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Présentation au séminaire du LABERS, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 18 mars 2014
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Le récit comme !mode de communication des connaissances !
pour l’éducation non formelle
Baptiste Campion
Chargé de cours à la Brussels School Journalism & Communication IHECS!Collaborateur scientifique à l’Université catholique de Louvain (UCL/IL&C)!
!Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs (GReMS)!
Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH)!!!
http://www.uclouvain.be/baptiste.campion!http://www.ihecs.be/master-education-medias/ !
!
Séminaire LABERS « L’école après l’école »!Faculté des Lettres et sciences humaines – Brest – 18 mars 2014
B. Campion – Mars 2014
Plan de l’exposé
1. Un peu de contexte : éducation informelle, savoirs non formels!
2. Education non / informelle et médias!3. Le récit et la compréhension du récit!4. Le récit éducatif : problème des « mondes de
référence »!5. Un modèle du récit éducatif!6. Perspectives et limites!
B. Campion – Mars 2014
Education non formelle • Education formelle: l’école, l’université!
• Mais l’éducation se mène en-dehors de l’école: famille, les lieux de travail, les cercles de socialisation, les loisirs, autoformation, long-life learning, etc.!
• L’OCDE distingue:!• Education non formelle: par un professeur, un coach, mais
sans nécessairement de curriculum établi!
• Education informelle: sans professeur qui a ce statut, sans curriculum!
• Définitions « par défaut » : on ne sait pas trop comment envisager cette éducation pas formelle!
B. Campion – Mars 2014
Savoirs formels et non formels (Jacobi 2001; Compte 2001)
Savoirs formels!• Objectif identifié résultant d’une
élaboration lente!
• Découpage conceptuel stable et répété / discipline!
• Transmission codifiée (modèle de la démonstration)!
• Acquisition et appropriation collectives!
• Participation consciente et volontaire!
• Répétition et entraînement!
• Public captif et structuré!
• Evaluation et sanction (examen, diplôme)!
Savoirs non formels!• Pas d’objectif fixé a priori, ou dépendant
de facteurs variables (actualité) ou multiples!
• Reformulation liée au média (et non à des niveaux)!
• Acquisition et appropriation individuelles, autonomie!
• Participation pas nécessairement consciente (apprentissage incidentel)!
• Usage unique ou aléatoire!
• Publics hétérogènes et libres!
• Pas d’évaluation!
B. Campion – Mars 2014
Les médias et l’éducation non formelle
• Une bonne part de ces savoirs non formels passent par les médias, dans un sens large :!• C’est des médias que viennent nos connaissances sur la
plupart des thématiques non étudiées à l’école, sous différentes formes (actualité, documentaire, fiction…)!
• Il existe des médias qui ont l’éducation (au sens large) pour objectif : prévention, sensibilisation, vulgarisation…!
• Une forme d’apprentissage peut potentiellement se développer au départ de toute forme médiatique (apprentissage incidentel)!
B. Campion – Mars 2014
Les médias de l’éducation non formelle
• Si on s’intéresse aux médias spécifiquement « éducatifs », on trouve une grande variété :!• De médias : affiches, dépliants, bandes dessinées,
émissions de télévision, jeux interactifs, sites web, magazines spécialisés, …!
• De modes de diffusion : affichage grand public, distribution ciblée, milieu scolaire, canal associatif, médias de masse…!
• D’objectifs : prévention & sensibilisation, vulgarisation, transmission de connaissances, vulgarisation, éducation aux médias, support au savoir-vivre… (pour les médias explicitement conçus dans ce but)!
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (1)
• Docu-fictions, BD « éducatives », jeux d’aventures et de découverte, cahiers de devoirs, etc.!
• Dessins animés éducatifs, bandes dessinées, jeux narratifs /narrativisés!
• Narrativisation, utilisation de personnages, construction de quêtes!
Est-ce que ça marche?!
(Peut-on) apprendre avec un récit ? !!
Le champ de l’éducation non formelle y croit!
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (2)
Un récit, qu’est-ce que c’est ?!
• Un récit peut se caractériser comme étant une forme particulière d’organisation signifiante du discours (cf. narratologies structurale ou classique)
• Le récit correspond à des structures mentales fondamentales sous-jacentes (Mandler, Ravoux-Rallo, narratologie cognitive)
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (3)
Définition de Herman (2009) : • Mode de représentation
• Evénements relatés suivant un parcours temporel particulier
• Situation d’équilibre rompue dans un univers diégétique (réel ou fictionnel)
• Dimension expérientielle spécifique
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (4)
Précision de vocabulaire (Genette) :!
• Histoire : le signifié ou contenu narratif (ce qu’on raconte, les événements racontés)!
• Récit : le signifiant, énoncé, texte narratif lui-même (la face matérielle du récit raconté)!
!• Narration : l'acte narratif producteur et, par extension,
l'ensemble de la situation réelle ou fictive dans laquelle il prend place (le fait de raconter, la manière de raconter)!
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (5)
• … qu’une structure narrative favorise la mémorisation (e.a. Mandler 1984)!
• … que le récit est associé à des opérations cognitives spécifiques de compréhension (Kintsch), d’appropriation de valeurs et modèles (Bruner), d’inférence et de résolution de problème (Herman)!
• Que le récit serait vecteur d’identité (Ricœur, structuralistes, philosophie)!
(Peut-on) apprendre avec un récit ? (suite…)!!
La littérature montre… !
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (6)
• Le récit fournit des structures canoniques servant de support à la remémoration!
• Le récit met en œuvre des « routines » cognitives spécifiques, en lien avec ses caractéristiques formelles (attente du dénouement, attente d’une morale, …)!
• Les récits permettent de donner du sens à l’expérience et de fédérer des groupes humains!
B. Campion – Mars 2014
Récit et communication des connaissances (7)
Pluralité d’effets potentiels du récit : !
• Mémorisation, sensibilisation, acquisition de normes, maîtrise de connaissance, modification d’attitudes et de comportements, renforcement de la motivation, etc.!
• Nécessité de mieux cibler/identifier les apports du récit à prendre en compte :!• Pour la recherche!• Pour la conception!
B. Campion – Mars 2014
« Effets éducatifs » = compréhension d’un domaine de connaissance
ü Processus de compréhension: double processus (top down & bottom up) de construction d’une représentation cohérente du discours et de son objet/référent!
ü Consensus actuel sur la structure du processus (Denhière 1992)!
Les « effets éducatifs » sont définis en termes de compréhension, suivant le modèle de compréhension de texte de Van Dijk et Kintsch (1983):!
Comprendre = construire une représentation mentale de l’objet de connaissance
B. Campion – Mars 2014
Compréhension du récit
MONDE!DIEGETIQUE!
RECIT!
MICRODESIGN!bottom-up!
MACRODESIGN!top-down!
STORYWORLD!
Extraction et!Réutilisation!potentielle!(ressource cognitive)!
Modèle de compréhension du récit (sur la base d’Herman 2002, lui-même dérivé de Van Dijk & Kintsch 1983)!
B. Campion – Mars 2014
Récit éducatif : Les « mondes de référence » (1)
Un récit éducatif met en place, simultanément ou alternativement, deux « mondes de référence » !(sur la base de Egly 1957 et Jacquinot 1977) :!
Monde du récit!
Ce que raconte le récit
Monde !du domaine !
de connaissance!Les informations scientifiques (vulgarisation), « éducatives », à intégrer comme connaissances
B. Campion – Mars 2014
Récit éducatif : Les « mondes de référence » (2)
DOMAINE!DE CONNAIS-!
SANCE!
MONDE!DIEGETIQUE!
RECIT!éducatif!
Traitement !du récit!
(micro- et macrodesigns)!
Traitement du domaine de
connaissance!
Compréhension!du dom. !
de connais.!
Compréhension!du récit!
STORYWORLD!
MODELE MENTAL!DOM. CONNAIS.!
B. Campion – Mars 2014
Récit éducatif : Les « mondes de référence » (3)
Le traitement de l’information en fonction de son statut présuppose deux choses intenables :
• La capacité du récepteur à distinguer les informations pertinentes et les informations non pertinentes
• Les ruptures diégétiques identifiées par Egly ou Jacquinot dans le film pédagogique ne sont pas nécessairement présentes dans le récit éducatif
• L’identification du statut de chaque séquence (marqueurs)
• La capacité de traiter et intégrer les informations en parallèle (surcharge cognitive)
• Pourquoi le récepteur le ferait-il ? (Education non formelle)
B. Campion – Mars 2014
Récit éducatif : Les « mondes de référence » (3)
Proposition d’un modèle qui résout ces deux problèmes :
Le degré d’intégration des deux univers de référence définit les deux pôles d’un continuum correspondant à deux configurations du récit éducatif :
Conjonction maximale Récit = connaissance Récit au niveau profond
Disjonction maximale Connaissance « encapsulée » Récit au niveau de surface
B. Campion – Mars 2014
Le monde de référence « éducatif » est séparé du monde de référence narratif (encapsulé, en somme)
B. Campion – Mars 2014
Fonctionnement du récit « éducatif »
ü Compréhension du récit lui-même!ü Compréhension du domaine de connaissance!
ü Différentes façons d’intégrer univers diégétique et domaine de connaissance!
ü Modèle : le modèle mental du domaine de connaissance s’appuie sur le storyworld (opérations d’extraction et de généralisation)!
ü Hypothèses: influence probables des caractéristiques sémiotiques du récit (structure, personnages, …) sur la représentation du domaine de connaissances!
Dans ce cadre, un récit « éducatif » fonctionne donc à deux niveaux :!
B. Campion – Mars 2014
DOMAINE!DE CONNAIS-!
SANCE!
Modèle du récit éducatif
MONDE!DIEGETIQUE!
RECIT!
MICRODESIGN!bottom-up!
MACRODESIGN!top-down!
STORYWORLD!MODELE!MENTAL!
du domaine!de connaissance!
Opérations!d’extraction!
PROBLEME!
Evaluation!des ressources!
B. Campion – Mars 2014
Le modèle à l’épreuve de l’empirie
• Il existe très peu de travaux empiriques montrant « comment on apprend avec un récit »
• Expériences montrant que le récit employé au « niveau profond » semble bien un support cognitif plus important (Campion 2012)
• Mais ces expériences restent limitées (en nombre, en portée)
• A priori, ne peut fonctionner qu’auprès d’un public chez qui les structures narratives sont assimilées et intégrées (>9 ans; cf Fayol 1981)
B. Campion – Mars 2014
Conclusions 1 (partielles et provisoires)
• Le récit a bien un effet sur les représentations du domaine de connaissance, favorisant des représentations plus intégrées (cf. autres expériences, non relatées ici)
• Nécessité de penser les récits employés par rapport à leur (r)apport sémantique au domaine de connaissances
• Problématique de domaines de connaissances plus ou moins bien adaptés à une mise en récit (p.ex, histoire vs physique des particules)
B. Campion – Mars 2014
Conclusions 2 (partielles et provisoires)
• Ce modèle n’exclut pas d’autres intérêts du récit (p.ex: effet motivationnel)
• Extension du modèle à tous les publics ?
• Les apports éducatifs des formats médiatiques en éducation informelle posent des questions plus générales : Ø Ces formats sont nécessairement des techniques employées au
bénéfice d’un projet Ø Acquisition de ces compétences ? Ø Autonomie du récepteur et construction de cette autonomie
(éducation aux médias) ?
B. Campion – Mars 2014
Merci pour votre attention. Avez-vous des questions ?
UCL : [email protected] http://www.uclouvain.be/baptiste.campion
IHECS : [email protected] http://www.ihecs.be/master-education-medias/
Twitter : #ihecseam
Accès aux publications: http://ihecs.academia.edu/BaptisteCampion