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Terre des zombies

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Vous pensez que les monstres n’existent pas ! Qu’ils sont le fruit de l’imagination morbide de certains auteurs, probablement psychopathes, maniaques et perturbés, qui savourent par avance les frayeurs qu’ils vont provoquer aux lecteurs auxquels ils racontent leurs histoires. Vous croyez que ces horribles créatures ne sont que des légendes urbaines faisant partie du folklore populaire et de la littérature. Vous vous trompez. Les « Z » (Zi) sont bien réels. Ces morts vivants se nourrissent de chair humaine et peuvent vous transformer en zombie d’un seul coup de griffe ou en vous mordant, s’ils ne décident pas de vous tuer en vous dévorant la cervelle ou les entrailles. Ces monstres sont extrêmement difficiles à liquider du fait qu’ils sont déjà... morts. Pour les éliminer vous devez atteindre et détruire leur cerveau. Mais même morts ils conservent une extrême dangerosité. Leur squelette est recouvert d’arêtes et de protubérance osseuses très coupantes et leurs multiples dents sont tranchantes comme des rasoirs. Une simple éraflure suffit pour vous infecter. Si cela se produit vous avez 15 secondes pour vous faire sauter la tête, passer ce délai vous n’êtes plus humain. Lorsque vous quitterez votre foyer et votre cité, n’oubliez jamais que ces « Z » rodent et qu’ils peuvent à tout moment vous attraper et faire de vous leur repas. N’oubliez pas non plus que vous pouvez vous retrouver en face de ce qui avait été votre ami, votre femme ou votre mari, un parent proche ou même parfois votre enfant. Ne laissez pas les sentiments envahir votre esprit ou vous en payerez les conséquences. Dans le meilleur des cas vous mourez dans d’atroces souffrances, sinon vous irez grossir le rang des zombies, devenant à votre tour un de ces êtres immondes. John Chaos http://www.amazon.fr/Terre-Zombies-1-John-Chaos-ebook/dp/B00OSCENZE/ref=sr_1_11?s=digital-text&ie=UTF8&qid=1414167357&sr=1-11&keywords=zombies

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Terres des zombies Les chroniques de Logan

Introduction

Mars est la quatrième planète du Système solaire, surnommée « planète rouge » en

raison de la présence d’une grande quantité d’hématite qui lui confère cette teinte. Elle a

été observée par les hommes pendant des centaines d’années, crainte par certains et

vénérée par ceux qui n’ont jamais cessé de vouloir l’atteindre. La planète a été survolée

en 1965 par une machine appelée « Mariner 4 », puis en 1971 par « Mariner 9 ». Quatre

ans plus tard la NASA1 place deux sondes Viking en orbite autour de la planète et pose un

module afin de trouver des traces de vie. Jusqu’à la fin des années 1990 un vaste

programme de récolte de données, prépare la colonisation de cette planète.

Après un échec cuisant en 1999, qui se soldèrent par la destruction de deux engins

spatiaux, la NASA obtient un budget conséquent de plus de huit cents millions de dollars,

lui permettant en 2004 d’expédier les robots MER-A alias « Spirit » et MER-B

« Opportunity » sur la surface de Mars et d’effectuer une série de mesures et d’analyses.

Deux véhicules de cent soixante-quatorze kilos chacun, mus par six roues motrices,

équipées de caméras, d’outils prévus pour réaliser des prélèvements de roches, de

spectromètres atmosphérique et géologique, surmontés de panneaux solaires assurant la

production énergétique. « Spirit » s’ensable très rapidement après avoir roulé sur

seulement six cents mètres, au grand désespoir des ingénieurs qui avaient sacrifié dix ans

de leur vie pour ce projet. Le second véhicule quant à lui réussi un trajet de plus de trente-

cinq kilomètres, venant se placer au bord du cratère « Endeavour », un lieu que les

1 NASA : National Aeronautics and Space Administration (Administration nationale de

l’aéronautique et de l’espace), était l’agence spatiale gouvernementale responsable de la majeure

partie du programme spatial civil des États-Unis. Elle avait lancé un vaste programme de conquête de la planète Mars, dont le projet « mission Viking »

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scientifiques de la NASA baptisèrent « Cape York ». Ce que les caméras dévoilèrent sur

ce site ne fut jamais révélé au public. Les huiles de Washington classèrent l’information

« Secret défense », supprimant des bases de données du centre spatial toute trace de

l’événement. Des responsables de la NASA furent invités à oublier l’affaire et certains

techniciens, les plus récalcitrants, furent arrêtés et enfermés dans des établissements

psychiatriques. On n’entendit plus jamais parler d’eux. L’affaire « Cape York » fut

définitivement enterrée.

Il fallut attendre 2027 pour qu’un équipage composé de six hommes et quatre femmes,

tous militaires et scientifiques, embarquent à bord du vaisseau spatial « Columbus », un

engin lourdement chargé, qui parcourut les cinquante-six millions de kilomètres séparant

les deux planètes en moins de neuf mois. La toute première station martienne baptisée

« Alpha » vit le jour à deux cent cinquante mètres de « Cape York ».

Durant cette mission les astronautes furent soumis à rudes épreuves. Ils portaient en

permanence leur scaphandre, supportant une atmosphère composée à quatre-vingt-

quinze pour cent de dioxyde de carbone, sous une température moyenne de moins

soixante-cinq degrés Celsius. Le paléobotaniste de l’équipe réalisait de nombreux forages

pour extraire des carottes de roches qui étaient analysées dans un des laboratoires de la

station. Deux géophysiciens s’occupaient des mesures sismiques et magnétiques afin

d’établir une cartographie précise de la zone. La biochimiste était quant à elle à la

recherche de traces d’eau dans les sédiments prélevés le long du cratère proche de la

station. Tout ce petit monde était trop accaparé par la recherche pour voir que quelque

chose de grave se préparait et que l’accident qui en découlerait serait catastrophique. Il se

produisit tout juste un an après l’atterrissage de la colonie sur la planète et coûta la vie à

plus de la moitié de l’équipage, obligeant la NASA à écourter la mission et à rapatrier les

survivants sur Terre. Ce fut le début de l’ère « Zéro », une période qui faillit être marquée

par l’extinction de la race humaine.

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Chapitre 1

Tout a débuté le 23 juillet 2030 près de Houston, au Texas. Les habitants de la ville

découvrirent à leur réveil que tous les arbres avaient perdu leur feuillage. Pelouses,

bosquets, plantes et toutes les autres espèces végétales avaient maintenant des couleurs

allant du bleu outremer au violet améthyste ou encore du gris foncé au noir de charbon.

Dans un rayon de près de cent vingt kilomètres il n’y avait plus un gramme de

chlorophylle. Ce changement s’était produit en l’espace d’une seule nuit. Les plus grands

spécialistes se penchèrent sur le problème, mais rien n’arrêta ce processus qui s’amplifia

jour après jour, finissant par atteindre d’autres états, puis le continent américain tout

entier. Un mois plus tard la quasi-totalité de la surface de la terre était affectée par le mal.

La pandémie venait de boucler sa première étape. Cette catastrophe écologique sans

précédent fut accompagnée de phénomènes d’hystéries collectives, d’émeutes, de

suicides et de meurtres en série, forçant les gouvernements à établir la loi martiale et à

mobiliser l’armée pour protéger ce qui pouvait encore l’être. L’environnement terrestre

subit des transformations irréversibles : augmentation exponentielle du taux de CO2 dans

l’atmosphère, création d’immenses brèches dans la couche d’ozone, extinctions de

nombreuses espèces animales et végétales et apparitions de nouvelles espèces qui

auraient pu surprendre zoologistes et botanistes. Les herbivores furent les premiers a

disparaître, provoquant l’effondrement de la pyramide alimentaire et bouleversant le règne

animal, incluant l’homme.

Peu à peu la Terre perdit son nom de « planète bleue », s’enrobant d’un épais manteau

brumeux, plongeant les grandes métropoles dans la pénombre. Famines et maladies firent

des ravages. Des guerres éclatèrent un peu partout sur les différents continents,

emportant plus de 90 % de la population mondiale. L’utilisation d’armes chimiques et

bactériologiques, combinée aux changements climatiques, provoqua des mutations,

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donnant naissance à des créatures que l’on pensait voir que dans les pires films de

science-fiction.

Nous sommes en l’an 220 d’une nouvelle ère. Ce qui avait été la Terre n’existe plus, bien

que les continents occupent toujours la même position. Le climat tropical qui ne dépassait

jamais les quatorze degrés de latitude nord et sud, s’étend maintenant sur l’ensemble de

la surface terrestre, à l’exception des deux pôles. L’homme n’est plus la race dominante

sur Terre, des prédateurs occupent l’écosystème et règnent en maîtres. Un semblant de

civilisation est encore représenté par quelques foyers, dirigés par les gouvernements qui

n’ont pas été renversés ou par ceux qui ont pris le pouvoir par les armes.

L’Afrique et l’Asie sont devenues d’immenses territoires recouverts pour moitié de forêts

composées d’arbres et de lianes hérissés d’épines et pour l’autre moitié de déserts

impénétrables où règne une température élevée rendant la vie extrêmement difficile. Ces

environnements totalement hostiles, sont envahis de plantes carnivores, de champignons

hallucinogènes, d’insectes géants et d’animaux qui ne feraient qu’une bouchée d’un

homme qui tenterait de s’y aventurer sans l’équipement adéquat et la connaissance du milieu.

L’Europe et la Russie ont été frappées par des armes de destruction massive, chimiques

et bactériologiques. De grands espaces sont inhabitables, envahis par les « Z » (Prononcé

Zi), créatures d’origine humaine mais plus proche du zombie que de l’homme, muni de

dents terrifiantes et de grandes mains terminées d’ongles pointus. Surnommés « Z » en

référence au cinéma du passé, ces monstres dévorent tout ce qui passe à proximité de

leurs griffes. La moindre éraflure ou morsure causée à un homme sain est fatale,

transformant celui-ci en quelques minutes. Les gouvernements qui sont installés dans ces

régions, ont protégé les villes derrière des dômes infranchissables, ou vivent sous terre

dans d’immenses bunkers aménagés.

Quant au continent américain d’où est parti le fléau, des régions entières ont été

généreusement arrosées par les Chinois et les Russes en représailles du cataclysme

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provoqué, ces derniers subissant eux-mêmes la contre-attaque des boucliers anti-

missiles. Un chaos total qui vaporisa des régions fortement peuplées. Les villes de New

York et Philadelphie ont été détruites en grande partie. Ces zones devinrent inaccessibles

à cause de fortes radiations, mais aussi de la présence de très nombreux nids de « Z ».

Le gouvernement américain subsiste et des sanctuaires ont été construits pour protéger

quelque cinquante millions de survivants. Ces colonies sont installées dans d’anciennes

villes qui ont été partiellement reconstruites.

Mon nom est Logan. Ranger pendant dix ans, au service du citoyen, j’ai reçu une

formation militaire de haut niveau, me permettant de me déplacer dans les zones où plus

personne ne se risque. J’exerce aujourd’hui différents métiers : chasseur de trésors et

d’objets anciens pour le compte de riches clients collectionneurs, détective et parfois

guide pour les fans de sensations fortes. Je gagne très bien ma vie et j’habite un

appartement dans les quartiers huppés de ce qui s’appelait la Nouvelle Orléans et que l’on

nomme aujourd’hui « Orléans Field », ou plus communément OF. Je rentre tout juste

d’une expédition menée dans ce qu’il reste de la ville de Montgomery, en Alabama. Une

virée qui s’est très mal terminée et durant laquelle j’ai perdu un ami, un frère de combat

qui me suivait depuis toujours. Son absence me pèse et je vais aller noyer ma tristesse à

l’aide de quelques verres, dans le bar qui est devenu mon quartier général. Je franchis les

portes de l’établissement qui est anormalement désert à cette heure-ci et je me place sur

un tabouret face au barman

― Salut Tom, sers-moi un mescal et laisse la bouteille.

― Hello Logan, ça fait un bail ! Ça fait plaisir de te voir, mais je trouve que tu as une tête de

déterré ce soir. Oui vraiment, désolé de te le dire, tu as une sale gueule. Qui t’a mis dans

cet état ?

― Passe-moi un verre, de la glace et la bouteille et n’insiste pas trop. Ça fait deux jours

que je n’ai pas dormi. Je ne suis pas vraiment d’humeur. Gabriel s’est fait dessouder !

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― Damned ! Je suis navré l’ami ! Voilà ta bouteille, mais please, pas de grabuge ce soir,

quand tu es de mauvais poil tu as tendance à déclencher des bagarres qui font beaucoup

de dégâts. Je sais que tu rembourses toujours ce que tu casses, mais je ne veux pas que

mon bar ait la réputation d’un endroit mal famé. Si tu ne te tiens pas tranquille je serai

obligé d’appeler les condés2. Ces mecs ont horreur d’être dérangés pour des rixes

d’ivrognes. S’ils se déplacent, ce sera pour te dérouiller et te jeter dans une cellule de

dégrisement à « Azkaban ».

Azkaban ! Une lubie du gouverneur Mccarthy, en charge de la ville, un comique, fan de

littérature, qui a rebaptisé le centre de détention « Louisiana State Penitentiary ». C’est un

endroit où l’on rencontre les rebuts de la société. Un coupe-gorge que j’ai fréquenté à

maintes occasions, toujours pour les mêmes raisons, l’abus d’alcool et des dégradations

entraînant la fureur de certains patrons de bar, qui m’ont bien évidemment depuis interdit

l’accès à leur établissement. Je suis devenu « persona non grata » dans certains secteurs

de la ville et il n’y a guère plus que Tom pour m’accepter et prendre des risques. J’en ai

donné des bourre-pifs et des gnons. Certains s’en souviennent sûrement encore, après

avoir terminé une soirée bien arrosée à l’hôpital avec le visage en sang ou un bras pété.

Je ne suis pas de bonne compagnie lorsque mon taux d’alcoolémie atteint des limites non

mesurables par un éthylotest classique. La moindre remarque désobligeante et cela se

termine par une distribution de châtaignes. Tant que mon interlocuteur est d’accord avec

moi cela se passe bien, mais si la conversation dérape, ma main a tendance à partir

directement vers sa face et comme je ne suis pas pourri côté biceps, l’énergie cinétique

qui est générée à l’impact fracasse quelques os et déchire des muscles faciaux. Bref je lui

délivre un billet gagnant pour l’hôpital du coin. Si par exemple notre homme a le malheur

de critiquer le corps des Marines ou les Rangers, je vois rouge et ça part. Il y a comme

cela quelques sujets qui fâchent. Je ne suis pas fier de moi, même si je dois l’avouer,

j’aime la castagne. Ce soir je n’ai ni envie de prendre une correction par des flics

2 Condé : désigne en argot un agent de police

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désabusés ou aigris d’avoir un boulot totalement inintéressant, ni de me retrouver dans

une cellule sale et malodorante, occupée par des clodos et des délinquants de seconde

zone. Non ce soir je vais boire tranquillement quelques verres, puis j’irai me coucher

lorsque le bar commencera à se remplir. De cette façon j’éviterai de croiser un autre

ivrogne. Si je ne suis pas trop cassé, j’appellerai une ou deux copines pour finir la soirée.

Je m’enfile un premier verre, cul sec, le liquide glisse lentement dans ma gorge, me

faisant l’effet d’une coulée de lave, provoquant un véritable feu d’artifice sur mes rétines.

J’ai l’impression que ma tête va exploser. Je contemple le fond de mon verre vide

quelques instants, me repassant les derniers moments avec Gabriel, l’explosion qui l’a

tué, la forte odeur d’ozone des combats qui suivirent, les cris de mes adversaires tombant

sous le feu nourri de mon fusil. Je me demande encore et encore si j’aurais pu éviter cela.

Mais pour le moment je cherche l’état second et l’ivresse qui devraient me faire tout

oublier quelques heures. C’est à chaque fois la même chose quand je rentre de l’extérieur,

je passe deux jours à me bourrer la gueule dans les bars du quartier, puis une journée à

dessaouler et enfin je repars en chasse d’une nouvelle affaire. En général je trouve mes clients dans les beaux quartiers. Ce sont soit des gamins de bonne famille, qui veulent se

faire peur ou frimer devant leur petite amie, en sortant du dôme, pour se mesurer à la

faune et aux dangers de l’extérieur, soit de riches bourgeois à la recherche d’objets anciens manquants dans leurs collections.

Ma réputation n’est plus à faire. Je reçois de nombreuses propositions que je refuse pour

la plupart, car je suis très difficile dans mes choix. Ce n’est plus l’argent qui me motive

depuis longtemps. C’est un juste équilibre entre la difficulté de livrer ce qui est commandé

par le client et l’intérêt que je vais trouver dans la mission. Le danger n’est jamais un

facteur bloquant pour moi. J’ai déjà accepté des opérations que tous mes concurrents

avaient refusées car ils les jugeaient infaisables ou suicidaires. Mes tarifs sont très élevés

et mes résultats toujours à la hauteur des attentes, ce qui fait que j’ai une clientèle fidèle et toujours croissante.

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Dans la majorité des cas mes expéditions se déroulent sans incident, mais ce coup-ci j’ai

vraiment morflé. Ma dernière exploration m’a conduit dans les ruines du musée « Fine

Arts » situées à Montgomery, un site sur lequel mon client espérait trouver une sculpture

qu’un de ses ancêtres avait fait don à la ville. En guise d’œuvre d’art nous sommes

tombés sur le campement d’un groupe de rebelles totalement fêlés et mangeurs de chair

humaine, contre lequel nous avons dû nous battre. Cela coûta la vie à Gabriel.

Brutalement privé de mon meilleur ami, j’ai eu une réaction d’une extrême violence. Ma

fureur a été sans limite et ma vengeance totale, ne laissant qu’un charnier dans un camp

dévasté. Toute la tribu y est passée, je n’ai laissé aucun survivant et fais aucun prisonnier,

alors que certains des hommes que j’ai tués étaient recherchés et auraient pu me

permettre de toucher de belles primes. Après ce carnage je suis rentré à OF le cœur serré

et en rapportant l’objet convoité par mon client, car je suis soucieux de respecter un

contrat passé.

Je me verse un second verre et je m’apprête à le descendre lorsque je remarque un type,

que je n’avais pas vu en entrant. Un homme qui m’observe depuis une table qu’il occupe

au fond du bar. Je distingue à peine son visage. Ce n’est pas un habitué, donc méfiance.

Il ressemble à une de ces barbouzes que le gouvernement utilise pour des missions

spéciales et a priori, à la façon qu’il a de me fixer, c’est moi qui l’intéresse. Je ne suis pas

armé, je suis dans mon QG et je n’ai pas de raison de me méfier. Cela risque de faire du

grabuge s’il se montre agressif. Tom ne va pas être content si je casse tout dans le bar. Je

devance une éventuelle attaque et passe à l’offensive, c’est un principe que j’ai hérité des

rangers, « toujours surprendre l’adversaire ». Je quitte le zinc où je suis accoudé,

emportant ma bouteille et le verre. Je traverse le bar désert et je m’assieds à la table de

cet inconnu. Il a les traits sévères d’un militaire ou d’un agent du renseignement en

service. Sous sa veste impeccablement tenue, qui ne laisse apparaître aucun pli, on

aperçoit une chemise de couleur brune, qui fait partie de l’uniforme du corps d’infanterie. Il

porte une chevalière à la main gauche sur laquelle je peux voir un aigle surmontant un

globe ainsi qu’une ancre. Ce n’est pas un bijou que l’on arbore lorsque l’on travaille dans

les bureaux. J’ai en face de moi un homme de terrain.

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― Je peux vous renseigner l’ami ?

― Bonjour. Je me présente, Capitaine Carl Donawer, je suis mandaté par le gouvernement pour vous approcher et vous proposer une mission.Cela fait deux jours que

je vous attends. Voici mon accréditation.

La barbouze me glisse sa plaque sous le nez. Je reconnais le sigle, pas de doute à avoir.

― Je viens de terminer un boulot pour un client. Mais je ne suis plus dans le coup

Donawer, j’ai lâché l’armée il y a un bail et pas question pour moi de rempiler. Je fais dans

le privé maintenant !

― Écoutez Logan, je sais qui vous êtes, mais laissez-moi vous expliquer ce qui

m’amène et pourquoi on a pensé à vous en haut lieu. Vous avez une parfaite

connaissance de l’extérieur des dômes et une grande expérience du terrain, de plus vous

avez bonne réputation. Vous êtes un mercenaire sur qui on peut compter et vous ne

lâchez jamais une affaire. On dit même que vous n’avez jamais échoué. Vous êtes une

légende ! Il y a bien vos petits penchants pour l’alcool mais lorsque vous êtes en mission il

n’y a rien à dire. Je sais aussi que vous venez de perdre un robot auquel vous teniez

beaucoup…

― Un ami vous voulez dire ! Et je n’aime pas ce qualificatif de mercenaire. Je préfère

explorateur ou encore chasseur de reliques et archéologue. Je suis l’homme qui déniche

l’introuvable et je ne travaille qu’avec des sociétés privées ou des particuliers. Je ne veux

plus bosser pour le gouvernement et j’ai de bonnes raisons.

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― Désolé si je vous ai froissé, mais c’est ce qui est indiqué dans votre dossier. Nous

pouvons remplacer votre « ami » et vous fournir un « quasi humain »3 de la même

génération, ou une version plus récente si vous préférez. Ces machines sont introuvables

sur le marché, mais nous avons de nombreuses unités de fabrication. Je sais aussi que

vous n’êtes pas dans le besoin, que vous disposez d’importants moyens financiers vous

mettant à l’abri, mais que vous êtes aussi toujours à l’affût d’une bonne aventure. Ce que

je vais vous dire est classé « Secret Défense ». Je ne peux vous en parler que si vous

acceptez la mission. Vous ne pourrez plus faire marche arrière, si je vous mets dans la

confidence et que vous refusez de travailler pour nous, je serai obligé de vous liquider.

― Vous venez d’attirer mon attention Capitaine, ce qui est plutôt bon signe pour vous.

Quand à me liquider il faudra être plus rapide que moi, je suis bien entraîné ! Dites m’en

plus : quelle sera la durée de la mission et comme je suis aussi un homme de principe,

quelle sera la rémunération ? Je peux vous inviter à partager ma bouteille ? Je n’aime pas

boire seul lorsqu’il s’agit de parler affaire.

― Non Merci, je suis en service. Je vais reprendre un verre de BrokenIce4 pour vous accompagner.

Carl sort un flex5 d’une serviette posée sous la table et me le tend en ajoutant :

3 Quasi humain ou QH : un robot très sophistiqué, composé pour partie de matière organique, que l’on peut facilement confondre avec un humain. Équipé d’un cerveau artificiel, il est pré-chargé avec de nombreux modules, tels que les mathématiques, la physique-chimie, la médecine et bien d’autres matières. Il est plus résistant et plus robuste qu’un humain. Il ne se nourrit pas et ne dort

jamais (très pratique lorsqu’il s’agit de surveiller un bivouac). À l’origine il a été développé pour remplacer l’homme dans les endroits hostiles. Des modèles ont été conçus pour l’armée, avec des capacités adaptées aux soldats (Close combat, chirurgie,...)

4 BrokenIce : boisson tirée d’un fruit de la taille d’une pomme, couvert d’une peau épaisse et épineuse, comme celle d’un ancien fruit disparu appelé Durion. Sa pulpe savoureuse et acidulée donne un jus très rafraîchissant, servi en général avec des glaçons d’azote liquide. Ce fruit est issu de la recherche hydroponique. Vaste programme agricole élaboré après l’extinction des arbres fruitiers.

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― Lisez ce contrat et signez en plaçant votre pouce droit à l’emplacement prévu.

Je parcours le texte avec attention, en n’omettant aucune des clauses, surtout pas celles

que l’on trouve habituellement à la fin du document, que personne ne lit jamais et qui en

général protègent le client et vous desservent. Il s’agit des clauses de confidentialité

classiques et d’un contrat passé avec le gouvernement pour une durée limitée à

l’opération, le bla-bla habituel des grattes papiers. Ce que je lis ne me donne aucune info

sur cette mystérieuse mission… Je n’hésite pas une seconde et je colle mon pouce sur le scanner.

― OK ! Montons dans ma piaule. Ici ce n’est pas le bon endroit pour aborder le sujet. À

demain Tom, j’embarque la bouteille, mets ça sur mon compte et merci pour tout.

Je me lève et me dirige vers la sortie, suivi de Carl.

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5 Flex : tablette tactile flexible qui ressemble à s’y méprendre, à la feuille d’un cahier. Permet la

réception et la transmission de données numériques. Un objet qui coûte une fortune et que seuls les agents du gouvernement possèdent.