Projets de vie pour des mineursmigrants non accompagnés
Manuel Ă lâusage des professionnels de terrain
Collection Migration
Louise Drammeh
Projets de vie pour des mineurs migrants non accompagnés
Manuel Ă lâusage des professionnels de terrain
Louise Drammeh
Editions du Conseil de lâEurope
Edition anglaise :
Life Projects for unaccompanied migrant minors
Les vues exprimĂ©es dans cet ouvrage sont de la responsabilitĂ© de lâauteur et ne reflĂštent pas nĂ©cessairement la ligne officielle du Conseil de lâEurope.
Toute demande de reproduction ou de traduction de tout ou dâune partie du document doit ĂȘtre adressĂ©e Ă la Division de lâinformation publique, Direction de la communication (Fâ67075 Strasbourg ou [email protected]). Toute autre corresâpondance relative Ă cette publication doit ĂȘtre adressĂ©e Ă la Direction gĂ©nĂ©rale de la cohĂ©sion sociale.
Le manuel a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© dans le cadre du programme de la « Mise en Ćuvre des projets de vie en faveur de mineurs migrants non accompagnĂ©s au niveau national (2008â2010) », financĂ© par les contributions volontaires de la principautĂ© dâAndorre, de la Belgique (rĂ©gion wallonne), de la France, et avec le soutien de lâItalie.
Lâauteur remercie, pour leurs conseils et leurs contributions, les participants des ateliers sur les « Projets de vie en faveur de mineurs migrants non accompagnĂ©s », tenus Ă Rome au cours des deux derniĂšres annĂ©es.
Ce manuel est disponible sur le site des Migrations du Conseil de lâEurope : www.coe.int/migration.
Couverture et mise en page : Service de la production des documents et des publiâcations (SPDP), Conseil de lâEurope
© Conseil de lâEurope, octobre 2010 ImprimĂ© dans les ateliers du Conseil de lâEurope
3
Table des matiĂšres
Préface ................................................................................................................................ 5
Partie 1. Introduction.................................................................................................. 9
1.1. Origines du concept de projet de vie ............................................................. 91.2. Les projets de vie, présentation ........................................................................ 91.3. Objectifs du projet de vie, sur le plan conceptuel et individuel .........111.4. Conditions requises pour que les projets de vie aboutissent..............12
Partie 2. RĂŽle des partenaires ...............................................................................17
Partie 3. Mise en pratique du concept de projet de vie : guide pour les professionnels de terrain......................................23
3.1. PrĂ©paration.............................................................................................................233.2. Construire une relation, premiĂšres Ă©tapes : lâhistoire de Z. ..................263.3. PrĂ©parer le mineur Ă lâidĂ©e de projet de vie : lâhistoire de Z. (suite) ...333.4. Formulation du premier projet de vie : lâhistoire de Y. ............................383.5. Accords Ă©crits et engagement mutuel : lâhistoire de Y. (suite) .............483.6. Bilans rĂ©guliers et programmĂ©s ......................................................................493.7. Suivre et mettre en Ćuvre un projet de vie
et gĂ©rer les difficultĂ©s : lâhistoire de B............................................................503.8. RĂ©viser le projet de vie : lâhistoire de K. ........................................................563.9. RĂ©viser le projet de vie : lâhistoire de M. .......................................................62
Conclusions ....................................................................................................................65
Sources des citations .................................................................................................67
Bibliographie ................................................................................................................69
5
Préface
Ce manuel entend proposer des Ă©lĂ©ments thĂ©oriques et des conseils praâtiques aux professionnels de terrain qui participent Ă la conception, Ă la mise en Ćuvre et au bilan des projets de vie, tels que le Conseil de lâEurope les a dĂ©finis dans sa Recommandation CM/Rec(2007)9 du ComitĂ© des Ministres aux Etats membres sur les projets de vie en faveur des mineurs migrants non accompagnĂ©s.
La premiĂšre partie du manuel aborde les notions de base qui permettent aux professionnels de terrain de situer leur action dans le contexte gĂ©nĂ©ral. Lâintroduction explique les origines du concept et dĂ©crit succinctement les projets de vie et leurs objectifs. Puis elle examine les conditions requises pour une bonne mise en Ćuvre des projets ainsi que le rĂŽle des divers parâtenaires, afin que les principaux intervenants sur le terrain puissent inscrire leur action dans un contexte pluridisciplinaire.
Les droits et lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur des mineurs restent au cĆur de toute cette entreprise qui vise Ă renforcer lâaptitude de chaque enfant Ă devenir un membre actif et responsable de la sociĂ©tĂ©, un citoyen du monde confiant et indĂ©pendant.
Passant de la thĂ©orie Ă la pratique, la partie principale du manuel montre comment ces deux volets sont Ă©troitement imbriquĂ©s. Elle sâadresse direcâtement Ă lâintervenant de rĂ©fĂ©rence, câestâĂ âdire le responsable dĂ©signĂ© pour assurer le succĂšs du projet de vie au niveau individuel. Les grandes phases du projet de vie sont illustrĂ©es par des exemples tirĂ©s de cas rĂ©els, personânalisĂ©s et donc dâautant plus parlants pour les professionnels de terrain.
Lâintervenant de rĂ©fĂ©rence trouvera dans ces pages une structure gĂ©nĂ©rale pour mener son activitĂ©, tout en Ă©tant invitĂ© Ă ne pas faire preuve dâune rigiditĂ© excessive. Au cĆur du concept de projet de vie, il y a les droits de lâhomme, la participation, la nonâdiscrimination et le souci de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant. Câest pourquoi une grande attention est accordĂ©e aux premiers stades de lâĂ©tablissement de la relation, Ă lâĂ©coute de lâenfant et Ă la satisfaction de ses besoins, qui sont les prĂ©requis du respect de la dignitĂ© humaine de chaque enfant.
6
Au fil des pages, le manuel donne Ă lâintervenant de rĂ©fĂ©rence les moyens de remplir son rĂŽle qui est dâassocier dâautres professionnels au processus. Il entend lui offrir aussi les moyens de dĂ©fendre le mineur chaque fois que celuiâci risque dâĂȘtre victime de discriminations, dâĂȘtre traitĂ© injustement ou dĂ©valorisĂ© par rapport aux enfants autochtones.
Des prĂ©paratifs minutieux Ă©tant essentiels pour garantir le succĂšs de lâentreâprise, la prĂ©paration du mineur au projet de vie est Ă©tudiĂ©e en dĂ©tail. Aucun individu rĂ©cemment arrivĂ© dans un environnement qui lui est Ă©tranger â et encore moins un enfant non accompagnĂ© â nâest en mesure de faire des choix Ă©clairĂ©s et dâenvisager rationnellement les diverses options possibles. Le mineur est donc initiĂ© Ă la notion dâobjectifs et aux divers moyens de les atteindre. Les objectifs abstraits sont dĂ©coupĂ©s en Ă©tapes rĂ©alisables. Il est conseillĂ© Ă lâintervenant de rĂ©fĂ©rence de guider le mineur vers des objectifs qui ont une valeur intrinsĂšque et pĂ©renne, et de lâassocier en lui permettant dâexprimer son point de vue et ses aspirations.
Le projet de vie est dĂ©crit non pas comme une entreprise quâil faut se hĂąter de mener Ă bien mais comme un instrument visant Ă garantir lâexercice de droits ; il doit ĂȘtre rĂ©aliste et pouvoir apporter des solutions durables. Une phase intermĂ©diaire offrant aussi lâoccasion de formaliser la notion dâengagement mutuel entre le mineur, lâintervenant de rĂ©fĂ©rence, dâautres professionnels et les autoritĂ©s est illustrĂ©e par un exemple de canevas qui nâest pas encore un projet de vie Ă part entiĂšre.
La formulation de cette « premiĂšre version » du projet de vie dĂ©coule donc tout naturellement de la dĂ©marche Ă©voquĂ©e ciâdessus. Elle expose la gloâbalitĂ© du projet en prenant en compte les diffĂ©rents aspects de la situation du mineur. Les objectifs sont fractionnĂ©s en Ă©tapes prĂ©cises, qui exposent en dĂ©tail lâaide que le mineur peut espĂ©rer recevoir et indiquent qui fournira cette aide, quelles sont les responsabilitĂ©s du mineur, comment on procĂ©âdera au suivi des Ă©tapes et quelles solutions de remplacement peuvent ĂȘtre envisagĂ©es. Un modĂšle dâaccord Ă©crit est proposĂ©. Par ailleurs, le concept de planification multiprojets â qui consiste Ă envisager des perspectives dâavenir pour Ă©viter lâimpasse, grĂące Ă une prĂ©paration et Ă une dĂ©marche dâanticipation donnant une certaine maĂźtrise de lâavenir et offrant la possiâbilitĂ© de faire des choix â limite lâincertitude.
Nous examinerons ensuite lâintĂ©rĂȘt et la finalitĂ© des bilans rĂ©guliers et proâposerons un cadre dâensemble, en insistant sur les bilans programmĂ©s avant lâarrivĂ©e prĂ©visible des grands changements dans la situation du mineur.
7
Le suivi et la mise en Ćuvre du projet de vie sont ensuite illustrĂ©s par une autre Ă©tude de cas, qui se caractĂ©rise par lâapparition de problĂšmes Ă la suite de changements intervenus dans la perception, lâĂ©tat dâesprit et la motivation du mineur. Nous aborderons aussi les difficultĂ©s propres Ă lâinterâvenant de rĂ©fĂ©rence. Le manuel propose une voie Ă suivre qui nâentraĂźne pas lâabandon du projet de vie mais permet, au contraire, de clarifier la situation grĂące au projet luiâmĂȘme. En sâappuyant sur les compĂ©tences dâautres proâfessionnels, lâintervenant de rĂ©fĂ©rence et le mineur adaptent le projet sans perdre de vue lâorientation initiale.
LâĂ©tude de cas suivante illustre une rĂ©vision plus radicale du projet Ă la suite de changements survenus dans les relations entre le pays dâorigine et le pays dâaccueil. GrĂące au projet de vie, une situation qui aurait pu devenir trĂšs confuse est gĂ©rĂ©e de façon que la transition se fasse en douceur, perâmettant au jeune de dĂ©velopper ses aptitudes et son potentiel malgrĂ© un changement de cap.
La derniĂšre Ă©tude de cas illustre un autre type de rĂ©vision du projet, qui intervient quand les perspectives dâavenir du jeune migrant dans le pays dâaccueil se clarifient. Elle dĂ©montre lâutilitĂ© de poursuivre le projet de vie, mĂȘme lorsque lâenfant obtient lĂ©galement et durablement un statut de paritĂ© avec les autochtones. Les mineurs non accompagnĂ©s sont dâabord et surtout des enfants avant dâĂȘtre des migrants, et lâassistance qui leur est apportĂ©e ne doit pas dĂ©pendre de leur situation â positive ou nĂ©gative â au regard de lâimmigration. Dans ce cas, le projet de vie luiâmĂȘme et lâaccent quâil met sur la dignitĂ© humaine permettent Ă un jeune traumatisĂ© de sortir de sa condition de victime passive pour devenir un citoyen actif et indĂ©penâdant, capable dâapporter une contribution certaine Ă la sociĂ©tĂ© dâaccueil.
La conclusion rappelle les principes dĂ©finis au dĂ©part et les risques auxquels sont exposĂ©s les mineurs migrants non accompagnĂ©s ; elle rĂ©affirme le rĂŽle des projets de vie dans la recherche de solutions durables respectant les droits de la personne humaine, et notamment ceux des enfants, tout en reconnaissant aux Etats le droit de contrĂŽler leurs frontiĂšres. Le rĂŽle de lâinâtervenant de rĂ©fĂ©rence auquel sâadresse le manuel est mis en relief car il est au cĆur du processus : en imaginant des solutions pour et avec les jeunes, il contribue Ă trouver des solutions pour la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre.
9
Partie 1. Introduction1.1. Origines du concept de projet de vie
Face au constat quâun nombre considĂ©rable de mineurs migrants non accompagnĂ©s sont prĂ©sents dans les Etats membres du Conseil de lâEurope, quâils sont vulnĂ©rables et isolĂ©s de leurs rĂ©seaux familiaux, une confĂ©rence internationale1 a Ă©tĂ© organisĂ©e pour examiner les rĂ©ponses possibles Ă ce phĂ©nomĂšne, sachant que lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur2 des mineurs prĂ©side Ă toutes les dĂ©cisions les concernant et aux modes dâinteraction adoptĂ©s avec eux.
Les contrĂŽles aux frontiĂšres ne suffisant pas Ă eux seuls pour rĂ©gler les problĂšmes entraĂźnĂ©s par les migrations de mineurs non accompagnĂ©s, une approche plus individualisĂ©e a semblĂ© nĂ©cessaire, dâoĂč la proposition du concept de projet de vie.
La confĂ©rence a Ă©tĂ© suivie par la constitution dâun groupe consultatif3, composĂ© de reprĂ©sentants de divers Etats membres et conseillĂ© par des reprĂ©sentants dâONG internationales ; il a Ă©tĂ© chargĂ© dâĂ©laborer le concept pour apporter une solution durable Ă la question. La Recommandation a Ă©tĂ© adoptĂ©e par le ComitĂ© des Ministres le 12 juillet 2007.
1.2. Les projets de vie, présentation
Le projet de vie est un plan Ă©laborĂ© et nĂ©gociĂ© entre le mineur et les autoâritĂ©s du pays dâaccueil, reprĂ©sentĂ©es par un professionnel dĂ©signĂ©, avec la participation de tout un ensemble dâautres professionnels. Câest un outil global, personnalisĂ© et flexible.
1. ConfĂ©rence rĂ©gionale sur le thĂšme « Les migrations des mineurs non accompagnĂ©s : agir dans lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant », Torremolinos, MĂĄlaga, 27â28 octobre 2005.2. Il est difficile de retenir une dĂ©finition universelle de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur dâune personne, bien que ce terme comprenne toujours les principes gĂ©nĂ©raux de protection et de droits. Le HCR (2006, 2008) distingue entre lâĂ©valuation de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur, processus continu qui englobe tous les aspects des relations avec un mineur, et la dĂ©termination de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur, qui est rĂ©alisĂ©e formellement Ă certains moments lors de dĂ©cisions qui touchent le mineur de façon permanente ou du moins Ă trĂšs long terme. Le prĂ©sent manuel entend « intĂ©rĂȘt supĂ©rieur » dans le premier sens, mais il reconnaĂźt que lâensemble des Ă©valuations, rapports et plans peuvent Ă©clairer les dĂ©cisions qui ont des effets Ă long terme ou permanents.3. Groupe consultatif ad hoc sur les mineurs migrants non accompagnĂ©s (projets de vie) (MGâSâMNA).
10
Il prend en compte toute une sĂ©rie de facteurs historiques et de questions structurelles, notamment le profil personnel du mineur, ses origines et sa situation familiale, les causes de sa migration et lâitinĂ©raire parcouru. Il les relie Ă la situation prĂ©sente, Ă savoir les aspirations et les perceptions du mineur, sa situation juridique et les possibilitĂ©s offertes dans le pays dâaccueil et dans le pays dâorigine. Il cherche Ă clarifier et Ă consolider les perspectives dâavenir du mineur en veillant Ă ce que son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur soit respectĂ©, que ses droits soient dĂ©fendus et quâil soit aidĂ© afin de dĂ©velopper les aptiâtudes nĂ©cessaires Ă une participation active Ă la sociĂ©tĂ©.
Lâexpression « mineurs non accompagnĂ©s » englobe tous les mineurs non accompagnĂ©s et sĂ©parĂ©s de moins de 18 ans4, qui se retrouvent hors de leur pays dâorigine, indĂ©pendamment de leur statut au regard de lâimmigration et dâune Ă©ventuelle demande dâasile politique. Des garanties particuliĂšres sont Ă respecter pour les mineurs qui demandent lâasile, notamment le principe de nonârefoulement et la nonâdivulgation des renseignements personnels aux autoritĂ©s de leur pays dâorigine.
Les mineurs sont aidĂ©s et encouragĂ©s Ă participer activement Ă leur propre projet de vie selon leur degrĂ© de maturitĂ©. La participation nâest pas seuâlement un droit5, elle est aussi essentielle pour la rĂ©ussite du concept de projet de vie.
Les projets de vie peuvent ĂȘtre menĂ©s dans le pays dâaccueil ou â sous rĂ©serve de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur, de la sĂ©curitĂ© et des droits fondamentaux du mineur, y compris le principe de nonârefoulement, pour ceux qui demandent
4. Deux points ont Ă©tĂ© examinĂ©s par le comitĂ© ad hoc, sans ĂȘtre fondamentaux pour la Recommandation elleâmĂȘme. Le premier est lâidentification de mineurs non accompagnĂ©s qui sont « accompagnĂ©s » par des adultes qui affirment ĂȘtre leurs parents ou leurs tuteurs. Câest une question dĂ©licate qui concerne la protection des mineurs, qui peuvent avoir Ă©tĂ© maltraitĂ©s, avoir Ă©tĂ© vendus, avoir Ă©tĂ© contraints de se prostituer ou avoir Ă©tĂ© autrement vicâtimes de trafics et dâexploitations. Le second porte sur les procĂ©dures dâĂ©valuation appropriĂ©e et prĂ©cise de lâĂąge des jeunes qui affirment avoir moins de 18 ans, mais qui Ă premiĂšre vue paraissent plus ĂągĂ©s. Les Etats appliquent des procĂ©dures trĂšs variĂ©es, certains prĂ©fĂ©rant les preuves mĂ©dicoâphysiques, dâautres des signes sociaux et comportementaux, dâautres encore un mĂ©lange des deux. LâexposĂ© des motifs de la Recommandation invite Ă mener les Ă©valuations de lâĂąge de façon professionnelle et raisonnable en Ă©vitant tout traumatisme psychologique, mais il nâentre pas dans les dĂ©tails. Les deux questions ont donc Ă©tĂ© omises uniquement parce quâelles dĂ©passent le cadre du prĂ©sent manuel, qui est axĂ© sur les projets de vie, ainsi que la Recommandation les dĂ©crit. Elles sont nĂ©anmoins capitales dans la perspective du droit de lâenfant Ă ĂȘtre protĂ©gĂ© et doivent ĂȘtre traitĂ©es pleinement par ailleurs.5. Article 12, Convention des droits de lâenfant des Nations Unies, adoptĂ©e en 1989.
11
lâasile â dans le pays dâorigine ou dans les deux pays. A titre exceptionnel, lorsque des proches vivent lĂ©galement dans un pays tiers, il sera possible dây envisager un regroupement familial et dây poursuivre le projet de vie. Si les Etats membres ont mis en place des procĂ©dures sĂ»res pour dĂ©placer des mineurs qui relĂšvent des rĂšgles de lâAccord Dublin II6, les projets de vie peuvent les suivre parâdelĂ les frontiĂšres en Europe. Ces projets de vie comportent donc un Ă©lĂ©ment de planification multiprojets.
Les projets de vie supposent un engagement mutuel du mineur et des autoritĂ©s compĂ©tentes, faisant Ă©tat dâobjectifs progressifs clairs et dĂ©finissant les responsabilitĂ©s. Ils comprennent aussi des dispositions pour le suivi de leur dĂ©roulement et le contrĂŽle ou la rĂ©vision du projet, Ă la fois Ă intervalles rĂ©guliers et en cas dâĂ©volution significative de la situation de lâintĂ©ressĂ©.
1.3. Objectifs du projet de vie, sur le plan conceptuel et individuel
Les projets de vie privilĂ©gient toujours lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur du mineur.
Ils sont destinĂ©s Ă dĂ©velopper les capacitĂ©s et le potentiel de tout mineur, Ă favoriser le dĂ©veloppement de son autonomie, de son sens des responsabiâlitĂ©s et de sa capacitĂ© de rĂ©silience, et Ă lui permettre de devenir un membre actif de la sociĂ©tĂ©, quâil reste dans le pays dâaccueil ou quâil retourne dans son pays dâorigine.
Le projet de vie vise :
â Ă Ă©tablir lâhistoire individuelle du mineur, y compris ses origines famiâliales, les motifs de son dĂ©part et sa trajectoire ;
â Ă recenser les risques particuliers, par exemple sâil apparaĂźt que le mineur a pu ĂȘtre victime de la traite dâĂȘtres humains7 ;
â Ă veiller Ă ce que le mineur ne fasse pas lâobjet de discriminations et quâil bĂ©nĂ©ficie de toute lâaide et de la protection offertes aux enfants et aux adolescents autochtones ;
6. Voir la note 20 ciâdessous.7. Le terme traite est employĂ© ici pour dĂ©signer la traite Ă des fins dâexploitation ou de profit continu. Il convient de le distinguer de lâaide Ă lâentrĂ©e irrĂ©guliĂšre (smuggling), bien que dans certaines langues les deux termes soient employĂ©s lâun pour lâautre. La Convention du Conseil de lâEurope du 16 mai 2005 sur la lutte contre la traite des ĂȘtres humains (STCE no 197) et son Rapport explicatif fournit plus dâinformation et dâorientation.
12
â Ă mettre en Ă©vidence la motivation, les aspirations et les attentes du mineur ;
â Ă concilier cellesâci avec les solutions disponibles, que ce soit dans le pays dâaccueil ou dans le pays dâorigine ;
â Ă assister le mineur dans cette dĂ©marche de prise de conscience et de rĂ©flexion, en prenant toujours en considĂ©ration son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur, sa sĂ©curitĂ© et son stade de dĂ©veloppement ;
â Ă orienter le mineur vers des objectifs qui ont une valeur intrinsĂšque ou durable sur le plan social et Ă©ducatif ;
â Ă donner au mineur les moyens de dĂ©velopper les compĂ©tences nĂ©cesâsaires Ă la rĂ©alisation du projet de vie ;
â Ă prĂ©ciser lâaide dont le mineur a besoin Ă cette fin et les structures chargĂ©es de la lui apporter ;
â Ă fractionner les objectifs Ă moyen et long terme en Ă©tapes rĂ©alistes de court terme ;
â Ă offrir une structure pour suivre les Ă©tapes, faire le bilan des progrĂšs, et revoir ou mettre Ă jour le projet de vie.
1.4. Conditions requises pour que les projets de vie aboutissent
A tous les niveaux, stricte observation déontologique des grands principes éthiques, à savoir :
â le respect des personnes et de la dignitĂ© humaine ;
â le respect des droits de lâhomme8 ;
â le respect des droits de lâenfant, et notamment le droit dâĂȘtre en sĂ©curitĂ©, le droit Ă la santĂ©, Ă lâĂ©ducation, Ă la protection contre lâexploitation ou les mauvais traitements, le droit de conserver des liens de famille quand ils ne nuisent pas au mineur, et le droit Ă la prise en charge et Ă la protection par lâEtat, en particulier si lâenfant est privĂ© de son enviâronnement familial9 ;
â la prise en considĂ©ration permanente de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant.
8. ConsacrĂ©s par exemple par la Convention europĂ©enne des droits de lâhomme de 1950.9. Convention des droits de lâenfant des Nations Unies, adoptĂ©e en 1989.
13
Attitude des professionnels favorisant lâinscription de ces principes10 dans la pratique et se caractĂ©risant par :
â une approche antidiscriminatoire ;
â la volontĂ© de dĂ©fendre ces droits pour le compte du mineur ;
â la volontĂ© dâinformer le mineur de ces droits en les assortissant de responsabilitĂ©s.
Cadre juridique favorable comprenant les éléments suivants :
â une lĂ©gislation sur les droits de lâhomme, aux niveaux national et international ;
â une lĂ©gislation antidiscrimination, y compris pour ce qui est du sexe, de lâorientation sexuelle, de lâappartenance ethnique ou de la race, de la religion, du handicap et du statut social ;
â un cadre de protection assurĂ© par le droit national ou international, par exemple la protection contre les mauvais traitements, lâexploitation, la traite et la violence conjugale ou autre.
VolontĂ© des professionnels de soutenir et dâappliquer cette lĂ©gislation :
â en dĂ©fendant le droit du mineur Ă se prĂ©valoir de la lĂ©gislation le protĂ©geant ;
â en lâinformant de ces garanties lĂ©gales.
Superposition des conditions légales et éthiques et des conditions sociales, notamment :
â le plein accĂšs aux services socioâĂ©ducatifs, de protection sociale, de santĂ©, et de reprĂ©sentation lĂ©gale et autres services auxquels les enfants et adolescents autochtones ont accĂšs ;
â lâĂ©valuation et la prestation de services selon les besoins individuels, y compris les services spĂ©cialisĂ©s si nĂ©cessaire, comme le soutien psychoâlogique, lâaide aux victimes de traumatismes, de tortures ou dâautres formes de violence, par exemple les mutilations sexuelles, le viol ou le mariage forcĂ©.
10. Tels ceux que lâInternational Federation of Social Workers met en avant, par exemple, dans sa « DĂ©claration de principes » de 2004.
14
Conditions économiques et coopération transnationale, notamment :
â un cadre dâallocation de ressources nationales et internationales, pour couvrir les besoins des mineurs migrants non accompagnĂ©s ainsi que ceux des enfants et des adolescents autochtones ;
â des protocoles assurant des ressources adĂ©quates et transparentes aux services de protection sociale ;
â un cadre de coopĂ©ration transnationale pour permettre aux Etats membres dâapprendre les uns des autres et dâamĂ©liorer leurs connaisâsances et leurs expĂ©riences collectives dans lâintĂ©rĂȘt de tous.
Esprit de collaboration interprofessionnelle :
â Bien quâun « intervenant de rĂ©fĂ©rence »11 doive ĂȘtre affectĂ© Ă chaque mineur pour jouer le rĂŽle de responsable dans lâĂ©laboration du projet de vie, dâautres professionnels apportent une contribution plus ou moins importante pour parvenir Ă un outil global et intĂ©grĂ©.
â Les autres professionnels doivent donc ĂȘtre disposĂ©s Ă participer comme il convient12. Le rĂŽle des partenaires est expliquĂ© plus en dĂ©tail ciâdessous.
Formation :
â Les intervenants de rĂ©fĂ©rence doivent avoir une formation de base en matiĂšre dâaide aux jeunes, y compris lâaptitude Ă mener des entretiens non intimidants et adaptĂ©s aux enfants.
â Les intervenants de rĂ©fĂ©rence et leurs supĂ©rieurs doivent ĂȘtre formĂ©s au droit international national et international applicable Ă la prise en charge mais aussi Ă lâaide de tous les enfants et jeunes dĂ©munis, en difficultĂ© ou abandonnĂ©s. Câest une condition sine qua non pour donner aux mineurs accĂšs Ă toute la protection et Ă lâassistance dont peuvent bĂ©nĂ©ficier les enfants et les adolescents autochtones.
â Les intervenants de rĂ©fĂ©rence doivent ĂȘtre initiĂ©s aux procĂ©dures dâimâmigration en vigueur dans leur propre Etat, non pas pour servir de
11. Cette expression est employĂ©e uniquement par commoditĂ©. Elle est dĂ©finie dans la partie suivante.12. Lorsque la lĂ©gislation et les structures sont dĂ©jĂ en place dans un Etat membre, et quâelles encouragent ou imposent une collaboration interdisciplinaire en matiĂšre de prise en charge et de suivi de lâensemble des mineurs placĂ©s sous la responsabilitĂ© des autoritĂ©s lĂ©gales, cela doit aussi sâĂ©tendre aux mineurs non accompagnĂ©s. Câest toujours la norme la plus Ă©levĂ©e qui doit ĂȘtre appliquĂ©e.
15
substitut Ă un service dâaide juridique professionnel, mais pour veiller Ă ce que les mineurs se conforment aux procĂ©dures obligatoires et quâils soient adressĂ©s Ă des conseillers juridiques compĂ©tents.
â Les intervenants de rĂ©fĂ©rence et autres personnes travaillant en Ă©troite relation avec des mineurs doivent se tenir au courant de la lĂ©gislation en vigueur et des orientations publiĂ©es depuis la recommandation initiale, comme les Lignes directrices du HCR de 2009 sur la protection des enfants demandeurs dâasile.
â La formation Ă la mise en Ćuvre des projets de vie pourrait se faire Ă diffĂ©rents niveaux selon le degrĂ© de participation. Il peut seulement ĂȘtre demandĂ© aux intervenants occasionnels dâĂȘtre en accord avec la position Ă©thique et la primautĂ© de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur du mineur. Il importe que les acteurs Ă long terme comme les Ă©ducateurs â et les professionnels de la santĂ© lorsquâun un mineur a des besoins partiâculiers â comprennent mieux la nature globale des plans et lâeffet de leurs propres interventions. Les intervenants de rĂ©fĂ©rence doivent avoir trĂšs bien saisi la nature et les objectifs des projets de vie, leur formuâlation, leur mise en Ćuvre et leur rĂ©vision, tels que les explique par exemple cet ouvrage. Ce savoir doit ĂȘtre complĂ©tĂ© par leur expĂ©rience, leur rĂ©flexion et leur collaboration avec les autres professionnels ayant des fonctions analogues.
Autonomisation des intervenants de rĂ©fĂ©rence : â Les intervenants de rĂ©fĂ©rence doivent se sentir maĂźtres des moyens
et de lâassurance nĂ©cessaires pour demander et encourager la partiâcipation dâautres professionnels et pour intervenir dans lâintĂ©rĂȘt des mineurs. Câest cette maĂźtrise que ce manuel entend renforcer. Le soutien de la hiĂ©rarchie et des autoritĂ©s de contrĂŽle est par ailleurs capital.
17
Partie 2. RĂŽle des partenaires
Cet ouvrage est destinĂ© aux partenaires les plus directement associĂ©s Ă diffĂ©rents projets de vie, ce que reflĂšte lâordre dans lequel ils sont citĂ©s. Les autoritĂ©s nationales sont indiquĂ©es en dernier, mais leur rĂŽle est capital, en particulier pour maintenir les conditions propices Ă une bonne mise en Ćuvre des projets de vie et pour assurer la diffusion de lâinformation.
Ce sont les mineurs euxâmĂȘmes qui sont au centre du processus. Sans leur engagement actif, les projets de vie ne sont que de simples exercices bureaucratiques sans bĂ©nĂ©fices tangibles.
Lâ« intervenant de rĂ©fĂ©rence » doit ĂȘtre rĂ©guliĂšrement en contact avec le mineur, avoir reçu une formation appropriĂ©e et adhĂ©rer aux grands principes Ă©thiques Ă©voquĂ©s plus haut. Son titre professionnel diffĂ©rera selon les Etats membres13 et les procĂ©dures de protection de la jeunesse en vigueur14.
Il a pour mission de prĂ©senter le projet de vie au mineur, dâassurer la coorâdination de lâintervention dâautres professionnels et de formuler, de mettre en Ćuvre, de suivre les projets de vie et dâen faire le bilan. La partie suivante portera sur son rĂŽle.
Les personnes sâoccupant des mineurs placĂ©s dans une famille ou dans un foyer sont des partenaires essentiels parce quâelles sont quotidiennement en relation avec eux.
Les enseignants, les formateurs ou les Ă©ducateurs peuvent ĂȘtre aussi parmi les contributeurs les plus importants au projet de vie. En effet, les Ă©ducateurs passent souvent beaucoup plus de temps avec les mineurs que les autres professionnels.
13. Le Programme en faveur des enfants sĂ©parĂ©s en Europe (lancĂ© en 2000 par le HCR et Save the Children) propose quâun tuteur ou un conseiller soit dĂ©signĂ©. Au RoyaumeâUni par exemple, ce sera le travailleur social chargĂ© du mineur, dans la mesure oĂč lâensemble des mineurs pris en charge par une collectivitĂ© locale doivent lĂ©galement ĂȘtre rattachĂ©s chacun Ă un travailleur social. Dans dâautres Etats membres comme la Belgique ou les PaysâBas, câest un tuteur qui est dâordinaire dĂ©signĂ©.14. Dans les Etats membres oĂč lâusage veut quâun tuteur soit dĂ©signĂ© sans quâil ait de contacts rĂ©guliers avec le mineur, il faudrait quâun professionnel ayant des relations plus rĂ©guliĂšres avec lui Ćuvre aux cĂŽtĂ©s du tuteur.
18
Les Ă©tablissements Ă©ducatifs et de formation ainsi que leurs organismes de financement doivent veiller Ă ce quâil y ait suffisamment de cours dans la langue du pays dâaccueil en tenant compte des besoins spĂ©cifiques de ce groupe vulnĂ©rable. Lâapprentissage des langues sâinscrit dans un cadre plus large. Du point de vue pĂ©dagogique, il devrait ĂȘtre associĂ© Ă la maĂźtrise du calcul et dâautres compĂ©tences fondamentales15. Du point de vue Ă©motionnel et social, un soutien religieux au sein des Ă©tablissements dâenseignement devrait permettre de comprendre et de prendre en charge les besoins des mineurs non accompagnĂ©s liĂ©s Ă des difficultĂ©s spĂ©cifiques telles que sĂ©paârations, traumatismes ou chocs culturels.
Les Ă©ducateurs et les intervenants de rĂ©fĂ©rence qui Ćuvrent aux cĂŽtĂ©s du mineur veillent Ă ce que les dĂ©cisions Ă©ducatives soient adaptĂ©es aux capacitĂ©s de celuiâci, Ă ses aspirations, Ă sa situation et Ă son projet de vie. Lâexemple concret donnĂ© dans lâencadrĂ© montre ce qui sâest passĂ© dans un cas particulier avant que lâinitiative des projets de vie ne soit lancĂ©e, quand cet Ă©lĂ©ment essentiel de communication manquait.
X., ĂągĂ©e de 16 ans, parle dĂ©jĂ bien la langue du pays dâaccueil. Elle sâest inscrite avec enthousiasme dans un Ă©tablissement scolaire sans son travailleur social. Elle a choisi un cours de formation sur les voyages et le tourisme. Par la suite, elle a obtenu un permis de sĂ©jour temporaire. Elle a bien progressĂ©. Quelques mois plus tard, son travailleur social a Ă©tĂ© contactĂ© pour quâil donne son accord Ă la participation de X. Ă un bref sĂ©jour dans un autre pays de lâUnion europĂ©enne qui faisait partie intĂ©grante de la formation. Bien que X. ait eu un accord pour le financement et pour un titre de voyage temporaire, on sâest rendu compte quâelle ne pouvait obtenir de visa. Elle nâa donc pu dĂ©crocher le diplĂŽme complet au terme de la formation. Elle a finalement entamĂ© une formation plus appropriĂ©e, mais lâabsence de commuânication initiale a Ă©tĂ© source de dĂ©ception et dâun gaspillage de fonds publics.
Dans les Etats membres oĂč le cadre rĂ©glementaire dâĂ©ducation ou de formaâtion est gĂ©nĂ©ralement rigide, il peut ĂȘtre opportun de lâadapter aux besoins spĂ©cifiques des mineurs migrants non accompagnĂ©s16. Du point de vue de
15. Au RoyaumeâUni, par exemple, les cours de ESOL (English for Speakers of Other Languages â Anglais pour les locuteurs dâautres langues) pour les Ă©lĂšves ĂągĂ©s de moins de 19 ans doivent comprendre des Ă©lĂ©ments de calcul, dâinformatique et du PSHE (Personal, Social and Health Education â Education personnelle, sociale et sanitaire) ou de citoyennetĂ©.16. En Belgique, par exemple, certaines organisations cherchent Ă offrir aux mineurs Ă©trangers des alternatives dâapprentissage adaptĂ© et individualisĂ©, fondĂ©es sur le systĂšme de compaâgnonnage : Entreprise de formation par le travail, Projet pilote RechercheâAction, Association JosephâDenamur et EFT NSSâTechnique asbl, 2010.
19
lâapprentissage ou du parcours scolaire, le potentiel individuel des mineurs non accompagnĂ©s devrait ĂȘtre valorisĂ© et dĂ©veloppĂ© : ils ne devraient pas ĂȘtre privĂ©s des possibilitĂ©s â y compris au niveau de lâenseignement supĂ©ârieur â dont bĂ©nĂ©ficient les jeunes autochtones. Dans toute lâEurope, on trouve de nombreux anciens mineurs non accompagnĂ©s qui ont rĂ©ussi dans leur carriĂšre, parfois de maniĂšre remarquable, servant ainsi de modĂšles pour les autres et apportant une contribution exceptionnelle Ă leurs sociĂ©tĂ©s dâaccueil.
La contribution des professionnels de la santĂ© au projet de vie varie en foncâtion de lâĂ©tat de santĂ© de chaque mineur. Elle peut se limiter Ă un bilan initial de lâĂ©tat de santĂ© de lâintĂ©ressĂ©, accompagnĂ© de soins mĂ©dicaux si nĂ©cesâsaire, sur un pied dâĂ©galitĂ© avec les rĂ©sidents permanents. Inversement, les professionnels de la santĂ© peuvent jouer un rĂŽle central, par exemple quand un mineur souffre de problĂšmes physiques ou mentaux, ou dâun handicap, ou sâil reçoit un soutien Ă la suite dâun traumatisme, de mauvais traitements ou de tortures. Les professionnels de la santĂ© peuvent aussi soumettre des rapports aux avocats ou aux pouvoirs publics quand des informations sont requises pour Ă©clairer les dĂ©cisions concernant lâimmigration. Lorsquâil coorâdonne lâintervention de professionnels de la santĂ©, lâintervenant de rĂ©fĂ©rence doit respecter la dignitĂ©, lâintĂ©gritĂ© et la vie privĂ©e du mineur conformĂ©ment aux rĂšgles nationales et internationales en la matiĂšre.
Des reprĂ©sentants lĂ©gaux peuvent intervenir Ă diffĂ©rents moments, en gĂ©nĂ©ral pour reprĂ©senter le mineur devant lâEtat, mais Ă©ventuellement aussi pour veiller Ă ce que les droits du mineur soient respectĂ©s et Ă ce quâil puisse accĂ©der aux services.
Il est possible de faire appel dans une certaine mesure Ă des groupes communautaires ou religieux. Il faut que les mineurs soient informĂ©s de lâexistence de ces groupes et quâils puissent les frĂ©quenter, toujours Ă titre volontaire. Ces groupes peuvent reprĂ©senter une partie importante de la vie des jeunes, car ils les aident Ă maintenir des relations avec leur patrimoine culturel et ils peuvent inspirer aussi le projet de vie luiâmĂȘme. Cependant, les intervenants de rĂ©fĂ©rence doivent veiller Ă ce que les autoritĂ©s disposant des ressources nĂ©cessaires ne se dĂ©chargent pas de leurs responsabilitĂ©s statutaires en confiant les mineurs Ă des organisations bĂ©nĂ©voles.
Les proches restĂ©s dans le pays dâorigine peuvent ĂȘtre associĂ©s dans une certaine mesure au projet. On part en gĂ©nĂ©ral du principe que la famille
20
constitue lâentitĂ© la plus protectrice pour soutenir le mineur dans la plupart des situations. Le droit de prĂ©server des relations familiales17 sâapplique sauf quand cela est contraire Ă lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant18. Les interveânants de rĂ©fĂ©rence, qui parfois ne disposent que dâinformations lacunaires, peuvent avoir du mal Ă trouver cet Ă©quilibre dĂ©licat, et devoir faire appel aux compĂ©tences spĂ©cialisĂ©es de tiers et prendre en considĂ©ration lâavis des mineurs sur ce point.
Des organisations internationales comme la CroixâRouge ou le CroissantâRouge peuvent ĂȘtre sollicitĂ©es pour rechercher des proches ou pour leur transmettre des messages. Les services sociaux internationaux peuvent contribuer Ă Ă©valuer la situation des familles dans le pays dâorigine et leur implication dans les dispositifs dâimmigration, leurs motivations et lâenvironânement protecteur quâelles peuvent constituer dans une certaine mesure pour le mineur. Quand il est envisagĂ© de poursuivre le projet de vie dans le pays dâorigine, des institutions comme lâOrganisation internationale pour les migrations peuvent ĂȘtre consultĂ©es. Les organisations internationales peuvent jouer un rĂŽle capital pour continuer de suivre le projet de vie si le jeune concernĂ© rentre dans son pays dâorigine ou sâil se rend ailleurs et pour veiller Ă ce que les conditions du succĂšs du projet soient rĂ©unies.
Les gouvernements â et parfois les pouvoirs locaux et rĂ©gionaux â sont un trait dâunion essentiel entre le Conseil de lâEurope et les professionnels sur le terrain. Ils diffusent les informations, encouragent ou orientent les collectivitĂ©s locales et les professionnels19. Ils allouent des ressources Ă la prestation de services. Les pouvoirs locaux et rĂ©gionaux peuvent, par le biais dâoutils statistiques et autres, suivre les progrĂšs accomplis pour mettre en Ćuvre le concept de projet de vie.
Les gouvernements dâEurope peuvent jouer un rĂŽle pour faciliter la contiânuitĂ© des projets de vie quand un mineur est transfĂ©rĂ© dâun Etat Ă un autre, par exemple, dans le cadre du dispositif de Dublin II20, ou sâil apparaĂźt quâun jeune mineur sâest rendu dâun pays europĂ©en dans un autre.
17. Article 8, Convention des droits de lâenfant des Nations Unies, adoptĂ©e en 1989.18. Article 9, paragraphe 3, Convention des droits de lâenfant des Nations Unies.19. Partie V de la Recommandation.20. Le RĂšglement (CE) 343/2003 (Dublin II) prĂ©cise lâEtat membre de lâUnion europĂ©enne qui est responsable de lâexamen de la demande dâasile dâune personne qui a voyagĂ© entre des Etats membres, ou qui souhaite le faire. Câest un rĂšglement complexe. Il peut ĂȘtre contestĂ© et il est assorti de dĂ©lais, mais quand il est appliquĂ© aux mineurs, la rĂšgle de base semble ĂȘtre que si un
21
Les employeurs des intervenants de rĂ©fĂ©rence jouent un rĂŽle essentiel de facilitation, de formation, dâencouragement et de suivi de la mise en Ćuvre.
Les organisateurs de formations spĂ©cialisĂ©es et les institutions responsables de lâaccrĂ©ditation doivent veiller Ă ce que les professionnels de terrain soient formĂ©s comme il convient pour leur mission. Indirectement, les formateurs et les supĂ©rieurs de lâensemble des fonctionnaires qui entrent en contact avec les mineurs peuvent apporter leur pierre Ă lâĂ©difice. Lâattitude et lâinteraction des fonctionnaires de police et des frontiĂšres, par exemple, peuvent avoir une influence durable sur lâimage que le mineur aura par la suite des autres professionnels associĂ©s au projet de vie.
Les institutions internationales peuvent encourager le recours aux projets de vie dans leurs recommandations et orientations. Elles peuvent examiner les projets de vie, suivre leur avancement et faire rapport Ă ce sujet.
Au niveau europĂ©en, les autoritĂ©s nationales et les pouvoirs locaux peuvent soutenir la mise en Ćuvre de projets de vie en encourageant et en facilitant la communication entre les professionnels de diffĂ©rents Etats membres, afin de mieux les informer et de faciliter leur coopĂ©ration.
mineur a simplement voyagĂ© dâun pays A vers un pays B (par exemple dans un camion ou sâil est arrĂȘtĂ© par un agent), câest lâEtat B qui doit examiner la plainte. Toutefois, quand le mineur a demandĂ© lâasile dans le pays A avant de se rendre dans le pays B, il peut ĂȘtre renvoyĂ© dans le pays A pour que lâexamen de la plainte se poursuive, sauf sâil a des proches dans le pays B. Au moment de la rĂ©daction du prĂ©sent rapport, ces directives Ă©taient discutĂ©es dans le cadre de confĂ©rences internationales et de dĂ©bats.
23
Partie 3. Mise en pratique du concept de projet de vie : guide pour les professionnels de terrain
Dans cette partie, qui concerne directement les professionnels, nous exaâminerons comment traduire les principes21 en action sur le terrain auprĂšs des enfants et des jeunes, en particulier en ce qui concerne les projets de vie. A cette fin, nous illustrerons le cadre gĂ©nĂ©ral par des exemples tirĂ©s de cas rĂ©els.
3.1. Préparation
Vous ĂȘtes un professionnel de la protection de lâenfance dĂ©jĂ bien occupĂ© et vous devez maintenant vous acquitter dâune tĂąche supplĂ©mentaire : engager et mettre en Ćuvre le processus de projet de vie. Vos inquiĂ©tudes sont multiples : le projet de vie engendreâtâil un surplus de charge ou de responsabilitĂ© ? Rendraâtâil mon travail plus difficile et bureaucratique ou plus intĂ©ressant et crĂ©atif ? Soyez rassurĂ© : le prĂ©sent manuel vous aidera Ă utiliser le projet de vie comme un outil innovant et passionnant dans votre travail auprĂšs des jeunes.
Premier point : il est fort probable que vous vous acquittiez dĂ©jĂ de nomâbreuses tĂąches prĂ©sentĂ©es dans ce manuel.
Le manuel ne recommande pas, et prescrit encore moins, une thĂ©orie ou une approche particuliĂšre. PeutâĂȘtre avezâvous Ă lâesprit certaines orientaâtions donnĂ©es par votre organisation ou votre pays sur les objectifs et les rĂ©sultats attendus dâun travail de soutien pour tous les enfants et jeunes
21. A tous les niveaux, une stricte adhésion déontologique aux principes éthiques fondamentaux est impérative, et notamment :
â le respect de la personne et de la dignitĂ© humaine ;
â le respect des droits de lâhomme ;
â le respect des droits de lâenfant, y compris mais sans sây limiter, le droit Ă la sĂ©curitĂ©, Ă la bonne santĂ©, Ă lâĂ©ducation, Ă la protection contre lâexploitation ou les abus, le droit de maintenir des liens familiaux lorsque ceuxâci ne sont pas prĂ©judiciables Ă lâenfant, et le droit aux soins et la protection de lâEtat, en particulier si lâenfant est privĂ© de son environnement familial ;
â privilĂ©gier avant tout lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant.
24
en difficultĂ©22. Vous pourriez dĂ©jĂ devoir, en effet, suivre les principes des bonnes pratiques publiĂ©es par votre organisme professionnel ou dâune organisation, conformĂ©ment au cadre rĂ©glementaire de votre pays. DĂšs lors que ces orientations sont compatibles avec la Recommandation et que les droits sâappliquent aux mineurs migrants non accompagnĂ©s comme aux enfants autochtones, elles devraient vous fournir une base utile pour Ă©laborer une approche souple fondĂ©e sur lâintĂ©gritĂ©, lâindividualitĂ© et les droits fondamentaux des mineurs.
Besoins physiques : manger, boire, dormir, ĂȘtre en bonne santĂ©, etc.
Etre en sécurité
Appartenir Ă un groupe
Sâestimer soiâmĂȘme et ĂȘtre estimĂ© des autres
RĂ©aliser son potentiel
PeutâĂȘtre connaissezâvous la pyramide des besoins23 de Maslow (voir figure). De ce modĂšle classique, maintes fois revisitĂ©, il nous suffit ici de retenir le principe gĂ©nĂ©ral suivant : les besoins dâun niveau supĂ©rieur ne peuvent ĂȘtre satisfaits tant que les besoins de niveau infĂ©rieur ne le sont pas. Cela est particuliĂšrement Ă©vident dans les premiĂšres phases de lâĂ©tablissement des relations.
DeuxiĂšme point : souvenezâvous que travailler avec les autres nâest pas une science exacte. Il vous faudra donc mettre en balance les avantages et les inconvĂ©nients. A lâoccasion, vous ou dâautres personnes pourraient, avec le recul, se demander si vous avez pris la « meilleure » dĂ©cision. Tout
22. Simplement Ă titre dâexemple, le cadre en cinq volets « Chaque enfant compte », au RoyaumeâUni, vise Ă faire en sorte que tous les enfants soient en bonne santĂ© et en sĂ©curitĂ©, quâils profitent de la vie et se rĂ©alisent, quâils contribuent utilement Ă la sociĂ©tĂ© et deviennent financiĂšrement autonomes.23. Maslow (1954).
25
en assumant la responsabilitĂ©, aussi longtemps que vous pourrez montrer que vous avez analysĂ© scrupuleusement la situation et que vos dĂ©cisions ont Ă©tĂ© guidĂ©es par lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur du mineur et les principes fondamentaux Ă©noncĂ©s ciâavant, vous ne devriez pas ĂȘtre critiquĂ©. De la mĂȘme maniĂšre que les projets de vie sont Ă©valuĂ©s et rĂ©examinĂ©s, vous pourrez aussi ĂȘtre invitĂ© Ă rĂ©Ă©valuer votre propre travail : ne considĂ©rez pas cela comme une faiblesse mais comme une force de votre pratique.
Evaluation des différentes possibilités, introduction
du concept de projet de vie
PremiĂšre Ă©valuation, satisfaire les besoins
élémentaires
Evaluations approfondies
Examen des objectifs et des Ă©tapes
Formulation du projet de vie, multiprojets, accords,
rĂŽles
Suivi et revue, Ă©tapes et objectifs
RĂ©visions possibles, changement dâorientation
Finalisation
Finalisation
Priorités :
IntĂ©rĂȘt supĂ©rieur
Droits
Nonâdiscrimination
Participation
Aptitudes :
Sensibilité
NĂ©gociation
Capacité à faire participer
Préparation
Flexibilité
Prise de décision
Capacité à finaliser
26
Il est bon que vous ayez Ă lâesprit le cadre gĂ©nĂ©ral de votre travail â sur le modĂšle de celui qui est prĂ©sentĂ© ici par exemple â, sans pour autant vous sentir obligĂ© de vous y tenir strictement. Un cadre nâest pas un algorithme : câest un guide, non une contrainte. Il ne doit jamais vous impressionner, car le spĂ©cialiste, câest vous.
3.2. Construire une relation, premiĂšres Ă©tapes : lâhistoire de Z.
Si les conseils donnĂ©s ici vous semblent aller de soi, nây voyez aucune condesâcendance : les capacitĂ©s et les expĂ©riences sont diverses et nous gagnons tous Ă revenir, de temps en temps, aux fondamentaux. A titre dâexemple, prenons le cas de Z., jeune homme ĂągĂ© de 16 ans, dont vous devez organiser la prise en charge.
â Nâoubliez pas que les mineurs non accompagnĂ©s, parce quâils sont sĂ©parĂ©s de leurs parents ou des personnes qui sâoccupent dâeux habiâtuellement, sont en situation difficile. Soyez conscient des besoins de Z., respectezâle en tant quâĂȘtre humain, cherchez Ă comprendre son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur et rĂ©flĂ©chissez Ă la façon de le prendre en compte.
â Entamez un dialogue24 Ă deux avec Z., ne vous contentez pas de lui parler et de lui poser des questions, mais pratiquez lâĂ©coute active et laissezâle raconter avec ses propres mots lâhistoire unique qui est la sienne.
â Vous vous embarquerez ensemble pour un voyage de dĂ©couvertes. Vous Ă©tudierez ses motivations, ses attentes et ses aspirations : il sâagira pour vous de les Ă©valuer de façon active pour en faire des perspectives rĂ©alistes et des objectifs rĂ©alisables. Vous devrez, tous les deux, rester ouverts aux divers choix qui se prĂ©sentent. Il vous faudra peutâĂȘtre envisager plusieurs solutions pour tenir compte des incertitudes.
â Vous serez amenĂ© Ă adresser Z. Ă des services et Ă associer dâautres professionnels Ă ce parcours. Il vous faudra donc Ă©tablir et coordonner des relations entre plusieurs organismes afin de veiller Ă ce que le projet de vie de Z. soit le plus global possible. Vous devrez parfois plaider en
24. Cela va de soi, la teneur du dialogue dĂ©pendra aussi du degrĂ© de maturitĂ© de Z. Selon le HCR (2006), les jeunes de plus de 16 ans devraient gĂ©nĂ©ralement avoir une maturitĂ© suffisante pour prendre de nombreuses dĂ©cisions et ceux de 14 Ă 16 pour apporter une contribution majeure ; les enfants ĂągĂ©s de 9 Ă 14 ans peuvent participer Ă divers degrĂ©s et ceux de moins de 9 ans devraient, en tout Ă©tat de cause, avoir la possibilitĂ© dâĂȘtre entendus. Il convient que vous teniez Ă©galement compte de lâincidence des expĂ©riences de vie du mineur sur son degrĂ© de maturitĂ©.
27
sa faveur pour que ses droits soient respectĂ©s et quâil ne se voie pas injustement ou illĂ©galement refuser certaines opportunitĂ©s.
â De temps Ă autre, vous devrez dire Ă Z. quâil nâest pas possible dâexaucer ses souhaits dans lâimmĂ©diat et lui expliquer pourquoi. La rĂ©ussite ou lâĂ©chec relatifs de ces discussions difficiles dĂ©pendront de la relation de confiance et de respect mutuel que vous aurez Ă©tablie avec lui, laquelle sera elleâmĂȘme fortement conditionnĂ©e par les impressions ressenties lors de votre premiĂšre rencontre.
i. La premiĂšre rencontre
â Accueillez Z. et montrez que vous ĂȘtes rĂ©ellement heureux de le rencontrer.
â Si vous avez recours aux services dâun(e) interprĂšte, saluezâle/la comme un collĂšgue de travail et nâoubliez pas de vous adresser directement Ă Z. tout au long de lâentretien : votre objectif nâest pas de vous entretenir avec lâinterprĂšte, mais avec Z.
â Assurezâvous que ses besoins Ă©lĂ©mentaires et immĂ©diats sont satisâfaits. Offrezâlui un peu dâeau, Ă©ventuellement un fruit ou des biscuits. Montrezâlui oĂč se trouvent les toilettes.
â Demandezâlui sâil se sent bien. Sâil rĂ©pond que non ou sâil semble soufâfrant, soyez prĂȘt Ă appeler un mĂ©decin et Ă abrĂ©ger, voire Ă reporter lâentretien. MĂȘme sâil affirme se sentir bien, vĂ©rifiez quâil ne souffre pas dâune maladie persistante25.
â Expliquezâlui qui vous ĂȘtes et quel est votre rĂŽle. PrĂ©sentezâlui la misâsion de votre organisation : ce point est particuliĂšrement important si Z. est passĂ© par un centre dâaccueil temporaire, un commissariat ou autre. Expliquez que votre rĂŽle diffĂšre de celui des agents de lâimmigraâtion, mais Ă©vitez de laisser entendre que vous valez en quelque sorte « mieux » quâeux ou que vous ĂȘtes plus gentil : vos missions sont tout simplement diffĂ©rentes.
â PrĂ©sentezâlui toute autre personne prĂ©sente en expliquant son rĂŽle.
â Assurezâvous que Z. a bien compris ce qui sâest dit jusqueâlĂ .
25. Il est arrivĂ© quâun enfant raconte tout son parcours de migrant Ă un collĂšgue avant de dĂ©voiler quâil souffrait dâune grave maladie. On a alors dĂ©couvert que sa vie Ă©tait en danger et quâil devait ĂȘtre soignĂ© dâurgence.
28
ii. ModĂšles dâĂ©valuation et style dâentretien
Certes, câest vous qui dirigerez lâentretien, mais nâoubliez pas quâil sâagit de la vie de Z. Il sent peutâĂȘtre dĂ©jĂ que les choses lui Ă©chappent : Ă©vitez de renforcer son anxiĂ©tĂ© et soyez prĂȘt Ă partager, dans une certaine mesure, la conduite de lâentretien.
On distingue souvent trois modĂšles dâinteraction : le modĂšle fondĂ© sur lâinterrogation, le modĂšle fondĂ© sur la procĂ©dure et le modĂšle fondĂ© sur lâĂ©change26. En rĂ©sumĂ©, le modĂšle fondĂ© sur lâinterrogation considĂšre les perâsonnes menant lâentretien comme des experts qui dĂ©duisent des informaâtions de ce quâils perçoivent. Le modĂšle fondĂ© sur la procĂ©dure est analogue, mais il est conçu pour dĂ©terminer si les personnes interrogĂ©es remplissent certains critĂšres Ă©tablis Ă lâavance. Le modĂšle fondĂ© sur lâĂ©change place la personne interrogĂ©e au centre du processus, tient compte de la comprĂ©âhension quâelle a de sa situation et lui permet de lâexprimer avec ses propres mots. Ce dernier modĂšle vous permettra de mieux comprendre la situation de Z. â de son point de vue â et Ă©ventuellement de dĂ©gager des problĂšmes qui vous auront Ă©chappĂ© dans un premier temps. Fondamentalement, dans ce modĂšle, Z. nâest pas un simple sujet au sein dâun processus bureaucraâtique, mais un ĂȘtre humain avec tout ce quâil a dâunique.
Cependant, il vous faudra peutâĂȘtre poser quelques questions de procĂ©dure : essayez de le faire le plus simplement possible. Si vous devez photocopier des documents remis Ă Z. Ă son arrivĂ©e, rendezâlui les originaux : ils sont peutâĂȘtre tout ce quâil possĂšde pour « prouver » en quelque sorte quâil existe en tant quâĂȘtre humain.
â Demandez Ă Z. quâil vous parle de lui, avec ses mots et Ă son rythme, de sa vie dans son pays dâorigine et des raisons de sa venue dans le pays dâaccueil. NâespĂ©rez pas obtenir, Ă ce stade, une image complĂšte de sa situation, mais simplement un aperçu.
â Acceptez que lâentretien puisse prendre un certain temps : rappelezâvous que le temps investi aujourdâhui portera doublement ses fruits demain. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les premiers entretiens ne sâoublient pas, car ce sont toujours les premiĂšres impressions qui comptent.
â Chaque jeune vous apportera des rĂ©ponses diffĂ©rentes. Soyez prĂȘt Ă presque tout entendre.
26. Smale & Tuson (1993).
29
â Certains jeunes se lanceront dâemblĂ©e dans le rĂ©cit de leur parcours. Sâils semblent sâĂȘtre prĂ©parĂ©s, que leur histoire est vague ou faussĂ©e dans le but de coller au processus, ne laissez pas votre scepticisme transparaĂźtre.
â Certains seront bouleversĂ©s par le fait de se remĂ©morer des Ă©vĂ©nements tristes ou traumatisants. Il vous faudra choisir la meilleure attitude Ă adopter27. Il est parfois prĂ©fĂ©rable de laisser les personnes exprimer leur dĂ©tresse en leur expliquant, pour les rassurer, que leur Ă©motion est tout Ă fait normale et comprĂ©hensible. Expliquez Ă Z. que vous ne continuerez pas Ă lui poser des questions pĂ©nibles inutilement, mais prĂ©parezâle Ă Ă©ventuellement relater Ă nouveau son histoire Ă dâautres personnes, notamment des avocats ou des agents de lâimmigration. Vous serez certes tentĂ© de le rĂ©conforter, mais Ă©vitez de faire des proâmesses sur un avenir que vous ne maĂźtrisez pas.
â Inversement, certains jeunes dĂ©criront des Ă©vĂ©nements terribles sans rĂ©elle Ă©motion apparente. Nâen dĂ©duisez pas que les Ă©vĂ©nements en question nâont pas eu lieu : leur attitude est peutâĂȘtre due Ă un trauâmatisme ou Ă un phĂ©nomĂšne de dissociation ou de dĂ©sensibilisation.
â Certains feront un compte rendu incomplet, confus ou par monoâsyllabes. Nâoubliez pas que Z. peut ĂȘtre effrayĂ©, voire traumatisĂ©, par certains Ă©vĂ©nements, notamment sa sĂ©paration des parents ou des personnes qui sâoccupaient de lui, le voyage, dâĂ©ventuels abus de la part dâagents, des menaces ou simplement le fait de se trouver dans un environnement inconnu. Si besoin, encouragezâle Ă clarifier son rĂ©cit, sans oublier quâil ne sâagit pas dâun interrogatoire, mais dâun entretien. Souvenezâvous que pour gagner la confiance dâautrui, il faut du temps.
â Vous aurez peutâĂȘtre le sentiment quâen laissant Z. mener lâentretien, vous obtenez un rĂ©cit trĂšs lacunaire. Laissezâle terminer et faites usage de « lâinvestigation sensible ».
â En particulier, il pourra ĂȘtre utile de lui demander un complĂ©ment dâinformation sur sa famille et son milieu dâorigine. Ici encore, essayez de poser des questions ouvertes plutĂŽt que fermĂ©es. Sâil nâest pas nĂ©cesâsaire Ă ce stade de connaĂźtre tous les dĂ©tails, vous pourrez juger utile
27. Le HCR (2006, chapitre 3.2.2) suggĂšre de prĂ©voir des conseillers prĂȘts Ă intervenir pour aider les enfants en proie au dĂ©sespoir.
30
de savoir si sa famille ou certains membres de sa famille sont, selon lui, vivants ou morts, ou sâil nâen a aucune idĂ©e.
â Si possible, essayez de vous faire une idĂ©e de la façon dont Z. se situe au sein de sa famille. Il est peutâĂȘtre trop tĂŽt pour examiner en dĂ©tail le rĂŽle quâelle pourrait jouer ultĂ©rieurement dans son projet de vie, mais la situation prĂ©sente â Z. estâil ou souhaiteâtâil ĂȘtre en contact avec sa famille, etc. â servira de base aux investigations futures. Il vous faudra peutâĂȘtre relier le parcours de migration de Z. avec sa situation famiâliale : par exemple, si sa famille se cache, tenter de la retrouver pourra se rĂ©vĂ©ler dangereux.
â Si vous ou votre Ă©quipe devez assumer lâentiĂšre responsabilitĂ© de Z (protection, prise en charge et logement), Il y aura beaucoup Ă faire cette premiĂšre journĂ©e. Il vous faudra peutâĂȘtre, par exemple, effectuer une Ă©valuation prĂ©liminaire des risques avant de placer Z. en hĂ©bergement.
â Par consĂ©quent, il sera trĂšs difficile dâĂ©voquer Ă ce stade des plans Ă long terme. Pourtant, certains jeunes vous feront part, dâemblĂ©e, de leurs souhaits ; certains sembleront se concentrer sur certains problĂšmes, en feront mĂȘme une fixation : le travail, lâĂ©ducation, le logement ou le permis de sĂ©jour. En pareil cas, si Z. est sur le quiâvive et semble insistant, nâĂ©ludez pas la question. RĂ©pondez de façon appropriĂ©e et proposez un calendrier pour dâautres explications et discussions. Si vous dĂ©cidez dâĂ©voquer le processus de projet de vie, ne seraitâce que partiellement pour des raisons de temps, manifestez votre enthousiasme. Insistez sur le fait que Z. sera un participant actif de son projet de vie et que son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur sera votre prĂ©occupation premiĂšre.
iii. Conclure le premier entretien et satisfaire aux besoins de premiÚre nécessité
â Expliquez Ă Z., dans les grandes lignes, quels sont ses droits et ses obliâgations. Si vous nâavez pas de modĂšle de prĂ©sentation, il pourra ĂȘtre utile dâen Ă©laborer un qui soit adaptĂ© Ă votre organisation. En tout Ă©tat de cause, au strict minimum, ces droits et obligations doivent inclure : le droit dâĂȘtre traitĂ© avec respect et lâobligation de traiter autrui avec respect, le droit de bĂ©nĂ©ficier de la protection de la loi et lâobligation de sây conformer. Cette prĂ©sentation introduit donc lâidĂ©e dâun engaâgement mutuel. Z. doit en principe signer un rĂ©sumĂ© des informations qui lui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es et expliquĂ©es.
31
â Expliquez le principe de confidentialitĂ© et toutes les limites lĂ©gales et organisationnelles qui sây attachent.
â Assurezâvous que Z. comprend les procĂ©dures Ă©lĂ©mentaires concernant lâimmigration afin quâil puisse commencer Ă rĂ©gulariser sa situation. En particulier si Z. a fui son pays dâorigine ou sâil craint dây retourner, expliquezâlui ses droits en matiĂšre de demande dâasile. Souvenezâvous que vous nâĂȘtes ni avocat ni agent de lâimmigration : il nâest donc pas de votre ressort dâestimer Ă lâavance la probabilitĂ© quâune demande dâasile soit acceptĂ©e. Il vous faudra peutâĂȘtre expliquer, avec des mots simples, ce que le terme « asile » recouvre28 et informer Z. que son avocat le conseillera.
â PrĂ©sentezâlui ce qui va ensuite se passer en expliquant pourquoi. Ditesâlui bien quâil a le droit de prendre part aux dĂ©cisions qui le concernent.
â Assurezâvous que ses besoins immĂ©diats seront satisfaits dans les meilleurs dĂ©lais. Z. pourra par exemple ĂȘtre accompagnĂ© Ă son hĂ©berâgement et recevoir de la nourriture, des vĂȘtements et/ou une somme dâargent, selon les procĂ©dures en vigueur et en fonction de ses besoins. Vous pourrez aussi lui fournir les informations de base qui lâaideront Ă sâorienter.
â Consignez par Ă©crit ce que vous avez fait.
Avant de passer aux étapes suivantes, examinons le résumé du parcours de Z. :
Trop bouleversĂ©, Z. ne donne pas de dĂ©tails sur la mort de son pĂšre mais exprime sa crainte dâĂȘtre, lui aussi, tuĂ©. AprĂšs le dĂ©cĂšs du pĂšre, la famille a dĂ©mĂ©nagĂ© chez un oncle dans une autre ville. Z. a une sĆur aĂźnĂ©e, qui est mariĂ©e, et trois frĂšres et sĆurs plus jeunes.
Z. est allĂ© Ă lâĂ©cole et peut lire et Ă©crire dans sa langue. Un interprĂšte traduit ses propos.
Z. dit quâil va bien et quâil nâa pas dâantĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux, physiques ou psychologiques.
28. De nombreuses personnes, y compris des adultes bien informĂ©s, croient encore que lâasile ne sâapplique quâaux rĂ©fugiĂ©s politiques, alors que la Convention de GenĂšve de 1951 reconnaĂźt cinq grandes catĂ©gories de personnes redoutant dâĂȘtre persĂ©cutĂ©es. Un conseiller juridique devrait aussi pouvoir intervenir et envisager dâautres aspects connexes, notamment la proâtection pour raisons humanitaires.
32
Z. est arrivé ici par camion et par bateau.
Z. dit quâil est seul et quâil nâa ni argent ni endroit oĂč loger.
Services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© : Z. a Ă©tĂ© placĂ© à ⊠et toutes les informations le concernant ont Ă©tĂ© transmises au responsable de lâhĂ©bergement. Des informaâtions Ă©lĂ©mentaires lui seront fournies pour lâaider Ă sâorienter. On lâemmĂšnera sâacheter des vĂȘtements et on lui montrera oĂč se trouve le lieu de culte le plus proche.
iv. AprĂšs le premier entretien
Si votre Etat membre dispose dĂ©jĂ de procĂ©dures pour lâaide immĂ©diate aux mineurs migrants non accompagnĂ©s qui sont conformes Ă la recommandaâtion, vous les suivrez. Le scĂ©nario est un exemple des procĂ©dures standards.
â PrĂ©voyez un contrĂŽle mĂ©dical, Ă moins quâil ait dĂ©jĂ eu lieu et quâil soit satisfaisant. Effectuez les premiĂšres dĂ©marches pour que Z. puisse bĂ©nĂ©ficier des prestations mĂ©dicales courantes en vigueur dans votre pays29. Si vous craignez que Z. ne soit malade, quâil ne souffre de proâblĂšmes psychologiques ou des suites dâun traumatisme30, ou quâil nâait un handicap, faites intervenir dâemblĂ©e des professionnels de santĂ©.
â Faites en sorte que Z. puisse bĂ©nĂ©ficier dâune aide juridique31 ou, si un avocat a dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©signĂ©, informezâle de votre rĂŽle.
â Si Z. est en Ăąge de suivre la scolaritĂ© obligatoire, la loi sâappliquant Ă lui comme Ă tout enfant rĂ©sidant dans le pays, commencez Ă faire le nĂ©cessaire pour lâinscrire Ă lâĂ©cole. Si Z. ne connaĂźt pas la langue de votre pays, effectuez les premiĂšres dĂ©marches pour lâinscrire Ă des cours de langues32.
â Si Z. maĂźtrise suffisamment la langue du pays dâaccueil, informezâle que vous organiserez une rĂ©union pour examiner ses aptitudes, ses souhaits et ses centres dâintĂ©rĂȘt Ă la lumiĂšre des possibilitĂ©s qui sâoffrent Ă lui en matiĂšre de scolarisation ou de formation professionnelle. Ces Ă©changes
29. Article 24, Convention de 1989 des Nations Unies sur les droits de lâenfant.30. Les travaux menĂ©s par Bean en 2006 ont montrĂ© que plus de la moitiĂ© des mineurs non accompagnĂ©s demandeurs dâasile aux PaysâBas souffrent dâun traumatisme.31. Article 12 de la Convention de 1989 des Nations Unies sur les droits de lâenfant concernant le droit de lâenfant Ă ĂȘtre entendu dans les procĂ©dures judiciaires ou administratives.32. Comme ces arrangements ne prĂ©voient guĂšre de possibilitĂ© de choix, ils ne sauraient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des plans de projet de vie.
33
de vues sont lâoccasion dâintroduire, ne seraitâce que partiellement ou en premiĂšre approche, le concept de projet de vie.
â Z. doit pouvoir maintenir des liens avec sa culture et son identitĂ©. Assurezâvous quâon lui a indiquĂ© les lieux de culte les plus proches, les endroits oĂč il peut acheter de la nourriture correspondant Ă ses habitudes culturelles, etc.
3.3. PrĂ©parer le mineur Ă lâidĂ©e de projet de vie : lâhistoire de Z. (suite)
Ses besoins immĂ©diats satisfaits, Z. peut se sentir plus en sĂ©curitĂ© dans son nouveau logement tout en restant quand mĂȘme anxieux, ne sachant pas combien de temps cela peut durer. Une rĂ©union avec son avocat devrait lâaider Ă comprendre son droit Ă participer au processus dâimmigration. Vous approfondirez votre connaissance de Z. Ă partir de vos Ă©changes personnels avec lui, mais aussi Ă partir dâinformations recueillies auprĂšs dâautres personnes.
Vous pouvez dresser mentalement une liste de points qui seront abordĂ©s par la suite. Bien quâil soit essentiel de noter vos interactions, il serait prĂ©fĂ©ârable de remplir une fiche aprĂšs, et non pendant, lâentretien, pour ne pas lui donner lâimpression quâil nâest quâun « cas » parmi dâautres et que votre seule prĂ©occupation est de remplir des cases. Nous ne sommes pas des dossiers, mais tous des ĂȘtres humains.
Votre liste de points Ă aborder pourrait sâinspirer de lignes directrices Ă©laâborĂ©es par la communautĂ© internationale spĂ©cialement pour les mineurs migrants non accompagnĂ©s33 ou dâun cadre Ă©laborĂ© au niveau national pour Ă©valuer la situation de tous les enfants en difficultĂ©, quâil conviendra alors de complĂ©ter ou de modifier pour tenir compte des spĂ©cificitĂ©s des mineurs migrants. Si vous le souhaitez, vous pourrez Ă©tablir votre propre liste Ă partir de plusieurs modĂšles existants. Quelle que soit la forme choisie, vous devrez analyser lâimpact du contexte, notamment mĂ©dical, Ă©ducatif et familial, le parcours migratoire, les risques et les facteurs protecteurs ainsi que la situation prĂ©sente, et notamment les atouts de Z. et ses besoins, son dĂ©veloppement et sa maturitĂ©, ses espoirs et ses aspirations. Il vous faudra aussi examiner des facteurs environnementaux ou externes, tels
33. Par exemple, celles proposĂ©es dans lâannexe du chapitre C4 du Programme des enfants sĂ©parĂ©s en Europe ou celles qui figurent dans les documents sur la DĂ©termination formelle de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant (BID) du HCR.
34
que la situation gĂ©nĂ©rale dans son pays dâorigine et dans le pays dâaccueil ainsi que son statut au regard de lâimmigration et de la loi. Tout au long de cette analyse, votre prĂ©occupation principale sera de dĂ©fendre lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de Z. et de chercher comment vous pouvez lâaider Ă surmonter ses problĂšmes, Ă se dĂ©velopper au mieux de ses capacitĂ©s et Ă devenir, Ă part entiĂšre, un citoyen du monde actif.
Le réseau de professionnels se met en place et une mise à jour succincte de son dossier, quelques semaines plus tard, pourrait ressembler à ceci :
Informations fournies par M. C., gérant du foyer :
Z. sâest relativement bien habituĂ© Ă son logement. Un autre rĂ©sident lui a monâtrĂ© comment cuisiner le poulet et le riz. Z. accepte la nourriture que les autres prĂ©parent, mais ne semble pas sâintĂ©resser Ă la cuisine.
Il aime regarder la tĂ©lĂ©vision et jouer au football dans la cour avec dâautres rĂ©sidents.
Il utilise les cabines tĂ©lĂ©phoniques. Il est souvent bouleversĂ© ou en colĂšre aprĂšs avoir tĂ©lĂ©phonĂ©, mais si on lui demande ce quâil a, il rĂ©pond que tout va bien.
Informations fournies par les Ă©ducateurs :
Z. a commencĂ© les cours de langue. Il est poli et se comporte correctement, mais il nâest pas trĂšs assidu ni trĂšs ponctuel.
Point de vue de Z. tel quâil le formule Ă son intervenant de rĂ©fĂ©rence :
Il apprĂ©cie quâon lâaide, mais nâaime pas ĂȘtre traitĂ© « comme un gosse ». Il dit quâil veut travailler.
Que vous ayez dĂ©jĂ Ă©voquĂ© lâidĂ©e de projet de vie avec Z. ou que cela ait Ă©tĂ© simplement sousâentendu pendant vos entretiens, câest probablement maintenant le bon moment de lui prĂ©senter le concept.
i. Présenter le concept de projet de vie
â Faites preuve dâenthousiasme et parlezâen comme de son projet de vie.
La façon de prĂ©senter le projet de vie dĂ©pend de la nature et de lâimporâtance des Ă©changes que vous avez eus jusquâici avec Z. et de son degrĂ© de maturitĂ©. Ne sousâestimez pas sa capacitĂ© Ă comprendre les concepts abstraits. Ne considĂ©rez pas non plus que Z. comprend trĂšs exactement tout ce que vous dites : demandezâlui rĂ©guliĂšrement de vous expliquer ce quâil pense avoir compris. Il peut ĂȘtre utile de vĂ©rifier dans quelle mesure il comprend des concepts de base, comme « les options alternatives », en
35
utilisant Ă©ventuellement quelques exemples concrets (moyens de transport par exemple).
â PrĂ©cisez bien que pour vousâmĂȘme, vos collĂšgues et les autres spĂ©âcialistes, son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur est une prioritĂ©. Insistez sur le fait que vous voulez remplir votre mission avec sĂ©rieux et que vous ĂȘtes prĂȘt Ă investir du temps et Ă consacrer les efforts nĂ©cessaires pour cerner avec lui ses intĂ©rĂȘts.
â Si Z. veut une rĂ©ponse immĂ©diate Ă des questions bien prĂ©cises, ditesâlui quâil est effectivement le mieux placĂ© pour analyser sa situation, mais quâon ne peut attendre de lui quâil connaisse toutes les solutions enviâsageables et quâil vous faut, tous les deux, prendre le temps dâexaminer ensemble toutes les possibilitĂ©s.
â Expliquezâlui quâil faut aussi prendre en compte les facteurs externes, car son projet de vie est pour vous une affaire sĂ©rieuse que vous souhaiâtez voir aboutir. Le projet doit donc ĂȘtre Ă la fois rĂ©aliste et rĂ©alisable, inventif et motivant.
â Soulignez que ce serait lui manquer de respect que de prendre des dĂ©cisions trop rapidement ou sans rĂ©flĂ©chir.
Dans quelle mesure et avec quelle facilitĂ© les jeunes sâengagentâils ? Cela dĂ©pend de nombreux facteurs. Certains expriment leurs vĆux trĂšs claireâment et peuvent refuser dâenvisager la possibilitĂ© dâautres solutions. On peut se demander sâils sâexpriment librement ou sâils ont Ă©tĂ© manipulĂ©s. Si vous avez de la chance, certains peuvent dĂ©jĂ se montrer prĂȘts Ă envisager plusieurs solutions. Pour des raisons individuelles et culturelles, Z. nâa peutâĂȘtre pas lâhabitude dâexprimer son opinion et sâest peutâĂȘtre forgĂ© lâidĂ©e que seuls les adultes font des choix. De fait, son parcours migratoire a peutâĂȘtre Ă©tĂ© organisĂ© par dâautres, sans quâil ait son mot Ă dire.
Câest lors de cette discussion que vous rĂ©colterez les fruits du temps, de la patience et de lâĂ©nergie que vous avez consacrĂ©s au premier entretien et depuis lors.
ii. PremiÚres idées, premiÚres étapes : poursuivre la réflexion avec le mineur
Rappelezâvous que le projet de vie nâest pas seulement une formalitĂ©. Un forâmulaire peut ĂȘtre envisagĂ©, mais ce nâest guĂšre quâun moyen pour consigner le processus ; comment les options ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es en fonction de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur ; comment lâengagement mutuel a Ă©tĂ© consignĂ© ; comment les
36
progrĂšs seront suivis et comment le projet de vie sera examinĂ©, adaptĂ© ou rĂ©visĂ©. Le projet de vie luiâmĂȘme est un chemin que la vie de Z. va emprunter, en se rĂ©fĂ©rant Ă ces plans et accords.
Pour faciliter les explications, vous pouvez organiser un « premier entretien sur le projet de vie », autour dâune table par exemple. PrĂ©voyez du papier et des stylos pour noter les idĂ©es, faire des schĂ©mas, etc. En fonction de la frĂ©quence de vos rencontres avec Z. vous aurez peutâĂȘtre dĂ©jĂ abordĂ© de nombreux points de façon informelle, ce qui constituera un bon dĂ©part pour entamer ce processus plus formel sans que Z. se sente intimidĂ©.
â Passez en revue les informations dont vous disposez dĂ©jĂ et demandez des Ă©claircissements Ă Z. le cas Ă©chĂ©ant. Câest une bonne occasion de combler les lacunes et de dĂ©tailler certains points trop complexes ou difficiles Ă aborder plus tĂŽt.
â FĂ©licitezâle pour ses qualitĂ©s, la politesse dont il fait preuve et son comportement par exemple. Expliquez, pour maintenir lâĂ©quilibre, que vous espĂ©rez le soutenir dans toutes les difficultĂ©s quâil pourrait rencontrer dans dâautres domaines.
â Mettez en balance sa perception de la situation dans son pays avec des informations objectives, sans oublier que, mĂȘme si la situation globale est bien couverte par les mĂ©dias, la situation locale est peutâĂȘtre pour lui tout aussi importante.
â Demandezâlui de nouveau quelles Ă©taient ses motivations et celles des autres lorsquâils ont organisĂ© leur dĂ©part vers le pays dâaccueil. La rĂ©ponse diffĂ©rera peutâĂȘtre de son premier rĂ©cit : il aura eu lâoccasion de rĂ©flĂ©chir, se sentira peutâĂȘtre plus en sĂ©curitĂ© et sera plus rĂ©aliste en ce qui concerne son pays dâaccueil.
â NâespĂ©rez pas que ce premier entretien dĂ©bouche sur un projet exhausâtif et dĂ©taillĂ© prenant en compte tous les aspects de la vie de Z. Les jeunes autochtones du mĂȘme Ăąge auraient eux aussi quelques diffiâcultĂ©s Ă dĂ©finir des objectifs et encore plus Ă envisager des choix de vie.
iii. DĂ©finir des objectifs
Vous devez maintenant aider Z. à mener un processus de réflexion.
Afin de maintenir le cap, il peut ĂȘtre utile de distinguer entre objectifs et moyens de les rĂ©aliser. Vous pourrez illustrer cette difficultĂ© en prenant comme exemple une activitĂ© simple : examinez ensemble la traversĂ©e dâune
37
riviĂšre (lâobjectif ) et les diffĂ©rents moyens dây parvenir (les moyens de rĂ©aliser lâobjectif ) : sur un pont, par bateau, Ă la nage, etc.
Vous pouvez maintenant en venir Ă examiner les vĂ©ritables objectifs de Z., en les Ă©numĂ©rant ou en les dessinant sur une feuille de papier, de maniĂšre Ă aboutir en fin de compte Ă une premiĂšre sĂ©lection telle que celleâci :
Quâest-ce que jâespĂšre faire ?
Comment puis-je le faire ?
Qui pourrait mâaider ?
Que vais-je faire si cela ne marche
pas ?
Découvrir ce qui est arrivé à ma famille.
Tenter de contacâter des voisins en qui jâai confiance.
Je veux faire cela moiâmĂȘme.
Mâadresser Ă©ventuellement au Service de recherches de la CroixâRouge.
Etre en sĂ©curitĂ©. Obtenir lâautoriâsation de rester dans le pays dâaccueil.
Mon avocat a dĂ©jĂ envoyĂ© ma dĂ©claration. Jâexpliquerai mon histoire lors de lâentretien avec les autoriâtĂ©s chargĂ©es de lâimmigration.
Jâai beaucoup dâapprĂ©hension et jâespĂšre que ça va marcher. Sinon, je pourrais peutâĂȘtre faire un recours.
Me former pour ĂȘtre technicien radiologie comme mon pĂšre.
Apprendre la langue. Travailler dur dans toutes les matiĂšres, surtout en maths et en sciences.
Mes enseignants rĂ©fĂ©rents Ă lâinstitut.
Me renseigner sur dâautres formations.
Comme vous le savez, il peut y avoir des dĂ©fauts dans ce « plan ». La CroixâRouge ne peut offrir de service de recherches dans tous les pays. Lâespoir dâĂȘtre en sĂ©curitĂ© que nourrit Z. dĂ©pend de lâaboutissement de sa demande dâasile. Alors quâil peut suivre des cours de langue et dâenseignement gĂ©nĂ©âral, ses projets dâenseignement supĂ©rieur pourraient aussi dĂ©pendre de son statut juridique dans le pays dâaccueil. Cependant, vous avez aidĂ© Z. Ă clarifier ce quâil pense et Ă comprendre les rapports entre ce quâil entreprend mainâtenant et les rĂ©sultats qui pourraient en dĂ©couler plus tard. Vous expliquez quâil serait bon pour lâinstant quâil mette lâaccent sur des actions qui ont une
38
valeur propre, mĂȘme si ses objectifs ultimes devaient changer en raison de choix quâil ferait ou de facteurs extĂ©rieurs. Vous convenez de lâimportance dâapprendre la langue du pays dâaccueil. Z. peut ĂȘtre plus constructif et plus confiant, sachant que vous Ă©coutez son point de vue. Vous prĂ©voyez de le rencontrer Ă nouveau et dâessayer de formuler un projet de vie plus global et plus intĂ©grĂ©.
3.4. Formulation du premier projet de vie, lâhistoire de Y.
Contexte
Pendant que Z. rĂ©flĂ©chit, Ă©tudie et se lance dans de nouvelles activitĂ©s, vous rendez visite Ă Y. Votre pays et le sien entretiennent des relations Ă©troites assorties dâun dispositif bien Ă©tabli en matiĂšre dâimmigration, y compris pour les mineurs non accompagnĂ©s. Y. peut discuter de son cas avec un juriste professionnel, mais ne souhaite pas demander lâasile. Il semble se mĂ©fier des professionnels. Il est Ă©vasif sur sa famille et dit quâil nâa aucune idĂ©e de lâendroit oĂč elle se trouve et ne dispose dâaucun moyen dâentrer en contact avec elle. Au fur et Ă mesure quâil prend confiance, il exprime plus clairement ses motivations et il semble avant tout soucieux de trouver du travail.
Vos premiĂšres tentatives de formuler des objectifs et dâenvisager des moyens ressemblent Ă ceci :
Quâest-ce que jâespĂšre faire ?
Comment puis-je le faire ?
Qui pourrait mâaider ?
Que vais-je faire si cela ne marche
pas ?
Travailler. Rester dans le pays dâaccueil.
Les services de lâimmigration vont me donner un permis de travail.
« Ils vont certaiânement me perâmettre de rester et de travailler ? »
Vous vous ĂȘtes dâemblĂ©e rendu compte que ce nâĂ©tait pas un plan judicieux. Y. nâa pas lâautorisation de travailler et le travail clandestin est dangereux et facteur dâexploitation. Y. nâa pas les autorisations ni les compĂ©tences pour travailler dans le pays dâaccueil. Aucune autre solution nâest envisagĂ©e. Connaissant la mĂ©fiance de Y. Ă lâĂ©gard des professionnels, vous dĂ©cidez de ne pas le dissuader immĂ©diatement, mais vous lui montrez les limites de son plan et les dangers du travail clandestin. Vous lui proposez de vous retrouver Ă nouveau et de discuter plus clairement du problĂšme.
39
Négocier avec le mineur, faire participer autrui au processus, préconiser une solution si nécessaire
â En vous prĂ©parant pour cette rencontre, vous pensez toujours que si vous rejetez les idĂ©es de Y. sans bien les examiner, ou si vous tentez de le dĂ©tourner vers dâautres questions, il aura simplement le sentiment que vous ne comprenez pas sa situation. Il pourrait refuser de participer au projet, ou pire, accepter poliment tout ce que vous dites tout en Ă©laborant intĂ©rieurement dâautres projets.
â Il faut Ă©tudier le statut juridique de Y. et ses implications, mais cela ne doit pas ĂȘtre le seul facteur dĂ©terminant de son projet de vie : il faut que vous Ă©vitiez de considĂ©rer Y. dans une optique unidimensionnelle. Ce nâest pas seulement un migrant34, mais câest aussi un mineur, un ĂȘtre humain complexe.
â Vous projetez de tenter dâen savoir plus sur ses motivations et de lui proâposer peutâĂȘtre de retenir des buts Ă moyen terme qui ne le dĂ©tournent pas de son objectif ultime, ou qui ne sont pas contraires Ă celuiâci.
Y. ne semble pas trĂšs motivĂ© par ses Ă©tudes, comme le montrent ses bulâletins scolaires. DĂšs lors, il se pourrait que vous deviez faire le lien entre le principe plutĂŽt abstrait du droit Ă lâĂ©ducation et votre but, qui consiste Ă soutenir le dĂ©veloppement de lâensemble du potentiel de Y., dâune part, et les avantages plus concrets que peut lui apporter lâĂ©ducation pour atteindre son objectif ultime, dâautre part.
â Lors de lâentretien, vous pourriez commencer par vĂ©rifier si lâobjectif principal de Y. est restĂ© le mĂȘme. Avec tact, jetez le doute sur son idĂ©e que rester dans le pays dâaccueil soit le seul moyen de parvenir Ă son objectif. Demandezâlui sâil a envisagĂ© dâautres solutions.
â Evitez de donner lâimpression que vous voulez lâamener Ă donner une rĂ©ponse quâil nâavait pas lâintention de faire. Ainsi, il pourrait craindre que vous ne le poussiez Ă quitter le pays dâaccueil. Expliquez quâil faut envisager toutes les solutions, mĂȘme celles qui seront finalement rejetĂ©es. Il se pourrait que Y. nâait jamais pratiquĂ© ce mode de rĂ©flexion auparavant, et quâil ne puisse donc pas saisir immĂ©diatement de quoi il retourne. Donnez quelques exemples analogues Ă ceux que vous avez utilisĂ©s pour Z.
34. Immigration Law Practitionersâ Association (2006), Child First, Migrant Second : Ensuring that every child matters.
40
â Soulignez que lâapprentissage de la langue du pays dâaccueil, Ă©ventuelâlement sanctionnĂ© par un diplĂŽme officiel, renforcera ses perspectives dâemploi et de salaire et que cela lui permettra de comprendre ses droits en matiĂšre dâemploi. Ce sera un atout si Y. rentre un jour dans son pays dâorigine et trĂšs utile sâil reste dans le pays dâaccueil.
â Si cela est faisable, mentionnez Ă Y. la possibilitĂ© de suivre des cours et, le cas Ă©chĂ©ant, dâobtenir des qualifications dans la langue officielle de son pays dâorigine. Ce sera trĂšs utile sâil rentre dans son pays, mais aussi sâil reste dans le pays dâaccueil.
â Soulignez que les compĂ©tences de base comme le calcul sont indispenâsables partout dans le monde. Y. maĂźtrisera ainsi mieux la situation en ce qui concerne son salaire, ses factures et dâautres questions financiĂšres.
â Signalezâlui que lâĂ©ducation quâil reçoit sera un atout pour lui toute sa vie durant. Vous pouvez lâillustrer ainsi : si quelquâun lui donnait une magnifique montre en or, celleâci pourrait ĂȘtre volĂ©e, tandis que ce qui est dans sa tĂȘte le restera pour toujours et personne ne pourra le lui prendre.
â Interrogezâle sur ses centres dâintĂ©rĂȘt et rĂ©flĂ©chissez avec lui sur la façon de les approfondir, ce qui lui permettrait de prendre plaisir Ă progresser et de faire Ă©ventuellement des choix de carriĂšre plus ambitieux.
Cela débouche sur la note suivante :
Quand Y. Ă©tait plus jeune, il aidait un voisin, le weekâend, dans son atelier de menuiserie. Il aimait cela et Ă©tait fier de ce quâil apprenait, mais il a dĂ» arrĂȘter quand le voisin en question a dĂ©mĂ©nagĂ©.
LâidĂ©e dâapprendre la menuiserie a Ă©tĂ© discutĂ©e. Y. pensait quâil vaudrait mieux apprendre simplement la langue. Le collĂšge technique local a Ă©tĂ© appelĂ© en prĂ©sence de Y. Il a fait savoir quâune formation de menuisier commencerait Ă lâautomne. Les Ă©lĂšves doivent avoir des notions de la langue et prĂ©senter des bulletins qui montrent quâils sâintĂ©ressent Ă leurs Ă©tudes.
La formation dure neuf mois. Il pourrait ĂȘtre difficile dâadmettre un Ă©lĂšve qui ne pourrait rester dans le pays dâaccueil pendant cette durĂ©e. Il a Ă©tĂ© soulignĂ© que la situation de Y. pourrait changer et quâil devrait avoir la possibilitĂ© dâĂȘtre informĂ© sur la formation.
Un rendezâvous a Ă©tĂ© pris au collĂšge en date du ⊠pour discuter de la question.
41
En prenant les idĂ©es de Y. au sĂ©rieux, vous lui montrez que vous le respectez en tant quâindividu. De plus, en dĂ©fendant ses intĂ©rĂȘts auprĂšs de lâĂ©tablisâsement, vous montrez que vous nâĂȘtes pas seulement un reprĂ©sentant des autoritĂ©s, mais que vous ĂȘtes prĂȘt Ă combattre les discriminations Ă©venâtuelles Ă son Ă©gard.
Avec Y. vous convenez de quelques objectifs Ă court terme pour les quatre prochaines semaines.
Domaine Etape
Qui sera responsable ?
Qui pourra tâaider ?
Comment savoir que
lâobjectif est atteint ?
Que faire en cas de
difficulté ?
Education Arriver à une assiduité de 100 %.
Câest toi qui seras responsable.
Rapport transmis par lâĂ©cole.
Revoir ton engagement Ă suivre le cours de menuiserie.
Education Etre Ă lâheure au minimum 19 jours sur les 20 proâchains jours.
Câest toi qui seras responsable.
Rapport transmis par lâĂ©cole.
M. D. viendra frapper à ta porte une heure avant ton départ.
Ces objectifs seront assortis dâun accord signĂ© :
Je mâengage Ă rĂ©aliser les Ă©tapes mentionnĂ©es ciâdessus. Je comprends que les informations transmises par lâĂ©cole seront prĂ©sentĂ©es au collĂšge lors de lâentretien du mois prochain.
Signé par : Y. Date : ...
Je mâengage Ă aider Y. Ă trouver de nouvelles opportunitĂ©s conformes Ă son engagement, Ă ses compĂ©tences et aux procĂ©dures lĂ©gales non discriminatoires.
Signé par : Intervenant de référence (IR) Date : ...
Si un jour Y. nâarrive pas Ă lâheure Ă lâĂ©cole, je mâengage Ă frapper bruyamment Ă sa porte le lendemain matin. Je pense quâil nâapprĂ©ciera pas !
Signé par : M. D. Date : ...
Je mâengage Ă fournir par courriel Ă lâintervenant de rĂ©fĂ©ârence (IR) des informations sur lâassiduitĂ© et la ponctualitĂ© de YâŠ
Signé par : Professeur principal Date : ...
42
Il ne sâagit pas lĂ dâun projet de vie, car seul un domaine de la vie de Y. est pris en compte. Cependant, câest une façon dâinitier Y. aux notions de travail en vue dâun objectif, de suivi des progrĂšs et dâaccord mutuel.
Vous espĂ©rez arriver Ă Ă©laborer un plan intĂ©grĂ© prenant en compte tous les aspects du cas de Y., son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur, son droit Ă dĂ©velopper tout son potentiel, dâexploiter ses aptitudes et de rĂ©aliser ses aspirations, ainsi que la maniĂšre dont il peut ĂȘtre aidĂ© pour devenir un membre actif, responsable et indĂ©pendant de la sociĂ©tĂ©.
A la rĂ©union suivante, vous projetez donc dâĂ©largir le sujet pour inclure dâautres aspects du dĂ©veloppement de Y. Celuiâci signale quâil aime beauâcoup jouer au football et quâil aimerait amĂ©liorer sa technique de jeu. Il y a une Ă©quipe Ă lâĂ©cole, mais Y. hĂ©site Ă y aller car il ne connaĂźt personne. Vous considĂ©rez cette activitĂ© comme bĂ©nĂ©fique pour sa santĂ© et son intĂ©gration. Vous appelez lâentraĂźneur pour que Y. puisse se rendre Ă une premiĂšre sĂ©ance et ĂȘtre prĂ©sentĂ© aux autres joueurs.
La version mise Ă jour de la note quinze jours plus tard pourrait ressembler Ă ceci :
Rencontre entre Y., lâintervenant de rĂ©fĂ©rence et le responsable des admissions de lâĂ©tablissement :
CritĂšres dâadmission : les Ă©lĂšves doivent avoir atteint le niveau 1 de langue et avoir rĂ©ussi un test de base de calcul.
Ils doivent montrer quâils sâintĂ©ressent Ă leurs Ă©tudes en gĂ©nĂ©ral et quâils ont des aptitudes pour le sujet.
Le dernier rapport relatif à la présence et à la ponctualité est acceptable.
Un bulletin a aussi été présenté sur les résultats généraux de Y., qui se sont considérablement améliorés.
Le vocabulaire de Y. comprend maintenant les outils de menuiserie et les types de bois.
La formation est Ă temps partiel et peut aller de pair avec un cours pour amĂ©liorer le niveau de langue et de calcul de Y. Celuiâci sera invitĂ© aux entretiens dâadmisâsion deux mois plus tard.
Autres rapports : Y. a commencĂ© Ă participer aux entraĂźnements de football Ă lâĂ©cole et il dit quâil aime beaucoup cela.
Y. a commencĂ© Ă comprendre que vous Ă©tiez prĂȘt Ă consacrer du temps Ă son avenir. Il espĂšre toujours un permis de travail, mais il comprend quâil y
43
a dâautres solutions que de travailler immĂ©diatement. Il semble maintenant sâintĂ©resser davantage Ă sa formation et commence Ă sâintĂ©grer au sein de la population du pays dâaccueil.
Vous tenez aussi Ă ce que Y. amĂ©liore ses capacitĂ©s dâautonomie, qui sont vitales pour son indĂ©pendance Ă long terme. Vous regrettez que son rĂ©gime alimentaire ne soit pas trĂšs variĂ©. M. D., le responsable de son hĂ©bergement, accepte de lui montrer comment prĂ©parer diffĂ©rents plats.
Y. frĂ©quente maintenant toutes les semaines un centre culturel des enviârons oĂč il aide des jeunes de son pays â qui nâont pas eu la chance dây ĂȘtre scolarisĂ©s â Ă lire et Ă Ă©crire dans leur langue maternelle. Câest une activitĂ© quâil apprĂ©cie. Certes, il commence seulement Ă maĂźtriser la langue du pays dâaccueil, mais le fait de partager ce quâil sait avec autrui renforce son estime de soi et sa confiance. Il commence ainsi Ă prendre conscience quâil apporte sa contribution Ă la sociĂ©tĂ©.
Peu de temps aprĂšs, bien que Y. ne soit pas autorisĂ© Ă travailler, les autoriâtĂ©s lui accordent un permis de sĂ©jour temporaire afin de poursuivre leurs investigations. Le cours de menuiserie semble donc pouvoir se concrĂ©tiser. Soucieux de la nĂ©cessitĂ© dâenvisager plusieurs plans, vous proposez de rechercher des cours analogues dans son pays dâorigine. Y. est persuadĂ© que de tels cours sont onĂ©reux et quâils ne dĂ©boucheront pas sur un emploi, mais vous lui rappelez quâil est toujours utile de garder lâesprit ouvert.
Vous le fĂ©licitez pour ses rĂ©sultats actuels et vous vous dites certain quâil rĂ©ussira Ă lâavenir. Vous montrez que vous souhaitez quâil soit une personne Ă©panouie et pas seulement un salariĂ© potentiel. PeutâĂȘtre commenceâtâil Ă percevoir que lâĂ©ducation nâest pas seulement le moyen dâatteindre un but, mais une activitĂ© pour laquelle on peut sâenthousiasmer et qui peut susciter un sentiment dâaccomplissement, voire confĂ©rer un statut. LâĂ©ducation, dans un premier temps envisagĂ©e exclusivement comme un objectif intermĂ©diaire au service dâun but, devient petit Ă petit un objectif Ă part entiĂšre, qui possĂšde une valeur intrinsĂšque. De plus, en suivant une formation, Y. Ă©largit son horizon et dĂ©veloppe des aptitudes Ă lâautonomie et Ă la rĂ©solution de problĂšmes.
Juste avant la rĂ©union suivante, vous ĂȘtes informĂ© que les recherches ont montrĂ© quâen fait, Y. est venu dans une autre rĂ©gion de votre pays aupaâravant, avant de disparaĂźtre du lieu oĂč il Ă©tait hĂ©bergĂ©. Il semble quâil soit rentrĂ© dans sa famille avant de repartir Ă nouveau.
44
Y. arrive Ă la rencontre suivante quelque peu prĂ©occupĂ©. Il rĂ©vĂšle que sa famille a pris contact avec lui et quâelle a des dettes envers les intermĂ©diaires qui ont facilitĂ© sa migration. HarcelĂ©e par ceuxâci, elle fait pression sur Y., qui est lâaĂźnĂ©, pour quâil envoie immĂ©diatement des fonds. Vous demandez Ă Y. ce quâil en est de son voyage prĂ©cĂ©dent et de son retour. Il dĂ©clare quâil est rentrĂ© parce quâil Ă©tait retenu dans un foyer fermĂ©, quâil ne pouvait pas travailler et que personne ne comprenait combien sa famille Ă©tait déçue par son Ă©chec. Il a dĂ©cidĂ© de rentrer, mais quelques mois plus tard, il a eu envie de rĂ©essayer. Il semble que la famille ne comprenne guĂšre que Y. bĂ©nĂ©ficie du statut de mineur protĂ©gĂ© par les autoritĂ©s du pays dâaccueil. Elle lâaccuse maintenant de paresse ou mĂȘme de gagner de lâargent et de le garder pour lui. Deux des cousins de Y. sont allĂ©s Ă lâĂ©tranger et envoient maintenant des fonds Ă leurs parents.
Vous comprenez les difficultĂ©s de la famille, mais vous continuez de mettre lâaccent sur lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de Y. Ce nâest pas toujours simple : en inversant la hiĂ©rarchie des besoins de Maslow, vous voyez que Y. a besoin dâappartenir Ă un groupe, que son sens du devoir Ă lâĂ©gard de sa famille et la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server ses rapports avec elle peuvent ĂȘtre satisfaits sâil leur envoie de lâargent maintenant par nâimporte quel moyen. Votre perception de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de Y. peut ne pas ĂȘtre momentanĂ©ment en accord avec la sienne : ce que vous considĂ©rez comme une protection, Y. peut le percevoir comme une forme de contrĂŽle ou dâobstacle Ă ses besoins.
Il vous faudra lui expliquer cela, sans laisser entendre que sa famille ne se soucie pas de lui, mais en rappelant Ă©ventuellement quâelle nâest peutâĂȘtre pas consciente des possibilitĂ©s qui sâoffrent Ă lui aujourdâhui et dont elle pourrait Ă©galement tirer un bĂ©nĂ©fice sur le long terme. Vous ĂȘtes conscient quâaprĂšs le retour de Y., il a fini par ĂȘtre remis sur le parcours de lâĂ©migration, ce qui nâest pas forcĂ©ment dans son intĂ©rĂȘt. Enfin, il vous faudra peutâĂȘtre rappeler Ă Y. que vous ĂȘtes tenu de rendre des comptes conformĂ©ment Ă la lĂ©gislation de votre pays et que la mission que vous menez doit se conformer Ă certains principes auxquels vous ne pouvez dĂ©roger. Y. ne partagera peutâĂȘtre pas votre point de vue, mais il respectera en principe votre constance Ă le considĂ©rer, dans votre travail de soutien, comme un ĂȘtre humain pouvant prĂ©tendre Ă certains droits.
Si Y. et vous avez bĂąti une relation de respect et de confiance mutuels, vous pouvez le conseiller sur la façon dâexpliquer au mieux la situation Ă sa famille. Y. acquiesce. Vous restez ouvert et vous rĂ©sistez Ă la tentation de supposer
45
que la famille de Y. nâacceptera pas de sâengager dans ce processus. Vous expliquez aussi que, par le jeu des relations bilatĂ©rales, les autoritĂ©s et les ONG de son pays dâorigine tentent aussi de prendre contact avec sa famille et quâils transmettront le rĂ©sultat de leurs recherches aux autoritĂ©s du pays dâaccueil.
Vous et Y. ĂȘtes maintenant plus Ă mĂȘme de formuler un projet de vie global et dĂ©taillĂ©. La fiche projet35 contient une liste des diffĂ©rents domaines et aspects de la situation. Si certaines parties ne conviennent pas, indiquez que vous les avez lues, mĂȘme si vous prĂ©cisez « sans objet » ou si vous donnez une brĂšve rĂ©ponse. Par exemple, Y. ne semble pas avoir besoin actuellement dâune aide mĂ©dicale. Le formulaire doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un outil flexible : sâil est au format Word, vous pouvez lâabrĂ©ger ou le dĂ©tailler pour lâadapter Ă la situation.
Afin de vous assurer que Y. sâapproprie son projet de vie, pensez Ă inclure, avec les projets sĂ©rieux, des Ă©lĂ©ments rĂ©crĂ©atifs, que Y. aura luiâmĂȘme proposĂ©s.
Le tableau suivant présente, en résumé, un exemple des principaux éléments du projet de vie de Y.
35. AprĂšs mĂ»re rĂ©flexion, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de ne pas proposer de modĂšle pour la fiche complĂšte du projet de vie. En effet, dans certains pays, les normes nationales concernant tous les enfants pris en charge sont plus ambitieuses, plus ciblĂ©es et plus prĂ©cises que celles prĂ©sentĂ©es dans la Recommandation. Or, un Etat doit toujours appliquer la norme la plus Ă©levĂ©e, notamment dans les fiches projets, norme qui nâest pas forcĂ©ment applicable dans les autres Etats. Un modĂšle dĂ©taillĂ© et universel serait donc source de confusion et contreâproductif.
46
Dom
aine
Etap
eRe
spon
sa bi
lité/
so
utie
nSu
ivi
RĂ©so
lutio
n
des
prob
lĂšm
esEd
ucat
ion
: gén
Ă©ral
ités.
Cont
inue
r dâĂȘ
tre
assi
du
et p
onct
uel.
Toiâm
ĂȘme.
Rapp
orts
tran
smis
par
lâĂ©
cole
.En
tret
ien
com
plém
enâ
taire
, réé
valu
atio
n de
ta
mot
ivat
ion.
Educ
atio
n : l
angu
e,
auto
disc
iplin
e.
App
rend
re u
ne n
ouâ
velle
list
e de
voc
aâbu
laire
par
sem
aine
. Ec
oute
r des
cas
sett
es
de g
ram
mai
re. O
bjec
tif :
réus
sir u
n pr
emie
r tes
t de
gra
mm
aire
.
Toiâm
ĂȘme
pour
lâesâ
sent
iel.
Ton
cons
eille
r pé
dago
giqu
e te
four
âni
ra le
mat
Ă©rie
l.
Tu d
evra
s Ă©t
udie
r ch
aque
soi
r dan
s la
no
uvel
le s
alle
dâĂ©
tude
du
foye
r.
Rapp
orts
tran
smis
par
lâĂ©
cole
.
Rapp
ort t
rans
mis
par
M
. D.
Répé
ter l
âĂ©ta
pe n
o 1 e
n ca
s dâ
Ă©che
c â
mai
s tu
ré
ussi
ras !
Si tu
nâu
tilis
es p
as la
sa
lle d
âĂ©tu
de, M
. D.
attr
ibue
ra ta
pla
ce Ă
qu
elqu
âun
dâau
tre.
Educ
atio
n : c
alcu
l, tr
avai
l en
grou
pe,
aptit
udes
soc
iale
s.
Part
icip
er a
ctiv
emen
t au
pro
jet c
olle
ctif
sur
lâĂ©va
luat
ion
du c
oût d
u no
uvea
u gy
mna
se d
e lâĂ©
cole
.
Tu p
arta
gera
s la
re
spon
sabi
lité
avec
dâ
autr
es m
embr
es d
u gr
oupe
.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) p
révo
it dâ
assi
ster
, dan
s to
n Ă©c
ole,
Ă la
pré
sent
atio
n du
trav
ail r
Ă©alis
Ă© pa
r le
grou
pe.
Si tu
ne
part
icip
es p
as
au tr
avai
l du
grou
pe,
tu d
evra
s as
sist
er d
e no
uvea
u au
cou
rs d
e m
aths
de
nive
au 2
.
Educ
atio
n : r
espo
nsaâ
bilit
Ă© so
cial
e.Co
ntin
uer d
âaid
er le
s je
unes
Ă©lĂš
ves
du c
entr
e cu
lture
l.
Câes
t toi
qui
es
Ă lâi
nitia
tive
de c
ette
pr
opos
ition
. Tu
en s
eras
re
spon
sabl
e, a
vec
lâaid
e de
ton
ense
igna
nt.
Feed
âbac
k in
form
el d
u ce
ntre
.
Feed
âbac
k de
ta p
art.
Aid
er le
cen
tre
dans
sa
rech
erch
e de
fin
ance
men
ts.
Sant
Ă©, m
ode
de v
ie,
trav
ail e
n Ă©q
uipe
, in
tégr
atio
n.
Essa
yer d
âobt
enir
une
plac
e da
ns lâĂ©
quip
e de
fo
otba
ll de
lâĂ©co
le.
Câes
t toi
qui
ser
as
resp
onsa
ble,
ave
c lâa
ide
de M
. E.
Feed
âbac
k de
ta p
art.
Rapp
ort t
rans
mis
par
M
. E.
Cont
inue
r Ă jo
uer a
u fo
otba
ll ou
ess
ayer
un
autr
e sp
ort.
47
Dom
aine
Etap
eRe
spon
sa bi
lité/
so
utie
nSu
ivi
RĂ©so
lutio
n
des
prob
lĂšm
esAc
quér
ir so
n in
dĂ©â
pend
ance
, san
té,
auto
nom
ie.
App
rend
re Ă
cui
sine
r tr
ois
nouv
eaux
pla
ts
Ă©qui
libré
s.
Câes
t toi
qui
as
choi
si le
s re
cett
es.
Feed
âbac
k de
ta p
art e
t de
M. D
.Tu
doi
s re
ster
au
foye
r ju
squâ
Ă ce
que
tu s
ois
vrai
men
t en
mes
ure
dâem
mén
ager
dan
s lâa
pâpa
rtem
ent c
omm
un.
Acqu
Ă©rir
son
indé
penâ
danc
e, re
spon
sabi
lité
soci
ale.
Pren
dre
ton
tour
de
nett
oyag
e de
s pa
rtie
s co
mm
unes
du
foye
r.
Câes
t toi
qui
ser
as
resp
onsa
ble.
Feed
âbac
k de
M. D
.Id
em c
iâdes
sus.
Iden
tité,
con
trib
utio
n Ă
la s
ocié
té.
Tu in
diqu
eras
Ă G
. les
tr
ajet
s de
bus
Câ
est t
oi q
ui lâ
as
prop
osé.
Tu
en s
eras
re
spon
sabl
e.
Feed
âbac
k co
mm
un d
e ta
par
t, de
G. e
t de
M. D
.Si
tu n
âarr
ives
pas
Ă
men
er Ă
bie
n ce
tte
actiâ
vité
, G. s
e fe
ra a
ider
par
qu
elqu
âun
dâau
tre.
Iden
tité,
app
arte
nanc
e,
liens
fam
iliau
x.Ex
pliq
uer Ă
ta fa
mill
e to
n pr
ojet
de
vie
et
quâa
ujou
rdâh
ui, t
on
obje
ctif
est d
e le
ré
alis
er. E
n ex
pliq
uer l
es
avan
tage
s.
Câes
t toi
qui
ser
as
resp
onsa
ble.
Pou
r cet
te
Ă©tap
e, to
n in
terv
eâna
nt d
e ré
fére
nce
(IR)
tâa fo
urni
une
car
te
télé
phon
ique
.
Tu e
xpliq
uera
s Ă
ton
inte
rven
ant d
e ré
fĂ©â
renc
e (IR
) ce
qui s
âest
pa
ssé.
Si tu
ne
le fa
is p
as, d
es
déci
sion
s oĂč
tu a
uras
un
e m
oind
re p
art p
ourâ
ront
ĂȘtr
e pr
ises
par
des
ad
ulte
s.
Fact
eurs
ext
erne
s.Te
teni
r au
cour
ant d
es
inve
stig
atio
ns d
ans
ton
pays
dâo
rigin
e.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce.
Tu
ser
as c
onta
cté
en c
as
de n
ouve
auté
.Si
ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) n
âest
pa
s di
spon
ible
, câe
st
le c
hef d
âĂ©qu
ipe
qui t
e co
ntac
tera
.M
ultip
roje
ts.
Faire
des
rech
erch
es
Ă pr
opos
de
cour
s de
m
enui
serie
dan
s to
n pa
ys d
âorig
ine.
Câes
t ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) q
ui s
era
resp
onsa
ble.
Tu re
cevr
as u
n fe
edâb
ack.
Sâil
nâex
iste
pas
de
cour
s, un
ent
retie
n se
ra
prév
u po
ur e
nvis
ager
dâ
autr
es s
olut
ions
.
48
3.5. Accords Ă©crits et engagement mutuel : histoire de Y. (suite)
Toute cette dĂ©marche sâappuie sur un accord Ă©crit de Y., de vousâmĂȘme et des autres professionnels associĂ©s au projet. Si les projets ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© acceptĂ©s par toutes les personnes intĂ©ressĂ©es, Ă©vitez dâimposer des tĂąches de secrĂ©tariat trop accaparantes Ă dâautres professionnels. Vous pouvez simplement prĂ©voir une case dans laquelle chacun (vousâmĂȘme, le conseiller pĂ©dagogique, M. D. et M. E.) apposera sa signature pour valider toutes les tĂąches prĂ©vues.
En revanche, si vous avez le sentiment que lâaccord devrait ĂȘtre formulĂ© de façon plus formelle et plus claire, vous pouvez proposer un modĂšle plus dĂ©taillĂ© peutâĂȘtre avec une section ou un encadrĂ© pour le mineur et lâautre pour chaque professionnel, indiquant en dĂ©tail et clarifiant le rĂŽle de chaque personne.
Une date sera fixĂ©e pour le prochain bilan, sous rĂ©serve de changements, en particulier si les autoritĂ©s du pays dâorigine de Y. prennent contact avec sa famille et achĂšvent leur Ă©valuation de la capacitĂ© de celleâci Ă rĂ©pondre aux besoins de Y.
Vous ĂȘtes arrivĂ© Ă deux rĂ©sultats importants lors de cette rencontre : vous avez Ă©tĂ© franc avec Y. et vous nâavez rien promis qui dĂ©passe vos capacitĂ©s. Lâavenir de Y. reste incertain, mais celuiâci commence Ă comprendre que votre avis nâest pas fondĂ© sur des prĂ©conceptions. Il voit que vous essayez de comprendre son point de vue et que les conseils que vous lui prodiguez ne visent pas Ă dresser des barriĂšres, mais Ă veiller Ă ce quâil ne passe pas Ă cĂŽtĂ© dâoccasions qui pourraient favoriser ses projets Ă long terme. Y. peut ne pas ĂȘtre dâaccord avec tout ce que vous dites, mais il commence Ă remarquer le temps que vous lui consacrez et votre souci de son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur.
Ensuite, bien que Y. doive rendre des comptes et comprendre quâil sâest engagĂ©, votre tactique dans ce projet de vie a consistĂ© non pas tant Ă antiâciper des sanctions si Y. « Ă©choue » quâĂ le motiver et Ă lâinciter Ă rĂ©ussir. Il est plus probable que Y. sâattache Ă rĂ©ussir parce quâil peut escompter un sentiment de satisfaction et de fiertĂ© devant ce qui a Ă©tĂ© accompli, et non parce que dâautres veulent quâil rĂ©ussisse. Il est significatif que dans le « Every Child Matter » citĂ© prĂ©cĂ©demment, « faisâtoi plaisir et rĂ©ussis » soit considĂ©rĂ© comme un seul domaine et non comme deux notions distinctes.
49
3.6. Bilans réguliers et programmés
Une fois que ce travail difficile a eu lieu, lâĂ©ducateur surchargĂ© de travail se demandera peutâĂȘtre sâil est vraiment nĂ©cessaire de prĂ©voir des bilans rĂ©guliers. Ne seraitâil pas plus simple dâattendre, de voir ce qui se passe, sachant que le suivi en cours garantira quâen cas de problĂšme, nous serons assurĂ©s dâen ĂȘtre informĂ©s ?
Les bilans réguliers sont essentiels pour plusieurs raisons :
â Il se peut que le mineur ou une autre personne ait des problĂšmes, mais ne soit pas suffisamment confiant pour en parler. Les rĂ©unions programmĂ©es lui permettent de poser des questions sans difficultĂ© et sans avoir le sentiment dâĂȘtre trop exigeant.
â Il se peut que plusieurs personnes aient chacune de petits problĂšmes qui, pris individuellement, ne semblent pas importants, mais qui, pris ensemble, prennent une tout autre signification.
â Les bilans pĂ©riodiques permettent de sâattaquer aux petits problĂšmes avant quâils ne sâaggravent.
â La souplesse est lâun des principes clĂ©s du projet de vie. Face Ă un proâblĂšme, il est en effet tentant de se laisser porter en oubliant dâexaminer les diffĂ©rentes solutions, ce qui finalement peut mener Ă une impasse. Les bilans pĂ©riodiques rappellent Ă tous les partenaires quâil convient de garder un esprit ouvert.
â Les bilans pĂ©riodiques permettent de dĂ©gager les progrĂšs rĂ©alisĂ©s et au mineur de retrouver la confiance en soi et lâestime de soi.
â GrĂące aux rapports pĂ©riodiques, dâautres personnes peuvent prendre connaissance des progrĂšs rĂ©alisĂ©s.
â Ils permettent aux professionnels dâĂ©valuer leur propre contribution en fonction des rĂ©sultats atteints36.
â Ils peuvent euxâmĂȘmes ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme un droit37 ; ils sont essentiels en matiĂšre de responsabilitĂ© visâĂ âvis de la sociĂ©tĂ©.
36. Au RoyaumeâUni par exemple, les bilans sont dirigĂ©s par un responsable indĂ©pendant (Independent Reviewing Officer, IRO), qui est chargĂ© de suivre lâampleur du soutien apportĂ© et de formuler des recommandations. Il est capital quâil soit indĂ©pendant face aux pouvoirs locaux ou au travailleur social qui soutient lâenfant ou le jeune pris en charge.37. Article 25, Convention des droits de lâenfant des Nations Unies, adoptĂ©e en 1989.
50
Il serait utile que les bilans réguliers puissent suivre un modÚle comprenant les points suivants :
â vĂ©rifier les progrĂšs rĂ©alisĂ©s en matiĂšre dâĂ©tapes et dâobjectifs convenus, envisager la façon de les enrichir pour quâils soient un peu plus ambiâtieux et quâils montrent le chemin parcouru ;
â permettre Ă tous les intervenants dâavoir leur mot Ă dire, en particulier le mineur ;
â rĂ©Ă©valuer la pertinence des buts, envisager dâautres solutions, reformuâler le projet de vie si nĂ©cessaire, soit lors du bilan, soit en organisant dâautres rencontres.
Quand des changements sont attendus, les bilans programmĂ©s deviennent encore plus importants. Il se peut que leur frĂ©quence doive augmenter. Cela peut ĂȘtre dĂ» Ă des circonstances extĂ©rieures, par exemple si un mineur approche de lâĂąge de la majoritĂ©, pour prĂ©parer lâexpiration dâun permis de sĂ©jour temporaire, si un recours est prĂ©vu, ou si le renvoi dans la famille est Ă lâĂ©tude (en particulier dans les cas oĂč aucune demande dâasile nâest prĂ©sentĂ©e). Il est capital alors dâexaminer des questions dĂ©licates, mais essentielles, comme cellesâci : « Comment vasâtu subvenir Ă tes besoins si lâaide que nous te prodiguons en tant que mineur cesse ? », « A quelle aide aurasâtu accĂšs si ton statut de rĂ©sident change ? » Certaines de ces questions seront liĂ©es Ă©troitement au processus dâimmigration dans les diffĂ©rents pays dâaccueil et il sera impossible dâenvisager dâautres solutions dans ce cas : les intervenants de rĂ©fĂ©rence des divers pays dâaccueil seront les mieux placĂ©s pour prĂ©parer Ă cellesâci.
Parfois, les changements attendus concernent le mineur de façon plus personnelle : naissance prochaine dâun enfant, intervention chirurgicale programmĂ©e, regroupement avec un membre de la famille ou entrĂ©e Ă lâuniversitĂ©. Si chaque situation est unique, le rĂŽle du projet de vie est de conjurer, dans la mesure du possible, lâincertitude et la confusion en proâposant des solutions de substitution mĂ»rement rĂ©flĂ©chies.
3.7. Suivre et mettre en Ćuvre un projet de vie et gĂ©rer les difficultĂ©s : lâhistoire de B.
Tandis que Z. et Y. travaillent sur leurs projets de vie, vous continuerez de rencontrer beaucoup dâautres jeunes aux histoires singuliĂšres. Prenons mainâtenant le cas de B., jeune fille ĂągĂ©e de 17 ans, que vous connaissez depuis
51
presque deux ans. Ses parents, de profession libĂ©rale, se sont investis sur le plan affectif et Ă©ducatif. A son arrivĂ©e, B. avait dĂ©jĂ une certaine maĂźtrise de la langue du pays dâaccueil, Ă©galement langue officielle de son pays dâoriâgine. Elle disposait donc dâatouts qui lui assuraient une certaine protection. Sa demande dâasile a Ă©tĂ© rejetĂ©e, mais on lui a accordĂ© une autorisation de rĂ©sidence temporaire jusquâĂ sa majoritĂ©, conformĂ©ment au principe de nonârefoulement. Ses parents, opposants au rĂ©gime, ont Ă©tĂ© tuĂ©s, et B. est persuadĂ©e que si elle retourne dans son pays, elle subira le mĂȘme sort. Aucune solution comportant lâĂ©ventualitĂ© dâun retour dans son pays ne semble rĂ©alisable Ă ses yeux ni aux vĂŽtres. Les recherches effectuĂ©es nâont pas permis de trouver de programmes de rĂ©insertion ni dâaccords bilatĂ©raux, et dâaprĂšs les statistiques, la plupart des ressortissants de ce pays demandant lâasile finissent par obtenir gain de cause.
Comme elle Ă©tait traumatisĂ©e, B. a reçu une aide spĂ©cialisĂ©e dĂšs son arrivĂ©e dans le pays dâaccueil. Elle a toutefois bien progressĂ© Ă lâĂ©cole et a participĂ© Ă des activitĂ©s sportives et religieuses avec plaisir. Elle abordait aussi son intĂ©gration dans le pays dâaccueil de maniĂšre positive. LâannĂ©e derniĂšre, B. a dĂ©mĂ©nagĂ© dans un appartement commun avec dâautres jeunes femmes. A cette occasion, elle fait preuve de son indĂ©pendance et de ses talents dâorganisatrice.
RĂ©cemment cependant, un ami de B. ĂągĂ© de 20 ans a Ă©tĂ© rapatriĂ© aprĂšs le rejet de son recours auprĂšs des services de lâimmigration. Depuis, B. a perdu son allant et se sent dĂ©primĂ©e. Son conseiller pĂ©dagogique craint que son assiduitĂ© et ses progrĂšs scolaires ne sâen ressentent. Ses colocataires vous racontent quâelle passe visiblement des heures au lit. Vous dĂ©cidez de mettre en place une rĂ©union supplĂ©mentaire pour faire le point sur son projet de vie.
B. explique son manque de motivation : il lui semble inutile de fournir des efforts pour obtenir le diplĂŽme intermĂ©diaire X sâil lui est impossible par la suite dâavoir accĂšs Ă la formation correspondant au diplĂŽme supĂ©rieur Y ni au marchĂ© du travail dans le pays dâaccueil. Elle explique quâelle a des difficultĂ©s Ă dormir et que, pour cette raison, elle est trĂšs fatiguĂ©e dans la journĂ©e. Il se peut que B. se sente si dĂ©primĂ©e quâelle ne voit pas lâintĂ©rĂȘt de se faire conseiller ni de sâinvestir dans les Ă©tudes ou dans une activitĂ© rĂ©crĂ©ative â encore moins dans son projet de vie â, alors que la menace dâun retour forcĂ© occupe rĂ©guliĂšrement ses pensĂ©es. Certes, B. a jusqueâlĂ adoptĂ© une attitude constructive et montrĂ© quâelle pouvait rĂ©ussir, mais comme nous lâapprend la hiĂ©rarchie des besoins de Maslow, elle ne peut se concentrer
52
sur ses Ă©tudes, car son besoin de se sentir en sĂ©curitĂ© nâest pas correctement satisfait. Elle a certes pris confiance en elle, mais pas suffisamment pour surâmonter les difficultĂ©s causĂ©es par des facteurs environnementaux (externes), sur lesquels elle nâa aucun contrĂŽle. B. nâa pas suffisamment dĂ©veloppĂ© son aptitude personnelle Ă surmonter lâadversitĂ©, autrement dit sa rĂ©silience.
Vous aimeriez rassurer B. mais vous savez aussi bien quâelle quâune fois adulte, elle devra porter Ă nouveau son cas devant les autoritĂ©s dâimmiâgration et que ni elle ni vous ne pouvez anticiper ce que sera la dĂ©cision finale. B. savait que sa situation serait revue plus en dĂ©tail dans quelques mois, avant son dixâhuitiĂšme anniversaire, mais jusquâĂ rĂ©cemment elle ne sâempĂȘchait pas « dâaller de lâavant ».
Vous constatez que lâexposĂ© des motifs de38 la Recommandation prĂ©conise dâautoriser les mineurs Ă achever dans le pays dâaccueil lâenseignement ou la formation professionnelle quâils suivent dans le cadre de leur projet de vie, mĂȘme lorsquâils atteignent la majoritĂ©. Vous savez par ailleurs que dans certains Etats membres, les autoritĂ©s qui doivent prendre une dĂ©cision concernant la rĂ©sidence permanente ont la possibilitĂ© de tenir compte du degrĂ© et de la volontĂ© dâintĂ©gration de la personne. Vous ne pouvez ĂȘtre certain que B. pourra en bĂ©nĂ©ficier, mais vous prĂ©voyez cependant de transmettre un rapport favorable sur le plan social, tout en sachant que vous nâavez aucun rĂŽle judiciaire. Vous dĂ©cidez aussi dâintervenir au niveau interpersonnel afin de lui redonner confiance et de lâaider Ă dĂ©velopper sa rĂ©silience. Vous gardez toujours Ă lâesprit que les progrĂšs de B. pourront diminuer lâimpact des facteurs externes, sans toutefois vous reposer sur cette seule hypothĂšse.
Il faudra trouver un Ă©quilibre subtil entre, dâune part, le soutien moral et lâencouragement Ă poursuivre le processus dâintĂ©gration et, dâautre part, le renforcement des compĂ©tences, de la confiance, de lâadaptabilitĂ©, de la rĂ©silience et des capacitĂ©s Ă rĂ©soudre les problĂšmes, facultĂ©s qui lui serviront dans toutes les circonstances de la vie, et dâautant plus en cas de rapatriement.
Câest probablement en conservant une attitude positive que B. servira le mieux son intĂ©rĂȘt supĂ©rieur, car elle agira dans le prĂ©sent de façon construcâtive au lieu de placer tous ses espoirs dans lâavenir. Votre objectif est donc de lâaider Ă se concentrer sur les opportunitĂ©s qui se prĂ©sentent aujourdâhui
38. Paragraphe 28.
53
et Ă viser des objectifs Ă moyen terme qui pourraient plus tard lui ouvrir des portes â mais aussi en fermer â, et ce, sans faire lâerreur de les considĂ©rer exclusivement comme des moyens dâatteindre des objectifs Ă plus long terme, que ce soit en matiĂšre dâĂ©ducation ou pour ce qui concerne le permis de sĂ©jour.
Les objectifs, lorsquâils sont utiles, ont leur propre pertinence et leur valeur intrinsĂšque :
â Encouragez B. Ă se faire aider psychologiquement par tous les moyens : cela lâa aidĂ©e dans le passĂ© et pourrait encore lâaider aujourdâhui.
â Rappelezâlui que lâĂ©ducation est une valeur durable. Ditesâlui que, manifestement, sa famille voit Ă©galement les choses ainsi et que ce quâelle a appris dans son pays dâorigine quand elle Ă©tait enfant lui reste acquis, mĂȘme aprĂšs son dĂ©part.
â Rappelezâlui le bon cĂŽtĂ© de lâĂ©ducation sur le plan social, pour se faire des amis par exemple.
â FĂ©licitezâla pour ses progrĂšs en langue qui lui seront dâun grand secours, quâelle reste ici ou quâelle finisse par retourner dans son pays. Ses connaissances linguistiques lui offriront des dĂ©bouchĂ©s, mĂȘme si elle sâinstalle ailleurs.
â Les compĂ©tences transversales et les diplĂŽmes â dans des matiĂšres Ă visĂ©e professionnelle, mais aussi sur des sujets plus thĂ©oriques comme les sciences â sont reconnus dans de nombreux pays. Son projet de vie pourra Ă©ventuellement lâaider dans ce transfert et cette continuitĂ©.
â Ce quâelle est parvenue Ă faire et les objectifs quâelle sâest fixĂ©s en ce qui concerne son mode de vie, le sport ou les loisirs constituent des acquis durables pour sa santĂ©, son estime de soi et in fine sa capacitĂ© dâautonomisation.
Vous convenez ensemble que lâimportant maintenant nâest pas dâopĂ©rer un changement de direction radical, mais de rĂ©Ă©chelonner les objectifs et dâajouter ou de rĂ©tablir des Ă©lĂ©ments qui pourraient lâaider. B. accepte de retourner en consultation, mais elle est gĂȘnĂ©e dâĂȘtre une fois de plus en position de demandeur et souhaiterait que vous interveniez en premier. Elle a maintenant lâĂąge de signer un formulaire de consentement par lequel elle vous autorise Ă contacter la clinique psychiatrique. Par ailleurs, B. comprend quâelle peut tirer parti dâun entretien avec son conseiller pĂ©dagogique pour discuter des possibilitĂ©s de reprise des Ă©tudes.
54
Rendezâvous est pris avec le conseiller pĂ©dagogique sans grande difficultĂ©, mais les services dâaide psychologique sont trĂšs occupĂ©s et les problĂšmes de B. relĂšvent, selon eux, dâune rĂ©action comprĂ©hensible Ă la sĂ©paration et non dâun problĂšme psychologique. Vous insistez : B. est terrorisĂ©e par lâidĂ©e dâun retour Ă©ventuel et passe des nuits sans dormir. Vous dĂ©fendez son droit Ă ĂȘtre examinĂ©e par un professionnel aprĂšs une Ă©valuation en bonne et due forme et ils acceptent finalement de fixer un premier rendezâvous.
La mise à jour du dossier pourrait se présenter ainsi :
Entretien entre B. et le docteur E. Ă la clinique psychiatrique. A la demande de B. lâintervenant de rĂ©fĂ©rence est prĂ©sent.
B. explique quâelle a des difficultĂ©s Ă sâendormir et quâelle se rĂ©veille souvent Ă cause de ses cauchemars. Elle ne retrouve le sommeil quâau petit matin. Elle a du mal Ă se concentrer pendant la journĂ©e et ne semble plus sâintĂ©resser Ă ce qui lui faisait plaisir auparavant.
Rendezâvous est pris pour la premiĂšre de quatre sĂ©ances de relaxation et de techniques dâinduction du sommeil la semaine suivante.
Entretien au lycĂ©e entre B., Mme F. et lâIR .
Il est signalĂ© que B. a des difficultĂ©s Ă dormir, ce qui explique son manque de ponctualitĂ© et de concentration. Les solutions mises en place avec lâaide du docteur E. sont prĂ©sentĂ©es.
Mme F. se montre bienveillante Ă lâĂ©gard de B., notamment au vu de la dĂ©terminaâtion dont cette derniĂšre a fait preuve par le passĂ©. Un nouveau programme est Ă©tabli afin de rĂ©duire la charge de travail de B. et lui permettre de se concentrer sur ses matiĂšres fortes.
Poursuite de la discussion avec B. :
B. accepte de reprendre la natation, activitĂ© quâelle apprĂ©ciait auparavant.
Vous apportez ensemble quelques modifications au projet de vie, que lâon peut rĂ©sumer ainsi :
55
Dom
aine
Etap
eRe
spon
sa bi
lité/
sout
ien
Suiv
iIm
prév
us/s
olut
ions
de
rem
plac
emen
t
Sant
Ă©.Co
ntin
uer d
e pa
rtiâ
cipe
r aux
séa
nces
. U
tilis
er le
s te
chni
ques
dâ
indu
ctio
n du
so
mm
eil.
Le d
octe
ur E
. tâa
ider
a,
mai
s tu
ser
as a
ussi
re
spon
sabl
e.
Feed
âbac
k de
ta p
art
et d
u do
cteu
r E.
Pres
crire
des
méd
iâca
men
ts p
our u
ne
cour
te d
urée
.
Educ
atio
n : r
Ă©tab
lir
une
régu
larit
Ă©.Et
re Ă
lâhe
ure
au m
iniâ
mum
3 jo
urs
sur 4
.Câ
est t
oi q
ui s
eras
re
spon
sabl
e.Ra
ppor
ts d
u ly
cée.
Dan
s un
pre
mie
r te
mps
, pre
scrir
e de
s m
Ă©dic
amen
ts c
omm
e in
diqu
Ă© ci
âdes
sus.
En
dern
ier r
ecou
rs, p
asâ
ser Ă
une
form
atio
n Ă
tem
ps p
artie
l.
Educ
atio
n : d
Ă©tai
ls.
Ratt
rape
r ton
reta
rd
en c
him
ie e
t en
mat
hs.
Arr
ĂȘter
les
cour
s de
ph
ysiq
ue.
Câes
t toi
qui
ser
as
resp
onsa
ble,
ave
c un
e ai
de s
uppl
Ă©men
taire
de
s co
nsei
llers
péd
aâgo
giqu
es tr
ois
heur
es
par s
emai
ne.
Rapp
orts
du
lycé
e.RĂ©
exam
iner
les
obje
câtif
s ; s
uppr
imer
Ă©ve
nâtu
elle
men
t une
aut
re
mat
iĂšre
cet
te a
nnée
ou
redo
uble
r le
cour
s lâa
nnée
pro
chai
ne.
Sant
Ă© et
mod
e de
vie
.Re
pren
dre
la n
ataâ
tion,
au
min
imum
3
sem
aine
s su
r 4.
Câes
t toi
qui
ser
as re
sâpo
nsab
le. T
on in
terv
eâna
nt d
e ré
fére
nce
(IR)
tâa fo
urni
une
car
te
de ré
duct
ion
pour
la
pisc
ine.
Feed
âbac
k de
ta p
art.
Envi
sage
r dâa
utre
s sp
orts
ou
dâau
tres
ac
tivité
s.
56
Vous signez ensemble cette mise au point comme dâhabitude et convenez de vous rĂ©unir dans un mois pour faire le point sur les progrĂšs.
3.8. RĂ©viser le projet de vie : lâhistoire de K.
La rĂ©vision du projet de vie de B. reposait sur la rĂ©solution des problĂšmes et non sur une rĂ©orientation radicale, la possibilitĂ© dâun changement ultĂ©rieur nâĂ©tant toutefois pas exclue. ConsidĂ©rons maintenant lâexemple de K. dont le projet de vie doit ĂȘtre rĂ©orientĂ©.
K. a presque 18 ans. A son arrivĂ©e dans le pays dâaccueil il y a deux ans, il a dĂ©posĂ© une demande dâasile. Etant donnĂ© les raisons quâil a invoquĂ©es pour obtenir lâasile et la difficultĂ© de savoir si les membres de sa famille sont encore vivants â ainsi que le manque de clartĂ© des explications quâil a fournies aux autoritĂ©s â, le rejet de sa demande dâasile ne vous surprend pas. En vertu du principe de nonârefoulement, K. a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă rester dans le pays dâaccueil jusquâĂ sa majoritĂ©.
K. a reçu une bonne Ă©ducation dans son pays dâorigine et connaissait dĂ©jĂ la langue du pays dâaccueil avant son arrivĂ©e. Il a toujours Ă©tĂ© extrĂȘmement motivĂ© par les Ă©tudes ; câest manifestement un battant, dotĂ© dâun trĂšs fort potentiel et animĂ© de grandes ambitions.
Bien que K. soit arrivĂ© avant que le processus de projet de vie ne soit mis en place, diffĂ©rentes options sur le long terme ont Ă©tĂ© envisagĂ©es. En Ă©tablisâsant son projet, officiellement commencĂ© il y a un an, vous avez tentĂ© de rĂ©flĂ©chir avec lui aux diffĂ©rents scĂ©narios envisageables en cas de refus de sa demande dâasile. Il Ă©tait alors trĂšs confiant et pensait que les problĂšmes seraient rĂ©solus. Contrairement Ă B., K. ne semblait pas souffrir dâun trauâmatisme ; en tout cas, lâĂ©ventualitĂ© dâun rapatriement ne lâangoissait pas. Tous ceux qui le rencontrent lâapprĂ©cient et vous estimez, Ă maints Ă©gards, que son cas est lâun des plus « faciles » que vous ayez traitĂ©s. Les rapports le concernant Ă©tant trĂšs positifs, il Ă©tait plus facile pour vous â comme pour lui â de ne pas envisager un Ă©ventuel retour et de vous focaliser sur le prĂ©sent. De plus, aucun accord bilatĂ©ral relatif au rapatriement des adultes nâayant Ă©tĂ© signĂ© entre votre pays et le pays dâorigine de K., son avocat Ă©tait persuadĂ© quâon lui accorderait lâasile en appel aprĂšs ses 18 ans.
Cependant, dâaprĂšs les informations fournies par son avocat, votre pays â câestâĂ âdire le pays dâaccueil de K. â considĂšre maintenant son pays dâoriâgine comme un pays sĂ»r : il nâĂ©tudie plus les demandes dâasile des personnes
57
venant de ce pays et a lancĂ© un programme de rapatriement. Vous appelez lâOrganisation internationale pour les migrations (OIM) qui confirme ce changement de politique et vous informe des possibilitĂ©s dâassistance visant Ă faciliter le retour. K. est consternĂ© : il suit actuellement des cours qui devaient, espĂ©raitâil, lui permettre dâentrer Ă lâuniversitĂ©. Ses conseillers pĂ©dagogiques confirment dâailleurs quâau vu de son niveau scolaire, il avait de fortes chances dâĂȘtre acceptĂ©.
Vous organisez une réunion entre K, son conseiller pédagogique personnel et son avocat. Vous serez également présent.
La mise à jour du dossier pourrait se présenter ainsi :
Le conseiller pĂ©dagogique confirme que les rĂ©sultats de K. en ingĂ©nierie sont trĂšs prometteurs. K. nâest quâĂ miâparcours de sa formation de deux ans, qui est sanctionnĂ©e par un diplĂŽme prĂ©universitaire reconnu au niveau international.
LâIP signale que K. a un excellent comportement. Il aide souvent les nouveaux arrivants en mathĂ©matiques et il a travaillĂ© bĂ©nĂ©volement sur un projet Ă©coloâgique lâĂ©tĂ© dernier.
Le conseiller pĂ©dagogique et lâIR conviennent que K. a le potentiel pour apporter une rĂ©elle contribution Ă la sociĂ©tĂ©. Ils sont prĂȘts Ă rĂ©diger une attestation dans ce sens.
Sur le plus long terme, lâavocat signale quâil nây a plus de raison valable de lui accorder lâasile. Des rapports indĂ©pendants confirment en effet quâil nây a plus de problĂšmes graves de sĂ©curitĂ© dans son pays dâorigine.
Lâavocat propose â pour le moyen terme â que K. fasse une demande de sĂ©jour dans le pays dâaccueil au moins jusquâĂ ce que sa formation actuelle soit termiânĂ©e. Lâavocat a bon espoir que la demande aboutisse, notamment du fait que le programme de rapatriement vient dâĂȘtre lancĂ©, mais aussi parce que K. a dĂ©jĂ commencĂ© sa formation, laquelle fait partie intĂ©grante de son projet de vie. K. accepte que lâavocat lâaide Ă faire cette demande.
Il est convenu de rĂ©viser le projet de vie afin de prendre en compte cette nouâvelle donne.
Les parties révisées du projet de vie pourraient se présenter ainsi :
58
Dom
aine
/ ob
ject
ifEt
ape
Resp
onsa
bilit
Ă©Su
ivi
Impr
Ă©vus
Sout
ien
finan
cier
et
loge
men
t.Co
ntin
uer d
e tâa
ider
ta
nt q
ue tu
es
enga
gé
dans
ce
proj
et d
e vi
e m
odifi
Ă©.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR).
Lâorg
anis
atio
n do
nt
dépe
nd to
n IP
.
Une
réun
ion
est
prog
ram
mée
pou
r le
... a
fin d
âeffe
ctue
r un
bila
n.
Si tu
ne
tâeng
ages
pas
da
ns c
e pr
ojet
de
vie
mod
ifié,
le s
outie
n do
nt tu
bén
Ă©fici
es
pour
rait
ĂȘtre
affe
cté
Ă te
s 18
ans
.Ed
ucat
ion.
RĂ©al
iser
enc
ore
des
prog
rĂšs
dans
ta
form
atio
n.
Toiâm
ĂȘme,
aid
Ă© de
tes
cons
eille
rs
péda
gogi
ques
.
Rapp
orts
tran
smis
pa
r les
con
seill
ers
péda
gogi
ques
.
Lâacc
epta
tion
de la
pr
olon
gatio
n de
sé
jour
jusq
uâĂ
la fi
n de
s co
urs
dépe
nd d
e te
s ré
sulta
ts s
cola
ires.
Jurid
ique
.RĂ©
dige
r un
rapp
ort s
ur
les
prog
rĂšs
scol
aire
s et
le p
oten
tiel d
e K.
Ă
tran
smet
tre
Ă lâi
nter
âve
nant
de
réfé
renc
e (IR
) et Ă
lâav
ocat
.
Ton
cons
eille
r péd
agoâ
giqu
e pe
rson
nel.
Tu re
cevr
as u
ne c
opie
du
rapp
ort.
En c
as d
âimpo
ssib
ilité
, un
aut
re c
onse
iller
pé
dago
giqu
e a
acce
pté
de sâ
en
char
ger.
Jurid
ique
.RĂ©
dige
r un
rapp
ort s
ur
tes
rela
tions
soc
iale
s et
ta c
ontr
ibut
ion
Ă la
vi
e so
cial
e, Ă
tran
sâm
ettr
e Ă
lâavo
cat.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR).
Tu re
cevr
as u
ne c
opie
du
rapp
ort.
En c
as d
âimpo
ssib
ilité
, un
col
lĂšgu
e de
ton
inte
rven
ant d
e ré
fĂ©â
renc
e (IR
) a a
ccep
té d
e sâe
n ch
arge
r.
59
Dom
aine
/ ob
ject
ifEt
ape
Resp
onsa
bilit
Ă©Su
ivi
Impr
Ă©vus
Jurid
ique
.RĂ©
unir
les
info
rmaâ
tions
ciâd
essu
s ; a
voir
un n
ouve
l ent
retie
n av
ec K
. pou
r for
mul
er
la d
eman
de d
e pr
oâlo
ngat
ion
de s
Ă©jou
r ;
rédi
ger l
a de
man
de
et la
tran
smet
tre
aux
auto
rités
ava
nt le
s 18
ans
de
K.
Ton
avoc
at.
Toi e
t ton
inte
rven
ant
de ré
fére
nce
(IR)
rece
vrez
une
cop
ie d
e la
dem
ande
.
Si tu
nâe
s pa
s au
toris
Ă© Ă
rest
er ju
squâ
Ă la
fin
de te
s co
urs,
tu d
evra
s te
con
form
er a
ux
dire
ctiv
es d
es a
utor
iâtĂ©
s dâ
imm
igra
tion.
Plan
dâin
terv
enâ
tion,
col
lect
e dâ
info
rmat
ions
.
Avoi
r un
entr
etie
n av
ec lâ
OIM
pou
r tro
uâve
r de
quel
sou
tien
tu p
ourr
ais
béné
fiâci
er a
fin d
âorg
anis
er
un re
tour
en
tout
e sé
curit
Ă© et
dét
erm
iner
da
ns q
uelle
s co
ndiâ
tions
, le
cas
éché
ant,
tu p
ourr
ais
pour
suiv
re
des
Ă©tud
es d
ans
ton
pays
dâo
rigin
e.
RĂ©un
ion
entr
e to
n in
terv
enan
t de
réfé
renc
e (IR
), lâO
IM e
t to
iâmĂȘm
e.
Vous
ser
ez to
us
prés
ents
. Tu
aura
s un
ent
retie
n av
ec
ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) a
prĂšs
la
réun
ion
pour
faire
le
poin
t.
Si lâ
OIM
ne
peut
pas
tâa
ider
, ton
inte
rveâ
nant
de
réfé
renc
e (IR
) ch
erch
era
dâau
tres
so
lutio
ns.
RĂ©so
lutio
n de
pro
âbl
Ăšmes
, ren
forc
emen
t de
lâad
apta
bilit
Ă©,
mul
tipro
jets
.
Envi
sage
r la
poss
ibili
té
de re
tour
ner d
ans
ton
pays
dâo
rigin
e en
gar
âda
nt u
n es
prit
ouve
rt.
Toiâm
ĂȘme,
aid
Ă© de
to
n in
terv
enan
t de
réfé
renc
e (IR
).
Tu a
bord
eras
ce
suje
t av
ec to
n in
terv
enan
t de
réfé
renc
e (IR
) lor
s de
vot
re p
roch
ain
entr
etie
n.
Si tu
ne
réal
ises
pas
ce
tte
Ă©tap
e, tu
risq
ues
de n
e pa
s ĂȘt
re p
rĂȘt Ă
un
Ă©ve
ntue
l ret
our.
60
Ces modifications seront avalisées et signées par toutes les personnes concernées.
Le planning double prend maintenant forme.
Les suites dĂ©pendent de nombreux facteurs, notamment des procĂ©dures mises en Ćuvre dans le pays dâaccueil. Dans cet exemple, compte tenu de sa constance Ă respecter son projet de vie, K. est autorisĂ© Ă prolonger son sĂ©jour jusquâĂ la fin des cours.
Un compte rendu dâentretien rĂ©digĂ© lâannĂ©e suivante pourrait se prĂ©senter ainsi :
RĂ©sumĂ© des Ă©vĂ©nements depuis que K. a atteint ses 18 ans :K. a continuĂ© de progresser dans le sens de son projet de vie. Il a Ă©tĂ© aidĂ© par ...K. a Ă©tĂ© autorisĂ© Ă prolonger son sĂ©jour dans le pays dâaccueil jusquâĂ la fin de ses cours.K. a reçu une mention et il a maintenant le diplĂŽme X requis pour suivre des cours dâingĂ©nierie des mathĂ©matiques.Recherches effectuĂ©es par lâIR et informations fournies par lâOIM et le consulat du pays dâorigine de K. (qui a Ă©tĂ© contactĂ© sans fournir le nom de K.) : il y a des cours dâingĂ©nierie dans les Ă©tablissements ... ; les frais de scolaritĂ© sâĂ©chelonnent entre ... et ...DâaprĂšs lâOIM, il existe une bourse dâun montant maximum de ..., qui pourrait aider K. Ă se rĂ©installer dans son pays dâorigine.A noter Ă©galement dâautres bourses proposĂ©es par des fondations caritatives.Le consulat confirme que les rapatriĂ©s sont les bienvenus, surtout sâils sont diplĂŽâmĂ©s et quâils sont prĂȘts Ă apporter leur contribution Ă la sociĂ©tĂ©.Le diplĂŽme de mathĂ©matiques de K. lui permet dâenseigner dans son pays dâoriâgine ou dâoccuper Ă temps partiel un poste de rĂ©pĂ©titeur, ce qui subviendrait en partie Ă ses besoins.Situation dans le pays dâaccueil :K. nâa pas les moyens de subvenir Ă ses besoins.Il a reçu un avis officiel lui indiquant quâil peut ĂȘtre expulsĂ© sans autre avertissement.Il admet quâil nâest maintenant plus envisageable de rester dans le pays dâaccueil.Il tient Ă sâassurer quâil pourra poursuivre ses Ă©tudes une fois rentrĂ© dans son pays dâorigine. Il est prĂȘt Ă travailler Ă temps partiel pour subvenir Ă ses besoins quotidiens, sâil arrive Ă financer ses cours. Il espĂšre devenir ingĂ©nieur et comprend maintenant que son pays dâorigine offre des dĂ©bouchĂ©s pour ce type de profil (par le biais notamment de certains programmes de dĂ©veloppement internationaux).
Le projet de vie de K. pourrait maintenant se présenter comme suit :
61
Dom
aine
/obj
ectif
Etap
eRe
spon
sabi
lité
Suiv
iIm
prév
us
SĂ©cu
rité
de la
tr
ansi
tion.
Aid
er K
. Ă o
bten
ir de
s do
cum
ents
pou
r le
voya
ge d
e re
tour
; si
gnal
er lâ
arriv
Ă©e d
e K.
au
x au
torit
Ă©s ; p
rend
re
un p
rem
ier c
onta
ct
avec
lâun
iver
sité
.
OIM
.LâO
IM a
ssur
e la
liai
son
entr
e K.
et l
âinte
râve
nant
de
réfé
renc
e (IR
).
Sign
aler
les
Ă©ven
âtu
elle
s di
fficu
ltés
aux
auto
rités
du
pays
dâ
accu
eil.
Prév
oir Ă©
vent
uelâ
lem
ent d
âaut
res
entr
etie
ns.
Pour
suiv
re le
dév
eâlo
ppem
ent s
cola
ire e
t pr
ofes
sion
nel.
Confi
rmer
le fi
nanc
eâm
ent d
es Ă©
tude
s de
K.
OIM
, K. e
t lâin
terv
eâna
nt d
e ré
fére
nce
(IR).
Echa
nges
pé
riodi
ques
.Ch
erch
er u
ne a
utre
fo
rmat
ion
; dem
ande
r Ă©v
entu
elle
men
t une
bo
urse
Ă la
fond
atio
n ca
ritat
ive.
RĂ©in
stal
latio
n.Ch
erch
er d
es lo
geâ
men
ts Ă
pro
xim
ité d
e lâu
nive
rsité
.
OIM
, ave
c le
sou
âtie
n dâ
ON
G d
u pa
ys
dâor
igin
e.
Echa
nges
pé
riodi
ques
.Ch
erch
er u
n au
tre
loge
men
t.
Suiv
i de
la tr
ansi
tion.
Suiv
re lâĂ©
volu
tion
de K
. pen
dant
lâa
nnée
sui
vant
sa
réin
stal
latio
n.
Idem
.K.
doi
t ten
ir lâi
nter
âve
nant
de
réfé
renc
e (IR
) au
cour
ant p
ar
cour
riel.
Rapp
ort fi
nal
tran
smis
par
lâO
NG
Ă
lâIP.
Lâint
erve
nant
de
réfé
renc
e (IR
) a le
s co
ordo
nnée
s de
lâun
iâve
rsité
et d
es O
NG
.
62
Cette issue nâest peutâĂȘtre pas celle que K. attendait, mais le soutien et lâaide que vous et dâautres lui avez apportĂ©s, lâenseignement quâil a suivi dans le pays dâaccueil et les capacitĂ©s dâadaptation et de rĂ©solution de problĂšmes quâil a acquises tout au long de son projet de vie, lâaideront Ă Ă©voluer et lui permettront de devenir autonome. En partie grĂące Ă votre travail, K. sera mieux prĂ©parĂ© â et plus dĂ©terminĂ© â Ă apporter une contribution positive Ă la sociĂ©tĂ© dans son pays dâorigine.
3.9. RĂ©viser le projet de vie : lâhistoire de M.
M. est ĂągĂ©e de 16 ans. Dans son pays dâorigine, sa famille lâa obligĂ©e Ă Ă©pouser un associĂ© de son beauâpĂšre ĂągĂ© de 60 ans. AccusĂ©e dâavoir eu une relation avant son mariage, elle a subi de la part des deux familles et de la communautĂ© de terribles violences physiques et psychologiques. Une tante lointaine a finalement rĂ©ussi Ă organiser sa fuite avec lâaide dâun interâmĂ©diaire. Ce dernier, qui lâa violĂ©e en cours de route, prĂ©voyait, sembleâtâil, de la vendre Ă des fins de prostitution. Mais, pensant que M. Ă©tait malade, il lâa abandonnĂ©e. Finalement, M. a dĂ©posĂ© une demande dâasile et a Ă©tĂ© adressĂ©e Ă votre organisation. Peu de temps aprĂšs, il a Ă©tĂ© Ă©tabli quâelle Ă©tait enceinte.
Le premier projet de vie de M. Ă©tait trĂšs complexe et la prioritĂ© Ă©tait de lui prodiguer des soins dâurgence. Elle nâavait jamais Ă©tĂ© scolarisĂ©e, mais avait Ă cĆur dâapprendre la langue du pays dâaccueil. Lâaccouchement Ă©tant prĂ©vu en milieu dâannĂ©e scolaire, elle nâa pas pu suivre le cursus normal du lycĂ©e. Vous avez donc proposĂ© une autre solution : des cours Ă temps partiel dans une association locale de bĂ©nĂ©voles. Vous lâavez informĂ©e des droits de lâhomme et des droits de la femme et de lâenfant. M. a Ă©tĂ© soulagĂ©e dâapprendre que lâexcision, dont elle a Ă©tĂ© victime, est interdite en Europe.
M. a Ă©tĂ© avertie du fait que dans votre pays, il est rare dâaccorder lâasile Ă une personne mineure. Celleâci se voit en principe attribuer un permis de sĂ©jour temporaire valable jusquâĂ sa majoritĂ© et si elle souhaite rester plus longtemps, elle doit renouveler sa demande auprĂšs des autoritĂ©s. Câest pourquoi le premier projet de vie contenait des objectifs Ă court terme et restait suffisamment flou en ce qui concerne le long terme.
A son grand soulagement â et Ă votre grande surprise â, M. a fait partie de la trĂšs faible minoritĂ© des mineurs qui obtiennent le statut de rĂ©fugiĂ© dans les mois suivant leur arrivĂ©e. M. a donnĂ© naissance Ă une petite fille quelques
63
jours avant ses 17 ans. LâĂ©vĂ©nement imprĂ©vu nâa pas Ă©tĂ© la naissance, mais le permis de sĂ©jour.
M. a suivi les conseils des professionnels de santĂ© et est devenue une mĂšre capable et responsable. Alors que vous vous occupez de nombreux autres mineurs dont le projet de vie traduit encore les anxiĂ©tĂ©s et les incertitudes, il est tentant de vouloir rĂ©viser le projet de vie de ceux qui ont obtenu un permis de sĂ©jour au motif quâils ont accĂšs aux mĂȘmes services et opportuânitĂ©s que les rĂ©sidents permanents. Il ne faut cependant pas oublier que, mĂȘme sâils ont moins de responsabilitĂ©s que M. ils peuvent ĂȘtre victimes de discrimination, ne pas connaĂźtre leurs droits, ne pas savoir chercher les opportunitĂ©s et souffrir dâun traumatisme ou dâautres consĂ©quences de leur parcours migratoire. Surtout, il est essentiel de garder Ă lâesprit quâils restent des enfants sans famille.
Vous vous entretenez avec M. pour rĂ©viser son projet de vie. Certains Ă©lĂ©âments ne sont pas modifiĂ©s, notamment ceux qui concernent les soins de santĂ© et lâĂ©ducation de lâenfant.
AxĂ©s dans un premier temps sur lâassistance, les objectifs du projet de vie ont Ă©voluĂ© afin de dĂ©velopper lâingĂ©niositĂ©, lâadaptabilitĂ© et lâaptitude Ă surâmonter lâadversitĂ©. En effet, lâobjectif de M. nâest plus simplement dâobtenir un permis de sĂ©jour dans le pays dâaccueil, mais de rĂ©flĂ©chir Ă son avenir. Elle souhaite maintenant devenir infirmiĂšre ou sageâfemme et sâenquiert dĂ©jĂ des modalitĂ©s pratiques pour rĂ©aliser cet objectif. Dans cette nouvelle vie qui se dessine, elle pourra prĂ©server son identitĂ© tout en poursuivant son intĂ©gration sociale et en dĂ©veloppant des compĂ©tences qui lui permettront de contribuer Ă la vie sociale de son pays dâaccueil. Elle voit aujourdâhui comment, Ă terme, elle pourra subvenir Ă ses besoins et Ă ceux de son enfant. Son projet de vie, tel quâil a Ă©tĂ© redĂ©fini, est une premiĂšre Ă©tape dans cette direction ; les rĂ©visions suivantes permettront de suivre ses progrĂšs et lâaideront Ă dĂ©broussailler encore le chemin. Ce nâest pas seulement M. qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© de votre travail, mais la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre.
Le tableau suivant présente un résumé de quelques changements opérés :
64
Dom
aine
/ ob
ject
ifEt
ape
Resp
onsa
bilit
Ă©/
sout
ien
Suiv
iIm
prév
us/ s
olut
ions
de
rem
plac
emen
tD
Ă©but
des
cou
rs Ă
te
mps
ple
in p
révu
po
ur lâ
auto
mne
.
Dem
ande
dâa
lloca
tions
fa
mili
ales
et r
eche
rche
de
crĂš
ches
Ă p
roxi
mité
.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) t
âaid
era
Ă re
mpl
ir le
s fo
rmuâ
laire
s. Vo
us v
isite
rez
les
crĂšc
hes
ense
mbl
e.
Vous
fere
z ce
la
ense
mbl
e.Sâ
il nâ
y a
plus
de
plac
e da
ns
les
crĂšc
hes
Ă pr
oxim
ité,
rech
erch
er d
âaut
res
posâ
sibi
lités
dan
s le
s en
viro
ns
et p
rend
re e
n co
mpt
e le
s fr
ais
de tr
ansp
ort.
Cont
ribut
ion
soci
ale,
bén
Ă©vol
at,
prés
erva
tion
de
lâide
ntité
.
Etre
form
Ă©e Ă
par
rain
er
les
jeun
es fe
mm
es
arriv
Ă©es
réce
mm
ent
dont
tu p
arle
s la
ou
les
lang
ues.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) t
e re
nsei
âgn
era
sur l
es fo
rmaâ
tions
pro
posé
es p
ar le
s as
soci
atio
ns lo
cale
s et
le
s gr
oupe
men
ts d
e fe
mm
es.
Feed
âbac
k de
la
part
de
lâint
erve
âna
nt d
e ré
fére
nce
(IR).
Câes
t toi
qui
as
prop
osé
cett
e ac
tivité
. Sâil
tâes
t im
poss
ible
de
parr
aine
r, tu
con
tinue
ras
dâac
cuei
llir
les
arriv
ante
s de
faço
n in
form
elle
.
Educ
atio
n, p
ourâ
suite
de
lâint
Ă©gra
âtio
n so
cial
e.
Cont
inue
r de
prat
ique
r la
lang
ue Ă
la m
aiso
n ;
pass
er u
n pr
emie
r te
st a
u ce
ntre
ouv
ert
dâap
pren
tissa
ge.
Câes
t toi
qui
ser
as re
sâpo
nsab
le. T
u ut
ilise
ras
les
cass
ette
s fo
urni
es
par t
on in
terv
enan
t de
réfé
renc
e (IR
).
Feed
âbac
k de
la
part
du
cent
re d
e fo
rmat
ion.
Pour
suiv
re e
n au
tofo
râm
atio
n et
repa
sser
le te
st
pend
ant l
âĂ©tĂ©
.
Inté
grat
ion
soci
ale,
Ă©du
catio
n.In
tégr
er d
e pe
tits
grou
pes
dâĂ©t
ude
sur l
a gé
ogra
phie
, lâh
isto
ire
et la
cul
ture
du
pays
dâ
accu
eil ;
prép
arer
un
dos
sier
en
vue
de
lâacc
rédi
tatio
n.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) e
st
char
gé d
âorg
anis
er
ces
grou
pes
dâĂ©t
ude.
Tu
doi
s as
sist
er a
ux
sess
ions
et p
répa
rer
ton
doss
ier a
vec
lâaid
e de
lâan
imat
eur.
Ton
inte
rven
ant d
e ré
fére
nce
(IR) v
Ă©riâ
fiera
ton
doss
ier.
Câes
t toi
qui
as
dem
andé
Ă
inté
grer
ces
gro
upes
. Si
les
activ
ités
des
grou
pes
doiv
ent ĂȘ
tre
inte
rrom
âpu
es, t
u co
ntin
uera
s de
lir
e de
s ou
vrag
es d
e la
bi
blio
thĂšq
ue q
ui tâ
aide
âro
nt Ă
déc
ouvr
ir le
pay
s dâ
accu
eil.
65
Conclusions
Les migrations peuvent engendrer des situations compliquĂ©es, mĂȘme pour des adultes bien prĂ©parĂ©s ou des groupes familiaux soudĂ©s. Les mineurs non accompagnĂ©s, qui sont souvent traumatisĂ©s et invariablement sĂ©parĂ©s de leur famille et de leur environnement familier, sont confrontĂ©s Ă des risques et difficultĂ©s supplĂ©mentaires sans nombre. Les pays dâaccueil doivent releâver le dĂ©fi de dĂ©fendre les droits de lâhomme et de lâenfant et de rĂ©affirmer ces derniers tout en conservant le droit de contrĂŽler leurs frontiĂšres. Au mieux, les migrations peuvent conduire Ă un dĂ©calage entre des aspirations et leurs rĂ©sultats, au pire Ă des perturbations et Ă des drames.
Cependant, ces jeunes recĂšlent un tel potentiel.
Ce sont de futurs citoyens du monde.
Le 26 mars 2009, la SecrĂ©taire GĂ©nĂ©rale adjointe du Conseil de lâEurope39 a mis en relief le potentiel des projets de vie pour trouver des solutions durables Ă ces questions. Vous, les professionnels de terrain, avez un rĂŽle clĂ© Ă jouer dans cette passionnante initiative. En recherchant des solutions pour « vos » enfants et « vos » jeunes, vous contribuerez Ă trouver des solutions pour la sociĂ©tĂ© dans son ensemble.
Vous avez lu maintenant le prĂ©sent manuel. Vous avez commencĂ© par des buts plutĂŽt abstraits et de nobles principes avant dâentamer un voyage avec Z., Y., B., K. et M.
Quâestâce que ce voyage imaginaire a signifiĂ© pour vous ?
PeutâĂȘtre avezâvous dâabord passĂ© plus de temps que vous ne lâenvisagiez avec Z. et Y., mais par la suite, vous avez vu que ce premier investissement vous a permis dâĆuvrer ensemble, eux et vous, Ă travers difficultĂ©s et incerâtitudes. Leur vie peut fort bien suivre des trajectoires diffĂ©rentes, mais avec votre aide, ils acquerront des compĂ©tences et dĂ©velopperont des capacitĂ©s qui les aideront Ă devenir des citoyens du monde productifs, responsables et actifs.
39. De BoerâBuquicchio, Maud (2009).
66
Vous avez aidĂ© B. dans un moment difficile en lâencourageant Ă persister dans son projet de vie, en soutenant sa rĂ©silience et, ce faisant, en permettant que les talents quâelle peut offrir au monde â peutâĂȘtre Ă votre propre pays, qui sait â soient en rĂ©serve pour plus tard et quâils ne soient pas perdus Ă cause de dĂ©boires sur lesquels elle nâa pas prise.
Quand les plans de K. ont changĂ© dâorientation, le projet de vie vous a servi dâoutil pour demander quâil continue de bĂ©nĂ©ficier de lâaide quâil mĂ©ritait. Au lieu dâune sĂ©rieuse instabilitĂ©, il a connu une transition en douceur. Ce qui aurait pu ĂȘtre une catastrophe est devenu une occasion Ă saisir : K. dĂ©veâloppera son potentiel et son pays dâorigine ne perdra pas la contribution vitale quâil peut apporter. Qui sait, peutâĂȘtre irezâvous lĂ âbas au cours des prochaines annĂ©es, et franchirezâvous un pont quâil aura conçu.
M. est venue vous consulter en situation de crise. Elle aurait pu rester une victime, mais le travail que vous avez rĂ©alisĂ©, soutenu par le processus du projet de vie, lui a permis de reconstituer sa capacitĂ© dâadaptation innĂ©e et sa rĂ©silience. Le soutien que vous lui avez accordĂ© sans tarder a encouragĂ© M. Ă retrouver sa dignitĂ© de personne humaine, Ă dĂ©velopper ses capacitĂ©s et Ă entamer un chemin sur lequel elle ne deviendra pas seulement rĂ©fuâgiĂ©e dans votre pays, mais une femme membre Ă part entiĂšre de la sociĂ©tĂ©, autonome et active. Qui sait, vous pourriez un jour ĂȘtre hospitalisĂ© et la voir vous retourner le compliment et vous aider Ă guĂ©rir.
67
Sources des citations
Association JosephâDenamur et EFT NSSâTechnique asbl, 2010, Belgique.
Bean T.M., Assessing the psychological distress and mental healthcare needs of unaccompanied refugee minors in the Netherlands, PhD Dissertation, Leyde, Faculty of Social and Behavioural Sciences, Leiden University, 2006, dispoânible sur http://hdl.handle.net/1887/4921 (dernier accĂšs 15 juillet 2010).
Conseil de lâEurope, Convention de sauvegarde des droits de lâhomme et des libertĂ©s fondamentales et ses protocoles additionnels, Rome, 1950.
Conseil de lâEurope, Convention du Conseil de lâEurope sur la lutte contre la traite des ĂȘtres humains et son Rapport explicatif, STCE no 197, Varsovie, 2005.
Conseil de lâEurope, Actes de la ConfĂ©rence rĂ©gionale sur « Les migrations des mineurs non accompagnĂ©s : agir dans lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant », Torremolinos, MĂĄlaga â Espagne, 27â28 octobre 2005.
Conseil de lâEurope, Recommandation CM/Rec(2007)9 du ComitĂ© des Ministres aux Etats membres sur les projets de vie en faveur des mineurs migrants non accompagnĂ©s, Conseil de lâEurope, 2007, disponible sur https ://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp ?id=1164769&Site=COE.
Conseil de lâEurope, Projets de vie en faveur des mineurs migrants non accompagnĂ©s (Recommandation Rec(2007)9 et ExposĂ© des motifs), Conseil de lâEurope, avril 2008.
De BoerâBuquicchio M., Intervention [during hearing on Forced Return of Migrants, challenges in the Netherlands (integration, returns and unaccomâpanied minors) PACE], La Haye, 2009.
Great Britain, Every Child Matters : Change for Children, Dept. for Children, Schools and Families, 2004, disponible sur http://www.everychildmatters.gov.uk/ (dernier accĂšs 14 septembre 2007).
HautâCommissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR) (2009), Lignes directrices sur la protection des enfants demandeurs dâasile sous les
68
articles 1(A) 2 and 1 (F) of the 1951 Convention and/or 1967 Protocol relating to the Status of Refugees, HCR/GIP/09/08, UNHCR, GenĂšve.
HautâCommissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR), Directives du HCR sur la dĂ©termination formelle de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant, UNHCR, GenĂšve, 2006.
HautâCommissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s (HCR), Principes directeurs du HCR relatifs Ă la dĂ©termination de lâintĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâenfant, UNHCR, GenĂšve, 2008.
HautâCommissariat des Nations Unies pour les rĂ©fugiĂ©s/International Save the Children/Alliance in Europe, Statement of Good Practice, Programme en faveur des enfants sĂ©parĂ©s en Europe, 3rd ed., UNHCR, GenĂšve, 2004 dispoânible sur http://www.separatedâchildrenâeuropeâprogramme.org/separaâted_children/good_practice/index.html.
Immigration Law Practitionersâ Association/Crawley H., Child First, migrant second : Ensuring that every child matters, Londres, ILPA, 2006.
International Federation of Social Workers/International Association of Schools of Social Work, Statement of Principles, Berne, IFSW, 2004.
Maslow A., Motivation and Personality, New York, Harper, 1954.
Smale G. & Tuson G., with Biehal N & Marsh P, Empowerment, Assessment and Care Management and the Skilled Worker, Londres, NISW, 1993.
United Nations, Convention Relating to the Status of Refugees, UN, GenĂšve, 1951.
United Nations, Convention on the Rights of the Child, Office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, GenĂšve, 1989.
Union europĂ©enne, RĂšglement (CE) no 343/2003 du Conseil du 18 fĂ©vrier 2003 Ă©tablissant les critĂšres et mĂ©canismes de dĂ©termination de lâEtat membre res-ponsable de lâexamen dâune demande dâasile prĂ©sentĂ©e dans lâun des Etats membres par un ressortissant dâun pays tiers, Conseil de lâUnion europĂ©enne, Bruxelles, 2003.
Save the Children, UNHCR, Unicef (2009) Separated Children in Europe Programme, 4th edn., Copenhague, Danemark.
Unicef (2004) Letâs Talk : developing effective communication with child victims of abuse and human trafficking, Pristina, Kosovo.
69
Bibliographie
Conseil de lâEurope, AssemblĂ©e parlementaire, Protection et assistance pour les enfants sĂ©parĂ©s demandeurs dâasile [Doc. 10477], CoE, Strasbourg, 2005, disponible aussi sur http://assembly.coe.int//mainf.asp ?link=http://assembly.coe.int/Documents/WorkingDocs/Doc05/FDOC10477.htm (derânier accĂšs 12 juillet 2010).
General Social Care Council, Codes of Practice for Social Care Workers and Employers, GSCC, Londres, 2002.
Great Britain, Children Act 1989 : Elizabeth II, HMSO, disponible sur http://www.opsi.gov.uk/acts/acts1989/ukpga_19890041 (dernier accĂšs 16 mars 2007).
Great Britain, Children Act 2004 : Elizabeth II, HMSO, disponible sur http://www.opsi.gov.uk/acts/acts2004/ukpga_20040031 (dernier accĂšs 14 sepâtembre 2007).
Great Britain, Framework for Assessment of Children in Need and their Families, HMSO, Dept. of Health/Dept. for Education and Employment/Home Office, Londres, 2000.
Great Britain, Framework for the Assessment of Children in Need and their Families, DoH/DfEE/Home Office, Londres, Stationery Office, 2002.
Great Britain, The Victoria Climbié Inquiry : Report of an Inquiry by Lord Laming, Dept. of Health & The Home Office, Londres, The Stationery Office, 2003.
Great Britain, Planning Better Outcomes and Support for Unaccompanied Asylum Seeking Children, HMSO, Home Office Immigration and Nationality Directorate, Londres, 2007, disponible sur http://www.ind.homeoffice.gov.uk/6353/6356/17715/uasc.pdf.