Cent soixante-cinq millions d’années de formation à l’échelle géologique et
vingt et un siècles de contribution à la vie quotidienne, à l’histoire de l’art et de
l’architecture, c’est en deux échelles de temps le parcours de la Pierre de Caen.
Un parcours au long duquel on rencontre quelques acteurs célèbres et beaucoup
d’anonymes, composant les fi gures variées de ce long récit : des dinosaures et des
crocodiles, des paléontologues et des archéologues, un fameux duc de Normandie,
des moines bâtisseurs et des entrepreneurs, d’humbles ouvriers, des maçons, des
sculpteurs et des architectes… une foule de personnages qui anime cette première
synthèse abordant l’histoire de la Pierre de Caen dans tous ses aspects.
Publié à l’occasion de l’exposition du Musée de Normandie, cet ouvrage propose
d’apprendre et de comprendre la géologie, l’archéologie et l’histoire d’une roche
devenue une part essentielle de l’identité de la ville de Caen et le témoin immuable
de grands moments de l’histoire de la Normandie.
Immuable mais pas immobile ! Particulièrement inscrite dans la patrimoine bâti des
deux côtés de l’espace anglo-normand, et plus loin encore dans le monde, la Pierre de
Caen a beaucoup voyagé, mais elle est aussi toujours présente sous nos pieds dans
ce patrimoine souterrain que le public est invité à découvrir au même titre que les
monuments de surface.
25 €
CC
Olivier Dugué • Laurent Dujardin • Pascal Leroux • Xavier Savary
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Des dinosaures aux cathédrales
Musée de Normandie / Ville de Caen
www.musee-de-normandie.eu
iPhoto de couverture : « L’Effort » par Helbert, première moitié du XX e siècle.Carrier poussant un bloc de Pierre de Caen sur des rouleaux en bois.Collection privée
© Musée de Normandie - Ar’imagePLU37
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iLes carrières souterraines de la Maladrerie à Caen.
Cet ouvrage sur la Pierre de Caen est dédié à Guy Fily (1943-2009), ancien maître de conférences au Laboratoire de
Géologie armoricaine de l’université de Caen, qui avait travaillé sur les séries bathoniennes normandes et en particulier
sur la Pierre de Caen. A ce titre, il avait participé aux nombreuses études préliminaires à la réouverture d’une carrière de
Pierre de Caen. Son décès prématuré n’a pas permis aux auteurs de l’exposition de bénéficier de son savoir géologique
sur une pierre qu’il connaissait si bien.
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La Pierre de Caen : des dinosaures aux cathédrales : Musée de Normandie - Ville de Caen - 19 juin / 31 octobre 2010
Commissariat : Pascal Leroux, Musée de Normandie
Comité scientifique : Olivier Dugué, Université de Caen - Laurent Dujardin, CRAHAM - Université de Caen - Xavier Savary, Service d’Archéologie du Conseil Général du Calvados.
Comité de coordination : Jacques Avoine, Université de Caen, APGN - Sandrine Berthelot, Musée de Normandie - Frédéric Coyer, Service des Carrières de la Ville de Caen - Jean-Pierre Dauxerre, Société des Carrières de la Plaine de Caen - Arnaud Guérin, Lithosphère - Ronan Lechevallier, GRETA Honfleur - Dominique Lenrouilly, Service des Carrières de la Ville de Caen - Jean-Marie Levesque, Musée de Normandie - Alain Marie, Entreprise Lefèvre - Didier Samson, GRETA Honfleur.
Scénographie : Patrick David. Communication : Claire Fortin. Promotion touristique : Sylvie Larue. Coordination de la restauration : Lucie Voracek. Médiation Culturelle : Patrick Blaskiewicz, Jean-François De Marcovitch, Claude Groud-Cordray, Anne-Cécile Lamy, Elisabeth Lecluze, Paule Scheffer. Personnel :Catherine Gervais. Budget : Ghislaine Schmit.
Equipe technique : Didier Beaumont, Daniel Dessoliers, Fabrice Drut, Yoann Gautier, Alain Hinard, l’ensemble du personnel du Musée de Normandie, ainsi que les services de la Ville de Caen associés au projet.
Les stagiaires et les responsables du GRETA de Honfleur pour leur remarquable investissement dans le projet de conception du treuil de carrier : Fabien Brelivet, Tomy Chavance, Joël Gasnier, Geoffrey Guibert, Jean-François Noël, Eric Simon, Vincent Saint-James, David Terrassin, Samy Toussaint.
Partenariats : Entreprise Lefèvre - Société des Carrières de la Plaine de Caen - GRETA, Honfleur.
Prêts et documentation : Le Musée de Normandie remercie pour leur précieuse collaboration. Annabelle Cocollos, DAO, Service d’Archéologie du Conseil Général du Calvados - Magali Bourbon, Musée des Beaux-Arts de Caen - Fabien Duval, Compagnon du Devoir - Michèle Kergus, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris - Ronan Alain, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
Ainsi que les responsables des archives, bibliothèques, musées, centres de recherches, et établissements d’enseignement qui ont contribué à l’exposition : Agence Régionale de l’Image et du Son de Basse-Normandie - Archives Départementales du Calvados - Bibliothèque de Caen - Lycée Albert Sorel, Honfleur - Mairie d’Evrecy - Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière, Troyes - Maison du Fossile, Lion-sur-Mer - Mémorial de Caen - Musée des Beaux-Arts de Caen - Musée de Vieux-la-Romaine - Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen - Muséum National
d’Histoire Naturelle, Paris - Service d’Archéologie du Conseil Général du Calvados - Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre - Département des sciences de la terre de l’Université de Caen - Basse-Normandie.
Les collections et institutions britanniques : Canterbury Cathedral - Canterbury City Museums and Galleries Service - Diocese of St Edmundsbury and Ipswich - The Dean and Chapter of Norwich - Norfolk Museums and Archaeology Service - Reading Museum Service - The Dean and Chapter of Westminster - Winchester Cathedral - Winchester Museums - Cathedrals Fabric Commission for England - English Heritage.
Pour les recherches, les prêts et la documentation photographique : Geoff Denford, Jo Bartholomew, John Burton, Craig Bowen, John Crook, Simon Curtis, John Davies, Jillian Greenaway, James Halsall, Roland B. Harris, Jeremy Haselock, Alan Kefford, Samantha Lloyd, Heather Newton, Allie Nickel, Catherine Perepelytsya, Tim Pestell, Tony Platt, Ken Reedie, Lisa Shakespeare, Tony Trowles, Rowena Willard-Wright, Philip Wise.
Pour leur aide et leurs conseils : The Fellows of the Society of the Antiquaries of London : Mary Alexander, Chris Catling, Alasdair Glass, Robert Hutchinson, Edward Impey, Robert Rainsford Milner-Gulland.
Ainsi que toutes les personnes qui ont bien voulu par leurs prêts ou leurs conseils participer à la réalisation de cette exposition : Christine Aubert, Maurice Beslon, Mary Berg, Olivier Caillebotte, Camille Cappoen, Céline Derrien, André Dubreuil, Laetitia et Francis Dubrulle, Bernard Delaquaize, Isabelle Gasperini, Henri Girard, Paul Henry, Howard Jones, Sylvain Laval, Simone Lebarbanchon, Claude Leclère, Marianne Lemoine et Michel Margerie, Yves Lepage, Guy Piton, Colette Pomikal, David Pytel, Michel Rioult, Yves Taudon, Chris Tottle, Jacques Yvetot.
Enfin nous remercions tout particulièrement l’Association des Amis du Musée de Normandie et son président Philippe Martin.
L’exposition « Pierre de Caen, des dinosaures aux cathédrales » est une réalisation de la Ville de Caen, avec le concours de la Région Basse-Normandie, du Département du Calvados et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Basse-Normandie, sur un projet initié par Jean-Yves Marin, directeur du Musée de Normandie de 1998 à 2009.
Remerciements
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Une ville c’est d’abord un paysage... Qui croirait aujourd’hui que celui de la région de Caen était il y a 165 millions d’années une mangrove où pullulaient les crocodiles sous un climat comparable à celui de la Floride ? Il a pourtant fallu ce point de départ, la conjonction de plusieurs facteurs géologiques, et un peu de temps, pour donner à la ville la touche distinctive de son paysage architectural. Les Caennais se font gloire – à juste titre – des belles façades à pans de bois de la rue Saint-Pierre et de la Maison des Quatrans, mais cette nostalgie est un peu trompeuse car le patrimoine de notre ville fut très tôt caractérisé par l’emploi de cette pierre magnifiée dans les monuments du Moyen Age, de la Renaissance et de l’époque classique.
Aujourd’hui encore, un des principaux sites d’extraction de la pierre de Caen est toujours présent sous nos yeux, au cœur de la ville : les profonds fossés du château d’où fut tirée la pierre des murailles de la forteresse. C’est en effet à partir du vaste chantier entrepris par Guillaume le Conquérant pour fonder ici sa capitale que la production de la pierre de Caen connut son véritable essor. Ainsi, le château et les deux abbayes furent rapidement accompagnés d’un réseau d’églises paroissiales nouvellement édifiées ou reconstruites au gré de la prospérité de la ville. Palais urbains, maisons de notables, édifices divers employèrent aussi une pierre docile aux coups de marteau taillant du maçon comme au ciseau du sculpteur. Les voûtes des rez-de-chaussée de la rue aux Namps ou de la rue Saint-Sauveur témoignent de la présence ancienne de belles demeures au moins partiellement élevées en pierre de taille. Mais c’est bien sûr dans la majestueuse et austère élévation de la façade médiévale de Saint-Etienne ou dans les splendeurs Renaissance du chevet de Saint-Pierre que l’on prend conscience du parti que les bâtisseurs de la ville ont su tirer de la pierre de Caen.
Plus près de nous, les architectes de la Reconstruction se sont inscrits directement dans cet héritage dans leur volonté de restituer une ville claire et lumineuse. Et aujourd’hui, la pierre de Caen se révèle à nouveau dans les chantiers de restauration des monuments caennais, comme dans ceux des sites majeurs de l’histoire anglo-normande...
C’est toute cette histoire que cette exposition nous invite à redécouvrir. Celle de ce patrimoine exceptionnel conservé jusqu’à aujourd’hui aussi bien en France qu’à l’étranger, mais aussi celle de dix siècles d’extraction, encore bien présente sous nos pieds, des 80 hectares de galeries souterraines aux multiples fronts de taille dispersés dans la ville.
Je vous invite à venir nombreux découvrir cette très belle exposition.
Préface
Philippe DURON
Maire de CaenDéputé du Calvados
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« Des dinosaures aux cathédrales... » le titre choisi pour guider le visiteur dans l’histoire
de la Pierre de Caen exprime bien le champ couvert par les chercheurs engagés dans
ce projet comme la diversité des compétences mobilisées. Le travail conduit ici par le
Musée de Normandie a été l’occasion de rassembler, pour une présentation au grand
public, les acquis d’années de recherches et de passion d’historiens, d’archéologues,
de géologues, de professionnels des métiers du bâtiment, de l’extraction de la pierre
à la restauration des monuments, rassemblant toutes les compétences et les bonnes
volontés, celles du chercheur dans son laboratoire, comme celles de l’amateur éclairé,
alternant, les uns et les autres, le travail en archives et les missions de spéléologie !
L’idée de consacrer un grand projet à l’histoire de la Pierre de Caen est déjà ancienne.
Elle est née naturellement dans la suite des chantiers archéologiques des années 70
et 80 qui ont contribué à la connaissance de la topographie historique de la ville
dont le sous-sol est caractérisé par la présence de 80 hectares de salles souterraines,
sans compter les fronts de taille à ciel ouvert ou les plus modestes excavations
comblées après usage.
L’utilisation de la pierre dans les grands projets architecturaux n’était certes pas un
sujet inconnu mais abordé le plus souvent sous l’angle de l’histoire de l’art. Pour
élargir ce champ, sans en renier les acquis, il fallait aller aussi dans plusieurs autres
directions : celle des origines lointaines, avec l’étude des conditions particulières
de formation du dépôt calcaire que son exploitation ferait connaître sous le nom
de Pierre de Caen ; celle du passé le plus récent, avec l’histoire industrielle de
l’extraction et de la commercialisation de la pierre ; mais aussi celle de l’archéologie
expérimentale, avec par exemple la reconstitution documentée d’un treuil de carrier
comme on en utilisait jusqu’à la fin du XIXe siècle...
Ce projet longuement mûri a vu le jour par la conjonction de deux circonstances
déterminantes : les travaux d’aménagement du château de Caen où la réalisation de
la salle des Remparts offre un théâtre de pierre évidemment destiné à recevoir une
exposition de cette nature, et la reprise de l’exploitation de la Pierre de Caen, à la
suite de ce grand chantier du château, mais aussi du vaste programme de restauration
des monuments de la ville de Caen, et de plusieurs autres sites de la région, suivis
par des chantiers comparables, notamment en Angleterre.
Cette perspective de reconquête imposait de réaliser enfin cette grande exposition, et
à travers le temps, retrouver les motifs d’émerveillement de Charles de Bourgueville,
sieur de Bras, qui en 1588 se faisait le premier historien de la ville où « ... sont les
carrières de la plus blanche, polie et tendre pierre de taille que l’on puisse trouver,
puis s’endurcit étant mise en œuvre, de sorte que l’injure du temps et la force de l’air,
ni gelée ne lui peut nuire ni faire dommage. La commodité de ces carrières et belles
pierres est bien l’une des causes qui rend cette ville ainsi décorée et bien fournie de
beaux et excellents bâtiments, tours, pyramides et autres édifices. »
Avant-Propos
Jean-Marie LevesqueConservateur en chef
Musée de Normandie
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Sommaire Pages
11 I n Géologie du Calcaire de Caen
12 Géographie et climat, il y a 165 millions d’années
16 Des conditions particulières de dépôt
23 L’étude des fossiles et la datation des temps jurassiques
37 II n L’agglomération caennaise
et l’extraction de la Pierre de Caen
38 Géographie physique du site de Caen
39 La géographie des carrières et l’urbanisation du site
45 Le développement de la ville, les carrières et l’eau à partir du XIe siècle
47 Les modes d’exploitation
55 Les méthodes d’extraction
63 Les hommes, les carriers
63 Les règlements, l’ordonnance de 1838
67 III n Le commerce de la Pierre de Caen
68 Le commerce jusqu’au milieu du XIXe siècle
72 Caen, un centre carrier dynamique
85 Le commerce à partir du milieu du XIXe siècle
89 IV n Vingt et un siècles de Pierre de Caen
dans le patrimoine et l’histoire de l’Art
90 La Pierre de Caen à l’aube de l’histoire
92 Le déclin de la pierre au haut Moyen Âge ou l’histoire des sarcophages
93 L’essor de la production
104 La Pierre de Caen... à Caen : patrimoine et perspectives
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iLe chevet restauré de l’église Saint-Pierre de Caen.
A travers le monde, la terre et la pierre constituent traditionnellement les matières premières les plus utilisées pour construire. L’analyse des constructions anciennes démontre souvent une connaissance empirique du sous-sol et une utilisation à la fois pragmatique et économique des ressources disponibles à proximité. Dans la construction contemporaine, les matériaux composites à base de ciment ont peu à peu remplacé ces matériaux naturels employés depuis les premiers temps de la sédentarisation.Certaines roches, par leurs qualités exceptionnelles échappent pourtant à une stricte utilisation locale ; elles s’intègrent dans des courants commerciaux plus vastes qui entraînent la transformation progressive de modestes sites d’extraction en grands centres carriers situés au coeur d’une véritable industrie de la pierre à bâtir.La Pierre de Caen appartient à cette catégorie de pierre ;elle participe aujourd’hui comme hier à l’identité de la ville et de ses monuments. Certes, d’autres pierres de taille ont été utilisées en Basse-Normandie, mais aucune n’a connu une telle renommée et n’est aussi emblématique de notre région.
Pierre à bâtir devenue pierre de conquête et pierre d’art participant à la diffusion du style roman à travers l’Europe, la Pierre de Caen a bénéfi cié de multiples facteurs favorables.Cette pierre calcaire au grain très fi n, d’extraction facile et se prêtant magnifi quement aux fi nesses des sculpteurs, prend d’abord son origine dans les particularités de son environnement de dépôt, il y a 165 millions d’années. L’observation microscopique de la roche montre clairement ce qui différencie la Pierre de Caen des autres calcaires de la campagne de Caen. C’est aussi un gîte fossilifère célèbre de vertébrés dès le XIXe siècle.L’exploitation de la roche a ensuite été favorisée par les reliefs du site caennais avec le creusement de la vallée de l’Orne au Quaternaire. La présence de l’eau dans le sous-sol a été déterminante dans le choix des implantations de carrières et le développement urbain de la ville. Les carrières souterraines de Pierre de Caen font l’objet d’une recherche approfondie effectuée par des historiens, des archéologues et des géologues. Le service des carrières de la ville de Caen créé en 1955 effectue parallèlement un travail d’inventaire, de surveillance et de confortement de ces cavités.Enfi n, les données historiques, s’appuyant généralement sur les connaissances acquises grâce aux sources écrites permettent de s’intéresser aux grands événements de l’histoire. Le contexte historique et l’infl uence de Guillaume le Conquérant au XIe siècle ont sans nul doute
contribué à la renommée de la Pierre de Caen, diffusée à travers le duché normand et le royaume anglais. C’est au début du second millénaire que la Pierre de Caen intègre le cercle fermé des pierres à bâtir de renommée internationale. Le foisonnement d’informations permet d’estimer par exemple quelles quantités de pierre ont été extraites, et d’en déduire l’organisation d’un commerce en France et à l’étranger, jusqu’aux Etats-Unis. De ces mêmes sources transparaît en fi ligrane une histoire plus modeste, plus intime, celle des hommes qui ont extrait la pierre.Nombreux aussi sont les témoins de l’utilisation et des échanges d’éléments en Pierre de Caen depuis l’Antiquité :objets de la vie quotidienne, éléments architecturaux appartenant à des édifi ces religieux ou civils témoignant des grands courants artistiques. Malheureusement, les traces matérielles et la situation des carrières antiques nous sont aujourd’hui inconnues, en raison souvent d’une exploitation qui s’est poursuivie jusqu’à des périodes plus récentes. Pourtant, des fouilles de constructions gallo-romaines menées depuis le XVIIe siècle dans la région, ont révélé la présence d’éléments architecturaux souvent de grandes dimensions, taillés dans la Pierre de Caen, comme c’est le cas dans la cité antique d’Aregenua, enfouie sous l’actuel village de Vieux, à quelques kilomètres au sud-ouest de CaenToutes les périodes historiques ont livré des témoins matériels issus d’un usage intensif de la pierre, depuis ces nombreux sarcophages mérovingiens, à l’architecture monumentale de l’époque ducale, jusqu’aux bâtiments de la Reconstruction de la ville de Caen.Rattrapé par le « modernisme » et désorganisé par le premier confl it mondial, le commerce de la Pierre de Caen a failli disparaître en ce début de XXe siècle. Il a fallu attendre les années 2000 pour que des volontés politiques et un environnement économique favorable aboutissent à la réouverture d’une carrière au sud de Caen, afi n d’alimenter les ateliers de restauration des monuments caennais et maintenant anglais.
Le lecteur de cet ouvrage et le visiteur de l’exposition« Pierre de Caen - Des dinosaures aux cathédrales » présentée au Musée de Normandie seront en mesure de s’approprier une part essentielle d’un patrimoine, riche de plus de 165 millions d’années. Au-delà de l’exposition, la visite des carrières souterraines et une promenade en ville permettent d’estimer davantage l’importance et la richesse de ce patrimoine qui nous est légué, témoignage de l’intérêt soutenu des hommes pour cette pierre d’exception.
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iPaysage de mangrove actuelle au Vietnam.
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AENIl y a 165 millions d’années, l’actuelle Basse-Normandie était
baignée par une mer chaude, sous un climat tropical ; en bordure du littoral de l’époque, se déposait une boue calcaire, dans des mangroves où pullulaient des crocodiles. Elle s’est ensuite transformée progressivement en une roche calcaire fi ne qui sera exportée dans le monde entier : la Pierre de Caen.
Géologie du Calcaire de Caen
iCarte géologique simplifi ée du Calvados et échelle des temps géologiques (d’après Dugué, modifi é)
carrières de Pierre de Caen.
C H A P I T R E I
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20 km
PAYS D'AUGE
CAMPAGNE
DE CAEN
CAMPAGNE
DE FALAISE
La Manche
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BESSIN
SECTEUR ARMORICAIN
Vire
Mont Pinçon
Flers-de
l'Orne
Lisieux
Pont-L'Evêque
FalaiseVimoutiers
St-Pierre/Dives
Mézidon
Vieux
Bayeux
Synclinal
d'UrvilleSynclinal de la Zone Bocaine
Synclinal
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Massif de Vire-Carolles
Massif d'Athis-Putanges
La
Vire
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Ranville
Bénouville
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CintheauxQuilly
Conteville
grès et schiste
schiste et grès(Briovérien métamorphique)
schiste et grès(Briovérien)
granitoïde
sable et argile
calcaire et marne
argile et calcaire
craie
sable
PRECAMBRIEN
PRIMAIRE
PERMO-TRIAS
JURASSIQUE
TERTIAIRE
QUATERNAIRE
CRETACE
sable et limon
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Ouvrage réalisé à l’occasion de l’exposition19 juin - 31 octobre 2010
Olivier Dugué Laurent Dujardin
Pascal Leroux Xavier Savary
Des dinosaures aux cathédrales
Musée de Normandie / Ville de Caen
www.pierre.caen.fr