fil des siècles et notamment dans les premières années du XVIe siècle. L'église Saint-Jean Baptiste de Chaource est un véritable musée de l'école de sculpture du XVIe siècle. L'atelier de Chaource y a oeuvré, en particulier pour la réalisation d'une mise au tombeau exceptionnelle, mais aussi de nombreuses autres statues exposées dans la nef de l'église. Un Saint-Jacques de pierre (XVIIè siècle ?) se trouve au dessus de l'autel, un autre, peint cette fois, à l'entrée. Le portail extérieur nord a conservé un peu de sa polychromie, et on peut y voir quelques belles coquilles. Détail amusant ; les armes de la ville figurent sur un vitrail du XVIe siècle, et représentent deux chats et un ours, jeu de mot de l'artiste verrier ou des Chaourçois de l'époque ?...

CussangyAprès Chaource, deux itinéraires sont possibles pour rejoindre Tonnerre par Etourvy. Le premier traverse le village de Cussangy, qui se situe sur le tracé de l'ancienne voie romaine de Troyes à Tonnerre. Son église, dédiée à Saint Léger, date du XVIe siècle ; elle remplaça sans doute une église plus ancienne et fut construite d'un seul jet, ce qui explique l'unité de son style. Le portail principal présente de nombreuses coquilles, mais l'évocation la plus intéressante de Compostelle tient dans une peinture murale du XVIe siècle qui représente Saint Jacques pieds nu, son baton et sa besace dans une main, un livre dans l'autre, et une superbe coquille sur son chapeau.

De Cussangy, le chemin peut se poursuivre vers le village de Vallières, où l'église Ste Bénigne abrite une statue de Saint Jacques (l'église est en travaux, sa visite impossible actuellement), pour rejoindre ensuite Tonnerre par Prusy et Coussegrey.

A Coussegrey, un autel ou chapelle Saint Jacques surmonté d'une croix en pierre se trouve à l'entrée du village. La notice près du monument donne peu d'indication sur l'origine de la chapelle : "Erigée à la collation de Gerard de Noron et de ses héritiers, c'était une chapelle rurale. Au dessous de la croix qui est aussi en pierre est représentée en faible relief, le Christ au tombeau et les Saintes femmes.

LagesseL'autre itinéraire passe par le village de Lagesse. Son église Saint-Martin date du XIXè siècle, et ne présente pas d'intérêt extérieur particulier. Le village lui est typique de ceux du sud de notre département, avec ses belles maisons et fermes en pierre. Un gîte d'étape de qualité, la ferme équestre de Lagesse ( http://www.ferme-equestre-lagesse.fr/ ) se trouve à quelques centaines de mètres du village, sur la route de Maisons lès Chaource.

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Maisons lès ChaourceLe nom du village indique qu'il était une succursale de la paroisse de Chaource. Son église Saint-Sébastien fut construite au milieu du XVIè siècle, puis remaniée au XIXè.

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De Troyes à Tonnerre par Bouilly et Ervy le Châtel

L'idée de cette variante m'est venue lors de promenades dans les villages de Javernant et d'Auxon ; les coquilles qui ornent les portails de ces églises sont trop nombreuses pour que je n'y trouve pas là un indice évoquant le chemin de Compostelle, tout particulièrement en ce qui concerne Javernant. Auncun texte historique ne vient corroborer mon hypothèse et, à défaut d'itinéraire authentique, le plaisir de visiter les superbes églises des villages décrits ci-dessous vaut de toute façon ce détour...

BouillySitué sur une ancienne voie romaine de Troyes à Auxerre, Bouilly est le premier village d'importance que l'on rencontre après avoir quitté l'agglomération Troyenne. Son église, construite au XVIe siècle, est dédiée à Saint Laurent, et bien qu'en grand besoin de restauration, abrite une belle collection de sculptures de l'école Troyenne. Quelques coquilles décorent les niches extérieures mais aussi le portail principal sous le porche. Il ne subsiste aucun vitrail dans l'église. JavernantL'église de l'Assomption de Javernant présente date elle aussi du XVIe siècle. son portail principal, qui donne sur le cimetierre, présente une multitude de coquilles. L'histoire de l'église et du village est liée à l'abbaye de Montier La Celle qui possédait, face à l'église, une maison disparue aujourd'hui. La récurrence des coquilles m'a paru être plus qu'une simple décoration, et les vitraux représentant sur une verrière un pèlerin et sur une autre un beau Saint Roch m'ont décidé à placer ce charmant village sur le chemin... C'est un collier de Saint Michel qui décore le blason en pierre au dessus du portail.

Saint PhalC'est un Saint très local qui est célébré dans le nom de ce village et le vocable de son église ; Saint Phal, prisonnier de l'armée de Clovis, est vendu comme esclave et racheté par Saint Aventin, alors évêque de Troyes, qui le fait abbé. Il meurt au milieu du VIe siècle. L'église des XVe et XVIe siècle présente deux superbes portail lattéraux. L'un d'eux porte une sculpture polychrome d'un abbé décaptité et un Christ de pitié, deux beaux exemples de l'école Troyenne. Quelques coquilles là aussi, sans doute purement décoratives, et à l'intérieur de l'église une statue de Saint Roch et une autre de Sainte Syre vêtue en pèlerine. C'est de Saint Phal que Jeanne d'Arc écrivît une lettre aux Troyens pour leurs demander d'ouvrir les portes de la ville au "gentil Roy de France". AuxonL'église Saint Loup d'Auxon date du XVIe siècle. Son portail sud est de style renaissance et présente de nombreuses coquilles décoratives (?). L'église abrite une statue de Saint Jacques et une autre de Saint Roch, parmi les superbes exemples de l'école de sculpture troyenne du XVIe siècle. Après Auxon, le chemin rejoint Ervy le Châtel puis Tonnerre par Flogny la Chapelle ou par Lignières.

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De Villenauxe à Ervy Le Châtel

En arrivant de la Marne, que l'on quitte au niveau de l'ancienne abbaye de Nesle la Reposte, le marcheur traverse les coteaux de vigne pour descendre vers le village de Dival, puis de Villenauxe. La route traverse les abords du Nogentais, se dirige ensuite vers le beau pays d'Othe et sa forêt, sacrée pour les gaulois, puis quitte le département peu après Ervy pour se diriger vers Pontigny puis Auxerre.

Dival *Ce pittoresque village suit le court de la Noxe, qu'il enjambe de multiples petits ponts, certains très anciens. C'est par l'Eglise Saint-Jacques-Le-Majeur que démarre la traversée de notre département ; une église fortifiée du XVIe siècle, à l'imposante tour carrée.

Villenauxe La GrandeL'histoire de Villenauxe fut très tôt liée à l'abbaye toute proche de Nesle La Reposte ; sa fondation serait due à Clovis, mais les ruines qui sont visibles aujourd'hui remontent au plus loin au XIe siècle. Abbaye bénédictine d'importance, ses moines l'abandonnèrent à la fin du XVIIe siècle. L' école de Villenauxe était une dépendance de l'abbaye construite en 1628. L'église Saint-Pierre-Saint-Paul date elle des XIIIe et XVIe siècles et fut très endommagée lors de la seconde guerre mondiale, qui lui fit perdre tous ses vitraux. Ceux-ci viennent d'être remplacés par une création de David Tremlett dont la simplicité (et la pauvreté ?) des motifs m'a personnellement fait regretter les belles verrières des XVe et XVIe siècles qui devaient l'illuminer autrefois. Pas de signes particuliers du pèlerinage hormis deux belles coquilles sous le porche du portail nord. On trouve enfin à Villenauxe une rue et une place Saint Jacques.

Pont Sur SeineVille de passage et d'accueil par excellence, Pont Sur Seine, anciennement appelé Douze Ponts, doit cette tradition à sa situation stratégique sur la voie romaine de Paris - Meaux à Troyes et sur la Seine. Au IXe siècle, on y fonda un hospice pour accueillir les voyageurs et pèlerins malades. Son église Saint Martin, des XIIe et XVIe siècles, n'en garde finalement que peu de marques ; une pèlerine accueille tout de même le visiteur sur le portail principal, et l'on trouve également sur deux   tableaux du XVIIIe siècle à l'intérieur de l'église une représentation d'une pèlerine, et une autre de Saint Roch aux côtés d'un évêque. Décoration unique à ma connaissance dans l'Aube, les murs intérieurs de l'église sont entièrement couverts de peintures réalisées en 1636 et restaurées en 1834.

Saint AubinJ'ignore d'après quel Saint-Aubin le village a été nommé ; s'agit il d'un Saint-Aubin du IIIe siècle, martyr africain, de l'évêque d'Embrun au VIIe siècle ou encore de l'évêque d'Angers du VIe siècle ?... Son église date des XIIe et XVIe siècles et abrite une pierre tombale d'un chevalier de la fin du XIIIe siècle. La commune actuelle regroupe Saint Aubin et l'ancien hameau de la Chapelle-Godefroy.

Abbaye du ParacletL'abbaye parait n'être aujourd'hui qu'une grosse ferme fortifiée. Elle fut fondée par le célèbre Abélard, moine libre penseur qui s'attira la haine de Bernard de Clairvaux. Sa conversion à la vie monastique n'intervînt qu'après une aventure amoureuse impossible avec Héloïse, qu'il

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nomma abesse de Paraclet, poste qu'elle assura 33 ans durant. La crypte qui abritait les corps des deux amants est désormais vide, leurs dépouilles ayant été inhumées en 1817 au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Saint Loup de Buffigny Le village étatit rattaché au moyen âge à Pont Sur Seine. Un ménhir appelé "Pierre à l'Abbé" près du village rappelle que l'Abbaye Saint Loup de Troyes y avait des droits et dépendances. La base Mémoire de la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine mentionne un fragment de verrière du 16e siècle représentant Saint Jacques.

La Fosse CorduanUne Chapelle Saint Jacques existait autrefois sur la commune. Elle était en ruine en 1895 et fut remplacée par un monument à la Vierge Marie en 1954.

Saint Martin de BossenaySitué sur la voie romaine de Meaux à Troyes, Saint Martin fut longtemps rattaché à Pont Sur Seine. Son église Saint Martin date des XIIe et XVIe siècle et abrite plusieurs Saint-Jacques ; un vitrail moderne de 1937, une superbe sculpture de l'école Troyenne sur le pilier gauche du choeur, et deux autres représentations sur des retables.

Marcilly Le HayerL'église Saint Loup (de Sens) de Marcilly date du XIIe siècle mais de nombreuses restaurations au XVe et XVIIIe siècles en ont fortement altéré l'aspect intérieur. Un vitrail dans le choeur d'un personnage tenant un baton avec un chien à ses pieds évoque le pèlerin, peut être même Saint Roch (?), que l'on retrouve dans une sculpture moderne et sans grand intérêt près de l'entrée de l'église.

Villemaur Sur Vannes *Ce village coupé aujourd'hui par la nationale était au moyen âge une petite ville fortifiée, avec un château seigneurial. L'Eglise de l'Assomption abrite un suberbe jubé de bois de 1521, où de muliples coquilles agrémentent les scènes représentées par les deux sculpteurs, Thomas et Jacques Guyon.

Aix en OtheLa ville d'Aix en othe doit son nom aux sources qui s'y trouvent et qui furent à lorigine de sa première vocation ; une ville de bains à l'époque Gallo-romaine, dont des vestiges furent effectivement trouvés sur la commune. Aix en othe était au moyen âge une possession de l'évêché Troyen, qui y possédait un château, dont subsiste une porte, boulevard Sébastopol. L'église de la Nativité date des XVIe et XVIIe siècles. La Chapelle du cimetière du village semble avoir précédé l'église de la Nativité ; jusqu'au XVIe siècle, la chapelle Saint Avit était situé au coeur du bourg et servait probablement d'église paroissiale aux habitants. Une église Saint Avit est mentionnée dès le XIIIe siècle dans les archives de l'évêché troyen, et celle que nous voyons aujourd'hui date du XVIe siècle. Elle fut considérablement modifiée au XIXe siècle, et amputée de son choeur pour la transformer en chapelle du cimetière.

Saint Mards en OtheL'église Saint-Médard date des XVIe et XVIIIe siècles. Le village de Saint Mards en Othe passa au XVIe siècle à la famille Piédefer qui fît du village l'un des foyers les plus importants du protestantisme en Champagne. Non loin du village se trouve une croix Saint Jacques, de facture récente, qui en a remplacé une plus ancienne.

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Maraye en OtheUne charte de l'évêque de Troyes de la fin du XIIe siècle mentionne l'église du village et la rattache à l'abbaye Saint Martin Es Aires à Troyes. La construction de l'église actuelle fut achevée en 1783, et il semble que la révolution l'ait empêchée de se doter de ses vitraux. Elle est placée sous le vocable de Saint Jacques le Majeur. Un sculpture du Saint du XVIe siècle se trouve à droite du Choeur ; on devine sur les plis de la cape une polychromie que la mode du XVIIIe siècle a cru bon de masquer sous une peinture gris clair unie... On trouve encore une rue Saint Jacques dans le village.

AuxonL'église Saint Loup d'Auxon date du XVIe siècle. Son portail sud est de style renaissance et présente de nombreuses coquilles décoratives (?). L'église abrite une statue de Saint Jacques et une autre de Saint Roch, parmi les superbes exemples de l'école de sculpture troyenne du XVIe siècle.

Ervy le Châtel *La petite ville d'Ervy a perdu beaucoup de son importance depuis le moyen âge ; place forte et possession des Comtes de Champagne au XIIe siècle, elle passa au XVe siècle au Duché de Bourgogne ; l'Abbaye de Saint Germain d'Auxerre y avait un prieuré. Le plan du village en rond, sa situation en hauteur, ses vestiges de remparts et des anciens fossés en font un village très pittoresque aujourd'hui, même si son isolement au sud du Pays d'Othe aubois l'ont privé, pour l'instant, des restaurations et mises en valeur que son patrimoine mérite. L'église Saint Pierre fut bâtie au XVe siècle, puis reconstruite presque intégralement au XVIe. Elle abrite de belles sculptures et de magnifiques vitraux, mais reste peu accessible aux visiteurs, en raison de travaux de restauration commencés il y a quelques années mais interrompus par manque de finances. On y trouve notamment deux belles sculptures de Saint Roch, une autre de Saint Jacques, et un magnifique vitrail de Saint Jacques dans la chapelle des fonts, à droite près de l'entrée. Ervy possède un ancien hôpital, aujourd'hui maison de retraite, dont la construction remonte à 1745.

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Liste des lieux « jacquaires » ou avec indicesD’après l’étude de Claude Mollo, CDDP, 1985

Villes et villages « jacquaires » :

Arrentieres : Eglise Saint Jacques.Bar Sur Seine : Indices importants dans l'église Saint Etienne (coquilles sur les piliers et vitraux), importance de la ville au moyen âge et nombreux lieux d'accueil possibles pour les pèlerins de passage. Bucey en Othe : Eglise Saint Philippe et Saint Jacques Le Majeur. Mention d'un prieuré Saint Jacques.Dampierre : Chapelle Saint Jacques (disparue). Dival : Eglise Saint Jacques Le MajeurFosse Corduan : Chapelle Saint Jacques le Majeur (disparue).Lentilles : Eglise Saint Philippe et Saint Jacques. Les Riceys : Chapelle Saint Jacques à Riceys Haute Rive. Maraye en Othe : Eglise Saint Jacques Le Majeur.Plessis Gatebled : Eglise Saint Jacques Le MajeurPont Sur Seine : Situation stratégique sur la voie romaine qui reliait Meaux à Troyes (ville de "Douze Ponts"), construction d'un hospice pour pèlerins et voyageurs pauvre en 865.Rhèges : Chapelle Saint Jacques (disparue).Troyes : Présence d'un prieuré Saint Jacques dans les faubourgs nord de la ville (disparu), Abbaye Notre Dame aux Nonnains et son église Saint Jacques (disparues), nombreux hospices et Hôtels Dieu, existence d'un logis Saint Jacques rue Paillot de Montabert (coquilles sur les poteaux corniers), nombreux indices dans les églises de la ville.

Villes et villages avec « indices » :

Aubeterre : Vitrail de Saint Jacques. Auxon : Statue de Saint Jacques, nombreuses coquilles (décoratives ?) sur le portail renaissance.Brantigny : Statue de Saint Jacques. Chaource : Statue de Saint Jacques du XVIIe siècle (?) derrière l'autel, tableau de Saint Jacques dans la première chapelle près de l'entrée. Il existait en outre un fontaine Saint Jacques, rue d'En Haut, ainsi qu'une chapelle Saint Jacques "hors des murs". Chassericourt : Vitrail de Saint Jacques. Clerey : Statue de Saint Jacques. Une chapelle Saint Jacques datant du XIIe siècle y fut détruite en 1749.Coussegrey : Statue de Saint Jacques, mention d'une croix et d'une Chapelle Saint Jacques aujourd'hui disparues. Cussangy : Peinture murale de Saint Jacques.Dienville : Statue en bois de Saint Jacques.Ervy le Châtel : Statue et vitrail de Saint Jacques, statues de Saint Roch, blason de pèlerin avec deux bourdons et une coquille sur un pilier de l'église. Non loin d'Ervy, mention d'une vigne Saint Jacques.Fontaine Luyères : Vitrail de Saint Jacques.Javernant : nombreuses coquilles sur le portail principal, vitrail de pèlerin et de Saint Roch.

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Lignières : Statue de Saint Jacques.Nozay : Statue de Saint Jacques sur l'autel.Rigny le Ferron : Vitrail de Saint Jacques. Rumilly les Vaudes : Une statue de Saint-Jacques, une coquille à l'entrée près du portail principal, denombreuses coquilles encadrent le blason du manoir des Tourelles, mais il s'agit ici sans doute d'un collier de Saint Michel. En quittant Rumilly en direction de Jully sur Sarce, lieu dit Saint Jacques.Saint André les Vergers : statue et peinture de Saint Jacques. Abbaye de Montier la Celle, aujourd'hui disparue.Saint Germain : Vitrail de Saint Jacques.Saint Léger : Vitrail de Saint Jacques. Saint Loup de Buffigny : Vitrail de Saint Jacques. Saint Mards en Othe : près du village, croix Saint Jacques au bord de la route.Saint Martin de Bossenay : Statue de Saint Jacques. Saint Parres aux Tertres : Vitrail de Saint Jacques, existence d'un pont sur la Seine dit "grand pont Saint Jacques" aujourd'hui disparu.Thieffrain : Vitrail de Saint Jacques.Thuisy : vitrail de Saint Jacques Vallières : statuette de Saint Jacques.Villenauxe : Vitrail du "pendu dépendu", qui raconte l'histoire d'un pèlerin accusé à tort d'un vol, pendu et sauvé par Saint-Jacques (vitrail aujourd'hui disparu ?)

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Bibliographie

Topo Guide GR654 ; Sentiers de St Jacques de Copostelle, La voie de Vézelay (réf. 654) L'ouvrage de REFERENCE de la Fédération Française de Randonnée Pédestre sur lequel ce site s'appuie pour vous guider à travers l'Aube. Comme tous les topo-guides, c'est l'ouvrage indispensable pour qui veut marcher sur le blanc chemin... Des cartes IGN, des orientations et directions précises, et quelques informations (un peu succinctes ?...) sur les richesses rencontrées en route.

Topo Guide, L'aube à pied (réf. D010)Le petit frère du précédent. Riche de 22 balades dans le département, ce guide permet de découvrir l'Aube dans toute sa diversité ; des côtes de bar à la forêt d'Othe en passant par les grands lacs. Tous les niveaux de difficultés sont représentés, et je recommande tout particulièrement l'excellent parcours de visite du vieux Troyes.

Topo Guide, Les Coteaux du Champagne aubois (réf. 066)De Dienville à Etourvy et Villeneuve l'Archevêque, c'est le sud et l'est du département qui sont décrit dans ce guide de même qualité que les deux précédents. Le premier chemin décrit est le "GRP Saint-Jacques", dans le pays d'Othe. Le Baralbin, le Barséquanais et le Chaourçois font l'objet de nombreux circuits.

Origine et histoire des chemins de Compostelle, Jacques Cocheyras, Ed. Ouest FranceTout est fait dans ce petit livret de 32 pages pour comprendre l'histoire du pèlerinage de Saint Jacques, ses différents parcours en France et en Europe, les motivations du pèlerin ancien et moderne. Le tout est superbement illustré, comme toujours avec les Editions Ouest France.

Les Etoiles de Compostelle, Henri Vincenot, Ed. FolioJehan de Tonnerre quitte sa communauté pour entrer dans celle des compagnons bâtisseurs d'abbayes et d'églises ; voyage initiatique à travers les chantiers des cisterciens, puis les étapes du Camino Frances, ce roman mène le lecteur dans l'histoire, les légendes, et le patrimoine du XIIIe siècle.

Blanc Chemin, Viviane Moore, Librairie des Champs ElyséesQuittons la réalité pour voyager dans ce roman en l'année 1133 sur les pas des pèlerins, de Saint Flour au Cabo Fisterra ; le chevalier Galeran de Lesvenen, personnage de cette série de Viviane Moore, emprunte le blanc chemin à la poursuite d'un odieux criminel...

Iacobus, Matilde Asensi, Ed. Folio PolicierUn roman encore ; "déguisé en pèlerin sur un chemin semé d'embûches et de pièges, sommé de déchiffrer de dangereux secrets, Galceran trouvera sur la fameuse voie lactée des réponses surprenantes à plus d'un égard..." Inquisition, trésor des Templiers, chemin de Compostelle, tout y est !

Sur les traces des pèlerins et dévots de Saint Jacques à Troyes et dans la région, Claude Mollo, Centre Départemental de Documentation Pédagogique, TroyesUn document très complet à compulser à la bibliothèque du CDDP ou à la médiathèque de Troyes, qui présente notamment des indices de cultes jacquaires à Troyes et dans l'Aube, et qui regroupe quelques textes d'archives sur des pèlerins aubois.

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La vie En Champagne, Mars 1985, "Quelques documents sur la Champagne et le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle", article de Jean Marc Roger.

Les routes dans la Brie et la Champagne occidentale, Jean Mesqui, in Revue générale de routes et des aérodromes, 1980Un ouvrage de référence, illustré de nombreuses cartes, pour qui s'intéresse aux itinéraires historiques de Champagne.

En passant par la Champagne, pèlerins et marchands, livret du visiteur , Exposition conçue et réalisée par la Maison du Patrimoine de l’agglomération Troyenne, 19 juin – 7 octobre 2007.

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Index

A

Abbaye du Paraclet · 26Abbaye Notre Dame au Nonnains (Troyes)

· 14Abbaye Sous Plancy · Voir à PlancyAix en Othe · 27Amance · 9Auxon · 25, 28Avaleur · 10Avirey-Lingey · 11

B

Bagneux La Fosse · 11Bailly le Franc · 7Bar Sur Seine · 10Basilique Saint-Urbain (Troyes) · 14Bouilly · 25Bourguignon · 10Bragelogne · 11Brienne La Vieille · 9Brienne Le Château · 9

C

Carte de l'Aube · 19Chalette Sur Voire · 8Chaource · 23Chapelle Vallon · 19Codex Calixtinus · 4coquilles · 5Coussegrey · 23Cussangy · 23

D

Dienville · 9Dival · 26

E

Eglise Saint-Jacques (Troyes) · 14Eglise Saint-Nizier (Troyes) · 13Eglise Saint-Pantaléon (Troyes) · 14Ervy le Châtel · 28

F

Fralignes · 10

I

Isle Aumont · 21

J

Javernant · 25

L

La Fosse Corduan · 27Lagesse · 23Lantages · 22Lentilles · 8Les Grandes Chapelles · 19Lingey · 11Loge aux Chèvres · 10

M

Maisons lès Chaource · 24Maraye en Othe · 27Marcilly Le Hayer · 27Marolles Lès Bailly · 10Montmorency Beaufort · 8Moussey · 21

N

Notre Dame du Chêne · 10

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P

Paraclet · Voir à Abbaye du ParacletPlancy l'Abbaye · 19Polisot · 11Pont Sainte Marie · 19Pont Sur Seine · 26Porte Saint-Jacques (Troyes) · 13Premierfait · 19Prieuré Saint-Jacques (Troyes) · 13, 20

R

Rhèges · 19Rosières près Troyes · 21Rosnay L'Hôpital · 8Rumilly les Vaudes · 22

S

Saint Aubin · 26

Saint Jacques le Majeur · 4Saint Loup de Buffigny · 27Saint Mards en Othe · 27Saint Martin de Bossenay · 27Saint Phal · 25Saint Roch · 5Saint-Léger Près Troyes · 21Saint-Léger Sous Brienne · 8Saint-Thibault · 5Saint-Thibault (village) · 22

T

Troyes · 12

V

Vaudes · 22Villemaur Sur Vannes · 27Villenauxe La Grande · 26Villeneuve Au Chêne · 10Vougrey · 22

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