Gavroche - 3 février 2011
Sommaire
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GavrocheRédaction : 9 rue Alexandre Parodi, 75010 Paris
Directeur de la publication : Michel Baldi
Directeur de la rédaction : Jean Savary
Rédacteur en chef :Benoît Magistrini
Secrétaire de rédaction : Karma Duquesne
Maquettiste :Antoine Delthil
Chef des infos générales : Valentin Marcinkovski
Journalistes : Nadine Achoui-Lesage, Alexandre Benhadid, Alexandra
Bresson, Yann Casseville,Wilfried Corvo, Antoine Delthil, Karma Du-
quesne, Pascal Golfier, Audrey Loussouarn, Valentin Marcinkowski,
Eléonore Quesnel, Laetitia Reboulleau, Emmanuelle Ringot, Clémentine
Santerre
Le mot révolte està la mode. La Tu-nisie et l’Egypteont ouvert le balau Maghreb et
au Moyen-Orient. Lespays musulmans, quiont focalisé les inquié-tudes de l’Occident cettedernière décennie, mon-trent aujourd’hui des as-pirations démocratiques.Mais la vigilance doit êtrede mise face au risque deguerre civile et d’extré-misme. Côté français, larévolte gronde plutôt ducôté des Forces de l’Or-dre… Dans l’automobileaussi, c’est électrique. Dumoins c’est ce que vou-draient les concurrents deVolkswagen qui fait lepari de la très basseconsommation. Mais lefutur de l’or noir ne s’an-nonce pas rose et le prixdu baril devrait encoredonner le tournis. Le tour-nis, c’est ce que ressen-tent toutes les équipes quiosent s’opposer au règnedes Bleus en handball de-puis 2008. Peu de tempsaprès le départ à la re-traite de Jacques Chirac,encore et toujours titillépar la Justice.
p.3 Perspectivesp.4 à 7 Dossierp.8 à 11 Economiep.12 à 15 Politique
Internationalpages 3-7Souffle démocratique sur lemonde arabePar Alexandra Bresson etAlexandre Benhadid
Economiepages 8-9Quand le temps de l’or noirs’assombriraPar Pascal Golfier
Sociétépage 12Peer to peer : premier jugementPar Emmannuelle Ringot
Politiquepage 14-15Jacques Chirac face à ses jugesPar Audrey Loussouarn et Wilfried Corvo
Sportpages 17-19Ces sports collectifs françaisqui gagnentPar Wilfried Corvo, Yann Casse-ville et Antoine Delthil
Culturepage 24Angoulême : la vie BDPar Yann Casseville
Edito
Photo de couverture : DR
p. 16 à 17 Sociétép.18 à 21 Sportp.22 à 23 Culturep.24 Portrait
DR
DR
DR
DR
DR
Benoît Magistrini, rédacteur en chef
Gavroche - 3 février 2011
Perspectives
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La révolution tuni-
sienne a fait exploser
un verrou. Un air de
liberté souffle aujourd’hui
sur le Moyen-Orient et le
Maghreb, où la mainmise
des dirigeants en place sem-
blait pourtant inébranlable.
Même si les destins de la Tu-
nisie, de l’Egypte, de la
Lybie, du Yémen ou de la Jor-
danie se dessinent encore en
pointillés et n’auront, selon
toute vraisemblance, pas
toujours une trajectoire dé-
mocratique, les rues auront
néanmoins vécu des heures
d’espoir dans ce sens. Car la
répression, qui n’a pas su
éteindre l’embrasement de la
jeunesse en Tunisie et en
Egypte, aura peut-être plus
de succès dans les autres
pays musulmans.
L’histoire le montre : les ten-
tatives de démocratie ont en
commun de toujours naître
des cendres de ses défen-
seurs. En 1688, la Révolution
Glorieuse en Angleterre a
ouvert cet idéal de gouver-
nance, 22 siècles après la
mise en place des principes
démocratiques de la cité
d’Athènes. Entre temps, des
systèmes oligarchiques of-
fraient des perspectives élec-
torales à des minorités
organisées. Mais la Constitu-
tion américaine (1787) née de
la Déclaration d’indépen-
dance du 4 juillet 1876 par
Thomas Jefferson, marquait
le vrai départ de la démocra-
tie moderne, célébrée par
Alexis de Tocqueville. Dans
la foulée, la Révolution fran-
çaise de 1789 édifia les bases
de la première République
avec pour mots d’ordre « li-
berté, égalité, fraternité », en
supprimant les privilèges de
l’Ancien Régime. La philoso-
phie des Lumières et le
Contrat Social de Jean-
Jacques Rousseau éclairent
alors toute l’Europe occiden-
tale de l’idée que « les peuples
se sont donnés des chefs pour
défendre leur liberté et non pour
les asservir ».
Le « gouvernement du peuple,
par le peuple, pour le peuple »,
était, de Périclès à Abraham
Lincoln, un miracle fragile en
sursis face à la dégénéres-
cence consubstantielle à tout
pouvoir. Les révolutions po-
pulaires dans les urnes ou
dans les rues ont parfois ren-
versé l’équilibre. En 1917 en
URSS, en 1933 en Allemagne
ou en 1979 en Iran, putsch ou
révoltes ont abouti au même
constat : celui de l’expropria-
tion du pouvoir par
quelques-uns. Une pointe de
méfiance doit trouver sa
place au milieu de la manne
d’optimisme dans laquelle
semble aujourd’hui baigner
l’Occident face aux mouve-
ments de l’autre côté de la
Méditerranée. Comme le
veut l’adage : Rome ne s’est
pas faite en un jour. g
Par Benoît Magistrini
Le 28 juillet. La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix, représente le deuxième jour des Trois Glorieuses en 1830 à Paris. Cette révolution voit la chute du roi Charles X et son remplacementpar le duc d’Orléans : Louis Philippe, à la tête de la France. Huile sur toile, H. : 2,60 m. ; L. : 3,25 m, Musée du Luxembourg au Louvre.
R.M
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H.
Lew
andow
ski
de la naissancedémocratique
Comment les révolutions ouvrent la porteaux Changements de régime
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Dossier
L’ondeAprès la Tunisie, l'Egypte. L'année 2011 pourrait bien être celle de la libération des peuplesarabes. Dans tout le Maghreb et le Moyen-Orient, les régimes autoritaires font face à une jeu-
ALGERIEDepuis le cinq janvier der-nier, une série d’émeutesont couté la vie à cinq per-sonnes et fait plus de 800blessés. La situation s’estcalmée lorsque le gouver-nement de Bouteflika (aupouvoir depuis 19 ans) aannoncé la baisse des prixdes produits de premièrenécessité. Pour autant, lesdésirs des manifestants desuivre l’exemple tunisiense font de plus en plussentir, et ce, malgré lescoups d’arrêt de la policeprovoquant de nombreuxblessés. Une grande mani-festation pour le « départdu système » est prévuedans la capitale le 12 fé-vrier prochain.
SOUDANDepuis le 16 janvier dernier, les partis d’opposition réclament la « fin du régime totalitaire » du président Omar el-Béchir et demandent la démission du ministre desFinances jugé responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le 31 janvier dernier, la mort d’une étudiante ravive encore davantage les tensions dans le pays.
MAURITANIELe 17 janvier dernier, unhomme d’affaires mécon-tent du régime s’est im-molé à Nouakchott. LePrésident Mohamed OuldAbdel Aziz a affirmé quecet acte n’était en aucuncas un symbole de révolte,mais un geste isolé. Afind’éviter tout déborde-ment, le gouvernement adécidé « de réduire de30% les prix des produitsessentiels destinés auxpauvres à travers desventes ciblées ».
MAROCLe 25 janvier dernier, un homme tente de s’immolerpar le feu devant le ministère de l’Éducation àRabat lors d’un sit-in organisé par des enseignants.Le Maroc a lancé depuis des appels d’offres pourl’achat d’importantes quantités de céréales, afind’éviter des pénuries pesant sur le climat social.
TUNISIEDeux semaines après la chute de Ben Ali, la situation reste électrique dans le pays et des bandes armées, milices de l’ancienrégime et criminels évadés, font régner un climat de violence. A Kasserine dans le centre du pays des rassemblements spo-radiques réclamaient la punition des malfaiteurs » ayant profité des émeutes pour commettre des pillages. Le couvre-feuétait toujours maintenu ce mardi. Des premières mesures pour les jeunes chômeurs ont été annoncées par le gouvernementde transition cette semaine, et des traités internationaux concernant les droits de l’homme ont été ratifiés par le gouverne-ment provisoire. Selon l’ONU, les manifestations auraient couté la vie à plus de 200 personnes et causé 500 blessés.
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Dossier
nesse qui aspire à plus de liberté et de dignité. Révolutions et révoltes ont un point commun:le rôle croissant joué par internet. Par Alexandre Ben Hadid et Laetitia Reboulleau
de choc
EGYPTEDepuis le 25 janvier dernier, l’Égypte connaît des mouvements de masse similaires à ceux vusen Tunisie. Lors de « La Marche du million » du 1er février dernier, la foule demandait le départdu Président Hosni Moubarak et la démission de tout son gouvernement. Même si ce derniera promis de partir « en septembre », la foule scande aujourd’hui son départ « immédiat ». Unedemande guère différente des « invitations » de Barack Obama. Si l’armée joue toujours un rôlepacificateur, la situation sur le terrain paraît tendue.
YEMENEmboitant le pas de l’Egypte, des milliers de per-sonnes descendent dans les rues de Sanaa, la capi-tale, et réclament le départ du Président Ali AbdallahSaleh, au pouvoir depuis 32 ans. Le weekend dernier,des heurts entre opposants et partisans du régimeont émaillé les défilés de manifestants. La situationdemeure tendue malgré la hausse des salaires an-noncée par le Président qui ne briguera pas un nou-veau mandat.
JORDANIELe Roi Abdallah a voulu calmer les tensions en rem-plaçant ce mardi le premier ministre Samir Rifaï parMarouf Bakhit, son ancien bras droit dans les affairesmilitaires. Malgré la popularité de ce dernier, leFront de l’Action Islamique a vivement critiqué cechoix estimant que Maarouf Bakhit n’était pas en me-sure de « sortir la Jordanie de la crise ». Les islamistesont appelé les manifestants a continuer leurs rassem-blements.
SOUDANDepuis le 16 janvier dernier, les partis d’opposition réclament la « fin du régime totalitaire » du président Omar el-Béchir et demandent la démission du ministre desFinances jugé responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le 31 janvier dernier, la mort d’une étudiante ravive encore davantage les tensions dans le pays.
OMANLe 17 janvier dernier, près de 200 manifestants à Mas-cate protestent contre le coût de la vie, un défilé mo-deste, mais très rare dans cette monarchie arabe duGolfe dirigée par le sultan Qabus bin Said Al Said de-puis les années 70.
SYRIELe régime de Damas, l’un des plus policiers dumonde arabe, est pour l’instant épargné par l’ondede choc tunisienne. Pour autant les appels aux ras-semblements pleuvent sur la toile, notamment surles réseaux sociaux Facebook et Twitter. 7800 mem-bres étaient parvenus à outrepasser le blocage dessites et soutenaient l’appel « contre la monocratie, lacorruption et la tyrannie » du régime de Bachar El-Assad.
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Dossier
Révolte programmée
La place Tahrir («place de la
Libération») n’a jamais aussi
bien porté son nom. Depuis
le 25 janvier, jour de départ
du mouvement de contesta-
tion, elle constitue le point de
ralliement des cairotes mani-
festant en masse contre
Hosni Moubarak. Au pou-
voir depuis 1981, le président
égyptien n’a pas réussi à évi-
ter l’effet domino venant de
Tunisie. L’émeute qui a vu le
jour à l’occasion d’un jour
férié en l’honneur de la police
est la plus importante depuis
celle de 1977 contre la hausse
du prix du pain. Le phéno-
mène touche le pays dès le 17
janvier : Un homme s’immole
par le feu devant l’Assemblée
du peuple au Caire suivant
l’exemple du tunisien Moha-
med Bouazizi le 4 janvier.
Dès les premiers jours de ma-
nifestations plus de 15 000
participants se sont réunis au
Caire, certains scandant
même le célèbre slogan tuni-
sien «Pain. Liberté. Dignité».
Népotisme, terreuret corruption, lavraie nature durégime Zine el-Abidine Ben Ali et
Hosni Moubarak arrivés res-
pectivement au pouvoir en
1987 et 1981 ont plus en com-
mun que la mise en place
d’un régime autoritaire. Côté
tunisien, outre le fait que le
pouvoir utilise les institu-
tions bancaires nationales
pour des raisons purement
familiales, les critiques se lè-
vent contre Ben Ali à propos
des droits humains, de la ré-
pression féroce, du muselage
des médias (sauf d’internet
ce qui lui fut fatal) et des op-
posants mais surtout le né-
potisme et la corruption
généralisés. Des télé-
grammes de l’ambassade
américaine publiés par le site
Wikileaks décrivent un ré-
gime « corrompu et sclérosé où
la moitié du monde des affaires
en Tunisie peut se targuer d'être
lié à Ben Ali d'une façon ou
d'une autre et notamment par le
mariage ». L’Egypte doit en
plus faire face à « un problème
de succession du président
Hosni Moubarak qui n’est tou-
jours pas réglé » selon l’ancien
diplomate Denis Bauchard.
« Le régime égyptien aspire au
modèle tunisien : parti au pou-
voir hégémonique, fermeture du
champ politique, priorité au do-
maine économique » explique
Sophie Pommier, ancienne
du Quai d’Orsay à l’Ex-
press.fr. Mais sous le régime
de Moubarak c’est surtout la
hausse des prix des produits
de premières nécessité, pas
ou peu de libertés, les vio-
lences policières, la corrup-
tion, la pauvreté constante
(40% de la population vit
avec moins de deux dollars
par jour et 20% à peine au
dessus) qui ont poussé les
égyptiens dans la rue. « Les
égyptiens expriment un mécon-
tentement justifié face à un ré-
gime usé jusqu'à la corde. Le
régime a abusé de sa légitimité,
les gens veulent voir autre
chose », déclarait Antoine
Basbou, fondateur de l’Ob-
servatoire des Pays Arabes à
France Soir.
Moubarak sur lacorde raide« Il y aura de nouvelles me-
sures pour une justice indépen-
dante, la démocratie, pour
accorder plus de liberté aux ci-
toyens, pour combattre le chô-
mage, augmenter le niveau de
vie, développer les services et
soutenir les pauvres », a dé-
claré le président Moubarak
lors d’une allocution télévi-
sée le 28 janvier. Mais la pro-
messe de changer de
ministres est loin d’avoir
calmé la foule. Pire encore,
le lendemain le nouveau
gouvernement est inchangé,
provoquant un autre « jour
de colère » dans les rues. Seul
modification importante : le
remplacement du ministre
de l'intérieur, Habib Al-
Adli, dont les manifestants
réclamaient le départ et la
mise en place d’un poste
inédit de « vice-président »
occupé par Omar Soulei-
mane. Mais les jours se sui-
vent et les promesses de
Moubarak ne convaincquent
pas les égyptiens prêts à
voir n’importe quel oppo-
sant, Mohamed ElBaradei
en tête, prendre sa place. Cet
ancien prix Nobel de la paix
et ancien chef de l'agence in-
ternationale de l'énergie ato-
mique (AIEA) est
rapidement devenu le sym-
bole même du mouvement
de protestation. « Si la popu-
lation veut que je mène la tran-
L’Egypte se révolte à son tour contre son régime. Mais alors qu’en Tunisie le président afui, Hosni Moubarak entend bien terminer son mandat au grand désarroi de milliersd’Egyptiens manifestant depuis le 25 janvier. La première semaine de contestation avaitdéjà fait 125 morts et de milliers de blessés. Par Alexandra Bresson
Dès le premier jour des manifestations, plus de 15 000 Egyptiens se sont réunis place Midan Tahrir au Caire.
Mah
mo
ud
Sa
be
r
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Dossier
sition, alors je ne la décevrai
pas, le pays est au début d'une
ère nouvelle », a-t-il déclaré
en Autriche avant de se ren-
dre en Egypte. Dimanche
dernier, il a été désigné par
l’opposition pour négocier
avec le régime Moubarak et
le parti des Frères Musul-
mans, principale force d’op-
position, l’imagine même
candidat pour des élections
présidentielles. Le 31 janvier
dernier Mohamed ElBaradei
invite la population à une
grève générale suivie lende-
main par plus de deux mil-
lions de personnes qui ont
répondu à son appel dans
les rue du Caire. Lundi, l’ar-
mée égyptienne, d’habitude
prompte à obéir au prési-
dent, annonce que les reven-
dications « du grand peuple
d’Egypte étaient légitime » et
donc qu’elle ne tirera pas sur
le peuple, déstabilisant en-
core plus Moubarak
. La France s’abstientDu côté de l’Elysée, le gou-
vernement se tait. Déjà fri-
leux à propos de la Tunisie,
Nicolas Sarkozy fait preuve
d’une grande réserve dans
ses déclarations. Sa position
officielle s’arrête à un com-
muniqué de presse rédigé
avec David Cameron et An-
gela Merkel : « Nous appelons
le président Moubarak à éviter
à tout prix l'usage de la violence
contre des civils sans armes et
les manifestants à exercer leur
droit pacifiquement ». Officiel-
lement cette prudence est de
mise pour éviter une nou-
velle bourde d’un ministre -
comme a pu le faire Michèle
Alliot-Marie, la Ministre des
Affaires Etrangères en pro-
posant le « savoir-faire fran-
çais » à la Tunisie. Une peur
pourtant concrétisée par la
secrétaire d’Etat à la jeunesse
Jeannette Bougrab, avec son
« il faut que le président Mou-
barak parte » sur France Info
le 30 janvier. Une prise de
position qui lui a valu d’être
convoquée par François
Fillon à Matignon. Mais la
principale cause reste que
Nicolas Sarkozy voit en
Hosni Moubarak, tout
comme en son ancien homo-
logue tunisien Ben Ali, un
rempart efficace contre l’isla-
misme, danger et bête noire
plus réels en Egypte qu’en
Tunisie. « La population égyp-
tienne est déjà très ré-islamisée,
du moins au sens de la bigoterie.
Le risque est de voir les Frères
musulmans arriver à une posi-
tion dominante et augmenter
encore les conséquences sur la
vie privée des gens de cette bigo-
terie. Pour le reste, je les croirais
plutôt modérés », déclarait
Jean-Noël Ferrié, politologue
spécialiste de l’Egypte au site
Africa N°1. Même si Hosni
Moubarak ne briguera pas
un nouveau mandat pour les
présidentielles de septembre,
difficile de savoir quand et
comment le régime s’effon-
drera. Pourtant le président
compte encore quelques fi-
dèles qui se sont manifestés
pour la première fois mer-
credi dernier sur la même
Après plus de 20 an-
nées de « dictature »
sous le régime Ben
Ali, la Tunisie est-elle prête
pour accueillir une véritable
démocratie de type occiden-
tal ? Il est bien trop tôt pour
s’avancer vers de telles consi-
dérations surtout lorsqu’on
constate sur le terrain que le
climat de forte insécurité
dans les rues règne toujours.
Les armes circulent entre les
différentes factions (milices
de l’ancienne police Ben Ali,
et les « gardiens » des quar-
tiers). « Tant que les armes se-
ront en main des milices, le pays
restera dans le chaos » nous
confie Hamed, un jeune étu-
diant en Science Politique à
Paris. Organiser de réelles
élections « démocratiques »
dans son pays reste encore
« un rêve lointain », mais
concède qu’un « grand pas a
été franchi ». La « rupture » a
un arrière goût de déjà-vu.
Six des ministres de l’ancien
régime sont toujours en
poste au gouvernement,
même s’ils n’occupent plus
des postes clés. Si des élec-
tions législatives et présiden-
tielles sont censées être
organisées dans les deux
prochains mois, on s’oriente
certainement vers un recul
des échéances. Pour certains,
organiser trop vite des élec-
tions donnerait la part belle
aux islamistes. Depuis
quelques jours, le leader Ra-
ched Ghannouchi est de nou-
veau sur le sol tunisien après
plus de 20 ans d’exil à Lon-
dres. La crainte des partisans
d’une démocratie pluraliste
est de voir un parti religieux
extrémiste récupérer le cri
d’un peuple aux abois de-
puis plus de 30 ans. Pour
d’autres, même la démocratie
n’est pas la solution à la crise
que souffre le pays. Le cau-
chemar de toute cette jeu-
nesse héroïque est de voir
tous les travers de la démo-
cratie occidentale (lutte de
partis, fausses promesses et
autres enjeux politiciens) dé-
ferler sur une Tunisie malade
de 20 ans de corruption et de
népotisme généralisé.
Nation « jeune»sacrifiéeSidi Bouzid, épicentre de la
« révolution du Jasmin » où le
jeune Mohammed Bouazizi a
trouvé la mort, est à l’image
de l’échec d’intégration de la
jeunesse tunisienne. Le chô-
mage en Tunisie est un fléau.
Les jeunes diplômés, autre-
fois « l’espoir d’une Tunisie
grande et forte » selon les pro-
pos mêmes de Ben Ali, se ré-
signent à travailler dans les
champs pour subvenir à leur
besoin. Dans les grandes
villes, 30% d’entre eux sont
au chômage. Peut-être le
double dans les villes isolées
du centre du pays. Pour le
sociologue Medhi Mabrouk,
cette situation est la consé-
quence directe de « l’absence
de stratégie de recrutement » à
l’échelle nationale du gou-
vernement depuis ces 20 der-
nières années. Alors que le
secteur touristique tourne à
plein régime, la majorité des
étudiants cherchant à entrer
dans le secteur public voient
les portes se fermer faute de
place. Longtemps ignorés,
ces jeunes verront désormais
une allocation de 150 dinars
(78 euros) leur être versé
« s’ils acceptent un emploi à mi-
temps dans les services publics »
a annoncé le porte-parole du
gouvernement Taïeb Bac-
couch. Meurettes pour les
uns ou première pierre de
l’édifice pour les autres, les
manquements du passé met-
tront longtemps avant d’être
comblés. Pour autant, la Tu-
nisie est aujourd’hui un sym-
bole pour tous les autres
peuples voisins désireux
d’obtenir enfin leur liberté. g
Comme à Sidi Bouzid et dans les grandes villes du pays, plus de 30%des jeunes diplômés souffrent du chômage.
Mohamed ElBaradei est considéré comme le principal opposantd'Hosni Moubarak
Wo
rld
Eco
no
mic
Fo
rum
Niq
ieg
La révolution du Jasmincherche ses bourgeon
Le bilan est lourd : plus de 200 morts et 519 blessés selon les dernières estimations faîtespar l’ONU. La Tunisie n’a pas le temps de pleurer ses martyrs qu’elle doit faire face à unnouveau défi : remettre le pays en marche et se réinventer politiquement.Par Alexandre Benhadid
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Economie
Lorsque le pétrole
Alex Scarrow, roman-cier anglais, met enscène la fin de notre
ère dans son thriller La Théo-rie des dominos, publié en2007, Jenny, Leona et Jacobétaient enfin en sécurité.Après une semaine où ils bra-vèrent tous les dangers d’unesociété post-apocalyptique
pour se retrouver, ils avaientfinalement échappé aux ban-dits, aux pilleurs, aux vio-leurs, aux assassins, auxhommes et femmes désespé-rés, affamés, assoiffés. Andy,le mari, le père, avait sacrifiésa vie pour les protéger. Unefois réunis, ils avaient fuitLondres, le plus vite possible.
S’éloigner de la ville, totale-ment dépouillée de ses res-sources, cercueil d’acier et debéton, était devenu leurunique chance de survie. Au-jourd’hui, au sein de leur nou-velle communauté, quelquepart dans la campagne an-glaise, leur quotidien estrythmé par des gestes sécu-laires, oubliés par la plupartd’entre nous. Tirer l’eau horsdu puit, semer les graines deblé, entretenir le potager, soi-gner le bétail, collecter lesœufs dans le poulailler…Pourtant, l’horloge ne s’estpas arrêtée. Le temps suit soncours immuable, noussommes bien au 21e siècle.Une seule chose a changé: lepétrole ne coule plus.
« Oil Peak »Bien loin de la simple fiction,le livre de Scarrow se base
avant tout sur un scénarioinévitable et très probable-ment déjà consommé, le dé-passement du Pic Pétrolier.Ce nom barbare ne corres-pond ni à un record deconsommation, ni à un recordde prix du baril. Il s’agit toutsimplement du terme utilisépour désigner le niveau maxi-mal de la production pétro-lière. Niveau à partir duquelle nombre de barils extraits nefera que diminuer progressi-vement jusqu’à l’épuisementtotal des ressources plané-taires. Selon de nombreuxchercheurs comme le géo-logue britannique ColinCampbell ou l’ingénieur pé-trolier français Jean Laher-rère, ce Pic serait en voied’être, voire déjà dépassé(voir graphique n°2). Unethéorie confirmée en novem-bre dernier par l’Agence In-
ternationale de l’Energie dansun communiqué qui se vou-lait néanmoins rassurant. «Ce
Pic ne concerne que le pétrole
brut», peut-on lire dans lerapport de l’AIE. Il ne com-prend donc ni les futures pro-ductions issues de sables etschistes bitumeux ou de labiomasse, ni le gaz naturel.
DépendanceMais le pétrole brut demeurele pivot de notre économie.La transition énergétiquevers une production efficaceet surtout, suffisante, de car-burants «bios» ou issus d’au-tres ressources fossiles n’apas été effectuée.Il en va demême pour l’électricité dontla production dépend encoretrès largement du pétrole oudu charbon : 68% productionmondiale en 2007 selon lamême AIE.
Les réserves de pétrole de la planète ne sont pas illimitées, et le nombre de barils extraitsn’a pas cessé d’augmenter depuis 1930. Pour de nombreux experts, l’« Oil Peak » ou PicPétrolier, c'est-à-dire le niveau maximal de la production pétrolière aurait déjà été atteint
Puits de pétrole à Hassi Messaoud, Algérie.
iJuliAn
Prix du baril de brut sur les cinq dernières années. Le pic de 2008constitue un record qui sera à coup sur battu dans l’avenir.
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Economie
de la production mondiale en2007 selon la même AIE.Lepétrole est le «sang» qui ir-rigue la société selon l’imageutilisée par Alex Scarrow. Sisa circulation est interrom-pue, les organes dépérissent,les institutions, les infrastruc-tures s’effondrent. Pas besoind’un scénario catastrophecomme celui du romancier,où une série d’attentats simul-tanés sur les sites de produc-tion et d’acheminement du
pétrole provoque unebrusque pénurie. Le manquese fera sentir, de lui-même, aufur et à mesure que la pro-duction ne pourra plus satis-faire la demande.
LuxePremière conséquence dumanque progressif d’or noir :la hausse du prix du baril.Une étude de l’OCDE, réali-sée en décembre 2004 dans len°76 de Perspectives écono-miques de l’OCDE évoquaitdéjà ce problème. Elle met enavant qu’une crise d’approvi-sionnement liée à une produc-tion insuffisante ou à undéfaut d’acheminement pour-rait provoquer en quelquessemaines un doublement duprix du baril (voire graphique
n°3). Seul ennui : le scénariomis en place par l’OCDE partd’un baril coûtant un peu plusde 30$. Pour prendre la me-sure du risque, il faut donc ré-injecter les chiffres réels. Au1er février 2011, le baril étaitcôté aux alentours des 91$(voire graphique n°1). Le scé-nario de crise de l’OCDE, pro-jetterait donc le prix dupétrole à plus de 180$ le baril,soit bien au dessus des 144$atteints en juillet 2008. Un re-
cord provoqué par des prévi-sions exponentielles desconsommations chinoises etindiennes ainsi que par la spé-culation sur les marchés fi-nanciers. Arjun N. Murti,analyste pétrolier pour labanque Goldman Sachs, an-nonçait d’ailleurs en mai 2008,juste avant cette flambée desprix, que le baril pourrait êtreréévalué jusqu’à «150$ ou
même 200$» vu la marge deplus en plus faible des paysproducteurs entre leur capa-cité de production maximaleet leur production effective.
SevrageSi la future courbe des prix nepeut être prédite avec préci-sion, une chose reste cer-taine : le pétrole sera de plus
en plus cher. Or un pétrolehors de prix se traduit parbien plus qu’une grimace aumoment de payer le plein desa voiture personnelle. Celacorrespond à un coût de fonc-tionnement de plus en plusélevé de notre économie, etpeut donc mener à une lourdeinflation généralisée. A un ap-pauvrissement progressif dela population. Et si aucune al-ternative n’est trouvée d’ici là,l’étape suivante sera la paraly-sie totale de la société. Toutcomme le vit la famille Su-therland dans le livre d’AlexScarrow. Les transports defrets mondiaux seront sus-pendus, les réserves de carbu-rant seront réquisitionnéespar les Etats pour assurer l’ap-provisionnement de l’armée,
de la police et le fonctionne-ment à minima des institu-tions. Puis en quelques jours,ce sont les denrées alimen-taires qui viendront à man-quer dans les grandes villes etdans les pays dépendants deleurs importations. L’eau po-table se fera de plus en plusrare. Des émeutes éclaterontparmi les habitants, livrés àeux-mêmes...Richard C. Duncan, ingé-nieur, prédisait dès 1989 parson «Olduvai Theory » que lacivilisation telle que nous leconnaissons péricliterait len-tement avec l’épuisementdes ressources pétrolières.Qu’une nouvelle société de-vrait être pensée et construite.Très controversé à l’époque,au point de voir son « Institute
of Energy and Man » créé en1992 disparaître, il semblepourtant bien que ses alertespointaient du doigt une réa-lité bien concrète. Après l’Âgede Pierre et l’Âge du Bronze,l’Âge du Pétrole prendra fin.Et tel un drogué qui luttepour sa désintoxication, lemonde devra apprendre à sepasser de l’or noir, quitte à de-venir dépendant d’une autresubstance… g
alors que la consommation mondiale explose. Scénario catastrophe d’une société brusque-ment privée d’or noir. Par Pascal Golfier
arrêta de couler…
Scarrow se base sur un scénario inévi-table : le dépassement du Pic Pétrolier
Plus d’info :
www.lifeaftertheoilcrash.net
La Théorie des dominos, AlexScarrow, Le Livre de PocheThriller, 7,50€.
The Olduvai Theory - TowardsRe-Equalizing the World Stan-dard of Living – The SocialContract, Eté 2009.
Etude de l’OCDE publiée en décembre 2004. Le pic que l’on observe simule une augmentation brutale suite à une déstabilisation de la production. La flambée des prix en 2008 a prouvé que deperspectives de consommation en hausse et un Moyen-Orient troublé pouvaient avoir un effet encore plus important que prévu.
Courbe de la production pétrolière. Selon plusieurs études, le «Oil Peak» aurait été atteint entre 2008 et 2010. Lenombre de barils extraits n’aura désormais de cesse de diminuer.
Economie
Facilité Monétaire Euro-
péenne, Fonds Euro-
péen de Stabilité, Fonds
de Stabilisation Européen,
Fonds Monétaire Européen…
Tant de terminologies pour
évoquer un fonds solidaire de
l’eurogroupe. Et comme les
mots ont un sens, ces diffé-
rentes variations ne sonnent
pas uniquement comme des
nuances byzantines mais
comme des concepts diffé-
rents. Mais peut-il y avoir une
monnaie unique entre plu-
sieurs états sans qu’il y ait de
solidarité entre eux?
«Le plus dur est peut-être der-
rière nous», affirme Domi-
nique Seux, du quotidien Les
Echos. Ce début d’année était
annoncé comme une terrible
épreuve pour l’euro. Après la
Grèce et l’Irlande, le Portugal,
l’Espagne, voire même la
France, devaient suivre ; en
clair, tous les pays de la zone
euro allaient devoir passer
sous le parapluie européen et
avaient vocation à être soute-
nus par le Fonds de stabilité
financière. La presse anglo-
saxonne titrait alors que les
marchés, faute de confiance
après les bévues cachées par
la Grèce à ses investisseurs,
refusaient de prêter de l’ar-
gent aux pays européens à
des taux d’intérêt supporta-
bles. Le ciel semblait alors
bien noir.
Pour comprendre pourquoi
l’horizon semble s’éclaircir, il
faut revenir un peu en arrière.
«De cette récente peur de voir
l’eurogroupe s’effondrer est née
le fond de stabilisation européen,
indique Edouard Doris, spé-
cialiste de géostratégie écono-
mique. Le 10 mai 2010, 750
milliards d’euros étaient mis à
disposition des pays. Y ont
contribué : la Communauté euro-
péenne, les Etats membres et le
Fonds Monétaire International
(FMI)». Le fonds a bénéficié
en premier lieu à l’Irlande.
Cette solidarité européenne
s’est avérée être un premier
tremplin pour l’économie eu-
ropéenne en pleine crise.
Les politiques aussi ont joué
un rôle prédominant dans la
non-réalisation du scénario
catastrophe du krach de la
zone euro.
En quête de visionpolitiqueLa chancelière allemande,
Angela Merkel, a montré un
engagement sans faille en fa-
veur de l’euro. Cette implica-
tion très visible a rassuré et a
permis aux autres dirigeants
des Etats européens d’œu-
vrer dans le même bateau
qu’elle. L’Espagne a alors
promis d’agir en faveur de
ses banques : la péninsule
ibérique a fait passer des ré-
formes permettant de lever
des fonds, comme augmenter
l’âge de la retraite à 67 ans,
avec l’accord des syndicats.
Autre élément et pas des
moindres : le forum de Davos
de ce début d’année a été mar-
qué, pour les Européens, par
la défense de l’euro faite par
la France et l’Allemagne. Ni-
colas Sarkozy a alors plaidé
avec force : «Merkel et moi ne
laisseront jamais tomber l’euro».
«La parole européenne s’est re-
mise dans le bon ordre, com-
mente Dominique Seux, la
communication est un peu moins
désordonnées qu’avant Noël et
cela compte. Enfin, les modalités
techniques d’intervention ont
l’air de se préciser et Paris et Ber-
lin ont manifestement pris les
choses en main». La solidarité
européenne promet donc des
semaines plus calmes, mais la
prudence reste tout de même
de mise. Méfiance est mère de
sûreté. Rien n’est fixe et la re-
stabilisation apparente peut
se retrouver au tapis en deux
temps trois mouvements.
Tout d’abord, force est de
constater que ce n’est pas
l’Europe de Bruxelles qui a la
main, mais bien les capitales.
A savoir les différents gouver-
nements, avec l’instabilité qui
les caractérisent. Pas toujours
simple de coordonner les po-
litiques européennes des gou-
vernements européens. Si les
progrès sur la surveillance
budgétaire sont réels, il n’y a
pas de projet de croissance
commune. De plus, reste la
question sociale : pendant
combien de temps les peuples
européens vont-ils accepter la
rigueur qui leur est propo-
sée? Enfin dernière ombre et
pas des moindres : le Fonds
européen de stabilisation n’est
en réalité qu’un fonds inter-
médiaire mis en place pour
trois ans à peine. 2013 verra
son enterrement, et avec lui la
nécessité de réinventer un
modèle. La logique voudrait
que l’Europe, première puis-
sance économique mondiale,
se dirige lentement, mais sû-
rement, vers un Fonds Moné-
taire Européen. Mais l’union
politique que ce dernier sup-
pose nécessite d’aller bien au-
delà de timides chantiers de
convergence fiscale. g
Clair-obscur européenAprès les scénarios-catastrophes de la Grèce et de l’Islande, la zone euro semble avoir retrouvé une certaine quiétude etle scepticisme se dissout peu à peu. En cause, la démonstration réussie de la solidarité européenne et la mobilisationdes politiques. Un tableau pas sans ombre : le temps joue en la défaveur de cette avancée majeure. Par Karma Duquesne
Gavroche - 3 février 2011
10
Parlement européen en plein conseil des 15, le 17 mai 2010.
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Economie
Ryanair toujoursplus hautRyanair a annoncé le 31 janvierun résultat net positif comprisentre 380 et 400 millions d’eu-ros pour l’exercice 2010-11. Unrésultat au-delà de toutes lesprévisions effectuées par la com-pagnie low-cost irlandaise. Lesperturbations liées aux grèves etaux intempéries n’auront donceu aucune répercussion sur lasanté financière du groupe qui a,malgré tout, récemment an-noncé une augmentation géné-rale de ses prix.
Carrefour : lapreuve par troisD’après une information paruedans Le Figaro, le numéro 2mondial de la grande distributionétudierait la possibilité de sescinder en trois. Les administra-teurs du groupe Carrefour envi-sagent l’introduction en boursede la branche hard-discount(Dia) et immobilier (CarrefourProperty) afin de les rendre au-tonomes. Un principe qui devraitêtre adopté le 2 mars prochainen conseil d’administration.
Le patron de Gold-man Sachs tripleson salaireLes administrateurs de la banqued’affaires américaine GoldmanSachs font un joli cadeau à leur pa-tron Lloyd C. Blankfein en triplantson salaire. Ce dernier touchedésormais 2 millions de dollarspar an (1,47 millions d’euros)contre 600000 dollars auparavant.Une augmentation qui paraît sur-prenante après une année 2010difficile pour la banque qui a vu sesprofits chuter de manière significa-tive (-37%).
Gros lot pour laFDJEn 2010, la Française des jeux a enre-gistré un chiffre d’affaires record de10,551 milliards d’euros, soit unehausse de 5,5% par rapport à 2009(9,997 milliards d’euros). Un résultatexpliqué en partie par l’ouverture à laconcurrence des jeux d’argent enligne mais pas seulement puisque lesparis sportifs en dur (pratiqués chezles buralistes) ont également aug-menté de 42% l’année dernière.Deuxième loterie mondiale derrièrel’Italien Automatica, la FDJ compte27,8 millions de client dans l’Hexa-gone, soit près d’un français sur deux.
Une voiture rétro-fu-
turiste. Voilà com-
ment on pourrait
décrire cette fameuse XL1
lorsque l'œil glisse sur ses
courbes harmonieuses pour
la première fois. Basse
(1,195m de hauteur) et ultra-
légère (795kg), la toute der-
nière née de Volkswagen,
présentée au Qatar fin janvier,
se targue surtout d'une
consommation record de
0,9l/100km. Le concept hy-
bride poussé à son pa-
roxysme, afin d'obtenir le
véhicule le plus sobre du
marché lorsqu'il sera com-
mercialisé. Et il le sera, en pe-
tite série d'abord, avant de
voir éventuellement sa pro-
duction augmenter par la
suite si le succès est au ren-
dez-vous.
Volkswagen avait déjà mon-
tré son intérêt pour trouver
des solutions de basse
consommation. La Lupo 3L,
commercialisée en 1999, ré-
pondait à cette prérogative.
Le modèle ne s’était pas
vendu, en raison d'un prix
trop élevé, interdisant tout re-
tour sur investissement avec
un gazole à moins d’un euro.
Mais Ferdinand Piëch, le pré-
sident du conseil de surveil-
lance de Volkswagen, ne
s'arrête pas à ce revers. Ingé-
nieur passionné, il comprend
rapidement que l'avenir du
véhicule automobile passe
par une plus grande sobriété.
C'est ainsi qu'arrive la XL1,
après plusieurs prototypes
d'essais, dont la L1, une inso-
lite deux places en tandem.
L'accent a été mis sur le gain
de poids : la voiture est com-
posée de fibres de carbone à
plus de 20%, se dote de freins
céramiques, d'un châssis en
aluminium et de roues en
magnésium. Autant de com-
posés ultra-légers dont le coût
devrait tirer vers le haut le
prix final du XL1.
Avec ses courbes très douces
et sa petite ressemblance avec
l'Audi pilotée par Will Smith
dans I-Robot, le XL1 dispose
d'un aérodynamisme opti-
misé que cette deux places ne
grèverait guère en s’allon-
geant pour intégrer une ban-
quette arrière. Pour propulser
la XL1, Volkswagen a choisi
un bi-cylindre diesel de 0,8l
de cylindrée, issu du bloc 1,6
TDI. Ce petit diesel, éco-
nome, dispense 48 ch tandis
que l'unité électrique en
ajoute 27.
StratégiesIl s'agit d'un petit moteur
électrique placé entre le die-
sel et la boite de vitesse, ali-
menté par des batteries au
lithium-ion qui lui permet-
tent de parcourir 35 km en
mode électrique pur. Les
deux blocs réunis ne pèsent
que 227 kg. Issus des re-
cherches de la marque, c'est
l'association de ces deux mo-
teurs et des caractéristiques
physiques du véhicule qui
permettent de rester en des-
sous du litre consommé tous
les 100km, ce qui donne une
autonomie de plus de
1000km avec un réservoir de
10l, le tout avec une vitesse
maximale de 160 km/h. Au
delà de l'aspect « record » de
cette très basse consomma-
tion, un hybride aussi perfor-
mant remet en cause
l'ensemble de la stratégie
électrique choisie par certains
constructeurs. D'abord, cer-
tains aspects ne sont pas en-
core réglés concernant les
véhicules électriques.
Emballements ter-miquesLe plus important d'entre eux
: la fiabilité des batteries au li-
thium-ion, majoritairement
utilisées jusqu'ici. Rachid
Yamzi, directeur de re-
cherche au CNRS, explique :
« Les batteries électriques li-
thium-ion sont constituées
d'une multitude de cellules pro-
ductrices d'énergies qui, cha-
cune, présente un risque
relativement élevé de panne. Des
emballements thermiques, me-
nant à l'incendie ou à l'explo-
sion peuvent être craints ». Un
sérieux risque pesant sur les
constructeurs qui, du reste,
planchent déjà sur de nou-
veaux systèmes de contrôles
et de refroidissement et de
nouvelles technologies de
batteries. Le XL1 utilise ce
même type de batterie pour
alimenter son moteur élec-
trique mais dans une dimen-
sion réduite, qui limite
d'autant les risques.
Il faut également prendre
en compte le bilan carbone
de l'énergie électrique utilisée
pour recharger la batterie
d'un véhicule. Si en France,
78% de l'électricité produite
est issue du nucléaire il
n'en est pas de même
partout. L'électricité chinoise
par exemple dépend majori-
tairement des centrales à
charbon mises en services
au rythme d’une par se-
maine. Quand il faudra sou-
tenir l'utilisation de plusieurs
millions d'automobiles élec-
triques, la pollution et sur-
tout la consommation de ces
usines tournant à plein ré-
gime risque fort de limiter le
côté «vert» du véhicule. Sans
compter que ne consommer
qu'un litre tous les 100 km
remet économiquement dans
la course, bien des agro-car-
burants alternatifs à l'essence
et au gazole mais plus chers.
Si la technologie du XL1 s'ex-
porte à d'autres modèles, et à
des prix concurrentiels, l'hy-
bride pourrait bien être, plus
que l'électrique, la vraie solu-
tion d'avenir. g
Acétique ou éléctrique ?
Les voitures électriques prochainement commercialisées, comme la Peugot iOn ou la RenaultZoé, témoignent de l'engagement des constructeurs dans la voie 100% électrique. Mais cettestratégie pourrait être remise en cause par le pari de Volkswagen avec sa XL1 d’abaisser sousle litre aux cent la consommation d’une voiture hybride. Par Pascal Golfier
Gavroche - 3 février 2011
11
La XL1, concept car hybride de Volkswagen, veut montrer la voie de la très basse consommation.
D.R.
DR
DR
Economie
Vincent Valade, créa-
teur d’eMule Para-
d i s e , d e v a i t
comparaître à partir du lundi
31 janvier, devant le tribunal
correctionnel de Paris. Il est
poursuivi pour « mise à dispo-
sition de films sans l'autorisa-
tion de leurs ayants droits »
entre 2005 et 2006. La plate-
forme numérique du jeune
homme de vingt-cinq ans
n’hébergeait pas directement
le contenu piraté mais recen-
sait plus de 7 000 liens vers
des fichiers eMule ainsi que
la possibilité de télécharger
le logiciel. Le procès a été re-
porté pour la troisième fois.
Vincent Valade aurait en-
grangé plus de 416 000 euros
de revenus publicitaires sur
deux ans, placés en majorité
dans des comptes à Chypre
et au Luxembourg. L’indus-
trie du cinéma s’est donné
rendez-vous sur le banc des
parties civiles pour faire en-
tendre son mécontentement
grandissant face à ce genre
de pratiques.
Le Peer to Peer (P2P) est un
protocole d’échange qui pro-
pose aux utilisateurs de par-
tager leurs données numé-
riques comme de la musique,
des films, des séries ou en-
core plus récemment des li-
vres au format électronique
ou des journaux. Les logi-
ciels de P2P mettent directe-
ment en relation deux
internautes via leur plate-
forme et ne stocke que l’en-
droit d’où provient le fichier.
Le flou juridique qui encadre
les données sur Internet pose
de nombreux problèmes aux
industries cinématogra-
phiques et musicales qui lut-
tent depuis plusieurs années
pour le respect des droits de
ses auteurs et des commis-
sions qui en découlent.
Plusieurs pas ont déjà étéfaits
dans ce sens. Par exemple, la
loi Hadopi promulguée
début 2010 vise à punir les in-
ternautes adeptes du télé-
chargement illégal par
suppression de leur connec-
tion. Cette loi rencontre pour-
tant depuis un an quelques
difficultés quant à son appli-
cation. « L'idée de base d'Ha-
dopi, c'est que chaque Français
connaisse au bout d'un ou deux
ans quelqu'un qui s’est fait sup-
primer son abonnement, et du
coup que ça ne soit pas la sanc-
tion mais la peur qui freine le té-
léchargement », explique
Georges, étudiant spécialisé
dans les nouvelles technolo-
gies. Hadopi devrait se géné-
raliser au niveau européen
comme l’a révélé le Nouvel
Observateur.
Impasse judiciaireDe même, la loi d'orienta-
tion et de programmation
pour la performance de la
sécurité intérieure (LOPPSI)
qui a vu le jour courant dé-
cembre dernier, s’attelle
dans certains de ses articles
à lutter contre ces cyber-
malfaçons. L’expert en com-
munication, président de
FDN (association de fournis-
seurs d’accès), Benjamin
Bayart juge cette loi liberti-
cide. « L’article 4 nous pose
problème. Tel qu’il était pro-
posé par le gouvernement, il
prévoyait que sur décret du mi-
nistère de l’Intérieur, les four-
nisseurs d’accès auraient
l’obligation d’empêcher l’accès
à certains sites web ». Ce sys-
tème de filtres pourrait être
la solution aux sites de télé-
chargement illégaux. Ce-
pendant, la censure n’est pas
acceptable dans le domaine
public qu’est Internet.
Pour le moment, la seule loi
qu’aurait violée l’accusé Vin-
cent Valade est celle relative
aux droits d’auteur transcrite
dans le Code de la propriété
intellectuelle datant de 1992
et mis à jour le 1er janvier
2011. Pourtant, les avocats
de la défense entendent
contester l'accusation de
mise à disposition, celle-ci
incombant plutôt aux inter-
nautes partageant un fichier
via eMule.
Procès médiatique« La jurisprudence reconnaît
que la mise à disposition d’un
lien, n’est pas la mise à disposi-
tion d’un fichier », rappelle
Maître Hugot. Si un tribunal
condamne le jeune homme
en partant du principe que
tout lien pointant vers un
site tiers est susceptible d’en
constituer la représentation
illicite, l’ensemble du Web
serait finalement constitué
de violations de droit de la
propriété intellectuelle.
Néanmoins, l’impasse judi-
ciaire actuelle pourrait pous-
ser les juges à légiférer à la
place du législateur. « Ce pro-
cès, c’est pour l’exemple »,
constate Georges. Vincent
Valade et les autres accusés
encourent jusqu'à trois ans
d'emprisonnement et 300 000
euros d'amende pour contre-
façon, mise à disposition de
logiciel en vue de télécharge-
ment illicite plus dissimula-
tion d'activité. Sans compter
les dommages et intérêts ré-
clamés par les parties civiles.
La médiatisation de ce pro-
cès devrait donner l’alerte
chez ceux qui surfent sur la
vague du P2P et autres pro-
cédés frauduleux de partage
de données tels que les fi-
chiers torrent, warez ou au-
tres sites de vidéos en strea-
ming. Surtout que ces diffé-
rents procédés concernent
directement le contenu des
œuvres et pas que des liens
vers une utilisation possible.
Les retombées du cas Valade
sont très attendues. Bien que
le procès soit une nouvelle
fois reporté pour vice de
forme dans l’enquête, Vin-
cent Valade devrait passer
devant les tribunaux d’ici
quelques mois. Une affaire
qui pourrait faire jurispru-
dence en la matière pour
combler les failles de la légis-
lation française actuelle. g
Téléchargement illégal: la lutte continue...
Lundi 31 janvier 2011, s’est ouvert à Paris un procès d’un nouveau genre. Vincent Valade, créateur du site eMule Pa-radise, comparaît devant la 31e Chambre du tribunal correctionnel. Son site de Peer to Peer qui permet l’accès à desliens de téléchargements, est dans le collimateur de la justice depuis plusieurs années. Par Emmanuelle Ringot
Gavroche - 3 février 2011
12
Le tribunal correctionnel de Paris est le théâtre du premier procès d’un hébergeur de téléchargements illégaux.
D.R.
Vincent Valade aurait engrangé plusde 416 000 euros de revenus.
Video BB, des vidéoscontre de l’argent ?
Récemment apparu sur les
sites de streaming, Vidéo BB
est une nouvelle plateforme de
d'hébergement de vidéos vi-
sionnables en streaming.
Comme ses prédécesseurs le
site propose, avec le compte
premium, un système de paie-
ment des vidéos uploadées par
les utilisateurs. Cette pratique
pousse en fait les internautes à
récupérer du contenu dont ils
n’ont pas les droits pour le met-
tre à disposition des autres utili-
sateurs du site en échange d’un
peu d’argent (la plupart du
temps en Paypal). Ainsi, les
sites pensent sûrement se dé-
douaner de la violation de la
propriété intellectuelle et ont
une offre très attractive pour ses
utilisateurs. Cette pratique de
rémunération des internautes
tend à se généraliser. Le géant
Youtube envisage également de
payer ses utilisateurs qui met-
tent en ligne les vidéos les plus
vues ! Mais encore une fois, au-
cune vérification ne sera faite
quant à la propriété intellec-
tuelle de ves vidéos. La fonc-
tionnalité du téléchargement
illégal reposait jusqu’à présent
sur la gratuité des vidéos et
sons téléchargés, mais si à
l’avenir il rapportait de l’argent ?
Politique
Carla «plus vrai-ment de gauche»Dans un entretien accordé auParisien le 31 janvier, CarlaBruni-Sarkozy a affirmé ne plusse sentir « vraiment de gauche».La Première dame de France aégalement confié n’avoir jamaisvoté socialiste en France alorsqu’elle se qualifie de «bobo» etde «gauche» en Italie. Malgré sesconvictions, elle a en outre dé-claré ne jamais vouloir faire depolitique. Ce qui ne l’empêcherapas de soutenir son mari en2012 « s’il se lance».
Nicolas Hulotcandidat en 2012 ?Le chef de file d’Europe EcologieLes Verts (EELV) Daniel Cohn-Bendit a déclaré le 1er févrierdernier sur France Inter que Ni-colas Hulot a « visiblement envie»de se présenter à la présiden-tielle de 2012. « Je l’ai eu au télé-phone, il m’a dit qu’il avance danscette direction», a rajouté le dé-puté européen. Cette déclara-tion vient à l’encontre de cellefaite par la ministre de l’EcologieNathalie Kosciusko-Morizetdeux jours auparavant.
Crise de confianceenvers les élus
Le baromètre publié le 31 janvier parle CEVIPOF, le centre de recherchespolitiques de Sciences-po est expli-cite. 83 % des Français pensent queles hommes politiques ne s’intéres-sent pas à leurs préoccupations.Soient deux points de plus par rap-port à l’étude de décembre 2009. Iln’est donc pas surprenant de voirque 39% des Français déclarent quela politique leur inspire avant tout dela «méfiance» et 23% du «dégoût».
Jean Sarkozycritique PatrickDevedjianLa guerre UMP continue dans lesHauts-de-Seine. Dans une lettrerendue publique le 1er février, JeanSarkozy, président de la majoritéUMP au conseil général desHauts-de-Seine, critique de ma-nière explicite la gestion du prési-dent du conseil général PatrickDevedjian. Le fils du président dela république voudrait un nouveauprojet « très différent » de celui deces « dernières années ».
Sophie Favier en poli-
tique? A Neuilly-sur-
Seine, la blonde,
ex-atout sexy de TF1, s’est
portée candidate aux élec-
tions cantonales, avant de se
retirer. Sur la liste du CNI
(Centre national des indépen-
dants, l’autre petit parti d’ex-
trême droite), l’ex-coco girl
suppléait Bernard Lepidi
dans le canton Nord de
Neuilly – celui de Nicolas
Sarkozy. Le comique de situa-
tion a au moins le mérite
d’orienter les projecteurs sur
une élection délaissée par les
Français. Car il faudra voter
en 2011. Dès les 20 et 27 mars
prochains, les conseillers gé-
néraux seront remplacés par
moitié… avant d’être appelés
à disparaître en 2014 au profit
des conseillers territoriaux–
nouvellement créés par la ré-
forme des collectivités territo-
riales. En effet, 2014 sonnera
le glas du conseiller général
actuel, qui deviendra territo-
rial et siègera aussi à la ré-
gion. Trois années restantes,
donc, pour agir au sein des
différents conseils généraux.
Car si ces élections indiffèrent
les français, elles ont toutefois
leur importance.
Les conseillers généraux ont
une action sociale et sani-
taire au sein des départe-
ments (petite enfance,
jeunesse, collèges, insertion
professionnelle…).
Campagne Ils sont décisionnaires en
matière d’équipement et
d’aménagement de l’es-
pace. L’abstention attendue
reste très forte. Bien que la
campagne officielle ne com-
mence que le 7 mars, les po-
litiques avancent bon train
et esquissent déjà leurs
listes. Le 29 janvier, Jean-
François Copé, secrétaire
général de l’UMP, a lancé la
campagne des élections
cantonales. A suivi Martine
Aubry, pour le PS. Alors
que le parti majoritaire veut
faire de cette étape « un sim-
ple tour de chauffe » avant
2012, le parti socialiste es-
père confirmer sa recon-
quête des régionales 2010
afin d’aborder avec une vic-
toire la campagne présiden-
tielle. Le PS s’est habitué
aux victoires locales depuis
qu’il est dans l’opposition ;
un faux pas briserait la dy-
namique. Car 2012 n’est pas
la seule échéance : septem-
bre attend les élections sé-
natoriales, qui, pour la
première fois, pourraient
donner à la gauche la majo-
rité dans la chambre haute.
Le chemin qui mène à l’Ely-
sée est pavé de petites élec-
tions. g
En route vers les
élections oubliéesSi l’échéance de 2012 est omniprésente, 2011 n’en est pas moins une année électorale. Lescantonales de mars renouvelleront les conseillers généraux, et les sénatoriales sonneront lafin des élections intermédiaires avant la présidentielle. Par Karma Duquesne
Gavroche - 3 février 2011
13
Cette année plus qu’auparavant, les bureaux de vote risquent d’être quelque peu déserts.
To
nio
Ve
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DR
SIP
A
Gavroche - 3 février 2011
14
Politique
Chirac, un
Jacques Chirac sur le banc
des accusés? Longtemps
l’ancien chef de l’Etat,
membre de droit du Conseil
constitutionnel a été à l’abri de
la justice. Cité dans plusieurs
affaires politico-judiciaires,
c’est sur celle des emplois fic-
tifs de la mairie de Paris que
l’ancien chef de l’Etat sera jugé
du 7 mars au 8 avril 2011 par
le tribunal correctionnel de
Paris. Et il a promis de s’y ren-
dre. Malgré les rumeurs sur
ses problèmes de santé, un an-
cien président de la Répu-
blique devrait être pour la
première fois en France
confronté à des juges. Michel
Roussin, Louise-Yvonne Ca-
setta et Alain Juppé, actuel mi-
nistre de la Défense et des
anciens combattants ont déjà
eu ce privilège sur la même af-
faire. Ira, n’ira pas, jusqu’à
maintenant le suspense tour-
nait autour de son état de
santé. Le Journal du Di-
manche a évoqué la maladie
d’Alzheimer. Bernadette Chi-
rac a de suite démenti le 31
janvier dans une parodie d’in-
terview avec Jean-Pierre El-
kabbach sur Europe1. Seule
certitude, Jacques Chirac a été
victime, en 2005, d’un accident
vasculaire cérébrale, d’où ré-
sultent ses troubles de mé-
moire et de l’audition. Le
débat est donc clos pour le
moment. Jusque-là, l’ancien
chef de l’Etat avait réussi dans
toutes ses tentatives pour re-
tarder cette échéance qui pa-
raît aujourd’hui inéluctable.
Son avocat, Maître Jean Veil, a
une nouvelle fois demandé au
tribunal correctionnel de Paris
de reporter le début du pro-
cès. Dans ce double discours,
où se trouve la vérité?
Pendant plusieurs années,
Jacques Chirac a pu échapper
à toute poursuite judiciaire.
Maire de Paris de 1977 à 1995,
de multiples affaires politico-
judiciaires ont été découvertes
sous son mandat – lequel ne
procurait aucune immunité –
comme l’affaire des emplois
fictifs le financement occulte
du RPR. Depuis l’ouverture
des enquêtes concernant ces
dossiers, il n’a jamais été in-
quiété. Pour cause, élu en 1995
à la présidence de la Répu-
blique, il a eu recours à
quelques manœuvres pour ne
pas être cité à comparaître, la
lenteur de certaines instruc-
tions aidant. En 2001, le juge
Eric Halphen le convoque en
qualité de témoin concernant
l’affaire des HLM de Paris. En
effet, à ce moment-là, il ne bé-
néficie pas encore de l’immu-
nité présidentielle qui autorise
un chef d’Etat à ne pas se ren-
dre devant la justice. Un avis
du 22 janvier 1999 rendu par
le Conseil constitutionnel per-
mettait de traduire un chef de
l’Etat devant la Haute Cour de
justice sous condition de la si-
gnature de 58 députés. La
plainte serait ainsi recevable
auprès de la présidence de
l’Assemblée Nationale pour
être discutée. Une occasion
saisie par l’avocat, jeune espoir
du Parti Socialiste : Arnaud
Montebourg.
Première manœuvre: deux
avocats déposent une requête
pour annulation de l’instruc-
tion dont faisait partie la
cassette posthume de Jean-
Claude Méry, la fameuse
vidéo expliquant que Chirac
était au cœur du système sur
l’affaire des emplois fictifs. Par
la suite, ces manœuvres se
sont multipliées de la part des
juristes de l’Elysée. Finale-
ment, le 26 avril 2001, le juge
Halphen déclare une « ordon-
nance d’incompétence » sur le
dossier alors qu’il avait re-
cueilli des « indices graves et
concordants » à l’époque. Dans
les faits, le juge se heurte à
l’immunité pénale du prési-
dent. Pire, le 10 octobre 2001,
la Cour de cassation rend l’ar-
rêt « Breisacher » sur les bases
de l‘article 68 de la Constitu-
tion dont il ressort qu’un chef
de l’Etat ne peut être jugé que
pour haute trahison. Hormis
cette raison, un Président ne
peut être convoqué par la jus-
tice. Une nouvelle cloison blin-
dée est ajoutée lorsque Jacques
Chirac invite douze sages re-
présentant la commission
«Avril», présidée par le juriste
du même nom et spécialiste
du droit constitutionnel. Il en
ressort une immunité élargie
du chef de l’Etat, avec suspen-
sion des actes commis anté-
rieurement. Le 23 février 2007,
une réforme constitutionnelle
appuie encore un peu plus
l’immunité du Président.
A la fin de son mandat,
Jacques Chirac redevient un
simple justiciable. Le 21 octo-
bre 2007, il est mis en examen
par Xavière Siméoni, juge
d’instruction du tribunal de
grande instance de Paris. Le 30
octobre 2009, il est renvoyé de-
vant le tribunal correctionnel
de Paris pour abus de
confiance et détournement de
fonds. Un an plus tard, tou-
jours pas de procès. L’avocat
de Jacques Chirac a réussi à
obtenir plusieurs fois son re-
port. Il est aussi mis en exa-
men par le tribunal
correctionnel de Nanterre le
18 décembre 2009 sur un autre
volet de l’affaire, qui est fina-
lement joint à celui du tribunal
correctionnel de Paris. Maître
Jean Veil, l’avocat de l’ancien
président explique que « le li-
tige entre la ville de Paris, l’UMP
et Jacques Chirac n’est pas ré-
solu» d’où sa demande de re-
port du 31 janvier, alors que
dans le même temps Berna-
dette Chirac a signifié que son
mari serait présent au tribu-
nal. Pour l’ouverture du pro-
cès maintenu au 7 mars, le
parquet a déjà fait savoir qu’il
requiert le non-lieu. g
La course contre la montre de Jacques Chirac arrive à son épilogue. Le 7 mars, il sera jugépar le tribunal correctionnel de Paris en dépit d’une nouvelle de demande de report du
cm6
A l'époque où Jacques Chirac est maire de Paris, l'homme est déjà impliqué dans bon nombre d’affaires politico-financières
15
Gavroche - 3 février 2011
Politique
procès par son avocat. Maintes fois cité dans des affaires politico-judiciaires, il est le pre-mier président français à faire face à la justice. Par Audrey Loussouarn et Wilfried Corvo
Les soupçons sur la santé de Jacques Chirac ne l’empêcheront pas d’être entendu par la justice le 7 mars.
DR
procès tardif
Affaires au sein de la mairie de Paris :Les emplois fictifs du RPR prennent une place importante dans les accusations
politico-financières de Jacques Chirac. Pour cause, il est accusé d'avoir financé
ses chargés de mission pour le RPR avec l'argent de la mairie de Paris et celui
d'entreprises privées entre 1983 et 1998. Cette affaire concerne également des
employés permanents au RPR. Les directeurs de cabinets successifs de Jacques
Chirac ont été pour la plupart mis en examen. L'ancien maire de Paris semble
le mieux placé pour être au courant de cette affaire. Il devrait être entendu par
la justice le 7 mars. Dans une autre affaire, Jacques Chirac est soupçonné de
favoritisme, de prise illégale d'intérêt et de détournement de fonds publics. En
effet, une enquête a été ouverte autour de la SEMPAP, société d'impression des
documents pour la mairie de Paris, qui en 1986, imprimait tous les documents
édités par la municipalité de Paris. Pendant 10 ans, la mairie de Paris a sous-
traité ses travaux d'impression à cette société d'économie mixte.
Les frégates de Taïwan :Jacques Chirac était, lors de cette affaire, président de la République. Il aurait
donné des instructions et pas uniquement sur « la protection des marchés inter-
nationaux et la lutte contre les réseaux mafieux », ainsi que l’affirmait l’Elysée le
28 avril 2006. L'affaire concernait un contrat d'armement de 500 millions de
dollars signé en 1991 avec la vente de six frégates des industries françaises
vers la marine taïwanaise. L'affaire de commissions revenues vers la France
va plus loin. En effet, elle réapparait quelques années plus tard avec l’affaire
dite « Clearstream » où des dénonciations calomnieuses ont été opérées. Des
notes du général Rondot auraient été retrouvées dans son ordinateur le 4 juil-
let 2007. Celles-ci indiqueraient que « Jean-Louis Gergorin aurait, fin avril 2004,
reçu instruction de Dominique de Villepin, elle-même formulée par le président de la
République Jacques Chirac, de « balancer » Nicolas Sarkozy ». Lors d'interroga-
toires ayant eu lieu en juillet 2007, Jean-Louis Gergorin aurait confirmé cette
version des faits.
Vente d'armes à l'Angola :L'affaire réapparait de nouveau avec le procès de Charles Pasqua. Celui-ci s'est
d'ailleurs exprimé mardi 1er février, après l'annonce de la bonne santé de
Jacques Chirac. Elle permettrait à l'ancien président de la République de venir
attester de l'innocence du sénateur. « Tout ce qui s'est fait concernant la récupéra-
tion des pilotes a été fait directement sous l'autorité de Jacques Chirac et avec son ac-
cord », déclarait Charles Pasqua à l'AFP. Pour lui, Jacques Chirac était «
forcément au courant » de la vente d'armes à l'Angola. Depuis le 19 janvier, début
du procès en appel sur l'affaire de la vente d'armes à l'Angola dans les années
1990, Charles Pasqua insiste pour que soient cités comme témoins plusieurs
responsables de l'époque, dont l'ancien président de la République. L'accusa-
tion porte sur le fait d'avoir monnayé son intervention en faveur de l'octroi de
la médaille du Mérite à l'homme d'affaires d'origine russe Arcadi Gaydamak,
condamné de son côté à six ans de prison ferme pour trafic d'armes. L'affaire
est donc en cours pour Charles Pasqua mais en aucun cas la culpabilité de
Jacques Chirac n’est mise en cause dans cette affaire.
L'affaire du compte japonais :Début des années 2000, Jacques Chirac est soupçonné de posséder un compte oc-
culte à la banque japonaise Tokyo Sowa Bank crédité de 300 millions de francs.
Base de cette hypothèse, un document interne de la DGSE (Direction générale de
la sécurité extérieure) de 1996. Après une enquête au Japon, le général Philippe
Rondot a conclu à l’existence de ce compte qui « avait été ouvert en 1992», a-t-il dit
sur procès-verbal. Chez ce dernier, des documents prouvent cette existence comme
une chemise intitulée « affaire japonaise » et deux autres appelées «PR1» et «PR2»
(pour « Président de la République ») avec messages de la DGSE et des relevés de
comptes japonais. A partir de là, plusieurs enquêtes ont été menées, pour la plupart
classées sans suite. Une première vérification en 2007 a été effectuée à la demande
de l'ancien président français par les autorités bancaires. Elle a démontré l'absence
de compte au nom de Jacques Chirac. Seize des dix-sept documents qui pourraient
fournir des preuves importantes dans cette affaire ont été jugés le 2 octobre 2008
comme fiables par la commission consultative du secret de la défense nationale
(CCSDN), saisie par le ministère de la défense. Le 21 octobre 2008, Hervé Morin a
levé le secret défense. Pourtant, l’affaire risque de ne jamais être rouverte.
Société
Les CRS se pren-
draient-ils pour des
citoyens ordinaires ?
Ils ont réussi à obtenir gain
de cause face au ministre de
l'Intérieur Brice Hortefeux,
qui voulait fermer leurs ca-
sernes. Dépourvus du droit
de grève, des CRS des deux
compagnies 46 et 53 de
Sainte-Foy-lès-Lyon et de
Marseille prétextaient des
arrêts maladie et stoppaient
leur alimentation depuis sa-
medi dernier pour protester
contre cette démarche. Brice
Hortefeux a cédé mais a ce-
pendant précisé que 280
postes seraient transférés
« vers des missions de sécurité
publique sur le terrain ». Ce
qui fait dire au représentant
national CGT police Fabrice
Del Prête que la vigilance est
de mise. « Marseille et Lyon
sont depuis quelques années des
villes de grand banditisme.
Hormis les réductions budgé-
taires, rien ne justifiait la fer-
meture des compagnies. Le
ministère a même comme objec-
tif de fermer une vingtaine de
compagnies d'ici 2015. Pour-
rons-nous à chaque fois l'en
dissuader ?»
Gendarmeries sur la selletteLe projet de fermeture, évo-
qué la semaine dernière en
marge des vœux d'un syndi-
cat de police, avait secoué l'en-
semble des forces de l'ordre.
Depuis 1944, soixante et une
compagnies de CRS sont
implantées sur le territoire
français. Un effectif in-
changé en trois Républiques
et plus de trente gouverne-
ments jusqu’à la récente
Révision générale des poli-
tiques publiques (RGPP).
Depuis peu, 1 300 départs
à la retraite chez les CRS
n'ont pas été remplacés.
Soit environ dix compa-
gnies. L’objectif de fermer
certains escadrons de gen-
darmerie mobile inquiète
les forces de l’ordre. En effet,
les militaires ne possèdent
ni syndicat, ni le droit de
s’élever contre leur autorité
hiérarchique. Plusieurs gen-
darmeries sont actuellement
sur la sellette. En Alsace
par exemple, trois brigades
devraient être fermées
d’ici 2012. Le but est de
conduire à une diminution
de 30 000 fonctionnaires par
an selon le budget triennal
2009-2011. Une démarche
était jugée comme « non per-
tinente » par la Cour des
comptes.g
CRS en détresseEntre arrêts maladie et grèves de la faim, les CRS de deux compagnies de Lyon et de Marseillemenacées de fermeture ont réussi à faire renoncer le gouvernement. Ils s'insurgeaient contreun système qui leur semble privé de toute logique. Par Audrey Loussouarn
Gavroche - 3 février 2011
16
Manifester ou réprimer, les CRS doivent choisir. Dessin de Placide.
DR
Presque 300 m². C’est la
surface qu’occupe une
immense toile repré-
sentant le flacon N°5 de Cha-
nel, sur la façade du musée
d’Orsay. Avant, c’était Yves
Saint Laurent. Et sur l’Opéra
Garnier, c’est Ralph Lauren
qui crâne. Ces
bâches publici-
taires géantes, qui
permettent aux
établissements de
financer une partie
de leur rénovation,
ne rétréciront pas
avec la modifica-
tion du règlement
local de publicité
(RLP) de Paris du
1er février 2010, car
les monuments na-
tionaux classés ne
sont pas du ressort
de ce règlement.
Depuis 2007, « habiller » les
échafaudages de réclames est
autorisé par le code du patri-
moine, uniquement en cas de
chantier. « Nos travaux nous
coûtent 11 millions d’euros »,
plaide le musée d’Orsay au
Parisien. Mardi 1er février, la
commission publicités et en-
seignes, composée de 18 élus
parisiens, a cependant dis-
cuté de la modification du
RLP. Le but ? Le même que
celui défendu par les anti-
pub depuis des années : « ré-
duire l’impact publicitaire dans
le paysage parisien », comme
l’énonce Danièle Pourtaud,
présidente de la commission
et adjointe (PS) au maire de
Paris, au Journal Du Di-
manche.
Un véritable exercice d’équi-
libriste : il faut à la fois laisser
la possibilité aux monuments
historiques, commerçants et
bailleurs sociaux de garder
les confortables revenus gé-
nérés par la publicité, sans
trop polluer le champ visuel
des passants. Pour ce faire, la
commission pourrait « autori-
ser une publicité d’une surface
de 16 m2 qui ne s’élèverait pas à
plus de 7,50 m au-dessus du
sol», et qui s’intégrerait « dans
une bâche ornée d’une composi-
tion décorative sans se confondre
avec elle ». Pour les militants
anti-pub, la future révision
du RLP, attendue le 11 fé-
vrier, sera, probablement un
coup d’épée dans l’eau.
«Nous demandons que le format
maximal des panneaux ne
puisse excéder 2m²», déclarent
les partisans de Résistance
à l’agression publicitaire
(RAP). Mais d’autres publici-
tés inquiètent également les
«casseurs de pub» : en relief,
olfactives, ou sur des pan-
neaux numériques. Ces der-
niers, équipés de capteurs de
visages rappellent le célèbre
1984 de George Orwell, et
sont amenés à se multiplier
dans le métro. g
La pub mieux encadréeMardi 1er février, le règlement local de publicité de Paris a été débattu par une commission dé-diée à la publicité et aux enseignes. Elle envisage la réduction des panneaux publicitaires«géants». Pour les anti-pub, c’est insuffisant. Par Eleonore Quesnel
3,6 millions de mal-logés en FranceLe 16e rapport de la fondationAbbé Pierre publié le 1er fé-vrier dernier estime à environ3,6 millions les personnes mal-logées ou sans abris en France.Un chiffre presque semblableaux estimations de l’Insee quifait état de 3 millions de per-sonnes mal-logées. Toujoursselon le rapport de la fondationAbbé Pierre, plus de 5,1 millionsde Français sont répertoriéscomme étant « en situation deréelle fragilité de logement à courtou moyen terme ».
Médicamentssous surveillanceAprès le scandale du Médiator,l'Agence de sécurité sanitaire desproduits de santé (Afssaps) a pu-blié, lundi 31 janvier, une liste de77 médicaments qui font l'objetd'un suivi renforcé en France. Di-dier Houssin, le directeur généralde la Santé, a néanmoins préciséque les patients qui prennent lesmédicaments de cette liste « nedoivent pas arrêter leur traitement »avant d’avoir demandé l’avis deleur pharmacien ou médecin.
Bénévolat ne rimepas avec emploiUne enquête réalisée en Ile-de-France par un groupe d’universi-taires démontre qu’exercer uneactivité bénévole dans le cadrede ses études n’augmente pas leschances d’accès à l’emploi. Ren-due publique le 1er février, ellerapporte que « les employeurs nevalorisent pas l'engagement béné-vole, ni les compétences acquises ».Le rapport ajoute même que lebénévolat peut être perçucomme potentiellement concur-rent à l’activité professionnelle.
Vers des permisélectroniquesL’Etat français se prépare à diffu-ser près de 40 millions de permisélectroniques. Une révolution,qualifiée de « silencieuse » par leministre de l’Intérieur Brice Hor-tefeux, qui fait suite à une directiveeuropéenne du 21 décembre2006 obligeant tous les pays del'Union à se tenir prêts à éditerses premiers permis numériquesdès le mois de janvier 2013.
DR
DR
Une action d’anti-pubs à Lille.
Nic
ola
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Gavroche - 3 février 2011
Société
17
La face cachée des sports d’hiverPourquoi le jeune homme qui sert à la montagne a-t-il une si petite mine ? Il y a une vie derrière la grosse ma-chine qu’est une station de ski. Travail précaire, logements de fortune, fêtes et drogues sont le quotidien des « sai-sonniers ». Par Clémentine Santerre
Laurent Wauquiez,
lorsqu’il était secré-
taire d’état à l’Emploi,
estimait à 100 000 le nombre
de saisonniers d’hiver, en
2010. La situation fait rêver :
travailler à la montagne, faire
du ski pendant ses jours de
congé et ambiance bon en-
fant. Cependant, la réalité est
moins attirante. Premier pro-
blème : la question du loge-
ment. En effet, les prix
pratiqués en station sont très
prohibitifs et ne permettent
pas forcément aux employés
de bien se loger. « J’ai trouvé
un arrangement avec un pro-
priétaire, raconte Benoît, 28
ans, je loue son appartement en
très mauvais état moins cher et
je dois le rénover en échange ».
Noémie, sa compagne s’at-
telle avec lui aux travaux les
dimanches. Pose d’une mez-
zanine et peinture des murs :
tout ça pour les prochains lo-
cataires. Eux, dorment sur un
matelas par terre sur des
bâches. «On ne va pas se plain-
dre, au moins, on a un loge-
ment ». Certains saisonniers
avaient prévu de stationner
sur une aire conçue pour les
caravanes et autres camping
car. Le nombre de place est
hélas limité. A La Plagne, en
Haute-Savoie, l’aire ne
contient que 46 places. Les ta-
rifs sont de 10€ par jour pour
le stationnement, 2€ par jour
pour l’accès à l’eau et aux
évacuations et 2 € pour
4 heures d’électricité, soit
420€, le prix d’une chambre à
Paris. Certains emplois four-
nissent un logement de fonc-
tion ce qui correspond au
Graal. Sinon les saisonniers
vivent en colocation ou dé-
pensent la moitié, voire les
2/3 de leur salaire en loyer.
OrganisésIl est également plus difficile
de trouver du travail qu’il
n’y parait. Vincent, 24 ans,
pizzaiolo de formation, est
allé dans tous les commerces
et restaurant pour y déposer
son CV, mais n’a décroché
qu’un extra dans une pizze-
ria le week end. Par manque
d’argent, il songe à rentrer à
Paris chez sa mère le temps
de trouver du travail. « J’étais
venu ici dans le but de faire la
saison, mais je n’ai pas les
moyens de vivre ici avec mon
petit salaire. Tout est plus cher :
nourriture, logement… Je n’ai
même pas les moyens de me
prendre un forfait pour skier ».
Dans ce cas, il n’y a aucun
avantage. Pour être saison-
nier, il faut être préparé et
s’organiser à l’avance. « On
aurait du arriver moins « à la
coule » pour profiter plus,
confirme Noémie, qui tra-
vaille comme femme de mé-
nage le samedi. Sans argent,
on se retrouve vite à regarder la
télévision toute la journée et
juste à sortir le soir pour faire
la fête ». g
Les nuits d’ivresse et de fête font partie intégrante du quotidien des saisonniers dans les stations de ski françaises.
« Je n’ai même pas les moyens de meprendre un forfait pour skier »
Théo L
a P
hoto
Vue de la Plagne, l’une des stations haut-savoyardes les plus réputées.
DR
4Championnat d’Europedes Nations 2000,France-Italie
En finale, à Rotterdam, l’Italie veut sa revanche.
Deux ans plus tôt, au Mondial 1998, la France
l’a éliminée en quarts de finale. En tête depuis
la 55e minute grâce à Delvecchio, elle voit le tro-
phée, sous ses yeux… jusqu’à la 94e minute ! Syl-
vain Wiltord, excentré sur le côté gauche,
égalise pour ce qui aurait dû être la dernière ac-
tion du match. En prolongation, à la 103e, Pirès
déborde à gauche et centre. La reprise de volée
de David Trézéguet file se loger dans la cage. La
France poignarde encore l’Italie et devient
championne d’Europe.
3Coupe du Monde1999, France-Nouvelle-Zélande
La bande de Bernard Laporte entame sa
coupe du Monde par une promenade de
santé. Un premier tour où les Bleus font
du petit bois du Canada, de la Namibie
et des Fidji. Le tirage veut que le Quinze bleu dispute son quart de finale à Dublin où l’Argentine sera découpée.
Arrive le 31 octobre, à Londres, où la France défie en demi l’ogre néo-zélandais. La pression exercée sur le XV de
France par les All-Blaks semble trop forte. 10-17 à la mi-temps, puis 10-24 après le deuxième essai de la légende
Jonah Lomu. Survient alors la déferlante bleue. La botte de «Titou» Lamaison, les essais de Christophe Dominici
et Philippe Bernat-Salles. 43-31, la France a son billet pour la finale. Las, l’Australie du buteur Matthew Burke ne
laissera aucune chance aux Bleus, fatiguées et fessés 35-12.
Gavroche - 3 février 2011
18
SPORT
Sports co
2Jeux Olympiques2008,France-Croatie
Demi-finale, France-Croatie : 24-22, il reste
1’30. Dans le corner gauche, Michael Gui-
gou lance la balle, haut, très haut, trop haut
pour les Croates, mais pas pour Daniel Nar-
cisse, qui récupère le cuir et tire en aveugle.
But, peut-être le plus beau du tournoi. Et
surtout celui qui ouvre à nos hanballeurs
les portes de leur première finale olympique. L’Islande ne résistera pas à la tornade bleue, qui s’impose 28-23.
Nikola Karabatic termine meilleur marqueur français, mais ce sont le gardien Thierry Omeyer, l’arrière Daniel Nar-
cisse et le pivot Bertrand Gille qui font partie de l’équipe-type du tournoi. La France , invaincue , part de Pékin
avec le titre, à la recherche de nouveaux défis.
Le quatrième titre mondial obtenu en Suède par nos handballeurs constitue une ligne deGavroche vous propose un top 10, des plus beaux exploits, que nous n’oublierons pas deplus dans le riche palmarès des sports collectifs français de ces vingt dernières années.
1Coupe duMonde 1998,France-Brésil
En cette (très) douce soirée de l’été 1998, où les Bleus
d’Aimé Jacquet infligent en finale de Coupe du Monde
un indécent 3-0 au Brésil, tenant du trophée, et archi-
favori de la compétition. Deux millions de personnes
sur les Champs-Elysées, le fantasme de la France
«black-blanc-beur», c’est un véritable phénomène de
société qui est né ce 12 juillet. Mais cela ne doit pas
faire oublier le niveau de jeu exceptionnel proposé par
les Bleus un mois durant, et en premier lieu leur soli-
dité défensive incarnée, par le libéro et vice-capitaine
Laurent Blanc. Le bilan parle de lui-même : 16 buts
marqués, 2 encaissés. Au-delà des deux buts de Ziné-
dine Zidane (Ballon d’or 1998) en finale, c’est l’équili-
bre parfait entre une génération de cadres
(Deschamps, Desailly, Djorkaeff), et une nouvelle
vague talentueuse (Henry, Trézéguet, Vieira) qui a per-
mis à l’Equipe de France d’entrer dans le cercle fermé
des vainqueurs de Coupe du Monde.
DR
DR
DR
DR
Football
Handball
Rugby
Football
19
Gavroche - 3 février 2011
SPORT
sitôt. Un classement à la subjectivité assumée, pour flatter notre chauvinisme. Par YannCasseville et Antoine Delthil
corico!
9 Coupe du Monde2007, France-Nou-velle-Zélande,
Privé de quart de finale sur ses terres
par une défaite inaugurale contre
l’Argentine à Saint-Denis, le XV de
France affronte ce 6 octobre 2007
l’ogre All Black à Cardiff (le
Royaume-Uni coorganise avec la
France). Menée 13-0, la France relève
la tête, emmenée par un immense
Thierry Dusautoir (29 plaquages, un
essai). A nouveau menée à vingt mi-
nutes du terme malgré l’excellent jeu
au pied de son demi d’ouverture Lio-
nel Beauxis, la France trouve l’ouverture sur un contre fulgurant. Course folle
du revenant Frédéric Michalak, qui trouve à hauteur Yannick Jauzion. Le centre
toulousain va à l’essai, donnant un avantage définitif aux Bleus (20-18). Les
joueurs de Bernard Laporte s’inclineront en demi-finale face à l’Angleterre.
7Coupe Davis2001, Australie-France
En cette fin novembre 2001,
l’Equipe de France de tennis est en
Australie, pour reconquérir le sa-
ladier d’argent que les Bleus n’ont
plus gagné depuis 1996. A Mel-
bourne, les Bleus ne partent pas
favoris sur herbe, face aux stars
Lleyton Hewit, alors numéro 1
mondial, et Pat Rafter. Ce match
aux allures de revanche (l’Australie avait dominé la France en finale en 1999) va ré-
véler Nicolas Escudé, vainqueur de ses deux simples face à Hewit et Wayne Ar-
thurs. 3-2 score final, la France est sacrée grâce au double, Pioline-Santoro, malgré
les deux défaites du numéro 1 français Sébastien Grosjean. Les Bleus auront réalisé
l’exploit de remporter la coupe en jouant tous ses matchs à l’extérieur.
5Championnats duMonde 2001,France-Suède
C’est après cette finale à Bercy que les
handballeurs de Daniel Constantini dé-
crochent leur surnom: «Les Costauds».
Quasiment aussi barjots que leurs aînés,
ces Bleus viennent à bout de la Suède à
l’issue d’un match mémorable : 28-25
après deux prolongations offrant ainsi
à la France son deuxième titre mondial.
Un succès décroché sans compter les
heures passées sur le parquet car «cos-
tauds », ils l’ont été. Ils ont douté, mais n’ont pas craqué. Un premier tour négocié
en deux temps, trois mouvements, mais un quart de finale remporté – déjà – en
prolongation, face à l’Espagne, puis une demi maîtrisée contre l’Egypte. La suite,
c’est la finale. La suite, c’est l’exploit.
10Championnatsdu monde 2005,relais 4x100
C’est l’exploit le plus inattendu de
l’histoire de l’athlétisme français. Arri-
vés à Helsinki sans certitudes chrono-
métriques, les membres du relai
français sont allés chercher la médaille
d’or à la surprise générale, pour deux
petits centièmes (38’’08), devant Trini-
dad et Tobago et la Grande-Bretagne.
Départ de feu de Ladji Doucouré,
ligne droite opposée lancée en moins
de 9 secondes par Ronald Pognon, les
cadors du sprint français ont tenu leur
rang. Mais la France doit aussi son
sacre à Eddy De Lépine et Lueyi Dovi,
alors inconnus et non sélectionnés aux Jeux d’Athènes, auteurs d’une fin de
course épique.
8 Championnatsdu Monde 1995,France-Croatie
Les joueurs de l’Equipe de France
de handball ont écrit les premières
pages de leur palmarès dans un re-
latif anonymat. Sur la lancée de
leurs médailles de bronze puis
d’argent au Jeux de Barcelone et
aux championnats du Monde 1993,
« les Barjots » triomphent en Is-
lande. Tombeurs au courage des
favoris Allemands en demi-finale
(22-20), les joueurs de Daniel Cos-
tantini résistent en finale à la Croa-
tie (23-19). Cette victoire consacre
le demi-centre Jackson Richardson, élu Joueur de l’Année 1995.
6Jeux Olympiques2000, Etats-Unis-France
Antoine Rigaudeau dégaine à 3-pts.
Panier. La France revient à 72-76 à
quatre minutes de la fin… contre les
Etats-Unis et leurs stars NBA, et en
finale ! Pour en arriver là, à Sydney,
où ils retrouvent les Jeux après 16
ans d’absence, les Bleus ont bénéfi-
cié d’un parcours inespéré : Canada
en quarts et Australie en demi. Ni
Serbie, ni Lituanie. Voilà donc les tricolores en finale face à l’ogre américain. Vince
Carter, Jason Kidd, Kevin Garnett, etc : un cauchemar annoncé pour les Bleus.
Pourtant, avec le culot de Laurent Sciarra (meilleur marqueur de la finale avec 19
points), la volonté des Bilba, Risacher, Rigaudeau, Palmer, la France frise l’exploit.
Mais la fin de match sera américaine. 75-85, score final.
DR
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atHlétismeRugby
tennis Handball
basketHandball
Sport
Leur victoire face aux
Danois, en prolonga-
tions, a tenu 7,3 mil-
lions de spectateurs en
haleine. Lundi après-midi,
les supporteurs étaient beau-
coup moins nombreux pour
accueillir ceux que certains
appellent maintenant les
« Invincibles » ou les « extra-
terrestres ». Guère plus d’un
millier de personnes étaient
présentes pour accueillir les
champions du monde. At-
tendus à 16 heures. Il est vrai
que la température (3°C)
n’invitait pas à la liesse. Bref,
on était loin de la victoire es-
tivale de 1998 avec le bus des
footballeurs champions du
monde fendant une foule de
plusieurs centaines de mil-
liers de personnes en deux,
l’engouement était tout de
même là pour faire honneur
à la meilleure équipe fran-
çaise en sport collectif. Ar-
rivé en bus avec trente
minutes de retard, les
joueurs ont été happés par
les supporteurs mitraillés
par les appareils. Chauffé
avant leur arrivée, le public
a pu entonner « 1-2-3 et 4…
étoiles » sous les encourage-
ments de Michaël Guigou,
ailier gauche ou demi-centre
de l’équipe de France. Sa-
muel Honrubia, autre ailier
gauche des Bleus a tenté de
lancer la foule sur le chant
de « Qui ne saute pas, n’est pas
Français… » Avec moins de
succès, cependant. Les sup-
porteurs se sont rattrapés en
chantant la Marseillaise.
QueueinterminableMalgré la fatigue consécu-
tive à la finale et la fête qui a
suivi, les Bleus sont venus
saluer la foule bravant le
froid. Dès leur arrivée à l’aé-
roport de Roissy, l’accueil
avait été chaleureux. Tout
comme, on le suppose, à
l’Elysée où les joueurs ont
reçu les désormais tradition-
nelles félicitations du Prési-
dent de la République.
Les résultats de la natation
et de l’athlétisme en cham-
pionnat d’Europe avaient
donné une bouffée d’air frais
au public français, l’été der-
nier. Avec « les Experts », la
satisfaction est similaire et
loin de la bévue des footbal-
leurs en Afrique du Sud. « Ils
sont bien plus accessibles et
eux, au moins, ils gagnent,
s’enthousiasme Alvin, jeune
menuisier de 22 ans. Je n’habite
pas très loin, donc j’en ai pro-
fité pour venir ». Du coup, il
n’était pas facile d’accéder
aux joueurs pour certains ni
avoir un autographe ou une
photo. Pour quelques sup-
porteurs, la queue paraissait
interminable.
AnonymesVers 18h30, c’est la fin du
marathon médiatico-popu-
laire. Les joueurs rejoignent
chacun à leur tour le bus
sous les cris de la foule.
Chacun va retourner dans
le relatif anonymat de son
club. Mais la question qui se
pose reste la même : avec
cette nouvelle victoire, les
handballeurs français vont-
ils enfin passer à la vitesse
supérieure. France Télévi-
sions n’attendait que la fi-
nale (et quelle finale !) pour
offrir une dimension natio-
nale à la performance des
handballeurs français, pré-
férant montrer des matches
Coupe d’Angleterre ou de
Coupe de la Ligue française
pendant que la chaîne cryp-
tée Canal+ offrait la compé-
tition exclusivement à ses
abonnés.
Rendez-vous en2011Le patinage artistique a eu
les honneurs du prime-time
sur France 3, le samedi soir,
avec le succès sportif au ren-
dez-vous pour les Français
Florent Amodio et Brian
Joubert.
Enfin la semaine prochaine,
France 2 se mettra à l’heure
du ski avec les Championnat
du monde à Garmisch-Par-
tenkirchen, en Allemagne.
Pourtant, le handball est le
troisième sport en termes de
licenciés derrière le football
et le basketball, et devant le
rugby, qui bénéficie d’une
couverture médiatique bien
plus importante. Ils sont au
nombre de 400 000 affiliés à
la Fédération française de
handball. 50 000 de plus
qu’en 2007. Comme quoi, ce
sport, très pratiqué à l’école,
attire du monde. Mais ce
sont principalement des pays
européens qui jouent la vic-
toire finale aux Jeux Olym-
piques comme lors de
championnat du monde. Le
premier pays non-européen,
l’Argentine, est douzième.
Néanmoins, le handball,
sport-phare en Allemagne et
en Scandinavie, reste un
sport télégénique à l’inten-
sité palpable. Il n’a une exis-
tence médiatique en France
que depuis 1992, avec les mé-
dailles de bronze des « Bar-
jots » aux JO de Barcelone.
Malgré ce désintérêt des mé-
dias, les handballeurs ne la
jouent pas désabusé. Le sé-
lectionneur, Claude Onesta a
déjà donné « rendez-vous l’an-
née prochaine » aux suppor-
teurs. Double ration avec
championnat d’Europe en
Serbie et Jeux Olympiques
de Londres. g
Le retour des hérosL’équipe de France de handball a conservé son titre de champion du monde face au Danemark (37-35 après prolongation).C’est leur quatrième victoire consécutive en compétition internationale. Le lendemain, les « Experts » ont retrouvé leurs sup-porters devant le magasin de leur sponsor officiel, Adidas, sur les Champs-Elysées. Par Wilfried Corvo
Gavroche - 3 février 2011
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Nikola Karabatic et ses coéquipiers ont dominé ces championnats du monde 2011 de la tête et des épaules.
Wilfr
ied
Co
rvo
La foule s’impatiente en attenadant l’arrivée de ses héros.
Wil
frid
Co
rvo
Chacun va retourner dans le relatifanonymat de son club.
SPORT
Deuxième GrandChelem pour DjokovicNovak Djokovic (n°3 du tennismondial) a remporté sondeuxième Open d’Australie le31 janvier dernier. Après avoiréliminé Roger Federer en demi-finale, le Serbe n’a pas trembléet a facilement disposé del’Ecossais Andy Murray (n°4) 6-46-2 6-3 pour s’adjuger sondeuxième titre majeur sur le cir-cuit. A 23 ans, «Djoko» a sortile tennis du sempiternel affron-tement Nadal-Federer.
Mourinho enAngleterre ?Dans une interview accordée aujournal britannique The SundayMirror, José Mourinho a laisséentendre qu’il pourrait retour-ner travailler en Angleterre «plusvite que prévu». Actuellement à latête du Real Madrid, le techni-cien portugais est en conflit ou-vert avec sa direction depuisplusieurs semaines et ne seraitdonc pas contre un retour pré-maturé dans le Royaume. «TheSpecial One» a entrainé le clubLondonien de Chelsea entre2004 et 2007.
Euro : tirage com-pliqué pour lesBleusTony Parker et consorts del’équipe de France auront fort àfaire lors du premier tour duChampionnat d’Europe de bas-ket (31 août-18 septembre, enLituanie). Les Bleus ont hérité dugroupe le plus difficile et devrontaffronter la Serbie, l’AllemagneIsraël, l’Italie et la Lettonie. L’ob-jectif numéro 1 de Vincent Colletet de ses joueurs sera de finirdans les six premiers afin de dé-crocher une qualification pourles Jeux Olympiques de Londresen 2012.
Grosjean revienten F1Il y aura bien un Français en F1 en2011. Romain Grosjean a éténommé troisième pilote de l’écu-rie Lotus Renault pour la saisonprochaine. Après une année catas-trophique en 2009 chez Renault,le franco-suisse de 24 ans a vécu2010 loin des paddocks de For-mule 1. Il espère profiter de cettedeuxième chance pour relancer sacarrière et pourquoi pas, obtenirun volant de titulaire en 2012.
Faire mieux qu’à Van-
couver et décrocher
des médailles. Tel est
l’objectif des skieurs français
à l’approche des Mondiaux
de Garmisch-Partenkirchen
(8 février-20 février). Après
un hiver satisfaisant, l’équipe
de France aborde la compéti-
tion avec confiance. Quatorze
skieurs ont déjà été sélection-
nés, principalement ceux
qui ont brillé en Coupe du
monde cette année. Le
seul point d’interrogation
concerne la participation ou
non de Julien Lizeroux.
Blessé au genou gauche, le
skieur de La Plagne a opté
pour une infiltration et suit
des séances de kiné. « On se
donne jusqu’au 8-10 février
pour prendre une décision»,
confie Gilles Brenier, le direc-
teur sportif de la délégation
masculine. Le slalomeur
Jean-Baptiste Grange repré-
sente la meilleure chance de
médaille chez les hommes
après ses deux récentes vic-
toires récentes en Coupe du
Monde. Mais il n’est pas le
seul. « On compte également
sur Adrien Théaux en Super G
et Descente ». Idem pour le
descendeur Yannick Ber-
trand, en « pleine forme» après
sa 6e place à Chamonix fin
janvier. Avec un groupe très
homogène (ils sont six à avoir
fait un podium cette année),
Gilles Brenier juge cette
équipe «armée» pour attein-
dre son objectif de deux mé-
dailles.
Chez les femmes, le direc-
teur technique national Fa-
bien Saguez table sur trois
médailles. Les projecteurs
seront évidemment braqués
sur la nouvelle bombe du
ski français Tessa Worley.
Leader de la Coupe du
Monde de Slalom Géant, elle
est la « seule véritable favo-
rite » de l’équipe dixit Jean-
Philippe Vulliet, le directeur
sportif des filles à la fédéra-
tion. Dans la même catégo-
rie, Anémone Marmottan et
Taina Barrioz peuvent égale-
ment espérer un petit
quelque chose. En Slalom,
Nastasia Noens dispose
d’« une bonne carte à jouer »,
elle qui a fini quatre fois
dans les dix premières cette
saison.
Souvent adeptes des courses
d’un jour lors des grands
rendez-vous, les skieurs tri-
colores sont capables de
créer une ou plusieurs sen-
sations.g
En piste !Les championnats du monde de ski alpin débutent le 8 février prochain à Garmisch-Parten-kirchen en Allemagne. Un an après des Jeux Olympiques décevants, l’équipe de France sou-haite faire bonne figure aux Mondiaux. Le point sur l’état de forme de nos skieurs.Par Valentin Marcinkoswki
Gavroche - 3 février 2011
21
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DR
Après ses deux récentes victoires en Coupe du monde, Jean-Baptise Grange représente une bonne chance de mé-daille pour la France.
AFP
Super Bowl, SupershowDepuis plusieurs jours, les Américains n’ont qu’un seul mot à la bouche : Super Bowl. Leplus grand événement sportif du pays se déroulera cette année dans la soirée du dimanche6 février dans l’Etat du Texas à Dallas. Les Green Bay Packers y affrontent les Steelers dePittsburgh. Par Valentin Marcinkoswki
Un stade de 105 000
places, 106 millions
de téléspectateurs
aux Etats-Unis et plus de 200
millions dans le monde, un
show retransmis dans 230
pays, des spots publicitaires à
prix d’or (entre 1,72 et 1,93
million d'euros les 30 se-
condes l’année dernière), et un
concert des Black Eyed Peas à
la mi-temps… Comme chaque
année, le Super Bowl, la finale
de football américain, s’ap-
prête à battre tous les records.
«C’est vraiment quelque chose
d’étonnant», explique Thierry
Soler, le directeur technique
national (DTN) de la fédéra-
tion française de football amé-
ricain (FFFA). Une semaine
avant la finale et ce jusqu’au
jour J, la ville hôte est en ébul-
lition. «On peut comparer ça à la
victoire de la France en 1998»,
souligne le DTN. Cette année,
deux équipes mythiques de la
ligue vont s’affronter : les
Green Bay Packers défieront
les Steelers de Pittsburgh dans
l’enceinte ultramoderne des
Dallas Cowboys.
Deux équipesmythiquesEn Europe, peu de gens com-
prennent l’impact énorme du
Super Bowl sur les Améri-
cains. Pourquoi un tel en-
gouement ? « C’est le sport
typiquement américain avec le
baseball, avance Thierry Soler.
Il n’y a que 16 journées de
championnat dont 8 à domicile.
Personne ne veut rater le match
de son équipe préféré à cause de
la rareté des rencontres ». En
France, le foot US ne bénéfi-
cie pas d’une grande couver-
ture médiatique même si cela
est moins vrai ces dernières
années. Dimanche soir à mi-
nuit, décalage horaire oblige,
c’est W9 qui retransmettra
pour la deuxième année
consécutive l’événement en
direct. Au commentaire, les
spectateurs retrouveront Ri-
chard Tardits, le seul Français
à avoir évolué dans la ligue
américaine. L’occasion peut-
être pour certains de trouver
une nouvelle vocation et de
rejoindre ainsi les 20 000 li-
cenciés français. g
Gavroche - 3 février 2011
22
Culture
A voir également àpartir du 2 févrierBlack Swan :De Darren Aronofsky, avec Na-talie Portman et Vincent Cassel
Dans le monde de la danserègne une féroce concurrence.Les rivalités sont nombreuses ausein du New York City Ballet,pour obtenir le rôle principaldans le prestigieux ballet du Lacdes cygnes, dirigé par le mysté-rieux Thomas. L’arrivée d’unenouvelle recrue talentueuse, Lily,va perturber la donne. Nina seraprête à toutes les bassessespour se débarrasser de sa rivaleet obtenir le rôle si convoité…
Slovenian Girl : De Damjan Kozole, avec NinaIvanisin et Peter Musevski
Aleksandra, est étudiante en an-glais à Ljubljana, capitale de laSlovénie. Fille de parents divor-cés, elle méprise sa mère, qui a« abandonné » sa famille et sonfoyer, mais apprécie particuliè-rement son père, un vieux rocker. Pour gagner savie, la jeune fille de 23 ans seprostitue, sous le pseudonymede « Slovenian Girl ». Un moyende se faire de l’argent facile. Dumoins, c’est ce qu’elle pensait,avant d’être rattrapée par la réa-lité : des crédits à payer, et unproxénète menaçant…
Tron Legacy De Joseph Kosinski, avec JeffBridges et Garrett Hedlund
Kevin Flynn, expert en technolo-gie renommé, disparait mysté-rieusement il y a 25 ans. Encherchant à percer le mystère decette disparition, que beaucoupconsidèrent comme une fuitepure et simple, son fils Sam seretrouve aspiré dans un mondetechnologique. Un jeu morteldans lequel son père vit depuissa disparition. Aidés par la confi-dente virtuelle de Kévin, le pèreet le fils se lancent dans unvoyage à travers ce cyber es-pace, contre la montre et contrela mort.
Le discours d’un roi : unepart d’Histoire méconnue
Adapté d’une histoire vraie, peu connue du grand public, Le discours d’un roi met en avant lalutte du Prince Albert, duc de York et second fils du roi Georges V, contre le bégaiement. Undéfaut d’élocution qui devient un véritable problème lorsque son frère ainé Edouard VIII ab-dique, et qu’il se retrouve sur le trône. Par Laetitia Reboulleau
Le Prince Albert, dit
Bertie, incarné par
Colin Firth, a un
grave problème d’élocution
depuis son enfance : il est
bègue et peine à s’exprimer.
Que se soit dans l’intimité,
où son problème se can-
tonne à de simples difficul-
tés de prononciation, ou bien
en public, où il devient un
inconvénient majeur. En tant
que prince, il est régulière-
ment amené à faire des dis-
cours, et son handicap est
une source de moquerie.
Après avoir testé différents
remèdes et thérapies, Albert
est prêt à renoncer, jusqu’à
ce que son épouse, Lady Eli-
zabeth Bowes-Lyon (Helena
Bonham Carter) lui présente
un nouveau praticien, aux
méthodes surprenantes, Lio-
nel Logue, interprété par
Geoffrey Rush.
Lionel Logue lui présente
alors des méthodes particu-
lières de relaxation, de tra-
vail corporel, ou encore de
vocalises qui sont réellement
utilisées dans les thérapies
contre le bégaiement
.
Plus qu’un film historique
traitant de la succession du
roi Georges V et de la se-
conde guerre mondiale im-
minente, Le discours d’un roi
est un film qui évoque le bé-
gaiement, et les traitements
possibles. Tout au long de
l’histoire, on assiste à la
lutte, aux progrès et aux dé-
ceptions d’Albert. Colin
Firth incarne à la perfection
le rôle du prince bègue, son
combat pour chaque mot et
sa frustration. Helena Bon-
ham Carter démontre une
fois de plus son talent d’ac-
trice dans ce rôle d’épouse
dévouée, prête à tout pour
aider et accompagner son
mari dans sa lutte pour la
parole.
La souffrance due à un handi-
cap est rarement retransmise à
l’écran. Ici, le spectateur a l’im-
pression de lutter au même
titre que le prince, de partager
son combat. Le bégaiement est
un défaut d’élocution qui n’a
jusqu’à présent été portée
qu’une fois à l’écran, par le ci-
néaste serbe Emir Kusturica,
dans le film Underground en
1995. Le discours d’un roi a
reçu de nombreux soutiens
d’associations, et bénéficie de
pas moins de 12 nominations
aux Oscars : meilleur film,
meilleur acteur, meilleur se-
cond rôle, meilleure actrice se-
cond rôle, meilleur réalisateur,
meilleur scénario original,
meilleure musique, meilleure
photographie, meilleurs dé-
cors, meilleurs montage, meil-
leur mixage sonore et
meilleurs costumes.g
Des bègues célèbres, mais parfois méconnus
Moïse, fondateur du judaïsmeAristote, philosophe grecDémosthène, homme d'Etat athénienVirgile, poète latinLouis II « le Bègue », roi de FranceThomas de Canterbury, archevêque et homme politique anglaisIsaac Newton, philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste, astro-nome et théologien anglaisCharles Ier, roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'IrlandeNapoléon 1er , Empereur des françaisCaroll Lewis, auteur anglais d'Alice au pays des merveillesThéodore Roosevelt, président américainWinston Churchill, premier ministre anglaisGeorge VI, roi du Royaume-Uni, Empereur des IndesLouis Jouvet, acteur et metteur en scène françaisMarilyn Monroe, actrice américaineFrancis Perrin, acteur et metteur en scène françaisFrançois Bayrou, homme politique français
Y-a-t-il des prédispositions pour devenir
bègue ?
Il existe des prédispositions génétiques favori-
sant l’apparition du bégaiement. Le cerveau
est formé de façon différente. Cependant, la
plasticité du cerveau permet d’éviter au bé-
gaiement de se fixer, si un travail est fait dès
les premiers signes. Après, il existe des fac-
teurs influents : un enfant volontaire et sûr de
lui luttera plus facilement contre le bégaie-
ment, par exemple.
Les traitements présentés dans le film (tra-
vail corporel, relaxation, etc) sont-ils tou-
jours d’actualité ?
Les choses ont nettement évolué depuis le
début du 20e siècle, mais il existe toujours des
traitements sur le flux de parole, la fluidité, al-
longer les voyelles, ces méthodes ont toujours
de la valeur. Bref, un travail de prononciation,
mais également de gestuelle et de concentra-
tion du regard qui permettent de fluidifier le
flux de parole.
Pensez-vous que la représentation du bé-
gaiement, rare au cinéma, soit une bonne
chose ?
Associer le bégaiement au personnage d’un
roi, et non d’une personne dévalorisée est très
encourageant pour les personnes bègues. Le
bégaiement est un handicap qui n’aide pas à
avoir confiance en soit, et les bègues n’ont
pas besoin de se sentir dévalorisés, c’est
pourquoi la représentation d’un roi bègue est
une bonne chose.
3 questions à… Véronique Aumont-Boucand, thérapeute et déléguée départementale de l’association Parole-Bégaiement.
Gavroche - 3 février 2011
23
Culture
Quel lien entre HK et
les Saltimbanks et
les cortèges de
manif sur les retraites ? La
chanson devenue slogan : On
lâche rien. Le groupe qu’a
formé HK sort enfin son pre-
mier album. Avec des textes
engagés qui traitent de poli-
tique (« la loi c’est la loi, sans
papier je n’ai pas d’autre
droit que de me taire » parole
de Identité Nationale), de
justice, de sentiment, de res-
sentiment, de simples coups
de gueules, aux chansons
mélodiques, il y en a pour
tous les goûts. HK et les Sal-
timbanks représentent un
univers musical riche en ori-
gines. Mêlant habilement
darbouka et accordéon, gui-
tare et mandole. Ce premier
album offre un voyage dans
le monde, la musique du
monde. Pas étonnant donc
de l’avoir intitulé, « Citoyen
du monde ».
Avec HK on ne sait jamais ou
on est, ni même ou on va. Ce
qui est sûr c’est qu’on est ra-
rement déçus. Pari gagné
pour ce groupe natif de Rou-
baix qui a réussit à créer une
musique sans frontière. «Ci-
toyen du Monde»
Prix : 14€
Sortie le 31 janvier
Editeur Pias
Par Nadine Achoui-Lesage
Ils ne vont rien lâcher
Thérapie LittéraireUn peu de détente en faisant une douce thérapie. Au travers d’histoires simples et efficaces,les romans psychologiques permettent un questionnement sur la vie, une auto analyse, touten cherchant les clés pour accéder à la plénitude. Des livres qui laissent des traces bien aprèsavoir terminé la dernière page. Par Nadine Achoui-Lesage
Les Douze Vies d’Anatole,de Patrick Giani
Un accident de voiture, et c’est le
séjour à l’hôpital. Pas facile pour
Anatole. Plongé dans un coma sé-
vère, il se voit d’en haut. Sa
conscience, est collée au plafond,
sans trop comprendre ce qui lui ar-
rive, ni même comment il en est ar-
rivé là, Anatole fait la connaissance
de son ange gardien. Une voix qui
lui parle, le questionne et tente de
lui faire retrouver la mémoire. Comment a-t-il atterri dans ce
lit d’hôpital, froid, seul, amoché et surtout entre la vie et la
mort ? Pour le comprendre, son guide lui fera traverser sa vie.
En plusieurs étapes, pour tout comprendre, tout analyser. Un
voyage pour se replonger au cœur d’une vie et en saisir les
instants les plus insignifiants. Ceux qui ont eu le plus de
conséquences.
Editions Le Manuscrit, 20€.
Dieu voyage toujours incognito, de Laurent Gounelle
En haut de la tour Eiffel, un homme veut se suicider. Se jeter dans le vide et mettre fin à une existence ni
heureuse, ni malheureuse mais qui ne lui plaît plus. Alan Greenmor, est un jeune trentenaire franco-amé-
ricain. De la France il a gardé son goût de la bonne bouffe. Des Etats-Unis celui du travail. Retourné à
Paris après ses études, il entre dans un cabinet de recrutement. Ses journées? Un enchainement d’entretien,
rien de passionnant. Ses amours? Une histoire brisée, celle de sa relation platonique avec Audrey. Sa fa-
mille? Il ne connaît pas son père. Du haut de la tour Eiffel, ce soir d’été, un homme lui fait une proposition.
Le guider dans sa vie en échange de ne jamais abandonner, auquel cas, il la perdra pour de vrai. Entre
peur, étonnement, défis à réaliser et autres doutes, l’homme va le guider jusqu’à n’en plus finir. Comment
Alan réussira-t-il à tenir son engagement? Mais surtout, qui est cet homme qui veut l’aider?
Editions Anne Carrière, 19,50€
Une vie merveilleuse,de Laurie Colwin
Qu’est ce qui peut bien manquer à
Guido Morris et Vincent Cardwor-
thy ? Ces deux cousins de la haute
société new-yorkaise ont pourtant
tout ce qui leur faut. Appartement
dans le New-York traditionnel, vie
sociale bien remplie, travail intéres-
sant. A un détail près : ils veulent
une vie vraiment merveilleuse. Et
cette vie rêvée, elle passe par la ren-
contre, au même moment, de deux femmes, elles aussi par-
faites, sur le papier du moins. Mitsy est d’origine russe, Holly
est élégante, raffinée. L’une secrète, l’autre un tantinet rebelle.
Combinaison parfaite. Une fois, le bonheur atteint, les doutes
commencent et avec eux, les maladresses, les disputes. A
croire qu’ils n’ont pas le droit d’être heureux. Enfin, pour ap-
précier son bonheur, est-il nécessaire de se faire du mal ?
Editions Autrement, 6€.
Batman 3 bientôten tournage Après le carton d’Inception l’an-née dernière, Christopher Nolanse remet au travail avec le tour-nage d’un nouveau Batman «quidébutera en mai». Christian Baleendossera pour la troisième foisle costume de chauve-souris. In-titulé Dark Night Rises, ce troi-sième volet d’une série entaméeen 2005 verra l’apparition deCatwoman, interprétée par la ra-vissante Anne Hathaway.
John Barry estmortLe mythique compositeur demusique de films s’est éteint le30 janvie dernier à l’âge de 77ans. Connu dans le monde entierpour avoir remanié le thème deJames Bond, John Barry a com-posé 11 bandes originales defilms sur l’agent 007. Fort d’unecarrière d’une quarantaine d’an-nées, le musicien britannique agagné cinq Oscars pour des filmstels que «Out of Africa» ou en-core «Danse avec les Loups».
Bruno Mars évite laprisonLe nouveau prodige de la popaméricaine s’en sort bien. Arrêtéen septembre à Las Vegas en pos-session de cocaïne, Bruno Marsrisquait quatre ans d’emprisonne-ment. Il ne passera finalement paspar la case prison. L’interprète dutube Just The Way You Are a plaidécoupable et a trouvé un arrange-ment avec le procureur de LasVegas. Le mois prochain, il écoperad’une amende de 2 000 dollars,d’une période de probation d’unan, et de 200 heures de travauxd’intérêts généraux.
Javier Bardem dansJames Bond ?La rumeur enfle. En quête d’unméchant pour le prochain JamesBond réalisé par Sam Mendes, laMGM, qui produit la série, souhai-terait engager Javier Bardem pouraffronter Daniel Craig. L’acteur es-pagnol succéderait alors au Fran-çais Mathieu Amalric qui avaitincarné le dangereux DominicGreene dans Quantum of Solace.Le studio américain, en proie à degraves difficultés financières, misebeaucoup sur ce nouvel épisodepour se relancer.
DR
DR
Ici, ce ne sont pas des
plaques qui indiquent le
nom des rues, mais des
bulles. A chaque coin de rue,
Gaston, Astérix et bien d’au-
tres personnages de papier
peints sur les murs guettent
le badaud. Bienvenue à An-
goulême, qui a fait de la BD
un style de vie, et y consacre
un festival depuis déjà 38
ans. Du 27 au 30 janvier se
sont déroulés les quatre jours
du Festival International de
la Bande Dessinée (FIBD),
évènement incontournable
pour tous les auteurs, édi-
teurs et adeptes
du 9e art. Un festi-
val qui tient à
cœur des Angou-
moisins et de leur
maire, Philippe
Lavaud, pour qui
le FIBD est « un
investissement per-
manent et durable
(...) car la bande
dessinée a prouvé
depuis belle lurette
qu’elle est un for-
midable instrument
pédagogique». Le ministre de
la Culture Frédéric Mitter-
rand n’est pas en reste, et
considère quant à lui que si la
BD est un secteur qui « vit des
heures difficiles », elle n’en
reste pas moins un secteur
créatif avec « un tsunami de
productions».
Comme chaque année, le fes-
tival a réuni sur quatre jours
plusieurs milliers de visi-
teurs, venus de partout dans
le monde. Et comme les festi-
vités ne se cantonnent pas à
un bâtiment, mais est ré-
pandu dans diverses
«bulles» réparties à travers
toute la ville, c’est l’occasion
où jamais d’arpenter les rues
d’Angoulême, dont nom-
breuses sont piétonnes. Ici
aussi, l’univers de la bande
dessinée est omniprésent.
Outre les scènes tirées des ou-
vrages plus ou moins connus
et des multiples échoppes
vendant des bandes dessi-
nées, on découvre aussi que
les rues sont nommées en
hommage aux plus célèbres
illustrateurs, telle que la rue
Hergé. Pour se retrouver
entre les différentes «bulles»,
il suffit de suivre le Fauve
(prononcez «Fôve», avec l’ac-
cent) petit personnage en
forme de chat, symbole de
l’évènement et présent à tous
les coins de rues pour guider
les visiteurs. Rues où l’on
peut croiser un petit vendeur
ambulant, âgé d’à peine 10
ans, qui « profite du festival
pour essayer de faire connaitre sa
BD». Une vingtaine de pages
sur le basket, écrites par un
enfant inspiré par l’ambiance
de la ville, et bien décidé à
«participer un jour au festival,
mais pas en tant que visiteur !».
Tout le mal qu’on lui sou-
haite. g
Portrait
La bulle AngoulêmeQuatre jours sont dédiés chaque année au Festival International de la Bande Dessinée, à Angoulême. Quatre jours durantlesquels habitants et visiteurs vivent, mangent et respirent BD, mais surtout lisent des BD. Mais à Angoulême, la BD, c’esttoute l’année. Par Laetitia Reboulleau
Gavroche - 3 février 2011
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Gaston Lagaffe et Prunelle, de Franquin, se querellent en pleine rue.
A Angoulême, la BD est présente jusque dans lespanneaux des rues.
«La BD a prouvé qu’elle est un formidable instrument pédagogique» L
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FIBD 2011 : le palmarès
Cette année encore, le Festival de Bande Dessinée d’Angoulême a
rassemblé un florilège important d’artistes, auteurs comme dessi-
nateurs, en quête d’une distinction. Le jury du FIBD, présidé par
Baru, a décerné dimanche ses « Fauves ».
Prix 2011 du meilleur album : Cinq mille kilomètres par seconde (Ma-
nuele Fior, Editions Atrabile)
Prix spécial du jury : Asterios Polyp (David Mazzucchelli, Editions Cas-
terman)
Prix de la série : Il était une fois en France, tome 4 : Aux armes ci-
toyens (Fabien Nury, Sylvain Vallée et Delf, Editions Glénat)
Prix révélation : La parenthèse (Elodie Durant, Editions Delcourt) et
Trop n’est pas assez (Ulli Lust, Editions Ça et là).
Prix regard sur le monde : Gaza 1956, tome 1 : En marge de l’histoire
(Joe Sacco, Editions Futuropolis)
Prix de l’audace : Les noceurs (Brecht Evens, Editions Actes Sud)
Prix de la BD alternative : la revue L'arbitraire.
Prix du Patrimoine : Bab-el Mandeb (Attilio Micheluzzi, Editions Mos-
quito)
Prix Inter-génération : Pluto, tome 1 (Naoki Urasawa, Editions Kana)
Prix de la jeunesse : Les Chroni-Kids, tome 3 (Zep & Stan, Editions
Glénat)
Prix du public : Le bleu est une couleur chaude (Julie Marot, Editions
Glénat)
Enfin, le Grand Prix de la Ville est attribué à Art Spiegelman, le célè-
bre auteur de Maus, la première bande dessinée de l’histoire à avoir ob-
tenu le prix Pulitzer. L’obtention de ce prix, décerné par tous les anciens
lauréats du Grand Prix de la Ville, fait de lui le Président de l’édition
2012 du FIBD.
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La «bulle» Le Lombard, située dans le «Monde des Bulles», fait la promo d’un film adapté d’une bande dessinée.
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