12
1 Le XVIII e siècle: la crise de l’Ancien Régime. 1. Économie agraire et développement des affaires. 1.1. La survivance de l’économie agraire. Au début du XVIIIème siècle, l’agriculture était l’activité économique la plus importante. Il s’agissait d’une agriculture de subsistance, avec un système de culture peu évolué, adapté à la rotation triennale et à la jachère. Les rendements étaient très pauvres et destinés à la autoconsommation. Fig 1. Système de rotation triennale. On se produisaient, périodiquement, des crises de subsistances, des périodes de rareté des céréales et de montée des prix des mêmes. Ces crises provoquaient des famines et de misère et, souvent, étaient la cause des révoltes populaires. La majorité de la terre appartenait à la noblesse et au clergé. Et la plupart de la population était des paysans qui travaillaient les terroirs de leurs seigneurs et étaient soumis au paiement des forts impôts. 2. La croissance démographique et économique. Au XVIIIème siècle, après les grandes guerres du XVIIème siècle (La Guerre de Trente Ans), le Traité d’Utrecht (1713) a ouvert une période de paix dans toute l’Europe. Grâce a cette situation, la population a augmenté substantiellement entre 1650 et 1800 de 100 à 200 millions d’habitants. Cette croissance démographique a été due à l’absence des grandes épidémies et à l’introduction des nouvelles espèces de cultures (la pomme-de-terre, le maïs, etc.). UNITÉ 1

UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Unidad Didáctica de Ciencias Sociales para 4º de ESO. Historia Contemporánea. Enseñanza bilingüe francés.

Citation preview

Page 1: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  1  

Le XVIIIe siècle: la crise de l’Ancien Régime.

1. Économie agraire et développement des affaires.

1.1. La survivance de l’économie agraire.

Au début du XVIIIème siècle, l’agriculture était l’activité économique la plus importante. Il s’agissait d’une agriculture de subsistance, avec un système de culture peu évolué, adapté à la rotation triennale et à la jachère. Les rendements étaient très pauvres et destinés à la autoconsommation.

Fig 1. Système de rotation triennale.

On se produisaient, périodiquement, des crises de subsistances, des périodes de rareté des céréales et de montée des prix des mêmes. Ces crises provoquaient des famines et de misère et, souvent, étaient la cause des révoltes populaires. La majorité de la terre appartenait à la noblesse et au clergé. Et la plupart de la population était des paysans qui travaillaient les terroirs de leurs seigneurs et étaient soumis au paiement des forts impôts.

2. La croissance démographique et économique.

Au XVIIIème siècle, après les grandes guerres du XVIIème siècle (La Guerre de Trente Ans), le Traité d’Utrecht (1713) a ouvert une période de paix dans toute l’Europe. Grâce a cette situation, la population a augmenté substantiellement entre 1650 et 1800 de 100 à 200 millions d’habitants. Cette croissance démographique a été due à l’absence des grandes épidémies et à l’introduction des nouvelles espèces de cultures (la pomme-de-terre, le maïs, etc.).

UNITÉ 1  

Page 2: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  2  

Fig 3. Modèle de la transition démographique.

L’augmentation de la population a conduit à une croissance de la demande de produits et à la montée des prix, et aussi des bénéfices des propriétaires. Tout ça a provoqué un agrandissement de la production. Les monarchies ont favorisé la croissance économique et ont stimulé des réformes sur l’agriculture, et elles ont financé la création des manufactures, dédiées à la production de biens de luxe. Elles ont protégé les compagnies commerciales, les responsables du commerce triangulaire entre les continents. Le commerce triangulaire consistait à échanger en Afrique des produits européens (alcool, armes, etc.) contre des esclaves, puis à apporter ces esclaves comme main d'œuvre dans les colonies d'Amérique (Antilles). Les marchands apportent ensuite en Europe les produits issus des plantations des colonies (sucre, cacao, etc.).

Fig 4. Modèle du commerce triangulaire.

Au XVIIIème, les communications ont amélioré grâce à la construction des routes et des conduites d’eau. Mais, le moyen de transport le plus important a été le commerce maritime entre les continents, le commerce colonial.

Page 3: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  3  

2- Société d’ordres et monarchie absolue.

2.1. Une société inégalitaire.

La société de l’Ancien Régime était divisée en deux grands groups: les privilégiés (la noblesse et le clergé) et les non privilégiés (Tiers État). En plus, il s’agissait d’une société fermée, où chacun appartenait á un ordre par naissance, excepté le clergé.

Fig 2. Caricature de la société d’ordres.

2.1.1 Les privilégiés

La noblesse possédait la plupart des terroirs et vivait de ses rentes. Ses membres étaient riches, monopolisaient tous les postes importants et jouissaient de privilèges économiques et fiscaux, parce qu’ils ne payaient pas d’impôts. Le clergé vivait des revenus de l’exploitation des terroirs et de la dîme. Ce n’était un group homogène, car le haut clergé jouissait des luxes de la noblesse, alors que le bas clergé provenait du Tiers État.

2.1.2 Les non privilégiés

Le Tiers État (non privilégiés) était l’immense majorité de la population (90-95%), et était très hétérogène. Il était constitué par: La bourgeoisie. Composée par les grands artisans, commerçants et banquiers. C’était le group le plus actif économiquement et il s’est enrichi grâce à la croissance économique du XVIIIème siècle. Cependant, les bourgeois n’avaient pas d’influence politique et prestige social. Les classes populaires urbaines groupaient aux travailleurs manuels des villes (petits artisans, ouvriers des manufactures, des domestiques, des soldats, etc.).

Page 4: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  4  

Les paysans constituaient le group le plus nombreux de la population. Ils étaient obligés à travailler les terroirs des privilégiés et à les payer beaucoup d’impôts. Leurs conditions de vie étaient très dures.

2.2. La monarchie absolue.

Dans la société d’ordres, le roi avait un pouvoir absolu. Il était par dessus de tous les habitants du royaume, et tous les ressortissants lui étaient soumis. La monarchie était héréditaire et d’origine divine, c’est à dire, l’autorité du roi provenait de Dieu. Toutes les institutions de l’état dépendaient du roi: il était l’expression de la loi, l’autorité suprême du gouvernement, le juge supérieur et il dirigeait les affaires, il ne partageait pas sa souveraineté avec d’autres pouvoirs. Le monarque s’appuyait sur des institutions que lui conseillaient (Conseils d’État) et sur une administration (bureaucratie). Pourtant, quelques affaires, comme la approbation des nouveaux impôts, devait être décidés par les parlements (États Généraux en France), composés par des représentantes des trois états. Mais, les monarques absolus ne convoquaient pas les parlements pour ne pas limiter leur pouvoir absolu.

3. L’ère des Lumières. Les Lumières est un mouvement intellectuel lancé en Europe au XVIIIe siècle qui a mis en question tous les principes de l’Ancien Régime. Les précédents de ce mouvement ont été deux penseurs anglais, John Locke et Isaac Newton. Le premier a critiqué l’absolutisme et a proposé, par la première fois, la séparation des pouvoirs. Grâce à Newton la méthode scientifique est née, basée sur l’observation et vérification des faits proposés. Le mouvement soutenait la confiance absolue en la raison (l’intelligence humaine) comme l’unique moyen pour comprendre le monde réel. La raison ne pouvait être substituée ni par la tradition, ni par l’autorité, ni par la révélation. Tout ce qu’elle ne pouvait pas comprendre devait être refusé. Les penseurs des Lumières croyaient que l’Humanité, menée par son intelligence, pouvait atteindre la connaissance, la base du bonheur, le but dernier de la vie humaine. C’est pour cela qu’ils défendaient l’éducation et le progrès humain, c’est à dire, l’amélioration progressive des conditions de vie des gens. De même, ils défendaient la tolérance comme la base des relations humaines et ils critiquaient l’intransigeance religieuse. Bien que la majorité des savants des Lumières étaient croyants, ils refusaient la supériorité d’une religion sur les autres et ils proposaient le besoin d’établir de codes moraux dictés par la raison.

3.1. Les philosophes des Lumières.

Les idées des Lumières ont été répandues par un groupe des penseurs, surtout, français : Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, D’Alembert, etc. Dans leur écrits, ils ont défendu les principes de liberté et égalité pour tous les citoyens et il se sont opposés à la société d’ordres, en invoquant que toutes les personnes sont nées libres et égales. C’est pour ça qu’ils ont appuyé la mobilité sociale selon le mérite et l’intelligence de chacun.

Page 5: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  5  

1.1.1. La pensée économique

En économie, les penseurs des Lumières ont défendu la physiocratie et libéralisme économique. Ces deux écoles de pensée économique sont opposées au mercantilisme, une pensée qui croyait à l’accumulation de métaux précieux comme la principale source de richesse de n’importe quel pays, et le commerce était la meilleure activité pour l’atteindre. Par contre, la physiocratie et le libéralisme économique défendaient la propriété privée et la liberté de commerce et d’industrie. Pour eux, l’agriculture était la principale source de richesse d’un pays, ce qui permettait vivre ses habitants, de toute manière que d’accumuler et échanger des produits.

3.1.2. La pensée politique

La pensée des Lumières s’est opposée radicalement à l’absolutisme. Les idées d’un groupe de savants, appuyées sur les doctrines et l’expérience de la Révolution anglaise du XVIIe siècle, ont conformé les principes d’une nouvelle pensée politique qu’ont connaît comme libéralisme politique. Les principaux philosophes des Lumières étaient : Montesquieu, qui a proposé la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). Rousseau, qui a défini le concept de contrat social, comme le résultat d’un pacte entre tous les citoyens. Il a posé le principe de souveraineté nationale, selon lequel le pouvoir émane du libre consentement de tous les citoyens, et qui s’exprime par le vote. Voltaire, qui a défendu le besoin d’un parlement qui limitait le pouvoir du roi et d’un système fiscal peu onéreux pour le peuple.

Le baron de Montesquieu Jean-Jacques Rousseau Voltaire

3.1.3. L’Encyclopédie

Deux philosophes, Diderot et D’Alembert, ont démarré un projet ambitieux : l’Encyclopédie. Il s’agissait de publier une grande œuvre qui réunissait les connaissances et savoir de leur temps, basés en la raison et l’observation de la nature. Cette œuvre, laquelle a été publiée depuis 1751. Elle comprenait 35 volumes, dans lesquels ont collaboré les principaux philosophes. L’Encyclopédie a eu un grand succès des ventes, ce qui a contribué à la diffusion des idées des Lumières et elle a provoqué la création de nombreux salons littéraires et d’académies, dans lesquelles les nouvelles idées étaient exposées et discutées.

Page 6: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  6  

4. La fin de l’Absolutisme

À la fin du XVIIIe siècle il y avait une série de changements politiques en Angleterre qui ont mis des limites au pouvoir de la monarchie absolue. En même temps, les idées des Lumières ont donné lieu, dans plusieurs pays, à des expériences de réforme politique, économique et culturelle qu’on connaît comme Despotisme.

4.1. La Révolution Anglaise

Depuis le Moyen Âge, le pouvoir royal en Angleterre était limité par les deux chambres du Parlement : celle des nobles et les clergés (les lords) et celle des bourgeois, représentants des villes (les Communes). Les monarques avaient besoin de leur autorisation pour lever de nouveaux impôts ou pour déclarer la guerre.

4.2. La Guerre Civile et la République

Au XVIIe siècle, une nouvelle dynastie, les Stuart, a essayé de gouverner sans le contrôle du Parlement et décidé d’appréhender ou exécuter tous ceux qui lui sont opposés. Pour ça, une guerre civile a éclaté entre les partisans du Parlement et ceux de l’absolutisme. En 1649, le roi Charles Ier a été exécuté et la République est proclamée. Oliver Cromwell, le leader du changement politique, a transformé la République dans une dictature militaire. À la morte de Cromwell en 1660, le Parlement a rétabli la monarchie.

4.3. La limitation du pouvoir royal

Charles IIe, le nouveau roi d’Angleterre a accepté le contrôle du Parlement dans lequel le droit d’Habeas Corpus a été voté, ce droit garantissait les libertés individuelles et empêchait au roi les détentions arbitraires. En 1688 la politique absolutiste et la foi catholique du nouveau monarque Jacques IIe ont provoqué une seconde révolution qui a supposé la fin de la dynastie Stuart. Le Parlement a offert la couronne à Guillaume III (de la dynastie Orange), beau-fils du roi et calviniste, a prêté serment à la Déclaration des Droits en 1689 (Bill of Rights), laquelle limitait définitivement le pouvoir du monarque au profit de celui du Parlement anglais. Dès ce moment, l’Angleterre a été le premier pays dans lequel la monarchie parlementaire remplace désormais la monarchie absolue. Le pouvoir du roi était limité par le Parlement, c’est à dire, toute action de la part du monarque exige l’assentiment du gouvernement tel qu’il est représenté par le Parlement. Le premier ministre était élu d’entre les lords. Les droits fondamentaux des sujets anglais sont affirmés.

4.4. Le Despotisme éclairé

Le Despotisme éclairé est une doctrine politique issue des idées des philosophes du siècle des Lumières. Cette doctrine s’est développée au milieu du XVIIIe siècle, le pouvoir y est exercé par des monarques de droit divin dont les décisions sont guidées par la raison et qui se présentent comme les premiers serviteurs de l’État.

Page 7: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  7  

On trouve parmi les monarques éclairés les suivants : Marie-Thérèse d’Autriche, Frédéric IIe de Prusse, Catherine IIe de Russie ou Charles IIIe d’Espagne. L’action des monarques éclairés était inspirée par les courants philosophiques des Lumières et se caractérise par l’ensemble des réformes qu’ils mettent en place. Cependant, la structure du pouvoir politique et celui de la société ne sont pas modifiées par ces régimes, qui se rapprochent ainsi des absolutismes de l’époque. Ils mettent au service de l’ordre établi les idées philosophiques qui leur sont contemporaines. Les monarques éclairés ne sont que des intermédiaires chargés de mettre en pratique les réformes que la pensée rationnelle exige. La devise « Tout pour le peuple, rien par le peuple » définit parfaitement la nature du Despotisme éclairé. Les réformes modernisatrices s’étendent notamment dans les domaines de l’agriculture, l’industrie, l’enseignement, l’organisation de l’État, le commerce et la religion. Pourtant, toutes ces reformes s’appliquent au service de la grandeur de l’État et du souverain. Le monarque reste absolu parce que les codes et l’administration ne limitent pas ses pouvoirs. Les réformes prétendent moderniser les structures de l’État, mais continuent à favoriser les privilégiés. C’est pour cela que les monarques devaient en tenir compte et modérer leurs réformes pour ne pas remettre en cause la structure social en place.

5. La Révolution Américaine

5.1. La Guerre d’Independence américaine

En Amérique du Nord, après la Guerre des Sept Ans entre l’Angleterre et la France, les treize colonies américaines vont souffrir une série de changements politiques très importants : la première insurrection coloniale contre une métropole, la création d’un gouvernement basé sur les principes d’égalité et liberté et la naissance d’un grand État dans lequel la division de pouvoirs est devenu une réalité. Le nouveau pays créé, les Etats-Unis, s’est doté d’une constitution en 1787 qui s’inspirait de la philosophie des Lumières. Après la Guerre des Sept Ans, certaines mesures adoptées par le gouvernement britannique déplaisent aux colons : ils ne sont pas représentés au Parlement alors qu’ils paient des impôts, ils s’opposent aux taxes imposés par Londres sur certains produits, ainsi qu’à l’instauration de monopoles (les Américaines sont obligés d’acheter leur thé à la Compagnie Anglaise des Indes Orientales). Certains colons boycottent les produits anglais. En 1773, à Boston, des Américains jettent à la mer la cargaison de thé de trois navires anglais. L’épisode est connu sous le nom de « Boston Tea Party ». En représailles, les Anglais ferment le port. Les colons décident de s’armer et de lutter contre l ‘Angleterre qui refuse de négocier. Les combats commencent en 1775. L’année suivante, le 4 juillet 1776, des représentants des treize colonies réunis en Congrès à Philadelphie votent la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Le texte a été écrit par Thomas Jefferson. Cette déclaration empressait les suivants principes : le droit de tous les gens à la liberté et la recherche du bonheur, et le devoir de tous les gouvernants à respecter les droits inaliénables du peuple.

5.2. La formation des Etats-Unis d’Amérique et le libéralisme américaine La guerre a été longue, en 1781 les Anglais capitulent à Yorktown et en 1783 ils reconnaissent l’indépendance des Etats-Unis par les traités de Paris et de Versailles). Inspirés par la philosophie des Lumières, ils mettent en place un État républicain et fédéral.

Page 8: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  8  

En 1787, une Constitution fédérale est adoptée à Philadelphie. Le gouvernement fédéral est une autorité commune aux treize états, qui s’occupe de la défense, de la diplomatie, du commerce extérieur et des finances. Les pouvoirs sont clairement séparés. Le pouvoir exécutif est entre les mains d’un président élu pour quatre ans. Le premier est George Washington. Le pouvoir législatif appartient au Congrès composé par la Chambre des représentants et par le Sénat. Le pouvoir judiciaire est assuré par la Cour Suprème. Chaque État reste cependant maître de sa justice, de sa police et de son enseignement. Seuls les plus riches ont le droit de voter. Les femmes, les pauvres, les noirs et les Indiens sont exclus de la vie politique. Malgré ces limites, les adversaires européens de l’absolutisme considèrent les Etats-Unis d’Amérique comme une terre de liberté et sa Constitution comme un modèle.

6. Le XVIIIe siècle en Espagne : la Monarchie bourbonnique

6.1. La Guerre de Succession (1701-1714) En 1700 le roi d’Espagne Charles IIe est mort sans héritiers. Dans son testament, il lègue la totalité des territoires espagnols au petit-fils de Louis XIV, le futur Philippe V. Le premier roi bourbon en Espagne. Plusieurs pays européens s’opposaient à Philippe V parce que le rapprochement entre l’Espagne et la France pourrait signifier l’élargissement du pouvoir des bourbons en Europe. Ainsi, l’Angleterre, les Provinces-Unis, le Portugal et l’Autriche ont déclaré la guerre à la France. Leur candidat au trône espagnol était l’archiduc Charles d’Autriche. Le Royaume d’Aragon se détache du Royaume d’Espagne et proclame comme son roi Charles II, tandis que Castille restait partisane de Philippe V. Les troupes philippistes ont diverses victoires décisives sur les coalisés telles que Almansa (1707) et ont occupé Valence et Aragon. En 1711 l’empereur d’Autriche est mort et Charles IIe devint empereur germanique. Pour cette raison, les Provinces-Unis et l’Angleterre ne voulaient pas d’une montée en puissance de l’hégémonie germanique. Ainsi, à la fin de l’année les belligérants se réunissent une seconde fois pour mettre fin au conflit. Finalement, le Traité d’Utrecht (1713) met fin au conflit. L’Autriche a récupéré les Pays Bas espagnols, le duché de Milan, le royaume de Naples et la Sardaigne ; le duché de Savoie a récupéré la Sicile ainsi que quelques territoires dans les Alpes (peu de temps après, l’Autriche va échanger la Sardaigne contre la Sicile avec le duc de Savoie). L’Angleterre a récupéré Gibraltar et Minorque. En contrepartie, Philippe V est reconnu comme roi d’Espagne, mais a renoncé à ses droits sur la couronne de France. Seulement Catalogne a résisté les troupes philippistes jusqu’à septembre 1714, quand Barcelone a été prise par les armées de Philippe Ve.

6.2. L’absolutisme bourbonien Les premiers Bourbons espagnols (Philippe Ve et Ferdinand Ve) ont suivi le modèle de la monarchie française et ont instauré l’absolutisme centraliste. Le monarque avait tous les pouvoirs, et il s’appuyait sur des secrétaires. Les Cortes ont disparu, avec l’exception de celles de Castille, mais restaient contrôlés par le monarque.

6.3. L’organisation territoriale Les Bourbons ont centralisé tout le territoire, en imposant les lois de Castille et une administration et des institutions uniques. Philippe Ve a aboli les fors des royaumes de la Couronne d’Aragon qui

Page 9: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  9  

avaient pris parti contre lui lors de la Guerre de Succession. Lors des décrets de Nueva Planta le système administratif de Castille s’est imposé sur tous les territoires de la Couronne. Le territoire a été organisé en provinces et intendances, gouvernés par des capitans généraux qui avaient les pouvoirs militaire et administratif. Dans chaque province des audiences ont été créées pour administrer de la justice et les corregidors sont destinés par le gouvernement des communes, tandis que les intendants servent au recouvrement des impôts.

7. Les Lumières en Espagne 7.1. Les éclairés espagnols

L’Espagne du XVIIIe siècle a connu un mouvement intellectuel qui a entrepris la réforme et la modernisation de la société d’Ancien Régime. Dès la fin du XVIIIe siècle, des cercles novateurs se réunissent dans plusieurs villes. La monarchie s’est engagée en faveur du mouvement de rénovation culturelle. Les principaux représentants de la pensée des Lumières en Espagne sont : Gaspar Melchor de Jovellanos, le Comte de Floridablanca, le comte de Campomanes, Pablo de Olavide, le Marquis de la Ensenada et le Comte de Aranda. Cependant, l’absence d’une puissante bourgeoisie en Espagne, le conservatisme des cercles intellectuels et le énorme poids de l’Église a rendu difficile la propagation des idées des Lumières.

7.2. Le Despotisme éclairé de Charles III Charles III (1759-1788), a choisi des conseillers éclairés comme le Comte de Aranda ou le Comte de Floridablanca et s’est lancé dans une série de réformes. Les plus importantes ont été : Imposer l’autorité royale sur l’Église. Les Jésuites sont expulsés d’Espagne (1767). Créer des nouvelles écoles dédiées à l’enseignement primaire et réformer les études universitaires. Déclarer par décret comme honnêtes tous les métiers (1783). Limiter les privilèges de la Mesta et coloniser de nouveaux terroirs pour l’agriculture. Libéraliser les prix du blé (1765) et décréter la liberté de commerce avec l’Amérique pour tous les ports espagnols (1778) Stimuler et protéger les Sociétés Économiques des Amis du Pays, dédiées au développement de l’agriculture, l’industrie et le commerce.

7.3. La croissance économique du XVIIIe siècle Au début du XVIIIe siècle, la société espagnole était majoritairement rurale. L’agriculture avait des baisses rendements, sous-développé techniquement, et la plupart des terres sous les mains des privilégiés. La population a augmenté de dix millions et demi jusqu’à onze millions à la fin du XVIIIe siècle. Cette croissance démographique a provoqué l’augmentation de la demande des produits et a stimulé la production agricole et artisanale. Dans l’agriculture, l’expansion des espaces cultivés, l’introduction de nouveaux cultures (pomme de terre, etc.), l’étendu des terres irrigables et de la viticulture, ont fait possible l’accroissement de la production agricole. La liberté de commerce a développé le commerce maritime grâce aux Compagnies de commerce qui avaient des monopoles des échanges avec des produits coloniales (café, tabac, sucre …) sur les ports américaines.

Page 10: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  10  

D’autre part, les monarchies ont mis en place des manufactures « royales » (de verre, de porcelaine, de fer…) et la protection des manufactures libres privées. Ces mesures ont favorisé l’accroissement de la production industrielle. Pour protéger l’industrie nationale de la concurrence extérieure, des nouveaux tarifs douaniers se sont imposés. Cependant, le principal obstacle pour le développement industriel n’a pas été résolu, celui de la faible demande à cause de la pauvreté de la paysannerie. C’est pour cela que les penseurs des Lumières ont insisté sur le besoin de mettre en place une réforme agraire qui pourrait mettre fin à la concentration de la terre aux mains des privilégiés.

Page 11: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  11  

Exercices.

- Définissez les suivants concepts : o Monarchie absolue. o Despotisme éclairé. o Parlement. o Seigneurie. o Mercantilisme. o Physiocratie. o Division des pouvoirs.

- Répondez aux questions :

1. Qu’est ce que l’Ancien Régime?

2. Quels changements démographiques et économiques se sont produits pendant le XVIIIème siècle?

3. Expliquez le commerce triangulaire.

4. Expliquez pour quoi est-ce qu’on dit que la société de l’Ancien Régime était inégalitaire?

5. Quels groups sociaux composaient la société de l’Ancien Régime?

6. Expliquez les aspects de la monarchie absolue. Sur quelles institutions s’appuyaient-

ils?

7. Expliquez les étapes de la Révolution anglaise et définissez le concept de Monarchie Parlementaire.

8. Qu’est-ce que le Despotisme éclairé ? Nommez les principaux monarques éclairés.

9. Expliquez les causes de la Révolution Américaine.

Page 12: UNITÉ 1. La Crise de l'Ancien Regime

  12  

10. Résumez le processus d’Independence des Etats-Unis.

11. Expliquez le fonctionnement du système politique américaine.

12. Qu’est-ce que la Guerre de Succession d’Espagne ? Expliquez leur causes, le développement et leurs conséquences.

13. Nommez quelques réformes proposées par Charles III de Espagne.