En 1960 Lors de la proclamation

de lindpendance de leur pays,

les Maliens ont exig le dpart

des troupes franaises .En 2013,

ils les sollicitent avec des cris de

joie et arborent des drapeaux

franais. Pourquoi ?

Regards sur

lhistoire

du Mali Le retour des rezzous

Christian Roche

Le Mali

Avec ses 1 241238 kilomtres carrs, le Mali est enclav lintrieur de lAfrique occidentale. Il est travers par deux grands fleuves: le Sngal et le Niger.

Les deux tiers nord du pays entirement dsertiques appartiennent au Sahara mridional. Le centre, aux pluies tropicales relativement insuffisantes, domaine de la steppe cde progressivement devant la savane au sud. Les nombreux bras du Niger y favorise une vaste tendue constitue de marcages, La rgion soudanaise avec des prcipitations de 1400 mm par an, couverte par la savane, devient de plus en plus dense vers le sud et se transforme progressivement en fort claire.

Le Mali actuel est une cration coloniale qui portait avant lindpendance le nom de Soudan occidental pour ne pas le confondre avec le Soudan anglo gyptien. Il fait partie du Sahel, cest--dire de la rgion au contact entre les peuples noirs et les Berbres du Sahara. Ainsi depuis des sicles,, les peuples dits Mlano- africains comme par exemple les Mandingues, les Bambaras, les Peuls du Mali situs au sud cohabitent avec les nomades berbres du Sahara, les Touaregs, avec lesquels ils se sont souvent confronts.

Les Touaregs (Un targui) sont souvent appels par les Europens, les hommes bleus , daprs la couleur de leur chche. Teinte avec de lindigo, elle dcolore sur la peau avec le temps. Rpartis et diviss en plusieurs confdrations et tribus, un million et demi de Touaregs vivent sur cinq pays. lintrieur de ce territoire, les Kel Tamasheq se sont longtemps jou des limites des tats. Lorigine exacte des Touareg est berbre, ils sont vraisemblablement des descendants des tribus des premiers habitants de l'Afrique du Nord. Leur culture berbre est confirme par l'usage du mme alphabet, du tifinagh, et de la mme base linguistique le tamasheq. L'islam se propagea au XIe sicle partir du Maroc travers le Sahara, notamment sur sa bordure occidentale maritime favorable la vie nomade.). Leur population gnrale est difficile valuer et serait aux alentours de 1,5 million, dont 550 000 au Mali, 800 000 au Niger, 50 000 en Algrie et au Maroc, le reste au Burkina Faso et en Libye35.

Les origines du Mali

Lempire du Mali est mentionn au XIVe sicle dans l'atlas catalan d'Abraham Cresques offert au roi Charles V de France en 1375 par les Juifs de Majorque. L'empire du Mali s'tendait sur une grande partie de l'Afrique occidentale. La cl de vote du systme politique tait l'empereur ou mansa, un personnage tout puissant au pouvoir tempr par les coutumes ancestrales et les prescriptions de l'islam. Les sources proviennent d'historiens arabes, Al Omari (1304-1348), originaire de Damas, Ibn Battouta (1304-1377) originaire de Tanger, grand voyageur du Maghreb la Chine (Voyages dans le pays des Noirs) et des traditions orales transmises par les griots mandingues1 L'empire s'tendait du Haut-Niger la frontire actuelle du Mali et de la Guine-Konakry.

Au XIe sicle existait un petit royaume mandingue dirig par la famille Keita, vassale du Ghana2. Il devint un empire au XIIIe sicle sous le rgne de Soundiata Keita (1230-1255) contemporain du roi de France Louis IX ou Saint Louis. La lgende de ce souverain est chante depuis des sicles par les griots. Il est difficile de faire la part de l'histoire et du merveilleux. Infirme, Soundiata russit par un effort de volont exceptionnel surmonter son handicap. A la mort de son pre, il chassa du pouvoir son demi-frre et imposa l'autorit des Mandingues sur les peuples voisins.

.Au XIVe sicle sous le rgne de Kankou Moussa (1312-1337), dit le fastueux , lempire connut sa plus grande extension. Il noua des relations diplomatiques avec le Maroc et l'gypte. Ses successeurs se heurtrent des adversaires de plus en plus nombreux. Au nord les Touaregs pillrent Tombouctou, (dj), louest les Peuls, pasteurs nomades, animistes en qute de nouvelles terres s'attaqurent aux cultivateurs du Macina (Niger moyen, au nord-est de Bamako,) au sud de la boucle du Niger les Mossis se montrent trs agressifs. Enfin l'est le royaume sonrha de Gao parvint dtruire l'empire du Mali au milieu du XVe sicle.

1 Griot : conteur

2 Le Ghana actuel na rien voir avec le royaume du Ghana qui se trouvait au niveau de la Mauritanie actuelle

Le mansa du Mali tait polygame. Soit le pouvoir tait accord au fils an (tradition islamique), soit au membre le plus g du clan imprial (tradition animiste), soit usurp par un coup d'Etat. Il gouvernait l'empire avec l'aide d'un premier ministre gnralement d'origine modeste. Les dcisions importantes taient prises en Conseil qui runissait des anciens, le cadi, des prdicateurs, le chef des griots, des grands dignitaires civils et militaires.

L'empire du Mali possdait des richesses minires, sel de Teghazza, du cuivre, de l'or et du fer sur le Haut-Sngal et le Haut-Niger. Plusieurs produits servaient de monnaies : l'or, le cuivre, les cauris (coquillages). On employait aussi des mesures arabes comme les dinars. Le commerce tait monopolis par des caravanes mandingues qui parcouraient l'empire. Les grands centres du commerce taient Oualata hritire du Ghana (Mauritanie actuelle), Tombouctou, Gao qui contrlaient le commerce gyptien et libyen. Djenn servait de lieu de transit entre la capitale Mali et les pays forestiers. Mali est dcrite par Ibn Battouta, qui y sjourna trois mois en 1352, comme une cit riche. Il voque le quartier des commerants blancs, du palais imprial domin par un difice carr surmont d'une coupole. Tombouctou tait aussi une ville intellectuelle avec une universit entretenant des rapports avec le monde oriental3.

A fin du XVe sicle, l'empire du Mali cda la place l'empire sonrha qui s'tendait le long du Niger, au niveau de la boucle. Gao et Tombouctou en taient les villes principales. Un souverain sonrha, Askia Mohamed, entreprit son tour un plerinage important aux lieux saints de l'islam. Il en revint avec le titre de khalife du Soudan. En 1591, une arme envoye par le sultan du Maroc munie d'armes feu mit fin l'empire sonrha. Tous les peuples de cette rgion ne s'taient pas convertis l'islam. Les Mossis du Burkina et les Bambaras du Mali, sur le Niger moyen, rsistrent longtemps au proslytisme de leurs voisins.

3 Skn Mody Cissoko. Histoire de l'Afrique occidentale du VIIe au XVIe sicle. Paris, Prsence Africaine,

1966

Le Soudan colonial

Le Soudan franais tait le nom port par la colonie franaise entre 1891 et 1904 puis entre 1920 et 1946, intgre lAfrique occidentale franaise et rig sur le territoire de lactuel Mali. Ces territoires ont constitu la colonie du Haut-Sngal-Niger en 1904, avec dabord Kayes pour capitale sur le fleuve Sngal, puis Bamako occupe en 1883. Elle devint chef-lieu de cercle en 1895, puis capitale du Haut Sngal-Niger en 1899, enfin du Soudan franais en 1920 aprs le dtachement de la Haute-Volta (aujourd'hui Burkina Faso)

Avant la colonisation franaise le pays tait partag entre plusieurs royaumes africains : Les royaumes bambaras du Kaarta et de Sgou l'ouest, Lempire peul du Macina au centre, autour de la ville de Djenn, Lempire toucouleur d'Ahmadou Les pays Touaregs au nord,

La conqute du Soudan fut le fait de militaires, successeurs de Faidherbe qui partir du Sngal savancrent progressivement vers lest. Le premier obstacle fut la rsistance dAhmadou fils an du conqurant toucouleur El Hadj Omar qui commandait un empire qui stendait de Sgou et du Kaarta jusquau Macina.

En 1880, le chef descadron Gustave Borgnis-Desbordes commandant suprieur du Haut Fleuve Sngal fut dsign pour administrer les rgions conquises et Ahmadou signa le 10 mars 1881 avec Gallieni un trait qui accordait la France le droit de faire du commerce sur le Haut Niger. Le secrtaire dtat aux colonies ayant refus de lavaliser, Borgnis-Desbordes occupa Kita en 1881 malgr les protestations d'Ahmadou. Ne se sentant plus en scurit Sgou, le souverain toucouleur quitta la ville en 1884 et rejoignit Nioro proche de la Mauritanie.

Gallieni devenu commandant suprieur du Soudan entre 1886 et 1888 lui imposa un trait de protectorat en 1887. Son successeur, le colonel Archinard entreprit de dtruire son empire au mpris des traits. Ce fut alors la guerre. Poursuivant son avance sur les rives du Niger, Archinard russit prendre Sgou le 6 avril 1890. Amadou tenta alors des contre-offensives dsespres qui chourent faute de moyens militaires suffisants contre les tirs des canons franais. Acculs aux combats, contraints de reculer vers lest, Ahmadou et son alli sngalais Ali Bouri NDiaye ex roi du Djolof vacurent Nioro le 1e janvier 1891 pour se rfugier au Macina. Aprs les avoir dlogs successivement du Macina, de Djenn, de Mopti, Archinard occupa Bandiagara le 26 avril 1893 contraignant le fils dEl Hadj Omar solliciter lasile de lmir de Sokoto au Nigeria, le pays de sa mre qui lui confia la province de Zamfara o il mourut en 1898. Un autre combat denvergure opposa les Franais un autre grand chef africain, Samori Tour

Gnral Archinard (1850-1932) Samori Tour (1837-1898)

Dans ses dbuts loccupation de lAfrique occidentale confie aux militaires ne bnficiaient pas dun contrle strict des services du Ministre qui taient placs le plus souvent devant le fait accompli. Aussi en dcembre 1893, Paris envoya Bamako un civil, le gouverneur Grodet (1893-1895) qui tait partisan de mthodes plus pacifiques pour succder Louis Archinard qui avait fix comme principal objectif de la campagne de 1894 la conqute de Tombouctou.

Ds son arrive le nouveau gouverneur rencontra lopposition des officiers appels les Soudanais partisans de la manire forte. Craignant lordre de rappel de ses troupes, le lieutenant-colonel Bonnier organisa la hte des colonnes de secours pour aider le lieutenant de vaisseau Boiteux en difficult, pour stre autoris le 16 dcembre 1893 attaquer Tombouctou dfendu par les Touaregs Tengurguef redevenus les matres de la ville depuis 1865. Bonnier dirigea deux colonnes sur Tombouctou, lune par voie terrestre sous les ordres du commandant Joffre qui suivit la rive

gauche du Niger, lautre commande par lui-mme et qui empruntait le fleuve de Sgou jusqu Kabara avant-port de Tombouctou.

Il arriva trop tard pour secourir Boiteux tu le 28 dcembre mais pntra dans la ville le 10 janvier 18944. Pour repousser les Touaregs qui sapprtaient faire le sige, il mit au point une expdition qui partit le 12 janvier vers louest avec lessentiel de son tat-major. La troupe fut surprise par un groupe silencieux de 150 guerriers cheval et de 200 fantassins dans la nuit du 15 janvier vers 4 heures du matin o elle bivouaquait prs dun campement de bufs Tacoubao proche de Goudam. La rapidit de lattaque fut telle que toute rsistance fut impossible. En effet, neutralisant les sentinelles de garde, les Touaregs avaient ouvert le parc bufs et pouss les animaux sur le bivouac. Bonnier, son tat-major, 13 officiers et soldats europens, 65 combattants noirs furent tus5 . Leurs restes exhums Tombouctou deux ans plus tard furent achemins sur Marseille et incinrs en octobre. Leurs cendres sont conserves dans des urnes de la cit phocenne. Cette dfaite eut un retentissement considrable sur lopinion publique franaise et provoqua des remous au sein de larme.

Le commandant Joffre rtablit la situation en infligeant de lourdes pertes aux Touaregs le 24 janvier 1896 Niafounk. Plus de 130 hommes de troupes coloniales, des Africains en majorit perdirent la vie pendant les combats entre Tombouctou et le lac Faguibine contre les Tengureguef conduits par leur amenokal Mohammed Ag Awad et son successeur le jeune Sheboun ou Sobo .ag Fandangouma qui finit par rendre les armes. La mthode chre Archinard sachevait certes par un succs, mais au prix de pertes importantes et inattendues.

Les Franais poursuivirent la lutte contre les Ioullmmden, un autre groupe de Touaregs. Le lieutenant de vaisseau Hourst descendit le Niger entre dcembre 1895 et mai 1896 et conclut un compromis avec eux qui ne dura pas, puisque en 1898 les Franais reprirent les combats et occuprent Gao en octobre 1899. Lamenokal Fihroun Ag Elnsar (1902-1916) se soumit sous la contrainte le 23 janvier 1903 mais se souleva nouveau en 1915-1916. 4 Homonyme du lieutenant Boiteux tu au combat en janvier 2013

5 Bonnier G. L'occupation de Tombouctou, Paris, ditions du Monde moderne, 1926

Pour assurer la police du dsert, les Franais organisrent des rgiments de mharis montant cheval ou dos de dromadaire. Ils avaient pour mission de traquer et de dtruire les rezzous, cest--dire des groupes de guerriers qui pour des raisons diverses (contrebande, trafics desclaves noirs,) ; organisaient des razzias, des attaques, des incursions rapides dans le but de prendre du butin. Le terme provient du mot arabe azwa ( : raid ; invasion ; conqute). Ce fut une lutte de longue haleine, mais progressivement, les zones dsertiques furent peu prs scurises.

Aprs la seconde guerre mondiale, avec la disparition de lEmpire franais et lmergence de lUnion franaise en 1946, puis de la Communaut franco-africaine en 1958, une lite africaine fit son apprentissage politique sur les bancs du Parlement franais ; Cest ainsi que lhomme fort du Mali fut Modibo Keita.

Modibo Keita

Modibo Keita (1915-1977) tait d'origine mandingue, fils d'un modeste fonctionnaire. Aprs avoir frquent l'cole coranique, il suivit des tudes l'cole primaire suprieure de Bamako, devenue par la suite le lyce Terrasson de Fougres6, (appel Askia Mohamed aprs l'indpendance). Admis l'cole Normale William Ponty de Gore, il sortit major de sa promotion en 1936. Le jeune instituteur exera alors au Soudan, Bamako, Sikasso et Kabara. En 1943, il fonda avec son ami Jean Marie Kon7 la revue L'oeil de Kndougou dans laquelle il critiquait le pouvoir colonial. Fondateur avec Ouezzin Coulibaly du syndicat des enseignants de l'AOF8, il se porta candidat aux lections la premire Assemble constituante franaise en 1945, mais ce fut l'instituteur Fily Dabo Sissoko (1900-1964) qui l'emporta. Issu de la mme cole normale William Ponty, ce directeur d'cole passionn d'histoire et chef de canton avait particip aux activits du Front Populaire avant-guerre et un mouvement de rsistance local entre 1940 et 1945. Il resta dput du Soudan jusqu'en 1956.

Au mois de septembre 1946, six dputs africains de l'AOF signrent un manifeste qui fixait les objectifs d'un rassemblement convoqu Bamako afin d'amener les Africains se librer du colonialisme et pour adhrer une union librement consentie des pays d'Afrique et du peuple de 6 Terrasson de Fougre gouverneur par intrim du Soudan franais, puis gouverneur gnral fit construire en

1923 lcole professionnelle des Fils de Chefs, devenue aprs son dcs en 1931, lcole Terrasson de Fougres 7 Jean-Marie Kon, instituteur.

8 Ouezzin Coulibaly (1909-1958) dput de la Cte d'Ivoire de 1946 1951 et de 1956 1958, snateur de la

Cte d'Ivoire de 1953 1956

France avec tous leurs droits politiques, sociaux et culturels. Le congrs qui s'ouvrit le 19 octobre dans le rfectoire du lyce vota une rsolution gnrale qui invitait tous les lus se runir dans une union appuye sur un mouvement regroupant tous les partis locaux. Le mouvement prsid par Flix Houphout-Boigny de Cte d'Ivoire prit le nom de Rassemblement dmocratique africain (RDA) et s'engagea dans une alliance avec le parti communiste, dans la mesure o celui-ci reprsent au gouvernement, disposait l'Assemble nationale d'une force parlementaire puissante.

Modibo Keita ne fut lu dput qu' partir de 1956 et sigea comme secrtaire d'tat la France d'outre-mer dans le gouvernement de Maurice Bourgs-Maunoury (du 17 juin au 6 novembre 1957) et secrtaire d'tat la Prsidence du Conseil du gouvernement de Flix Gaillard (du 18 novembre 1957 au 14 mai 1958). Il participa l'laboration de la loi cadre prement discute et mise en place en 1957.

La priode 1958-1960 et l'phmre fdration du Mali

En 1958, concernant le projet de Communaut franco-africaine propos par le gnral de Gaulle l'Union Soudanaise RDA vota en faveur du "Oui". Le 24 novembre, le Soudan opta pour le statut d'tat autonome, membre de la Communaut, avec la possibilit de se fdrer avec d'autres tats membres.

Du 14 au 17 janvier 1959, des reprsentants du Dahomey, de la Haute Volta, du Sngal et du Soudan se runirent en une assemble constituante fdrale pour crer une fdration. En Haute Volta et au Dahomey la situation se compliqua quand influencs par Flix Houphout-Boigny, hostile au projet, les dirigeants y renoncrent, laissant les Sngalais et les Soudanais dans la fdration du Mali.

La premire Assemble fdrale se runit sous la prsidence de Lopold Sdar Senghor le 4 avril 1959 Dakar. Modibo Keita tait le chef du gouvernement fdral et le Sngalais Mamadou Dia, le vice-prsident. Trs vite, Modibo Keita posa la question de l'indpendance au sein de la Communaut. Le gnral de Gaulle au mois de dcembre 1959 en visite au Sngal informa l'Assemble fdrale que la France tait d'accord et des ngociations s'ouvrirent au mois de janvier 1960. Le 20 juin, l'indpendance de la fdration du Mali fut proclame Dakar et des accords de coopration franco-maliens furent signs le 27.

La jeune fdration du Mali ne tarda pas rencontrer des difficults car les fondements du contrat taient mal dfinis. Deux mois plus tard, la rupture tait consomme. Deux conceptions opposaient les Sngalais et les Soudanais sur la structure du nouvel tat. Pour les Soudanais disposant d'un immense territoire, l'tat devait tre unitaire partag entre deux provinces autonomes, le Soudan et le Sngal. De leur ct, les Sngalais soucieux de permettre d'autres Etats d'entrer dans la fdration ne perdaient pas espoir de voir la Haute Volta et le Dahomey revenir sur leur dcision. En outre, ils considraient que l'indpendance du Mali avait t accorde d'abord deux Etats fdrs qui par la suite avaient transfr des comptences communes au gouvernement fdral.

Le vendredi 19 aot 21 heures, au sige du gouvernement fdral Dakar, Modibo Keita prsida un conseil des ministres restreint aux seuls ministres soudanais du gouvernement fdral et au Sngalais Boubacar Guye, ministre de la Justice. Le Conseil fit le constat que l'existence du Mali tait en pril, car certains dirigeants de la fdration mettaient en cause l'intgrit du territoire national en crant un tat de tension l'approche de l'lection prsidentielle. En consquence, l'tat d'urgence fut proclam sur l'ensemble du territoire fdral et le Sngalais Mamadou Dia, vice-prsident du gouvernement et ministre de la dfense fut rvoqu. Des cordons de troupes d'origine soudanaise furent alors placs devant les principaux tablissements administratifs.

Mamadou Dia chef du gouvernement sngalais lut alors une dclaration qui affirmait que le Sngal allait se dresser pour dfendre son honneur. Senghor prsident de l'Assemble fdrale en fit autant. A 2 heures du matin, l'Assemble lgislative du Sngal vota une loi prsente par Mamadou

Dia qui proclama l'indpendance du Sngal, son retrait de la fdration du Mali et l'tat d'urgence sur le territoire sngalais. Modibo Keita isol dans les locaux du gouvernement fdral fut accompagn deux jours plus tard avec les ministres soudanais la gare pour rentrer Bamako par le train. Arriv en pleine nuit dans la capitale du Soudan, il reut un accueil enthousiaste de la part de ses compatriotes et s'adressant la foule, il l'assura de sa dtermination de maintenir la fdration du Mali, la scession du Sngal tant juge anticonstitutionnelle.

Pour Modibo la crise tait l'aboutissement logique d'un divorce politique avec quelques dirigeants sngalais plus franais que les Franais .

Le Mali indpendant

Le gnral de Gaulle prit acte de la rupture et invita les deux chefs de gouvernement Paris pour tenter de trouver une solution l'amiable. Mamadou Dia accepta, mais affirma que la page tait dfinitivement tourne. Modibo Keita dclina l'invitation, accusant le prsident de la Communaut d'avoir contribu la dsagrgation de la fdration du Mali. Le Soudan prit le nom de Rpublique du Mali. Modibo Keita en fut la fois le chef d'tat et de gouvernement. Le gouvernement malien rcusa le parrainage de la France pour son admission l'ONU et son dlgu Mamadou Aw ancien ministre fdral, stupfia l'Assemble gnrale par sa violente diatribe contre la France.

L'exprience socialiste de Modibo Keita, (1960-1968)

Sur le plan intrieur, il engagea son pays dans la voie d'une planification socialiste fonde sur les ralits africaines lors du congrs extraordinaire de l'Union Soudanaise RDA du 22 septembre 1960. En juillet 1961, son objectif tait clair: "Nous ne suivrons pas la voie de dveloppement d'une conomie coloniale, nous aurons une conomie socialiste planifie qui bouleversera forcment certaines structures conomiques. L'conomie fut donc planifie. Plusieurs socits et offices naquirent, englobant tous les domaines de lactivit nationale comme par exemple, la Banque Populaire du Mali pour le Dveloppement (BPMD), la Socit Malienne dImportation et dExportation (SOMIEX), la Rgie des Transports du Mali (RTM.), la Socit Nationale dEntreprise et des Travaux Publics (SONETRA), la Librairie Populaire, lOffice Malien des Changes, lOffice des Crales. Le 20 janvier 1961, pour parfaire lindpendance nationale, Modibo exigea lvacuation de toutes les bases militaires franaises implantes dans le pays.

Le franc malien fut cr en 1962 provoquant la colre des commerants. L'un d'entre eux Kassoum Tour fut arrt dans la nuit du 19 au 20 juillet et de petits groupes de commerants se formrent devant le commissariat de Bamako pour exiger sa libration. Le 20 juillet, la manifestation des commerants devant l'ambassade de France aux cris de Vive la France , Vive De Gaulle fut svrement rprime et se solda par 252 arrestations. Face cette opposition, le 6e congrs du Parti raffirma le 10 septembre 1962 l'orientation socialiste du rgime. "Nous avons engag un vritable pari de passer du stade colonial au stade socialiste sans passer par le stade capitaliste. Notre choix en faveur de l'volution vers le socialisme n'est pas un choix de circonstances." Cependant cette mutation difficile et surtout le renversement de Kwam N'Krumah prsident du Ghana en 1966, panafricain comme Modibo, inquita, et un Comit national de dfense de la Rvolution fut institu. Sous la pression des difficults conomiques et de la faible valeur du franc malien, le Mali tout en conservant sa monnaie dvalue de 50% consentit en 1967 rintgrer l'Union montaire ouest africaine.

Le Comit national de dfense de la Rvolution lutta contre les ennemis de l'intrieur avec le concours de ses milices. Le 19 novembre 1968, Modibo Keita qui refusait de mettre un terme

l'exprience socialiste fut renvers par un coup d'tat militaire dirig par le lieutenant Moussa Traor. Tous les principaux officiers du pays et toutes les garnisons se rallirent aux putschistes et Radio-Mali diffusa le message de la junte : "Maliens Maliennes. L'heure de la libert a sonn : le rgime dictatorial de Modibo Keta et de ses valets a chut. Le Comit militaire de libration assume dsormais tous les pouvoirs politiques et administratifs et promet des institutions dmocratiques qui seront issues d'lections libres. Modibo Keita fut incarcr Kidal dans le nord est du pays.

Le 8 mai 1977, une manifestation favorable son gard eut lieu Bamako. Il semble que le rgime en ait pris ombrage, malgr l'isolement svre du prisonnier dans une rgion aux conditions climatiques trs prouvantes. Le 16 mai, Modibo Keita fut pris d'un malaise en mangeant la bouillie de mil prpare par sa nice, mais porte par ses geliers. Un mdecin lui fit une piqre, et il mourut quelques instants plus tard. Les autorits imputrent son dcs un dme pulmonaire mais la rumeur d'un empoisonnement se rpandit dans l'opinion publique.

La dictature de Moussa Traor (1968-1991)

Ayant poursuivi des tudes l'cole prparatoire des officiers d'outre-mer Frjus, Moussa Traor tait rentr au Mali en 1960 au moment de l'indpendance. Devenu prsident du Comit militaire de libration nationale aprs le coup d'tat du 19 novembre 1968, il renona aux promesses dmocratiques et instaura un rgime dictatorial, traquant les partisans de l'ancien prsident. Les premires mesures en matire conomique prises par son gouvernement comme le dmantlement des champs collectifs et la suppression du monopole de lOPAM (Office des produits agricoles du Mali) donnrent satisfaction aux commerants ravis de l'abandon de l'exprience socialiste. Mais le dtournement de l'aide internationale en faveur des victimes de la scheresse dans la rgion de Gao et de Tombouctou discrdita le rgime qui se sentant menac, accentua la rpression.

Moussa Traor

L'anne 1990 marqua un tournant dans le comportement du rgime. Le discours de Franois Mitterrand au sommet franco-africain de La Baule, conditionnant la continuit de laide franaise au dveloppement davances dmocratiques amena le prsident se rallier au multipartisme et tolrer

des mouvements d'opposition. Il y tait d'autant plus contraint, que les difficults conomiques provoques par les chocs ptroliers aggravaient les risques d'explosion sociale.

Le 23 mars 1991 une vingtaine de manifestants furent tus au cours daffrontements qui durrent quatre jours et qui opposrent violemment Bamako les tudiants aux forces de lordre. Cette nouvelle rpression provoqua un coup d'tat militaire dirig par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Tour qui renversa Moussa Traor.

Un Comit de transition pour le salut du peuple prit le pouvoir. Jug et condamn mort pour crimes politiques et conomiques, le prsident dchu aprs un pouvoir de vingt-deux ans subit le sort de son prdcesseur, mais plus chanceux que lui, il vit sa peine commue en dtention perptuit et obtint en 2002 la grce du prsident Alpha Oumar Konar.

Alpha Oumar Konar (1992-2002)

N en 1946, Alpha Oumar Konar tait un enseignant qui avait fait des tudes dhistoire l'cole normale suprieure de Bamako entre 1965 et 1969. Militant de l'Union soudanaise- RDA de Modibo Keita, il se fit discret l'arrive au pouvoir de Moussa Traor. En 1978, il accepta de devenir son ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture jusqu'en 1980 o il exera la fonction de chercheur l'Institut suprieur de formation en recherche applique et de professeur d'histoire gographie l'cole Normale. Dix ans plus tard, profitant du multipartisme, il prsida le parti politique, l'Alliance pour la dmocratie et participa la Confrence nationale du Mali aprs le renversement de Moussa Traor.

Alpha Oumar Konar

Profitant de la transition dmocratique organise par Amadou Toumani Tour, il se fit lire en avril 1992 prsident de la Rpublique avec 69, 01% des suffrages et s'effora d'tablir la dmocratie au Mali encore qu'en 1997, sa rlection avec un taux surprenant de plus de 90% fut conteste par l'opposition. Les difficults conomiques et la corruption des cadres ne disparurent pour autant. En 2002, respectant la constitution malienne qui limitait deux les mandats prsidentiels, Alpha Oumar Konar se retira, favorisant selon certains, au dtriment de son parti, l'lection du gnral Amadou Toumani Tour qui avait si bien russi la transition dmocratique.

Amadou Toumani Tour (2002-2012)

Amadou Toumani Tour Avec son lection, les Maliens retrouvrent un militaire pour prsider aux destines de leur

pays. N en 1948, le quatrime prsident du Mali avait t instituteur avant d'entrer dans l'arme comme parachutiste. Ayant particip au coup d'tat contre Moussa Traor, son rle la prsidence du Comit de transition pour le Salut du peuple qui permit l'lection rgulire en 1992 d'Alpha Oumar Konar lui valut le surnom de "soldat de la dmocratie". Ayant obtenu une mise la retraite anticipe, il participa aux lections prsidentielles de 2002 et fut lu avec 64, 35% des voix au second tour face un ancien ministre, Soumala Ciss ingnieur informaticien de profession. Soutenu par de nombreux partis politiques Amadou Tomani Tour fut rlu en avril 2007 avec 71,20% des voix mais l'opposition runie au sein du Front pour la dmocratie et la Rpublique l'accusa d'avoir fraud.

Dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, un peu plus de deux mois avant la fin de son mandat, il fut renvers par un coup d'tat. Les mutins du Comit national pour le redressement de la dmocratie et la restauration de ltat, dirig par le capitaine Amadou Sanogo, dnonaient la gestion du conflit au nord Mali entre l'arme et la rbellion touareg6. Ce coup d'tat intervint dans un contexte o la prochaine lection prsidentielle, laquelle le prsident Tour ne se prsentait pas, tait prvue pour le 29 avril 2012, lection couple avec un rfrendum constitutionnel. Le 8 avril 2012, Amadou Toumani Tour annona officiellement qu'il dmissionnait de ses fonctions prsidentielles.

Amadou Haya Sanogo n Sgou en 1972, dans une famille de sept enfants.reut une formation militaire approfondie aux tats-Unis entre 2004 et 2010. Il fut contraint par les pressions internationales rtablir les institutions dmocratiques qui prvoyaient que l'intrim de la prsidence de la Rpublique fut assur par le prsident de l'Assemble nationale. Il remit le pouvoir aux civils, le 12 avril 2012. Pendant ce temps les rebelles touaregs du MNLA avaient conquis militairement l'entire moiti nord du Mali et dclar l'indpendance de l'Azawad.

Capitaine Sanogo Les rbellions des Touaregs

La rvolte de Kaocen (1916-1917), au Niger. partir de 1958, le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA), revendiqua la constitution d'un

tat touareg35. La rbellion touargue de 1962-1963 au Mali, gnralement appel premire rbellion

touareg , fut trs durement rprime par l'arme malienne. Frapps galement par la scheresse des annes 1970, les Touaregs se rfugirent en Algrie et en Libye o dans les camps les jeunes taient entrans et enrls par l'arme . En 1988, le Mouvement populaire de libration de l'Azawad (MPLA) fut cr35.

La rbellion touargue de 1990-1995 au Mali et au Niger dbuta en 1990, deux ans aprs la cration du Mouvement populaire de libration de l'Azawad. Au Mali, une premire priode de conflit (octobre-dcembre 1990) aboutit la signature des Accords de Tamanrasset en 1991 et du Pacte national en 199236, mais qui ne marqua pas la fin dfinitive des hostilits. Des conflits rapparurent en 1994-1995 et la paix fut finalement scelle le 27 mars 1996 Tombouctou lors de la crmonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brlrent 3 000 armes utilises durant la rbellion.

Le soulvement touareg du 23 mai 2006 au Mali, aboutit aux accords d'Alger (signs le 4 juillet 2006)35.

La rbellion touargue de 2007-2009, au Niger et au Mali. La rbellion de 2012 et ses consquences Le Mouvement national de libration de l'Azawad (MNLA) est un groupe politique et militaire

indpendantiste cr le 16 octobre 2011 par la fusion du Mouvement national de l'Azawad (MNA), constitu de jeunes intellectuels et de militants politiques, avec les gurilleros de l'ex-Alliance Touareg Niger-Mali(ATNM). Son objectif est de se librer du colonialisme malien . Il affirme que les populations du nord et du sud du Mali sont trop diffrentes pour composer un tat ensemble. Cest donc la reprise du combat sculaire entre Arabo-berbres et Mlano sahariens que la France coloniale avait radiqu.

Le plus important des mouvements islamistes est reprsent par celui dAnsar Dine alli dAl Qada au Maghreb islamique (Aqmi) qui appelle lapplication de la charia rejete par le MNLA. Courant janvier 2013, une scission intervint au sein d'Ansar Dine, avec la cration du Mouvement islamiste de lAzawad.

Deux autres mouvements intgristes sont prsents dans le nord du Mali. Le Mouvement pour l'Unicit et le Jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un groupe dissident Aqmi.

Le mouvement Boko Haram islamique au nord du Nigeria anglophone trs hostile au christianisme est galement prsent Gao avec une centaine de combattants.

Ds la fin des combats de la guerre civile en Libye, des milliers de Touaregs sont rentrs au Mali et au Niger puissamment arms. Les services secrets algriens annoncrent une srie de razzias aboutissant des kidnappings doccidentaux. Le conflit de 2012 opposa dans le nord du Mali, l'arme rgulire de ce pays aux rebelles touaregs du Mouvement national pour la libration de l'Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste d Ansar Dine, allis d'autres mouvements islamistes. Il fut dclench le 17 janvier 2012 par l'attaque de camps militaires maliens dans le nord du pays par des combattants du MNLA.

Le MNLA revendiquait l'autodtermination et l'indpendance de l'Azawad qui correspond aux trois rgions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao. Le 5 avril 2012, avec la prise de Douentza, les rebelles touaregs annoncrent la fin de leur offensive, et dclarrent le jour suivant, l'indpendance de l'Azawad.

la fin des hostilits avec l'arme malienne dbut avril, le MNLA et les islamistes tentrent d'accorder leurs diffrences d'opinions pour la mise en marche du nouvel tat. Mais le 27 juin, les islamistes entrrent en conflit avec le MNLA pour le contrle de Gao. Au terme des combats, ils russirent prendre le contrle de la ville aux dpens des Touaregs, et le conflit entre ces derniers et les islamistes s'tendit au reste du territoire. Au 17 juillet, les Touaregs ont perdu le contrle de toutes les principales agglomrations du nord du Mali.

Le 27 mai 2012, Ansar Dine et le MNLA annoncrent leur fusion dans un protocole d'accord transmis l'AFP. Celui-ci indiquait que le mouvement Ansar Dine et le MNLA proclamaient leur autodissolution dans l'Azawad.

Les deux mouvements crrent le Conseil transitoire de ltat islamique de l'Azawad .mais les affrontements entre Ansar Dine et le MNLA se poursuivirent, chacun cherchant tablir son autorit. Le MNLA dut sincliner devant la coalition des mouvements islamistes qui imposrent la charia. Le gouvernement malien de transition resta impuissant devant la dbcle de son arme.

Deux mois aprs le coup d'tat du capitaine Sanogo Bamako, les autorits de transition peinaient restaurer lintgrit territoriale du Mali. Le 21 mai, le prsident de transition Dioncounda Traor agress et bless Bamako par des manifestants fut temporairement conduit Paris pour des examens mdicaux.

Le 10 janvier 2013 Les islamistes prirent la ville de Konna et se dirigrent vers Mopti, dernier verrou avant Bamako. Le prsident malien par intrim, Dioncounda Traor, appela alors le prsident franais, Franois Hollande, qui dcida ds le 11 janvier dans l'aprs-midi d'engager l'arme franaise : ce fut le dbut de l'opration Serval. Depuis les forces du MNLA demandent cooprer avec larme franaise pour chasser les islamistes.

Les Maliens ont accueilli Franois Hollande en librateur et nombreux souhaitent prsent le maintien de troupes franaises sur leur sol.

Conclusion

Depuis des sicles les Arabo--berbres du Sahel nont jamais support dtre sous la coupe de leurs voisins du Sud quils ont souvent capturs pour en faire des esclaves.

Avec de nombreuses difficults, la prsence franaise au cours de la priode coloniale a mis fin aux conflits arms sans dissiper pour autant la mfiance, voire lhostilit.

Rpartis sur plusieurs tats issus de la colonisation, le problme touareg ne se limite pas au Mali, do lintervention des armes africaines. Sont-elles en mesure de remplacer larme franaise ? Les Tchadiens, les Nigriens et les Mauritaniens connaissent vraiment le dsert, les autres armes ne sont pas adaptes ce milieu particulier.

Un autre problme est sous-jacent. En 1960, les officiers suprieurs taient des anciens baroudeurs aguerris de larme franaise qui avaient combattu pendant la seconde guerre mondiale, en Indochine et en Algrie. Ils se connaissaient tous. Cette gnration a disparu, relaye par des officiers forms dans les coles de guerre franaises et amricaines. Nombreux ont acquis leurs galons par npotisme et tribalisme. Ce phnomne mavait dj t signal en 1978 par un gnral sngalais bard de dcorations militaires franaises

Ltat du Mali est en dliquescence Rappelons ce que disait le gnral de Gaulle dans son discours prmonitoire de Dakar en dcembre 1959 lAssemble fdrale du Mali. On na jamais vu un pays exister et plus forte raison internationalement, sinon comme un lment de trouble et on ne l a jamais vu exister comme un lment constructif sans un tatCela est capital et croyez moi, ce que le monde va regarder dans votre Mali qui sorganise, cest avant tout la facon dont sorganisera et dont fonctionnera votre tat Il est impratif quil se reconstruise avant tout ngociation srieuse avec les Touaregs.

Soixante ans aprs la proclamation de lindpendance, larme franaise appele en urgence a repris la route de Tombouctou pour combattre les rezzous. Elle devrait se retirer en principe au mois de mars. Bien quelle sen dfende, lancienne puissance coloniale sera plus ou moins implique dans la zone sahlienne. Le problme touareg ressemble celui des Kurdes. Il ne peut tre rsolu que par des accords politiques respects par les tats de la rgion. Cest l, toute la difficult. On souhaite aux diplomates beaucoup dimagination et surtout de tnacit. La paix au Sahel risque de se faire attendre.

Fvrier 2013 Christian Roche