Rpublique Franaise
Discours de prsentation loccasion de la soutenance du Mmoire
dHabilitation Diriger des Recherches
(HDR)
Anne Universitaire : 2014-2015
Date : lundi, 9 novembre 2015
Lieu : Universit Paul Valry, Montpellier 3, France
Heure : 10h30
UFR : V
Thme du mmoire :
Etudes sur la place et la signification de la philosophie
de la connaissance dans le parcours anthropologique
dEdgar Morin
Prsent et soutenu publiquement par
Auguste Nsonsissa,
Matre de Confrences en Philosophie
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Intuition directrice et Rsum du mmoire
Monsieur le Prsident du Jury,
Messieurs les membres du jury
Pour commencer, nous nous faisons lagrable devoir de vous dire de tout cur et en
toute raison, notre reconnaissance inchange pour la disponibilit dont vous aviez fait
preuve ; aujourdhui, chacun de vous, par-del vos multiples occupations universitaires ;
disponibilit la faveur de laquelle cette soutenance a t rendue possible, ici et maintenant.
Quil nous soit galement permis de saluer, avec dfrence, la prsence dans cette
salle de Monsieur Edgar Morin et Monsieur Charles Zacharie Bowao dont nous sommes le
disciple, pourrait-on dire, depuis de longues annes. Si premier est celui qui nous a inspirs
dans la mise en route indite de lpistmologie de la complexit, le second est notre
humble avis un vritable matre penser. Depuis 1997, son appui presque inconditionnel
tout ce que nous esseyons dentreprendre comme recherches universitaires entre le Congo-
Brazzaville notre Pays dorigine et la France, et ce dans le domaine de la logique,
lpistmologie et histoire des sciences de la complexit, nous remplit de bonheur et nous
autorise en prouver une fiert lgitime.
Pour toutes ces raisons doubles de saines convictions, nous1montrons les lments de
la philosophie2des reliances ou de la reliance des connaissances au cur de la philosophie
contemporaine des sciences qui suscite, dans le contexte acadmique africain qui est le
ntre, particulirement, du vague lme chez la plupart de ceux des mtaphysiciens et
autres historiens de la philosophie dits de pure souche qui pensent que les sciences
anthroposociales nont une aucune dimension philosophante avec Edgar Morin. A dire vrai,
ce mmoire est une rponse ceux de nos contradicteurs potentiels. Il se propose donc de
critiquer les dngations outrages lances lgard dEdgar Morin, notre auteur de
prdilection, pourtant Philosophe et anthropo-sociologue franais, en raison parfois face
de telles hypothses audacieuses, des malentendus dj entendus qui sont ns et qui sont de
nature rappeler ce que le Penseur franais appelle : lintelligence aveugle ,3cest--
dire lincapacit darticuler le contexte et le complexe plantaire et qui est aussi
1 Auguste NSONSISSA est Matre de Confrences de Philosophie lUniversit Marien Ngouabi de
Brazzaville, Rpublique du Congo, Facult des Lettres et des Sciences Humaines (F.L.S.H), Parcours-Type
Philosophie o il enseigne la logique, lpistmologie et la philosophie analytique, Chercheur Associ au Centre
Edgar Morin de lIIAC/EHESS/CNRS, Chercheur Associ au Centre dEtude sur lActuel et le Quotidien (Ceaq)
Paris-Descartes, Sorbonne, Membre de la Socit de Philosophie des Sciences (SPS). Auteur de six ouvrages. 2 N. Truong, Edgar Morin. Le philosophe indisciplin , in Le Monde, Hors srie, 2010.
3 Edgar Morin pense que lintelligence qui ne sait que sparer brise le complexe du monde en fragments
disjoints, fractionne les problmes, unidimensionnalise le multidimensionnel. Elle atrophie les possibilits de
comprhension et de rflexion, liminant aussi les chances dun jugement correctif ou dune vue long terme.
Cf. La tte bien faite. Repnser la rforme, rformer la pense, Paris, Seuil 1999, p. 14.
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caractristique de la pathologie du savoir. 1
Contre ces carences intellectuelles, nous plaidons en faveur de linstauration dune
pense intersticielle qui pourra se prsenter comme une symbiosophie . Cela tant pos,
peut-on savoir plus que lon sait sur la reliance des connaissances 2 chez Edgar Morin ?
Reliance sans laquelle il ne serait pas possible dentrevoir lpistmologie de la complexit
aujourdhui. De lintrieur du monde de la logique, notre domaine de spcialit, comment
sen approprier en contexte anthropo-philosophique qui est la jointure pistmologique des
deux domaines qui nous servent dangle de vue pour penser la dialogique des phnomnes,
des savoirs et des cultures.
En revanche, il ne sagit pas seulement de lappropriation de la reliance des
connaissances philosophiques et anthropo-sociologiques en tant que telle, mais aussi et
surtout de la capitalisation de la dcolonisation conceptuelle de la philosophie, en vue den
extirper la parent de substance mthodologique entre les humanits et les sciences
naturelles.
Au-del donc de la controverse avec ses critiques patents et de ce que lon peut
comprendre et dire propos de lpistmologie morinenne, encore en chantier, nous avons
choisi dpingler concept communicationnel de reliance comme pense interstitielle
pour justifier notre contribution critique la complexification du projet transdicsiplinaire de
Morin dont les carences, les imperfections, les impasses et les paradoxes mthodologiques
ont dj t relevs dans notre thse doctorale soutenue le 10 juin 2006, ainsi que dans notre
mmoire dHabilitation Diriger des Recherches (HDR)prsent le 9 novembre 2015.
Quoi quil en cote, il nous faut dire dabord un mot sur le contexte et la gense du
sujet de la reliance en question. Que peut-on alors en penser ?
Mots-cls : Connaissance, Complexit, Equicontextualit, Pense, Reliance,
Symbiosophie.
1Ce disant Edgar Morin plaide pour linter-poly-trans-disciplinarit , parce quil estime quil ne suffit pas
dtre lintrieur dune discipline pour connatre tous les problmes affrents celle-ci. Cf. Ibid., Annexe 2,
p. 127. 2 Edgar Morin, Relier les connaissances. Le dfi du XXI sicle, (dir.), Paris, Seuil, 1999, p. 19.
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Introduction lhistoire et ltat des lieux dune pense interstitielle
Tel quil se donne comprendre historiquement et thoriquement le concept
communicationnel de reliance napparat pas immdiatmement dans Le Paradigme
perdu : la nature humaine ouvrage1 de perce et annonciateur de La Mthode dEdgar
Morin qui se dcline en 6 volumes. Il nest ni ici, ni dans le 4 volume2 consacr
essentiellement la connaissance de la connaissance . A dire vrai, son usage est attest
visiblement dans Terre Patrie.
Maintenant, on saurait interroger les perspectives sur Morin partir du concept de
reliance sans travailler, galement, la complexit3 pistmologique. Ce concept qui
tient lieu de paradigme assez souvent contest, cause de son hybridisme, devrait apparatre
dautres tenants de la science classique comme totalement hrtique. Sous prtextes
quEdgar Morin qui en vise linstauration, ne va jamais au fond des choses. Encore faut-il
1 Edgar Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine, Paris, Seuil, 1973.
2 Edgar Morin, La Mthode 4. Les ides, leur habitat, leur vie, leurs murs, leur organisation, Paris, Seuil,
1991. 3 Daprs Morin la complexit est un dfi : Le dfi de la globalit est en mme temps un di de complexit. En
effet, il y a complexit lorsque sont insparables les composants diffrents constituant un tout (comme
lconomique, le politique, le sociologique, le spychologique, laffectif, le mythologique) et quil ya tissu
interdpendant, interactif et inter-rtroactif entre les parties et le tout, le tout et les parties. Or les dveloppements
propres notre sicle et notre re plantaire nous affrontent de plus en plus souvent et de plus en plus
inluctablement aux dfis de la complexit. , Ibid., p. 14.
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quon nous dise sil existe un penseur, un seul, au monde, qui peut oser affirmer avec
certitude que les choses, en question, ont rellement leur fond et quon y accder par la
philosophie seule. Cela ne peut pas aller de soi pour tous. Il faut donc critiquer et dpasser
le positivisme rflexif des philosophes pour aller au-del du contexte purement
mtaphysique de la philosophie contemporaine des sciences. Telle la lgitimit
pistmologique du contexte de la dcouverte du paradigme de la complexit et le contexte
de sa justification.
Cela tant dit, nous avons voulu, en nous inspirant, du mieux quil nous est possible,
des travaux disponibles sur ltat de la question relative la reliance des connaissances,
essayer daller encore plus loin, non pas dans la provocation, mais dans lvocation dune
intuition lumineuse, pour affirmer, avec nuances, que sur le plan de la connaissance
relationnelle et de la reconnnaissance des nigmes de ces relations interdisciplinaires, en
vue de promouvoir lindispensable radicalit de la pense des reliances, sur ce plan l,
Edgar Morin est, sans doute, en passe de marquer durablement des gnrations de socio-
anthropologues qui considrent volontiers que leur champ de recherche doit tre ouvert
toutes les approches possibles.
Parmi les disciplines que Morin met en oeuvre, on peut prendre comme angle de
vision, la philo