Domotique et prévention de la perte d’autonomie
Outils et évaluation médicale***
Quelques résultats de l’expérimentation Esoppe
Pr Thierry Dantoine
Dr Achille Tchalla
Médecine Interne Gériatrique
Equipe de Recherche EA 6310 HAVAE
Université de Limoges – CHU de Limoges
Alain Roquejoffre
Sociologue
Esoppe : dispositifs domotiques & téléassistance
1. Interphonie déportée: communication avec la personne
2. Bracelet ou pendentif électronique: alerte de secours
3. Tirette de douche: permet de donner l’alerte depuis la salle de bain (permet de secourir ou de rassurer en cas de risque de chute ou de chute)
4. Chemin lumineux: Aide au repérage nocturne (prévient les chutes nocturnes)
5. Détecteur de fumée et de gaz: signalent les fuites de gaz ou incendie
6. Détecteur d’activité: signale la présence de la personne à son domicile (alerte de fugue)
7. Centre de télé-assistance: appels de convivialité et gestion des alarmes
Esoppe : dispositifs domotiques & téléassistance
Esoppe : dispositifs domotiques & téléassistance
Justification médico-légale et éthique – Ne pas mettre danger la santé de la personne âgée fragilisée par le vieillissement– Technologie innovante dans son usage
Evaluation de l’efficacité– Impact sur les principaux déterminants de la perte d’autonomie – Impact sur la prise en charge globale de la personne– Modélisation des paramètres technologiques pour optimiser l’efficacité
Evaluation de la tolérance– Déterminer les Evènements Indésirables (EI) liés aux équipements– Modélisation des paramètres technologiques pour diminuer les EIs
Evaluation du coût-efficacité– Comparer les bénéfices et risques– Impact médico-économique pour un déploiement de masse
Esoppe : principes de l’évaluation médicale
Le Taux d’Acceptation Domotique (TAD)– C’est le rapport du nombre de sujets ayant accepté
l’équipement sur le nombre de sujets a équiper initialement
– TAD = 97,3%– Pour les refus, la domotique était considérée comme
« trop intrusif dans leurs intimités »
Cette bonne représentation de la domotique par les personnes âgées a été confortée par l’évaluation sociologique
Esoppe : acceptabilité des dispositifs domotiques
Contexte − Problème majeur de santé publique (Insee, 2009)− 1/3 chuteur entre 65 - 80 ans, ½ chez les + de 80ans
(Tinetti, N Engl J Med 1988; Painter et al, J Allied Health. 2009)
− Gravité des chutes: 55000 fractures, 9000 décès, 1 millions de chutes /an (Dress, 2009)
− Coût moyen de 8000 euros/chute soit 2 milliards /an (Dress, 2009)
Objectifs− Diminuer le risque individuel de chute d’au moins 20%− Diminuer le risque individuel de chute grave d’au moins
15%
Esoppe : impact sur les chutes
Modélisation de la chute à domicile et ses conséquences
Augmentation de la durée de séjour au
sol
Augmentation de la durée de séjour au sol
InterventionDSTA
Résultats ajustés de l’évaluation− Diminution du risque de chute d’au moins 30%− OR= 0,33 IC95% [ 0,17 -0,65]− NNT= 5 (5 équipés, un chuteur évité)
Paramètres Odds ratio 95% IC P-value
Domotique et téléassistance avancée 0.33 [0.17 – 0.65] 0.0012
Age en dizaine d’années 2.82 [1.57 – 5.01] 0.0005
Type d’habitation 0.0329 Foyer logement 1.00 - Individuelle 2.14 [1.02– 4.48]
30,9
50
0
10
20
30
40
50
60
Groupe équipé en DSTA Groupe non équipé en DSTA
Chute à domicile
Esoppe : impact sur les chutes
Résultats ajustés de l’évaluation− Diminution du risque de chute d’au moins 30%− OR= 0,30 IC95% [ 0,12 -0,74]− NNT= 6 (6 équipés, un chuteur évité)
9,3
25
0
5
10
15
20
25
30
Groupe équipé en DSTA Groupe non équipé en DSTA
Chute à domicile avec hospitalisation
Paramètres Odds ratio 95% IC P-value
Domotique et téléassistance avancée 0.30 [0.12 – 0.74] 0.0091
Age en dizaine d’années 2.37 [1.15 – 4.86] 0.0190 Type d’habitation 0.0371 Foyer logement 1.00 - Individuelle 3.61 [1.08– 12.06]
Comorbidités ( ≥3) 2.78 [1.02– 7.55] 0.0456 Milieu de résidence 0.0511 Rural 1.00 - Urbain 2.42 [1.00– 5.86]
Esoppe : impact sur les chutes / hospitalisation
Contexte − 25% de personnes âgées en situation d’isolement, − Prévalence de13% en population générale (étude PAQUID)− Surmortalité de 10% à un an par rapport aux non déprimés
Objectif− Améliorer significativement la thymie des personnes âgées
Hypothèses d’action− Rupture de l’isolement− Réassurance− Stimulation des appels de convivialité
Résultats bruts de l’évaluation− ↓ 26% dans le groupe DSTA− ↓ 10% dans le groupe sans DSTA− Réduction significative (p< 0,001)
72,3
64,6
46,2
54,7
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Groupe équipé en DSTA Groupe non équipé en DSTA
Dépressifs avant l'expérimentation Dépressifs après l'expérimentation
Esoppe : impact sur la dépression
Contexte − La dépendance financée par la branche de l’assurance-maladie (39 %),− Les départements (18 % via l’APA), − la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (10 %). − Les 33 % restants sont à la charge des familles.− Destiné en grande partie aux aides à domicile
Objectif− Aider à une meilleure organisation et coordination des aides à domicile
Hypothèses d’action− Moins de stress pour les aidants− Sécurisation de l’environnement− Moins de sollicitation de l’aidant− Stimulation de la personne âgée
Résultat de l’évaluation− ↓ 5% du recours à l’aide (groupe DSTA)− ↑ 5% dans le groupe sans DSTA− Réduction significative (p< 0,05)
91,5
81,3
86,7 86,5
76
78
80
82
84
86
88
90
92
94
Groupe équipé en domotique Groupe non équipé en domotique
Pourcentage
Aide à domicile au début de l'expérimentationAide à domicile à la fin de l'expérimentation
Esoppe : impact sur l’organisation des aides à domicile
Contexte − Problème majeur de santé publique− Nombre (Insee): 800.000 (2000), +50% (2040)– Prise en charge publique:19 milliards € soit 1
% du PIB (2005) et 1,5 % PIB (2025)
Objectif− Prévenir le déclin de l’autonomie fonctionnelle
Hypothèses d’action− Stimulation à l’activité physique− Moins de chute => moins de syndrome post
chute et de régression psychomotrice− Moins de syndromes anxio-dépressifs− Amélioration de la qualité de vie
Résultat de l’évaluation− Réduction non significative (p > 0,05)− Durée d’expérimentation trop courte− Utilité+++ de la grille SMAF ( à 2 ans)
9,6
23,419,2
47,9
12,5 15,6 13,5
58,3
0
10
20
30
40
50
60
70
GIR 3 GIR 4 GIR 5 GIR 6
Au début de l'éxpérimenation
Groupe équipé en domotique Groupe non équipé en domotique
6,1
14,320,4
45,9
4,18,2 7,1
57,1
0
10
20
30
40
50
60
GIR 3 GIR 4 GIR 5 GIR 6
A la fin de l'expérimentaion
Groupe équipé en domotique Groupe non équipé en domotique
Esoppe : impact sur l’autonomie
Contexte − Problème majeur de santé publique− Incidence des chutes plus élevée chez les déments
• Risque multiplié par 3 voire 4 ( van Doom et al, 2003)− Déclin cognitif très associé à l’augmentation du risque de chutes ( Allan et al, 2005)
Objectif− Améliorer la qualité de vie− Aider au maintien à domicile− Prévenir le déclin cognitif rapide
Hypothèses d’action− Stimulation affective− Prévention du syndrome confusionnel secondaire aux affections
intercurrentes (chutes à domicile, hospitalisation…)− Détection rapide des fugues− Réassurance des patients et des familles
Esoppe : utilité chez les malades d’Alzheimer
Mme X 85 ans, veuve Seule à domicile à Clergoux (19) 2 enfants à Paris Aide ménagère 2h/j x 3 ATCD
– Syndrome dépressif– Maladie d’Alzheimer au stade de
démence légère Début expérimentation: MMS = 21 Équipée en DSTA /12 mois
Quels apports de la DSTA?– Pour Mme X– Pour les aidants professionnels– Pour les enfants
Mr Y 72 ans, célibataire sans enfants 2 nièces dans le Cantal Aide ménagère 2h/j x 5 ATCD
– FDR cardio-vasculaire– Chutes à répétition– Maladie d’Alzheimer au stade de démence modérée
Début expérimentation: MMS =18 Équipé en DSTA
Quels apports de la DSTA?– Pour Mr Y– Pour les Nièces– Pour les aidants professionnels
Esoppe : cas pratique chez le malade d’Alzheimer
Mme X à 12 mois 3 chutes graves évitées /12 mois
– Dont 2 avec séjour au sol de moins de 5 minutes• Hospitalisation évitée
(traumatisme, Rhabdomyolyse…)
– 1chute grave avec risque de fracture du col de fémur évitée (Sur un escarbot pour un rangement de livre)
Amélioration de la thymie (GDS passant de 25 à 5/30)
MMS à 22 et toujours à domicile Fils rassurés moins épuisés,
économie (frais de 12 mois) pour le placement
Mr Y à 12 mois Délai de prise en charge plus rapide, Hospitalisation
pour un infarctus (par alerte DSTA) Amélioration de la thymie (GDS passant de 21 à
1/30) Moins isolé (plusieurs appels de convivialités) Sentiment de réassurance => incitation à l’activité
physique (marche, jardinage…) MMS à 19 et toujours à domicile Sécurisation du domicile Nièces très rassurées et moins épuisées Admission en Institution retardée
=> Maintien à domicile
Esoppe : solutions
Michel Billé, Alain Roquejoffre et Mylène Salle, sociologues
Conseil général de la Corrèze Corrèze TéléAssistance (CTA) , Etablissement de la Fondation Caisse
d’épargne et solidarité Instances locales de Corrèze (coordinations gérontologiques, …) Médecins libéraux de Corrèze
CHU de Limoges L’Université de Limoges Autonom’lab
Remerciements
Equipe de recherche HAVAEPr. T. Dantoine / Dr. A. [email protected]@unilim.frTél: 05 55 05 65 81
Autonom’[email protected]él: 05 87 21 21 68