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8/10/2019 Therapie Cellulaire en Pathologie Osseuse
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Rev Med Lige 2008; 63 : Synthse 2008 : 20-2520
INTRODUCTIONLe tissu osseux est un tissu extrmement dyna-
mique capable de soutenir les charges normes
auquel il est soumis chaque jour, et qui dpend,
entres autres facteurs, de sa facult remodeler
et rparer les microfissures ou lsions constan-
tes qui se dveloppent dans los. Le mcanisme
fondamental du remodelage osseux se passe
dans lunit cellulaire de base qui a t nomme
BMU (Basic Multicellular Unit) par Frost (1).
Cette BMU comprend les ostoclastes, les ost-
oblastes et les ostocytes inclus dans la logette
de remaniement osseux (BRC = Bone Remode-ling Cavity).
Le cycle de remodelage osseux commence
par une prolifration et une activation des osto-
clastes. Ceux-ci proviennent dune diffren-
tiation des cellules souches hmatopotiques.La lacune de rsorption ainsi cre est ensuite
colonise par des ostoblastes actifs qui pro-
duisent la matrice osseuse (tissu ostode) riche
en collagne de type 1, puis qui minralisent
cette matrice ostode. Lorsque la lacune est
comble, certains ostoblastes entrent en apop-
tose ou retournent un tat quiescent en restant
adhrents la surface des traves (bone lining
cells). Dautres ostoblastes se retrouvent inclus
dans cette matrice. Ils prennent alors le nom
dostocytes. Leur contact vers lextrieur ne
se fera plus que par de fins canalicules. Malgr
leur emprisonnement dans la matrice osseuse,
ces ostocytes jouent un rle dterminant dans
le contrle du remaniement osseux. Ils peuvent
percevoir les microfissures et les tensions mca-
niques, et peuvent tre rceptifs aux change-
ments de lenvironnement hormonal de los (par
exemple, les glucocorticodes). Ils sont capables
de dclencher le remodelage osseux, peut-tre
en communiquant avec les bone lining cells
(2).
De mme, les ostoblastes, et surtout les
prostoblastes, rgulent lactivit des osto-
clastes grce leur production de la cytokine
RANK ligand (Receptor Activator of Nuclear
factor Kappa B) qui va activer RANK, rcep-
J.P. HAUZEUR(1), H. VANCAUWENBERGE(2), M. MALAISE(3), E. BAUDOUX(4), C. LECHANTEUR(4),
V. GANGJI(5)
RSUM : Le remodelage osseux est un processus physiolo-gique complexe incluant des facteurs cellulaires, vasculaires,des cytokines et des facteurs de croissance. Lostocyte semblejouer un rle cl dclenchant, selon les signaux reus, ce proces-sus. Celui-ci implique les ostoblastes et ostoclastes et les cellu-les souches prognitrices msenchymateuses prsentes dans lamoelle osseuse. Ce remodelage osseux peut tre dficitaire dansdiffrentes affections osseuses. Nous tudions leffet de la thra-pie cellulaire sur de tels dficits. Nous dveloppons deux appro-ches : la premire utilise de la moelle osseuse autologue enrichiepar concentration en cellules msenchymateuses. Ce concentrest inject dans la lsion selon une technique originale unique-ment percutane. Ce traitement a dmontr son efficacit dans
des ostoncroses non fracturaires de la tte fmorale. Leffet 2 ans est significatif sur la douleur, la fonction, la prvention ducollapsus et sur la rduction de la zone ncrose. Une secondeapproche explore leffet de cellules dj diffrencies dans laligne ostoblastique. La moelle osseuse est mise en culturepour provoquer in vitrola prolifration et la diffrentiation descellules msenchymateuses en prostoblastes. Les cellules sontensuite injectes en percutan dans la zone lse. Nous appli-quons ce traitement des cas de pseudarthrose. Les rsultatsprliminaires sont encourageants.MOTS-CLS: Ostoncrose - Pseudarthrose - Thrapie cellulaire- Cellule msenchymateuse - Prostoblaste
CELL-BASEDTHERAPYINBONEDISEASES
SUMMARY : Bone remodelling is a complex physiologicalprocess including cellular and vascular factors, cytokines andgrowth factors. The osteocyte seems to play an activating keyrole in bone remodelling, according to the received signal. Thisprocess involves osteoblasts, osteoclasts and progenitor cellswhich are present in bone marrow as well as in other tissues.The deficiency in bone remodelling, present in several patholo-gical situations, could be restored by cellular therapy. We deve-lop two approaches : the first includes the use of autologousbone marrow samples concentrated in monocyte cells. The tar-geted cells are principally the mesenchymal stem cells (MSC)which can give rise to mature osteoblasts. This bone marrow
concentrate is injected into the lesion by a percutaneous tech-nique. This treatment has been efficiently applied in cases ofaseptic osteonecrosis of the femoral head. The effect after 2years is significant for pain, function, prevention of collapseand reduction of the necrotic zone. The second approach usesan intermediate stage. The bone marrow harvest is cultured toproduce MSC proliferation and differentiation in preosteoblastcells. The percutaneously injected cells in the injured zone arethus already differentiated cells. We apply this treatment incases of nonunion fractures. The preliminary results are pro-mising.KEYWORDS: Cell therapy - Mesenchymal stem cell - Osteonecro-sis - Nonunion fracture - Preosteoblast
THRAPIE CELLULAIRE ENPATHOLOGIE OSSEUSE
(1) Professeur, Chef de Clinique, (3) Professeur, Chefde Service, Service de Rhumatologie, CHU de Lige.(2) Chef de cl inique, Service de Chirurgie Orthopdi-que, CHU de Lige.(4) Laboratoire de Thrapie cellulaire et gnique, CHUde Lige.
(5) Chef de clinique adjoint, Service de Rhumatologieet de Mdecine Physique, Hpital Erasme, UniversitLibre de Bruxelles, Bruxelles.
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teur membranaire de lostoclaste. Une autre
production de lostoblaste, lostoprotgrine
(OPG) peut moduler cette activation en inhibant
RANKL.
Les autres intervenants dans la rgulationosseuse sont des facteurs de croissance : les
BMP (Bone Morphogenetic Proteins), le FGF
(Fibroblast Growth Factor), le VEGF (Vascular
Epithelial Growth Factor), le TGF bta (Trans-
forming Growth Factor) et les IGF 1 et 2 (Insu-
lin Growth Factor). Sont aussi impliqus les ions
calcium et phosphore, des cytokines (IL1, 3, 6,
10, 11, 13, TNF alpha et bta et INF gamma), et
des hormones (PTH, vitamines D, calcitonine,
andrognes, corticostrodes, oestrognes, thy-
roxine, insuline, hormone de croissance).
Cette complexit explique les multiples voiesdabord thrapeutique utilises pour intervenir
sur le remodelage osseux lorsquil est perturb.
Nous dvelopperons ici lapproche thrapeuti-
que utilisant les cellules : la thrapie cellulaire.
Celle-ci a pris de lampleur depuis la mise au
point des cultures de cellules embryonnaires en
1998 (3) conduisant lapparition de la mde-
cine rgnratrice. Elle sest dveloppe non
seulement vers la thrapie cellulaire, mais aussi
vers la reconstruction de tissus (tissue enginee-
ring) en crant des supports matriciels pour orga-
niser et structurer le dveloppement des cellulessouches. Nous nvoquerons dans cet article que
la thrapie cellulaire qui nutilise que les cellules
sans support matriciel.
LESCELLULES SOUCHES
La cellule souche est dfinie comme une
cellule dormante (ne prolifrant pas de faon
active). Elle nest prsente quen petit nombre
dans les tissus. Les cellules souches ont la par-
ticularit de pouvoir faire une division asym-
trique : une des cellules filles reste cellule
souche et retourne ltat dormant. Cela permet
de maintenir le capital cellule souche. Lautre
commence prolifrer abondamment, formant
une ligne de cellules prognitrices. Celles-ci
vont se diffrencier vers une forme diffrencie
mature.
Lors du dveloppement embryonnaire, les cel-
lules du blastocyte gardent la capacit de repro-
duire lindividu tout entier : on parle de cellules
souches totipotentes. Lors de la croissance
embryonnaire de lorganisme, ces cellules toti-
potentes vont se disperser dans les diffrentstissus et organes. Elles acquirent des capacits
prfrentielles de diffrenciation selon le type
dorigine embryonnaire (endoderme, mso-
derme, ectoderme) : elles sont alors appeles
cellules souches pluripotentes.
Aprs la naissance, ces cellules souches ont ten-
dance se spcialiser dans la production de cellu-
les matures spcifiques de certains tissus commela peau, la muqueuse intestinale, le foie, lendo-
thlium vasculaire, le tissu nerveux, les cellules
hmatopotiques, les tissus conjonctifs : elles sont
appeles cellules souches adultes. Cette spciali-
sation resterait prfrentielle puisque, dans cer-
taines conditions, elles pourraient retrouver des
qualits pluripotentes. (4). Le milieu ambiant
extracellulaire (cytokine, facteur de croissance,
etc.) semble jouer un rle dterminant tant dans
le comportement de diffrenciation que lven-
tuel retour des capacits multipotentes.
Les cellules souches capables de produire delos ont reu diffrentes appellations : mcano-
cytes, cellules stromales mdullaires, cellules
souches du tissu conjonctif et cellules souches
msenchymateuses (MSC). Nous reprendrons
cette dernire appellation comme la plupart des
auteurs.
A linverse des cellules souches hmatopoti-
ques CD34 positives, elles ne sont malheureuse-
ment pas porteuses dun marquage membranaire
spcifique qui permettrait de les reconnatre
facilement. La seule technique utilisable actuel-
lement pour les identifier est leur mise en cultureet le comptage du nombre de colonies cellulaires
obtenues : les FCFU (Fibroblasts Colony For-
ming Units).
Les MSC sont prsentes dans diffrents tissus :
prioste, os trabculaire, canaux haversiens de los
cortical et de la moelle osseuse, mais aussi dans
dautres tissus comme la synoviale, le tissu adi-
peux et le muscle.
Des travaux suggrent mme que des MSC
existeraient prs des membranes basales des
petits vaisseaux dans tous les tissus vasculariss
(5).
LESCELLULES MSENCHYMATEUSES
Dans la moelle osseuse sont prsentes les cel-
lules souches hmatopotiques qui peuvent se
diffrencier en leucocytes, lymphocytes T et B,
mgacaryocytes et en ostoclastes.
La moelle osseuse contient aussi les MSC.
Elles montrent une capacit de diffrenciation
dans diffrentes lignes cellulaires et peuvent
se dvelopper en diverses cellules, incluant les
adipocytes, les ostoblastes, les chondrocytes,les myocytes, les tnocytes, les cellules nerveu-
ses (6) et contribuer la rgnration de tissus
msenchymateux tels que los, le cartilage, le
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muscle, le ligament, le tendon et le tissu adi-
peux.
Dans los, le remodelage continu exige la for-
mation de beaucoup de nouveaux ostoblastes.
Les ostoblastes leur tour sont continuelle-ment drivs dun nombre beaucoup plus petit
de prostoblastes et de cellules prognitrices
en amont. Le nombre de cellules souches vri-
tables ncessaires pour supporter ce processus
peut tre trs petit (7). Lactivation des cellules
souches et la prolifration des cellules gnitri-
ces pour former de nouveaux ostoblastes sont
trs acclres suite un trauma, une fracture,
de linflammation, de la ncrose et des tumeurs
(8).
TRAITEMENT PARMOELLE OSSEUSEAUTOLOGUE
Une des premires mthodes de thrapie
cellulaire a t linjection locale ou gnrale
de moelle osseuse autologue. Les cellules de
la moelle osseuse contribuent la rparation
osseuse aprs la transplantation systmique ou
locale chez lhomme. Rcemment, beaucoup
dcrits ont dmontr le potentiel des MSC dans
lamlioration de la cicatrisation osseuse. Les
aspirations de moelle osseuse et de los trabcu-
laire ont toutes deux t identifies comme dessources de MSC. La quantit de MSC prsente
dans laspiration de moelle est trs faible : de
1/20.000 1/500.000 cellules mononucles
(9).
Au laboratoire, la MSC de la moelle osseuse
peut tre isole et expanse par des protocoles
relativement simples de culture de cellules adh-
rentes.
Lutilisation de moelle osseuse concentre,
cest--dire enrichie en cellules souches, est
prfrable une moelle osseuse non concen-
tre. Ltude de Muschler et coll. en est unebelle dmonstration (10). Dans un modle ani-
mal darthrodse vertbrale utilisant de la pou-
dre dos cortical, la comparaison de la poudre
simple, avec la mme poudre imprgne de
moelle ou de moelle concentre dmontre que
la concentration augmente nettement la perfor-
mance de lostogense.
Nous avons voulu tester ce type de traitement
utilisant une injection de moelle concentre dans
lostoncrose.
Lostoncrose aseptique (ON) est une affec-tion osseuse qui se caractrise par des infarctus
osseux. Les lsions qui touchent les piphyses
(surtout la tte fmorale) peuvent se fracturer et
entraner une souffrance articulaire majeure, au
point de ncessiter une prothse totale.
Jusqu prsent, les tudes sur la physio-
pathologie de lON ont port sur les mcanis-
mes vasculaires pouvant dclencher la ncrose :hypothses vasculaires, avec interruption du flux
artriel, capillaire ou mme des sinusodes intra-
osseux et hypothse embolique. Ds lors, les
dmarches thrapeutiques partaient de lhypo-
thse que lenjeu est le rtablissement dune
vascularisation optimale. Pourtant, lischmie
ne semble pas pouvoir elle seule expliquer la
survenue de lON fracturaire. Il y a tout dabord
ltude de Johnson et Crothers en 1976 (11) qui
compare le devenir de ttes fmorales totalement
dvascularises chez les chiens. Une moiti de
ces ttes est mise dans des conditions de revas-
cularisation optimale, lautre au contraire est
maintenue isole de toute possibilit de revascu-
larisation. Aprs deux ans et demi, 50% des ttes
fmorales revascularises se sont effondres au
contraire des ttes fmorales ncrotiques non
revascularises. Le rle paradoxalement dl-
tre de la revascularisation est galement attest
par la signification pronostique du type de signal
IRM du squestre (12). Le squestre de signal
T1 normal est en effet compos de tissus osto-
mdullaires momifis (13). Il change de signal
lorsquune revascularisation pntre dans le
squestre et vient nettoyer la zone de ncrose(13). Mais, au contraire des lsions fracturaires
normales o la raction ostoblastique explose
pour former un cal osseux trs rapidement, dans
lON, la raction ostoblastique est minable,
peu active et lente (13). Bref, lON comporte
une rponse ostoblastique inadquate qui pour-
rait elle seule expliquer la survenue de la frac-
ture. Celle-ci est de faon trs caractristique une
dissection partant de la priphrie, la jonction
de la zone de revascularisation et du squestre
pour se propager au sein du squestre en voie de
revascularisation.Lvaluation de la rponse ostoblastique
dans lON a fait lobjet de publications. Herni-
gou et al. ont rapport que los de la rgion inter-
trochantrienne de fmur atteint dON sur corti-
cothrapie possdait un nombre diminu de cel-
lules msenchymateuses et dostoblastes (14).
Notre quipe a compar des ostoblastes pr-
levs, dune part, chez des ON et, dautre part,
chez des arthrosiques lors de la mise en place
dune prothse totale de hanche (15). Les perfor-
mances mtaboliques en termes, de production
de phosphatases alcalines basales et aprs sti-mulation par vitamine 1,15 (OH) 2 D3 et en ter-
mes de production de collagne sont normales.
Par contre, la rapidit de reproduction (mesure
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par le temps de doublement de la population) est
nettement rduite dans lON. Si ces recherches
doivent tre poursuivies, il nen reste pas moins
que les donnes acquises confirment que losto-
blaste joue un rle dterminant dans lON.
Cest ce qui a conduit formuler lhypothse
quune voie de traitement de lON pouvait tre
lenrichissement de la zone de ncrose par des
cellules souches msenchymateuses en ayant
recours linjection in locode moelle autologue.
La premire quipe faire tat des possibilits
de traiter lON par greffe de moelle autologue
fut celle dHernigou qui publie, en 1997, les
rsultats dun cas de drpanocytose avec ON
de la tte humrale (16). Cette quipe a pour-
suivi ce programme et en a prsent les rsultats
rcemment (17).
Ds 1998, nous avons mis sur pied un pro-
tocole de traitement de lON par moelle auto-
logue.
Notre premire tude a port sur des ttes
fmorales ayant une ON non fracturaire (sta-
des 1 et 2), a comport une srie contrle et une
valuation en aveugle (18). Un prlvement de
400 ml de moelle est ralis au niveau des os
iliaques. Cette moelle est directement traite
en milieu strile lunit de thrapie cellulaire.
Aprs filtration, un sparateur de cellules Cobe
permet de concentrer les cellules monocytairesdans un volume final denviron 50 ml. Le forage
se fait selon notre technique (19) en utilisant un
trocart spcial de 3 mm de diamtre interne. Les
hanches contrles ont bnfici de ce forage
seul. Linjection de moelle se fait aprs mise en
place du trocart dans le squestre sous contrle
radioscopique. En moyenne lchantillon rin-
ject comprenait 2.109 leucocytes dont 1 % de
CD34+ (cellules souches hmatopotiques) et
92.107FCFU. A deux ans, 10 hanches greffes
ont t compares 8 hanches contrles. Les
deux groupes prsentaient des caractristiquesidentiques : ge, sexe, tiologies (surtout cor-
ticodes), svrit de la douleur et du handicap
fonctionnel, caractristiques IRM (y compris %
de surface portante atteinte et volume du sques-
tre). Les rsultats 2 ans dvolution dmontrent
une nette diffrence en faveur du groupe trait
en ce qui concerne la douleur (EVA : p=0.021),
la fonction (Lequesne : p=0.00l; WOMAC :
p=0,013), la progression vers un stade fracturaire
(p=0,043) et la survie de la hanche (0 versus2
PTH). De plus le volume du squestre, mesur
sur IRM, diminue de 30% pour une lgre aug-
mentation dans le groupe contrle (p=0,00l).
Mme si ces donnes sont prliminaires, elles
justifient que de telles tudes soient poursuivies
avec pour objectif de permettre, par une recolo-
nisation ostoblastique, une cicatrisation rapide
du squestre, cest--dire dans un temps quiva-
lent une consolidation normale de fracture.
TRAITEMENT PARGREFFE DEPROSTOBLASTES
Les cellules primitives passent par plusieurs
stades, celui de cellules multipotentes, puis dos-
toprogniteurs, puis de prostoblastes avant
de devenir des ostoblastes, puis des ostocytes.
Le stade de prostoblaste est caractris par
des cellules capables de produire, entre autres,
de la phosphatase alcaline et de la bone sialo
protine. Elles peuvent aussi tre caractrises
par la prsence du rcepteur de surface CD105
et labsence des rcepteurs de surface CD 34 et
CD 45.
La MSC cultive et expanse en laboratoire
peut tre guide vers diffrentes voies de diff-
renciation, en utilisant certaines conditions de
culture, spcifiques pour chaque voie de diff-
renciation.
La production totalement humanise de pros-
toblastes autologues partir de MSC mdullai-
res du patient a pu tre mise au point dans notre
laboratoire.
Les prostoblastes injects dans la zone dos reconstruire vont simplanter et, en prolifrant,
se transformer en ostoblastes actifs.
Une des applications envisages est le traite-
ment de la pseudarthrose. On appelle pseudarth-
rose une fracture qui, aprs 6 mois, ne consolide
pas.
Cette absence de cicatrisation osseuse pour-
rait survenir dans 5 10 % des fractures. Ces
pseudarthroses peuvent tre hypertrophiques ou
atrophiques (20). La pseudarthrose hypertrophi-
que correspond une prolifration osseuse, sou-
vent exubrante, mais inefficace parce quelle
narrive pas former un cal osseux complet. La
cause de ce type de pseudarthrose est essentiel-
lement mcanique : instabilit excessive de la
fracture (21).
Dans la pseudarthrose atrophique, le foyer de
fracture est occup par du tissu fibreux qui ne
sossifie pas. Elle est provoque par une insuffi-
sance de vascularisation ou dostogense (21).
Les facteurs tiologiques sont multiples, fixation
trop ou trop peu rigide, ncrose vasculaire par
infection ou choc haute nergie, lge avanc,le tabagisme, le dficit alimentaire en calcium,
vitamine D, les maladies systmiques et la cor-
ticothrapie.
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Les anti-inflammatoires (indomtacine et
autres) ont t galement reconnus comme fac-
teurs de risque de pseudarthrose (22, 23, 24),
probablement par leur effet dinhibition de la
cyclo-oxygnase et de la production des pros-
taglandines ostoinductrices. Rcemment, le
rofecoxib et le celecoxib, inhibiteur slectif de
la cyclo-oxygnase type 2 (COX2 slectif) ont
aussi dmontr un effet inhibiteur de la rpara-
tion osseuse, probablement par linhibition de
langiogense (25, 26).
Nous avons entrepris une tude pilote incluant
10 patients ayant une pseudarthrose atrophique.
Un prlvement de 40 ml de moelle osseuse est
ralis sous anesthsie locale au niveau de la
crte iliaque postrieure. Les cellules sont mises
en culture pendant 3 semaines. Les cellules obte-
nues sont rcoltes et mises dans un volume de 2
5 ml. Nous utilisons notre technique percuta-
ne pour mettre le trocart spcial (3 mm diam-
tre) dans la zone de pseudarthrose sous contrle
radioscopique (19). Le tissu fibreux est perfor
et retir en partie puis les cellules sont injec-
tes. Une dcharge stricte du membre trait est
demande jusqu apparition du cal osseux. Les
premiers rsultats sont trs encourageants. Dans
les 7 premiers cas (1 clavicule, 2 humrus, 1 poi-
gnet, 1 fmur, 1 tibia et 1 pron), une consolida-
tion partielle apparat aprs en moyenne 3 mois
(2-4 mois) et la consolidation totale est obtenue
aprs en moyenne 4,8 mois (3-8 mois). Aucune
complication na t observe.
THRAPIE GNIQUE
Cette stratgie thrapeutique consiste rcol-
ter et manipuler le matriel gntique des cellules
autologues pour leur faire produire des proti-
nes ostoinductrices. Les processus techniques
comportent la transfection du nouveau gne par
des vecteurs viraux ou non viraux. Lostoge-
nse imparfaite a t la premire application dece type dapproche thrapeutique (27, 28). Cette
affection gntique est due une mutation dans
le gne responsable de la production du colla-
gne de type 1. Ce dficit entrane une fragilit
osseuse svre. La technique a comport une
destruction des cellules msenchymateuses du
patient par irradiation de tout le corps puis leur
remplacement par des cellules msenchymateu-
ses gntiquement saines. Une premire approche
thrapeutique a comport une injection intravei-
neuse de cellules mdullaires allogniques de
sujets sains (27). Une autre approche a utilisdes cellules autologues transgniques (28). Dans
le cas des cellules autologues transgniques, il
sagit de cellules mdullaires prleves aupara-
vant chez le patient, puis cultives pour en aug-
menter le nombre et pour tre transfectes par un
rtrovirus porteur du gne collagne 1 sain. Les
rsultats prliminaires sont encourageants.
Dautre part, sest dveloppe une recherchede thrapie gnique ayant pour objectif lenri-
chissement local ou gnral en lun ou lautre
facteur de croissance ostoinducteur. Cest ainsi
que des publications dexpriences animales
concernent la BMP2. Ce facteur de croissance
fait partie dune famille qui compte actuellement
17 formes. Les plus tudis sont la BMP2 et la
BMP7. Des productions des 2 formes par gnie
gntique sont commercialises sous le terme
de BMP humaine recombinante (rh-BMP). Ces
produits sont dposs localement dans le site
traiter adsorb sur un support pouvant tre colo-
nis par les cellules mdullaires. Des cellules
mdullaires ont t, chez lanimal, gntique-
ment modifies pour produire en grande quantit
de la BMP2. La comparaison entre linjection de
rh-BMP2 et ces cellules mdullaires transfectes
dmontre une efficacit quivalente pour com-
bler un trou osseux dans un fmur de rat nude
(29).
Lutilisation de cellules endothliales trans-
fectes pour la production dun facteur de crois-
sance des vaisseaux, le VEGF sest galementrvle efficace dans des modles dostoncrose
chez le lapin pour produire une revascularisation
dun os ncrotique ou mme pour reconstruire
de los nouveau (30).
Mais, lintrt majeur de cette voie thrapeu-
tique serait de produire long terme des lignes
de cellules radaptes qui survivraient au sein
de lorganisme trait et qui auraient ainsi une
action long terme. Cette hypothse doit encore
tre dmontre.
CONCLUSION
La mdecine, en apprhendant mieux les
processus de croissance cellulaire, a entam un
nouveau chapitre, celui de la reconstruction tis-
sulaire.
Le tissu osseux est, lui aussi, concern par
cette dmarche thrapeutique originale.
La thrapeutique cellulaire osseuse peut
emprunter des voies diffrentes : la moelle
osseuse, les prostoblastes et les cellules mdul-
laires gntiquement modifies. Les premires
applications humaines donnent des rsultats pr-
liminaires encourageants.
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Les demandes de tirs part sont adresser auPr. J.P. Hauzeur, Service de Rhumatologie, CHU SartTilman 4000 Lige, Belgique.Email : [email protected]