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URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST ET SES IMPLICATIONS POUR L’AGRICULTURE ET L’ALIMENTATION : Une analyse rétrospective de 1960 à 2010 Mémoire de recherche présenté par GBOKO Kouamé Casimir Le 28 Septembre Pour l’obtention du : Master Recherche 2 Agriculture, Alimentation et Développement Durable -Universités d’accueils : Université de Montpellier 1, Montpellier SupAgro -Structure d’accueil : OCDE/CSAO Sous la direction de : Hélène ILBERT, HDR à CIHEAM-IAM, [email protected] Thomas ALLEN, [email protected]

URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST ET SES … · professionnalisme et l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé durant ces 5 mois de stage. Je ... (ESA) de l’Institut

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URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST ET

SES IMPLICATIONS POUR L’AGRICULTURE

ET L’ALIMENTATION :

Une analyse rétrospective de 1960 à 2010

Mémoire de recherche présenté par GBOKO Kouamé Casimir

Le 28 Septembre

Pour l’obtention du :

Master Recherche 2

Agriculture, Alimentation et Développement Durable

-Universités d’accueils : Université de Montpellier 1, Montpellier SupAgro

-Structure d’accueil : OCDE/CSAO

Sous la direction de :

Hélène ILBERT, HDR à CIHEAM-IAM, [email protected]

Thomas ALLEN, [email protected]

2

L’OCDE, Montpellier SupAgro, l’UM1 et l’IAMM n’entendent donner aucune approbation ou

improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme

propres à leur auteur.

3

Résumé

Ce mémoire aborde les influences de l’urbanisation accélérée et de la diminution du

ratio producteurs et consommateurs de denrées alimentaires sur l'alimentation et l'agriculture

en Afrique de l'Ouest. La principale question relative à l’alimentation, à l'agriculture et à

l'urbanisation est de savoir si, au cours des cinquante dernières années, l'offre alimentaire

locale a suivi la demande croissante pour les produits agricoles. Globalement, il ressort que

l’urbanisation a été soutenue par la croissance démographique naturelle des villes et les

migrations des zones rurales vers les régions urbaines. Aussi, la demande alimentaire

exprimée sur le marché a augmenté en raison de la croissance rapide de la population non

agricole à prédominance urbaine par rapport à la population agricole. Face à cette

augmentation de la demande alimentaire, de 1960 à 2010, l’agriculture ouest-africaine a

répondu avec un retard de plus de 3 ans.

Mots-clés : Urbanisation, population agricole, population non agricole, demande alimentaire, offre

alimentaire

Abstract

This thesis discusses the impact of West African urbanization on food and agriculture

and the resulting decline in the ratio of food producers to food consumers. The main question

regarding food, agriculture and urbanization is whether, over the last fifty years, local food

supply has kept up with growing demand for agricultural products. Globally, urbanization has

been underpinned by natural growth of urban population and migration from rural to urban

areas. As a result, food demand channeled through the market has increased due to the rapid

growth of non-agricultural population, predominantly urban, compared to agricultural

population. West African agricultural systems have responded to this demand, from 1960 to

2010, with a delay of more than three-year.

Key words: Ubanization, agricultural population, non-agricultural population, food demand, food

supply

4

Remerciements

La réalisation de ce mémoire fut une occasion merveilleuse de rencontrer et

d’échanger avec de nombreuses personnes. Je reconnais que chacune a, à des degrés divers,

mais avec une égale bienveillance, apportée une contribution positive à sa finalisation. Mes

dettes de reconnaissance sont, à ce point de vue, énormes à leur égard.

Je pense particulièrement à Madame Hélène ILBERT, ma directrice de mémoire, pour

la finesse de ses attitudes sur le plan aussi bien humain que scientifique. Ses remarques ont

permis d’améliorer les différentes versions de ce travail. Elle a toujours trouvé comme

directrice de mémoire, le juste équilibre entre la liberté dans le choix des grandes orientations

et dans la détermination des pistes à suivre, et un soutien total dans les moments délicats.

D’elle, j’ai toujours reçu non seulement les encouragements dont un étudiant a besoin, mais

aussi de précieux conseils pratiques. Je lui en sais infiniment gré.

Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance à Dr Thomas ALLEN et M. Léonidas

HITIMANA, qui ont accepté de codiriger ce mémoire. Leurs conseils et orientations ont été

déterminants. Leurs encouragements ont été cruciaux lors de mes moments de doute. Ils ont

su me redonner la force quand cela était nécessaire. Qu’ils en soient infiniment remerciés.

J’aimerais exprimer ma gratitude à tout le personnel du Club du Sahel et de l’Afrique

de l’Ouest (CSAO) avec à leur tête M. Laurent BOSSARD le Directeur, pour leur

professionnalisme et l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé durant ces 5 mois de stage. Je

pense particulièrement à Dr Marie TREMOLIERES, M. Philipp HEINRIGS qui ont tout mis

en œuvre afin de créer les conditions optimales pour la réussite de ce mémoire.

J’adresse un remerciement spécial à Jean-Marie COUR et Michel ARNAUD dont

leurs différents travaux de consultance au sein du CSAO m’ont été d’un précieux apport à la

rédaction de ce mémoire. Je remercie, également le Dr. Siaka KONE, Directeur de l’École

Supérieur d’Agronomie (ESA) de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny

de Yamoussoukro (INP-HB) en Côte d’Ivoire, pour tout son appui et ses précieux conseils le

long de toute cette année d’études.

5

Sommaire

RÉSUMÉ ................................................................................................................................... 3

ABSTRACT .............................................................................................................................. 3

REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 4

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE ................................................................. 6

1.1- Contexte de l’étude .................................................................................................... 6

1.2- Problématique et objectif de l’étude ........................................................................ 7

1.3- Approches méthodologiques ..................................................................................... 8

1.4- Plan de rédaction de la recherche ............................................................................ 8

CHAPITRE 2 : THEORIES DE L’URBANISATION ET ETUDES SUR LE

PROCESSUS D’URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST ................................... 10

2.1- Théories de l’urbanisation et de la migration rurale-urbaine ............................. 10

2.2- Études sur le mouvement d’urbanisation en Afrique de l’Ouest ........................ 13

CHAPITRE 3 : BASE DE DONNES ET APPROCHE METHODOLOGIQUE............. 18

3.1- Population totale (P) ................................................................................................ 18

3.2- Population urbaine (U).et population rurale (R) .................................................. 19

3.3- Estimation de la population agricole (PA) et de la population non agricole

(PNA) 20

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................. 25

4.1- Analyse de l’urbanisation et de la distribution spatiale de la population en

Afrique de l’Ouest de 1960 à 2010 .................................................................................... 25

4.2- Consommation (demande) et production (offre) alimentaire en en Afrique de

l’Ouest de 1961 à 2007 ........................................................................................................ 32

CHAPITRE 5 : CONCLUSION GENERALE .................................................................... 40

5.1- Synthèse des principaux résultats .......................................................................... 40

5.2- Limites de l’étude..................................................................................................... 41

5.3- Perspectives .............................................................................................................. 41

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 43

ANNEXES ............................................................................................................................... 46

Liste des tableaux................................................................................................................ 54

Liste des figures .................................................................................................................. 54

Liste des annexes ................................................................................................................. 54

Liste des abréviations et acronymes .................................................................................. 55

Table des matières .............................................................................................................. 56

6

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE

1.1- Contexte de l’étude

Entre 1960 et 2010, la population totale de l’Afrique de l’Ouest1 est passée de 88

millions d’habitants à plus de 289 millions d’habitants. En 2012, elle devrait passer le cap de

300 millions. Si on considère l’Afrique de l’Ouest comme un « seul pays », en termes de

population, elle serait le quatrième plus grand pays du monde derrière la Chine, l’Inde et les

USA. La croissance démographique moyenne est de 2,23% avec un de pic de 2,7% dans les

années 80. À ce rythme, l’Afrique de l’Ouest aura plus d’habitants que les États-Unis

d’Amérique avant 2020. Les taux de croissance élevés des dernières décennies sont la

manifestation que la région est dans la première phase de la une transition démographique.

Une transition démographique pour l’essentiel caractérisée par une réduction de la mortalité et

le maintien d’un taux de natalité élevés. Ce phénomène est également accompagné d’une

redistribution spatiale de la population, une dynamique de peuplement qui a profondément

marqué la trajectoire économique, sociale et politique de la région.

L'urbanisation est l'une des manifestations les plus spectaculaires de la dynamique du

peuplement et, partant, la redistribution de la population. En Afrique subsaharienne, la vitesse

d’urbanisation a été deux à trois fois supérieure à celle qu’a connue l’Angleterre au plus fort

de sa révolution industrielle. En deux décennies on y a observé, en accéléré, ce que les pays à

urbanisation plus ancienne ont connu en plus d’un siècle (Bricas, 2008). Sur la période 1960-

2010, la population urbaine a été multipliée presque par 10, passant de 12 millions à plus de

117 millions, pendant que la population totale a été multipliée par 5. Le rythme avec lequel

cette urbanisation s’est fait est encore plus spectaculaire. Selon Allen et al (2011), dans la

plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest les taux d’urbanisation moyens sont passés de 12% à

41 % entre 1960 et 2010. Ces constats rejoignent les constats de Cour (1995) selon lesquels

« …l’image traditionnelle d’une Afrique essentiellement rurale n’est plus conforme à la

réalité et s’en écartera de plus en plus.».

Cette reconfiguration incroyablement rapide du peuplement a des incidences

considérables sur la géographie économique, agricole, les comportements sociaux et

alimentaires de la région ouest-africaine. En effet, parce que bien souvent l’urbanisation

s’accompagne d’une amélioration des conditions de vie, on constate une hausse de la

demande alimentaire par habitant. Cela témoigne donc de l’ampleur des défis passés et surtout

1 Dans notre étude, l’Afrique de l’Ouest comprend les 15 pays de la CEDEAO plus la Mauritanie et le Tchad,

cela pour des raisons institutionnelles.

7

à venir, qui attendent la région, notamment, sur la capacité de son secteur agricole à nourrir sa

population de plus en plus urbaine.

1.2- Problématique et objectif de l’étude

L’urbanisation constitue l’un des phénomènes démographiques les plus frappants

depuis la seconde moitié du vingtième siècle en Afrique subsaharienne. Et comme partout

dans le monde, elle se caractérise par une proportion de plus en plus grande de personne

vivant dans les villes. L’urbanisation influence également tous les aspects de la production et

de la consommation alimentaire (FAO, 1997). En effet, l'urbanisation entraîne des

changements majeurs de la demande de produits agricoles à la fois par l’augmentation de la

demande de la population urbaine et des changements dans leur régime alimentaire (Delisle,

1991, FAO, 1997, Satterthwaite et al., 2010). L’urbanisation implique généralement un

certain degré de modernisation et d’occidentalisation, qui influence les habitudes et les

comportements alimentaires. En s’urbanisant, les populations qui consommaient des racines

amylacées et des céréales secondaires tendent le plus souvent à délaisser sans retour ces

aliments de base traditionnels en faveur du blé et du riz (FAO, 1997). Ces changements

apportent des changements dans la façon dont l’agriculture locale contribue à la satisfaction

de cette demande.

Ce constat induit un questionnement sur la capacité de l’agriculture régionale à

répondre à la demande dans le contexte d’une croissance démographique et d’urbanisation.

Pour répondre à cette question, nous avons besoin de comprendre quelles ont été les

implications de l’urbanisation pour l'agriculture et l'alimentation. Pour ce faire, une analyse

rétrospective de l’évolution de la demande et de l’offre alimentaire régionale sur le demi-

siècle passé s’avère nécessaire. Ceci pour mieux comprendre d’une part, comment avec

l’urbanisation, la demande régionale de produits alimentaires a évolué et d’autre part, voir

comment s’est comporté l’offre régionale face à une demande alimentaire à tendance urbaine.

Cette étude se basera sur les hypothèses suivantes :

H1 : Avec l’urbanisation, la demande alimentaire de la population non-agricole croit plus vite

que la demande alimentaire totale de la région ;

H2 : L’offre alimentaire croit au même rythme que la demande alimentaire.

La lecture du rapport consommateur/producteur agricole sera l’indicateur par lequel on

pourrait vérifier ces hypothèses. Son évolution dans le temps et dans l’espace régional

pourrait nous renseigner sur la variation du nombre de producteurs par rapport au nombre des

8

consommateurs des bien alimentaires (considéré comme des non-producteurs agricoles). À

partir de cet indicateur, nous pourrons voir comment à évoluer la demande et l’offre

alimentaire régionale et avoir ainsi avoir un aperçu de la performance de l’agriculture ouest

africaine.

Cette étude vise entre autre à :

- estimer la strate agricole et non-agricole de la population régionale ;

- analyser l’évolution de la demande et de l’offre des produits alimentaires et la

réaction de l’offre régionale face à cette demande.

1.3- Approches méthodologiques

Notre étude s’appuiera sur la base de données du peuplement de l’Afrique de l’Ouest

du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO). La construction de cette base de

données c’est faite à partir des les statistiques de la population de World Prospect Population

révision 2010, pour les chiffres concernant la population totale régionale et des statistiques

fournies par l’étude Africapolis, pour les chiffres de la population urbaine. À partir de ces

chiffres de peuplement, nous allons estimer, grâce à une modélisation, la strate agricole et non

agricole de la population ouest-africaine. Pour la modélisation, on partira des principes que, le

rapport population non-agricole-population agricole est une fonction croissante du niveau

d’urbanisation et plus une ville est grande et plus la part de la population vivant de l’activité

agricole est faible. Pour suivre la demande et l’offre alimentaire, nous utiliserons les

statistiques de production et les équilibres alimentaires détaillés par produit et par habitant

fournis par la FAO (FAOSTAT version 2010), recalculées avec nos chiffres de population.

1.4- Plan de rédaction de la recherche

Ce travail sera structuré en 4 chapitres : l’introduction générale, la présentation de

quelques théories et études de l’urbanisation en Afrique de l’Ouest, les résultats et discussions

et enfin la conclusion générale suivie des perspectives.

Dans le chapitre introductif, nous présenterons le contexte, la problématique, les

objectifs, les approches méthodologiques mobilisées le long de ce travail. Le chapitre 2

passera en revue quelques modèles théoriques et des études sur les faits stylisés de

l’urbanisation. Il donne une vision générale sur les facteurs de l’urbanisation et ses

conséquences aux niveaux économique et social. Le chapitre 3 traitera de la question du suivi

du processus d’urbanisation, de l’évolution de la demande et de l’offre alimentaire et de la

réaction de l’offre alimentaire à cette demande à base urbaine. Enfin, le chapitre 4 propose

9

une conclusion générale, un regard critique sur la modélisation utilisée et des perspectives à

cette étude.

10

CHAPITRE 2 : THEORIES DE L’URBANISATION ET ETUDES SUR LE

PROCESSUS D’URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST

Dans ce chapitre, nous proposons quelques théories qui pourraient expliquer le

phénomène d’urbanisation en Afrique de l’Ouest. Nous y présenterons également quelques

études sur le processus d’urbanisation qui ont été menées en Afrique Subsaharienne.

2.1- Théories de l’urbanisation et de la migration rurale-urbaine

Les explications théoriques à l’urbanisation remontent aux forces de « répulsion » et

d’ « attraction » proposées au XIXe siècle. D’après Xu (2008), Engels a mis en avant le rôle

du développement de l’industrie comme facteur d’« attraction » de la population rurale vers la

ville de Manchester, ce qui a participé à la croissance rapide de cette ville. Ravenstein (1885)

a quant à lui souligné que la migration rurale-urbaine était conduite par la croissance

démographique, le manque de terres agricoles et l’enclosure (facteurs de répulsion). Trois

types de facteurs ont été ainsi proposés comme explications à l’urbanisation au cours de la

première phase de l’industrialisation des pays développés : la croissance du secteur industriel,

le surplus de main-d’œuvre dans le secteur rural et l’existence d’un secteur informel dans les

zones urbaines. Ces trois arguments ont été développés ultérieurement par les économistes du

développement et entrent dans leurs modèles sous formes plus formelles ou rigoureuses pour

expliquer l’urbanisation dans les pays en développement. Généralement, les facteurs

économiques et les opportunités du marché du travail constituent toujours des éléments

centraux dans les analyses de la migration rurale-urbaine et l’urbanisation.

2.1.1- Modèles de développement dualiste

Les modèles de « l’économie dualiste » initiés par Lewis (1954) et repris plus tard par

Ranis et Fei (1961) constituent le cadre analytique des modèles de développement des années

1950, mais servent également de base aux théories expliquant l’urbanisation.

Dans ces modèles, le processus de croissance économique des pays en développement

comprend un secteur capitaliste (moderne) et un secteur non capitaliste ou traditionnel

essentiellement agricole. Ces modèles à deux secteurs deviennent la théorie générale du

processus de développement dans une situation de surplus de travail. Ils mettent l’accent sur

le processus de transfert de la force de travail et sur la croissance de l’emploi et de la

production dans le secteur capitaliste.

La caractéristique du secteur capitaliste était qu’il louait le travail, vendait son produit

avec une logique de profit, réinvestissait le surplus en augmentant le stock de capital et il était

11

également caractérisé par une plus grande productivité. Le secteur traditionnel était lui

marqué par un produit par tête nettement moins élevé, un très faible niveau d’épargne et

d’investissement et enfin une surpopulation conduisant à une productivité marginale du

travail égale à zéro. Le développement est assimilé dans ces modèles à l’expansion du secteur

moderne aux dépens du secteur traditionnel (Guillaumont, 1985).

Pour tirer profit de la différence de salaire, les travailleurs du secteur traditionnel sont

incités à entrer dans le secteur moderne. Avec la croissance de la production du secteur

moderne, la main-d’œuvre est ainsi graduellement transférée du secteur agricole au secteur

moderne. Une hypothèse importante de ces modèles est l’offre de travail illimitée : la

population est abondante dans le secteur traditionnel au point que la productivité marginale y

est nulle (Xu, 2008). Les secteurs industriels peuvent donc toujours embaucher les travailleurs

dont ils ont besoin à un niveau de salaire fixe. Ces modèles de l’économie dualiste ont pour

élément central les gains de la production provenant du transfert du travail du secteur

traditionnel de productivité faible au secteur moderne de haute productivité. L’urbanisation

constitue l’implication la plus directe de ce transfert intersectoriel du travail.

Le transfert du travail rural-urbain contribue non seulement à l’amélioration de la

productivité à court terme, mais aussi à la croissance à long terme dans la mesure où il

augmente le taux d’accumulation du capital dans l’économie. Dans les modèles classiques du

développement dualiste, le secteur traditionnel n’a pas d’investissement en capital, et

seulement les capitalistes du secteur moderne épargnent pour réinvestir. Le taux

d’accumulation croissant implique lui-même la création des emplois dans le secteur moderne

et donc la persistance de la migration rurale-urbaine et de l’urbanisation (Williamson, 1988).

En intégrant la migration et le développement dans un seul système, les modèles du

développement dualiste donnent une description synthétique de l’expérience historique de la

croissance économique des pays développés ; l’urbanisation y est interprétée comme un

phénomène qui va de pair avec l’industrialisation, la croissance de la production et

l’augmentation du taux d’accumulation du capital. Bien que ces modèles fassent l’objet de

multiples critiques, essentiellement pour les hypothèses plus ou moins restrictives, le transfert

de la population rurale-urbaine qu’ils décrivent reste un processus incontournable pour la

plupart des pays en développement dont la population se trouve majoritairement dans

l’agriculture.

Cependant, selon Ambapour (2002), l’approche de Lewis est purement qualitative et

ne propose pas un cadre rigoureux pour étudier les mécanismes de migration et le chômage

12

urbain. De plus, depuis les années 60, les réalités économiques des pays en développement

s’éloignent du schéma proposé dans ces modèles. En effet, nombre de pays en développement

ont connu la coexistence d’une migration massive de leurs populations rurales dans les zones

urbaines et un taux de chômage croissant en ville. Pour expliquer ce phénomène incompatible

avec les modèles dualistes, Todaro (1969) et Harris et Todaro (1970) ont développé un

modèle qui a modifié les modèles classiques de transfert du travail en supposant un salaire

fixé plus élevé que celui à l’équilibre. Un des résultats les plus immédiats du modèle, et aussi

peut-être le plus important, est que la création d’emplois urbains peut avoir l’effet pervers

d’augmenter le taux de chômage urbain (Cadot, 2008). La raison de cet effet pervers est très

intuitive : l’augmentation du nombre d’emplois urbains provoque un effet d’« appel d’air »

qui attire de nouveaux migrants. Non seulement le nombre absolu de chômeurs mais le taux

de chômage lui-même augmentera.

2.1.2- Modèle de Reilly

De nombreux modèles théoriques ou lois ont été proposés par la géographie pour

rendre compte ou interpréter des phénomènes aussi variés que la répartition dans l’espace de

la population, de l’organisation de la production agricole. Parmi ces modèles nous allons

présenter le modèle gravitaire de Reilly, utilisé pour décrire la répartition des zones

d’attraction ou d’influence entre villes-pôle et les autres villes environ en fonction de la

densité de peuplement rural, urbaine etc.

Dans ce modèle, Reilly (1931), dans un ouvrage intitulé « The law of retail

gravitation », transpose explicitement la loi de Newton en géographie (Parrochia, 2006). Mais

en réalité, Reilly reprenait des intuitions de Ravenstein (1885), qui avait déjà dressé une carte

des courants migratoires fondée sur la loi de gravitation. Des intuitions dont Émile Levasseur

(1889-1892), a fait également usage lorsqu’il étudiait les tendances de développement de la

population française.

Le modèle ou « loi » de Reilly part du principe que l’attraction exercée par une ville

sur son hinterland est proportionnelle à sa population et inversement proportionnelle au carré

de la distance. Autrement dit, quand la population de la ville double, son pouvoir d’attraction

double, pour une distance donnée et toutes choses égales par ailleurs, quand la distance est

multipliée par 2, la force d’attraction est divisée par 4.

Pour mieux comprendre la loi de Reilly, considérons deux villes (V1 etV2) de

population P1 et P2 tel que P1>P2 et un village situé à des distances D1 de V1 et D2 de V2

13

Les attractions des deux villes sur le village sont égales quand

Ou

L’exposant qui figure dans la loi de Reilly mesure le frein que la distance oppose aux

déplacements. Plus ce frein est grand, plus l’exposant est élevé, puisque les rapports de

distance interviennent plus forcément dans le partage des aires d’influence. La valeur 2 de

l’exposant était celle qui prévalait au temps de Reilly. Actuellement, le développement des

moyens de transport a tendance à faire baisser le frein de la distance et donc de l’exposant, en

dessous de 2. Si la distance n’opposait aucune contrainte de coût, l’attraction diminuerait

comme la distance (au lieu de carré de la distance) et l’exposant tomberait à 1. La frontière

entre les deux villes s’établirait alors au prorata des populations respectives et de la zone

d’attraction de la ville la moins peuplée serait fortement réduite au profit de celle de la ville la

plus peuplée. Ce n’est pas le cas, mais on constate bien une évolution dans ce sens :

l’abaissement du coût de la distance a bien pour effet de pénaliser les villes petites et

moyennes par rapport aux plus grandes et de favoriser notamment, la migration vers les plus

grandes (Arnaud, 2001). La concentration urbaine dans les plus grandes villes d’Afrique de

l’Ouest est en partie due à ce phénomène.

2.2- Études sur le mouvement d’urbanisation en Afrique de l’Ouest

Plusieurs études ont été menées au niveau ouest-africain pour rendre compte du

mouvement de l’urbanisation passée et à venir et ses conséquences sur le développement

économique et sociale de cette région. Dans cette section nous présenterons deux principales

études que sont Africapolis et WALTPS.

(1)

(2)

14

2.2.1- Programme Africapolis

Africapolis est la composante africaine du projet mondial e-geopolis2. Il a été appuyé

par l'Agence Française de Développement (AFD) et piloté par l'UMR SEDET de l'Université

Paris 7.

Ce programme s’est fixé comme objectif de donner une image précise du peuplement

et de l'urbanisation de l'Afrique de 1950 à 2020. Commencée en octobre 2007 et achevée en

juin 2008, la première phase du projet qui a porté sur l'Afrique de l'Ouest, a permis la

mobilisation d’une importante base de données démographique. Elle a également permis la

constitution d’un Système d’Information Géographique (SIG) croisant les données

démographiques et les taches urbaines de plus de 2000 agglomérations de plus de 5 000

habitants.

Africapolis est parti de la définition de l’agglomération urbaine, au sens strict de la

morphologie d’occupation du sol, comme un ensemble de constructions dont aucune n’est

distante des autres de plus de 200 mètres. Il a également considéré comme zone urbaine, toute

unité locale administrative de plus de 10 000 habitants, dont l’agglomération principale abrite

plus de la moitié de la population.

Sur ces bases, les agglomérations d’Afrique de l’Ouest ont fait l’objet d’un double

repérage. La méthodologie d’Africapolis a reposé sur la mise en correspondance de deux

types d’informations. Des données statistiques de population et des images ainsi que des

cartes en coordonnées géographiques. Elle comprend trois étapes fondamentales :

- les données issues des dénombrements et recensements de population ont été repérés à

partir d’une base comprenant 160 000 unités locales. Le nombre d’habitants étant

susceptible d’évoluer très vite dans le temps, les populations ont été estimées de

manière à être restituées aux dates harmonisées (1er juillet 1950, 1960, 1970, 1980,

1990, 2000, 2010 et 2020) ;

- la surface de la terre a été balayée systématiquement de manière à repérer toutes les

agglomérations dont la tache urbaine dépassait 500 mètres de longueur sur le terrain.

Les périmètres ont été digitalisés directement à partir d’images satellites récentes

(2001-2008) des agglomérations.

2 E-geopolis est un projet mondial de recherche initié et coordonné par le chercheur français François Moriconi-Ebrard

(CNRS). Son objectif principal est la constitution d’une base de données statistique et cartographique exhaustive sur

l’ensemble des agglomérations urbaines du monde.

15

Avant ce programme, l’Afrique de l’Ouest était l’une des régions les moins avancées

en ce qui concerne la cartographie du peuplement. Le programme Africapolis a permis de

combler en partie ce vide en proposant une cartographie de près de 1 450 agglomérations de

plus de 5 000 habitants identifiées dans la sous-région, à partir des agglomérations repérées

par image satellite, couvrant près de 2700 unités locales recensées. Ces données sont réunies

dans la base Africapolis3. Comme l’étude incluait une prospective à l’horizon 2020, le champ

d’investigation a été étendu aux agglomérations de 5 000 habitants afin de permettre de

repérer la plupart des agglomérations qui dépasseront 10 000 habitants en 2020.

2.2.2- Étude WALTPS

L’étude "West Africa Long Term Perspective Study" (WALTPS) a été menée sous la

direction de Jean-Marie Cour avec un pilotage conjoint entre la cellule CINERGIE de la

Banque Africaine de Développement (BAD) à Abidjan, le Secrétariat du Club du Sahel de

l’OCDE à Paris et le CILSS à Ouagadougou. Elle a été réalisée sur un financement de la

Commission européenne avec le concours, de la BAD, la Banque mondiale, la Belgique, du

Canada, des États-Unis, la France et les Pays-Bas.

L’étude WALTPS a pour ambition de contribuer à la réflexion sur la croissance

soutenable et l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest (19 pays). Ces questions sont

abordées sur la longue durée, à l’horizon 2020, sous l’angle de la géographie humaine. Elle

analyse les dimensions spatiales des évolutions du peuplement et leur impact en termes de

changements économiques et sociaux à travers le complexe « Population - Espace -

Économie - Changement Social et Politique » (Cour et Snrech, 1998). L’accent mis sur la

géographie humaine se justifie par les prolongements possibles des effets sur les économies et

les sociétés ouest-africaines, du décuplement de la population régionale en moins d’un siècle

(1960-2020), même dans l’hypothèse optimiste d’utilisation des moyens de contraception.

L’étude tente de répondre aux questions suivantes :

- où vivront les quelques 430 millions d’africains de l’Ouest d’ici à l’an 2020 ?

- quels seront les besoins exprimés par les diverses catégories de population réparties

dans l’espace ? Comment et dans quelle mesure les besoins seront-ils satisfaits, sur la,

base de quels revenus, de quelles activités et de quels échanges ?

3 Données accessibles ici : http://www.e-geopolis.eu/spip.php?article170

16

- quelles stratégies faut-il envisager ? Quelles variables clés permettront à l’Afrique de

l’Ouest de tirer parti du dynamisme des populations, quels facteurs de blocages

devront être levés ?

En dépit de l’hétérogénéité de la région et contrairement à la plupart des travaux de

prospective africaine par pays, l’étude adopte une approche régionale. Les auteurs justifient

une telle démarche, par la forte mobilité des populations et l’interdépendance des économies

réelles, et aussi par une faible utilisation, en termes d’efficacité économique, par les politiques

officielles, de l’espace ouest-africain. La méthode suivie consiste à lire la situation

économique qui prévalait en Afrique de l’Ouest en accordant un rôle-clé aux dynamiques

démographiques spatiales et sociales dans le développement de la région, en situant ces

évolutions sur une « trajectoire » non prédéterminée. Dans ce modèle dit démo-économique

(Annexe 14) où la croissance se déduit quasi exclusivement de la géographie du peuplement,

l’environnement international occupe une place relativement marginale. L’étude utilise

plusieurs instruments originaux notamment :

- une base de données sur le peuplement,

- une méthode d’estimation de l’économie réelle de la région,

- une modélisation des tensions de marché4.

Dans cette méthodologie générale on relève deux démarches complémentaires dans

l’analyse prospective. La première, tente de dégager une vision de l’avenir de l’Afrique de

l’Ouest à l’horizon 2020 sous la forme d’une image à long terme de la répartition de la

population et de leurs activités. Cette image découle des « projections » établies sur la base

des évolutions mises en évidence dans une rétrospective longue (1960-1990) et des jeux

d’hypothèses volontaristes de peuplement. Ces projections sont construites à partir de

matrices de comptabilité sociale, basées non pas sur des secteurs économiques mais sur des

groupes sociaux (ruraux/urbains). Ces matrices sont établies pour l’ensemble des pays de la

région. La seconde démarche s’appuie sur des tendances actuelles pour explorer trois

scénarios d’évolution à moyen terme (horizon décennal) qui illustrent les contradictions entre

d’une part les contraintes et tendances à court et moyen terme et d’autre part les objectifs à

plus long terme.

4 La « tension de marché » est un indicateur crée dans l’étude WALTPS pour mesurer l’attraction des marchés urbains sur les espaces ruraux

17

Quelques résultats principaux du WALTPS sont :

- que de 1960 à 1990, la population d'Afrique de l'Ouest a plus que doublé ; que cette

évolution se poursuivra et que, vers 2020, la population aura plus ou moins

quintuplé ;

- que suite à d'importants mouvements d'exode rural, la population urbaine a connu

un taux d'accroissement d'environ deux fois supérieur à celui de la population

totale, passant d'un taux d'urbanisation d'environ 14% en 1960 à plus ou moins 40%

en 1990 ;

- que le développement du secteur informel a absorbé la quasi totalité des ruraux

venant s'installer en ville ;

- que l'agriculture vivrière s'approche de la saturation spatiale et qu'il faudra donc

miser sur l'intensification de la production pour parvenir à nourrir la population

future.

2.2.3- Apport du mémoire

Les modèles pour expliquer l’urbanisation et les études menées sur l’urbanisation de

l’Afrique de l’Ouest fournissent incontestablement une contribution originale aux efforts qui

visent à analyser le processus d’urbanisation et ses implications sur le développement

économique de l'Afrique de l'Ouest. Ces modèles et études cités ci-dessus ont pour mérite de

rendre compte du mouvement de l’urbanisation et de constituer une base de données sur la

redistribution spatiale de la population ouest-africaine sur laquelle d’ailleurs nous baserons

notre mémoire. Cependant aucun d’eux ne montre comment le processus d’urbanisation a eu

des impacts sur la demande et la production alimentaire au niveau régional. Seul WALTPS a

essayé d’établir à partir de la dynamique de peuplement, un lien entre le nombre de

consommateurs par rapport au nombre de producteurs.

Ce travail s’appuiera sur ces modèles et études d’une part parce qu’ils constituent un

bon cadre d’analyse et d’autre part, parce que, les études comme Africapolis et WALTPS

fournissent une base de données standardisée de la population urbaine de l’Afrique de

l’Ouest. À partir des chiffres de la population urbaine fournis par ces études nous allons

essayer d’estimer le nombre des potentiels consommateurs et des potentiels producteurs des

denrées alimentaires sur le demi-siècle passé. Ces nombres de consommateurs et de

producteurs nous permettront de suivre la demande et l’offre alimentaire exprimées en énergie

et en nutriments des habitants de la région ouest-africaine.

18

CHAPITRE 3 : BASE DE DONNES ET APPROCHE METHODOLOGIQUE

L’un des objectifs de notre étude est d’une part, estimer à partir des données

officielles, la strate agricole et non agricole de la population ouest-africaine, et à partir de

cette estimation, analyser l’évolution de la demande et de l’offre alimentaire régionale. Notre

analyse de la demande et l’offre alimentaire reposera sur les statistiques de production et les

équilibres alimentaires détaillés par produit et par habitant fournis par la FAO (FAOSTAT

version 2010), qui seront recalculés en fonction de nos données de peuplement (population

totale, population agricole et non agricole). Dans ce chapitre, nous exposerons l’approche

méthodologique utilisée pour l’estimation des strates agricoles et non agricoles de la

population de l’Afrique de l’Ouest sur le demi-siècle passé (1960 à 2010).

3.1- Population totale (P)

Pour toute la période de 1960 à 2010, ce sont les données nationales publiées par les

instituts de statistiques, rassemblée et traitée par la division de la Population de l’ONU

(World Population Prospects-WPP 2010 Revision) qui constituent la source de données sur la

population totale et son évolution, exception faite du Nigéria. La standardisation effectuée par

le WPP se limite, en la matière, à une interpolation des résultats des recensements nationaux

publiés par les instituts de statistiques pour obtenir des séries. De ces séries nous ne

retiendrons que les populations aux dates normalisées, soit les années 1960, 1961, 1970, 1980,

1990, 2000, 2007 et 2010. L’introduction des années 1961 et 2007 s’explique par le fait que

ce sont les années extrêmes de la base de données FAOSTAT sur les bilans alimentaires, au

moment de cette étude.

L’analyse particulière qui est faite sur le cas du Nigeria se justifie par l’importance de

sa population (près de la moitié de la population totale de la région Afrique de l’Ouest), et par

les incertitudes pesant sur les résultats officiels des recensements de population réalisés dans

ce pays (Hitimana et al., 2011b, Hitimana et al., 2011c). En effet, il ressort de l’étude

Africapolis qu’un écart de près de 18 millions de personnes en 2000 dont 75 % (14 millions

de personnes) sont imputables à la différence des évaluations de population urbaine du

Nigeria. Nous allons corriger la population totale du Nigéria « a minima » en retirant le

surplus de la population urbaine relevé par Africapolis de la population totale fournie par

WPP.

19

3.2- Population urbaine (U).et population rurale (R)

La mesure d’une population urbaine relève naturellement d’une définition

conventionnelle. Pour les Nations-Unies (Department of Economic and Social Affairs -

Population Division) et pour la Banque Mondiale : “la population urbaine est la population

en milieu d’année des zones définies comme zones urbaines, dans chaque pays, et divulguées

aux Nations Unies.”. Sauf à ce qu’elles reposent toutes sur des définitions et des

méthodologies identiques, des données de cette sorte ne peuvent pas être agrégées ni

comparées, telles quelles.

En statistique par contre, la définition du milieu urbain est nécessairement numérique

et elle doit être identique pour tous les pays, indépendante de décisions institutionnelles. Seule

une telle définition permet en effet de suivre, au fil du temps, le processus d’agglomération de

la population et de fournir l’estimation d’une population urbaine régionale, par addition des

chiffres nationaux standardisés. Seule l’étude Africapolis fournis des chiffres standardisés de

la population urbaine de l’Afrique de l’Ouest.

Pour la période 1960-2010, la source de données pour la mesure de la population

urbaine est l’étude Africapolis5. La mesure de la population effectivement agglomérée,

réalisée par cette étude, est plus précise que celle fournie par les données officielles qui

reposent, partiellement ou totalement, sur une définition administrative des « villes » ou

« communes urbaines » (Hitimana, et al., 2011c). De plus, étant donné que la base de données

Africapolis (2009) contient toutes les agglomérations identifiées à l’époque de l’étude et sans

limite de taille, il est possible de passer du seuil 10.000 habitants à celui de 5.000 habitants

(U5) qui est le plus couramment utilisé.

Au-delà de l’année 2000, les données fournies par Africapolis sont des projections.

Ces projections tenaient compte du ralentissement de la croissance urbaine, effectivement

constaté dans les années 1980-2000. Un ralentissement qui ne peut être dissocié du contexte

économique et politique difficile qui a marqué la fin du XXème siècle dans la région, contexte

qui n’est plu d’actualité. Les projections Africapolis à l’horizon 2010 ont été donc modifiées

en appliquant trois corrections : la première pour tenir compte de l’accélération de la

croissance et l’amélioration de l’environnement macro-économique et géopolitique constatés

depuis 2000 et attendus dans la région ; la seconde pour tenir compte des flux migratoires : les

5 L’approche de l’étude Africapolis, repose sur la définition suivante: “ On considèrera comme urbaine toute unité locale

administrative de plus de 10 000 habitants et dont l’agglomération principale abrite plus de la moitié de la population. Une

agglomération est définie comme un ensemble de constructions dont aucune n’est distante des autres de plus de 200 mètres. ”

Africapolis. (2009). "Dynamique de l'urbanisation de 1950 à 2020: approche géo-statique Afrique de l'Ouest." AFD, 124 p.

20

pays d’immigration verront leur population urbaine croître plus vite ; et la troisième, pour

compléter les distributions rang-taille de 10 000 à 20 000 habitants et de 5 000 à 10 000

habitants, par extrapolation des distributions p(n) = A/n^ε (avec ε proche de 1) pour les

classes de 10 à 20 000 habitants et de 5000 à 10 000 habitants. Ces projections feront donc

partie de notre base de données.

Dans ce qui suit, nous retiendrons le seuil U5 à toutes les dates. L’agrégat population

urbaine U5 est composé de toutes les agglomérations ayant, à cette date, une population égale

ou supérieure à 5000 habitants. Le reste de la population, soit la population totale (P) d’un

pays moins la population urbaine (U) est défini comme population rurale (R).

3.3- Estimation de la population agricole (PA) et de la population non agricole (PNA)

La répartition de la population totale (P) de chaque pays entre la strate agricole et la

strate non agricole est la forme première de la division du travail entre les producteurs de

denrées alimentaires, et les consommateurs non producteurs de ces denrées. Le ratio PNA/PA

est ainsi l’indicateur le plus simple et le plus clair de l’émergence et du développement du

marché agro-alimentaire au sein de la région. Malheureusement, les rares sources de données

existant sur la mesure de la population agricole de chaque pays ne sont absolument pas fiables

(Hitimana et al., 2011a). Par exemple, Au Burkina Faso en 2010, la part de la population

agricole dans la population totale serait de 92 % et n’aurait pas changé depuis 1980. Il est

difficilement concevable que la part de la population agricole dans la population totale n’ait

pas changé alors que le rapport entre urbains et ruraux a doublé passant de 0,11 en 1980 à

0,25 en 2000 (Allen, et al., 2011). Au Mali, la population agricole est supérieure à la

population totale pour la période 1961 à 1989. Il en est de même pour le Niger pour la période

de 1961 à 1973 (Hitimana, et al., 2011a). De plus dans de nombreux pays et spécialement à

des dates anciennes, la population agricole a été assimilée à la population rurale, ce qui était

inexact et de plus en plus erroné avec les progrès de la division du travail, le développement

de l’économie de marché et l’urbanisation. Pour contourner l’absence de données

convenables, nous aurons recours à une modélisation.

3.3.1- Estimation de la population agricole PA

La population agricole totale d’un pays est la somme des populations agricoles en

milieu urbain (PAu) et en milieu rural (PAr). Les différences entre la population totale des

deux milieux et leurs strates agricoles constituent les populations non agricoles urbaine

(PNAu) et rurale (PNAr).

21

3.3.1.1- Estimation de la population agricole urbaine PAu

L’estimation de la population agricole urbaine PAu repose sur l’hypothèse suivante :

la première hypothèse pose que la probabilité d’être agriculteur décroît avec la taille de la

ville de résidence. Ainsi, la proportion de la population agricole PAu de chaque ville de

population P(U) est donnée par la formule :

Ou encore,

Si on pose P(U)=PNAu+PAu, on a :

Le paramètre α revient à admettre que la probabilité d’être agriculteur décroît avec la

population totale de cette agglomération. α dépend aussi du niveau de développement et de

complexité de l’économie représentée par le ratio U/R. α est donné par la formule suivante :

Cette formule traduit le fait que plus l’urbanisation, représentée par le ratio U/R, est

avancée, plus la fraction agricole de la population d’une ville de population donnée est faible.

Le paramètre β est l’élasticité du ratio PNA/PA d’une agglomération de taille V donnée par

rapport à la variable U/R. Nous avons donc maintenant une « loi » PAu/P(U) dépendant de

deux paramètres : λ, permettant de comparer les diverses agglomérations de la distribution

rang taille à une date donnée, et β qui dépend du niveau de développement de l’économie de

marché représenté par le ratio U/R.

Pour déterminer la valeur du paramètre λ, nous allons considérer le cas d’un pays dont

le niveau d’urbanisation est, à la date considérée, proche de 50%, soit U/R =1. Dans ce cas, α

est égale à λ.

(3)

(4)

(6)

(5)

22

Pour U/R =1, les études ECOLOC (2001-2002)6 indiquent que, pour la Côte d’Ivoire

en particulier, à une date où U/R =1, une ville d’environ 100 000 habitants (soit V = 100)

compte environ 6 à 7 % de population agricole. On a donc :

Ou encore

Soit,

On prendra pour λ la valeur moyenne 0.15, et nous retiendrons, jusqu’à preuve du

contraire, la valeur λ =0.15.

La mesure du paramètre β implique de connaître l’évolution passée du rapport ratio

PNA/PA de villes de taille donnée en fonction du temps et du ratio U/R. La solution adoptée

ici est de faire l’hypothèse que, pays par pays, le ratio moyen PNA/PA, non plus de telle ou

telle taille d’agglomérations mais de l’ensemble de la distribution urbaine, soit PNAu/PAu,

évolue en fonction du ratio U/R du pays considéré selon une loi comparable à celle suivie par

les autres pays du monde.

Sur un échantillon d’une centaine de pays (hors cités États et pays microscopiques),

l’élasticité du ratio PNA/PA par rapport à U/R est de l’ordre de 1,10. La valeur du paramètre

β qui conduit pour chaque pays de la région à une corrélation entre les variables PNA/PA et

U/R proche de celle constatée au niveau international est : β = 0,8. Le modèle proposé sera

donc calibré avec les valeurs λ = 0,15 et β = 0,8 pour la majorité des pays à l’exception des

pays enclavés7

6 Cette série consacrée à la décentralisation en Afrique de l’Ouest et à ses effets au niveau local, territorial et national,

montre comment acteurs de tous bords et de tous niveaux impliqués dans un processus général peuvent participer à la relance

de l’économie. À partir de cas concrets (phase d’étude, phase de dialogue social et de concertation, et phase de promotion

économique et de relance des activités), la décentralisation est étudiée au travers d’une soixantaine de documents

téléchargeables. 7 Les exceptions concernent les pays enclavés : Mali, Burkina Faso, Niger et le Tchad, pour lesquels les valeurs β=0,7 et

λ=0,2 semblent mieux traduire le fait que U/R de ces pays enclavés est réduit du fait qu’en partie de la croissance urbaine de

(7)

(8)

(9)

23

La population agricole urbaine totale PAu est alors la somme des populations agricoles

de toutes les villes de plus de 5000 habitants d’un pays, soit :

3.3.1.2- Estimation de la population agricole rurale PAr

La population rurale est répartie dans des milliers de villages de quelques habitants à

5000 habitants. Malgré la densification du maillage urbain, et du développement des activités

agricoles étroitement imbriquées dans le tissu urbain, la population agricole reste encore

essentiellement rurale. Cependant comme mentionné précédemment, les activités non

agricoles occupent une part de plus en plus importante de la population rurale. Il est donc

important d’évaluer de façon aussi correcte que possible la fraction agricole de la population

rurale.

On appliquera à l’ensemble de cette population, pour chaque pays et aux différentes

étapes de l’urbanisation, les proportions de PA pour un village de 3000 habitants ou moins.

Dans les exercices qui suivent, à titre de première approximation, on utilisera la formule :

Cette fois ci, étendue au milieu rural, en prenant pour V (taille des villages) le seuil de

3000 habitants. La population agricole rurale totale PAr est alors la somme des populations

agricoles de tous les villages de moins de 5000 habitant d’un pays, soit :

3.3.2- Estimation de la population non agricole PNA

De façon assez simple, la population non agricole urbaine d’une ville vaut la

population totale de cette ville moins la population agricole urbaine. De même dans les

villages, on estimera la population non agricole rurale en soustrayant de la population totale

du village, la fraction rurale de la population agricole. On utilisera cette même règle au niveau

national et régional pour déterminer la population non agricole totale.

Le tableau ci-dessous donne la synthèse des formules pour l’estimation de la

population agricole et non agricole d’un pays.

ces pays se situe dans les pays côtiers voisin : c’est le cas de Burkina Faso et de Mali par rapport à la Côte d’Ivoire et de l’Est

du Niger par rapport au Nord du Nigéria.

(10)

(11)

(12)

24

Tableau 1: Tableau de Synthèse de l'estimation PA et PNA d'un pays donnée

Pour un pays donné

Milieu urbain (plus de 5000 habitants) Milieu rural (moins de 5000 habitants)

P(U)=PNAu+PAu P(R)=PNAr+PAr

PAu=1+αP(U)/P(U) PAr=1+αP(R)/P(R)

PNAu=P(U)-PAu PNAr=P(U)-PAr

PA=∑PAu+PAr PNA=∑PNAu+PNAr

25

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS

Comme évoqué un peu plus haut, la croissance démographique et l’urbanisation

apportent des changements majeurs pour la demande des produits agricoles, à la fois par

l'augmentation des populations urbaines et de la demande et les changements dans leur régime

alimentaire. Pour mieux comprendre comment l’urbanisation a impacté l’évolution de la

demande, et de l’offre alimentaire sur le demi-siècle passé, nous allons dans un premier temps

suivre la redistribution spatiale de la population ouest-africaine entre 1960 et 2010. Et à partir

de cette redistribution de la population, donner les tendances de l’évolution de la demande et

de l’offre alimentaire.

4.1- Analyse de l’urbanisation et de la distribution spatiale de la population en

Afrique de l’Ouest de 1960 à 2010

La compréhension de l’évolution de la demande et de la production agricole

alimentaire sur le demi-siècle passé, implique une analyse rétrospective du processus

d’urbanisation en Afrique de l’Ouest sur cette même période et de la reconfiguration spatiale

de la population qui l’a accompagné. Dans cette section, nous allons porter un regard sur les

ratios U/R et PNA/PA sur la période 1960-2010.

4.1.1- Regard sur la croissance urbaine de l’Afrique de l’ouest de 1960 à 2010

Le terme « urbanisation » est couramment employé pour désigner aussi bien la

croissance urbaine que le processus physique d’expansion des villes que l’évolution de la part

de la population totale d’un pays ou d’une région vivant dans des centres urbains (Potts, 2005,

Satterthwaite, et al., 2010). C’est cette définition qui sera utilisée ici. On parle alors de

« niveau d’urbanisation » à une date donnée mesuré par le pourcentage de la population

urbaine (Satterthwaite, et al., 2010) ou, mieux, par le rapport entre population urbaine et

population rurale U/R et de « vitesse d’urbanisation » pour désigner le rythme suivant lequel

ce niveau évolue (Satterthwaite, et al., 2010). Si le niveau d’urbanisation est mesuré par le

rapport U/R, la vitesse d’urbanisation est le différentiel entre le taux de croissance de la

population urbaine et le taux de croissance de la population rurale. À noter que le niveau

d’urbanisation et la vitesse d’urbanisation sont indépendants de la population totale et de son

évolution, écartant ainsi l’impact de la croissance naturelle. Il faut donc très clairement faire

la distinction entre l’urbanisation et la croissance urbaine.

26

Le suivi du ratio (U/R)8 nous intéresse parce qu’il permet en première analyse, de

donner une approximation de la capacité du monde rural à approvisionner le monde urbain.

Dans ce sens, l’Afrique de l’Ouest s’est fortement urbanisée depuis 1960. La population

urbaine de l’ensemble de la région est passée d’un peu plus de 12 millions en 1960 à près de

117 millions en 2010, soit une multiplication par 10 en 50 ans. Le poids relatif de la

population urbaine par rapport à la population rurale (U/R) est ainsi passé de 1/6 en 1960 pour

presque atteindre la parité urbain-rural en 2010 (figure 2). Ce qui signifie qu’en 2010, il y

avait déjà davantage d’urbains que de ruraux. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette tendance

à la parité urbain-rural ?

Figure 1: Évolution de la population et du peuplement de l’Afrique de l’Ouest (1960 – 2012) Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Depuis 1960, l’Afrique de l’Ouest traverse une dynamique complexe qui est celle de la

« transformation rurale-urbaine ». Une transformation sectorielle de l’économie s’y opère qui

affecte simultanément les milieux urbains et ruraux. D’une part, l’activité agricole cède sa

place aux activités secondaires puis tertiaires, majoritairement urbaines. D’autre part, le

8 U/R est préféré à U/P car il n’est pas contraint. Sa lecture illustre plus lisiblement la transformation qui s’opère entre les deux

milieux

88

110 140

181 224

290 303

13

22

36

54

80

117

126

77 87

104 123

146 172

176

15.8%

25.3%

34.8%

45.5% 56.8%

68.1% 71.7%

0

1

10

100

1

10

100

1000

1960 1970 1980 1990 2000 2010

coo

rdo

née

s se

mi-

loga

ryth

miq

ues

Population totale (P) Population urbaine (U) Population rurale (R ) U/R

27

milieu rural accueille une population non agricole de plus en plus importante et des activités

économiques de plus en plus diversifiées.

De plus, la croissance de la population urbaine est due en partie par la croissance

naturelle, au solde migratoire en faveur du milieu urbain (Cris et Philippe, 2004, Potts, 2009,

Satterthwaite, et al., 2010). Comme le montre la figure 3 ci-dessous, depuis 1960, les

migrations des ruraux vers les centres urbains participent à la croissance de la population

urbaine, même si la part de l’émigration rurale dans la croissance de la population urbaine est

en net recule au profit de la croissance naturelle de la population urbaine. Ce constat confirme

les dires de Cris and Philippe (2004) selon lesquels, la croissance de la population urbaine due

au solde migratoire se réduit inéluctablement au fur et à mesure que l’urbanisation progresse.

Figure 2: Contribution de l'émigration urbaine et de la croissance naturelle dans la population

urbaine de l’Afrique de l’Ouest Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Quelles que soient les causes de la baisse de la contribution de la migration rurale-

urbaine à la croissance urbaine, l’influence de la migration sur la dynamique démographique

des villes est double. En effet, le déplacement des ruraux vers les villes, contribue directement

à la croissance urbaine. Cependant, ces nouveaux arrivants contribuent indirectement à la

croissance urbaine à travers leur comportement en matière de reproduction (Cris et Philippe,

2004). Il est généralement admis qu’en raison de leur origine (haute fécondité en milieu rural)

et de leur jeunesse (la plupart en âge de reproduction), les migrants en provenance du milieu

rural sont plus fertiles que le reste de la population urbaine.

0.24 0.51

0.88 1.38

1.88

2.66

0.64

0.83

0.91

1.11

1.27

1.35

0

1

2

3

4

5

1960 1970 1980 1990 2000 2010

Million d'habitants

Croissance Naturelle émigrant urbaine

28

4.1.2- Évolution de la population Agricole (PA) et population non agricole PNA

La distinction entre population agricole (PA) et population non agricole (PNA) est la

forme première de la division du travail entre les producteurs de denrées alimentaires, et les

consommateurs non producteurs de ces denrées. L’évolution dans le temps de PA et PNA

donne un aperçu de l’évolution de la consommation et de la production alimentaire régionale.

Comme on peut le voir sur la figure 3, la population agricole est passée de 74 millions

en 1960 à 145 millions en 2010 avec un taux de croissance annuel moyen de 1,4%. Sur cette

même période, la population non agricole est passée de 16 millions à 145 millions avec une

croissance moyenne de 4,7% par an. On voit très bien que la population non agricole a crû

plus vite de la population agricole. Par extrapolation, on pourrait dire que le nombre de

consommateurs a également crû plus vite que le nombre de producteurs agricoles de denrée

alimentaire, ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences sur la demande et la

production des denrées alimentaires.

Figure 3: Évolution de PA, PNA et PNA/PA de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 Source : à partir des données du SCSAO, 2012

La distinction entre population agricole (PA) et non agricole (PNA) illustre également

la diversification de l’économie rurale et les changements structurels de l’agriculture. Comme

74 82

95 108 124

145

16

28

45

68

104

145

0.20

0.34

0.48 0.65

0.83 1.00

0

1

10

100

1

10

100

1000

1960 1970 1980 1990 2000 2010

coo

rdo

es

sem

i-lo

gary

thm

iqu

es

PA PNA PNA/PA

29

on peut le voir sur le tableau ci-dessous, la population agricole ne vit pas exclusivement en

milieu rural ; le milieu urbain abrite des producteurs agricoles et vis versa. Les proportions

des uns et des autres varient avec la taille des agglomérations urbaines et évoluent avec le

progrès économique.

Tableau 2: Répartition de PA et PNA en fonction des Zones rurale et urbaine

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

En 1960, la population rurale de l’Afrique de l'Ouest représentait plus de 85% de la

population totale. À cette date, mis à part quelques aires de cultures d’exportation (arachide,

cacao, café), la plus grande partie de l’agriculture était très proche de l’agriculture de

subsistance. En dehors de quelques emplois publics (administration, enseignement, santé), la

vie rurale se résumait à l’activité agricole et la population agricole représentait 91% de la

population rurale. Entre 1960 et 2010, la fraction rurale de la population agricole est passée de

91 % à 75 %, soit un taux de croissance annuel moyen de -1,85%, pendant que sur la même

période, la population non agricole en milieu rural passait 9% à 25% soit taux de croissance

annuel moyen de 10,42%. Même si en 2010, en Afrique de l’ouest, près de 75 % de la

population rurale est impliquée dans la production agricole, tout porte à croire que dans les

années à venir, avec le mouvement d’urbanisation et la croissance économique, la proportion

des personnes vivant de l’agriculture va continuer de baisser. On trouvera de plus en plus de

personnes employées dans des activités amont et aval de l’agriculture, comme les activités de

transport et de commercialisation, le secteur bancaire et les services de base comme la santé et

l'enseignement en milieu rural. Parallèlement, la fraction urbaine de la population agricole est

quant à elle passée de 35% à 12% entre 1960 à 2010. Comme l’a d’ailleurs souligné la FAO,

la population non agricole augmente au détriment de la population agricole et en 2010. De

plus la grande majorité de la population non agricole vie dans les centres urbains tandis que la

population agricole est à majorité rurale.

PA Rurale(%) PNA Rurale(%) PA Urbaine(%) PNA Urbaine(%)

1960 91% 9% 35% 65%

1970 87% 13% 26% 74%

1980 84% 16% 21% 79%

1990 81% 19% 16% 84%

2000 78% 22% 14% 86%

2007 76% 24% 12% 88%

2010 75% 25% 12% 88%

tx 1960-2010 -1.85% 10.42% -9.81% 2.99%

Zone Rurale Zone Urbaine

30

4.1.3- Regard sur le ratio PNA/PA

PNA/PA est corrélé fortement à U/R avec un effet accélérateur d’une augmentation du

niveau d’urbanisation sur la transformation agricole (Hitimana, et al., 2011a). Cette relation

illustre une division du travail entre les consommateurs et les producteurs agricoles.

L’évolution du rapport entre le nombre de consommateurs et de producteurs facilite la

compréhension des « transformations complexes » de l’interaction urbain/rural,

l’appréhension des changements de structure de la production agricole. Cet indicateur devient

essentiel au pilotage des politiques de sécurité alimentaire. Il est une mesure du

développement des marchés alimentaires locaux et il est indispensable pour le suivi de la

performance de l’agriculture ouest-africaine.

Figure 4: Répartition du ratio PNA/PA en Afrique de l'ouest pour l'année 2010 Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Sur la figure 5, on peut voir qu’en 2010, le ratio PNA/PA est supérieur à 1 (>1) pour

tous les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest à l’exception de la Guinée, de la Sierra Leone et

de la Mauritanie. Ces pays pour lesquels PNA/PA est supérieur à 1 font par ailleurs parti des

pays les plus urbanisés à cette date. Compte tenu de son caractère insulaire et de sa très forte

31

densité, le Cap-Vert affiche l’un des taux les plus élevés. Le ratio PNA/PA est supérieur à 1

signifie qu’il y a plus d’un non-producteur pour un producteur agricole.

PNA/PA est par contre inférieur à 1(<1) pour les pays sahéliens, la Guinée et la Sierra

Leone. Il y a dans ces pays moins d’un non-producteur pour un producteur agricole. En

Mauritanie, au Mali et au Tchad, il y a même moins d’un non-producteur pour deux

producteurs agricoles. Un agriculteur de ces pays a donc un débouché plus réduit.

Au niveau régional, le ratio PNA/PA a atteint la parité. Ce ratio PNA/PA, qui

représente le nombre de consommateurs non-producteurs de denrées alimentaires par

agriculteur, a plus que quadruplé entre 1960 et 2010 et évolue en rapport avec la progression

de l’urbanisation (et donc le rapport U/R). Une telle évolution du ratio PNA/PA pourrait

comporter deux aspects contradictoires (Bazika, 2007).

Le principal avantage est le fait que cet accroissement de la population non-agricole à

tendance urbaine, les marchés urbains peuvent constituer pour les producteurs agricoles un

débouché (Bricas et Daviron, 2008a). En effet, du fait de l'urbanisation, une part croissante de

la population ne produit pas de matières premières alimentaires, s’approvisionne sur les

marchés urbains. Les producteurs, s’ils parviennent à acheminer le surplus de leurs

productions sur ces marchés pourraient tirer profit de cette clientèle. De plus, grâce à la vente

de ce surplus, les agriculteurs peuvent avoir des revenus et se procurer des outils et des

intrants d'origine extra-agricole, indispensables à l'accroissement des rendements.

Parallèlement, ils peuvent accéder à la consommation de biens et services non agricoles

monétarisés (formation, information...) dont le besoin ressenti constitue une motivation

essentielle de la croissance de leurs revenus monétaires et donc de leur productivité

marchande. Enfin, assurés de pouvoir se procurer sur le marché ce qu'ils ne produisent plus

eux-mêmes, les agriculteurs peuvent se spécialiser dans certaines productions. La division du

travail entre l'agriculture et les autres secteurs de l'économie apparait ainsi comme une

condition nécessaire (mais évidemment non suffisante) de la croissance des revenus agricoles

et du développement de l’agriculture.

Par contre, vu que l’urbanisation croissante se fait au détriment de la population

agricole, l’agriculture se voit privée de ses bras les plus solides, l’exode rural étant d’avantage

alimenté par les jeunes qui rêvent d’une vie meilleure en ville (Bazika, 2007). De plus, en

Afrique de l’Ouest, les rendements sont en général très bas, les pertes post-récoltes élevées.

L’agriculture y est souvent victime d’aléas climatiques, d’attaques parasitaires ou de

32

dégradation des sols. Aussi, l’utilisation d’engrais est très faible (08.kg par hectare en

moyenne sur un besoin de 150 à 200 kg/ha), la mécanisation dépasse rarement le niveau de la

traction animale et le pourcentage de terre irriguées très bas (4%) contre 39,3% en Asie du

Sud et une moyenne mondiale de 20% (Fall, 2006). Toutes ces caractéristiques de

l’agriculture ouest-africaine, associées à la baisse relative de nombre d’agriculteur, pourrait

être néfaste pour la production agricole régionale.

Le ratio PNA/PA a mis en lumière le fait que depuis 1960, la population non agricole

augmente relativement plus vite que la population agricole des biens alimentaires. Cette

profonde transformation de la structure du peuplement régional doit être prise en compte dans

l’évaluation des performances de l’agriculture régionale de ces cinquantes dernières années.

Cependant, ces ratios ne nous donnent aucune idée de l’évolution quantitative de la demande

et de la production alimentaire. La section ci-après tentera d’apporter plus de précision à cette

préoccupation.

4.2- Consommation (demande) et production (offre) alimentaire en en Afrique de

l’Ouest de 1961 à 2007

Comme nous l’avons dit un peu plus haut, l’urbanisation apporte des changements

majeurs dans la demande des produits agricoles (Cour, 2004, Satterthwaite, et al., 2010). Pour

l’analyse de la demande et de l’offre des produits agricoles alimentaires de l’Afrique de

l’Ouest, nous utiliserons les statistiques de production et les équilibres alimentaires détaillés

par produit et par habitant fournis par la FAO (FAOSTAT version 2010). Les chiffres qui

seront donnés dans cette section reposent et sur les données de peuplement (population totale

P, agricole PA et non agricole PNA) recalculées dans le cadre de ce travail. Le recours aux

bilans alimentaires de la FAO se justifie par le fait qu’ils permettent d’agréger les

disponibilités alimentaires régionales.

Selon la FAO9, un bilan alimentaire « fournit une image complète de l'offre

alimentaire d'un pays pour une certaine période… et montre pour chaque aliment (pour

chaque produit agricole) la quantité potentiellement disponible pour l'alimentation

humaine. ». La FAO fournit des données sur la disponibilité alimentaire par tête, exprimées

en quantité, ainsi qu'en valeur énergie, en teneur en protéines et en graisses (en appliquant des

facteurs de composition appropriés pour tous les produits de base et transformés).

9 http://faostat3.fao.org/home/index_fr.html?locale=fr#DOWNLOAD

33

4.2.1- Consommation alimentaire et disponibilité alimentaire

La base de données FAOSTAT consacrée aux bilans alimentaires fournit, pays par

pays et pour la période 1961 à 2007, une mesure de la disponibilité alimentaire par habitant et

par produit, ainsi qu’une évaluation de la disponibilité alimentaire totale par habitant mesurée

en calories, en protéines et en lipides.

La consommation alimentaire effective peut ne pas être strictement égale à la

disponibilité alimentaire ainsi calculée par la FAO. Les principales sources d’erreurs

proviennent d’une part de la mesure de la variation des stocks, d’autre part des échanges

régionaux qui sont très mal connus, enfin d’une erreur d’appréciation des autres composantes

du bilan offre totale- consommation alimentaire. L’influence des échanges régionaux sur la

disponibilité alimentaire effective pays par pays peut aussi être importante, surtout dans le cas

des petits pays. Mais, à l’échelle régionale, ces flux régionaux non enregistrés se compensent,

et n’ont donc qu’une influence négligeable sur les disponibilités totales et par habitant que

l’on peut calculer par groupes de pays et pour l’ensemble de la région.

Il peut y avoir une différence entre la consommation effective et la disponibilité

alimentaire en raison d’une appréciation erronée des pertes et des usages non alimentaires.

Mais cette différence ne devrait pas modifier notablement les indicateurs de structure comme

le contenu en importation ni les indicateurs de tendance comme les taux de croissance de la

consommation totale et par habitant. Dans ce qui suit, nous retiendrons donc comme variable

représentative de la consommation alimentaire, la disponibilité alimentaire par habitant

fournit par la FAO mais recalculée avec nos chiffres de population.

4.2.1.1- Croissance de la consommation alimentaire par habitant et de

la demande alimentaire.

Comme on peut le voir sur le tableau 3, au niveau régional, depuis la fin de la

décennie 70-80 qui avait été marquée par la crise de la sécheresse au Sahel, la consommation

alimentaire moyenne par habitant a augmenté assez régulièrement, de quelques 1965

kilocalories par habitant en 1980 à 2864 kilocalories par habitant en 2007. De 1961 à 2007 la

consommation par tête a été multipliée par 1,5, passant de 1929 kilocalories à 2864

kilocalories. Comme l’avaient déjà remarqué Bricas et Daviron (2008b), entre 1961 et 2007,

la consommation par habitant au niveau régional a connu une croissance soutenue à un

rythme de plus de 0,8% par an.

34

Entre 1961 et 2007, la consommation par tête mesurée en calories a donc été

multipliée par 1,5 et la population totale de la région a été multipliée par 3. Ces deux facteurs

ont eu pour effet de multiplier la demande alimentaire journalière totale par 4,5. Cette

demande passant ainsi de 173 gigacalories à 774 gigacolories entre 1961 et 2007.

Tableau 3: Consommation et demande alimentaires en Afrique de l'Ouest (1961-2007)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Bien plus que l’évolution de la demande alimentaire totale, c’est l’évolution de la

demande de la population non-agricole qui nous intéresse, car elle permet de se rendre compte

du défi auquel la population agricole a dû faire face. La demande alimentaire journalière de la

population non-agricole a été multipliée par 12 entre 1961 et 2007, soit 3 fois plus que la

demande alimentaire totale. Pour satisfaction intégralement cette demande des seuls

consommateurs non-producteurs par la production locale, une population agricole,

relativement moins nombreuse en 2007, aurait dû améliorer de 6,5 fois sa productivité

journalière de 1961. Aussi, pour satisfaire cette demande et sa propre consommation, cela

impliquerait que par tête, les agriculteurs améliorent, en 2007, de 2,4 fois leur productivité

journalière de 1961. Tel est le défi qui s’est posé à l’agriculture ouest-africaine. Comment

cette dernière y a fait face, c’est la question à laquelle nous chercherons à répondre dans la

section suivante.

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007 multiplicateur

Demande journalière de

PNA (10^6 Kcal/j)31 56 89 162 274 374 12.2

Demande journalière de PA

(10^6 Kcal/j)143 168 186 249 330 400 2.8

Demande journalière totale

(10^6 Kcal/j)173 224 276 410 604 774 4.5

Consommation par tête par

jour (Kcal/h/j)1929 2047 1965 2264 2629 2864 1.5

Productivité par PA

nécessaire pour satisfaire la

demande totale (Kcal/j)

2 343 2 734 2 905 3 735 4 807 5 541 2.4

Productivité par PA

nécessaire pour satisfaire la

demande de PNA (Kcal/j)

414 687 940 1471 2179 2677 6.5

35

4.2.1.2- Contribution de offre et demande alimentaires régionales

L’offre alimentaire régionale présentée dans le tableau 4 correspond à la production

annuelle totale locale mesurée en milliers de gigacalories, en millions de tonnes de protéines

et de lipides à partir des bilans alimentaires fournis par la FAO. En raison du rôle particulier

joué par les céréales, qui sont plus facilement stockables et transportables et qui constituent

une part importante des échanges extérieurs, on ajoute à ces trois agrégats les quantités de

céréales également mesurées en millions de tonnes. Cependant notre analyse ne se portera

principalement que sur les productions mesurées en calories.

Tableau 4: Production alimentaire de l'Afrique de l'Ouest (1961-2009)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

La production alimentaire globale de l’Afrique de l’Ouest est en constante

augmentation à un rythme moyen de 2,69% par an en dépit de la baisse relative de la

population agricole. De 1961 à 2007, cette production a été multipliée par 4. En raison de la

sécheresse au Sahel au cours de la décennie 1970-1980, la production a baissé en 1980,

passant de 129 milliers de gigacalories en 1970 à 124 milliers de gigacaloreis en 1980. Pour

atteindre la production de 389 milliers de gigacalories en 2007, chaque agriculteur a dû

multiplier sa productivité de 1961 par 2. Un autre fait important est à relever en ce qui

concerne la production céréalière régionale. En effet, de 1961 à 2007, cette production a été

multipliée par 3, passant de 14 millions de tonnes à 44 millions. Alors qu’au niveau mondial,

la hausse de la production céréalière est attribuée à la hausse des rendements (Petit, 2011), en

Afrique de l’Ouest, elle est due à une augmentation des surfaces consacrées à la culture

céréalière. De 1961 à 2007, la surface totale dévolue aux céréales a doublé, alors que les

rendements ont été multipliés par 1.5.

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Calories en 10^9 Kcal 102 129 124 205 300 389

Protides (millions de tonnes) 3 3 3 5 7 10

Lipides (millions de tonnes) 3 4 4 6 8 10

Céréales (millions de tonnes) 14 16 15 27 33 44

36

Le tableau 5 présente une synthèse de la demande alimentaire annuelle de l’Afrique de

l’Ouest mesurée en milliers de gigacalories, en millions de tonnes de protéines et de lipides.

Tableau 5: Demande alimentaire régionale de l’Afrique de l'Ouest (1961-2009)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

En comparant l’offre et la demande alimentaire régionale, deux tendances ressortent.

Dans les années 1960, la production était de 102 milliers de gigacalories. Cette production

dépassait de 9,51% la demande régionale et correspondait à des niveaux de consommation par

habitant encore très modestes, de 1929 kilocalories par tête et par jour. En 1970, une

production de 129 milliers de gigacalories était encore suffisante pour satisfaire une demande

régionale estimée à 126 milliers de gigacalories, alors que la consommation moyenne s’était

accrue de 1929 à 2047 kilocalories par tête et par jour.

En effet, entre 1960 et 1970, le rapport PNA/PA était en moyenne de 1/4. Sur cette

décennie, il y avait en moyenne quatre agriculteurs qui produisaient pour un consommateur

non-producteur. De plus, à cette période, la région n’était aussi urbanisée qu’elle l’est

aujourd’hui. La production vivrière locale qui était excédentaire, n’avait pas du mal à

satisfaire les besoins alimentaires les besoins d’une population urbaine était à cette date.

À partir de 1980, avec l’urbanisation croissante, le ratio PNA/PA a commencé à se

dégrader pour atteindre la parité non producteur-producteur en 2010. Cette tendance s’est

suivie par une la hausse régulière et significative de la demande de la population non-agricole.

Conséquence, la demande alimentaire régionale n’a pu être intégralement assurée par la

production régionale.

Dans quelle mesure l’offre locale a répondu à la demande. Cette question sera traitée

dans la section suivante.

4.2.2- Délai de réponse de l’offre à la demande

Comme dans toute région en voie de peuplement, la demande alimentaire croît et

change de structure, à un rythme imposé par les circonstances démo-économiques. L’offre

marchande correspondante doit s’adapter, ce qu’elle fait en Afrique comme dans le reste du

monde. Mais cette adaptation est partielle (les conditions bioclimatiques ne sont pas

favorables à la production de certains produits comme le blé) ; des produits de substitution

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Calories en 10^9 Kcal 93 126 140 216 326 436

Protides (millions de tonnes) 2 3 3 5 8 11

Lipides (millions de tonnes) 2 3 4 5 8 11

Céréales (millions de tonnes) 15 17 20 31 40 54

37

peuvent apparaitre (exemple : maïs ou manioc à la place du blé). De plus la connexion entre la

demande émanant de grands centres de consommation et les lieux de production, est soumise

à divers obstacles comme les coûts de transport, les frontières et les barrières tarifaires et

réglementaires ; enfin, la concurrence exercée par la pression à l’importation peut décourager

l’offre locale.

À un niveau très général, un indicateur du suivi de la capacité de l’offre locale à

répondre à la demande locale est le délai de réponse, mesuré en année, entre la demande

croissante par produit et l’offre locale correspondante. L’analyse de cet indicateur et de son

évolution dans le temps permet à la fois de préciser notre interprétation des performances

globales de l’agriculture régionale.

Calculons donc le délai de réponse de l’offre alimentaire de chaque pays et de la

région ouest-africaine à la demande correspondante. Voici, sur un exemple concret, en

l’occurrence pour la demande et l’offre de calories au Burkina Faso en 1980, comment ce

délai de réponse est calculé. Les quantités sont exprimées en milliers de gigacalories et les

délais de réponse en années.

Soit l’année 1970, repérée avec le suffixe « 0 » et 1980, avec le suffixe « 1 ». Les

ressources effectives totales d’origine locale sont passées de Q0= 4.7 à Q1= 5.2 alors que la

production nécessaire pour satisfaire la demande a évolué de B0 = 4,7 à B1=5,4. Pour

satisfaire intégralement les besoins à échanges extérieurs équilibrés, il aurait fallu que sur un

intervalle de temps δt=10 ans B1 soit égale à Q1, Autrement dit, que :

Puisque Q1<B1, Q1 correspond à une production d’une année (δt-θ)<10 ans, θ étant le nombre

d’année de retard. L’égalité ci-dessus devient :

Après linéarisation, on obtient :

(13)

(14)

(15)

38

En 1980, la production Q1 du pays correspondant aux besoins de l’année 1977, soit un

retard de θ = 3 ans.

Par le même mode de calcul, on obtient le tableau ci-après qui présente les délais de

réponse obtenus pour l’Afrique de l’ouest.

Tableau 6: Nombre d'années de retard entre la production et la demande effective en Afrique de

l'Ouest (1961-2007)

Nota : "Ex" : la production locale a répondu convenablement à la demande totale.

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Sauf en ce qui concerne les céréales, jusqu’en 1970, la production régionale a satisfait

la demande en Afrique de l’Ouest avec un excédent sur les besoins exprimés. En 1980, l’offre

de la région Afrique de l’ouest n’a pu satisfaire qu’une demande en calories équivalente à

celle de 1978 et en protéines équivalente à celle de 1977. Le délai de réponse de l’offre à la

demande était de l’ordre de 4 ans pour les céréales. Depuis les années 1990, le délai de

réponse de l’offre à la demande fluctue entre 1 et 4 ans pour les calories, entre 1 et 3 ans pour

les protéines et entre 2 et 3 ans pour les lipides, et entre 3 et 8 ans pour les céréales.

Dans l’ensemble, l’offre régionale a suivi la demande avec un délai de réponse très

modeste, généralement inférieur à 3 ans ce qui compte tenu de l’urbanisation, de la croissance

démographique forte, de la forte de la croissance de la demande alimentaire de la population

non-agricole et de la dégradation de ration PNA/PA, peut être qualifié de performance

respectable. Les progrès accomplis depuis les années 1960 en Afrique de l’Ouest sont

effectivement notables, en dépit du contexte démo-économique qui a prévalu.

En effet, avec la croissance démographique, la progression de l’urbanisation et ses

corollaires (baisse de relative des agriculteurs, augmentation de la consommation moyenne

par habitant) et des incertitudes climatiques, la population agricole a dû, et a su produire des

surplus pour satisfaire la demande d’un plus grand nombre de consommateurs (non-

producteurs). L’essentiel de cette performance pourrait être le résultat de l’extension des

superficies et, dans une moindre mesure, de modification des modes de production

indispensables à l'accroissement de la productivité.

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Calories Ex Ex 2 1 2 3

Protides Ex Ex 3 1 2 2

Lipides Ex Ex 0 Ex 0 2

Céréales 2 4 4 3 8 5

39

Cependant, le délai de réponse de l’offre locale à la demande alimentaire régionale

révèle la dépendance de l’Afrique de l’Ouest de l’extérieur pour satisfaire les besoins

alimentaires de sa population. Même si la situation alimentaire actuelle et les perspectives à

long terme de la région Afrique de l’Ouest n’ont a priori rien d’alarmant, l'Afrique de l'Ouest

doit relever le défi de contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires

de la population (Gallezot, 2006) dans un environnement marqué par la contestation de la

libéralisation du commerce des produits agricoles et alimentaires et de l’émergence de la

souveraineté alimentaire.

40

CHAPITRE 5 : CONCLUSION GENERALE

L’objectif de notre étude était d’analyser à partir de l’urbanisation, l’évolution de la

demande alimentaire et la réponse de l’offre alimentaire de l’Afrique de l’Ouest à cette

demande, sur la période 1960 à 2010. Nos conclusions se subdivisent en quatre sous sections :

synthèse des principaux résultats, les limites et les perspectives de cette étude.

5.1- Synthèse des principaux résultats

La région ouest-africaine connait depuis 1960 une forte urbanisation. Ce phénomène

d’urbanisation a pour effet d’entrainer des changements dans la consommation et la

production des biens alimentaires. Nous avons été amenés à chercher à comprendre comment

avec l’urbanisation, la demande alimentaire a évolué et comment l’offre alimentaire a répondu

à cette demande au cours des cinquante dernières années. Ceci, en partant sur l’estimation de

la proportion de la population totale régionale qui ne vit pas de l’activité agricole et celle qui

en dépend.

L’estimation de la strate agricole et non agricole de la population régionale, a fait

ressortir qu’avec l’urbanisation, la proportion de la population agricole dans la population

totale est en constante diminution depuis 1960. Par contre, la proportion de la population non

agricole ne fait qu’augmenter et telle sorte qu’en 2010, la parité PNA-PA est déjà atteinte. En

se basant sur les résultats de cette estimation, notre analyse de la demande nous a permis de

voir que la demande de la population non agricole a été multipliée par 12 entre 1961 et 2007,

tandis que sur cette même période la demande alimentaire totale a été multipliée par

seulement 4,5. La demande alimentaire de la population non agricole a donc crû environ 3

fois plus que la demande alimentaire totale régionale. Ce qui confirme notre hypothèse H1

selon laquelle « avec l’urbanisation, la demande alimentaire de la population non-agricole

croit plus vite que la demande alimentaire totale de la région ».

Quoi qu’il en soit, aussi bien la demande de la population non-agricole que la

demande totale a augmenté et une population agricole de moins en moins nombreuse a dû

faire face à cette augmentation de la demande alimentaire. Ainsi, de 1961 à 1970, la

production locale a pu satisfaire intégralement la demande régionale. Cependant, à partir de

1980 jusqu’en 2007, la production locale a répondu à la demande régionale avec un retard

variant de 1 et 4 ans pour les calories. De manière générale, entre 1961 et 2007, l’offre

régionale a suivi la demande avec un délai de réponse généralement inférieur à 3 ans. Ce

résultat infirme notre hypothèse H2 qui prétendait que « l’offre alimentaire croit au même

41

rythme que la demande alimentaire ». Cependant, dans un contexte marqué par une forte

urbanisation, une forte croissance démographique, une forte croissance de la demande

alimentaire de la population non-agricole et une dégradation de ration PNA/PA, on peut

considérer que l’agriculture ouest-africaine a été performante.

5.2- Limites de l’étude

Même si le modèle est relativement simple, il fait appel à de nombreuses hypothèses,

notamment en ce qui concerne la répartition de la population entre les milieux et les secteurs

de production. Cependant les paramètres exogènes sur lesquels repose le modèle sont issus

des informations tirées d'enquêtes nationales existantes. Il n'est pas évident de s’assurer de la

validité de l'ensemble de ces paramètres. Il serait souhaitable lorsque cela est possible de

valider certains paramètres du modèle par des tests économétriques, entre autres la loi entre le

partage population agricole et non agricole et la taille des villes.

De plus les variables qui caractérisent la population sont exogènes et indépendantes de

la sphère économique. Certaines de ces variables sont issues en partie de l’étude WALTPS et

donc influencées par des indicateurs de tensions de marché. La répartition entre les catégories

agriculteurs et salariés ainsi que la répartition spatiale de la population (et donc les

migrations) sont définis de manière exogène et indépendante de l'évolution des rémunérations

sectorielles, ou de l'évolution de l'environnement urbain et rural (niveau et qualité des services

publics par exemple), et international. Le processus d'urbanisation n'est donc pas expliqué

mais posé. L'absence de facteurs explicatifs du processus d'urbanisation oblige à poser de

manière exogène les différences de comportement entre milieu rural et urbain et à ne pas tenir

compte de nombreux phénomènes : différentiels d'accès aux services tels que l'éducation, la

santé, l'eau qui influence le niveau de revenu, de productivité et de bien-être des populations.

5.3- Perspectives

Cette étude a également permis de mettre en lumière la dépendance de l’Afrique de

l’Ouest aux importations pour satisfaire la demande alimentaire de sa population. En effet

puisque l’offre locale répond à la demande alimentaire avec un retard, il a fallu recourir aux

importations pour combler le déficit. Cette dépendance, si elle n’est pas convenablement

gérée par les autorités régionales, la moindre évolution des cours des denrées alimentaires

importées sur les marchés mondiaux, pourrait entrainer une flambée des prix sur les marchés

régionaux et faire crainte la survenance de nouvelles émeutes de la faim. L'Afrique de l'Ouest

doit relever d'importants défis pour contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins

42

alimentaires de la population dans un contexte caractérisé par une augmentation de la

population, de l’urbanisation et des changements des habitudes de consommation. Pour faire

face à cette préoccupation, les nouvelles politiques agricoles ouest-africaines se sont fixées

comme objectif, l’atteinte de la souveraineté alimentaire (CSAO, 2007). Que sous-entend ce

concept de souveraineté ? Quelles sont ses implications en matière de politique commerciale

et agricole régionale ? Ce concept est-il compatible avec les règles de l’OMC ? Autant de

questions qui sont complémentaires et qui pourraient être approfondies et étudiées.

43

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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46

ANNEXES

Annexe 1: Population totale de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers d’habitants)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 2: Population urbaine (U) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Pays 1960 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 2 420 2 451 2 850 3 611 4 773 6 518 8 113 8 850

Burkina Faso 4 882 4 957 5 807 7 212 9 324 12 294 15 061 16 469

Cape Vert 211 216 274 300 348 437 483 496

Côte d'Ivoire 3 638 3 778 5 416 8 501 12 518 16 582 18 647 19 738

Gambie 373 382 459 630 966 1 297 1 591 1 728

Ghana 6 742 6 958 8 682 10 923 14 793 19 165 22 712 24 392

Guinée 3 541 3 593 4 154 4 407 5 759 8 344 9 374 9 982

Guinée-Bissau 593 596 603 835 1 017 1 241 1 424 1 515

Liberia 1 116 1 143 1 440 1 923 2 127 2 847 3 477 3 994

Mali 5 248 5 314 6 034 7 246 8 673 11 295 14 021 15 370

Mauritanie 854 879 1 134 1 518 1 996 2 643 3 213 3 460

Niger 3 250 3 345 4 373 5 871 7 788 10 922 13 946 15 512

Nigeria 45 240 46 100 55 912 71 479 90 236 109 379 125 212 132 681

Sénégal 3 048 3 131 4 096 5 414 7 242 9 506 11 475 12 434

Sierra Leone 2 187 2 222 2 593 3 162 3 982 4 143 5 478 5 868

Tchad 2 954 3 017 3 656 4 554 6 011 8 222 10 372 11 227

Togo 1 578 1 594 2 097 2 667 3 666 4 794 5 653 6 028

Afrique de l'Ouest 87 874 89 674 109 580 140 250 181 218 229 630 270 251 289 742

Pays 1960 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 273 293 552 1 273 1 968 2 968 3 881 4 354

Burkina Faso 168 183 399 878 1 726 2 936 4 256 4 991

Cape Vert 32 33 50 75 125 211 263 288

Côte d'Ivoire 506 560 1 409 3 030 5 189 7 720 9 751 10 778

Gambie 34 37 72 172 354 578 745 831

Ghana 1 420 1 499 2 453 3 368 4 906 8 050 10 640 11 992

Guinée 225 249 626 1 082 1 630 2 377 2 905 3 165

Guinée-Bissau 50 55 126 174 255 388 540 623

Liberia 80 89 248 495 772 1 126 1 697 2 023

Mali 261 280 526 1 082 1 621 2 391 3 219 3 656

Mauritanie 13 16 83 308 615 825 1 084 1 219

Niger 129 139 275 642 1 232 1 927 2 794 3 276

Nigeria 7 508 7 911 12 658 19 065 29 408 41 828 50 982 55 495

Sénégal 713 756 1 279 2 237 3 288 4 557 5 822 6 466

Sierra Leone 198 212 384 682 961 1 391 1 928 2 217

Tchad 181 194 372 685 1 051 1 595 2 181 2 493

Togo 216 239 597 990 1 553 2 322 3 127 3 552

Afrique de l'Ouest 12 004 12 744 22 109 36 238 56 656 83 191 105 815 117 420

47

Annexe 3: Population rurale (R) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers d'habitants)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 4: Population non agricole (PNA) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Pays 1960 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 2 146 2 158 2 297 2 337 2 805 3 550 4 231 4 495

Burkina Faso 4 714 4 774 5 409 6 334 7 598 9 358 10 805 11 478

Cape Vert 179 183 224 226 223 226 220 208

Côte d'Ivoire 3 133 3 217 4 007 5 471 7 329 8 862 8 896 8 960

Gambie 338 345 387 458 612 720 846 897

Ghana 5 323 5 459 6 229 7 555 9 887 11 116 12 072 12 400

Guinée 3 316 3 344 3 527 3 325 4 129 5 967 6 469 6 816

Guinée-Bissau 543 541 477 661 761 853 884 892

Liberia 1 036 1 054 1 192 1 428 1 356 1 721 1 780 1 971

Mali 4 987 5 034 5 508 6 164 7 052 8 904 10 802 11 714

Mauritanie 841 863 1 050 1 210 1 380 1 818 2 128 2 241

Niger 3 121 3 206 4 098 5 229 6 556 8 995 11 152 12 236

Nigeria 37 732 38 189 43 255 52 414 60 828 67 551 74 230 77 186

Sénégal 2 335 2 375 2 817 3 177 3 953 4 948 5 653 5 968

Sierra Leone 1 989 2 010 2 209 2 480 3 021 2 752 3 551 3 651

Tchad 2 773 2 823 3 284 3 869 4 960 6 627 8 191 8 734

Togo 1 362 1 355 1 501 1 676 2 112 2 471 2 526 2 476

Afrique de l'Ouest 75 871 76 930 87 471 104 012 124 562 146 440 164 436 172 322

Pays 1960 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 321 339 618 1 415 2 258 3 469 4 544 5 141

Burkina Faso 242 257 532 1 118 2 204 3 708 5 381 6 287

Cape Vert 37 39 63 95 149 241 296 328

Côte d'Ivoire 604 681 1 701 3 686 6 326 9 295 11 400 12 620

Gambie 54 60 100 220 454 725 935 1 045

Ghana 1 602 1 759 2 915 4 056 5 972 9 757 12 598 14 288

Guinée 276 320 805 1 412 2 149 3 124 3 764 4 117

Guinée-Bissau 79 90 173 211 316 492 676 767

Liberia 117 130 298 618 976 1 404 2 068 2 464

Mali 346 372 708 1 464 2 216 3 270 4 362 4 940

Mauritanie 18 25 101 385 805 1 073 1 402 1 565

Niger 162 175 364 851 1 632 2 550 3 669 4 325

Nigeria 9 263 9 739 15 915 24 145 37 374 52 770 63 499 69 231

Sénégal 903 957 1 634 2 837 4 131 5 651 7 116 7 908

Sierra Leone 252 270 483 880 1 266 1 774 2 418 2 801

Tchad 237 258 482 884 1 391 2 080 2 854 3 298

Togo 232 237 642 1 097 1 755 2 691 3 600 4 088

Afrique de l'Ouest 14 746 15 708 27 534 45 376 71 374 104 075 130 581 145 213

48

Annexe 5: Population agricole (PA) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 6: Ratio U/R

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Pays 1960 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 2 099 2 112 2 231 2 195 2 516 3 049 3 569 3 709

Burkina Faso 4 640 4 700 5 275 6 094 7 120 8 586 9 680 10 182

Cape Vert 174 177 212 205 199 196 187 168

Côte d'Ivoire 3 034 3 096 3 716 4 815 6 192 7 286 7 247 7 117

Gambie 319 323 358 410 512 572 657 684

Ghana 5 140 5 200 5 766 6 866 8 821 9 409 10 114 10 104

Guinée 3 265 3 273 3 349 2 995 3 610 5 220 5 610 5 865

Guinée-Bissau 515 505 430 624 701 748 748 748

Liberia 999 1 012 1 142 1 304 1 151 1 443 1 409 1 530

Mali 4 902 4 943 5 326 5 782 6 457 8 026 9 659 10 430

Mauritanie 836 854 1 032 1 132 1 190 1 570 1 811 1 895

Niger 3 088 3 169 4 009 5 020 6 156 8 372 10 277 11 187

Nigeria 35 977 36 360 39 998 47 334 52 862 56 610 61 713 63 450

Sénégal 2 144 2 174 2 462 2 577 3 110 3 854 4 358 4 526

Sierra Leone 1 935 1 952 2 110 2 281 2 716 2 369 3 060 3 066

Tchad 2 717 2 759 3 174 3 670 4 621 6 142 7 518 7 929

Togo 1 346 1 356 1 455 1 570 1 910 2 102 2 053 1 940

Afrique de l'Ouest 73 129 73 966 82 046 94 875 109 844 125 556 139 670 144 529

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 0.14 0.24 0.54 0.70 0.84 0.90 0.97

Burkina Faso 0.04 0.07 0.14 0.23 0.31 0.40 0.43

Cap-Vert 0.18 0.22 0.33 0.56 0.93 1.13 1.39

Côte d'Ivoire 0.18 0.35 0.55 0.71 0.87 1.06 1.20

Gambie 0.11 0.19 0.38 0.58 0.80 0.87 0.93

Ghana 0.28 0.39 0.45 0.50 0.72 0.85 0.97

Guinée 0.08 0.18 0.33 0.39 0.40 0.44 0.46

Guinée-Bissau 0.11 0.26 0.26 0.34 0.45 0.62 0.70

Libéria 0.09 0.21 0.35 0.57 0.65 0.94 1.03

Mali 0.06 0.10 0.18 0.23 0.27 0.30 0.31

Mauritanie 0.02 0.08 0.25 0.45 0.45 0.51 0.54

Niger 0.04 0.07 0.12 0.19 0.21 0.25 0.27

Nigéria 0.21 0.29 0.36 0.48 0.62 0.67 0.72

Sénégal 0.32 0.45 0.70 0.83 0.92 1.01 1.08

Sierra Leone 0.11 0.17 0.28 0.32 0.51 0.52 0.61

Tchad 0.07 0.11 0.18 0.21 0.24 0.26 0.29

Togo 0.18 0.40 0.59 0.74 0.94 1.22 1.43

Afrique de l'Ouest 0.17 0.25 0.35 0.45 0.57 0.63 0.68

49

Annexe 7: Ratio PNA/PA

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 8: Taux de croissance de ratio U/R

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007 2010

Bénin 0.16 0.28 0.64 0.90 1.14 1.27 1.39

Burkina Faso 0.06 0.10 0.18 0.31 0.43 0.56 0.62

Cap-Vert 0.22 0.30 0.46 0.75 1.23 1.58 1.96

Côte d'Ivoire 0.22 0.46 0.77 1.02 1.28 1.57 1.77

Gambie 0.18 0.28 0.54 0.89 1.27 1.42 1.53

Ghana 0.33 0.51 0.59 0.68 1.04 1.25 1.41

Guinée 0.10 0.24 0.47 0.60 0.60 0.67 0.70

Guinée-Bissau 0.18 0.40 0.34 0.45 0.66 0.90 1.03

Libéria 0.13 0.26 0.47 0.85 0.97 1.47 1.61

Mali 0.08 0.13 0.25 0.34 0.41 0.45 0.47

Mauritanie 0.03 0.10 0.34 0.68 0.68 0.77 0.83

Niger 0.06 0.09 0.17 0.27 0.30 0.36 0.39

Nigéria 0.27 0.40 0.51 0.71 0.93 1.03 1.09

Sénégal 0.44 0.66 1.10 1.33 1.47 1.63 1.75

Sierra Leone 0.14 0.23 0.39 0.47 0.75 0.79 0.91

Tchad 0.09 0.15 0.24 0.30 0.34 0.38 0.42

Togo 0.20 0.44 0.70 0.92 1.28 1.75 2.11

Afrique de l'Ouest 0.21 0.34 0.48 0.65 0.83 0.93 1.00

Pays tx 61-70 tx 70-80 tx 80-90 tx 90-00 tx 00-07 tx 00-10 tx 61-10

Bénin 6.3% 8.5% 2.6% 1.8% 1.1% 1.5% 4.1%

Burkina Faso 7.2% 6.5% 5.1% 3.3% 3.4% 3.3% 5.0%

Cap-Vert 2.5% 3.9% 5.5% 5.2% 2.8% 4.1% 4.3%

Côte d'Ivoire 7.8% 4.6% 2.5% 2.1% 2.8% 3.3% 4.0%

Gambie 6.0% 7.3% 4.4% 3.3% 1.2% 1.4% 4.4%

Ghana 3.9% 1.2% 1.1% 3.9% 2.3% 2.9% 2.6%

Guinée 9.5% 6.2% 1.9% 0.1% 1.5% 1.5% 3.7%

Guinée-Bissau 10.5% -0.1% 2.5% 3.1% 4.6% 4.4% 3.9%

Libéria 9.8% 5.2% 5.1% 1.4% 5.3% 4.6% 5.1%

Mali 6.0% 6.3% 2.7% 1.6% 1.5% 1.5% 3.5%

Mauritanie 15.5% 12.3% 5.8% 0.2% 1.7% 1.8% 6.8%

Niger 4.8% 6.2% 4.3% 1.3% 2.0% 2.3% 3.8%

Nigéria 3.9% 2.2% 2.9% 2.5% 1.2% 1.5% 2.6%

Sénégal 4.0% 4.5% 1.7% 1.0% 1.3% 1.6% 2.5%

Sierra Leone 5.6% 4.7% 1.5% 4.7% 0.5% 1.9% 3.6%

Tchad 5.5% 4.6% 1.8% 1.3% 1.3% 1.7% 2.9%

Togo 9.2% 4.0% 2.2% 2.5% 3.8% 4.3% 4.3%

Afrique de l'Ouest 4.7% 3.3% 2.7% 2.2% 1.5% 1.8% 2.9%

50

Annexe 9: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en calories (Kcal/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 10: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en protides (gramme/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 1 741 1 849 1 931 2 224 2 471 2 621

Burkina Faso 1 456 1 687 1 646 2 269 2 358 2 617

Cap-Vert 1 650 1 667 2 111 2 391 2 380 2 620

Côte d'Ivoire 2 217 2 580 2 820 2 479 2 526 2 728

Gambie 2 050 2 181 1 879 2 338 2 297 2 422

Ghana 2 122 2 323 1 707 1 876 2 645 2 927

Guinée 1 976 2 047 2 401 2 544 2 477 2 634

Guinée-Bissau 1 745 1 738 1 980 2 251 2 362 2 495

Libéria 2 023 2 355 2 445 2 111 2 163 2 299

Mali 1 592 1 861 1 560 2 196 2 175 2 314

Mauritanie 2 276 2 033 2 155 2 541 2 718 2 776

Niger 1 574 1 885 2 069 2 147 2 155 2 409

Nigéria 1 944 2 001 1 917 2 352 2 934 3 235

Sénégal 2 383 2 259 2 244 2 322 2 241 2 434

Sierra Leone 1 786 2 244 2 142 1 992 2 006 2 147

Tchad 2 290 2 107 1 618 1 631 1 960 2 106

Togo 2 008 2 109 2 091 2 153 2 202 2 408

Afrique de l'Ouest 1 929 2 047 1 965 2 264 2 629 2 864

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 41 44 48 52 59 61

Burkina Faso 48 54 51 69 71 80

Cap-Vert 42 41 58 62 63 71

Côte d'Ivoire 48 59 60 54 49 54

Gambie 52 56 47 50 51 57

Ghana 44 52 40 44 55 60

Guinée 44 44 54 57 54 56

Guinée-Bissau 34 35 41 45 47 48

Libéria 39 45 48 39 39 38

Mali 48 55 47 62 60 63

Mauritanie 91 80 74 79 78 84

Niger 44 55 64 58 63 81

Nigéria 46 46 44 54 66 75

Sénégal 64 64 67 69 63 61

Sierra Leone 38 46 46 41 44 52

Tchad 73 64 49 47 62 63

Togo 42 47 47 51 52 54

Afrique de l'Ouest 47 50 48 55 62 68

51

Annexe 11: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en lipides (gramme/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 12: Production de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 en calories (Kcal/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 32 42 44 42 54 54

Burkina Faso 29 28 29 47 53 57

Cap-Vert 27 32 46 68 69 78

Côte d'Ivoire 29 43 50 46 52 51

Gambie 52 52 38 54 69 69

Ghana 35 41 34 37 41 52

Guinée 40 53 52 46 56 65

Guinée-Bissau 54 50 52 58 55 55

Libéria 30 39 46 40 55 60

Mali 33 44 40 51 45 48

Mauritanie 58 56 59 65 69 75

Niger 27 31 38 35 42 47

Nigéria 56 50 51 58 68 78

Sénégal 52 49 50 49 64 67

Sierra Leone 59 68 62 56 45 55

Tchad 58 49 38 39 60 50

Togo 31 34 32 43 43 52

Afrique de l'Ouest 47 47 47 51 59 66

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 2 989 3 410 2 951 3 166 4 413 3 894

Burkina Faso 1 845 2 213 1 969 2 339 2 318 2 706

Cap-Vert 1 053 338 943 961 1 005 630

Côte d'Ivoire 2 803 3 696 4 124 3 944 3 546 3 458

Gambie 5 937 6 237 2 185 2 352 2 994 1 736

Ghana 2 805 2 867 2 070 2 006 3 605 3 645

Guinée 2 456 2 524 2 863 2 776 3 111 3 826

Guinée-Bissau 3 502 2 661 2 473 2 804 3 223 3 523

Libéria 1 939 2 079 2 091 1 773 1 623 1 587

Mali 2 480 2 398 2 105 2 822 2 532 3 353

Mauritanie 1 904 1 701 1 034 1 049 1 256 1 155

Niger 3 330 3 011 3 174 2 481 2 121 3 128

Nigéria 3 309 3 524 2 288 3 582 4 376 5 036

Sénégal 5 638 4 188 2 783 2 900 2 828 1 510

Sierra Leone 2 198 2 554 2 202 1 923 1 301 2 457

Tchad 3 334 2 746 2 124 1 983 2 251 2 445

Togo 2 835 3 001 2 478 2 563 2 745 2 667

Afrique de l'Ouest 3 096 3 212 2 424 3 090 3 576 3 939

52

Annexe 13: Production de l'Afrique de l'Ouest en protéines (grammes/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Annexe 14: Production de l'Afrique de l'Ouest en Lipides (grammes/h./j.)

Source : à partir des données du SCSAO, 2012

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 69 82 68 77 103 90

Burkina Faso 63 76 65 80 76 90

Cap-Vert 33 12 42 38 39 34

Côte d'Ivoire 59 69 71 87 68 67

Gambie 203 196 79 68 83 54

Ghana 43 59 46 44 70 70

Guinée 56 57 67 66 75 92

Guinée-Bissau 92 68 59 63 77 93

Libéria 37 38 35 30 25 25

Mali 80 80 71 90 79 104

Mauritanie 89 85 56 57 66 71

Niger 96 96 103 74 68 113

Nigéria 82 84 51 84 105 122

Sénégal 172 115 96 92 98 49

Sierra Leone 56 60 48 44 33 64

Tchad 112 93 69 63 75 76

Togo 63 69 57 64 67 66

Afrique de l'Ouest 79 80 59 77 88 99

Année 1961 1970 1980 1990 2000 2007

Bénin 81 130 98 79 113 99

Burkina Faso 44 50 51 72 61 77

Côte d'Ivoire 39 72 136 152 119 112

Cap-Vert 23 15 20 22 26 27

Gambie 350 411 112 142 174 81

Ghana 50 65 52 51 67 67

Guinée 61 77 79 62 79 93

Guinée-Bissau 199 152 121 118 158 197

Libéria 36 43 55 45 55 49

Mali 74 91 81 101 75 91

Mauritanie 54 56 37 36 37 35

Niger 89 87 62 31 41 49

Nigéria 111 93 61 85 101 125

Sénégal 396 298 151 158 159 64

Sierra Leone 90 95 73 65 48 62

Tchad 96 83 63 66 90 62

Togo 65 58 50 62 63 58

Afrique de l'Ouest 101 95 71 85 92 99

53

Annexe 15:Présentation du modèle démo-économique développé par le Club du Sahel dans le

cadre de l’étude WALTPS

Le modèle démo-économique est un modèle de prospective dans la mesure où il

construit des images d'une zone donnée à différentes dates selon les projections de population

et de comportements économiques des ménages. Ce n'est ni un modèle de croissance, les

images prospectives sont indépendantes les unes des autres, ni réellement un modèle d'aide à

la décision. En effet, il n'est pas conçu pour répondre à des questions de politiques

économiques autres qu'une analyse de variation des dépenses publiques ou d'aide

internationale.

Ce modèle est un modèle de demande. Il est qualifié de démo-économique dans la

mesure où les caractéristiques de la population (structure et croissance) interviennent pour

expliquer certains "comportements" économiques comme la répartition de la valeur ajoutée

dans l'espace régional, les investissements des ménages ou la productivité des activités non

agricoles. Aucune contrainte explicite d'offre n'est prise en compte. Cela rend le modèle

simple puisqu'il n'existe aucun marché de facteurs de production et forcément "optimiste"

puisque la liaison positive entre le niveau de la demande (expliquée par le nombre d'habitants

et leur spatialisation) et la valeur ajoutée n'est aucunement contrariée. C'est ainsi un modèle

linéaire, sans prix. La seule variable qui aurait pu contrarier cette liaison entre demande et

niveau de revenu aurait été les flux d'épargne étrangère. Cependant cette dernière est

modélisée en fonction de la population (structure et croissance).

Source : Présentation du modèle démo-économique développé par le Club du Sahel pour analyser le

développement des économies locales d’Afrique de l’Ouest. Hypothèses et premières

critiques."(Mesple-Somps, 2001)

54

Liste des tableaux

Tableau 1: Tableau de Synthèse de l'estimation PA et PNA d'un pays donnée ....................... 24

Tableau 2: Répartition de PA et PNA en fonction des Zones rurale et urbaine ....................... 29

Tableau 3: Consommation et demande alimentaires en Afrique de l'Ouest (1961-2007) ....... 34

Tableau 4: Production alimentaire de l'Afrique de l'Ouest (1961-2009) ................................. 35

Tableau 5: Demande alimentaire régionale de l’Afrique de l'Ouest (1961-2009) ................... 36

Tableau 6: Nombre d'années de retard entre la production et la demande effective en Afrique

de l'Ouest (1961-2007) ............................................................................................................. 38

Liste des figures

Figure 1: Évolution de la population et du peuplement de l’Afrique de l’Ouest (1960 – 2012)

.................................................................................................................................................. 26

Figure 2: Contribution de l'émigration urbaine et de la croissance naturelle dans la population

urbaine de l’Afrique de l’Ouest ................................................................................................ 27

Figure 3: Évolution de PA, PNA et PNA/PA de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 ............ 28

Figure 4: Répartition du ratio PNA/PA en Afrique de l'ouest pour l'année 2010 .................... 30

Liste des annexes

Annexe 1: Population totale de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers d’habitants) 46

Annexe 2: Population urbaine (U) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants) ............................................................................................................................... 46

Annexe 3: Population rurale (R) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants) ............................................................................................................................... 47

Annexe 4: Population non agricole (PNA) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants) ............................................................................................................................... 47

Annexe 5: Population agricole (PA) de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 (en milliers

d'habitants) ............................................................................................................................... 48

Annexe 6: Ratio U/R ................................................................................................................ 48

Annexe 7: Ratio PNA/PA ........................................................................................................ 49

Annexe 8: Taux de croissance de ratio U/R ............................................................................. 49

Annexe 9: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en calories (Kcal/h./j.) ............... 50

Annexe 10: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en protides (gramme/h./j.) ....... 50

Annexe 11: Disponibilité alimentaire de l'Afrique de l'Ouest en lipides (gramme/h./j.) ......... 51

Annexe 12: Production de l'Afrique de l'Ouest de 1960 à 2010 en calories (Kcal/h./j.) ......... 51

Annexe 13: Production de l'Afrique de l'Ouest en protéines (grammes/h./j.) .......................... 52

Annexe 14: Production de l'Afrique de l'Ouest en Lipides (grammes/h./j.) ............................ 52

Annexe 15:Présentation du modèle démo-économique développé par le Club du Sahel dans le

cadre de l’étude WALTPS ....................................................................................................... 53

55

Liste des abréviations et acronymes

BAD : Banque Africaine de Développement

BM : Banque Mondiale

CEDEAO : Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest

CIHEAM : Centre International de Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes

CILSS : Comité permanent Inter-états de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CSAO : Club de Sahel et de l'Afrique de l'Ouest

ECOLOC : Gérer l’économie localement en Afrique

ESA : École Supérieure d'Agronomie

FAO : Food and Agriculture Organization

HDR : Habilité à Diriger des Recherches

IAMM : Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier

INP-HB : Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny

OCDE : Organisation pour la Coopération Économique et le Développement

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

ONU : Organisation des Nations Unies

PA : Population Agricole

PAu : Population Agricole urbaine

PNA : Population Non Agricole

PNAu : Population Non Agricole urbaine

R : Population Rurale

ROPPA : Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs de l'Afrique de l'ouest

SIG : Système d’Information Géographique

U : Population Urbaine

WALTPS : West Africa Long Term Perspectives

WDR : World Development Report

WPP

World Population Prospects

grammes/h./j. : grammes par habitant par jour

Kcal : Kilocalorie

Kcal/h./j. : Kilocalorie par habitant par jour

56

Table des matières

RÉSUMÉ ................................................................................................................................... 3

ABSTRACT .............................................................................................................................. 3

REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 4

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE ................................................................. 6

1.1- Contexte de l’étude .................................................................................................... 6

1.2- Problématique et objectif de l’étude ........................................................................ 7

1.3- Approches méthodologiques ..................................................................................... 8

1.4- Plan de rédaction de la recherche ............................................................................ 8

CHAPITRE 2 : THEORIES DE L’URBANISATION ET ETUDES SUR LE

PROCESSUS D’URBANISATION EN AFRIQUE DE L’OUEST ................................... 10

2.1- Théories de l’urbanisation et de la migration rurale-urbaine ............................. 10

2.1.1- Modèles de développement dualiste .................................................................. 10

2.1.2- Modèle de Reilly ................................................................................................ 12

2.2- Études sur le mouvement d’urbanisation en Afrique de l’Ouest ........................ 13

2.2.1- Programme Africapolis ...................................................................................... 14

2.2.2- Étude WALTPS .................................................................................................. 15

2.2.3- Apport du mémoire ............................................................................................ 17

CHAPITRE 3 : BASE DE DONNES ET APPROCHE METHODOLOGIQUE............. 18

3.1- Population totale (P) ................................................................................................ 18

3.2- Population urbaine (U).et population rurale (R) .................................................. 19

3.3- Estimation de la population agricole (PA) et de la population non agricole

(PNA) 20

3.3.1- Estimation de la population agricole PA ............................................................ 20

3.3.1.1- Estimation de la population agricole urbaine PAu .................................... 21

3.3.1.2- Estimation de la population agricole rurale PAr ....................................... 23

3.3.2- Estimation de la population non agricole PNA .................................................. 23

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................. 25

4.1- Analyse de l’urbanisation et de la distribution spatiale de la population en

Afrique de l’Ouest de 1960 à 2010 .................................................................................... 25

4.1.1- Regard sur la croissance urbaine de l’Afrique de l’ouest de 1960 à 2010 ......... 25

4.1.2- Évolution de la population Agricole (PA) et population non agricole PNA ...... 28

4.1.3- Regard sur le ratio PNA/PA ............................................................................... 30

4.2- Consommation (demande) et production (offre) alimentaire en en Afrique de

l’Ouest de 1961 à 2007 ........................................................................................................ 32

4.2.1- Consommation alimentaire et disponibilité alimentaire ..................................... 33

4.2.1.1- Croissance de la consommation alimentaire par habitant et de la demande

alimentaire. ................................................................................................................... 33

4.2.1.2- Contribution de offre et demande alimentaires régionales ........................ 35

4.2.2- Délai de réponse de l’offre à la demande ........................................................... 36

57

CHAPITRE 5 : CONCLUSION GENERALE .................................................................... 40

5.1- Synthèse des principaux résultats .......................................................................... 40

5.2- Limites de l’étude..................................................................................................... 41

5.3- Perspectives .............................................................................................................. 41

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 43

ANNEXES ............................................................................................................................... 46

Liste des tableaux................................................................................................................ 54

Liste des figures .................................................................................................................. 54

Liste des annexes ................................................................................................................. 54

Liste des abréviations et acronymes .................................................................................. 55

Table des matières .............................................................................................................. 56

58

GBOKO Kouamé Casimir, Septembre 2012

Master A2D2 E-mail : [email protected] / [email protected] / [email protected]

Urbanization in West Africa and its implications for agriculture and food: retrospective

analysis from 1960 to 2010

Abstract

This thesis discusses the impact of West African urbanization on food and agriculture and the

resulting decline in the ratio of food producers to food consumers. The main question

regarding food, agriculture and urbanization is whether, over the last fifty years, local food

supply has kept up with growing demand for agricultural products. Globally, urbanization has

been underpinned by natural growth of urban population and migration from rural to urban

areas. As a result, food demand channeled through the market has increased due to the rapid

growth of non-agricultural population, predominantly urban, compared to agricultural

population. West African agricultural systems have responded to this demand, from 1960 to

2010, with a delay of more than three-year.

Key words: Ubanization, agricultural population, non-agricultural population, food demand, food

supply

Urbanisation en Afrique de l’Ouest et ses implications pour l’agriculture et

l’alimentation : une analyse rétrospective de 1960 à 2010

Résumé

Ce mémoire aborde les influences de l’urbanisation accélérée et de la diminution du ratio

producteurs et consommateurs de denrées alimentaires sur l'alimentation et l'agriculture en

Afrique de l'Ouest. La principale question relative à l’alimentation, à l'agriculture et à

l'urbanisation est de savoir si, au cours des cinquante dernières années, l'offre alimentaire

locale a suivi la demande croissante pour les produits agricoles. Globalement, il ressort que

l’urbanisation a été soutenue par la croissance démographique naturelle des villes et les

migrations des zones rurales vers les régions urbaines. Aussi, la demande alimentaire

exprimée sur le marché a augmenté en raison de la croissance rapide de la population non

agricole à prédominance urbaine par rapport à la population agricole. Face à cette

augmentation de la demande alimentaire, de 1960 à 2010, l’agriculture ouest-africaine a

répondu avec un retard de plus de 3 ans.

Mots-clés : Urbanisation, population agricole, population non agricole, demande alimentaire, offre

alimentaire