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JUILLET 2013 UN MAGAZINE HORS DU COMMUN KRUBERA, DANS LA GUEULE DU GOUFFRE − 2 196 MèTRES ENDLESS SUMMER LE SURF DANS TOUS SES ÉTATS MAGAZINE SPONSORISÉ

The Red Bulletin July 2013 - FR

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Brelan d’as - The Red Bulletin vous invite à découvrir les trois stars de demain.

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juillet 2013Un magazine hors dU commUn

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− 2 196 mètres

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heure d’été depuis quelques mois déjà, votre montre s’est accoutumée à cette heure estivale. Mais la cha-leur, elle, a joué à cache-cache. du coup, en ce mois de juillet, on a comme une furieuse envie de se jeter à l’eau. ça tombe bien, vous n’avez plus qu’à trouver un board et l’élément marin vous emballera au fil de l’eau et de ces pages.d’abord, emboîtez le pas de l’Australien Julian Wilson, du hawaïen John John Florence et du californien Kolohe Andino, trois futurs maîtres des tubes. ensuite, choisissez votre spot dans notre galerie de photos. The endless summer surfait Michael hynson à la fin des années 60. Oui, espérons que l’été ne compte pas ses jours.

Bonne lecture ! Votre Rédaction

Julian Wilson fait partie de ces nouvelles stars du surf professionnel.

rallyes orphelins Qui sera le patron de la prochaine décennie ? The Red Bulletin est parti à la recherche du successeur de Loeb. Pas simple.

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Juilletle monde de Red Bull

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08 photos tour du monde des plus belles vagues sur les plus beaux spots

40 brelan d’as The Red Bulletin vous invite à découvrir les trois stars de demain

80 Il y a une vIe après sandy récit saisissant sur la côte est des états-Unis près d’un an après le passage de l’ouragan Sandy

22 90sandes se met à nuryan sandes est un trailer sud-africain de 31 ans qui n’a pas froid aux yeux. ce mois-ci, c’est lui qui enlève le haut.

JolI voyageà la découverte de la Croatie en grimpant des falaises et en sautant la tête la première dans la grande bleue.

48au fond du gouffreKrubera est une cavité qui s’enfonce à plus de 2 000 mètres. reportage excep-tionnel dans les entrailles de la terre.

Bullevard 15 énergisant monde  L’art en folie 18 énergisant France  Fête du mois 19 dans la tête de...  Hugh Jackman 20 Kainrath  Joli coup de crayon 22 mon corps et moi  Ryan Sandes 24 Formule magique  Flyboard 26 le bon numéro  Impensables !

reportages

28 Fast and furiousFous du volant au Mexique

40 Vagues à l’âme     Ces surfeurs ont les dents longues

48 Krubera-Voronja Deux kilomètres sous terre

58 Cœurs de Lions Ils paient leur tournée

66 Cherche patronQui sera le prochain Loeb ?

74 Jérémy Ferrari Nouvelle star des planches

78 Thomas Dold La bonne marche

80 Surfer après Sandy Voyage sur la côte est des USA

action ! 90 voyages  Un été en Croatie 92 clubbing  Portland93 conseils de pro  Dany Torres94 ma ville  Berlin se dévoile95 musique  La playlist de Dom Maker96 Focus  Gros plan sur l’actu française98 dans le rétro  Casse-tête

D’un Coup D’AiLeS

92un club quI envoIeGros plan sur le Dante’s, au cœur de la dernière ville Us top tendance. dans l’oregon, Portland affiche sa différence.

Le monDe De ReD BuLL

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SPÉCIAL SURF

contributionsLe quatuor du mois

THE RED BULLETIN France

Publication & édition Red Bull Media House GmbH

Directeur de la publication Wolfgang Winter

Directeur d’édition Franz Renkin

Directeur de la rédaction Robert Sperl

Directeurs artistiques Erik Turek & Kasimir Reimann

Rédacteur en chef photos Fritz Schuster

Responsable de la production Marion Wildmann

Rédaction Alexander Macheck (Directeur adjoint de la rédaction),

Christophe Couvrat (Rédacteur en chef France), Ulrich Corazza, Werner Jessner, Florian Obkircher, Arek Piatek, Ioris Queyroi, Andreas Rottenschlager,

Stefan Wagner, Daniel Kudernatsch (Tablette), Christoph Rietner (Tablette)

Traductions & relecture Étienne Bonamy, Susanne Fortas, Frédéric Pelatan, Christine Vitel

Maquette Miles English (Directeur), Martina de Carvalho-Hutter,

Silvia Druml, Kevin Goll, Carita Najewitz, Esther Straganz

Booking photos Susie Forman (Directrice création photos) Ellen Haas, Catherine Shaw, Rudi Übelhör

Reprographie Clemens Ragotzky (Directeur),

Karsten Lehmann, Josef Mühlbacher

Fabrication Michael Bergmeister

Production Wolfgang Stecher (Directeur),

Walter O. Sádaba, Christian Graf-Simpson (Tablette)

Impression Prinovis Ltd. & Co. KG, 90471 Nuremberg

Service financier Siegmar Hofstetter, Simone Mihalits

Marketing & management international Barbara Kaiser (Directrice), Stefan Ebner, Stefan Hötschl,

Elisabeth Salcher, Lukas Scharmbacher, Sara Varming

Marketing & concept graphique Julia Schweikhardt, Peter Knethl

Ventes & abonnements Klaus Pleninger, Peter Schiffer

Publicité Cathy Martin, 07 61 87 31 15 ou

[email protected]

Emplacements publicitaires Sabrina Schneider

Assistantes de rédaction Manuela Gesslbauer, Anna Jankovic, Anna Schober

IT Michael Thaler

Siège social Red Bull Media House GmbH,

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15, 5071 Wals près Salzbourg, FN 297115i, Landesgericht Salzburg, ATU63611700

Siège de la rédaction France 12 rue du Mail, 75002 Paris, Téléphone 01 40 13 57 00

Contact [email protected]

Web www.redbulletin.com

Parution The Red Bulletin est publié simultanément dans les pays sui-

vants : Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Brésil, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Irlande, Koweit,

Mexique, Nouvelle-Zélande, Suisse.

Les journalistes de la SNC L’Équipe n’ont pas pris part à la réalisation de The Red Bulletin. La SNC L’Équipe n’est pas

responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité des auteurs.

Dépôt légal/ISSN 2225-4722

Juriste de formation, Gudzowaty glisse rapidement vers la photo-graphie. Le Polonais s’essaie aux différentes disciplines avant de trouver sa voie dans le photojour-nalisme en noir et blanc. Réguliè-rement récompensé, il a pour thème de prédilection la margina-lité avec la particularité de couvrir un sujet en douze photos, pas une de plus. Pour The Red Bulletin, il signe les clichés du reportage À la vie, à la mort, au Mexique, que vous trouverez en page 28.

Tomasz GudzowaTy

Pourquoi photographier du surf ? Brian Bielman se veut taquin : « Pour passer un max de temps sur la planche. » Ses amis décrivent Bielmann comme un vieux bris-card à la cool attitude. ça tombe bien, il faut garder son calme lorsqu’on photographie des stars de la discipline comme Julian Wilson en action sur des vagues monstres (en couverture). L’Amé-ricain a-t-il un cliché préféré ? « Sans hésiter, Pipeline à contre-jour. » Disons qu’on est plutôt d’accord avec lui.

Brian Bielmann

Les dégâts cau-sés par Sandy, en octobre

2012 s’élèvent à 80 Mds $. L’oura-gan a détruit 10 km de bord de mer et affecte la vie des surfeurs de New York. « Nous y sommes retournés six mois plus tard, les gens brûlaient encore des arbres et des planches pour nettoyer les lieux », raconte le reporter-surfeur de Brooklyn, Cole Louison, auteur de The Impossible, la grande his-toire du skateboard qui revient sur les origines du surf. « Tous avaient une histoire à raconter. »

Cole louison

daumanTas liekis

« six mois après sandy, les gens brûlaient des arbres et des planches pour nettoyer les lieux » cole louison

Le Krubera-Voronja, gouffre le plus

profond du monde, n’est pas le premier fait d’armes du journa-liste spécialisé dans la nature et les sciences. Le parcours du Lituanien inclus Tchernobyl et Fukushima, autres matières pre-mières à histoires... Mais dans le Krubera-Voronja, c’est en tant que biologiste, son autre casquette, que Liekis répertorie les animaux endémiques présents dans les ténèbres de cet environnement hostile. à découvrir, page 68.

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T h e B ox , Au s T r A li e point breakIci, Kieren Perrow surfe The Box, spot situé sur la côte sud ouest du pays. Les vagues cassent vers la droite sur une eau peu pro-fonde. The Box, c’est quoi ? Une montée abrupte, des tubes rapides et de larges lips. Comme leur nom l’indique, les lips forment l’enve-loppe du tube recherché par le surfeur. Il est conseillé de s’y en-gouffrer rapidement au risque de se retrouver aplati comme une planche contre le corail, situé à peine quelques dizaines de centimètres sous la surface de l’eau. Plus sur www.twitter.com/kierenperrowPhoto : Russel Ord

SPÉCIAL SURF

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N o uvelle- galle s d u s u d, au sTR alI e

point de vueLa preuve par l’image. « Faire le canard » signifie plonger sous la vague et éviter d’être écrasé par le mur d’eau. Sur ce cliché, Belinda Baggs nous montre la voie. Connue pour sa maîtrise du longboard, l’Australienne affiche un esthétisme qui se distingue du big wave, plus brutal. Baggs affectionne le noseriding qui consiste à avancer à petits pas vers le nez de la planche au moment où elle se met à descendre la vague. « L’idée de vivre sans la mer est pour moi une source d’angoisse perpétuelle », avoue-t-elle. On la comprend.Plus sur www.vimeo.com/57337399Photo : Ben Moon

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point de départC’est le 7 novembre 1957 sur une côte sauvage au nord de l’île de O’ahu qu’a débuté la saga des vagues géantes. à leur tête, l’Améri-cain Greg Noll. Il faut attendre 1974 pour assister à la première compétition de surf pro sur ce même spot où la hauteur des vagues peut atteindre huit mètres. Ici, un groupe de surfeurs est aux prises avec des déferlantes gigantesques lors du Quiksilver Contest de 2010. Avec plus ou moins de réussite comme le montrent les planches abandonnées en pleine mer.Plus sur www.brianbielmann.wordpress.comPhoto : Brian Bielmann

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Bullevard

Erzberg La pluie et la neige ont compliqué la tâche des participants de Red Bull Hare Scramble sur un parcours déjà difficile à la base. Samo Vidic

arrêt sur imagEs

Instantané

Les meilleurs photos seront tirées au sort. Le ou la gagnant(e) repartira avec la gourde suisse SIGG siglée The Red Bulletin.

Faites-nous partager votre univers trépidant en envoyant vos clichés à :[email protected]

Autos volantesL’idée de la voiture volante

est aussi ancienne que la voiture elle-même. Ce rêve est censé

devenir réalité en 2015. Retour sur les étapes marquantes.

ConVAIRCAR (1946)Ce prototype effectue 66 vols-tests concluants. Un crash met fin à tout espoir de production.

TeRRAFuGIA TF-x (2009)La 1re voiture volante à décollage vertical et moteur hybride sera

disponible en 2015.

PIASeCkI AIRGeeP (1962)L’armée US le développe pendant des années, mais le concept est

jugé inopérant.

AéRoPLAne de CuRTISS (1917)Glen Curtiss construit

cette voiture dotée d’ailes. Elle ne volera jamais.

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énergisant… à petites doses !

L’expo Say Watt? à Paris : des débuts en Jamaïque jusqu’au vélo-sono (en bas).

un sound system, c’est deux platines, un ampli et d’assourdissantes enceintes mobiles parfois grandes comme une maison. cette mode voit le jour dans les rues de la Jamaïque pendant les années 50. rapide-ment, elle devient l’un des instruments majeurs de la culture underground en réponse aux clubs inacces-sibles et le moyen de diffusion d’un style musical marqué par la prédominance de basses allant du ska jusqu’au dancehall, en passant par le dub et le reg-gae. À Paris, la Gaïté lyrique consacre une grande exposition, Say Watt?, à ce phénomène socio-cultu-rel. au menu, photos et illustrations jamaïcaines d’époque, projection du docu-fiction Babylon qui retrace les débuts de la scène sound system de londres. mais aussi des débats menés par le commis-saire de l’exposition seb carayol et des ateliers qui vous apprendront comment fabriquer votre propre sound system. sans oublier des sculptures d’artistes à base d’enceintes et des concerts où les basses ne manqueront pas de vous masser le ventre. si, si.Plus sur www.gaite-lyrique.net

Basses en ville !Le sound system s’expose à Paris à grand renfort de décibels, jusqu’au 25 août.

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Calgary À l’occasion de Red Bull Rocks & Logs, la ville canadienne a vécu son 1er cross-enduro urbain. John Evely

Puerto del Carmen La chaleur, le vent et l’altitude font de l’Ironman de Lanzarote une compétition redoutée. Gines Diaz

Bakou Daniel Bodin, le freestyler suédois en snowmobile, apprécie l’hospitalité locale lors de Red Bull X-Fighters Jam. Denis Klero

le 14 juillet a lieu en italie, au lac de Garde, la 4e étape de red bull cliff diving World series. À cette occasion, la bourgade de malcesine inaugure la 1re compétition féminine jamais organisée. anna bader, 29 ans, est l’une des favorites.the red bulletin : Qui y a-t-il de fascinant dans le plongeon de haut vol ?anna bader : Le corps à corps avec la force d’apesanteur.Où se trouvent les meilleurs spots ?En Suisse, en Thaïlande et à Majorque. Pour moi, tout a commencé au Rick’s Cafe à Negril, en Jamaïque. Depuis le récif juste devant le pub, les locaux plongent directement dans une eau turquoise.

Quelle sensation procure une chute libre à 90 km/h ?En l’air, la vitesse n’est pas perceptible. Je me sens comme en apesanteur.Avez-vous peur parfois ?Les forces à l’œuvre au contact de l’eau sont énormes et la moindre erreur fait mal. La peur est une bonne conseillère. La surmonter exige une grande concentration, si elle devient trop grande elle vous paralyse.Quels sont vos modèles masculins ?Orlando Duque est le meilleur au contact de l’eau. Gary Hunt a été le premier à réaliser la vrille alors qu’Artem Silchenko est le spécialiste du plongeon renversé, l’une de mes armes favorites.

chute libre Anna Bader, plongeuse allemande, nous parle d’apesanteur, de la Jamaïque, de modèles et de la peur de plonger de 20 m de haut.

Chris Burkard, vainqueur de Red Bull Illume 2010, le plus grand concours de photo de sport.

Anna Bader sculpte l’apesanteur.

Images en puissancel’américain chris burkard, 27 ans, se souvient très bien du jour où il réalise la photo qui va assurer sa postérité : « la lumière, le vent, la houle… tout était parfait, comme si la nature s’était laissée aller à l’harmonie, le temps d’un instant. » avec son nikon d700, il saisit le surfeur brésilien Gabriel medina sur une vague émeraude du chili. la photo gagnante de red bull illume 2010, le plus grand concours au monde de photo de sport d’action. Fin août, l’édition 2013 réunira 50 juges internationaux pour l’élection du successeur de burkard. l’art de la photo est-il accessible ? « un iPhone ou une caméra GoPro suffit à quiconque veut capturer le monde. c’est une évolution positive. » comment réussir une photo ? « il faut des années d’apprentissage pour savoir appuyer au bon moment. analysez vos photos ratées pour progresser. »

Cher payé

ces rachats du Web 2.0 qui valent

des milliards.

Plus sur www.annabader.com

InstAGRAm : lE Plus RAPIDE

Après 551 jours d’existence, ce logi-ciel de partage de

photos est racheté un milliard de dol-lars par Facebook

en avril 2012.

PIntEREst : lE PRoChAIn ?

Le réseau social de partage de photos, dont la valeur est estimée à 2,5 mil-liards de dollars,

excite la convoitise des grandes firmes.

sKyPE : lE Plus GRos

En 2011, eBay cède à Microsoft pour

8 milliards de dol-lars ce leader de la

téléphonie par Inter-net, acheté 2,5 mil-

liards en 2005.

Photo GAGnAntE

Plus sur instagram.com/chrisburkardet redbullillume.com

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Hassan Mouti dans ses œuvres

à La Rochelle.

Silchenko premièreL’élite du plongeon de haut vol avait rendez-vous pour la 5e année consécutive en France. Et pour la 4e fois à La Rochelle.

devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs et au terme d’une com-pétition à couper le souffle, artem silchenko remporte la première étape de red bull Cliff diving World series 2013. il devance les britanniques Gary hunt, triple vainqueur du championnat, et blake aldridge, victorieux de l’étape qualificative en janvier, en australie. décevants, les Français hassan mouti et Cyril oumedjkane terminent respectivement 10e et 11e. on ne peut rêver plus beau spot pour lancer la 5e édition de la prestigieuse compétition de plongeon de haut vol. s’élancer de la plateforme installée à 27,5 mètres sur l’historique Tour saint-nicolas qui surplombe le port de la rochelle est toujours un moment particulier que les plongeurs affectionnent. l’événe-ment a tenu toutes ses promesses avec une qualité de sauts très élevée. Cinquième après un premier jour de compétition particulièrement venté (rafales à plus de 50 km/h), artem silchenko, très en confiance, reprend la tête du classement dès le lendemain. le plongeur russe entame cette nouvelle saison sur les chapeaux de roue.Plus sur www.redbull.fr

Nantes la joue collectifRed Bull Collective Art crée une œuvre à travers le monde. Un cadavre exquis géant ? C’est possible ! Des artistes du monde entier ont donné libre cours à leur imagination. Des créations se sont succédé pour donner vie à une œuvre longue de près d’1,3 km. La France l’a accueillie le 6 juin dernier, à Nantes. L’événement proposait aussi de posséder une partie de l’ouvrage sous forme de carte et de trouver la suite auprès d’une tierce personne ce soir-là.Plus sur www.redbullcollectiveart.com

Électro beachEn sept éditions, les Plages Electroniques ont démon-tré qu’il y avait une place sur la Côte d’Azur pour une programmation exigeante et innovante. Les Plages Electroniques revendiquent une identité forte. Après Vitalic et son « VTLZR » en ouverture le 3 juillet der-nier, place à la soirée du 17 qui célébrera Pendulum, Gramatik, Son Of Kick et My ET vous feront voyager. Les filles seront à l’honneur le 30 juillet avec Magda, Miss Kittin, Nastia et Chloé.Plus sur www.plages-electroniques.com

Londres « Taxi ! » Que serait un séjour à Londres sans une virée dans un black cab ? Red Bull Soapbox Race, Daniel Lewis

Osaka Josh Sheehan exécute un saut  spectaculaire devant la tour du soleil.  Red Bull X-Fighters, Jason Halayko

Johannesburg I.D.A. présente sa chorégra-phie déjantée lors de Red Bull Beat Battle en Afrique du Sud. Craig Kolesky

Miss Kittin sera à Cannes cet été.

Le style bleu de l’expo de Milan

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Dans la tête De...

hugh jackmanL’Australien à l’instinct animal et au charme ravageur enchaîne les films d’action et les comédies

musicales. Chanteur en mandarin ou super-héros musclé, il garde sa part de mystère.

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Jardin secretJackman est l’homme le plus charmant d’Hollywood. Et il sait préserver sa vie privée.

Durant le tournage des Misé-rables, il se passe en boucle

la musique de Godsmack. « Pendant ces scènes dans les montagnes, j’avais dans la tête Cryin’ Like a Bitch! »

Petit écran, gros flopAprès le succès de The Office aux États-Unis, voilà en 2007 Viva Lau-ghlin, remake de Blackpool, un mé-lodrame musical créé par la BBC.

Hugh Jackman en est l’acteur et le co-producteur. C’est un fiasco. Aux

USA, la programmation s’arrête après 2 épisodes sur les 8 prévus. Un seul sera diffusé en Australie.

Ver revanchardEnfant, Hugh est un petit

maigrichon, surnommé « le ver de terre ». Pour acquérir

la carrure de Wolverine, il suit un régime strict : 6 000

calories avalées quotidienne-ment en 8 heures, suivies de 16 heures de diète. Il soulève 143 kg en développé-couché.

Griffes éternellesSept Wolverine, c’est autant que Sean Connery dans James Bond.

Entre 1937 et 1958, Mickey Rooney a joué Andy Hardy dans 16 films. Le Japonais Shintaro

Katsu a tenu le rôle de Zatoïchi, un masseur et sabreur aveugle, dans 26 films de 1962 à 1989.

L’art de s’emballerJackman sera bientôt à l’affiche d’un thriller réalisé par le Québé-

cois Denis Villeneuve. « J’ai été emballé par le projet. J’ai adoré

travailler avec Denis. Il est comme Christopher Nolan (réalisateur

américain de Memento, The Dark Knight et Inception, ndlr). Même

vision, même dynamisme. »

Loup solitaire Élu plusieurs fois « homme le plus sexy de la planète »,

Jackman garde la tête froide. « Je me pince tous les jours en pensant à ma chance de jouer Wolverine. Je suis beaucoup plus soli-taire et introverti que vous

ne pouvez l’imaginer. »

C’est pas chinoisLes critiques sont partagées pour son rôle de patron de night-club à Shanghai dans Snow Flower and

The Secret Fan, sorti en 2001. Pour cette brève apparition, il a

passé plusieurs mois à apprendre une chanson en mandarin.

Le Beau et la BêteHugh Michael Jackman naît le 12 octobre 1968 à Sydney. Dans les années 90, il se fait remarquer en Australie et en Angleterre, sur des scènes musicales. Il interprète, no-

tamment à Melbourne, le rôle de Gaston dans La Belle et la Bête et donne tout sur scène.

The Wolverine : le combat de l’immortelPlus sur www.thewolverinemovie.com

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LES MEILLEURS JEUX DE SPORT ET DE COURSE

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Chaque année, le trailer sud-africain de 31 ans court l’équivalent d’un Paris-Pékin. Le froid est sa seul crainte et le sommeil son allié. Plus sur www.ryansandes.com

Ryan SandeS

1 STOCK DE RÉSERVEPour les courses dites de « longue distance », avoir un poids léger est un gros avantage. Mais le corps a aussi besoin de réserves en graisse. Avec mon 1,78 mètre, mon poids de course oscille entre 66 et 68 kilos. Après 161 kilomètres de course, je perds un à deux kilos.

2 C’EST paS lE piEDJ’ai connu pas mal de bles-sures : une fracture de fatigue, une inflammation du tendon rotulien, une tendinite ou encore une entorse des liga-ments de la cheville. À chaque fois, la guérison prend trois à quatre semaines. C’est un problème car l’autre pied est bien plus mis à contribution.

EN THÉRapiE 4Je cours 800 heures par an, soit un total de 8 000 km et 300 000 mètres d’altitude.

L’entraînement sert surtout à perfectionner ma technique de course. Je la travaille deux

fois par semaine avec un coach et un spécialiste

en kinésiologie. Les séances régulières de physiothérapie

et de chiropractie m’aident à soulager mon dos,

lequel est très sollicité.

CONVUlSiONS 5Mes chaussettes de conten-

tion m’épargnent les crampes, sauf lors de mes

marathons extrêmes en Antarctique. À − 20 °C dès

qu’on s’arrête de courir, la température du corps

chute rapidement. Les muscles tremblent et des

crampes apparaissent.

VOiX iNTÉRiEURE 3 De longues phases de repos

sont capitales. Je dors huit à neuf heures par nuit.

Au réveil, mon pouls est à 47 pulsations par minute et passe rapidement à 200

en effort intense. Mais la me-sure de mon pouls n’est pas

une obsession, je préfère être à l’écoute de mon corps.

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MON CORPS ET MOI

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RBMA eMBRAse LA ViLLetteFin mai, Paris a vibré à l’occasion de Red Bull Music Academy Stage.

un soleil printanier montre enfin ses rayons sur le parc de la villette. les cœurs se réchauffent. l’air se remplit soudain des saveurs orientales de baris K. un set dépaysant entre guitares, percussions et nervosité orientale qui colle tout le monde dans l’ambiance. Mais c’est Gary Wilson qui sait le mieux profiter des rayons : gants jaunes et perruque sur la tête, l’excentrique fils spirituel de Frank Zappa livre un show psyché-rock, bariolé et un peu zinzin qui ravit tout le monde. seul, space dimension Control-ler prend la suite pour répandre son galactic funk sur la prairie.

Ça danse dans l’herbe, le funk se tord, s’enroule autour des platines et des arbres. Tout semble revivre sous les breaks psychés du Controller. l’immense daphni – aka dan snaith, planqué auparavant sous le pseudo de Caribou – continue d’éveiller esprit et corps, avec la bénédiction du soleil : un set inventif, physique et cérébral, orienté dancefloor.

hyper attendu, TnGhT, le duo mené de front par hudson Mohawke et lunice débarque en grande pompe. l’ambiance est hypnotique, ça groove sur les impeccables productions des deux lascars qui redoublent d’inventivité, tendent leurs mix pour mieux secouer les danseurs. Jesse boykins iii attrape un micro et rejoint le duo. C’est sauvage et chaud, rond et hypnotique, tout simple-ment parfait pour clôturer ce dimanche soir. dehors, il fait déjà nuit. Gros sons, plein de soleil et expériences azimutées, villette sonique a une fois de plus fait la différence avec une programma-tion audacieuse. et une fois de plus, red bull Music academy stage aura permis de saisir la crème de héros en devenir.Plus sur www.redbull.fr

vite fait, bien faitSportifs vainqueurs et parcours victorieux aux quatre coins de la planète.

Triple or aux X-Games de Barcelone ! Ronnie Renner (USA/photo) triomphe en MX Step Up, le Brésilien Pedro Barros au Skate Park et l’Américain Garrett Reynolds en BMX.

Grâce à un birdie au

quatrième trou de play-

off, le golfeur Matteo

Manassero devient,

à 20 ans, le plus jeune

vainqueur du BMW

PGA Championship

à Wentworth.

Lors du GP de France, au Mans, l’Espagnol Dani Pedrosa, 6e temps sur la grille, a été l’auteur d’une remontée fantastique pour s’imposer en Moto GP.

Le Sud-Africain

Jordy Smith remporte

son 1er titre sur le

circuit ASP hors de ses

bases. C’était face au

brésilien Adriano

de Souza lors du

Billabong Rio Pro.

Festif. Baris K (en haut) envoie du son lors de Red Bull Music Academy Stage.

the red bulletin 23

Bullevard

jumbo-jetS’élever dans les airs en utilisant la force d’un jet d’eau ? Découvrez les dessous du système de propul-sion du Flyboard grâce à un physicien éclairé*.l’enginUne turbine de jet-ski, un tuyau de raccordement, quatre buses directionnelles : voilà l’engin qui, d’après son inventeur, permet de « plonger comme un dauphin et de voler comme un oiseau ». La force de l’eau expulsée vers le bas doit être supérieure à la pesanteur. La pesanteur de la plateforme et du pilote s’obtient à partir du produit de la masse totale et s’exerce vers le bas : FPe = –(mPi + mPl), où mPi et mPl correspondent à la masse du pilote et de la plateforme, et g à l’accélération de la pesanteur. L’eau est pompée vers le haut dans le tuyau à une vitesse v¹, puis déviée par un système de tuyauterie. Elle ressort par les buses à une vitesse v². La plateforme exerce une force sur l’eau, FE, et la dévie vers le bas. C’est ainsi que varie la quantité de mouvement de l’eau. La force correspond exactement à la variation de la quantité de mouvement. À chaque force corres-pond une force équivalente qui s’exerce en sens inverse. C’est cette force, FPl, qui maintient la plateforme en équilibre.

Afin d’estimer le nombre de litres d’eau par seconde qui doit être expulsé pour soulever la plateforme et le pilote, il faut mettre en parallèle la force de pesanteur, la variation de la quantité de mouvement de l’eau et le temps. La variation de la quantité de mouvement est le produit de la masse de l’eau qui entre en contact avec la plateforme par unité de temps et de la variation de la vitesse de l’eau. On obtient ainsi l’équation : − (mPi + mPl)g = E(v² – v¹). Comme précédemment, g correspond à l’accélération de la pesanteur. La quantité d’eau pénétrant dans la plateforme en une seconde est notée E et est le produit de la masse volumique de l’eau, de la vitesse et de la surface de la coupe transversale de l’admission A¹. La plateforme reçoit E = rv¹ A¹ litres d’eau par seconde. Autrement dit, la vitesse de l’eau au niveau de l’admission est v¹ = E/(rA¹). Ici, r cor-respond à la masse volumique de l’eau. La surface totale de la coupe transversale des quatre buses, A², étant inférieure à celle de l’admission, l’eau ressort par les buses plus rapidement qu’elle n’est pompée, soit à une vitesse de v² = – v¹(A¹/A²).

En résumé, prenons une masse totale de mPi + mPl = 100 kg, une surface d’entrée de 80 cm² et une surface totale de 50 cm² pour la coupe transversale de l’ensemble des buses. Cela donne 55 litres d’eau/seconde qui ressortent par les buses à une vitesse de 40 km/h pour faire planer le pilote et le board pendant à peine une seconde.

l’inventeurC’est en imaginant un mélange de « jet-ski, de wakeboard et de kitesurf » que le Français Franky Zapata a fabriqué, en 2011, le Flyboard. L’an dernier, son compatriote Stéphane Prayas a rem-porté la première Coupe du monde de cette jeune discipline, dans laquelle les juges notent les figures freestyle. Plus sur www.zapata-racing.com et youtube.com, mot-clé : Flyboard

* Le professeur Thomas Schrefl enseigne à l’Université des sciences appliquées de Sankt Pölten (Autriche) et à l’Université de Sheffield (Angleterre). Konrad Holzner, son collaborateur, est étudiant en 8e semestre (physique/activité physique et sport) à l’Université de Salzbourg.

Formule magique

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Décollage. Le Français David

Goncalves prend son envol lors des qualifi-

cations à une étape de Coupe du monde,

dans la baie de Doha.

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chiffres du mois

Champions inattendus Un tireur à l’arc aveugle ? Un sumo svelte ? Un sauteur de haies épileptique ? Oui, ça existe.

Florilège de sportifs aux carrières étonnantes, voire improbables.

42Jan Mølby a des problèmes de poids d’une autre nature. Le milieu de terrain danois traîne un surplus d’une dizaine de kilos qui le freine pour évoluer au-delà de la ligne médiane. Pourtant, dans les années 90, Big Jan devient une légende à Liverpool où il joue douze saisons. Avec 42 penaltys, il est toujours le plus prolifique marqueur de penos de l’histoire du club.

4Garrincha est considéré comme

le meilleur ailier droit de tous les temps. Pourtant, c’est un mi-raculé. Le Brésilien naît en 1933

avec une jambe arquée et un genou rentrant. Le médecin qui l’opère lui glisse : « Fais du foot, ça te musclera les jambes. » Le

futur ailier de Botafogo remporte les Coupes du monde 1958

et 1962 où il finit meilleur buteur (quatre réalisations).

1,60La trajectoire de Tyrone Bogues,

parti du ghetto de Baltimore pour atterrir en NBA, est héroïque.

Mais ce qui rend Muggsy unique, c’est sa taille : 1,60 mètre, qui fait de lui le plus petit joueur

à avoir foulé les parquets NBA. Sa recette du succès ? « Depuis

l’enfance, on me répète qu’il faut mesurer deux mètres pour jouer

en NBA. Je n’en ai pas tenu compte, tout simplement ! »

699Seulement 1/10e à l’œil gauche et 2/10e à l’œil droit, Im Dong-Hyun est aveugle. Un handicap ? Pas pour cet archer sud-coréen. À l’occasion des derniers JO de Londres, il bat le record mondial de la discipline, avec un score de 699 points. Dong-Hyun, 27 ans, sait reproduire un tir à l’identique grâce à l’extraordinaire mémoire musculaire de sa main.

98Un sumotori japonais pèse au mi-nimum 150 kilos. Pavel Bojar n’est pas japonais mais tchèque, et affiche seulement 98 kilos. En 2000, après une 3e place au championnat du monde junior, il intègre une école japonaise. Il y reçoit un nom de combattant : Takanoyama. Malgré ses gabarit et poids moyens, il gravit les divisions pour évoluer au-jourd’hui au sein de l’élite sumotori japonaise.

Dai Greene

Big Jan Mølby

Pavel Bojar

Tyrone Bogues, grand par le talent

Manoel dos Santos alias Garrincha

Dong-Hyun à Londres 2012

400Dai Greene est épileptique.

Mais en 2011 à Daegu en Corée du Sud, le Gallois devient

champion du monde du 400 m haies. Plus étonnant

encore, il décide de stopper son traitement : « Les comprimés

avaient un impact négatif sur mes performances. » Et pour réduire le risque de crise, l’athlète de 27 ans trouve une parade : « Un sommeil

régulier et pas d’alcool. » text

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Bullevard

26 the red bulletin

RED BULL DONNE DES AIIILES.

LA ROUTE ESTENCORE LONGUE ?

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Armando Cerda (à g.) et Miguel

Romero, deux fous du volant,

s’apprêtent à monter à bord de leur Dodge Charger 1968.

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vulcanizadoras, réparateurs de pneus de ces carritos.

OBJET DE TOUS LES DéSirS, LA VOiTUrE EST DOpéE, BiCHONNéE, CAJOLéE

es cinq millions de véhicules qui en-combrent quotidiennement les rues de Mexico transforment la mégalopole en un immense parking sans issue. Un chaos permanent qui condamne la circu-lation à une congestion généralisée. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir les automobilistes emprunter les ronds-points en sens inverse. Dans ce cas, la place de l’étoile à Paris aux heures de pointe fait pâle figure.

À la périphérie de la capitale mexi-caine s’étendent des lieux oubliés de tous, où des pilotes d’un autre genre se donnent rendez-vous et reconquièrent le temps d’une cavalcade folle ces espaces perdus. Au volant de voitures débridées à l’extrême, dans des parkings abandon-nés et des entrepôts délabrés, ils grillent le sens interdit des règles, dopés par l’adrénaline et les sensations fortes. Il y a là de belles américaines des années 1960 et 1970 qui feraient le bonheur des collectionneurs.

« Je suis accro à la vitesse, lâche Joa-quín, speed junkie d’une vingtaine d’année à la gueule d’ange. J’étais déjà fan de ces courses, bien avant d’avoir mon permis de conduire. Tous les week-ends, mes potes et moi venions discrètement y assis-ter. » La violation de l’interdit, la fascina-tion pour la mécanique ou encore la fuite du quotidien expliquent l’attrait exercé par ces courses. Comme la garantie d’une fête totale. Joaquín précise : « On se re-trouve pour faire la bringue, écouter de la musique, boire de la bière, faire de nouvelles connaissances et draguer les filles. » Une grande fête que seules les patrouilles de police ont le pouvoir de ruiner. Joaquín : « Dès que les sirènes se font entendre, on décampe au plus vite. Mais la plupart du temps, ils viennent sans sirène et tous feux éteints. Dans ce cas, on ne peut rien faire... »

Face à ces courses sauvages, la police mexicaine est intraitable. Les voitures

L

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ROUTES IMPROBABLES, PARKINGS, ENTREPÔTS : PLUS L’ENDROIT EST ABANDONNÉ, MIEUX C’EST.

Mécano de son état, Hugo Loyo (en bas à gauche et en arrière-plan) s’affaire sur une Dodge Charger 1970. José Alberto Eleuterio, l’un des plus jeunes pilotes (18 ans), attend que la voiture soit prête.

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sont saisies, les conducteurs entôlés. Elle a bien essayé de mettre à disposition des lieux sans danger pour les conducteurs et les spectateurs. Peine perdue. Le jeu du chat et de la souris avec la police fait partie intégrante de ces épreuves.

Inlassablement, les discussions entre Joaquín et ses amis tournent autour des mêmes sujets : la vitesse, l’alcool, les acci-dents, la vie, la mort. « Une fois, un pote a emprunté la voiture de son père pour une course. Très vite, il y a eu un accident. La voiture était bonne pour la casse et mon pote a échappé à la prison uniquement parce que l’un de ses oncles a graissé la patte à la police. » Mais ce jour-là, Joaquín et son ami ont surtout eu beaucoup de chance de s’en tirer avec seulement quelques bleus.

ci, une aile enfoncée cause plus de mal qu’une blessure physique. C’est que ces fous du volant

consacrent non seulement tout leur temps à leur voiture, mais aussi tout leur argent. L’entretien d’une Ford Mustang 1969, d’une Chevrolet C10 1970 ou d’une Plymouth Valiant Hardtop 1966, perfor-mante en course et admirée des specta-teurs exigeants, est une chose onéreuse. Joaquín confirme : « Sans argent, pas de vitesse. La vitesse de mes voitures est tou-jours proportionnelle à l’investissement financier. » Ici, on ne court pas pour l’argent mais pour gagner le respect des autres. Il en va ainsi depuis toutes ces an-nées, dans cette arrière-cour, qu’ils soient adolescents ou quadras endurcis, les cou-reurs relèvent le défi pour une seule et unique raison : être le meilleur.

« Beaucoup me demandent pourquoi j’aime ces courses, dit Joaquín. Je réponds toujours pour les mêmes raisons qu’un pi-lote professionnel : repousser les limites. » Il poursuit d’un ton grave : « Le duel ne fait pas que m’opposer à un rival. Il dresse aussi mes peurs face à moi. » Mais Joa-quín ne recule devant rien. « Ma petite amie est consciente qu’être avec moi, c’est accepter ma passion pour la vitesse. Depuis peu, elle ne m’accompagne plus aux courses. Elle dit que tôt ou tard, quelqu’un devra identifier mon corps à la morgue. Je lui réponds que seuls une chaise roulante ou un cercueil m’empê-cheront de courir. Jamais je n’arrêterai la course. La vitesse est ma drogue et rien ni personne ne pourra m’en priver. » Plus sur www.gudzowaty.com

Les tracés des courses

sont une suite d’in-

fractions au code de

La route

I

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Texte : Stuart Cornuelle

Le surf pro, en pleine mutation, a misé sur de jeunes stars pour élargir et diversifier son public. Le surfeur nouveau est un professionnel entraîné, sérieux, spectaculaire sur la planche et un aimant à contrats lucratifs en tout genre.

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LaSPÉCIAL SURF

Swell. Julian Wilson envoie du gros à Bocas del Toro, au Panama.

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retour dans l’oregon. Julian Wilson a fini sa séance et file à la douche. il est venu s’entraîner pen-dant deux semaines dans le QG sportif de l’un de ses sponsors pour préparer le premier rendez-vous du circuit mondial de l’asp, l’association des surfeurs professionnels.

au programme, un entraînement quotidien avec parfois deux séances par jour. entre deux sessions, il participe aux réunions des designers où les mérites techniques du short de surf extra-élastique sont aussi disputés qu’un ride sur la vague. le soir venu, il reste seul à l’hôtel. il ne boit que de l’eau, dort beaucoup et mange diététique. ici, il est en voyage d’affaires. « maintenant, les gars s’entraînent très dur, raconte-t-il. les surfeurs pros d’aujourd’hui consentent à tous les efforts pour réussir. il ne reste pas beaucoup de temps pour toutes ces fêtes qui ont donné au surf l’image d’un sport pour lequel tu te balades autour du monde en prenant du bon temps et en étant payé pour ça. aujourd’hui, si tu fais des choses comme ça,

des kilomètres de la côte et de toute planche de surf, Julian Wilson est malgré tout en nage. dehors, il pleut sur l’oregon, comme souvent dans le nord-ouest des États-Unis. dans le gym-nase vide, il se donne pour retourner un gros pneu de tracteur. dans un coin, un entraîneur fixe les gestes de l’australien de

24 ans. Wilson retourne encore ce pneu haut de deux mètres puis enchaîne les exercices en saisissant les poignées d’un speed bag et termine par une séquence de sprints sur des marches d’escalier. Bienve-nue sur le campus de la marque à la virgule, construit dans la grande banlieue de portland pour ac-cueillir l’élite sportive mondiale. si pour vous le mot « surf » suggère la plage et certainement pas un décor de gymnase en pleine campagne pluvieuse, vous devez vous demandez de quoi on cause. les exercices pliométriques pour les jambes et la recherche de puissance sont aussi des termes qui ne collent pas à l’image idéalisée du surfeur insouciant. du moins, ces mecs-là n’en ont rien à faire. pourtant, c’est pour ça que Wilson sue dans son gymnase. pour changer votre façon de voir le surf.

l’an dernier, l’australien a amassé près de 230 000 euros de gains sur le circuit asp pro, sans compter de juteux contrats publicitaires. il fait partie de cette génération pour laquelle le surf n’est pas qu’une af-faire de culture. aujourd’hui, on parle de carrière sportive et d’une industrie qui brasse des millions de dollars. son essor est mondial. en islande, au maroc ou au Brésil. les équipementiers du surf sont tous cotés en bourse. les gamins au talent prometteur ne sont pas scolarisés, ils sont instruits à la maison comme les graines de pop-stars. l’hawaïen John John Florence, petit prodige devenu pro, a des spon-sors depuis l’âge de 6 ans. Certains se voient offrir des bolides avant même d’avoir l’âge de les conduire.

mais, malgré toutes ces marques d’intérêt, le surf est loin de rassembler comme d’autres sports, même ceux de la glisse comme le skateboard ou les disciplines sur neige. il y a bien eu quelques pics d’audience, mais, après un demi-siècle, la popularité du surf n’a jamais quitté son petit monde côtier. Wilson et ses pairs pourraient changer tout ça. pour coller à leur sport, on dira qu’ils surfent sur une nouvelle vague qui va changer comme jamais leur discipline, la rendre plus accessible au grand public grâce aux nouveaux médias et aux techniques de management, booster son côté spectaculaire et trou-ver l’argent pour assurer le marketing des jeunes stars. des surfeurs comme Florence, le Californien Kolohe andino, le sud-africain Jordy smith et le Brésilien Gabriel medina pourraient vous inoculer rapidement le virus du surf.

42 the red bulletin

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W i l s o nné le :

8 novembre 1988Résidence :

Coolum Beach, Queensland,

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Avant de se consacrer totale-

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board à 14 ans.Face :

Ambassadeur de la lutte contre le cancer du sein,

Wilson utilise en compétition

des planches roses pour sensi-

biliser le public et récolter de l’argent pour la fondation.

J o h n J o h n

F l o r e n c ené le : 18 octobre 1992Résidence : Honolulu, Hawaï, USAPile : Il est l’aîné de trois frères, tous surfeurs professionnels.Face : à 13 ans, John John devient le plus jeune sur-feur à participer aux qualifica-tions du Triple Crown of Sur-fing. Six ans plus tard, en 2011, il en est le plus jeune vainqueur.

t’es vite largué. » Le professionnalisme, un mot désormais inscrit dans le vo-cabulaire de l’élite mondiale du surf, explique la rapide ascension du sport. Les sempiternelles histoires de rivalité entre concurrents, les gueules de bois, les nuits sans sommeil, ces planches qu’on récupère in extremis le ma-tin de la compétition… datent d’un autre âge. Un passé étranger aux pros d’aujourd’hui pour qui la préparation et la condition physiques sont primor-diales. « La prochaine génération sera sérieuse encore bien plus tôt, affirme Florence, tout juste 20 ans. Plus on est jeune, plus on peut travailler tôt l’en-traînement et le mental. » Désormais, à chaque étape de l’ASP World Tour, il est devenu normal de voir entraîneurs, managers, agents et cameramen s’agiter autour d’un pro à chaque ride. Et c’est valable pour tous les surfeurs. Sur les sites de compétition, on trouve des swiss balls et des vélos ergono-miques pour s’échauffer, une table de massage et un coin pour se restaurer. « C’est un peu moins le bazar aujourd’hui », reconnaît Peter Jasienski. Le directeur de la communication de Hurley travaille avec Wilson, Andino et Florence. « Ils ont conscience de leur influence sur le public. Voilà la grosse

différence. » Le résultat est immédiat : un surf tran-chant, un look affiné et une image améliorée. Tout ce qui plaît à l’industrie du surf, celle qui finance tout. Le professionnalisme, après tout, n’est qu’un symp-tôme dont l’argent est la cause.

Il y a deux ans, l’Américain Dane Reynolds, l’un des noms du circuit, a prolongé de six ans son parte-nariat avec Quiksilver pour plus de 17 millions d’eu-ros. Un contrat digne des stars du sport US. La suren-chère en la matière est devenue monnaie courante pour les meilleurs surfeurs. En 2007, la bagarre a été si rude pour faire signer Jordy Smith que Nike aurait demandé à Tiger Woods d’appeler le Sud-Africain pour arracher son accord. Il y a quelques années, les revenus mondiaux du business du surf atteignaient 4,5 milliards d’euros. On prévoit le double en 2017. Loin de ces considérations économiques, l’ambiance rustique de cette salle de musculation de l’Oregon prend tout son sens. Si les surfeurs ont commencé à se comporter en sportifs professionnels de haut niveau, ce n’est pas par hasard. Aujourd’hui, une victoire finale dans l’ASP Tour se chiffre en millions de dollars, sans parler des retombées publicitaires dodues. « Même si le contexte économique est diffi-cile pour les entreprises, il n’y a jamais eu autant d’argent dans le surf, constate Florence, qui entame sa seconde année complète sur le circuit. Pas seule-ment pour les surfeurs mais dans les événements et chez les sponsors. » Un phénomène qui ne concerne que l’élite du circuit. « Selon moi, Wilson, Andino et Florence représentent le surf moderne, reprend Ja-sienski. Tout cet investissement sur eux s’explique d’abord parce qu’ils voient ça comme une carrière professionnelle. Ils sont à l’aise avec les médias, ils songent à leur impact sur la jeunesse et sont devenus des marques commerciales. »

Ils ont fait leur trou tout simplement, ce qui est loin d’être facile. Car il faut trouver les meilleures salles d’entraînement, des coaches expérimentés, savoir sourire et se méfier de tous les pièges qui se présentent. Les marques ne sont pas là pour filer de l’argent au premier talent venu, elles ne peuvent pas se le permettre. Les 17 millions d’euros de Dane Reynolds ont fait les gros titres, mais Quiksilver a déjà retiré son engagement dans la marque de tee-shirts Summer Teeth, dessinés par Reynolds l’an passé. Comme pour d’autres, après une sévère rené-gociation à la baisse. Billabong recherche désespéré-ment le retour à l’équilibre financier après la baisse de son action boursière. Analog Clothing, propriété de Burton Snowboards, s’est séparé brutalement de toute son équipe et a quitté en octobre dernier le monde du surf. Nike a lui aussi mis un terme à son engagement. Le business souffre dans ces périodes difficiles et la crise a montré que le cœur de marché restait encore réduit. Les grandes marques de surf se sont développées en touchant une clientèle non sur-feuse et urbaine, grâce au développement de bou-tiques franchisées et de grandes enseignes. Pour au-tant, sans réaliser les ventes escomptées. La crise économique mondiale a identifié le problème : les goûts des consommateurs sont une chose, l’acte d’achat en est une autre. Les deux ont mis la pression sur le secteur, juste au moment où ce sport semblait

l a b ag a r r e a é t é s i r u d e p o u r fa i r e s i g n e r J o r dy s m i t h q u e n i k e au r a i t d e m a n d é à t i g e r Wo o d s d’a p p e l e r l e s u d -a f r i ca i n p o u r a r r ac h e r s o n ac c o r d

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A n d i n oné le : 22 mars 1994résidenCe : San Clemente, Californie, USAPile : Dino, son père, a été surfeur pro dans les années 80-90. Vainqueur d’un championnat des États-Unis en 1990, il est nommé espoir de l’année en 1991.FaCe : Kolohe est surnommé « brother » par ses parents après la naissance de sa jeune sœur. Un surnom tou-jours vivace dix-huit ans après.

le monde. « Les surfeurs sont de plus en plus concernés par la mise en place d’un spectacle de qualité, analyse Gabriel Medina. Ça passionne le public et amène de nouveaux fans. » Et grâce à un nouvel accord conclu l’an der-nier, on va découvrir autrement les compétitions. En effet, en octobre 2012, une nouvelle société, ZoSea Media, a acquis les droits d’images et de retrans-mission de l’ASP et a annoncé ses ambitions pour rénover et dynamiser le circuit mondial.

Pour la première fois, une seule équipe, composée d’anciens de MTV, de Time Inc. et de la NFL produira et diffusera les compétitions. L’objectif est de rendre le surf spectaculaire et facile à suivre pour le fan de sport devant sa télé. Un casse-tête depuis des années. « Maintenant, c’est aussi une affaire de proximité, c’est ça le gros problème, résume Jasienski, dont la société Hurley parraine en septembre le Hurley Pro à Trestles en Californie. Si vous n’êtes pas sur la plage, comment partager l’énergie et l’enthousiasme qui s’y dé-gagent, que vous soyez surfeur ou non ? Les accros du surf, ceux qui vivent sur la côte, ils sont dans le bain. Mais là, on parle de faire connaître le sport, la compétition, cette énergie, cette histoire. » ZoSea Media a du pain sur la planche. Julian Wilson : « Pour être franc, je ne pense pas qu’on puisse suivre la compétition en direct à la télé comme un match de basket ou de foot. C’est trop imprévisible avec les vagues, la météo… Mais s’ils proposent une offre alléchante des événements à la télé en montrant les meilleures vagues et comment tout se passe, je pense qu’on obtiendra une grosse audience. » Par conséquent, des rentrées publicitaires plus importantes. L’action de ZoSea devrait soulager les marques de surf qui, aujourd’hui, versent plus d’1,5 milliard d’euros à l’ASP pour parrainer une étape. Au lieu de ça, ZoSea et d’autres marques de dimension internationale vont entrer dans la danse avec des budgets incomparables.

Retour à la compétition en juin 2012. Wilson, Andino, Florence et les meilleurs surfeurs du moment étaient aux Fidji, sur l’île de Tavarua pour le Volcom Fiji Pro. L’étape avait disparu du calendrier en 2009, faute d’avoir trouvé un sponsor. Cette question cruciale a été réglée l’an dernier avec la signature d’un contrat de trois années avec la marque Volcom. Un million de téléspectateurs ont pu admirer sur ESPN les sushi rolls de Julian Wilson. Sans perdre une miette du show. C’est la voie à suivre pour une discipline en mutation qui veut passer de la confidentialité médiatique au prime-time. Une nouvelle génération de stars est en train de marquer son territoire alors qu’une foule de fans passionnés prend possession des plages. Le temps est venu de s’intéresser au surf. C’est le moment de prendre la bonne vague.Suivez les sur @kolohe_andino, @johnjohnflorenc et @julian_wilson

prêt à franchir un palier. Pour le ventre mou du mi-lieu professionnel, ce fut une mauvaise nouvelle. Cette situation a mis en lumière la petite élite du surf, les vraies idoles qui dopent le produit. Des surfeurs comme Wilson, Andino et Florence sont devenus « leur propres marques commerciales ». Ils savent se vendre. Le savoir-faire et le faire savoir.

Rappelez-vous. Au Japon, en 2007, Wilson a marqué l’histoire. Ce jour-là, il attaque une vague moyenne et part sur la gauche. Il décolle et fait demi-tour en l’air les mains agrippées aux bords de sa planche, les pieds dans le vide, avant de se redresser proprement et d’achever son ride. Une figure inédite, le « sushi roll », comme la surnomme Wilson, est née. La vidéo enflamme la planète surf. Aussi incroyable que le mouvement, son écho se répand à toute ber-zingue grâce aux photos en ligne et à YouTube. Pour le plus grand bien de la promotion du surf moderne. C’est l’un des premiers coups d’éclat de cette nouvelle génération, sa signature technique. Cela fait déjà six ans. Depuis, l’évolution technologique a profilé le matériel, apporté plus de vitesse, de légèreté et une grande fiabilité. Aujourd’hui, un surfeur peut dispu-ter un ride, et même toute une manche sans se mouiller les cheveux. Grâce à un équipement vidéo bon marché et l’avènement des réseaux sociaux, tout le monde peut tourner des images. Le buzz est ins-tantané. La changement de cap s’est précisé deux ans après l’apparition du sushi roll. En 2009, Jordy Smith passe son rodeo flip (un tour complet en l’air) dans les vagues indonésiennes. Instantanément, le Web s’affole. Cette figure est présente dans Done, le court-métrage de John John Florence réalisé l’an passé, une compilation de ses meilleurs rides. Le genre de projet qui, auparavant, nécessitait une équipe de tournage et le soutien de quelques sociétés pour être produit et distribué. Maintenant, un surfeur et son cadreur suffisent.

Julian Wilson et Kolohe Andino ont leur caméra-man attitré. Les deux complices ont créé des blogs qu’ils alimentent en vidéos inédites, avec des images toutes chaudes de la veille. Jamais les fans n’avaient eu accès à ce qui se fait de mieux en surf. « Plus de gens suivent le surf aujourd’hui qu’à mes débuts, as-sure Wilson. En Australie, ça revient en force. On le voit à la télé. Et c’était plutôt sympa l’an dernier pen-dant l’US Open de voir chaque jour sur ESPN pas mal d’images de surf, comme le Top 10 des meilleurs rides. Les smartphones sont aussi incroyables, ils per-mettent aux gens de rester en contact avec tout ce qui se passe et de se tenir au courant. C’est de plus en plus facile pour les gens de nous suivre. » Wilson aborde là un point essentiel. Cette nouvelle donne permet d’attirer des millions de spectateurs comme à l’US Open, en juillet, le long de la plage californienne de Huntington. Car le meilleur du surf ne se regarde pas dans les blogs et les magazines, mais lors des compétitions que le gros barnum de l’ASP contribue à faire découvrir à de nouveaux adeptes partout dans

Au JA p o n e n 2 0 07, W i l so n A m A rq u é l’ h i s-to i r e . u n e f i g u r e i n é d i t e , l e «   su s h i ro l l   » , est n é e

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U n e e x p é d i t i o n i n t e r n a t i o n a l e d ’ U n e s o i x a n t a i n e d e s p é l é o l o g U e s a b a t t U e n a o û t d e r n i e r l e r e c o r d m o n d i a l d e p r o f o n d e U r . t h e r e d b U l l e t i n é t a i t à l e U r s c ô t é s , e n a b k h a z i e , p o U r s ’ e n -f o n c e r à −   2   1 9 6 m è t r e s , d a n s l e c œ U r d U g o U f f r e d e k r U b e r a - V o r o n j a .t e x t e   : d a U m a n ta s l i e k i s p h o t o s   : a r t ū r a s a r t i U š e n k a

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Voyage aU centre de la terre

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RamperLe gouffre de Krubera-Voronja ne révèle ses secrets les plus pro-fonds qu’à contre-cœur. En descendant, pas de dômes, pas de halles comme dans les autres cavités. Seule-ment des parois étroites.

e matin d’été, le même appel radio fait écho dans les tentes plantées à l’entrée du gouffre de Krubera-Voronja, l’Everest des grottes. « Appel à toutes les stations, signalez-vous ! » D’habitude à cette heure, les spéléologues affamés se rassemblent autour de la table du petit-déjeuner. Ils se racontent en anglais, en russe, en espa-gnol et en arabe les rêves de leur dernière nuit et discutent du planning de la jour-née. La soixantaine d’explorateurs est ori-ginaire d’une dizaine de pays.

Aujourd’hui, l’odeur de la malchance a remplacé celle du thé. Il règne un silence assourdissant où ne perce que la voix tremblante de Vytautas Gudaitis, l’officier de liaison, en train de répéter son message d’alerte. On est en Abkhazie, République sécessionniste de la Géorgie située au bord de la Mer Noire, à une centaine de kilomètres de Sotchi. Installé sur un pla-teau du massif de l’Arabika à plus de 2 200 mètres d’altitude, le camp est en bataille. Le chapiteau sous lequel tous ont leurs habitudes au réveil gît au sol, en loques. Les tentes de réserve sont déchi-rées, les provisions sont éparpillées façon puzzle. Quelques spéléologues tentent de recouvrir la cuisine roulante avec une bâche, tandis que d’autres étendent des sacs de couchage pour un brin de séchage.

Mais la plupart d’entre eux, désempa-rés, sont assis autour de Vytautas, le vi-sage défait entre leurs mains. La tempête a fait rage la nuit dernière. Le vent, la pluie ont coupé toutes les liaisons avec

C

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A V E C S E S C H E M I N É E S E T S E S P U I T S , L E G O U F F R E E S T H O S T I L E . I L N ’ Y A Q U E D E S C H A M B R E S É T R O I T E S E T D E S R O C H E R S A C É R É S . I C I , L ’ H O M M E N ’ E S T P A S L E B I E N V E N U .

les stations souterraines. Le cauchemar des spéléologues. Les fortes précipitations provoquent des chutes d’eau qui s’en-gouffrent à l’intérieur de la cavité et font monter le niveau des lacs souterrains. Malgré la corde de sécurité, le courant a peut-être emporté quelqu’un.

Dans les sombres profondeurs, l’expédition essaie de battre un nouveau record, à plus de 2 191 mètres, les stations d’alimen-tation souterraines – seul abri des

spéléologues sous terre – sont peut-être inondées. Là-haut, la marche jusqu’au massif de l’Arabika est déjà éprouvante. À l’arrière d’un camion, il faut supporter, plusieurs heures durant, le cahotage d’une route de plus en plus étroite jusqu’aux col-lines karstiques du Caucase. Les ânes d’un berger, qui vit ici en été, attendent au bout du chemin. Ils transporteront les tonnes de provisions et d’équipements jusqu’au camp d’altitude, le dernier point à la sur-face avant de pénétrer dans le gouffre le plus profond au monde.

Le chemin sous terre est encore plus éprouvant. À pied ou accrochés à la corde, les aventuriers doivent se frayer un passage, en grimpant, en rampant ou en plongeant, pour se rapprocher de quelques centimètres du cœur du monde. Des abîmes s’échappe un message libéra-teur pour Vytautas Gudaitis : « Tout va bien. L’orage a seulement arraché les lignes téléphoniques. »

Loin d’être spectaculaire, l’entrée du gouffre de Krubera-Voronja s’ouvre, béante, entre des plantes herbacées et des fragments de roche. Un trou dans le karst de quatre mètres de diamètre, pareil à la gueule ouverte d’un monstre camouflé, nommé d’après le spéléologue russe Alexander Kruber (1871-1941). Décou-verte en 1960 par des spéléologues géorgiens, cette cavité forme un système karstique d’un demi-kilomètre carré de surface. Des puits, des couloirs et des cheminées s’enfoncent en méandres sur plusieurs kilomètres. Souvent, les fissures rendues savonneuses par l’eau sont si étroites qu’il faut avancer à quatre pattes. Puis le chemin se radoucit et s’ouvre sur de vastes espaces. Des paysages lunaires souterrains, entremêlés de lacs et de chutes d’eau, mais bloqués par des si-phons, ces zones remplies d’eau gelée.

On est à 2 191 mètres sous terre. Le fond du gouffre se trouve à peine au-des-sus du niveau de la mer et pourtant il est déjà sous l’eau. Peut-on descendre plus loin ? C’est ce que veut déterminer le pro-jet Call of the Abyss dédié aux activités de recherche opérées depuis 2000 dans le

gouffre de Krubera-Voronja. La précédente expédition, menée par des Ukrainiens en août 2007, s’enfonçait pour la première fois aussi loin, l’exploit inégalé en négatif rivalisant avec l’ascension d’un sommet.

Sur le chemin de la descente, des camps attendent les spéléologues avec des tentes, des zones de cuisson, des toilettes. Ainsi que des réserves de nourriture, de pétrole et de gaz pour les réchauds, des bouteilles d’oxygène pour les plongeurs, des piles pour les lampes et les lampes frontales, et des médicaments. L’expédi-tion actuelle dispose de sept camps ; le plus éloigné, le Camp Rebus, se situe à 1 960 mètres sous terre, à quelques jours de marche. Étape par étape, les spéléolo-gues se frayent un chemin vers le bas, avec un seul objectif, l’assaut réussi des profon-deurs. Toute l’expédition repose sur une

DormirLoin d’être spectacu-laire, l’entrée du gouffre de Krubera- Voronja, nichée sur le plateau karstique d’Orto-Balagan, s’ouvre béante entre des plantes herbacés et des fragments rocheux.

PréparationEn termes d’équipe-ment et de logistique, l’exploration de grottes équivaut à faire de l’al-pinisme, à la différence près que les spéléolo-gues se dirigent dans l’autre sens.

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à titre de comparaison, la Tour Eiffel mesure 324 mètres.

Krubera-Voronja 2 256 m

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la profondeur actuelle-ment explorée du gouffre de  Krubera-Voronja, décou-vert en 1960, est de 2 196 m. le massif kars-tique abrite d’autres  systèmes de grottes qui sont néanmoins beaucoup moins profonds.

le point actuellement le plus profond du gouffre,  atteint le 10 août 2012,  se trouve à seulement  50 m au-dessus de la Mer Noire, distante de 13 km. des spéléologues soup-çonnent l’existence d’une liaison directe entre la  cavité et la mer.

Vue mer depuis la cavitéle gouffre de Krubera-Voronja est le plus profond au monde. il s’étend d’un plateau en Géorgie jusqu’au niveau de la mer.

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organisation précise que le responsable, Jurij Kasjanow, applique avec rigueur. Sans son autorisation, il est par exemple interdit de descendre en rappel dans la cavité. Chaque soir à une heure prédéfi-nie, les groupes qui travaillent dans le gouffre, à l’instar des biologistes à la re-cherche de formes de vie inconnues, doivent fournir, par radio ou via le télé-phone disponible dans le gouffre, un compte-rendu sur le travail accompli ainsi que sur les éventuels problèmes rencon-

trés. S’ils ne le font pas, ils sont portés disparus et une équipe de sauvetage se met immédiatement à leur recherche. Tout aussi méticuleusement, Jurij Kasja-now compose les « groupes d’assaut » en charge du transport.

Connues pour être d’excellentes alpi-nistes, des femmes venues de République de Bachkirie forment le groupe Le miel des Bachkirs. L’équipe Poing de fer, elle, se compose de spéléologues très expérimen-tés en charge de la préparation de l’accès

au sol sous-marin du gouffre pour les plongeurs et de la descente de tous les équipements lourds. Le troisième groupe, Les Lituaniens, est le plus important. Ces plongeurs chevronnés assisteront le Russe Gennadij Samochin lors de l’assaut du record.

Gennadij Samochin, 42 ans, se consacre à la spéléologie depuis 25 ans. Cet Ukrai-nien maigre et barbu vit en Crimée et tra-vaille à l’université Vernadsky de Simfero-pol. D’après ses calculs, il passe cinq mois

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par an sous terre. Au cours de l’expédition ukrainienne menée cinq ans auparavant, Gennadij Samochin a atteint le précédent record de profondeur de 2 191 mètres. Pour venir à bout des derniers mètres, il a dû plonger dans le siphon Dva Kapitana, « Deux Capitaines », où il a failli y rester. Avant son retour des entrailles de la Terre, il avait encore à vaincre trois pas-sages étroits. C’est sûrement dans le der-nier que sa combinaison de plongée s’est déchirée, laissant l’eau gelée entrer au contact de sa peau. Pour prévenir tout risque d’hypothermie, Samochin a réduit les paliers de décompression nécessaires à évacuer de son organisme l’azote crée pendant la plongée. Il est remonté à la surface du siphon plus d’une demi-heure à l’avance, ce qui lui a valu de sévères troubles visuels. L’azote accumulé dans les petites bulles de gaz a fini par obstruer les capillaires qui alimentent le tissu céré-bral et oculaire. Mais Gennadij Samochin ne vit que pour la spéléologie.

Dans le camp de surface, il passe chaque minute de son temps libre à mettre au point son parcours, à se renseigner sur

E N a o û t 2 0 0 7 , G E N N a D I J S a M o C H I Na F a I L L I S U C C o M B E R à L ’ I S S U E D ES a P R E M I È R E t E N t a t I V E D E R E C o R D .

la topographie. Et il ne parle que de grottes, même pendant les repas. Samo-chin veut repousser le record de profon-deur. Mais il insiste sur la complexité de son projet, car il le sait : pour descendre dans les abîmes de la Terre, il a besoin d’une équipe de confiance. Et il doit par-faitement répartir ses forces. Afin de ne pas mourir de froid inutilement dans les bivouacs des stations souterraines, il ne descend dans la cavité de Krubera-Voron-ja que si le chemin est bien préparé. Il n’est pas anxieux. « La peur serait un avant-goût de la mort », déclare-t-il avant de poursuivre son dîner.

Pour s’en faire une idée, il suffit de passer l’entrée du gouffre. Plus on s’en approche, plus on sent l’humi-dité et le froid qui remontent de ce trou de l’enfer. Impossible de voir

quoi que ce soit, l’obscurité absorbe même la lumière de la lampe frontale. Descendre en cordée, c’est d’abord s’en-foncer dans le néant, la caverne Krubera-Voronja est un trou sans fond. Son envi-ronnement est hostile avec ses cheminées

ProfondeursAvant de s’installer dans leurs

bivouacs souterrains, les spéléo-logues doivent descendre péni-

blement tout l’équipement.

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et ses puits, ses chambres et ses rochers acérés. Ici, l’homme n’est pas le bienvenu. Longueur de cordage après longueur de cordage, l’air devient glacial. La lumière du soleil n’est plus qu’une brume au-des-sus de la tête. Puis, c’est le noir absolu.

Après un moment d’acclimatation à environ 250 mètres de profondeur, un premier passage étroit attend les spéléo-logues qui se termine en une vaste salle aux prodigieuses parois. Emil, l’un d’eux, raconte son plaisir indéfectible à évoluer dans ce monde intérieur : « Chaque fois que je descends dans la cavité, je me sens chez moi. Mes problèmes disparaissent, mes peines s’envolent. Je peux vraiment me détendre. »

Mais les pensées positives ne sont peut-être qu’une mesure de précaution. Dire du mal du gouffre, c’est risquer la malédiction comme les spéléologues se plaisent à le ra-conter. Car ils croient que la cavité se ven-gera et les punira s’ils laissent derrière eux des déchets ou arrachent des minéraux des parois. « Éprouver du respect, voire un peu de crainte, est peut-être une bonne chose, explique aussi Aidas Gudaitis, le responsable du groupe lituanien. Tant que cette crainte ne se transforme pas en pa-nique, elle est une bonne frontière entre la raison saine et les décisions idiotes. »

Plus les équipes s’enfoncent dans l’abîme, plus leurs journées sont monotones. Au programme : fixa-tion des cordes de sécurité, trans-port du matériel, contrôle de

l’équipement. Manger, boire et dormir. Et ce, à toute heure du jour ou de la nuit, peu importe la météo. Jurij Kasjanow doit d’ailleurs les informer des conditions mé-téorologiques par radio. Plus leur séjour sous terre se prolonge, entrecoupé de pauses pendant lesquelles ils s’amassent autour des réchauds sous leurs toiles de tente, plus leurs messages et leurs notes sur les entrailles de la Terre sont fébrile-ment attendus au-dehors. « 700 mètres : Aleksej est malade. Probablement l’esto-mac. Il dit qu’il se sent mal et va constam-ment aux toilettes. Est-ce lié à l’eau souil-lée ? » Pourtant Aleksej, surnommé Ljoscha, est l’un des membres les plus ro-bustes et les mieux préparés du groupe. C’est aussi une mauvaise nouvelle pour Jurij Kasjanow : le transport des res-sources dans la cavité s’en trouve profon-dément ralenti. « 1 400 mètres : Else est malade. Serait-ce un chagrin d’amour. Elle est couchée dans son sac de couchage et pleure sans arrêt. » Else fait partie du groupe Le miel des Bachkirs et participe à l’expédition avec son ami. Ils sont en-semble depuis plusieurs années.

étroitLes volumineuses combinaisons de protection et le matériel rangé dans des sacs étanches font constamment obstacle à une progression optimale et rapide dans l’abîme.

« 1 960 mètres : Camp Rebus, le camp le plus profond du monde. Troisième semaine. Première tentative de plongée de Gennadij Samochin ». L’équipe est au comble de la motivation, bien que per-sonne ne sache si la météo va s’améliorer. La nuit, le camp souterrain vit au rythme du ronflement de l’eau qui monte dans le siphon. Difficile de ne pas être pris d’angoisse.

Le 10 août en fin d’après-midi, un appel radio se propage : « Nous avons battu un nouveau record mondial ! Le gouffre est

Plus tard, il s’est avéré qu’elle avait se-crètement lu ses SMS avant la descente et constaté qu’il la trompait. Déboussolée, Else a même voulu quitter le camp. « 1 600 mètres : Aidas souffre d’une otite et d’une cystite. Jurij Kasjanow le prie de rejoindre le camp de surface, mais il s’y refuse. » Aidas Gudaitis dirige le groupe lituanien qui doit progresser jusqu’au pas-sage sous-marin Dva Kapitana. Son otite lui interdit de plonger, mais rien ne freine l’ambition d’Aidas qui ignore toutes les mises en garde et poursuit la descente.

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abandonner les bouteilles de remplace-ment avant que des sinuosités et des sail-lies rocheuses ne freinent sa progression. Il réussit à sortir des « Deux Capitaines » alors que son manomètre indique qu’il lui reste à peine suffisamment d’air dans ses bouteilles d’oxygène. Lorsqu’il remonte à la surface, son calculateur de plongée affiche − 52 mètres, soit 2 196 mètres de profondeur.

Est-ce le fond de Krubera-Voronja ? Le bout du gouffre ? Gennadij Samochin se-coue la tête. Il est convaincu que les Dva Kapitana mesurent une dizaine de kilo-mètres et débouchent dans la Mer Noire. Mais comme le siphon est extrêmement étroit (environ 100 × 60 centimètres) et

peu pentu (sur 40 mètres de plongée hori-zontale, il n’est descendu que de 5 m), le plongeur veut utiliser un recycleur à sa prochaine tentative pour vérifier son hy-pothèse. En recueillant l’air expiré et en l’enrichissant à nouveau en oxygène, cet appareil permet d’allonger les temps de plongée de trente minutes à plusieurs heures. Pour battre son record, Gennadij Samochin repartira peut-être du point de départ. S’il trouve une entrée plus élevée dans le karst, le gouffre sera automatique-ment plus profond. Et le spéléologue a déjà repéré une grotte qui devrait conve-nir, Malenkij Princ, « le Petit Prince », à 100 mètres de celle de Krubera-Voronja.Plus sur redbull.fr

RecordEn août 2012, Genna-dij Samochin plonge

vers le nouveau record mondial en traversant

une partie immergée du gouffre. Il atteint 2 196 mètres de pro-fondeur, repoussant

ainsi de 5 mètres l’ancienne marque.

plus profond de cinq mètres ! » Certains es-péraient faire encore mieux, mais Genna-dij Samochin vient de risquer sa vie pour gagner ces quelques mètres. Afin de ne pas reproduire les incidents qui ont failli le tuer en 2007, il utilise cette fois un autre mélange de gaz. Avec une visibilité limitée à deux largeurs de main, la traversée du si-phon est un exercice d’équilibre, au milieu de poissons et de crabes aussi blancs que des fantômes. Gennadij Samochin doit

S A M O C H I N N E C O M P T E P A S S ’ A R R Ê T E RÀ 2   1 9 6 M È T R E S . L E g O u f f R E K R u b E R A -V O R O N j A D É b O u C H E C E R T A I N E M E N T b E A u C O u P P L u S L O I N D A N S L A M E R N O I R E .

the red bulletin 57

l e s r o i s l i o n s

To u s l es q uaT r e a n s, l es l i o n s b r i Ta n n i q u es d é f i e n T l’ h é m i s p h è r e s u d. C e T T e a n n é e , i ls é Ta i e n T

37 à s ’aT Taq u e r à l’au sT r a l i e , s u r s es T e r r es, d o n T ow e n fa r r e l l e T l es G a l lo i s J a m i e r o b e rTs

e T G eo r G e n o rT h . e n T r e T i e n d éC a l é av eC u n s aC r é b r e l a n d e G u e u l es d ’a n G es.

Texte : PAUL WILSON   Photos : mArIA zIegeLböck

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rthur Shrewsbury, un joueur anglais de cricket, excellait en bonnes idées. Après trois déplacements en Australie sous le maillot de l’Angleterre, ce jeune homme décide d’organi-ser en 1888 une tournée promotionnelle en faveur du rugby vers l’Australie et la Nou-velle-Zélande, d’une sélection composée de joueurs des équipes d’écosse, d’Angleterre, d’Irlande et du Pays de Galles. Si aucun test-match ne se joue cette année-là, c’est pour-tant l’acte fondateur d’une tradition vieille de 125 ans qui, aujourd’hui, affiche la santé d’un événement au retentissement international. Les chiffres ne plaident pas en faveur de cette équipe des Lions britanniques et irlandais qui se déplace en Australie pour la première fois depuis 2001. Les Lions n’ont plus remporté une tournée d’été depuis celle de 1997 en Afrique du Sud. Face aux Wallabies, même s’ils restent sur un échec (deux défaites en trois test-matches) en 2001, ils sont sur un ratio positif de six victoires (1899, 1904, 1950, 1959, 1966 et 1989) pour deux défaites (1930, 2001). à l’heure où nous mettons sous presse, les rencontres n’ont pas débuté. En revanche, North, Farrell et Roberts avaient envie de parler avant de prendre l’avion pour les antipodes. On leur a dit OK, on a écouté, une bière bien fraîche dans la main.

Il a 21 ans depuis avril, mais émarge déjà parmi les grands finisseurs avec douze essais en 31 apparitions sous le maillot gallois. Lorsqu’il a marqué le dou-zième l’hiver dernier, au Stade de France, son père n’a pu s’empêcher de jaillir de son siège pour aller em-brasser le fiston sur la pe-louse. Son transfert vers les Scarlets de Northampton et l’annonce de sa relation avec la perle du cyclisme sur piste britannique, la double championne du monde Rebecca James, tout aussi galloise et jeune que lui, ont encore accru sa notoriété. ›››

>—ge orge nort h ailier, pays de galles & NorthamptoN

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60 the red bulletin

dion rem unt qui alit dereri-

bus, solores-cient quo ber-

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Farrell parle de north

« un mec brillant, un joueur fantastique.

toute équipe qui a envie de gagner a besoin d’un

joueur comme lui »

Il fait partie de ces Lions qui ont à peine 21 ans, comme North ou l’Écossais Stuart Hogg. Il touche son premier ballon ovale à 13 ans puis débute en sélection à 20. La nouvelle arme fatale du XV de la Rose est le fiston d’Andy Farrell, l’ex-légende du rugby à XIII devenue international anglais à XV. Son père entraîne les lignes arrières de la sélection an-glaise, un poste qu’il occu-pera aussi cet été dans le staff des Lions.

AVez-VouS ImAgINÉ que VouS poRteRIez uN jouR Le mAILLot deS LIoNS ?Tous les joueurs répètent : « Je suis concentré sur le prochain match. » Mais, si on le dit tous, c’est parce que c’est vrai. On ne peut décemment pas pen-ser aux Lions quand tout notre esprit est tourné vers le pro-chain match de championnat ou la prochaine échéance in-ternationale. Et si on ne fait pas cet effort permanent, on peut être certain de n’être ja-mais appelé chez les Lions. Du coup, je n’y ai jamais pensé jusqu’à l’annonce des 37 sélec-tionnés. Tout ce qui m’impor-tait, c’était les matches qu’il me restait à jouer, même si cette sélection est le plus grand honneur qu’on puisse faire à un joueur britannique. LA SÉLectIoN A doNc RuINÉ VoS pRojetS de VAcANceS ?Tant que la saison n’est pas finie, un joueur pro de rugby

>—

tHe Red buLLetIN : ÇA RepRÉSeNte quoI pouR VouS d’êtRe uN LIoN bRItANNIque ?Quand on grandit, on n’a d’yeux que pour l’équipe natio-nale et, pour moi, l’objectif était de jouer pour le Pays de Galles. C’est une fois qu’on est international qu’on comprend la puissance de cette équipe réunifiée et ce qu’elle repré-sente. C’est une vraie distinction que de jouer pour les Lions. Tous ces joueurs issus des quatre nations sont unis pour former une “super équipe”. C’est aussi un voyage à l’autre bout du monde pour y défier ce qui se fait de mieux dans le rugby mondial. Porter le maillot des Lions est un gigantesque honneur.AujouRd’HuI, LeS AILIeRS oNt-ILS pLuS de pReS-SIoN que LeS AutReS joueuRS ?Si un ailier ne marque pas d’essais, on peut entendre dire qu’il a fait un match médiocre. Mais le jeu du trois-quarts aile a radicalement changé, main-tenant on doit aller chercher le ballon, franchir la ligne d’avantage, mettre la tête dans les rucks. Beaucoup croient qu’on est juste là pour marquer des essais, pourtant nous travaillons tellement sans ballon… On appelle ça le boulot ingrat ; peu de spectateurs le voient.

ne planifie jamais vraiment ses vacances. On ne sait pas ce qui nous attend, entre une tournée comme celle-ci ou le besoin de se remettre d’une blessure.LoRS d’uNe touRNÉe, commeNt LA pReSSIoN eN deHoRS du teRRAIN Se mANIFeSte-t-eLLe ?Il faut répondre à toutes les sollicitations des médias et cela requiert beaucoup de concentration. On ne fait pas vraiment de media training. Quelqu’un nous briefe rapide-ment avant les interviews. Nous avons eu quelques infos sur la façon d’utiliser Twitter, mais ça reste du bon sens. Je ne tweete pas tout ce que je fais dans une journée. De toute façon, je ne suis pas le genre de mec à raconter à tout le monde qu’il va aller se cou-cher. Et je ne pense pas que beaucoup de rugbymen soient comme ça.êteS-VouS duR AVec VouS-même ?Je dois l’être pour devenir meilleur. Je dois viser la perfection dans le jeu même si je sais que cela n’existe pas. Il est nécessaire que je sache pourquoi j’ai pris telle déci-sion, ou pourquoi je n’ai pas pris la bonne décision. Avant un match, je trouve qu’une équipe ne se prépare pas suffisamment et qu’elle étu-die trop peu son adversaire. L’équilibre entre ce à quoi s’attend un joueur et ce qu’il vit réellement sur le terrain est crucial.

OW E N FA R R E L Ldemi-d’ouverture, saracens & angleterre

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62 the red bulletin

ROBERTS évOquE FARRELL

« un super partenaire, sans aucun doute. J’es-

père que nous jouerons souvent ensemble sous

le maillot des Lions et que nous gagnerons »

NORTH au sujeT de ROBeRTs

« C’est un mec formidable, un

grand joueur qui bosse beaucoup. On

a souvent fait équipe ensemble pour le Pays de Galles et

c’est le pied d’être avec lui sous le

maillot des Lions »

En mars dernier, deux jours après avoir aidé le Pays de Galles à battre l’Angle-terre lors du Tournoi des VI Nations, ce joueur de 26 ans a pris place dans un amphithéâtre pour l’examen final de ses études de méde-cine. En août prochain, le Dr Roberts jouera pour le Racing Metro mais avant son arrivée en France, il dispute cette tournée des Lions, la seconde pour lui. En 2009, il éclaboussait de sa classe celle perdue en Afrique du Sud en décro-chant le titre de MVP.

ÇA chANGE quoI D’êTRE uN LIoN VéTéRAN ?J’ai un autre état d’esprit. La première fois, en 2009, j’étais l’un des jeunes de l’équipe, un visage neuf. Cette année, je fais partie de ceux qui ont connu au moins une tournée. C’est la quatrième de Brian O’Driscoll, la troisième pour Jenkins et O’Connell. C’est à nous d’établir les normes, de veiller sur les nouveaux. Ce que j’aime avec les Lions, c’est l’apprentissage de choses inédites avec de nouveaux joueurs et entraîneurs. L’ATMoSPhèRE D’uN MATch AVEc LES LIoNS EST-ELLE PARTIcuLIèRE ?Les Lions se réunissent tous les quatre ans et les rendez-vous face à une même sélec-tion ne se produisent que tous les douze ans. Il y a dans les

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sélections australienne, néo-zélandaise et sud-africaine des joueurs de grand talent qui n’auront jamais affronté les Lions. Pour les joueurs comme pour le public, l’attente est forte. Alors, oui, c’est un match international, mais il représente bien plus que ça.EN TERME D’EFFoRTS, quE SIGNIFIE uN DéPART EN TouRNéE ?C’est une sorte de retour à l’ère amateur. Même si nous sommes tous professionnels et même si jouer au rugby est notre métier, il y a quelque chose qui me rappelle cette époque révolue. Tout est orga-nisé au poil, bien sûr, mais s’entraîner avec des joueurs d’autres nations, boire quelques bières avec eux après le match, tout ceci me rap-pelle des choses qui ont tou-jours existé chez les Lions. coMME LA coLocATIoN…(Il coupe.) Oui ! Il est interdit de partager sa chambre avec un joueur de son propre pays (avant d’éventuels forfaits, la liste des 37 Lions retenus comptait 15 Gallois, 10 An-glais, 9 Irlandais et 3 Écossais, ndlr). Les noms sont tirés au sort. Je pense que je suis un bon colocataire : j’aime discu-ter et j’aime quand c’est bien rangé. J’apprécie aussi sortir et partir à la découverte des alentours, plus encore là-bas en Australie. Quand je suis chez moi, je préfère rester au calme et regarder la télé, mais là... On va jouer au golf, aussi. Je n’ai rien oublié de la tour-née en Afrique du Sud. En fait, je ne fais rien de dingue, je suis un mec tout à fait normal. coMMENT ALLEz-VouS occuPER VoTRE TEMPS MAINTENANT quE VouS AVEz FINI VoS éTuDES DE MéDEcINE ?Je vais commencer à apprendre le français.

« Juste après notre sacre mondial en 2007, l’objectif principal était la tournée des Lions de 2009. Ce qui fait la beauté de ces tournées, c’est qu’on ne les ac-cueille que tous les douze ans. Quand nous étions gamins, nous avons tous vu à la télé le drop de Jeremy Guscott qui avait fait basculer la rencontre de 1997 en leur faveur. Nous avions certes le devoir de remporter la tournée suivante, mais c’était avant tout un privilège. Nous l’avons donc abordée avec le plus grand sérieux. En général, le style de jeu d’une équipe de rugby dépend de son entraîneur, mais pour une équipe du Royaume-Uni, il y a quelques règles intangibles : l’occupation du terrain, un jeu au pied efficace, la solidité de la défense et du pack. Cette équipe des Lions est difficile à analyser puisqu’elle n’existe que tous les quatre ans. Nous nous étions donc concentrés sur qui pourrait consti-tuer leur première ligne et, à partir de ça, nous ne nous sommes plus occupés que de notre équipe et de notre préparation.

Lors du premier test, il y a eu quelques sacrés moments : les mêlées, tout ce peuple vêtu de rouge autour du Kings Park Stadium qui faisait courir une ambiance inouïe dans une enceinte qui a déjà la ré-putation d’être bouillante. Et, bien sûr, qui pourrait oublier le coup de pied de Morné Steyn qui nous offre la victoire à la dernière minute du deuxième test-match ? Quel souvenir !

Malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion de rencontrer les Lions avant la fin du troisième test, ce que j’ai trouvé un peu décevant. Après les matches, nous les invitions à boire une bière dans notre vestiaire, mais ils refusaient à chaque fois. »

Entre 2000 et 2011, Smit a porté 111 fois le maillot des Boks dont 83 fois en tant que capitaine – deux records nationaux. Il met un terme à sa carrière de joueur à l’âge de 35 ans, alors qu’il évoluait aux Sara-cens d’Owen Farrell. L’armada du RC Toulon est passée par là. Smit est ensuite revenu au pays où il occupe le poste de directeur général des Sharks de Durban.

Sm i t, m é moi r e v i v eJohn Smit, capitaine des Springboks champions du monde 2007, a mené l’Afrique du Sud à la victoire, deux ans plus tard, face aux Lions. Flash-back.

ja m i erob e rt S trois-quarts centre, pays de galles & racing metro

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absent

67

l’an 0 après Loeb, en l’an I après les frères Solberg et en l’an II après Kimi Räikkö-nen, il est nécessaire de marquer un temps d’arrêt pour regarder quels sont les nouveaux maîtres de la scène WRC, les rois de l’asphalte, les disciples de la neige, les prophètes de la terre. À l’heure où le grand roi, le pulvérisateur de records est à un rallye du terminus de sa carrière, le rallye de France marquera le 6 octobre prochain la fin de l’époque Loeb, la fin aussi d’une domination sans partage, comme le monde du sport n’en a jamais connue et n’en connaîtra pas de si tôt.

Lorsque l’Alsacien, 39 ans aujourd’hui, se lance en WRC, Tommi Mäkinen, Carlos Sainz, Richard Burns ou Colin McRae en

étaient les superstars. Pour gagner, il fallait une Mitsubishi ou une Subaru ou, plus tard, une Peugeot, tant que le charismatique Finlandais Marcus Grönholm était au volant. Puis Sébastien Loeb arrive et remporte neuf titres d’affilée avec Citroën, une écurie qui jusqu’alors ne s’était fait remarquer que lors de la victoire de Pauli Toivonen à Monte-Carlo en 1966.

Tous ceux qui ont vu Loeb au volant de sa puissante Xsara, puis de sa magni-fique C4 et enfin de sa mignonne DS3 sont devenus les témoins d’une grande époque. À ceux qui affirment que seuls les pilotes Scandinaves peuvent gagner le Rallye finlandais des 1000 Lacs, Loeb démontre le contraire en le remportant à trois reprises. Le retrait du « meilleur pilote automobile du monde » d’après Michael Schumacher, ouvre de gigan-tesques perspectives pour ce sport gran-diose. Tout un tas de questions se posent. Éléments de réponse au rallye de Grèce gagné le 2 juin dernier par Jari-Matti

Latvala, pour sa première victoire avec le team allemand Volkswagen, leader du classement mondial des constructeurs.

Cette course iconique du calendrier, organisée pour la 59e fois sur les sentiers poussiéreux et empierrés entourant l’isthme de Corinthe, est traître jusqu’au dernier de ses 1 052 kilomètres. Les spec-tateurs aiment y regarder les spéciales du week-end le long du parcours. Ils sont des milliers à respirer la poussière, à recevoir les pierres lancées par les roues arrière. Ils font des grillades, apportent des dra-peaux, des appareils photo, dorment sur place et ne laissent pas échapper leur pas-sion viscérale pour la course automobile. Chaque année, la vitesse des voitures bruyantes et colorées les surprend de

En

Sans faute. Sébastien Ogier et Volkswagen Motorsport affichent leur ambition commune en tête du Championnat du monde.

68 the red bulletin

bonheur. Crise économique, chômage, mauvaise humeur ? Pas ici, pas mainte-nant. Tous mettent un képi VW, un t-shirt Ford et prennent part à cette fête géante qui relègue au second plan les problèmes inhérents à un quotidien difficile.

GladiateursDepuis la nuit des temps, l’homme se cherche des héros. Mais avant d’accéder à l’héroïsme, il faut endurer les échecs, au moins à court terme. C’est le cas par exemple, du Français Sébastien Ogier, actuel Siegfried en croissance de l’équipe Volkswagen, élevé chez Citroën pour battre Loeb et endurci l’an dernier au volant d’une Skoda S2000 de deuxième catégorie. Au terme du 6e des treize ral-

Leader après la 1ère journée en Grèce, Evgeny Novikov est à surveiller.

é p r e u v e u n i q u e . C ’ é t a i t l a 5 9 e é d i t i o n

L e r a l l y e d e l ’ A c r o p o l e e s t u n e

the red bulletin 69

lyes de la saison, il domine le classement général avec trois victoires.

Ici en Grèce, les pilotes vénèrent deux spéciales : l’étape de Kineta à Pissia et ses 47,7 impitoyables kilomètres, et la sui-vante, à Kineta, qui se tient de nuit. Les phares des 4×4 sont loin de pouvoir arracher tous les secrets des sentiers muletiers grecs. On attend une vitesse moyenne de 90 km/h sur une route qui briserait un camion. Tout le monde compte sur un coup de maître de Sébas-tien Ogier, qui s’est élancé en premier. En grand favori. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Au bout de dix minutes à peine, la VW Polo R WRC du Gapençais n’accélère plus. C’est la fin

de la partie. À Loutraki, les mécaniciens de l’assistance constatent que le bouchon du réservoir à baïonnette s’est ouvert. Surprenant. Un défaut idiot, mais décisif pour le gain du rallye. Les nuits sont noires en Grèce, mais soudain, tout le monde est clairement éveillé.

Le roi de la nuit et du lendemain matin s’appelle Evgeny Novikov. À ses côtés se trouve une copilote de génie, l’Autri-chienne Ilka Minor. Après avoir guidé parfaitement le Norvégien Henning Solberg, elle dispute en Grèce son pre-mier rallye de Championnat du monde. « Nous sommes enfin parmi les nôtres », apprécie-t-elle dans la pénombre de la zone d’assistance, en tétant son Powerbar

L e s n u i t s s o n t n o i r e s e n G r è c e , m a i s

Sueurs froides. Mikko Hirvonen n’a pas (encore) le self control de Loeb.

s o u d a i n , t o u t l e m o n d e e s t c l a i r e m e n t é v e i l l é

70 the red bulletin

Gel. Ce soir-là, le record du plus jeune pi-lote vainqueur d’une spéciale est tombé. Evgeny Novikov est passé par là, en s’en-fonçant dans la première nuit en leader incontesté. Mais le lendemain matin, une pierre cachée lui arrache un disque de frein, puis une conduite de frein, une jante, une roue et un amortisseur. Rien que ça. Catastrophe ? Non ! Aucun pilote n’obtiendra autant de meilleurs temps lors de la spéciale. Mais ce ne sera pas suffisant pour l’increvable Moscovite.

En théorie, Mikko Hirvonen, dauphin de Loeb l’an dernier chez Citroën, aurait dû s’emparer du trône délaissé. En Grèce, ses roues avant tirent la gueule dès la pre-mière spéciale. En raison de ce problème technique, il reste prudent avec l’accéléra-teur. Jusqu’à présent, le meilleur de sa gé-nération sur le papier avec quinze vic-toires en WRC est loin de remplir le rôle pensé pour lui : la défense de la couronne mondiale de Citroën Sport. Le Finlandais de 33 ans n’est pas Loeb et jamais il n’en a été aussi éloigné que cette saison. Juste-ment celle qui devait compter. Dans un rallye, tout ne se joue pas au niveau de l’accélérateur. La voiture doit devenir un prolongement du corps du pilote, posi-tionnée instinctivement sur la route cail-louteuse au centimètre près, à 160 km/h et en ayant une confiance aveugle en son copilote.

Sébastien Ogier y parvient à merveille, comme son coéquipier, le Finlandais de 28 ans, Jari-Matti Latvala. S’il était un porteur d’eau chez Ford, ce dernier semble enfin avoir trouvé son cocon chez Volkswagen. Jost Capito, le calme patron du team allemand, lui laisse une grande

Salade grecque. Poussière, cailloux

et trous béants par-tout, tout le temps.

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liberté d’action : « Chez nous, tous les pilotes ont le droit de gagner ». après les problèmes techniques d’ogier, la pression de l’équipe s’est concentrée sur latvala en Grèce et celui-ci s’en est sorti. royale-ment. sur les pistes très abîmées, un fragment de roche ou un trou peuvent se cacher dans tous les coins, et c’en est fini du rallye. Mais si l’on perd trop de vitesse, on devient de la nourriture pour les ad-versaires qui fusent et grappillent aussitôt le moindre relâchement aux temps inter-médiaires. À son retour triomphant au parc d’assistance, latvala remercie tout le monde et embrasse tous les membres de l’équipe. il a le droit, il a gagné. Même les mécaniciens d’ogier et ceux de son jeune

coéquipier, le norvégien andreas Mikkel-sen, ont droit à une virile accolade.

la transformation en l’espace d’une demi-saison d’une équipe efficace en une troupe à battre, c’est le mérite de jost Capito, le patron. l’armada Vw Motors-port a rompu avec l’éternelle domination de Citroën. trois victoires en six rallyes. pour l’instant, elle est leader aux classe-ments pilotes et constructeurs. plus de la moitié de l’équipe, souvent dominatrice sur le dakar, a réussi la transition en wrC. les nouveaux techniciens viennent du monde entier et apportent une touche de couleur au « crew de hanovre ». Cette saison, Capito espère « se battre jusqu’au bout pour décrocher l’un des deux titres

Travelling. Les fans s’en donnent à cœur joie. Tracer le talen-tueux norvégien Andreas Mikkelsen, c’est déjà toute une aventure.

U n f r a g m e n t d e r o c h e o u u n t r o u p e u v e n t s e c a c h e r d a n s t o u s l e s c o i n s , e t c ’ e n e s t f i n i d u r a l l y e

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mondiaux, pilotes ou constructeurs ». latvala ne dit pas autre chose : « j’ai termi-né un paquet de saisons dans le top 3 du classement général des pilotes, mais je n’ai encore jamais gagné le titre mondial des constructeurs. C’est l’objectif de ma sai-son. le reste, ce sera du bonus. »

Nouvelles règlesla saison prochaine, les constructeurs au-raient pu mettre au départ de nouvelles voitures améliorées. Volontairement, Vw y a renoncé, consciente des problèmes de ses adversaires. Comme futur secteur d’activité, Citroën lorgne plutôt la scène des voitures de course. Ford, hors course, n’éveille plus que l’intérêt personnel de Malcolm wilson, le patron du partenaire M-sport. et si hyundai intègre la scène, il serait de bonne guerre de lui donner la chance de commencer d’égal à égal. Car une chose est claire : la wrC, cette gran-diose série en direct, tourne actuellement au ralenti, en manque de vitesse média-tique. par exemple, jari-Matti latvala peut marcher dans la rue sans être recon-nu. et ce, dans nombre de pays euro-péens. il le dit lui-même : « je suis un ex-traterrestre quand je pars en vacances en Californie. » le Finlandais rêve d’une dif-fusion planétaire en direct. en tout cas, au moins le dimanche. il faut qu’en cou-lisses, on travaille à l’élaboration d’une présentation adéquate. C’est que le Championnat du monde des rallyes est une affaire de premier ordre. actuelle-ment, quelque 50 millions de téléspecta-teurs le regardent. depuis que red Bull Media house a repris les droits avec sportsman Media Group, ce chiffre tend à doubler à court ou à moyen terme. la Fé-dération internationale automobile (Fia) et la Française Michèle Mouton, directrice du wrC, s’affairent actuellement à repen-ser le Championnat du monde. plusieurs pistes et questions sont ouvertes. pour-quoi ne pas organiser une journée mara-thon sans assistance ? Comment mettre le mieux en valeur les spéciales les plus suivies ? Que faire le dimanche ? et pour-quoi pas un shoot-out lors de la dernière spéciale ? les pilotes arrivés premier et second se disputent la victoire, le troi-sième et le quatrième, la dernière marche du podium et ainsi de suite jusqu’au 10e rang. les idées sont posées sur la table, discutées, rejetées. Une époque captivante attend le wrC. à suivre.Plus sur www.wrc.com

Retrouvez le rallye de l’Acropole en son et en images sur l’appli pour tablette The Red Bulletin à télécharger gratuitement.

Inéluctable. Les vail-lants héros de cette épopée grecque 2013 : Jari-Matti Latvala et Miikka Anttila. En tête de classement du Championnat du monde, on retrouve le duo français Sébastien Ogier- Julien Ingrassia (en haut à gauche).

the red bulletin 73

et homme-là n’a rien de glamour. Natif du quartier de Manchester à Charleville- Mézières, Jérémy Ferrari met un pied dans la vie par cette contradiction splendide : « Je n’aime pas le foot, j’ai horreur de ça ! » Fils unique de petits commerçants, le trublion des Ardennes comprend assez vite que l’enseignement commun à tous n’est pas fait pour lui. Non, ce n’est pas l’inverse. « À 16 ans, j’ai arrêté l’école car je n’étais pas intégré. J’étais trop introverti et j’avais beaucoup de mal avec l’autorité. »

Gamin, Ferrari évolue avec le frein à main. Il reste dans son coin, peste contre la pensée unique, inculquée sur les bancs de l’école et refuse d’être sur la même longueur d’ondes que son prof de fran-çais. Par principe. « Un jour, on nous a demandé notre avis sur la peine de mort, se souvient-il. Pour nous convaincre, il y

Après un Casino de Paris, un Olympia et une tournée en province comme à l’étranger à guichets fermés, J é r é m y Fe r r a r i , anticonformiste de naissance et roi de l’humour noir, voit la vie en rose. Son spectacle « Allelujah bordel ! » défriche le traditionnel one-man show. Portrait d’un serial flingueur, dans la droite ligne de Coluche et Desproges.T E X T E   : C h r i s t o p h e C o u v r a t P H O T O S   : F a b i e n B r e u i l

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74 the red bulletin

Gueule de l’emploi. Jérémy Ferrari tire

à vue. Il dit : « J’ai honte de vivre une

époque où on est en train de débattre

du mariage homo. Les politiques sont

plus focalisés à vouloir le pouvoir que

de s’en occuper. »

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« Ce qu’on raconte dans les livres d’histoire n’a rien à voir selon le pays où l’on se trouve. C’est scandaleux ! Ça arrange les gouvernements en place. Le meilleur moyen d’être proche de la vérité, c’est d’être toujours en train de la chercher. »

Les années passent et les portes se ferment sur cette personnalité extravertie et ses textes dispensés en rafales. Les patrons de théâtre, en province comme à Paris, refusent de l’afficher : « J’ai toqué à toutes les portes. » Son arrogance en prend un coup, la notion de travail devi-ent évidente. Trop visionnaire ? On lui balance à double tour un cinglant : « non, avec ce spectacle, tu ne réussiras pas » ! Et puis, un jour, le déclic, grâce à Ruquier et à son émission de télé. Ferrari en avait perdu la foi. « Ça a mis un nom sur ce que je faisais, reconnaît-il. Mais je ne voulais pas que les gens viennent pour m’entendre parler de ma première relation sexuelle,

avait deux textes, celui d’un gars pour et les écrits d’un écrivain contre, en l’occurrence Victor Hugo. On était déjà en train de nous diriger, de nous dire ce vers quoi on devait tendre ! J’ai pris un gros marqueur, j’ai écrit que j’étais contre et j’ai réclamé un 20/20. J’ai quitté l’école une semaine après… »

À 16 ans donc, exit les Ardennes. Ferrari monte vers la capitale. Paris, la ville lumi-ère mais pas vraiment la grande vie. L’ado révolté enchaîne les boulots, tous petits, de serveur à agent de sécurité au Stade de France, en passant par livreur, groom, dé-ménageur ou téléconseiller auprès d’un opérateur de téléphonie mobile. Il gagne trois francs six sous et parvient à conser-ver un semblant d’énergie pour se produi-re sur scène, le soir venu, devant « quatre personnes » où il rode deux spectacles, dont un sur les femmes battues. Il a 17 ans. C’est que le néo-Parisien tire à vue depuis belle lurette avec cette langue bien pendue, et aime dégainer à l’encontre de la pensée unique et chloroformée distillée aujourd’hui. Ferrari a le verbe facile et les mots en balles à blanc : « Je crois que je m’ennuie. Je recherche toujours des sen-sations. Petit, je contredisais les gens. Ça m’amusait et ça allait avec mon état d’esprit, reconnaît-il. Les injustices me mettent en colère. Les Noirs, les Arabes, les homos je n’en ai absolument rien à fai-re. Je me moque qu’ils soient gays, blacks ou autres. Les handicapés ne me font pas de peine. “Arrêtez de vouloir faire de la peine pour qu’on donne de l’argent !” Pas besoin de ça pour sensibiliser les gens à des causes. Je ne vais pas m’excuser de ne pas être malade. Prenez Guillaume Bats (humoriste atteint de la maladie des os de verre et proche de Ferrari, ndlr), il va bien, vit très bien et ne se laisse pas aller ! Atten-tion, c’est vraiment mal me connaître que de me traiter d’homophobe ou de raciste. Ça me fait de la peine. Ce spectacle est le meilleur moyen de lutter contre le racisme et les extrémismes religieux. »

Le traditionnel trio salade verte-toma-te-mozza avalé sur le pouce, les Grands Boulevards du centre de Paris en fond sonore, Ferrari ne ronronne pas et passe la cinquième, tout droit dans la chicane :

Bête de scène. Ferrari voit rouge :

« J’ai très envie d’y aller, je ne tiens pas en place.

Les gens ont payé, il faut leur donner de

l’exceptionnel tous les soirs. Souvent, je repense à ces moments de galère

que j’ai connus lorsque j’avais 18 ans. »

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La saillie verbale, Ferrari aime ça. Aujourd’hui, à 28 ans, il en joue et le public en redemande. « C’est grâce aux gens que je fais partie de ce monde, justi-fie-t-il. On ne peut pas rire de tout mais c’est justement pour ça qu’il faut le faire. L’humour noir est très populaire, quels que soient les âges. » Militant-né de la curiosité et des livres, Ferrari ne redoute qu’une seule chose. Ce satané esprit de masse : « Si je devais choisir une religion, ce serait le bouddhisme mais ça m’angoisse de faire partie d’un groupe, dit-il. Quand des gens font le même truc ensemble, ça me fait peur. J’ai des lacunes dans plein de domai-nes, mais au moins j’ai l’esprit libre. » Et un bonheur retrouvé. Celui de Muriel et Fabrice, ses parents, victimes de la faillite de leur épicerie dans les Ardennes. « Un magasin discount a ouvert en face. On leur a tout pris, après 25 ans de travail. On a vidé leur compte. Je leur ai acheté une maison dans le Sud. Je leur dois bien ça. » Divin, comme action.

surtout que c’était avec mon oncle et qu’il n’était pas consentant... »

Un soir, il improvise un café-philo chez lui avec Jean-Rémy, un de ses meil-leurs potes. Ferrari aime débattre avec JR, cet ancien colocataire qui lui inculque l’amour de Platon et Aristote. « La contra-diction est une culture nécessaire, avoue-t-il. Les références à la mythologie, com-me la boîte de Pandore dans l’Ancien Testament, sont des connexions avec la Bible. » Dans Allelujah bordel !, juifs, musulmans, chrétiens en prennent pour leur grade. Ferrari se balade avec le Coran, la Torah ou la Bible sous le bras entre les rangées de spectateurs, dissèque et pose ces ouvrages sur scène pour que chacun puisse vérifier ses dires à la fin du spectacle. Morceau choisi : « Dieu ne se fout jamais de la gueule du monde, balance l’Ardennais. Il demande juste à Abraham de lui sacrifier son fils Isaac sur un barbecue pour vérifier si Abraham le craint. »

« Dieu ne se fout jamais de la gueule du monde. il Demande juste à abra-ham de lui sacrifier son fils isaac sur un barbecue pour

vérifier si abraham le craint »

the red bulletin 77

Danube m’a échappé de 695 millièmes de seconde, au profit de l’Autrichien Markus Zahlbruckner. Il a empoché le billet d’avion pour New York et moi, un camion miniature et des gâteaux salés. Dans ces moments-là, on réalise l’impor-tance des détails pour la gagne. L’efficacité est mon obsession. Je fais attention à tout : les coûts, le temps et les ressources.

J’ai grandi à Steinach, un village de trois mille habitants en Forêt-Noire. À 17 ans, j’ai intégré l’équipe d’Allemagne de course en montagne, à dix-neuf ans j’ai participé à ma première course d’escalier à Vienne, dans la tour du Danube. Beau-coup de coureurs de montagne ont des difficultés avec les marches. Moi, je pré-fère quand l’escalier est bien raide.Lors d’un marathon, les spectateurs galvanisent les coureurs, en mon-tagne on est seul face à la nature. Pour une course d’escalier, il n’y a au-cune contrainte météo : pas de vent, pas de pluie, pas de chaleur. En course, mon pouls est à 185 et mes jambes sont lourdes. À l’arrivée, je me sens vidé, presque amnésique, comme si quelqu’un avait rebooté mon cerveau.J’admire les moines Shaolin. Ils n’accordent aucune importance aux biens matériels de notre monde, ils vont à l’essentiel. Si vous dites à un Shaolin : « Cette technique ne fonc-tionne pas. » Il vous répondra tou-jours : « Tout fonctionne à la base. » Longtemps, on a pensé qu’il était im-possible de briser une barre de fer sur une tête. Aujourd’hui, même monter des marches est devenu trop pénible.Je connais des banquiers à Francfort dont les bureaux se trouvent entre le 50e et 60e étage du Messeturm (la tour du centre des congrès, ndlr) et qui prennent les escaliers pour récupérer leur commande de pizzas. Soit 200 mètres plus bas. Quiconque, sans bien sûr s’enfiler chaque jour une bou-teille de vodka et deux paquets de ciga-rettes, peut le faire. Cela pourrait même devenir un jeu au bureau, avec une prime à la clé pour le premier qui monterait cin-quante étages dans la semaine.En 2004, la victoire dans la tour du

marketing pour m’en sortir. J’ai remporté huit fois d’affilée la course dans l’escalier de l’Empire State Building. Si Usain Bolt concourrait face à moi, il ne dépasserait pas le 20e étage. Il serait à bout de souffle ou il se prendrait les pieds dans les marches. Sa fréquence de foulées est incroyablement rapide mais la difficulté dans la course d’escalier est de poser le pied toujours au même en-

droit. La longueur de la foulée doit rester identique à celle des marches, même lorsque l’effort devient insoutenable. Avant la course, je prends du muesli avec de l’eau et des bananes. Après la course, du jus d’orange et du miel contre la toux, provoquée par la sécheresse de l’air dans la cage d’escalier, souvent étroite et oppressante. Ma formule gagnante, c’est le deux à deux. Quand on monte une seule marche à la fois, on avance en staccato, alors que grimper trois marches à la fois impose un mouvement trop brutal. Mais deux à deux, c’est comme voler sur un plan incliné. Pendant mon entraînement,

j’écoute très fort de la musique très rythmée. Autant dire que les ballades ne font pas partie de ma playlist. Par contre en course, je n’écoute pas de musique. Un lecteur MP3 au bras, c’est 20 grammes de plus à porter. J’ai déjà atteint tous les objectifs que je m’étais fixés. Du coup cette année, je choisis mes courses. En février, j’ai rem-porté la course dans le bâtiment le plus élevé du Qatar : 1 304 marches en 6 mi-nutes et 32 secondes. Quand je m’aligne sur une course, c’est pour gagner. Mainte-nant, la deuxième place n’est plus envisa-geable. D’où ma devise : « All in ! »Plus sur www.thomasdold.com

« Si Bolt concour-rait face à moi, il ne dépasserait pas le

20e étage »Un chèque de 6 649 dollars attend le vainqueur de la montée de la tour Taipei 101, à Taïwan. Après la déduction d’impôts et un taux de change défavo-rable, il reste 3 000 euros. Ces récom-penses servent à financer les déplace-ments. Même si la plupart du temps je remporte l’épreuve, je suis obligé de garder mon boulot de consultant en

rencontre

En avant, marches ! Thomas Dold est le grimpeur d’escaliers le plus titré au monde. Cet allemand

de 28 ans pense comme un moine Shaolin, ne jure que par les bananes et explique comment se passer définitivement d’un ascenseur.

Texte : Andreas Rottenschlager Photos : Alexander Schneider

78 the red bulletin

Au quotidien, Thomas Dold – ici à l’entraîne-ment au Park Inn Hotel de Berlin – est consul-tant marketing.

Date et lieu de naissance10 septembre 1984 à Wolfach, Allemagne

Taille, poids1,78 m ; 71 kg

Palmarès8 fois vainqueur du Empire State Building Run Up ; 6 fois vainqueur du Sky Run Berlin

HobbyLa course à reculons (il détient le record du monde du 10 km, en 40 min et 58 sec)

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SPÉCIAL SURF

Le 29 octobre 2012, l’ouragan Sandy dévastait les côtes new-yorkaises et la plage de Rockaway qui unissait une large communauté de surfeurs. Aujourd’hui, ces derniers affichent leur fierté de participer activement à la reconstruction de leur coin de paradis. Reportage sur la côte est des états-Unis. Texte : Cole Louison Photos : Benjamin Lowy

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teve Stathis est assis devant son magasin de surf détruit, à deux pâtés de maisons de l’océan Atlantique, à l’angle de Beach 92nd street et de Rockaway boulevard. Pourtant, il lâche : « Ici, nous aimons les ouragans car ils apportent de grosses va-gues. C’est la différence entre nous et les gens normaux. » À l’intérieur, son fils, sa petite-fille et de vieux copains de surf sont autour d’une table improvisée au milieu des gravats, des outils et à côté d’un générateur bourdonnant. Huit mois ont passé depuis le fracas de la tempête, mais le magasin est toujours privé d’élec-tricité. Le Wall Street Journal a écrit que Sandy avait transformé Rockaway et sa péninsule de 18 kilomètres de long située dans le Queens, à New York, en un tas de gravats. Avant la catastrophe, cette plage publique, la seule de surf de la Grosse Pomme, attirait chaque jour quelque trois cents passionnés.

Steve Stathis ne passe pas inaperçu dans la rue. Après le cyclone, on le voyait constamment dans les journaux et émis-sions télévisées. La presse locale l’a suivi comme son ombre. Les poils de sa barbe sont presque tous blancs, il est grand et bronzé, a le torse d’un surfeur et la dé-marche fluide et puissante, typique du sportif aquatique. Il parle avec un fort accent du Queens, abrège les voyelles

et avale les r. Le vent froid qui vient de l’océan transporte l’odeur du sable salé et le « boum ! » des pistolets de scellement, alors que la reconstruction est en marche. Steve Stathis est assis dans le soleil de printemps, la chemise ouverte. Il est le fondateur et le président des Graybeards, une organisation locale qui a déjà collecté plus d’un million de dollars pour les vic-times du cyclone. Il est un des premiers à avoir surfé le break. Aujourd’hui, il est une légende vivante d’une scène créée un demi-siècle plus tôt par les hommes assis près de lui : Jimmy Dowd, Dennis McClean et John Roberts.

« Rockaway est une communauté de conspirateurs étroitement liés entre eux, explique Steve Stathis en sortant. Quand nous étions ados, nous devions faire at-tention à ce que nous faisions. Il y avait toujours quelqu’un pour nous prendre sur le fait et nous dénoncer à nos parents. » Mais les choses ont bien changé. « Quand j’ai commencé, nous étions peut-être une dizaine dans l’eau. » Le surf n’est pas né dans le Queens, pas plus qu’en Floride, en Californie ou à Hawaï. Tout a probable-ment commencé il y a 3 000 ans dans l’ac-tuelle Polynésie française. C’est au cours du XVIe siècle que des pêcheurs ont amené à Hawaï la pratique du he’enalu ou « glisse sur vagues ». En 1907, un Hawaïen, George Freeth, se rend à Los Angeles, où une immense foule célébrait l’inaugura-tion d’une section locale du Pacific Electric Railroad (réseau californien de transports en commun). Il y présente l’art du surf, une première sur la côte du continent américain.

À l’instar du skate, le surf a d’abord séduit la Californie, florissant presque au même moment en Floride, avant de se

Héros. Steve Stathis est catégorique : « Ici, nous aimons les ouragans car ils apportent de grosses vagues. C’est la différence entre nous et les gens normaux. » Sandy a fait plus de 120 morts et endommagé 650 000 maisons. Au total, la facture s’élève à plus de 80 milliards de dollars de dégâts dans huit États américains.

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« L’océan attire la com-munauté de Rockaway

comme un aimant »

répandre partout. Mike Tabeling, un historien et ancien surfeur professionnel a découvert que les gens pagayaient sur des planches devant Virginia Beach dans les années 20, mais ils ne surfaient pas. D’après un rapport, un Californien nommé Tom Blake, qui ressemblait au futur président John F. Kennedy, a fait en 1934 des démonstrations de surf à New York et dans le New Jersey. Les Gray-beards du magasin de surf boarders surfent à Rockaway depuis six décennies et ils en sont convaincus : avant la fin des années 50, ici dans la banlieue de New York, il ne se passait rien sur les vagues. Selon eux, Rockaway doit sa première scène de surf à d’anciens soldats de la guerre de Corée (1950-1953), originaires de New York.

Ils ont ramené leur nouvelle passion de l’étranger, décidés à la vivre chez eux.

Sandy a détruit la majeure partie des 10 km de prome-nade de Rockaway. Sur la plage, seule une rangée de piliers en béton a été épargnée.

the red bulletin 83

Exploit. Lorsque la marée a emporté une voiture, Jimmy Dowd et ses deux amis ont enfilé des combinaisons, suivi la voiture à la nage et sauvé les trois passagers en les extirpant par le toit ouvrant.

Malgré de petites vagues et la tempéra-ture froide de l’eau (4,5 °C), contre la-quelle ils essayaient de se protéger avec deux bonnets de bain et des pulls imbibés d’huile.

Quelques années plus tard, à une cen-taine de kilomètres à l’est de New York, un village tranquille de pêcheurs s’est mué en un haut lieu secret du surf. Dennis McClean a été l’un des premiers surfeurs de la côte est à être sponsorisé par Hobie, le légendaire fabricant califor-nien de surfs. Et il a surfé Rockaway « pendant environ deux ans », avant de retrouver régulièrement sur les vagues le noyau dur des surfeurs, dont faisaient partie John Roberts et Steve Stathis. « En quelle année ? Hmmmm », fouille-t-il dans sa mémoire, son bonnet d’hiver en-foncé jusqu’aux sourcils. « C’était l’année où je voulais jouer au baseball dans la Little League, mais je n’ai pas été accepté. La scène du surf était très réduite. Elle se limitait à mon frère Dee et à quelques autres gars. Un de mes amis m’a prêté son pop-out board, une planche fabriquée en série entourée d’un joint. Apparem-ment, je ne m’y prenais pas très bien. Un des types les plus âgés m’a dit que je devais avancer sur la planche. C’est ce

nées née à Manhattan. Elle est arrivée de Williamsburg en 2011 et n’en est plus re-partie depuis. Elle glisse : « Le surf a pris les commandes. »

Tous racontent leurs histoires de surf à Rockaway, et nombre de récits évoquent une effrayante évidence : les cyclones apportent de grosses vagues et, avec elles,

Désastre. Une par-tie de Rockaway est déblayée, mais la reconstruction est loin d’être finie. Sur les maisons, les panneaux de contreplaqué font l’effet d’énormes rustines claires.

que j’ai fait et j’ai eu la vague suivante. Et voilà ! »

Ici, tout le monde a une histoire à raconter sur ses débuts dans le surf. Qui a fini par déterminer toute leur vie. « Je ne pourrais tout simplement pas imaginer ne plus surfer », raconte Michelle Cortez, une séduisante artiste d’une vingtaine d’an-

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« Après Donna, Faith et Gloria… nous étions heu-reux d’entendre : Sandy arrive ! » autant de plaisir à surfer. « Chaque an-née, les autorités veulent nous évacuer, raconte Steve Stathis. À chaque fois, nous leur répondons : « Nous sommes restés l’an dernier. » Et nous ne partirons pas cette fois non plus. » Et d’ajouter : « Nous nous sommes habitués aux cyclones : Donna en 1960, Faith en 1966 et Gloria en 1985. Nous étions heureux d’en-tendre : Sandy arrive ! » Sandy a apporté des vagues gigantesques. Des double hea-ders, hauts comme deux hommes, ont ba-layé Rockaway quarante-huit heures avant la tempête. Ces vagues géantes ont attiré un nombre incroyable de surfeurs, ainsi qu’une armée de policiers. Le di-manche 28 octobre 2012 à 16 heures, le maire de New York, Michael Bloomberg, a ordonné l’évacuation complète de la zone A. Soit les côtes des quartiers de Lower Manhattan, Williamsburg, Red Hook, Sta-ten Island et Rockaway. « C’est pour votre propre sécurité, a-t-il déclaré. Vous devez partir. Ceux qui restent le font à leurs risques et périls. »

Michelle Cortez et ses voisins ont déci-dé de rester malgré les recommandations. Avec une dizaine d’amis, ils se sont re-trouvés au deuxième étage de l’immeuble en briques de l’autre côté de la rue. Le soir, ils ont mangé ensemble et campé sur place, heureux de leur « soirée cyclone ». Le vent s’est renforcé. Steve Stathis regar-dait la tempête depuis un bar en Floride où il était en vacances. Sa femme Kathy devait le rejoindre deux jours plus tard. Plusieurs heures avant que la tempête ne frappe, elle lui a envoyé par e-mail une vidéo de sa petite-fille, Charlotte : « Nous nous trouvons en plein cœur du terrible cyclone Sandy », disait-elle face à la camé-ra. Dans la 91e rue, au deuxième étage, l’ambiance à la « soirée cyclone » battait son plein.

Le lendemain matin, personne ne devant aller travailler, tout le monde

mis une erreur et qu’une catastrophe était sur le point de se produire. » Une quinzaine de personnes ont passé la nuit dans l’appartement du deuxième étage. Le claquement des fenêtres était ef-frayant, elles devaient résister à des vents de 180 km/h. À un moment, quelqu’un a vu passer un 4×4, trois jeunes hommes à son bord. Jimmy Dowd, le propriétaire de la fabrique d’équipements de surf St. James, et deux amis ont immédiate-ment enfilé des combinaisons en néo-prène, nagé jusqu’à la voiture et sauvé son trio de passagers en les extirpant par le toit ouvrant.

À 2 heures du matin, un transforma-teur a explosé à côté de l’immeuble et plongé le groupe dans l’obscurité. Toutes les dix minutes, Michelle Cortez envoyait un SMS à sa mère, jusqu’à ce que son télé-phone s’éteigne. Au même moment, Steve Stathis lisait un message de sa femme : « Nous allons mourir. » À 5 h 30, Michelle Cortez et un ami ont tenté une sortie.

Vie. Lente reconstruction de Rockaway (ci- dessus). Steve Stathis avec sa camarade de surf Mary Leonard (tout en haut) : « Chaque année, les autorité veulent nous évacuer. À chaque fois, nous leur répondons : Nous sommes restés l’an dernier. Et nous ne partirons pas cette fois non plus ! »

s’amusait, buvait de la bière et écoutait les prévisions météorologiques. La tem-pête devait atteindre la côte à 21 heures. Mais le temps s’est gâté dès 17 h 30. Terri-blement. « Soudain, l’ambiance de la soi-rée est retombée, se rappelle Michelle Cortez. Tout le monde est rentré chez soi. » Elle voulait aller voir son chien. En sortant dans la rue, l’eau lui montait jusqu’aux genoux. Et il restait plusieurs heures avant la marée haute. C’était la pleine lune. Elle s’est mise à courir dans la rue, a fait son sac dare-dare, débranché toutes les prises chez elle et attrapé son chien. Devant la véranda, l’eau montait désormais jusqu’aux hanches. « À ce mo-ment, j’ai pris conscience que j’avais com-

the red bulletin 85

Dans le hall d’entrée, une cinquantaine de centimètres de sable recouvraient le bas de l’escalier. La cour intérieure était jon-chée d’éclats de verre et de canapés, le 4×4 s’était encastré dans l’entrée.

« Nous sommes sortis et avons dit d’une même voix : “La promenade de la plage a disparu.” Des choses terribles s’étaient passées. Mais la disparition de la promenade… »

C’est l’anéantissement d’un symbole. Ce chemin plébiscité par les habitants du quartier est l’une des innombrables vic-times de Sandy qui a provoqué un total de 80 milliards de dollars de dégâts. Rockaway a été l’une des zones les plus sinistrées, où les dommages causés ont été chiffrés à quelque 150 millions de dol-lars. Steve Stathis : « La promenade était l’artère vitale de notre communauté. Et maintenant, elle n’existe plus. »

Rockaway a attendu l’aide de l’État pendant quatre jours. Mais dès le lende-main de la tempête, des gens se frayaient

Portraits. Michelle Cortez (à droite), John Roberts (en haut, à gauche), Paul Kadish (ci- dessous), tous témoins et victimes du cyclone.

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marques sur les murs montrent le niveau atteint par l’eau, l’herbe des pelouses a été arrachée tout comme le revêtement des maisons. La ville semble avoir été brutalement passée à la brosse.

Dan Sullivan et la plupart des habi-tants racontent qu’ils ont d’abord attendu l’aide de l’état, qui, lorsqu’il est intervenu, s’est montré bien timide. Cinq jours après Sandy, aucun téléphone portable ne fonc-tionnait, et il n’y avait toujours pas l’eau courante. L’aide de l’Agence fédérale des situations d’urgence (FEMA) est arrivée le 8 novembre. Six semaines plus tard, la plupart des habitants était toujours privée d’électricité et devait faire face à un nou-veau problème : la moisissure. En raison de l’absence de rues et de transports pu-blics, les premiers auxiliaires bénévoles arrivaient à vélo et tractaient des re-morques de provisions. Parmi eux, Steve Stathis a reconnu pas mal de résidents de Williamsburg, qui remplissaient son magasin en été. « Ils pédalaient 25 à

« Ils pédalaient 25 à 30 kilomètres et déblayaient toute la journée. Maintenant,

il faudra les appeler helpsters »

un chemin au milieu des ruines pour s’en-traider. Des voisins organisaient des trocs sur la partie de la promenade rejetée par les flots. Ils formaient des points de ras-semblement, notamment devant la mai-son de Michelle Cortez. Ils y accrochaient des listes de tous les produits de première nécessité à fournir d’urgence. Des voisins apportaient des provisions aux personnes âgées et à celles qui étaient bloquées chez elles. Des gens transportaient du matériel sur leur dos, de maison en maison. Toute la matinée, Dan Sullivan a pagayé sur sa planche dans le voisinage, à la recherche de chiens et de chats à sauver. « Ici, les surfeurs n’ont pas une bonne réputation, avoue-t-il. Mais sans nous, beaucoup de gens seraient morts à l’heure où je vous parle. » Depuis, une grande partie de Rockaway a été déblayée, mais pas re-construite. La plupart des voitures et des maisons détruites, ainsi que la prome-nade ont été enlevées. Seuls les stigmates de la tempête géante sont restés. Des

30 kilomètres, déblayaient toute la jour-née et rentraient chez eux à vélo le soir, raconte-t-il. Maintenant, il faudra les appeler “helpsters” (du nom de la commu-nauté des hipsters, très tendance à Brooklyn, ndlr) »

Mike D, un membre des légendaires Beastie Boys, était l’un d’entre eux. Il a grandi dans l’Upper West Side, mais vit désormais avec sa femme et leurs deux enfants à Brooklyn. De temps en temps, il surfe à Rockaway. Le week-end qui a suivi Sandy, il y a retrouvé son ancien ami Robert McKinley, qui a fondé The Surf Lodge à Montauk, sur Long Island. Les dons et les bénévoles ont été nombreux. Mais les repas chauds étaient rares. Aussi, avec l’aide d’un autre ami, ils ont aména-gé un stand à l’angle de la 45e rue et de Channel Drive, où ils faisaient griller du poulet. Très vite, les files d’attente ont grandi. Robert McKinley a trouvé un vieux camion de la chaîne de restaurants canadiens Swiss Chalet, et voilà que nais-sait le Rockaway Plate Lunch Truck ! Le logo de Swiss Chalet trônait encore sur le camion, en plus du mot « frais ». Il n’y avait pas de pancarte « Open », mais un panneau en bois sur lequel était écrit : « Salut Rockaway, venez manger ! »

Aux alentours d’Halloween, la station de collecte de Michelle Cortez affichait un succès tel qu’elle a réquisitionné une maison vide de l’autre côté de la 96e rue. Pour la garnir d’outils, d’allumettes, de couches, de produits d’entretien, de conserves et de bouteilles d’eau. La sta-tion de collecte s’est rapidement transfor-mée en un centre d’approvisionnement classique, avec une distribution gratuite de repas chauds, un chapiteau pour se ré-chauffer et un bon nombre de bénévoles chargés de ravitailler le voisinage. Et avec son propre nom : Smallwater. À quelques pâtés de maisons de là, Jimmy Dowd ob-serve depuis son balcon un groupe de tra-vailleurs occupés sur l’extrémité sud de la promenade à moitié restaurée, sous la-quelle il enfilait ses affaires de bain quand il était enfant. « L’océan attire à lui la com-munauté de Rockaway comme un aimant, confie-t-il. Et nous sommes comme des bouts de métal qui s’accrochent à lui. Il nous fait rester ici. Il poussent les gens à venir sur la plage. » Le « boum ! » des pisto-lets de scellement résonne dans le loin-tain. Le vent caresse la mer calme. « Il n’y a pas de vagues aujourd’hui, dit Jimmy, mais ce devrait être mieux demain. »

Prolongez l’histoire des surfeurs de la plage de Rockaway dans l’édition gratuite pour tablette siglée The Red Bulletin.

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TÉLÉCHARGEMENTGRATUITTON MOMENT.

HORS DU COMMUN

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Dany Torres, légende du FMX, garde la forme en pratiquant

le padel en page 93.

ac t i o n !v o y a g e s   /   c o n s e i l s d e p r o   /   M U s i q U e   /   M a t o s   /   v i e c i t a d i n e   /   n i g h t l i f e

La Croatie propose un

décor de rêve pour les fous de psicobloc.

Quoi de neuf en juillet ?

chute à l’arrièreE s c a l a d E p u r E s u r l a c ô t E c r o at EVoyages, page 90

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Conseil d’initiéFiez-vous à un expert

« prenez un guide, conseille Gary duke. il connaîtra les marées et veillera à ce que les grimpeurs ne s’exposent

pas au danger. un bateau doit être prêt en cas d’urgence. une dernière chose : ne regardez jamais en bas ! »

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Le saut« Leçon n°1, apprendre à sauter correctement, recommande daniel piccini. sauter dans l’eau est difficile et dangereux. au début, il faut s’exercer à basse altitude et dans des eaux profondes. si vous êtes à l’aise, vous pouvez vous concentrer sur l’escalade et essayer de plus haut. »

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split est un para-dis pour les ama-teurs de poissons. le resto chic nos-tromo est proche du marché local. plus rustique, le

très apprécié Ko-noba Matejuska.

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la promenade de la plage de split.

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ce n’est pas sans raison qu’on l’appelle le deep-water soloing ou psicobloc. l’escalade se fait à des hauteurs vertigineuses avec un minimum d’équipement : pas de mousqueton, de corde ou de casque. seulement un peu de magnésie sur les mains est autorisée pour une meilleure prise. et la mer comme tapis de protection. avec plus de mille îles et falaises, la croatie est le spot idéal. « cette activité devient dangereuse au-delà de dix mètres de hauteur, avertit daniel piccini, instruc-teur de blocs. la sécurité est un facteur extrêmement important car le deep-water soloing est une forme d’escalade complètement différente. même des profes-sionnels doivent s’y habituer. »

le grimpeur gary duke s’est exercé avec daniel piccini à split. « c’est incomparable… de l’ adrénaline pure, décrit l’anglais de 31 ans. ce que j’aime ? ne pas être assuré en continu et l’absence de cordes. c’est tellement libérateur de pouvoir se concentrer uniquement sur le bloc. » avant une sacrée descente. « À 15 mètres de hauteur, je savais que la seule façon de redescendre était de sauter. une idée angoissante mais qui apporte son lot de sensations fortes. »plus sur www.avantura.biz

« ne jamais regarder en bas », conseille le pro de la grimpe. notre photographe, assuré, l’a quand même fait.

Action !voyages

L’escalade en psicobloc Deep Wat er Soloing l’ e S C a l a D e e n C r o at i e , S a n S S É C U r i t É e t À M a i n S n U e S S U r l e S r o C H e r S g l i S S a n t S . l’ i n É l U C ta B l e F i n a l   : U n S a U t D a n S l a M e r M É D i t e r r a n É e . t o U t U n p r o g r a M M e .

90 the red bulletin

/redbulletin

TON MOMENT.HORS DU COMMUN©

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LIKEWHAT YOU

LIKE

Cracheurs de feu, go-go dan-seuses, karaoké accompagné en live par un groupe… Le Dante’s, un monument des nuits de Port-land, offre tout ça mais accueille aussi des groupes rock et reggae, des brass bands de la Nouvelle-Orléans. Ou les musiciens du Pink Floyd Cover Band. « Je ne crois pas qu’il existe un établissement sur la côte ouest qui puisse rivali-ser », jure Stephen Santoro, le co-propriétaire et manager du Dante’s. Et si tout ça ne suffit pas à résumer l’excentricité du club, sachez qu’un des artistes réguliers s’appelle Nik Sin, un gars de pe-tite taille plus connu sous le nom de Mini-Marilyn Manson.

Burn Baby Burn P o r t l a n d, o r ego n l e c a b a r e t-s P ec tac l e s i n f e r n o e n f l a m m e c h aq u e d i m a n c h e s o i r l e da n t e ’s.

Prêtes à mordre. Les danseuses

du Dante’s rugissent

en cage.

Au Dante’s, le cabaret c’est la vie, des cracheurs

de feu aux ventriloques.

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Action !clubbing

LA cLientèLe« Portland est devenue une 

ville branchée. Dans le public on va trouver côte à côte  

des cheveux longs,  des grosses moustaches  

et des jeans serrés. »

Les boissons« J’essaie de garder les  

prix au plus bas parce que moi aussi, je déteste payer 

10 $ pour une vodka- pamplemousse. »

LA nourriture« À la carte, on a toujours 

nos pizzas maison, comme la New York Pizza. On ouvre tous les jours à 11 heures  du matin et beaucoup  

de gens viennent en manger une part à midi. »  

s h o w t i m e

b r e L A n D ’A s

DAnte’s350 W. burnside streetPortland, oregon 97209www.danteslive.com

the shinschouchous du rock

alternatif, the shins ont délaissé les plateaux pau-

més d’Albuquerque pour se poser

à Portland. Avec leurs albums

chutes too narrow et Wincing the

night Away.www.theshins.com

sLeAter-Kinneybien sûr, ces trois filles sont origi-

naires de l’état de Washington. Mais carrie brownstein, co-fondatrice du

groupe et de la sé-rie, définit Portlan-dia comme l’émis-sion qui résume le

mieux Portland.wwwifc.com

DeceMberistsLes irréductibles

leaders du courant indie folk se sont

rôdés dans les bars de la banlieue de

Portland. ils viennent de réali-ser leur 1er album dans les studios d’hush records.decemberists.com

j e a n s & s t a c h m o u

stePhen sAntoro, Le PAtron Du DAnte’s,

rAconte son cLub.

92 the red bulletin

Depuis 2002, Dany Torres virevolte dans les airs. Malgré de graves blessures aux mains et aux jambes, l’Espagnol de 26 ans ignore la peur. Sa devise ? « Prendre du plaisir dans ce qu’il fait. » Torres ne suit pas un programme d’entraînement strict : « Je préfère passer mon temps sur deux roues, en FMX, moto-cross ou sur un VTT. » Trois fois par semaine, il enchaîne pendant près de quatre heures une multitude de tricks, tel le « Paris Hilton flip » (un backflip avec un ciseau des jambes au-dessus du guidon). ça donne envie... Vous ne trouverez pas non plus le vice-champion 2013 de FMX dans une salle de musculation, bien qu’il dise en avoir une. Pour le physique, le jeune Andalou privilégie les exercices de renforcement et d’étirement du dos et des jambes.

Joindre les deux jambes et faire des mouve-ments de bas en haut (celles-ci ne doivent pas

toucher le sol ni être soulevées trop haut).

S’allonger sur le ballon puis soulever simultané-ment le bras droit et la jambe gauche. Maintenir

la position trois secondes. Puis alterner.

Poser les hanches sur le ballon de gymnastique, s’appuyer sur les mains, le dos bien droit et faire

des battements de jambes.

Prendre appui au sol sur les orteils, poser les mains derrière le dos et faire

des tractions lentes avec le buste.

G A R D E R L E B A L L O N

1 2

3

« Les contorsions sur la bécane et le choc de l’atterrissage sont supportés avant tout par le dos. Ces quatre exercices – dix séries chacun – visent à renforcer les lombaires. »

4

p a d e l t i m e Le truC de torreS

Action !conseils de pro

avoir Le BoN GeSte « Le padel se pratique principalement en espagne et en amérique du Sud. C’est un sport très physique qui se situe entre tennis et squash. il améliore les réflexes et la mobilité, tout en assu-rant ma forme physique. »

torres a bon dos F M X D A N Y T O R R E S , L E R O I E S PA G N O L D U M O T O C R O S S F R E E S T Y L E , A I M E S A B É C A N E E T PA R I S H I LT O N . I L É V I T E L A S A L L E D E M U S C U L AT I O N M A I S P R E N D S O I N D E S O N D O S .

à 26 ans, le champion de red Bull X-Fighters 2011 af-fiche sa relation à la peur sur un de ses tatouages : « Là où certains voient le danger, je vois le plaisir. »

aérien. torres volant vers la

victoire lors d’une étape dubaïote de

red Bull X-Fighters.

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Nordhafen

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Friedrichstraße

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Luisenstraße

Chausseestraße

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KurfürstenstraßeBülowstraße

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Straße des 17. Juni

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IL CASOLArEGrimmstraße 30

un restaurant italien à kreuz-berg tenu par des punks cocos. les serveurs, piercings stret-chés et dreadlocks, y sont imbuvables. mais les pizzas sont excellentes, et on y mange le meilleur ragoût de sanglier de la ville.

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la nuit, on finit inévitablement par passer devant ce snack. tant mieux car ils servent les meilleurs kebabs. prenez-le avec la sauce à l’ail épicée et sans oignons.

2

KUMPELnEST 3000Lützowstraße 23

un bar d’aventuriers. c’est une ancienne maison close. la scène hardcore s’y donne ren-dez-vous à 5 heures du matin et s’en donne à cœur joie une partie de la matinée.

5

3 HArD WAx Paul-Lincke-Ufer 44

un des meilleurs magasins de

disques en europe. J’y ai travail-lé pendant des années. un en-droit qui a influencé mes goûts. un paradis qui va de la techno au dub.

Action !city Guide

Berlin est la capitale mondiale de la musique de club. ici, les rois de la nuit s’appellent modeselektor, dont les fans vont de Björk au leader de radiohead, thom Yorke. c’est à la fin des années 90 que gernot Bronsert et sebastian szary investissent le milieu underground de leur ville, à coups de live aux basses démentielles. une épopée racontée dans We Are Modeselektor, nouveau docu sur le duo disponible en dVd. « le personnage principal c’est la ville », dit Bronsert qui, entre ses concerts à travers le monde, passe le plus de temps possible à Berlin où justement il nous invite à le suivre.Plus sur www.modeselektor.com

En ASCEnCEUrFernsehturm de Berlin. Avec ses 368 mètres de

hauteur, « Alex » est le bâtiment le

plus haut d’Alle-magne. Gernot recommande chaudement

l’endroit pour un premier rendez-

vous galant : « Em-mener une fille aussi haut n’est jamais anodin. »

En AvIOn

Aérodrome de Strausberg. Acro-phobes s’abstenir. À bord d’un Cessna 172, une balade aé-rienne d’une heure au-dessus de Ber-lin et du Brande-

bourg. 269 € pour trois personnes,

pilote (!) et place avec hublot inclus. réservations sur www.aeroworx.de

« Sauce à l’ail épicée et sans oignons » B e r l i n D e s B a r s p o u r av e n t u r i e r s , D e s B o u t i q u e s p o u r l e s B l a s é s D u s h o p p i n g , D e s k e B a B s p o u r l e s n o c ta m B u l e s   : g e r n o t B r o n s e r t D u D u o é l e c t r o m o D e s e l e k t o r n o u s e n t r a î n e à t r av e r s s a v i l l e .

Gernot Bronsert, 34 ans, né à rüders-dorf près de Berlin, est musicien, DJ et possède son propre label.

5 m a j e u rLE TOP À BErLIn

L e S a I L e S

D u D É S I r BErLIn vUE DES nUAGES

En ESCALADE

Flakturm Hum-boldthain. Les

murs de cette tour de béton datant de la Seconde Guerre mondiale sont au-jourd’hui des murs

d’escalade d’un niveau de difficul-té élevée. Au som-met : une vue im-prenable sur les quartiers Mitte

et Wedding.

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en 2010, la sortie du premier album de mount kimbie Crooks & Lovers crée un véritable choc. Les morceaux allient fragilité à agressivité des basses, beats électros et sons éthérés. La presse spécialisée y voit un nouveau genre, le post-dubstep. pour leur 2e opus, kai campos et dominic maker reviennent avec un son plus affûté. ce dernier nous révèle ici les morceaux qui les ont bercés pendant l’enregistrement de Cold Spring Fault Less Youth.Plus sur www.mountkimbie.com

Dominic Maker, 26 ans, la moitié de Mount Kimbie.

g r o s s e c A I s s eLE GADGET MUSICAL DU MOIS

ThE VAMPCe petit cube est un am-pli bluetooth, capable de ressusciter vos vieilles enceintes. Il suffit de le brancher à celles-ci via sa prise jack. Il ne vous reste plus qu’à envoyer la musique depuis votre smartphone.www.paulcocks-edgeshop.com

King Krule Rock Bottom

King Krule, un type incroyable, est le seul artiste guest sur l’album. Le son de sa voix puissante et grave fait penser à un chanteur de bar, corpulent et d’âge mûr. Pourtant, ce jeune homme fluet aux cheveux roux a 19 ans. C’est aussi un parolier hors pair. Pas de doute, il fera bientôt partie des grands. L’avenir appartient à King Krule !

1

John Maus Hey Moon

Cette chanson date, mais en studio nous l’écoutions en boucle. C’est dire ! Les compo-sitions de Maus ont un son très personnel : ses morceaux sont à la fois dilués et puis-sants, empreints de simplicité et très mélo-dieux. Je trouve sa façon d’associer les voix masculines et féminines dans hey Moon très inspirée.

James Blake Overgrown

Avant sa carrière en solo, il nous accompa-gnait en tournée. Aujourd’hui, nous nous croisons par hasard au gré des voyages, comme il y a un an dans un train pour Londres. Il m’a fait écouter ce morceau car il avait des doutes. Je lui ai dit : « Ce morceau est dément ! » Il a même fini par devenir le titre de son album.

Actress Hubble

Kai et moi, nous adorons Actress. Sa musique très dépouillée et hypnotique est censée faire danser mais la chose est quasi impossible. C’est une musique à vous rendre claustro-phobe. Une fois, je me suis endormi sur ce morceau de 8 minutes en faisant des rêves bizarres. Actress est l’un des musiciens élec-tro les plus sous-estimés de notre époque.

Tame Impala Why Won’t They Talk

Généralement, il me faut du temps pour ap-précier un nouvel album, mais avec Lonerism de Tame Impala, ce fut tout l’inverse. Des morceaux géniaux, une production tip top. Un son psychédélique dont seuls ces Australiens ont le secret. Ce morceau est pour beaucoup dans notre envie de faire ce nouvel album.

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AcTIon !musique

JUSTIn TIMbErLAKE

a eu l’idée de cette tournée en voyant Elton John et billy Joel ensemble sur scène, l’un inter-prétant les mor-ceaux de l’autre.

Justin le pompeur.

KAnyE wESTest très ami avec

Jay-Z. Mais il goûte peu l’infidélité

de son ami avec Timberlake. Il l’a fait savoir lors

d’un concert en se moquant de leur tube Suit & Tie.

JAy-Za engagé pour la

tournée son propre rouleur de cigares

afin d’offrir ce qu’il y a de mieux aux

invités backstage. ça va fumer et

sentir bon.

L e r e N D e Z -

V o U s D e s g É A N T s

JAy-Z ET JUSTIn TIMbErLAKE En

TOUrnéE COMMUnE

Plus sur www.justin

timberlake.com

Trois infos pour briller lors

du concert.

« L’avenir appartient à King Krule ! » p l ay l i s t tECHNO Et pOp psyCHÉ-DÉliQUE ONt iNspiRÉ lE 2e alBUM DU DUO ÉlECtRO MOUNt KiMBiE.

the red bulletin 95

e nb r e fLa séLection,

en bonne compagnie

21.07, paris

Sous les sunlightsLa 21e et dernière étape de cette 100e édition du Tour devrait boucler la course en beauté. Pour le traditionnel final sur les Champs-Élysées, installé depuis 1975, les coureurs partiront de Versailles en fin d’après-midi pour rejoindre la capitale en début de soirée. Paris réserve sa nuit et sa plus belle avenue pour ce show cycliste. Du jamais vu.www.letour.fr

Le 470, dériveur mythique de la voile française, fête ses 50 ans cet été en accueillant les cham-pionnats du monde de sa catégo-rie sur le plan d’eau rochelais. plus de 200 équipages sont attendus pour une quinzaine qui réserve animations, célébrations et expositions en plus de la compétition (3-10 août) pour marquer l’anniversaire. Un joli programme à découvrir au cœur de l’été.www.srr-sailing.com

13.07-28.07, Vaison

Emportés par la danse

27.07-11.08, La Rochelle

La Charente-Maritime en pole

La scène du théâtre antique de la cité vauclusienne s’offre à toutes les formes de danse.www.vaison-danses.com

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ACtion !focus

L’été c’est foot

plus de deux mois d’abstinence, et ça repart. Vous

avez déjà oublié le titre du psg ? La saison qui com-mence a un look vintage avec les

retours de mona-co et nantes. 09.08, france

9vendredi

toUR oVaLe à maRmande

Les 504 m du circuit ovale en herbe de mar-

mande (Lot-et-ga-ronne) accueillent

la 3e manche du championnat du

monde moto long track. 10 000 fans

en tribune. 13.07, marmande

13Samedi

Jazz en pinède

La 53e édition de l’incontournable rendez-vous du jazz sur la côte démarre avec

Keith Jarrett. de quoi donner le ton à dix soirées à la

noble programma-tion, dont les aus-traliens de Hiatus

Kaiyote le 15.12-21.07,

jazzajuan.com

12vendredi

3.07-4.11, paris

Lichtenstein en grandprès de 130 tableaux et sculptures, dont certains dessins exposés pour la première fois en france, re-tracent l’œuvre de l’artiste le plus emblématique du pop art américain du siècle dernier. Une occasion rare de retrouver le travail de Roy Lichtenstein inspiré de l’imagerie populaire.www.centrepompidou.fr

Wiggins absent, un boulevard

s’offre à froome cette année.

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CALLOORRIIEEESSS.. SSSSUUUUUCCCCCRRRRREEEEESSSS.... RRREEEEDDD BBBBBUUUULLLLLLL..

RED BULL ZERO CALORIES.Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière. Rendez-vous sur www.mangerbouger.fr

the red bulletin numéro 22 sera disponible le 14 août

dans le rétro

Les origines du B-Boying ne remontent pas aux années 70 comme le pensent avec conviction certains historiens. Originaires de Baltimore, les frères Billy et Bobby Baker (en action ici) s’appelaient « The B-Boys » et s’exerçaient déjà à un type de danse rythmique hautement artistique en juin 1913.

Billy et Bobby, qui avaient l’habitude d’ingurgiter une anguille électrique avant chaque représentation, appelèrent leur forme d’art révolutionnaire « B-Boying ». Le headspin, le table dance ainsi que la combinaison peu pratiquée aujourd’hui de ces deux techniques (photo) sont aussi des inventions des frères Baker.

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Casse-tête

98 the red bulletin

T H E P U L S E R A C E S *

Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.infiniti.fr

* Votre pouls s’accélère