L’ObTICPortraits & monographies
Document réalisé dans le cadre de la démarche d’Observation de la société de l’information en région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Histoires de passeurs et de lieux numériques
Portraits des Chargés de Développement Numérique
• Martine : traduire, mettre des mots sur les choses 4• Olivier : accompagner, être à l’écoute 6• Tania : se dévouer, construire des ponts 8• Yann : former, transmettre un savoir-faire 10• Arnaud : produire, être «réalisateur multimédia» 12• Angelo : décloisonner, monter des partenariats 14• Florian : se renouveler, être ressource 16• Fabien : innover, bousculer sa façon de travailler 18
Monographies des Espaces Régionaux Internet Citoyen
• Arborescence, Marseille (13) 20• Foyer Rural Cepage, Puget-Théniers (06) 24• ERiC en étoile René Char, Digne (04) 28• Le Portail des Savoirs, Pertuis (84) 32• Cité Berthe, La Seyne sur Mer (83) 36
Ce document rassemble des portraits de Chargés de Développement Numérique (CDN) et production de monographies sur le réseau des Espaces Régionaux Internet Citoyen (ERIC).
Il a été réalisé dans le cadre de la démarche d’Observa-tion de la société de l’information en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ObTIC - année 2012)
Direction : Hervé Rannou
Édition : Items International (www.items.fr)
Rédacteurs : Elisabeth Brun-Hurtado (LaSSA), Natacha Crimier (Conseil Régional PACA), Stéphane Delahaye (Arsenic), Fabien Labarthe (LaSSA), Pierre Orsatelli (Items), Jézabel Roullée (Items)
Crédit photos : Jézabel Roullée (Items), Arborescence, Le Hublot, CEPAGE, ECM René Char, Portail des Savoirs, La 27e Région
Conception graphique : Péricard Conseil
Impression : Editions du Fournel
L’ObTIC est un projet piloté par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur avec le soutien de la Préfec-ture de région, cofinancé dans le cadre du volet Tech-nologies de l’Information et de la Communication (TIC) du Contrat de Projets Etat-Région 2007-2013 ; il est réalisé, animé et administré avec l’appui opérationnel d’Items International.
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POrTraITs & mOnOgraPhIesHistoire de passeurs et de lieux numériques
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur
Lorsque l’on demande à Martine comment elle qualifie
son métier, elle écarte d’emblée le volet « technique »
pour mieux en pointer la dimension « humaine ». De
fait, dans le quartier populaire de la Cabucelle au sein du
15ème arrondissement de Marseille - « l’un des quar-
tiers les plus en difficulté », précise-t-elle - où est im-
planté son Espace Régional Internet Citoyen (ERIC), Mar-
tine a vite compris que la « lutte contre l’illectronisme »
ne pouvait se payer de mots, mais devait s’inscrire avant
toute chose dans une véritable économie de la parole.
Comme elle le dit, « parler ici, c’est d’abord parler fran-
çais. Trouver les mots au lieu de se bagarrer, surtout
pour les enfants. Pour les adultes, ça va être d’exté-
rioriser, bien que ce ne soit pas tout à fait de notre
ressort, c’est une nécessité ne serait-ce que pour
vivre ensemble ». On comprend alors que pour Martine
les technologies de la communication, ce sont d’abord
et surtout celles qui libèrent le langage, qui favorisent
l’expression, bref, qui font dire les maux.
Pour ce faire, elle s’efforce de préserver – non sans diffi-
cultés ! – un climat « convivial » au sein de son ERIC, de
façon à ce que l’accès aux ordinateurs puisse se réaliser
dans un contexte qui favorise les discussions amicales
et l’entraide entre adultes, autour notamment des dé-
marches administratives ou des recherches d’emploi sur
Internet. « Je vois que les personnes que l’on reçoit,
elles sont souvent au chômage. Elles n’ont pas encore
fait le pas d’utiliser l’ordinateur et surtout Internet,
elles sont un peu angoissées. Donc là, d’abord, on
gère l’angoisse de ceux qui se disent «j’ai raté le coche
mais il faut absolument que je m’y mette parce que
c’est nécessaire ».
Elle s’emploie également à dédramatiser la pratique de
la lecture, sans laquelle il n’y a pas de manipulations in-
formatiques possible, en mettant par exemple le « côté
ludique » en avant.
« Le métier d’animateur multimédia consiste surtout à faire passer des choses autour du numérique avec des relations humaines, et à mettre des mots sur ces choses. Ici, on peut raconter sa vie, ici, on peut avoir un autre rapport à l’apprentissage »
Martine : traduire, mettre des mots sur les choses
Dans le quartier populaire de la Cabucelle, Martine a vite compris que la « lutte contre l’illectronisme » ne pouvait se payer de mots, mais devait s’inscrire avant toute chose dans une véritable économie de la parole...
Arborescence, Marseille (13)
Portrait
4
Pour les plus jeunes, c’est une toute autre histoire, car il
s’agit au contraire de tempérer ce type d’usage. « Parce
que l’ordinateur, pour eux, c’est souvent plus le jeu.
Donc on les incite à être créatifs. On a créé un sys-
tème de points. On leur propose de dessiner sur un
papier, de le scanner et de le compléter sur ordina-
teurs. Ça fait une petite création que l’on peut confor-
ter ensuite avec d’autres recherches sur Internet».
C’est alors qu’il faut faire accepter la place de l’adulte dans
les apprentissages, sans pour autant l’imposer, trouver
des astuces et naviguer à vue, parfois faire la morale, et
sans cesse rappeler les règles de civilité, comme celle –
élémentaire - qui consiste à dire « bonjour ».
De sa formation aux Beaux-arts et de son ancien métier
de graphiste, Martine conserve la volonté farouche de
« faire passer les choses via un message », ce que son
expérience dans l’animation n’a fait que renforcer. Aussi,
même si elle occupe aujourd’hui un poste de chargée
de développement numérique, entend-elle demeurer un
« passeur d’idées ».
Pour ses publics bien sûr, mais également à destina-
tion des acteurs du réseau régional des ERIC qui ont,
comme elle, vocation à démocratiser les outils informa-
tiques à destination de publics défavorisés. « J’essaie
d’écrire une méthodologie, de mettre ça sur papier ou
sur écran afin qu’il y ait une façon de procéder qui soit
transmissible. Bon, c’est pas grandiose, ce ne sera
pas une thèse. Ce sont plutôt des petits trucs pra-
tiques : les choses à faire, ce qu’il vaut mieux éviter,
comment on s’y prend, quelle est la meilleure manière
de travailler avec des jeunes, etc. » Inversement, elle
s’appuie sur d’autres expériences qui ont cours ailleurs
et qui peuvent, à l’occasion d’une action ciblée, lui être
utiles (en particulier, la structure O2zone pour la vidéo,
ZINC pour la culture).
Si Martine sait compter ses forces, elle sait aussi com-
bien sa structure est fragile. Car la première difficulté à
laquelle elle est confrontée est de tenir ses engagements
financiers pour assurer le fonctionnement quotidien de
son association. Il s’en suit une deuxième difficulté, qui
consiste à tenter de pérenniser les actions, surtout
lorsque les « partenaires de terrain » sont composés
pour l’essentiel d’associations de proximité soumises
généralement aux mêmes contraintes économiques, et
que « six mois plus tard, elles n’existent plus ».
Mais Martine n’est jamais à court de ressources, ni
d’idées. « Par exemple, nous, on fait de l’accompagne-
ment à l’emploi, de façon un peu bénévole disons. Est-
ce que ça ne vaudrait pas le coup de faire un vrai par-
tenariat avec Pôle Emploi ? ». Il suffit de se rendre dans
son ERIC pour connaître la réponse à cette question.
« Parler ici, c’est d’abord parler français. Trouver les mots au lieu de se bagarrer, surtout pour les enfants. Pour les adultes, ça va être d’extérioriser, bien que ce ne soit pas tout à fait de notre ressort, c’est une nécessité ne serait-ce que pour vivre ensemble... »
1 « Les jeunes sont débrouillards mais avec plein de trous dans le gruyère » > Vidéo de Martine > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr 5
Le parcours professionnel d’Olivier se lit comme un trip-
tyque : d’abord, successivement et aujourd’hui, tout
à la fois technicien réseau, responsable de projet et
animateur.
Au départ, c’est vers l’informatique qu’il s’oriente, après
un DUT dans le domaine. Mais il se rend très vite compte
qu’il est trop loin de ses attentes. Il ne se voit pas simple
technicien ou administrateur réseau. Il s’égare un temps
dans la grande distribution, 5 ans tout de même, mais s’y
retrouve encore moins. Il obtient une licence en commu-
nication et en gestion de projet et part travailler pendant
deux ans en collège en tant que professeur de technolo-
gie. Ce virage dans sa carrière lui permet de découvrir
enfin une dimension qui fait sens à ses yeux : le social.
Il tombe un jour sur une petite annonce de Pôle Emploi :
le Logis des Jeunes de Cannes recherche un animateur
multimédia. « La fiche de poste correspondait exac-
tement à ce que je recherchais : un peu d’informa-
tique, un peu de social, un peu d’animation, auprès
des jeunes ».
Depuis 2008, après 2 ans dans ce poste d’animation,
il est devenu chargé de développement numérique. En
plus de l’animation, il a plus de responsabilités, allant du
développement de projet à la gestion du service, en pas-
sant par la maintenance réseau. Toujours dans la même
logique, il complète à l’heure actuelle sa formation par
un diplôme d’Etat dans le secteur socio-culturel dans le
cadre d’une valorisation des acquis de l’expérience (VAE).
« Donc 3 diplômes pour 3 fonctions ». L’ensemble, son
parcours, sa formation et ses envies, forme au final un
tout cohérent, qui lui permet de trouver un sens à son
travail. Enfin !
En outre, cela répond à la diversité des besoins et des
sollicitations. Si vous allez dans le bureau d’Olivier vous
serez surpris par la multiplicité de post-it qui lui rappelle
les nombreux bénéficiaires qui comptent sur lui. « C’est
un peu schizophrène comme métier tout de même »
dit-il en rigolant. D’abord, ce sont les résidents du foyer ;
pas évident de les intéresser avec le turn-over.
olivier : accompagner, être à l’écoute
« On propose des services mais des services citoyens. On vient en profiter mais on a un contact qui n’est pas le même : ce sont des personnes qu’on accueille, pas des clients... »
« On aime bien l’image de la pieuvre : on aime tout, on touche à tout. C’est ce qui nous plaît, plein de public, plein de projets »
Portrait
Logis des Jeunes, Cannes (06)
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur6
À peine, sont-ils sensibilisés que le plus souvent ils sont
amenés à évoluer vers d’autres horizons. Ensuite, il y a
les extérieurs. Ceux qui fréquentent le Logis des Jeunes
sans y résider atteignent souvent un niveau de maî-
trise des outils auquel on ne s’attend pas. Pour tous,
le maître-mot est d’utiliser les technologies comme fac-
teur de lien social. « On propose des services mais des
services citoyens. On vient en profiter mais on a un
contact qui n’est pas le même : ce sont des personnes
qu’on accueille, pas des clients. »
Ce lien social avec les bénéficiaires supplée les difficultés
qui peuvent exister dans la relation à l’environnement
local. Le Logis des Jeunes est atypique sur un territoire
qui ne l’est pas moins : il est difficile d’envisager des
partenariats quand personne ne semble devoir les sou-
tenir. Olivier déplore ainsi que l’Espace Régional Internet
Citoyen (ERIC) soit uniquement identifié « en tant qu’ou-
til, mais pas en tant que partenaire ». Chacun travaille
dans son domaine sans lien évident avec les autres.
Cette coupure existe d’autant plus qu’elle recouvre une
coupure physique marquée par la voie ferrée entre la
ville de bord de mer et la ville au-delà. Peut-être la réno-
vation à venir de la gare sera-t-elle l’occasion de mettre
fin à cette vision d’une ville coupée en deux, traversée
par une forme de méfiance qui perdure.
Pour dépasser les difficultés, Olivier croit à l’échange de
bonnes pratiques : malgré ses contraintes, Olivier prend le
temps nécessaire ; il s’y emploie, se déplace, répond aux
sollicitations. Il ne trouve pas les partenaires dans sa
ville. Alors, il va les chercher ailleurs : Tania du Hublot
à Nice pour les projets plus culturels ; l’ERIC de Pertuis
pour un projet e-toileurs ; un photographe profession-
nel et des infographistes pour le projet « les résidents
s’affichent ».
Il y croit tellement qu’il souhaite faire évoluer son ERIC
vers un espace de coworking. Ouvert sur son environne-
ment, il se donne pour objectif de créer un espace dédié
qui permette d’aider dans leurs projets des entreprises,
des associations comme des individus, avec la volonté
d’ouvrir leurs résidents vers de nouveaux horizons.
Ce projet s’appuierait sur les réalisations déjà ancrées
comme « l’école des projets » qui offre un accompa-
gnement performant au service du développement de
projets économiques et associatifs. D’une manière géné-
rale, pour Olivier, « l’évolution des ERIC en centre de
ressources est indispensable ».
Et si l’on dit à Olivier qu’il fait de la médiation numérique
pour faciliter l’accès à quelque chose de complexe dans
une société où la place de la technologie nécessite de
pacifier la relation que les hommes entretiennent avec
elle, il sera d’accord. Médiateur et pacificateur, Olivier a
trouvé le métier qu’il cherchait.
« Ceux qui fréquentent le Logis des Jeunes sans y résider atteignent souvent un niveau de maîtrise des outils auquel on ne s’attend pas... »
« D’une manière ou d’une autre, on a toujours besoin de moi » > Vidéo d’Olivier > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr 7
Tania possède la motivation de ceux qui entrent par la fenêtre lorsque vous les faites sortir par la porte. Elle ne lâche rien. Et contrairement à ce qu’elle prétend, ce n’est certainement pas le fruit du hasard si elle est actuellement chargée de développement numérique au Hublot, à Nice (06).
Après des études « poussives », comme elle le dit, elle obtient une maîtrise en sciences de l’information et de la communication qui lui permet de se voir offrir un poste rémunérateur dans une prestigieuse agence de publici-té. Mais c’est dans une toute autre voie que Tania entend s’engager : « j’ai choisi de travailler dans le milieu asso-ciatif, car le milieu privé ne me convenait pas. Moi, je donne de toute ma personne à partir du moment où ça a un sens, pas pour engraisser le patron. Après ce sont des choix, je savais déjà que je n’allais pas cas-ser des briques au niveau salaire. Je préfère m’éclater dans mon travail, plutôt que déprimer et gagner plus d’argent, je ne fais pas partie non plus de ceux qui consomment à tout va. Je suis plutôt miss recycle ». Et de fait, c’est en bénévole, puis dans le cadre d’un contrat emploi-jeune, que Tania fait ses premières armes dans le monde de la culture, en œuvrant durant près de cinq ans à la publication d’un journal satirique et l’organi-sation d’évènementiels dans des lieux de proximité pour mixer les publics et créer du lien social dans les quar-tiers Est de Nice.
Elle participe activement à l’aventure des Diables Bleus,
unique friche culturelle qui a existé à Nice, et qui a per-
mis de renforcer les liens entre des énergies de disci-
plines artistiques différentes à Nice.
Aussi, quand l’association DIVA ouvre un espace mul-timédia Le Hublot en 2004 sur St Roch au sein des entrepôts Spada suite à la fermeture des Diables Bleus, son directeur - Frédéric Alemany – fait ap-pel à elle pour inaugurer et développer le projet. « Au début, c’étaient des missions courtes. Fred m’ap-pelait au fur et à mesure à travers des petits CDD, quand il avait une enveloppe ». Pour autant, Tania ne compte pas ses heures.
Elle réalise en autodidacte un portail Web, afin de conce-voir un outil de référencement en ligne des acteurs cultu-rels et artistiques de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Puis, de « conceptrice », elle devient par la force des choses « ani-matrice », toujours en auto-formation. « J’ai appris beau-coup toute seule. Personne ici ne m’a dit comment ça marche. Il n’y avait pas de méthode, j’ai tâtonné. Rien que pour l’allumage des ordinateurs par les publics, il a fallu que je teste avec eux pour valider. En plus, les personnes que je forme me demandent des choses. Du coup, je dois chercher sur Internet, je me suis formée en ligne et grâce à des personnes qui étaient présentes à ce moment et m’ont montré les clés, je les ai prises ».
tania : se dévouer, construire des ponts
Portrait
Le Hublot, Nice (06)
« Tu peux rester à faire ton projet tout seul, pourquoi pas ? Mais moi c’est le public qui donne du sens à tout ce que je fais, qui me permet de faire ce que je fais et qui m’apporte ma motivation »
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur8
Pour valider cette expérience, Tania entreprend une for-mation à distance dans le domaine des TIC auprès de l’AFPA à Cannes. Mais au travers de ses nouvelles com-pétences numériques, c’est surtout une « vocation », selon ses propres termes, qui se révèle à elle. Dans l’animation, précise Tania, il faut savoir « transmettre » et faire preuve de « générosité ». Il faut également ap-prendre à « s’adapter aux publics ».
Il faut dire que l’enjeu est à la mesure des défis auxquels les quartiers Est de Nice sont confrontés, et avec les-quels - de par sa situation géographique - le Hublot a partie liée. « Nous, on a des publics éloignés des TIC et de la culture. C’était intéressant de travailler avec ces publics qui sont essentiellement des demandeurs d’emploi et des personnes en insertion. Du coup, j’ai commencé à faire des ateliers pour désacraliser l’ou-til, afin qu’ils soient autonomes sur le Web, sur le mail et par rapport à l’emploi ».
Comme l’indique le nom de la structure qui héberge le Hublot, Tania s’efforce inlassablement de « construire des ponts », d’abord pour offrir à son public un accès aux outils numériques, ensuite pour créer une médiation vers le lieu de création lui-même, avec la conviction que les rencontres avec les artistes qui y sont en résidence feront jaillir l’étincelle. « Quand tu mets un ERIC tout seul, c’est pauvre. C’est bien le trafic de personnes différentes qui fait la richesse et l’intérêt. (…) Il y a des gens qui sont étonnés par la méthode du Hublot, ils ne pensaient pas que ça existait. Et bien maintenant ils respectent, ils respectent vraiment ! » Et quand les pu-blics adhèrent, participent à un événement, découvrent un lieu et qu’ils se mélangent aux artistes, Tania se dit que sa motivation et ses engagements font sens.
C’est d’autant plus vrai lorsque Pôle emploi oriente ces mêmes publics, faute de savoir ou de pouvoir leur pro-poser autre chose, vers l’action de formation aux TIC que propose le Hublot, financée par la Politique de la Ville. « Parfois on n’a l’impression de faire le travail des institutions qui elles sont payées pour le faire ». C’est pourquoi, Tania essaie de réaliser l’objectif de rendre autonome les publics face à une recherche sur internet et sur la communication par email lié à l’emploi mais pas seulement. « J’essaie de trouver l’intérêt du public à utiliser l’outil ». Elle essaie de montrer la ressource qu’est Internet, qui n’est pas seulement un moyen de trouver une offre d’emploi et d’y répondre.
Heureusement la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, pour sa part, perpétue son soutien notamment à travers des appels à projet sans lequel – Tania en est certaine – « l’ERIC aurait fermé ».
En 2007, elle en vient donc à occuper « le premier poste en CDI de l’association DIVA », qui apporte avec lui son lot de nouvelles charges et responsabilités. Pour y faire face, il faut savoir jongler.
Alors Tania jongle. « Je suis responsable de l’ERIC, au-dessus de moi il y a Fred. J’ai la mission d’encadrer et de recruter l’animateur. Je fais tout quoi, je fais de l’animation, de l’initiation, je monte des projets, je fais des demandes de subventions, j’accompagne des porteurs de projets, je fais de la maintenance informa-tique. J’ai la chance d’avoir un métier très riche qui change tout le temps, on ne s’endort jamais ».
Bien sûr elle préférerait une organisation du travail plus simple, moins contraignante. Mais de cela aussi, elle tire une force : toujours la même capacité à « faire des ponts », en inaugurant de nouveaux partenariats comme avec les associations REFLETS et ARBRE, tout en s’ou-vrant à de nouvelles méthodes de travail et à d’autres
horizons.
« Je fais tout quoi, je fais de l’animation, de l’initiation, je monte des projets... j’accompagne des porteurs de projets, je fais de la maintenance informatique. J’ai la chance d’avoir un métier très riche qui change tout le temps, on ne s’endort jamais... »
« On apprend à travailler ensemble » > Vidéo de Tania > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr 9
Yann est un autodidacte de l’informatique, un pionnier
de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur). Dès
les années 80, il fonde et anime un club d’informatique.
Infographiste et formateur, il poursuit sa route de Sois-
son dans l’Aisne, en passant par Montreuil en Seine
Saint-Denis, Toulon, et bien d’autres étapes, jusqu’à
Puget-Théniers dans l’arrière-pays niçois. En 2007, il
devient chargé de développement numérique au Foyer
Rural Cépage. Il y développe surtout ses compétences
techniques et de formation, aussi bien auprès du public
accueilli qu’en direction du personnel de l’ERIC (Espace
Régional Internet Citoyen).
Sa ligne de conduite professionnelle : « C’est une ap-
proche particulière, ne pas se faire dominer par le ma-
tériel. Etre patient et pédagogue. » Ainsi, pour répondre
aux attentes de ses visiteurs, Yann développe des outils
supports. Une fois les outils développés, il s’occupe de
leur apprentissage par les utilisateurs. En ce moment,
dit-il, « je suis en train de développer des contenus et
des supports de formation pour que les gens puissent
passer le B2i (Brevet Informatique et Internet) ». La
priorité mise sur cet aspect de sa fonction s’explique par
fait que l’ERIC est aussi d’organisme de formation dont il
tire 20% de ses revenus.
Pour le reste, il s’agit de mettre en place des outils de
suivi et de gestion de projet. Les actions conduites sont
multiples et l’informatique leur point commun.
Chacun vient avec ses préoccupations et ses demandes,
car la structure labellisée Relais de Service Public, tra-
vaille en lien avec Pôle Emploi ou la CAF, les chambres
consulaires, etc.
« C’est vrai aussi qu’on est sur un territoire très vaste, on est finalement un centre de ressources. On répond à de nombreuses questions de différents publics »
Yann : former, transmettre un savoir-faire
« Je suis en train de développer des contenus et des supports de formation pour que les gens puissent passer le B2i (Brevet Informatique et Internet)... »
Portrait
Foyer Rural CEPAGE, Puget-Theniers (06)
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur10
Du coup, Yann s’est essayé aussi à un suivi des publics
pour savoir d’où ils viennent, ce qu’ils veulent, etc. et ce
avec un outil qui permet de mieux analyser les actions
conduites.
Yann doit ainsi mettre en œuvre des outils permettant
l’analyse des publics concernés et de leurs demandes.
Il peut également s’agir d’associations qu’il aide, dans
le cadre de partenariats conventionnés. Cela va de la
création d’un système d’échange local (SEL), jusqu’à la
mise en œuvre d’un site de parcours de randonnées, en
passant par des chantiers-écoles en maraîchage biolo-
gique. Pour répondre à tous ces besoins, Yann s’est mis
à parler toutes les langues informatiques, parfois même
les plus rares.
Au final, il souhaiterait être considéré comme un passeur.
C’est plus facile maintenant qu’il est en zone rurale. Ici,
chacun le voit comme une ressource pour répondre aux
nombreuses demandes. « C’est vrai aussi qu’on est sur
un territoire très vaste, on est finalement un centre
de ressources. On répond à de nombreuses questions
de différents publics. » Il n’a par contre aucun lien avec
les autres ERIC du département, dont il ne pense d’ail-
leurs pas partager les mêmes préoccupations:
« Je ne connais pas vraiment ce que font les autres
ERIC, mais pour ce que j’en ai vu, je ne pense pas que
ce soit leur truc de développer des sites. Surtout sur
des besoins aussi spécifiques. »
Quand on lui demande comment il se projette profes-
sionnellement « [Il] réfléchit à faire autre chose… de
la programmation par exemple ». Finalement, « c’est
comme un jeu pour [lui] ».
Vidéo de Yann qui présente sa fonction de Chargé de Développement Numérique > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr 4
Cela va de la création d’un système d’échange local (SEL), jusqu’à la mise en œuvre d’un site de parcours de randonnées, en passant par des chantiers-écoles en maraîchage biologique. Pour répondre à tous ces besoins, Yann s’est mis à parler toutes les langues informatiques, parfois même les plus rares...
11
Dans sa vie d’avant Arnaud était responsable de pro-
duction dans une entreprise de multimédia aixoise.
Devenu travailleur indépendant, il développe des outils
numériques pour de grands groupes privés.
Depuis janvier 2010, il travaille au Portail des Savoirs
à Pertuis dans le Vaucluse (84). En trente mois il a
évolué. D’abord animateur multimédia, il est devenu
chargé de développement numérique. Quinze mois
dans une responsabilité ; quinze mois dans l’autre.
« Le fait de passer d’animateur à chargé de développe-
ment numérique ne fait que confirmer ce mélange de
fonctions entre animateur, médiateur et formateur ».
Arnaud se qualifie de « passeur/médiateur » en veille
constante sur les usages numériques qu’il expérimente
dans l’objectif de concevoir une pédagogie adaptée à
chaque type de public (seniors, jeunes, artistes, etc.).
L’Espace Régional Internet Citoyen est pour lui un « es-
pace de projets », principalement culturels, menés en
partenariats avec les acteurs locaux.
La rigueur et l’organisation de son travail, acquises grâce
à sa formation initiale à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP),
son parcours d’indépendant et son expérience du milieu
industriel se retrouvent dans sa façon de gérer les pro-
jets au sein du Portail des Savoirs.
C’est ce que confirme Sylvie Lafon, sa directrice : « Il ve-
nait du monde de l’entreprise, avec une autre logique
et un autre vocabulaire. Du coup, quand on rencontre
la présidente des Voiles de Saint-Tropez, elle est très
contente qu’on la fasse rêver mais après elle veut un
discours très concret. »
arnaud : produire, être «réalisateur multimédia»
« On n’est pas obligé de se plier à un modèle particulier. On peut inventer ce qu’on veut… produire ! ».
Arnaud se qualifie de « passeur/médiateur » en veille constante sur les usages numériques qu’il expérimente dans l’objectif de concevoir une pédagogie adaptée à chaque type de public (seniors, jeunes, artistes, etc.).
Portrait
Portail des Savoirs, Pertuis (84)
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur12
En combinant un diplôme dans le domaine du cinéma
et de l’audiovisuel, une expérience dans une société de
production et un goût prononcé pour tout ce qui touche
à la culture, on comprend pourquoi, en écoutant Arnaud
parler, on pense au métier de la « production ».
Arnaud est un producteur, au sens cinématographique
du terme : il aide les autres à réaliser. Ainsi, il faut
savoir presque tout faire. Se débrouiller quand l’argent
manque. « Parfois on se dit qu’on va choisir un projet
qui dure moins longtemps pour être sûr de le mener,
ou des projets pour lesquels on récupèrera l’argent
plus vite… ».
Tourner les problèmes dans un autre sens, afin d’arriver
à les résoudre. La curiosité est son alliée. Et même si
la dimension technique est d’importance, il faut d’abord
être capable de recevoir les publics, de transmettre un
savoir, d’adapter son discours pour ne pas faire peur.
Pour réussir, il faut de la méthode.
Au fond de lui, Arnaud est un précurseur. Il considère
le travail qu’il exerce « comme un service public du nu-
mérique. Un lieu où il a des gens pour accompagner
et former mais aussi un lieu de ressources. Des res-
sources à la fois documentaires, humaines et tech-
niques. »
Et pour réussir, dans sa mission, il s’inscrit pleine-
ment sur son territoire et n’hésite pas à y associer
des mécènes, comme à nouer des partenariats,
même si la Mairie de Pertuis ne participe pas de cet
effort. Il s’agit souvent d’entreprises privées ; après
tout, elles sont une part de lui, de sa vie d’avant.
Depuis mai 2012, Arnaud connaît une évolution
professionnelle qui élargit son périmètre d’intervention.
Il considère le travail qu’il exerce « comme un service public du numérique. Un lieu où il a des gens pour accompagner et former mais aussi un lieu de ressources. Des ressources à la fois documentaires, humaines et techniques...»
« Les CDN sont des courroies de transmission » > Vidéo de Sylvie Lafon > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
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Quand Angelo a pris des responsabilités au sein de
Mode 83, il s’appuyait sur une expérience solide au
sein de services sociaux et de missions locales. Ce qui
a fait le lien, c’est l’habitude du travail avec des publics
en difficulté, allocataires du RSA, illettrés, handicapés...
C’est ainsi qu’il a rejoint une équipe disposant de fortes
compétences multimédia et qui souhaitait mobiliser de
nouvelles connaissances pour assurer la prise en charge
d’un public si particulier.
Car développer à l’aide des outils TIC des actions d’inser-
tion auprès de publics éloignés de l’emploi ou en pré-
carité, n’est pas chose aisée. Il faut tout à la fois des
personnes compétentes dans les contenus et la trans-
mission des contenus et ayant des connaissances sur
les publics et les difficultés de ces publics.
Trouver un mouton à cinq pattes ressemble à une ga-
geure. D’autant plus, que quand Angelo est arrivé, le
numérique n’était pas son point fort. C’est au contact
des équipes de MODE 83 qu’il a pu acquérir les savoir-
faire complémentaires indispensables et développer des
compétences reconnues. Pour lui, les TIC peuvent désor-
mais répondre à des enjeux sociaux multiples, pour peu
que l’on prenne le temps de comprendre ces enjeux et
de réfléchir aux solutions possibles.
Mais Angelo considère de toute façon qu’en tant que
chargé de développement numérique, il doit faire preuve
d’« ouverture d’esprit ». Il ne doit pas avoir peur de sor-
tir de son champ de compétences. Pour lui réussir des
projets, dans des champs différents, nécessite de se
confronter à des compétences, des connaissances ou
des personnes nouvelles.
« C’est difficile d’être coordinateur et développeur de projet. J’essaie de mener les deux de front. Dans certaines structures, les développeurs de projets ne font que ça...»
angelo : décloisonner, monter des partenariats...
« Le CDN a besoin d’une double compétence technique et d’analyse/prospective. Il doit sentir quels seront les usages de demain »
Portrait
Mode 83, Draguignan (83)
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur14
Sa recette pour travailler dans des domaines en perpé-
tuelle évolution est de se former : c’est ainsi qu’Angelo
revendique une stratégie pour faire coïncider ses besoins
personnels de développement de carrière avec ceux qui
permettent de répondre aux besoins de sa structure.
Ainsi, pour lui, « rien n’est vraiment tabou en terme
d’innovation ». Aucun domaine n’est réservé et la trans-
versalité propre aux TIC est salvatrice dans son travail.
Bien utilisées, ces dernières possèdent en effet une cer-
taine plasticité qui permet de les inclure dans des projets
de natures très différentes.
Cela lui permet de toucher à tout, de ne pas se mettre
lui-même de barrière et de ne pas accepter de se laisser
enfermer dans un champ ou dans un autre et empêcher
d’aller vers des expériences qu’il juge intéressantes.
Toutefois, une condition sine qua non à l’aboutissement
de toute réalisation, c’est la construction d’un réseau
de partenaires solide. Seul, la tâche est trop rude, voire
impossible à mener à son terme. « C’est difficile d’être
coordinateur et développeur de projet. J’essaie de me-
ner les deux de front. Dans certaines structures, les
développeurs de projets ne font que ça ».
Le projet e-santé, celui de lutte contre l’illettrisme, ou
contre l’exclusion du 4ème âge… Tous ces projets ne
peuvent aboutir s’ils sont gérés de façon isolée.
Pour l’aider dans sa tâche, il travaille donc avec de nom-
breux interlocuteurs, du Département aux municipalités
environnantes, de l’AGEFIPH au Centre Ressources Illet-
trisme de Provence-Alpes-Côte d’Azur, en passant par
d’autres ERIC de la région.
« C’est là que l’humain reprend ses droits sur les
Technologies de l’Information et de la Communication
(TIC) ». En effet, sans ces hommes et ces femmes de
bonne volonté, les projets développés ne pourraient voir
le jour et aboutir.
Vidéo d’Angelo qui présente sa fonction de Chargé de Développement Numérique > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
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Angelo considère de toute façon qu’en tant que CDN, il doit faire preuve d’« ouverture d’esprit ». Il ne doit pas avoir peur de sortir de son champ de compétences. Pour lui réussir des projets, dans des champs différents, nécessite de se confronter à des compétences, des connaissances ou des personnes nouvelles...
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« Nul n’est indispensable », est-on souvent tenté de
dire. Mais quiconque connaît Florian a eu tôt fait de révi-
ser ce dicton. Il faut dire que depuis huit ans qu’il officie,
sous différentes casquettes, tantôt à la Communauté de
communes du Pays Vaison Ventoux (COPAVO), tantôt sur
le Pays « Une autre Provence », Florian ne chôme pas.
A son actif, l’ouverture de près de 10 espaces publics
numériques, répartis entre différentes localités du terri-
toire. « On a fait le choix de l’alternance pour jouer la
carte de l’équité. On a 17 communes dans l’intercom-
munalité. On fait en sorte que chaque collectivité ait au
moins un espace ouvert dans l’année. Donc on va ouvrir
6 ou 9 mois dans une commune et ensuite fermer pour
ouvrir dans la commune voisine qui est à 3 kilomètres.
Ça permet de faire tourner les publics et aux débutants
d’avoir une chance d’accéder au service ».
Mais l’activité de Florian ne s’arrête pas là. Depuis qu’il
occupe - également en alternance - les fonctions de char-
gé de développement numérique (CDN) et de chargé de
Mission TIC, il gère une équipe de deux animateurs mul-
timédia nécessaire à la bonne marche de son ERIC « en
étoile » (ou multisite) et trouve encore du temps pour
initier des projets de développement numérique pour
les territoires enclavés que sont le haut Vaucluse et la
Drôme provençale.
Que de chemin parcouru depuis que Florian a obtenu
une Licence en informatique de l’Université de Marseille.
Si cette formation initiale lui a permis d’être recruté en
2003 comme animateur multimédia à la Maison de
Service Public d’Orange, il doit surtout son évolution aux
qualités de « patience » et de « persévérance » qu’il
juge essentielles à l’exercice d’un métier qu’il ne cesse
d’inventer au quotidien. « Quand j’étais animateur, je
me souviens de la patience qu’il fallait pour travail-
ler avec le grand public. On était à leurs côtés pour
leur recherche d’emploi et pour certaines personnes
c’était difficile. C’était aussi d’assumer leurs échecs
quand ils n’avaient pas de réponses positives à leurs
recherches. Ça pouvait durer des mois et des mois, et
on était à leurs côtés sur ces périodes-là ».
De cette expérience dans l’animation, Florian tire une
plus grande aptitude à l’écoute dans sa gestion d’équipe,
ainsi qu’une meilleure compréhension des difficultés que
cette dernière rencontre sur le terrain. Il en garde aussi
Florian : être ressource, se renouveler
« c’est un métier en mouvement, il n’y a jamais d’acquis perpétuel, on se renouvelle tout le temps »
« On voit bien que les collectivités ont besoin d’interlocuteurs de proximité sur leurs projets TIC. Du coup, elles font appel à nous pour nos capacités à travailler sur ce genre de projets »
Portrait
COPAVO, Vaison-La-Romaine (84)
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur16
une compétence particulière, qu’il s’emploie constam-
ment à mettre en œuvre dans la gestion des projets, et
qui consiste à savoir identifier le bon partenaire parmi
les structures institutionnelles.
Lorsqu’il devient CDN en 2006 au sein de l’intercom-
munalité, Florian lance un programme d’ateliers théma-
tiques. Le premier, à destination des élus, vise à les initier
à l’usage d’un Intranet qu’il met lui-même en place pour
favoriser la circulation des différents comptes-rendus de
réunion sur support numérique. Les administrés, quant
à eux, ne seront pas en reste. Ce sont d’abord les publics
séniors qui sont ciblés, au travers « d’actions de forma-
tion dans les maisons de retraite », en partenariat avec
le CLIC (centre local d’information et de coordination sur
les problématiques gérontologiques). Puis, suivra un peu
plus tard le projet « TousoTIC » qui s’adresse cette fois-ci
aux demandeurs d’emplois en création d’activité. « Il faut
savoir que le premier espace Pôle Emploi est à 40 Km.
C’est une spécificité de notre territoire. On a voulu, en
partenariat avec eux, ouvrir des permanences dans
nos lieux à raison de 2 demi-journées par semaine. On
s’est aperçu que c’était le meilleur moment pour tra-
vailler avec les créateurs d’entreprise. Une fois qu’ils
ont fait leurs démarches administratives, c’est trop
tard. Donc, nous, on intervient en amont pour leur
apporter des compétences informatiques, avant qu’ils
entrent dans leurs chantiers d’entreprise ».
Plus récemment, c’est le projet « CréaTIC » qui a vu
le jour à destination maintenant des plus jeunes et des
adolescents pour, précise-t-il à nouveau, « les rendre
acteurs, être dès demain créateurs sur Internet ».
Aujourd’hui, ces différents ateliers comptent de manière
régulière 90 inscrits, avec une liste d’attente de près de
50 personnes en moyenne. Alors Florian prévoit déjà de
nouvelles formules pour mieux répondre à la demande.
Car le meilleur atout de Florian est certainement de
savoir répondre aux multiples sollicitations avec pragma-
tisme et organisation, parfois même en devançant les
besoins de son territoire. C’est ainsi que, depuis peu,
il a engagé son ERIC dans l’accompagnement de nou-
veaux types de projet, en lien avec des thématiques sec-
torielles telles que le tourisme et la culture. « On a porté
un projet comme ESCAPADO qui était un des premiers
projets d’itinéraire de randonnée interactif sur Smart-
phone, notamment sur iPhone et sur Androïd. On es-
saie de voir aussi quels sont les nouveaux produits et
services qui peuvent entrer en cohérence avec cette
approche. Par exemple j’étais avec la conservatrice du
musée de Vaison car nous avons un projet ensemble.
Moi j’apporte ma compétence TIC et elle sa compé-
tence patrimoine qui permettra de faire sortir un pro-
jet en 2012 ».
Cette nouvelle orientation ne va pas toutefois sans poser
quelques difficultés, notamment dans la rédaction des
cahiers des charges et en matière de respect du code
des marchés publics. C’est précisément pour mieux y
répondre que Florian envisage dorénavant de préparer le
concours de « technicien de la fonction publique terri-
toriale », qu’il conçoit comme la suite logique de son par-
cours professionnel. Comme il le dit, « c’est un métier
en mouvement, il n’y a jamais d’acquis perpétuel, on se
renouvelle tout le temps ».
« Rien n’est acquis » > Vidéo de Florian > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
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« Quand j’étais animateur, je me souviens de la patience qu’il fallait pour travailler avec le grand public. On était à leurs côtés pour leur recherche d’emploi et pour certaines personnes c’était difficile...»
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ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur
Lorsque l’on demande à Fabien de définir ses fonctions, il se qualifie lui-même volontiers d’« artisan multimédia ». Il faut dire que Fabien n’a jamais eu de véritable plan de carrière. Il se laisse le plus souvent guider au gré des opportunités et de ses envies, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il ne prend pas de décision.
Lorsqu’ Emmanuel Vergès – le directeur du ZINC à la Friche de la Belle de Mai à Marseille – lui propose en 2010 d’occuper le poste de chargé de développement numérique au sein de la structure, il l’accepte comme la suite logique de ses activités. « C’était l’occasion. J’étais à ZINC depuis 2007 dans un cadre qui était orienté ani-mation, tout en développant déjà des projets en relation avec des partenaires. Et ce poste de CDN est arrivé un peu comme ça, je n’en avais pas vraiment entendu par-ler avant ». Et d’ajouter, après un léger silence, « j’étais peut-être CDN avant de l’être officiellement ».
Fabien ne croit pas si bien dire, car, chargé de développe-ment numérique, il l’est en effet presque viscéralement. S’il n’en avait pas jusque-là formellement le statut, il en a en réalité toujours eu l’esprit, en ce sens qu’il est un adepte de l’innovation sociale, et pas seulement depuis qu’il est à ZINC. Tout, en effet, dans son parcours et ses expériences de vie, témoigne d’une volonté permanente d’apporter des solutions nouvelles et créatives à des be-soins qu’il ressent ou des problématiques qu’il rencontre.
Déjà, lorsque dans sa jeunesse il fréquente le club infor-matique de la bibliothèque d’Aubagne, Fabien reste sur sa faim. « J’étais frustré de ne pas pouvoir aller plus loin dans la création ». Il entreprendra alors plus tard des études universitaires à Nice qui déboucheront sur l’obtention d’une Licence Arts – Communication - Lan-gage et qui lui permettra, comme il le dit, « d’ouvrir les yeux sur l’art ». Il passe ensuite une année à Paris pour parfaire sa formation aux Gobelins, l’école de l’image.
Son diplôme de réalisateur multimédia en poche, il est recruté dans la foulée par l’entreprise Pernod-Ricard en tant que Webdesigner. « Création de sites, Intranet, petits films : une application brute de décoffrage de ce que j’avais appris. Un travail assez répétitif, peu passionnant. En fait, ça ne m’intéressait pas que mon travail soit validé par une personne, puis une autre, jusqu’à qu’on me demande de refaire. Et puis j’étais en recherche d’autre chose, je manquais de contact, de relations humaines ».
Fabien : innover, bousculer sa façon de travailler...
« En cinq ans, j’ai beaucoup changé ma façon de travailler. Avant, j’étais seul et responsable de tout. J’ai appris à déléguer, à m’appuyer sur les compétences des autres, à anticiper également »
« Essayer d’innover tout le temps. Ne pas se contenter de reproduire des projets. C’est pour ça que j’adore travailler avec des artistes. On dit que les artistes sont les radars du monde, ça me permet d’être bousculé et à mon tour de bousculer ma façon de travailler ».
Portrait
ZINC, Marseillle (13)
18
Dès lors, décision est prise de revenir dans sa région d’origine et d’y créer, « un peu à l’aveuglette », une association de création multimédia pour, précise-t-il, « développer les pratiques chez les plus jeunes ».
Dans un contexte général où l’émergence d’une société française dite « de l’information » est affichée comme une priorité dans les discours politiques, Fabien n’est certes pas le seul à avoir senti le vent favorable qui souffle dorénavant sur toutes structures associatives désireuses de « lutter contre la fracture numérique ». Mais lorsqu’il se lance en 2003, c’est sans véritablement connaître le secteur de l’accès public à Internet, alors en pleine struc-turation, et avec pour seule aspiration celle de suivre ses envies. « J’ai proposé des choses qui me ressemblaient : de la création de films pour les enfants de 8-10 ans, des concours de tablettes graphiques, des approches ludiques qui permettaient de faire d’autres usages que le simple jeu vidéo ou la rédaction de courrier. L’idée, c’était de montrer qu’un ordinateur, ce n’est pas juste une machine à écrire évoluée, ni une télé, et qu’on peut faire des choses plus créatives ».
Ce n’est jamais évident de se lancer seul, de convaincre les financeurs, d’attirer du public, mais Fabien y est parvenu, et avec succès. Pendant quatre années, à Au-bagne, il se forme à l’animation multimédia et apprend à connaître, comme il le dit, « toutes les facettes du métier » (montage de projet, recherche de subventions, animation d’ateliers). Il découvre également peu à peu le réseau régional des espaces publics numériques, dont ZINC à Marseille qui en constitue une sorte de tête de pont et qui finira par faire appel à lui en 2007.
Initialement recruté en tant qu’animateur, Fabien devient rapidement force de propositions et ne cesse depuis de faire évoluer ses missions. C’est d’ailleurs de cette ma-nière qu’il conçoit sa fonction. Si, à ses débuts, il effec-tue quelques initiations à Internet et à l’informatique, il bascule rapidement dans l’animation d’ateliers collectifs et l’accompagnement de projets individuels. « C’est par exemple l’amateur de vidéo qui veut aller plus loin, le photographe qui voudrait développer une galerie en ligne. Ce sont généralement des personnes qui ont déjà une pratique numérique de base et qui viennent chercher de nouvelles connaissances ». Il faut dire aussi que depuis 2006 la structure ZINC a elle-même entamé une évolution, délaissant progressivement les activités qui touchent au « libre accès » (consultation du Web, bureautique, recherche d’emplois, etc.) pour mieux se
concentrer sur le développement de workshops multimé-dia qui associent artistes et publics dans une « logique de projet ». À cette fin, Fabien a appris à organiser son temps de travail et celui de ses collègues, à créer les dynamiques collaboratives qui permettent d’avancer collectivement tout en s’adaptant individuellement. « En cinq ans, j’ai beaucoup changé ma façon de travailler. Avant, j’étais seul et responsable de tout. J’ai appris à déléguer, à m’appuyer sur les compétences des autres, à anticiper également ». C’est donc sans diffi-culté que Fabien s’est glissé dans ses nouveaux habits de CDN, même s’il ne rechigne pas à l’occasion à revê-tir ceux de l’animateur, comme cela est souvent le cas lorsqu’il conduit des projets de coopération artistique en milieu scolaire à Alexandrie, au Caire ou à Beyrouth.
Aujourd’hui, Fabien ressent le besoin « de passer à autre chose ». Il a entamé une formation de formateur à Mont-pellier (avec le soutien de l’AFDAS) pour, dit-il, « faire le point sur ce dont j’ai envie ». Il n’envisage donc pas cette démarche comme une validation d’acquis d’expériences, mais bien plutôt comme « une façon de faire des choix ». Comme il le dit, « Je ne serai peut-être pas CDN pen-dant 10 ans. Je ne serai sans doute plus dans ce milieu dans 10 ans. Pourquoi ne pas créer une petite entre-prise de création internet par exemple ? ».
« Artisan multimédia ? » > Vidéo de Fabien > http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
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« L’idée, c’était de montrer qu’un ordinateur, ce n’est pas juste une machine à écrire évoluée, ni une télé, et qu’on peut faire des choses plus créatives...»
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LE PROJET – LE LIEU
Arborescence a été créée en 1999 à l’initiative de Martine Malhomme, gra-phiste de profession, et d’un groupe d’amis tant universitaires qu’accom-pagnateurs sociaux.
A l’époque, on commence à peine à parler de « frac-
ture numérique » et ces bénévoles partagent le
même constat : ce qu’on appelle alors les Nouvelles
Technologies de l’Information et de la Communica-
tion (NTIC) sont en passe de modifier profondément
la société, sans que pour autant les personnes en
difficulté et les professionnels qui les accompagnent
ne semblent en prendre pleinement la mesure.
Après cette première phase de développement au-
tour de la formation de professionnels, l’association
décide d’installer en 2001 un Espace Public Numé-
rique (EPN) dans un grenier au milieu d’un des quar-
tiers les plus défavorisés de Marseille.
C’est ainsi qu’Arborescence est née au croisement
d’un premier partenariat entre deux mondes profes-
sionnels qui ne se rencontrent que rarement : les
universitaires et les accompagnateurs sociaux.
arborescenceMarseille (13)
MoNoGraPHiE
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur20
Au départ, Arborescence propose de former les pro-
fessionnels de l’accompagnement social à Marseille aux
pratiques numériques. L’activité se développe, prend
corps et le bouche à oreille fait le reste.
Située au cœur du 15ème arrondissement, La Cabucelle
présente notamment la particularité de ne disposer d’au-
cun centre social ou espace de loisirs, notamment pour
les plus jeunes. Voué initialement à la destruction en vue
de la création d’un rond-point, l’immeuble dans lequel
est installé Arborescence connaîtra plusieurs cambrio-
lages et des squatteurs s’installeront à de nombreuses
reprises au premier étage.
Le lieu deviendra un ERIC en 2003 dès la mise en
place du programme régional éponyme.
Voir d’autres portraits de Chargés de Développement Numérique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
A l’époque, on commence à peine à parler de fracture numérique et ces bénévoles partagent le même constat : les NTIC sont en passe de modifier profondément la société, sans que pour autant les personnes en difficulté et les professionnels qui les accompagnent ne semblent en prendre pleinement la mesure.
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LES PUBLICS
Les premiers publics fréquentent l’espace multimédia
dès son ouverture, soit directement, soit par l’intermé-
diaire d’associations partenaires. Il s’agit tout à la fois
des jeunes du quartier (notamment le mercredi), de
leurs parents, mais aussi de salariés, de demandeurs
d’emploi ou de personnes désoeuvrées. Arborescence
accueille et accompagne donc le plus souvent une po-
pulation précarisée, bénéficiant de peu de ressources,
parfois sans maîtrise du français voire même sans toit
pour vivre.
Par conséquent, au-delà de l’initiation aux usages numé-
riques qu’elle propose, l’équipe est amenée à prendre
en considération les problématiques sociales et éco-
nomiques des publics. L’offre de service s’est donc
adaptée à la typologie des usagers du lieu, à leurs
contraintes, à leurs difficultés et à leurs besoins.
Et dans un quartier qui connaît un taux moyen de chô-
mage de 40%, les habitants trouvent avec Arborescence
un moyen de sortir de leur isolement et des outils de
recherche d’emploi ou de divertissement « intelligent ».
Néanmoins, la fréquentation du public ne se fait pas sans
la mise en place d’un « cadre » (horaires, consignes,
etc.) et le respect d’un certain nombre de règles com-
portementales (discuter à voix basse, ne pas fumer,
etc.). Car pour l’équipe, définir un cadre d’usage c’est
aussi amener du sens à la pratique numérique, quitte
parfois à perdre des publics qui viendraient avant tout
dans une optique purement consommatrice.
Le lien instauré avec les usagers est alors quelque chose
de délicat et fragile : il faut à la fois se rendre dispo-
nible, s’adapter aux différents publics tout en faisant
respecter le cadre et susciter de nouveaux usages…
« Le lien instauré avec les usagers est quelquechose de délicat et fragile...»
Et dans un quartier qui connaît un taux moyen de chômage de 40%, les habitants trouvent avec Arborescence un moyen de sortir de leur isolement et des outils de recherche d’emploi ou de divertissement « intelligent ».
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur22
LES SOUTIENS ET PARTENAIRES
Pour identifier ses publics et construire ses projets,
Arborescence s’appuie avant tout sur les associations de
proximité qui œuvrent dans le 15ème arrondissement
(sport, solidarité, loisirs, lien social, alphabétisation, etc.).
C’est notamment le cas de l’association ALFA qui travaille
en direction des femmes du quartier, à la fois sur des
cours d’alphabétisation et sur leur autonomie en général.
La présidente de cette association, partenaire d’Arbo-
rescence depuis plusieurs années, insiste sur la néces-
sité de créer des liens de confiance à la fois entre les
habitants et l’équipe d’Arborescence, mais aussi entre
les associations elles-mêmes.
À cet égard, le fait qu’Arborescence soit dirigée par une
femme a sans doute favorisé l’instauration de ces liens
de confiance. En effet, les femmes accompagnées par
ALFA étaient réticentes à se rendre à l’ERIC car l’anima-
tion était réalisée par un homme. C’est à force de pa-
tience et de pédagogie que celles-ci viennent aujourd’hui
d’elles-mêmes, y compris avec leurs enfants et leurs
maris, sans même passer par l’intermédiaire d’ALFA.
Ainsi, depuis plus de 10 ans maintenant, Martine
Malhomme, les administrateurs de l’association et les
deux animateurs tissent des liens relationnels étroits
avec le quartier, ce qui fait d’Arborescence une impor-
tante association de proximité parfaitement identifiée
sur le territoire.
C’est d’ailleurs le projet « Quartier de vie » lancé en
2002 qui a permis de renforcer ces liens en favorisant
la rencontre des acteurs associatifs du quartier. En
effet, il s’agissait de renseigner et de faire vivre le site
du quartier au travers notamment de webreportages.
Ce porte-à-porte a permis à Arborescence de se faire
connaître et reconnaître à la fois dans ses compétences
numériques, mais aussi dans sa capacité à élaborer des
projets avec les publics de ces futurs partenaires.
Depuis, les mondes de la formation, de l’accompagne-
ment social, de l’éducation, de la culture et du loisir
travaillent régulièrement avec Arborescence. Un tissu
partenarial qui a permis à l’association de bénéficier rapi-
dement du soutien financier de la Politique de la Ville, en
complément du soutien apporté par la Région à travers
le programme ERIC.
Il reste que, malgré un effort particulier pour tisser des
liens partenariaux et le soutien de financeurs, Arbores-
cence doit faire face à la précarité du tissu associatif
local. Il arrive fréquemment qu’entre le début et la fin d’un
projet des partenaires aient disparu. Sans compter les dif-
ficultés financières des associations qui ont parfois du mal
à honorer les prestations réalisées par Arborescence.
Dans ce contexte de précarité généralisée, Arbores-
cence apparaît alors comme un point de repère stable
dans le quartier, resté ouvert contre vents et marées
depuis plus de 10 ans.
LES AMBITIONS ET PERSPECTIVES
Depuis septembre 2011, Arborescence bénéficie du dispositif régional « Chargé de Développement Numérique » qui permet à Martine Malhomme de renforcer les liens de la structure avec le réseau ERIC, de prendre du temps pour consolider la veille informatique, et être mieux identifiée par les parte-naires financiers.
Cette évolution de poste doit aussi permettre de valoriser le savoir-faire d’Arborescence auprès des autres ERIC, notamment dans le domaine de l’apprentissage du numérique par les jeunes ayant quitté rapidement le milieu scolaire. Un grand nombre d’Espaces Publics Numériques font en effet trop souvent l’impasse sur ce public particu-lièrement réticent à l’apprentissage.
De plus, Arborescence ambitionne d’évoluer dans une fonction de Ressources sur son territoire et au-delà, qu’il s’agisse d’accéder à du matériel, des connexions, des logiciels et des services numé-riques, de participer à des formations, mais aussi de trouver des moments de partage et de débat, de recevoir des personnalités et d’alimenter les réflexions sur la culture numérique.
Enfin, Arborescence a récemment adhéré à l’asso-ciation régionale ARSENIC (Association Régionale Solidaire des Espaces publics Numériques de l’In-formation et de la Communication). L’ERIC dispose d’un siège de vice-président, ce qui lui permet de renforcer ses liens avec le tissu régional des pro-fessionnels de la médiation numérique. Le dévelop-pement d’Arborescence passe alors tout à la fois par un renforcement des liens sur son territoire, mais aussi au-delà par la recherche de partena-riats dans toute la région.
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LE PROJET – LE LIEU
Né il y a 25 ans à Puget-Théniers à l’initiative d’un groupe de bénévoles, le CEPAGE avait pour ambition de faire le lien entre Education Populaire et Développement Rural. Le projet a connu tout à la fois des phases de déve-loppement et de décélération brutale.
Les 15 premières années permettent d’initier de
nombreuses activités. Tout d’abord des actions en
direction des publics du territoire : ouverture d’un
Point d’Information Jeunesse, actions culturelles et
patrimoniales sur le village, mise en place de forma-
tions et d’accompagnement vers l’emploi, perma-
nences de services publics, etc.
Autant de services qui font que CEPAGE est reconnu
EREF (Espace Rural Emploi Formation) en 1995 et
voit son équipe s’étoffer. C’est d’ailleurs cette année-
là que Jean-Marc Dalmasso, jusqu’alors membre
fondateur bénévole, devient directeur de l’associa-
tion, fonction qu’il exercera jusqu’en 2006.
Foyer rural CEPaGEPuget-Theniers (06)
MoNoGraPHiE
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur24
Puis, la dimension européenne est développée avec la
création du Carrefour rural européen pour les femmes
(devenu depuis Relais Europe Direct), le recrutement
des premiers contrats de Service Volontaire Européen
(SVE) et la participation à des projets transnationaux.
Ce savoir-faire européen est reconnu bien au-delà de
Puget-Théniers, CEPAGE étant alors sollicité sur toute
la région. CEPAGE est alors animée par plus de 25
personnes.
Mais en 2004, CEPAGE est invité par la sous-préfecture
à déménager dans des locaux partagés avec la Mairie
au sein d’une Maison des Services Publics. D’un espace
de 250 m2 que l’association occupait totalement et qui
faisait office à la fois de bureaux, d’espace d’accueil du
public et de lieu de vie, CEPAGE passe à un local réduit
de moitié.
Ce manque de surface a un impact direct sur l’activité de
l’association qui ne peut dès lors plus accueillir autant de
publics, de bénévoles, de SVE, etc. Malgré la cohérence
du projet de regroupement au sein d’une Maison des
Services Publics (à cette occasion, l’association a été
labellisée RSP - Relais de Services Publics par l’Etat), le
manque d’espace a raison du dynamisme de CEPAGE. En
2006, l’équipe est alors réduite à 4 personnes après le
départ du directeur.
La directrice actuelle de l’association parle d’une « phase
plancher » durant laquelle s’est posée la question de la
poursuite ou non de l’activité. Mais le choix est fait de
continuer en se concentrant sur trois activités de base : le
Relais de Services Publics, l’ERIC et le Relais Europe direct.
Depuis 2008, la reconstruction s’est accélérée avec
notamment le développement des actions de l’ERIC. Il
s’est d’abord agit de partenariats avec les ERIC voisins
de Guillaumes et de Saint-Auban ; puis de projets plus
localisés dans le cadre de l’appel à projet régional « Ap-
propriation Sociale des TIC » ou de la création d’un poste
de Chargé de développement numérique.
L’équipe s’est de nouveau étoffée avec 7 salariés. Deux
nouvelles activités sont désormais développées : Le
Jardin Vivrier (Chantier Ecole) et l’Université Populaire
Rurale, en plus des trois préexistantes.
Voir d’autres portraits de Chargés de Développement Numérique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
Depuis 2008, la reconstruction s’est accélérée avec notamment le développement des actions de l’ERIC... puis de projets plus localisés dans le cadre de l’appel à projet régional « Appropriation Sociale des TIC » ou de la création d’un poste de Chargé de développement numérique.
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ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur
LES PUBLICS
Puget-Théniers est un village de montagne
situé au sein d’une communauté de com-
munes très étendue de 16 villages répar-
tis sur 2 cantons. Avec 1700 habitants, le
village à lui seul représente la moitié de la
population de l’intercommunalité.
CEPAGE rayonne sur près de 30 km à la ronde, certains
services publics n’étant accessibles que par l’intermé-
diaire de l’association à moins de faire plus d’une heure
de route vers Nice ou Grasse. En milieu rural, qui plus
est alpin, la question des publics est ainsi toujours liée
aux problématiques d’aménagement du territoire et de
mobilité.
La diversité des publics est permise par l’existence de
l’ERIC. En effet, le Relais de Services Publics et son Point
Info Familles concernent essentiellement les personnes
présentant des problématiques sociales : demandeurs
d’emploi, allocataires du RSA ou parents isolés.
L’ERIC permet, quant à lui, lors d’une même session de
libre accès, que se côtoient un retraité, un demandeur
d’emploi, un collégien, un entrepreneur, un touriste venu
relever ses courriels, etc. L’équipe s’appuie sur cette
mixité pour inciter à l’entraide entre utilisateurs aguerris
et débutants lors des temps de libre accès.
Ce libre accès a d’ailleurs tellement de succès qu’il a fallu,
en concertation avec les usagers, mettre en place des
règles de roulement et d’inscription afin d’éviter les files
d’attente. L’équipe de CEPAGE répond aussi à des be-
soins très spécifiques qui mobilisent l’ensemble de ses
compétences et de ses ressources.
C’est notamment le cas des déclarations TéléPAC. Deux
fois par an, les agriculteurs se retrouvent au CEPAGE
afin de remplir leur déclaration en vue de l’obtention des
aides de la Politique Agricole Commune. Une procédure
vitale économiquement, mais qui nécessite une précision
particulière, une compréhension du langage communau-
taire et une connexion fiable à Internet pour mettre à
jour le registre parcellaire graphique européen (RPGE),
système d’information géographique permettant l’identi-
fication des parcelles agricoles.
Relais Europe direct, Relais de Services Publics et ERIC
sont donc mobilisés de façon croisée pour accompagner
une catégorie de public parfois très éloignée des usages
numériques ou mal connectée. Enfin, concernant le pu-
blic jeune, CEPAGE est confronté à une contrainte du
territoire : à Puget-Théniers, l’offre de scolarité s’arrête
au collège. Les études se poursuivent ensuite à Grasse
ou Nice. Rares sont les jeunes qui reviennent ensuite
s’installer ou travailler à Puget-Théniers. Cela explique
en partie le peu d’activités proposées à destination de
ce public.
Toutefois, une attention particulière lui sera portée fin
2012 avec la réouverture programmée, à proximité de
CEPAGE, de la Maison des Jeunes.
L’ERIC permet, lors d’une même session de libre accès, que se côtoient un retraité, un demandeur d’emploi, un collégien, un entrepreneur, un touriste. Cette mixité incite à l’entraide...
26
LES SOUTIENS ET PARTENAIRES
Du fait de pluriactivité, CEPAGE organise en premier lieu
un « partenariat interne » entre ses services. En effet,
depuis ses débuts, l’association a certes exploré de nom-
breux champs d’activités, mais toujours en lien étroit avec
les autres projets et actions, sans cloisonnement. C’est
par exemple le cas de l’ERIC au sein duquel les salariés
en insertion dans le cadre du Chantier-Ecole viennent se
former aux usages numériques, tandis que les publics du
RSP accèdent à l’e-administration. Quant à l’Université Po-
pulaire, elle y réalise sa communication, etc.
Ce mode de fonctionnement transversal se retrouve
ensuite dans les partenariats tissés sur le territoire.
L’exemple de l’association Souvenance de Cinéphiles en
est une illustration. Cette association, créée par Jean-
Louis Milla en 1989, organise chaque année à Puget-Thé-
niers un Festival cinématographique autour d’une comé-
dienne, en complément d’autres actions ponctuelles sur
le thème du cinéma. M. Milla a fait le choix de ne pas
être raccordé à Internet chez lui afin de fréquenter chaque
semaine l’espace multimédia de CEPAGE. Il s’agit pour lui
de créer du lien à la fois avec l’équipe, mais aussi avec les
autres usagers du lieu.
Des liens forts qui lui permettent de renforcer l’efficacité
de son Festival annuel en recherchant des informations,
en croisant les compétences, en communiquant, etc.
Pour M. Milla, CEPAGE est un lieu convivial de produc-
tion et de contact dans lequel il puise des idées et des
compétences diverses mobilisables même au-delà de la
rencontre estivale. Il utilise en effet CEPAGE pour publier
également son bulletin trimestriel, alimenter son blog,
créer des affichettes, rédiger des courriers, etc.
Depuis 2008, CEPAGE, avec à sa tête Nathalie Grilli, a relancé une stratégie de développement mise à mal notamment par la contraction impor-tante de l’équipe. Ce développement s’appuie en grande partie sur les compétences d’animation ter-ritoriale et de mise en lien de la directrice.
Ainsi, en 2008, CEPAGE a participé à une réflexion sur les nouvelles pratiques alimentaires lors d’ate-liers « se nourrir en montagne ». L’idée était tout d’abord de créer une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) afin de privi-légier la production locale et par conséquent les circuits courts. Grâce à son travail de proximité avec les agriculteurs lors des déclarations télé-PAC, l’équipe a souhaité les mobiliser pour orga-niser cette AMAP. Seuls les agriculteurs bio se sont déplacés et les discussions ont permis de constater que la priorité n’était pas tant la distri-bution auprès des particuliers que la valorisation et la mutualisation de la production bio. L’équipe de CEPAGE a donc accompagné ces agriculteurs dans la création d’une coopérative agricole biologique : Bio d’ici. Depuis 2010, cette dernière se développe et bénéficie toujours du soutien de CEPAGE notam-ment pour toute la partie communication de ses activités.
Le retour à la terre et à la nourriture saine se re-trouve aussi à travers une autre activité structu-rante de l’association : le jardin vivrier.
Au départ, il s’agissait d’une action de remobilisa-tion sur 6 semaines pour des personnes en grande difficulté. Mais ce format court ne convenait pas à l’équipe qui cherchait à développer une activité plus pérenne et réaliste par rapport au territoire. Avec le soutien de la Région, CEPAGE a donc mis en place un Chantier-Ecole de formation-produc-tion d’un an sur le maraîchage bio et la culture des
plantes aromatiques et médicinales, avec l’intérêt, pour les personnes en insertion, de consommer ce qu’elles produisent et réaliser ainsi des économies.
Le Chantier-Ecole permet de mobiliser différents partenaires et les services de l’association : le Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Educa-tions Active (CEMEA 06), avec lequel les jardiniers passent le BAFA, l’ERIC qui dispense une formation en informatique, le RSP qui accompagne le public autour des démarches administratives, les agricul-teurs de la coopérative Bio d’ici qui apportent leurs conseils et leur savoir-faire, etc.
C’est aussi de cette manière qu’a été initiée l’Uni-versité Populaire Rurale Auguste Blanqui (UPRAB) (en l’honneur du célèbre révolutionnaire Pugétois). Pensée au départ comme un Espace Ouvert d’Edu-cation Permanente (EOEP), l’UPRAB a été créée lorsque CEPAGE a fait asseoir autour de la table des partenaires aussi variés que le CEMEA 06, Lien des Chômeurs, Souvenance de cinéphile, l’Ecomusée, la médiathèque associative, ISATIS (Association favorisant l’intégration sociale et pro-fessionnelle des personnes souffrant de troubles psychiques), le Système d’Echange Local (SEL), etc. Depuis, chaque mois, près de deux conférences ou ateliers sont tenus sur des thèmes aussi variés que la maladie d’Alzheimer, la biodiversité ou la vio-lence à l’école.
Le développement de CEPAGE est donc en cours et de nombreuses pistes sont en réflexion : mettre en place des animations numériques dans les écoles et le collège, faire évoluer le Chantier-Ecole en Atelier-Chantier d’Insertion, transformer l’ERIC en Centre de ressources numériques, devenir relais européen des MicroProjets, refaire appel à des Services Volontaires Européens, renforcer les ac-tions autour du Bio, etc.
LES AMBITIONS ET PERSPECTIVES
27
LE PROJET – LE LIEU
Les 17 000 dignois bénéficient de 3 Espaces Régionaux Internet Citoyen (ERIC), de l’espace multimédia de la médiathèque intercommunale et du Cybercafé installé en centre-ville. Une offre d’accès et d’accompagnement particulièrement étoffée, et ce, de-puis près de 20 ans.
En effet, c’est en 1995, sous l’impulsion de Jean
Louis Bianco, alors maire de Digne-les-Bains, que la
ville a lancé un des premiers Cybercafés municipaux
de France au sein du Centre culturel René Char ; lui-
même ouvert en 1970 durant la généralisation des
espaces d’Education Populaire.
Le choix de l’installation du Cybercafé au sein du Centre
culturel, dirigé dès l’origine par Muriel Yvan, a permis
d’affirmer l’ambition de lier numérique et culture tout
en luttant contre la fracture numérique. Le lieu a d’ail-
leurs été labellisé en 1998 Espace Culture Multimé-
dia (ECM) par le ministère de la Culture.
EriC en étoile, rené CharDigne (04)
MoNoGraPHiE
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur28
Par la suite, d’autres services de la ville se sont dotés
d’un espace multimédia afin de répondre aux besoins de
leurs publics : le Pôle Social (service du CCAS) et le
Bureau Information Jeunesse (BIJ).
En 2003, lorsque la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
initie le programme ERIC, les trois sites sont labellisés.
Grâce à cette identité commune, les ERIC dignois éla-
borent en 2007 le projet TRIPTIC dans le cadre du FS2i
(Fonds de Soutien aux Initiatives Innovantes) de la Région.
Il s’agit alors de saisir l’occasion de cet appel à pro-
jet pour structurer une offre territoriale d’accompa-
gnement aux usages numériques via un réseau « en
étoile ». Les ERIC ainsi réunis mettent en place une offre
de service et une communication communes, les anima-
teurs bénéficient de formations via le CNFPT et les par-
tenariats sont développés (CIDF, ANPE, À perte de vue,
Comité du Pays dignois, etc.). Un focus particulier est
mis sur l’accès aux services numériques pour les publics
en situation de handicap, via l’acquisition de matériels et
de logiciels spécifiques, dont deux imprimantes Braille.
Mais après l’impulsion générée par TRIPTIC, le cœur de
métier et les obligations de chacun freinent cette dyna-
mique. Et même si les équipes se rencontrent encore à
l’occasion de projets ; la coordination s’est petit à petit
estompée.
L’ECM élabore ses propres projets en lien avec les ar-
tistes, le Pôle Social s’est spécialisé dans l’accompagne-
ment des retraités et le Bureau Information Jeunesse
utilise essentiellement l’ERIC comme un espace de re-
cherche d’emploi ou de formation pour les jeunes.
Néanmoins, malgré quelques difficultés à entretenir la
dynamique originelle, TRIPTIC a permis de structurer
les offres de service de chacun, avec leurs spécifici-
tés de fonctionnement vis-à-vis de publics différents.
Chaque ERIC continue donc à développer ses pratiques
et à maintenir les équipes. Par exemple, les « Deux Cé-
cile » à l’Espace Culture Multimédia : Cécile C. qui s’est
spécialisée dans la Musique Assistée par Ordinateur et
Cécile M. formée aux Beaux-Arts et précédemment en-
seignante d’Arts Plastiques.
Voir d’autres portraits de Chargés de Développement Numérique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
Il s’agit alors de saisir l’occasion de cet appel à projet (FS2I) pour structurer une offre territoriale d’accompagnement aux usages numériques via un réseau d’ERIC en étoile.
29
Les publics des ERIC de Digne-les-Bains
sont particulièrement variés. Il y a tout
d’abord le public de l’accès libre. Chaque
semaine, quel que soit l’ERIC, des créneaux
d’accès libres gratuits ont été maintenus et
connaissent une forte affluence, certains
utilisateurs venant depuis de nombreuses
années.
Les usagers de l’accès libre viennent certes parce
qu’ils ne disposent pas de connexion chez eux, mais
la plupart viennent pour le lien social qui s’y crée, cer-
tains se donnant directement rendez-vous à l’ERIC…
Et même si le parc informatique se fait un peu vieux, les
fidèles continuent à venir, à échanger avec les autres tout
en bénéficiant du soutien des animateurs.
Il y a aussi les publics des ateliers. Organisés à l’échelle
d’un trimestre, ces ateliers connaissent pour leur part,
un succès inégal en terme d’affluence, ce qui nécessite
une constante adaptation des contenus et une organisa-
tion fine des plannings d’activités.
Ainsi, lors du projet TRIPTIC, un créneau dédié aux asso-
ciations a été instauré, mais celles-ci ne s’en sont pas
emparées. Il a fallu y renoncer, au profit finalement de
l’accès libre.
Les ateliers en lien avec les activités artistiques du
Centre culturel permettent aussi de varier les publics.
Ces ateliers bénéficient de bons relais de communica-
tion comme la plaquette des ateliers, « Sortir à Digne »,
Digne Magazine, le site web municipal, sans compter le
propre site web du centre culturel.
Enfin, certains ateliers sont animés depuis plusieurs an-
nées en s’appuyant sur un noyau dur d’utilisateurs qui
progressent et co-construisent avec l’équipe d’animation.
C’est notamment le cas des ateliers créatifs du mercredi
fréquentés depuis 3 ans par un groupe de 5 adolescents
qui viennent chaque semaine travailler autour du Slam,
des ombres portées, des marionnettes, etc.
Les usagers de l’accès libre viennent certes parce qu’ils ne disposent pas de connexion chez eux, mais la plupart viennent pour le lien social qui s’y crée, certains se donnant directement rendez-vous à l’ERIC...
LES PUBLICS
30
« S’entourer des partenaires est une nécessité pour un ERIC orienté vers les pratiques culturelles et artistiques »
S’entourer des partenaires est une nécessité pour un
ERIC orienté vers les pratiques culturelles et artistiques.
L’Espace Culture Multimédia participe du projet global du
Centre culturel René Char, à travers notamment la pro-
grammation culturelle « Sortir à Digne » qui implique l’ac-
cueil d’artistes, notamment numériques. Les résidences
comprennent à la fois la mise en place d’une création
(concert, exposition, etc.) et la co-animation d’ateliers au
sein de l’ECM.
Le projet sonoliTIC mis en œuvre en 2011 dans le
cadre de l’appel à projet Appropriation Sociale des TIC
de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur en est le meil-
leur exemple.
Il s’agissait de provoquer la rencontre de deux visions
artistiques différentes ; celle de l’artiste Emmanuel Dil-
hac, qui depuis 25 ans élabore des ponts entre une
création picturale inspirée par la nature et sa création
musicale, et celle de Scénocosme, qui propose plusieurs
expériences sensorielles sous forme d’installations inte-
ractives qui questionnent nos relations énergétiques invi-
sibles avec notre environnement (les êtres vivants, les
plantes, les roches, l’eau…).
Durant leurs deux mois de résidence de création, ils ont
collecté des matériaux sonores et visuels issus du terri-
toire dignois et de sa géologie. Et c’est à l’issue de cette
résidence qu’une création musicale et une installation
interactive ont été produites.
Se sont ajoutés à cela des ateliers participatifs co-ani-
més par les artistes et l’équipe de l’ECM. Lors de ces
ateliers, les participants (des enfants de 8 à 14 ans et
des adultes) ont été invités à manipuler les matières so-
nores et les vidéos aussi bien physiquement que numé-
riquement. L’ensemble de leurs interventions a alors été
réinsufflé dans la nouvelle œuvre interactive « Dilution »
de Scénocosme, commande de la Ville.
LES SOUTIENS ET PARTENAIRES
LES AMBITIONS ET PERSPECTIVES
Pour les mois à venir, les directrices du Centre Communal d(Actions Sociales (CCAS) et du Centre culturel René Char ambitionnent de relancer la dynamique inter-espace qui avait émergé du pro-jet TRIPTIC : formalisation des rencontres entre les équipes, orientation des publics, offres de ser-vices communes, etc.
Une dynamique devra émerger en lien avec la mé-diathèque intercommunale qui dispose d’un parc de 10 ordinateurs et qui permet de rayonner au-delà de la ville.
Concernant plus spécifiquement l’Espace Cultu-rel Multimédia (ECM), Muriel Yvan, sa directrice, souhaite continuer à impulser des résidences d’artistes numériques qui permettront la création d’œuvres singulières impliquant le plus possible la participation du public.
Voilà une innovation artistique ouverte que l’on retrouve dans d’autres projets menés par l’ECM en lien avec d’autres ERIC comme les Webcar-toons (avec le Portail des Savoirs à Pertuis), les E.toileurs (avec le Logis des Jeunes à Cannes) ou les Films dans la Poche (avec ZINC à Marseille).
31
LE PROJET – LE LIEU
L’histoire du Portail des Savoirs est liée à celle de l’association d’Animation et de Développement des Relations Ecole-Profession (ADREP), association d’édu-cation permanente créée en 1982 et disposant de nombreux équipements en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
En effet, en 2001, L’ADREP est « mise en jachère »
et réunit l’ensemble de ses actions de formation au
sein d’une nouvelle coopérative : la SCOP ADREP
Formation. En 2002, Sylvie Lafon, qui a déjà mis sur
pied une antenne de l’ADREP à Martigues, se voit
proposée d’en prendre les rênes afin de développer
de nouveaux projets culturels et d’éducation perma-
nente sur le territoire du Pays d’Aix.
C’est ainsi qu’avec le soutien de l’équipe municipale
de Pertuis alors en place, l’association s’installe dans
le cadre d’une mise à disposition de locaux. L’activité
se précise peu à peu et un premier recrutement est
effectué en s’appuyant sur le dispositif « Nouveaux
Services - Emplois Jeunes ». Enfin, en 2003, après
avoir répondu à l’appel à projet régional « Espaces
Régionaux Internet Citoyen », un ERIC ouvre ses
portes au sein de la structure.
Le Portail des SavoirsPertuis (84)
MoNoGraPHiE
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur32
Dès le départ, la volonté du Portail des Savoirs est
d’accompagner les porteurs d’idées afin qu’ils les
transforment en projets et ce, avec l’aide du numé-
rique. A cette fin, l’équipe choisit d’initier plusieurs ac-
tivités : un Atelier de Pédagogie Personnalisée (APP),
des Chantiers d’Insertion forestier et restauration du
patrimoine naturel, un Bus multimédia itinérant baptisé
le « Bus à Idées » qui sillonne le territoire. C’est cet
ensemble d’actions qui constitue à proprement parler
le « Portail des Savoirs », qui est dénommé ainsi à la
faveur d’un double conventionnement : ERIC et Jeunesse
- Education Populaire (JEP).
La dimension nomade de l’association lui permet ra-
pidement de tisser des liens dans un territoire par-
ticulièrement grand, qui va du sud du Vaucluse à la
Communauté du Pays d’Aix (dont Pertuis fait partie). De
plus, sa participation active dans les programmes ERIC
et Espace Ouvert Education Permanente (EOEP) donne-
ront à ses actions un rayonnement sur l’ensemble du
territoire régional.
En 2005, l’association décide d’externaliser les Chan-
tiers d’insertion forestiers et restauration du patrimoine
naturel au sein d’une nouvelle association : ADREP Inser-
tion. L’espace de Pertuis se recentre alors sur son
rôle d’espace de formation et d’accès à la culture, de
centre ressources, de lieu d’éducation à la citoyenneté
et de lieu d’accès public à Internet. Pour cela, l’asso-
ciation cumule sur un seul site de nombreux services
et labels : ERIC,Jeunesse Education Populaire et Espace
Ouvert d’Education Populaire (EOEP) bien sûr, mais aussi
Organisme de Formation, Point d’Accès à la Téléforma-
tion et E.cg-Vaucluse.
Pour mettre en œuvre toutes ces actions, Sylvie s’est
entourée d’une équipe qu’elle a constituée et animée en
conformité avec les valeurs démocratiques d’une coo-
pérative : « Un homme, une voix ». Chaque salarié fait
ainsi partie intégrante du projet associatif, de sorte que
chacune des personnalités en imprègne nécessairement
l’esprit. En 2012, l’équipe est forte de sa diversité de
parcours et de compétences : outre Sylvie, la directrice
historique, Arnaud est le deuxième membre à bénéfi-
cier du dispositif régional « Chargé de Développement
Numérique ». Ilaria, est l’animatrice en charge des
ateliers d’initiation informatique, tandis que Damien
et Florence sont respectivement en charge du projet
d’AMAP culturelle, du projet de l’EOEP et des actions
hors les murs. Enfin, Evelyne s’occupe de l’ensemble des
tâches administrative et comptable.
En réunissant ainsi toutes les conditions nécessaires à la
bonne marche de l’association, le Portail des Savoirs a
mis en œuvre de nombreux projets dont certains sont
devenus structurants pour le réseau des ERIC. Comme
par exemple les « E-toileurs » qui permettent depuis
2005 à des créateurs multimédia de bénéficier d’un sou-
tien de la part de partenaires régionaux pour conduire
et valoriser leur travail collaboratif avec le public. On
peut également mentionner le dispositif ARTPENTIC qui
accompagnent depuis 2007 les TPE et artisans du terri-
toire. Ou bien encore les « Tisserands du multimédia »
qui mettent en lien depuis 2009 les acteurs du tissu as-
sociatif local afin de leur offrir des ateliers de formation
et des espaces d’expression. Enfin plus récemment, le
Portail des Savoirs a initié le « Grenelle des Papillons »
avec des ateliers de sensibilisation aux pratiques éco-
responsables, un centre de ressources en ligne et des
événementiels dédiés.
Voir d’autres portraits de Chargés de Développement Numérique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
L’espace de Pertuis se recentre alors sur son rôle d’espace de formation et d’accès à la culture, de centre ressources, de lieu d’éducation à la citoyenneté et de lieu d’accès public à Internet.
33
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur
Le Portail des Savoirs se veut être à la fois un projet ambitieux et universel et un lieu ouvert à tous sans aucune distinction. En ce sens, l’association a toujours privilé-gié des actions visant à accompagner les publics dans une démarche d’acquisition d’une plus grande autonomie, à travers la transmission de compétences et de savoirs renouvelés, et d’une meilleure mobilité géo-graphique et sociale, en encourageant la citoyenneté active.
Pour accueillir le public qui le fréquente, l’association pro-
pose certes un « accès libre » qui s’adresse directement
aux personnes de passage, mais elle s’appuie surtout sur
des « partenariats de projets » dans les champs aussi di-
vers que ceux de l’insertion, de l’éducation, de la culture,
ou de l’économie sociale et solidaire. Ce sont ces parte-nariats qui drainent un très large public vers le Portail des Savoirs, et qui lui permettent en retour d’adapter ses interventions aux réalités du territoire.
Une stratégie qui a tout de suite porté ses fruits et
qui a permis à l’association de s’adresser à des pu-
blics très variés : des jeunes, des séniors, des asso-ciations, des auto-entrepreneurs, des artisans, des travailleurs handicapés, des artistes, des scolaires, des agriculteurs, etc.
Au Portail des Savoirs, on peut tout autant travailler avec une école élémentaire, un artisan, une association de militants, des artistes, ou encore le Comité de Bassin d’Emploi.
LES PUBLICS LES SOUTIENS ET PARTENAIRES
Le Portail des Savoirs s’appuie essentiellement sur son
réseau partenarial pour mettre en place ses actions et
toucher un large public. Un réseau qui s’est constitué
lorsque l’équipe est partie sur les routes avec le Bus à
Idées, pour aller à la rencontre des acteurs locaux et tisser des liens étroits avec eux.
Pour Sylvie Lafon, les partenariats doivent s’élaborer
progressivement dans une confiance réciproque. C’est
notamment pour cela que les conventions de partena-
riats prennent la forme d’un « Protocole Partenarial », à partir duquel chaque partie peut aménager l’espace
et les conditions d’une confiance nécessaire à l’élabora-
tion des projets. L’équipe reconnaît d’ailleurs beaucoup miser sur l’oralité et la convivialité dans ses relations avec les partenaires de terrain.
Un réseau de partenaires qui se compose donc tout à
la fois d’associations et de petites structures situées à
Pertuis et dans les villages alentours. Au Portail des Savoirs, on peut tout autant travailler avec une école élémentaire, un artisan, une association de militants, des artistes, ou encore le Comité de Bassin d’Emploi - chacun de ces partenariats étant animé par la même
volonté de participer au développement local en accord
avec les valeurs de l’Economie Sociale et Solidaire.
Cette implication dans la vitalité du tissu local se maté-
rialise en particulier dans le projet « Rose des Vents »,
que l’équipe présente comme un « Guide du Routard Citoyen » et qui est basé sur une carte collaborative
permettant de localiser les associations et les adminis-
trations indispensables aux habitants du territoire.
34
Mais au-delà encore de ce maillage de proximité, c’est
au sein du réseau des ERIC que le Portail des Savoirs
a initié et renforcé les liens partenariaux les plus forts.
En effet, dans ce réseau, l’association est vue comme un maillon indispensable, un lieu ressource pour des projets de développement local portant sur l’Economie Sociale et Solidaire ou sur les pratiques culturelles et artistiques.
Dans le cadre de projets comme « E-Toileurs » ou le
Festival Webcartoon, « Même Jour Même Heure »,
le Portail des Savoirs a travaillé étroitement avec ZINC
(Marseille), la Gare Coustellet (Maubec), Anonymal (Aix
en Provence), le Centre Culturel de Digne, le Centre So-
cial Jean Paul Coste (Aix en Provence), Le Hublot (Nice),
le Foyer de Jeunes Travailleurs (Cannes) ou bien encore
O2Zone (Salon de Provence).
La liste est longue et en définitive, peu d’ERIC n’ont pas eu
l’occasion de travailler avec l’association !
Cette implication dans le réseau a trouvé son point
d’orgue lorsque le Portail des Savoirs a co-fondé avec
d’autres ERIC l’association ARSENIC (Association Régio-
nale de Soutien aux Espaces Numériques de l’Information
et de la Communication) dans une ambition fédérative.
Bien entendu, c’est en se basant sur ce tissu partena-rial dense et transversal que le Portail des Savoirs a su bénéficier du soutien financier de nombreuses col-lectivités (la Région en premier lieu, mais aussi la Com-
munauté du Pays d’Aix, le Conseil Général du Vaucluse,
le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS), la Ville
de Pertuis, etc.), de l’Etat et même de l’Europe dans le
cadre du Fonds Social Européen (dispositif Micro-Projet).
L’association a su aussi mobiliser des fonds privés
comme la Fondation Orange, sans compter les Orga-
nismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA) lors d’ac-
tions de formation. Une diversité de soutiens financiers
finalement à l’image de la diversité de partenaires entou-
rant le Portail des Savoirs.
L’association est vue comme un maillon indispensable, un lieu ressource pour des projets de développement local portant sur l’Economie Sociale et Solidaire ou sur les pratiques culturelles et artistiques.
Au printemps 2012, après 10 ans de maillage et d’actions engagées et un anniversaire annonçant le lancement d’une AMAP Culturelle (Les happycul-teurs), l’association se trouve face à des difficultés financières importantes. En effet, entre une muni-cipalité qui ne la soutient plus (lors du changement de bureau municipal, le partenariat et la mise à dis-position gracieuse de locaux s’est transformée en location au prix du marché !), des engagements non respectés et des retards conséquents dans le trai-tement de dossiers chez ses principaux financeurs, l’équipe du Portail des Savoirs à fait un choix radical : « Débarquer plutôt qu’échouer et couler ». Il s’agit là d’une décision collective.
En moins de trois semaines, l’ensemble de l’équipe signe des conventions de sécurisation profession-nelle, les publics et les partenaires sont prévenus, les locaux vidés ! L’association ADREP, qui portait le nom d’usage « Portail des Savoirs » est à sont tour « mise en jachère » pour permettre l’ouverture d’une nouvelle association reprenant alors le nom qui a fait sa notoriété : Le Portail des Savoirs. La nouvelle association est donc créée à l’été 2012 avec un pro-jet associatif et un souffle nouveaux.
Dorénavant itinérante sur le territoire de la Commu-nauté du Pays d’Aix (et à terme sur toute la région), le Portail des Savoirs 2.0 s’appuie sur des projets « entre Terre et Mer » comme l’illustre le projet un « Ecran sur la Voile » qui s’appuie sur la projection de films sur les voiles de vieux gréements dans le cadre de régates.
Pour remettre en route l’activité, l’association mobi-lise ses précédentes compétences et de nouveaux réseaux professionnels, développe des prestations et des projets, tout en restant fidèle aux principes fondateurs de l’Education Populaire et de l’Economie Sociale et Solidaire qui ont toujours été celles de l’équipage du Portail des Savoirs.
L’aventure continue…contre vents et marées !
LES AMBITIONS ET PERSPECTIVES
35
LE PROJET – LE LIEU
À la Seyne-sur-Mer, deuxième ville du Var, c’est près de 30 % de la popula-tion qui habite en Zone Urbaine Sen-sible (ZUS), essentiellement à la cité Berthe, proche de la rade de Toulon.
Il n’est donc pas surprenant que la Cyber-base de
Berthe se soit immédiatement positionnée comme
un acteur de la Politique de la Ville, catalysant une
grande partie des activités du quartier.
L’initiative de l’implantation d’une Cyber-base dans la
cité revient à l’association Initiative Formation Appui
Pédagogie Emploi (IFAPE), association varoise recon-
nue tant par la diversité de ses activités que par la
taille de ses équipes et l’importance de ses équipe-
ments sur le département.
L’IFAPE intervient en effet sur près de 15 com-
munes, en agissant dans les domaines de la forma-
tion, de l’emploi, de l’accompagnement à la scolarité
ou de l’accès public à Internet.
Cité BertheLa Seyne sur Mer (83)
MoNoGraPHiE
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur36
C’est à l’occasion de la rénovation d’une friche commer-
ciale de près de 450 m2 au cœur de la cité que l’IFAPE
et la ville de La Seyne-sur-Mer s’accordent pour y instal-
ler un espace multimédia qui deviendra la plus grande
Cyber-base de France avec un équipement important
de près de 30 postes.
Le lieu est inauguré en 2007, en bénéficiant à la fois du
label régional ERIC et du label national Cyber-base de la
Caisse des Dépôts et Consignations.
L’équipe a quant à elle été constituée en s’appuyant sur
des relais locaux. C’est notamment le cas de Mohammed
Bejaoui que l’on présente souvent comme une personne
ressource dans la cité, et qui a été à l’initiative d’un des
premiers Cybercafés de la ville tout en s’impliquant dans
de nombreuses actions locales.
Un projet d’une telle ampleur dans un quartier qui connaît
de nombreuses difficultés aurait effectivement été mal
perçu s’il ne s’était appuyé sur de telles personnes en
lien avec la population et capables de comprendre les
enjeux du territoire.
L’IFAPE a ensuite fait appel à Mohammed Boumetloua,
auparavant animateur au centre social Nelson Mandela
à Berthe et qui habite également le quartier depuis une
dizaine d’années.
L’équipe a enfin été complétée par Chéhrazed Ordi,
d’abord stagiaire lors de la phase de conception de l’équi-
pement dans le cadre de ses études en Management
des technologies, elle est depuis animatrice spécialisée
sur la thématique de l’emploi et de l’accompagnement
des entrepreneurs aux usages numériques.
Voir d’autres portraits de Chargés de Développement Numérique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur http://emergences-numeriques.regionpaca.fr
Un projet d’une telle ampleur dans un quartier qui connaît de nombreuses difficultés aurait effectivement été mal perçu s’il ne s’était appuyé sur de telles personnes en lien avec la population et capables de comprendre les enjeux du territoire.
37
LES PUBLICS
L’équipe a su progressivement conquérir un vaste public volontaire et particulière-ment actif dans les projets de la structure. La participation du public dans l’élabora-tion et l’animation des activités est en effet considérée ici comme un élément fonda-mental de l’organisation de la Cyber-base.
Ainsi, lorsque les publics ont sollicité l’équipe pour savoir
où trouver un ordinateur bon marché afin de pouvoir pra-
tiquer à domicile ce qu’ils apprenaient à la Cyber-base,
un projet collaboratif est né, avec le soutien financier
du Réseau d’Ecoute et d’Appui à la Parentalité (REAP) :
« L’ordinateur familial ». Celui-ci consiste à faire de la ré-
cupération de pièces informatiques usagées qui servent
ensuite au montage d’un ordinateur « neuf ». Pour ce
faire, des binômes pères-fils ont été constitués au sein
de séances pédagogiques où l’on expliquait le rôle et le
fonctionnement de chacune des pièces. Une fois assem-
blé, l’ordinateur a vocation à devenir la propriété de la
famille.
En complément de cette approche « grand public »,
la Cyber-base s’est rapidement adressée aux créa-
teurs et aux porteurs d’entreprise de la cité. Le projet
« E-TPME », lancé en 2009 dans le cadre du Contrat
Urbain de Cohésion Sociale (CUCS), consiste à autonomi-
ser les TPE et les PME du territoire pour les usages numé-
riques en général : logiciel libre, communication et promo-
tion, e-administration (dont l’accès aux marchés), etc.
Une quinzaine d’entrepreneurs locaux a pu ainsi
bénéficier d’un accompagnement dans la mise en
place de divers services, ce qui a contribué à dévelop-
per un véritable réseau de professionnels à partir de
la Cyber-Base.
C’est d’ailleurs pour répondre aux attentes de ces pro-
fessionnels, issus de plusieurs secteurs d’activité (arti-
san, plombier, commerçant, auto-entrepreneur, etc.),
qu’un espace dédié a vu le jour au sein de la Cyber-base :
ordinateurs, fax et téléphone, logiciels de bureautique et
de comptabilité, visioconférence, etc.
L’expérimentation prévue sur une durée initiale d’un an
est finalement devenue une action structurante de la
Cyber-base, qui bénéficie à cet égard du soutien des
fonds européens de développement régional (FEDER).
La démarche de l’IFAPE vise dorénavant à mêler étroite-
ment emploi et entreprenariat avec notamment l’accom-
pagnement des demandeurs d’emploi vers la création
d’entreprise. Depuis lors, des projets d’entreprises
sont devenus pourvoyeurs d’emplois pour des dizaines
d’habitants.
Enfin, l’équipe entretient le lien avec les habitants par
l’intermédiaire du site territorial laseynesurweb.com qui
fait à la fois office de magazine en ligne et de plateforme
de e-services. Les habitants peuvent y trouver des guides
généraux sur le transport, le logement, la santé ou les
services sociaux dans la ville. Ils peuvent également accé-
der à des contenus spécifiques, en fonction de leur situa-
tion personnelle (retraité, demandeur d’emploi, jeune,
parent isolé, etc.). Les employeurs se sont bien entendu
emparés de la possibilité d’être mis en relation avec
des profils de demandeurs d’emploi ou de consulter
des appels d’offre en matière de marché public.
« Une quinzaine d’entrepreneurs locaux a pu ainsi bénéficier d’un accompagnement dans la mise en place de divers services, ce qui a contribué à développer un véritable réseau de professionnels à partir de la Cyber-Base »
ObTIC 2012 - Provence-Alpes-Côte d’Azur38
LES SOUTIENS ET PARTENAIRES
La Cyber-base de Berthe fait partie intégrante du réseau des Cyber-Bases que soutient la Communauté d’agglomération de Toulon Provence Métropole (TPM).
Il est à noter que le terme de Cyber-base revêt une impor-
tance particulière sur ce territoire. En effet, en concerta-
tion avec les espaces multimédia qui y sont déployés, TPM
a souhaité rendre plus homogènes leurs activités afin de
mieux valoriser le réseau et lui donner davantage de visi-
bilité auprès du public. Par conséquent, il a été décidé, en
accord avec la Région, de désigner l’ensemble du réseau
par le seul label Cyber-base, alors que les espaces de
TPM font partie du réseau des ERIC. Si cette particularité
répond à des objectifs de communication - le terme ERIC-
Cyber-base difficile à expliquer au public - s’explique par le
choix assumé de TPM d’adhérer à la charte graphique et
au mode de fonctionnement du programme Cyber-base.
Ainsi, les animateurs bénéficient de formations spéci-fiques proposées par la Caisse des dépôts et consigna-tions, tandis que les équipes et leurs publics participent chaque année au défi Cyber-base. De plus les structures
ont accès à l’outil mis à disposition dans le cadre du pro-
gramme national Cyber-base : Cybadmin. Il s’agit en parti-
culier de services en ligne de suivi d’activité, d’inscriptions
des usagers, de reporting, de statistiques. Ce service offre
aussi un accès à des contenus d’animation et de formation,
et permet de mettre en relation l’ensemble des animateurs
de Cyber-bases en France.
Enfin, l’émulation territoriale est entretenue par l’orga-nisation chaque année de deux journées de rencontres des Cyber-bases du territoire.
La Cyber-base de Berthe est souvent citée en exemple dans le réseau des ERIC et des Cyber-bases pour sa capacité à se projeter dans l’avenir.
Ainsi, en 2010, l’équipe a reçu les designers et cher-cheurs de la 27e Région. Initiée en 2008, la 27e Région a été pensée comme un laboratoire de trans-formation publique. Elle travaille pour le compte des 26 Régions françaises, avec le soutien de l’Association des Régions de France, de la Caisse des Dépôts et de la Commission européenne.
Cette agence d’innovation publique entend permettre aux Régions de préparer l’avenir et de changer leurs méthodes d’action. L’accent est mis sur la participation des citoyens. Elle est intervenue auprès de Berthe dans le cadre du programme «Territoires en résidence», une initiative soutenue en Provence-Alpes-Côte d’Azur par la région, la communauté d’agglomération TPM et la Caisse des Dépôts et consignations. Il s’agissait de co-élaborer avec les collectivités, associations de quartier, animateurs et publics, le futur des ERIC et d’expéri-menter de nouveaux services et activités plus en phase avec les désirs et besoins des utilisateurs.
Depuis, l’équipe a accéléré son développement notam-ment dans l’accompagnement des créateurs d’entre-prise. La Cyber-base est devenue un acteur et un inter-locuteur à part entière du développement économique du territoire. Preuve en est la récente installation,
suite à une étude réalisée en 2011 par un cabinet spécialisé, d’une antenne PlanetADAM qui appartient au réseau PlaNet Finance, l’organisation non-gouverne-mentale présidée par Jacques Attali, dont la mission est de lutter contre la pauvreté en soutenant le déve-loppement de la microfinance.
Dans ce cadre, une nouvelle collaboratrice, Myriam, reçoit les usagers qui en sont encore à l’étape de la simple idée mais aussi ceux qui au bout d’un an d’acti-vité sollicitent un soutien financier pour assurer leur trésorerie ou réaliser un investissement.
Ce lien tissé avec le monde de l’entreprise permet aujourd’hui à la structure de travailler en partenariat avec la Start-up Natural Solutions dans le cadre du développement d’un service innovant de « science par-ticipative » : Eco-ballade.
Financé par le programme régional PacaLabs, Eco-ba-lade s’appuie sur l’équipe de la Cyber-base et son public pour expérimenter un dispositif numérique de collecte de données naturalistes sur Smartphone au cours de balades touristiques. Ce projet, né d’ailleurs dans le cadre de la résidence avec la 27e Région, a ainsi créé un véritable écosystème partenarial entre des déci-deurs (TPM, la Région), des médiateurs (Cyber-base et naturalistes), des entrepreneurs, des chercheurs, des designers de services, des étudiants et les publics eux-mêmes.
LES AMBITIONS ET PERSPECTIVES
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adrESSES iNtErNEt EN LiEN avEC LES MoNoGraPHiES
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P. 31
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P. 23-35
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P. 36
ADREPAnimation et Développement des Relations Ecole-Profession
www.adrep.fr/lieux/PE_CF_adrep.htm
ADREP INSERTIONAnimation et Développement des Relations Ecole-Profession Insertion
www.adrep.fr/actions/chantiers.htm
ARSENICAssociation Régionale de Soutien aux Espaces Numériques de
l’Information et de la Communication
www.arsenicpaca.fr
APPAtelier de Pédagogie Personnalisée
www.app-reseau.eu
CENTRE CULTUREL RENé ChARwww.centreculturelrenechar.fr
CEMEACentre d’Entraînement aux Méthodes d’Educations Active
www.cemea.asso.fr
CENTRE SOCIAL JEAN PAUL COSTEwww.cscjeanpaulcoste.com
CyBER-BASE DE BERThEberthe.cyber-base.org/usager/home.do?urlSite=berthe
http://laseynesurweb.com/cyberbases
E CG VAUCLUSEwww.vaucluse.fr/2819-le-reseau-departemental-d-acces-a-internet-les-missions-des-e-cg-vaucluse.htm
EMMANUEL DILhACwww.emmanuel-dilhac.com
EOEPEspace Ouvert d’Education Permanente
www.regionpaca.fr/formation/service-public-regional-de-formation-per-manente-et-dapprentissage/espaces-ouverts-deducation-permanente/espaces-ouverts-deducation-permanente.html
E-TOILEURS www.e-toileurs.org
FILMS DANS LA POChEwww.zinclafriche.org/dyn/Cinema-dans-la-poche
FONDATION ORANGEwww.fondationorange.com/#intro1
FOyER DE JEUNES TRAVAILLEURS DE CANNESwww.logisdesjeunes.asso.fr/pages/fjt.htm
FOyER RURAL CEPAGEhttp://www.foyer-rural-cepage.com
GARE COUSTELLEThttp://www.aveclagare.org
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GRENELLE DES PAPILLONSwww.leportaildessavoirs.asso.fr/projets/projets-en-cours/ 11-le-grenelle-des-papillons.html
LE hUBLOTwww.lehublot.net
IFAPEInitiative Formation Appui Pédagogie Emploi www.ifape.org
ISATISwww.isatis.org
JEUNESSE EDUCATION POPULAIREwww.associations.gouv.fr/639-l-agrement-de-jeunesse-et-d.html
O2ZONEwww.o2zone.tv
PLANET FINANCEwww.planetfinancegroup.org
POINT D’ACCèS À LA TéLéFORMATIONpat.ctn.asso.fr
PORTAIL DES SAVOIRSwww.leportaildessavoirs.asso.fr
QUARTIER DE VIEwww.quartiersdevie.org
RELAIS EUROPE DIRECTeuropa.eu/europedirect/meet_us/index_fr.htm
ROSE DES VENTSwww.leportaildessavoirs.asso.fr/projets/9-la-rose-des-vents.htm
SCéNOCOSMEhttp://www.scenocosme.com
SONOLITICecmdigne.over-blog.com/pages/SONOLITIC_RENCONTRES_ ARTISTIQUES_AUTOMNE_2011-5873452.html
27èME RéGION / TERRITOIRES EN RéSIDENCE la27eregion.fr / la27eregion.fr/-Territoires-en-Residences,9-
TISSERANDS DU MULTIMéDIAwww.leportaildessavoirs.asso.fr/projets/projets-archives/37 -les-tisserands-du-multimedia.html
WEBCARTOONSatelierwebcartoon.blogspot.fr/
ZINCwww.zinclafriche.org/dyn
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P. 07-08-35
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Direction de l’Économie régionale, de l’innovation et de l’enseignement supérieurService Innovation et Economie Numériques . Hôtel de Région . 27, place Jules Guesde . 13481 Marseille cedex 20 . Tél. : 04 91 57 53 88
regionpaca.fr
Préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d’AzurSecrétariat Général pour les Affaires Régionales . Boulevard Paul Peytral . 13282 Marseille Cedex 20 . Tél. : 04 84 35 40 00
www.paca.pref.gouv.fr
Sep
tem
bre
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– P
hoto
cou
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