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Sommaire EDITO Qui sommes nous? « Un Monde d'Avance » rassem- ble des camarades socialistes qui militent aux côtés de Benoit Ha- mon. Notre courant se caractérise par sa volonté d’ancrage à gauche et de renouvellement du Parti so- cialiste. Ancrage à gauche car, à l’heure où la crise financière met à jour les ravages du capitalisme financier, nous considérons que c’est la gauche qui incarne la mo- dernité, loin du diktat libéral du « toujours moins d’Etat ». Ainsi, nous proposons des solutions nouvelles permettant de réarmer la puissance publique, s’articulant autour de 3 piliers: La nécessité de mettre des restrictions au libre échange au niveau européen pour lutter contre le dumping social et fis- cal et les délocalisations La défense et l’extension des services publics La redistribution des richesses du capital vers le travail pour garantir que les nouvelles ri- chesses produites profitent aux salariés et pas aux actionnaires. Nous voulons renouveler le parti socialiste pour en finir avec la notabilisation et renouer avec les classes populaires. Nous proposons par exemple de créer un grand parti de gauche regrou- pant l’ensemble de la gauche de gouvernement, ou encore de limi- ter le cumul des mandats afin d’ê- tre à l’image de la société françai- se. N°7 Juin/Juillet N°7 Juin/Juillet N°7 Juin/Juillet N°7 Juin/Juillet P1/ Edito P1/ Edito P1/ Edito P1/ Edito P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45 P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45 P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45 P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45 P3/ Economie: Les inégalités salariales augmentent P3/ Economie: Les inégalités salariales augmentent P3/ Economie: Les inégalités salariales augmentent P3/ Economie: Les inégalités salariales augmentent P4 P4 P4 P4-P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne P6 P6 P6 P6-P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de Cannes P8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de Cannes P8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de Cannes P8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de Cannes Pour un nouveau front populaire Nous avons tous été bouleversés par la nouvelle débâcle qu’a essuyé le parti socialiste. Après la défaite de 2002, celle de 2007, le psychodrame calamiteux du congrès de Reims, nous essuyons une nouvelle gifle. La cri- se ouverte après le 21 avril 2002 n’est donc pas réglée car nous avons pensé, dopés par les élections intermédiaires, qu’une alternance naturelle se mettrait en place. Au-delà du Parti socialiste français, cette défaite est celle de l’ensemble de la sociale démocratie européenne. Pourtant, le be- soin de gauche n’a jamais été aussi grand. Pourtant, les français ne parta- gent pas les valeurs de l’UMP. Pourtant, le 7 juin comme le 21 avril, la gauche était majoritaire dans les urnes. L’ampleur du mal exige donc une analyse et surtout des réponses à la hauteur. Ce n’est pas une énième rénovation, refondation, ou rajeunis- sement du parti socialiste qui nous permettront de sortir du marasme. La solution ne peut passer que par un dépassement des structures du parti socialiste, faute de quoi le déclin sera inexorable. Il nous faut donc enga- ger un travail de refondation et de rassemblement de la gauche, nous per- mettant, à partir d’un programme commun, de nous doter d’un candidat unique en 2012. Ce processus, loin de se limiter à la gauche politique, doit, comme en 1936, s’appuyer sur la dynamique de la gauche sociale et impliquer associations et syndicats. Au-delà d’un simple mouvement d’ap- pareil, il nous faut nous tourner vers l’ensemble du peuple de gauche pour recréer une dynamique et faire renaître l’espoir. C’est ainsi seulement que nous convaincrons les classes populaires, notre base sociale, qui nous ont, comme en 2002 et 2007, fait défaut lors de ce scrutin, que le changement est possible. C’est ainsi seulement que nous construirons une offre politi- que capable d’incarner à la fois l’alternative et l’alternance, une gauche de gouvernement qui se donne les moyen d’accéder au pouvoir porteuse d’un programme ambitieux en rupture avec celui de la droite. Mais cette fois, nous n’avons plus droit à l’erreur.

Un Monde d'Avance - Numéro 7 - Juin-Juillet 2009

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Le journal des militants de la Motion C des Bouches-du-Rhône

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Page 1: Un Monde d'Avance - Numéro 7 - Juin-Juillet 2009

Sommaire

EDITO Qui sommes nous?

« Un Monde d'Avance » rassem-ble des camarades socialistes qui militent aux côtés de Benoit Ha-mon.

Notre courant se caractérise par sa volonté d’ancrage à gauche et de renouvellement du Parti so-cialiste. Ancrage à gauche car, à l’heure où la crise financière met à jour les ravages du capitalisme financier, nous considérons que c’est la gauche qui incarne la mo-dernité, loin du diktat libéral du « toujours moins d’Etat ». Ainsi, nous proposons des solutions nouvelles permettant de réarmer la puissance publique, s’articulant autour de 3 piliers:

• La nécessité de mettre des restrictions au libre échange au niveau européen pour lutter contre le dumping social et fis-cal et les délocalisations

• La défense et l’extension des services publics

• La redistribution des richesses du capital vers le travail pour garantir que les nouvelles ri-chesses produites profitent aux salariés et pas aux actionnaires.

Nous voulons renouveler le parti socialiste pour en finir avec la notabilisation et renouer avec les c l a s s e s p o p u l a i r e s . N o u s proposons par exemple de créer un grand parti de gauche regrou-pant l’ensemble de la gauche de gouvernement, ou encore de limi-ter le cumul des mandats afin d’ê-tre à l’image de la société françai-se.

N°7 Juin/JuilletN°7 Juin/JuilletN°7 Juin/JuilletN°7 Juin/Juillet

P1/ EditoP1/ EditoP1/ EditoP1/ Edito

P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45P2/ Justice: Réforme de l’ordonnance de 45

P3/ Economie: Les inégalités salariales augmententP3/ Economie: Les inégalités salariales augmententP3/ Economie: Les inégalités salariales augmententP3/ Economie: Les inégalités salariales augmentent

P4P4P4P4----P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne P5/ Dossier: Election européenne

P6P6P6P6----P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales P7/ Actu: Réforme des collectivités territoriales

P8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de CannesP8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de CannesP8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de CannesP8/ Culture: Visions Sociales, l’autre festival de Cannes

Pour un nouveau front populaire

Nous avons tous été bouleversés par la nouvelle débâcle qu’a essuyé le parti socialiste. Après la défaite de 2002, celle de 2007, le psychodrame calamiteux du congrès de Reims, nous essuyons une nouvelle gifle. La cri-se ouverte après le 21 avril 2002 n’est donc pas réglée car nous avons pensé, dopés par les élections intermédiaires, qu’une alternance naturelle se mettrait en place. Au-delà du Parti socialiste français, cette défaite est celle de l’ensemble de la sociale démocratie européenne. Pourtant, le be-soin de gauche n’a jamais été aussi grand. Pourtant, les français ne parta-gent pas les valeurs de l’UMP. Pourtant, le 7 juin comme le 21 avril, la gauche était majoritaire dans les urnes. L’ampleur du mal exige donc une analyse et surtout des réponses à la hauteur. Ce n’est pas une énième rénovation, refondation, ou rajeunis-sement du parti socialiste qui nous permettront de sortir du marasme. La solution ne peut passer que par un dépassement des structures du parti socialiste, faute de quoi le déclin sera inexorable. Il nous faut donc enga-ger un travail de refondation et de rassemblement de la gauche, nous per-mettant, à partir d’un programme commun, de nous doter d’un candidat unique en 2012. Ce processus, loin de se limiter à la gauche politique, doit, comme en 1936, s’appuyer sur la dynamique de la gauche sociale et impliquer associations et syndicats. Au-delà d’un simple mouvement d’ap-pareil, il nous faut nous tourner vers l’ensemble du peuple de gauche pour recréer une dynamique et faire renaître l’espoir. C’est ainsi seulement que nous convaincrons les classes populaires, notre base sociale, qui nous ont, comme en 2002 et 2007, fait défaut lors de ce scrutin, que le changement est possible. C’est ainsi seulement que nous construirons une offre politi-que capable d’incarner à la fois l’alternative et l’alternance, une gauche de gouvernement qui se donne les moyen d’accéder au pouvoir porteuse d’un programme ambitieux en rupture avec celui de la droite. Mais cette fois, nous n’avons plus droit à l’erreur.

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Justice

Le tribunal des enfants, le juge des enfants, l’intervention éducative, la protection judiciaire de la jeunesse, la primauté de l’éducatif, tout cela deviendrait-il caduc dans le cadre de la proposition de réforme de l’ordonnance de 1945 et de la créa-tion d’un code de la justice pénale des mineurs ? Il faut savoir que la dernière réforme, la loi sur la préven-tion de la délinquance, date de 2007. Que depuis 1945, l’or-donnance a fait l’objet de plus de 20 réformes ! Voudrait-on nous faire croire que la jeunesse et notamment celle qui serait délinquante viendrait mettre en péril notre société ? Qu’est-ce qui justifie qu’on affirme encore aujourd’hui et pour la énième fois l’urgence d’une reforme de la justice des mineurs ?

La délinquance des enfants augmente-t-elle ? Les présupposés : les actes de délinquance sont commis par des enfants de plus en plus jeunes, les actes commis sont de plus en plus graves, les réponses de la justice seraient laxistes, Pourtant, ces poncifs sont très discuta-bles. Tout d’abord on fait largement appel au concept de sentiment d’insécurité ou de sécurité pour argumenter telle ou telle réforme. Rappelons-nous la période élec-torale de 2002, ou plus près de nous, celle des élections européennes, où la question des jeunes délinquants occupait le devant de la scène. La méthode est éprouvée : les présentations systématiques de faits divers dans la presse contribuent large-ment à la montée du sentiment d’insécuri-té. Les chiffres clés de la justice nous di-sent : Entre 2004 et 2005, le nombre d’affaires traitées mettent en cause des mineurs a augmenté de 0,2%. Laurent Mucchielli, sociologue chercheur au CNRS, démontre que la délinquance des mineurs est passée de 22 % de la délinquance totale en 1998 à 18 % en 2007. 1,3 % d’entre eux sont impliqués dans des actes criminels. La part des enfants de moins de treize ans représente 0,3 % des auteurs de délits.

La justice des mineurs, une justice plus répressive que pour les majeurs ? 40% des jugements de mineurs donnent lieu à des mesu-res coercitives, dont 8% d’emprisonnements fermes (6 600 jeunes) et 20% d’emprisonnements avec sursis (15 100 jeu-nes).1

Les circonstances aggravantes ciblent particulièrement les mineurs : comme par exemple le fait de commettre un délit « en réunion », à proximité d’un établissement scolaire, sur un mineur de moins de 15 ans, ou encore dans les transports pu-blics. Par ailleurs, plus que la délinquance, ce qui a d’abord aug-menté, c’est les poursuites. Les mineurs sont souvent poursui-vis aujourd’hui pour des faits qui ne vaudraient même pas une garde à vue à un majeur. Vertu éducative ou banalisation de la procédure judiciaire et escalade ?

Il ne s’agit pas de nier la réalité de la délinquance des jeu-nes. Il ne s’agit pas non plus de contester que dans certaines circonstances elle soit préoccupante. Mais il ne faut pas seule-ment instruire à charge.

Suppression de la spécificité de la justice des mineurs Aujourd’hui c’est l’abrogation de l’ordonnance de 45 qui est programmée. En effet, la commission Varinard chargée de tra-vailler à une nouvelle réforme de la justice des mineurs a ren-du ses travaux en décembre 2008. Elle réaffirme fortement la primauté de l’éducatif et le caractère exceptionnel de l’incarcé-ration, mais cela semble plus relever d’une stratégie de com-munication que d’une réelle volonté politique. En effet, les me-sures préconisées vont toutes dans le sens d’une volonté affi-chée de durcissement des réponses pénales : • possibilité d’incarcérer des enfants dès l’âge de 12 ans • possibilité de retenir les enfants de moins de 12 ans 6 heu-

res renouvelables une fois, instauration de la garde à vue dès 12 ans • Remplacement de la terminologie « enfant » par « mineur »

« Quand on ouvre une école, on ferme une prison » (Victor HUGO) La volonté de renforcer ainsi la réponse judiciaire au plan pénal pour des enfants de plus en plus jeunes correspond-elle à ce qu’u-ne société doit mettre en œuvre pour édu-quer ses enfants et notamment ceux qui sont le plus en difficulté ? Ne devrait-on pas plutôt miser sur l’éducation pour réduire les inégali-tés et lutter contre les discriminations ?

Il parait important de rappeler ici l’ordon-nance de 45 et l’ambition éducative dont elle était porteuse.

« Il est peu de problème aussi graves que ceux qui concernent la protection de l’enfance, et, parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l’enfance traduite en justice. La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. »

Les propositions de réforme avancées aujourd’hui vou-draient-elles dire que la France est devenue assez riche de ses enfants pour en sacrifier une partie ? Quant on entend que 51 % des français ont une vision né-gative de la jeunesse, on se dit que l’urgence est dans la ré-conciliation des générations et non pas dans la stigmatisation d’une partie de la jeunesse.

Ce projet de réforme est une manœuvre parmi d’autres pour masquer l’échec économique et social de la majorité au pouvoir et faire prendre les conséquences d’une politique éco-nomique libérale (chômage, précarité, insécurité sociale) pour des faits de société sans lien avec l’économie. 1Mesures définitives prononcées par des juges pour enfants en 2004.

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Economie

L’étude de l’INSEE sur les salaires en France (2008) met en avant le fait que les inégalités salariales ont tendance à dimi-nuer : + 0,5% de progression des salaires des ouvriers sur la période 2001-2006 contre + 0,2% pour les autres catégories sociales. Or une moyenne peut cacher de grandes disparités. Com-bien gagne celui qui a le plus bas salaire ? et celui qui a le sa-

laire le plus élevé ? L’écart entre ces deux données est aussi très révélateur. L’étude de Camille Landais analysée par l’Observatoire des inégalités a cherché à comparer le salaire des 10% les mieux payés avec ceux des 90% restants. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Le jackpot des salariés riches

Salaire mensuel (en euros) Evolution 1998-2006 (en %)

0,01 % les mieux payés 83 410 68,9

0,1 % les mieux payés 28 661 35,8

1 % les mieux payés 10 844 18,3

5 % les mieux payés 5 831 10,6

10 % les mieux payés 4 477 8,2

90 % les moins bien payés 1 254 0,9

Source : "Top Incomes in France : booming inequalities" Camille Landais - Ecole d'Economie de Paris - juin 2008

18,3% de progression du salaire mensuel pour les 1% les mieux payés (et même + 68,9% pour les plus hauts salaires) + 0,9 % seulement en moyenne pour les 90% restants Ce sont donc les salaires les plus élevés qui ont le plus progressé. Et n’oublions pas que quand un salaire de 1200 euros progresse de 1% cela représente 12 euros en plus. Tan-dis que la même augmentation de 1% sur un salaire de 80 000 euros équivaut à 800 euros supplémentaires. Les écarts entre les mieux payés et les autres se creusent …. Une étude du Bureau International du Travail (BIT) pu-bliée fin 2008 constate également « un élargissement pronon-cé de la distribution des salaires », autrement dit une accen-tuation des inégalités.

« Smicardisation » Par ailleurs, l’étude publiée par la DARES en mai 2009 vient apporter un éclairage complémentaire sur cette question de l’accroissement des inégalités salariales. Elle concerne les bénéficiaires du SMIC au 1er juillet 2008. 14,1% des salariés sont rémunérés au SMIC en 2008. Ils étaient 12,9% l’année précédente. Dans certains secteurs d’activité cette proportion est assez impressionnante : restau-ration rapide (66,5% des salariés sont payés au SMIC), entre-prises de propreté (60,9%), cafés-hôtels-restaurants (46,1%), prestataires de services du secteur tertiaire (43,8%). Le SMIC est passé progressivement de salaire minimum à salaire de référence. Nombreuses sont aujourd’hui les offres

d’emploi recherchant des personnes hyper-qualifiées, avec de l’expérience pour des postes à responsabilité et un sa-laire au niveau du SMIC. Les inégalités salariales sont donc renforcées par un nivellement des salaires vers le bas.

Sources : « Les salaires en France Edition 2008 » – INSEE Références http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/sommaire.asp?codesage=SALFRA08 « Introuvables inégalités de salaires » Observatoire des inégalités http://www.inegalites.fr/spip.php?article993 Bulletin DARES n° 21.1 mai 2009 http://www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/2009.05-21.1-2.pdf

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Dossier

Le 7 juin dernier, lors des élections européennes, le par-ti socialiste a essuyé un sé-rieux revers en ne recueillant que 16,8% des voix, loin der-rière l’UMP à 27,8%, et à un cheveu devant les listes

« Europe écologie ». Dans les Bouches du Rhône, le résultat est encore plus faible, et nous réalisons 14,9%, derrière « Europe Ecologie » à 16,2% et l’UMP à 27,2%. Ces résultats très décevants montrent que le PS n’est pas sorti de la crise qu’il traverse depuis le 21 avril 2002 et attestent que malgré l’impopularité de l’exécutif, l’alternance n’est pas automatique. Après trois échecs électoraux majeurs, nous ne pouvons plus passer à côté d’une analyse approfondie.

La gauche est majoritaire Malgré le faible score du parti socialiste, la politique de Nicolas Sarkozy est sanctionnée par 70% des électeurs, la gauche est majoritaire et rassemble 45% des suffrages contre 40% pour la droite et l’extrême droite, le total des voix de gauche est le même qu’en 2004. Le vote écologiste a d’abord été un vote sanction contre le parti socialiste. Cela démon-tre donc que la victoire de l’UMP est d’abord liée à la faiblesse et à l’émiettement de la gauche. Notre priorité doit donc être de rassembler la gauche afin de faire émerger l’alternative en 2012. Mais pas de faux débat : alors que ces élections européennes signent la défaite de la stratégie de François Bayrou, ce n’est pas aux socialistes de revigorer le MODEM en relançant le débat des alliances tranché lors du congrès. Il nous faut construire un nouveau front populaire et travailler dès maintenant avec tous les partis de gauche à l’é-laboration d’un programme commun, conduisant ensuite à la désignation d’un candidat unique pour la présidentielle.

Les français choisissent l’unité Les listes qui réalisent un bon score ont toutes en commun d’être rassemblées. L’UMP fait le plein des voix à droite. Euro-pe écologie a réussi à rassembler, au-delà des débats de 2005 sur la constitution européenne, des personnalités fortes et unies. Enfin, le front de gauche a créé une dynamique dépas-sant de loin la simple arithmétique électorale. Le Parti socialis-te a d’abord été sanctionné pour ses divisions et son nombri-lisme, 6 mois après un congrès très difficile. En pleine campa-gne électorale, les média n’ont pas eu de difficulté à trouver des responsables socialistes expliquant qu’ils voteraient pour le PS avec difficulté, Nicolas Sarkozy a réussi à annoncer de nouvelles recrues pour l’ouverture…Il est temps de dire claire-ment que ça suffit et de démontrer que nous savons jouer collectif !

La dynamique militante est indispensable Mais ce qui a peut-être été le plus frustrant lors de cette campagne, c’est l’absence de dynamique militante, notam-ment dans les Bouches du Rhône. Les militants qui ont mené la campagne doivent être félicités, car nombreux sont ceux qui sont restés chez eux. Pas par manque de motivation, mais bien souvent parce qu’ils n’ont même pas été sollicités ! Com-bien d’élus se sont mobilisés pour faire du porte à porte et des marchés ? Combien de panneaux électoraux sont restés, jus-

qu’au dernier moment sans affiche socialiste ? Il nous faut tirer les leçons de la mise au pas des médias par la droite : le seul moyen de gagner une campagne électorale c’est désor-mais la dynamique militante.

Retrouver les classes populaires 70% des jeunes et des ouvriers se sont abstenus lors de ce scrutin alors qu’ils sont les premières victimes de la crise. Notre défaite s’explique donc d’abord par la démobilisation de notre base sociale. L’urgence, c’est de retrouver les classes populaires et d’incarner l’espoir et le renouveau. Pour cela, il nous faut évidemment être aux côtés des français pour lutter contre le nouveau tour de vis social que va donner le gouver-nement au lendemain du scrutin. Mais notre rôle ne peut se limiter à l’accompagnement de la colère sociale. Alors que l’ensemble de la sociale démocratie européenne a été sanctionnée lors de ce scrutin, la solution ne saurait être celle qu’appellent de leurs vœux depuis 10 ans certains au parti socialiste: faire un « Bad Godesberg » à la française et clarifier notre ligne entre la réforme et la révolution. Ceux qui posent le débat de cette manière ont 90 ans de retard ! De-puis 1920 et le congrès de Tours, tous les socialistes sont ré-formistes. Alors que la crise a remis les solutions de gauche sur le devant de la scène, alors que les plus libéraux n’ont pas peur de procéder à des nationalisations ou en ap-pellent à la réglementation des paradis fiscaux, ce se-rait avoir un monde de retard que d’être nous-mêmes timorés ! La gauche doit analyser les mutations du capitalis-me et mettre des solutions sur la table pour de nouvelles ré-gulations : proposer de nouvelles nationalisations, mettre en place des protections au niveau européen contre les délocali-sations, proposer une répartition des richesses plus juste…il nous faut ouvrir d’urgence tous ces chantiers.

Notre responsabilité est immense et devrait enfin faire tai-re les querelles d’égo. Le message est clair : si nous ne som-mes pas capables de rassembler la gauche et de renouer avec notre base sociale, les défaites électorales se reproduiront inéluctablement !

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Dossier

Du 4 au 7 juin, les européens se sont rendus aux urnes pour désigner leurs représentants au Parlement Européen. Cette élection est le seul moment d’expression démocratique au sein des institutions européennes. Historiquement, l’Europe, qu’on l’appelle CEE ou UE, a toujours eu des difficultés à se doter d’une substance politique qui soit soutenue par les électeurs. Après le scrutin de la semaine dernière, cette donnée n’est pas encore prête à changer. La première faiblesse de ces élections européennes est évi-demment son très faible taux de participation qui est de 43,5%. Quand bien même quelques pays revigorent cette moyenne (Belgique, Danemark, Luxembourg), les états les plus peuplés de l’Union ne comptent au plus qu’une participa-tion de 45%. La France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allema-gne, le cœur historique de l’UE ne franchissent pas la barre des 50% de mobilisation aux urnes. Les pays d’Europe de l’Est quant à eux se situent sur une moyenne de 35%. Il faut également constater la percée des mouvements et par-tis eurosceptiques ou d’extrême-droite. Le British National Par-ty envoie deux eurodéputés à Strasbourg après avoir profité des déboires médiatiques des Travaillistes au pouvoir. La Ligue du Nord en Italie double son score passant de quatre sièges à huit. A travers l’Europe, beaucoup de partis d’extrême-droite passent largement les 10% : au Danemark, en Hongrie, en Lituanie, en Roumanie. En Hollande, Geert Wilder et son parti recueillent 17% des voix en axant leur campagne sur l’islamo-phobie. En Autriche, les eurosceptiques font 18% et le cumul des deux partis d’extrême droite atteint également 18% des voix. Ces tendances se traduisent à Strasbourg par une hausse fulgurante du nombre de députés Non Inscrits (90 en 2009 contre 30 en 2004.) Autre élément (et non des moindres) de ce scrutin européen, l’affaiblissement catastrophique du PSE et la bonne conserva-tion de la majorité de droite. Le groupe socialiste et social-démocrate passe de 216 à 162 députés européens. Si les so-ciaux-démocrates allemands se maintiennent à peu près, le Portugal, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne, le Danemark sont autant de pays ou le PSE enregis-tre une baisse nette des voix en sa faveur. Au Royaume-Uni et en France, les socialistes et les travaillistes essuient une défai-te historique, liquidant la moitié de leurs sièges à Strasbourg.

Enfin, cas à part, aucun député européen provenant d’Italie ne siègera dans le groupe PSE. Le Parti Populaire Européen (PPE) passe de 288 députés à 264. Résultat qui tient compte du fait que les conservateurs britanniques ont quittés le PPE (et viennent grossir les rangs des NI) et qui est proportionné à la diminution de l’effectif du parlement européen d’une cinquantaine de sièges. Enfin, il faut noter la bonne progression des Verts (huit députés de plus) et la chute des partis libéraux (ADLE) et de la GUE (respectivement dix-huit et huit députés de moins.) Il est difficile de faire une analyse globale des résultats de ces élections européennes, tant les problématiques et les raisons sont différentes d’un pays à l’autre, de même que le taux d’abstention. Cependant, ces résultats démontrent la double crise que nous traversons : crise de la construction européen-ne et crise de la sociale démocratie. Crise de la construction européenne tant les taux d’abstention comme les scores des partis populistes sont élevés. Crise de la sociale démocratie parce qu’à de très rares exceptions, les partis socialistes euro-péens, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, font un très mauvais score. Si à chaque fois des raisons nationales peuvent être évoquées, une telle convergence rend incontour-nable une analyse européenne. La crise de la sociale démocra-tie est d’abord liée à la crise de l’Etat providence, attaqué par le capitalisme financiarisé et mondialisé. Les sociaux démocra-tes n’ont pas anticipé la crise, et n’ont pas réussi à porter une alternative à l’ultra libéralisme ouvert par Thatcher et Reagan. La crise de la sociale démocratie se traduit par l’affaiblissement du clivage gauche droite et l’émiettement de la gauche. Com-ment s’appuyer sur le Manifesto quand les trois seuls prési-dents socialistes européens (Zapatero, Socrates, Brown) ont soutenu, en chœur avec la droite, la candidature de Barosso ? Ces résultats démontrent que la crise de la gauche européen-ne dépasse largement le simple problème de casting ou de leadership ; il s’agit bel et bien d’un problème d’orientation et de projet. Partout en Europe, les sociaux démocrates n’arrivent plus à incarner l’espoir et à mobiliser les classes populaires. Après avoir créé après guerre les Etats providence, la tâche de la gauche européenne est désormais de construire un conti-nent providence. Le renouveau se trouve désormais outre Atlantique. A travers l’élection de Barak Obama bien sûr, mais aussi en Amérique Latine où la gauche a réussi réhabiliter le volontarisme politique.

EVOLUTIO�S

�ombre de SIEGES

2004 2009

PSE 216 162

PPE 288 264

ADLE 99 80

Verts 43 52

GUE 41 32

UEN 44 35

INDEPENDANT 22 18

NON-INSCRITS 30 93

783 736

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Actualité

En octobre 2008, le Prési-dent de la République a installé un « Comité pour la réforme des collectivités territoriales ». Présidé par Edouard Balladur, il com-porte 13 membres, dont une seule femme. Pierre Mauroy (qui avait présidé au sein du PS la commis-

sion en charge des dossiers sur la régionalisation et la décen-tralisation) et André Vallini ont participé aux travaux sur le réaménagement du territoire. Ce Comité était chargé de faire des propositions en vue de trancher l’éternel débat sur l’empi-lement des collectivités territoriales. Au terme de ces travaux, vingt propositions ont été regroupées dans le rapport Balladur dans le but d’alléger l’administration territoriale française. Ces propositions devaient être la troisième et dernière étape de la décentralisation. Mais loin d’alléger le « millefeuille» adminis-tratif français, les propositions du rapport Balladur compli-quent encore le maillage territorial français, et posent de nombreux problèmes en terme d’administration et de finance-ment des collectivités territoriales. Loin des clivages partisans, les socialistes ayant participé à ces travaux reconnaissent le nécessaire transfert de blocs de compétences de l’Etat vers les collectivités, avec les crédits correspondants et ont pu ré-pondre favorablement à seize propositions faites. Pour autant, des désaccords fondamentaux demeurent. Les propositions de la droite semblent davan-tage répondre à un projet électoraliste qu’à l’objectif de meilleure intégration des citoyens sur leurs territoires. Le rapport pose pour principe qu’il y a trop d’échelons territoriaux en France, or régions, départements et com-munes existent dans tous les pays euro-péens. La taille des régions n’est pas un pro-blème, seul le grand nombre de communes est une spécificité française. Des propositions incohérentes, renfor-çant les inégalités entre les territoires. Le rapport Balladur propose d’augmenter la compétence des collectivités sans prévoir les

crédits nécessaires : les transferts de charges ne sont pas compensés par des dotations supplémentaires. La suppression de la taxe professionnelle (un des quatre impôts directs lo-caux) contribue encore à l’asphyxie financière des collectivi-tés, puisqu’elle représente plus de 60% de l’autonomie fiscale des collectivités. La fusion des élus régionaux et départementaux, sous l’appel-lation « conseillers territoriaux» est dangereuse car elle fragili-serait encore la région en envoyant siéger au conseil régional les élus départementaux, supprimant ainsi le lien direct avec les électeurs, et en faisant des régions des super-cantons. De plus, la remise en cause des modes de scrutins régionaux et départementaux affaiblirait la démocratie locale : en effet les scrutins de liste des régionales ou municipales assurent une meilleure représentation de tous les courants d’opinions mais aussi de la parité, d’autant qu’ils garantissent à l’inverse des scrutins uninominaux, le renouvellement, la diversité et la pa-rité. Le rapport Balladur ne s’appuie sur aucune donnée géographi-que, puisque une seule carte apparaît dans le rapport sur la question du Grand Paris. Or, par exemple, l’intégration des départements picards aux régions voisines, comme le propose le rapport, doit nécessairement s’appuyer sur des considéra-tions d’aménagement du territoire. Aller dans le sens d’une fusion entre Paris et la Petite Couron-

ne (4 départements au total : Paris, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine) revient à recréer le département de la Sei-ne, disparu depuis 1964. La fusion des qua-tre départements enfermerait dans l’impuis-sance cette gigantesque collectivité. De plus cette fusion brouille encore la lisibilité du maillage territorial, puisque cette structure vient s’ajouter aux structures préexistantes. Mais c’est également couper la Grande Cou-ronne du reste des collectivités territoriales d’Île-de-France, en rompant la solidarité et la cohérence entre la Petite et la Grande Couronne. Enfin, c’est couper Paris Métro-pole des pôles de développement de Saclay et de Vélizy, en rendant ainsi totalement

Le chiffre: 52% des électeurs socialistes ont trouvé le PS pas assez à gauche, 4% trop à gauche, 39% comme il faut. 58 % des électeurs écolos ont trouvé le PS pas assez à gauche, 6% trop à gauche, 28 % comme il faut. Source TNS Sofres, enquête le 7 juin.

Les droits d'auteur contre la liberté d'expression?

Le Monde du 12 juin 2009 rend un vibrant hommage à la loi Internet et Création (dite loi HADOPI), bien que le Conseil Constitutionnel, interrogé par les socialistes, ait retoqué celle-ci, au motif qu'elle met en cause la liberté fondamentale du citoyen de s'exprimer et de communi-quer. Le Monde place donc les intérêts marchands avant les droits de l'Homme et du Citoyen.

Page 7: Un Monde d'Avance - Numéro 7 - Juin-Juillet 2009

Actualité

impossible la péréquation équitable entre les villes et départe-ments pauvres de la Grande Couronne et les richesses du centre (Paris, Hauts-de-Seine). Quelles propositions socialistes pour un dernier pas vers une décentralisation efficace? La réorganisation du territoire doit bien avoir pour but d’amé-liorer la qualité et l’efficacité des services publics, de suppri-mer les lenteurs et les surcoûts. Il est nécessaire de clarifier, de dire à quelle collectivité revient quelle compétence. Pour cela il faut s’appuyer sur cinq grandes priorités : • Réformer l’Etat : il faut un Etat qui assume ses fonc-tions régaliennes en prenant en charge les questions d’emploi et de justice notamment, mais également garantisse la solida-rité entre les territoires à l’échelon national. Il faut donc sup-primer les doublons entre les régions et les départements, il faut également que l’Etat recentralise certaines actions actuel-lement déléguées aux collectivités mais qui nécessitent des plans d’actions à l’échelle nationale comme la formation pro-fessionnelle ou l’insertion économique des jeunes. • Pour résoudre les problèmes liés au nombre de commu-nes, il faut poursuivre la mise en place de l’intercommu-nalité, en améliorer la légitimité démocratique et la qualité. Il faut fixer des dates butoirs pour l’achèvement des regroupe-ments de communes en communautés urbaines, communau-tés d’agglomération ou communautés de communes, et de ce fait il est nécessaire d’améliorer la carte de l’intercommunalité. Les communes les plus défavorisées doivent être intégrées à des projets communautaires de solidarité afin de compenser les écarts entre certains territoires, ces regroupements ne doivent donc pas être pensés en terme d’opportunité politique mais fondés sur un projet commun de réaménagement des territoires. Enfin il faut repenser la démocratie au sein de ces communautés en mettant en place des élections de leur exé-cutif, en prenant exemple sur les arrondisse-ments de Paris, Lyon ou Marseille, ou bien par l’élection d’une partie du conseil communautai-re au suffrage universel direct, l’autre partie étant constituée des maires des différentes communes. • Il faut renforcer le poids des régions et adapter leurs dotations aux compétences qui leur sont transférées. Il faut clarifier ces com-

pétences et la loi doit préciser quelles sont celles qui revien-nent aux régions et celles qui incombent aux départements. De plus, dans le cadre européen, la région tend à devenir l’é-chelon privilégié du maillage territorial, il faut donc penser ce rôle de plus en plus important qu’elles vont être amenées à jouer. Il faut associer les collectivités décentralisées à la défi-nition et à l’application d’un plan de relance. Les collec-tivités réalisent la majeure partie des investissements publics, le prochain plan de relance doit faire l’objet d’un contrat entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Nous devons poser comme condition au transfert de compé-tences de l’Etat aux collectivités locales ou territoriales l’attri-bution du financement correspondant et la mise en place d’un système de péréquation au niveau national. Faute de quoi, les collectivités seraient, comme aujourd’hui, obligées soit de re-noncer à certaines missions soit d’augmenter les impôts lo-caux, fiscalité particulièrement injuste. Chaque territoire ayant ses spécificités - et même si la ques-tion de la suppression des départements peut se poser- il ap-paraît, avant tout remodelage du maillage territorial français, absolument essentiel de penser la clarification des compéten-ces de chaque collectivité. Il faut aussi renforcer le poids des régions afin de s’inscrire dans un réseau de collectivité qui serait adapté aux enjeux de la construction européenne (Europe - Etat - Région), tout en maintenant un « bloc » de proximité autour de l’intercommunalité. Sous des dehors techniques, ce rapport est éminemment poli-tique et poursuit un objectif clair : après avoir découpé la 5ème république à sa mesure avec une présidentialisation qui lui est structurellement adaptée, la droite s’attaque maintenant aux collectivités territoriales. Notre rôle : dénoncer cet objectif anti-démocratique et électoraliste, et proposer un contre-projet.

Ont participé à ce numéro: Sophie, Mady, Marc, Jean, Xavier, Yannick, Marie, Julie, Fabrice, Remi,

Annie, Olivier Mise en page: Xavier

Page 8: Un Monde d'Avance - Numéro 7 - Juin-Juillet 2009

Culture

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Visions Sociales comme son nom l’indique est l’autre festi-val du cinéma de Cannes, c’est la rencontre d’un cinéma qui parle autrement des gens, d’ici et d’ailleurs, un cinéma qui dé-voile, dénonce et combat.

C’est un souffle particulier, de quoi revitaliser le sens critique du spectateur. Alors que le monde est soumis à un vent de tempête qui secoue un système économique à bout de souffle, il est tout indi-qué de porter un regard particulier sur cet autre festival. Créé à l’initiative de la CCAS (organisme chargé de mettre en œuvre les activités sociales des électriciens et gaziers) ce rassemblement culturel est l’occasion, en marge du prestigieux festival de Cannes, de promouvoir un cinéma d’auteur am-bitieux. Pour sa 9ème édition la CCAS a réitéré son association avec d’autres Comités d’Entreprises tels que les cheminots, la Ratp, le Port autonome de Marseille et France Télecom. Cette année encore le succès ne se dément pas. Marraine de cette 9ème édition Yolande MOREAU est venue nous parler du film de Benoît Delépine et Gustave Kerven : Louise-Michel. Le film : Une usine en picardie. Après un plan social les ouvrières sont sur le qui-vive mais le directeur les convoque pour leur faire un cadeau qui rassure tout le monde : des blouses neuves avec leur prénom brodé. Mais le lendemain c’est la consternation : l’usine a été déménagée pendant la nuit et la direction est en fuite. Scandalisées, elles décident de mettre leur argent en commun pour faire « buter » le patron par un professionnel. Louise est chargée de trouver un tueur à gages. Elle va choisir le plus minable de sa génération : Michel. Ensemble ils partent à la recherche du patron voyou… Samedi 23 mai un débat est organisé après la projection du film en présence de Yolande Moreau et animé par Jean Michel Frodon journaliste aux « cahiers du cinéma » . Un échange s’instaure entre les spectateurs et l’actrice. Devant cette comédie noire, sociale et politiquement incorrecte, Yolande Moreau dit avoir fait totalement confiance aux réalisateurs, « c’est pour moi » dit elle « un conte, un conte social qui malheureusement est arrivé, un événement d’un cynisme absolu » A la question : comment ressort on de ce genre de rôle elle répond « j’aborde mon métier comme de l’artisa-nat, il y a des personnages qui marquent plus que d’autres, je pense au film « Séraphine » mais de manière générale la notion de jeu à quelque chose de l’enfance, on fait semblant de… ». Quels sont vos projets après le succès de Séraphine ?

YM : « Je vais à mon rythme , je pense retourner au théâtre et à la réalisation, je veux prendre mon temps… » Elle terminera par un « j’ai envie de m’amuser » Rappelons que Louise Michel qui fut surnommée la « vierge rouge » s’est bat-tue toute sa vie aux côtés des plus faibles, de la commune jusqu’en nouvelle Calé-donie . Une femme habitée d’un courage hors normes et qui jusqu’à sa mort revendi-quera sa foi en l’anarchie et sa lutte contre l’injustice. Il fallait au moins deux héros pour incarner une telle énergie et une telle déter-mination, d’où le titre du film en forme de clin d’œil à l’histoire.