Vogue paris december_2016

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184 PRÉFACE

Mode204 LA REINE KRISTEN

Adoubée star grâce à la franchise Twilight, Kristen Stewart a le goût de l’école buissonnière sur des plateaux européens. Alors que Personal Shopper, son deuxième film avec Olivier Assayas, sort sur les écrans, les deux complices se sont retrouvés pour une conversation en roue libre. Au menu, la mode, les fantômes, et Karl Lagerfeld bien sûr. Photographe Karl Lagerfeld, réalisation Emmanuelle Alt, propos recueillis par Anne Berest

214 MISS SMITH Miracle génétique de tout juste 16 ans, Willow Smith, la fille du héros de Men in Black, n’en finit plus d’éclore. Actrice et chanteuse, elle rejoint aujourd’hui le peloton des égéries Chanel… Photographes Inez & Vinoodh, réalisation Aleksandra Woroniecka

230 ÇA, C’EST PARIS ! Photographe David Sims, réalisation Emmanuelle Alt

Magazine186 KL

Verres fumés, Rolls-Royce, Warhol, pastels, Virginia Woolf et souvenirs étoilés… Le monde de Karl Lagerfeld en instantanés.

En couverture, KARL LAGERFELD et LILY-ROSE DEPP sont photographiés par HEDI SLIMANE. Lily-Rose porte un débardeur en coton, un short en cuir, une ceinture et une manchette en cuir et métal, le tout CHANEL. Bague en or jaune “Coco Crush”, CHANEL JOAILLERIE. Mise en beauté Lucia Pica pour Chanel avec le Teint Belle Mine Naturelle Les Beiges N°20, l’Illusion d’Ombre Iridescent, le Crayon Yeux Noir, le mascara Inimitable Intense Noir, le Rouge Coco Baume et, sur les ongles, le Vernis Pink Rubber. Coiffure Sam McKnight. Manucure Anny Errandonea. Réalisation Emmanuelle Alt assistée de Talia Collins et Jade Günthardt.

226 KARL LAGERFELD/DANIEL COHN-BENDIT En apparence, tout semble opposer l’ex-révolutionnaire de Mai 68 à l’empereur du luxe. Pourtant, ils ont bien des points communs : les plus français des Allemands partagent une même liberté de ton et de pensée. Rencontre inédite. Propos recueillis par Nelly Kaprièlian

248 AFFINITÉS ÉLECTIVES Artistes, stylistes, altesse, ex-ministre, star féline, proches collaboratrices… Quand Karl Lagerfeld invite devant son objectif, en exclusivité pour Vogue, ses héroïnes de cœur. Photographe Karl Lagerfeld, textes de Frédéric Taddeï, Arthur Dreyfus, Nelly Kaprièlian, Clémentine Goldszal, Loïc Prigent, Sonia Rachline et Robert Maggiori

270 L’ŒIL Photographe Romain Mayoussier

272 L’HOROSCOPE Par Shelley von Strunckel

274 L’ÉMOI DU MOIS Photographe Thomas Lagrange, réalisation Claire Dhelens

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58 LE POINT DE VUE DE VOGUE

82 LE COMPLICE : ERIC PFRUNDER Par Anne-Laure Sugier

Mode87 MOOD : GALVANISANT

Focus sur les tendances de la saison. Par Louise Vauthier

101 CADEAUX : ÇA C’EST NOËL Sur le devant du sapin : un it parade de sacs et de souliers. Photographe Giampaolo Sgura, réalisation Claire Dhelens

134 UNE FILLE UN STYLE : VIOLETTE D’URSO La fille cadette d’Inès de la Fressange reprend le flambeau maternel : muse de Karl Lagerfeld, elle est aussi une intime de la maison Chanel. Par Elvire von Bardeleben, photographe Iorgis Matyassy, réalisation Talia Collins

164 MISS VOGUE : UNE HISTOIRE SIMPLE À l’heure où les nuits sont plus longues que les jours. Photographe Claudia Knoepfel, réalisation Véronique Didry

Bijoux139 KARLISSIMES

Esprit Art Déco, or et diamants noirs et blancs : hommage à un amoureux des bijoux. Photographe Thomas Lagrange, réalisation Claire Dhelens, sélection Brune de Margerie

150 PRÉCIEUSE RENCONTRE L’antiquaire et créatrice de bijoux Lydia Courteille évoque ses rencontres avec Karl Lagerfeld, avec lequel elle partage une passion pour les pièces de la légendaire Suzanne Belperron. Par Sonia Rachline

Magazine153 RENDEZ-VOUS

Par Olivier Lalanne, avec Sonia Rachline, Jacky Goldberg, Clémentine Goldszal, Olivier Granoux et Charlotte Lipinska

158 LIVRES Romans, philosophie, poésie… Les livres de chevet de Karl Lagerfeld, lecteur compulsif et passionné.

160 CINÉMA : JE VOUS EMBRASSE. K.L. Elle s’est éloignée du cinéma et ne donne plus d’interviews. Pourtant, Stéphane Audran, actrice, épouse et muse de Chabrol, a accepté de nous répondre. Pour Vogue, elle évoque vingt ans de complicité et de souvenirs avec Karl Lagerfeld. Par Adrien Gombeaud

Beauté173 KARL CONFIDENTIEL

De son trolley cosmétique à la routine bien-être de Choupette, Karl Lagerfeld nous livre une vision très tranchée de ses codes beauté. Par Frédérique Verley et Christelle Baillet

178 LE LUXE PERSONNIFIÉ Plus chic que les flacons d’exception et les actifs rarissimes, la beauté gravée à ses initiales. Par Mélanie Defouilloy, photographe Mario Testino

180 SUPER GIRL «Moi en mieux» : la clé de notre futur bien-être ? C’est tout le concept du bio-hacking, qui permet d’analyser nos paramètres beauté et santé, afin de les optimiser. Par Carole Sabas, photographe Ben Hassett, réalisation Claire Dhelens

182 CHECK-LIST Par Frédérique Verley, Christelle Baillet et Mélanie Defouilloy


The subscription price is US$ 99 per year. Vogue (ISSN 0750-3628) is published 10 times a year (except in January and July) by Conde Nast France and distributed in the USA by UKP Worldwide, 1637 Stelton Road B4, Piscataway, NJ 08854. Pending Periodicals Postage Paid at Piscataway, NJ and additional mailing offices. POSTMASTER: Send address changes to Vogue, Conde Nast France, C/o 1637 Stelton Road B4, Piscataway NJ 08854. On poursuivra conformément aux lois la reproduction ou la contrefaçon des modèles, dessins et textes publiés dans la publicité et la rédaction de Vogue © 2016. Les Publications Condé Nast S.A. Tous droits réservés. La Rédaction décline toute res ponsabilité pour tous les documents, quel qu’en soit le support, qui lui seraient spontanément confiés. Droits réservés ADAGP pour les œuvres de ses membres. Ce numéro comporte deux encarts abonnements jetés dans les ventes kiosques France, et un encart abonnements dans les abonnements France payants. Il comporte également un encart broché Intimissimi, diffusion France, kiosques et abonnés, et un encart broché The Harmonist, diffusion France 5 kiosques et abonnés. Et un catalogue Le Printemps jeté dans les ventes kiosques Paris, 78 et 92. Le papier utilisé pour ce magazine est recyclable et renouvelable. Il a été produit avec du bois en provenance de forêts gérées durablement et dont la pâte a été blanchie sans chlore. Les usines sont certifiées par des tierces parties indépendantes selon les normes ISO 9001, Assurance Qualité, et les normes ISO 14001 et EMAS, Systèmes de Management Environnemental.

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Karl Lagerfeld, rédacteur en chef invité de Vogue, c’est une première. Même si le couturier, compte tenu de sa carrière d’une longévité inédite et d’un sidérant talent à spectre large (mode, photo, dessin, littérature…) est l’une des figures marquantes du magazine depuis des années. Avec sa silhouette aussi iconique que celle d’Elvis, ses mots d’esprit cinglants comme des coups de fouet et sa popularité en béton, il est sans conteste la figure de mode la plus emblématique de notre époque. On croit tout savoir de Karl et pourtant, comme en témoigne son numéro, il n’en finit pas de créer la surprise…

J’ai rencontré Karl il y a vingt ans, à l’occasion d’un portrait de Carole Bouquet. Dans la foulée, j’ai eu la chance et le privilège de beaucoup travailler avec lui, de partager du temps en privé, et de voyager à ses côtés. New York, Los Angeles, Miami, Hong Kong, Shanghai, Tokyo, sa maison de Biarritz… Karl fait preuve d’une générosité sans pareille. S’il aime un livre, il vous le fait lire, s’il aime une musique, il vous la fait écouter, s’il aime un parfum, il vous l’offre. C’est également la personne la plus attentionnée que je connaisse. Une qualité qui va de pair avec sa fidélité. Les gens qui l’entourent ne savent pas le quitter. On imaginerait volontiers un caractère compliqué derrière les verres fumés, Karl est tout le contraire. Il s’adapte à toutes les situations, fait preuve de beaucoup d’humour et ne se prend jamais au sérieux. C’est pour ça qu’il avance si vite.

En écrivant cet édito, je me demandais ce que je pourrais révéler sur lui que le grand public ne soupçonnerait pas. Je me suis souvenue que lorsque j’étais enceinte de ma fille, il est le premier à s’en être aperçu. Et un mois avant le terme, alors que nous dînions dans un restaurant, il m’a dit «vous accoucherez demain». Et j’ai accouché le lendemain matin. J’ai découvert alors qu’il a un sixième sens incroyable, spécialement face aux femmes, et qu’il lui arrive de prédire l’avenir. Une énième corde à son arc…

Accompagner Karl dans l’élaboration de ce Vogue de Noël m’a rappelé à quel point le travail à ses côtés était un plaisir. Auquel le temps qui passe n’a pas touché.

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Rédactrice en chef EMMANUELLE ALT

Rédacteur en chef adjoint OLIVIER LALANNE

Direction artistique OHLMAN CONSORTI

Rédactrice en chef mode SUZANNE KOLLERRédactrice en chef beauté FRÉDÉRIQUE VERLEY

Rédactrice en chef joaillerie & horlogerie BRUNE DE MARGERIERédactrice en chef magazine ANNE-LAURE SUGIER

MODE

Fashion & market editor JENNIFER NEYTRédactrices GÉRALDINE SAGLIO, CÉLIA AZOULAY

Rédactrices at large ANASTASIA BARBIERI, CLAIRE DHELENS, VÉRONIQUE DIDRYAssistante mode TALIA COLLINS Assistante mode et bijoux JADE GÜNTHARDT

Coordination mode SAMIA BRAHMI Coordination shopping MARGOT GILLET

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BIJOUX, HORLOGERIE

Market Editor MARIE PASQUIER

BEAUTÉ

Rédactrice CHRISTELLE BAILLET Coordination et rédaction MÉLANIE DEFOUILLOY

Rédactrice New York CAROLE SABAS

MAGAZINE

Chef des informations mode et style THÉODORA ASPART Coordination TASSADITE LARBI

DÉPARTEMENT ARTISTIQUE

Graphistes ÉDOUARD MINÉO, MARTIN HUGER

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Secrétaire général de la rédaction PIERRE MERLIN Secrétaire de rédaction ISABELLE GLASBERG

PHOTO Responsable photo PAULINE AUZOU

Administrateur de la rédaction KEREN ZENATIAssistante de la rédactrice en chef-rédactrice MATHILDE BULTEAUBureau de New York mode et production BERTRAND BORDENAVE

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éditeur DELPHINE ROYANT

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Italie PAOLA ZUFFI. Belgique, Europe du Sud, Amérique latine LAURENT BOUAZIZ. Grande-Bretagne, Europe du Nord AGNES WANAT. États-Unis BERTRAND BORDENAVE

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Directeur de la publication XAVIER ROMATETLES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A.

CONSEIL D’ADMINISTRATION : Xavier Romatet, président-directeur général & administrateur • Giampaolo Grandi, administrateur • Nicholas Coleridge, administrateur

Condé Nast International LtdChairman JONATHAN NEWHOUSE

Vogue est une publication mensuelle, avec 10 numéros par an. Abonnements en France 01 55 56 71 37 De l’étranger + 33 1 55 56 71 37 LES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A., SOCIÉTÉ ANONYME, PRINCIPAL ASSOCIÉ : CONDÉ NAST INTERNATIONAL LTD, ÉDITENT VOGUE

N° 973 — décembre 2016-janvier 2017. 3 avenue Hoche, 75008 Paris. Tél 01 53 43 60 00. www.vogue.fr66

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Anciens numéros pour la France et l’étranger : +33(0)2 28 97 09 45. email : [email protected] VOGUE (ISSN 0750-3628) is published 10 times per year (except in January and July) by Publications Condé Nast SA.

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XAVIER ROMATET Directeur de la publication

Imprimé en France par Imaye Graphic, 96, bd Henri Becquerel, 53021 Laval. Dépôt légal décembre 2016-janvier 2017, n° 321942. Commission paritaire 1012K82514. Diffusion Presstalis. Notre publication contrôle les publicités commerciales avant insertion pour qu’elles soient

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Comment définiriez-vous votre relation avec Karl Lagerfeld ?En Allemagne, quand on me demande ce que je fais, je réponds à chaque fois : «Ich bin der Vorarbeiter von Karl Lagerfeld.» Ça veut dire : son chef de chantier, un col bleu. Alors ils rigolent tous. Karl, d’ailleurs, m’appelle comme ça : «le Vorarbeiter».

Comment l’avez-vous rencontré ?Je le connaissais plus ou moins, mais on s’est vraiment rapprochés quand je suis entré chez Chanel en 1983. C’était aussi l’année de sa première collection couture pour la marque. Il est arrivé par une porte. Moi par une autre. Lui, par la porte des stars. Moi, par celle des chefs de chantier.

Votre première rencontre s’est passée comment ?C’était «bonjour, bonjour». Je devais faire des portraits de Karl, qui venait d’arriver chez Chanel, pour la presse. Et on a fait ça avec Helmut Newton. C’était amusant. Ils parlaient en allemand, en français. Karl adorait Helmut. Ça marchait bien tous les deux. C’était ma première grosse série de photos chez Chanel.

Et vous ne vous êtes plus quittés ?Non. C’est un peu moi qui ai poussé Karl à faire de la photo. À cette époque, les grands photographes ne voulaient pas tellement faire des dossiers de presse. Je lui ai porté un premier dossier de presse et il ne trouvait pas ça fantastique. Au deuxième dossier, je lui ai dit : «Écoutez, vous êtes tellement difficile. À partir de maintenant, on va faire ça tous les deux.» Et on s’est mis à la photo en 1987. Depuis, on ne s’est plus arrêtés.

Comment travaillez-vous ensemble ?On partage beaucoup. Il a sa vision, et je la retranscris sur papier. C’est un travail où chacun a sa place. Karl dit toujours

qu’on ne peut bien travailler, de nos jours, qu’en équipe. Vous avez le photographe, le Vorarbeiter, le maquilleur, le coiffeur, la manucure, les assistants… On est une petite famille. Ça fait des années que l’on est ensemble. Car il y a aussi la fidélité de Karl. Il est très agréable dans le travail. Il a toujours de grandes délicatesses, un mot gentil à dire… même quand il est en retard.

Être en retard, c’est sa marque de fabrique !Il m’a dit un jour : «Si l’on ne m’attend pas, c’est que l’on ne m’aime pas.»

Karl Lagerfeld est très connu pour ses formules. Y en a-t-il une qui vous plaît plus particulièrement ?Oui, un jour quelqu’un lui a dit : «Karl, vous êtes une fashion victim !» Et il a répondu : «Non. Fashion is my victim !» Mais il y en aurait plein d’autres. Karl pond une idée à la seconde. Il faut le suivre. Et concrétiser toutes ses idées. C’est là que j’interviens. Il regarde tout, il enregistre tout. Au début de notre travail, il dessinait sa photo avant de la prendre. Il dessinait même la lumière avec trois traits de crayon. Extraordinaire !

Est-ce qu’on s’amuse en travaillant avec Karl Lagerfeld ?Je travaille pour Chanel, je m’amuse avec Karl. Et je me suis toujours amusé avec Karl. Les heures passent, il est deux heures, trois heures du matin et on ne s’est aperçus de rien. Il y a une telle bonne humeur. Quand il y a un obstacle, on le saute tranquillement. Il n’est jamais arrêté. Et jamais une colère. Jamais. C’est un gentleman.

Cette chemise blanche que vous portez, au col si particulier, je crois que c’est Karl qui l’a dessinée pour vous ?Mais comment savez-vous ? Je ne l’ai jamais dit…

Je suis bien informée !Karl, il y a de nombreuses années, l’a dessinée pour moi. Et c’est devenu ma chemise. Il arrive avec de grandes boîtes : «Les chemises d’Eric !», dit-il. C’est mon bleu de travail. On me demande souvent : «Où est-ce qu’on peut avoir ces chemises ?» Je réponds : «C’est à moi…» Je suis gâté. Très gâté.

Y a-t-il une chose que vous n’avez jamais osé lui dire ? Vous pourriez profiter de l’occasion ? Je lui dis tout. Je n’ai aucun secret pour Karl. Je ne veux pas vous raconter des choses trop intimes, mais il est d’une immense délicatesse dans sa façon d’accompagner les gens. En plus de tout son talent, l’homme est exquis. Toutes ces années ensemble… Ça passe tellement vite.

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Jamais cette rubrique n’a aussi bien porté son nom, car «complice»

de Karl Lagerfeld, le DIRECTEUR de l’IMAGE CHANEL l’est depuis plus de

trente ans. Tout le travail photographique

du couturier passe entre ses mains.

Aussi DISCRET QU’ÉLÉGANT,

il est celui qui rend tout possible.

Par Anne-Laure Sugier.

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GalvanisantDorures SCULPTURALES,

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RUTILANTS… Les podiums l’ont dictée : l’une des tendances massives de l’été prochain est une brillante ruée vers l’or. Par Louise Vauthier.

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88rubrique

TALISMANS : LANVIN pour ATELIER SWAROVSKI Jeanne Lanvin fut, en son temps, l’une des premières créatrices de mode à tapisser ses robes de cristaux Swarovski. Pas étonnant que les deux maisons se retrouvent aujourd’hui autour d’une ligne de bijoux bien taillés, dont l’inspiration Art Déco est twistée par une jolie modernité.

LE PROJET SPÉCIAL : DIOR LADY ART

La maison a donné carte blanche à six artistes pour rhabiller quelques-uns de ses modèles

de maroquinerie le temps d’une édition

ultra-exclusive, ultra-luxueuse, ultra-collector. Parmi eux, le Britannique Jason Martin, qui a transposé ses monochromes quasi

sculpturaux sur le Lady Dior ainsi que sur des pochettes du soir (telle celle-ci) moyennant

un véritable tour de force des ateliers.

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L’OBJET : la «PETITE MALLE» pour iPhone LOUIS VUITTON

Repérée entre les mains des mannequins du défilé printemps-été 2017, elle devrait arriver en boutique dans trois variantes de toile Monogram. Et être également disponible sur commande dans un opulentissime alligator gold…

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PIEDS :

La «Nevada»

de Giuseppe Zanotti

Une santiag grand luxe

tapissée de cristaux

multicolores dans un esprit

Vegas à jouer cash

à Paris.


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LA COLLAB :

VETEMENTS

JUICY COUTURE

Le principe de la collection P/E 2017 de Vetements ? Que chaque pièce résulte d’une collaboration avec une marque de référence dans son domaine. D’où la cosignature des jeans avec Levi’s, des parkas avec Canada Goose, des chaussures avec Church’s. Sans oublier celle de Juicy Couture, la griffe experte des survêtements peau de pêche…

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La customisation vue par LancelLa maison ne résiste pas à la tentation de l’ultra-

personnalisation. Deux options : faire marquer à chaud

la pièce que l’on vient de choisir (sac, portefeuille, tag à bagages…) à coups de chiffres, de lettres, mais aussi d’emojis,

ou bien carrément recourir au service sur mesure, qui permet d’ajuster les modèles phares de la marque à ses

propres goûts grâce à différentes propositions de peaux,

de finis (mat ou brillant), de doublure et de bijouterie. Temps de patience requis dans ce cas : environ six mois.

LA RENCONTRE : MICHAEL KORS + FUJIFILM

Chez Michael Kors, c’est après le lancement des sacs Scout, inspirés des camera bags vintage,

qu’est née l’idée d’un partenariat avec Fujifilm. Résultat : une version exclusive, couleur or, de

l’Instax Mini 70, cet appareil instantané au succès planétaire, qui fait vibrer la corde de la nostalgie.

L’invitée :

Marie-Hélène de Taillac

chez Baccarat La créatrice fait de

l’octogone en cristal qui signe les lustres de la

maison le motif d’une collection de bijoux.

Mariée à l’or et à l’argent, déclinée dans

un nuancier haut en couleurs, la pampille se mue en bagues, colliers

et boucles d’oreilles d’un luxe éblouissant.


LA COQUETTERIE :

LE «LIPSTICK CASE» VALENTINO

Un accessoire facile à désirer, doté d’un rouge à lèvres et d’un miroir intégré, qui a ponctué le show printemps-été 2017 en beauté.

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LE COUP DE CŒUR :

«LOVE» DE SAINT LAURENT

Ou comment Anthony Vaccarello, nouveau directeur artistique de Saint Laurent, a réinventé sous la forme de cette très aimable minaudière un symbole cher à Yves.

LA BONNE IDÉE DE RALPH LAUREN :

Rééditer une série de pièces inoxydables, emblématiques du style maison, tels que le smoking, la veste safari RL, le blazer marine, le pantalon à pont ou le duffle-coat, entre autres essentiels qui ont fait leurs preuves. La très bonne idée : faire en sorte que cette collection soit disponible dans le monde entier, toute l’année.

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FÉTICHE : LE «TRI-FOLD» DE CÉLINE

Difficile d’imaginer incarnation plus parfaite du minimalisme bien architecturé et ô combien chic de la griffe : forme trapèze purissime, coutures bord à bord, teintes savamment pigmentées (brique, jonquille, bordeaux, en plus des neutres de rigueur, comme le noir ici en photo)… Et à l’intérieur ? Trois compartiments, comme l’indique le nom de cette nouveauté promise à devenir un classique.


L’anniversaire : La Royal Oak

d’Audemars Piguet

La montre la plus célèbre de l’horloger fête les

40 ans du lancement de sa version féminine. Ce qui

méritait bien une création inédite : la Royal Oak

Frosted, disponible en or gris ou rose et en deux

diamètres (33 et 37 mm), dont le martelage singulier

donne l’illusion que le

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Pull col roulé en cachemire et soie, 1 150 €, jupe en double crêpe de soie, 2 050 €, ceinture corset en box, 2 750 €, chapeau en feutre de laine, 695 €, bracelets en box clouté, à partir de 350 €, sac «Bâton de Craie» en vache Hunter cuivre, 4 200 €, pochettes «Maxibox» en alligator cactus, 13 900 €, et en veau Tadelkat terre battue, 4 900 €, et bottines en crocodile lisse, 7 900 €. Tous les accessoires, vaisselle, lampes, vase, cartes à jouer, et bicyclette, Hermès. Boule de Noël, Le Bon Marché.

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Sur le devant du sapin : un IT PARADE de SACS et de SOULIERS.

Photographe Giampaolo Sgura. Réalisation Claire Dhelens.


Robe en taffetas de soie, 5 400 €, bottine lacée en cuir et toile à talon cannelé en cuir doré, 1 400 €. Dans sa main, mini-sac «Lady Dior» en agneau froissé cuivré brodé, 3 650 €, et pochette en agneau froissé argenté brodé, 2 800 €, édition limitée en collaboration avec Jason Martin ;

et tous les autres accessoires, Dior. Collier «Galerie des Glaces», et bague «Acanthe Diamant» en or, platine, argent noirci et diamants, boucle d’oreille et bracelet «Salon de Diane» en or, argent noirci, platine, diamants et émeraudes, collection «Dior à Versailles», Dior Joaillerie.

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Robe en soie entièrement brodée de paillettes argent et fleurs en organza, 7 950 € ; serre-tête en soie à voilette, 795 €, boucles d’oreilles en métal et cristaux Swarovski, 995 €, et souliers Mary Jane en glitter brodé clouté, 1 950 €, et tous les autres accessoires, Dolce & Gabbana.

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Combi-pantalon en velours de soie, 6 400 €, voile en tulle de soie, 1 600 €, béret en velours de soie, 750 €, minaudière en résine et métal, 1 450 €, et bottes en cuir et veau velours, 1 150 €, et tous les autres accessoires, Giorgio Armani. Plateaux Buccellati.

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Robe en moiré de soie, 4 800 €, bottines en velours et taffetas à talons en métal, 1 150 €, sac «MiuLady» en tissu Gobelin et cuir madras, 1 700 € ; et tous les autres accessoires, Miu Miu.

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Robe en brocart imprimé tropical et guipure, 5 900 €, Valentino. Bracelets en argent antique et broderies, 450 € et 520 € ; sacs «Rockstud Rolling» en cuir brodé, gravé, clouté, à bandoulières de guitares, 2 250 €, 3 600 € et 4 100 €, et charm

«feuille» en cuir double face clouté, Valentino Garavani.

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Longue robe volantée en satin de soie, 5 980 €, longs gants en dentelle, 170 €, bijou de main en métal or vieilli et perles de résine, 980 €, sac à main en cuir brodé «tigre» à poignées de bambou, 1 890 €, escarpin en cuir blanc à brides cheville

et talon sculpté, 1 490 €, basket à plateforme en cuir or et semelle arc-en-ciel, 790 €, et tous les autres accessoires, Gucci.

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Robe en satin double surpiqué, 1 150 €, serre-tête en élastique, 70 €, sac à dos en Nylon et cuir saffiano, 2 200 €, sac à main «Esplanade», 2 200 €, porte-monnaie en cuir saffiano bleu imprimé, 360 €, et sac à bandoulière en cuir de veau et cuir

saffiano, 1 500 €, bottine en Néoprène sur semelle en gomme, 790 €, lampe torche et tous les autres accessoires, Prada.

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guêtres en cuir, 1 500 €, chaussures en cuir, 1 550 €, et tous les autres accessoires, Fendi. Sapin Shishi.

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Robe bustier en mikado de soie à détails de brûlures et tulle blanc, 7 480 €, chapeau en velours brûlé, 805 €, longs gants en soie brûlée, 300 €, sandale en satin brûlé, 805 €, sac en cuir noir et éco-fourrure,

1 190 €, sac ovale en cuir entièrement clouté or, 2 373 €, et tous les autres accessoires, Moschino.

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dans la main du père Noël, minaudière en bois, métal et perles, 13 300 €, et tous les autres accessoires, Chanel.

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IL FAUT QUE LES VACHES SOIENT HEUREUSES. DE C E B O N H E U R D É P E N D L A Q UA L I T É D E L E U R B O U S E . LO G É E

DA N S D E S C O R N E S E N F O U I E S L’ H I V E R DA N S L A T E R R E , E L L E E N E S T R E T I R É E AU P R I N T E M P S E T D I S P E R S É E S U R L E S O L D E

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escarpin «Slash» en cuir verni, 495 €, sacs «Bazar» XL en cuir Arena, 1 995 €, et tous les autres accessoires, Balenciaga.

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LA LUNE EST ASCENDANTE. DEMAIN IL SERA TEMPS DE TAILLER. EN LUNE ASCEN DA NTE, L A V IGNE EST

PLUS FORTE. ELLE PERD AU CONTR AIRE DE SA V IGUEUR EN LUNE DESCENDANTE. POUR TAILLER AU MEILLEUR MOMENT, MIEUX

VAUT REGARDER L A LUNE. LA DIFFÉRENCE CRISTAL.


Longue cape en drap de laine, 1 480 €, sur blouse en coton et broderie anglaise, 1 160 €, set de trois bagues «Lyzbeth» en laiton doré, 250 €, et boucle d’oreille en laiton doré, 450 €. De gauche à droite : sac «Faye» en veau velours, cuir lisse et python, 2 200 €, sac «Hudson» en cuir lisse et veau velours

clouté, 1 795 € ; sac «Mily» en patchwork floral de serpent d’eau, cuir lisse et veau velours, 2 950 € ; et sac «Hudson» en cuir lisse et veau velours clouté, 1 595 €, le tout Chloé. Sapins Shishi. Maquillage Estée Lauder avec le Double Wear Nude Cushion Stick 3W1 Tawny, le Pure Color Envy Blush Lumière Sultry Glow, le Magic Smoky Slow Burn, le Sumptuous Knockout Mascara Black, le Pure Color Envy Hi-Lustre Nude Reveal et,

sur les ongles, le Modern Muse Le Rouge Envious. Cheveux satinés avec l’Invisible Oil Hairdresser’s de Bumble and bumble.

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Trench-coat en gabardine de coton, 2 095 €, chemise manches courtes, 725 €, et pantalon style pyjama en soie imprimée, 725 €, chemise en coton à fines rayures et col volanté, 595 €, bottines militaires en cuir et pampilles or, 975 €. De gauche à droite, sacs «The Ruffle Buckle» en serpent et veau

velours à bandoulière chaîne amovible en acrylique, 2 595 €, sac «The Bridle» en veau façon poulain imprimé léopard et alligator, 21 000 €, et sac «The Bridle» en cuir et tissu Check avec anse en alligator clouté, 2 895 €, le tout Burberry. Mise en beauté Jessica Nedza. Coiffure Laurent Philippon

pour Bumble and bumble. Manucure Brenda Abrial. Décor Vincent Olivieri. Assistantes réalisation Loan Albert et Dennisa Dwijayati.

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La fille cadette d’INÈS DE LA

FRESSANGE reprend le flambeau

maternel : MUSE DE KARL LAGERFELD,

elle est aussi une intime de la maison

Chanel. Si sa beauté parfaite l’a lancée

sur la voie du mannequinat, la jeune

femme, à l’aube de l’âge adulte, nourrit

d’autres ambitions.

Par Elvire von Bardeleben. Photographe Iorgis Matyassy. Réalisation Talia Collins.

Violette d’Urso

Une fille Violette, née de l’union d’Inès de la Fressange et de l’homme d’affaires italien Luigi d’Urso, vient d’avoir 17 ans. Parisienne grandie sur la rive gauche, elle a toujours baigné dans la mode, a suivi religieusement pendant son enfance les préparations des défilés haute couture Chanel (l’été, car l’hiver, elle avait classe). «J’aidais aux préparatifs dans les ateliers. Enfin, je les espionnais plutôt !», corrige-t-elle avec sa spontanéité rafraîchissante. Aujourd’hui, en terminale littéraire, elle déborde d’idées et d’énergie pour la suite, hésite entre le théâtre, l’hypokhâgne ou partir vivre aux États-Unis, où l’on valorise plus l’expérience que le CV. «En France, il faut savoir ce qu’on veut devenir avant même d’avoir le droit de vote !»

Sa marque Marie-Antoinette en petite culotte, la marque de bijoux qu’elle a lancée l’an dernier avec une amie, pour «des filles qui assument d’être filles». Des créations en perles fantaisie, surtout des bracelets et des colliers ras-du-cou inspirés de ceux portés par la célèbre reine de France, autant que par l’univers de Sofia Coppola et de la photographe Petra Collins.

Un style «Il change toutes les dix minutes, en fonction de ce que je vois sur Insta !», prévient-elle. Mais elle a pris le temps de réfléchir à son look idéal : «Ce serait : Janis Joplin dans un Prisunic, revenant de vacances avec Jane Birkin avant d’aller à un concert des Destiny’s Child accompagnée de Patti Smith.» Soit une inspiration seventies, un peu de paillettes, mais à la cool, sans en faire trop. En attendant, elle pique beaucoup de vêtements à sa mère et complète avec des achats chez H & M, en friperies et de la lingerie Fifi Chachnil. Sa signature ? Sa paire de lunettes de vue : «Ça fait un peu “je me crée un style intello”, mais je lis Sartre quand même !», plaisante-t-elle.

Mentor Karl Lagerfeld, qu’elle fréquente depuis l’enfance. «J’ai la chance de connaître le dieu de la couture. Sa connaissance, sa culture, sa capacité à trouver de l’inspiration partout et à se renouveler m’épatent.» L’an dernier, il l’a fait défiler pour la couture, où elle a rejoint Kristen Stewart et Lily-Rose Depp à la table d’un faux casino. «Il m’a créé la robe la plus sublime du monde et j’étais la seule en baskets : il m’a grave cernée !» Sinon, ensemble, ils aiment échanger des photos de leurs amies les bêtes : elle prend des nouvelles de Choupette et elle lui parle de son chien Dinky.

Gris-gris Des bagues Marie-Hélène de Taillac qu’elle ne quitte jamais, ainsi qu’une médaille miraculeuse, une croix de Provence en or et «un petit cœur en faux diams» offert par Zohra, sa nounou qui n’a jamais cessé de s’occuper d’elle. À côté de ces incontournables, quantité de bracelets souvenirs de vacances, réalisés en grande partie grâce à la Perlerie de Guéthary – «the place to be» – des grosses bagues en plastique multicolore, et ses créations Marie-Antoinette.

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Adresses Elle se verrait bien habiter à Copenhague, où elle admire le rythme de vie sain des Danois qui se déplacent à vélo et dînent tôt. Elle partage ses vacances entre Amalfi, près de Naples, et la Provence où elle aime s’isoler. À Paris, elle fréquente les puces de Saint-Ouen, l’enseigne de sa mère (24 rue de Grenelle), la librairie franco-anglaise Galignani où son père avait ses habitudes (224 rue de Rivoli) et la boutique suédoise Kerstin Adolphson (157 boulevard Saint-Germain),

spécialisée dans les sabots en bois : «J’en ai plein, mais je n’ose pas trop les porter à Paris…»

Héritage Inès, sa mère, lui a transmis l’amour de la mode sans rien lui imposer et lui a appris que l’élégance consistait avant tout à se sentir bien dans ses vêtements. Elle ne la juge pas sur ses expérimentations, comme lorsque Violette sort ses Méduse en plastique ou un manteau en fausse fourrure à capuche. «Dans ces cas-là, elle me dit juste que je m’habille comme une Anglaise !»

Régime Sa routine santé va à rebours de toutes les recommandations d’usage. Elle dit avoir l’air «ramollo» quand elle dort beaucoup. Son unique sport : marcher avec des talons hauts. Elle suit un régime riche en Pépito, beurre de cacahuète et crêpes au Nutella, mais «se donne bonne conscience en mangeant des algues séchées et du porridge».

Beauté Elle se contente d’appliquer une crème hydratante pour bébé le matin et porte en alternance l’eau de toilette Chanel N° 19, offerte par sa mère, ou Cuir de Russie, qui lui rappelle son père.

Chez elle Une maison de campagne au cœur de Paris, près du Panthéon, où elle vit depuis quelques années avec sa mère, sa sœur Nine, son beau-père Denis Olivennes et ses trois demi-frères. Avec le feu de bois qui crépite, les grands canapés cosy, «on pourrait croire que ma grand-mère est née ici», s’amuse Violette. Sa chambre lui ressemble, colorée, pimpante, égayée par des guirlandes, des cascades de bijoux fantaisie, de mignonnettes d’alcool rapportées de voyage et une penderie bien fournie en vêtements disparates d’où émergent des Converse, un sac Chanel, une robe dorée à paillettes, beaucoup de jeans…


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Photographe Thomas Lagrange. Réalisation Claire Dhelens.Sélection Brune de Margerie.

Deux clips Art Déco en platine et diamants blancs, René Boivin chez Lydia Courteille. Sur le nœud, broche en or rhodié noir, tourmaline bleue gravée en forme de tête de chat, saphirs bleus et diamants, Lydia Courteille vintage. Collier plaque militaire en or et diamants noirs, Djula. Sautoir en or blanc

et diamants noirs, gris et blancs, Shamballa Jewels. Bagues «Nudo» en diamants blancs, bruns ou noirs sur or rose, Pomellato. Chevalière et petite bague pour auriculaire en or blanc pavé de diamants, David Yurman. Manchette «Rare Touch» en or rose et diamants blancs, Jacob & Co. Veste Alexandre

Vauthier, blouse à lavallière Marc Jacobs, ceinture Charvet et pantalon Lanvin.

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Portées en broche, boucles d’oreilles «Staple» en or blanc, et en or blanc pavé de diamants, Repossi. Broche Art Déco en platine et diamants, clip Art Déco en or gris et diamants, Lydia Courteille vintage. Collier «Médaillon Ultra» en or blanc serti de 541 diamants taille

brillant, 32 diamants taille baguette et céramique noire, Chanel Joaillerie. Collier sautoir «Liz» en or blanc et diamants, Messika. Sautoir «Clea» en or blanc et diamants, De Beers. Chevalière «Royal Affair» en or noir et diamants blancs, Stone Paris. Bague «Tonneau»

en or blanc et diamants, Vhernier. Bague «Dome» en or et diamants noirs, Djula. Chevalière et petite bague pour auriculaire en or blanc pavé de diamants, David Yurman. Veste, gilet, chemise, pantalon et voilette Dolce & Gabbana.

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Clip Art Déco et broche René Boivin en platine, or gris, cristal de roche et diamants, Lydia Courteille vintage. Sur le nœud de cravate, broche-clip en platine, or gris, cristal de roche, 50 diamants taille brillant, Cartier. Pendentif «Sirius Scaphandre» en or blanc,

argent, diamants et améthyste, Elie Top. Sur la fleur noire, broche en platine serti d’un diamant rond et de 68 diamants ronds taille brillant, Cartier. Sur la fleur blanche, clip «Lotus» en or blanc et diamants, Van Cleef & Arpels. À gauche, bague «Le Premier Jour»

en or blanc, Mauboussin ; bague «Zebra» en or blanc serti de 64 diamants et bague «Allegra» en or blanc serti de 129 diamants baguettes, De Grisogono ; bagues «Spirale» assemblées en or blanc et diamants, Dinh Van. À droite, bagues «Osez la route»,

l’une en or blanc et l’autre en or blanc et diamants, Mauboussin ; bague «Vortice» en or blanc serti de 87 diamants, De Grisogono ; bagues «Maillon Star XL» et «Impression» en or blanc et diamants, Dinh Van. Veste, chemise, lavallière mise en cravate et pantalon Lanvin.

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Broches en or blanc serties de diamants et de diamants tailles baguette ou brillant, Bulgari. Pendentif «Licence to Akillis XL» en or blanc ajouré serti de diamants blancs, Akillis. Collier «Haute Joaillerie» en platine serti de 75 diamants taille ashoka et de diamants, Chopard.

Broche «Chaîne d’ancre Passerelle» en or blanc, diamants et jade noir, Hermès. Bague en or blanc serti de diamants taille brillant, Bulgari. Bagues «Move Joaillerie grand modèle» et «Kate Grand modèle», Messika, et bague «Seventies», Dinh Van, toutes en or blanc et diamants.

Montre «J12∙XS Gants noirs», boîtier en céramique et acier serti de diamants, bracelet en veau verni sur gants en agneau, Chanel Horlogerie. Veste, gilet, chemise, cravate et pantalon Chanel.

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Broche «Aigrette» en or blanc serti de 586 diamants taille brillant, 43 diamants taille baguette, 4 diamants taille poire et un diamant taille rose poire, Chanel. Joaillerie. Sautoir «Joséphine Rondes de Nuit» en or blanc serti de diamants taille brillant, Chaumet. Broche d’épaule en

platine serti de 185 diamants tailles poire et brillant, Harry Winston. Bague «Possession» en or blanc serti de 470 diamants taille brillant, Piaget. Bague «Marquises» en or blanc et diamants blancs, Djula. Bague «L’Heure du Diamant» en or blanc serti de 69 diamants, Chopard.

Bague «Nuit de Diamants» en or blanc serti d’un diamant taille rond, 34 diamants taille brillant, 82 billes de diamants noirs facettées et 2 diamants noirs taille rond, Chanel Joaillerie. Veste et col DSquared2, ceinture Charvet et pantalon Pallas.

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bague «Pirouette» en jais, or blanc et diamants, Vhernier. Bague «Tango» en or rose et diamants blancs, Pomellato. Bague «Python Armure» en or blanc serti de diamants blancs, Akillis. Veste Faith Connexion, gilet Charvet, chemise à plastron Lanvin, nœud papillon Gucci et mitaines Agnelle. Coiffure Nicolas Philippon. Mise en beauté Megumi Itano. Manucure Typhaine Kersual. Assistantes réalisation Loan Albert et Margot Gillet.

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PrécieuserencontreAlors que paraît un beau livre qui relate

sa vie et ses inspirations, l’antiquaire et

créatrice de bijoux LYDIA COURTEILLE

évoque ses rencontres avec Karl

Lagerfeld, avec lequel elle partage une

passion pour les pièces de la légendaire

Suzanne Belperron.

Par Sonia Rachline.

Régulièrement, Karl Lagerfeld pousse la porte du 231 rue Saint-Honoré, celle de la boutique de Lydia Courteille, aux airs de cabinet de curiosités débordant de flamboyants trésors, extravagants et rares. L’occasion pour cette grande spécialiste de dévoiler ses trouvailles et créations à un amateur éclairé.

Quand avez-vous rencontré Karl Lagerfeld pour la première fois ?

Ce devait être en 1999 ou 2000. La galerie de bijoux de Michel Perinet, dont monsieur Lagerfeld était un client régulier, venait de fermer. Il lui avait alors conseillé de venir chez moi. Il est entré, il a dit : «J’adore les bijoux, montrez-moi ce que vous aimez, montrez-moi ce qui est rare.»

Et vous lui avez montré vos pièces de Suzanne Belperron ?Oui. Monsieur Lagerfeld la connaissait déjà bien sûr, mais à l’époque, seuls quelques collectionneurs américains s’y intéressaient. Pour ma part, j’ai découvert l’une de ses bagues en 1985, une agate blanche surmontée d’une perle. J’ai été séduite par sa modernité. Et j’ai commencé à mon tour à collectionner ses bijoux. Ce qui est particulier avec Suzanne Belperron, c’est qu’elle ne signait jamais ses pièces… Il faut savoir les reconnaître.

Qu’est-ce qui les caractérise justement ?Leur grande pureté, leurs lignes abstraites. Ce sont des bijoux d’artiste, loin de la place Vendôme. Suzanne Belperron est née en 1900 dans une famille de lapidaires de Besançon. Je crois que cela l’a beaucoup influencée : elle n’hésitait pas à utiliser

des pierres dures, plutôt pauvres, comme l’agate, la cornaline, la calcédoine, le cristal de roche. Elle jouait de matières et de couleurs avec une audace – et une épure – très contemporaines.

Karl Lagerfeld vous a donc acheté plusieurs pièces de Suzanne Belperron ?

Oui, c’est un grand fan. De ses clips, ses broches, ses boutons de manchettes, il collectionne ses bijoux en tant qu’objets d’art. Ce qui est étonnant, c’est qu’à partir du moment où monsieur Lagerfeld s’est mis à porter du Suzanne Belperron, elle est sortie de l’oubli, sa cote a explosé, on lui a enfin rendu ce qui lui appartenait : une influence majeure sur la joaillerie, des années 20 jusqu’à sa disparition, au début des années 80.

En trouve-t-on encore facilement ?Jean-Pierre Brun, le propriétaire d’un atelier de bijoux qui, en son temps, a beaucoup travaillé avec Suzanne Belperron, détient aujourd’hui tous ses dessins, ce qui permet de les identifier. On sait aussi qu’elle a créé 11 000 pièces dans sa vie. Monsieur Brun a par ailleurs vendu les droits de reproduction des bijoux à l’Américain Ward Landrigan et à son fils Nico qui aujourd’hui proposent des rééditions. Reste que la spéculation est désormais telle que les pièces originales atteignent des prix fous… C’est à la fois une bonne chose, je suis vraiment heureuse qu’elle soit reconnue, mais cela rend la chasse au trésor bien moins drôle. Les gens ne viennent plus vous proposer de pièces, ils préfèrent passer par les ventes aux enchères.

Vous en avez encore quelques-unes… Pour Karl Lagerfeld ?Disons qu’effectivement, je n’en mets aucune en vitrine tant qu’il ne l’a pas vue. Y compris celles que Suzanne Belperron a créées durant la dizaine d’années où elle a travaillé pour la maison Boivin. Je n’aime pas sanctifier les bijoux, les disposer sur des plateaux d’argent ! Chez moi, au coffre, ils sont dans de petits sacs en plastique rangés dans un Tupperware. Lorsque monsieur Lagerfeld vient, je le sors. Ce qui le fait toujours beaucoup rire. Mais enfin, il y a aussi des bijoux de Suzanne Belperron que je trouve vraiment laids. Je ne garde pas tout !

Comment qualifieriez-vous le goût de Karl Lagerfeld ?Il a aussi une grande prédilection pour les bijoux Arts Déco. C’est un style plus facile à porter pour un homme. Par ailleurs, il adore les grenats et n’aime pas beaucoup l’or jaune… C’est un homme extrêmement généreux. Il fait régulièrement des cadeaux à ses amis. Dans ces cas-là, il recherche une chose précise, résolument incarnée. Par exemple, je possédais une collection de grosses aigues-marines qu’il a, pour la plupart, fait monter en pendentifs. Ces bijoux étaient destinés à quelqu’un en particulier. Il choisit toujours les pièces en fonction de la personne à qui il va les offrir. C’est un homme très attentionné. Lydia Courteille, éditions ACC Art Books.

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Ces deux-là sont d’une insatiable énergie et curiosité, respectivement au sommet de leur art, déterminés pourtant à repousser encore et toujours de nouvelles montagnes : trois ans après The Old Man, le scénographe Bob Wilson retrouve le danseur Mikhail Baryshnikov avec Letter to a Man, monologue tragique, flirtant avec le délire, tiré du journal intime de Vaslav Nijinski, chorégraphe et danseur révolutionnaire du début du xxe siècle, dont la carrière est indissociable de celle des Ballets Russes de Diaghilev. Sur scène : pas de surprise, mais une quintessence de style et d’inspiration fidèle à ce que l’on connaît des deux artistes : la beauté plastique des jeux d’ombres, de couleurs et de lumières de Bob Wilson, la grâce absolue des mouvements, à la limite de la pantomime, de Baryshnikov, l’ensemble porté par une flamboyante folie de musique et de mots – en russe et en anglais surtitrés. (SR) Letter to a man, du 15 décembre au 21 janvier, au Théâtre de la Ville - Espace Pierre Cardin. theatreonline.com

Par Olivier Lalanne, avec Sonia Rachline, Jacky Goldberg, Clémentine Goldszal, Olivier Granoux et Charlotte Lipinska.

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On vous en parlait dès le mois d’août : le Centre Pompidou consacre une rétrospective majeure à l’artiste américain Cy Twombly, disparu en 2011, l’idéal pour plonger dans son monde, inextricable alliance d’enfance et d’érudition, de gribouillis spontanés et de vestiges primitifs, de traits et d’effacements, œuvre à la fois sensuelle et savante incarnée par quelque 140 peintures, sculptures, dessins et photos, dont bon nombre n’ont encore jamais été montrés en France. (SR) Cy Twombly, jusqu’au 24 avril au Centre Pompidou. centrepompidou.fr

Danseur d’exception et chorégraphe inspiré, Akram Khan intègre comme nul autre les rythmes percutants du kathak (la danse traditionnelle indienne) à la danse contemporaine, faisant de son corps le point de jonction parfait entre Orient et Occident. Il revient en trio avec Until the Lions, inspiré d’un chapitre du Mahabharata, ce récit épique indien qui ne le quitte plus depuis qu’il participa à la production légendaire de Peter Brook à l’âge de 13 ans. Akram Khan y questionne l’identité sexuelle à travers la figure d’Amba, l’une des héroïnes du conte, capable de modifier son apparence physique… Entouré de deux danseuses et quatre musiciens-chanteurs, Akram Khan y déploie toute la singularité de son talent. (CL) Until the Lions, du 5 au 17 décembre, Grande Halle de la Villette, Paris.

Mélanie Laurent n’est jamais là où on l’attend. Après le succès du documentaire Demain qu’elle a coréalisé, la comédienne a jeté son dévolu sur le roman de l’Américain James Frey, Le Dernier Testament de Ben Zion Avrohom. Mais qui est donc Ben, ce marginal charismatique, libertaire et bisexuel, prônant l’altruisme et l’écologie ? Serait-ce le messie du xxie siècle ? Ceux qui l’ont connu le racontent et se souviennent... La comédienne, dont on connaît l’attrait pour la

pensée altermondialiste et l’inquiétude quant à l’avenir du monde, porte au théâtre ce récit construit tels les Évangiles. Une première mise en scène qui a l’ampleur de son ambition avec sept acteurs (dont la gracile Lou de Laâge) et un renfort certain de musiques et de vidéos. Le Dernier Testament, ou comment signer sa profession de foi en l’humanité. (CL). Le Dernier Testament, du 25 janv. au 3 fév. Théâtre national de Chaillot, Paris.

Il faut le voir jouer de son corps, arrondir ses mouvements, inventer de nouvelles manières de bouger, visions d’une hypnotique beauté qu’il dévoile de spectacle en spectacle : James

Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, n’a pas seulement hérité d’une ressemblance physique, mais aussi d’une capacité d’expression hors normes, talent que l’on retrouve une fois de plus dans La grenouille avait raison, son nouvel opus, poème de gestes autour du thème de la fratrie. Une création proche du cirque ? En un certain sens. Reste qu’il n’y est pas tant question de sensations que d’émotion pure. (SR)La grenouille avait raison, du 1er au 31 décembre au théâtre du Rond-Point. theatredurondpoint.fr

La performance :

James Thierrée

Le conte : Akram Khan

LA PREMIÈRE FOIS :

Mélanie LaurentL’ARTISTE :

Cy Twombly


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«Je ne fais ni de l’art pour l’art, ni de l’art contre l’art. Je suis pour l’art, mais pour l’art qui n’a rien à voir avec l’art, car l’art a tout à voir avec la vie», écrivait Robert Rauschenberg, l’un des plus grands artistes américains du xxe siècle, proche de Jasper Johns et de Cy Twombly, précurseur du pop art, identifiable entre tous à sa manière de mêler objets, textures diverses, collages, photos, sérigraphie, gravure…, compositions percutantes aux airs de vrais faux chaos, à l’image d’un monde insensé. La Tate Modern de Londres lui consacre une rétrospective, la première depuis sa disparition en 2008, l’occasion de (re)découvrir une œuvre majeure, inscrite dans le réel, parfaitement fidèle à celui qui disait encore «mon art consiste à prêter attention». Et quelle attention ! (SR)Robert Rauschenberg, du 1er décembre au 2 avril à la Tate Modern de Londres. tate.org.uk

Au premier abord, sa complicité musicale avec Kanye West semble totalement impossible. Avec sa barbe et sa chemise à carreaux, sa pudeur et sa solitude, Justin Vernon est la parfaite antithèse du turbulent rappeur people. Pourtant les deux compères collaborent assidûment, mus par la même envie de repousser toujours plus loin les frontières de la création. Sous le nom de Bon Iver, l’homme des bois avait séduit les foules en 2008 avec son folk épuré et son envoûtante voix haut perchée. Après une longue parenthèse de sept ans, Bon Iver est revenu du néant cet automne avec un troisième album inespéré qui renoue avec le minimalisme du début, customisé dans des orchestrations avant-gardistes magnifiques, où le vocoder est un soliste virtuose. Sur scène, la magie s’annonce totale. (og)«22, A Million» (PIAS). En concert le 22 janvier au Zénith de Paris.

Alors que son dernier film, L’Ornithologue, sort en salle, le cinéaste portugais João Pedro Rodrigues fait escale au Centre Pompidou le temps d’une rétrospective. L’occasion de (re)voir ses longs-métrages – O Fantasma, Odete, Mourir comme un homme – mais aussi bon nombre de ses

courts, tous conçus en collaboration avec son directeur artistique João Rui Guerra da Mata. Les deux hommes seront d’ailleurs présents pour rencontrer leur public, ce qui n’est pas la moindre qualité de cet événement, l’un et l’autre passionnants et drôles lorsqu’il s’agit d’évoquer leur travail nourri de références et culture cinématographiques. Last but not least : la découverte d’un film inédit – commandé par le Centre Pompidou – réponse à la question «Où en êtes-vous, João Pedro Rodrigues ?», et la sortie d’un livre d’entretiens, premier du genre en France. (SR)Rétrospective João Pedro Rodrigues, jusqu’au 2 janvier au Centre Pompidou. centrepompidou.fr

L’artiste :ROBERT RAUSCHENBERG

LE CONCERT :

BON IVER

LE CINÉASTE :

João Pedro Rodrigues


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Jeune prodige de la musique électronique, sacré en 2011 à 21 ans avec un premier album ensorcelant, Nicolas Jaar revient avec un deuxième disque encore plus abouti. Le style s’affirme, et s’amplifie. Downtempo vaporeux aux effluves

psychédéliques hérité de Ricardo Villalobos, post punk déviant, reggae vaporeux… l’Américain d’origine chilienne sait tout faire et révèle de sa voix sage une personnalité chic et solaire. Ténébreux DJ remixeur à ses débuts, Jaar donne désormais de la chair à ses machines, incarnant une voix, une conscience et un propos. Poétiques et politiques, les textes donnent une profondeur à ce bel écrin de chansons voyageuses, idéal pour passer l’hiver en apesanteur. (og) Sirens (Kobalt).

Ceux qui ont connu la première vie du Divellec, table de poissons étoilée orchestrée trente ans durant par Jacques Le Divellec, ne devraient pas être déçus. Entièrement revisité par Isabelle Saglio, Philippe Grach et le chef Mathieu Pacaud – en collaboration avec son père Bernard –, le lieu reprend du service : carte à la gloire d’une gastronomie marine et végétarienne et intérieur à géométrie variable, entre recoins intimes, jardin d’hiver convivial, salle à manger radieuse et bar pour happy hours. Cette nouvelle ancienne adresse à la lisière des Invalides est une invitation au plaisir. (SR)Divellec, 18 rue Fabert, 75007. divellec-paris.fr

Le livre que vous n’arrivez pas à finir ?J’ai un livre à côté de mon lit depuis quinze ans. Ça n’est pas tant que je ne puisse pas le finir ; je ne peux même pas le commencer ! Il s’appelle The Scottish Nation, 1700 to 2000, je l’ai acheté quand j’ai réalisé que je ne savais pas assez de choses sur mon pays. Bon, je me dis que c’est le livre que j’emporterai en prison, que je le lirai finalement quand je n’aurai vraiment rien d’autre à faire.

Le livre que vous offrez souvent ?

Chroniques de l’oiseau à ressort, de Murakami ; c’est comme une invitation dans une autre dimension. Et puis, au début des années 2000, à un moment où je n’allais pas bien du tout, peu de temps avant que j’arrête de boire, on m’a donné L’Alchimiste, de Paulo Coelho. Le livre m’a beaucoup aidé à l’époque et je l’offre aussi régulièrement. Le dernier livre que vous avez acheté ?Un certain Adolf Hitler, de Sebastian Haffner, sur la recommandation de mon ami Roman Polanski.

Votre genre littéraire préféré ?J’ai une fascination pour les gens qui partent seuls en mer ou en montagne. Je suis très entouré au quotidien, c’est peut-être pour ça que ces aventuriers solitaires m’attirent. J’adore par exemple La Longue Route, de Bernard Moitessier, un navigateur français des années 60.

Un écrivain avec qui vous aimeriez dîner ?Tchekhov ! J’adore ses nouvelles, sa mélancolie russe résonne chez l’Écossais que je suis. Je lui préparerais quelque chose d’hypermoderne, genre cuisine fusion asiatique, et il se demanderait ce que c’est que ce truc. *Sortie le 28 décembre.

LES LIVRES

d’Ewan McGregor

L’assiette : Divellec

Pour ses débuts derrière la caméra, il a choisi d’adapter le chef-d’œuvre de Philip Roth,

American Pastoral*. L’occasion d’un bref autoportrait bibliographique. Par Clémentine Goldszal.

Le disque : NICOLAS JAAR

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Sept ans après son somptueux premier film, A Single Man, Tom Ford prouve une fois encore qu’il est aussi un vrai cinéaste. Avec ce second long-métrage, Nocturnal Animals, le toujours impeccable créateur s’impose comme héritier d’Hitchcock et d’Antonioni (excusez du peu), cousant un redoutable thriller de vengeance (dans les plaines poisseuses du Texas) sur le revers d’un mélo conjugal (dans les glaciales villas de Los Angeles). Par un complexe jeu d’échos et de faux-semblants, Jake Gyllenhaal et Amy Adams se torturent ainsi à distance, ex-amoureux à jamais consumés par les cendres de leur rupture. Tom Ford trouve chez l’actrice au teint d’albâtre un visage idéal pour y déposer sa suave cruauté, tandis que Gyllenhaal et le reste du casting jouent staccato leur partition venimeuse. (JG) Nocturnal Animals, de Tom Ford, sortie le 4 janvier.

C’est à Juergen Teller, photographe star, que la galerie londonienne Alison Jacques a demandé de sélectionner un certain nombre de clichés signés Robert Mapplethorpe, extraits de ses archives. Alors que les expositions de l’artiste décédé en 1989 se multiplient et qu’un film biopic devrait sortir l’an prochain, ce rendez-vous porte un regard inédit sur une œuvre de plus en plus en vue. Portraits, natures mortes, nus ? Quels sont les choix de Juergen Teller ? Toute la question est (aussi) là. (sr) Jusqu’au 7 janvier, Alison Jacques Gallery, Londres. alisonjacquesgallery.com

Avis aux amateurs : ce livre est une bible où retrouver répertoriés, racontés, détaillés par Olivier Saillard, historien de la mode et directeur du Palais Galliera, plus de quatre-vingts modèles conçus par Christian Dior chez… Christian Dior, pièces maîtresses conservées dans les plus grands musées, emblématiques de dix années (1947-1957) de chic enchanté, New Look en tête, jusqu’à la mort soudaine du couturier. Un

premier ouvrage bientôt suivi de cinq autres, chacun dédié aux créateurs successifs de la maison, Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons… Tour – et atours – complet de la griffe, qui célèbre cette année ses 70 ans… (sr)Dior par Christian Dior, d’Olivier Saillard, photos de Laziz Hamani, éditions Assouline.

Entre 1942 et 1967, la maison Gallimard avait l’habitude de proposer certains de ses romans en édition limitée, sous cartonnage estampé, chacun doté d’un dessin spécifique. Ces ouvrages, alors conçus de mains de maîtres par le relieur Paul Bonet et l’artiste Mario Prassinos, Pierre Sauvage, propriétaire de Casa Lopez – éditeur d’objets d’intérieur – les a longtemps collectionnés, notamment pour la beauté graphique de leurs couvertures. De là lui est venue l’idée d’en réinventer quelques-unes sous une nouvelle forme, soit en mini-série de tapis réalisés sur commande. Transposition à l’identique d’œuvres de Paul Claudel, Henry de Montherlant, André Malraux, chaque modèle est limité à une dizaine d’exemplaires, pièces rares dont les lettres de noblesse tiennent aussi à ce supplément d’Histoire, et de mémoire. (sr)Chez Casa Lopez, en éditions limitées.

LA RENCONTRE :

Casa Lopez et Gallimard

LES PHOTOGRAPHES :Robert Mapplethorpe par Juergen Teller

La légende : CHRISTIAN DIOR

L’objet de désir : Nocturnal Animal

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POÉSIE :

Emily Dickinson «Par-dessus tout !»Mallarmé, Rimbaud et Verlaine «Mallarmé, c’est banal mais qu’est-ce que vous voulez, c’est incontournable. Mallarmé, j’adore. Évidemment, c’est banal aussi de mettre Rimbaud et Verlaine. Mais en même temps, il n’y a rien de plus joli que les deux personnages du Colloque sentimental de Paul Verlaine. Tant pis, soyons banals !»

Else Lasker Schüler «La plus grande poétesse expressionniste allemande.»

Roberto Juarroz «J’adore ce poète argentin. Personne ne le connaît.»

Rainer Maria Rilke «En particulier les Élégies de Duino.»Goethe «Je ne suis pas un fan de sa poésie, mais j’aime beaucoup Les Affinités électives.»

Friedrich Hölderlin «En particulier les poèmes à Diotima.»Catherine Pozzi «Ses six poèmes.»

Anna de Noailles «J’aime Le Cœur innombrable et L’Honneur de souffrir d’Anna de Noailles. C’est très hystérique, mais ça me va…»

Incontournables aussi : Annette von Droste-Hülshoff, Guillaume Apollinaire, Paul Éluard, Aragon,

Houellebecq, Edith Sitwell.

Romans, philosophie, poésie, tragédie grecque…

Zoom sur les livres de chevet de KARL LAGERFELD,

lecteur COMPULSIF et PASSIONNÉ.

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«J’ai découvert les livres dans la bibliothèque

de mes parents, à 5 ans, et après j’ai

acheté des livres toute ma vie. L’ordre affectif

n’existe pas, je lis en trois langues.

Aucune règle, c’est instinctif.» -Karl Lagerfeld

ROMANS :

Sartre, Les Mots, «un livre que j’adore».Madame de Staël, De l’Allemagne.«Je le relis souvent. Il est à côté de mon lit.»

Balzac, Béatrix. «C’est le livre avec lequel j’ai appris le français. Tout l’univers de Balzac m’a toujours fasciné.»

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves.Thomas Mann, Les Buddenbrook et Tonio Kröger.

La légende de Kriemhild «J’y ai découvert, à 5 ans, un caractère comme le mien pour lequel il n’est jamais trop tard pour se venger, surtout quand les gens n’y pensent plus, c’est là qu’on tire la chaise…»

«Ah j’oubliais parmi mes livres favoris, La Naissance du jour de Colette qui teinte mon amour pour Saint-Tropez et tout Virginia Woolf, avec un faible pour sa correspondance en six volumes.»

PHILOSOPHIE - ESSAIS :

George Santayana, The Sense of Beauty, édition originale de 1906. «Ma bible philosophique. Très difficile à trouver, ça n’a jamais été traduit en français. La seule personne qui le connaissait, c’était Gore Vidal.»Spinoza «Il est l’auteur de la phrase qui me guide : “Toute décision est un refus”.»

Nietzche «Toute son œuvre dont je suis l’éditeur en Allemagne. J’apprécie aussi ses poèmes qui ne sont pas très connus mais qui sont pas mal…» Le journal du comte Harry Kessler

«Huit volumes en allemand, traduits et résumés en un volume dégueulasse en édition française… Son père était un banquier d’Hambourg qui a été anobli. C’est le reflet extraordinaire d’un milieu, à la fois élégant et cultivé, de l’Allemagne des années 20. Kessler était très beau et on a dit qu’il était le fils de Guillaume Ier. Ça n’a jamais été prouvé.»

Joan Didion, L’Année de la pensée magique.

«Un chef-d’œuvre

absolu.»Homère, L’iliade. «Texte majeur de la littérature grecque. Plus généralement, j’aime tout ce qui touche à l’Antiquité.»

Longus, Daphnis et Chloé.Bossuet, Les Oraisons funèbres.

Racine «Toutes les tragédies de Racine, je peux même improviser les vers de Racine. Dans le temps, j’avais un groupe d’amis avec lesquels on ne parlait, à table, qu’en vers de Racine. J’adore ça. Et Molière aussi.»

Saint-Simon «J’en connais des passages par cœur, comme si j’avais moi-même vécu à la cour de Louis xiv.»

Borges «Toute son œuvre que je lis en anglais et en français. C’est bien traduit. Comme il parlait ces deux langues, il a surveillé ses traductions.»

«J’ai écrit des critiques de

livres dans Vogue au début

des années 70. Je signais

“Minouflet de Vermenou“.»

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De la tête aux pieds Cette histoire commence au début des années 70. Pour Audran, le vêtement n’est pas affaire de coquetterie : «Tant que je n’ai pas le costume, je ne sais pas où je vais. À partir du moment où il est trouvé, je me sens tranquille.» Or, à cette époque, son ami Maurice Albray, qui l’avait habillée au cours des années 60, est parti pour les États-Unis. «Il m’avait habituée à l’importance que peut avoir un vêtement pour incarner un personnage. Après son départ, j’ai lu un article du Elle qui présentait quatre nouveaux créateurs. Parmi eux, se trouvait Karl Lagerfeld. Je l’ai contacté.»

Vénéneuse histoire d’un meurtre tournée par Chabrol en 1971, Juste avant la nuit voit naître le duo Audran-Lagerfeld. Suivront plus de trente films et téléfilms. «Ce travail était différent de son activité dans la mode et c’est certainement ce qui l’amusait. Les débordements de son imagination me renvoyaient aux déguisements de mon enfance. C’était léger, joyeux, différent. Dans Les Noces rouges, en 1973, j’incarne une bourgeoise qui a un amant. Ils deviennent assassins en supprimant leurs époux respectifs. Pour l’un des costumes, Chabrol avait demandé à Karl une note de rouge qui symboliserait le sexe et la mort. Il a dessiné une robe classique, boutonnée devant. Quand je m’asseyais on apercevait une combinaison rouge. Un autre aurait pensé à un foulard ou à des gants.

Sous les verres fumés, le regard clair de STÉPHANE

AUDRAN. Depuis 2008, l’actrice de La Femme infidèle, du Boucher ou Betty s’est éloignée du cinéma

et ne donne plus d’interviews. «J’accepte de vous répondre pour Karl», a-t-elle prévenu au téléphone.

Sur la table du salon, elle a classé une centaine de

croquis, photos, échantillons de tissus… Vingt ans

de complicité entre une comédienne et un maître de

la mode. VINGT ANS DE CINÉMA.

Par Adrien Gombeaud.

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Je vous embrasse. K.L.

Ci-dessus, Stéphane Audran dans Le Sang des autres, de Claude Chabrol. Au centre, avec Karl Lagerfeld et Jane Seymour en 1984. à droite et en bas, croquis et robe de Karl Lagerfeld pour L’Amour en héritage, mini-série télévisée américaine.

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Par exemple comme ceux que porte Isabelle Huppert dans L’Ivresse du pouvoir.» Dans Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel (Oscar du meilleur film étranger 1973), l’actrice porte une célèbre robe décolletée en trois triangles dans le dos. Classique de face, Lagerfeld l’a conçue pour une séquence de dîner où on ne la voit que de dos. «Après le tournage, je me suis empressée d’emporter la robe car l’épouse du directeur de production louchait dessus depuis le début !»

Les premiers croquis, précieusement conservés par la comédienne, sont envoyés sur du papier à en-tête Chloé, puis viennent les deux C de Chanel ou un éventail noir où se mêlent un K et un L. «Karl est arrivé chez Chanel en 1983, je le retrouvais fréquemment au “studio” pour les essayages…» Autour de Stéphane Audran s’installe une petite entreprise. Lagerfeld transmet ses indications à la directrice de la coordination haute couture du studio Martine Cartegini. Son rôle, écrit-elle dans ses mémoires, consiste à veiller à ce que toutes les décisions prises par le couturier soient reproduites fidèlement. C’est elle qui rencontre les artisans, brodeurs, bijoutiers… À la demande de Lagerfeld, elle se rendra trois fois de suite au pressing pour que le déshabillé en crêpe de Chine de Coup de torchon (Bertrand Tavernier) ait l’air suffisamment porté ! En général, Karl Lagerfeld ne revient qu’aux derniers essayages. Ses croquis sont toujours d’une grande précision. Sous une bottine prévue pour Folies bourgeoises que prépare Claude Chabrol, il écrit : «Talons : 7 centimètres.» Plus loin, cette indication : «Genre Gloria Swanson.» Pour L’Avocat du diable de Guy Green, en 1977 : «Frange courte, peu de mascara sur les cils, sourcils dessinés en traits, tempes dégagées par des peignes, le dessus du crâne n’est absolument

à gauche, Stéphane Audran dans Folies bourgeoises, de Chabrol et dans Le Marteau-piqueur, de Charles Bitsch. ci-dessous, Le Sang des autres de Chabrol, avec Jodie Foster. ci-dessus, dans Paradis pour tous, d’Alain Jessua. En haut, Folies bourgeoises et Le Festin de Babette, de Gabriel Axel.


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«Son objectif était que le rendu à l’image soit identique au croquis : tissus plus légers, plus agréables à porter pour la comédienne. Par le vêtement, il traduisait l’essence de l’époque. Violette Nozière, de Chabrol, se déroule en 1933. Le renard se portait alors couramment. Or, à la sortie du film en 1977, c’était devenu une fourrure de riches. Au lieu d’un col de renard, Karl a donc fait mettre un col d’astrakan à mon manteau. Ainsi, à l’écran, le personnage paraissait pauvre. Personne d’autre ne travaillait ainsi».

Une cape inoubliable

Depuis sa table de travail, Karl Lagerfeld voyage aussi bien dans le temps que dans l’espace : «Nous avons tourné Coup de torchon au Sénégal par 50° à l’ombre. Les balcons qui entouraient la maison laissaient circuler un courant d’air qui soulevait les manches de mon déshabillé. J’étais la seule à profiter de cette brise, le costume parlait pour le personnage.» En 1987, dans l’oscarisé Festin de Babette, Stéphane Audran porte une cape inoubliable. Dans la tempête danoise, le vêtement imprime à l’actrice l’allure d’une flamme noire. La cape appartenait à Karl Lagerfeld. Comme la robe du Charme discret de la bourgeoisie, elle est aujourd’hui dans les collections de la Cinémathèque française. «J’avais accepté le rôle en lisant, à la fin du scénario, une phrase si belle qui disait : “Du cœur de l’artiste s’élève un long cri pour le monde entier. Offrez-moi l’occasion de donner le meilleur de moi-même. Celui qui met de l’amour dans ce qu’il fait est un artiste.”» Ces années, ces croquis, ces esquisses ne racontent pas autre chose. L’histoire d’une exceptionnelle complicité artistique dont l’actrice parle aujourd’hui avec reconnaissance et la distance qu’impose le respect. Car leur relation interdisait toute familiarité. Jamais ils ne se sont tutoyés. Parfois, sur un coin de dessin, Karl Lagerfeld jetait un fugace : «Je vous embrasse. K. L.»

pas gonflé, rien sur les oreilles…» Pour les mains, le maître précise : «Ongles vernis rose nacré.» Le mot rose est souligné deux fois. Stéphane Audran poursuit : «Karl avait une vision d’ensemble. Il concevait les bijoux, les chapeaux, les chaussures, les coiffures, le maquillage, les dessous… tout de la tête aux pieds.» Parfois, d’un nuage de pastel, Lagerfeld va jusqu’à reproduire l’ambre de sa peau.

ci-contre et ci-dessous, Coup de torchon, de Bertrand Tavernier. En haut, Le Festin de Babette, et à droite, croquis de Karl Lagerfeld pour Le Sang des autres.


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Qu’attendez-vous de la beauté en général ? Pour ma part, je cherche à m’amuser, à me sentir bien, à m’exprimer au travers de la beauté et de la mode.

Avez-vous une obsession particulière en matière de maquillage ? J’adore les crayons à lèvres et à sourcils.

Où trouvez-vous aujourd’hui votre inspiration maquillage et coiffure ? En essayant les produits dans les boutiques et en lisant les magazines.

Avez-vous déjà des habitudes (bonnes ou mauvaises) concernant votre routine beauté ? Je me ronge les ongles depuis que je suis petite, ce qui n’est vraiment pas bien, je sais. En revanche, je veille toujours à bien me nettoyer le visage matin et soir.

Êtes-vous déjà sensible à votre alimentation ? À votre forme ?J’aimerais vous dire oui, mais en vérité j’adore la junk food et je ne fais pas très souvent du sport. Ceci dit, j’aime aussi la nourriture saine. Je pense que c’est important de se faire plaisir et de ne pas s’empêcher de manger ce que l’on aime.

Quels sont les 5 produits de beauté qui ne vous quittent jamais ?Une bonne crème pour le visage, un baume pour les lèvres, un crayon à sourcils, un crayon à lèvres et un joli blush.

La dernière découverte maquillage qui vous a séduite ?Porter du blush plus près du nez, ce qui donne un «rose aux joues» encore plus naturel.

Quel est le prochain produit de beauté que vous aimeriez découvrir ? Un gloss qui ne colle pas aux cheveux !

Vous êtes l’égérie du N° 5 L’Eau, la version plus fraîche, plus jeune de ce grand classique, qu’aviez-vous envie de lui insuffler ?Le N° 5 a pour moi une certaine nostalgie, c’est le parfum le plus iconique du monde. Je me rappelle avoir découvert l’odeur quand j’étais petite et m’être sentie très femme lorsque je l’ai porté pour la première fois. Je crois que Chanel aime le fait que je sois jeune et que je puisse représenter cette nouvelle interprétation du N° 5. Je le porte d’ailleurs tous les jours sans exception.

Son coup de cœur :Lily-Rose Depp

«Je connais Karl depuis

mes 8 ans. Il a beaucoup de

présence et de charisme. Il est très

sensible. J’ai vraiment l’impression

qu’il comprend les gens. Mais

ce qu’il faut dire d’abord, c’est que

c’est un génie. » — Lily-Rose Depp

La FRAÎCHEUR de la jeunesse combinée à l’AURA d’une STAR : c’est ce pétillant mélange qui a séduit Karl Lagerfeld quand

il a rencontré LILY-ROSE DEPP. L’égérie du N° 5 L’Eau de Chanel nous explique ici sa vision de la beauté, celle d’une génération.


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Une routine sportive ?Choupette est ultra-dynamique. Elle adore faire des chat-poursuites, sauter, se cacher. Dans ces moments-là, je suis un peu son coach à domicile. Le reste du temps, elle pratique le cat yoga : posture du chat, du chien tête-en-bas, du cobra… Elle les maîtrise toutes parfaitement.

Des astuces beauté pour un poil soyeux, un regard limpide ?Brosser sa fourrure jusqu’à six fois par jour. Choupette adore ce moment, notamment sur le cou et le poitrail, avec une brosse en métal, si possible. Quant à ses yeux, ils sont nettoyés quotidiennement à l’Ocryl.

Un régime alimentaire particulier ?La combinaison de deux types de croquettes sèches (Hill’s Science Plan) : les premières, à base de fibres végétales, lui assurent un pelage doux et brillant tout en limitant la formation des boules de poils, les secondes veillent à l’hydratation de sa peau. De temps en temps, des petits plats en sauce ou un pâté de poulet, achetés chez le vétérinaire, pour le fun. Le tout, arrosé d’eau filtrée au charbon qu’elle boit directement à la fontaine.

Un péché mignon ?Si autrefois Choupette aimait la crevette, aujourd’hui, elle préfère tremper son museau dans le beurre de régime de son maître, mais de façon très occasionnelle. Point d’excès tout de même…

Un lieu de prédilection pour se reposer, relâcher la pression ?Dans le dressing de son maître, sous ses vestes très exactement. Elle sait qu’ici, elle est au calme et à l’ombre…

Une adresse pour faire du shopping sur le net ?Cat-on.fr : leurs griffoirs en carton sont parfaits pour une manucure express.

Dernier geste beauté du soir avant d’aller se coucher ?Faire sa toilette dans le dressing de son maître, en attendant qu’il se prépare pour la nuit. Puis elle se faufile sur le lit où elle l’attend pour dormir, bien calée contre lui. Comme toute chatonne active, elle se réveille tôt, vers 6 h 30, pour qu’il lui prépare un petit déjeuner de championne.

Son top félin : Choupette

Un poil IMMACULÉ, un iris BLEU GLACIER, une ligne svelte… Pour afficher la photogénie des grandes stars, la chatte aux 90 000 abonnés Instagram dispose d’une routine beauté bien rodée. Voici les habitudes alimentaires, sportives et bien-être de CHOUPETTE, dévoilées en live par Françoise, sa gouvernante personnelle.


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— 1. Apothicaire perso Logés dans une box estampillée avec la formule qui nous a été prescrite, le concentré et les deux boosters ciblés (entre les cinq possibles : rougeurs, rides, peaux sèches, pores dilatés, teint terne) se mélangent à la dernière minute pour potentialiser leurs effets. Apothecary Preparations, Kiehl’s, 95 € au Bon Marché.

— 2. Parfum customisé Dans la boutique de la rue Saint-Honoré, on choisit la couleur de son flacon abeille (rose, jaune, rouge…), son fil de soie (simple ou double), sa signature (or ou argent), sa typographie (bâton ou à l’anglaise) et son jus favori dans l’une des vingt-cinq fontaines à parfum. Flacons Abeilles Colorés 125 ml, Guerlain, 140 à 520 €.

— 3. Signature olfactive Griffée à nos initiales, cette mini-flasque d’huile parfumée réveille les fragrances un peu trop sages avec quelques gouttes juste déposées sur les points de pulsation. Une façon doublement sensuelle de signer son sillage… Les Sublimes Essences «Ambre», Ex Nihilo, 380 €.

Encore plus chic que

les flacons d’exception et les

actifs rarissimes, la beauté

gravée à ses initiales.

Par Mélanie Defouilloy. Photographe Mario Testino. Photo produits Bart Oomes.

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— 4. Ma crème à moi Après un diagnostic pointu du profil de la peau, la Ioma Factory du boulevard Saint-Germain formule en moins de cinq minutes (gravure dans les 48 heures) un soin ultra-personnalisé, parmi 171 millions de combinaisons possibles. Ma Crème, Ioma, 145 €.

— 5. Flamme monogramme Depuis leur odeur divine jusqu’à leur couvercle estampillé, en passant par leur emballage calligraphié, les bougies Jo Malone sont définitivement la quintessence du chic. Bougie Parfumée, Jo Malone, 50 €.

— 6. Couleur personnelle Réalisé par Nicolas, au pigment près, en fonction de la couleur de chacune, ce masque exhausteur de nuances, aux collagènes hydratants, protège et sublime les colorations au fil du temps. Ma Petite Couleur, à partir de 40 €. Salon Nicolas Felice, 8 rue Saint-Florentin, 75001.

— 7. Savon calligraphié Les initiales Mavelot, célèbres lettrines créées par un maître écrivain français du xviie siècle,

sont aujourd’hui gravées sur les savons de la très chic Officine Universelle Buly. Savon Superfin, Buly, 29 €.

— 8. Codage cellulaire Via un questionnaire, en ligne ou en boutique, on personnalise son sérum avec tous les actifs qui font défaut à la peau, pour qu’elle rayonne toute l’année. Le tout, dédicacé de notre matricule. myCODAGE, 150 à 350 € suivant les actifs.

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Issu de la Silicon Valley,

le«bio-hacking» est l’art de

nous transformer en machine

performante. Sommeil,

musculature, «moi en mieux» :

la clé de notre futur bien-être ?

Par Carole Sabas. Photographe Ben Hassett. Réalisation Claire Dhelens.

Super Girl

Craig Venter, le décodeur du génome humain, en est persuadé : «Toutes les cellules des êtres vivants sont des machines biologiques programmées par leur ADN.» Réécrivez le code source, et tout peut être réinitialisé, de la vie amoureuse aux habitudes de sommeil ou à la force musculaire. Encouragés par cette vision, les labos de la Silicon Valley ont commencé à collecter des données sur nos habitudes afin d’y décrypter nos faiblesses, pour pouvoir ensuite les corriger. Ce courant du «bio-hacking» en est à ses débuts, mais de nouvelles start-up, axées sur le développement personnel, s’apprêtent déjà à nous transformer en wonder women.

REPROGRAMMATEUR CELLULAIRE

L’éternelle jeunesse au cœur du bio-hacking ? Possible. 23andMe, une société voisine de Facebook dans la Silicon Valley, s’est spécialisée dans l’analyse des échantillons de salive. Son nouveau test «Wellness» révèle la tolérance à l’alcool, aux produits laitiers ou à la caféine, mais aussi les prédispositions sportives basées sur la qualité musculaire ou de futurs problèmes de chute de cheveux. Une nouvelle étude, en collaboration avec la marque Olay, a déjà permis d’identifier 2 100 gènes zélés qui permettent à certaines femmes de ne jamais paraître leur âge et peuvent aider les autres à vieillir moins vite. 199 $ le test Wellness. 23andme.com

BON GÉNIE DU SOMMEIL Le IT Bed est un matelas connecté à deux applis d’iPhone. Ses senseurs biométriques collectent battements du cœur, mouvements et rythmes respiratoires durant la nuit, livrés par Bluetooth à l’appli SleepIQ. En parallèle, il communique avec l’appli ActiveComfort, chargée de rassembler d’autres infos personnelles : régime alimentaire, fitness, stress au travail… En synchronisant ces données, le IT Bed optimise l’effet récupérateur de la nuit suivante, en modulant la fermeté du matelas. Autre gadget spécial bonne nuit : la lampe Nox Smart Sleep System de Sleepace. Une fois les biosenseurs fixés sur le lit, la lumière se déclenche au bon moment pour optimiser la phase de réveil et être en forme toute la journée.IT Bed, Sleep Number, 1 000 $. itbed.sleepnumber.com. Nox Smart Sleep System de Sleepace, 280 $. mysleeppace.com

NEURONES ASSISTÉS Basé à San Francisco, Emotiv nous promet des performances cérébrales optimisées. Ses bandeaux «brainwear» remplacent déjà les appareils d’électro-

encéphalogramme dans des milliers de labos et hôpitaux. La version domestique, baptisée Insight, s’enfile comme une tiare et permet d’analyser les performances cérébrales minute après minute. Les données récoltées dessinent ensuite une charte d’efficacité, pour optimiser son énergie, son temps ou sa santé mentale. Autre solution pour contrer idées floues et démotivation : les nootropes, substances à avaler censées améliorer nos performances cérébrales. Soit l’alternative scientifique à l’énergisant combo café-cigarette. Les ampoules Unfair Advantage de Bulletproof combinent ainsi deux molécules (la pyrroloquinoléine quinone et le coenzyme Q10) qui améliorent le fonctionnement des mitochondries des cellules, pour un regain d’énergie mentale et physique.Bandeau Insight 5 Channel d’Emotiv, 299 $. emotiv.com. Unfair Advantage de Bulletproof, 30 ampoules, 59,95 $. bulletproof.com

ALLURE IDÉALE Les baskets intelligentes veulent prévenir les faux pas et nous donner une démarche de rêve. Aux côtés des Under Armour ou des New Balance, l’Altra IQ running shoe de iFit est le modèle le plus connecté du moment. Ses senseurs intégrés corrigent nos erreurs de marche en analysant la longueur de nos enjambées, leur cadence, mais aussi la qualité de l’impact au sol (jamais le talon en premier !). Elles permettent même de vérifier si le poids du corps est équitablement réparti sur les deux pieds. En version française, la semelle Feetme se glisse dans n’importe quelle chaussure pour calculer, dans le détail, la dynamique posturale, une donnée médicale parfois essentielle pour prévoir ensuite des séances de rééducation ! Baskets Altra IQ de iFit, 199 $. feetme.fr

Pull col amovible, Jil Sander. Maquillage Isamaya Ffrench. Coiffure Christian Eberhard. Assistante réalisation Manon Latil.

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MISSION MODE STYLES CROISES

Une double exposition inédite, présentée

vestiaire militaire dans la garde robe civile. Détails, vêtements, couleurs, ou silhouettes militaires composent un vocabulaire devenu une source inépuisable d'inspiration pour de nombreux créateurs de mode.Dialogue entre deux univers qui s'entremêlent,

aussi une invitation à l'aventure, à un voyage

l’emblématique veste saharienne.

Avec la participation de Chanel, Hermès, Louis Vuitton, Christian Dior, Chloé, Courrèges, Jean-Paul Gauthier, Kenzo, Max Mara, Thierry Mugler, Sonia Rykiel, Bensimon, Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris, la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode Marseille, Collection Didier Ludot, Collection Jean Charles de Castelbajac.

MUSÉE DE LA LÉGION ÉTRANGÈRELe musée de la Légion étrangère constitue à la fois le sanctuaire et la vitrine de cette troupe mythique. Le parcours permanent plonge le visiteur dans une épopée qui commence en 1831 jusqu'à nos jours, à travers une scénographie sobre et élégante. C’est un lieu de mémoire chargé de souve-nirs et d’émotions, évoquant une grande épopée faite d’expéditions lointaines, de travaux pharaoniques et de combats héroïques...

Chemin de la Thuilière13400 Aubagne04 42 18 12 41Du mardi au dimanche de 10h à 12het de 14h à 18hFermeture hebdomadaire le lundiet les 1er novembre,les 25-26 décembre et le 1er janvier.

Exposition gratuite

MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFSDE LA FAÏENCE ET DE LA MODESitué à Marseille, au coeur d'un vaste parc, le Château Borély, entièrement restauré depuis Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culture, présente une sélection de 2 500 œuvres d'une grande diversité de techniques : mobilier, céra-miques, verres, tapisseries, objets d'art, objets exotiques rares, design et collec-tions de mode, du XVIIIe siècle à nos jours.

132, avenue Clôt-Bey 13008 Marseille04 91 55 33 60/64Du mardi au dimanche de 10h à 18hFermeture hebdomadaire le lundiet les 1er novembre, les 25-26 décembre et 1er janvier.

Tarifs 5 € / 3 €Gratuit pour les scolaires et les centres sociauxGratuit pour tous le premier dimanche du mois

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FIBRE bien coupée

Toute l’expertise capillaire de Christophe Robin dans une collection de brosses dotées de

poils à la coupe ajustée au millimètre. À la clé : un démêlage

en douceur, une stimulation du cuir chevelu, une pousse reboostée,

des longueurs brillantes et bien nerveuses. Mention spéciale à la

brosse ronde, pré-incurvée, pour une accroche parfaite des mèches

pendant le brushing. De 62 à 84 €.

PIGMENTS

adaptogènes

Ces pigments liquides s’ajoutent à n’importe

quelle crème pour moduler son teint : entre 1 et 3 gouttes pour décider au jour le jour de la couvrance que l’on souhaite obtenir en fonction de l’humeur de sa peau. Blend It Yourself Pigment Drops, Clinique, 36 € (en février).

Masque

AIMANTÉ

Petite révolution au rayon cosméto avec ce masque inspiré de la magnétothérapie, dont la formule à base de poudre de fer s’applique en fine couche sur le visage et se retire avec l’aimant fourni. Une fois le flux électromagnétique de la peau optimisé, les actifs ont encore plus d’effets. Bénéfice escompté : des cellules plus résistantes face aux agressions quotidiennes. Magnetight Age-Defier, Dr Brandt, 75 € (en février).

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1. Grand LUXE cosmétique

Visage Estée Lauder depuis quinze ans, Carolyn Murphy avoue que la quintessence du luxe pour elle aujourd’hui, c’est de pouvoir s’offrir des soins de haute qualité et de s’amuser dans la vie : deux conditions essentielles, dit-elle, à la beauté qui dure… En terme de crèmes 5 étoiles, la ligne Renutriv, dont elle est l’égérie, fête tout juste ses 60 ans. Sa dernière évolution, Re-Nutriv Ultimate Lift Régénérante Jeunesse, intègre un duo de deux extraits de fleurs (la Rosée Floralixir) dans une eau ionique infusée de minéraux et de

micronutriments capables de relancer la communication intercellulaire d’une façon inédite, pour une régénération de la peau optimale et une redensification des tissus assez bluffante. De 195 € le Contour des Yeux à 305 € le Sérum Lift.

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Par Frédérique Verley, Christelle Baillet et Mélanie Defouilloy.

7. CHOCO healthy

Super bonne idée, ces chocolats noirs crus contiennent chacun 10 milliards de probiotiques issus de trois souches différentes, à action +++ sur la flore intestinale, la santé métabolique et la

digestion. Bref, beaucoup plus intéressants, et moins culpabilisants, que les classiques friandises de Noël. Chocolats Probiotiques, Nubio, 30 €. nubio.fr.

6. Recentrage EXOTIQUE

Atterrir à Marrakech, sous le soleil, est déjà une déconnexion en soi… Mais séjourner au Es Saadi pour y suivre une retraite yoga wellness achève de propulser le corps et le mental en orbite. Au programme, deux classes de yoga par jour imaginées et dispensées par les professeurs du Tigre Yoga Club.

Chaque cours matinal étant précédé par la livraison d’un jus de citron en chambre. Des séances de hammam et gommage pour booster le processus de nettoyage externe et une alimentation 100 % slow food à base de recettes saines, riches en fibres, allégées en calories mais survoltées en super-aliments. Le tout, arrosé de jus alcalinisant réalisés minute. Trois jours suffisent pour se sentir toute neuve. Es Saadi Palace Spa, Maroc. À partir de 1 460 € pour 3 nuits. essaadi.com

5. Comme COCO au Ritz

Personne n’ignore que le palace mythique a toujours été la bulle de décompression de Mademoiselle. C’est donc tout naturellement que Chanel y a imaginé un écrin ouaté, pur luxe, dédié à la beauté, pensé de A à Z pour récupérer son énergie et son aura naturelle. Grâce à son œil averti, la thérapeute repère aussitôt les fascias crispés pour mieux les détendre lors du massage multisensoriel, qui mixe réflexologie, étirements, digito-pressions, luminothérapie, sur le visage comme sur le corps. Au fil des minutes, les bonnes ondes affluent, le corps se redresse et le visage retrouve son allure juvénile. Chanel au Ritz, accès par le 17 place Vendôme, 75001 Paris.

8. COLLAB photogénique

Quand M.A.C décide de rendre hommage à Helmut Newton, photographe qui a façonné l’histoire de Vogue, on ne peut qu’approuver. Mais quand, en prime, on découvre que la marque de pigments s’est appuyée sur trois photos iconiques pour décliner trois looks sensuels, racés, archi-féminins, on applaudit. Bouche burgundy, smoky carbone, griffes rouge carrosserie : un sans-faute ! M.A.C x Helmut Newton.

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KARL LAGERFELD photographié par HEDI SLIMANE, le 3 octobre 2016.

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Ces photos ont été prises par Antonio Lopez à New York en 1976. Je n’arrive pas à croire que c’est moi ! J’ai l’air d’un hipster, un peu loubard. Mais je devais être un peu avant-garde tout de même parce que j’ai l’impression que les jeunes d’aujourd’hui ressemblent à ça. J’étais très proche d’Antonio, il a habité cinq ans chez moi à Saint-Germain et on a passé plein d’étés ensemble à Saint-Tropez. On était toute une bande avec Juan Ramos, Donna Jordan, Jane Forth… On faisait la fête au Sept, à la Coupole, et on s’habillait tous les soirs avec des fringues folles dénichées aux puces, du vintage années 30 ou des tenues que je faisais faire chez un tailleur du 15e arrondissement. C’était le début des années 70, c’était inspirant, bouillonnant, très insouciant. Il faut dire que le sida n’était pas encore d’actualité. J’adorais cette époque parce que l’argent ne comptait pas, et plus les gens étaient différents dans une bande, mieux c’était.”

Verres fumés, Rolls-Royce, Warhol, pastels, Virginia Woolf et souvenirs étoilés… Le monde de

KARL LAGERFELD en instantanés.

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Je porte des mitaines depuis au moins quinze ans avant tout pour éviter d’avoir des taches sur les mains. Et aussi pour ne pas avoir à serrer des mains moites, comme des éponges. C’est hélas trop courant et dégueulasse.” photographe Guido Mocafico

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Francine Crescent, rédactrice en chef de Vogue de 1969 à 1988, était une amie. Et son Vogue a été le plus courageux. Elle a poussé

Helmut Newton et Guy Bourdin, jamais à court d’une provocation et inconnus à l’époque. Elle prenait le risque de se faire virer tous les mois. On dînait au moins une fois par semaine à La Route

Mandarine, un restaurant indochinois de la rue des Beaux-Arts. Francine était une vraie visionnaire. ”

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J’ai découvert Buenos Aires récemment et ça a été une révélation. On ressent un esprit parisien un peu exotique, avec une jolie mélancolie.

Longtemps d’ailleurs, les femmes argentines étaient les plus élégantes.

Je pense notamment à madame Martínez de Hoz qu’on croisait souvent

dans les pages de Vogue. Et puis je suis fan de Victoria Ocampo, de Borges, de Juarroz et j’adore le tango. Carlos

Gardel est mon rocker préféré. ”

Je m’étais achetéun appartement à New York mais on ne peut pas avoir son derrière partout. Je l’ai revendu et désormais je reste dans une suite au Mercer, toujours la même, et je m’y sens comme à la maison. J’aime l’énergie de cette ville, la frénésie de la rue, c’est tout de même plus marrant que Paris. La première fois que j’y suis allé, j’avais 12 ans et on a fait une traversée de onze jours épouvantable sur un cargo de luxe norvégien avec mes parents. Je n’ai jamais cessé d’y retourner, même si depuis la mort de mon amie Ingrid Sischy, j’y vais moins.”

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RENCONTRE

J’adore cette couverture dessinée par Vanessa Bell, la sœur aînée de Virginia Woolf, également membre du Bloomsbury Group. Elle en a réalisé pas mal pour les éditions du début. Elle a même créé une ligne de meubles peints, Oméga, qu’on retrouve dans la Charleston Farm. Virginia Woolf est l’un de mes auteurs favoris. J’aime son esprit, la description, les mots, l’ambiance. En ce moment, je relis sa correspondance en six volumes. En langue originale, bien entendu.” photographe Guido Mocafico

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Je porte des lunettes noires depuis que j’ai 18 ans. Celles-là sont signées Shamballa. C’est ma mère qui m’y a encouragé, je suis myope, et elle ne souhaitait pas que je porte des verres correcteurs transparents. Elle trouvait ça horrible. Et elle avait raison. Et puis le monde est beaucoup plus beau filtré par des verres teintés. Je me sens nu quand je ne les porte pas. C’est mon eye-shadow.” photographe Guido Mocafico


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“Les Enfants du paradis est le premier film français que j’ai vu à Hambourg ; je suis tombé sous le charme du personnage de Maria Casarès dans Les Dames du bois de Boulogne parce qu’elle a mon caractère, le goût de la petite vengeance ; j’adore le côté graphique du Cabinet du docteur Caligari et je trouve que Les Autres est l’un des meilleurs films contemporains et sans conteste le meilleur rôle de Nicole Kidman. Il y a aussi L’Inhumaine de Marcel l’Herbier, dont je possède la maquette de présentation

en aquarelle. À part ça, je suis un spécialiste du cinéma muet allemand. Chaque image est une image et j’aime ça. Je pense à Metropolis de Fritz Lang, premier film de Brigitte Helm encore moderne aujourd’hui. Et sans vouloir passer pour snob,

je suis fasciné par le cinéma suédois des années 20. Notamment La Légende de Gösta Berling réalisé par Mauritz Stiller. L’enterrement sur la glace est une scène absolument magique.”

L’InhumaineLes Dames du bois de Boulogne

Les AutresLe Cabinet du docteur Caligari

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Je roule en Rolls. On n’a pas encore inventé une voiture plus confortable que la Rolls. C’est comme un tank MAIS avec un bon design.”

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RENCONTRE

Cette broche

en émeraudes, diamants et améthystes de

Suzanne Belperron est l’une des dernières que

j’ai achetées. Ce motif de feuille me plaît

beaucoup. J’ai eu le coup de foudre pour cette

artiste alors que personne ne s’intéressait

à elle. Belperron, à l’époque, c’était comme

Jar aujourd’hui. Une adresse d’initiés qui

n’avait pas pignon sur rue. J’ai découvert ses pièces par hasard chez

Michel Perinet, puis chez Lydia Courteille.

J’achète surtout des broches, des clips que

je pique sur mes cravates, quelques

bracelets que je ne porte pas, et je fais pas mal de cadeaux à des amies très

chères. Il paraît que depuis que je me suis

intéressé à elle, sa cote a flambé. Je suis ravi…

photographeGuido Mocafico

”

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Je ne suis pas fidèle à un seul et unique parfum. Disons que je suis fidèle sur le moment. J’utilise tous les jours Serpentine de

Comme des Garçons et Boy de Chanel. J’aime beaucoup Bal d’Afrique de Byredo, mais j’ai dû arrêter de le porter car Choupette ne le supporte pas. Je viens de

découvrir La Nuit étoilée d’Annick Goutal, il aurait pu aussi figurer sur la photo. photographe Guido Mocafico

”

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“Cette photo d’Helmut Newton correspond à mon arrivée chez Chanel en 1983. Pour la petite anecdote, c’est lui qui m’avait enlevé la cravate et ouvert la chemise. On était assez proches pour ça… J’ai rencontré Helmut au tout début des années 60

au studio Vogue. On m’avait demandé de dessiner une robe pour une socialite anglaise qui avait fait une apparition dans Goldfinger, Tania Mallet. J’ai apporté la robe et je suis resté sur la séance. Quand il est venu s’installer à Paris, nous sommes

devenus très amis. Il est schleu comme moi, donc c’est facile de m’identifier. J’aimais son esprit berlinois, son humour, sa méchanceté. Sans parler de tout ce qu’il a connu et que je n’ai pas connu. Ça crée des liens.”

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“C’est un texte que j’ai écrit sur Helmut pour Vogue à la demande de Francine Crescent. Elle m’avait aussi confié une chronique littéraire dans les années 70. Ça m’amusait beaucoup. Je la signais Minouflet de Vermenou.”

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en haut “Ce portrait au monocle est la première photo qu’Helmut a prise de moi. C’était dans mon appartement Art Déco du 35 rue de l’Université. Je l’ai prêté à plein de photographes, dont Sarah Moon ou Guy Bourdin qui y a réalisé une grande partie de ses images.” en bas “Helmut encore. On a fait cette photo à l’occasion du lancement d’un parfum sur un balcon de l’hôtel Hilton. L’attachée de presse m’avait demandé de tenir dans les bras un bouquet de lys, idée que je trouvais ridicule. J’ai balancé les fleurs dans le vide et Helmut a pris la photo à ce moment précis. L’accident miraculeux. Le titre de cette image était ‘To keep Paris beautiful’.”

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“ Pour les œuvres d’art, c’est comme les bijoux. Je fonctionne à l’affect. Ce Murakami est le portrait de moi que je préfère. C’est Chanel qui me l’a offert. Comme le Baldessari, d’ailleurs. J’aime beaucoup aussi l’esprit d’Ed Ruscha.”

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Je dessine tous les jours, c’est mon métier. Mais je ne dessine pas pour moi, toujours dans un but précis. Je ne suis pas un artiste qui pond des œuvres. Même si mes croquis de mode sont mieux

chiadés que ceux des autres. Il m’arrive de correspondre en dessin et j’ai ma page ‘Karlikaturs’ dans le Frankfurter Allgemeine. Ces pastels sont mes

armes. J’ai imaginé cette Karlbox pour Faber-Castell. photographe Guido Mocafico

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Je me suis offert cette Audemars Piguet produite à trois exemplaires dans les années 70, à Milan. Un coup de cœur. Je n’avais jamais vu de montre noire. Ça ne se faisait pas à l’époque. Elle ne me quitte jamais, sauf quand je prends un bain. Je dors même avec.”photographe Guido Mocafico


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Difficile de s’imaginer que c’est moi sur

cette capture d’écran. Idem sur ces Polaroid. Le film s’appelait L’Amour et était réalisé par Andy

Warhol. Je jouais le mari de l’actrice principale et toutes les copines, Jane Forth, Donna Jordan ou

encore Patti d’Arbanville étaient au générique. Cette scène a été tournée dans ma chambre de la rue de l’Université. On voit même un Ed Ruscha

en arrière-plan accroché au mur. C’est un film amateur et ça me fait toujours rire quand, dans

certaines rétrospectives Warhol, les gens s’extasient sur le cadrage, les dialogues, etc. Tout

a été fait spontanément, pour ne pas dire sans réfléchir. Je me souviens qu’on tournait le soir

avant de sortir parce que tous les spécimens de la bande étaient fatigués dans la journée. Warhol

était assez mystérieux et familier. Mignon en fait. Mais il était très pousse au crime, ce que je ne

suis pas, l’entourage n’était pas à cent pour cent ma cup of tea. ”

L’Amour

Karl Lagerfeld, Jane Forth et Donna Jordan ( from Red Book#178), 1970

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Veste en tweed brodé de perles rectangulaires, à col plongeant en satin, Chanel. Pantalon en brocart, Faith Connexion.

Photographe Karl Lagerfeld. Réalisation Emmanuelle Alt.

KRISTEN STEWART est un curieux phénomène made in Hollywood. Adoubée star grâce à la franchise Twilight, la jeune Californienne a le goût de l’école buissonnière sur des plateaux européens. Une curiosité éclairée qui l’a placée sur la route d’OLIVIER ASSAYAS. Alors que leur deuxième film ensemble, Personal Shopper, sort sur les écrans, les deux complices se sont retrouvés pour une conversation en roue libre orchestrée par la romancière Anne Berest. Au menu, la mode, les fantômes, et Karl Lagerfeld bien sûr…

La reine Kristen

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Veste en tweed brodé de perles rectangulaires, col en satin, Chanel.Maquillage Chanel avec le Vitalumière Aqua 10 Beige, l’eyeliner crème Calligraphie de Chanel Hyperblack et l’Inimitable Intense Noir.


Anne Berest : Dans Personal Shopper, le personnage de Kristen est à Paris car elle y attend un «signe» de son frère, mort dans cette ville. Et vous, croyez-vous aux signes ?Kristen Stewart : Oui, je crois aux signes… Par exemple, lorsque je dois me décider à faire un choix, je m’en remets souvent à un jeu qui consiste à déceler un signe autour de moi, un signe qui me donnera une sorte de réponse, ou du moins une indication sur ce que je dois faire. Quand je marche dans la rue ou que je fais un trajet en voiture, je vais être attentive à ce qui se trouve autour de moi, à l’endroit où mes yeux se posent – pour y lire un signe. C’est un jeu que je fais souvent, mais attention, cela reste un jeu. Je ne suis pas complètement superstitieuse ! Et il est certain que ces signes sont aussi, évidemment, l’expression de mon désir inconscient.Olivier Assayas : Oui, je me reconnais dans cette contradiction. Je crois aux signes, je suis extrêmement superstitieux. Et en même temps, de façon tout à fait concomitante, je me dis que l’on choisit, parmi tous les signes possibles et imaginables, celui qui correspond à la réponse que l’on attend.

K.S. : Tout à fait : au bout du compte, l’interprétation du signe est l’écho, la traduction de sa propre décision. Moi, je crois aux fantômes, aux esprits. Et d’ailleurs, ce n’est pas de l’ordre de la croyance, mais plutôt d’un constat… Je constate qu’ils existent autour de nous. Pas vous ?O.A. : Je crois aux fantômes, mais je ne pense pas que ce soit de la même façon que vous ! J’y crois dans la mesure où nous avons constamment des conversations avec des absents : les êtres qu’on a aimés et qui nous manquent. Or ces conversations que nous poursuivons nous les rendent très présents – elles effacent leur absence. Et donc ainsi peut-on parler de fantômes, dans ce dialogue à la frontière de notre imagination. En ce sens, oui, je crois que nous sommes entourés, accompagnés par des présences.K.S. : Moi je dirais que je suis sensible à des «énergies» – quoi qu’on mette derrière ce mot-là. Mais je ne crois pas aux fantômes tel qu’on peut classiquement les définir. En revanche, je dirais que je ressens des choses qui ne sont pas tangibles, de l’ordre du spirituel. Au fond, ce qui est important, ce n’est pas tant de savoir si les fantômes existent ou non, mais ce que tu fais de la mémoire des gens disparus, c’est aussi ce que dit Olivier, c’est ton esprit qui les fait exister «vraiment».A.B. : Au fond, vous dites comme Gabrielle Chanel que «les morts ne sont pas morts tant que l’on pense à eux».O.A. : Tout à fait, j’ai des conversations quotidiennes avec mes amis disparus, je pense à eux presque chaque jour, de même qu’avec mes parents, que je sens souvent avec moi, à mes côtés. Je me souviens, juste après la mort de ma mère, avoir eu un rêve très troublant…

A.B. : Ah vous voyez ! Les fantômes nous parlent dans les rêves, vous savez !O.A. : (rires) Mais disons que oui, voilà, c’est ma façon de croire aux fantômes… Lorsque j’écrivais, je me suis inspiré d’une amie qui vit à San Francisco et qui est médium. Son métier consiste à communiquer avec les esprits.K.S. : Ah bon ! Mais tu ne m’avais jamais raconté cela !O.A. : Par exemple, elle visite des maisons pour dire aux acheteurs potentiels si elles sont «habitées» ou non. Elle vérifie qu’elles ne sont pas hantées.A.B. : Si vous deviez mourir demain, qui voudriez-vous hanter ?K.S. : Mum… mes amis ? Mes amis les plus proches… mais sans vouloir les oppresser… Au fond, je ne suis pas sûre d’avoir envie de hanter des gens ! (rires)O.A. : Sans doute ma fille. Mais en même temps, je serais soucieux de ne pas trop l’embêter par ma présence ! Je serais sur la pointe de mes pieds…K.S. : Oui ! Si c’est pour effrayer les gens qu’on aime une fois qu’on a disparu, cela ne vaut pas la peine ! (rires)A.B. : Olivier, pourquoi Kristen donne-t-elle envie d’incarner des personnages en lien avec des phénomènes paranormaux ?O.A. : Je ne peux pas parler au nom d’autres cinéastes. Mais en ce qui me concerne, Kristen est une personne si enracinée, si «concrète», qu’elle parvient à rendre réelles des choses qui ne le sont pas. Avec elle, l’étrange et l’invisible deviennent simples et naturels. Ça m’impressionne beaucoup. C’est un véritable don. Déjà, lorsque nous étions en train de tourner Sils Maria, je m’étais fait cette réflexion. J’avais écrit pour elle des dialogues assez abstraits, autour des paradoxes du jeu de l’acteur, et je me demandais comment elle allait s’en dépêtrer. Mais une fois dans sa bouche, miraculeusement, les mots devenaient très clairs. Elle me permet de m’aventurer dans les territoires du surnaturel, parce qu’elle va toujours les ramener à la réalité, au concret, le spectateur la suit, il a envie d’y «croire». Encore une fois, c’est un don.A.B. : Kristen, comment avez-vous travaillé sur les scènes qui ont un rapport avec l’invisible ?K.S. : Nous avons beaucoup parlé avec Olivier, nous avons eu de longues conversations, en particulier au sujet de la peur. Certaines scènes que je devais jouer présentaient des émotions qui vont même au-delà de la peur. La question que nous nous posions est : qu’est-ce qui crée l’effroi ? Que peut-on imaginer qui puisse véritablement nous terrifier ? Nous réfléchissions aux pires pensées, aux images les plus atroces, les plus effrayantes, les plus horribles qu’il soit possible d’imaginer ! Et soudain, Olivier me dit : «Les oiseaux.» Sur le coup, je ne suis pas sûre d’avoir bien compris, alors je lui demande : «Tu as dit le mot “oiseau ?”» Et alors il m’a répondu : «Oui, les oiseaux sont ce qui me terrifie le plus au monde.» (rires). Pardon Olivier, j’espère que je ne commets pas une indiscrétion !O.A. : (rires) Non, non, c’est vrai, c’est un fait !A.B. : Si vous aviez la possibilité de rencontrer un fantôme, par exemple un membre de votre famille que vous n’avez pas connu, qui choisiriez-vous ?O.A. : Peut-être mon grand-père… Un peintre hongrois assez connu – dans le style postimpressionniste. C’était le père de ma mère, il est mort bien avant ma naissance.K.S. : Ma mère a été adoptée par des gens extraordinaires que je considère comme mes grands-parents. Je les aime et je leur sais gré de tout ce qu’ils ont fait pour nous. Mais… je serais


Veste et pantalon en denim customisé, ceinture western en cuir et strass, Faith Connexion. Pull en maille irisée motif végétal, Chanel. Bottes en cuir, Isabel Marant. page de droite, blouson en cuir surpiqué gansé d’un galon en jersey violet et pantalon assorti, ceinture en cuir et métal, et lunettes masque en métal et verres miroirs imprimés «Chanel», Chanel. Bottes en cuir, Isabel Marant.

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Veste en cuir et fourrure imprimée animal, sur blouse à lavallière en soie imprimée python et sequins, Marc Jacobs. Pantalon en denim customisé, et ceinture western en cuir et strass, Faith Connexion. Bottes en cuir, Isabel Marant.



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Longue robe kimono portefeuille asymétrique en patchwork de tissus anciens façon collage, brodée de cristaux Swarovski, R.V.D.K. Ronald van der Kemp. Pantalon en cuir, Jean-Claude Jitrois. Bottes en cuir, Isabel Marant. page de gauche, veste et short en cuir vieilli, et pin’s en métal et résine, Chanel. Collants résille, Wolford. Bottes en cuir, Isabel Marant. Mise en beauté Lucia Pica pour Chanel. Coiffure Sam McKnight. Manucure Anny Errandonea. Remerciements à l’hôtel Ritz, Paris. Assistantes réalisation Talia Collins et Jade Günthardt.

curieuse de rencontrer mes grands-parents biologiques. Ce serait intéressant, parce que ma mère est une femme véritablement artiste. En dehors du fait que c’est ma mère, je vous assure qu’en tant qu’être humain, elle me fascine vraiment ! Alors je serais curieuse de savoir d’où elle vient.A.B. : Olivier, votre mère était aussi une artiste à sa manière je crois…O.A. : Ma mère était styliste. Essentiellement chez Hermès, c’est elle qui a créé le prêt-à-porter. Et puis c’est elle qui a inventé la boucle H – comme sur les ceintures. Et beaucoup d’autres choses, des sacs, des robes, des bijoux…K.S. : Je découvre des choses que je ne savais pas sur toi !O.A. : Quand j’étais enfant, elle avait sa propre griffe, les jupes Catherine de Karolyi… Elle avait son atelier au fond de notre appartement, où travaillaient des couturières qui coupaient, cousaient… Il y avait toujours des aiguilles qui tombaient entre les lattes du parquet. Alors on me donnait un aimant pour les récupérer. J’adorais faire ça. Ma mère dessinait beaucoup, mes frères et moi devions tout le temps poser pour elle. Ça m’a certainement marqué.A.B. : Comme Karl Lagerfeld… Kristen, que savez-vous de lui que les gens ne savent pas ?K.S. : C’est quelqu’un qui peut paraître distant en public, parce qu’il porte toujours ses lunettes noires et qu’il a une forme de droiture. Mais en réalité, c’est un homme extrêmement attentif aux gens qui sont autour de lui. Il est soucieux que chacun, dans son travail, soit à la fois productif et heureux. C’est un homme exigeant envers lui-même, envers les autres, il veut qu’on apprenne, qu’on se nourrisse de tout, qu’on soit curieux, qu’on s’inspire de ce qui se passe dans le monde – il a une énergie phénoménale, bien plus d’énergie que la plupart des gens de mon âge ! Il est vraiment très cool et je vous assure que tous les gens qui travaillent pour lui l’aiment énormément.A.B. : À ce propos, il est temps de conclure cet entretien, car Kristen le rejoint pour une séance de photographie. La jeune actrice est ambassadrice pour Chanel, d’ailleurs la maison de couture a accompagné la gestation du film, renouant ainsi avec une longue tradition de soutien des artistes.

Personal Shopper, sortie le 14 décembre.Traduction Alexis Bernaut.


Veste ras de cou en jersey de laine, Emporio Armani, sur blouse en tulle de coton à col fraise, Burberry. Serre-tête à voilette,

Jennifer Behr. Boucles d’oreilles en strass, Albright Fashion Library. page de droite, longue robe volantée en tulle de soie,

ceinture en cuir et métal, et escarpins en cuir, Chanel. Longs gants, Saks Fifth Avenue chez Albright Fashion Library.

Boucle d’oreille en diamants blancs et noirs, Chanel Joaillerie.

Photographes Inez & Vinoodh. Réalisation Aleksandra Woroniecka.

MISS SMITHMiracle génétique de tout juste 16 ans, WILLOW SMITH, la fille du

héros de Men in Black, n’en finit plus d’éclore. Actrice et chanteuse (elle a signé sur le label de Jay Z), elle rejoint aujourd’hui le peloton des égéries Chanel.

Sa trajectoire miraculeuse semble taillée pour durer.

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Boucle d’oreille en métal doré et strass, Albright Fashion Library. page de gauche, robe en soie imprimée, Isabel

Marant. Ceinture en cuir et métal, Chanel. Bandeau cheveux vintage, Albright Fashion Library. Boucle d’oreille en

diamants blancs et noirs, Chanel Joaillerie. Collants Falke. Maquillage Chanel avec le Teint Belle Mine Naturelle Les

Beiges 121 Caramel, les 4 Ombres 226 Tissé Rivoli, le mascara Dimensions de Chanel 10 Noir, le Rouge Coco Shine 85 Secret

et, sur les ongles, les Vernis 08 Pirate et 505 Particulière.


Perfecto en cuir brodé de pastilles en métal argenté, Mulberry. Blouse volantée en popeline de coton, Kenzo. Pantalon en laine, Brandon Maxwell. Boucle d’oreille, & Other Stories. page de droite, blouse fluide en crêpe de soie marine et noire, Chloé. Colliers en métal et strass et ceinture en cuir et métal, Chanel. Boucles d’oreilles en métal doré, Valois Vintage.




Top en viscose Lurex brodé de cristaux Swarovski, Bottega Veneta. Boucles d’oreilles en métal doré et strass, Albright Fashion Library. page de gauche, long manteau en cuir, et robe, Céline. Boucle d’oreille en métal doré, Albright Fashion Library. Collants Falke. Escarpins en cuir, Chanel.


Blouse à lavallière en georgette de soie, Michael Kors Collection. Serre-tête, Maison Michel chez Albright Fashion Library. Boucles d’oreilles en diamants blancs et perles, Chanel Joaillerie. page de droite, blouse en soie et col volanté en organza, Ralph Lauren Collection. Jupe-culotte en crêpe de laine, Sonia Rykiel. Ceinture et cuir et métal, et escarpin en cuir, Chanel. Collants plumetis, Falke. Boucle d’oreille en diamants blancs et noirs, Chanel Joaillerie.




Escarpin en cuir mat, verni et métal, et bracelet en métal et strass, Chanel. Collants Fogal. page de gauche, caban en laine et escarpins en cuir, Chanel. Chemise en soie, Equipment. Bermuda en crêpe de laine, Vanessa Seward. Bandeau cheveux vintage, et boucle d’oreille en strass, Albright Fashion Library. Collants Falke. Mise en beauté Lisa Butler. Coiffure Ward et Marcia Hamilton. Manucure Gina Viviano. Assistantes réalisation Aline de Beauclaire et Anali Mraovitch.


Karl Lagerfeld : Ceux qui font le monde aujourd’hui sont tellement caricaturaux. Vous qui avez la double nationalité – moi non –, vous allez voter en France ?Daniel Cohn-Bendit : Oui. Mais encore faudrait-il savoir pour qui…K : Moi je n’ai jamais voté de ma vie.D : Et moi, la première fois, j’avais 42 ans…K : Comment vivez-vous votre double nationalité ?D : Je n’ai la double nationalité que depuis deux ans. J’ai été apatride jusqu’à l’âge de 14 ans.K : Comment vit-on quand on est apatride ?D : Pour chaque déplacement, on doit avoir un visa spécial. Je suis né en France. Après, mon père est rentré en Allemagne, dans les années 50, pour des raisons de santé. Même s’ils étaient séparés, ma mère a été le soigner et je suis allé en Allemagne avec elle. Là, mon père m’a dit, «si tu deviens allemand, tu n’auras pas à faire ton service militaire», car en tant que réfugié, je pouvais choisir de ne pas servir dans l’armée allemande. Je crois être le seul Allemand au monde à être devenu allemand pour ces raisons.K : Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de service militaire en Allemagne car il y avait une telle demande… C’est dans leur sang, ils aiment bien ça, non ?D : Les Allemands ont quand même été les premiers à introduire le service civil, l’objection de conscience. En France, on me dit que je suis le plus français des Allemands, et en Allemagne le plus allemand des Français…K : Exactement comme moi !D : Je dis toujours que je suis les deux en même temps. J’ai fait ma demande de nationalité française au consulat de Francfort. C’est Bernard Cazeneuve, en personne, qui m’a appelé pour me dire qu’il avait signé le papier en question. C’était trente-cinq ans exactement après mon expulsion de France. La double nationalité, ça ne change rien. Je suis un bâtard, je suis un mélange. Il n’y a que pour le sport que je suis toujours pour la France.K : Euh, oui, mais alors le sport, ça m’ennuie un petit peu. Vous avez plus vécu en Allemagne que moi. Depuis l’âge de 18 ans je n’ai plus vécu là-bas, et je n’y ai plus de famille, ils sont tous morts. Et mes neveux et nièces, je ne m’en occupe pas, c’est une autre planète. Mes sœurs sont mortes, elles aussi. De toute façon, je n’ai pas été élevé avec elles. Mes parents avaient un étrange défaut : ils n’aimaient que moi. C’est horrible, non ?D : C’est surtout méchant…K : Oui mais c’étaient des chieuses, et moi j’avais vite compris que si on n’est pas chiant, on peut faire ce qu’on veut.D : L’Allemagne c’est pas mal, une ville comme Berlin, c’est bien.K : C’est un peu surfait pour moi. Je n’allais pas beaucoup à Berlin parce que ma mère y avait vécu dans les années 20, et après, elle n’a plus jamais voulu y retourner, elle me disait : «L’Allemagne, c’est mort depuis 1933. Hambourg, c’est la porte vers l’extérieur, mais ce n’est qu’une porte, alors dehors !» Quelle langue vous est la plus agréable, la plus facile ?D : Je fais des fautes dans les deux langues, et puis en allemand, j’ai un petit accent français que je cultive.K : Comme je suis de Hambourg, dont l’accent est horrible, j’ai toujours voulu m’en débarrasser. Vous rêvez dans quelle langue ?D : Dans toutes les langues. Quand je suis en Italie, je rêve même en italien.

En apparence, tout semble opposer l’ex-révolutionnaire, leader de Mai 1968, à l’empereur du luxe, l’écolo amoureux de la nature à celui qui a érigé l’artifice en mode de vie. L’un est retourné vivre à Hambourg, quand l’autre a quitté l’Allemagne à 18 ans. Mais DANIEL COHN-BENDIT et KARL LAGERFELD ont bien des points communs : les plus français des Allemands partagent une même liberté de ton et de pensée. Pas étonnant si, après s’être croisés une première fois sur le plateau d’Anne Sinclair à Europe 1, ils ont eu envie de se revoir. Conversation à bâtons rompus un soir d’octobre à la librairie 7L à Paris.Propos recueillis par Nelly Kaprièlian.

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RENCONTRE

K : J’ai fait un peu d’édition en Allemagne avec Steidl. Et j’ai fait une édition trilingue de Catherine Pozzi, qui n’a laissé que six poèmes. Les bagarres de traduction autour de ces six poèmes, je ne vous dis pas. Je passe ma vie à acheter des traductions et à envoyer des lettres d’injures.D : Les romans et la poésie, c’est quelque chose de spécial. Regardez les gens qui ont du mal à traduire les chansons de Bob Dylan.K : Ça ne l’a pas empêché d’avoir le Nobel ! Et puis je vais vous dire une chose horrible, ce n’est pas fait pour être traduit. Aujourd’hui, tout le monde est quand même censé parler anglais, et Like a Rolling Stone, pas besoin de traduire.D : That’s true ! D’ailleurs tous les journaux ont publié des chansons de Dylan en anglais. Il n’y a qu’Hugues Aufray qui ait chanté Dylan en français.K : Oui, enfin, c’est gentil, mais bon…D : Vous avez vu le film I’m not there, avec Cate Blanchett qui joue Dylan ? Elle est formidable.K : Je l’ai photographiée plusieurs fois et je la trouve géniale. C’est une actrice fantastique et dans la vie, elle est très sympathique.D : Je n’ai pas la chance de la connaître. Ça, c’est votre avantage. Je ne peux pas, comme vous, dire aux gens que je vais les habiller (rires).K : Je ne suis pas comme ça, je ne suis pas du tout star-fucker. Si ça se fait par hasard, c’est bien, mais je ne vais pas chercher à connaître quelqu’un juste parce qu’il est célèbre. Vous m’imaginez une vie que je n’ai pas… Je me souviens de ce que m’a dit un chauffeur un jour : j’aime ce que le succès vous rapporte, mais alors le boulot qui va avec, j’en voudrais pas… (rires). Parce que c’est vraiment full time, ça s’enchaîne, ça s’agrandit, c’est une vie d’apprenti sorcier. Mais ça, c’est ma faute. Mes collègues se plaignent que ça va de plus en plus vite, qu’ils n’ont plus assez de temps de réflexion, que c’est moi qui ai gâché le métier en mettant la pression, en rajoutant des collections. Mais c’est seulement parce que quand je travaille pour une affaire, je fais en sorte que cette affaire grandisse, se développe, et permette à un maximum de gens de travailler dans les meilleures conditions.D : Combien de temps passez-vous à projeter quelque chose ?K : Une seconde et un mois. Il n’y a pas de règle. J’ai quelques fois des sortes de flashes électroniques, même la nuit. Je ne sais pas pourquoi. Ça s’est même aggravé avec l’âge. Vous savez, je suis un ouvrier à domicile. Je ne peux pas dessiner au studio, car tout le monde parle, le téléphone sonne, etc. Souvent, je reste toute la matinée, et jusque après déjeuner, enfermé chez moi à réfléchir à ce que je vais faire. Quelquefois, je m’interdis même de lire. Cet été, je travaillais pour Chanel et Fendi, et même si j’avais des amis chez moi, je ne les voyais que le soir. Et il y avait tous ces livres qui me tentaient et que je ne pouvais pas lire. C’était une souffrance.D : Ça vous est venu quand, l’idée de faire de la mode ?K : Au départ, je ne voulais pas faire de la mode. Enfant, j’étais parqué à la campagne dans une maison, très belle, où mes parents n’étaient pas, et dans le grenier, j’avais trouvé une édition complètement oubliée de revue illustrée, alors j’ai voulu devenir illustrateur portraitiste. En plus, ce n’est pas que je sois méchant, mais je peux avoir un petit côté sarcastique. D’ailleurs je ne sais pas si vous avez vu ma page mensuelle dans le Frankfurter, «Karlicatur» ? Bref, à 6 ans, je savais déjà lire et

écrire. Pas parce que je suis un prodige, mais parce qu’un jour, j’avais demandé à ma mère de me lire un livre, et elle avait refusé en disant : «Si tu veux le lire, apprends à lire et lis-le tout seul.» Il y avait une réfugiée qui travaillait à la maison, qui avait enseigné l’allemand dans une école de jeunes filles, en France, avant la guerre de 1914 : c’est elle m’a appris à lire. Elle m’a aussi appris le français. Et comme il n’y avait pas de livres pour enfants pour apprendre le français, elle m’a fait lire Béatrix, de Balzac. Le premier roman étranger que j’aie lu c’était Guerre et Paix.D : Je l’ai lu en prison, à 23 ans…K : Il y avait une bonne bibliothèque…D : Mon roman favori, à 14 ans, c’était beaucoup plus banal : Michel Strogoff.K : Ah non ! La littérature pour enfants, je haïssais, d’ailleurs je haïssais les enfants. Je n’ai jamais joué avec eux. Je n’ai jamais fait autre chose dans la vie que lire et dessiner.D : Mais c’est formidable les enfants…K : Ah oui ? Mais moi, je voulais faire adulte. Quand on me demandait comment ça allait à l’école, je tournais le dos.D : Mais quand même, c’est bien d’avoir des enfants. Ça aurait été pas mal d’avoir des enfants, non ?K : J’ai toujours su que je voulais être seul, que je ne voulais pas de famille, pas de contraintes, que je voulais pouvoir faire ce que je voulais quand je voulais, et que je n’avais aucun sens des responsabilités. Aujourd’hui j’ai un chat, c’est déjà une responsabilité énorme.D : Je déteste les chats !K : J’en ai une, très célèbre, qui s’appelle Choupette, vous la voyez, vous tombez sous le charme.D : Vous voyez mon fils, vous tombez sous le charme aussi !K : Regardez les photos de Choupette sur le mur. Je fais du gâtisme. Jamais de ma vie je n’aurais pu penser que ça allait m’arriver.D : Je peux aussi vous montrer des photos de mon fils…K : Qui a dit cette horreur : le meilleur moment dans la vie d’un homme, c’est quand il s’aperçoit que son fils est médiocre…D : Non, non, non, mon fils est extraordinaire.

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K : Si j’avais des enfants, je n’aurais pas supporté qu’ils soient médiocres, mais je n’aurais pas supporté, non plus, qu’ils soient mieux que moi. Ma mère me disait : «Tu me ressembles, mais en beaucoup moins bien.» Cela dit, j’ai des filleuls qui m’enchantent, surtout un que j’adore, qui a 8 ans, c’est le fils d’un ami. Et c’est une star, il a chanté avec Pharrell à New York sur scène.D : Nous, nous sommes une famille recomposée. Et c’est quand même bien les grands déjeuners du dimanche avec toute la famille…K : Mais moi, le dimanche, je prépare ma semaine, alors j’ai besoin d’être seul.D : Oui, enfin, on n’est pas obligé d’être workaoholic !K : Mais c’est plus fort que moi, c’est une drogue. En plus j’ai une particularité, alors que d’autres ont des assistants qui dessinent leurs croquis sur computer, moi, comme un imbécile, je fais tous mes dessins moi-même. Je ne suis pas un de ces «couturasses rappeurs» qui sont «directeurs artistiques», je pense à tous les détails techniques. Donc quand je donne un dessin à réaliser, on ne peut pas discuter, car tout a déjà été pensé.D : Donc c’est comme ça et pas autrement…?K : Exactement ! La célèbre décoratrice américaine Elsie de Wolfe – qui a fait l’intérieur de la Frick à New York –, elle montre à monsieur Frick son projet, et elle lui dit «no second option». C’est ma devise. Car s’il y avait une deuxième option, ça voudrait dire que je ne suis pas assez convaincu par la première.D : Et si ça ne leur plaît pas, chez Chanel?K : Ils n’ont pas droit à la parole. C’est dans mes contrats.D : Sérieusement ?K : Oui, quand j’ai repris Chanel, personne n’en voulait, on me disait c’est mort, c’est ringard. Le propriétaire m’a dit : «Faites-en ce que vous voulez. Si vous n’en voulez pas, je vends.» Je lui ai répondu : «Mettez-moi ça sur un papier.» Et tout ça a pris des proportions incroyables, et maintenant, j’ai des contrats à vie. Ce qui se passe aujourd’hui dans la mode, les têtes qui changent, le jeu de chaises musicales dans les maisons, ça ne me concerne absolument pas. Personnellement, je n’ai pas d’archives, je ne garde absolument rien. Ça ne m’intéresse pas. Soit je m’en souviens, soit je ne m’en souviens pas, et alors ça veut dire que c’est mieux comme ça. De toute façon, je ne suis jamais content. Je vis dans un sentiment d’insatisfaction perpétuelle.D : Mais c’est fatigant…K : Mais ça pousse aussi. Vous, vous avez une position plus sereine dans la vie.D : C’est vrai.K : Je vis dans un monde de champs de bataille permanents, mais comme je suis né pour la compétition, ça me va. Si vous voulez rester en tête de liste, vous devez fournir un petit effort, vous ne devez pas vous répéter. C’est une lutte de chaque instant. Je suis ravi.D : Ce n’est pas un peu maso ?K : Je ne suis pas assez calé en psy, que je déteste, pour répondre à ça. J’ai lu une lettre de Lou-Andreas Salomé, la première élève de Freud avec Marie Bonaparte, qui a eu, par ailleurs, une aventure avec Rilke. Elle lui a écrit : «Ne fais jamais de psychanalyse, ça tue la créativité.»D : Si Hollande avait fait une psychanalyse, il n’aurait peut-être pas fait ce bouquin qui agite tout le monde (sourire). En politique

aussi il y a de la compétition, mais avoir des moments où on se sort de ça, c’est important…K : Pour moi, ça, c’est un cliché. Dans mon métier, si je ne suis pas dans le peloton de tête, ça ne m’intéresse pas. Et je ne suis même pas ambitieux, je n’en fais rien. Contrairement à ce que les gens pensent, je ne sors pas, sauf si j’y suis forcé. Une journée, c’est très court, ça passe trop vite.D : Mais avoir une vie sociale peut être un plaisir.K : J’ai des amis, je ne me sens pas du tout isolé. Mais j’aime être seul. Je ne veux dépendre de personne. Je n’aime pas être à l’heure, je fais travailler des équipes, d’autant plus que 80 % de ce que je fais passe à la poubelle. Je me souviens, quand j’étais jeune, justement à l’époque de votre Mai 68, le monde était plus léger, tout était plus léger, les affaires n’étaient pas basées sur le fric, il y avait moins de compétition. Je suis alors beaucoup sorti et je me suis beaucoup amusé. Mais tout à coup, je me suis retrouvé pris à mon propre piège, et ravi d’avoir été pris…D : Ça vous arrive de voir quelque chose réalisé par un de vos concurrents et de vous dire : Tiens, ça c’est pas mal ?K : Oui, il m’arrive même d’aider financièrement certains concurrents, mais je ne peux pas vous dire qui. J’ai horreur de toute attitude mesquine, donc oui je peux admirer ce que font les autres, tout en me disant : «Mais pourquoi je n’y ai pas pensé ?» Je me souviens de quelqu’un de l’entourage de Saint Laurent, du temps d’Yves, qui me disait : «Même si on fait une petite erreur, ce sera toujours mille fois mieux que les autres…» Comment peut-on dire une chose pareille ? Franchement, lors de ses vingt dernières années, Saint Laurent, c’était pas fameux. Non, moi, je suis du genre insatisfait. J’ai toujours l’impression qu’il y a un plafond de verre que je n’arrive pas à percer. Et ça, ça stimule. Et puis par le passé, je n’ai pas été frustré. J’ai même joué dans un film d’Andy Warhol, si vous tombez dessus, vous ne pourrez jamais deviner que cette créature en débardeur et cheveux longs c’est moi…D : Mais si, mais si… On voit un peu…

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rencontre

K : Mais bon, il y a un temps pour tout. De plus, tout ce qui est drogue, alcool, cigarette, ce n’est pas pour moi. J’ai toujours été un prix de vertu sans mérite. J’ai toujours été en dehors, l’observateur.D : Le voyeur ?K : Ah non, pas dans le sens club échangiste. Plutôt l’impression de ne jamais faire partie. I’m not involved. Alors que vous, vous êtes sans doute plus humain, plus chaleureux que moi. Vous avez vécu dans une communauté – moi, je serais devenu dingue au bout de trois jours.D : C’est vrai qu’il y a des moments où se sentir dans un groupe, c’est rassurant.K : Je vous admire et je vous aime beaucoup car vous êtes l’opposé total de moi. J’ai toujours trouvé que vous disiez des choses justes. Vous avez une façon de voir les choses de façon logique, sans sectarisme, que j’adore.D : On parlait tout à l’heure de l’Allemagne. Que pensez-vous d’Angela Merkel ? Je l’ai rencontrée, il y a vingt ans, quand elle était ministre de l’Environnement. Elle peut être très drôle.K : J’ai l’impression que, pour elle, je suis comme le diable. De toute façon, je ne risque pas de la croiser car je ne vais jamais à l’ambassade. Il y a très longtemps, je m’y suis retrouvé entouré d’un groupe de jeunes femmes – qui étaient les épouses des attachés d’ambassade – et qui m’ont toutes demandé un pourcentage chez Chanel. Je suis sorti de là et j’ai écrit au secrétaire d’État en lui demandant de ne plus jamais m’envoyer d’invitation. Je ne vais pas dans une ambassade pour qu’on me demande 30 % de réduction ! Quant à Merkel, elle s’était fait une vilaine image avec la Grèce, et elle a voulu se rattraper avec les migrants pour se faire une image de sainte.D : Je ne crois pas qu’elle ait pensé comme ça. Sur les réfugiés, elle a eu un coup de cœur. Ce n’était pas dans sa logique. Et quand elle a fait son mea culpa, il y a un mois, elle a dit qu’elle regrettait de ne pas avoir eu plus de sensibilité avant…K : C’est un peu facile…D : Il y a très peu de politiques qui font ça. Vous voyez un Sarkozy ou un Hollande qui feraient ça, qui diraient «je me suis trompé» ? Je trouve qu’elle est intéressante.K : Oui, c’est impeccable, c’est sûr…

D : Je comprends que quand vous la voyez dans ses robes, vous vous dites que ce n’est pas tout à fait ça.K : Je vais vous dire, je ne juge jamais les gens sur les vêtements, d’autant que tout le monde n’a pas les moyens. Ça, c’est une horrible habitude qu’on prête aux couturiers. Mais c’est vrai que ses pantalons pourraient être mieux coupés…D : That’s it !K :… Et que ses vestes pourraient être mieux coupées aussi.D : Quand je me vois sur les photos de Mai 68, je me trouve d’un ringard.K : Il y a quand même cette photo iconique de vous avec le policier.D : Oui, mais c’est mon sourire qui fait tout. C’est cette photo qui m’a fait connaître…K : Oui, un peu comme Marilyn et son calendrier. Il y avait une affiche de 68 que j’adorais : «Il est interdit d’interdire.» Aujourd’hui ça ne fonctionnerait plus : tout est basé sur l’interdit.D : C’est vrai que nous sommes dans une époque où l’on devient tous des moralisateurs.K : Moi, non.D : Je parle des politiques. Mais je ne suis pas déçu de notre époque. C’est aussi beaucoup plus difficile d’être jeune aujourd’hui que de notre temps. Nous, on pouvait dire n’importe quelle bêtise, on était prométhéen, on revendiquait de pouvoir choisir notre avenir… Les jeunes, aujourd’hui, ils veulent un avenir tout court, c’est angoissant… Et puis on ne connaissait pas le sida.K : Une bonne chaude-pisse, c’est tout ce qu’on pouvait avoir…D : Oui, une bonne, ou une mauvaise… La dégradation écologique, on ne connaissait pas non plus. Le monde ne nous faisait pas peur. On le trouvait mal organisé, mais il ne nous faisait pas peur, il y avait peu de chômage, on avait confiance dans l’avenir. Excusez-moi, mais il faut que j’appelle un taxi. Quelle heure est-il ?K : Je ne regarde jamais l’heure…D (au téléphone) : Allo ? mon numéro de code est…K : Vous voyez, moi, ce que je refuse, c’est d’avoir un numéro de code. C’est pour ça que j’ai un chauffeur.

Je ne juge JAMAIS les gens sur les vêtements, d’autant que tout le monde n’a pas les moyens. Ça, c’est une horrible habitude qu’on prête aux couturiers. KARL LAGERFELD


À gauche, veste en tweed noir et doré, jupe en tweed et cuir, colliers multirangs en perles, bracelet en métal doré, bracelet en perles, et sac «2.55» en tweed noir et doré. Boucles d’oreilles en métal doré, perles et cuir, chez Scarlett. Manchette en perles et métal doré, chez Renaissance.

À droite, veste en tweed et cuir, jupe en tweed noir et doré, boucles d’oreilles en métal doré, bracelets en perles et ruban de gros-grain, collier en cuir avec cabochon en perles et métal, et sautoir en perles et métal. Le tout Chanel.

Photographe David Sims.Réalisation Emmanuelle Alt.

Mode David Sims-revocato.indd 230 22/11/16 09.43VOG973_X4_RGB.indd 230 22/11/16 12.10


Chemise en faille de soie et pantalon jodhpur en laine, Miu Miu. Casquette en cuir et chaîne dorée, Moschino. Ceinture à boucle gainée en cuir verni, Richard Gampel. Boucles d’oreilles en perles et métal doré, Poggi. page de droite, chemise en satin de soie et jupe en crêpe de laine, Dior. Boucles d’oreilles en métal doré, Poggi. Escarpins en velours, nœud taffetas et détail métal, Miu Miu.



Robe longue en velours à col en coton plissé, Ralph Lauren Collection.

Boucles d’oreilles en métal doré, Aurélie Bidermann. Ceinture en

métal doré, Chanel vintage chez Stazia Loren. page de droite, robe

en panne de velours brodée de perles, Prada. Boucles d’oreilles et

bracelet en métal doré, Poggi. Ceinture en métal doré, Chanel

vintage chez Scarlett. Mules à plateformes en velours, Charlotte

Olympia. Collants Wolford. Maquillage Clé de Peau Beauté avec le Teint Crème Eclat O20, Les Ombres Couleurs Quadri 316, le Mascara Cils

Etoffés 1 et, sur les lèvres, le Rouge Eclat Confort 201 Light Pink Beige.




Blazer en laine, Louis Vuitton. Body en coton, American Apparel. Jean vintage en denim, Re/Done. Gants décolletés en cuir et perles de culture nacrées, Causse. Escarpins en satin rebrodé de perles, Miu Miu.page de gauche, blouse en crêpe de soie, nœud de velours, Chloé. Pantalon large en cuir, Jean-Claude Jitrois. Ceinture en cuir métallisé, Chanel. Manchette et sautoir en perles et métal doré, Chanel vintage chez Renaissance. Boucles d’oreilles en perles et métal doré, Poggi.



Caban en coton enduit noir, Dior. Collants en résille brodée de cristaux Swarovski, Alexandre Vauthier Couture. page de gauche, maxi-cardigan en coton brodé, cardigan, mini-cape et jupe en laine mérinos, et mules en cuir matelassé doré, Gucci. Boucles d’oreilles et sautoir en perles et métal doré, Poggi. Table basse en cuivre laqué et laiton, Talisman London. Papier peint, De Gournay.


Veste plissée en cuir, Isabel Marant. Pantalon en organza de soie, Lurex

et plumes, Faith Connexion. Ceinture à boucle gainée en cuir verni noir, Richard Gampel. Lunettes de soleil exclusives «Rihanna» en métal

argent et or, Dior. Gants en cuir d’agneau noir «Victoria», Causse.

Ceinture en métal argenté et velours, Chanel vintage chez MB Select.Sandales en satin gansé de vison,

Sonia Rykiel. page de droite, manteau en laine grand pied-de-poule,

à broderie grenouille, Dolce & Gabbana. Casquette en cuir et chaîne dorée, Moschino. Gants décolletés en

cuir et perles de culture nacrées, Causse. Boucles d’oreilles en perles et

métal doré et, à gauche, bracelets en métal doré, Poggi. À droite,

manchette en métal doré, cuir et perles, Chanel vintage chez Renaissance.



Veste oversized en denim, Vetements × Levi’s. Robe frangée en tweed mohair, Loewe.page de droite, à gauche, veste en tweed lurex et laine ; blouse en georgette de soie et pantalon en coton, Givenchy. Boucles d’oreilles en métal doré, Poggi. Collier en métal doré, Jennifer Fisher. Ceinture en cuir et métal doré, Chanel vintage chez Scarlett. À droite, veste en tweed lurex et laine, blouse en soie et pantalon en coton, Givenchy. Ceinture en velours, Miu Miu. Gants en cuir, Causse. Boucles d’oreilles en métal doré, Annelise Michelson. Collier et pendentif croix en métal doré et strass, Poggi. Bras à gauche, manchette en cuir, Fabien Ifirès, bracelet en métal doré, Poggi. Bras à droite, bracelet en métal doré, Aurélie Bidermann, et bracelets en métal doré, Poggi.



Chemise en soie et short en cuir, Fendi. Ceinture en cuir brodé d’étoiles en strass, et sautoir en perles et métal,

Chanel. Sac boule en éco-fourrure, Stella McCartney. Boucles d’oreilles en métal doré, Poggi. Collants Falke.

page de droite, combi-short en maille de laine et mohair, Max Mara.

Gants en cuir et détails perles, Causse. Boucles d’oreilles, sautoirs en perles et

pendentif croix en métal doré et strass, Poggi. Ceinture en métal doré et

cuir, Chanel vintage chez Scarlett. Collants Jonathan Aston London.

Bottes en cuir tagué, Moschino.



Brassière en coton mélangé à bretelles en chaînes, Alexander Wang, sur

chemise à lavallière en voile de coton, Burberry. Jean en denim vintage noir,

Re/Done. page de droite, robe en dentelle noire et blanche, Valentino.

Chapeau en paille et lurex, Gucci. Boucles d’oreilles en perles et métal doré,

Poggi. Chaussures «Mary Jane» en cuir verni bicolore, Prada. Mise en beauté

Lucia Pieroni pour Clé de Peau Beauté. Coiffure Paul Hanlon. Manucure

Ama Quashie. Décor Poppy Bartlett. Remerciements à l’hôtel Savoy à

Londres. Production locale Laura Holmes. Assistantes réalisation

Talia Collins et Jade Günthardt.



PORTRAITS

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Portraits KL-revocato.indd 248 21/11/16 17:19VOG973_X4_RGB.indd 248 22/11/16 12.11

249Combinaison smoking, Boss. Montre Boy.Friend, Chanel Horlogerie.

Coiffure Sam McKnight. Mise en beauté Lucia Pica et Tom Pecheux. Manucure Anny Erranonea.

Photographe Karl Lagerfeld.

Artistes, stylistes, altesse, ex-ministre, star féline,

proches collaboratrices… Quand

KARL LAGERFELD invite devant son

objectif, en EXCLUSIVITÉPOUR VOGUE,

ses héroïnes de CŒUR.


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portraits

Comment avez-vous rencontré Karl Lagerfeld ?Je l’ai rencontré il y a longtemps… Au siècle dernier. Je devais avoir 16 ans et demi, place Saint-Sulpice, dans son appartement. C’était une séance photo d’une collection Chloé pour le Vogue américain avec Mary Russell.

Déjà Vogue…Oui, déjà. Chris von Wangenheim, le photographe, était formidable. Il est mort, hélas. On devait être en 1974… 75 ? Je ne sais plus. Mais c’était place Saint-Sulpice, dans le très bel appartement art déco de Karl. Ça, je m’en souviens très bien. Voilà comment je l’ai connu.

Si vous deviez définir votre relation avec Karl ?On ne peut pas définir une relation comme celle-là. C’est quelqu’un qui compte tellement pour moi, qui est tellement présent. Il est comme un membre de la famille. Il m’a influencée, enrichie, la liste de ce qu’il m’a apporté est longue. C’est quelqu’un d’absolument central dans ma vie, ça c’est sûr, mais je ne dois pas être la seule à dire cela.

Vous avez fait la couverture d’un des plus célèbres numéros du Vogue français, un numéro spécial de fin d’année pour lequel Andy Warhol vous a photographiée de profil, la tête renversée. Quel souvenir en gardez-vous ?

J’étais enceinte d’Andrea. Je n’étais vraiment pas bien. J’avais mal au cœur. D’ailleurs, Andy raconte dans son journal que quand je suis arrivée, j’avais une mine de papier mâché. Tout est allé assez vite. Il était très doux. Mon seul souvenir précis, c’est une table qu’il voulait acheter. Il voulait mon avis. C’était très aimable de sa part. Elle était d’ailleurs jolie, cette table. Je ne le connaissais pas bien. On s’était croisés comme ça, au fil des années. Mais je crois, de toute façon, que c’était très difficile de bien connaître Andy.

Quel est votre rapport à la mode ?Un peu désordonné.

Pas fanatique ?Non, non, j’aime beaucoup. Ça m’amuse, ça m’intrigue. La mode permet d’être en phase avec son époque. Mais je fais partie d’une génération qui a découvert la mode quand elle venait de la rue, on s’inspirait de ça, alors que maintenant, c’est la rue qui regarde les créateurs. C’est un peu moins drôle, un peu moins libre, je trouve.

On se souvient de la mode des années 60, des années 70, des années 80, on est capable d’identifier et de dater immédiatement une photo, définir ce qu’est la mode. Aujourd’hui c’est très difficile, vous ne trouvez pas ?

Oui. Il y a différents courants et surtout, on ne peut pas faire ce qu’on veut. Je vois chez les jeunes, il y a comme une forme de diktat qui me dérange un petit peu.

Il y a un an, vous étiez membre du jury chargé de départager dix jeunes créateurs au festival de Hyères et vous vous étiez réjouie, à cette occasion, je vous cite, de «la liberté à laquelle votre génération avait eu accès en matière d’habillement».

Jusqu’à la fin des années 60, les filles devaient s’habiller comme leurs mères. Il n’y avait rien. On allait chez la couturière de maman et tout à coup, ça s’est libéré, avec Mary Quant, Biba… C’est d’abord venu d’Angleterre. Je sais qu’à Paris, il y avait beaucoup moins d’options pour les jeunes femmes et les adolescentes. L’explosion, en France, ça a été Kenzo, Agnès b., vraiment. Et Saint Laurent Rive Gauche, qui n’était pas abordable pour tout le monde, mais il y avait l’idée. Aujourd’hui, je vois mes filles, leurs copines, elles sont, quelque part, conditionnées. On vous influence avec les «it-machins». Être complètement soi-même, c’est risqué, car tout d’un coup, vous vous retrouvez avec une avalanche de blogs, de sites, qui

vous jugent, écrivent que vous faites n’importe quoi, qu’on ne peut pas s’habiller comme ça. «Regarde comment elle est

fagotée !», c’est assez cruel. C’est dommage parce que la mode, quand on est jeune, c’est formidable. C’est une façon d’exprimer de manière légère ce que l’on est, ce que l’on pense, avec le droit de se réinventer. Il faut vraiment la prendre avec beaucoup de légèreté, or c’est devenu un truc hyper sérieux.

Dans cette période de liberté que vous avez connue, en quoi votre statut de princesse a-t-il influencé votre style ?

Déjà, en mettant des jupes ! Mais bon, j’ai toujours vu ça comme des vêtements de travail. Je pense que si j’étais née ailleurs, je vivrais à la campagne en tenue de cheval. Je n’étais pas vraiment faite pour ce genre de panoplie. Même si ça m’amuse et j’adore, mais c’est plus de l’ordre du déguisement, de la fonction. Je ne me lève pas le matin en me disant : «Chouette ! Je vais mettre une blouse en soie, une robe, un tailleur, ou ce genre de choses.» J’aime les vêtements bien coupés, fonctionnels, qui durent. J’ai encore des choses qui ont plus de quarante ans, la même paire de bottes d’équitation faites sur mesure pour mes 14 ans, vous voyez. Elles sont juste ressemelées, le cuir entretenu. Quand c’est de la bonne qualité, ça dure ! La recherche du vêtement qui va être parfait, adéquat, avec une fonction précise, voilà ce que j’aime bien. Les vêtements professionnels. On fait en sorte qu’ils soient beaux et pratiques, afin que le vêtement ne soit plus un souci et à partir de cela, on ose la fantaisie, l’individualité.

Quelle serait votre définition de l’élégance ?Il n’y en a pas vraiment. Il y a l’élégance, le style, le look, le chic, le pas chic, le glamour qui est la réponse américaine à l’élégance européenne. C’est un truc un peu décalé, le glamour. Et le glamour n’est pas forcément élégant. Aujourd’hui, il ne l’est même pas du tout. Quand on dit : «Je veux du glamour»… Beuh… Je ne sais pas quoi vous dire sur l’élégance. On peut croiser des gens dans des lieux inattendus qui n’ont rien au premier abord de particulier et qui sont tellement élégants, tellement justes. Ma grand-mère disait : «La différence entre une femme élégante et une femme qui ne l’est pas ? Toutes les deux se préparent, s’habillent, se maquillent, se coiffent, mettent leurs accessoires de la même façon. La femme qui n’est pas élégante, c’est celle qui rajoute quelque chose avant de sortir, juste après s’être regardée dans la glace, une fanfreluche, un foulard, un sac, du rouge à lèvres, un chapeau. La femme élégante enlève toujours quelque chose.» Ça m’a marquée et c’est pour ça qu’avant de sortir, j’enlève toujours quelque chose. L’élégance est un refus.

C’est très drôle parce que j’ai l’impression de vous connaître depuis toujours et pourtant, à la différence de vos parents, de votre frère, votre sœur, je n’avais jamais entendu le son de votre voix. Comment expliquez-vous ce mystère ? C’est parce que vous ne donnez jamais d’interviews ?

Ah si, j’en ai donné, et c’est déjà trop. Seulement à la radio, pour le Printemps des Arts, les ballets, mais c’est très ennuyeux.

Pour moi, vous êtes comme Napoléon, on vous appelle par votre prénom, on croit tout savoir de vous, mais au fond, ce que l’on ne connaît pas, c’est votre voix.

Qui aujourd’hui est complètement cassée. J’étais aphone pendant trois jours. J’ai pris plein de pastilles, des sirops. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, il y a beaucoup de gens qui parlent trop, qui piaillent, alors c’est peut-être pas mal que d’autres gardent le silence, non ?

Je me suis dit que le fait qu’on ne connaisse pas votre voix était lié à votre élégance personnelle. Greta Garbo disait qu’elle avait l’impression d’avoir été photographiée à mort. Est-ce que vous pourriez avoir la même impression et est-ce que ça n’expliquerait pas, justement, le fait que vous avez tendance à garder le silence ?

CAROLINE DE MONACO


La différence entre une femme élégante et une femme qui

ne l’est pas ? La femme élégante enlève toujours quelque chose.

L’élégance est un refus.Trench Céline. Manchette Chanel Joaillerie.


PORTRAITS

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Trench Céline. Manchette Chanel Joaillerie.

On m’a beaucoup répété, enfant, que mon frère était l’héritier, ce qui était normal.

Ma mère me disait : ‘Mais toi, tu partiras, tu ne feras plus partie de ça.’ Donc enfant, j’avais cette idée que ça ne durerait qu’un

temps et que dès que je ferais mes études, ça serait autre chose. Mais en fait, non.


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portraits

Photographiée à mort, oui, je l’ai été, sans être Garbo, loin de là. Mais il y a une grande différence, c’est que je ne l’ai absolument pas choisi, et ça a été – je ne vais pas dire une douleur – mais une tristesse, une frustration, j’ai ressenti de la colère. On a été confrontés à ça très très jeunes. Et vraiment quand on n’aime pas ça, quand on n’est pas fait pour ça, réaliser que votre vie ne vous appartient pas peut rendre dingue. Alors on se défend en ne parlant pas. Et on cultive une autre facette de sa vie. L’extérieur se réduit et l’intérieur se développe.

Mais vous avez rêvé, à un moment, d’échapper à votre statut ?On m’a beaucoup répété, enfant, que mon frère était l’héritier, ce qui était normal. Ma mère me disait : «Mais toi, tu partiras, tu ne seras pas là, tu ne feras plus partie de ça.» Donc enfant, j’avais cette idée que ça ne durerait qu’un temps et que dès que je ferais mes études, ça serait autre chose. Mais en fait, non.

Mais qu’est-ce qui s’est passé ? On vous a menti ? Vous étiez, enfant, déjà trop célèbre pour qu’on vous oublie ?

C’étaient d’autres temps. Je ne veux pas être critique. C’était fait, de la part de mes parents, en toute bonne foi, mais nous, les enfants, on faisait un peu partie de la panoplie, des accessoires, et au bout d’un moment ça vous dépasse et la machine s’emballe.

Vous avez un chic exceptionnel. C’est aussi ça qui fait qu’on ne pouvait pas vous oublier, vous fasciniez.

C’est peut-être vrai maintenant, mais à l’époque c’était plutôt dénigrant et pas très aimable.

Ah bon ? J’ai l’impression qu’on vous a toujours adulée !Ah non ! De l’âge de 14 ans à l’âge de 30 ans et plus, j’ai plutôt l’impression qu’on me détestait. Et je me disais : «Mais si on me déteste autant, qu’on me fiche la paix. Et si c’est toujours pour dire des choses désagréables, horribles ou méchantes, qu’on me laisse tranquille. Je n’ai rien demandé à personne !» Je pouvais être assez agressive. Mais ce sont de vagues souvenirs. Il ne faut pas s’attarder sur ce genre de choses.

Et aujourd’hui, ça va mieux ?Ah oui, on me fiche une paix royale. Enfin, de temps en temps, on me signale des trucs, mais bon. La règle, c’est de ne jamais lire un journal où il est question de vous. Car même si on est armé, ce n’est jamais drôle.

Ça fait 700 ans que les Grimaldi sont à Monaco. À quoi attribuez-vous cette longévité ?

Je crois que c’est Maupassant qui avait dit quelque chose du genre : «Si je devais être un monarque, je voudrais être le tsar de toutes les Russie qui ne connaît aucun de ses sujets ou le prince de Monaco qui les connaît tous.» On connaît la suite…

Est-ce que vous vous sentez un peu française, et à quel moment ?Par la langue, c’est certain. Mon grand-père, le prince Pierre de Polignac, était français. Le plus beau cadeau que la France m’ait fait : sa langue. Je ne veux pas renier des origines anglo-saxonnes et des racines fondamentalement italiennes, mais la langue française est extrêmement importante.

Quand on parle de la jet-set, du gotha, est-ce que vous avez l’impression d’en faire partie ?

Alors là, ce sont deux choses complètement différentes. Le gotha, c’est un petit livre pour déterminer qui étaient les familles régnantes de lignée pure, comme un «pedigree book». C’était un truc très victorien pour verrouiller les alliances. On en rit entre gens du gotha, pas du gotha, proche du gotha, presque gotha… La jet-set, c’est encore autre chose. Mon grand-père disait que c’est ceux qui veulent donner aux bordels les apparences d’ambassades. Je n’ai pas du tout l’impression d’en faire partie.

Est-ce que vous êtes sensible aux valeurs de l’aristocratie ?Lesquelles ?

L’honneur…Je ne vois pas pourquoi ça ne serait une valeur que pour l’aristocratie. L’honneur devrait être une valeur pour tout le monde.

Un certain mépris de l’argent, du commerce…Ça oui. Complètement.

Un certain esprit de sacrifice…Oui.

Ça vous a été appris ?Appris ? Je ne dirais pas ça. Ça fait partie de l’ADN. Cela semblait tellement évident. Ce ne sont pas des valeurs moches, non ? Le sens de l’honneur, du sacrifice, se dire qu’on a plus de devoirs que de droits, que même privilégiés, essayer de laisser le moins de traces possible de son passage sur terre. Vivre ce passage dignement. Essayer de faire le bien, ou en tout cas le moins de mal possible. Enfin, c’est juste humain, moral, civique. Vous pouvez mettre n’importe quelle étiquette là-dessus, ça n’est pas le propos.

Vous avez fait une licence de philosophie à la Sorbonne. Vous avez fait Sciences Po. En quoi cela vous a-t-il été utile ? Que vous en reste-t-il ?

Plein de choses. Pour être précise, j’ai fait une prépa Sciences Po. Après je suis rentrée à la Sorbonne pour faire une licence puis une maîtrise en Angleterre. Ma mère ne croyait pas aux études pour les filles, elle trouvait que c’était ridicule, absurde, que ça ne servait à rien. Comme j’avais eu mon bac avec une bonne mention, mon père m’a dit : «Bon, fais une prépa Sciences Po, c’est bien, comme ça tu apprends le droit constitutionnel, l’histoire des institutions, l’économie.» J’ai eu Vedel, Aron, Barre, Nora comme profs. Des gens exceptionnels. Mon père m’a aussi obligée à prendre un cours de comptabilité qui était dans le programme de Sciences Po. C’est peut-être ce qui me sert le plus aujourd’hui. Je fais partie de beaucoup de conseils d’administration et je peux vous dire que c’est utile.

Et la philo ?C’est drôle, Jean-Luc Marion a participé aux rencontres philosophiques organisées par ma fille Charlotte à Monaco. Il était mon professeur à la Sorbonne. C’était magnifique de le revoir. Je lui ai dit tout de suite : « Je pense que j’ai été votre pire élève !» Mais les pires élèves sont parfois les plus fidèles.

Vous avez la réputation d’être une très grande lectrice…C’est vrai, j’adore lire.

Quels sont vos auteurs de prédilection ?Ça change tout le temps. Disons que si je devais emporter un seul livre quelque part, puisque c’est un peu votre question, je pense que ça serait le Zibaldone di pensieri de Leopardi. Vous pouvez lire trois pages, le reposer et surtout le relire à l’infini.

Quand vous aviez accepté d’être rédactrice en chef de Vogue, vous aviez demandé un texte à Patrick Modiano intitulé «Mes 20 ans» ? Quel regard portez-vous sur vos 20 ans ?

Je n’en ai aucun souvenir. Ce n’est pas une période particulièrement intéressante. Je n’ai pas aimé être une enfant ou même jeune. Je garde le souvenir d’un ennui terrible. D’où peut-être la lecture, parce qu’on ne s’ennuie jamais quand on lit. On n’est jamais seul. Oh la la, je ne sais pas, mais ça n’est pas très «mode» tout ce qu’on raconte.

Tout va bien, il ne fallait pas que ça ne soit que «mode»…J’adore la mode mais je ne suis pas très très au fait… Mes filles le sont beaucoup plus que moi…

Est-ce qu’elles vous influencent ?Oui. Je leur demande toujours ce qu’il faut dire.(Karl Lagerfeld arrive… «Je vois que vous n’avez pas fini. Je vous laisse. Je ne veux pas être une distraction inutile…»)

Pour conclure, est-ce qu’il y a une question que vous auriez aimé que je vous pose ?

Mon poids ? (elle rit) Non. J’espère surtout que votre enregistreur n’a pas marché. Vous seriez obligé de tout écrire de mémoire. Et ça serait tellement mieux.

(propos recueillis par frédéric taddeï)


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LILY-ROSE DEPPRarement dans l’histoire aura-t-on vu jeune fille prendre son élan sur un tremplin aussi étoilé. Le monde entier s’est penché sur son berceau : le premier enfant de Vanessa Paradis et de Johnny Depp se devait de fusionner le chic à la française et la classe américaine. Il aura fallu attendre quelques années, observer la chrysalide se transformer jusqu’au dernier festival de Cannes, où la presse internationale n’a eu d’yeux que pour un papillon nommé Lily-Rose. Et qu’a-t-on découvert ? Une paire d’yeux semblant inventés par René Gruau, des lèvres dessinées au pinceau et à la framboise, un cou de porcelaine et une silhouette miraculeuse. Karl ne s’y est pas trompé : une muse était née pour incarner – après le Coco de Vanessa – le visage du nouveau Chanel N° 5, L’Eau. Quant au cinéma, il est aussi fou de ce papillon – qui vient de s’envoler loin du lycée pour se consacrer pleinement à lui : de Planétarium à La Danseuse, et bientôt Yoga Hosers, la jeune fille parfaitement bilingue ne cesse de tourner et d’étonner. La peinture semble idéale, mais les tremplins étoilés ont leurs piquants ; car si l’on lit partout que la ressemblance avec sa mère est troublante ou saisissante, Lily-Rose devra apprendre à se ressembler elle-même. Les épreuves ne font pas peur à l’adolescente, qui affirmait récemment : «À travers mes parents, j’ai compris qu’en faisant ce métier, on renonce en partie à avoir une vie privée. J’ai choisi la même voie qu’eux, et il faudra en payer le prix.» (Arthur Dreyfus)Débardeur, minijupe et ceinture Chanel. page de droite, pull Chanel et bague Chanel Joaillerie.


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Surnommée «le bras droit et le bras gauche» de Karl Lagerfeld, cette liane brune et rock dirige le studio Chanel depuis 1999. «Entre Karl et moi, c’est un échange. J’essaie qu’il soit au mieux de sa position de créateur, j’essaie de le booster, lui donner confiance. Je le connais bien, le comprends bien, je suis à l’écoute, j’entends tout ce qu’il ne dit pas, et il me capte très vite aussi. Entre nous, ça a été immédiat, dès le début.» Virginie Viard est entrée chez Chanel en 1987 comme stagiaire. Elle a déjà la mode dans le sang : issue d’une famille de soyeux lyonnais, elle a grandi entourée «de nombreuses tantes qui aimaient la mode, s’habillaient chez Rykiel». Aujourd’hui, elle est à la tête de quatre ateliers couture et trois de prêt-à-porter, fait les looks de huit défilés par an, interprète les dessins que Lagerfeld apporte au studio en fin d’après-midi : «Je propose des tissus par rapport à ses croquis, tout se passe au feeling, c’est hyper spontané. D’autant que tout va très vite : une collection se fait en quatre à cinq semaines.» Directe, simple et sympathique, elle parle de Chanel comme s’il s’agissait d’une bande d’amis, «parce que Karl est certes très impliqué, très travailleur, mais il a instauré une atmosphère chaleureuse, humaine au studio. Tout le monde l’adore ! Et puis ce qui est génial avec Chanel, c’est que c’est tellement énorme qu’on peut tout faire, des broderies aux tissus… Avec Karl, il n’y a pas de limites, avec Chanel non plus.»(Nelly Kaprièlian) Imperméable, pull, collants et bottes, Chanel.* Directrice de studio de Chanel.

Virginie Viard


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Cécile Cassel a passé plusieurs années dans l’œil du public avant de se trouver elle-même. C’était en 2013, la brune actrice, fille et sœur de, remarquée chez Rohmer, renaît blonde platine en diva incandescente. Mini-short sur cuisse fuselée, iconographie rouge et blanche, rouge à lèvres flash, voix puissante et refrains entêtants : on l’appelle désormais HollySiz. C’était donc cela, ce feu que l’on sentait gronder sous ses sourires de jeune fille sage, ce port de reine dont on savait qu’il était l’héritage d’années de danse assidues : la petite dernière du clan Cassel était une rockeuse en sommeil, une bête de scène en cage. Depuis trois ans, elle a donné des dizaines de concerts et gagné sur scène une crédibilité musicale béton. Ce qui ne l’empêche pas de continuer de briller sur les tapis rouges : compagnon de route de la maison Chanel depuis des années, c’est elle qui ouvrait le bal en mai dernier à La Havane, entraînant Monsieur Lagerfeld dans une salsa endiablée. Son deuxième album ne devrait pas trop tarder à arriver pour entériner la mue du jeune espoir en vedette pop. (Clémentine Goldszal) T-shirt et jupe Faith Connexion.

CÉCILE CASSEL


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CHARLOTTE STOCKDALE“Je sortais de la Maison du Caviar avec Olivier Zahm quand je suis tombée nez à nez avec Karl Lagerfeld qui arrivait au bras d’Amanda Harlech. C’était en janvier 2008. Ça faisait longtemps que Karl et moi nous écrivions mais nous ne nous étions jamais vraiment rencontrés. Dans la foulée de ce soir-là, j’ai commencé à travailler à ses côtés pour Fendi et on ne s’est plus quittés. Travailler avec Karl, c’est good, fun, fluide et stimulant. Vous pouvez avoir avec lui la conversation la plus érudite comme la plus basique et humaine. Il se souvient de tout, fait toujours preuve de bienveillance, vous pose des questions sur votre famille, s’intéresse sincèrement à vous. Karl en trois mots? Talentueux, loyal et sensible.” Combi-pantalon Faith Connexion. Ceinture Chanel. Bottines Fendi. * Styliste.

AMANDA HARLECHMuse, consultante, alter ego féminin ? Difficile de définir le rôle d’Amanda Harlech auprès de Karl Lagerfeld : «C’est vague. Karl est très inspirant, j’essaie de voir ce qu’il pense. Entre nous, c’est un peu comme une conversation sans fin. C’est aussi une grande amitié», nous confie-t-elle depuis sa maison du Shropshire où elle vit, monte à cheval, peint ou écrit, quand elle n’est pas dans son appartement de la rue Saint-Dominique à Paris, pour travailler chez Chanel. «Karl est un philosophe, un artiste, quelqu’un de très profond, généreux, drôle, curieux, avec énormément d’esprit. De lui, j’ai appris une foule de choses : d’abord, à “faire”, par exemple. Karl est dans l’action. Il me donne aussi beaucoup de livres. Il se moque souvent de ma paresse en me disant : “Alors, il en est où ton roman ?” Sa discipline m’inspire.» Amanda Harlech a d’abord étudié la littérature à Oxford où elle écrit un mémoire sur Henry James, avant de devenir styliste pour Harper’s Bazaar, «parce que la mode m’a semblé être le moyen le plus rapide de raconter des histoires». Mettre des mots sur des émotions, des idées, des narrations invisibles : c’est ce qui définit peut-être le mieux ce rôle de «muse», qu’elle exerce d’abord auprès d’un tout jeune John Galliano, avant de rejoindre Karl Lagerfeld chez Chanel en 1996, aujourd’hui aussi chez Fendi. Une sensibilité poétique, une intelligence aiguë, on comprend pourquoi cette aristocrate aux cheveux de jais et au teint pâle l’inspire. Jusqu’à son style perso, qui hybride les deux passions de Lagerfeld, l’histoire et la modernité, à travers une robe victorienne portée avec des baskets. «Mon style sera toujours très romantique bohémien. J’aime la mode car c’est une forme d’expression que chacun a à sa disposition. À présent, j’ai décidé de porter tous les vêtements que j’ai collectés depuis trente ans.» On peut parier qu’ils racontent tous, à leur façon, quelque chose de son histoire. (nelly Kaprièlian) Robe vintage Kenzo. Ceinture Chanel.* Égérie de Karl Lagerfeld.


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SILVIA FENDI & DELFINA DELETTREZPeu de gens peuvent s’en vanter mais Silvia Venturini Fendi est une collègue de Karl Lagerfeld.

Les deux saluent ensemble au final des défilés Fendi. Et peu de gens peuvent s’en vanter mais Delfina Delettrez, la fille de Silvia, a joué sur les genoux de Karl Lagerfeld et lui a

chouré des crayons à sa table pour s’amuser à dessiner. Ce qui a frappé à l’arrivée de Delfina Delettrez sur la scène mode alors qu’elle avait à peine 20 ans, quand elle a lancé sa

marque de bijoux délicats et surréalistes, c’est l’assurance et la rapidité avec laquelle elle traçait son sillon, tant sur le plan de la vie privée que de la vie professionnelle.

La mère et la fille travaillent dans le secteur du luxe, ce qui paraît une évidence quand on est né en plein milieu du clan Fendi. Mais il est intéressant de noter qu’elles ont chacune

préféré vivre d’abord à fond les expériences en dehors du monde de la mode. «Cela évite de regretter ensuite de n’avoir pas fait certaines choses», philosophe Karl Lagerfeld.

Silvia Venturini Fendi a dessiné le «Baguette» de Fendi et a inventé depuis cette idée du sac avec lequel on joue, qu’on accessoirise de pompons colorés, de petits monstres,

de friandises en vison, prônant des accessoires certes statutaires mais ludiques.Delfina Delettrez crée une cassette de bijoux à l’inventivité et l’excentricité toujours renouvelées.

Oui, ces deux femmes ont énormément en commun avec Karl Lagerfeld. D’ailleurs, qu’on ne s’y trompe pas, derrière l’objectif, il n’est pas juste un photographe,

mais bel et bien un membre de la famille. (loïc prigent) À gauche, Silvia Fendi, à droite, Delfina Delettrez. Vestes et chemises Fendi. Bijoux Delfina Delettrez.

Coiffure Beppe d’Elia. Mise en beauté Noemie Masselin. Manucure Marcea Gomes.


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PATRICIA URQUIOLAÀ quoi reconnaît-on une création de l’architecte et designer Patricia Urquiola ?

À sa féminité, est-on tenté de répondre, elle qui demeure l’une des rares femmes au sommet de cet art, jouant volontiers de couleurs, d’ornementations

et de parfait bon sens, qu’il s’agisse du décor d’un hôtel, d’une patère ou d’un canapé. À sa double identité, a-t-on envie d’ajouter, puisque cette Espagnole a

choisi de vivre à Milan, mêlant flamboyance ibérique et épure éclairée à l’italienne. Reste que l’incroyable variété – et succès – de son travail relève

plutôt d’une spécificité qu’elle-même définit ainsi : «Sortir de sa zone de confort», expression cocasse pour une spécialiste du mieux vivre… C’est cette

ouverture d’esprit, qu’elle admire, dit-elle, chez Karl Lagerfeld : «Il me fait penser au dernier texte d’Italo Calvino, Leçons américaines, un plaidoyer pour les valeurs d’avenir, celles de légèreté et de multiplicité notamment, garantes de consistance. Et puis il est dans un rapport d’énergie, pas dans un rapport

de force. Et dans l’attention aux autres, et aux choses. Pour moi, c’est le secret de tout.» Son attention à elle, on la retrouve, de fait, avec Trama, service

de table en plastique et mélamine inspiré de céramiques japonaises ; Fjord, mobilier asymétrique inspiré du littoral scandinave, ou encore Salinas, cuisine

fonctionnelle inspirée par celle de son enfance, chez sa grand-mère. La liste est infinie : Patricia Urquiola sait se souvenir, mêler hier, ailleurs et maintenant.

Chacune de ses pièces prend un air de nouvelle madeleine, toujours étoffée d’une âme qui en rappelle une autre. (Sonia Rachline)

Peignoir, cravate et pantalon Dries Van Noten. Chemise Balenciaga.* Directrice artistique de Cassina.


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HÉLÈNE ARNAULTKarl est un génie. C’est un mot que je n’emploie

habituellement que pour les compositeurs. Il est un créateur à part, au-dessus de tout et qui

est LA référence pour tous les autres. Il traverse le temps, et il fascine jusqu’aux plus jeunes. Son amitié

est extrêmement importante pour moi. Tant de générosité, d’attention et de fidélité me font

ressentir que son amitié est aussi indispensable que l’amour. Et qu’est-ce que j’aime nos fous rires !

Veste et pull col roulé Dior.


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“J’ai rencontré Karl pour la première fois en 1991. C’était dans son studio de la rue Cambon. Je venais d’intégrer Chanel dans la peau du petit oiseau siffleur qui incarnait le parfum Coco. La rencontre fut brève. J’ai dû dire trois mots en regardant mes chaussures. Des années plus tard, c’est grâce à Karl que j’ai retrouvé la maison. Et dès lors, il n’a cessé de me photographier. Ce que je préfère chez lui, c’est son regard. Il y a derrière ses lunettes noires des yeux d’une pureté qui m’émeut. Je me souviens d’une séance mémorable au château de Versailles à l’occasion d’un concert acoustique que je donnais à l’opéra du château. Karl étant là-bas comme chez lui, nous avons pu faire des photos partout. Je me suis changée dans la chambre de Marie-Antoinette au Petit Trianon, j’ai joué de sa harpe, j’ai grimpé sur les statues, me suis baignée dans les fontaines… À l’issue des concerts, nous avons même fait une fête grâce à lui. À minuit, éclairés à la bougie, nous nous sommes promenés dans la galerie des Glaces, les chambres, les salons et les passages secrets. Je devais me pincer pour bien réaliser ce que j’étais en train de vivre. Mais si je ne devais retenir qu’un souvenir avec Karl, ce serait sans doute cette salsa que nous avons dansée tous les deux à Cuba sous une petite pluie, dans un décor sublime, emportés par des musiciens cubains hors pair. J’ai compris que ce n’était pas sa première salsa, j’étais dans les bras d’un excellent danseur. J’adore aussi l’écouter parler, assister à ses défilés et porter ses robes, mais cela va sans dire…” Cape et robe Alexander McQueen. Béret Chanel. Montre Chanel Joaillerie.

Vanessa Paradis


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DELPHINE ARNAULT Karl est une personnalité rare, pour ne pas dire unique. C’est un génie

contemporain dont le talent rayonne sur un spectre tellement large : la mode évidemment, mais aussi la photo, le dessin, l’écriture. J’ai une grande admiration pour lui. Il m’a beaucoup aidée professionnellement, toujours avec bienveillance et

générosité. Quand j’ai lancé le prix LVMH, par exemple, il a répondu présent immédiatement. Et il donne de son temps, de sa personne, de ses conseils.

Les jeunes créateurs qui participent au concours n’en reviennent pas. Chaque fois que je passe dans son studio, je vis un moment amusant, ludique, doublé du

sentiment d’apprendre quelque chose. Il connaît tout sur tout. Et puis le respect et l’affection dont il fait preuve à l’égard de son équipe, comme une famille,

me touche. J’ai beaucoup de chance de le connaître, de passer du temps avec lui. Ce sont à chaque fois des moments merveilleux.

Robe Louis Vuitton. * Directrice générale adjointe de Louis Vuitton.


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CLAIRE WAIGHT KELLERKarl Lagerfeld connaît sûrement mieux Claire Waight Keller qu’elle ne peut l’imaginer. En scannant (KL ne regarde pas, il scanne) les défilés de Claire Waight Keller pour la maison Chloé, Karl Lagerfeld doit tout déceler dans les robes fluides ; les intentions, les références, les inspirations, ce qu’elle avance, ce qu’elle évite, comme elle délie une silhouette, les dentelles qu’elle utilise. Parce que Karl Lagerfeld est un redoutable connaisseur de mode et parce que, comme elle, il a travaillé pour Chloé, de 1964 à 1983, puis de 1992 à 1997, et comme elle il a usé de robes fluides et de dentelles. «Chloé est la marque où Karl a toujours montré son côté doux», analysait la rédactrice italienne Anna Piaggi. Chez Chanel, il travaillait le tweed, chez Fendi la fourrure et chez Chloé c’était le crêpe de Chine et une romance ondoyante. «J’étais en partie son inspiration pour Chloé, expliquait Linda Evangelista à l’époque, cette fluidité, ce refus du rigide, cette évidence délicate et confortable.» Des témoignages qui sont encore d’actualité pour décrire le travail de Claire Waight Keller : refus du rigide, évidence délicate et confortable. Elle a stabilisé la maison après plusieurs années de turbulences suite au départ de Phoebe Philo. Elle enchaîne maintenant les saisons avec retentissements critiques et performances sur la maroquinerie. En effet, depuis son arrivée, elle cumule les blockbusters de sacs ; le Faye, le Drew, le Marcie, le Hudson font des cartons considérables. KL et CWK ont décidément beaucoup en commun. (Loïc Prigent) Veste, ceinture, pantalon et sandales Chloé. * Directrice artistique de Chloé.


portraits

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Lindsey Wixson a un visage reconnaissable entre tous, elle a la plus jolie

démarche et le plus d’aisance d’entre toutes les filles. C’est un être extrêmement

attachant. On ne peut que l’aimer ; I love Lindsey ! —Karl Lagerfeld

Robe Fendi. * Mannequin.

FLEUR PELLERIN “J’ai croisé Karl Lagerfeld plusieurs fois lorsque

j’étais ministre et il m’a invitée à déjeuner chez lui. Nous avons discuté littérature, parlé de son rapport à l’école quand il était enfant, de mes études dans un lycée franco-allemand, de notre passion pour l’époque Tudor, des milieux parisiens, bref de tout et de rien. Nous avons beaucoup ri, car Karl a énormément d’humour. Ce cocktail entre une culture à la fois très profonde et très originale et une très grande drôlerie est irrésistible ! Et puis nous avons exactement le même chat (un sacré de Birmanie) et nous en sommes gâteux dans les mêmes proportions... Karl m’envoie souvent de sublimes et gigantesques bouquets de fleurs et j’en suis toujours très touchée ! De mon côté, je lui envoie des livres dont je me dis qu’ils peuvent inspirer son travail : des albums sur le japonisme, sur les costumes de la Comédie-Française, sur les métiers d’art… Un jour, comme je ne savais pas comment le remercier de sa gentillesse, j’ai fait son portrait à l’acrylique à partir d’une photo où il pose avec Choupette, son chat !” Veste et débardeur Chanel. * Fleur Pellerin, fondatrice et présidente de Korelya Capital, et ex-ministre de la Culture.


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CHOUPETTE et FRANÇOISEHormis ses yeux «bleu saphir étoilé», son pelage aussi blanc que les cheveux de son maître et sa truffe aussi noire que ses lunettes, Choupette se distingue de ses collègues à moustaches par un argument de taille : elle appartient à la liste très réduite des chats possédant une page Wikipédia. Prêtée par Baptiste Giabiconi au couturier, qui a refusé de la lui rendre, son image de marque est depuis très surveillée : «Je ne permets pas que Choupette tourne pour des publicités de pâtée, explique Karl. Elle est trop sophistiquée pour cela.» Quant à son avenir financier, Choupette peut dormir sur ses deux oreilles : titulaire d’un compte en banque dodu grâce à ses campagnes publicitaires et désignée comme héritière par M. Lagerfeld, sa gouvernante Françoise prendra soin d’elle «quoi qu’il arrive». Jamais Karl n’aura poussé la démarche warholienne aussi loin, à tel point qu’on l’entendit s’inquiéter un jour : «Bientôt les gens parleront plus de Choupette que de moi !» Qu’il se rassure, pas encore. (arthur dreyfus) Blouse et pantalon Chanel.


PORTRAITS

268 Pull Ami.


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CHARLOTTE CASIRAGHI : Aujourd’hui on parle beaucoup de la «dictature des sentiments». Notre société actuelle donne une place démesurée à l’image, à l’immédiateté, provoquant des réactions émotionnelles à chaud et un état de sidération permanent, et dans ce contexte, les sentiments sont devenus omniprésents. Mais s’ils ne sont qu’une mise en image de soi et du monde, ne risque-t-on pas de les vider de leur substance ?MARC CRÉPON : C’est tout à fait juste, et l’inconvénient de cette sollicitation permanente de l’expression de l’émotion, c’est qu’elle est maintenant tellement convenue, tellement usuelle, tellement attendue, qu’on peut s’interroger légitimement sur sa sincérité. Le jeu de la communication est partout et efface la nécessité d’exprimer une parole qui reflète une conviction profonde.CC : Cette «dictature des sentiments» semble aussi avoir brisé les frontières de l’intime. Simplement, dire «j’aime» ou «je n’aime pas» sans argumenter a changé la notion d’intimité. On voudrait qu’il n’y ait que de la «transparence», qu’on livre tout. J’y vois instinctivement quelque chose qui est de l’ordre de la possession. Le respect de la singularité, le respect des individus qui pourraient avoir un secret, une véritable intimité, une spécificité disparaît. Rendre les individus «transparents», c’est une drôle de manière de prendre le pouvoir sur eux…MC : J’ajouterai que cette transparence est très opaque. Ce que l’on sait des sentiments, c’est qu’ils sont toujours extrêmement complexes, difficiles à exprimer. Les moyens et les espaces de communication aujourd’hui sont l’expression d’un sentiment simplifié. Ce qui fait l’intimité d’un sentiment, c’est qu’il a une dimension secrète. Voilà ce qui lui donne sa complexité, et lorsqu’on est amené à l’exprimer, que ce soit dans un réseau social ou dans une communication publique, on le simplifie, et en le simplifiant on le trahit. C’est là que le terme de dictature prend tout son sens, parce que dans le fond, le propre d’une dictature, quelle qu’elle soit, au sens le plus général, c’est d’organiser la confiscation de la liberté d’expression. Quand on parle de «dictature des sentiments», ce qui est confisqué, c’est tout ce qui fait la richesse secrète intime du sentiment. Il est effectivement très difficile de s’en tenir au partage de ces deux réactions «I like/I don’t like» ( j’aime ou je n’aime pas). Parce que la philosophie prend le recul nécessaire qui est celui de la réflexion et de l’analyse, elle permet de comprendre les sentiments avec plus de finesse, plus de complexité, et donc finalement de mieux les accepter.CC : C’est en effet à la philosophie de rendre aux sentiments leur complexité, en donnant les mots pour l’exprimer, en en montrant la secrète logique de leur naissance et développement. Il y a par exemple une logique qui engendre de la haine, laquelle est toujours mêlée cependant à d’autres émotions et s’y cache. La philosophie, et sans doute la psychanalyse, nous permettent de savoir où la haine peut se dissimuler, se déguiser, et ainsi l’appréhender – pour mieux la juguler.MC : La haine, on peut avoir l’impression ou l’idée qu’elle est naturelle, qu’elle est spontanée… Ce que fait la philosophie, c’est montrer tous les facteurs qui la provoquent. Il est habituel, par exemple, de renvoyer tel ou tel conflit à une haine naturelle entre deux peuples qui auraient toujours été voués à se détester. La philosophie – mais elle n’est pas la seule – peut montrer qu’il n’en est rien, qu’en réalité ce qu’on prend pour une manifestation spontanée d’hostilité entre des peuples est le produit d’une construction, y compris de l’imaginaire. Il n’y a pas d’imaginaire spontané de la détestation, celui-ci est toujours construit.CC : N’est-ce pas le problème d’une société obscène ?

L’obscénité efface totalement l’idée de «chemin», de parcours : tout doit être jeté là,

tout de suite, afin de nous forcer à réagir. L’idée d’emprunter un chemin de connaissance pour arriver à une idée, une proposition, une conclusion, est en train de disparaître. Comme l’idée de patience. Le temps est réduit à l’instant. Tout doit être étalé, jeté à la figure, sans égard, présenté à l’instant même. C’est ça, l’obscène.MC : Dans l’expression relativement impudique des sentiments, des amours, des passions, la question de la pudeur est intéressante. Il ne faut pas oublier qu’étymologiquement, la pudeur et la honte sont connexes, viennent du même terme, aidos. La pudeur est dans le fond l’expression d’une certaine honte, avoir de la pudeur, c’est se dire aussi que ses sentiments n’ont pas forcément à être exposés sur la place publique, qu’on n’a pas l’obligation de les communiquer, qu’on peut les garder pour soi. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas nécessaire, parfois, de les exprimer. Je pense qu’il y a une place publique pour la honte, pour la révolte, pour la colère, pour l’indignation.CC : Il serait capital aujourd’hui d’analyser l’obscénité, parce qu’elle est omniprésente, elle est devenue un «langage commun». En outre, l’exhibition des sentiments les prive de leur histoire, elle efface toute notion de passé et de futur. L’idée même de «prendre son temps» est devenue martienne, irréaliste !MC : Ce que je trouve très bien et très juste dans l’idée exprimée du temps, c’est qu’elle ne présuppose aucun discrédit du sentiment. Car il ne faudrait pas non plus donner l’impression qu’il n’y a pas, sur la scène publique, une nécessité d’exprimer des sentiments. Il y a des sentiments qui ont un effet positif sur la vie collective. Prenons l’exemple de la violence. Les sentiments sont nécessaires pour changer notre rapport et notre attitude vis-à-vis de la violence, et pour faire reculer notre seuil de tolérance. Quand l’on songe à toutes ces violences qui s’exercent dans la sphère intime, les violences conjugales, les violences à l’égard des enfants, les mauvais traitements qui ont été pendant des décennies, des siècles même, tolérés, acceptés, cachés, le fait de pouvoir exprimer la honte, l’indignation, la révolte qu’ils inspirent a permis de faire en sorte que cette violence ne soit plus admise aujourd’hui.CC : C’est juste. Quand on pense aux violences faites aux femmes, la condition des femmes en général, il est heureux que certaines aient parlé de leur intimité, de leur parcours personnel dans un engagement politique. Leurs paroles ont «touché» et permis au monde d’en prendre conscience.MC : Cette «dictature des sentiments» trace sur la scène publique la place nécessaire de la philosophie. On ne peut pas laisser les sentiments envahir la scène publique, envahir le discours politique, sans qu’une parole philosophique se soucie de remettre un peu de clarté en analysant l’usage qui est fait aujourd’hui de nos sentiments.CC : En faisant des sentiments un instrument de pouvoir, de séduction, de domination, nous risquons de les vider de leur substance et de leur pouvoir de métamorphose. Nos affects, nos sensations, et toute la manière dont nous éprouvons le monde est ce qui fait notre vie, notre sentiment d’être en vie. Ils peuvent être autant animés par l’amour que par la haine, ils ne sont pas toujours transparents mais ils s’inscrivent dans notre vécu, dans notre conscience. Toutes les variations de notre affectivité sont le souffle de notre âme et, il n’y a aucune raison d’en douter, c’est une des voies d’accès à la réalité la plus forte. (Propos recueillis par Robert Maggiori.)

Marc Crépon, dernier livre paru : L’Épreuve de la haine, essai sur le refus de la violence, éditions Odile Jacob.Charlotte Casiraghi, présidente des Rencontres philosophiques de Monaco.

CHARLOTTE CASIRAGHI La philosophie, la liberté, la pudeur des sentiments

face à l’obscénité de notre monde. Entretien avec le philosophe Marc Crépon.


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1. Eva Herzigova. 2. J.W. Anderson. 3. Bernard et Hélène Arnault. 4. Sidney Toledano, Maria Grazia Chiuri, Katia Toledano et Peter Marino. 5. Victoire de Castellane et Olivier Lalanne. 6. Adèle Exarchopoulos, Nicolas Ghesquière et Léa Seydoux. 7. Lorena Vergani, Emmanuel Perrotin et Antoine Arnault. 8. Frank Gehry. 9. Kris Van Assche. 10. Pierre-Yves Roussel. 11. Michael Burke et son épouse Brigitte. 12. Christine Lagarde. 13. Valéry Giscard d’Estaing et son épouse Anne-Aymone.

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La fondation LOUIS VUITTON a réuni dans son vaisseau de verre signé Frank Gehry l’une des plus belles collections d’art moderne au monde constituée à l’instinct par Sergueï

Chtchoukine, riche industriel du début du xxe siècle. L’occasion d’une inauguration et d’un dîner très privés.

Photographe Romain Mayoussier.

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14. Claire Chazal et un ami. 15. Thaddaeus Ropac. 16. Delphine Arnault et Eva Herzigova. 17. Catherine Deneuve et Nicolas Ghesquière. 18. Alexandre Arnault. 19. Chiara Mastroianni et Adèle Exarchopoulos. 20. Olafur Eliasson. 21. Marie-Agnès Gillot. 22. Olivier Bialobos et Maria Grazia Chiuri. 23. Xavier Veilhan. 24. Haider Ackermann et Setsuko Klossowska de Rola. 25. Marisa Berenson, Jean-Paul Claverie et Jane D. Hartley. 26. Hervé Mikaeloff.


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CANCER 20 juin

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Vous savez d’instinct à qui vous fier et si vos arrangements vont durer. Mais, dans la première moitié de décembre, vous prenez conscience que des changements de circonstances et les priorités d’autrui obligent à presque tout repenser. D’où des retards qui soulèvent des questions déstabilisantes mais essentielles. C’est une préparation très opportune aux décisions motivées par la Pleine Lune en Cancer du 12 janvier. Bientôt, vous vous lancerez dans un grand tri et mettrez en route de profonds changements.

LION 22 juillet

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21 août

Malgré votre confiance en vous et votre enthousiasme de signe de feu, vous montrez une répugnance surprenante quand il s’agit de parier sur des situations nouvelles et vous vous méfiez de ceux que vous ne connaissez pas bien. Des événements soudains vous obligent à embrasser la nouveauté. En dépit de votre réticence, c’est exactement ce qu’il vous faut, et dans de nombreux domaines. Quand le destin en décidera, acceptez même les changements inattendus. Bientôt, vous vous en féliciterez.

VIERGE 22 août

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21 septembre

Vous ne résistez pas à la tentation de palabrer sur votre vie et certaines relations ; cela vous aide à repérer où et quand des changements sont nécessaires. Mais, si les faits sont clairs, ce n’est pas le cas de vos sentiments. En bonne Vierge, vous ne vous engagez jamais avant d’avoir tout planifié. Cette fois, rompez avec vos habitudes, expérimentez. Cela mettra du piment dans votre existence et, mieux, vous aidera à clarifier vos idées sur l’avenir. Vous prendrez bientôt des décisions durables, mais très différentes de celles que vous anticipiez.

BALANCE 22 septembre

–

21 octobre

Avec le chanceux Jupiter en Balance jusqu’en octobre 2017, vous traversez une période de changement et de croissance. Vous comprendrez bientôt que les perturbations mêmes bousculent utilement le statu quo. Elles concernent votre famille ou votre quotidien et amènent à repenser votre travail ou vos obligations. D’ici la fin du printemps, vous analyserez les problèmes et vous y attellerez. Ce sera souvent aussi facile qu’amusant et vous désamorcerez même des problèmes épineux.

SCORPION 22 octobre

–

20 novembre

Des changements soudains vous préoccupent. Mais, si des perturbations sont inévitables, elles sont aussi bénéfiques et vous obligent à repenser des habitudes très anciennes. Mieux, ces changements vous libèrent et vous permettent de passer à autre chose. Tout d’abord, vous serez peut-être anxieuse, mais ces inquiétudes laisseront place à une vie moins compliquée et un choix d’activités plus enrichissantes.

Sagittaire :21 novembre – 20 décembre

Votre vie devient encore plus excitante.Le thème de découverte et de changement imposé par la

Nouvelle Lune en Sagittaire du 29 novembre façonne vos actions pour décembre et janvier. Vous saurez dans quelle direction aller, mais les détails ne seront pas clairs. Les circonstances

continuant d’évoluer, restez souple et poursuivez vos explorations. Vous pourrez ainsi en apprendre plus et sans doute accepter les

propositions inattendues mais opportunes du début 2017.

Capricorne :21 décembre

–

19 janvier

Le risque vous profitera. De brusques changements dans des arrangements de longue date créent des perturbations et

menacent de coûter cher. Ce cycle annonce un nouveau départ ; son tournant est la puissante Nouvelle Lune en Capricorne

du 29 décembre. Bien que l’avenir sème d’excitants indices, vous manquerez de détails, ce qui vous amènera à agir.

À chaque étape, cependant, la suite vous sera dévoilée. La foi ne vous vient pas facilement mais, à la mi-janvier, de merveilleux

événements montreront qu’elle est amplement justifiée.Par Shelley von Strunckel.

VERSEAU 20 janvier

–

18 février

Depuis longtemps, vous sentez que votre vie pourrait être mieux équilibrée car certains individus ou situations ne sont pas à la hauteur du temps ou des efforts que vous avez investis en eux. Cela vous incite à explorer des propositions et éventuellement de profonds changements qui, auparavant, semblaient extrêmes. Malgré des développements intrigants, vous êtes indécise. Ne vous inquiétez pas. Les choses vont finir par faire sens, mais sans doute pas avant la Nouvelle Lune en Verseau du 28 janvier. Ensuite, l’avenir s’éclaircira.

POISSONS 19 février

–

19 mars

Il y a longtemps que vous envisagez des changements dans votre vie, mais vous n’avez pris au mieux que des demi-mesures. En fait, c’était une mise en jambes pour la période dynamique enclenchée par l’entrée du courageux Mars en Poissons (où il restera jusqu’au 28 janvier), le 19 décembre. Pendant ce temps, vous agirez de façon décisive, combinant votre expérience avec la volonté de vous impliquer auprès de ce et ceux qui vous inspirent. Prenez des risques. Vous ne le regretterez pas.

BÉLIER 20 mars

–

18 avril

Ultra-efficace quand un projet vous passionne, vous avez tendance à négliger ce qui vous indiffère. Mais, à partir de maintenant et jusqu’au début 2017, des événements soudains, voire un sentiment de culpabilité, vous pousseront à agir. Résistez à la tentation d’expédier ces questions, souvent porteuses d’éclaircissements qui se révéleront précieux lorsque l’entrée de votre maître Mars en Bélier, le 28 janvier, ouvrira un cycle de six semaines marqué par des propositions qui changeront votre vie.

TAUREAU 19 avril

–

19 mai

Vos décisions sont contrariées par des circonstances qui vous obligent à tout remettre à plat, mais ce processus élargit votre horizon vis-à-vis d’arrangements personnels ou professionnels qui semblaient enlisés. Jusqu’à la première moitié de 2017, vous rencontrez des options inédites ou pas encore envisagées. Votre instinct vous rassure, vous aimeriez qu’il soit conforté par les faits. Ce sera le cas, mais il faudra sans doute attendre que les sensationnels événements de fin janvier aient balayé vos doutes.

GÉMEAUX 20 mai

–

19 juin

Ce début décembre vous trouve prête pour le changement. En revanche, vous hésitez sur la marche à suivre. Des événements et des inspirations soudaines en décideront d’ici la Pleine Lune en Gémeaux du 14. Continuez d’explorer, rassemblez des informations, mais évitez les engagements fermes. Les circonstances continuant d’évoluer durant une bonne partie de janvier, voyez même les plans les plus simples comme des expériences à méditer et raffiner. Ainsi, vous serez sûre de faire le bon choix, pour aujourd’hui et pour l’avenir.

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