UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES
ESSAI PRÉSENTÉ À
L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN LETTRES (ESSAI EN COMMUNICATION SOCIALE)
PAR
CATHY SIMON (SIMC18628917)
LE PRINTEMPS ÉRABLE DANS LA MIRE DES CARICATURISTES DES
QUOTIDIENS QUÉBÉCOIS : TOURNER EN DÉRISION LA CONTESTATION
AVRIL 2016
Sommaire
Cet essai de maîtrise porte sur les représentations de la grève étudiante de
2012 aussi appelée Printemps érable. Plus spécifiquement, c’est à travers la caricature
que nous étudierons cet événement qui a marqué la société québécoise. La caricature
éditoriale appréciée, autant par les jeunes que les plus vieux, joue un rôle clé dans
notre démocratie. Elle peut faire rire, mais également façonner l’opinion publique. Il
s’agit d’un type de dessin, souvent une représentation militante, mais surtout
dénonciatrice (Maigret, 2012). La caricature vient porter un jugement critique afin de
ridiculiser ou dénoncer une situation faisant partie de l’actualité quotidienne.
Les caricatures au cœur de cette étude mettent en scène les différents acteurs
pendant la grève étudiante. Nous avons analysé 310 caricatures traitant de la grève
étudiante de 2012 provenant de cinq quotidiens québécois : le Journal de Montréal, le
Journal de Québec, La Presse, Le Devoir et The Gazette. Ces analyses identifiaient
les acteurs les plus représentés dans les caricatures et comment ? Quelles situations,
suivant la grille utilisée par Giroux et Charlton (2014), ont été privilégiées par les
caricaturistes? Nos analyses démontrent notamment que ce sont les intervenants
gouvernementaux, suivis de près par les manifestants, qui occupent les premiers rangs.
Enfin, parmi les événements du Printemps érable de 2012, ce sont les négociations,
iii
stratégies, coulisses et les débats politiques institutionnels qui sont davantage mis en
scène par les caricaturistes.
Table des matières Sommaire..............................................................................................................................iiTable des matières.............................................................................................................ivListe des figures....................................................................................................................vListe des tableaux................................................................................................................vRemerciements...................................................................................................................vi1. Introduction.....................................................................................................................1
La crise étudiante de 2012 ou le Printemps érable...............................................................2Quelques mots sur la crise étudiante et le carré rouge........................................................4Les racines de la crise étudiante...............................................................................................5Les écrits sur la crise étudiante : de nombreuses interprétations.....................................6Grève étudiante et usages des réseaux sociaux......................................................................8Grève étudiante et actions politiques....................................................................................10Grève étudiante et théorisations du conflit.........................................................................12Grève étudiante et couverture médiatique..........................................................................13Et qu’en est-il du discours des caricaturistes ?..................................................................15
2. Cadre théorique............................................................................................................16Humour et dérision...................................................................................................................17Caricature et politique.............................................................................................................19La caricature comme objet de recherche............................................................................20La caricature ou le dessin humoristique..............................................................................22Vers les caricatures de la grève étudiante...........................................................................23
3. Méthodologie.................................................................................................................25Présentation du corpus............................................................................................................26Grille d’analyse créée par Simon (2016)..............................................................................27Explication de la grille et procédure d’analyse..................................................................28
4. Résultats et discussion.................................................................................................33L’importance prise par les acteurs dans les caricatures par journaux........................34La représentation des acteurs dans l’ensemble des caricatures.....................................44Les thématiques contextuelles................................................................................................46Lesrapportsdepouvoir.......................................................................................................52L’utilisation de la culture populaire.....................................................................................55
Conclusion..........................................................................................................................60Références..........................................................................................................................65
v
Liste des figures FIGURE 1. CÔTÉ DANS LA PRESSE — AVRIL 2012 .......................................................... 3 FIGURE 2. BEAUDET DANS LE JOURNAL DE MONTRÉAL — MAI 2012 ............................ 28 FIGURE 3. CÔTÉ DANS LA PRESSE— MAI 2012 ............................................................. 31 FIGURE 4. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC — 2012 ......................................... 37 FIGURE 5. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC—2012 ........................................... 38 FIGURE 6. PHILIPPE DANS LA PRESSE — MAI 2012 ....................................................... 39 FIGURE 7. GARNOTTE DANS LE DEVOIR—MARS2012 .................................................. 41 FIGURE 8. AISLIN DANS THE GAZETTE—2012 ............................................................. 44 FIGURE 9. BEAUDET DANS LE JOURNAL DE MONTRÉAL — 2012 ................................... 45 FIGURE 10. CÔTÉ DANS LA PRESSE— MAI 2012 ........................................................... 49 FIGURE 11. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC— 2012 ....................................... 50 FIGURE 12. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC— 2012 ....................................... 51 FIGURE 13. GARNOTTE DANS LE DEVOIR—MAI 2012 .................................................. 52 FIGURE 14. CÔTÉ DANS LA PRESSE— AVRIL 2012 ....................................................... 54 FIGURE 15. CÔTÉ DANS LA PRESSE — MAI 2012 .......................................................... 55 FIGURE 16. PHILIPPE DANS LA PRESSE — MAI 2012 ..................................................... 56 FIGURE 17. PHILIPPE DANS LA PRESSE — JUIN 2012 .................................................... 57 FIGURE 18. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC — 2012 ....................................... 58 FIGURE 19. YGRECK DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC — 2012 ....................................... 63
Liste des tableaux TABLEAU 1. TYPES D’ACTEURS REPRÉSENTÉS DANS LE JOURNAL DE QUÉBEC ............. 35 TABLEAU 2. TYPES D’ACTEURS REPRÉSENTÉS DANS LE JOURNAL DE MONTRÉAL ......... 36 TABLEAU 3. TYPES D’ACTEURS REPRÉSENTÉS DANS LA PRESSE ................................... 40 TABLEAU 4. TYPES D’ACTEURS REPRÉSENTÉS DANS LE DEVOIR .................................. 42 TABLEAU 5. TYPES D’ACTEURS REPRÉSENTÉS DANS THE GAZETTE .............................. 43 TABLEAU 6. TYPES D’ACTEURS DANS LE CORPUS ........................................................ 46 TABLEAU 7. RÉPARTITION DES THÉMATIQUES CONTEXTUELLES .................................. 47 TABLEAU 8. LA PRÉSENCE DU RAPPORT DE POUVOIR PAR JOURNAUX .......................... 53
Remerciements Merci à la première personne qui a cru en moi et qui m’a dit « Oui, j’embarque! », la
professeure en communication sociale à l’UQTR et directrice de cet essai, Mireille
Lalancette. Elle a offert une supervision sans relâche tout au long de mon parcours.
Mireille : merci infiniment pour ta confiance, ton écoute ainsi que tes commentaires
plus que constructifs. Merci aussi à Yvon Laplante, professeur en communication
sociale à l’UQTR et co-correcteur de cet essai, tes conseils et tes commentaires ont
été enrichissants. D’autres personnes que je ne puis passer sous silence : Maxime,
Sofia, Catherine, Noémie et Ann-Julie pour ne nommer que ceux-ci. Vous avez
marqué mon cheminement et vous m’avez apporté un soutien colossal. Je tiens
également à remercier les différents membres du Groupe de recherche en
communication politique (GRCP) pour avoir poussé mes réflexions plus loin. Merci à
ma famille pour leur constante confiance dans mes projets les plus fous ainsi qu’à
Mao et Lénine pour leur tendresse (chats). Finalement, merci à Jonathan Larochelle,
un complice de tous les jours avec qui la persévérance et le dépassement n’ont aucune
limite.
1. Introduction
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La crise étudiante de 2012 ou le Printemps érable
La crise étudiante de 2012, aussi appelée « Printemps érable », a fait couler
beaucoup d’encre et a été au cœur de plusieurs discours médiatiques. Cette crise a débuté
lorsqu’une grève générale illimitée, regroupant, à la tête du mouvement, la Coalition large
de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), la Fédération
étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec
(FECQ), a été déclenchée en février 2012. Entre le début de cette grève et la fin de celle-ci
en août 2012, certaines manifestations ont mobilisé plus de 200 000 personnes dans les
rues des différentes régions du Québec; au moment le plus fort du conflit, en mars 2012,
jusqu’à 300 000 étudiants et étudiantes étaient en grève (La Presse canadienne, 2012).
Tout au long du Printemps érable, il y a eu des centaines de manifestations, de concerts de
casseroles, de piquets de grève ainsi qu’un nombre incalculable d’actions citoyennes
(Frappier, Poulin et Rioux, 2012). Ces associations contestaient plus spécifiquement la
décision du gouvernement libéral, dirigé par le premier ministre Jean Charest, de hausser
les droits de scolarité universitaire de 75 % sur une période de sur cinq ans, ce qui
signifiait une hausse de 1 625 $. Pour d’autres, dont la CLASSE, il s’agissait, d’un
mouvement plus large de contestation contre « un gouvernement affaibli par des
scandales de corruption ce qui suscitait le mécontentement d’une grande partie de la
population québécoise » (Nadeau-Dubois, 2013 : p. 49).
3
Au cœur de cet essai se retrouvent les représentations de la crise étudiante de 2012.
Plus spécifiquement, notre intérêt porte sur la manière dont les caricaturistes ont dépeint cet
événement. Tel qu’il est possible de le constater en regardant la caricature ci-dessous
(figure 1), Côté a illustré, en quelques traits, la présence d’un rapport de pouvoir dans un
contexte de négociation entre les leaders étudiants ainsi que le gouvernement. Il en sera
question, dans le cadre de cet essai, réalisé en vue de l’obtention d’un grade de maîtrise en
lettres (essai en communication sociale).
Figure 1. Côté dans La Presse — avril 2012
Dans un premier temps, en guise d’introduction, nous vous proposons un bref
historique du Printemps érable ainsi que les écrits de quelques auteurs du mouvement. Par la
suite, nous enchaînerons, avec notre cadre théorique, touchant plus précisément la caricature.
Notre grille d’analyse et nos méthodes de recherches seront expliquées davantage dans la
section méthodologie de cet essai. Celle-ci donnera la place à l’analyse de nos résultats et à
4
la discussion par rapport à ceux-ci. Finalement, nous vous présenterons une courte
conclusion.
Quelques mots sur la crise étudiante et le carré rouge
Il semble important de souligner que le Printemps érable était représenté par le
célèbre carré rouge et qu’il ne s’agit pas là du fruit du hasard. En 2005, Labrie soulignait,
dans un article publié dans Le Devoir, que c’est en 2004 que ce symbole est apparu dans le
paysage québécois pour la première fois. Plus spécifiquement, lors de la présentation du
collectif Pour un Québec sans pauvreté qui dénonçait le projet de loi 57, proposé par de la
Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale du Québec, et visant une
modification de l’aide sociale. Par la suite, il a été repris lors de la mobilisation étudiante de
2005 visant à critiquer les coupures de 103 M$ dans les prêts et bourses.
Labrie (2005) expliquait alors que le carré rouge est associé à une mobilisation
d’objection visant des politiques qui appauvrissent la population. Le carré rouge a donc été
pensé pour être réutilisé dans le cadre d’autres manifestations sociales (Labrie, 2005). Dans
le livre Carré rouge de Nadeau (2012), Kneale (2012) explique que « [l] e carré rouge va au-
delà de toute la violence et la connotation négative que le gouvernement Charest et ses
complices ont bien voulu lui donner. Le carré rouge est un symbole accessible et franc; il
incarne une lutte populaire qui ne fait que commencer » (p. 123). Le carré rouge est ainsi
envisagé comme « […] un symbole qui appartient à tout le monde et qui ne saurait être la
propriété exclusive de qui que ce soit. Sa force découle en effet de son partage massif »,
5
expliquent Chiasson-LeBel et Coutu (2012, p. 34). Selon ces auteurs, ce symbole avait la
qualité d’être non seulement facile à fabriquer et à partager, mais aussi la force de n’être la
propriété de personne, mais plutôt de la collectivité populaire. Finalement, nous pouvons
avancer que le symbole du carré rouge est né d’une lutte sociale et qu’il grandira au fil des
années à travers d’autres revendications.
Les racines de la crise étudiante
Le mouvement étudiant de 2012 n’est certainement pas le premier regroupement
social survenu dans l’histoire du Québec. Comme nous pouvons le retrouver dans le livre de
Simard (2013), les mouvements étudiants au Québec comptabilisent de nombreuses défaites,
mais affichent aussi de nombreuses victoires. Toujours selon le même auteur, trois moments
importants, au cours des vingt dernières années, ont marqué le mouvement étudiant. En 1996,
il a été question d’un dégel des droits de scolarité ; en 2005, d’une grève concernant le
changement de 103 millions de bourses en prêts dans le programme de l’Aide financière aux
études (AFE) ;enfin, en 20121, la grève étudiante contre la hausse des frais de scolarités,
imposée par le gouvernement libéral dirigé par Jean Charest.
1À noter que le livre de Simard (2013) ne couvre pas les événements ayant eu lieu après sa publication en 2013.
6
Les écrits sur la crise étudiante : de nombreuses interprétations
Nous pouvons affirmer qu’une grande partie de la population québécoise, peu importe
sa classe sociale, s’est sentie concernée par ce mouvement social de grande envergure. Au-
delà des acteurs de premier plan, ce sont les étudiants, le gouvernement, les familles, les
travailleurs et les personnes âgées qui ont pris position en faveur ou contre cette grève.
Plusieurs ont pris la plume afin de se prononcer au sujet de la grève étudiante. Certains
acteurs clés des événements ou universitaires ont écrit et publié des ouvrages à propos de la
grève étudiante de 2012. Chacun, à leur manière, ils cherchaient à donner un sens aux
événements. Ainsi, à l’intérieur de ces écrits, la crise étudiante a fait l’objet de plusieurs
interprétations.
Pour certains, il s’agissait d’« une lutte de classe afin de mieux contrer les inégalités
sociales de notre peuple québécois » (Frappier, Poulin et Rioux, 2012 : p.7). L’argument
stipulait que les résultats de ce changement, dans la tarification de l’éducation, pourraient
nuire à un certain nombre d’étudiants. En effet, selon St-Pierre et Éthier (2013), cette hausse
aurait un impact considérable sur l’accessibilité aux études, sur le surplus de travail chez les
étudiants pendant leurs études, en plus de favoriser l’endettement. Pour d’autres, le
Printemps érable amenait davantage une la réflexion d’une nouvelle construction de notre
société actuelle (Tremblay, Roche et Tremblay, 2015). Pour Giroux (2015), la grève
étudiante de 2012 constitue :
« un moment de (re) construction démocratique d’une citoyenneté prenant place dans une lutte sociale pour participer au développement de la société québécoise, où l’éducation est considérée comme un enjeu prioritaire » (p. 27).
7
Dans la lignée de Giroux (2015), Morin (2015) estime que le mouvement étudiant québécois
du Printemps érable a rapidement été perçu comme partie prenante d’actions collectives
d’envergures. Finalement, Gbenyo (2015) est d’avis que ce mouvement doit être inscrit
comme étant un élément d’un répertoire historique des mouvements sociaux de par
l’attention qu’il a retenue autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Québec.
Comme le mentionne Lamoureux (2013) dans son livre Le Trésor Perdu de La
Politique : Espace Public et Engagement Citoyen, certains commentateurs critiques de la
société ont utilisé la grève générale illimitée de 2012 afin de se déployer à l’intérieur du
débat public (p. 103). Elle ajoute que « pour la première fois depuis longtemps, des
intellectuel(le)s étaient dans la rue en masse. De la même façon, la rue devenait un espace
public de création et de réflexion et pas seulement d’action » (p. 103). Lamoureux (2013)
estime que l’une des traces importantes laissées par le mouvement étudiant de 2012 sur le
Québec :
« C’est l’aspiration à une autre forme de démocratie et à une autre façon de faire de la politique. [...] Comme le soulignait le Manifeste de la CLASSE, Nous sommes avenir “leur démocratie ne fonctionne que lorsque nous nous taisons” et il importe d’utiliser et d’élargir les espaces démocratiques dont nous disposons pour penser ailleurs » (p. 111).
Ainsi, pour elle, la grève a été l’occasion d’offrir une réflexion à propos de la société
québécoise et des pratiques démocratiques de manière plus large.
Par ailleurs, en raison de l’importance prise par la grève étudiante de 2012 au Québec,
de nombreux universitaires se sont intéressés au phénomène. Les chercheurs issus de la
sociologie, de la science politique, de l’anthropologie et de la communication (pour ne
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nommer que ces domaines) ont porté leur attention sur différents aspects du phénomène des
modalités de regroupement et des messages véhiculés par la couverture médiatique. La grève
étudiante et ses différentes composantes sont devenues objets de recherche. Il en sera
question dans la prochaine section de cet essai. Nous présenterons, tour à tour, certaines
recherches sur les usages des réseaux sociaux, les actions politiques, les théorisations du
conflit et la couverture médiatique. Cela nous permettra d’illustrer la pertinence sociale et
scientifique de notre questionnement à propos des caricatures politiques de la grève étudiante
et des représentations des thématiques contextuelles qu’elles offrent.
Grève étudiante et usages des réseaux sociaux
Au fil de nos lectures, nous avons constaté que les réseaux sociaux ont joué un rôle
plus qu’important dans la transmission d’informations. Dans une étude commandée par le
Centre d’études sur les médias, les auteurs Gallant, Latzko-Toth et Pastinelli (2015) étudient
la circulation de l’information à travers les médias sociaux. L’objectif principal de cette
recherche était de comprendre comment les jeunes ont utilisé Facebook pour s’informer,
discuter entre eux et de se façonner une opinion personnelle des événements. Ils ont utilisé
une méthode hybride, soit en jumelant des entretiens semi-dirigés avec des visites de
l’historique de leur page Facebook. Les chercheurs ont constaté qu’il existe deux types
d’usagers sur les réseaux sociaux; les jeunes scolarisés et les répondants avec des niveaux
d’éducation moindres. Toutefois, ils soulignent que les activités des individus sur les
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réseaux sociaux ne correspondent pas nécessairement à la polarisation ni à son degré
d’intérêt envers l’actualité en général mais, plus spécifiquement, celle du Printemps érable.
Charles (2013), quant à lui, offre une réflexion philosophique sur l’utilisation des
réseaux sociaux comme instruments de contestation du pouvoir politique. Selon lui, le
phénomène du Printemps érable québécois n’est pas sans lien avec les mouvements de
contestation récents au Brésil et en Ukraine lesquels ont tablé sur la fonction des réseaux
sociaux. Il s’intéresse également aux argumentaires ainsi qu’au discours que les étudiants
ont tenu lors de ses événements. « Dans cette perspective, l’hypothèse que je voudrais
défendre ici c’est celle qui consiste à dire que les grandes revendications étudiantes du
Printemps érable ne peuvent être comprises sans recours aux logiques propres à internet
[...] » (Charles, 2013, p. 4). Ces logiques de l’Internet seraient les mêmes qui sont reliées
à la cause estudiantine à l’intérieur d’un jeu politique, telle la logique fondée sur la bonne foi,
l’égalité, ainsi que le respect mutuel.
Proulx, Millette, et Millette (2012) se questionnent, quant à eux, sur l’impact de
l’essor des réseaux sociaux comme outils de mobilisation lors d’action collective. Selon ces
chercheurs, cet outil permet à une personne d’obtenir une initiative propre et une résonance
collective, ce qui conduit la contestation citoyenne à se dynamiser. Afin de contribuer aux
premières analyses du Printemps érable, les auteurs ont décrit les réseaux sociaux, à
l’intérieur de leur texte commun, comme un outil d’émergence pour plusieurs actions
collectives, Hashtags et casseroles : De l’auto-organisation du mouvement social étudiant
(2012). Par ailleurs, Lalancette, Raynauld, et Tourigny-Koné (2015a, 2015 b) ont, à travers
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diverses publications communes, étudié les usages du média social Twitter lors de la grève
étudiante. La première étude démontre que les utilisateurs du #ggi comptaient sur les médias
et les journalistes afin de partager de l’information. Leur seconde publication a examiné le
rôle de la plateforme sociale Twitter pendant les protestations étudiantes de 2012 en
effectuant une analyse de contenu qualitative et quantitative des tweets comprenant le #ggi.
Ces auteurs démontrent que Twitter n’a pas offert la révolution attendue par plusieurs. Il
s’agit seulement d’un réseau à travers lequel les citoyens créent des interactions. Toutefois,
ces chercheurs sont d’avis que les réseaux sociaux ont été adoptés par les Québécois comme
étant une source d’information plus que comme une source de mobilisation.
Grève étudiante et actions politiques
Les travaux des chercheurs ont aussi porté sur les actions politiques de la grève
étudiante. Dans Un printemps rouge et noir, sous la direction de Ancelovici et Dupuis-Déri
(2014), on présente la réflexion sous trois grandes thématiques : la démocratie en action, la
communication et la création ainsi que les réactions institutionnelles. Dans chacune de ces
parties de l’ouvrage, plusieurs auteurs ont analysé, avec des regards spécifiques, les
répertoires d’actions politiques découlant de ce mouvement étudiant. Il a été question des
origines du syndicalisme étudiant, des manifestations de casseroles et des assemblées
populaires autonomes de quartier (APAQ), des modes de fonctionnement de la démocratie
étudiante, des enjeux féministes, des réactions des partis politiques, du rôle des médias
sociaux ainsi que de la littérature et de l’art. Les différents auteurs de ce collectif ont basé
11
leurs écrits sur des analyses de discours, des entretiens semi-dirigés ainsi que des
observations participatives. Ils en viennent tous à la conclusion qu’il ne s’agit pas de trouver
le gagnant de ce mouvement, mais bien d’en arriver à une compréhension de cet éveil
politique de la population dans l’histoire du Québec. Il convient alors de se demander
quelles actions seront mises de l’avant dans les caricatures du mouvement qui nous intéresse
ici. Nous y reviendrons plus loin dans cet essai.
Même si les études de Grossman et Saurugger (2006) ne portent pas sur la grève
étudiante, elles se rapprochent davantage de ce que nous cherchons à comprendre dans cet
essai. L’ouvrage de Grossman et Saurugger (2006) s’interroge sur le rôle des groupes
d’intérêt dans un contexte de transformation des types de politique ainsi que leur contribution
au renouvellement du contrôle de la démocratie. Est-ce que les groupes d’intérêt viennent au
secours de la démocratie? Afin de répondre à cette question, les auteurs analysent les modes
de participation des acteurs dans un système politique à travers les rôles de médiation des
intérêts dans un contexte de gouvernance. Selon nous, cette analyse se concentre sur les
représentations des individus dans un contexte spécifique à l’intérieur de différents groupes
d’intérêt. Dans le cas de la grève étudiante de 2012, nous nous intéressons à la
compréhension des représentations des rapports du pouvoir des différents acteurs rattachés à
leurs différents groupes d’intérêt. Il est aussi intéressant de savoir comment un mouvement
social peut influencer, d’une manière ou d’une autre, les représentations des acteurs des
caricatures.
12
Grève étudiante et théorisations du conflit
Dans cette section, nous reprendrons différents auteurs qui se sont penchés de façon
théorique sur les différents aspects du Printemps érable. Dans leur article, Dufour, et Savoie
(2014) utilisent le conflit étudiant de 2012 pour montrer comment les mouvements sociaux
changent le politique. « Le politique est entendu ici comme l’ensemble des règles et
pratiques individuelles et collectives qui régissent les relations entre les acteurs à propos du
gouvernement de la communauté » (Dufour et Savoie, 2014, p. 1). Cette étude démontre
d’abord de quelle manière les contextes institutionnels et politiques ont une influence sur le
contenu, la forme, la durée ainsi et l’efficacité d’une mobilisation. « Dans une période de
forte turbulence sociale, les règles du jeu politique sont temporairement modifiées et de
nouvelles pratiques peuvent se mettre en place, créant de nouvelles dynamiques entre les
acteurs et les actions » avancent Dufour et Savoie (2014 p. 4). C’est dans une telle
perspective que les auteurs s’intéressent plus particulièrement à ce moment de turbulence
afin de justifier comment un mouvement social change le politique. Les auteurs nous
proposent une réflexion davantage théorique à propos de l’action politique.
Enfin, plusieurs chercheurs de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS),
Bhéreur-Lagounaris, Boudreau, Carlier, Labrie et Ribeiro (2015) ont produit une recherche
intitulée : Trajectoires printanières : Jeunes et mobilisation politique à Montréal. Ils se sont
penchés sur le rapport au temps, à l’affectivité et à l’espace des jeunes qui ont pris part aux
événements du Printemps érable de 2012. Ils ont fait ressortir trois types d’impacts dans le
processus politique : 1) le leadership dans la mobilisation politique, 2) la planification et la
13
stratégie dans l’action politique, et 3) l’idéologie et les motifs de l’engagement politique
(p. 5).
Grève étudiante et couverture médiatique
Enfin, les travaux qui ont retenu davantage notre attention portant sur la couverture
médiatique du conflit. Celle-ci a généré plusieurs recherches qui ont notamment porté sur le
traitement journalistique de la crise étudiante. En regard de la couverture médiatique, des
groupes d’auteurs ont fait du conflit étudiant leur sujet d’étude. D’abord, Carbonneau et
Desrochers (2013) ont basé leur réflexion sur le rôle de la polarisation des médias dans le
cadre du conflit étudiant québécois de 2012. À travers les quotidiens montréalais, les auteurs
analysent comment leurs journalistes traitent l’information afin d’en ressortir leur
contribution dans la polarisation sociale. Ils se questionnent si les journalistes ont fait une
couverture objective ou bien subjective des différents évènements. Ils concluent que la
majorité des articles présentent les événements plutôt anecdotiques et non thématiques.
Avec cette étude, le CEM confirme son hypothèse que Le Devoir a eu une couverture
favorable aux étudiants, tandis que celle de La Presse, The Gazette et Le Journal de
Montréal leur a été défavorable. Dans une optique apparentée, Sauvageau et Thibault (2013)
se sont questionnés à propos de la véracité de l’information transmise à la population à
l’intérieur des médias québécois. Dans une optique similaire, Giroux et Charlton (2014a) ont
analysé le pourcentage d’espace consacré à la crise étudiante et au contenu rédactionnel des
journalistes, chroniqueurs, éditorialistes ou auteurs de textes d’opinion dans les quatre
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quotidiens payants de la région de Montréal, soit : Le Devoir, La Presse, The Gazette ainsi
que Le Journal de Montréal. Ils ont analysé la couverture selon son genre, les enjeux de
fond, les thèmes et tenté de faire ressortir quels textes étaient favorables ou défavorables à la
grève. Leurs analyses mettent de l’avant l’espace accordé par les diffuseurs et l’utilisation
qu’on fait des différents genres journalistiques, les dimensions couvertes, les sujets abordés
de même que les unités orientées. Les auteurs mentionnent en conclusion que
« L’affrontement qui a opposé le gouvernement et les étudiants sur la question des frais de
scolarité est sans conteste l’événement qui a retenu le plus l’attention des Québécois et de
leurs médias depuis de très nombreuses années » (Giroux et Charlton, 2014a). Tout d’abord,
les auteurs en arrivent à la conclusion que l’affrontement représente 31 % de la couverture
des quatre journaux. La part la plus importante du contenu rédactionnel a été consacrée par
le Devoir. Ce journal ouvre plus largement ses pages à la rédaction de textes d’experts ou de
lecteurs.
Du point de vue de l’analyse médiatique, le Centre d’études sur les médias (CEM) a
dirigé plusieurs recherches médiatiques sur le mouvement étudiant de 2012. Il a tout d’abord
publié un rapport d’analyse sur le traitement de l’information par les quotidiens montréalais
(Giroux et Charlton, 2014a). Il a poursuivi sa recherche avec une analyse portant sur
l’information, mais cette fois-ci, télévisée (Giroux et Charlton, 2014 b). Ensuite, il a étudié la
perception des Québécois sur le rôle joué par les médias (Lemieux, 2014). Finalement, le
dernier rapport du CEM se questionne sur la bonne compréhension des citoyens envers
l’information véhiculée par les médias (Sauvageau et Thibault, 2014). Ces différents rapports
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mettent de l’avant la couverture médiatique sous différentes formes pendant le Printemps
érable. Plus spécifiquement, l’ensemble de leur analyse a été effectué à la suite de plusieurs
plaintes des étudiants et des manifestants. Celles-ci portaient sur les points de vue des médias
qui auraient été préjudiciables à leurs actions. Les différentes recherches du Centre d’étude
sur les médias ont démontré que le point de vue des étudiants n’était pas fondé puisqu’il en
arrive à la conclusion que le traitement médiatique était davantage défavorable envers le
gouvernement du Parti libéral du Québec qu’envers le mouvement étudiant.
Et qu’en est-il du discours des caricaturistes ?
Nous nous inscrivons dans la lignée de ces auteurs, notamment en raison de la
manière dont l’information a été traitée lors de ces évènements par les intervenants de la
presse. Toutefois, nous nous intéressons davantage aux caricatures parues dans la presse
écrite québécoise lors du Printemps érable. Pour le moment, nous précisons que notre regard
portera sur la caricature politique présentée dans les médias durant les évènements de 2012.
À notre connaissance, aucune étude n’a porté sur cet aspect de médiatisation de la crise.
Avant d’aller plus loin, il semble important de préciser ce que nous entendons par caricature.
Aussi, au cours de la prochaine section de cet essai, nous élaborerons davantage sur les
représentations dérisoires et humoristiques présentes dans la caricature. En définissant nos
deux derniers concepts, nous pourrons offrir une meilleure compréhension des
représentations dans les caricatures. Nous poursuivrons avec la description de notre corpus
et de notre grille d’analyse.
2. Cadre théorique
17
Après avoir présenté les auteurs ayant utilisé le mouvement étudiant de 2012
comme objet de recherche et afin de poursuivre dans cette revue de littérature, il est
important d’aborder les concepts qui alimentent notre recherche. Dans cette section,
nous définirons les concepts suivants : l’humour et la dérision, la caricature politique.
Humour et dérision
Avant toute chose, il est important de qualifier ce qu’est l’humour en soi. Pour
Minois (2000), la première qualité de l’humour, c’est précisément d’échapper à toute
définition, d’être insaisissable, comme un esprit qui passe. Selon cet auteur, c’est aussi
grâce à l’humour que le rire se produit comme un phénomène communicatif et qui nous
pousse à renforcer les liens sociaux. Le rire est déclenché dépendamment des
expériences personnelles ou bien de notre culture. Le rire a aujourd’hui évolué en
plusieurs dérivés et, d’après Minois (2000), devient la puissance d’une société instruite.
Mercier (2001) explique dans le livre Dérision — Contestation (dirigé par Dominique
Wolton), que le rire est envisagé comme une arme sociale associée à la victoire : « Rira
bien qui rira le dernier ». Il ajoute qu’aujourd’hui, la dérision semble être devenue une
valeur, un ton qu’il convient d’adopter, pour montrer « qu’on ne se prend pas trop au
sérieux » (Mercier, 2001, p. 9). Selon sa collègue Feuerhahn (2001), l’évocation de la
dérision peut nous permettre de nous questionner sur les échanges sociaux.
18
Ainsi, l’ajout du grotesque, dans nos représentations des hommes politiques au sein des
médias, nous force à revoir les rapports de pouvoir.
Dans un même ordre d’idée, tous les caricaturistes composent à partir d’un
traitement des attributs et des perceptions du corps humain. Selon Feuerhahn (2001), la
dérision utilise très efficacement les stéréotypes sociaux dont on sait quel dérivatif ils
sont des états de tensions ou quels symboles de solidarité ils opposent vis-à-vis d’un
groupe rival (p. 193).
Le collectif de Wolton (2001), nous permet d’obtenir une vision globale de la
dérision sous toutes ses formes en intégrant la pensée de plusieurs chercheurs. Ainsi,
nous y apprenons que la dérision en elle-même est un dérivé du rire qui intègre un aspect
de contestation de la part de son auteur. Plus spécifiquement, selon Mercier (2001), la
dérision porte en elle une dimension de contestation, de remise en cause de l’ordre établi
ou des principes largement acceptés dans une société ou dans un groupe. Utiliser la
dérision comme outil de dépassement et de libération est aussi l’une des définitions
données par Mercier (2001). Cet auteur explique que :
« [l]e recours à la dérision permet de dépasser ou pour dire mieux de contourner cette censure, de faire triompher le moi et le principe de plaisir, en en appelant à un plaisir de transgression tolérable. Tourner en dérision et en rire et le moyen de libérer cette agressivité contenue, réfrénée, inexprimable autrement » (Mercier, 2001, p. 11).
La dérision amène ainsi à envisager la politique autrement. Nous partageons cet avis. Ce
n’est toutefois pas par hasard que les différents politiciens ou personnages publics
19
deviennent des sujets de caricatures que celles-ci soient éditoriales, journalistiques ou
mises en scène dans des sketches d’humour.
« Les liens entre la dérision et les pouvoirs sociaux ou politiques relèvent ainsi d’une dialectique entre contestation et régulation. La dérision sociopolitique suit les mêmes logiques que le carnaval en son temps, elle assure un renversement symbolique et temporaire de l’ordre politique, elle possède des vertus révolutionnaires et indéniables » (Mercier, 2001, p.10).
La caricature et la dérision vont ainsi souvent de pair. La caricature tourne en dérision
les acteurs politiques tel que souligné par Mercier (2001) dans la citation ci-devant.
Nous développerons davantage la caricature politique dans la prochaine section de cet
essai.
Caricature et politique
La caricature est un dessin qui suggère une critique de notre société, d’un
individu, ou d’un évènement. Pour Maigret (2012), ce type de dessin est souvent une
représentation militante, mais surtout dénonciatrice. Elle vient porter un jugement
critique afin de ridiculiser ou dénoncer une situation faisant partie de l’actualité
quotidienne. Selon Le Bart (1998), la caricature propose une « construction sociale des
objets […] et prend la forme dominante d’une mise en discours » (p. 6). La pensée
partagée se veut dérangeante, combative et provocatrice de l’actualité politique et
sociale.
20
Pour leur part, dans le livre Histoire de la caricature au Québec, Aird, et
Falardeau (2009) discutent de la caricature comme étant un art, souvent satirique,
primordial dans notre démocratie; un art nous permettant une pleine liberté d’expression
(p. 7). Duprat (2001), quant à elle, estime que la caricature politique saisit parfaitement
des moments que les gens concernés préféreraient passer aux oubliettes. La caricature
est, pour elle, « un art de l’éphémère, qui se saisissant d’un instant, d’une parole, d’un
évènement, souvent anodin et promis à l’oubli, les transforment parfois en temps fort de
notre histoire » (Duprat, 2001, p. 29). Dans cette ligne d’idées, Tremblay et Bélanger
(1997) avancent que la caricature à saveur politique sert à influencer les différentes
opinions de la population, voire changer leurs idéaux ainsi que leur façon de comprendre
la politique. Cette proposition est d’autant plus importante que ces auteures ont étudié
les représentations des leaders politiques masculins et féminins lors de différentes
campagnes électorales. Minois (2000) ajoute que la caricature sert à ressortir la réalité
psychologique des personnages ainsi que leur « expressivité grotesque » (p. 442). La
caricature, telle que nous l’avons présentée, nous apparaît ainsi comme un objet de
recherche riche afin d’analyser un évènement politique comme celui de la crise étudiante
québécoise de 2012.
La caricature comme objet de recherche
Depuis plusieurs années, différents chercheurs utilisent la caricature comme objet
de recherche afin de mieux comprendre comment les évènements sont représentés par
21
les dessinateurs de la presse, mais aussi de quelle façon la caricature présente les acteurs
politiques. Nous offrons ici quelques exemples afin d’illustrer nos propos. Dans un
premier temps, mentionnons les travaux de Brisson (2000) qui a étudié les différentes
caricatures publiées dans les médias francophones et anglophones afin de faire ressortir
les représentations de la Crise d’Oka. Il structure son ouvrage en trois axes de lecture;
l’image du pouvoir et des institutions, la perception de l’Autre, et le spectacle
médiatique. Chacun de ces axes lui permettra d’offrir une analyse comparative constante
entre les discours et les motivations de son corpus anglophone et francophone.
Coulon (2002) a aussi fait de la caricature son objet de recherche. Dans son étude, à
l’aide de trois caricatures elle illustre l’évolution des représentations publiées dans le
journal Le Monde afin de refléter des évènements distincts du conflit israélo-arabe entre
les années 1967 et 1982. Selon cette chercheure, la caricature sert à la formation de
l’opinion publique, et ce, pour trois raisons. Premièrement, « sa forme particulière. Un
dessin, inséré dans une pleine page d’écriture, attire immédiatement l’œil du lecteur »,
ensuite, « l’utilisation de symboles, inscrits dans une culture spécifique, permet
d’identifier sans les nommer les principaux personnages » et finalement, « le message,
exprimé directement dans le dessin, doit être clair et simple — mais pas nécessairement
simpliste — pour être compris du plus grand nombre » (Coulon, 2002, p. 140). Dans une
optique apparentée, Tremblay et Bélanger (1997) cherchent, tel qu’évoqué ci-devant, à
mieux comprendre les représentations des femmes politiques à travers les médias, cette
fois-ci, à travers les caricatures des femmes-chefs des partis politiques fédéraux lors de
22
la campagne électorale de 1993. Enfin, Drouin et Lalancette (à paraître) réactualisent
cette étude en étudiant les représentations des acteurs politiques en campagne électorale.
Cette étude Se faire tirer le portrait : représentation des acteurs politiques en contexte de
campagne électorale paraît dans l’ouvrage Médias et société dirigé par Jason Luckerhoff
et Stéphane Perreault. Il ne s’agit là que d’un bref aperçu d’études ayant utilisé la
caricature comme objet de recherche.
La caricature ou le dessin humoristique
Aird, et Falardeau (2009) fournissent une description plus complète de la
caricature éditoriale en incluant dans leur définition une dimension davantage sociale. Ils
la définissent comme suit :
« […] à savoir un dessin humoristique publié dans un journal et ironisant sur le monde politique ou social. Le mot caricature est tiré du mot italien caricare, chargé, exagéré. Ce terme peut désigner toute satire graphique, ou, dans un sens restreint, le portrait-charge et la satire de l’actualité politique » (p. 8).
Nous conservons cette définition pour notre travail. Retenons également qu’une
caricature est souvent perçue comme la transmission d’un message, l’apport du discours
de la société venant des différents dessinateurs. Selon Duprat (2001), ces messages
doivent faire appel à certaines références, à une grammaire du dessin satirique afin de
permettre la compréhension d’autrui. Cette chercheure explique :
« […] pour comprendre la saveur du dessin, il faut connaître les circonstances de sa création. Les signes iconographiques renvoient à une culture commune, qui a cependant pu varier avec les époques. Ainsi, le
23
vocabulaire graphique mis en œuvre par la caricature est-il d’autant plus efficace qu’il est lisible et compréhensible directement, sans grand détour par une culture politique, historique ou iconographique savante » (Duprat, 2001, p. 27).
Selon cette chercheure, il est primordial d’utiliser un registre facile à transposer
et à comprendre pour chacun des individus la consommant. La caricature doit être facile
à comprendre pour tous avec leurs référents culturels pas toujours les mêmes.
Vers les caricatures de la grève étudiante
À la suite de cette revue de la littérature, nous pouvons alors affirmer que la
caricature n’a pas été utilisée afin d’étudier les représentations des différents acteurs du
mouvement étudiant de 2012. Autrement dit, on a été porté peu d’attention vers un autre
type de discours médiatiques à propos de la crise étudiante : celui des caricaturistes.
Pourtant, tel que nous le verrons, leur regard sur la crise semble riche et mérite de s’y
attarder plus en profondeur. Dans leur rapport de recherche, Giroux et Charlton (2014),
n’incorporent pas la caricature parmi les genres journalistiques choisis. Ceux-ci sont : la
nouvelle, le portrait, l’entrevue, l’analyse, la chronique et la lettre d’opinion. Nos
résultats d’analyses permettront d’ajouter à leurs travaux à propos de la grève étudiante
de 2012.
Les questions qui sont au cœur de cet essai sont : Qui sont les acteurs représentés
dans les caricatures au sujet de la grève étudiante dans les quotidiens : le Journal de
Montréal, le Journal de Québec, La Presse, Le devoir ainsi que The Gazette? Quelles
24
sont les thématiques contextuelles représentées suivant la typologie de Giroux et
Charlton (2014)?
Avant d’aller plus loin, nous préciserons notre méthodologie. Ce chapitre sera
suivi de la présentation et la discussion de nos résultats de recherche.
3. Méthodologie
26
Présentation du corpus
Afin de répondre aux questions présentées précédemment, nous avons choisi de
nous pencher sur les caricaturistes tels que Ygreck, Beaudet, Garnotte, Aislin, Côté, Bado
ainsi que Philippe provenant distinctivement des quotidiens québécois suivants : Le
Journal de Montréal, Le Journal de Québec, le Devoir, The Gazette ainsi que La Presse.
Ceux-ci ont été retenus puisque leurs caricaturistes ont tous traité abondamment de la
grève étudiante. Ces quotidiens sont tous basés dans la grande région de Montréal, ville
où la majorité des évènements se sont déroulés. Précisions que notre corpus a été
constitué dans le cadre d’un précédent projet de recherche par notre directrice de
recherche Mireille Lalancette. Les dessins apparaissant dans The Gazette nous ont été
acheminés sur CD par leur créateur, Terry « Aislin » Mosher. Ce dernier répondait ainsi à
une demande formulée par courrier électronique de notre part. Au total, notre corpus est
composé de 310 caricatures provenant des cinq quotidiens mentionnés précédemment.
Selon une grille de codage expliquée plus loin, nous avons analysé dans un
premier temps la présence des types d’acteurs. Par la suite, nous avons étudié la présence
d’un rapport de pouvoir entre les acteurs. Finalement, nous avons repris la typologie des
thématiques contextuelles abordées pendant la grève dans les médias afin d’identifier
celles qui sont les plus importantes dans les caricatures.
27
Notre analyse a été effectuée sous une approche hypothético-déductive puisqu’elle
évoluera selon une grille que nous avons créée à l’aide de différents indicateurs présents
dans notre question de recherche. Cette analyse est descriptive et quantitative, puisque
nous avons utilisé les récurrences quantitatives afin de dresser un portrait des
représentations des acteurs dans ces caricatures. Nous avons utilisé aussi les descriptions
qualitatives pour expliquer les différentes significations de ces caricatures.
Grille d’analyse créée par Simon (2016)
Prenons appui sur la caricature du Journal de Montréal (Figure 2) ci-dessous afin
d’expliquer le fonctionnement de la grille que nous avons développée. Cette grille nous
permet entre autres de mettre en lumière le caractère hiérarchique et inégal du processus
de négociation tout au long du mouvement étudiant. Celle-ci nous permet également de
mettre à jour la présence d’un rapport de pouvoir ainsi que la représentation d’un
processus de négociation. Par exemple, le caricaturiste Beaudet (Figure 2) met de l’avant
la présence d’un rapport de pouvoir lors d’un processus de négociation. De retour à la
table des négociations, madame Michelle Courchesne, présidente du Conseil du Trésor,
représentant le Gouvernement (acteur #1) est ici dessinée en taille réelle. Les
représentants des différentes associations étudiantes (acteur #2) sont beaucoup plus petits
au bout d’une longue table. La présence d’un rapport de pouvoir est perçue par la
présence d’un haut-parleur dans les mains de la ministre Courchesne. Les paroles en
bulles « Si vous m’entendez, donnez un coup de casserole! », à quoi les représentants
28
étudiants répondent par un « Tong! » nous fait comprendre que les actions se trouvent
présentement dans un processus de négociation. La caricature témoigne également de la
distance hiérarchique entre les différents intervenants ainsi que leurs difficultés de
communication.
Figure2.BeaudetdansleJournaldeMontréal—mai2012
Explication de la grille et procédure d’analyse
Notre grille d’analyse a été inspirée des différents indicateurs qui découlent de
notre recherche. Qui sont les types d’acteurs présentés dans les caricatures? À l’intérieur
de chacune de celles-ci, nous noterons qui sont les principaux acteurs : les leaders
étudiants, les intervenants gouvernementaux, les manifestants, les mascottes, la police, les
citoyens, les personnalités politiques ainsi que les organisations et les corporations. Nous
avons aussi ajouté une catégorie autre.
Gabriel Nadeau-Dubois, Martine Desjardins et Léo Bureau-Blouin représentent
toujours les leaders étudiants. Ceux-ci sont généralement faciles à reconnaître. Par
29
intervenants gouvernementaux, nous entendons les différents acteurs faisant partie du
pouvoir, donc le Parti libéral du Québec. Nous considérons comme manifestants des
personnes ayant des signes distinctifs tels que des pancartes, des carrés rouges ou tout
élément ayant trait à une manifestation. Les mascottes sont par exemple Anarchopanda.
L’acteur policier est représenté par tout intervenant des forces policières pendant les
événements. Nous considérons les citoyens comme toute personne n’ayant pas les traits
spécifiques de l’acteur manifestant, comme étant des personnes en dehors du conflit. Pour
notre analyse, nous avons considéré les maires, les députés des partis d’opposition et les
leaders d’opinion comme étant des personnalités politiques. Les organisations et les
corporations sont par exemple le Grand Prix de Montréal, les syndicats ou les différents
conglomérats des médias. Finalement, le système d’éducation représente, entre autres, les
enseignants et les opinions émanant des institutions d’enseignement. Les acteurs seront
déterminés soit par leur simple présence dans l’image ou une représentation d’objets ou
d’écriture les concernant, comme un carré rouge pour faire valoir la présence des
manifestants.
Finalement, nous avons repris les 17 thématiques contextuelles de Giroux et
Charlton (2014) afin d’identifier de quoi ont le plus parlé les caricatures de la grève
étudiante. Cette grille provient d’un rapport de recherche du Centre d’études sur les
médias. Ces auteurs ont fait une analyse du traitement du conflit par la presse quotidienne
des différents journaux de la région de Montréal. Leurs catégories sont les suivantes :1)
l’aspect individuel du financement, 2) l’aspect légal et judiciaire, 3) la couverture
30
médiatique, 4) les débats politiques institutionnels, 5) les débats politiques et sociaux, 6)
les finances publiques et institutionnelles, 7) la gestion et qualité de l’enseignement, 8)
l’impact des grèves et manifestations, 9) les lois spéciales, 10) les manifestations et
moyens de pression, 11) le mouvement de grève, 12) les négociations, stratégies et
coulisses, 13) les prises de position et sorties publiques de tiers, 14) les sondages et
opinions publiques, 15) le travail policier, 16) la vie personnelle des leaders étudiants ou
des membres du gouvernement ainsi que 17) la violence, menaces et vandalisme. Par
ailleurs, mentionnons que les différentes thématiques étaient très bien décrites par Giroux
et Charlton (2014) dans leur rapport. Nous avons repris ces définitions pour réaliser nos
analyses. Ici encore, c’est la présence d’une seule thématique qui a été codée. Soulignons
enfin que ces thèmes retenus sont envisagés comme étant mutuellement exclusifs.
Comme plusieurs thématiques peuvent être présentes dans une même caricature.
Toutefois, nous avons seulement traité de la thématique représentée de façon dominante
par rapport à l’autre. Pensons ici par exemple, aux négociations ou aux manifestations. Il
est possible que l’on représente à la fois le déroulement d’une manifestation ainsi que le
travail du policier qui entoure celle-ci. Nous illustrerons dans les lignes suivantes notre
manière de procéder.
31
Figure3.CôtédansLaPresse—mai2012
Tels que présentées dans cette caricature de Côté (figure 3), les thématiques
contextuelles font référence au travail des policiers puisqu’elles traitent du rôle de la
police, de son travail ou des interventions policières, mais font aussi référence à la
thématique relevant de l’impact des grèves et des manifestations. Toutefois, il est ici
assez clair que le travail des policiers est représenté de façon plus significative que la
deuxième thématique contextuelle.
Les analyses de l’ensemble de notre corpus ont été effectuées par une seule
personne, toutefois, la conception de la grille a été soumise à des discussions avec la
direction de la recherche ainsi qu’une collègue de travail. Puisque la présence du rapport
de pouvoir entre deux acteurs peut être souscrit à l’interprétation de chacun, nous avons
procédé à un accord inter juge avec une collègue pour en arriver à un consensus de 100 %.
32
Les résultats de ces analyses seront présentés dans la prochaine partie de cet essai.
Lors de la présentation de nos résultats, nous utiliserons certaines caricatures pour
illustrer nos propos et ainsi interpréter nos résultats.
4. Résultats et discussion
34
Dans cette partie de notre essai, nous présentons les résultats de nos analyses.
Bien qu’il ne soit pas impératif qu’un essai contienne la divulgation des résultats ainsi
qu’une discussion à propos de ceux-ci, il nous semble pertinent et nécessaire de partager
les résultats de cette étude. À la suite de ceux-ci, nous enchaînerons avec une courte
discussion en lien avec les résultats que nous avons obtenus à l’intérieur de nos analyses.
L’importance prise par les acteurs dans les caricatures par journaux Dans un premier temps, nous avons calculé les récurrences de chacun des acteurs
en distinguant leur présence selon les différents quotidiens retenus pour notre recherche.
Ceux-ci seront présentés dans le même ordre que nous utilisons tout au long de cette
recherche. Tout d’abord, dans le tableau 1, nous ferons ressortir les résultats du Journal
de Québec, dans le tableau 2, le Journal de Montréal, dans le tableau 3, La Presse, dans
le tableau 4, le Devoir et finalement dans le tableau 5, le quotidien the Gazette.
Dans le Journal de Québec, c’est l’acteur militant (21,7 %) qui est représenté de
façon plus importante. Celui-ci est suivi de près par les intervenants gouvernementaux
(21 %) ainsi que les personnalités politiques (17,4 %). Étonnamment, les leaders
étudiants arrivent seulement en quatrième position avec 12,3 % des représentations.
35
Tableau1.Typesd’acteursreprésentésdansleJournaldeQuébec
Tel qu’illustré dans le tableau 2, le Journal de Montréal comprend quant à lui un
taux de représentation plus élevé de l’acteur manifestant (21,7 %). Tout comme le
Journal de Québec, ce sont les intervenants gouvernementaux (34,3 %) qui arrivent
en deuxième place. Par la suite, les leaders étudiants, les personnalités politiques ainsi
que les organisations et les corporations sont représentés de façon similaire (13,3 %)
par le caricaturiste du Journal de Montréal, Beaudet.
36
Tableau2.Typesd’acteursreprésentésdansleJournaldeMontréal
On retrouve donc des similarités dans le traitement quantitatif de la grève
étudiante dans les journaux de Québecor. Qualitativement, ce sont les militants qui
sont dépeints de manière négative alors qu’ils cassent, brisent, et manifestent. Tandis
que les intervenants gouvernementaux sont représentés majoritairement de façon
positive et en contrôle par rapport aux représentants étudiants. La caricature (figure 4)
montre bien que les intervenants gouvernementaux, ici représentés par Jean Charest,
sont en contrôle des négociations en exigeant un changement de ton de la part des
leaders étudiants. Nous pourrions ici percevoir pratiquement une relation entre un
père et ses enfants.
37
Figure4.YgreckdansleJournaldeQuébec—2012
Les personnalités politiques, ministres ainsi que les organisations et les
corporations, sont à l’avant-scène et sont davantage dépeints de façon positive
comparativement aux leaders étudiants qui sont à l’arrière-scène et souvent ridiculisés
dans leurs actions. Il s’agit probablement d’une manière détournée de mettre l’accent, par
la caricature éditoriale, sur un discours patronal tout en minimisant le discours et les
revendications des étudiants. Ces derniers étant souvent représentés comme des enfants,
des étudiants « enfants rois » nés dans un monde capitaliste.
Dans la caricature présentée ci-après (figue 5), nous reconnaissons Gabriel
Nadeau-Dubois par son chandail, représenté en bébé avec une couronne et un mortier.
Comme mentionné dans la caricature, l’étudiant est considéré comme roi et en pleine
crise afin d’essayer d’obtenir tout ce qu’il veut.
38
Figure5.YgreckdansleJournaldeQuébec—2012
Dans le tableau 3, remarquons que les caricatures présentées dans La Presse ont
davantage mis l’accent sur les intervenants gouvernementaux (34,2 %). Ceux-ci ont
une large avance sur l’acteur manifestant (15,8 %). Contrairement aux résultats
précédents, ce sont les organisations et les corporations (12,2 %) qui suivent ainsi que
les leaders étudiants (11,7 %). Dans une optique apparentée au Journal de Montréal
et du Journal de Québec, dans La Presse les mascottes n’occupent pas une grande
place dans les caricatures (2 %). Soulignons, qu’ici encore, c’est le discours
gouvernemental qui est privilégié avec un accent sur leurs actions ainsi que sur leurs
modes d’actions stratégiques. Les manifestants ont encore une fois le mauvais rôle
alors qu’ils sont représentés comme des gens fermés ou toujours en train
d’outrepasser les règles (figure 6). Dans cette caricature, Philippe dessine des
manifestants en train d’arracher les balances de la Femme de la justice. Cette image
39
démontre que les étudiants défient les différentes injonctions de la Cour et ainsi
probablement d’autres types de règlements. Ils sont présentés comme ne respectant
pas les lois et les principes de la justice.
Figure6.PhilippedansLaPresse—mai2012
Enfin, soulignons la présence importante des organisations et corporations. Ici, il
était question du Festival Juste pour Rire ainsi que du Grand Prix de Montréal qui
permettaient de mettre de l’avant certains impacts négatifs de la grève sur l’économie
montréalaise et le déroulement de ces événements. Nous y reviendrons dans la partie
thématique contextuelle abordée un peu plus loin dans cet essai.
40
Tableau3.Typesd’acteursreprésentésdansLaPresse
Pour Le Devoir (tableau 4), ce sont les intervenants gouvernementaux (31,1 %)
qui sont les plus représentés, suivis par les manifestants (23,3 %). Il est surprenant de
constater que les leaders étudiants arrivent seulement en sixième position des
représentations du Devoir (5,8 %). Par ailleurs, tout comme dans nos autres tableaux, le
système d’éducation (1 %) fait partie des acteurs les moins représentés par les
caricaturistes. Dans le cas de ce quotidien, qui s’est illustré comme étant plutôt favorable
aux revendications étudiantes, il est intéressant de souligner que les acteurs
gouvernementaux sont présentés comme étant essoufflés ou en manque de contrôle de la
situation alors que les manifestants sont à leurs affaires, au bon endroit, au bon moment.
41
Il est à noter que Le Devoir est le seul quotidien où la police ressort plus que dans les
autres journaux (10,7 %). Celle-ci était représentée à 5,1 % dans Le Journal de Québec,
3,3 % dans le Journal de Montréal et 2,6 % dans La Presse et à 6,8 % dans The Gazette.
Il s’agissait ici pour Le Devoir de mettre de l’avant le caractère brutal des interventions
policières et leur présence dans l’ensemble du processus.
Figure7.GarnottedansLeDevoir—mars2012
Tel qu’il est possible de le constater à la figure 7, les policiers sont principalement
représentés avec une matraque à la main, ou avec des bombes lacrymogènes prêtes à
exploser. Dans la majorité des caricatures, le corps policier est présenté de façon à
engendrer des actions contre le mouvement étudiant. On voit d’ailleurs le policier assis
42
sur un manifestant. La ministre Beauchamp lui a d’ailleurs enlevé ses espadrilles pour les
donner au ministre Raymond Bachand.
Tableau4.Typesd’acteursreprésentésdansLeDevoir
Enfin, tel qu’il est possible de le voir dans le tableau 5, l’acteur manifestants
(31,8 %) occupe encore une fois la première place suivie par les intervenants
gouvernementaux (18,2 %). Les organisations et corporations suivent avec 15,5 %
d’apparitions. Même si les mascottes (0 %) ne sont pas représentées du tout, c’est le
système d’éducation (2,3 %) à qui revient la présence la plus faible.
43
Tableau5.Typesd’acteursreprésentésdansTheGazette
Le quotidien The Gazette semble avoir offert un traitement différent du conflit étudiant
alors que ce sont les manifestants qui ont retenu son attention. Ces derniers sont dépeints
comme des figurants afin de détourner une attention envers autre chose. Comme nous le
démontre la figure 8, des touristes en visite au Québec se déguisent avec des objets
distinctifs du mouvement étudiant afin de passer inaperçus dans une foule. À noter que
les étudiants sont représentés dans ce journal comme étant des enfants-rois de la société
parfois tenant des biberons. Ici encore, le journal met de l’avant le caractère immature des
demandes étudiantes.
44
Figure8.AislindansTheGazette—2012
La représentation des acteurs dans l’ensemble des caricatures
À la relecture de l’ensemble de nos précédents tableaux, nous pouvons maintenant
faire une analyse complète de la représentation des différents acteurs du Printemps érable.
Comme l’illustrent les résultats du tableau 6, parmi l’ensemble des acteurs, ce sont les
intervenants gouvernementaux (27,6 %) qui sont les plus représentés. Viennent de près
les manifestants (20,7 %). Contrairement à ce que nous aurions pu croire, les
organisations et les corporations (12,5 %) et les personnalités politiques (11,7 %) se
retrouvent de manière légèrement plus importante que les leaders étudiants (10,4 %). Il
était pourtant aisé de penser que les leaders étudiants, ainsi que les personnalités
politiques, puissent être représentés de façon plus significative que les organisations et les
45
corporations. Une partie de l’explication provient du fait que la grève a eu lieu pendant
l’été et que les manifestants ont menacé de perturber plusieurs événements culturels et
sportifs montréalais tels que le Festival Juste pour Rire ainsi que le Grand Prix de
Montréal. Plusieurs caricatures ont illustré de manière ironique les impacts possibles de la
grève. C’est le cas ci-après (figure 9) alors qu’un manifestant cagoulé est nez à nez avec
un pilote de Formule 1.
Figure9.BeaudetdansLeJournaldeMontréal—2012
Pour leur part, dans notre corpus de caricatures, les citoyens (5,7 %), la police
(5,3 %), les mascottes (2,9 %) ainsi que le système d’éducation (1,8 %) ont occupé peu
de place. Il est aussi étonnant de constater que le système d’éducation ne soit pas
représenté de manière plus importante par les caricaturistes des différents quotidiens.
Peut-être est-ce en raison du fait que cette institution se prête moins bien eu jeu de la
caricature.
46
Tableau6.Typesd’acteursdanslecorpus
Les thématiques contextuelles
Dans leur rapport de recherche, Giroux et Charlton (2014) analysent la présence
de17 thématiques contextuelles à l’intérieur de texte journalistique des différents
quotidiens montréalais. À titre de rappel, leurs catégories sont les suivantes : 1) l’aspect
individuel du financement, 2) l’aspect légal et judiciaire, 3) la couverture médiatique, 4)
les débats politiques institutionnels, 5) les débats politiques et sociaux, 6) les finances
publiques et institutionnelles, 7) la gestion et qualité de l’enseignement, 8) l’impact des
grèves et manifestations, 9) les lois spéciales, 10) les manifestations et moyens de
pression, 11) le mouvement de grève, 12) les négociations, stratégies et coulisses, 13) les
prises de position et sorties publiques de tiers, 14) les sondages et opinions publiques, 15)
47
le travail policier, 16) la vie personnelle des leaders étudiants ou des membres du
gouvernement ainsi que 17) la violence, les menaces et le vandalisme. Nous avons utilisé
ces thématiques contextuelles, pour faire l’analyse des caricatures des différents
quotidiens québécois.
Tableau7.Répartitiondesthématiquescontextuelles
48
Sans grande surprise, et comme nous l’avions imaginé, deux thématiques
contextuelles ressortent de nos analyses comme il est possible de le constater au tableau 7.
Tout d’abord, la thématique la plus importante porte sur les négociations, stratégies et
coulisses (18,1 %). Elle est davantage utilisée pour représenter les situations contextuelles.
Cette thématique traite des négociations entre les leaders du mouvement étudiant ainsi
que le gouvernement ou bien représente les stratégies ou le mode d’organisation des
différents acteurs. Côté dans La Presse le fait valoir (figure 10) la difficulté des
négociations du gouvernement avec la CLASSE. Ce regroupement avait les positions les
plus radicales pendant le Printemps érable de 2012 et revendiquait notamment la gratuité
scolaire. Ainsi, à la demande du premier ministre Jean Charest de faire un pas, Gabrielle
Nadeau-Dubois, porte-parole, réagit. Néanmoins, ce dernier fait un pas… en arrière. Ce
qui permet d’illustrer le défi que représentait une entente entre les deux acteurs.
49
Figure10.CôtédansLaPresse—mai2012
La deuxième thématique la plus importante traie des débats politiques
institutionnels (17,1 %). Il était alors question des débats liés aux actions
gouvernementales. Viennent ensuite l’impact des grèves et des manifestations (8,7 %)
ainsi que les débats politiques et sociaux (7,7 %). Lorsqu’il est question de l’impact des
grèves et des manifestations, les caricaturistes mettent de l’avant les impacts sur les
événements économiques de l’été 2012, ou bien les répercussions sur la rentrée scolaire
des étudiants ainsi que les coûts liés aux arrestations. Il est possible de le voir dans la
caricature ci-après (figure 11), où on fait ressortir les impacts du mouvement étudiant sur
le déroulement de la période estivale et sur les dossiers prioritaires du gouvernement au
pouvoir.
50
Figure11.YgreckdansLeJournaldeQuébec—2012
Il en est également question dans les caricatures des débats suscités par le conflit
au sein de la société. Les caricaturistes illustraient alors l’importance de ces débats au
sein des familles et de la société québécoise. La caricature suivante (figure 12) montre un
manifestant du Secondaire devant sa télévision. Il explique à son père un jeu pour faire la
grève. On voit le grand-père qui mentionne « Je te le dis fils! Il y a des pieds au cul qui se
perdent ». Cette caricature nous démontre les impacts intergénérationnels qu’occasionne
ce conflit. Malgré le fait que leur opinion n’est pas nécessairement divergente, ce sont ici
les moyens mis en place par les protagonistes qui soulèvent le questionnement.
51
Figure12.YgreckdansLeJournaldeQuébec—2012
Contrairement à ce que nous pensions, le travail des policiers (6,1 %) fait partie
des thématiques contextuelles les moins représentées; de même que les prises de position
et sorties publiques des tiers (2,9 %). Néanmoins, lorsqu’il est question du travail des
policiers ces derniers sont souvent représentés de manière négative en position de force
par rapport aux manifestants. Ainsi, dans l’image qui suit (figure 13), les policiers sont
montrés comme étant sauvages et toujours prêts à agir en cas de problème; certains avec
une matraque à la main, d’autres avec des bombes lacrymogènes. Celle-ci représente bien
l’image projetée du travail des policiers dans l’ensemble de notre corpus.
52
Figure13.GarnottedansLeDevoir—mai2012
Lesrapportsdepouvoir
Enfin, nous nous sommes questionnées à propos du rapport de pouvoir dans les
caricatures et de la manière dont celui-ci était représenté. Notre variable est ici la
présence du rapport de pouvoir qui permettra d’identifier le pourcentage d’utilisation du
pouvoir par les caricaturistes des différents journaux. Nous croyons qu’il est important de
présenter la définition que nous avons utilisée afin de déterminer ce que nous entendons
par rapport de pouvoir.
« La politique est avant tout liée à l’organisation et à l’exercice du pouvoir en société. Elle renvoie aux rapports de force entre les différents groupes sociaux et à la résistance, à la lutte et aux révoltes des dominés contre les dominants. » p. 7
53
Nous avons choisi de retenir cette définition tirée du livre Histoire politique du comique
au Québec de Aird (2010). Elle nous a permis de sélectionner les caricatures de notre
corpus traitant d’un rapport de pouvoir entre au moins deux acteurs du Printemps érable;
entre le gouvernement au pouvoir et les leaders. Cela nous a permis d’identifier que 212
caricatures sur 310 illustraient un rapport de pouvoir entre les acteurs, et ce, tous les
journaux confondus. Les 98 autres caricatures ne comprenaient pas de rapport de pouvoir
car elles mettaient en scène un seul acteur.
Du point de vue quantitatif, il est intéressant de constater une forte présence de
rapport de pouvoir dans les différentes caricatures (tableau 8).
Tableau8.Laprésencedurapportdepouvoirparjournaux
Ce tableau illustre que c’est dans le Journal de Québec (81,1 %) et dans le
Journal de Montréal (81,3 %) que les rapports de pouvoir sont plus importants. Le
Devoir (70,9 %) arrive en troisième place. Tandis que La Presse (63,4 %) et The Gazette
54
(50 %) arrivent en quatrième et cinquième position. Ce rapport est souvent illustré
comme inégalitaire entre les représentants du gouvernement et les manifestants ou bien
entre les policiers et les manifestants. C’est le cas notamment à la figure 14 ci-après.
Figure14.CôtédansLaPresse—avril2012
On y voit les différents représentants étudiants assis sur de petites chaises tandis
que la ministre Courchesne s’adresse à eux au bout de la table sur une chaise de format
normal. Il y a un contraste entre les étudiants au niveau du sol et les propos de la
ministre qui dit : « Je vous écoute! ». La caricature laisse présager que les discussions ne
se feront pas à égalité.
Dans une optique apparentée, le caricaturiste Côté (figure 15) illustre la présence
d’un rapport de pouvoir entre l’acteur intervenant gouvernemental et les leaders étudiants.
Le rapport de pouvoir entre les deux types d’acteurs est illustré de façon égalitaire.
55
Figure15.CôtédansLaPresse—mai2012
Les négociations sont cependant dépeintes comme complexes alors que les acteurs
étudiants et la ministre Courchesne se retrouvent tour à tour coincés derrière la table de
négociation. Un terrain d’entente semble difficile à atteindre.
L’utilisation de la culture populaire
Nos analyses nous ont permis de remarquer une utilisation importante de la culture
populaire par les caricaturistes afin de mettre en scène certains événements du Printemps
érable. Voici quelques références qu’il est possible de retrouver dans les caricatures :
Victor, la mascotte du Gala Juste pour rire, le personnage de Hulk, les concours de
56
taureaux, le film Titanic, les livres Où est Charlie, l’émission jeunesse Tom et Jerry, la
série 19-2 ainsi qu’aux films de Star Wars.
Figure16.PhilippedansLaPresse—mai2012
Comme il est possible de le constater dans la caricature de Philippe dans La Presse
(figure 16), le premier ministre Jean Charest tient un drapeau indiqué Loi spéciale comme
un toréador tient son drapeau rouge afin d’attirer le taureau. Les taureaux, ayant des
carrées rouges au lieu des clochettes sont les manifestants qui sont appelés à foncer dans
un mur. Il s’agit d’une référence à la culture populaire espagnole.
Dans les caricatures, plusieurs font aussi référence à des personnalités publiques à
l’extérieur de la sphère politique, tels que : le chanteur Claude Dubois, le duo
57
d’humoriste Ding et Dong, le coureur automobile Jacques Villeneuve, le conteur Fred
Pellerin ainsi que le producteur Gilbert Rozon.
Figure17.PhilippedansLaPresse—juin2012
Dans l’image ci-haut (figure 17), le caricaturiste Philippe nous présente le conteur Fred
Pellerin avec un carré rouge disant « Vos excuses, madame St-Pierre, me vont droit au
cœur ». De plus, en utilisant des personnalités publiques dans les dessins, les
caricaturistes permettent aux citoyens de s’identifier à celles-ci. Les prises de position des
personnalités amènent souvent les citoyens qui les admirent à penser de manière similaire.
58
L’utilisation de la culture populaire dans les représentations permet au lecteur de se
projeter une image faisant partie de ses références propres afin de se créer une idée à
propos de certains événements.
Figure18.YgreckdansleJournaldeQuébec—2012
La caricature ci-haut d’Ygreck (figure 18) publiée dans le Journal de Québec dépeint
l’usage de la culture populaire dans la représentation d’un événement. Comme nous le
savons, Tom et Jerry sont des personnages d’un dessin animé américain. Le seul but pour
Jerry est d’attraper Tom ce qui engendre souvent une série de bagarres. Dans la (figure 7),
Tom représente le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) tel qu’indiqué sur le
casque porté par ce personnage. De son côté Jerry symbolise un militant identifiable par
sa pancarte « Non aux hausses » son visage en partie caché. Cette caricature fait ici
référence au corps policier qui court inlassablement après les manifestants du Printemps
59
érable. Elle peut aussi servir à dénoncer la violence policière comme Tom est représenté
en noir et ayant à sa main une matraque prête à être utilisée sur Jerry qui se sauve.
Au terme de ces analyses, dans la prochaine section de cet essai, nous
présenterons une conclusion ainsi que les ouvertures offertes par cette recherche.
Conclusion
61
À travers un corpus de plus de 310 caricatures provenant des quotidiens le Journal
de Montréal, le Journal de Québec, Le Devoir, La Presse ainsi que The Gazette, nous
nous questionnons sur les propos suivants: quels acteurs étaient les plus représentés dans
les caricatures et comment? Quelles situations, suivant la grille utilisée par Giroux et
Charlton (2014), ont été privilégiées par les caricaturistes? Est-ce qu’il y a présence d’un
rapport de pouvoir dans les caricatures?
À travers nos analyses, nous avons remarqué que ce sont les manifestants et les
intervenants gouvernementaux qui sont les acteurs les plus présents à l’intérieur de
l’ensemble de notre corpus. Dans un deuxième temps, nous avons fait ressortir que ce
sont les journaux de Quebécor qui utilisent davantage les relations de pouvoir entre les
différents acteurs du mouvement. Finalement, dans nos analyses des thématiques
contextuelles, deux d’entres-elles ressortent de manière significative comparativement
aux quinze autres. Ce sont les débats politiques institutionnels et les négociations,
stratégies et coulisses qui ont principalement retenu l’attention des caricaturistes des
différents quotidiens québécois.
À la lumière de nos analyses, nous pouvons affirmer qu’il serait légitime d’ajouter
la caricature à la liste des genres journalistiques dressée par Giroux et Charlton (2014).
Par ailleurs, nous avons vu que la dérision est au cœur du processus créatif des
caricaturistes et impose une forme de contestation, une remise en cause d’un ordre établi
62
ou de principes acceptables dans une société ou dans un groupe. Elle peut également
produire un renversement symbolique ou temporaire des idéologies politiques (Mercier,
2001). La dérision est présente dans les caricatures qui rapportent une forme de
contestation. Celle-ci élimine la censure des caricaturistes et développe une transmission
d’informations à saveur humoristique. Selon Mercier (2001), c’est le meilleur moyen de
libérer l’agressivité qu’une situation engendre.
L’ensemble de nos recherches démontre l’importance de la caricature dans le
traitement de la couverture médiatique du mouvement étudiant. Nous sommes d’avis que
la caricature s’adapte facilement à tout type de jugement de la couverture médiatique de
différents évènements de l’actualité. Les différentes caricatures présentées dans cet essai
illustrent bien les possibilités offertes par l’analyse qualitative de ces dessins. Une
analyse sémiotique de celle-ci nous permet de percevoir le sens que le pouvoir entretient
dans sa relation entre les deux acteurs. À la fin de cette recherche, il nous semble
pertinent d’étudier plus finement la direction de celui-ci. Toutefois, sans des outils
adéquats et seulement en regardant l’image, il nous est plus difficile d’identifier la
direction de ce rapport de pouvoir. Nous avons toutefois identifié la présence de ce
rapport (tableau 8) dans les différents quotidiens que nous avions sélectionnés.
Par ailleurs, il serait pertinent, dans un prochain travail de recherche, de
développer des outils permettant de catégoriser qualitativement le type de rapport de
pouvoir et l’orientation de celui-ci entre les différents acteurs du Printemps érable.
63
Procéder à une analyse complète de ce corpus offrirait certainement un autre regard sur le
travail des caricaturistes.
Figure19.YgreckdansleJournaldeQuébec—2012
La caricature présentée ci-haut du Journal de Québec (figure 19) démontre la
force et la pertinence de notre réflexion en lien avec les études sémiologiques possible
derrière ce dessin. Il est ici facilement décelable qu’il y a présence d’un rapport de
pouvoir. Toutefois, sans étude approfondie de l’image de la représentation des
événements et des personnages, il nous est impossible de conclure sur lequel des deux
acteurs remporte, s’il y a lieu, la prise de pouvoir.
Enfin, la position éditoriale des quotidiens influence certainement la couverture et
l’orientation dans la représentation des différents évènements. C’est une manière
détournée de jouer avec l’opinion publique et ça peut en dire long sur les contestations. Il
64
serait pertinent de développer des outils permettant de tisser des liens entre les éditoriaux
et les caricatures. Au final, la caricature qui étonne, amuse, tourne en dérision le politique
et ses acteurs s’avère un terrain riche pour les chercheurs en communication politique.
Références
66
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