Syndrome d’apnée obstructif
du sommeil chez les
conducteurs professionnels
Dr Habibèch Sonia
AHU en pneumologie
Hôpital Abderrahmane Mami
Pavillon 2
Le 22/12/16
Introduction
SAOS : pathologie fréquente 2 à 4% des
sujets jeunes d’âge moyen
Grave : complications cardio-vasculaire,
métaboliques, accidents de la voie
publiques ou du travail
Retentissement socioprofessionnel
80% des SAOS sont découverts à l’occasionde complications tels que les accidents de laroute
La majorité des accidents mortels de lacirculation se produisent entre 2h et 5h etentre 13h et 15h
Le risque et la sévérité des accidents de laroute sont multipliés par 2 à 6 dans le SAOS
Dépistage chez les populations àrisque
Définition du SAOS
Obstruction intermittente complète ou
partielle des voies aériennes supérieures au
court du sommeil
Caractérisé par la survenue au cours du
sommeil d’évènements respiratoires à type
d’hypopnées et/ou d’apnées
Déséquilibre entre les forces d’ouverture
et de fermeture desVAS
Rétrécissement permanent du pharynx
(dépôt de graisse, anomalie sphère ORL)
Perte efficacité des muscles dilatateurs du
pharynx
Obstruction des VAS
Diminution de l’oxygénation
Micro-éveils
Perturbation du sommeil
Somnolence diurne excessive et trouble de la concentration
Conséquences chez les conducteurs :
Endormissement au volent
Inattention
Augmentation ou diminution du temps de
réaction
Erreurs de jugement
Etude turque (TuberkToraks 2007) :
Fréquence SAOS et relation SAOS-accidents parmi
les conducteurs de poids lourds :
360 patients ont répondu au questionnaire
Ronflements : 52,8%
SDE : 25,6%
Apnée : 9,8%
3 symptômes associés : 2,5%
Accidents de trafic : 29,7% dont 29,8% ont entrainé des
décès
Surpoids et obésité à prédominance
viscérale
Sexe masculin
Age moyen
Tabac
Alcool
SAOS familial
Médicaments sédatifs
Ménopause
Hypothyroïdie
Syndrome de cushing
Acromégalie
Comorbidités cardiovasculaires
Diabète
Angor nocturne
RGO
ICG
Trouble du rythme ou de la conduction
Ischémie silencieuse
Asthme difficile
Signes diurnes : Signes nocturnes :
Somnolence ++++ Ronflement ++++
Céphalées matinales Pauses respiratoires
Troubles cognitifs Sommeil agité
Troubles du comportement Réveils en sursaut
Troubles de l’humeur Polyurie, nycturie, énurésie
Troubles sexuels Hypersudation
Somnolence diurne excessive :
Légère : Episodes de sommeil involontaire ayant peu de
répercussion sur la vie sociale ou professionnelle et
apparaissant pendant des activités nécessitant peu d’attention
(regarder la télévision, lire, être passager d’une voiture)
Modérée : Somnolence ou épisodes de sommeil involontaire
ayant une répercussion modérée sur la vie sociale ou
professionnelle et apparaissant pendant des activités nécessitant
plus d’attention (concert, réunion)
Sévère : Somnolence indésirable ou épisodes de sommeil
involontaire perturbant de façon importante la vie sociale ou
professionnelle et apparaissant lors d’activités de la vie
quotidienne (manger, tenir une conversation, marcher, conduire)
Eliminer les autres causes de SDE :
Insomnie
Iatrogène
Maladies psychiatriques
Narcolepsie
Maladies neurologiques
Infections
Maladies endocriniennes et métaboliques
Travail posté
Agenda du sommeil :
Le malade indique sur 24h les heures de coucher et de
lever, les h dormis, les éveils mémorisés et leur durée,
les périodes de sieste dans la journée
Examen clinique
Examen cardiovasculaire, pleuro-pulmonaire
et neurologique
Évaluation du poids (BMI)
Périmètre abdominal et cervical
Mesure de la tension artérielle
Examen ORL
Enregistrement pendant le sommeil
Buts : Diagnostic positif, sévérité du
SAOS, efficacité du traitement
Types :
Polygraphie ventilatoire :
Peut se faire à domicile
Suffisante dans certains cas
Index d’évènements respiratoires
/h d’enregistrement
Polysomnographie :
Au laboratoire de sommeil
Index d’évènements
respiratoires/h de sommeil,
architecture du sommeil/
Vigilance/Somnolence,
fragmentation du sommeil,
mouvements périodiques
de jambes
Evénements :
Apnée : Arrêt total du débit aérien et durée
de 10 secondes ou plus
Hypopnée :
Diminution franche d’amplitude > ou égale à
50% d’un signal respiratoire validé ou
diminution d ’amplitude <50% ou limitation des
débits aériens associée à un micro-éveil ou à
une désaturation > ou égale à 3% et durée de
10 secondes ou plus
A/ Somnolence diurne excessive non expliquée par
d’autres facteurs
B/ Deux au moins des critères suivants non expliquées par d’autres facteurs :-Ronflement sévère et quotidiens,
- Sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil
-Sommeil non réparateur,
-Fatigue diurne
-Nycturie
C/ IA+H > 5 A ou B
+
C
SAOS léger : IAH entre 5 et 15/h
SAOS modéré : IAH entre 15 et 30/h
SAOS sévère : IAH supérieur à 30/h
Tests d’évaluation de la vigilance
Interrogatoire : accidents, somnolence ouendormissement au volant, inattention, manque deconcentration
Tests itératifs de latence d’endormissement (TILE)
Tests de maintien d’éveil (TME)
Stimulateurs de conduite :
Conduite en situation réelle
Stimulateurs de conduite réalistes
Stimulation de conduite sur ordinateur
Tests itératifs de latence d’endormissement
(TILE) :
Au labo de sommeil après une nuit de PSG
Patient allongé dans l’obscurité
Endormissements et réveils répétés, les durées de sommeil étantde 20 minutes chacune (le réveil est effectué par une assistance) etles itérations du test (les répétitions de l'exerciced'endormissement à analyser) étant effectuées tous les 2 heures.
La latence à l'endormissement est la durée en minutes entre lafermeture des yeux (une fois le sujet mis conditionsenvironnementales adaptées au sommeil tranquille) et l'entréeeffective en sommeil. Cette durée est comptabilisée et observée àl'aide d'un électroencéphalogramme
Valeurs normales: 11-20 min
8-10 min: somnolence modérée
<8 min: somnolence sévère
Tests de maintien d’éveil (TME) :
Au labo de sommeil après une nuit de PSG
Patient semi allongé dans la pénombre
4 à 5 tests à 2h d’intervalle, chaque test dure 20 à 40mn
Mesure latence, stade et latence de sommeil
Valeur pathologique < 11mn
Demande médico-légale : tester la résistance ausommeil
Mesures objectives de l’attention :
Mesure de l’attention sélective et
soutenue (continuous performans test)
ou divisée (stimulateur de conduite) :
temps de réaction, nombres d’omission,
nombres de fausses réponses
Pas de valeur prédictive pour un individu
donné
Non représentatif des conditions réelles
Difficile à réaliser
Traitements du SAOS
Mesures hygiéno-diététiques
Ventilation par PPC
Prothèse d’avancée mandibulaire
Traitement chirurgical
L’aptitude à la conduite automobile
chez les patients apnéiques
SAOS :
Somnolence diurne : endormissement auvolent
Déficience cognitive et trouble de laconcentration
Education des conducteurs (détecter lessignes d’endormissement au volent, s’arrêterà temps avec une sieste de 20 mn)
Règles d’hygiènes de sommeil
En France :
Les médecins des commissions médicales despermis de conduire se réfèrent à l’arrêté du 31août 2010 pour prendre une décision
Les apnées du sommeil sont une contre-indication éventuelle pour le maintien ou lerenouvellement du permis de conduire pour lesvéhicules lourds
Reprise conduite : un mois après l’évaluation del’efficacité thérapeutique (Cette reprise seraproposée à l’issue d’un bilan clinique spécialisé ettest électroencéphalographique de maintien del’éveil)
Compatibilité temporaire de six mois
Incompatibilité tant que persiste une somnolencemalgré le traitement
L’évaluation clinique doit être complétée, dans ce cas,par un test électro-encéphalographique de maintien del’éveil
Avis spécialisé pour une éventuelle autorisation de laconduite nocturne
Les risques additionnels liés aux conditions de travailseront envisagés avec la plus extrême prudence
Un test itératif de latence à l’endormissement est exigéchez un conducteur qui présente des apnées dusommeil
La conduite de jour ne sera autorisée que un mois au moins aprèsla mise en place du traitement
L’aptitude à la conduite des véhicules lourds ne pourra êtreaccordée que pour 6 mois dans un premier temps
Un avis spécialisé sera demandé à un neurologue agréé par lapréfecture pour autoriser éventuellement la conduite la nuit
A l’issue de cette visite auprès de la commission médicale despermis de conduire, 3 cas peuvent se présenter:
Soit le permis pour les véhicule lourds est maintenu à la fois pourla conduite de jour et de nuit
Soit le permis pour la conduite des véhicules lourds est maintenuseulement pour la conduite de jour
Soit le permis pour la conduite des véhicules lourds est retirécompte tenu des apnées du sommeil
Avis du médecin du travail :
Dans tous les cas il faut rencontrer le médecin du travail
Soit dès l’arrêt de travail dans le cadre d’une visite de préreprise
Soit lors de la visite de reprise à l’issue de l’arrêt maladie
Si les médecins de la commission médicale des permis deconduire autorisent la conduite de nuit, le médecin du travaildéclarera le conducteur apte ou non à la conduite de nuit
L’avis du médecin du travail prend en compte les conditionsde travail et pourra donc être différent de celui des médecinsde la commission médicale des permis de la préfecture
Si le conducteur est déclaré inapte à laconduite de nuit des véhicules lourds par lemédecin du travail, un reclassement à unposte de chauffeur routier de jour sera parexemple demandé
Si le conducteur est déclaré inapte à laconduite des véhicules lourds unreclassement pourra être envisagé à un autreposte dans l’entrepriseEn l’absence de possibilité de reclassementun licenciement pour inaptitude seraenvisagé
En Tunisie :
Arrêté des ministres du transport et de la santé
publique du 16 août 2002, fixant la liste des
handicaps physiques et des maladies qui nécessitent
un aménagement spécial des véhicules et/ou le port
et l'utilisation par le conducteur d'appareils et de
prothèses ainsi que les autres cas spéciaux
d'handicaps physiques qui requièrent l'avis de la
commission spécialisée indiquée à l'article 12 du
décret n° 2000-142 du 24 janvier 2000 :
Les permis de conduire des véhicules de toutes catégories
ne peuvent être délivrés que sur présentation d’un certificat
médical attestant que l’intéressé est indemne de tout handicap
physique ou maladie incompatible avec l’obtention du permis
de conduire ou avec son renouvellement
Un arrêté conjoint des ministres du transport et de la santé
publique fixe la liste des handicaps physiques et des maladies
qui nécessitent un aménagement spécial des véhicules et/ou le
port et l’utilisation par le conducteur d'appareils et de
prothèses ainsi que les autres cas spéciaux de handicaps
physiques, qui requièrent l’avis de la commission spécialisée
Le SAOS ne fait pas partie de cette liste et
pas de recommandations sur l’aptitude à la conduite chez les chauffeurs professionnels
Conclusions
Le SAOS est souvent découvert à l’occasion decomplications
Les accidents de la route constitues une descomplications les plus graves et les plus fréquentes
Un dépistage et un diagnostic précoce sontnécessaires
La législation tunisienne en matière de sécuritéroutière et d’aptitude au travail chez les conducteursprofessionnels atteins de SAOS reste aujourd'huiinsuffisante