El Gran Teatro CervantesRéactivation Pluri-Culturelle d’un Délaissé Tangérois
Arthur TannerPfe encadré par Philippe Pumain et Jac Fol / AAP / ENSA Paris-Malaquais
Février 2012
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El Gran Teatro CervantesRéactivation Pluri-Culturelle d’un Délaissé Tangérois
Introduction___________________________________________________
Tanger et sa région_______________________________________________
Analyse du site_________________________________________________
Relevé photographique___________________________________________
Pratiques théâtrales à Tanger______________________________________
Tanger : Ville en mutation_________________________________________
Scénario de réactivation__________________________________________
B.D. Scénario de projet___________________________________________
Bibliographie__________________________________________________
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Remerciements
En premier lieu, je tiens à remercier Philippe Pumain et Jac Fol, mes enseignants
encadrant de PFE, ainsi que Xavier Dousson, pour leur suivi et leurs conseils.
Je remercie également Eric Valentin, Philippe Lorin et les autres responsables de
lieux culturels à Tanger que j’ai pu rencontrer, et grâce auxquels j’ai exploré les
différentes pratiques théâtrales et culturelles à Tanger.
De même, je remercie Abdelhak Brahimi pour m’avoir permis, à la faveur d’un stage,
de vivre deux mois dans le milieu de l’architecture tangéroise, à quelques centaines
de mètres du Théâtre Cervantes, et Anne-Laure Loyzance et Aïch Bengio, journa-
listes, qui m’ont logé et fait découvrir la vie culturelle et nocturne de la ville.
Ensuite, un remerciement tout particulier à Samuel Rimbault, ex-AAP, qui a bien
voulu participer à l’élaboration de ce mémoire en concevant et dessinant avec moi
TM[�XTIVKPM[�LM�JIVLM�LM[[QVuM�XZu[MV\M[�I]�ÅT�LM�KM[�XIOM[�
-\�MVÅV��]V�OZIVL�UMZKQ�o�UM[�XIZMV\[�M\�o�5I]L�2WZM\�XW]Z�TM]Z�XI\QMVKM��TM]Z�soutien et leurs relectures.
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INTRODUCTION
4I�^QTTM�LM�<IVOMZ�I]�5IZWK�XM]\�w\ZM�KWV[QLuZuM�I]RW]ZL¼P]Q�KWUUM�K]T\]ZMTTMUMV\�en friche. Les centres culturels existants proposent pourtant des programmations
variées, mais leur appartenance à différents pays limite leur accès à une minorité de
la population, par la langue et l’univers culturel. Il en va de même pour les produc-
tions théâtrales souvent proposées par ces établissements.
Par le passé, la ville a cependant été dotée du plus grand théâtre d’Afrique, El Gran
Teatro Cervantes, construit en 1913 par les espagnols, et aujourd’hui à l’abandon
depuis vingt ans. Situé entre le port de plaisance en devenir et les différents centres
urbains (médina et centre-ville des années trente), le théâtre et ses alentours délais-
sés offrent un potentiel de réactivation permettant de créer un lieu de mixité cultu-
relle et sociale, de par les interactions qu’il induit et qu’il encourage.
L’objectif� QV�ÅVM est de réhabiliter le Théâtre Cervantes par le biais d’une stratégie
XZWOZM[[Q^M�LM�ZM^ITWZQ[I\QWV�LM�[WV�Y]IZ\QMZ��IÅV�LM�NIQZM�KWV^MZOMZ�TM[�I\\MV\QWV[�vers la nécessité de rendre à ce théâtre sa grandeur d’antan, et de générer un pôle
pluri-culturel, permettant de faire converger et coexister les différentes pratiques
artistiques, linguistiques et culturelles présentes à Tanger.
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TANGERET SA
RÉGION
Ville de Tanger
«Là où les eaux bleues de la méditerranée se mêlent aux eaux vertes de l’Océan,
dans ce détroit qui est un des carrefours les plus fréquentés du monde depuis des
millénaires, une ville blanche s’étale en amphithéâtre, offrant aux spectateurs une
LM[�XT][�JMTTM[� [KvVM[�VI\]ZMTTM[�L]�KWV\QVMV\�INZQKIQV��5IQV� \MVL]M�^MZ[� T¼-]ZWXM�toute proche, la baie de Tanger est le seul grand havre de cette côte inhospitalière du
5IOPZMJ¯�
Attilio Gaudio, Rif, terre d’épopée et de légende 1962 (page 13)
Tanger se trouve au Nord-Ouest du continent africain entre le parallèle 35°47’ nord
et le méridien 5°48’ ouest de Greenwich. La ville se trouve sur le Détroit de Gibraltar
Y]Q�LuTQUQ\M�TI�5MZ�5uLQ\MZZIVuM�o�T¼7]M[\��4I�TIZOM]Z�L]�Lu\ZWQ\�^IZQM�MV\ZM����SU�à l’ouest et 15 km à l’est. Les côtes espagnoles sont parfaitement visibles par beau
temps. La baie de Tanger, croissant de 14 km est l’une des plus belles du monde.
« Pour un peu, des maisons du cap spartel ou des murailles de la casbah, on pourrait
KZWQZM�Y]¼QT�[]NÅ\�L¼u\MVLZM�TM�JZI[�XW]Z�\W]KPMZ�T¼-[XIOVM��;Q�XZWKPM�Y]M��XMVLIV\�LM[�années, l’Europe a traversé le détroit comme on passe le gué d’une rivière, en été,
pour aller pique-niquer chez des amis. On est venu de partout, pour une semaine, pour
]V�UWQ[��XW]Z�TI�^QM��¯�
,IVQMT�:WVLMI]��<IVOMZ�M\�I]\ZM[�5IZWK[��! ���XIOM����
La Région Tanger-Tétouan
Géopolitique
Cette région se caractérise par la faiblesse de bases matérielles et économiques,
VW\IUUMV\�LM[� QVNZI[\Z]K\]ZM[� QV[]NÅ[IV\M[��4I�[W][M`XTWQ\I\QWV�LM[�XW\MV\QITQ\u[�existantes en hydrologie, tourisme, agriculture et autres, explique la présence de
pratique d’activités illégales, comme la contrebande et la culture de cannabis, mais
aussi l’étendue du chômage. La région est pourtant privilégiée de par sa proximité
à l’Europe . L’état mène actuellement des diagnostics de classement des problèmes
Y]Q�[M�XW[MV\�LIV[�TI�ZuOQWV�IÅV�LM�LuÅVQZ�TM[�IK\QWV[�o�MVOIOMZ�XW]Z�XZWUW]^WQZ�TM�développement intégré et durable de la région.
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Économie
4I� KWVÅO]ZI\QWV� IK\]MTTM� L¼IUuVIOMUMV\� L]� \MZZQ\WQZM� LM� KM\\M� bWVM� ZM\MV]M� XIZ�l’État, constitue un ambitieux projet régional, d’une importance aussi bien à l’échelle
nationale qu’internationale. Les différentes composantes de ce projet qui sont le
OZIVL�KWUXTM`M�<IVOMZ5uLQ\MZZIVuM��QV^M[\Q[[MUMV\�L¼MV^QZWV[����UQTTQIZL[�LM�,0���la rocade méditerranéenne, les tronçons autoroutiers et de chemin de fer, l’aména-
gement et la modernisation des plateformes aéroportuaires, les projets de centrales
uTMK\ZQY]M[��TI�LQ^MZ[QÅKI\QWV�]ZJIVQ[\QY]M�IQV[Q�Y]M�TM[�LQNNuZMV\[�XZWRM\[�\W]ZQ[\QY]M[�(station de Lixus notamment), sont en train de transformer durablement la destinée
économique et sociale de la région.
«S’il est des régions qui focalisent notre attention, et qui incarnent notre choix straté-
gique de faire de la Région un espace propice pour l’investissement, ce sont bien nos
provinces du Nord et du Sud, dont nous entendons faire un modèle de développement
ZuOQWVIT�QV\uOZu¯�-`\ZIQ\�L]�,Q[KW]Z[�L]�<Z�VM�XZWVWVKu�o�<IVOMZ�XIZ�;I�5IRM[\u�4M�:WQ�5WPIUML�>1�
Armature urbaine de la région Tanger-Tétouan
Tourisme
4¼IK\Q^Q\u�\W]ZQ[\QY]M�LM�TI�ZuOQWV�JuVuÅKQM�L¼I\W]\[�QUXWZ\IV\[�XW]Z�[WV�Lu^MTWXXM-ment. On peut citer la richesse et l’étendue de ses deux façades maritimes, la diversité
et la qualité des sites naturels et historiques, la proximité des centres émetteurs de
la demande (dont l’Europe et plus particulièrement l’Espagne) et la capacité d’accueil
touristique qui présente des perspectives d’évolution, notamment par l’implantation
de la station de Khémis Sahel à Larache.
Potentialités économiques de la région Tanger-Tétouan
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ANALYSEDU
SITE
Le site est un ensemble de friches contenant un théâtre délabré du début du 20ème
[QvKTM��TM�®/ZIV�<MI\ZW�+MZ^IV\M[¯���]V�QUUM]JTM�o�KW]Z�LM[�IVVuM[�����]V�Jp\QUMV\�en cours de réalisation (dont la construction est stoppée depuis 15 ans) et des friches
plus ou moins polluées et/ou végétalisées.
Une topographie importante donne à une grande partie du terrain des vues impre-
nables sur le port et la baie de Tanger.
Le site se trouve entre le Grand Socco et le Boulevard Pasteur, deux entités urbaines
marquantes du Tanger du passé, et le nouveau port du Tanger de demain.
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Grand Socco
)]�LuJ]\��!vUM�[QvKTM�� TI�XTIKM�L]�/ZIVL�;WKKW� �;WKKW�LM�*IZZI�W]�5IZKPu�I]`�Boeufs), est le plus grand marché de Tanger. Il se situe à l’extérieur des murailles
de la vieille ville, à proximité des principales portes de la médina dont celle de Bab El
.IP[��XWZ\M�LM�TI�KIUXIOVM���²�TI�NItWV�LM�TI�XTIKM�2IUUI�-T�.VII�o�5IZZISMKP��WV�y trouve des charmeurs de serpents, conteurs, chanteurs ainsi que des cafés adossés
I]`�ZMUXIZ\[��4M�ZWUIV�LM�2W[MXP�3M[[MT��®)]�/ZIVL�;WKKW¯��QTT][\ZM�JQMV�TI�^QM�M\�l’importance urbaine de cette place. En première page, il décrit la place ainsi :
®)]�XQML�L]�^QM]`�<IVOMZ��M\�LM^IV\�TM[�XWZ\M[�UwUM[�LM�TI�U]ZIQTTM�NWZ\QÅuM�Y]Q�MVNMZUM�[WV�TIJaZQV\PM�LM�Z]MTTM[�u\ZWQ\M[��WV�\ZW]^M�TI�XTIKM�L]�5IZKPu��TM�/ZIVL�Socco. Autrefois, c’est à dire voilà trente ans à peine, le Grand Socco donnait sur la
campagne et sur des collines de sable. Aujourd’hui, de toutes parts, la cité neuve,
u\ZIVOvZM��IZZw\M�TI�^]M��5IQ[�I]RW]ZL¼P]Q�KWUUM�I]\ZMNWQ[��L]�UI\QV�R][Y]¼I]�[WQZ��marchands, acheteurs et curieux se rencontrent en plein soleil, en plein vent, sur
le Grand Socco, parmi les guenilles aux cent couleurs et la rumeur aux mille cris.
Place du Grand Socco (2011)
Les éventaires y sont misérables et proposent seulement les objets et les aliments les
plus primitifs, les plus pauvres. Les halles aux viandes, aux poissons, aux légumes, se
trouvent à quelques pas, mais invisibles, cachés par des murs et des toits. Les étoffes
éclatantes et les bijoux ouvragés, on les voit dans la rue de Siaghines, à l’intérieur
des remparts; et là s’alignent aussi, par dizaines, les changeurs dans leurs boutiques
ou derrière des comptoirs installés à même le pavé. Au Grand Socco ne se tiennent
que les charmeurs de serpents, les lecteurs à haute voix, les écrivains publics, les
UIZKPIVL[�LM�SPWT��LM�XQUMV\�PIKPu�#�^MVLM]Z[�LM�Xp\Q[[MZQM[�OT]IV\M[��LM�ÆM]Z[�WLW-rantes, de paniers tressés. Et les paysannes qui sont là, coiffées de grands chapeaux
de paille et les jambes guêtrées par des morceaux de mauvais cuir, elles viennent des
douars lointains, elles ont cheminé et cheminé à travers les ronces déchirantes pour
proposer aux chalands un poulet famélique, ou quelques oeufs, ou seulement une
brassée de charbon de bois. Leurs visages ne sont pas voilés. À tant de misère et de
labeur, cette liberté, du moins, est permise. Des bourricots trottinent, des automobiles
précieuses fendent lentement la foule. Dans le fond, frémissent les arbres séculaires
LM�TI�5MVLW]JQI��W��TM�ZMXZu[MV\IV\�L]�;]T\IV�LM�:IJI\�ZuOQ\�TI�^QM�U][]TUIVM�¯
Pendant l’occupation portugaise et anglaise, les autochtones y vendent leur produits.
Après le départ des anglais, le sultan offre ce terrain aux tangérois qui l’utilisent
comme marché. S’installent sur cette place l’ancienne légation allemande, la mosquée
;QLQ�*W]�)JQL��TI�KPIXMTTM�XZW\M[\IV\M��TI�TuOI\QWV�LM�.ZIVKM��TI�XW[\M�KPuZQÅMVVM�M\�TM�collège Alphonse XIII. Les ambassades et chancelleries déménagent progressivement
de la médina pour s’installer dans les espaces verts avoisinants la place. Cela va
favoriser et accélérer le développement de la nouvelle ville. Ces premières expansions
[WV\�TWKITQ[uM[�o�XZW`QUQ\u�LM[�U]ZIQTTM[�LM�TI�UuLQVI��L]�XWZ\��LM�TI�5WV\IOVM��LM�TI�rue de Fès et du boulevard Pasteur. Cette extension de la ville restera pendant très
TWVO\MUX[�LuXW]Z^]M�LM� \W]\M� XTIVQÅKI\QWV�]ZJIQVM��+¼M[\� LMX]Q[� T¼QV[\I]ZI\QWV�L]�statut international de la ville que la colonne vertébrale de la cité, constituée par le
boulevard Pasteur, va alors se former. Cette artère principale du nouveau Tanger va
connaitre des hauts et des bas dans son développement urbain (crises économiques,
KWVÆQ\[�QV\MZVI\QWVI]`�����I^MK�]VM�IXWOuM�LIV[�TM�LuJ]\�LM[�IVVuM[����Le Grand Socco se comporte dés lors comme une jonction entre la vieille ville et la
nouvelle ville.
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Le boulevard Pasteur, un nouveau centre ville
+M\\M�bWVM�LM� TI�VW]^MTTM�^QTTM�V¼M[\��o� TI�ÅV�L]��!vUM�[QvKTM��Y]¼]V�^I[\M� RIZLQV�LuXW]Z^]�LM�\W]\M�]ZJIVQ[I\QWV��-TTM�M[\�KWVV]M�[W][�TM�VWU�LM�®0]MZ\I�LMT�[MVWZ�.ZI[Y]Q\W�-T�;M^QTTIVW¯��XW\IOMZ�LM�5��.ZI[Y]Q\W�LM�;M^QTTM���+M�\MZZIQV�IKPM\u�XW]Z�125 pesetas passe entre les mains d’une riche famille juive puis entre celle des
Toledano qui achètent ce terrain à l’emplacement stratégique (proche de la médina,
dominant la baie et le détroit) pour la somme modique de 2 francs le m2. Avec l’arri-
vée massive des occidentaux et cette volonté de construire en dehors des murailles,
la Banque de Paris et des Pays-Bas rachète une partie de la future artère pour la
colossale somme de 400 000 pesetas.
Par la suite, l’activité foncière et spéculative de la cité va se concentrer tout autour
de cette zone. En 1910 s’élève sur le futur boulevard, la première construction de
ZuMTTM�QUXWZ\IVKM�"�®TI�5IQ[WV�LM�TI�,M\\M�5IZWKIQVM¯��=VM�LM�[M[�UQ[[QWV[�M[\�LM�
Place Faro sur le boulevard Pasteur (Février 2011)
contrôler la dette marocaine envers ses partenaires européens. Les Toledano vont
alors concevoir les premiers immeubles et villas de la future artère. L’apparition des
voitures va vite entraîner la disparition du sable présent en guise de route. C’est en
�!���Y]M�TI�ZW]\M�ÅVQ\�XIZ�w\ZM�OW]LZWVVuM��4¼MUXZQ[M�LM�TI�UuLQVI�ZM[\IV\�NWZ\M��TM[�quelques habitations, bureaux et autres boutiques du boulevard resteront longtemps
inoccupés. La médina continuant à accaparer les principales activités, toute sépa-
ration aurait été préjudiciable pour la nouvelle ville. C’est pour cette raison que le
boulevard fut relié à la médina par un des chemins (l’ex rue de Fez ou rue du Statut
et actuelle rue de la Liberté) partant du Grand Socco. Dés 1910, on assiste, sur cette
voie à forte pente, à la construction de plusieurs immeubles et magasins. On peut citer
KMTTM�LM�TI�NIUQTTM�5MVMJPQ�M\�TI�Zu[QLMVKM�L]�TWZL�*]\M���!����\ZIV[NWZUuM�LMX]Q[�MV�un luxueux hôtel. En ce qui concerne le boulevard Pasteur, il faut attendre les années
30 pour commencer à noter une réelle occupation et activité. Elle se focalise dans les
cafés, bars, restaurants, boutiques de prêt-à-porter, garages, compagnies (Shell, La-
\MKWMZM������5IQ[�TI�^QTTM�QV\MZVI\QWVITM�M\�[WV�I`M�[\Z]K\]ZIV\�^WV\�KWVVIQ\ZM�]V�Lu^M-loppement en dent de scie. Cela est dû aux événements mondiaux qui ont bouleversé
la planète pendant la première moitié du 20ème siècle. Ce n’est qu’au lendemain de la
seconde guerre mondiale que la principale artère de ce nouveau centre va connaitre
sa formidable expansion. La construction d’immeubles va alors augmenter et le prix
du m2 atteindre les 20 000 pesetas.
De nos jours, cette voie est l’une des plus animée de Tanger ; on y trouve de nom-
breuses banques, boutiques, bureaux, cafés... En observant les bâtiments qui longent
le boulevard, on peut faire rejaillir les différentes phases du développement de la
nouvelle ville.
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100 m
L’emplacement du site est stratégique : charnière entre la médina, la ville internationale des années 30, et l’ancien port.
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100 m
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RELEVÉPHOTOGRAPHIQUE
« Tanger se délabre peut-être, mais pour moi elle
est irrésistible. Qu’on abbate les maisons, qu’on
remplace les vieilles façades par des neuves, l’es-
sence subsitera. L’âme de cette ville n’est pas fonc-
\QWV�LM�[WV�IZKPQ\MK\]ZM��¯
2WPV�0WXSQV[1
1 4M[�5W]KPM[�LM�<IVOMZ� ed. Gallimard, 1973, p.116.
25
Friche
*WZL�LM�5MZ
Vue Générale
Théâtre
Cervantes
Funduq
5IZKPuFaussaires
Place
FaroBâtiment
<ZIÅY]IV\
27
Place Faro et Sour Maäguiz
Théâtre
Cervantes
À la naissance du boulevard Pasteur, la place Faro donne un point de vue inprenable
sur le port. On peut aussi y appercevoir le dos du Théâtre Cervantes.
Très fréquentée par les tangérois et véritable spot touristique, c’est un lieu de ren-
contre incontournable de la ville.
À toute heure du jour, des hommes assis contemplent l’horizon et le soir on s’y
retrouve en famille.
+M\\M�XTIKM�[]ZXTWUJM�]V�RIZLQV��;W]Z�5IqO]Qb��o�NWZ\M�LuVQ^MTI\QWV�M\�Y]Q�[MUJTM�avoir été récemment arboré et ammenagé.
1T�M[\�KMXMVLIV\�ZIZM�Y]M�TM[�\IVOuZWQ[�XZWÅ\MV\�LM�KM�RIZLQV��QT[�VM�[¼MV�[MZ^MV\�Y]M�comme d’un passage du fait de la faiblesse de son aménagement.
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31
Friches Bord de Mer
Cette friche, aujourd’hui utilisée comme parking dans sa partie inférieure était il y
a encore quelques année occupée par des entrepots qui fonctionnaient avec le port
[Q\]u�LM�T¼I]\ZM�KW\u�LM�T¼)^MV]M�5WPIUML�>1�
D’inconfortables ecaliers situés de part et d’autre de ce terrain permettent de grim-
per dans la ville.
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35
Le Théâtre Cervantes
+WV[\Z]Q\�MV\ZM��!���M\��!����[]Z�TM[�NWVL[��XMZ[WVVMT[�LM�5IV]MT�8M}I�M\�LM�[WV�uXW][M�LW}I�-[XMZIVbI�7ZMTTIVI��JW]ZOMWQ[�M[XIOVWT[�Lu[QZM]`�LM�UM\\ZM�MV�^ITM]Z�T¼QVÆ]MVKM�QJuZQY]M�[]Z�TI�^QTTM�L]�Lu\ZWQ\��TM�®�/ZIV�<MI\ZW�+MZ^IV\M[�¯�LM^IQ\�ZMXZu-senter l’Espagne culturelle.
4M[�\ZI^I]`�N]ZMV\�KWVÅu[�o�T¼IZKPQ\MK\M�,QMOW�2QUuVMb�)ZU[\ZWVO��M\�T¼MV[MUJTM�des matériaux nécessaires a été importé d’Espagne.
4I�XZWXZQu\u�LM�KM�\Pup\ZM�I�u\u�KuLuM�MV��!� �XIZ�TM�KW]XTM��8M}I7ZITTIVI�o�T¼u\I\�espagnol, qui est à cette date toujours propriétaire du terrain et des murs de cet
uLQÅKM��4M�[WT�ZM[\M�XZWXZQu\u�L]�5IZWK�
Cette salle prestigieuse est tombée, après l’indépendance, dans le délabrement le
plus total. Son jardin aussi a subi le même sort.
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39
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Marché des Faussaires
Ce bâtiment, adossé à un funduq habité, est constitué d’échoppes venues se greffer
dans les vestiges d’une ancienne usine.
Les toitures composées de tôle ondulée et autres matériaux de récupération, les
murs aveuglent qui cintrent le bâtiment et ses deux petites portes d’entrée comme
seul accès donnent à cet ensemble une allure sordide.
Ces échoppes vendent uniquement des contrefaçons.
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*p\QUMV\�<ZIÅY]IV\
Ce bâtiment inachevé, fait face au marché des faussaires et au Théâtre Cervantes.
;WV�XZWXZQu\IQZM��]V�\ZIÅY]IV\�LM�LZWO]M��I�TIVKu�TI�KWV[\Z]K\QWV�LM�KM�Jp\QUMV\�LM�logements dans le but de blanchir son argent. La construction a été stoppée en 1995
à la suite de son arrestation.
Le bâtiment étant censé monter en R+2, les habitants du bâtiment de logement
accolé au théâtre se rejouissent de l’arret de ce chantier leur permettant de conser-
ver leur vue sur la baie.
Les accès ont été murés et il est dans cet état depuis plus de 15 ans.
47
49
Friche Dénivelée
Cette friche forme un talus constitué de terre et de gravats.
La majorité des façades qui la borde est aveugle ou ne possède que des ouvertures
secondaires.
51
)VVM`M�L]�.]VL]Y�?QTTITQ
Situé au fond du Funduq Wallili, cette annexe, exigue tant par ses dimensions que par
son emplacement semble avoir été rajoutée au bâtiment principal. Ses salles se répar-
tissent sur deux étages. Au milieu, un patio est occupé en son centre par un bassin
de forme rectangulaire.
Les portiques sont soutenus par de superbes chapiteaux d’inspiration andalouse.
Cette annexe sert actuellement de logement à des familles défavorisées et son état de
conservation laisse beaucoup à désirer.
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Image extraite de Tanger et ses environs Assilah et Chefchaouen, de Juan Ramon Roca, 2011, p.124
55
PRATIQUESTHÉÂTRALES
À TANGER
I Le théâtre au Maroc, hier et aujourd’hui
Selon le metteur en scène Abdelwahed Ouzri1��®TM�5IZWK�M[\�]V�VW]^MI]�^MV]�LIV[�T¼IVKQMV�UWVLM�L]�\Pup\ZM¯2. En effet c’est dans les années 20 que les troupes venues
L¼WKKQLMV\�WV\�QV\ZWL]Q\�I]�5IZWK�]VM�VW]^MTTM�LWVVM�LIV[�TM�[XMK\IKTM�R][Y]¼ITWZ[�constitué majoritairement de formes parathéâtrales telles que :
La Halka, un groupement en cercle de gens autour d’un conteur, qui raconte une
histoire en y mettant tous les ingrédients de la narration théâtralisée. La scène se
XI[[M�[]Z�]VM�XTIKM�X]JTQY]M��2IUpI��4INVI�o�5IZZISMKP�XIZ�M`MUXTM���XW]Z�I\\QZMZ�plus de gens et donc gagner plus de pièces. Joseph Kessel prend comme personnage et
1 Directeur du Festival de Rabat, membre du conseil d’administration du Théâtre national
5WPIUML�>��<65��M\�IVKQMV�LQZMK\M]Z�LM[�u\]LM[�LM�T¼1V[\Q\]\�[]XuZQM]Z�L¼IZ\�LZIUI\QY]M�M\�LM�T¼IVQUI-tion culturelle (Isadac).
2 Propos recueillis lors d’une rencontre au siège de l’Union des écrivains algériens, à Alger
®<Pup\ZM�MV�[W]NNZIVKM�"�T¼M`MUXTM�UIZWKIQV¯�
ÅO����"�-`MUXTM�LM�0ITSI�[]Z�TI�XTIKM�2IUpI��4INVI�o�5IZZISMKP
57
VIZZI\M]Z�XZQVKQXIT�LM�[WV�ZWUIV�®)]�/ZIVL�;WKKW¯3, un jeune tangérois, Bachir, qui
va avec quelques amis sur la place du marché pour y conter ses diverses aventures.
Al Bsat�Y]Q�M[\�]VM�[WZ\M�LM�0ITSI�UIQ[�I^MK�XT][QM]Z[�IK\M]Z[�KIUXIV\�]VM�PQ[\WQZM�plutôt drôle, et donc destinée à faire rire, non sans un intérêt pédagogique.
Aabidat Rma sont des troupes d’acteurs – simulateurs dont la vocation est d’abor-
der sous divers angles, les aspects de la vie sociale, essentiellement sur les places
publiques.
,v[�T¼IKKM[[QWV�L]�5IZWK�o��T¼QVLuXMVLIVKM��TM�\Pup\ZM�\WUJM�ZIXQLMUMV\�LIV[�TM�OQZWV�WNÅKQMT�M\�TI�ZILQW�VI\QWVITM�^I�RW]MZ�]V�Z�TM�KZ]KQIT�LIV[�TI�NWZUI\QWV�M\�TI�XZWNM[-[QWVVITQ[I\QWV�LM�VW]^MTTM[�\ZW]XM[��4M[�[\]LQW[�LM�TI�:<5�LM^QMVVMV\�]V�M[XIKM�LM�prédilection pour les amateurs des planches qui vont reprendre les grands succès du
théâtre international et interpréter des textes produits par des auteurs marocains.
8T][QM]Z[�RM]VM[��Q[[][�LM�KM\\M�\ZW]XM��XZMVLZWV\�XT][�\IZL�TM�ÆIUJMI]�L]�\Pup\ZM�VI\QWVIT�"�<IaMJ�;ILLQSQ��)PUML�<IaMJ�4IpTR��5WPIUML�0I[[IV�-T�2W]VLQ��5WPIUML�;I{L�)ÅÅ�M\�JQMV�L¼I]\ZM[�NWVLMZWV\�LM[�\ZW]XM[�I]RW]ZL¼P]Q�MVKWZM�MV�IK\Q^Q\u�
Le théâtre amateur et le théâtre universitaire parrainent aujourd’hui de nouvelles
recrues dans des ateliers de formation étalés sur l’année. Au milieu des années 80,
l’Institut d’Art Dramatique et de l’Animation Culturelle (ISADAC), prend en charge la
formation académique aux métiers du théâtre.
Depuis 1998, le ministère de la culture mène une véritable politique de soutien en
faveur du théâtre. Son action est fondée sur le soutien à la création par l’attribution
de subventions aux troupes de théâtre professionnelles marocaines et le soutien à la
diffusion par l’achat et la programmation de spectacles de théâtre.
Ce programme de soutien est régi par un décret et un arrêté conjoint du ministre de
TI�K]T\]ZM�M\�L]�UQVQ[\ZM�LM[�ÅVIVKM[��LM�TI�XZQ^I\Q[I\QWV�M\�L]�\W]ZQ[UM�Les principaux critères d’octroi d’aide à la création et la diffusion sont la qualité
artistique des projets et le professionnalisme de la gestion administrative des troupes.
4¼u\]LM�LM[�LW[[QMZ[�LM�KIVLQLI\]ZM[�M[\�KWVÅuM�o�]VM�KWUUQ[[QWV�L¼M`IUMV�M\�LM�sélection constituée de spécialistes (hommes de théâtre, critiques, chercheurs...). Ses
membres sont proposés par le ministère de la culture et le syndicat national des pro-
3 Kessel Joseph , Au Grand Socco, Paris, éditions Galllimard, 1952, 318 pages.
fessionnels du théâtre, conformément à l’arrêté conjoint du ministre de la culture et
L]�UQVQ[\ZM�LM[�ÅVIVKM[��4M�[W]\QMV�o�TI�XZWL]K\QWV�KWV[Q[\M�o�ÅVIVKMZ��� �L]�KW�\�de production, sans toutefois dépasser le plafond de quatre cents mille dirhams.
Le but est de promouvoir une activité régulière et les troupes subventionnées s’en-
gagent à présenter dix spectacles dans au moins trois provinces.
Entre 1998 et 2003, le ministère de la culture a subventionné 119 troupes dans le
cadre du soutien à la création et 36 troupes dans le cadre du soutien à la diffusion
(entre 1999 et 2003).
Ce programme de soutien a contribué à une meilleure gestion des troupes de théâtre
et à garantir une saison théâtrale régulière d’une moyenne de 360 représentations
par an.
11�<Pup\ZM�o�<IVOMZ�"�TIK]VM[�[\Z]K\]ZMTTM[�M\�KWV[uY]MVKM[
8Zu\M`\MZ�T¼IJ[MVKM�L¼IK\Q^Q\u[�\Pup\ZITM[�o�<IVOMZ�XW]Z�R][\QÅMZ�TI�XI[[Q^Q\u�LM[�ZM[-ponsables face à l’inexistence d’une salle de spectacle est aberrante. En effet, après
avoir perdu le spectacle du Ballet Nacional Espagnol en octobre 2000, faute de salle,
Tanger risque de voir également partir son Festival de Théâtre amateur. «Pourquoi
0
0,40
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1,60
2,00
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4,00
98/99 99/00 00/01 01/02 02/03 03/04 04/05 05/06 06/07 07/08 08/09 09/10
ÅO����"�:IXXWZ\�MV\ZM�TM�VWUJZM�LM�\ZW]XM[�ÅVIVKuM[��`���� et l’investissement du gouvernement (x 1 000 000 de Dirhams)
59
XI[�5IZZISMKP'¯�LQZI�8PQTQXXM�4WZQV��TM�XIZZIQV�LM�KM\\M�IK\Q^Q\u��NIKM�o�LM]`�LQNÅK]T-tés majeures : la salle Beckett nécessiterait des aménagements sérieux, tandis que
les salles du Groupe scolaire espagnol ne seraient plus disponibles dans les mêmes
conditions que par le passé.
Quand par ailleurs, le jeune créateur tangérois, Zoubeïr Benbouchta se voit obligé de
[¼M`XI\ZQMZ�I]�-\I\[=VQ[�XW]Z�Zu][[QZ�TM�UWV\IOM�L¼]VM�LM�[M[�WM]^ZM[�o�TI�5IUUI�LM�6M_AWZS��KWUUM�TM�ÅZMV\�I^IV\�T]Q�*IKPQZ�;SQZMLR��0I[[IV�7]ISZQU�W]�5][\IXPI�Ouchama, la question d’un vrai théâtre à Tanger se pose autrement.
«Il n’y a pas de salle pour monter un spectacle valable. Nous avons besoin de décors,
LM�UI\uZQMT�\MKPVQY]M��LM�\MKPVQKQMV[���¯�KWVÅZUIQ\�*MVJW]KP\I�LIV[�]V�MV\ZM\QMV[�o�la presse.
ÅO����"�)NÅKPM[�LM�;PISM[XMIZM�4IVM�UWV\uM[�MV�IVOTIQ[�M\�Pieds Blancs monté en arabe et en français
III El Gran Teatro Cervantes : vie et mort du théâtre de Tanger
)[[IaIO� LIV[� [WV� W]^ZIOM� ®<IVOMZ���ZMOIZL[� []Z� TM� XI[[u���KM� Y]¼QT� N]\¯� XZu[MV\M� TM�Gran Teatro Cervantes du début du 20ème siècle. Il y décrit les décors peints, les cou-
lisses et les sièges rabattables de l’orchestre qui se transformaient en piste de danse.
� ®4M�\Pup\ZM�N]\�KWV[\Z]Q\�[]Z�]VM�LM[�VWUJZM][M[�XZWXZQu\u[�LM�5��8M}I���appelée huerta...La pose de la première pierre, le 2 avril 1911, constitua en présence
des personnalités européennes et marocaines de l’époques un acte solennel...
4M�/ZIV�<MI\ZW�+MZ^IV\M[��QVI]O]Zu�WNÅKQMTTMUMV\�TM����LuKMUJZM��!����^Q\�TM�ZQLMI]�LM�[I�[KvVM�[M�TM^MZ�[]Z�TI�KWUXIOVQM�M[XIOVWTM�LM�/]MT���¯4
Les troupes, artistes, chanteurs et danseurs se succèdent alors au Cervantes : Le
couple Rosario et Antonio, Caruso, Estrellita Castro, Carmen Sevilla, Imperio Argen-
\QVI��)V\WVQW�5IKPQV��5IVWTW�+IZIKWT�M\�4WTI�.TWZM[��8MXM�5IZKPMVI�M\�2]IVQ\W�>IT-derama...
4 Assayag Issac J. Tanger ... Regards sur le passé ... Ce qu’il fut. éditions I. Assayag ; 2000 :
743 pages.
ÅO����"�:MXZu[MV\I\QWV�LM�TI�XQvKM�\Pup\ZITM�®;ITIP�MLLQVM�)aaW]JQ¯��UWV\uM�XIZ�TM[�RM]VM[�\IVOuZWQ[�I]�TMVLMUIQV�LM�T¼QVLuXMVLIVKM��5��:JI\Q���!���
61
)JLMTSILMZ�;UQPQ��LIV[�®6IQ[[IVKM�L]�\Pup\ZM�M\�L]�[XWZ\�I]�5IZWK¯�VW][�LWVVM�LM[�détails sur les pièces montées sur la scène du Cervantes par les associations tangé-
ZWQ[M[�)T�5WOPZMJ�M\�)T�0QTIT�"�-T�?ITQL�*MV�)JLMTUITMS�-T�)UIW]Q��[MX\MUJZM��!� ���;ITILQV��Nu^ZQMZ��!�!���7\PMTTW��IW]\��!�!���-T�5IV[W]Z�-LLIPJQ��RIV^QMZN��!�����XW]Z�V¼MV�KQ\MZ�Y]M�Y]MTY]M[]VM[��+MZ\IQVM[�XQvKM[�I^IQMV\�JuVuÅKQu�LM� TI�XIZ\QKQXI\QWV�LM�OZIVLM[�^MLM\\M[�uOaX\QMVVM[�LM�T¼uXWY]M�KWUUM�5][\IXPI�-T�2IbbIZ��IK\M]Z�M\�réalisateur). Les vestiaires étaient parfois importées de Paris ou d’ailleurs. À l’époque,
au début du statut internationnal, les troupes de théâtre et leurs comités étaient
constituées principalement de troupes amateurs.
,IV[�TM[�IVVuM[�����o�T¼QVLuXMVLIVKM�L]�5IZWK�M\�o�TI�ÅV�L]�[\I\]\�QV\MZVI\QWVIT�LM�Tanger, le Cervantes devient un cinéma. La ville, ayant à l’époque une population de
150 000 habitant ne possède plus de théâtre...! Rachid Taferssiti, président de l’asso-
ciation Al Boughaz5, décrit ainsi le théâtre au début des années 60 :
«Je devais avoir douze ou treize ans quand je suis entré pour la première fois
au Cervantes. Pour moi, c’était une salle de cinéma où j’avais vu Peter Pan, de Disney.
Pour un enfant, c’était vraiment vivre un rêve dans un décor de rêve. Je me rappelle
avoir été frappé par la décoration du théâtre. Les balcons. Les motifs entourant la
[KvVM�W]�XT]\�\�T¼uKZIV��4I�NuM�KTWKPM\\M��8M\MZ�8IV���¯6
Le théâtre/cinéma Cervantes est fermé depuis 1994 et est depuis laissé à l’abandon.
1>�TM[�8ZI\QY]M[�\Pup\ZITM[�o�<IVOMZ�I]RW]ZL¼P]Q�^]M[�XIZ�[M[�IK\M]Z[�
L’activité théâtrale régulière (hors festivals) survit aujourd’hui à Tanger par le biais
de quelques associations. Ces associations, plus ou moins institutionnalisées possè-
dent et gèrent leur propre lieu de représentation.
J’ai tenté de me faire une idée de cette activité théâtrale en allant interroger les
gérants de ces diverses associations qui, en l’absence d’école ou de lieu de formation,
sont les seuls pôles créatifs de la ville en matière d’art de la scène.
Le théâtre de la fondation Lorin, fondée par Philippe Lorin7.
La fondation récolte et expose des photographies du Tanger International dans une
IVKQMVVM� [aVIOWO]M� LM� TI�UuLQVI� \ZIV[NWZUuM� MV� [ITTM� L¼M`XW[Q\QWV� �� \Pup\ZM��5��5 Association de protection du patrimoine architectural et culturel tangérois.
6 Taferssiti Rachid, Tanger 1999-2003, Chroniques d’une transition,Tanger, éditions Zarouila, 2004, 211
pages.
7 Publicitaire parisien retraité venu s’installer à Tanger
Lorin organise et gère aussi les festivals de Tanjazz et de Tanja Latina.
Il m’explique, à propos de son activité qu’à Tanger :
� ®TM�\Pup\ZM�I�[WV�X]JTQK�UIQ[�KM���V¼M[\�XI[�]V�OZIVL�X]JTQK��5M\\Mb��������personnes c’est tout. C’est comme pour tout, il faut attirer les gens. J’ai fait un festival
LM�2Ibb�QKQ�#�TWZ[Y]M�R¼IQ�LQ\�"�®RM�^IQ[�NIQZM�]V�NM[\Q^IT�LM�RIbb�o�<IVOMZ¯�WV�U¼I�ZQ�I]�VMb����®5IQ[�^W][�^W][�ZMVLMb�KWUX\M���TM�RIbb�I]�5IZWK���M\�o�<IVOMZ��iI�VM�UIZKPMZI�XI[�¯�
Je lui demande alors si il existe un public potentiel de théâtre à Tanger «il y a un
public marocain pour des pièces marocaines. Là vous aurez du monde. Les marocains
sont très exo-centrés. Ils aiment leur musique, leur théâtre. Il y a un public jeune pour
LM[�XQvKM[�UIZWKIQVM[�¯�
Quant à la production nationale: «Vous avez des auteurs de théâtre marocains au-
jourd’hui. Le plus connu aujourd’hui est Driss Ksikes. Ses pièces existent en arabe
et en français. Et pour ses pièces jouées en arabe il y a facilement un public de 1000
personnes. En français je dirais 300-350 et en arabe un millier. Et sûrement beau-
coup plus pour les autres formes de théâtre ou le spectacle vivant dans son ensemble
�KQZY]M��KWUuLQM[�U][QKITM[����¯8
8 propos recueillis lors d’un entretien avec Philippe Lorin le 9 février 2011
ÅO����"�<Pup\ZM���[ITTM�L¼M`XW[Q\QWV�LM�TI�NWVLI\QWV�4WZQV
63
En ce qui concerne la programmation de son théâtre, il m’explique qu’il a monté
quelques pièces avec des amis, toujours en langue française et qu’il a prêté quelque
fois la salle à d’autres associations telles que Darna.
La Salle Beckett
Annexe de l’institut français qui en fait la programmation. La salle accueille à la fois
des concerts, de la danse et du théâtre. En ce qui concerne le théâtre, les pièces qui
s’y représentent sont uniquement francophones ou traduites en français. Le but de
l’institut et de la salle en particulier est « de promouvoir la culture française sur le
\MZZQ\WQZM�UIZWKIQV�M\�KWTTIJWZMZ�I^MK�TM[�QV[\Q\]\QWV[�K]T\]ZMTTM[�UIZWKIQVM[�¯
En terme de programmation, l’institut reçoit des propositions venant de partout. Cette
programmation se fait par rapport à des thèmes et sujets choisis. Il accueille aussi
des spectacles mutualisés, qui tournent soit dans les différents instituts français au
5IZWK�[WQ\�LIV[�TM�UWVLM��4M[�XQvKM[�ZMXZu[MV\uM[�[WV\�\W]RW]Z[�MV�NZIVtIQ[��4M�X]JTQK�M[\�TM�ZMÆM\�LM[�LQ^MZ[M[�KWUU]VI]\u[�LM�<IVOMZ��UIZWKIQVM��NZIVtIQ[M��M[XIOVWTM��américaine ...
ÅO����"�5][QY]M�LM�KPIUJZM�LIV[�TI�[ITTM�*MKSM\\����Nu^ZQMZ������
Un des responsables adjoint à la culture de l’institut français me parle de la résidence
que l’institut établit en faisant travailler en équipe des metteurs en scène français et
des comédiens marocains. Cette résidence aboutit à un spectacle qui peut partir en
tournée nationale ou internationale.
À la question du rapport entre la salle et les différents organismes de théâtre tangé-
rois dont Darna, il répond :
� ®*QMV�[]Z��WV�I�KWTTIJWZu�XW]Z�NIQZM�XI[�UIT�LM�KPW[M[�MV[MUJTM���5IQV\MVIV\�tI�NIQ\�]V�UWUMV\�Y]M�VW][�V¼I^WV[�ZQMV�NIQ\�MV[MUJTM��5IQ[�TI�[ITTM�M[\�W]^MZ\M�o�tout le monde. Si ils ont un projet de représentation, ou dans le cadre de répétitions,
il nous arrive de leur prêter la salle. On reçoit beaucoup de demande d’associations
ou bien des institutions culturelles qui viennent ici pour la salle. Par exemple, la
[MUIQVM�XZWKPIQVM��]VM�I[[WKQI\QWV�^QMV\�NIQZM�]V�KWVKW]Z[�LM�XQIVW�QKQ�¯
Il s’agit d’une salle multi-fonctionnelle « elle est idéale à la fois pour les représenta-
tions théâtrales et musicales. Ce soir, on y joue de la musique de chambre ; les dimen-
[QWV[�LM�TI�[ITTM�M\�[WV�IKW][\QY]M�M[\�XIZNIQ\M�XW]Z�KM�\aXM�LM�[XMK\IKTM�¯
La salle fait 178 places et la scène fait 9m de largeur sur 6m de profondeur. «On vient
de l’équiper en matériel lumière et on est en train de voir pour mettre en place du
UI\uZQMT�[WVWZM�¯
Elle a été longtemps fermée, et c’est lors du changement de directeur de l’institut
qu’elle a réouvert, il y a environ 6 ans. La rénovation de la salle est récente et un
projet d’agrandissement est en cours mais il n’avance pas faute de moyens. Des salles
de cours et de répétitions sont aussi accessibles depuis la scène.
L’ambition est de faire aussi de la salle une véritable salle de cinéma.
-V� KM� Y]Q� KWVKMZVM� TM[� ÅVIVKMUMV\[�� T¼QV\uOZITQ\u� ^QMV\� LM� T¼QV[\Q\]\�� 4M� [XWV[WZ[�TWKI]`�\MT[�Y]M�TI�*5+1���ÅTQITM�UIZWKIQVM�LM�TI�*68�8IZQJI[���QV\MZ^QMVVMV\�TWZ[�LM�festivals hors les murs.
²�TI�Y]M[\QWV��I]ZQMb�^W][�JM[WQV�L¼]VM�[ITTM�XT][�OZIVLM�IÅV�LM�XZWL]QZM�LM[�[XMK-tacles à plus grande échelle, il me dit qu’ils aimeraient avoir «une grande salle avec
XT][�LM�[KvVM��XW]^IV\�IKK]MQTTQZ�XT][�LM�X]JTQK�M\�IaIV\�XT][�LM�UWaMV[�\MKPVQY]M[�¯9
9 propos recueillis lors d’un entretien le 6 février 2011
65
Le Théâtre Municipal Mohamed El-Hadda.
Inauguré en avril 2009, ce théâtre est sensé être le lieu où se produisent les pièces
professionnelles arabophones. Le directeur, m’explique que:
«Ce théâtre n’est pas un théâtre de quartier, c’est un théâtre de Tanger,
LM�\W]\�TM�5IZWK��iI�V¼MUXwKPM�XI[�Y]M�LM[�I[[WKQI\QWV[��Y]Q�[WV\�LIV[�TM�Y]IZ\QMZ��XM]^MV\�NIQZM�LM[�IK\Q^Q\u[�QKQ��5IQ[�VW\ZM�LuÅ��M[\�TI�Y]ITQ\u�LM[�XQvKM[��7V�XM]\�KPWQ-[QZ��WV�VM�NIQ\�XI[�V¼QUXWZ\M�Y]WQ�QKQ�¯
Le théâtre n’est pas bien organisé et mal pensé. Par exemple, il n’y a aucune isolation
entre le hall d’entrée et la salle; un escalier monumental amène le public de l’entrée
aux gradins. De plus, les sorties de secours de la scène et des gradins donnent direc-
tement sur la rue sans aucune isolation phonique ce qui fait qu’on entend les klaxons
et autres nuisances sonores urbaines lors des représentations.
La salle est plus une salle multifonctionnelle avec «des moyens techniques d’une salle
LM�\Pup\ZM��LM�U][QY]M��LM�LIV[M���XW]Z�V¼QUXWZ\M�Y]MT�\aXM�LM�ZMXZu[MV\I\QWV�¯10
10� XZWXW[�ZMK]MQTTQ[�TWZ[�L¼]V�MV\ZM\QMV�I^MK�TM�LQZMK\M]Z�L]�<Pup\ZM�5]VQKQXIT�TM���Nu^ZQMZ�����
ÅO����"�.ItILM�L]�\Pup\ZM�5]VQKQXIT�5WPIUML�-T0ILLI
Le Théâtre de Darna
L’association Darna a été créée dans les années 80 pour venir en aide aux enfants des
rues. Elle contient un refuge et des centres de formation ; remise à niveau scolaire
pour les plus petits et formation et insertion professionnelle pour les plus âgés (au
dessus de 14 ans). Il y a quatre axes : ferronnerie, menuiserie, confection textile et
boulangerie. Puis ils ont ouvert une maison des femmes avec diverses formations.
Ensuite une ferme pédagogique à 10km du centre où les enfants, dont les parents sont
souvent issus de l’exode rural, apprennent l’agriculture biologiques.
«Le théâtre était une des structures de la maison des jeunes pour les activités ar-
tistiques qu’ils faisaient. Avant que j’arrive c’était au coup par coup, il y avait des
activités peu régulières. Depuis que je me charge du théâtre on essaye de caser un
XZWOZIUUM�¯�U¼M`XTQY]M�-ZQK�>ITMV\QV��OuZIV\�L]�\Pup\ZM�LM�T¼I[[WKQI\QWV�,IZVI�
Le théâtre fait partie de l’ancienne école espagnole Alfonso III et le terrain appartient,
tout comme pour le théâtre Cervantes, à l’Espagne. En 1956, l’école est cédée à l’Edu-
KI\QWV�6I\QWVITM�5IZWKIQVM��)]RW]ZL¼P]Q�KM[�TWKI]`�[WV\�KuLu[�o�T¼I[[WKQI\QWV�XIZ�TM�gouvernement marocain, depuis Darna a investit beaucoup pour le mettre en état de
fonctionnement (scène, lumières, sono,...).
«Après avoir été comédien pendant près de 8 ans à Paris, je voulais prendre l’air et
Y]Q\\MZ� TI�.ZIVKM��2M�[]Q[�^MV]�I]�5IZWK�NIQZM�]V�LWK]UMV\IQZM�[]Z�2MIV�/MVM\�o�Larache (ville au Sud de Tanger). J’ai alors rencontré la présidente de l’association
ÅO�� �"�TM�\Pup\ZM�,IZVI�TWZ[�L¼]VM�ZuXu\Q\QWV�KWTTMK\Q^M
67
,IZVI�Y]Q�U¼I�ÅTu�TM�\Pup\ZM�MV�UM�LQ[IV\�"�®QT�a�I�KM�TQM]��QT�V¼a�I�XI[�LM�XZWRM\�o�TWVO�terme, il n’y a pas de budget ni d’équipe mais si tu veux faire quelque chose, tu peux
NIQZM�KM�Y]M�\]�^M]`�¯�4M�\Pup\ZM�I^IQ\�LuRo�u\u�ZM\IXu�UIQ[�QT��a�I^IQ\�MVKWZM�LM[�XZW-blèmes d’électricité, il n’y avait pas de sièges, les coulisses n’étaient qu’un espace non
aménagé et il n’y avait pas de bois sur la scène, c’était une dalle de béton...Quand je
[]Q[�IZZQ^u��TM�\Pup\ZM�u\IQ\�LuRo�QUXTIV\u�KWUUM�[\Z]K\]ZM�I[[WKQI\Q^M�M\�ZM[XMK\u�¯
Je lui demande ce qu’il s’y passe. il m’explique alors le fonctionnement du théâtre en
détails :
«Les premières années, on a essayé de maintenir deux choses, au début seul puis
avec quelques personnes. Je ne connaissais pas Tanger si bien que ça parce que ce
n’était pas une ville que j’aimais. Donc je me suis dit qu’étant dans une grande ville,
nous allions essayer de travailler avec les artistes locaux ; de leur offrir un espace
de résidence, de recherche et de représentation. Théâtralement, il s’est avéré que je
V¼IQ�\ZW]^u�XMZ[WVVM��5][QKITMUMV\�]V�XM\Q\�XM]�� QT�a� �I�M]�XI[�UIT�LM�OZW]XM[�LM�musiques qui ont bossé ici...
On a essayé de créer un espace culturel qui permettrait aux autres artistes de la ville
de s’y engager et évidemment en parallèle de développer des ateliers pour les enfants
M\��\W][�TM[�JuVuÅKQIQZM[�LM�,IZVI�MV�ZvOTM�OuVuZITM��;I]N�Y]M�[IV[�ZuMT�ÅVIVKMUMV\��I^MK�]V�ÅVIVKMUMV\�o�KW]X�LM�TIVKMXQMZZM��K¼u\IQ\� ZIQUMV\�LQNÅKQTM�LM��\MVQZ�TM[�LM]`�caps. Il s’est avéré en plus que le travail avec les gamins, étant donné la catégorie d’en-
fants que c’est, s’est avéré beaucoup plus important que le travail avec des artistes.
Beaucoup moins de tabous, de limites, beaucoup plus de prise de risques, une plus
grande dextérité de corps (par rapport à la vie qu’ils ont dans la rue), la prise de parole
comme une arme... tu vois il y a eu plein de choses à développer plus intéressantes
avec eux qu’avec les jeunes artistes qui existaient à Tanger. Parce qu’il y des artistes,
dramaturges réputés mais ils ne travaillent pas à Tanger. Il y a, par exemple, Tahar
Ben Jelloun qui n’est tangérois que sur la couverture de ses livres...
Finalement, on a essayé de faire vivre le lieu en espace culturel selon les opportuni-
tés. Il y a eu parfois des petits trucs avec les instituts étrangers qui n’ont pas beau-
coup de salles. Le problèmes pour eux est que le coin est trop populaire pour les trucs
élitistes des instituts.
L’objectif est donc de privilégier les ateliers avec les enfants, donc chercher des sub-
ventions dans ce sens là, augmenter le nombre d’intervenants, prendre de plus en plus
d’enfants, rentrer dans une dynamique d’atelier plus que de production de spectacles.
-V�KM�Y]Q�KWVKMZVM�TM[�ÅVIVKMUMV\[���®ÅVIVKMUMV\�XMVLIV\�LM]`�IV[�LM�T¼-]ZWXM�o�\ZI^MZ[�T¼-[XIOVM��LWVK�ÅVIVKMUMV\�[WKQIT�OZpKM�o�,IZVI��LWVK�LM[�KTI[[M]Z[�ZMUXTQ[�de paperasse pour empêcher d’accueillir des enfants d’immigrés. Que des activités
dans ce sens là, ils n’étaient intéressés que par ça. Donc grosse mésentente donc
nous n’avons pas renouvelé avec eux.
Ne voulant pas nous soumettre au régime de subventions sociales et ne pouvant pas
survivre uniquement grâce aux donations de particuliers, on a décidé de spécialiser
le travail avec seulement les enfants du refuge ( environ une vingtaine) et de créer
avec les majeurs et les jeunes adultes du centre une coopérative artistique qui est un
espèce de débouché alternatif d’insertion professionnelle à la formation qu’on est en
train de leur donner. On en est là.
On est en train de créer cette coopérative qui sera comme un système d’intermittence
, pour permettre à tout le monde de vivre, et de trouver son rythme. Parce qu’il n’y a
pas qu’acteur, il y a aussi formateur, comme ils ont aussi fait des formations textiles et
menuiserie, décorateur, costumier... C’est une coopérative économique, donc on doit
rentrer dans un cadré économique : coup de production à l’unité, clientèle,...
Donc les gens de la wilaya (mairie) sont content de l’initiative donc nous sommes en
\ZIQV�LM��NIQZM�u^WT]MZ�TM[�[\I\]\[�WNÅKQMT[�L¼]V�KWWXuZI\Q^M��7V�[M�[MV\�[W]\MV]�XW]Z�l’instant. Peut être qu’avec ce qu’il se passe dans les autres pays, ils se disent qu’il faut
lâcher un peu, je sais pas...
La pédagogie qu’on applique ici, elle est valable, tu peux la décliner dans la vie quo-
tidienne; tout ce qui se passe sur une scène de théâtre et tout ce qu’ils découvrent,
UwUM�[Q�QT[�VM�[WV\�XI[�NWZKuUMV\�IZ\Q[\M�LMZZQvZM��QVÆ]M�[]Z�TM]Z�KWUXWZ\MUMV\�LM�vie collective dans le refuge et dans la rue.
En ce qui concerne l’intérêt du théâtre pour les enfants, je vais te dire des trucs
hyper stéréotypés mais, développement personnel en se connaissant un peu mieux,
en s’exposant au regard de l’autre, ensuite, forcément une grosse collaboration sur
scène pour équilibrer le travail, ça ne peut pas être de l’individuel, un développe-
ment technique, nous on fait beaucoup de psychomotricité, donc du centrage, de la
respiration donc tout ça régule la violence qu’ils ont entre eux. En parallèle, on ne
fait que des thématiques qui leur sont propres, on n’a jamais monté un Shakespeare
�Y]WQ�Y]M� R¼ILWZMZIQ[���WV� NIQ\�LM[� \Z]K[�[]Z� T¼QUUQOZI\QWV�KWUUM�®OIOVM� \WV�^Q[I¯�(sur l’exploitation par les médiats de leur misère avec les émissions de télé qui sont
passés dans l’association) , instrumentalisation de la misère, ça ils connaissent, ils en
ont eu autours d’eux, soit quand ils étaient dehors soit dans l’association. Là on est
en train de monter une pièce sur un enfant de la rue à l’époque internationale qui a
^uK]�o����IV[�T¼QVLuXMVLIVKM�L]�5IZWK��7V�TM]Z�M`XTQY]M�KM�Y]¼QT�[M�XI[[M�MV�<]VQ[QM�
69
M\�MV�-OaX\M��WV�TM]Z�\ZIV[UM\�T¼PQ[\WQZM��WV�I�NIQ\�]V�[XMK\IKTM��®TM�KQZY]M�LuJQTM¯��Y]Q�se passait dans les arènes de César donc on est allé visiter les ruines de Volubilis et
Lixus en leur expliquant ce qu’était la civilisation romaine, les phéniciens, même les
hommes préhistoriques...L’artistique et le pédagogique quand tu es avec des enfants
c’est indissociable. Quand tout est encore à apprendre et puis même après je pense.
Ils sont donc inclus dans la recherche et dans l’écriture des pièces donc il faut qu’il y
ait une compréhension du sujet. Quand le gamin est sur scène, il n’est jamais perdu,
il sait pourquoi il est là, il sait ce qu’il doit faire, c’est pour ça que c’est extrêmement
^Q^IV\�¯11
11 propos recueillis lors d’un entretien avec Eric Valentin le 10 février 2011
71
TANGER:VILLE EN
MUTATION
« Finalement, on a essayé de faire vivre le lieu en
espace culturel selon les opportunités. Il y a eu par-
fois des petits trucs avec les instituts étrangers qui
n’ont pas beaucoup de salles. Le problèmes pour
eux est que le coin est trop populaire pour les trucs
uTQ\Q[\M[�LM[�QV[\Q\]\[��¯�
Eric Valentin
73
4M[�LQNNuZMV\[�IK\M]Z[�LM�TI�K]T\]ZM�o�<IVOMZ�XM]^MV\�\ZW]^MZ�XZWÅ\�LIV[�T¼IUuVIOM-ment de ces délaissés urbains et culturels.
2011 : Constat des lacunes et besoins des établissements culturels de la ville
Consulat d’Espagne / Institut Cervantes
L’Espagne, par le biais de son consulat et de l’institut Cervantes, s’impose comme
acteur majeur de l’offre culturelle de la ville. Tanger est la ville la plus espagnole
L]�5IZWK�u\IV\�LWVVu�[I�XZW`QUQ\u�I]`�K�\M[�IVLITW][M[��TI�\ZI^MZ[uM�MV�JI\MI]�VM�prend que 35 minutes et beaucoup de tangérois s’y rendent le week-end pour y faire
du shopping).
La première langue (autre que l’arabe) maitrisée par les tangérois est l’espagnol,
devant le français. De fait, les programmations culturelles dans cette langue touchent
un plus large public.
4¼QV[\Q\]\� +MZ^IV\M[� WZOIVQ[M� M\� ÅVIVKM� ]V� OZIVL� VWUJZM� L¼M`XW[Q\QWV[�� LM� KWVNu-rences ou de spectacles. Le plus souvent hors les murs.
Elle possédait une salle de concert/spectacles, après l’abandon du Gran Teatro Cer-
vantes, qui est depuis tombée en désuétude et n’est aujourd’hui quasiment plus uti-
lisée.
5ITOZu�LM[�UWaMV[�ÅVIVKQMZ[�XM]�uTM^u[�L]M[�o�TI�KZQ[M�Y]Q�\W]KPM�T¼-[XIOVM�MV�KM�moment, l’existence à Tanger de programmes tels qu’une résidence d’artistes, un
®^ZIQ¯�\Pup\ZM�XM]^MV\�TM]Z�w\ZM�NI^WZIJTM��
Consulat de France / Institut Français / Salle Beckett / Galerie Delacroix
La France occupe également une place importante dans la vie culturelle de la baie.
8T][�LQ^MZ[QÅuM��XZWÅ\IV\�LM�TI�;ITTM�*MKSM\\��[MTWV�TM�ZM[XWV[IJTM�K]T\]ZMT�®\ZWX�XM\Q\M�M\�XI[�I[[Mb�uY]QXuM¯���LM�T¼QV[\Q\]\�LWVVIV\�LM[�KW]Z[�LQ^MZ[�M\�LM�TI�OITMZQM�,MTIKZWQ`�qui invite des artistes de tous horizons et nationalités.
<W]\�KWUUM�T¼-[XIOVM�� TI�.ZIVKM�XM]\�XZWÅ\MZ�L¼]V�\Pup\ZM�I^MK�®]VM�OZIVLM�[ITTM�avec plus de scène, pouvant accueillir plus de public et ayant plus de moyens tech-
VQY]M[�¯��M\�L¼]VM�Zu[QLMVKM�L¼IZ\Q[\M�XW]^IV\�TWOMZ�\W][�TM[�QV^Q\u[��IZ\Q[\M[��KWVNu-renciers, troupes de théâtre, groupes de musique...)
Librairie des Colonnes
Cette librairie, icône tangéroise, ouvre en 1949 et est «fréquentée par de grands noms
LM�TI�TQ\\uZI\]ZM��;IU]MT�*MKSM\\��2MIV�/MVM\��2]IV�/Wa\Q[WTW��5IZO]MZQ\M�AW]ZKMVIZ��<MVVM[[MM�?QTTQIU[��<Z]UIV�+IXW\M��8I]T�5WZIVL����/ITTQUIZL�[¼MV�[MZ^QZI�LM�KWUX-\WQZ��TM[�*W_TM[�LM�JW{\M�I]`�TM\\ZM[��5WPIUML�+PW]SZQ�LM�[ITTM�LM�TMK\]ZM��<IPIZ�*MV�Jelloun de bibliothèque, les Tangérois et visiteurs de passage comme d’un refuge de
T¼M[XZQ\�¯�Elle ferme dans les années 90, par manque de fréquentation mais renait de ses
KMVLZM[�MV������OZpKM�I]�ÅVIVKMUMV\�IXXWZ\u�XIZ�8QMZZM�*MZOu���Y]Q�QV^M[\Q\�LIV[�KM\�M[XIKM�K]T\]ZMT�Ua\PQY]M�IÅV�LM�T]Q�ZMLWVVMZ�TI�XTIKM�Y]¼MTTM�UuZQ\M�LIV[�]VM�^QTTM�\MTTM�<IVOMZ��MV�XTMQVM�OMV\ZQÅKI\QWV��
La librairie organise des rencontres, signatures... et participe pleinement à la vie
culturelle de la ville en parrainant (par le biais de Pierre Bergé) entre autres la ciné-
mathèque de Tanger et le théâtre Darna....
Fondation Lorin / Compagnie Lorin
Cette association, fondée par Philippe Lorin, s’est donné pour mission de récolter des
photos et de se remémorer le Tanger de l’époque internationale. En plus de cet espace
d’exposition la fondation Lorin, située dans une synagogue réhabilitée, contient égale-
ment un théâtre dont la troupe joue des pièces francophones.
Organisateur de Tanjazz et TanjaLatina, festivals de musique s’installant aux quatre
coins de la ville pendant un mois, Philippe Lorin m’a fait part du manque de lieux scé-
niques utilisables. Les scènes sont montées et démontées pendant la durée du festival
dans des espaces vacants de la ville.
4I�NWVLI\QWV�XM]\�XZWÅ\MZ�LM�VW]^MI]`�M[XIKM[�LM�ZMXZu[MV\I\QWV�LQ[XMZ[u[�LIV[�TI�ville et aussi d’une résidence où loger une partie des musiciens invités, aujourd’hui
hébergés dans différents hôtels de la ville.
Légation Américaine
Unique lieu culturel anglophone à Tanger, cet institution comprenant une bibliothèque
très fournie sur l’époque internationale dispense aujourd’hui des cours d’anglais, or-
ganise des séminaires en partenariat avec des associations aussi bien marocaines que
75
françaises ou espagnoles. Il organise aussi des programmes d’apprentissage de l’arabe
destiné aux américains.
Des manifestations culturelles accessibles à un large public y sont organisées, mais
étant limité en espace, elles ne peuvent s’adresser à un grand public.
Le théâtre de l’association Darna
Le théâtre Darna est (comme détaillé plus haut) le plus demandeur d’une démocrati-
sation des pratiques théâtrales et de nouveaux lieux de représentation.
Sa proximité du Théâtre Cervantes et sa volonté de monter une troupe professionnelle
fait de lui le client idéal à la réactivation de ce quartier en un pôle mixte culturelle-
ment, tourné vers le théâtre et les arts de la scène.
�����"�,uJ]\�LM[�LuTWKITQ[I\QWV[�XWZ\]IQZM[�
0uZQ\QvZM�L]�Ua\PM�L¼0MZK]TM��TI�^QTTM�INZQKIQVM�TI�XT][�XZWKPM�L]�KWV\QVMV\�M]ZWXuMV�fait depuis 10 ans l’objet d’un nouvel intérêt. Après l’avoir méprisée en signe de repré-
sailles à la révolte du Rif, les autorités marocaines veulent lui rendre ses lettres de
VWJTM[[M��+¼M[\� LMX]Q[� T¼IZZQ^uM� I]�XW]^WQZ� L]� ZWQ�5WPIUUML�>1�� Y]M� TI� ZuOQWV�LM�<IVOMZ�[¼M[\�^]M�\ZIV[NWZUuM�M\�MVÅV�uKW]\uM��4M�UWVIZY]M�IaIV\�]VM�I\\MV\QWV�\W]\M�particulière pour cette région, il mise aujourd’hui une partie importante du budget
de l’État pour son développement et pour l’évolution pérenne de son dynamisme. Si
T¼WV� I[[WKQM� [W]^MV\�5IZZISMKP� I]� Lu^MTWXXMUMV\� L]� \W]ZQ[UM� I]�5IZWK�� <IVOMZ�LM^ZIQ\�LM^MVQZ�\Zv[�XZWKPIQVMUMV\�[WV�uOIT��4I�VWUQVI\QWV�LM�T¼IVKQMV�?ITQ�LM�5IZ-ZISMKP��5��0I[[IL��o� TI�\w\M�LM� T¼ILUQVQ[\ZI\QWV�LM�<IVOMZ�M[\�]V�[QOVM�u^QLMV\�LM�l’importance qui est donnée à cette ville et à son développement touristique. La région
est actuellement en pleine restructuration grâce à de nombreux projets de dévelop-
pement majeur. La mise en place d’un réseau routier, autoroutier et ferroviaire de
grande envergure dont le but est de désenclaver les localités et de donner au Nord du
5IZWK�[I�LQUMV[QWV�LM�XWZ\M�L]�XIa[��M[\�JQMV�MV\IUuM�²�T¼uKPMTTM�LM�TI�^QTTM�LM�<IVOMZ��TI�VW\QWV�LM�®XZWOZIUUM�L]�Lu^MTWXXMUMV\�[XI\QIT¯�est plus que jamais à l’ordre du jour. Préoccupation majeure partagée par l’ensemble
des acteurs, ce programme vise à hisser Tanger au rang des grandes métropoles,
puisqu’elle occupe des positions stratégiques au sein d’un espace régional dont l’im-
portance ne cesse d’augmenter. Dans l’objectif de placer Tanger dans un processus de
développement durable, la démarche arrêtée prévoit l’émergence d’un espace urbain
structuré, polyvalent et fort d’une dynamique propre aux grandes villes.
<IVOMZ�5ML
)XZv[�Y]I\ZM�IV[�LM�\ZI^I]`�\Q\IVM[Y]M[��<IVOMZ�5ML��Lu[WZUIQ[�TM�XT][�OZIVL�XWZ\�LM�TI�5uLQ\MZZIVuM��IKK]MQTTM�LMX]Q[������[M[�XZMUQMZ[�JI\MI]`�M\�KWV\IQVMZ[��8W]Z�Y]MTY]M[� ���UQTTQIZL[� LM� LQZPIU[�� [WQ\� XT][� LM� !���UQTTQWV[� L¼M]ZW[�� ÅVIVKu[� XIZ�T¼j\I\�UIZWKIQV� M\� LM[� IK\M]Z[� XZQ^u[�� <IVOMZ�5ML� I]ZI�]VM� KIXIKQ\u� [Q`� NWQ[� XT][�grande que celle du vieux port situé en centre ville. Implanté sur un site stratégique
du détroit de Gibraltar dans une zone franche de 1000 ha, à 35 km à l’Est de Tanger
et à 14 km des côtes européennes, son programme comporte, entre autres, plusieurs
zones franches commerciales, industrielles, logistiques et touristiques. Dans un ave-
nir proche, ce grand complexe portuaire appuiera les échanges entre les marchés de
l’Union européenne, de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique. Tanger a suivi le dévelop-
XMUMV\�M\�T¼M`\MV[QWV�XWZ\]IQZM�LM�[M[�^WQ[QVM[�"�5IZ[MQTTM�M\�*IZKMTWVM�
Suite aux exigences spatiales et techniques, le nouveau port se voit implanté loin de
la ville, dans un no man’s land où le seul objectif est le rendement économique et
ÅVIVKQMZ��4M�XWZ\�LM^QMV\�]V�M[XIKM�PWZ[�L¼uKPMTTM��XMV[u�XW]Z�TM[�KWV\MVM]Z[�M\�TM[�marchandises. Le rapport social de la population à l’espace portuaire est complète-
ment négligé.
<IVOMZ�5ML��
+¼M[\�MV������Y]M�KWUUMVKMV\�TM[�\ZI^I]`�LM�T¼M`\MV[QWV�LM�5ML��5ML�11�LWQ\�MV\ZMZ�en fonctionnement d’ici 2015. Le but est d’augmenter la capacité en conteneurs (EPV)
permettant ainsi de consolider sur le long terme le potentiel du Détroit et d’en faire
]V�KMV\ZM�Vu^ZITOQY]M�LIV[�TI�KIZ\M�L]�\ZIV[XWZ\�UIZQ\QUM�QV\MZVI\QWVIT��<IVOMZ�5ML�II, avec une capacité de 5,2 millions de conteneurs s’ajoutant aux 3 millions de conte-
VM]Z[�LM�<IVOMZ�5ML��XMZUM\\ZI�XIZ�IQTTM]Z[�LM�NIQZM�LM�KM�KWUXTM`M�XWZ\]IQZM�TM�XWZ\�TMILMZ� MV�5uLQ\MZZIVuM� M\�)\TIV\QY]M�W]^ZIV\� IQV[Q� LM�VW]^MTTM[� XMZ[XMK\Q^M[�XW]Z�l’économie marocaine. L’exploitation des terminaux comme de l’ensemble des activité
portuaires est assurée par des opérateurs internationaux. Ce sont des contrats de
KWVKM[[QWV��4M[�XWZ\[�LM�<IVOMZ�5ML�1�M\�11�KWUX\MV\�[]Z�TM]Z�Y]IQ[�TM[�XT][�OZIVL[�IZUMUMV\[�UWVLQI]`� �5IMZ[S��5;+�+5)+/5����� IQV[Q� Y]M� LM[� TMILMZ[� XWZ\]IQZM[�\MT[�Y]M�-]ZWOI\M�M\�)85�<MZUQVIT[�
²�T¼PWZQbWV�������TM�XWZ\�LM�<IVOMZ�5ML��KWV[\Q\]u�LM�5ML�1��5ML�11�M\�5ML�XI[[IOMZ[��permettra d’atteindre une capacité de traitement de plus de 8 millions de conteneurs
EPV, de 7 millions de passagers, de 700 00 camions, de 2 millions de véhicules et de
10 millions de tonnes d’hydrocarbures.
77
<IVOMZ�5ML�XI[[IOMZ[
-V�R]QTTM\�������TM�8WZ\�<IVOMZ�5ML�8I[[IOMZ[�W]^ZM�[M[�XWZ\M[��+WVt]�XW]Z�IKK]MQTTQZ�o�\MZUM���UQTTQWV[�LM�XI[[IOMZ[�M\���������^uPQK]TM[��TM�8WZ\�<IVOMZ�5ML�8I[[IOMZ[�est équipé de 8 postes à quai et de 35 hectares de terre-pleins. Zones dédiées aux ins-
XMK\QWV[�NZWV\ITQvZM[��[uXIZI\QWV�LM[�Æ]`�XI[[IOMZ[�M\�XQu\WV[��I]JM\\M[�LM�KWV\Z�TM[�permettant l’accomplissement des formalités de police et douane à partir du véhicule,
TM�XWZ\�<IVOMZ�5ML�XI[[IOMZ[�I�u\u�KWVt]�XW]Z�I[[]ZMZ�TM�\ZIQ\MUMV\�LM[�\ZIÅK[�XI[[I-OMZ[�M\�<1:�LIV[�TM[�UMQTTM]ZM[�KWVLQ\QWV[�LM�Æ]QLQ\u��LM�KWVNWZ\�M\�LM�[uK]ZQ\u
79
2016 : Port de Tanger Ville : un nouveau centre urbain
4M�:WQ�NIQ\�LM�<IVOMZ�[WV�XZWRM\�XPIZM��)XZv[�5IZZISMKP��<IVOMZ�[MZI�[WV�PWUWTWO]M��JITVuIQZM�KM\\M�NWQ[KQ��4M�UIQZM�LM�5IZZISMKP�M[\�U]\u�o�<IVOMZ�LIV[�TM�J]\�LM�ZuQ\u-ZMZ�T¼M`MZKQKM��<IVOMZ�MV\ZM�LIV[�TM�®8TIV�)b]Z¯�UIZWKIQV�Y]Q�^Q[M�o�IUuVIOMZ��KZuMZ�et remodeler des villes ou des morceaux de villes pour les adapter au tourisme actuel.
Le développement de la ville s’axe sur un programme touristique et s’engage à sa mise
en place dans les années à venir.
Les priorités se révisent pour laisser place au tourisme de luxe, au tourisme de masse
et à celui des affaires.
«...S’il est des régions qui focalisent notre attention, et qui incarnent notre choix
stratégique de faire de la Région un espace propice pour l’investissement, ce sont bien
nos provinces du Nord et du Sud, dont nous entendons faire un modèle de dévelop-
XMUMV\�ZuOQWVIT�QV\uOZu�o�T¼QUIOM�LM�5IZZISMKP��,IV[�KM�KILZM��M\�XIZITTvTMUMV\�o�TI�volonté de faire de Tanger et de son port actuel, l’un des plus grands ports et l’une des
[\I\QWV[�JITVuIQZM[�UIRM]ZM[�LM�TI�5uLQ\MZZIVuM�VW][�I^WV[�LWVVu�VW[�QV[\Z]K\QWV[�pour l’étude et la réalisation d’un grand ensemble structurant, portuaire, commercial
M\�\W]ZQ[\QY]M��[]Z�TM[�ZQ^M[�L]�Lu\ZWQ\���¯
-`\ZIQ\�L]�LQ[KW]Z[�L]�<Z�VM�L]����R]QTTM\������LM�;I�5IRM[\u�TM�:WQ�5WPIUML�>1
La politique urbaine actuelle de désenclavement, à la fois à l’échelle de la ville et de
la région, montre la volonté royale de préparer le terrain de jeu pour les promoteurs
Y]Q� [¼IZZIKPMV\� TM[� \MZZIQV[� K�\QMZ[�Y]¼QT[� [WQMV\� []Z� TI� NItILM�5uLQ\MZZIVuMVVM�W]�Atlantique. Le site du vieux port est maintenant, comme le reste de la ville, libérée des
contraintes industrielles, favorisant le scénario de toutes les possibilités touristiques.
La connexion entre le centre ville et la périphérie est alors primordiale.
La création et la mise en fonction de ce nouveau pôle urbain, conçu par l’agence pari-
sienne Reichen & Robert, redonne au site sa centralité urbaine, entre médina, centre
ville des années 30 et nouveau centre que constitue le port.
De plus, le projet prévoit un téléphérique reliant la place Faro à la Kasbah en passant
XIZ�TM�XWZ\�LM�XTIQ[IVKM�M\�TM�XWZ\�LM�XwKPM��+M�®[]Z^WT¯�L]�[Q\M�LM�XZWRM\�NWZKM�[I�UQ[M�
Création d’un véritable centre touristique
Le téléphérique arrivant sur la Place Faro : un nouvel outil de la mobilité urbaine
81
en lumière pour les 2800 passagers horaires de ce téléphérique.
Le site devenu central dans le nouveau Tanger doit être assaini étant donné que la
montée vers le centre ville le mettra inévitablement sous les projecteurs.
Vue générale
83
SCÉNARIODE
RÉACTIVATION
L’objectif de ce travail est de redonner vie au Théâtre Cervantes tout en faisant du
quartier auquel il appartient un véritable pôle pluri-culturel.
En effet, le constat des diverses lacunes quant à l’activité théâtrale, la mixité cultu-
ZMTTM�M\�LM[�JM[WQV[�KZWQ[[IV\[�MV�UI\QvZM�LM�XZWOZIUUI\QWV�R][\QÅM�XTMQVMUMV\�TI�réhabilitation de ce théâtre autrefois le plus grand théâtre d’Afrique.
,M�VWUJZM][M[�Y]M[\QWV[�I][[Q�JQMV�ÅVIVKQvZM[�Y]M�XWTQ\QY]M[�[M�XW[MV\�M\�ZMVLMV\�QUXW[[QJTM�]VM�IK\QWV�QUUuLQI\M�[]Z�KM\�uLQÅKM�LuXuZQ[[IV\�o�^]M�L¼WMQT�
Un phasage prenant en compte l’évolution de la ville, à plus ou moins long terme,
semble être une solution plausible.
85
87
Phase 1
La réactivation du site est enclenchée par la création d’une résidence d’artistes.
Utilisée par les différents pôles culturelles présents à Tanger, elle permet de renouer
avec le passé international de la ville tout en mettant sous les projecteurs le théâtre
Cervantes et de se rendre compte des potentiels du quartier en devenir.
Phase 2
La redynamisation du quartier Cervantes passe aussi par une meilleure accessibilité.
+M\\M�ZMY]ITQÅKI\QWV�XIa[IOvZM�M[\�L¼I]\IV\�XT][�WXXWZ\]VM�Y]¼MTTM�XMZUM\�LM�ZMTQMZ�TM�centre ville au nouveau port de plaisance en cours de construction. La mise en place
de ces jardins aux deux extremités du quartier coincident avec la livraison du nou-
veau centre urbain et touristique qu’est le port (avec ses hotels, cinémas...) et facilite
le désenclavement du quartier Cervantes qui devient alors une véritable charnière
entre les différents centres urbains de la ville.
89
Phase 3
La mise en fonctionnement des ateliers dédiés aux arts de la scène découlent des
besoins grandissants en matière de conception de spectacles. La troupe du théâtre
,IZVI�[M�XZWNM[[QWVVITQ[M�M\�TM[�JM[WQV[�MV�\MKPVQKQMV[�Y]ITQÅu[�[M�NWV\�[MV\QZ��Ces ateliers sont à la fois pédagogiques et permettent la création de décors, de cos-
tumes mais offrent aussi un lieu d’échange de savoir en alliance avec la résidence.
Ils permettent d’asseoir l’emprunte artistique du quartier et, étant construits au des-
sus d’un marché de faux, donne une certaine légitimité à ces activités illégales mais
tolérées.
Phase 4
La réhabilitaion du Théâtre Cervantes peut alors s’effectuer au sein d’un quartier
d’artistes, en ayant auparavant pris le soin de démocratiser le théâtre et avoir conféré
au quartier une mixité culturelle.
De plus, la troupe du théâtre Darna se voit attribuer un théâtre attitré.
91
Amphithéâtre
extérieur
Ateliers
��5IZKPu�LM�NI]`
Immeuble
de logements
Résidence
d’artistesLoges /
Locaux techniques
El Gran Teatro Cervantes
Librairie
Théâtre
Darna /
Stockage
93
BDSCÉNARIO
DE PROJET
95
97
99
101
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57=416-�;IQL��<IVOMZ��:IJI\��uLQ\QWV[�L]�UQVQ[\vZM�LM�T¼PIJQ\I\���!!�
?-*7/:)801-
1KWVWOZIXPQM�0Q[\WZQY]M�L]�8WZ\�LM�<IVOMZ�"�P\\X"��___�U\XVM\�OW �UI�>XU�5IZWK ��5IZQ\QUM�8WZ\[�8WZ\[5 -!LQ\ -!ZIV -!MV[�\IVOMZ�PQ[\WZQY]M�P\USite généraliste contenant une riche bibliographie et iconographie : http://
tangier.free.fr/
Site de de l’organisation pour la Promotion de la bonne gouvernance Locale au Nord
L]�5IZWK�"�http://www.progol.org/
;Q\M�WNÅKQMT�LM�T¼)OMVKM�;XuKQITM�<IVOMZ�5uLQ\MZZIVuM�"�http://www.tmsa.ma
;Q\M�WNÅKQMT�LM�TI�BWVM�.ZIVKPM�L¼-`XWZ\I\QWV�LM�<IVOMZ�"�http://www.tangerfreezone.com
Site d’actualités regroupant les parutions de plusieurs journaux marocains :
http://www.bladi.net
ARTICLOGRAPHIE
Investissements étrangers
Tanger, un nouvel Eldorado (Investissements étrangers aujourd’hui à Tanger) (Juil-
TM\�������"�P\\X"��___�JTILQ�VM\�\IVOMZUML�P\UT��)|[[I�)UW]ZIO��5IZWK�PMJLW�
103
International)
Exode de l’or et des valeurs à Tanger. Les capitaux se réfugient en Suisse (Avril
�!�����4M�8M\Q\�5IZWKIQV�
Activités portuaires
������5:-�I]�XWZ\�LM�<IVOMZ�KM�_MMSMVL��)W]\�������"�P\\X"��___�JTILQ�VM\�UZMport-tanger.html
<IVOMZ5ML�11�"�+W]X�L¼MV^WQ�LM[�\ZI^I]`��2]QV����!��"�P\\X"��___�JTILQ�VM\�\IVOMZ-med-ii.html (Ali Abijou - L’Economiste)
<ZIV[Q\������"�������5:-�I]�XWZ\�LM�<IVOMZ��2]QV�������P\\X"��___�JTILQ�VM\�transit-2010-tanger-ville.html
Drogues
*QLWV^QTTM[�M\�\ZIÅK�LM�LZWO]M�o�<IVOMZ��5IQ��!!���P\\X"��KIVVIJQ[�NZMM�NZ�IZ\QKTM[�UIZWKGJQLWV^QTTM[G\ZIÅK�P\UT��0]JMZ\�8ZWTWVOMI]��4M�5WVLM�LQXTWUI\QY]M�
Activités touristiques
<IVOMZ�[M�Zw^M�MV�,]JI|�P\\X"��___�UINPW]U�KWU�XZM[[ ����-���P\U��5IZK�Nexon - Le Point)
VIDEOGRAPHIE
<IVOMZ�UML�TM�XT][�OZIVL�XZWRM\������I]�5IZWK�P\\X"��___�aW]\]JM�KWU�_I\KP'^%;KXG2O.W.7S�NMI\]ZM%XTIaMZGMUJMLLML
<IVOMZ�N]\]ZM�,]JIQ�P\\X"��___�aW]\]JM�KWU�_I\KP'^%`/`P)�4WG �NMI\]ZM%ZMTated
<IVOMZ�TI�N]\]ZM�,]JIQ�=)-�P\\X"��___�aW]\]JM�KWU�_I\KP'^%.�G3P_!*3L��NMI\]ZM%ZMTI\ML
«Vidéo Google Earth des parcours sur la N16 http://www.youtube.com/
_I\KP'^%���>Y��T06-�6:%��M\�T¼)��P\\X"��___�aW]\]JM�KWU�_I\KP'^%+_�TR)>*�-�XW]Z�[M�ZMVLZM�o�<IVOMZ�5ML¯