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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE FACULTÉ DE DROIT
La complémentarité entre les normes de prévention et de protection en santé
publique : regard sur l’éclosion de légionellose à Québec en 2012
Karine BIBEAU
Programme de maîtrise en droit et politiques de la santé
DÉCEMBRE 2014
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE FACULTÉ DE DROIT
La complémentarité entre les normes de prévention et de protection en santé
publique : regard sur l’éclosion de légionellose à Québec en 2012
Par
Karine BIBEAU
Étudiante à la maîtrise en droit et politiques de la santé
Essai fourni à la Faculté de droit
En vue de l’obtention du grade de « Maître en droit »
DÉCEMBRE 2014
© Karine Bibeau 2014
RÉSUMÉ
Quatre fonctions essentielles de santé publique ressortent de la Loi sur la santé publique,
dont la prévention ainsi que la protection. Ces deux fonctions sont complémentaires en
ce sens que des lacunes dans la mise en oeuvre de l’une peuvent miner la réalisation de
l’autre et ainsi entraîner des conséquences sanitaires regrettables. C’est donc à la lumière
de cette nécessaire complémentarité entre les fonctions de prévention et de protection,
observée à travers les normes juridiques assurant leur exercice respectif, qu’un regard est
porté dans le cadre de cet essai sur l’éclosion de légionellose survenue à Québec à l’été
2012. Il s’agit plus précisément de déterminer si cette éclosion a traduit un manque de
complémentarité entre les normes de prévention et de protection alors en vigueur et, le
cas échéant, de tenter d’en tirer des leçons pour l’avenir.
ABSTRACT
Public health is based on four essential functions including prevention and protection.
These two functions are complementary since any gap in the implementation of one
function can undermine the realization of the other one and could result in negative
sanitary consequences. In the light of this necessary complementarity between the
functions of prevention and protection that can be observed through legal standards in
place, this essay suggests an analysis of the legionellosis epidemic that occurred in
Quebec City in summer 2012. The specific question is to determine if this epidemic
revealed a lack of complementarity between prevention and protection standards that
were in force at that time and if so, to acknowledge and learn from these events.
Remerciements
Tout d’abord, je tiens à remercier ma directrice, Me Marie-Eve Couture Ménard, pour sa
grande disponibilité ainsi que ses judicieux conseils. Son dynamisme, ses
encouragements ainsi que son expérience ont été des sources de motivation pour moi et
m’ont permis de pousser plus loin mon analyse et ma maîtrise du sujet.
Également, je dédie un merci tout spécial à mes trois grandes amies, Carolyne, Julie et
Marie Ève, pour leur aide ainsi que leurs encouragements.
Finalement, je remercie ma famille ainsi que l’homme qui partage ma vie, Alex, pour
leur support et leur compréhension au cours de la dernière année.
1
TABLE DES MATIÈRES
Introduction .................................................................................................................................. 2
Chapitre 1 - La légionellose : une importante problématique en santé publique .................. 6
Chapitre 2 - Cadre théorique entourant les fonctions de prévention et de protection en
santé publique............................................................................................................................. 11
2.1 Fonctions essentielles de santé publique ......................................................................... 11 2.2 Définitions de prévention et de protection ....................................................................... 14 2.3 Importance de la prévention en santé publique ............................................................... 16
Chapitre 3 - Cadre normatif québécois portant sur la légionellose en vigueur en 2012 .... 18
3.1 En l’absence d’éclosion : prévention ............................................................................... 19 3.1.1 Cadre juridique en vigueur à l’été 2012 ................................................................... 19
3.1.1.1 Disposition spécifique : chauffe-eau ............................................................................... 20 3.1.1.2 Dispositions de portée générale ...................................................................................... 22
3.1.2 Mesures existantes à l’été 2012 ................................................................................ 27 3.1.2.1 Information destinée aux citoyens .................................................................................. 27 3.1.2.2 Information destinée aux professionnels de la santé concernés ...................................... 32
3.2 En période d’éclosion imminente ou déclarée : protection .............................................. 34 3.2.1 Cadre juridique en vigueur à l’été 2012 ................................................................... 35
3.2.1.1 Pouvoirs d’exercer une vigie ........................................................................................... 36 3.2.1.2 Pouvoirs d’enquête .......................................................................................................... 37 3.2.1.3 Pouvoirs d’intervention ................................................................................................... 39
3.2.2 Mesures de protection existantes à l’été 2012 .......................................................... 41 3.2.3 Interventions posées au cours de l’éclosion ............................................................. 44
3.2.3.1 Identification d’un lien entre les cas déclarés ................................................................. 45 3.2.3.2 Sollicitation de la participation des propriétaires de TAR .............................................. 46 3.2.3.3 Obligations imposées aux propriétaires de TAR ............................................................. 49
Chapitre 4 - Leçons à tirer de l’éclosion de légionellose à Québec en 2012 .......................... 54
4.1 Réflexion quant à la complémentarité entre les normes de prévention et de protection en
vigueur à l’été 2012 ................................................................................................................. 54 4.2 Évolution normative post-éclosion .................................................................................. 62
4.2.1 Adoption de nouvelles normes en lien avec les TAR ............................................... 63 4.2.2 Apport des modifications en matière de complémentarité ....................................... 65
Conclusion .................................................................................................................................. 68
Table de la législation ................................................................................................................................ 71
Bibliographie ............................................................................................................................................. 72
2
Introduction
La légionellose est un terme utilisé pour désigner une infection causée par une bactérie
appelée Legionella1. Cette infection est à l’origine de deux maladies, soit la fièvre de
Pontiac et la maladie du légionnaire2. Bien que la légionellose ait été découverte pour la
première fois en 1976 à Philadelphie3, ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’elle
est devenue une préoccupation en santé publique au Québec4. Toutefois, même si la
légionellose est une réalité en santé publique au Québec depuis plus de 20 ans, on peut
dire qu’elle était plutôt restée lettre morte au sein de la majorité de la population
québécoise avant l’été 2012. Mais que s’est-il donc passé à cette époque pour que cette
maladie, qui semblait auparavant anodine, devienne tout à coup connue et inquiétante
pour les citoyens du Québec?
De fait, du 26 juillet au 8 octobre 2012, une éclosion de légionellose est survenue dans la
ville de Québec5. Durant cette période, il y a eu 181 cas de légionellose rapportés parmi
lesquels il y a eu 13 décès6. Il s’agit d’ailleurs de l’une des plus importantes éclosions de
légionellose rapportée dans le monde à ce jour7. La cause de cette éclosion de
légionellose : deux tours aérorefroidissantes8 (ci-après « TAR ») situées au centre-ville
1 GOUVERNEMENT DU CANADA, La maladie du légionnaire et la fièvre de pontiac, mise à jour le 9 octobre
2012, en ligne : <http://canadiensensante.gc.ca/diseases-conditions-maladies-affections/disease-
maladie/legionnaire-fra.php> (site consulté le 22 novembre 2014). 2 Id.
3 Id.
4 En effet, en 1987, la légionellose a été ajoutée à la liste des maladies à déclaration obligatoire au Québec.
Nous verrons davantage cette norme au chapitre 3, à la section 3.2.1.1 (infra, p. 36 et 37). 5 Isabelle GOUPIL-SORMANY et Caroline HUOT, Éclosion de légionellose dans la Ville de Québec, Québec,
Canada, été 2012. Rapport du directeur de santé publique François Desbiens, M.D., Agence de la santé et
des services sociaux de la Capitale-Nationale, Québec, Gouvernement du Québec, 2012, en ligne :
<http://www.dspq.qc.ca/documents/RapportLegionellose05122012.pdf>, p. 4 (consulté le 22 novembre
2014). 6 Id. ; Il est à noter qu’au cours de cette période, il y a eu 184 cas de légionellose rapportés et 14 décès au
total, mais que pour un des décès et deux personnes infectées, le lien n’a pas été fait avec l’éclosion de
légionellose en cours. À cet effet, voir : Catherine RUDEL-TESSIER, Rapport d’enquête de Me Catherine
Rudel-Tessier, coroner, sur les causes et les circonstances des décès de Claude Desjardins, Yvette Lepage,
Gérard Verret, Hélène Savard, Marguerite Jacques, Lucie Ouellet, Roland Hamel, Colette Simard,
Marcel Lamontagne, Guy Morin, Gabrielle Côté, Carolle Leclerc, Pierre Champagne et Roland Ouellet
survenus à Québec à l’été 2012 liés à l’éclosion de légionellose, Bureau du coroner, Québec,
Gouvernement du Québec, 2013, p. 8. 7I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 39 ; C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 2.
8 Il est à noter qu’elles sont également appelées tours auro-réfrigérantes.
3
de Québec dans le Complexe Place Jacques-Cartier9. La grande majorité des personnes
ayant contracté la légionellose lors de cette éclosion, soit 173, habitait ou avait fréquenté
dans les jours précédant l’apparition de la maladie une zone de trois kilomètres autour
du Complexe Place Jacques-Cartier10
. Dans le cas des huit autres personnes, le lieu
d’exposition le plus près de la source allait jusqu’à un périmètre de 11 kilomètres11
.
Ainsi, cet épisode ayant fait l’objet d’une grande médiatisation12
et engendré de lourdes
conséquences dans un court laps de temps, la légionellose est devenue mieux connue au
sein de la population québécoise à partir de ce moment.
Même si un peu plus de deux années se sont écoulées depuis cette éclosion de
légionellose de 2012, elle demeure un événement d’actualité puisque le Québec n’est
malheureusement pas à l’abri d’autres éclosions éventuelles. Ce faisant, plutôt que de
taire ce triste événement passé et de le laisser sombrer dans l’oubli, nous avons choisi
d’y porter un regard analytique et ce, plus particulièrement sous l’angle de la prévention
et de la protection en santé publique. Pour les fins de cet essai, la prévention13
en matière
de légionellose renvoie à l’ensemble des normes14
adoptées pour éviter le risque
d’éclosion de cette maladie. La protection15
, quant à elle, réfère à l’ensemble des normes
encadrant les interventions posées à l’occasion d’une éclosion imminente ou déclarée
afin de l’enrayer le plus rapidement possible et d’en limiter les conséquences. Nous
9I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 34 et 37.
10 Id., p. 30.
11 Id.
12 Voir les articles de journaux suivants qui ne sont toutefois pas exhaustifs : Johanne ROY, « La
légionellose perd du terrain », Le Journal de Montréal, 5 septembre 2012, en ligne :
<http://www.journaldemontreal.com/2012/09/05/le-declin-de-leclosion-se-confirme> (consulté le 14
octobre 2013). Il est à noter que lorsque nous avons tenté de retourner sur ce lien Internet le 22 novembre
2014, l’article n’était plus accessible dans son intégralité; Lia LEVESQUE, « Éclosion de légionellose à
Québec : 65 cas, 6 morts », La Presse Canadienne, 23 août 2012, en ligne :
<http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201208/23/01-4567640-eclosion-de-legionellose-a-quebec-65-
cas-6-morts.php> (consulté le 22 novembre 2014); Pierre PELCHAT, « La légionellose fait deux autres
morts à Québec », Le Soleil, 20 août 2012, en ligne : <http://www.lapresse.ca/le-
soleil/actualites/sante/201208/20/01-4566562-la-legionellose-fait-deux-autres-morts-a-quebec.php>
(consulté le 22 novembre 2014). Également, voir : Id., p. 25 (pour les communications présentées par la
direction de la santé publique tout au long de l’éclosion de légionellose à l’été 2012). 13
Nous reviendrons sur la définition de prévention au chapitre 2, à la section 2.2 (infra, p. 14). 14
Il est à noter que par l’utilisation du terme « norme(s) » tout au long de cet essai, nous inclurons tant le
cadre juridique comme tel (lois et règlements) que les autres mesures existantes (par exemple, l’adoption
d’un guide d’intervention). Nous ne traiterons toutefois pas, dans le cadre de cet essai, du débat du critère
de la juridicité d’une norme. 15
Nous reviendrons sur la définition de protection au chapitre 2, à la section 2.2 (infra, p. 14 et 15).
4
avons décidé d’aborder la prévention et la protection en santé publique dans le cadre de
notre analyse puisque, d’une part, il s’agit de deux fonctions essentielles de santé
publique au Québec16
et que, d’autre part, ces deux fonctions donnent lieu à des normes
de prévention et de protection qui sont complémentaires17
. De fait, nous verrons qu’il est
primordial que des normes adéquates et suffisantes de prévention et de protection
complémentaires soient en vigueur dans le domaine de la santé publique, à défaut de
quoi, cela peut avoir un impact sur la santé de la population québécoise et même,
ultimement, sur la pérennité de notre système de santé.
Ainsi, la question qui est au cœur de notre essai est la suivante : l’éclosion de
légionellose dans la ville de Québec à l’été 2012 a-t-elle traduit un manque de
complémentarité entre les normes de prévention et de protection en santé publique qui
étaient en vigueur à cette époque ? Notre analyse ne visera donc pas à déterminer si les
décisions qui ont été prises par les autorités en santé publique avant et pendant l’éclosion
de légionellose étaient appropriées ou non. Nous aurons plutôt recours à cet événement
passé pour tenter d’en tirer des leçons pour l’avenir quant aux normes de prévention et
de protection et quant à la nécessité qu’il y ait une complémentarité adéquate entre elles.
Afin de mettre en lumière des pistes de réflexion quant à la réponse à notre question
d’analyse, nous aborderons, dans le premier chapitre, les tenants et aboutissants de la
légionellose afin de comprendre ce qu’est cette maladie ainsi que les raisons pour
lesquelles il s’agit d’une importante problématique en santé publique. Cela permettra de
cerner pourquoi la prévention et la protection contre cette maladie sont essentielles,
même s’il est loin de s’agir d’une mince tâche. Au second chapitre, nous examinerons le
cadre théorique portant sur les fonctions essentielles de prévention et de protection en
santé publique afin de définir ce que sont ces deux fonctions et de faire ressortir les liens
étroits qu’elles entretiennent. Suite à cela, nous exposerons, au troisième chapitre, le
cadre normatif québécois en vigueur à l’été 2012 en matière de légionellose en nous
attardant initialement à la prévention pour aborder, par la suite, la protection. Dès lors
16
Nous reviendrons sur ce que sont les fonctions essentielles de santé publique au chapitre 2, à la section
2.1 (infra, p. 11-13). 17
Nous reviendrons sur les liens entre ces deux types de normes au chapitre 2 (infra, p. 11-18).
5
que ces normes auront été exposées, nous serons en mesure de discuter, au quatrième et
dernier chapitre, des indices qui seront ressortis de notre analyse quant à l’existence ou
non d’un manque de complémentarité entre les normes de prévention et de protection
applicables à la légionellose qui étaient en vigueur à l’été 2012 et, s’il y a lieu, des
leçons à en tirer pour l’avenir. Dans ce dernier chapitre, il sera aussi brièvement fait état
des modifications normatives apportées en cette matière suite à l’éclosion de
légionellose de 2012 ainsi que de l’apport de ces modifications au niveau de la
complémentarité des normes de prévention et de protection.
6
Chapitre 1 - La légionellose : une importante problématique en santé publique
Afin de montrer l’importance de prévenir la légionellose et de protéger la population
québécoise contre cette maladie, il est nécessaire de bien comprendre en quoi elle
consiste. Pour ce faire, nous aborderons son origine, son traitement, ses conséquences,
ses causes ainsi que les examens requis pour la diagnostiquer.
La légionellose est une infection qui est causée par une bactérie appelée Legionella18
.
Cette infection est à l’origine de deux maladies, soit la fièvre de Pontiac et la maladie du
légionnaire19
. La fièvre de Pontiac est une infection bénigne dont les symptômes
s’apparentent à ceux d’une grippe alors que la maladie du légionnaire est une forme plus
sévère dont les symptômes ressemblent à ceux d’une pneumonie20
. Cette dernière forme
peut même entraîner le décès21
. Les personnes qui sont infectées par la Legionella et qui
développent une fièvre de Pontiac seront rétablies dans un délai habituel de deux à cinq
jours et ce, sans traitement22
, alors que les personnes qui sont atteintes de la maladie du
légionnaire devront recevoir un traitement antibiotique23
. Il n’existe pas, à l’heure
actuelle, de vaccin contre la légionellose24
.
La première manifestation connue et rapportée de la maladie du légionnaire remonte à
1976 alors que 29 personnes sont décédées lors d’un congrès de la légion américaine à
Philadelphie suite à des symptômes de pneumonie; le nom de la maladie tire en fait son
origine de cet événement 25
. Par la suite, en 1987, la légionellose a été ajoutée à la liste
des maladies à déclaration obligatoire (ci-après « MADO ») au Québec26
. Cette réalité
18
GOUVERNEMENT DU CANADA, préc., note 1. 19
Id. 20
Id. 21
Id. 22
GOUVERNEMENT DU QUEBEC, Légionellose (maladie du légionnaire), mise à jour le 9 mai 2013, en
ligne : <http://sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/legionellose/> (site consulté le 22 novembre 2014). 23
Id. 24
Id. 25
GOUVERNEMENT DU CANADA, préc., note 1. 26
DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE MONTREAL
(SECTEUR VIGIE ET PROTECTION), Guide régional d’investigation de la légionellose, Québec,
Gouvernement du Québec, 2011, en ligne :
<http://www.dsp.santemontreal.qc.ca/fileadmin/documents/dossiers_thematiques/Infections_et_intoxicati
ons/Legionellose__Maladie_du_Legionnaire_/2011_LEGIONELLA_GUIDE_REGIONAL_D_INVESTI
7
s’explique essentiellement par le fait que cette maladie est médicalement reconnue
« comme une menace à la santé de la population »27
. En effet, tel que le prévoit
l’Organisation mondiale de la Santé (ci-après « OMS »), les conséquences de cette
maladie sont importantes :
« Le taux de létalité peut atteindre 40 à 80 % chez les patients
immunodéprimés non traités, et peut être ramené à 5 à 30 % quand la prise
en charge est appropriée, suivant la gravité des signes et des symptômes
cliniques. Le taux de mortalité se situe en général dans la fourchette 10 à
15% chez les personnes capables d’élaborer une réponse immunitaire. »28
(nos soulignés)
Bien que tous les humains soient susceptibles d’être infectés par la Legionella, certains
facteurs en prédisposent la contraction, tels le fait d’être un homme, d’être âgé de plus
de 50 ans, de fumer, de consommer de l’alcool, d’avoir une maladie chronique, d’être
immunodéprimé (affaiblissement du système immunitaire) ou d’avoir récemment subi
une intervention chirurgicale29
.
L’infection à la Legionella se produit simplement par l’inhalation de gouttelettes d’eau
contaminées30
. La consommation d’eau contaminée par la Legionella ne cause donc pas
d’infection31
. Des recherches sur le sujet ont démontré qu’il n’y a pas de risque de
transmission directe entre les humains32
. Chez certaines personnes, l’infection a été
contractée très près de la source en cause alors que chez d’autres personnes, elle a été
contractée alors qu’elles étaient situées jusqu’à 11 kilomètres de la source33
. Ainsi, la
propagation de la Legionella ne semble pas dépasser un périmètre de quelques
kilomètres de la source de contamination. Toutefois, le périmètre de contamination peut
GATION__09-26_.pdf>, p. 22 (consulté le 22 novembre 2014). Nous reviendrons sur cette norme au
chapitre 3, à la section 3.2.1.1 (infra, p. 36 et 37). 27
Règlement d’application de la Loi sur la santé publique, RLRQ, c. S-2.2, r.1, art. 2 al. 1 (2). 28
ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE, Légionellose, en ligne :
<http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs285/fr/> (site consulté le 14 octobre 2013) (ci-après
« OMS »). Il est à noter que lorsque nous avons tenté de retourner sur ce lien Internet le 22 novembre
2014, il n’était plus disponible. 29
GOUVERNEMENT DU QUEBEC, préc., note 22. 30
Id. 31
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 14. 32
Id. 33
Id., p. 30.
8
varier en fonction, notamment, des « conditions atmosphériques »34
. Ainsi, à la lumière
de l’état des connaissances actuelles, une éclosion de légionellose dans une autre
province ou dans un autre pays ne risque pas d’avoir d’impact au Québec35
, ce qui fait
de la légionellose une maladie plus ciblée que d’autres maladies graves et mortelles,
telles que la tuberculose36
ou le syndrome respiratoire aigu sévère, communément
appelé « SRAS »37
. Cette particularité est non négligeable lorsqu’il est question de
prévention et de protection puisque les effets des normes préventives et protectrices ne
risquent pas d’être annihilés par ce qui se passe dans un pays voisin.
D’ailleurs, pour prévenir les conséquences de cette bactérie, encore faut-il bien
comprendre où elle se retrouve. Le Gouvernement du Québec note que la « Legionella
se retrouve naturellement dans l’eau douce des lacs et des rivières ainsi que dans le sol.
La bactérie se multiplie à une température variant entre 25 oC et 42
oC. »
38 L’OMS,
quant à elle, précise ce qui suit :
« Cette bactérie vit naturellement dans l’environnement et prolifère dans les
eaux tièdes et les endroits tièdes et humides. Elle est fréquente dans les lacs,
les rivières, les ruisseaux, les sources chaudes et divers autres gîtes
aquatiques. Elle s’observe également dans le sol et dans le terreau de
rempotage. »39
Cela signifie donc que cette bactérie peut se retrouver à de nombreux endroits et,
surtout, qu’elle peut se retrouver chez tous les citoyens. Malgré les nombreuses sources
potentielles d’infection, il y a lieu de souligner que les principales sont les suivantes : les
douches, les chauffe-eau, les spas, les bains-tourbillons, les jacuzzis, les bains à remous,
les fontaines décoratives, les appareils de thérapie respiratoire qui génèrent des aérosols
34
REGIE DU BATIMENT DU QUEBEC, La maladie du légionnaire : éviter la propagation, 2 août 2012, en
ligne : <https://www.rbq.gouv.qc.ca/salle-de-presse/les-nouvelles/nouvelles-detail/item/la-maladie-du-
legionnaire-evitez-la-propagation.html > (site consulté le 22 novembre 2014). 35
À moins qu’une personne qui vient du Québec contracte la légionellose à l’étranger lors d’un voyage. 36
La tuberculose n’est pas seulement une MADO au Québec, elle est également une maladie à traitement
obligatoire en raison de sa forte contagion et de ses importantes conséquences. À cet effet, voir :
Règlement ministériel d’application de la Loi sur la santé publique, RLRQ, c. S-2.2, r. 2, art. 9. 37
Pour des détails quant à cette maladie, voir : SANTE CANADA, Syndrome respiratoire aigu sévère
(SRAS), mise à jour en avril 2004, en ligne : <http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/diseases-
maladies/sars-sras-fra.php> (site consulté le 22 novembre 2014). 38
GOUVERNEMENT DU QUEBEC, préc., note 22. 39
OMS, préc., note 28.
9
ainsi que les TAR40
. Les TAR « sont des échangeurs thermiques utilisés pour dissiper les
lourdes charges calorifiques dans l'atmosphère; elles sont une composante importante
dans de nombreux procédés industriels et commerciaux. »41
À titre d’exemple, les TAR
sont souvent présentes dans les systèmes de climatisation des grands immeubles. Nous
prenons soin de préciser ce que sont les TAR puisque, comme nous l’avons mentionné
en introduction42
, ce sont des TAR qui ont été la source de l’éclosion de légionellose à
Québec à l’été 2012. Également, lorsqu’il y a des éclosions de légionellose de grande
envergure, les sources en cause sont bien souvent des TAR43
puisqu’elles peuvent
diffuser des quantités importantes d’eau contaminée sous forme d’aérosols qui,
conséquemment, peuvent atteindre plusieurs personnes44
.
À la lumière de ce qui précède, il est d’ores et déjà aisé de comprendre que la
multiplicité des sources de prolifération de la Legionella en fait un défi important en
matière de prévention et de protection en santé publique.
Le défi est toutefois loin de s’arrêter ici. En effet, tel que nous l’avons abordé
précédemment45
, les symptômes des maladies causées par l’infection à la Legionella
ressemblent à ceux d’autres maladies bien connues, telles que la grippe ainsi que la
pneumonie. Ce faisant, le diagnostic d’une fièvre de Pontiac ou d’une maladie du
légionnaire n’est pas toujours simple à poser pour le professionnel de la santé qui y est
confronté. En effet, le diagnostic de la maladie du légionnaire ne peut pas être posé
simplement à l’aide d’une radiographie puisque cette dernière ne fera que confirmer la
40
GOUVERNEMENT DU QUEBEC, préc., note 22. 41
ENVIRONNEMENT CANADA, Guide des tours de refroidissement humides des matières particulaires, 2e
éd., avril 2014, mise à jour le 5 mai 2014, en ligne : <http://www.ec.gc.ca/inrp-
npri/default.asp?lang=Fr&n=2ED8CFA7-1> (site consulté le 22 novembre 2014). 42
Supra, p. 2 et 3. 43
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 39; Réjean PARADIS, Nicole BOULIANNE, Sylvain
ALLAIRE et Denis GAUVIN avec la collab. de Marc DIONNE et Éric DEWAILLY, Épidémie de légionellose
dans la région de Québec mai-juin 1996. Rapport d’enquête épidémiologique et environnementale,
Québec, Centre de santé publique du Québec, 1997, en ligne :
<http://www.santecom.qc.ca/Bibliothequevirtuelle/santecom/35567000007176.pdf>, p.13 (consulté le 22
novembre 2014). 44
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 39 et 40. 45
Supra, p. 6.
10
présence d’une pneumonie, sans pour autant distinguer l’agent qui en est à l’origine46
.
Par conséquent, il est nécessaire de procéder à des tests de laboratoire, comme la culture
d’urine ou de sécrétions respiratoires, pour pouvoir obtenir le diagnostic précis47
. Ainsi,
si le professionnel de la santé pose un diagnostic de grippe ou de pneumonie, il ne fera
pas de déclaration auprès de la direction de la santé publique48
. Ignorant la
problématique, cette dernière ne pourra donc pas intervenir. Soulignons qu’en 2001, le
Center for Disease Control and Prevention aux États-Unis estimait qu’il n’y avait que
3% des cas de légionellose qui étaient adéquatement diagnostiqués49
. Au surplus,
ajoutons que les cas de légionellose annuels déclarés, en l’absence d’éclosion, ne sont
pas très nombreux au Québec50
. À titre d’exemple, pour la région de la Capitale-
Nationale à Québec, il y a en moyenne deux signalements par année51
.
Toujours dans la même veine, il y a lieu de préciser que malgré les études et les
recherches effectuées concernant la légionellose, la concentration de Legionella
nécessaire pour qu’il y ait un risque d’infection demeure inconnue52
. Ce que l’on sait
cependant, c’est que la concentration requise pourrait ne pas être très élevée chez les
personnes qui sont plus à risque d’infection53
. Au surplus, nous savons qu’il y a
plusieurs dizaines d’espèces de Legionella et qu’elles ne causent pas toutes des
infections54
. À ce stade-ci, il importe donc de comprendre que dans les endroits propices
46
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, Guide d’intervention – La
légionellose, Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Québec, Gouvernement du Québec,
2010, en ligne : <http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2010/10-271-02.pdf>, p. 13
(consulté le 22 novembre 2014). 47
Id., p. 13 et 14. 48
À cet effet, voir : Loi sur la santé publique, RLRQ, c. S-2.2, art. 83-88 (ci-après « LSP ») et Règlement
ministériel d’application de la Loi sur la santé publique, préc., note 36, art. 2-8. Cette mesure sera
explicitée au chapitre 3, à la section 3.2.1.1 (infra, p. 36 et 37). 49
Hélène BELANGER-BONNEAU et Marc DIONNE avec la collab. de Richard BONNEAU, Jean JOLI et
François MILORD, Prévention de la légionellose et des brûlures en relation avec la température des
chauffe-eau électriques domestiques, Institut national de santé publique du Québec, Québec,
Gouvernement du Québec, 2001, en ligne :
<http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/032_PreventionLegionelloseBrulures.pdf>, p. 3 (consulté le 22
novembre 2014). 50
Pour l’ensemble du Québec, en 2009, il y a eu 50 cas de légionellose qui ont été déclarés. À cet effet,
voir : DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE
MONTREAL (SECTEUR VIGIE ET PROTECTION), préc., note 26, p. 24. 51
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 15. 52
OMS, préc., note 28. 53
Id. 54
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 13.
11
au développement de la Legionella, il peut être normal qu’il y en ait certaines espèces,
voire même une certaine concentration. Ce qu’il faut éviter, c’est qu’une espèce causant
l’infection se développe dans une concentration trop importante et, conséquemment,
qu’elle devienne à risque d’infecter les gens qui respirent les particules d’eau dans
lesquelles elle est présente.
Dès lors que les principales caractéristiques de la légionellose nous permettent de
comprendre que la prévention et la protection contre cette maladie ne sont pas une mince
tâche, nous présenterons, dans le prochain chapitre, le cadre théorique entourant les
fonctions de prévention et de protection en santé publique et ce, afin de bien comprendre
en quoi consistent ces deux fonctions et les liens qui existent entre elles.
Chapitre 2 - Cadre théorique entourant les fonctions de prévention et de protection
en santé publique
Ce chapitre portant sur le cadre théorique entourant les fonctions de prévention et de
protection en santé publique sera divisé en trois parties : premièrement, il sera question
du fait que la prévention et la protection sont des fonctions essentielles de santé publique
au Québec, deuxièmement, nous définirons ce que sont la prévention et la protection
pour bien comprendre ces deux fonctions et pour pouvoir établir les liens entre elles et,
troisièmement, nous soulignerons l’importance de la fonction de prévention dans notre
système de santé québécois.
2.1 Fonctions essentielles de santé publique
Selon l’OMS, le domaine de la santé publique s’est élargi au cours des dernières années
en ce qu’il englobe dorénavant des préoccupations sociales et ne se limite donc plus
seulement, comme cela a été le cas durant plusieurs siècles, à l’hygiène ainsi qu’à la
lutte contre les maladies transmissibles55
. L’OMS prévoit également ce qui suit :
55
ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE, Fonctions essentielles de santé publique : Le rôle des
ministères de la santé, Bureau régional du pacifique occidental, 53e session, Kyoto (Japon), 16 et 20
septembre 2002, en ligne : <http://www2.wpro.who.int/internet/resources.ashx/RCM/RC53-10-fr.pdf>, p.
1 (consulté le 22 novembre 2014).
12
« On attend de l'infrastructure de la santé publique qu'elle apporte une
réponse aux problèmes posés par les nouvelles technologies, par les effets
de la mondialisation, par la migration et par la menace potentielle du
terrorisme biologique. Malheureusement, il est de plus en plus évident que
les systèmes et les services de santé publique dans leur état actuel ne sont
pas en mesure de faire face à ces défis des temps modernes. »56
(nos
soulignés)
L’OMS souligne que la mise en oeuvre des fonctions essentielles de santé publique peut
être un bon moyen pour permettre aux systèmes de santé de faire face aux défis
auxquels ils sont confrontés en santé publique avec l’avancement des années :
« En dépit d'une bonne connaissance générale des missions fondamentales
de la santé publique, les pays rencontrent souvent des difficultés pour les
définir dans le détail et de façon systématique. Il leur est donc difficile de
garantir que les activités de santé publique s'exercent dans leur globalité et
de façon bien coordonnée. En faisant appel aux notions des fonctions
essentielles de la santé publique (FESP), les Etats Membres doivent arriver
à définir plus précisément et plus systématiquement les missions
fondamentales de la santé publique dont les gouvernements sont comptables
en dernier ressort. » 57
(nos soulignés)
Au Québec, c’est la Loi sur la santé publique58
(ci-après « LSP ») qui contient les
principales lignes directrices de l’encadrement législatif en matière de santé publique59
.
Elle revêt donc une grande importance en matière de légionellose puisque, comme nous
l’avons vu précédemment60
, il s’agit d’un problème de santé publique au Québec. La
LSP « a pour objet la protection de la santé de la population et la mise en place de
conditions favorables au maintien et à l’amélioration de l’état de santé et de bien-être de
56
Id. 57
Id. 58
LSP. 59
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, Mieux comprendre la Loi sur la santé
publique. Une synthèse des principales questions soulevées lors de sa présentation, de janvier à juin 2002,
Québec, Gouvernement du Québec, 2002, en ligne :
<http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2002/02-207.pdf>, p. 1 (consulté le 22
novembre 2014). Comme cette source sera citée à plusieurs reprises dans le cadre de cet essai, nous tenons
à souligner qu’à la page 1, il est fait mention de ce qui suit : « Il ne s’agit pas d’un document
d’interprétation juridique de la Loi mais d’un document d’accompagnement permettant d’en préciser
certains éléments et, parfois, d’éclairer les intentions sous-jacentes à certaines mesures en donnant des
exemples de leur application. » 60
Supra, p. 6-11.
13
la population en général. »61
Pour la réalisation de son objet, elle prévoit quatre
fonctions essentielles de santé publique, soit la surveillance, la prévention, la promotion
ainsi que la protection62
.
Dans le cadre de cet essai, nous limiterons toutefois notre analyse aux fonctions de
prévention, de promotion et de protection appliquées dans le contexte de la légionellose.
Il est à noter que la fonction de promotion sera incluse dans l’analyse de la fonction de
prévention puisque, d’une part, ces deux fonctions sont traitées dans un même chapitre
de la LSP63
et que, d’autre part, elles ont un but commun : éviter la survenance d’une
éclosion. En ce qui a trait à la fonction de surveillance, son but est de connaître l’état de
santé de la population en général et de planifier les services appropriés à offrir64
. Bien
qu’il s’agisse d’une fonction importante dans le domaine de la santé publique, nous
avons choisi de ne l’aborder que ponctuellement dans la fonction de protection65
et ce,
parce qu’elle n’est pas centrale66
pour la légionellose comparativement à d’autres
problèmes dont l’émergence est assez récente, par exemple, la grippe A(H1N1)67
.
Il y a donc lieu de retenir qu’au Québec, la prévention (incluant la promotion) et la
protection ont été reconnues législativement comme étant des fonctions essentielles de
santé publique. Nous y voyons d’ores et déjà un premier lien important entre ces
fonctions. Cependant, leur essence diffère.
61
LSP, art. 1. 62
Id., art. 2-4 et 8; Denise MC MANIMAN, « La nouvelle Loi sur la santé publique et la protection de la
santé de la population », dans Actes de la XVIe Conférence des juristes de l’État, Cowansville, Éditions
Yvon Blais, 2004, p. 247, aux pages 248 et 249. 63
LSP, art. 53-56 (Chapitre VI, section 1). 64
Id., art. 4 al. 1. 65
Infra, p. 37. 66
Il est à noter que nous ne cherchons pas à minimiser l’importance de la fonction de surveillance en
matière de légionellose, mais seulement à faire ressortir qu’elle est moins centrale que les trois autres
fonctions aux fins de notre analyse. 67
DIRECTION DE LA SURVEILLANCE DE L’ETAT DE SANTE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES
SOCIAUX, INSTITUT NATIONAL DE SANTE PUBLIQUE DU QUEBEC et INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU
QUEBEC, Pour guider l’action. Portrait de l’état de santé du Québec et de ses régions, Québec,
Gouvernement du Québec, 2011, en ligne :
<http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2011/11-228-01F.pdf>, p. 11 (consulté le 22
novembre 2014).
14
2.2 Définitions de prévention et de protection
La prévention a été définie par l’OMS en 1948 comme étant « l'ensemble des mesures
visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des
handicaps. »68
L’auteur Raymond Massé la définit quant à lui comme étant « un
ensemble d’activités qui visent à réduire les facteurs de risques associés aux problèmes
sociaux et de santé et à détecter les signes hâtifs de problèmes dans le but de les
contrer. »69
En ce qui concerne la promotion, elle est définie comme suit par l’Association
canadienne de santé publique :
« La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les
moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et
d’améliorer celle-ci. Cette démarche relève d’un concept définissant la
« santé » comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut
d’une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins, et, d’autre part,
évoluer avec le milieu ou s’adapter à celui-ci. La santé est donc perçue
comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie;
il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et
individuelles, ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc, la promotion de
la santé ne relève pas seulement du secteur sanitaire : elle dépasse les
modes de vie sains pour viser le bien-être. »70
(nos soulignés)
Dans le contexte de la légionellose, les normes de prévention et de promotion sont donc
celles qui ont pour but d’éviter une éclosion.
La protection, quant à elle, a été définie par la Direction générale de la santé publique du
ministère de la Santé et des Services sociaux comme étant « une fonction essentielle qui
regroupe les activités relatives à une intervention d’autorité auprès d’un individu, de
68
André FLAJOLET, Rapport – Mission au profit du gouvernement relative aux disparités territoriales des
politiques de prévention sanitaires, France, Ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie
associative, 28 avril 2008, en ligne : <http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/annexes.pdf>, annexe 1, p. 1
(consulté le 22 novembre 2014). 69
Raymond MASSE avec la collab. de Jocelyne SAINT-ARNAUD, Éthique et santé publique. Enjeux, valeurs
et normativité, Laval, Presses de l’Université Laval, 2003, p. 6. 70
ASSOCIATION CANADIENNE DE SANTE PUBLIQUE, Promotion de la santé à l’œuvre (Brésil) : Conditions
d’une meilleure santé, en ligne : <http://www.cpha.ca/fr/programs/health-promotion-br/better-
health.aspx> (site consulté le 22 novembre 2014).
15
groupes ou de toute la population en cas de menace, réelle ou appréhendée, pour la
santé. »71
De son côté, l’auteur Raymond Massé définit cette fonction comme visant les
interventions des responsables en santé publique en cas de menace réelle ou
appréhendée à la santé dans le but de « prévenir ou de corriger une situation
dangereuse. »72
Ainsi, les normes de protection interviendront lorsque celles mises en
place à des fins de prévention et de promotion n’auront pas permis d’éviter l’apparition
d’une menace (réelle ou appréhendée) à la santé de la population. La prévention, la
promotion et la protection sont donc des fonctions essentielles de santé publique qui sont
complémentaires. Ceci est d’ailleurs confirmé par l’auteure Christine Collin :
« Alors que « la prévention vise essentiellement la réduction des problèmes
de santé et des problèmes sociaux par l’action sur les facteurs de risque et de
vulnérabilité » [9], « la promotion de la santé est le processus qui confère
aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre
santé et d’améliorer celle-ci » [21]. (…)
La protection vise, quant à elle, la mise en place de mesures, allant jusqu’à
des mesures coercitives d’autorité si la situation le requiert, qui contribuent
à protéger la santé de la population. Prévention, protection et promotion de
la santé sont donc complémentaires.»73
(nos soulignés)
Ainsi, la compréhension de ce que sont les fonctions de prévention (incluant la
promotion) et de protection nous permet de constater qu’il s’agit de fonctions
complémentaires qui ont chacune leur utilité, leur but et leur importance. Quant à ce
dernier aspect qu’est leur importance, nous nous attarderons, dans les prochains
paragraphes, à l’emphase particulière qui a été mise au cours des dernières années en
santé publique sur une de ces fonctions, soit la prévention.
71
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX,
Programme national de santé publique 2003-2012 – mise à jour 2008, Québec, Gouvernement du
Québec, 2008, en ligne : <http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2008/08-216-
01.pdf> , p. 51 (consulté le 22 novembre 2014). 72
R. MASSE, préc., note 69, p. 6. 73
Christine COLIN, « La santé publique au Québec à l’aube du XXIe siècle », (2004) 16 : 2 Santé publique
185, 188.
16
2.3 Importance de la prévention en santé publique
Depuis le début du XXe siècle, les interventions qui ont été faites en santé publique ont
été orientées vers la prévention74
. Cette fonction essentielle de santé publique revêt donc
une importance capitale. À ce propos, lors de la réforme de la LSP en 200175
, la fonction
de prévention a été élargie comparativement à ce qu’elle était auparavant76
dans la Loi
sur la protection de la santé publique77
de 1972. En effet, l’existence de la fonction de
prévention n’est plus, depuis 2001, seulement soulignée dans la loi, mais des stratégies
de prévention précises pouvant être utilisées par des autorités en santé publique y sont
maintenant énumérées78
.
Ajoutons également que la prévention est au coeur du Programme national de santé
publique 2003-2012 – mise à jour 200879
(ci-après « PNSPQ ») qui est « un outil
structurant qui favorise la cohérence des pratiques en santé publique et un puissant levier
pour renforcer les actions de prévention au sein du système de santé et de services
sociaux. »80
En effet, dans ce programme, il est fait mention de l’attention qui est de plus
en plus accordée à la prévention au Québec, surtout eu égard au fait que des travaux
menés ont démontré l’importance qu’il faut accorder à la prévention dans le domaine de
la santé publique afin d’assurer la pérennité de notre système de santé81
.
Au même effet, les auteurs Raymond Massé et Josée Morisset, dans un article de revue
intitulé Enjeux et défis en santé publique82
, font état de ce qui suit :
74
Id. 75
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 1. 76
Id., p. 37. 77
L.R.Q., c. P-35. 78
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 37. 79
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX,
préc., note 71. Ce programme a été adopté en conformité avec ce que prévoit la LSP, art. 7-18. 80
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX,
préc., note 71, p. 7. 81
Id., p. 23. Quant à l’importance de la prévention pour assurer la pérennité du système de santé et de
services sociaux, voir : COMMISSION D’ETUDE SUR LES SERVICES DE SANTE ET LES SERVICES SOCIAUX, Les
solutions émergentes. Rapport et recommandations, Québec, Gouvernement du Québec, 2000, en ligne :
<http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2000/00-109.pdf>, 411 p. (consulté le 22
novembre 2014). 82
Raymond MASSE et Josée MORISSET, « Enjeux et défis en santé publique », (2008) 7 Santé, Société et
Solidarité 83, 83-90.
17
« Face aux contraintes financières toujours croissantes, la gouvernance du
système de soins et de services de santé est particulièrement mise à
l’épreuve. L’efficience du système de santé québécois est identifiée comme
le principal défi à relever pour assurer sa pérennité (Commission d’étude sur
les services de santé et les services sociaux, 2000). (…) Une politique forte
et dynamique en matière de prévention est l’axe à privilégier dans le
contexte actuel de croissance rapide du coût de la santé et d’accélération du
vieillissement de la population (Groupe de travail sur le financement du
système de santé, 2008). »83
(nos soulignés)
Lawrence O. Gostin, quant à lui, mentionne ce qui suit à propos de la prévention dans le
domaine de la santé publique:
« The field of public health is often understood to emphasize prevention of
injury and disease as opposed to their amelioration or cure. Public health
historians tell a classic story of the power of prevention. (…) The central
message, of course, is that prevention is often more cost-effective than
amelioration, and that much of the burden disease, disability, and premature
death can be reduced through prevention. »84
(nos soulignés)
Par conséquent, tant les normes de prévention que les normes de protection sont
nécessaires en santé publique, mais il faut porter une attention spéciale aux normes de
prévention lorsqu’elles existent (ou peuvent exister) et lorsqu’elles peuvent être
efficaces85
. Ceci étant dit, l’existence de normes de protection est également importante
dans les cas où les normes de prévention ne suffiront pas à éviter la survenance d’une
éclosion. Dans un tel cas, des normes de protection efficaces doivent être en place pour
tenter d’enrayer le plus rapidement possible l’éclosion afin d’en limiter les conséquences
humaines, matérielles et économiques.
83
Id., 86. Voir également : Rachel BARD, Mieux vaut prévenir que guérir, mars 2010, en ligne :
<http://infirmiere-canadienne.com/fr/articles/issues/2010/mars-2010/mieux-vaut-prevenir-que-guerir>
(site consulté le 22 novembre 2014). 84
Lawrence O. GOSTIN, Public Health Law. Power, duty, restraint, 2e éd., Californie, Presses de
l’Université de Californie, 2008, p. 19 et 21. 85
Pour que les normes préventives soient mises en avant plan, il est important que l’efficacité de ces
normes soit connue. À cet effet, voir : AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA, Investir en
prévention - la perspective économique, mise à jour le 12 juillet 2010, en ligne : <http://www.phac-
aspc.gc.ca/ph-sp/preveco-02-fra.php > (site consulté le 22 novembre 2014).
18
Il convient donc de retenir trois constats de ce chapitre. Le premier étant qu’afin
d’assurer la protection de la santé de la population en matière de légionellose,
l’existence de normes, tant pour la prévention que pour la protection, est capitale. Le
second étant que des normes de prévention et de protection adéquates et suffisantes
doivent être mises en place, mais que les normes de prévention doivent être mises en
avant plan lorsque de telles normes efficaces existent (ou peuvent exister) pour assurer
une meilleure protection de la santé publique et, également, la pérennité de notre
système de santé. Le troisième étant que la prévention et la protection entretiennent des
liens étroits, d’une part, en ce qu’elles ont été choisies à titre de fonctions essentielles de
santé publique au Québec et, d’autre part, en ce que ces deux fonctions donnent lieu à
des normes qui sont complémentaires.
Maintenant que nous avons tracé un portrait de l’importance des normes de prévention et
de protection en santé publique ainsi que de la complémentarité qui existe entre ces deux
types de normes, nous examinerons, dans le troisième chapitre, les normes de prévention
et de protection qui étaient en vigueur lors de l’éclosion de légionellose dans la ville de
Québec à l’été 2012 et qui pouvaient recevoir application dans ce contexte. Cela nous
permettra, dans le quatrième et dernier chapitre, d’examiner la complémentarité entre
ces normes.
Chapitre 3 - Cadre normatif québécois portant sur la légionellose en vigueur en
2012
Dans ce chapitre, il sera question du cadre normatif québécois qui était en vigueur lors
de l’éclosion de légionellose dans la région de Québec à l’été 2012 et qui pouvait
recevoir application dans un tel contexte. Notons qu’aux fins de cet essai, l’expression
« cadre normatif » englobe non seulement le cadre juridique comme tel (lois,
règlements), mais également les autres mesures normatives qui existaient ou qui ont été
mises en œuvre à cette époque (guides, lignes directrices, etc.). Plus spécifiquement, il
sera question du cadre normatif québécois en vigueur à l’été 2012 dans un contexte
d’absence d’éclosion de légionellose, soit dans un contexte de prévention, après quoi, il
19
sera question du cadre normatif québécois en vigueur à l’été 2012 dans un contexte
d’éclosion imminente ou déclarée, soit dans un contexte de protection.
3.1 En l’absence d’éclosion : prévention
Heureusement, les éclosions de légionellose ne sont pas courantes au Québec86
.
Cependant, même dans un contexte où il n’y a pas d’éclosion imminente ou déclarée, il
faut sans contredit garder à l’esprit que cela peut survenir et que l’idéal est de l’éviter.
Hors période d’éclosion, les fonctions essentielles de santé publique qui s’appliquent
sont la prévention ainsi que la promotion87
. Dans les prochains paragraphes, nous
présenterons donc, dans un premier temps, le cadre juridique portant sur la prévention et
la promotion en matière de légionellose en vigueur lors de l’éclosion de l’été 2012 et,
dans un deuxième temps, les mesures de prévention et de promotion existantes à la
même époque, toujours dans le contexte de la légionellose.
3.1.1 Cadre juridique en vigueur à l’été 2012
Au moment de l’éclosion de légionellose à l’été 2012 dans la ville de Québec, le cadre
juridique québécois pertinent en matière de promotion et de prévention de cette maladie
était composé, à une exception près, de dispositions législatives de portée générale en
santé publique qui n’avaient donc pas été adoptées spécifiquement pour éviter
l’apparition de cette maladie88
. Nous verrons plus loin que ce n’est plus le cas
aujourd’hui89
. Nous aborderons, en premier lieu, la disposition réglementaire spécifique
applicable à la légionellose qui porte sur les chauffe-eau et, en second lieu, les
dispositions pertinentes de portée générale à visée préventive et promotionnelle.
86
Nous verrons toutefois au chapitre 4, à la section 4.1, que l’éclosion de légionellose à l’été 2012 n’était
pas la première éclosion au Québec (infra, p. 56). 87
Il est à noter que la fonction de surveillance en santé publique s’applique également dans un tel
contexte, mais comme nous en avons fait mention précédemment (supra, p. 13), cette fonction ne sera pas
analysée dans le cadre de cet essai, sauf ponctuellement lorsque nous aborderons la fonction de protection. 88
Par ailleurs, il est opportun de spécifier que le contenu de cette section ne vise pas à traiter de toutes les
dispositions qui pourraient s’appliquer de près ou de loin en matière de promotion et de prévention de la
légionellose, mais seulement de cibler les plus pertinentes aux fins de notre analyse. 89
Infra, p. 63.
20
3.1.1.1 Disposition spécifique : chauffe-eau
L’Institut national de santé publique du Québec (ci-après « INSPQ »), sur son site
Internet, définit sa mission comme suit :
« Notre mission est de soutenir le ministre de la Santé et des Services
sociaux du Québec, les autorités régionales de santé publique ainsi que les
établissements dans l'exercice de leurs responsabilités, en rendant
disponibles notre expertise et nos services spécialisés de laboratoire et de
dépistage. »90
En février 2001, à la demande d’Hydro-Québec, l’INSPQ a publié un document intitulé
Prévention de la légionellose et des brûlures en relation avec la température des
chauffe-eau électriques domestiques91
. Hydro-Québec voulait alors mettre en place des
chauffe-eau électriques possédant de nouvelles caractéristiques dont le but était
d’éliminer les risques de prolifération de la Legionella ainsi que les risques de
brûlures92
. Le principal mandat donné à l’INSPQ était « d’évaluer, d’un point de vue de
la santé publique, la température optimale qui devrait être maintenue, à l’intérieur et à la
sortie des chauffe-eau, pour prévenir, à la fois les dangers de légionellose et ceux de
brûlures. »93
Nous nous contenterons de reprendre une partie de la conclusion de ce
document, laquelle est clairement axée sur la prévention de la légionellose :
« Pour les nouveaux chauffe-eau électriques vendus au Québec ou loués
par Hydro-Québec, dans la mesure où des technologies se sont avérées
efficaces, par exemple, une pompe circulante, qui maintient une
température interne de l’eau à 60 ̊C et une valve de contrôle de température
à la sortie du chauffe-eau qui permet une température à la sortie du robinet
entre 44 et 49 ̊C, celles-ci devraient être mises en application le plus
rapidement possible. »94
(nos soulignés)
90
INSTITUT NATIONAL DE SANTE PUBLIQUE DU QUEBEC, INSPQ Centre d’expertise et de référence en santé
publique, en ligne : <http://www.inspq.qc.ca/quisommesnous> (site consulté le 22 novembre 2014).
Également, voir : Loi sur l’Institut national de santé publique du Québec, RLRQ, c. I-13.1.1, art. 3. 91
H. BÉLANGER-BONNEAU et M. DIONNE, préc., note 49, 14 p. 92
Id., p. 1. 93
Id. 94
Id., p. 12.
21
Même si ce document recommandait que des mesures soient mises en place « le plus
rapidement possible », ce n’est que six ans après la parution de ce document qu’une
suite a été donnée à cette recommandation95
.
En effet, une disposition réglementaire a été ajoutée en 2007 dans le Code de
construction96
, un règlement visant à établir « des normes concernant les travaux de
construction d'un bâtiment, d'un équipement destiné à l'usage du public, d'une
installation non rattachée à un bâtiment ou d'une installation d'équipement pétrolier, y
compris leur voisinage. »97
Cette disposition prévoit l’obligation que le dispositif des
chauffe-eau soit réglé de manière à ce que la température de l’eau stockée ne soit pas
inférieure à 60 ̊C et ce, puisqu’une température inférieure permet la prolifération ainsi
que la survie de Legionella98
.
Tel que nous l’avons vu précédemment99
, les chauffe-eau sont une des principales
sources de développement de la Legionella. D’ailleurs, sans être en mesure d’obtenir de
données précises et vérifiées quant à la survenance des cas de légionellose en lien avec
les chauffe-eau, l’INSPQ estimait, en 2001, qu’il pourrait y avoir entre 22 et 45 cas de
légionellose par année au Québec dont la contamination proviendrait d’un chauffe-eau
domestique100
. Également, soulignons que des études ont démontré que jusqu’à 30% des
chauffe-eau domestiques ayant quelques années d’usure pouvaient être contaminés par
la Legionella101
. C’est donc dans un contexte de réduction des cas de légionellose en lien
avec les chauffe-eau que cette disposition préventive a été adoptée.
95
Entre temps, soit en juin 2003, l’INSPQ a même publié une mise à jour de ce document faisant une
étude plus détaillée des connaissances scientifiques sur le sujet, mais dont la recommandation qui nous
occupe est essentiellement la même que celle émise en 2001 en lien avec la température minimale interne
des chauffe-eau. À cet effet, voir : Michel LAVOIE, Benoît LEVESQUE et Diane SERGERIE avec la collab. de
Pierre MAURICE et Marc DIONNE, Prévention des cas de brûlures et de légionelloses associés à l’eau
chaude du robinet dans les résidences privées, Institut national de santé publique du Québec, 2e éd.,
Québec, Gouvernement du Québec, 2003, en ligne :
<http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/205_PrevBruluresLegionelResidencesPrivees.pdf>, 50 p.
(consulté le 22 novembre 2014). 96
RLRQ, c. B-1.1, r. 2. 97
Loi sur le bâtiment, RLRQ, c. B-1.1, art. 13. 98
Code de construction, préc., note 96, art. A-2.2.10.7. et 2.6.1.12. 1). 99
Supra, p. 8. 100
H. BELANGER-BONNEAU et M. DIONNE, préc., note 49, p. 3. 101
Id., p. 4.
22
Comme cette disposition spécifique ne vise qu’une des principales sources de
développement de la Legionella, soit les chauffe-eau, nous allons maintenant aborder les
dispositions pertinentes de portée générale en matière de santé publique qui pouvaient
être utiles à la promotion et la prévention de la légionellose à l’été 2012 et ce, peu
importe la source de contamination en cause.
3.1.1.2 Dispositions de portée générale
D’emblée, nous tenons à préciser que les dispositions de portée générale qui seront
abordées dans cette section n’ont pas été modifiées depuis l’été 2012 et qu’elles sont
toujours en vigueur. C’est pourquoi, même si notre analyse porte sur de le cadre
juridique en vigueur à l’été 2012, nous aborderons les dispositions législatives au
présent.
Au Québec, la LSP comporte, depuis 2001, une disposition conférant des pouvoirs
généraux en matière de promotion et de prévention au ministre de la Santé et des
Services sociaux du Québec (ci-après « MSSS »), aux directeurs de santé publique102
et
aux établissements qui exploitent un centre local de services communautaires (ci-après
« CLSC »). Cette disposition se lit comme suit :
« 53. Pour prévenir les maladies, les traumatismes et les problèmes
sociaux ayant un impact sur la santé et influencer de façon positive les
facteurs déterminants de la santé de la population, le ministre, les
directeurs de santé publique et les établissements exploitant un centre
local de services communautaires, chacun au niveau d'intervention qui le
concerne, peuvent notamment:
1° tenir des campagnes d'information et de sensibilisation auprès de la
population;
2° favoriser et soutenir auprès des professionnels de la santé la pratique
de soins préventifs;
102
Sur le territoire du Québec, il y a en tout 18 directeurs de santé publique. À cet effet, voir : D. MC
MANIMAN, préc., note 62, à la page 253.
23
3° identifier au sein de la population les situations comportant des risques
pour la santé et les évaluer;
4° mettre en place des mécanismes de concertation entre divers
intervenants aptes à agir sur les situations pouvant présenter des
problèmes de morbidité, d'incapacité et de mortalité évitables;
5° promouvoir la santé et l'adoption de politiques sociales et publiques
aptes à favoriser une amélioration de l'état de santé et de bien-être de la
population auprès des divers intervenants dont les décisions ou actions
sont susceptibles d'avoir un impact sur la santé de la population en général
ou de certains groupes;
6° soutenir les actions qui favorisent, au sein d'une communauté, la
création d'un milieu de vie favorable à la santé et au bien-être. »103
(nos
soulignés)
La légionellose étant une maladie, nous sommes d’avis que cette disposition pouvait
donc être invoquée, tant avant l’été 2012 qu’à l’été 2012, pour justifier la prise de
mesures de promotion et de prévention en cette matière.
La lecture de cet article nous amène à souligner deux constatations importantes. La
première est le fait que les pouvoirs qui sont conférés aux instances visées ne sont pas
limitatifs en raison de l’utilisation du terme « notamment ». De ce fait, on peut penser
que les instances visées disposent d’outils pratiquement illimités pour promouvoir et
prévenir la légionellose en s’appuyant sur cette disposition. La deuxième constatation est
le fait qu’il y a un corolaire à cette grande latitude, soit que les larges pouvoirs conférés
aux instances visées n’ont pas de caractère obligatoire et, ce faisant, sont donc
discrétionnaires. En évitant de perdre de vue le contexte de cette disposition, c’est-à-dire
qu’elle est de portée générale et concerne ainsi notamment toute maladie, il est aisé de
comprendre pourquoi le législateur n’a pas fait de ces larges pouvoirs des obligations.
Toutefois, sans obligation formelle en matière de promotion et de prévention de la
légionellose, l’adoption de mesures à cet effet ne repose que sur une initiative volontaire
des instances visées.
103
LSP, art. 53
24
Par ailleurs, ces pouvoirs généraux sont encadrés par le PNSPQ publié pour la première
fois en 2003104
et mis à jour par la suite en 2008105
. Ce programme vient notamment
préciser les objectifs poursuivis en matière de promotion et de prévention en santé
publique106
. À la lecture de ce programme, nous avons constaté qu’il ne contenait
aucune mention spécifique quant à la promotion et la prévention de la légionellose à
l’été 2012 et qu’il n’en contient toujours aucune à l’heure actuelle107
.
En marge de ces pouvoirs généraux, la LSP octroie également un important pouvoir à
des fins de prévention aux directeurs régionaux de santé publique, leur permettant de
présenter, dans certaines circonstances, une demande d’aide formelle à d’autres
autorités108
lorsqu’une situation le nécessite :
« 55. Lorsqu’un directeur de santé publique constate l’existence ou craint
l’apparition dans sa région d’une situation présentant des risques élevés de
mortalité, d’incapacité ou de morbidité évitables pour la population ou pour
un groupe d’individus et qu’à son avis, il existe des solutions efficaces pour
réduire ou annihiler ces risques, il peut demander formellement aux autorités
dont l’intervention lui paraît utile de participer avec lui à la recherche d’une
solution adéquate dans les circonstances. »109
(nos soulignés)
Les autorités concernées par la demande d’aide formelle ne sont toutefois pas obligées
de fournir l’aide demandée, mais le second alinéa du même article prévoit que ces
104
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX,
Programme national de santé publique 2003-2012, Québec, Gouvernement du Québec, 2003, en ligne :
<http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2002/02-216-01.pdf>, 133 p. (consulté le 22
novembre 2014). 105
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX,
préc., note 71. 106
Id. ; LSP, art. 8 al. 1 (2) et (3). 107
Les six domaines d’intervention prévus dans ce programme sont les suivants : le développement,
l’adaptation et l’intégration sociale, les habitudes de vie et les maladies chroniques, les traumatismes non
intentionnels, les maladies infectieuses, la santé environnementale et la santé en milieu de travail. Il faut
toutefois mentionner que la section portant sur les maladies infectieuses aborde les MADO, mais dans les
objectifs qui les concernent, les maladies visées n’incluent pas la légionellose. À cet effet, voir :
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX,
préc., note 71, p. 4 et 51-53. 108
La LSP ne spécifie à aucun endroit les autorités dont il est question à cet article, outre le fait que leur
intervention doit paraître utile. Cela laisse donc présager que plusieurs autorités pourraient être visées par
cette disposition. 109
LSP, art. 55 al. 1.
25
autorités « sont tenues de participer à cette recherche de solution. »110
Soulignons que
cette demande d’aide formelle à laquelle il est fait référence est une mesure
exceptionnelle qui ne devrait être appliquée que dans les cas où les moyens usuels
d’influence et de concertation ont été utilisés sans succès111
.
Dans le cas qui nous occupe, soit la légionellose, étant donné que le taux de mortalité est
élevé, soit entre 10 à 15% chez les personnes qui sont capables d’élaborer une réponse
immunitaire112
, cela laisse présager que le directeur de la santé publique aurait peut-
être113
pu se prévaloir des pouvoirs qui sont conférés dans cette disposition à l’été 2012.
Bien que la LSP soit la principale loi de portée générale pouvant recevoir application en
matière de promotion et de prévention de la légionellose, la Loi sur le bâtiment114
est
également pertinente aux fins de notre étude. Cette loi a notamment pour objet
« d’assurer la sécurité du public qui accède à un bâtiment ou à un équipement destiné à
l’usage du public »115
. À ce propos, rappelons que les TAR, qui se retrouvent
essentiellement dans des bâtiments destinés à l’usage public, font partie des principales
sources de prolifération de la Legionella et, au surplus, constituent la source la plus
fréquemment à l’origine des plus importantes éclosions de légionellose116
.
De fait, la Loi sur le Bâtiment prévoit l’adoption d’un code de sécurité par la Régie du
bâtiment du Québec afin « d’assurer la sécurité de toute personne qui accède à un
110
Id., art. 55 al. 2. À cet effet, voir : MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC,
préc., note 59, p. 41. Il y est fait mention que cette disposition signifie « que les partenaires invités à cette
démarche contribuent à bien cerner la situation problématique, à mieux la comprendre, à trouver des pistes
de solutions possibles et, le cas échéant, participent à la mise en place de ces solutions ou d’une partie de
ces solutions. » 111
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 41. 112
OMS, préc., note 28. 113
Nous tenons à préciser que la réserve que nous soulignons quant à l’application ou non de cette
disposition à l’été 2012 dans le contexte de la légionellose découle du fait que cette demande d’aide
formelle reçoit application pour éviter un risque à la santé (prévention pour des situations potentiellement
dangereuses) et non pas pour intervenir en cas de menace réelle à la santé (protection) alors que la
légionellose est, de fait, une menace réelle. À cet effet, voir : MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES
SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 3 et 4. Il est à noter que nous n’avons pas retracé de jurisprudence
portant sur l’application et la portée de cette disposition. 114
Préc., note 97. 115
Id., art. 1 al. 1 (2). 116
Supra, p. 9.
26
bâtiment ou à un équipement destiné à l’usage du public »117
. Dans ce code, la Régie du
bâtiment du Québec peut ainsi adopter des normes, notamment, afin de rendre
obligatoires les instructions du fabricant relativement à l’entretien d’un équipement ou
d’une installation118
. Malgré ce pouvoir, à l’été 2012, le Code de sécurité119
en vigueur
ne contenait aucune norme quant à l’entretien ou à la surveillance des TAR. Ainsi, les
propriétaires des TAR avaient, à toutes fins pratiques, « carte blanche » en ce qui avait
trait à leur entretien. Pour entretenir les TAR, les propriétaires pouvaient, à leur gré, se
baser sur les guides qui étaient fournis avec le système acheté ou sur des normes
européennes ou américaines en la matière120
. Les TAR n’étaient donc soumises à aucune
exigence minimale d’entretien. Pourtant, bien avant l’été 2012, il était fait mention que
leur entretien adéquat diminuait considérablement le risque de prolifération de la
Legionella121
. Il y a toutefois lieu de noter que le contrôle de la légionellose dans les
TAR est très complexe et que seules des mesures de contrôle strictes peuvent prévenir la
contamination122
.
Compte tenu de ce qui précède, nous constatons qu’à l’exception des chauffe-eau, les
autres sources de prolifération de la légionellose n’étaient visées, à l’été 2012, par
aucune disposition législative ou réglementaire spécifique à la prévention et à la
promotion de cette maladie. Ainsi, la majeure partie du cadre juridique en vigueur à
l’époque concernant la promotion et la prévention de cette maladie découlait d’une
disposition de portée générale qui n’était pas obligatoire, mais seulement discrétionnaire.
117
Préc., note 97, art. 31. 118
Id., art. 176; Voir également l’article 175 pour les autres normes de sécurité qui peuvent être adoptées
par la Régie du bâtiment du Québec. 119
(2012) 363 G.O. II, 1868. 120
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 42. 121
Id., p. 18; En France, par exemple, l’entretien des TAR est prévu dans la législation depuis 2004. À cet
effet, voir : Laure DELERY, Rapport d’étude pour le ministère de l’écologie et du développement durable.
Éléments de réflexion pour l’amélioration de la surveillance des installations de refroidissement par
dispersion d’eau dans un flux d’air (rubrique n°2921) pour la gestion du risque légionelle, Direction des
risques chroniques, Verneuil-en-Halatte, INERIS, 2006, en ligne :
<http://www.ineris.fr/centredoc/INERIS_surveillance_TAR.pdf>, p. 28 (consulté le 22 novembre 2014) et
R. PARADIS, N. BOULIANNE, S. ALLAIRE et D. GAUVIN, préc., note 43, p. 20. 122
Cela inclut notamment « des analyses ponctuelles de légionelle dans l’eau des TAR, un protocole de
nettoyage régulier et l’utilisation de biocides et d’autres produits en temps opportun. » Cet extrait est tiré
de : I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 43.
27
Dans les prochains paragraphes, nous traiterons des mesures de promotion et de
prévention de la légionellose qui ont été prises par les autorités en santé publique et qui
étaient en vigueur au moment de l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec à
l’été 2012, c’est-à-dire des sources normatives autres que des lois et des règlements.
3.1.2 Mesures existantes à l’été 2012
Dans les prochaines lignes, nous exposerons les mesures de promotion et de prévention
concernant la légionellose qui étaient en place au moment de l’éclosion à Québec à l’été
2012. Pour ce faire, nous avons divisé ces mesures en deux catégories, soit la première,
portant sur l’information destinée aux citoyens (incluant les propriétaires de TAR) et, la
seconde, portant sur l’information mise à la disposition des divers professionnels de la
santé concernés par la légionellose. Dans les deux cas, ces mesures visent la
sensibilisation des citoyens et des professionnels de la santé en matière de légionellose.
3.1.2.1 Information destinée aux citoyens
En 1996, la ville de Québec a été touchée par une première éclosion de légionellose au
cours de laquelle 12 personnes ont contracté la maladie parmi lesquelles une en est
décédée123
. La source identifiée comme étant à l’origine de cette éclosion : des TAR124
.
Ainsi, suite à cette première éclosion de légionellose, la Régie du bâtiment du Québec,
en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, a
préparé un document intitulé Pour prévenir la maladie du légionnaire – L’entretien des
tours de refroidissement125
contenant les recommandations suivantes :
123
Id., p. 40. 124
R. PARADIS, N. BOULIANNE, S. ALLAIRE et D. GAUVIN, préc., note 43, p. 16. 125
REGIE DU BATIMENT DU QUEBEC et MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC,
Pour prévenir la maladie du légionnaire – L’entretien des tours de refroidissement, Québec,
Gouvernement du Québec, 1998, 7 p. Il est à noter qu’une copie de ce document est accessible dans le
document suivant : DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES
SOCIAUX DE MONTREAL, préc., note 26, p. 53-55.
28
« Afin de prévenir la prolifération de la bactérie Legionella dans les tours de
refroidissement, il est recommandé :
•de procéder, à intervalles réguliers, au nettoyage des composantes de la tour
de refroidissement (bassins d’eau, rampe de pulvérisation, ventilateur,
séparateur de gouttelettes, persiennes) pour éliminer les situations favorables
à la croissance bactérienne;
•de s’assurer de la compétence du personnel d’entretien et de l’efficacité des
mesures de protection personnelle appliquées lors de l’entretien des
équipements;
•de localiser ces appareils de façon à limiter la dispersion de gouttelettes
vers les aires de circulation publique ou les systèmes d’aération des édifices;
•de faire faire par un personnel compétent des analyses d’eau pour vérifier la
présence de la bactérie Legionella. Il est recommandé de procéder à des
échantillonnages lors du démarrage ou du redémarrage d’un appareil, et tout
au moins une fois par année, de préférence au printemps. »126
(nos soulignés)
Il appert de nos recherches que ce document aurait été imprimé en 1998 sous forme de
brochures en 10 000 exemplaires transmis aux personnes suivantes la même année :
« (…) aux propriétaires des édifices publics répertoriés, aux associations
sectorielles paritaires, aux associations propriétaires d’immeubles, à la
Corporation des entreprises en traitement de l’air et du froid, à la
Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie et à la Société
d’habitation du Québec. »127
Suite à l’épuisement des 10 000 exemplaires, l’information contenue dans ce document
aurait par la suite été accessible sur le site Internet de la Régie du bâtiment du Québec128
.
Ce faisant, après 1998, l’accès à cette information nécessitait une recherche Internet sur
le sujet.
Nous avons souligné précédemment que l’INSPQ a publié, en février 2001, un
document intitulé Prévention de la légionellose et des brûlures en relation avec la
température des chauffe-eau électriques domestiques129
. Ce document comportait des
recommandations quant à l’information devant être transmise aux citoyens qui avaient
126
DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE
MONTREAL, préc., note 26, p. 55. 127
C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 20. 128
Id. ; Ce document ne se retrouve plus à l’heure actuelle sur le site de la Régie du bâtiment du Québec
puisque, comme nous le verrons plus loin au chapitre 4, à la section 4.2.1, un nouveau document
d’entretien des TAR a été publié par la Régie en 2013 et a été mis à jour en 2014 (infra, p. 64 et 65). 129
H. BÉLANGER-BONNEAU et M. DIONNE, préc., note 49. Voir : Supra, p. 20.
29
de vieux chauffe-eau électriques. À cet effet, voici un extrait de la conclusion à visée
promotionnelle de ce document:
« Pour les vieux chauffe-eau électriques, après vérification de la capacité
de la pompe circulante à maintenir une température de l’eau capable de
faire disparaître la Legionella, on devrait informer les personnes
vulnérables à la légionellose, particulièrement les personnes
immunosupprimés (sic) et les personnes âgées souffrant de maladies
pulmonaires chroniques, du risque d’infection et leur permettre d’éliminer
ce risque par le biais d’une pompe circulante installée sur leur chauffe-eau
usagé ou sur un chauffe-eau neuf. (…) »130
(nos soulignés)
Quant à cette recommandation de l’INSPQ, nous notons que seule la Direction de la
santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal avait publié
sur son site Internet, à l’été 2012, une feuille d’information destinée au public qui avait
d’ailleurs été mise à jour le 19 septembre 2011131
. Le contenu de cette feuille
d’information sera abordé dans les prochaines lignes et, comme elle est toujours
accessible à ce jour et que son contenu n’a pas changé, nous y référerons au présent.
Cette feuille d’information comporte une explication de ce qu’est la légionellose, une
description des personnes qui sont plus sujettes à la contracter, une description des
endroits où la bactérie à l’origine de cette maladie est présente, le mode de transmission
de la légionellose ainsi que des mesures de prévention132
. Les mesures de prévention
auxquelles il est fait référence sont axées sur les risques en lien avec les chauffe-eau en
ce qu’il est, plus précisément, conseillé de « maintenir le thermostat des chauffe-eau à
130
H. BELANGER-BONNEAU et M. DIONNE, préc., note 49, p. 12. Il est à noter que dans la mise à jour de ce
document du mois de juin 2003, il est également recommandé d’intervenir auprès de la population : M.
LAVOIE, B. LEVESQUE et D. SERGERIE, préc., note 95, p. 37. 131
DIRECTION DE SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE MONTREAL,
Feuille d’information pour le public. Prévention de la légionellose (maladie du légionnaire), Québec,
Gouvernement du Québec, mise à jour le 19 septembre 2011, en ligne :
<http://www.santemontreal.qc.ca/fileadmin/fichiers_portail/vivre_en_sante/maladies/Legionellose/Feuilin
fo_legionel09-19-2011.pdf>, 2 p. (consulté le 22 novembre 2014). Il est à noter que nos recherches ne
nous ont pas permis de déterminer quand cette feuille d’information a été publiée pour la première fois,
mais eu égard à la date de sa mise à jour, nous savons qu’elle existait au moment de l’éclosion de
légionellose à l’été 2012. 132
Id.
30
60 ̊C »133
, de ne « pas fermer le disjoncteur ou débrancher le fusible du chauffe-eau lors
d’absences de quelques jours afin de maintenir l’eau à la température recommandée »134
et, également, d’entretenir « régulièrement les pommes de douche et les aérateurs des
robinets. »135
Puis, à visée plus large, les recommandations de prévention émises dans
cette feuille d’information sont les suivantes : « Encourager les personnes
immunodéprimées (…) d’éviter les spas »136
, encourager l’utilisation « de l’eau stérile
dans les appareils individuels de traitement respiratoire »137
et encourager l’utilisation
« d’humidificateur à vapeur»138
.
Nous n’avons pas retrouvé de document semblable sur le site Internet de la Direction de
la santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-
Nationale139
. Malgré tout, nous avons choisi de l’aborder dans le cadre de cet essai
puisque cette feuille d’information était accessible, à l’été 2012, par le biais d’une
consultation sur Internet à tous les citoyens et ce, peu importe leur territoire de
résidence. Il y a lieu de préciser toutefois que pour qu’une personne y ait accès, il fallait
qu’elle soit allée sur Internet et qu’elle ait fait des recherches spécifiques sur le sujet.
Bref, ce document d’information n’était pas systématiquement transmis à tous les
citoyens.
Également, comme la légionellose est une MADO140
, cela a permis à la direction
nationale de santé publique de tenir un registre sur les cas de légionellose déclarés au
Québec annuellement. Ce registre a permis d’observer une augmentation importante des
cas déclarés annuellement depuis 1997. En effet, en 1997, 24 cas ont été déclarés, alors
qu’en 2007, il y en a eu plus du double, soit 51141
. C’est dans ce contexte que la Table de
133
Id., p. 2. 134
Id. 135
Id. 136
Id. 137
Id. 138
Id. 139
AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE LA CAPITALE-NATIONALE, Direction régionale de
santé publique, en ligne : <www.dspq.qc.ca> (site consulté le 22 novembre 2014). 140
Nous expliciterons cette norme au dans la section 3.2.1.1 du présent chapitre (infra, p. 36 et 37). 141
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 8.
31
concertation nationale en maladies infectieuses142
a mandaté un groupe de travail afin
que soit élaboré « un guide d’intervention et un questionnaire d’enquête pour les cas
sporadiques et les agrégats de cas acquis dans la communauté »143
. Cela a donné lieu à la
publication du Guide d’intervention – La légionellose144
en 2009. Ce guide était donc en
vigueur à l’été 2012 et il l’est encore aujourd’hui. Bien que ce guide soit d’abord et
avant tout une mesure de protection dont nous reparlerons ultérieurement145
, il convient
d’en glisser quelques mots à ce stade-ci puisqu’il comporte des informations à visées
préventive et promotionnelle destinées à certains citoyens quant à la légionellose.
En effet, à la lecture de ce guide, il appert qu’une fois qu’une personne est atteinte de
légionellose et que le cas a été déclaré au directeur de santé publique, elle reçoit une
lettre du directeur de santé publique à laquelle des documents explicatifs concernant la
légionellose ainsi que des mesures de prévention proposées sont joints146
. Parmi les
mesures de prévention proposées, il y a le réglage de la température des chauffe-eau147
,
des recommandations en cas d’absence de la résidence afin que l’eau reste à la
température recommandée148
, des recommandations quant à l’entretien des pommes de
douche et des aérateurs de robinet149
, des recommandations pour assurer la qualité de
l’eau dans un spa domestique150
, des conseils de prévention concernant les fournaises,
thermopompes, climatiseurs centraux, unités de climatisation murales et de fenêtres ainsi
que concernant les humidificateurs et déshumidificateurs151
. Bref, à l’été 2012 et encore
aujourd’hui, seules les personnes atteintes de légionellose recevaient systématiquement
la transmission de ces informations; celles qui n’avaient pas été atteintes ne pouvaient y
142
Pour savoir ce qu’est la Table de concertation nationale en maladies infectieuses, voir : INSTITUT
NATIONAL DE SANTE PUBLIQUE DU QUEBEC, Table de concertation nationale en maladies infectieuses, en
ligne : <http://www.espaceitss.ca/9-comites-et-ressources-table-de-concertation-nationale-en-maladies-
infectieuses.html?pageEnCours=1> (site consulté le 22 novembre 2014). 143
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 5. 144
Id., 63 p. 145
En effet, nous aborderons à nouveau ce guide dans la section 3.2.2 du présent chapitre lorsque nous
traiterons des mesures de protection puisqu’il contient aussi de l’information pertinente à cet effet (infra,
p. 41-43). 146
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 45-63. 147
Id., p. 49. 148
Id., p. 50. 149
Id. 150
Id., p. 53. 151
Id., p. 57 et 58.
32
avoir accès que par le biais d’une recherche et d’une consultation sur Internet puisque
l’intégralité du guide provincial était accessible en ligne152
.
Ajoutons que ce guide contient des détails quant à ce qu’est la légionellose, à ses
sources, à ses symptômes, aux tests diagnostics ainsi qu’aux traitements qui y sont
associés153
. Parmi les principales sources auxquelles il est fait référence, il y a les TAR
dont il est traité comme suit :
« Même si les tours de refroidissement et les condensateurs d’évaporation
sont des sources reconnues de contamination, c’est une inspection des
édifices associée à un agrégat qui permettra généralement d’obtenir toute
l’information utile, puisque les cas ne peuvent rapporter la présence, le type
et l’entretien de ces appareils dans l’ensemble des lieux fréquentés pendant la
période d’incubation. »154
(nos soulignés)
Ainsi, malgré l’importance de cette source de contamination et la gravité des
conséquences qu’elle peut entraîner155
, c’est la seule information qui était présente dans
ce guide quant aux TAR lors de l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec à l’été
2012.
Voyons maintenant les mesures de sensibilisation destinées aux professionnels de la
santé concernés qui étaient en vigueur lors de l’éclosion de légionellose de 2012.
3.1.2.2 Information destinée aux professionnels de la santé
concernés
Sur le site Internet de l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal (directeur
de santé publique de Montréal), il y avait, à l’été 2012, de l’information concernant la
légionellose qui s’adressait aux professionnels de la santé concernés par la cette
maladie156
. Ce site Internet comportait à l’époque, et comporte encore aujourd’hui, une
152
Id. (Pour avoir accès à l’adresse du site Internet, voir la note de bas de page 46). 153
Id., p. 10-15. 154
Id., p. 12. 155
Supra, p. 2 et 9. 156
DIRECTEUR DE SANTE PUBLIQUE DE MONTREAL, Légionellose (maladie du légionnaire), sur le site
Internet de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, mise à jour le 8 octobre 2013, en
33
description de la problématique entourant la légionellose et une référence à deux
stratégies visant à éviter une éclosion, soit « rendre disponible l’information pour
prévenir la légionellose »157
ainsi que d’appliquer des « lignes directrices régionales et
provinciales pour l’investigation des cas déclarés et le contrôle des éclosions. »158
Plus
précisément, il était demandé aux professionnels de la santé d’encourager les mesures
préventives afin de maintenir la qualité de l’eau chaude et de prévenir la légionellose et
ce, surtout auprès des groupes de personnes vulnérables159
. Encore une fois, soulignons
que le site Internet de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-
Nationale (Direction régionale de santé publique) ne comportait pas de telles
informations concernant la légionellose à l’été 2012 ni encore aujourd’hui160
. Toutefois,
les informations qui se retrouvaient sur le site Internet de l’Agence de la santé et des
services sociaux de Montréal (directeur de santé publique de Montréal) sont tout de
même pertinentes aux fins de notre analyse puisque tous les professionnels de la santé,
peu importe le territoire dans lequel ils travaillaient, pouvaient y avoir accès à l’été
2012.
À cet effet, précisons que les professionnels de la santé étaient libres, à l’époque de
l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec à l’été 2012161
, de consulter ou non les
informations qui se retrouvaient sur le site Internet de l’Agence de la santé et des
services sociaux de la région de Montréal (directeur de santé publique de Montréal) et de
participer, ou non, à véhiculer l’information disponible concernant la légionellose au
sein de la population. Par conséquent, il s’agissait donc d’une mesure prévention qui
ligne :
<http://www.dsp.santemontreal.qc.ca/dossiers_thematiques/infections_et_intoxications/thematiques/legio
nellose_maladie_du_legionnaire/problematique.html?L=jigdachfdxbvkh> (site consulté le 22 novembre
2014). Il est à noter que nous présumons que ces informations étaient accessibles à l’été 2012 même si la
dernière mise à jour date du mois d’octobre 2013 puisque, d’une part, ce site Internet contient de
l’information antérieure à l’été 2012 (notamment concernant le guide d’intervention provincial) et, d’autre
part, puisqu’il y a une section semblable pour plusieurs autres MADO (donc, on ne peut pas conclure que
l’information a été mise en ligne seulement parce qu’il y a eu une éclosion de légionellose à Québec à
l’été 2012). 157
Id. 158
Id. Nous traiterons davantage de cette stratégie lorsque nous aborderons les mesures de protection en
vigueur à l’été 2012 dans la section 3.2.2 du présent chapitre (infra, p. 41-43). 159
DIRECTEUR DE SANTE PUBLIQUE DE MONTREAL, préc., note 156. 160
AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE LA CAPITALE-NATIONALE, préc., note 139. 161
Soulignons que c’est toujours le cas à l’heure actuelle.
34
comportait une dimension aléatoire en ce qu’il n’y avait aucune assurance à l’effet que
les professionnels de la santé possédaient toute l’information requise concernant la
légionellose et, même si c’était le cas, la véhiculaient.
À la lumière de ce qui précède, nous notons que pour prévenir la légionellose à l’été
2012, le Code de construction162
imposait, pour les chauffe-eau, la mise en place d’un
dispositif réglé de manière à ce qu’une température minimale soit maintenue en tout
temps. Il s’agissait de la seule norme obligatoire pour la prévention de la légionellose en
vigueur à cette époque. Nous notons également que les citoyens de même que les
professionnels de la santé étaient sensibilisés à des moyens préventifs et promotionnels
par le biais de sites Internet, d’un guide, d’une brochure et d’une feuille d’information
dont la consultation avait cependant un caractère purement volontaire et qui n’étaient
aucunement contraignants. Ainsi, nous remarquons, malgré les larges pouvoirs généraux
qui étaient conférés en matière de prévention et de promotion des maladies par la LSP au
MSSS, aux directeurs de santé publique et aux établissements qui exploitent un CLSC,
que leurs interventions en matière de prévention de la légionellose étaient, somme toute,
assez limitées à l’été 2012. Ajoutons également que certains des outils de sensibilisation
des citoyens et des professionnels de la santé à la légionellose avaient été mis en place
par l’Agence de santé et des services sociaux de la région de Montréal (directeur de
santé publique de Montréal) et non pas celle de la Capitale-Nationale.
Voyons maintenant le cadre normatif québécois qui était en vigueur à l’été 2012 dans un
contexte d’éclosion imminente ou déclarée, soit dans un contexte où c’est la fonction
essentielle de santé publique de protection qui s’applique.
3.2 En période d’éclosion imminente ou déclarée : protection
Une éclosion existe quand « un nombre anormal de cas rapprochés dans le temps est
noté dans un même secteur »163
. En période d’éclosion, il n’est alors plus question de
162
Préc., note 96, art. A-2.2.10.7. et 2.6.1.12. 1). 163
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 4.
35
prévenir, mais il faut agir puisque la santé de la population est alors sérieusement
menacée. C’est pourquoi la fonction essentielle de santé publique qui prévaut dans un tel
cas est la protection. Dans les prochaines lignes, nous présenterons, dans un premier
temps, le cadre juridique québécois concernant la protection de la santé publique en
matière de légionellose en vigueur à l’été 2012, dans un deuxième temps, nous
aborderons les mesures de protection contre la légionellose existantes à cette même
époque et, dans un troisième temps, nous examinerons les interventions qui ont été
posées par les autorités en santé publique durant l’éclosion de légionellose.
3.2.1 Cadre juridique en vigueur à l’été 2012
À partir du moment où un directeur de santé publique estime que la santé de la
population de son territoire fait l’objet d’une menace réelle ou appréhendée, la LSP lui
octroie de nombreux pouvoirs lui permettant ainsi de protéger la santé publique. Dans la
LSP, la menace à la santé de la population est définie comme étant « la présence au sein
de celle-ci d’un agent biologique, chimique ou physique susceptible de causer une
épidémie si la présence de cet agent n’est pas contrôlée. »164
Notons que le terme
« épidémie » utilisé dans cette disposition inclut la notion d’éclosion165
. La Legionella, à
titre d’agent biologique, est visée par cette définition166
.
Ainsi, les pouvoirs conférés par la LSP en cas de menace réelle ou appréhendée à la
santé de la population peuvent recevoir application dans un contexte d’éclosion
imminente ou déclarée de légionellose. Ce sont donc ces pouvoirs qui seront abordés
dans les prochains paragraphes. Aux fins de notre analyse, nous les avons divisés en
trois catégories, soit les pouvoirs d’exercer une vigie, les pouvoirs d’enquête et les
pouvoirs d’intervention. Comme ces pouvoirs octroyés étaient les mêmes à l’été 2012
qu’à ce jour, nous y référerons au présent.
164
LSP, art. 2 al. 2. Pour des détails quant à la définition de ce qu’est une menace à la santé de la
population, voir : D. MC MANIMAN, préc., note 62, aux pages 249-252. 165
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 4. 166
Nous n’aborderons pas davantage la définition de menace à la santé de la population ni le fait que la
légionellose entre dans cette définition puisque cela n’est pas remis en doute. En effet, comme nous le
verrons dans la section 3.2.1.1 du présent chapitre (infra, p. 36 et 37), la légionellose est une MADO et,
pour pouvoir faire partie de la liste des MADO, il faut qu’une maladie soit médicalement reconnue comme
étant une menace à la santé de la population. À cet effet, voir : LSP, art. 80 et Règlement d’application de
la Loi sur la santé publique, préc., note 27, art. 2 al. 1 (2).
36
3.2.1.1 Pouvoirs d’exercer une vigie
Pour la réalisation de la fonction essentielle de santé publique de protection, la LSP
comporte des dispositions qui octroient aux autorités concernées en santé publique des
pouvoirs d’exercer une vigie sanitaire. Le ministère de la Santé et des Services sociaux
du Québec définit la vigie comme suit : « La vigie sert à détecter une menace à la santé
et à mettre en œuvre une intervention efficace afin de la contrôler. »167
Afin de permette l’exercice d’une vigie, la LSP prévoit que le MSSS peut adopter un
règlement listant des maladies, infections et intoxications qui doivent obligatoirement
être déclarées au directeur national de santé publique lorsqu’elles sont observées chez un
individu168
. Pour pouvoir apparaître sur cette liste, les maladies, infections et
intoxications doivent pouvoir constituer une menace à la santé d’une population et
nécessiter une vigilance des autorités en santé publique ou la tenue d’une enquête
épidémiologique169
.
En conformité avec le pouvoir qui lui est conféré, le MSSS a adopté le Règlement
ministériel d’application de la Loi sur la santé publique170
qui contient la liste des
maladies, infections et intoxications à déclaration obligatoire au Québec. En 1987, la
légionellose a été ajoutée à la liste des MADO visées dans ce règlement171
. Ainsi, depuis
ce temps, dès qu’un médecin ou un dirigeant d’un laboratoire ou d’un département de
biologie médicale, privé ou public, a connaissance qu’une personne est atteinte ou
vraisemblablement atteinte de cette maladie, il doit en informer le directeur de santé
publique de son territoire par écrit dans les 48 heures172
et ce, sous peine d’amende173
.
La déclaration doit comporter certaines informations, incluant notamment le nom de la
167
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, Maladies à déclaration obligatoire, en
ligne : <http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/mado/vigie_surveillance.php> (site consulté le 22
novembre 2014). 168
LSP, art. 79. 169
Id., art. 80. 170
Préc., note 36. 171
Id., art. 2. ll est à noter qu’à ce jour, cette liste comporte plus d’une soixantaine de maladies, infections
et intoxication à déclaration obligatoire. 172
Id., art. 2; LSP, art. 82. 173
LSP, art. 138 al. 1 (2).
37
maladie ainsi que le nom et les coordonnées de la personne malade (dont l’adresse et le
numéro de téléphone)174
. Ce faisant, les directeurs de santé publique tiennent un
répertoire des cas de légionellose déclarés sur leur territoire, ce qui leur permet d’exercer
une vigie sanitaire et d’intervenir pour protéger la population lorsqu’ils notent un
nombre anormal de cas.
Bien que les MADO existent d’abord et avant tout à des fins de vigie175
, elles
contribuent de façon secondaire à l’exercice de la fonction de surveillance continue de
l’état de santé de la population176
. Toutefois, le programme de surveillance des maladies
à déclaration obligatoire existant ne collige que des informations non nominales à partir
des données obtenues par les MADO177
.
Ainsi, à l’été 2012, le directeur de santé publique de la région de la Capitale-Nationale
était en mesure de connaître le nombre de cas de légionellose décelés sur son territoire
ainsi que des informations nominales concernant ces cas (noms, adresses, etc.), le tout,
afin de lui permettre de prendre les mesures appropriées pour limiter une éclosion, le cas
échéant. Nous aborderons, dans les prochains paragraphes, les pouvoirs d’enquête dont
il pouvait dès lors se prévaloir à l’été 2012.
3.2.1.2 Pouvoirs d’enquête
Dans toute situation où un directeur de santé publique a des motifs sérieux de croire que
la santé de la population est, ou pourrait, être menacée, notamment lorsqu’il reçoit la
déclaration d’une MADO comme la légionellose, la LSP prévoit qu’il peut procéder à
une enquête épidémiologique178
. Le but d’une telle enquête est le suivant :
174
Règlement ministériel d’application de la Loi sur la santé publique, préc., note 36, art. 6 et 7. 175
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 47. 176
Id., p. 27 ; LSP, art. 33-41. 177
LSP, art. 38; MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 47. 178
LSP, art. 96 al. 1 (2). L’épidémiologie est l’étude des maladies au sein des populations. À cet effet,
voir : AGENCE DE LA SANTE PUBLIQUE DU CANADA, Renseignements épidémiologiques : Cas d’infection à
E. coli 0157 :H7 associés à du fromage fabriqué par Gort’s Gouda Cheese Farm, 15 novembre 2013, en
ligne : <http://www.phac-aspc.gc.ca/fs-sa/phn-asp/2013/ecoli-epi-info-0913-fra.php> (site consulté le 22
novembre 2014).
38
« Celle-ci permet de connaître les caractéristiques de la personne atteinte et
d’explorer les causes et les circonstances de cette maladie. Grâce à cette
enquête, il est possible d’évaluer les risques pour la santé des autres
personnes potentiellement exposées à cette bactérie et de déterminer les
mesures de contrôle à mettre en place, au besoin. »179
(nos soulignés)
Dans le cadre d’une telle enquête, le directeur de santé publique concerné bénéficie de
larges pouvoirs. Il peut notamment avoir accès à n’importe quel lieu pour en faire
l’inspection, en autant que ce soit à une heure raisonnable180
, prendre des échantillons de
toute substance ou exiger à une personne de le faire181
de même qu’exiger la
transmission de l’échantillon prélevé à un laboratoire pour fins d’analyse182
et il peut
ordonner à un ministère, un organisme ou à une personne de lui donner accès à tout
renseignement en sa possession en dépit du caractère confidentiel de ces informations183
.
Toujours dans le cadre de la réalisation d’une enquête épidémiologique, la LSP prévoit
que lorsqu’un directeur de santé publique est d’avis qu’il ne pourra pas intervenir
efficacement dans les délais requis pour la réalisation de son enquête ou pour protéger la
santé de la population, il peut mettre en opération le plan de mobilisation des ressources
des établissements de santé et de services sociaux de son territoire184
et, dans un tel cas,
elles sont obligées de respecter ses directives185
.
Dans le cadre de son enquête épidémiologique, le directeur de santé publique concerné
vérifiera donc si une menace à la santé de la population existe véritablement et, si tel est
le cas, il pourra dès lors se prévaloir de pouvoirs d’intervention de portée générale qui
lui sont octroyés dans la LSP pour la continuité de son enquête épidémiologique. Ces
pouvoirs d’intervention, existants à l’été 2012 et même encore aujourd’hui, seront
abordés dans les prochaines lignes.
179
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 4. 180
LSP, art. 100 al. 1 (4). 181
Id., art. 100 al. 1 (5). 182
Id., art. 100 al. 1 (6) et 100 al. 1 (7). 183
Id., art. 100 al. 1 (8). 184
Pour des explications quant à ce qu’est le plan de mobilisation des resources, voir : MINISTERE DE LA
SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 59, p. 11. 185
LSP, art. 97; Id., p. 55.
39
3.2.1.3 Pouvoirs d’intervention
Lorsque l’enquête épidémiologique effectuée confirme qu’il existe une menace réelle à
la santé de la population, la LSP confère d’autres pouvoirs au directeur de santé publique
dans le cadre de la continuité de son enquête épidémiologique, cette fois-ci, encore plus
vastes et contraignants186
. Parmi ces pouvoirs, il y a celui d’ordonner la fermeture d’un
lieu ou d’en permettre l’accès à certaines personnes187
, d’ordonner qu’un édifice soit
évacué188
, qu’un lieu ou que certaines choses soient désinfectées, décontaminées ou
nettoyées189
, qu’une activité soit cessée ou que des mesures de sécurité soient mises en
place si l’activité visée est une source de menace pour la santé de la population190
ainsi
que d’ordonner le respect de directrices précises visant à éviter une contagion ou une
contamination191
. Nous constatons de plus que ces pouvoirs sont très étendus notamment
du fait que la LSP indique que le directeur de santé publique en question peut même
« ordonner toute autre mesure qu'il estime nécessaire pour empêcher que ne s'aggrave
une menace à la santé de la population, en diminuer les effets ou l'éliminer. »192
Ainsi, à
l’été 2012, lorsque le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale a constaté
qu’il existait effectivement une éclosion de légionellose sur son territoire, il pouvait se
prévaloir de ces pouvoirs pour protéger la population.
Les pouvoirs ci-haut conférés au directeur de la santé publique d’un territoire donné sont
toutefois limités lorsque, en vertu d’une autre loi, d’un règlement municipal ou d’une
entente, des pouvoirs sont conférés à un ministère, une municipalité locale ou un
organisme193
. Dans de tels cas, au lieu de le faire lui-même, le directeur de santé
publique doit demander à l’autorité qui a le pouvoir de le faire d’agir194
.
186
LSP, art. 106. 187
Id., art. 106 al. 1 (1). 188
Id., art. 106 al. 1 (2). 189
Id., art. 106 al. 1 (3). 190
Id., art. 106 al. 1 (5). 191
Id., art. 106 al.1 (8). 192
Id., art. 106 al. 1 (9). 193
Id., art. 98 et 107. 194
Id.
40
À ce propos, il y a lieu de souligner certains pouvoirs octroyés à la Régie du bâtiment du
Québec qui étaient en vigueur à l’été 2012 et qui le sont encore aujourd’hui. La Loi sur
le bâtiment195
prévoit que la Régie « a pour mission de surveiller l'administration de la
présente loi, notamment en vue d'assurer la protection du public. »196
Ce faisant, la
Régie bénéficie de nombreux pouvoirs d’intervention, tels que celui de pénétrer dans un
bâtiment, d’examiner certains documents et installations qui s’y trouvent ainsi que
d’exiger l’accès à des renseignements en lien avec sa mission197
. Elle peut également
prélever des échantillons à des fins d’analyse198
et exiger à un propriétaire d’un bâtiment
qu’il effectue ou fasse effectuer une analyse ou une vérification d’une installation pour
s’assurer de sa conformité à la loi199
. La Régie a aussi le pouvoir d’ordonner la
fermeture ou l’évacuation d’un bâtiment « lorsqu’elle estime qu’il y a un danger pour la
sécurité et l’intégrité physique des personnes. »200
Il y a donc lieu de penser que le
directeur de santé publique de la Capitale-Nationale pouvait, à l’été 2012, demander à la
Régie du bâtiment du Québec d’intervenir en vertu des pouvoirs qui lui étaient conférés
et ce, même si, à cette époque, ni la Loi sur le bâtiment201
ni le Code de sécurité202
en
vigueur ne posaient d’exigence relativement à l’entretien des TAR203
.
Il faut donc retenir que le cadre juridique en vigueur à Québec à l’été 2012 portant sur la
protection en matière de légionellose se retrouvait essentiellement dans des dispositions
de portée générale dans la LSP204
. Ces dispositions conféraient de nombreux pouvoirs
aux directeurs de santé publique de chaque territoire au Québec pour favoriser la
détection d’une menace à la santé de la population, mais surtout, pour assurer une
protection de la population en présence d’une menace réelle. Bien que ces larges
195
Préc., note 97. 196
Id., art. 110. 197
Id., art. 112. 198
Id., art. 113. 199
Id., art. 114. 200
Id., art. 124. 201
Id. 202
Préc., note 119. 203
Nous croyons toutefois que pour pouvoir intervenir en matière de TAR, la Régie du bâtiment du
Québec devait avoir l’autorisation du directeur de santé publique de la Capitale-Nationale et ce, puisqu’il
n’y avait aucune disposition réglementaire en vigueur à l’époque qui lui permettait d’agir spécifiquement
en matière de TAR. Ce faisant, nous ne croyons pas que la Régie aurait pu, de son propre chef, décider
d’aller, par exemple, prélever des échantillons d’eau dans les TAR. 204
LSP, art. 100 et 106.
41
pouvoirs en matière de protection soient encore en vigueur à ce jour, nous verrons plus
loin que de nouvelles dispositions réglementaires ont été adoptées spécifiquement pour
la légionellose à des fins de protection suite à cette éclosion205
.
Comme nous avons abordé le cadre normatif québécois en vigueur lors de l’éclosion de
légionellose à l’été 2012 dans un contexte de protection, voyons maintenant les mesures
de protection contre la légionellose qui étaient en vigueur à cette même époque.
3.2.2 Mesures de protection existantes à l’été 2012
Nous avons souligné précédemment que le Guide d’intervention – La légionellose206
de
2009 à portée provinciale était d’abord et avant tout une mesure de protection207
. En
effet, ce guide, en vigueur à l’été 2012 et encore à ce jour, prévoit les étapes à
effectuer lors d’une enquête épidémiologique en cas de légionellose208
. Il y est prévu que
cette dernière se fait sur la base d’un questionnaire posé au médecin, à la personne
atteinte de la légionellose ou bien auprès des membres de sa famille209
. Le questionnaire
comporte huit pages dont les questions visent à identifier la personne atteinte de la
maladie, ses antécédents médicaux, ses symptômes, les résultats des analyses de
laboratoire, les facteurs de risques en cause, les facteurs environnementaux et la
recherche d’un lien avec d’autres cas210
.
Une fois ce questionnaire complété, le guide prévoit qu’il peut s’avérer nécessaire
d’informer une infirmière en prévention des infections dans le centre hospitalier où est la
personne malade ou bien un professionnel de l’équipe de santé environnementale ou de
santé au travail, voire même parfois la Direction de la protection de la santé publique du
ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec si le cas semble être lié à un
205
Infra, p. 63 et 64. 206
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46. 207
Supra, p. 31. 208
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 15-17. 209
Id., p. 15 et 16. 210
Id., p. 27-41.
42
voyage à l’extérieur de la province211
. Aussi, lorsque la source d’exposition suspectée
est un lieu public qui n’est pas dans la même région que celle où a été effectuée la
déclaration, le directeur de santé publique de la région visée doit en être informé212
. Par
ailleurs, si le lieu en cause en est un qui est fréquenté par des résidents d’autres régions,
une alerte à tous les autres directeurs de santé publique devrait être envisagée213
. Dans
les cas où le lieu public en cause est à haut risque, soit lorsqu’il comporte un spa ou une
piscine, la recommandation en place est à l’effet d’en aviser l’équipe de santé
environnementale pour que des mesures de prévention et de contrôle soient mises en
place, au besoin214
.
Dans le guide, il est précisé que ce ne sont pas tous les cas de légionellose qui vont
donner lieu à des prélèvements environnementaux au domicile de la personne atteinte de
la maladie ou au lieu ciblé par l’enquête et ce, en raison du nombre important de sources
qui peuvent être en cause215
. Des prélèvements seront effectués seulement lorsque deux
critères seront rencontrés, soit que « l’enquête épidémiologique a permis d’identifier une
source potentielle d’exposition environnementale commune à au moins deux cas
survenus dans une période de temps donnée »216
et « une souche de Legionella a été
isolée par culture chez au moins un des cas. »217
Ainsi, ledit guide fournit les grandes lignes directrices218
à suivre lors d’une enquête
épidémiologique concernant les cas de légionellose, mais, s’agissant d’un guide, les
règles qui y sont énoncées n’ont pas de caractère contraignant. Ce guide provincial
publié en 2009 était donc en vigueur à l’été 2012 lors de l’éclosion de légionellose dans
211
Id., p. 16. Dans le cas où l’infection semble être reliée à un voyage, le directeur de la santé publique
pourrait informer les autres voyageurs pour qu’ils consultent en cas d’apparition de symptômes pouvant
être associés à la légionellose. 212
Id. 213
Id. 214
Id. 215
Id., p. 17. 216
Id. 217
Id. 218
Nous notons « les grandes lignes directrices » puisque nous verrons plus loin, au chapitre 4, à la section
4.1, que ce guide ne semblait pas suffisamment étoffé quant aux étapes à suivre en cas d’éclosion de
légionellose causée par une TAR (infra, p. 58 et 59).
43
la ville de Québec et a ainsi orienté, à tout le moins en partie, les interventions qui ont
été posées au cours de l’éclosion de légionellose219
.
En 2011, soit deux ans après la publication du guide provincial d’intervention, la
Direction de la santé publique de Montréal a mis sur pied un Guide régional
d’investigation de la légionellose220
à titre complémentaire. Ce guide a pour but de
« guider le travail de l’intervenant de santé publique de la région sociosanitaire (RSS) de
Montréal dans l’investigation d’un cas présumé sporadique ou de cas groupés de
légionellose. »221
Ce guide était donc en vigueur à l’été 2012 et l’est encore aujourd’hui.
Ce guide, visant spécifiquement la région de Montréal, trace un portrait de
l’investigation épidémiologique à mener en matière de légionellose, mais dans le
contexte montréalais222
, c’est-à-dire en tenant compte « de l’organisation interne des
différents secteurs d’activités de la DSP [Direction de la santé publique] de la RSS de
Montréal. »223
À titre d’exemple, lorsque des prélèvements doivent être effectués, pour
chaque type d’endroits où les prélèvements doivent avoir lieu, ce guide contient la
description de la personne ou de l’organisme à Montréal en charge d’effectuer
l’échantillonnage ainsi que le ou les laboratoires de la région où les prélèvements seront
analysés224
. Ce guide comporte également les noms et coordonnées de deux personnes
ressources dans la région de Montréal en lien avec les prélèvements
environnementaux225
. Ainsi, nous pouvons constater que des ententes de services étaient
déjà établies à Montréal pour pouvoir intervenir en cas de légionellose, au besoin, dans
cette région. Nous notons que cela ce n’était pas le cas à l’été 2012 dans la ville de
Québec qui ne s’était pas dotée d’un tel guide complémentaire.
219
Nous aborderons les interventions qui ont été mises en œuvre lors de l’éclosion de légionellose à
Québec à l’été 2012 à la section 3.2.3 du présent chapitre (infra, p. 44-54). 220
DIRECTION DE LA SANTE PUBLIQUE DE L’AGENCE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DE
MONTREAL, préc., note 26. 221
Id., p. 9. 222
Id. 223
Id. 224
Id., p. 34. 225
Id., p. 37.
44
Comme nous avons ciblé le cadre normatif entourant la protection en vigueur à l’été
2012 en matière de légionellose, nous examinerons maintenant comment les autorités en
santé publique concernées se sont prévalues des normes de protection existantes pour
intervenir au cours de l’éclosion de légionellose à l’été 2012.
3.2.3 Interventions posées au cours de l’éclosion
Dans les prochaines lignes, nous examinerons les interventions qui ont été posées à des
fins de protection de la population par les différents acteurs impliqués au cours de
l’éclosion de légionellose à l’été 2012 dans la ville de Québec qui a duré plus de deux
mois. Nous soulignerons, au fur et à mesure, les difficultés auxquelles les autorités en
santé publique concernées ont dû faire face au fil de l’éclosion. Ces difficultés nous
servirons d’éléments de réflexion lorsque nous analyserons, dans le dernier chapitre,
l’existence ou non d’un manque de complémentarité entre les normes de prévention et
de protection en vigueur à l’été 2012. En effet, il sera opportun de se demander si
lesdites difficultés résultent d’un tel manque de complémentarité entre ces deux types de
normes.
Nous avons divisé les interventions posées en trois parties : premièrement, les
interventions mises en oeuvre ayant pour but d’établir un lien entre les cas déclarés,
deuxièmement, les interventions mises en place afin de tenter d’identifier et de contrôler
la source de contamination en cause et, troisièmement, les interventions imposant des
obligations formelles à des fins d’identification de la source et de contrôle.
Nous tenons toutefois à souligner d’emblée que la principale source d’information que
nous avons retracé pour faire état des interventions posées au cours de l’éclosion de
légionellose est un document intitulé Éclosion de légionellose dans la ville de Québec,
Québec, Canada, été 2012226
rédigé en décembre 2012. Il s’agit d’un rapport du
directeur de santé publique de la Capitale-Nationale, docteur François Desbiens.
L’objectif de ce rapport est décrit comme suit :
226
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, 145 p.
45
« Il a pour objectif de faire état de la situation qui a prévalu au cours de
l’éclosion. Il décrit les interventions réalisées par la Direction régionale de
santé publique (DRSP) de la Capitale-Nationale, en collaboration avec
plusieurs partenaires. Il contient des recommandations à mettre en œuvre
pour éviter la répétition d’une telle éclosion. »227
Ce faisant, les interventions posées et les difficultés rencontrées en cours d’éclosion qui
seront notées dans les prochaines lignes sont celles qui ont été observées directement par
la principale autorité en santé publique concernée.
3.2.3.1 Identification d’un lien entre les cas déclarés
Le 26 juillet 2012, alors que huit cas de légionellose avaient été déclarés dans le secteur
de la Basse-Ville de Québec en une semaine au directeur de santé publique, une éclosion
de légionellose a officiellement été confirmée228
. Le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale s’est alors prévalu de ses pouvoirs d’enquête229
pour effectuer une
enquête épidémiologique visant à établir un lien entre les cas déclarés et, ultimement, à
identifier la source de l’éclosion230
. En effet, comme les cas rapportés l’étaient tous dans
une période rapprochée et dans un même secteur, il y avait alors suffisamment de raisons
de penser qu’il y avait un lien entre eux. Il fallait alors le confirmer.
Concrètement, des questionnaires ont été soumis à des personnes ayant un diagnostic de
légionellose, à leur famille ainsi qu’au personnel soignant afin d’obtenir des « données
démographiques et cliniques, des résultats de laboratoire et des expositions possibles à
des sources de légionellose »231
. Bien que le rapport ne mentionne pas la teneur du
questionnaire plus en détail, nous pensons qu’il s’agit probablement de celui annexé au
guide d’intervention provincial abordé précédemment232
. Les résultats obtenus au cours
de l’enquête épidémiologique ont été analysés afin de tenter de détecter la ou les sources
probables de contamination233
.
227
Id., p. 12. 228
Id., p. 15. 229
Supra, p. 37 et 38. 230
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 4 et 5. 231
Id., p. 17. 232
Supra, p. 41. 233
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 17.
46
Lors de l’enquête épidémiologique, les résultats des analyses de laboratoire ont été une
source d’information fort importante en ce sens qu’ils ont permis de confirmer le
diagnostic de légionellose, mais surtout, de préciser la souche particulière (l’espèce) de
Legionella à l’origine de l’infection chez les personnes atteintes234
. Ce faisant, les
cultures de sécrétions effectuées chez les personnes « ont fait l’objet de plusieurs
analyses en séquence pour tenter d’identifier de façon précise la souche infectante. »235
Ultimement, les tests ont démontré que les personnes ont été atteintes par « la souche
(pulsovar) L. pneumophila de sérogroupe 1. »236
Cela a permis de confirmer que les
personnes malades avaient été infectées par une même espèce qui provenait donc
probablement de la même source de contamination.
Également, les réponses qui ont été obtenues par le biais des questionnaires soumis aux
personnes atteintes de légionellose ont permis de déterminer que la plupart de ces
dernières avaient un point en commun, soit le fait d’habiter ou bien d’avoir fréquenté la
Basse-Ville de Québec dans les jours précédant l’apparition des symptômes de la
maladie237
.
Une fois le lien établi entre les personnes atteintes de légionellose, des interventions
sollicitant la participation volontaire des propriétaires de TAR ont alors été enclenchées
par le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale afin de tenter d’identifier la
source de contamination à l’origine de l’éclosion et tenter de la contrôler.
3.2.3.2 Sollicitation de la participation des propriétaires de TAR
Dès les premières pages de son rapport, le directeur de santé publique de la Capitale-
Nationale indique ce qui suit concernant les sources suspectées à l’origine de l’éclosion :
234
Id. 235
Id. 236
Id. 237
Id., p. 27 et 30.
47
« Dès le début de l’éclosion, déclarée à la fin juillet, le directeur de santé
publique a considéré les tours aérorefroidissantes, souvent appelées tours de
refroidissement, comme étant la cause la plus probable de cette éclosion.
D’autres hypothèses environnementales ont été explorées : les brumisateurs
des marchés d’alimentation, les fontaines d’eau publiques, les systèmes
d’arrosage, les sites d’excavation et les bassins de décantation situés dans la
Basse-Ville ou à proximité. »238
(nos soulignés)
Un peu plus loin dans son rapport, il rapporte à nouveau que les « TAR ont rapidement
été suspectées comme étant la source de l’éclosion en raison du nombre et de la
dispersion des cas. »239
Devant une telle réalité, le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale s’est rapidement heurté à des difficultés bien réelles. En effet, le
guide provincial d’intervention en vigueur au moment de l’éclosion, soit le Guide
d’intervention – La Légionellose240
, rapportait que les TAR étaient une des principales
sources de contamination, mais il se limitait seulement à parler d’une inspection des
édifices, sans fournir des précisions quant à ce qui devait être fait lorsque la source
soupçonnée était une TAR. Ainsi, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale
n’avait pas d’information lui permettant de savoir comment valider l’entretien des
installations, le périmètre sur lequel les prélèvements devaient être effectués en
l’absence d’une source précise identifiée, la manière de faire des prélèvements
d’échantillon d’eau dans les TAR, l’endroit où les échantillons devaient être envoyés
pour analyse, la manière de les interpréter ni même le traitement requis pour contrôler la
Legionella lorsque la source précise serait identifiée241
. L’utilité du guide provincial
d’intervention a donc été très limitée au cours de l’éclosion de légionellose à l’été 2012.
Ceci étant dit, même sans détail précis dans le guide d’intervention provincial, il était
tout de même de connaissance notoire que la seule mesure efficace pour contrer la
croissance de la Legionella dans une TAR était un entretien adéquat, cette responsabilité
incombant aux propriétaires des TAR242
. Le directeur de santé publique de la Capitale-
238
Id., p. 4. 239
Id., p. 18. 240
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 12.
Également, voir : Supra, p. 32. 241
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 18. 242
Id.
48
Nationale a donc pris la décision de solliciter les propriétaires des bâtiments avec des
TAR pour leur demander de vérifier leurs installations et d’effectuer un nettoyage243
.
Pour arriver à mettre à exécution cette intervention, le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale a dû faire face à une autre difficulté majeure, soit le fait qu’il n’y
avait aucun répertoire des TAR au Québec244
. Ainsi, à compter du 2 août 2012, le
directeur de santé publique de la Capitale-Nationale a débuté une première vague
d’interventions basée sur des mesures volontaires en tentant de sensibiliser les
propriétaires de TAR par voie de communiqués, par le biais des médias, par des appels
téléphoniques et en envoyant des lettres individualisées « aux propriétaires de bâtiments
de trois étages et plus dans le secteur de la Basse-Ville de Québec. »245
Dans la lettre qui
a été transmise aux propriétaires des bâtiments visés, il était notamment fait état de ce
qui suit : « La SEULE mesure préventive efficace pour contrer cette éclosion est la
vérification et le nettoyage des tours de refroidissement. »246
Dans cette même lettre, il
était aussi demandé aux propriétaires de vérifier le fonctionnement de leur TAR, de
procéder immédiatement à l’entretien selon les spécifications du manufacturier, de
remplir un formulaire et de le retourner au directeur de santé publique247
. Le formulaire
visait à obtenir l’adresse des bâtiments qui possédaient des TAR, à identifier la personne
qui les entretenait, à savoir si le propriétaire retenait les services d’une firme spécialisée
en traitement de l’eau pour la surveillance de la qualité de l’eau et à savoir si les TAR
avaient été nettoyées depuis le 15 juin 2012248
.
Malgré la mise en place de ces mesures volontaires, le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale a continué de recevoir la déclaration de nouveaux cas de
légionellose249
. Une autre série de mesures a donc été enclenchée, cette fois-ci avec un
243
Id. 244
Id. 245
Id. Il est à noter que le directeur de la santé publique de la Capitale-Nationale précise que les adresses
des propriétaires des bâtiments visés « ont été obtenues par l’intermédiaire de la Ville de Québec. » 246
Id., p. 91. 247
Id. 248
Id., p. 93. 249
Id., p. 29.
49
caractère contraignant, afin d’identifier plus précisément la source de l’éclosion et de la
contrôler.
3.2.3.3 Obligations imposées aux propriétaires de TAR
Devant la déclaration de nouveaux cas de légionellose (66 au total depuis le début de
l’éclosion)250
, le 14 août 2012, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale a
mis sur pied une deuxième vague d’interventions, cette fois-ci, basée sur des mesures
obligatoires251
. Ainsi, il a préparé un plan d’urgence dont les objectifs étaient les
suivants:
« 1. identifier les TAR dans la zone où il y avait le plus grand nombre de
personnes atteintes de légionellose;
2. identifier la source de la contamination par des prélèvements
d’échantillon d’eau;
3. évaluer l’entretien des TAR par des inspections visuelles;
4. désinfecter les TAR en attendant les résultats des prélèvements;
5. prescrire des mesures de contrôle adaptées aux résultats des
inspections et des échantillons d’eau des TAR. »252
Afin de réaliser toutes ces interventions, le directeur de santé publique de la Capitale-
Nationale a dû recourir à l’aide de divers intervenants, incluant notamment des
inspecteurs de la ville de Québec, des techniciens en hygiène du travail du centre de
santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale et des professionnels de la Régie du
bâtiment du Québec253
. Bien que tous ces intervenants aient accepté de collaborer sur
une base volontaire, il n’en demeure pas moins que le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale souligne dans son rapport qu’il aurait sans doute été plus efficace que
les collaborations nécessaires lors d’une éclosion de légionellose en lien avec une TAR
soient clairement définies au préalable par des protocoles d’entente254
.
250
Id. 251
Id., p. 19. 252
Id. 253
Id. 254
Id., p. 45.
50
Concrètement, le plan d’urgence a débuté par la création d’un périmètre d’intervention à
partir des endroits où vivaient et où étaient allées les personnes atteintes de légionellose
peu de temps avant le développement de la maladie255
. Par la suite, du 17 au 20 août
2012, les TAR présentes dans le périmètre d’intervention établi ont été identifiées par le
biais d’une inspection visuelle sur le toit des bâtiments et par un repérage à l’aide
d’images aériennes et de listes fournies par les firmes qui s’occupaient de l’entretien des
TAR256
. Ainsi, le 21 août 2012, des lettres ont été transmises aux propriétaires des TAR
identifiées par la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale dans
lesquelles des obligations formelles leurs étaient imposées et ce, de la manière suivante :
« Conséquemment, en vertu des dispositions de la Loi sur la santé publique
et des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous demandons :
- de permettre immédiatement l’accès aux installations visées par la
présente enquête aux inspecteurs mandatés par le directeur régional de
santé publique et par la Ville de Québec afin de réaliser l’inspection, la
purge, la désinfection et l’échantillonnage des installations comportant
de l’eau et pouvant émettre des aérosols;
- de procéder à un nettoyage et une désinfection de vos installations
immédiatement, à moins que cela n’ait été effectué depuis le 31 juillet
2012, et ce, dans un délai de 7 jours ouvrables à compter de la
réception du présent avis.
- de fournir au directeur régional de santé publique ou aux personnes
qu’il aura mandatées pour cette enquête, dans les plus brefs délais,
toutes les informations concernant l’entretien, la modification, et le
nettoyage effectués sur ces installations depuis le 31 juillet 2012. »257
(nos soulignés)
Pour pouvoir imposer de telles obligations, le directeur de santé publique de la
Capitale-Nationale s’est donc prévalu de ses pouvoirs d’enquête258
et d’intervention259
.
255
Id., p. 20. 256
Id., p. 20 et 26. 257
Id., p. 98. 258
LSP, art. 100 al. 1 (4) et 100 al. 1 (8); Supra, p. 37 et 38. 259
LSP, art. 106 al. 1 (3); Supra, p. 39-41.
51
Dès le 21 août 2012 (à cette date, il y avait 141 cas de légionellose déclarés au total)260
,
suite à l’identification des TAR dans le périmètre visé, des échantillons d’eau ont
commencé à être prélevés dans les TAR261
. Les prélèvements ont fait l’objet de plusieurs
analyses et, lorsque de la Legionella a été détectée, d’autres analyses ont été effectuées
afin de d’identifier clairement la souche pour tenter d’établir un lien avec celle détectée
chez les personnes atteintes de légionellose lors de l’éclosion, soit la Legionella
(pulsovar) L. pneumophila de sérogroupe 1262
. Lors des prélèvements, des inspections
visuelles des TAR ont également été faites afin d’évaluer la salubrité des installations263
.
Lorsque les échantillons d’eau ont été prélevés dans les TAR, des employés de la ville de
Québec ont également effectué un traitement avec un désinfectant à base de brome,
traitement reconnu comme étant « une action corrective immédiate de l’eau des TAR.»264
Or, le problème avec ce traitement est que l’efficacité qui lui est reconnue n’est que de
courte durée265
. Conséquemment, malgré le traitement par le brome, un nettoyage a aussi
été recommandé dans les sept jours aux propriétaires des TAR266
. Par prudence, une
seconde série de prélèvements a été effectuée une semaine après les premiers
prélèvements267
et un second traitement des TAR avec du brome a été effectué au même
moment268
. En tout, 131 TAR ont fait l’objet d’une intervention et ce, dans un total de 70
bâtiments269
.
À compter du début des traitements obligatoires à base de brome le 21 août 2012
jusqu’au dernier cas de légionellose déclaré le 4 septembre 2012, il y a eu 40 cas
supplémentaires rapportés de personnes atteintes de légionellose270
. Néanmoins, le délai
entre le moment où une personne inhale la Legionella et le moment où elle développe la
260
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 29. 261
Id., p. 20. Le tout, en conformité avec le pouvoir prévu à l’article 100 al. 1 (5) de la LSP. 262
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 17 et 20. 263
Id., p. 20. 264
Id., p. 22. 265
Id. 266
Id. 267
Id., p. 20. 268
Id., p. 22. 269
Id., p. 5. 270
Id., p. 29.
52
maladie est habituellement de deux à dix jours271
. Ainsi, même si d’autres cas ont été
rapportés suite au premier traitement à base de brome, cela ne signifie pas
nécessairement que son action a été inefficace.
Puis, le 31 août 2012, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale, n’ayant à
l’époque aucun guide détaillé272
auquel se référer en matière d’entretien des TAR et étant
toujours dans l’attente des résultats des analyses des prélèvements effectués273
, a ordonné
à tous les propriétaires de TAR du périmètre ciblé une désinfection ayant pour but de
maintenir une concentration suffisante de biocides, soit chlore ou brome, dans l’eau des
TAR274
. Il s’est donc prévalu du pouvoir d’intervention présent dans la LSP qui lui
permet d’ordonner la désinfection de certaines choses275
.
Ultimement, lorsque les résultats des analyses effectuées sur les 131 TAR ont été
transmis au directeur de santé publique de la Capitale-Nationale, il a fait deux
constatations importantes. La première est le fait que dans plus de la moitié des TAR, de
la Legionella a été retrouvée276
. La seconde étant que deux TAR d’un même bâtiment277
étaient à l’origine de l’éclosion de légionellose en cours puisqu’elles contenaient
l’espèce qui avait été identifiée chez les personnes atteintes de la légionellose, soit la
Legionella (pulsovar) L. pneumophila de sérogroupe 1278
.
Une fois la source de l’éclosion de légionellose identifiée, le directeur de santé publique
de la Capitale-Nationale s’est à nouveau prévalu du pouvoir d’intervention que lui
271
Id., p. 14. 272
Nous indiquons « guide détaillé » puisqu’il y avait tout de même un document existant à l’époque
rédigé par la Régie du bâtiment du Québec qui contenait quelques grandes lignes concernant l’entretien
des TAR, mais sans plus. Ce document était annexé au guide régional d’investigation tel qu’abordé
précédemment (supra, p. 27 et 28). 273
En effet, en raison de la méthode d’analyse choisie, soit par culture microbienne, le délai pour obtenir
les résultats pouvait atteindre trois semaines. Ce délai a même été haussé en raison du grand nombre de
demandes d’analyse survenu dans un court laps de temps. À cet effet, voir : I. GOUPIL-SORMANY et C.
HUOT, préc., note 5, p. 45. 274
Id., p. 22. 275
LSP, art. 106 al. 1 (3). 276
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 5. 277
Ces TAR se retrouvaient dans le Complexe Place Jacques-Cartier qui est situé au centre-ville de
Québec et, plus précisément, dans le centre de la zone d’éclosion établie. À cet effet, voir : Id., p. 34 et 37. 278
Id., p. 5 et 17.
53
octroyait la LSP279
pour que les deux ventilateurs des TAR contaminées soient arrêtés le
18 septembre 2012 et que leur désinfection et nettoyage soient complétés280
. Entre
temps, soit le 4 septembre 2012, le dernier cas de légionellose a été rapporté281
.
À l’issue de l’analyse du cadre normatif de protection en vigueur à l’été 2012, nous
constatons que plus une situation devient menaçante pour la santé de la population, plus
les pouvoirs accordés au directeur de santé publique s’élargissent et peuvent avoir un
caractère contraignant. En situation de menace réelle, on peut même dire que ces
pouvoirs sont pratiquement282
illimités eu égard au paragraphe neuf du premier alinéa de
l’article 106 de la LSP qui lui permet, rappelons-le, d’«ordonner toute autre mesure qu’il
estime nécessaire pour empêcher que ne s’aggrave une menace à la santé de la
population, en diminuer les effets ou l’éliminer. » Ceci étant dit, l’examen des
interventions posées au cours de l’éclosion de légionellose à l’été 2012 nous a permis de
constater que l’existence de pouvoirs législatifs quasi illimités n’a tout de même pas
empêché le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale de se heurter à des
difficultés importantes tout au long de la gestion de l’éclosion.
Après avoir cerné les normes applicables et appliquées à Québec à l’été 2012 en matière
de prévention de la légionellose, d’une part, et de protection de cette maladie, d’autre
part, nous tenterons de déterminer, dans le quatrième et dernier chapitre, si cette récente
279
LSP, art. 106 al. 1 (3). Cette disposition lui permet de « donner des directives précises » quant à la
désinfection, la décontamination ou le nettoyage. Il est à noter que les paragraphes 5, 8 et 9 du premier
alinéa de l’article 106 de cette même loi auraient également pu être invoqués pour imposer une telle
mesure. Ces paragraphes se lisent comme suit :
« 106. Lorsqu'un directeur de santé publique est d'avis, en cours d'enquête, qu'il existe effectivement une
menace réelle à la santé de la population, il peut:
(…)
5° ordonner la cessation d'une activité ou la prise de mesures de sécurité particulières si c'est cette activité
qui est une source de menace pour la santé de la population;
(…)
8° ordonner à une personne de respecter des directives précises pour éviter toute contagion ou
contamination;
9° ordonner toute autre mesure qu'il estime nécessaire pour empêcher que ne s'aggrave une menace à la
santé de la population, en diminuer les effets ou l'éliminer. » 280
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 26. 281
Id., p. 29. 282
Nous indiquons « pratiquement illimités » puisque même si la disposition ne prévoit pas de restriction,
il y a tout de même des balises à respecter en ce sens que la santé de la population doit être menacée et que
les ordonnances prises doivent faire appel au jugement professionnel du décideur.
54
éclosion a traduit un manque de complémentarité entre les normes de prévention et de
protection et, le cas échéant, les leçons pouvant en être tirées pour l’avenir.
Chapitre 4 - Leçons à tirer de l’éclosion de légionellose à Québec en 2012
L’éclosion de légionellose à Québec à l’été 2012 a eu, sur une période d’un peu plus de
deux mois des conséquences humaines dramatiques : 181 personnes atteintes, dont 13
décès283
. Ajoutons, sans avoir de chiffre précis, que les conséquences matérielles et
financières ont également dû être considérables pour le Québec. Plus de deux années
s’étant maintenant écoulées depuis cette éclosion, nous nous servirons de cet événement
passé pour tenter d’en tirer des leçons pour l’avenir puisque le Québec n’est pas à l’abri
d’éclosions éventuelles de légionellose. Pour ce faire, nous présenterons, dans un
premier temps, notre réflexion quant à la complémentarité entre les normes de
prévention et de protection en vigueur au cours de l’éclosion de légionellose dans la ville
de Québec à l’été 2012. Dans un deuxième temps, nous examinerons les modifications
normatives mises en place depuis l’été 2012 en matière de prévention et de protection de
la légionellose afin de pouvoir évaluer l’apport de ces modifications normatives au
niveau de la complémentarité des deux fonctions.
4.1 Réflexion quant à la complémentarité entre les normes de prévention et
de protection en vigueur à l’été 2012
Lors de notre analyse du cadre théorique entourant les fonctions de prévention et de
protection, le premier constat que nous en avons tiré est le fait qu’afin d’assurer la
protection de la santé de la population en matière de légionellose, l’existence de normes,
tant de prévention que de protection, est capitale284
. À ce propos, soulignons d’emblée
qu’à l’été 2012, des normes applicables dans le contexte de la légionellose étaient en
vigueur et ce, tant à des fins de prévention (incluant la promotion) que de protection.
283
Supra, p. 2. 284
Supra, p. 18.
55
Le second constat qui est ressorti de notre analyse du cadre théorique est à l’effet qu’il
est important que des normes de prévention et de protection adéquates et suffisantes
soient mises en place. Toutefois, il est préférable de mettre l’emphase sur les normes de
prévention lorsque de telles normes efficaces existent (ou peuvent exister) pour assurer
une meilleure protection de la santé publique et, également, la pérennité de notre
système de santé285
.
Quant aux normes de prévention en vigueur à l’été 2012, mis-à-part les chauffe-eau qui
faisaient l’objet d’une disposition réglementaire à visée préventive obligatoire en
matière de légionellose, il n’y avait qu’une seule disposition législative286
de portée
générale en santé publique, soit l’article 53 de la LSP, qui pouvait être invoquée par le
MSSS, les directeurs de santé publique et les établissements exploitant un CLSC pour
intervenir en matière de prévention et de promotion de légionellose. Ces larges pouvoirs
conférés par la LSP étaient discrétionnaires et n’avaient pas été adoptés spécifiquement
pour la promotion et la prévention de la légionellose, mais pour toutes « les maladies, les
traumatismes et les problèmes sociaux ayant un impact sur la santé »287
. Ainsi, ces
pouvoirs pouvaient être utilisés pour une panoplie de problèmes en santé publique. On
peut présumer288
que c’est sur la base de cette disposition législative que les seules
mesures de prévention et de promotion existantes à l’été 2012 dans le contexte de la
légionellose ont été mises en place, soit les mesures de sensibilisation destinées aux
citoyens (incluant les propriétaires de TAR) et aux professionnels de la santé concernés
en matière de légionellose. Rappelons que les mesures de sensibilisation n’étaient
essentiellement289
accessibles à l’été 2012 que par le biais d’une consultation volontaire
sur Internet, qu’elles n’imposaient aucune obligation et que, ce faisant, leur application
était aléatoire.
285
Id. 286
Ici, nous excluons l’article 55 de la LSP et ce, pour les réserves émises dans la note de bas de page 113
(supra, p. 25). 287
LSP, art. 53 al. 1. 288
Il est à noter que nous indiquons « présumer » puisque lorsque les mesures de prévention sont mises
sur pied, leur émetteur ne mentionne généralement pas sur la base de quelle disposition législative il agit. 289
Sauf pour les 10 000 brochures transmises aux propriétaires de TAR en 1998 (supra, p. 27 et 28) et
pour le document d’information remis aux personnes atteintes de la légionellose (supra, p. 31).
56
Ces normes de prévention étaient-elle adéquates et suffisantes dans le contexte de la
légionellose? Il y a lieu d’en douter. En effet, à l’été 2012, les TAR ne faisaient l’objet
d’aucune disposition législative ou réglementaire spécifique quant à la prévention de la
légionellose alors même que plusieurs informations et indices permettaient de croire que
cela aurait été opportun. À ce propos, les TAR étaient alors reconnues depuis longtemps
comme étant les sources de contamination les plus fréquemment à l’origine des plus
importantes éclosions de légionellose dans le monde290
. De plus, les connaissances
scientifiques permettaient de savoir, depuis un bon moment déjà à cette époque, qu’il
existait un moyen efficace de réduire les risques de développement de la Legionella dans
les TAR et, conséquemment, les risques de contamination, le tout, par le biais d’un
entretien adéquat291
.
Qui plus est, avant l’été 2012, deux autres éclosions de légionellose survenues dans la
ville de Québec avaient été associées aux TAR dont une en 1996292
et l’autre en 2010293
.
Aussi, dès le mois de mars 1997, soit après la première éclosion de légionellose dans la
ville de Québec, le Centre de santé publique de Québec avait émis un rapport contenant
la recommandation suivante : « Confier à un organisme gouvernemental la
responsabilité d’émettre des normes sur la conception, le fonctionnement et l’entretien
des tours de refroidissement, et d’assurer le respect de l’application de ces normes. »294
Peu de temps après la parution de cette recommandation, soit au cours du mois de juillet
1997, le MSSS s’est adressé au président de la Régie du bâtiment du Québec afin que
soit mis « en branle un processus menant à l’adoption d’un règlement sur l’entretien et
l’utilisation des tours aérorefroidissantes. »295
Néanmoins, lors de l’éclosion de
légionellose à l’été 2012, il n’y avait toujours aucun règlement en vigueur en ce sens.
290
Supra, p. 9. 291
Supra, p. 26. 292
Au cours de cette éclosion, il y a eu 12 personnes qui ont été atteintes par la légionellose parmi
lesquelles une personne est décédée et les sources identifiées étaient des TAR. À cet effet voir : I. GOUPIL-
SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 40 et R. PARADIS, N. BOULIANNE, S. ALLAIRE et D. GAUVIN,
préc., note 43. 293
Au cours de cette éclosion, il y a eu 6 personnes qui ont été atteintes par la légionellose. Il est
également à noter qu’aucune source précise n’a été confirmée, mais que la « source suspectée était la TAR
d’un hôpital ». À cet effet, voir : I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 40 294
R. PARADIS, N. BOULIANNE, S. ALLAIRE et D. GAUVIN, préc., note 43, p. 21. 295
C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 19.
57
De fait, la seule mesure de prévention mise en place à l’été 2012 concernant les TAR se
trouvait dans un document élaboré par la Régie du bâtiment du Québec en 1998 en
collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec dans
lequel il y avait des recommandations émises concernant l’entretien des TAR296
. Ces
recommandations d’entretien avaient été diffusées en 10 000 exemplaires en 1998 et
n’avaient pas fait l’objet de diffusion systématique ultérieure297
. Ainsi, on peut soulever
des doutes quant à la suffisance de cette mesure de prévention volontaire à diffusion
systématique limitée dans le temps et ce, notamment, dans un contexte où les analyses
des prélèvements effectuées dans les TAR lors de l’éclosion de légionellose à l’été 2012
ont confirmé que dans plus de la moitié des TAR échantillonnées, de la Legionella avait
été retrouvée298
. Ajoutons finalement que dans son rapport post-éclosion publié en
décembre 2012, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale recommande
également l’adoption d’une réglementation adaptée en matière de prévention de la
Legionella dans les TAR299
.
Quant aux normes de protection en vigueur à l’été 2012, elles se retrouvaient
essentiellement dans des dispositions de portée générale dans la LSP qui conféraient de
nombreux pouvoirs aux directeurs de santé publique de chaque territoire au Québec pour
favoriser la détection d’une menace à la santé de la population, mais surtout, pour
assurer une protection de la population en présence d’une menace réelle. Ces
dispositions législatives faisaient en sorte que plus la menace se confirmait, plus le
directeur de santé publique du territoire visé pouvait imposer des obligations formelles
pour faire cesser cette menace. Ainsi, contrairement au cadre normatif portant sur la
promotion et la prévention de la légionellose, celui qui avait trait à la protection était
davantage contraignant en ce qu’il imposait des obligations formelles à certains acteurs.
Par ailleurs, lors de l’éclosion de légionellose à l’été 2012, un guide d’intervention
296
Supra, p. 27 et 28. 297
Il est toutefois à noter que le document était accessible sur le site Internet de la Régie du bâtiment du
Québec ainsi qu’annexé au guide complémentaire d’intervention en cas de légionellose de Montréal. À cet
effet, voir : Id. 298
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 5; Supra, p. 52. Il est à noter que nous ne faisons que
soulever une piste de réflexion et que notre but n’est pas d’entrer dans le débat qui entoure l’efficacité des
mesures volontaires versus des mesures coercitives. 299
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 47.
58
provincial non contraignant publié en 2009 concernant la légionellose était également en
vigueur et prévoyait les étapes à effectuer lors d’une enquête épidémiologique en cas de
légionellose.
Ces normes de protection étaient-elles, quant à elles, adéquates et suffisantes dans le
contexte de la légionellose à l’été 2012? À cet effet, certaines réflexions sont
nécessaires. En effet, notre examen des interventions posées par le directeur de santé
publique de la Capitale-Nationale au cours de l’éclosion de légionellose à l’été 2012 sur
son territoire nous a permis de constater qu’il s’était largement prévalu des dispositions
existantes dans la LSP pour intervenir et que, ultimement, cela lui a permis d’enrayer
l’éclosion de légionellose environ deux mois après qu’elle ait été déclarée. On peut ainsi
présumer d’emblée que ces dispositions législatives étaient adéquates, voire même
suffisantes. Néanmoins, nous avons vu précédemment qu’au cours de l’éclosion de
légionellose à l’été 2012, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale s’était
tout de même heurté à des difficultés importantes qui ont pu générer des délais dans les
interventions qui ont été posées300
.
À ce propos, en ce qui a trait au guide d’intervention provincial publié en 2009
concernant la légionellose, il semble avoir eu une utilité limitée au cours de l’éclosion.
En effet, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale s’était référé à ce guide,
mais avec un succès assez mitigé à partir du moment où il avait été confirmé que les
personnes atteintes de la légionellose avaient été infectées par une même source de
contamination. De fait, bien que les TAR étaient mentionnées dans ce guide comme
étant une des sources potentielles de contamination, il y était seulement fait mention de
la nécessité d’une inspection pour obtenir l’information utile301
. Il n’y avait donc pas de
ligne directrice précise dans ce guide quant aux étapes à suivre par un directeur de santé
300
Rappelons brièvement ces difficultés : absence de guide d’intervention détaillé balisant les interventions
à poser lorsque la source soupçonnée à l’origine d’une éclosion de légionellose est une TAR, l’absence de
répertoire des TAR et l’absence d’ententes de services conclues au préalable avec des laboratoires pour
l’analyse des prélèvements. À cet effet, voir : Supra, p. 47 et 48. 301
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46, p. 12.
Également, voir : Supra, p. 32.
59
publique lorsque la source suspectée était une TAR302
ni aucune entente de services de
conclue préalablement pour l’analyse des prélèvements effectués, le cas échéant. Par
conséquent, cela nous porte à croire que le Guide d’intervention – La légionellose303
n’était pas bien adapté aux interventions à poser en cas d’éclosion de légionellose
lorsque la source de contamination était une TAR. D’ailleurs, dans ses recommandations
post-éclosion, le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale fait état qu’il serait
opportun de «[b]onifier le guide d’intervention provincial sur la légionellose en matière
d’identification, d’enquête et de gestion des éclosions communautaires. »304
À ce jour, le guide d’intervention provincial n’a pas été modifié. Toutefois, la
publication d’un guide mieux adapté aux éclosions de légionellose était prévue, semble-
t-il, pour l’été 2014305
. Toutefois, nos recherches confirment que ledit guide n’a pas
encore été publié. À titre de réflexion, nous nous questionnons quant à savoir s’il ne
serait pas préférable d’opter pour la publication de guides complémentaires pour chaque
région afin de tenir compte de leurs réalités comme cela a été fait en 2011 pour la région
de Montréal, incluant, notamment, des ententes de services sur chaque territoire ?
Maintenant, il convient, à la lumière de ce qui précède, de nous interroger quant à savoir
si l’emphase avait été mise, à l’été 2012, sur les normes de prévention de la légionellose,
le tout, dans un contexte où, comme nous l’avons vu précédemment306
, l’importance de
la prévention est prônée dans notre système de santé publique afin d’assurer une
meilleure protection de la population ainsi que la pérennité de notre système de santé.
Suite à l’examen des normes de prévention en vigueur à l’été 2012, on peut présumer
que la prévention en matière de légionellose n’avait peut-être pas été suffisamment
priorisée. Certes, des normes de prévention de la légionellose étaient en vigueur, mais,
outre pour les chauffe-eau, aucune norme de prévention obligatoire et contraignante
302
Ceci est d’ailleurs mentionné par Me Catherine Rudel-Tessier, coroner, dans son rapport d’enquête. À
cet effet, voir : C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 20. 303
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA LEGIONELLOSE ACQUISE DANS LA COMMUNAUTE, préc., note 46. 304
I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5, p. 47. 305
C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 26. 306
Supra, p. 16-18.
60
n’était en vigueur. Ainsi, même si de larges pouvoirs étaient conférés aux autorités
visées en matière de prévention et de promotion en santé publique par l’article 53 de la
LSP, on peut penser qu’ils ont été très peu utilisés dans le contexte de la légionellose.
Notre réflexion nous amène à nous demander si cette utilité limitée ne découlerait pas, à
tout le moins en partie, du fait qu’à l’été 2012, la légionellose ne faisait pas partie des
domaines d’intervention de prévention et de promotion en santé publique visés dans le
PNSPQ307
. On peut donc penser que la légionellose n’était pas un « cheval de bataille »
prioritaire en santé publique à cette époque308
. Bien que ce programme visait la période
de 2003 à 2012, il n’y a pas, à l’heure actuelle, un nouveau programme qui a été publié,
mais on peut présumer que cela devrait être le cas prochainement. Cette réalité nous
amène à nous questionner quant à savoir s’il serait pertinent que la légionellose soit
ajoutée dans le prochain PNSPQ afin de faire de la prévention et la promotion de cette
maladie une priorité dans les années à venir ?309
Le troisième et dernier constat qui est ressorti de notre analyse du cadre théorique
entourant la prévention et la protection en santé publique est le fait qu’elles entretiennent
des liens étroits, d’une part, en ce qu’elles ont été choisies à titre de fonctions
essentielles de santé publique au Québec et, d’autre part, en ce que ces deux fonctions
donnent lieu à des normes qui sont complémentaires310
. La légionellose est d’ailleurs
une illustration de la nécessité de la complémentarité entre les fonctions de prévention et
de protection ainsi que les normes qui en découlent. En effet, nous avons abordé
précédemment311
le fait qu’il existe des moyens efficaces312
afin de tenter de prévenir le
307
DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DU MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX,
préc., note 71. 308
Il est à noter que cet essai n’a pas pour but de critiquer si, de fait, la légionellose aurait dû se retrouver
ou non dans le programme ni de prioriser les maladies qui s’y retrouvent. 309
Nous ne répondrons pas à cette question dans le cadre de notre analyse puisqu’elle pourrait, à elle
seule, faire l’objet d’un essai. 310
Supra, p. 18. 311
Supra, p. 21 et 26. 312
Il est à noter que par l’utilisation du terme « efficace », nous ne faisons pas référence à des moyens qui
enrayent totalement le développement de la Legionella dans les sources visées, mais qui, à tout le moins,
réduisent les risques considérablement.
61
développement de la Legionella dans certaines sources de contamination connues,
notamment pour les TAR et les chauffe-eau.
Même si tous les moyens de prévention connus étaient mis en place, voire même
imposés, il appert des connaissances actuelles concernant cette maladie que les « cas
sporadiques et les éclosions de légionellose ne peuvent pas être totalement
éradiqués. »313
Devant une telle réalité, on ne peut que constater que des normes de
prévention, à elles seules et ce, peu importe leur portée, ne peuvent pas être suffisantes
pour protéger la population québécoise et que, ce faisant, des normes de protection sont
nécessaires. À l’inverse, on peut se demander si des normes de protection ne peuvent
pas, à elles seules, être suffisantes? Nous répondons par la négative à cette question et
ce, essentiellement pour deux raisons. Premièrement, sur le plan humain314
, les
conséquences de l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec à l’été 2012
confirment que si une telle catastrophe peut être évitée par des normes de prévention en
place, il faudrait privilégier cette avenue. Deuxièmement, sans avoir de chiffre précis, on
peut supposer que les interventions non planifiées posées à l’été 2012 en matière de
protection ont occasionné un lourd fardeau financier et matériel pour notre système de
santé québécois.
Ainsi, pour assurer une complémentarité adéquate, on peut penser que les normes de
protection ne devraient recevoir application qu’en deuxième plan, soit seulement dans
les cas où les normes de prévention en vigueur n’ont pas été en mesure de prévenir le
risque. Est-ce que ce fût le cas lors de l’éclosion de légionellose à l’été 2012 ? À ce
propos, nous sommes portées à croire que la fonction de prévention n’a pas rempli son
rôle de premier plan en matière de légionellose à l’été 2012 et que, conséquemment, les
normes de protection ont dû intervenir rapidement et en priorité et ce, principalement
pour deux raisons. D’une part, compte tenu du doute que nous avons soulevé concernant
le caractère adéquat et suffisant des normes de prévention (et de promotion) en vigueur à
l’été 2012 en raison de l’absence de cadre juridique concernant la prévention de la
313
C. RUDEL-TESSIER, préc., note 6, p. 18. 314
À cet effet, rappelons que 181 personnes ont été atteintes de la légionellose parmi lesquelles 13
personnes sont décédées (supra, p. 2).
62
Legionella dans les TAR et, d’autre part, compte tenu de nos propos à l’effet fait que la
prévention en matière de légionellose n’avait peut-être pas été suffisamment priorisée.
Qui plus est, on peut présumer que si les normes de prévention non contraignantes
concernant les TAR - alors en vigueur - avaient été suivies, cela aurait également pu
maximiser l’efficacité des normes de protection, à tout le moins en partie, ce qui ne
semble pas avoir été le cas. À titre d’illustration, pensons à la brochure préparée en 1998
par la Régie du bâtiment du Québec et le ministère de la Santé et des Services sociaux
du Québec qui recommandait, notamment, aux propriétaires de TAR de faire faire des
analyses d’eau dans les TAR pour vérifier la présence de la bactérie Legionella.
Advenant le cas où cette recommandation avait été suivie, on peut penser que lors de
l’éclosion de légionellose, donc dans un contexte de protection, les résultats des analyses
d’eau effectuées de manière préventive auraient pu être un bon indicateur du risque de
contamination provenant des TAR, ce qui aurait pu permettre de sauver du temps et des
frais de prélèvements de plusieurs TAR dans le périmètre ciblé.
À la lumière de ce qui précède, on peut penser que, de fait, l’éclosion de légionellose à
l’été 2012 a traduit un manque de complémentarité entre les normes de prévention et de
protection qui étaient alors en vigueur. Ce faisant, deux principales leçons devraient en
être tirées pour l’avenir dans le contexte de la légionellose : d’une part, il serait opportun
de mettre l’emphase sur les normes de prévention, le tout, afin d’éviter la survenance
d’une nouvelle éclosion et, d’autre part, de favoriser une meilleure complémentarité
entre les normes de prévention et de protection afin de tenter, à tout le moins, de limiter
les conséquences d’une éclosion lorsqu’il n’aura pas été possible de l’éviter. D’ailleurs,
depuis cette éclosion de légionellose à l’été 2012, des modifications réglementaires ont
été apportées en matière de prévention et de protection de la légionellose.
4.2 Évolution normative post-éclosion
À ce jour, plus de deux ans se sont écoulés depuis l’éclosion de légionellose à Québec à
l’été 2012. Depuis cet événement, il y a eu des changements qui ont été apportés au
niveau des normes applicables en matière de prévention et de protection des TAR et
63
nous les aborderons dans les prochains paragraphes. Par la suite, nous examinerons
l’apport de ces changements normatifs au niveau de la complémentarité des normes de
prévention et de protection.
4.2.1 Adoption de nouvelles normes en lien avec les TAR
Moins de quatre mois post-éclosion, soit le 16 janvier 2013, un projet de Règlement
modifiant le Code de sécurité315
a été publié de manière à y ajouter des dispositions
visant spécifiquement la prévention de la légionellose en matière de TAR et,
ultimement, est entré en vigueur le 12 mai 2013316
. L’entrée en vigueur de ce projet de
règlement a eu essentiellement pour effet d’ajouter de nouveaux articles dans le Code de
Sécurité317
obligeant les propriétaires de TAR à faire préparer un programme d’entretien
de leur TAR par un membre d’un ordre professionnel et à le respecter318
. Parmi les
nouveaux articles adoptés, il y en a un qui oblige les propriétaires des TAR à transmettre
certaines informations à la Régie du bâtiment du Québec, dont notamment l’adresse où
se trouve sa ou ses TAR, le tout, afin de mettre en place un répertoire des TAR au
Québec319
.
Également, le 12 juillet 2014, un second Règlement modifiant le Code de sécurité320
est
entré en vigueur en lien, cette fois-ci, avec la protection contre la légionellose. Les
nouvelles modifications réglementaires qui en découlent, complémentaires à celles du
mois de mai 2013, font en sorte que les propriétaires des TAR doivent maintenant
prélever ou faire prélever des échantillons d’eau dans leurs installations lors du
démarrage des TAR, mais également à chaque 30 jours pendant la période de service321
.
Les échantillons prélevés doivent ensuite être transmis à un laboratoire accrédité afin de
315
Règlement modifiant le Code de sécurité (projet), (2013) 145 G.O. II, 249. 316
REGIE DU BATIMENT DU QUEBEC, Tour de refroidissement – Le règlement est maintenant en vigueur, 13
mai 2013, en ligne : <https://www.rbq.gouv.qc.ca/salle-de-presse/les-nouvelles/nouvelles-
detail/item/tours-de-refroidissement-le-reglement-est-maintenant-en-vigueur.html> (site consulté le 22
novembre 2014). 317
(2013) 232 G.O. II, 1100. 318
Règlement modifiant le Code de sécurité (projet), préc., note 315, 249. 319
Code de sécurité, préc., note 317, art. 405. 320
Règlement modifiant le Code de sécurité (projet), (2014) 146 G.O. II, 1923. 321
Code de sécurité, (2014) 454 G.O. II, 1923, art. 407-409.
64
déterminer le taux de concentration en Legionella322
et les résultats de ces analyses
doivent être transmis à la Régie du bâtiment du Québec dans les 30 jours qui suivent la
date du prélèvement323
. Advenant le cas où les résultats des échantillons transmis soient
jugés dangereux pour la santé publique eu égard à des normes de concentration fixées
dans les dispositions adoptées, des mesures correctrices devront être appliquées par le
propriétaire324
. Ainsi, la Régie dispose maintenant des outils lui permettant d’effectuer
une surveillance en lien avec le développement de la Legionella dans les TAR. Bien que
ces nouvelles dispositions adoptées en 2014 puissent sembler être de l’ordre de la
prévention, voire même de la surveillance en matière de légionellose, nous considérons
qu’il s’agit davantage de normes de protection et ce, essentiellement puisque nous les
assimilons à des pouvoirs de vigie, c’est-à-dire des pouvoirs ayant pour but de
« détecter une menace à la santé et à mettre en œuvre une intervention efficace afin de
la contrôler »325
, de tels pouvoirs découlant des normes de protection, comme nous
l’avons vu précédemment326
.
Les propriétaires des TAR qui ne se conforment pas aux nouvelles obligations imposées
dans le Code de sécurité327
sont sujets à une condamnation par la Régie à payer des
amendes variant de 1 058$ à 15 871$ pour une première infraction328
.
Il y a lieu d’ajouter que suite à ces modifications réglementaires, la Régie a produit un
document intitulé Guide explicatif sur l’entretien des tours de refroidissement à l’eau329
ayant pour but de tracer un portrait des exigences prévues dans les nouvelles dispositions
322
Id., art. 410. 323
Id., art. 413. 324
Id., art. 414-419. 325
MINISTERE DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUEBEC, préc., note 167. 326
Supra, p. 36 et 37. 327
Préc., note 321, art. 401-419. 328
Id., art. 420; Loi sur le bâtiment, préc., note 97, art. 196 al. 1. 329
REGIE DU BATIMENT DU QUEBEC, Guide explicatif sur l’entretien des tours de refroidissement à l’eau,
Québec, Gouvernement du Québec, 2013, en ligne : <http://www.labenvironex.com/docs/guide-explicatif-
entretien-tours-refroidissement-eau.pdf>, 26 p. (consulté le 22 novembre 2014). Il y a lieu d’ajouter
également que ce même guide a été mis à jour en juin 2014. À cet effet, voir : REGIE DU BATIMENT DU
QUEBEC, Guide explicatif sur l’entretien des tours de refroidissement à l’eau, Québec, Gouvernement du
Québec, 2014, en ligne : <https://www.rbq.gouv.qc.ca/fileadmin/medias/pdf/Publications/francais/guide-
explicatif-entretien-tours-refroidissement-eau.pdf>, 35 p. (consulté le 22 novembre 2014).
65
réglementaires adoptées et de faire des recommandations pour l’élaboration des
programmes d’entretien efficaces330
.
Ainsi, au cours des deux dernières années, de nouvelles dispositions réglementaires
contraignantes en matière tant de prévention que de protection du risque de légionellose
en lien avec les TAR sont entrées en vigueur. Comme ces nouvelles dispositions sont,
somme toute, assez récentes, il est difficile d’en évaluer concrètement les impacts, voire
même leur efficacité331
. Toutefois, dans les prochains paragraphes, nous soulèverons des
pistes de réflexion quant à l’apport que ces nouvelles dispositions réglementaires
peuvent avoir au niveau de la complémentarité entre les normes de prévention et de
protection dans le contexte de la légionellose.
4.2.2 Apport des modifications en matière de complémentarité
Tout d’abord, plusieurs indices nous permettent de penser que les nouvelles dispositions
réglementaires adoptées en 2013 en matière d’entretien des TAR constituent un apport
important pour les normes de prévention de la légionellose. En effet, nous avons vu
précédemment que les TAR sont les principales sources à l’origine des plus importantes
éclosions de légionellose dans le monde332
, que l’entretien des TAR est une mesure
efficace afin de réduire le risque de développement de la Legionella dans les TAR333
et
que, malgré des mesures volontaires concernant l’entretien des TAR en place à l’été
2012, de la Legionella a tout de même été retrouvée dans plus de la moitié des TAR
prélevées au cours de l’éclosion de légionellose à l’été 2012334
. Au surplus, rappelons
que l’éclosion de légionellose à l’été 2012 dans la ville de Québec est l’une des plus
importantes éclosions rapportées dans le monde à ce jour et qu’elle a été causée par deux
TAR335
. On peut ainsi présumer que cette obligation d’entretien imposée aux
330
REGIE DU BATIMENT DU QUEBEC, Guide explicatif sur l’entretien des tours de refroidissement à l’eau,
(version de 2013), préc., note 329, p. 5. 331
De toute manière, il est à noter que nous ne prétendons pas avoir l’expertise pour nous positionner sur
une telle question. 332
Supra, p. 9. 333
Supra, p. 26. 334
Supra, p. 52. 335
Supra, p. 2 et 3.
66
propriétaires des TAR vient pallier, à tout le moins en partie, aux doutes que nous avons
soulevés précédemment quant au fait que la prévention en matière de légionellose
n’avait peut-être pas été suffisamment priorisée à l’été 2012336
et que, de ce fait, elle
n’avait peut-être été en mesure de remplir son rôle de premier plan337
, laissant ainsi aux
normes de protection une première place alors que cela n’aurait idéalement pas dû être le
cas.
Ensuite, de manière complémentaire aux normes d’entretien obligatoire des TAR, de
nouvelles dispositions réglementaires à visée protectrice ont également été adoptées, soit
des dispositions ayant essentiellement pour but de permettre à la Régie du bâtiment du
Québec d’être informée de la concentration de Legionella présente dans toutes les TAR
au Québec. Ainsi, ces dispositions protectrices fournissent à la Régie des outils lui
permettant de s’assurer que les normes préventives d’entretien des TAR soient
respectées et/ou de lancer le signal d’alarme advenant le cas où les normes d’entretien ne
sont pas respectées ou qu’elles le sont, mais qu’elles s’avèrent insuffisantes. Ces normes
de protection permettent ainsi de contrôler l’application des normes de prévention
(entretien des TAR) et de pallier rapidement à leur non-respect et/ou à leur insuffisance.
Nous y voyons une illustration éloquente des liens étroits qu’entretiennent les normes de
prévention et de protection en matière de légionellose.
Au même effet, ajoutons l’exigence imposée depuis 2013 à tous les propriétaires de
TAR de transmettre certaines informations à la Régie afin que soit constitué un
répertoire des TAR au Québec. À la base, cette obligation découle d’une norme de
prévention, mais qui pourrait avoir une importance capitale en matière de protection
advenant le cas où il y aurait une nouvelle éclosion de légionellose dont la source
soupçonnée est une TAR. De fait, le répertoire des TAR qui aura été constitué à des fins
de prévention pourrait servir dans un contexte de protection à faire en sorte que les
interventions posées soient plus rapides. En effet, rappelons que l’absence de répertoire
des TAR au Québec a été une difficulté dans l’exercice du pouvoir d’enquête du
336
Supra, p. 59 et 60. 337
Supra, p. 61 et 62.
67
directeur de santé publique de la Capitale-Nationale lors de l’éclosion de légionellose à
l’été 2012338
. Nous estimons d’ailleurs que l’absence de répertoire des TAR aurait
engendré un délai d’intervention minimal de sept jours lors de l’éclosion339
. L’auteure
Diane Mc Maniman souligne d’ailleurs que « [l]e succès des interventions de la santé
publique en matière de protection de la santé de la population est souvent étroitement lié
à la capacité pour les autorités d’agir rapidement. »340
Finalement, à la lumière de ce qui précède, on peut penser que les normes mises en place
depuis l’éclosion de légionellose dans la ville de Québec à l’été 2012 en matière de
prévention et de protection de la légionellose favorisent une meilleure complémentarité
entre ces deux types de normes et que cela pourra peut-être diminuer les risques de
survenance d’une nouvelle éclosion de légionellose en lien avec les TAR ou, à tout le
moins, d’en limiter les conséquences si une éclosion ne peut pas être évitée.
338
Supra, p. 48. 339
En effet, dès le 14 août 2012, il a été décidé par le directeur de santé publique de la Capitale-Nationale
d’imposer des mesures obligatoires aux propriétaires de TAR, mais ce n’est que le 20 août 2012 que
l’identification des TAR s’est terminée. À cet effet, voir : I. GOUPIL-SORMANY et C. HUOT, préc., note 5,
p. 26. D’ailleurs, Me Catherine Rudel-Tessier, coroner, dans son rapport d’enquête, aborde le fait que des
délais sont attribuables à l’absence de répertoire des TAR. À cet effet, voir : C. RUDEL-TESSIER, préc.,
note 6, p. 21. 340
D. MC MANIMAN, préc., note 62, à la page 255.
68
Conclusion
Depuis la fin des années 80, la légionellose est considérée comme étant un problème de
santé publique au Québec et ce, même si à cette époque, notre province n’avait pas
encore été aux premières loges pour constater les effets dévastateurs qu’une éclosion de
cette maladie pouvait entraîner en très peu de temps. En 1996 ainsi qu’en 2010, le
Québec a été témoin de deux premières éclosions de légionellose sur son territoire qui,
somme toute, ont eu une portée assez limitée en termes d’étendue, de durée et de
conséquences. Puis, survint l’éclosion de légionellose à l’été 2012 dans la ville de
Québec causée par deux TAR qui donna dès lors tout son sens à la décision prise par les
autorités concernées en santé publique 25 ans plus tôt de considérer cette maladie
comme un réel problème de santé publique au Québec. En effet, il aura fallu un peu plus
de deux mois pour que cette éclosion de légionellose soit contrôlée; deux mois au cours
desquels il y a eu 181 cas de légionellose rapportés parmi lesquels il y a eu 13 décès.
Ainsi, notre analyse des tenants et aboutissants de la légionellose nous a permis de faire
ressortir qu’il s’agit d’un problème de santé publique important pour lequel la
prévention et la protection sont primordiales. D’ailleurs, notre analyse du cadre
théorique entourant les fonctions essentielles de santé publique de prévention et de
protection a montré que ces deux fonctions donnent lieu à des normes complémentaires
et qu’un manque de complémentarité entre elles peut entraîner des conséquences
sanitaires regrettables, voire même, miner l’efficacité des normes déjà en place.
Ceci étant dit, l’analyse du cadre normatif québécois portant sur la prévention et la
protection en matière de légionellose qui était en vigueur à l’été 2012, soit lors de
l’éclosion, nous a amené à soulever certains doutes concernant la complémentarité entre
les normes en vigueur à cette époque. Sans reprendre tous les éléments qui nous ont
amené à en arriver à une telle conclusion, rappelons tout de même certains d’entre eux
tels que l’absence de disposition législative ou réglementaire visant la prévention de la
légionellose dans les TAR, l’existence d’un guide d’intervention provincial en matière
de légionellose très peu étoffé lorsque l’éclosion de légionellose était causée par une
69
TAR ainsi que le fait que la prévention n’avait pas été suffisamment priorisée en matière
de légionellose.
Notre analyse nous a ainsi permis de tirer deux leçons principales pour l’avenir.
Premièrement, il serait opportun de mettre l’emphase sur les normes de prévention, le
tout, afin d’éviter la survenance d’une nouvelle éclosion de légionellose et,
deuxièmement, il serait de mise de favoriser une meilleure complémentarité entre les
normes de prévention et de protection afin de tenter, à tout le moins, de limiter les
conséquences d’une éclosion lorsqu’il ne sera pas possible de l’éviter.
Il y a toutefois lieu de rappeler que suite à l’éclosion de légionellose à l’été 2012, des
normes réglementaires visant spécifiquement la prévention ainsi que la protection de la
légionellose en lien avec les TAR sont entrées en vigueur. L’examen de ces nouvelles
normes réglementaires nous permet de croire à une meilleure complémentarité entre les
normes de prévention et de protection applicables dans le contexte de la légionellose.
En terminant, l’importance de la complémentarité entre les normes de prévention et de
protection dans le domaine de la santé publique s’illustre dans le contexte de la
légionellose, mais elle est certainement essentielle en regard de d’autres problèmes de
santé publique pour lesquels les leçons tirées de notre analyse pourraient peut-être
s’avérer pertinentes. À titre d’exemple, pensons à la tuberculose341
qui a causé une
épidémie au Québec (au Nunavik) au mois de juillet 2012342
. Tout comme pour la
légionellose, des mesures de prévention efficaces343
existent (ou peuvent exister) pour la
341
Il s’agit d’une MADO. À cet effet, voir : Règlement ministériel d’application de la Loi sur la santé
publique, préc., note 36, art. 2. 342
Manon CORNELLIER, « Épidémie de tuberculose au Nunavik. Plus de 10% des habitants d’un village de
874 personnes ont été infectés », Le Devoir, 21 septembre 2012, en ligne :
<http://www.ledevoir.com/societe/sante/359733/epidemie-de-tuberculose-au-nunavik> (consulté le 22
novembre 2014); Marco FORTIER, « Épidémie de tuberculose dans le Grand Nord », La Presse, le 11
juillet 2012, en ligne : <http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201207/11/01-4542574-epidemie-de-
tuberculose-dans-le-grand-nord.php > (consulté le 22 novembre 2014). 343
Par exemple, en matière de prévention dans les refuges et dans les autres lieux de rassemblement
intérieurs, il y a deux moyens de prévention qui peuvent être efficaces, soit l’usage de l’irradiation UV
germicide ainsi que l’amélioration de la ventilation. À cet effet, voir : COMITE QUEBECOIS SUR LA
TUBERCULOSE, Guide d’intervention – La Tuberculose, Ministère de la Santé et des Services sociaux du
Québec, Québec, Gouvernement du Québec, 2012, en ligne :
70
tuberculose, ce qui n’empêche toutefois pas la nécessité qu’il y ait des normes de
protection en place au cas où les mesures de prévention ne suffisent pas à empêcher la
survenance d’une épidémie.
<http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2012/12-271-01W.pdf>, p. 87 (consulté le
22 novembre 2014).
71
TABLE DE LA LÉGISLATION
Textes québécois
Code municipal du Québec, RLRQ, c. C-27.1
Loi sur la protection de la santé publique, L.R.Q., c. P-35
Loi sur la santé publique, RLRQ, c. S-2.2
Règlement d’application de la Loi sur la santé publique, RLRQ, c. S-2.2, r. 1
Règlement ministériel d’application de la Loi sur la santé publique, RLRQ, c.
S-2.2, r. 2
Loi sur le bâtiment, RLRQ, c. B-1.1
Code de construction, RLRQ, c. B-1.1, r. 2
Code de sécurité, RLRQ, c. B-1.1, r. 3
Code de sécurité, (2012) 363 G.O. II, 1868
Code de sécurité, (2013) 232 G.O. II, 1100
Code de sécurité, (2014) 454 G.O. II, 1923
Loi sur les services de santé et les services sociaux, RLRQ, c. S-4.2
Loi sur l’Institut national de santé publique du Québec, RLRQ, c. I-13.1.1
Projets de règlement québécois
Règlement modifiant le Code de sécurité (projet), (2013) 145 G.O. II, 249
Règlement modifiant le Code de sécurité (projet), (2014) 146 G.O. II, 1923
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