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1 13ième Conférence Internationale de Gouvernance de l’AAIG Gouvernance : Nouvelles Perspectives 19 et 20 Mai 2014 à l'ESC DIJON BOURGOGNE TRANSPARENCE OU QUALITE DE L’INFORMATION FINANCIERE : ELEMENT CLE D’UNE SAINE GOUVERNANCE ? Nabil BOUAYAD AMINE – Issam IZZA – Khalid ROUGGANI Professeurs de l’Enseignement Supérieur Faculté Polydisciplinaire de Khouribga – Université HASSAN I – Settat- Maroc Adresse électronique : [email protected]

TRANSPARENCE OU QUALITE DE L’INFORMATION FINANCIERE ... · Nabil BOUAYAD AMINE – Issam IZZA – Khalid ROUGGANI Professeurs de l’Enseignement Supérieur Faculté Polydisciplinaire

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13ième Conférence Internationale de Gouvernance de l’AAIG

Gouvernance : Nouvelles Perspectives 19 et 20 Mai 2014 à l'ESC DIJON BOURGOGNE

TRANSPARENCE OU QUALITE DE L’INFORMATION FINANCIERE :

ELEMENT CLE D’UNE SAINE GOUVERNANCE ?

Nabil BOUAYAD AMINE – Issam IZZA – Khalid ROUGGANI

Professeurs de l’Enseignement Supérieur Faculté Polydisciplinaire de Khouribga – Université HASSAN I – Settat- Maroc

Adresse électronique : [email protected]

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TRANSPARENCE OU QUALITE DE L’INFORMATION FINANCIERE : ELEMENT CLE D’UNE SAINE GOUVERNANCE ?

Nabil BOUAYAD AMINE – Issam IZZA – Khalid ROUGGANI

Professeurs de l’Enseignement Supérieur Faculté Polydisciplinaire de Khouribga – Université HASSAN I – Settat- Maroc

Adresse électronique : [email protected] Résumé

L’information financière ayant été au centre de bon nombre de débats, son étude est d’une

actualité flamboyante lorsqu’on voit l’importance de l’information financière et son influence

sur la vie économique. Cela pose, bien entendu, la capacité des entreprises à répondre à des

exigences multiples. Au centre se pose le problème de la transparence au travers du niveau de

divulgation de l’information financière. Cet article se propose de détecter le besoin,

l’importance et la perception de l’information financière de la part des investisseurs à travers

l’information diffusée dans les rapports annuels d’un échantillon de 59 entreprises cotées à la

bourse des valeurs de Casablanca (hors banques, assurances et sociétés de financement).

Mots clés

Divulgation, transparence, indice de transparence, information financière.

Summary

The financial information has been at the center of many debates, his study is a flamboyant

news when we see the importance of financial information and its influence on economic life.

This raises, of course, the ability of companies to meet multiple requirements. In the center

there is the issue of transparency through the level of disclosure of financial information. This

article aims to detect the need, importance and perception of financial information from

investors through information provided in the annual reports of a sample of 59 companies

listed on the Casablanca Stock Exchange (excluding banks, insurance and finance

companies).

Keywords

Disclosure, transparency, transparency index, financial information.

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TRANSPARENCE OU QUALITE DE L’INFORMATION FINANCIERE : ELEMENT CLE D’UNE SAINE GOUVERNANCE ?

L’information financière constitue, à l’heure de la mondialisation des marchés financiers et

des scandales financiers qui ont ébranlé la scène internationale, une matière première

fondamentale pour la prise des décisions d’investissements. Cela pose, bien entendu, la

capacité des entreprises à répondre à des exigences multiples. Au centre se pose le problème

de la transparence de l’information financière qui est devenue une contrainte plus forte pour

les entreprises cotées, à la Bourse des valeurs à Casablanca (B.V.C), et un des grands objectifs

majeurs à atteindre pour assurer une gouvernance saine et donc une plus grande sécurité des

investisseurs.

L’entreprise qui recourt au marché financier ne peut prétendre à l’opacité. Au contraire, elle

doit être transparente pour donner l’assurance de sa crédibilité. C’est ainsi qu’elle est amenée

à adopter une démarche d’information financière susceptible d’éclairer les tiers sur ses

activités. Par ailleurs, la divulgation de cette information constitue l’un des sujets les plus

discutés dans la littérature en comptabilité financière. La plupart des études1 ont porté sur les

facteurs qui déterminent le niveau et le contenu de l’information divulguée. Ainsi, le concept

de transparence s’est imposé comme une nécessité pour contrer les dérives organisationnelles

et individuelles (corruption, fraudes, scandales financiers) et pour accroître la bonne

gouvernance des organisations. Afin de codifier le comportement des organisations et des

autres acteurs concernés en matière de transparence, des lois spécifiques ont été votées.

Au niveau du secteur privé, de nombreux pays se sont dotés de lois visant à renforcer la

gouvernance et le contrôle interne des entreprises et les contraignent donc, à améliorer, entre

autre, la transparence de leur situation financière. La loi Sarbanes Oxley aux USA votée en

réaction aux scandales financiers (Worldcom, Enron, etc.) vise par exemple l’amélioration de

la qualité de l’information financière donnée par une société cotée en bourse dans ses rapports

périodiques. En France, la loi N 2003-706 votée le 1er août 2003 vise aussi à améliorer la

sécurité financière. La KonTrag en Allemagne, de la Dutchcorporate gouvernance code et

plus récemment d’une directive européenne. De plus, de très nombreuses entreprises sesont

dotées d’instruments permettant d’améliorer leur propre gouvernance (comités d’audit, etc.).

1Xiao et al. (2004) et (Depoers, 2000 ; Makhija et Palten, 2000 et Raffournier, 1995) ces derniers ont identifié la taille de l’entreprise, la

structure de propriété comme ayant un effet sur le niveau de la divulgation.

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Les objectifs recherchés à travers ces réglementations sont de rendre confiance aux

investisseurs suite aux scandales qui ont affecté profondément la qualité de l’information

financière et donc les critères d’appréciation des performances et de la santé financière des

entreprises.

Les principales dispositions prévues par ces nouvelles lois portent sur:

� le renforcement des règles de bonne gouvernance ;

� l’accroissement significatif des responsabilités des dirigeants ;

� l’enrichissement quantitatif et qualitatif de l’information destinée au public ;

� l’aggravation significative des sanctions liées à la publication d’informations

inexactes ;

� le renforcement de l’indépendance des auditeurs.

C’est dans ce contexte qu’il était essentiel que le Maroc accomplisse des progrès dans ce

domaine (une succession de mesures et d’actions a été menées par les autorités compétentes :

Bank Al-Maghrib2 devant rendre le système financier aussi transparent répondant ainsi aux

normes internationales) pour qu’il soit le parfait « élève » des institutions financières

internationales, et attirer donc le maximum d’investisseurs. Mais, au-delà des obligations

légales d’information, les sociétés marocaines cotées ont elles, à l’instar de leurs homologues

occidentales, pris le parti de la transparence, en l’occurrence, le renforcement des règles de

bonne gouvernance, par l’enrichissement quantitatif et qualitatif de l’information destinée au

publicet en adoptant de plein gré une stratégie de divulgation financière apte à fournir

l’information appropriée à chaque cible ?

Des divergences peuvent apparaître, car l’existence ou non d’une véritable politique de

communication financière est tributaire de facteurs internes et externes à l’entreprise :

structure du capital (l’existence d’un important flottant en bourse peut, sous la pression des

différents partenaires, contraindre les entreprises cotées à « informer plus »), culture de

l’entreprise et qualité de l’équipe dirigeante ou du top management (vecteurs de

développement incitant à « mieux communiquer »).

Cependant, la notion de transparence ou de qualité de l’information financière « est

relativement ambiguë et potentiellement problématique » (Krishnamoorthy et al, 2002). Ces

auteurs notent que différents groupes tentent de la définir, par différentes approches.

2 Bank Al-Maghrib joue un rôle important dans la promotion de l’information financière. Aussil’on s’attache à créer un cadre favorable de politiques macroéconomiques qui réduisent au minimum l’incertitude et augmentent la confiance.

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La Fédération des analystes financiers3 l’évalue annuellement par sondage auprès de ses

membres. Ces derniers donnent leur appréciation au sujet de la rapidité de la publication, du

détail et de la clarté de l’information financière présentée par 400 à 500 entreprises.

Du coté des normalisateurs, l’Institut Canadien des Comptables Agréés (ICCA) et

l’International Accounting Standards Board (IASB) suivent le FederalAccounting Standards

Board (FASB) et définissent la qualité de l’information financière comme une hiérarchie de

qualités comptables, où la priorité est accordée à la pertinence et à la fiabilité. D’autres

groupes de travail, comme le Jenkins Committee4, font plutôt référence à la qualité du résultat

comptable. Dans ce travail, nous considérons que la transparence ou la qualité de

l’information financièreest, selon toute vraisemblance, le reflet de la qualité du travail

effectué par les entreprises en termes d’information financière divulguée à travers leurs

rapports annuels et via leur site internet,étant donné la difficulté à définir ou à observer

précisément cette variable complexe.

Face à de tels enjeux, notre travail se propose de détecter le besoin, l’importance et la

perception de l’information financière de la part des investisseurs. Cette recherche permet de

renseigner aussi bien les organismes de réglementation essentiellement le Conseil

Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) que les entreprises sur les informations

nécessaires dans un rapport annuel pour la prise de décision des investisseurs et ce surtout

dans un marché émergent et dans un contexte de renouveau de normalisation comptable.

Il faut, toutefois, noter que ce travail est motivé par le nouvel environnement économique et

juridique des entreprises marocaines. En effet, on observe qu’une amélioration concrète du

degré de respect des dispositions légales et réglementaires relatives à la communication et à la

publication de l’information par les entreprises marocaines, a été notée durant ces dernières

années. Compte tenu de ces nouvelles exigences, nous jugeons intéressant d’étudier d’une

part, les pratiques de la divulgation de l’information financière des sociétés cotées à la bourse

de Casablanca à travers l’application de l’indice de transparence, qui passe par la notation de

ces dernières suite à la consultation de leur rapports annuels et de leur sites internet et d’autre

part, la relation entre la transparence de l’information financière divulguée des entreprises

marocaines cotées et l’investissement.

3Unebranche de “l’Association for Investment Management and Research”(AIMR). 4 American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), special Committee on Financial Reporting, 1994.

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I- LA GOUVERNANCE DES RELATIONS FINANCIERES

La gouvernance est de plus en plus considérée comme un facteur important dans la

détermination des résultats économiques. La raison en est simple.

L’ensemble des incitations qui se présente aux agents économiques est conditionné, outre les

prix relatifs, par le régime de gouvernance. Malgré le fait que l’on pourrait s’attendre à ce que

le mécanisme d’établissement des prix suffise à lui seul à orienter les agents vers un résultat

économique positif lorsque les droits de propriété ont été bien définis et sont respectés, il

existe de nombreux marchés pour lesquels ces critères peuvent ne pas être remplis. C’est

notamment le cas des marchés financiers affligés de très graves problèmes d’asymétrie de

l’information entre emprunteurs et prêteurs. Ainsi, en l’absence d’information crédible au

sujet du comportement des emprunteurs et de leur intention de rembourser, il est possible que

les bailleurs de fonds ne disposent d’aucun élément leur prouvant que l’emprunteur est

déterminé à rembourser. Le cas échéant, les prêteurs risquent de n’être pas disposés à

consentir du crédit. Pour contrer les problèmes de cet ordre, les sociétés ont tendance à créer

des règles et des institutions qui, entre autres fonctions, tendent à orienter les incitatifs

proposés aux emprunteurs, de manière à soutenir l’engagement de ces derniers à rembourser

les crédits qu’on leur a accordés. Sans un ensemble bien structuré de règles et d’institutions, le

développement du secteur financier d’une économie risque d’être déficient.

De toute évidence, les mécanismes de gouvernance, qui vont des mesures favorisant l’absence

de corruption aux lois portant sur des sujets spécifiques comme les faillites, peuvent jouer un

rôle considérable en encourageant la création d’un environnement qui incite fortement les

emprunteurs à rembourser leurs créanciers (La Porta et coll.,1998). Cependant, de tels

mécanismes de gouvernance présentent l’inconvénient de lier l’octroi du prêt à l’engagement

de l’emprunteur à rembourser son créancier plutôt qu’au rendement du capital investi. En

conséquence, la valeur des actifs d’une entreprise et la qualité de sa gouvernance constituent

des éléments clés dans les décisions de financement que prennent les entreprises et, partant,

dans le niveau global de l’offre de crédits et des investissements.

Il n’est donc pas étonnant que l’on puisse également s’attendre à ce que la qualité de la

gouvernance influe sur le degré de stabilité financière.

L’opinion selon laquelle une bonne gouvernance contribue grandement à la stabilité

financière va de soi pour qui reconnaît que, dans les cas où la qualité de la gouvernance laisse

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à désirer, c’est la valeur des actifs servant de garanties qui déterminera la disponibilité de

capital pour le financement du fonds de roulement et des investissements. En pareil cas, étant

donné que la valeur des actifs d’une entreprise peut dépendre du niveau prévu des

investissements, un choc qui réduit la volonté des prêteurs d’accorder des crédits peut être à

l’origine d’un cercle vicieux, dans lequel la réduction des investissements entraîne une chute

de la valeur des actifs, qui à son tour provoque une autre réduction de l’offre de crédits et des

investissements. Si l’opinion selon laquelle la gouvernance influe grandement sur l’ampleur

de ces « effets d’accélération » est fondée, il s’ensuit donc que les systèmes financiers de

même que le niveau des investissements sont moins stables dans les pays où le régime de

gouvernance est relativement mauvais que dans ceux où il est relativement efficace.

La fragilité financière est difficile à quantifier. À un certain niveau, elle peut être assimilée à

la probabilité d’une défaillance systémique du système financier, tandis qu’à un niveau moins

lourd de conséquences, elle peut correspondre à la sensibilité du système financier à des chocs

relativement faibles. Dans le premier cas, l’indicateur le plus évident de fragilité financière est

une crise bancaire systémique. Les recherches les plus récentes sur ce sujet donnent à penser

que des répercussions financières (comme l’effondrement des prix des actifs sur le marché,

déclenché par l’incapacité d’un emprunteur de s’acquitter de ses obligations) expliquent en

grande partie les crises bancaires systémiques (Allen et Gale, 2003). Ces répercussions, et

l’effet d’accélération qui s’y rattache, fournissent le mécanisme par l’intermédiaire duquel un

léger choc subi par une banque peut mener à une chute abrupte des prix des actifs et, en fin de

compte, à l’effondrement du système. En règle générale, toutefois, d’autres variables, telles

que la volatilité de l’investissement, permettent également de quantifier l’ampleur de ces

effets d’accélération et, par conséquent, le degré de fragilité financière. Dans un cas comme

dans l’autre, on peut s’attendre à ce qu’une bonne gouvernance, en réduisant l’ampleur des

effets d’accélération, atténue la fragilité financière.

Le Graphique 1, ci-dessous, vient conforter cette opinion. Il révèle qu’une proportion

sensiblement plus élevée de pays ayant une piètre gouvernance que de pays où la gouvernance

était meilleure ont connu une crise bancaire entre 1984 et 2001. Une observation qui se vérifie

pour un vaste éventail d’indicateurs de gouvernance. Ainsi, 86 % des pays dans lesquels le

principe de la primauté du droit était peu reconnu ont subi des crises bancaires au cours de la

période étudiée, alors que seulement 24 % des pays où ce principe était hautement respecté

ont connu de telles crises.

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Fait intéressant, cette relation se vérifie non seulement pour les mesures susceptibles d’être

étroitement liées à la protection des droits de propriété, mais également pour d’autres

indicateurs, allant de l’absence de corruption à la qualité du service public (efficacité du

gouvernement) et à l’obligation du gouvernement de rendre des comptes à la population.

De la même façon, les indicateurs de la qualité de la gouvernance sont utiles pour expliquer la

volatilité de l’investissement. En utilisant les données sur la volatilité de l’investissement

observée dans un très large éventail de pays industrialisés et en développement de 1980 à

2000, on constate qu’une piètre gouvernance est généralement associée à une plus grande

volatilité de l’investissement5 que ne l’est une gouvernance efficace. Cela se vérifie pour une

grande variété d’indicateurs de gouvernance et confirme les observations relatives aux crises

bancaires exposées plus tôt. Ces résultats donnent à penser qu’une bonne gouvernance

contribue à réduire l’ampleur des effets d’accélération.

Il ressort des constatations évoquées, ci-dessus, que la fragilité financière peut résulter, en

partie, de lacunes dans la gouvernance qui rendent celle-ci inapte à soutenir un secteur

5 Il convient de souligner que la volatilité dont il est question dans le présent article n’est pas celle qui découle des ajustements aux chocs

tels que le progrès technologique ou les variations des prix relatifs. Dans une économie qui fonctionne bien, ce type de volatilité préside à

une affectation efficiente des ressources. Les effets d’accélération dont nous parlons ici sont une source de volatilité qui provient des

défaillances associées à des problèmes tels que l’asymétrie de l’information dans les marchés financiers. Une bonne gouvernance peut

atténuer ces problèmes et mener à une réduction de la volatilité au sein de l’économie et à une amélioration de l’efficience économique.

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financier bien développé. Si on comprend aisément que la gouvernance puisse influer sur les

résultats économiques, il est plus difficile de déterminer quelles formes de gouvernance

favorisent la stabilité financière.

II- CONSTRUCTION DE L’INDICE DE TRANSPARENCE

Actuellement, nous assistons à un besoin de plus en plus important d’information en continu.

Si le rapport annuel, dont la publication n’est pas encore obligatoire au Maroc, reste la pierre

angulaire de la communication financière des entreprises, il n’en reste pas moins que les

autres outils de communication prennent une place de plus en plus importante : le

communiqué sur les résultats annuels et sur les résultats semestriels, l’organisation de

réunions d’information, la gestion d’un site internet, la fréquence et le contenu des

communiqués de presse.

1. La méthodologie de recherche

Sur le plan méthodologique, il s’avère que la transparence de l’information financière peut

être mesurée par le niveau de divulgation. La grille la plus connue, est celle de Botosan 19976,

en ce qui concerne les rapports annuels, reprise par Eng et al 2000. Cette grille est construite

en comptant les informations de nature qualitatives et quantitatives émises (Ben Amar et

Zéghal 2006). Certes, cette mesure permet d’évaluer la transparence de l’information

divulguée, cependant nous pouvons améliorer la mesure de la transparence de l’information

financière à travers l’indice de transparence, qui de notre point de vue, pourrait favoriser une

appréciation plus fiable de la transparence de la divulgation informationnelle, et dont le choix

des éléments qui y seront inclus sera guidé, principalement, par les recommandations fournies

dans le rapport de Jenkins (AICPA, 1995). L’indice étant structuré autour de cinq

composantes : l’information générale sur l’entreprise, l’information financière, l’information

non financière, l’information à caractère prévisionnel et enfin l’information sur

l’environnement et l’activité de la société.

1.1 Elaboration de la liste d’items

La sélection des items, constitutif de nos composantes et donc, de notre indice, provient d’une

phase préalable d’identification des éléments les plus pertinents. Une présélection est tout

d’abord effectuée à partir d’une revue de littérature comptable et financière et essentiellement

celles de Botosan (1997) à travers son indice de divulgation qui est développé par Eng et al.

6Botason a construit son propre indice pour mesurer le niveau de divulgation volontaire pour 122 entreprises industrielles. Voir Botosan, C.A., (1997), «Disclosure Level and the Cost of Equity Capital», The Accounting Review, 72, pp.323-350.

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(2001) et les recommandations émanant du rapport Jenkins des enquêtes sur les besoins en

information des investisseurs Rapport Jenkins AICPA, (1994)7, puis une valorisation par un

questionnaire adressé à un certain nombre d’analystes financiers et gérants de portefeuille qui

travaillent pour le compte des intermédiaires en bourse de Casablanca.

Notre questionnaire auprès de cette catégorie d’utilisateurs a pour but d’examiner le degré

d’utilité qu’ils accordent aux informations divulguées volontairement dans les rapports

annuels, vu leurs capacités à exposer rationnellement leurs besoins spécifiques d’informations

et leurs pouvoirs à orienter le comportement des investisseurs sur le marché financier.

En fonction de ces réactions et du rôle de l’information comptable qui est de représenter la

réalité (l’absence ou la présence d’items sur certains thèmes ne peut être neutre) une

formulation négative est adoptée pour certains items. En ceci, cette liste d’items se distingue

des propositions de la littérature antérieure.

1.2. Valorisation des items

Pour valoriser chacun des items de la liste, on a eu recours à l’approche qui consiste en une

valorisation dichotomique des items8 : 1 est attribué à un item diffusé, 0 dans le cas contraire

(Cooke, 1989), (Raffournier, 1995), (Inchausti, 1997), (Zhou, 1997). Ainsi, La valorisation

des items retenus a été effective suite au recueil des avis d’analystes financiers et investisseurs

individuels par questionnaire. Suite à la prise en compte du critère de pertinence

d’information comme critère d’appréciation de la transparence de l’information financière, la

valorisation des items retenus a été effective par le biais d’un questionnaire auprès d’un

échantillon d’analystes financiers et investisseurs individuels potentiels. La liste définitive

comporte trente-sept items.

Catégories d’informations Nombre d’items 1- Informations générales sur l’entreprise 5

2- Informations financières 17 3- Informations non financières 4

4- Informations à caractère prévisionnel 6 5- Informations sur l’environnement et l’activité de la société 5

Total 37

Cependant, un ensemble de critères sont utilisés pour enlever de la liste les éléments

d’information spécifiques à certains secteurs, relevant d’obligations statutaires ou plus

généralement inapplicables à l’ensemble des sociétés de l’échantillon, en raison de règles

7Improving Business Information — A Customer Focus, rapport intégral du comitéspécialsurl’informationfinancière de l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), 1994 Ch.3, pp. 3-8. 8Une deuxième approche existe, il s’agit de l’approche alternative qui est utilisée lorsque la liste d’items est orientée vers un groupe particulier d’utilisateurs des rapports annuels. Cette approche consiste à assigner à chaque item une pondération traduisant l’importance relative de cet item selon le groupe d’utilisateur. Chaque item diffusé est pondéré par sa valeur (Buzby, 1975), (Firth, 1979).

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différentes de présentation de l’information. Nous avons également éliminé tous les éléments

d’informations jugés non pertinents, soit en raison de l’évolution de la réglementation, soit en

raison de modifications des conditions économiques9.

Notre méthode de quantification est la suivante :

� Un point est accordé pour chaque item lié à l’information générale sur l’entreprise. Un

point supplémentaire est accordé si l’information publiée est accompagnée de données

quantitatives le cas des items « Mots du président » et « Bref historique de la société ».

� Deux points sont accordés pour chaque item lié à l’information financière si un

comparatif d’au moins cinq ans est présenté, cas des items « Evolution du cours de

l’action » et « Evolution du dividende », seulement un point est accordé lorsque

l’information est présentée sur une période plus courte. Tandis que pour l’item

« Référentiel comptable utilisé » il s’agit de voir si le choix du référentiel comptable

est justifié.

� Un point est accordé pour chaque item lié à l’information non financière. Un point

supplémentaire est accordé pour l’item « Informations sur les principaux sites de

production et propriétés foncières » lorsque sa divulgation inclue des données

quantitatives.

� Deux points sont accordés pour chaque prévision ponctuelle, cas des items

« Prévisions résultat », « Prévisions trésorerie », « Prévisions chiffre d’affaires » et

« Programme d’investissement prévisionnel ». Un point est accordé lorsque seul le

sens de la prévision est présenté.

� Un point est accordé pour chaque item lié à l’environnement et l’activité de la société.

Un point additionnel est accordé lorsque l’explication est accompagnée de données

quantitatives, c’est le cas pour tous les items : « Faits marquants de l’exercice »,

« Principaux produits et marchés », « Objectifs et orientations stratégiques », « Parts

de marché » et « Identification des principaux produits/services ».

Ainsi, le niveau de divulgation est calculé comme suit :

9 Certaines informations étaient, dans les années 70, facultatives ou prohibées et ont été rendu obligatoire par la suite, telles les données prévisionnelles autorisées aux Etats unis que seulement depuis 1973.

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Où : - DIVj : est la mesure de la divulgation pour la société j,

- SCORE ij : correspond au total des points accordés à la société j pour les catégories

d’informations i.

2.Détermination du score de transparence de l’information divulguée

L’indice de transparence est un score relatif, il est calculé en rapportant le score réel de

chaque société à son score théorique, c’est à dire le score maximum qu’elle devrait avoir. En

effet, étant donné que les sociétés de l’échantillon appartiennent à des secteurs d’activités

différents et compte tenu de certaines circonstances ( tel que le fait que si la société n’est

entrée en bourse qu’en 2006 ou 2007 elle ne sera pas pénalisée par l’item correspondant à

l’ évolution du cours de l’action et à l’évolution des dividendes qui nécessitent une période

d’évolution minimale de deux ans pour obtenir le score maximum), l’ensemble des items ne

peut être appliqué à toutes les firmes.

2.1 Calcul du score de transparence

Afin de ne pas favoriser une société sur une autre, et dans le but d’éviter de pénaliser des

sociétés sur la base d’items non pertinents pour elles. Un score relatif de qualité est donc

calculé pour distinguer la non diffusion d’un item de sa non pertinence dans le contexte donné

d’une entreprise (Moore et Buzby, 1972).

Le score relatif de qualité est le rapport entre :

� Le score réel remporté par un rapport annuel qui est l’agrégation des points obtenus

par chaque item effectivement validés à la lecture du rapport annuel ;

� Et un score théorique qui est la somme des points que le rapport annuel aurait dû

obtenir.

Ce score exclut les items qui ne sont pas pertinents pour une entreprise à un exercice donné,

ainsi que les items négatifs, qui ne doivent pas être validés. Ainsi, le score théorique (ST) est

formulé comme suite :

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Avec : SB ij : score de base du test i obtenu par la société j ; SMT ij : score maximum théorique du test i pour la société j. En ce qui concerne le score réel (SRi), il est déterminé en écartant pour chaque société les

items qui ne peuvent pas leur être appliqués.

Le score réel total (SRt) est obtenu par la moyenne des cinq scores réels intermédiaires (SRi)

obtenus après lecture et notation des rapports annuels de chaque société. Chaque score

intermédiaire est la somme du score de base plus le score maximum pour la société.

On peut formuler le score réel total comme suite :

SRt = SRi1 + SRi2 + SRi3 + SRi4 + SRi5 / 5

Avec :

Avec : SM ij : score maximum du test i obtenu par la société j ;

Par ailleurs, la formule de calcul de l’indice de transparence est la suivante :

Indice de transparence = SR tj/ ST j Avec SR tj : le score réel total de la société j ; ST j : le score théorique de la société j.

2.2. Résultats

Les résultats obtenus de l’application de cet indice de transparence pour l’ensemble de

l’échantillon.

2.2.1. Description de l’échantillon

Il apparaît pertinent de s’intéresser uniquement aux entreprises cotées à la bourse des valeurs

de Casablanca (BVC) qui devraient être spécialement attentives à leurs communications

économiques au niveau de leurs rapports annuels de gestion. Notre échantillon est limité aux

entreprises du secteur non financier (industriel et de services), et ce comme : Hassan,

Giorgioni et Romilly (2006), Hasnan (2005), Leventis et Weetman (2004), Naser et Nuseibeh

(2003), Bertrand (2000) et Depoers (2000)…, en raison de la spécificité de la communication

pour les entreprises du secteur financier (banques, organismes de leasing, assurances…).

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Tableau 2 : Echantillon des entreprises

Entreprises cotées à la bourse de Casablanca

Banques, Assurances, sociétés de financement

Entreprises prises en compte pour l’étude

73

14

59

100%

19,2%

80,8%

Entreprises prises en comptes pour l’étude

Rapport annuel disponible comme document de référence

Rapport annuel non disponible

59

17

42

100%

28,8%

71,2%

Source : tableau élaboré à partir de notre propre calcul

2.2.2. Caractéristiques des scores de transparences

Nous présenterons les résultats de l’application de l’indice de transparence sur les sociétés de

notre échantillon global et par catégorie d’information, puis les résultats par secteur d’activité.

� Caractéristiques des scores de transparence de l’échantillon global

Le tableau ci-dessous présente le résultat des caractéristiques des scores de transparences.

Tableau 3: Caractéristiques des scores de transparence de l’échantillon global

Source : Tableau élaboré à partir de notre propre calcul

La distribution moyenne du score de publication est de 0,46. Malgré l’existence de certaines

règles strictes de publication on remarque une dispersion qui est déterminée par la valeur

maximale et la valeur minimale qui sont de 0,81 et 0,14 respectivement, et par l’écart type qui

est de 0,18. Nous constatons que la politique de communication diffère d’une entreprise à une

autre. Des entreprises ont tendance à publier des informations volontaires d’autres non. Cette

variabilité apporte une quantité d’informations significatives au modèle.

En revanche, le score moyen de transparence de l’échantillon globale est de 46%, ce qui veut

dire que la transparence de l’information financière est assez faible comparée aux attentes des

analystes financiers dans le domaine.

Score moyen 0,46

Ecart type 0,18

Score maximum 0,81

Score minimum 0,14

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Tableau 4: Caractéristiques des scores de transparence par catégorie

Rubriques Score moyen

Ecart type Score max Score min

1. Informations générales sur l’entreprise 0,79 0,14 1 0,62 2. Informations financières 0,57 0,19 0,95 0,10

3. Informations non financières 0,40 0,36 1 0 4. Informations à caractère prévisionnel 0,06 0,14 0,74 0 5. Informations sur l’environnement et

l’activité de la société 0,47 0,32 1 0

Source : tableau élaboré à partir de notre propre calcul

L’analyse par catégorie fait apparaître un score élevé pour les informations générales sur

l’entreprise, et un score particulièrement très faible pour les informations à caractère

prévisionnel. Pour cette catégorie d’informations l’écart type est de 0,14 attestant une

tendance homogène à ne pas diffuser d’informations à caractère prévisionnel.

Ce qui n’est pas le cas des informations générales sur l’entreprise, avec un faible écart entre le

score minimum (0,62) et le score maximum (1).

On distingue aussi un grand décalage entre le score maximum et le score minimum pour les

catégories « Informations non financières » et « Informations sur l’environnement et l’activité

de la société » ceci tiens à l’existence d’une certaine disparité dans la divulgation des items de

ces deux catégories par les entreprises de notre échantillon.

� Caractéristiques des scores de transparence par secteur d’activité

Avant de présenter les caractéristiques des scores de transparence par secteur d’activité, il

convient de noter une prépondérance des secteurs « Agroalimentaire », « Bâtiment et

matériaux de construction », « Distributeurs » et secteur des « matériels logiciels et services

informatiques » avec un nombre d’entreprises variant entre six et huit.

Tableau 5: Caractéristiques des scores de transparence par secteur d’activité

Secteurs Nombre de

sociétés

Score moyen

Ecart-type Score Max

Score Min

Agroalimentaire/production 7 0,49 0,21 0,75 0,23 Bâtiment et matériaux de

construction 6 0,60 0,19 0,81 0,36

Boisson 3 0,40 0,13 0,54 0,28 Chimie 4 0,50 0,15 0,71 0,35

Distributeurs 8 0,40 0,17 0,72 0,23 Immobilier 4 0,52 0,21 0,66 0,22

Matériels logiciels et services informatiques

7 0,33 0,10 0,49 0,17

Mines 4 0,40 0,29 0,71 0,14 Sociétés de portefeuille/holding 4 0,49 0,19 0,69 0,23

Source : tableau élaboré à partir de notre propre calcul

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Les scores maximum et moyen les plus élevés sont obtenus par le secteur du Bâtiment et

matériaux de construction, le secteur des matériels logiciels et services informatique

enregistre paradoxalement les scores maximum, minimum et moyen les plus faibles.

Ces deux secteurs comportent le nombre le plus élevés de sociétés, mise à part le secteur de

l’agroalimentaire/ Production qui obtient le score maximum le plus élevé après celui du

Bâtiment et matériaux de construction mais avec un score moyen faible, ce qui montre une

certaine disparité dans la politique de divulgation des entreprise composant ce secteur. Les

écarts-types sont faibles pour tous les secteurs avec un maximum pour le secteur des mines,

ce qui peut s’interpréter comme une certaine transcription sectorielle dans les pratiques de

communication des entreprises.

Tableau 6: Les scores moyens de transparence par secteur d’activité et par rubrique

Secteurs Rubrique 1 Rubrique 2 Rubrique 3 Rubrique 4 Rubrique 5

Agroalimentaire/Production 0,78 0,6 0,47 0,08 0,53 Bâtiment et Matériaux de

construction 0,85 0,71 0,71 0,11 0,62

Boissons 0,77 0,6 0,25 0 0,38

Chimie 0,85 0,6 0,37 0,05 0,64

Distributeurs 0,8 0,56 0,3 0,02 0,34

Immobilier 0,81 0,54 0,45 0,22 0,61 Matériels logiciels et services

informatiques 0,74 0,45 0,14 0 0,33

Mines 0,71 0,38 0,45 0,18 0,29 Sociétés de portefeuilles /

holdings 0,84 0,64 0,44 0,05 0,5 Source : tableau élaboré à partir de notre propre calcul

L’analyse par secteur d’activité et par rubrique confirme les données précédentes. Les

secteurs du Bâtiment, Chimie, Holding, Immobilier et Distributeurs obtiennent des scores

moyens plus élevés que les autres secteurs pour les rubriques « informations générales sur

l’entreprise » et « informations sur l’environnement et l’activité de l’entreprise ».Il y a une

certaine homogénéité des réponses pour les secteurs concernant les deux premières rubriques

à savoir « Informations générales sur l’entreprise » et « informations financières » avec des

scores maximum et minimum respectifs de (0,85 - 0,71) et (0,71 - 0,38). Tous les secteurs

partagent des scores moyens faibles pour larubrique « informations à caractère prévisionnel »

avec des scores variant entre 0 et 0,22, autrement dit, la disparité sectorielle est plus marquée

pour cette rubrique.

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� Publication financière et rémunération des dirigeants par stock-options

L’intéressement au capital permet d’éviter le comportement opportuniste du dirigeant en liant

une partie de sa richesse à la valeur de la firme de façon à l’inciter à la maximiser.

Nombreuses études ont montré qu’une bonne qualité de publication financière permet

d’augmenter la valeur de la firme à travers la réduction du coût de la dette (Sengupta (1998))

et du coût du capital (Diamond et Verrechia (1991), Botosan (1997)) et l’amélioration de la

liquidité des titres (Kim et Verrecchia (1994), (Diamond et Verrechia (1991)). Lakhal (2004)

montre que les entreprises qui récompensent leurs dirigeants par des plans de stock-options

présentent de meilleur niveau de publication.

Nagar et al (2003) montrent que les plans de rémunération des dirigeants basés sur des stock-

options ou ceux liés à la valeur boursière de la firme permettent de réduire le problème

d’agence et incitent les dirigeants à améliorer la qualité de leurs publications. A partir d’une

menée sur un échantillon de 1129 entreprises sur la période 1992-1995, Nagar et al (2003)

montrent qu’il existe une relation positive entre la qualité de la publication financière et les

plans d’intéressement des dirigeants. Ainsi, nous avançons l’hypothèse suivante :

La rémunération des dirigeants sous forme de stock-options est associée positivement à la qualité de la publication financière.

� Publication financière et composition du conseil

Des travaux antérieurs ont montré une relation positive entre la proportion des administrateurs

indépendants dans le conseil et le risque de fraude financière (Dechow, Sloan et Sweeney

(1996), Beasley (1996)). En effet, une complicité avec le dirigeant peut émerger lorsque le

conseil est dominé par des administrateurs internes (non indépendants). Ces travaux

soulignent l’efficacité de l’indépendance du conseil comme mécanisme réduisant la latitude

du managers et son opportunisme. Ils corroborent l’hypothèse selon laquelle les membres

externes (indépendants) du conseil tendent à atténuer les conflits d’agence entre dirigeants et

managers. Ces conflits incluent le comportement opportuniste du dirigeant maximisant son

utilité aux dépens des intérêts des actionnaires en s’appropriant des bénéfices privés. De

nombreuses études ont montré qu’une proportion élevée d’administrateurs indépendants dans

le conseil améliore la qualité/l’étendue de la publication financière (Chen et Jaggi’s (2000) et

Forker (1992)). Nous avançons l’hypothèse suivante :

La proportion des administrateurs indépendants dans le conseil est associée positivement à la qualité de la publication financière.

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La séparation des fonctions de président et de directeur général, donnerait la possibilité au

premier de faire un contrepoids au directeur général. Selon Jensen et Meckling (1983),

lorsqu’une même personne assure les deux fonctions, le contrôle managériale est menacé du

moment que cette personne, en sa qualité de président du conseil, serait plus alignée avec la

direction qu’avec les actionnaires. Ho et Wong (2001) suggèrent qu’une structure d’unité de

leadership joue au détriment de la qualité de l’information puisque la personne qui assure la

fonction PDG aura tendance à dissimuler des informations défavorables. Forker (1992)

montre que la personne occupant la fonction de président du conseil et de directeur général

présente une menace pour la qualité des informations publiées. Nous avançons l’hypothèse

suivante :

Il existe une relation négative entre la présence d’une structure d’unité et la publication financière.

Lorsque le capital est concentré, les actionnaires de contrôle peuvent représenter une menace

d’expropriation pour les actionnaires minoritaires et sont par suite peu enclins à publier des

informations financières. En effet, une meilleure publication financière permet de protéger les

actionnaires minoritaires des agissements des actionnaires de contrôle.

Ho et Wong (2001) montrent que les coûts d’agence dans ces firmes, où le capital est entre les

mains d’un nombre réduit d’actionnaires, résultent des conflits d’intérêts entre les actionnaires

majoritaires et les actionnaires minoritaires. Les premiers vont chercher à s’approprier des

bénéfices privés au détriment des seconds et seront donc amenés à réduire la qualité de leur

publication financière. A ce titre, Hamon (2001) définit le gouvernement d’entreprise comme

l’ensemble de procédures permettant d’éviter l’expropriation d’actionnaires, le plus souvent

minoritaires par les dirigeants et/ou les actionnaires de contrôle (insiders). La porta et al

(1999) montrent que des actionnaires majoritaires font souvent partie du management ou de la

direction du conseil. De part leurs positions, les actionnaires majoritaires ont accès à toutes les

informations dont ils ont besoin et n’ont aucun intérêt à les divulguer en externe, ils vont donc

se limiter à une publication pauvre. De ce fait, la qualité de leurs publications financières sera

faible. Nous avançons l’hypothèse suivante :

Il existe une relation négative entre la qualité de la publication financière et la concentration du capital.

L’entreprise contrôlée par une famille possède des caractéristiques qui lui sont propres : la

présence d’un membre de la famille à la tête de la firme, la famille influence sa vision des

choses, sa perception, sa structure et son fonctionnement.

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L’imbrication des mondes familial et managérial est plus ou moins fort selon la phase de

développement de la firme ou les modes de contrôles choisis. Dans les groupes contrôlés par

des familles, il y a une identification de la famille à l’entreprise et une confusion des valeurs

de l’organisation avec celles de son fondateur qui a fixé les missions, buts et stratégie et

structure de l’entreprise. Ainsi, ces familles agissent comme des entrepreneurs soucieux de

garder le secret de leur avantage compétitif, et de le préserver de la curiosité des concurrents

(competitive disadvantage). Cette opacité en matière de communication financière se traduit

par une mauvaise qualité de leurs publications.

Nous avançons l’hypothèse suivante :

Les entreprises contrôlées majoritairement par des familles présentent une faible qualité de publication financière.

Une des recommandations centrales des codes de gouvernance est d’assurer un traitement

équitable à l’ensemble des actionnaires. Cela se traduit par une circulation de l’information

sans faille auprès de tous les actionnaires. De ce fait, Witz (2005) suggère la nécessité de

réduire les barrières à la participation active aux assemblées générales et les déséquilibres

entre structure du capital et structure des droits de vote.

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CONCLUSION

Nous avons présenté la démarche de construction de notre indice de transparence, ainsi que

les résultats obtenus après son application par rapport aux informations divulguées dans les

rapports annuels des sociétés cotées à la bourse de Casablanca et sur leurs sites internet (pour

les sociétés qui ne disposent pas de document rapport annuel).

Pour l’essentiel, ces résultats permettent de mettre en évidence deux caractéristiques

principales de l’information financière de ces entreprises.

� D’abord, la transparence de l’information financière est assez faible comparée aux

attentes des analystes financiers dans le domaine. Le score de transparence moyen est,

en effet, de 46% tandis que le score maximum est de 81%.Ainsi, le score minimum est

de 22%, ce qui montre une certaine cohérence dans les pratiques de divulgation de

l’information financière des sociétés de notre échantillon.

Il existe donc un écart potentiel entre les besoins informationnels de l’investisseur et la

réglementation comptable mise en place d’une part, et l’information fournie par les

entreprises dans le contexte de l’étude d’autre part.

L’offre des informations volontaires dans les rapports annuels des entreprises cotées à la

Bourse des Valeurs de Casablanca ne correspond pas avec la demande (ou les besoins) en

informations des analystes financiers marocain.

L’hypothèse 1 est rejetée.

� Ensuite, il existe un effet de taille qui implique que les entreprises les plus

transparentes sont également les plus imposantes. Pour les deux mesures prises en

considération, que sont la capitalisation boursière et le chiffre d’affaire, les entreprises

transparentes sont plus imposantes que les entreprises opaques.

La capitalisation boursière moyenne des entreprises opaques est égale à 17,72% de celle des

entreprises transparentes et de 18% de celle des entreprises intermédiaires. Le chiffre

d’affaires moyen des entreprises opaques correspond à 6% de celui des entreprises

transparentes et 10% de celui des entreprises intermédiaires. Ainsi, on remarque que, quel

que soit le secteur d’activité auquel appartiennent les sociétés de notre échantillon, ces

dernières communiquent très peu ou pas du tout les informations relatives à la rubrique

« Information à caractère prévisionnel », contrairement aux informations relatives aux

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rubriques « Informations générale sur l’entreprise » et « Informations financière », et ont

tendance à négliger celles relatives aux rubriques « Informations non financière » et

« Informations sur l'environnement et l’activité de l’entreprise ».

Les grandes entreprises offrent volontairement plus d’informations que les autres (il existe

une relation positive entre la taille de l’entreprise et le score de transparence).

L’hypothèse 2 est acceptée

Cette recherche permet de renseigner, aussi bien les organismes de réglementation que les

entreprises, sur les attentes en information des investisseurs et des analystes financiers et ce,

surtout dans un marché émergent et dans un contexte de renouveau de normalisation

comptable.

Concernant l’indice de transparence, une étude sur les besoins en information des analystes

financiers marocains équivalente à celles réalisées en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et au

Canada, est nécessaire afin d’avoir une sélection bien fondée des items, même si cette

dernière est basée sur les réponses des questionnaires directs ou indirects des analystes

financiers.

Une autre limite concerne l’utilisation du site internet de la société comme une alternative

plutôt qu’un complément au rapport annuel pris en compte comme support de divulgation

représentatif des pratiques de communications financières des entreprises, malgré qu’il soit

lui-même juste considéré comme la partie visible de la communication financière.

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