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Théories du développement Guy Bajoit ([email protected])

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Théories du développement Guy Bajoit ([email protected]). Plan. 1. Introduction - Mesurer les inégalités et les commenter - Les questions et leurs réponses 2. Les deux premières théories du développement - Le contexte de la guerre froid - La théorie de la modernisation - PowerPoint PPT Presentation

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Théories du développement

Guy Bajoit

([email protected])

Plan1. Introduction

- Mesurer les inégalités et les commenter- Les questions et leurs réponses

2. Les deux premières théories du développement- Le contexte de la guerre froid- La théorie de la modernisation- La théorie de la dépendance et de la révolution

3. Les deux théories actuelles- Le contexte de crise des années 1975-85- La théorie de la compétition- La théorie de la démocratie

4. Une vision utopique.- L’ethnocentrisme des théories - Le contexte de la mutation culturelle- La « théorie » de l’identité culturelle.

Synthèse5. Vers une nouvelle approche

- Gérer des contradictions- Résoudre les problèmes vitaux de la vie commune

1. IntroductionMesurer les inégalités et les commenter

• Les inégalités de développement sont immenses : la tension va de 1 à 75. (Voir

le schéma de la « coupe de champagne » et comparer les PIB par tête).

• Les inégalités de développement ne cessent de grandir : malgré tous les beaux discours et les efforts pour promouvoir le développement, la majorité des pays du monde sont en « état de stagnation durable » plutôt qu’en « voie de développement ».

20% de la population du monde produisent et

consomment 82,7% des richesses

11,7%

1,9%

2,3%

20% de la population du monde se contentent de

1,4% de la richesse

Un quintile = 20% = 1.200 millions de personnes sur les quelques 6.000 millions d’humains

= 20% = 1.200 milliones de personas (de los 6.000 milliones que poblan el planeta).

Source : PNUD 1992

La répartition des richesses du monde est scandaleusement inégale

(Schéma dit de la coupe de champagne)

Le développement inégal des quelques 177 pays qui composent la planète terre est un fait scandaleux. De tous les problèmes que doit affronter aujourd’hui l’humanité (la menace écologique, la domination masculine, les carences de la démocratie, le chômage et l’exclusion sociale…), le problème de l’inégal développement est sans doute le plus grave.

62 %

15,9 %

11,4 %

7,1 %

3,6 %

La coupe de champagne en 2003

Source : IDD

Revenu national brut par tête en 2003 en US $ PPA

Les 15 plus riches

• Luxembourg 54 432• Norvège 37 964• États-Unis 37 812• Bermudes 37 500• Îles Jersey 32 030• Liechtenstein 32 030• Suisse 31 964• Irlande 31 458• Danemark 31 011 • Islande 30 354• Canada 29 499• Autriche 29 471• Belgique 29 047• Australie 29 000 • Îles Caïman 28 930

Les 15 plus pauvres • Nigeria 998• Tadjikistan 957• Niger 852• Afghanistan 832• Yémen 817• Congo Brazza 799• Zambie 816• Madagascar 793• Guinée-Bissau 744• Éthiopie 695• Tanzanie 628• Burundi 622• Congo RDC 615• Malawi 533• Sierra Leone 506

moins de 1000

de 1000 à 2000

de 2000 à 5000

de 5000 à 10000

de 10000 à 20000

plus de 20000

-Norvège : 36.600

-USA : 35.750

-Canada : 29.480

-Suède : 26.050

-Argentine : 10.880

-Chili : 9.820

-Chine : 4.580

-Inde : 2670

-Burundi : 630

-Sierra Leone : 520PIB/tête (en US$, 2004, PNUD)

Quelques références

• Un indicateur. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) classe 177 pays selon leur indice de développement humain (espérance de vie, instruction, revenu réel).

• Les plus « développés ». La Norvège occupe le premier rang. Viennent ensuite l'Islande, l'Australie, l'Irlande, la Suède, le Canada, le Japon et les États-unis.

• La France est à la 16e place, le Royaume-Uni à la 18e et l'Allemagne à la 21e.

• Les moins « développés ». Aux cinq dernières places, figurent la Guinée Bissau, le Burkina Faso, le Mali, la Sierra Leone, et le Niger.

• Une comparaison. Les Norvégiens sont quarante fois plus riches que les Nigériens. Ils vivent deux fois plus longtemps et vont tous à l'école. Au Niger, le taux de scolarisation est de 21 %.

Les questions et leurs réponses

– Comment la sociologie explique-t-elle le « dynamisme inégal de développement » des sociétés humaines ? Pourquoi ce dynamisme est-il fort dans certains pays et pas dans d’autres, fort à certaines époques et plus à d’autres ?

– Les sociologues ne s’accordent pas entre eux pour répondre à cette question (métaphore de l’appareil photographique). Pourquoi un tel désaccord ?

– Questions aux sociologues.

$0

$10.000

$20.000

$30.000

$40.000

$50.000

$60.000

Comparaison du revenu entre les 20% les plus riches et les 20% les plus pauvres

PIB réel annuel par habitant (en US$)

$26.397 $20.985 $5.319 $1.580 $1.137 $352

PIB réel annuel par habitant (en US$) 20% les plus riches

$51.705 $35.172 $11.459 $6.293 $1.975 $1.447

PIB réel annuel par habitant (en US$) 20% les plus pauvres

$5.800 $7.718 $1.460 $479 $455 $359

Etats-Unis Belgique Tunisie Nicaragua Népal Rw anda

Questions

1. Cause ? Quelle est la cause principale du sous-développement ? Quel est l’obstacle principal au dynamisme du développement ?

2. Définition ? Qu’est-ce que le processus de développement ? Comment peut-on le définir ?

3. Que faire ? Que faut-il faire pour développer un pays, une collectivité ? Quelle politique faut-il mener ?

4. Qui ? Qui sera l’acteur principal (le pilote) du processus de développement dans une collectivité ? Sur qui doit-on compter ?

5. Exemples ? Où peut-on trouver des exemples historiques de tentatives de développement, menées avec cette politique et conduites par cet acteur ?

6. Coopération ? En quoi doit consister une bonne politique de coopération au développement ?

2. Les deux premières théoriesLe contexte

- La guerre de 1940-45 et la redistribution des cartes de l’hégémonie mondiale

- La fin de l’époque coloniale

- L’époque des « trente glorieuses »

- La guerre froide et les deux voies de l’industrialisation au Nord : le capitalisme et le communisme.

Théorie de la modernisationCause ? Un problème culturel. La mentalité traditionnelle, les

coutumes culturelles résistent à la pénétration de la modernité (conception du monde, modes d’organisations et de vie, technologie…). Exemples.

Définition ? Le développement est la passage progressif et contrôlé de la société traditionnelle à la société moderne.

Que faire ? Une politique de modernisation : infrastructures, économie (monnaie, commerce, réforme agraire, substitution des importations), administration publique, construction de la nation, armée, urbanisation, et surtout, éducation et culture. La démocratie : si possible !

Qui ? Les élites modernisatrices de l’État, au service de la bourgeoisie nationale.

Exemples ? Les tentatives nationalistes (Inde, Indonésie, Egypte, Corée du Sud, Taïwan…) et les populismes latino-américains.

Coopérer ? Assistance technique au processus de modernisation.

Théorie de la révolution (ou de la dépendance)

Cause ? Un problème politique. Le pillage systématique des richesses nationales par l’impérialisme (économique, politique et idéologique), avec la complicité des classes dominantes internes. Exemples.

Définition ? Le développement est un processus de libération nationale (contre l’impérialisme) et social (contre les classes dominantes internes).

Que faire ? D’abord, une révolution politique (prendre le contrôle de l’État : voie armée ou politique) ; ensuite, un programme de modernisation, mené au profit des classes populaires.

Qui ? Les élites révolutionnaires du parti (ou du Front) qui prennent le pouvoir et le mettent au service du peuple.

Exemples ? Les tentatives socialistes et communistes : Chine, Corée du Nord, Cuba, Algérie, Vietnam, Mozambique, Burkina-Faso, Nicaragua…

Coopérer ? Solidarité politique (et militaire) dans la première phase ; assistance technique dans la seconde.

3. Les deux théories actuellesLe contexte

• Au Sud : les tentatives nationalistes et socialistes n’ont pas donné des résultats très convaincants : échecs économiques relatifs, difficiles constructions des nations, résistances des oligarchies, corruption des politiciens et des militaires, augmentation de la pauvreté dans le monde rural (exode) et le monde urbain, répression et absence de démocratie.

• Au Nord : la crise économique des années 1975-85 (suite à la troisième

révolution technologique) a changé radicalement la vie commune : le modèle communiste s’est effondré et le modèle capitaliste s’est transformé en un modèle « CCC » (communication, consommation, compétition) : – Du mode de production capitaliste national au mode mercantiliste néolibéral – De la démocratie parlementaire à la démocratie pragmatique – Du mode disciplinaire au mode électif de socialisation et d’intégration – De l’État providence à l’État social actif – D’un ordre interétatique à l’hégémonie des grandes organisations multinationales.

Théorie de la compétitionCause ? Un problème économique. La rationalité économique

fonctionne mal à cause des interférences néfastes de la logique politique et bureaucratique des États. Exemples.

Définition ? Le développement est un processus d’accumulation de richesses, qui résulte du fonctionnement du marché libre.

Que faire ? Privatiser tout ce qui peut l’être (donc, pas tout !). Rationaliser l’État et le mettre au service du marché. Exporter : participer aux échanges mondialisés. Responsabiliser les individus. Respecter les ajustements structurels (les grands équilibres économiques).

Qui ? Les élites innovatrices privées (l’intérêt privé est le meilleur garant de l’intérêt général), guidées par les grandes organisations internationales (OMC, FMI, BM, G8…)

Exemples ? Le Chili, les « Dragons » asiatiques, les pays du Mercosur…

Coopérer ? Supprimer l’assistance. Promouvoir l’autonomie, favoriser les échanges, créer des micro-entreprises.

Théorie de la démocratieCause ? Un problème social et écologique. Le modèle compétitif

détruit la solidarité sociale (inégalités croissantes, carences démocratiques, logique de consommation) et l’environnement (logique de profit). Il n’est pas « durable ».

Définition ? Le développement est un processus qui dépend avant tout de la démocratisation politique et sociale de la collectivité.

Que faire ? Démocratiser la vie politique et sociale. Favoriser les revendications des acteurs populaires. Instituer la conflictualisation de la société. Obliger les États et les classes gestionnaires à s’occuper de l’intérêt général.

Qui ? Les mouvements politiques et sociaux populaires (des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femmes, des pauvres…) sont les garants du processus de développement.

Exemples ? Multiples tentatives de revenir (ou d’en venir) à la démocratie dans beaucoup de pays d’Afrique, d’Am. Latine

Coopérer ? Coopérer avec les acteurs de « base » (conscientisation, éducation populaire, syndicats, économie social solidaire…)

4. Une vision utopique (au sens positif de la notion !)

Le contexte

• Une prise de conscience dans le Sud : la généralisation au monde entier du mode de vie des 20% les plus riches de la planète semble bien impossible et indésirable (raisons écologiques, sociales et culturelles). Par conséquent, le développement ne saurait consister à imiter le mode de vie des pays occidentaux (à grimper dans la « coupe de champagne »).

• Une prise de conscience dans le Nord : beaucoup d’acteurs pensent que le modèle de développement qui y règne est mauvais, autant pour le Nord que pour le Sud. Ils cherchent une alternative, ils croient qu’ « un autre monde » est possible. Le mondialisme leur apparaît comme la dernière version de l’impérialisme occidental. Ils sont « alter » mondialistes.

• Une résistance : la mondialisation provoque des résistances, des réaffirmations d’identités culturelles locales (nationales, régionales, ethniques, communautaires, religieuses, intégristes…). L’ « anti » mondialisme se mêle à l’ « alter » mondialisme (même si ce sont bien deux mouvements radicalement différents).

L’ethnocentrisme des théoriesDéveloppement et industrialisation

Qui ?

L’État La société civile

Voie capitaliste

MODERNISATION

État et bourgeoisie nationale

Nationalisme

COMPETITION

Élites néolibérales internationalistes

Libéralisme

Que faire ?

Voie socialiste

REVOLUTION

Dirigeants du Parti révolutionnaire

Communisme

DEMOCRATIE

Mouvements sociaux (ex.: Ouvrier)

Social-démocratie

« Théorie » (ou utopie) de l’identité culturelle

Cause ? La cause est bien culturelle. Les modèles de développement sont inefficaces parce qu’ils sont inadaptés aux cultures des peuples auxquels ils sont appliqués. Impérialisme culturel.

Définition ? Chaque peuple devrait inventer son propre modèle, conforme à son identité culturelle, son histoire, sa mémoire.

Que faire ? La base territoriale du développement est le local (non le national) et le culturel (non le politique), ce qui implique une fédéralisation. Il faut sauver du passé tout ce qui peut l’être (religion, coutumes, technologies…) et sélectionner dans la modernité tout ce qui ne nuit pas à l’identité.

Qui ? Les élites culturelles des communautés

Exemples ? Cette préoccupation pour l’identité culturelle est présente dans beaucoup de pays : Japon, Chine, Pays musulmans, Indes, Europe des Régions…

Coopérer ? Mieux vaut ne pas intervenir : la coopération fait partie du problème et non de sa solution. « Restez chez vous ! »

SynthèseTHEORIES MODER-

NISATIONREVOLU-

TIONCOMPE-TITION

DEMO_ CRATIE

IDENTITE CULTUR.

Cause ? Les mentalités traditionnelles

L’impérialisme économique et ses complices

La logique politique et

bureaucratique des États

Les carences de la démocratie politique et

sociale

L’impérialisme culturel des

modèles importés

Définition ? Processus de transition de la tradition à la modernité

Processus de libération

nationale et sociale

Accumulation de richesses grâce à la rationalité

économique

Processus de démocratisation

de la vie politique et

sociale

Processus de réarticulation

avec la culture, l’histoire et les

traditions

Que faire? Moderniser la vie

économique, politique, sociale et culturelle.

Prendre le pouvoir de

l’État et moderniser au

profit du peuple

Privatiser, rationaliser,

responsabiliser et respecter les

ajustements structurels

Démocratiser, instituer les mouvements sociaux et les

conflits

Autonomie locale et

fédéralisme ; projets locaux adaptés à la

culture

Qui ? Elites modernisatrices

de l’État

Dirigeants du parti

révolutionnaire et de l’État

Élites innovatrices

privées

Élites sociales, dirigeants des

mouvement soc.

Élites culturelles

communautaire

Coopérer ? Assistance technique

Solidarité politique

Créer des entreprises

Mobiliser les bases populaires

Ne pas intervenir

5. Vers une nouvelle approche Gérer des contradictions.

• Le développement est un problème extrêmement complexe… alors que chaque théorie le réduit à quelques variables simples (on fait des photos !).

• Développer implique de savoir gérer des contradictions (donc, chercher des équilibres justes et précaires) entre des politiques opposées : – Il faut moderniser (théorie 1), mais il faut aussi préserver l’identité culturelle

(théorie 5) – Il faut récupérer le contrôle des richesses nationales (théorie 2), mais il faut

aussi participer aux échanges mondialisés (théorie 3) – Il faut accumuler des richesses (théories 1 et 3), mais il faut aussi la distribuer

pour améliorer la conditions de vie de tous (théorie 4) – Il faut respecter la démocratie politique et sociale (théorie 4), mais il faut

aussi un État fort (théorie 2) et une classe dirigeante entreprenante (théorie 3) – Il faut respecter la volonté de la majorité des citoyens (théorie 4), mais il faut

aussi respecter et écouter toutes les minorités (théorie 5).

Résoudre les « problèmes vitaux de la vie commune » (PVVC)

• La vie commune implique la résolution de cinq problèmes vitaux, qui concernent directement les cinq contradictions que nous venons de signaler :– PVVC 1. Il faut gérer la production des richesses, de telle manière que la collectivité

ne consomme pas plus que ce qu’elle produit – PVVC 2. Il faut gérer l’ordre interne (légiférer, juger, réprimer, gouverner) sinon les

membres de la collectivité vivront dans une insécurité permanente – PVVC 3. Il faut gérer la socialisation dans le rôles sociaux et leur intégration, sinon

la division du travail ne permettra pas l’adaptation au milieu et la continuité ne sera pas assurée, de génération en génération

– PVVC 4. Il faut gérer le consensus et la solidarité entre des groupes sociaux porteurs d’intérêts différents, sinon ce sera la “guerre de tous contre tous” et la collectivité sera détruite par sa violence

– PVVC 5. Il faut gérer les relations avec les autres collectivités, sinon la collectivité sera constamment menacée de guerre et de destruction.

• Le développement est la capacité des acteurs (dirigeants et dirigés, dans leurs relations) d’une collectivité de résoudre les cinq PVVC, d’une manière économiquement et politiquement efficace, ainsi qu’éthiquement acceptable.

Source :

Guy Bajoit, Sur le développement, paru dans Antipodes – Outil pédagogique, réédition de novembre 2010, disponible sur le site d’ITECO

Antipodes est une publication d’ITECO.