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Bilan et Perspectives ENSEMBLE POUR LES PERSONNES SANS ABRI ! © Loïc Delvaulx L’Ilot 2015

Rapport d'activités 2015

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Bilan et PerspectivesE n s E m b l E p o u r l E s p E r s o n n E s s a n s a b r i !

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L’Ilot 2015

Éditrice responsable Ariane DierickxBrochure réalisée par Gregory VandendaelenGraphisme Lisa Boxus / inextenso.bePhotographies Loïc Delvaulx

Sommaire

Éditorial2015 en quelques chiffresL’État anti-social actifL’ILOT : une approche globaleMission, Vision, ActionNotre publicAccueillirTémoignagesLe ClosLes pots de L’ILOT, tremplin vers l’emploiL’ILOT 160L’ILOT 38L’ILOT JumetCapteur de logementsS.Ac.A.Do. TémoignagesNos comptesLes sans-toit veulent un toit !Nous soutenir

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Éditorial

2015 fut une année charnière pour notre asso-ciation en évolution constante, à l’image de la société qui nous entoure.Depuis plus de 50 ans, L’ILOT est aux côtés des personnes sans abri. Nous sommes toujours là et nous n’avons, malheureusement, jamais eu autant de travail et de demandes d’aide. Nos méthodes de travail, nos ambitions en tant qu’association, elles, évoluent et devront encore évoluer au fil des années à venir. Notre société, le monde qui nous entoure, est plus complexe, plus segmenté, plus divisé que jamais. La pauvreté et l’isolement social gagnent chaque jour du terrain. Les chemins qui mènent au sans-abrisme n’ont, eux, jamais été aussi nombreux.

Une association comme L’ILOT se doit d’adap-ter ses méthodes de travail et ses actions de terrain à cette société en profonde mutation. Depuis quelques années déjà, nous multiplions les expériences afin de répondre au mieux aux évolutions de notre public et aux change-ments du paysage économique et social belge et européen. Aujourd’hui, à l’heure d’écrire ces lignes, nous pouvons être fiers d’être une des associations dont les projets sont parmi les plus diversifiés du secteur. Si nos projets sont multiples et s’adressent à différents publics, l’objectif de notre association reste

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en quelques chiffres :2015

Ariane Dierickx Directrice générale

inchangé : diminuer et éradiquer un jour le sans-abrisme. Un objectif ambitieux certes, mais auquel nous croyons fermement. Vous le lirez dans ce rapport, à L’ILOT, nous n’accep-tons pas d’intervenir uniquement pour rendre la vie en rue moins indigne ou moins incon-fortable, ni même encore pour éviter qu’on y meure de froid ou de faim. Bien sûr, cela reste nécessaire, mais notre objectif doit être plus ambitieux : nous devons multiplier les portes de sortie concrètes et durables. Ce travail de longue haleine passe par une action concrète de recherche active de solutions logement et par la mise en place d’actions visant l’autono-mie financière des personnes. Tout en poursui-vant et en améliorant les services développés par le passé, c’est notamment ce à quoi nous nous sommes employés en 2015.

Bonne lecture,

• 1 046 personnes sans abri accueillies dans nos différents services

• 21 946  nuitées dans nos 3 centres d’hé-bergement

• 92 personnes ont retrouvé un logement après un passage dans un de nos projets

• 13 852 repas de midi équilibrés et 7 022 petits déjeuners distribués en journée au Clos

• 5 679 douches chaudes prises au Clos

• 1 017 lessives de vêtements d’usagers et usagères du Clos

• plus de 65 usagers et usagères du centre de jour Le Clos suivis par le Ser-vice social

• 30 familles parmi lesquelles 65 enfants hébergées dans notre Maison d’accueil d’urgence

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L’État anti-social actif

b i l l E t d ’ h u m E u r

Il y a quelques dizaines d’années, lorsqu’une per-sonne poussait la porte de L’ILOT, elle savait qu’après avoir pris le temps nécessaire du repos puis celui de la reconstruction, elle pourrait, avec notre soutien, retrouver un logement, voire même un emploi, et repartir du bon pied. Savoir qu’il était possible de trouver des solutions concrètes et effi-caces était aussi important pour notre public que pour nos travailleurs sociaux. Et dans tous les cas, nous pouvions compter sur un État social certes imparfait mais néanmoins capable de défendre les plus fragiles.

La situation d’aujourd’hui est bien différente : la crise économique est passée par là, transformant le marché de l’emploi en une grande loterie dont seuls certains joueurs reçoivent un ticket et la crise du logement a pris une telle ampleur qu’elle touche désormais aussi les ménages aux revenus moyens. L’État social qui se voulait si ambitieux est de moins en moins capable de corriger les inégalités

sociales, absentes de la plupart des préoccupations politiques actuelles : les mécanismes de redistri-bution qu’il avait développés pour lutter contre ces inégalités se sont dégradés au profit d’un système néolibéral apparemment triomphant qui a progres-sivement fragilisé le système global de protection sociale, détricoté les services publics, multiplié les statuts précaires et provoqué la prolifération des politiques d’austérité.

Dans ce contexte, la pauvreté aujourd’hui n’est plus considérée comme la conséquence d’une répartition inégale des richesses mais bien comme un « accident de parcours » dont la responsabilité devient indivi-duelle et non plus collective. Il ne reste plus dès lors qu’à accepter de se laisser « activer » ou « réinsérer » pour expier sa faute. Celles et ceux que le système n’aura pas réussi à digérer seront, au choix selon les époques et les idéologies, des « laissé.e.s pour compte », des « exclu.e.s », des « surnuméraires », des « inemployables », des « démuni.e.s », des « nécessi-

teux », des « défavorisé.e.s », des « vulnérables », etc., les « sans-abris » étant le symbole suprême de la mise en échec de notre modèle social-démocrate.

Englués dans les réalités individuelles des per-sonnes accompagnées, les professionnelLEs du social finissent par se distancier de cette lecture politique et par appliquer consciemment ou non les règles de l’État social actif. L’ILOT refuse cette lo-gique qui enferme les travailleurs sociaux dans une posture schizophrénique et contraire à la mission qui doit rester la leur : tout en tâchant d’accompa-gner au mieux les personnes à partir des individua-lités microsociales, il nous faut rester vigilant.e.s et développer une analyse critique des inégalités macrosociales dans lesquelles s’inscrivent de plus en plus de réalités individuelles.

Cette analyse politique des mécanismes qui fabriquent les pauvres doit nous permettre de constater que notre secteur récolte aujourd’hui les fruits des politiques d’austérité et d’activation imposées ces dernières décennies : greffé à un sys-tème organisant de façon structurelle les inégalités sociales de toutes natures, le sous-financement des secteurs de la santé, de la justice, de la jeunesse, de l’égalité entre femmes et hommes, du logement, etc. amène dans nos services un nombre grandis-

sant de personnes. C’est le cas notamment des personnes souffrant d’assuétudes lourdes et/ou de problèmes de santé mentale, des sortant.e.s de prison dont les institutions pénitentiaires n’ont pas pu préparer la réinsertion, des jeunes qui sortent d’institutions à leur majorité sans aucun filet de sécurité, des femmes victimes de violences conju-gales ou intrafamiliales qui ne trouvent pas de place dans les structures d’urgence spécialisées, de familles incapables de payer un loyer devenu ina-bordable, d’allocataires sociaux subitement exclus du chômage, etc.

Les chiffres enregistrés dans nos différents ser-vices en 2015 attestent de l’aggravation de cette tendance. Le dernier dénombrement réalisé par La Strada en novembre 2014 a enregistré 2 603 per-sonnes sans abri ou très mal logées en Région de Bruxelles-Capitale 1. Ces chiffres alarmants ne semblent toutefois pas suffisants pour convaincre le niveau politique de l’urgence de la situation. Et force est de constater que, dans un même contexte d’austérité, toutes les urgences n’ont pas la même valeur et, que dans la hiérarchie des urgences, celle de l’humain en a nettement moins que celle du béton des tunnels bruxellois pour prendre un exemple récent.

L’accompagnement individuel des personnes, qui reste le cœur de l’action de L’ILOT à travers ses différents services, ne doit pas nous empêcher de dénoncer cette situation et de tenter d’influer sur le niveau politique. C’est par des propositions constructives et des projets innovants, créatifs et alternatifs qui permettront d’inverser cette tendance, que L’ILOT s’engage aussi, auprès des personnes sans abri, à construire une société plus égalitaire et plus solidaire.

Ariane Dierickx,Directrice générale

1 La Strada est le centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux personnes sans abri. Parmi ces 2 603 personnes, on compte 56% d’hommes, 22% de femmes, 20% d’enfants et 2% non précisés.

Depuis plus de 50 ans, L’ILOT vient en aide aux personnes les plus fra-

gilisées par notre société et tente de leur proposer des solutions les plus

durables possibles. Elle tente aussi de s’adapter aux nouveaux défis aux-

quels nous sommes confrontés.

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Trouver un logement :« Capteur de Logements »

Sortir de la rue et ne pas y retomber :

« S.Ac.A.Do »

L’ILOT : une approche globale

Un accueilpour les sans-abri

en journée :« Le Clos »

Héberger et accompagner des

hommes sans abri à Bruxelles « L’ILOT 38 »

Héberger et accompagner

des hommes sans abri en Wallonie « L’ILOT Jumet »

Une maison d’hébergement

pour les femmes et les familles

sans abri : « L’ILOT 160 »

L’ILOT est composé de 6 projets : le Centre de jour ‘Le Clos’, les trois Maisons d’accueil, le service de guidance à domicile S.Ac.A.Do et la Cellule ‘Capteur de Loge-ments’ représentent le dispositif global d’accompa-gnement de l’ASBL L’ILOT.

L’équipe stratégique et administrative située au siège de l’ASBL, 73 rue de l’Eglise à Saint-Gilles, coordonne l’action sociale et soutient la gestion et les missions de l’ensemble des services proposés.

MissionL’ILOT a pour missions de répondre aux besoins des personnes sans abri par l’accueil, l’hébergement et l’offre de services de première nécessité, et de mener une action de fond par un accompagne-ment individuel.Notre objectif est atteint lorsque les personnes accompagnées retrouvent un niveau d’autonomie leur permettant de réaliser leur(s) projet(s) et des conditions de vie dignes.

Vision• Une place pour chacun et chacune ! Ceci

nécessite que chaque personne soit reconnue et accueillie telle qu’elle est, qu’elle trouve une place au niveau de notre association et retrouve celle à laquelle elle a droit dans la société.

• La dignité pour tous et toutes ! Ceci suppose de proposer des solutions dignes et adaptées aux besoins des personnes : structures d’accueil

à taille humaine, accompagnement social de qualité impliquant écoute active et attention spécifique pour leur projet de vie, quel qu’il soit.

• Engagement et solidarité ! Par notre action, nous visons le développement d’une société soli-daire mue par l’engagement de ses citoyens et citoyennes organisés ou non.

Action• accueil• hébergement en urgence ou dans la durée (de 1 jour

à 9 mois)• repas• lessives, douches, consignes à bagages• accompagnement psychosocial• guidance budgétaire • aide à la recherche d’un logement• accompagnement en logement des personnes

sorties de la rue• aide à la recherche d’une formation ou d’un emploi • soutien scolaire aux enfants

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Notre publicDes hommes, des femmes, des enfants, des familles sans abri. En 2015, L’ILOT est intervenu auprès de 1 046 personnes.

Les différents services de L’ILOT s’adressent à des personnes sans abri provenant de tout le territoire belge. L’ILOT accompagne aussi des personnes qui ne sont pas ou plus sans abri mais qui vivent en si-tuation de grande précarité. Notre rôle est alors de les aider à conserver leurs droits et leur logement.

Sans abri ?

S’appuyant sur la typologie ETHOS (European Typo-logy on Homelessness and housing exclusion), qui classifie les personnes sans abri selon leur situation par rapport au logement, L’ILOT s’adresse tant aux personnes n’ayant aucune résidence fixe qu’aux per-sonnes considérées comme mal logées.

Cette approche, qui confirme que l’exclusion liée au logement est un processus (et non pas un phéno-mène statique) concernant beaucoup de personnes/ménages à différents moments de leur vie, intègre également les personnes « en risque » de sans-abrisme.

Comment devient-on sans-abri en 2015 ?

Les problèmes rencontrés par les résident.e.s des maisons d’accueil sont de plus en plus diversifiés et ont des implications sur leur capacité à mettre en place un projet de vie. Parmi eux, nous obser-vons les éternelles récurrences : exclusion de la cellule familiale, absence de repères et perte de confiance, violences conjugales ou intrafamiliales, assuétudes, troubles mentaux, transition après une incarcération, etc. Parfois, une fin de bail, une expulsion, une séparation ou encore une cohabita-tion difficile mène à la rue. À ces difficultés vient

parfois se greffer la question de l’absence ou de la perte de titre de séjour, ce qui peut amener à devoir déroger aux temps de séjour maximum afin de permettre une remise en ordre administrative, condition minimum à retrouver une situation de vie normalisée.

Ces ruptures par rapport aux normes ont mené à l’exclusion – familiale, du travail, du logement, d’un groupe social -, la perte du logement concrétisant une errance personnelle. Il n’est pas rare que les personnes accueillies, hébergées et/ou accompa-gnées soient déficientes sur les plans sanitaire, psychosocial, administratif et économique.

Nombreuses sont les personnes, pour la très grande majorité des femmes qui, victimes de violences conjugales, finissent par quitter le foyer familial. Démunies et très abîmées sur le plan psychologique, elles se tournent souvent, faute de structures adaptées pour les accueillir, vers les maisons d’accueil. Car de fait, de façon ponctuelle, dans cette rupture brutale de vie, elles sont… sans abri. Accompagnées ou non d’enfants, elles peuvent alors se (re)poser pour une période de trois mois dans une des maisons d’accueil de L’ILOT, le temps d’être réorientées vers des struc-tures plus adéquates ou de se reconstruire un mini-mum avant de rebondir. Bien souvent, les enfants qui les accompagnent ont eux-mêmes connu des violences familiales, ce qui nécessite là aussi une prise en charge spécifique.

Dépendances

Les assuétudes sont un autre phénomène bien connu des services d’accueil des personnes sans abri. Les personnes dépendantes à l’alcool et/ou à une médication mal gérée et/ou à des drogues douces ou dures constituent une large part des personnes hébergées au sein des Maisons d’ac-cueil de L’ILOT. Si l’encadrement ou le support assuré ne suffisent pas à garantir la gestion de ce type de situation par rapport à la vie commu-nautaire, les équipes sont inévitablement ame-nées à réorienter ces personnes vers une solution plus adaptée, en s’assurant au préalable de leur collaboration.

Santé Mentale

De plus en plus de personnes accueillies présentent des pathologies mentales, des troubles de la per-sonnalité. Ce phénomène concerne aussi bien les plus jeunes que les plus âgés. Ne disposant pas de compétences médicales, les maisons de L’ILOT ne peuvent accueillir les personnes qui présentent des troubles comportementaux trop importants, néces-sitant des soins et un accompagnement spécifiques et/ou de nature à déstabiliser les autres résidents (toxicomanie profonde et non stabilisée, alcoolisme profond, troubles psychiatriques lourds, etc).

De la prison à la rue

Les « sortants de prison » restent nombreux à fré-quenter « L’ILOT 38 » et « L’ILOT Jumet », les deux maisons d’accueil pour hommes : outre le fait d’être « sans abri » et de peut-être cumuler cet état avec des problèmes de consommation de drogue ou d’alcool.

Les maisons pour hommes de L’ILOT, à Bruxelles comme à Jumet, hébergent aussi des hommes du-rant leur congé pénitentiaire. Les hébergements sous surveillance électronique sont limités au coup par coup afin de ne pas tomber dans des régimes d’hébergement différenciés et pervertis : accès aux chambres autorisé à certains et non à d’autres en journée, collusion et influence des hébergés plus fragiles, perception du personnel de la maison d’accueil en tant qu’auxiliaire carcéral.

L’ILOT étant une des seules structures du secteur de l’aide aux personnes sans abri à accepter les de-mandes de congés pénitentiaires, celles-ci sont exponentielles ces dernières années. 29 personnes en congé pénitentiaire ont été hébergées en 2015.

En fin L’ILOT accueille aussi les personnes en situation irrégulière/illégale, c’est-à-dire sans statut reconnu en Belgique, L’ILOT assure un dépan-nage d’une semaine. Dans le cas de la Maison d’Ur-gence, ce délai peut être plus long, tenant compte de la situation spécifique de la personne ou de la famille et de la possibilité pour l’équipe de l’accom-pagner dans les démarches de régularisation.©

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AccueillirEn 2015, L’ILOT a accueilli 1 046 personnes. 647 per-sonnes ont été accueillies dans notre centre de jour de Bruxelles (Saint-Gilles). Notre maison d’accueil pour hommes de Bruxelles a accueilli 95 hommes seuls, celle de Jumet 96. La maison d’accueil d’urgence pour femmes et familles a quant à elle accueilli 208 personnes : 101 femmes seules mais aussi 23 fa-milles monoparentales et 7 couples avec enfants.

Pour l’accueil de jour, il n’existe aucune limite dans le temps (tant que les personnes accueillies restent bien considérées par notre équipe comme sans abri). L’accueil de nuit dans les maisons d’accueil est quant à lui limité à 3 ou 9 mois.

L’accueil de jour

C’est permettre aux personnes les plus démunies et les plus exclues de sortir de l’isolement en tissant du lien. Ce lien est créé en proposant un cadre

structurant (heures d’ouverture, règles de vie, prise de rendez-vous avec les travailleurs sociaux, etc.) qui rompt avec l’univers flottant et insécuri-sant de la rue et offre l’éventualité d’une rencontre avec le personnel social d’encadrement.

Le lien créé permet en général à la réalité de faire surface : échecs multiples, dépendance à l’alcool, rupture familiale, violence, posture de démission, résignation à la vie dans la rue par épuisement ou manque de choix, etc.

Parce que vivre à la rue est une épreuve quotidienne, L’ILOT veut accueillir tout au long de l’année, 365 jours par an, pour éviter la rupture de ce lien et permettre à celles et ceux qui n’ont aucun autre espace d’accueil et de repos, de venir souffler quelques heures.

Contrairement aux idées reçues, l’accueil en jour-née est fréquenté autant l’été que l’hiver, preuve que le sans-abrisme n’est pas une problématique de saison !

Les services de 1re nécessité, qui répondent aux besoins primaires des personnes vivant à la rue, s’articulent autour de plusieurs axes :

• la sécurité : l’écoute active, la communication non violente et la gestion proactive des conflits permettent de veiller au respect de chacun et chacune à l’intérieur des murs du Clos;

• avoir un lieu à soi pour s’alléger de ses bagages et déposer ses affaires personnelles grâce aux consignes ;

• le repos : se reposer et se ressourcer dans un endroit propre et chaleureux;

• l’hygiène : se laver et pouvoir porter des vête-ments propres grâce aux services douches et lavoir ;

• les repas (petit déjeuner et repas de midi) pour s’alimenter correctement.

Ces services sont aussi pour la personne ac-cueillie et qui le souhaite, le point de départ

d’un travail social individualisé qui permettra de sortir peu à peu de l’extrême précarité et de reconstruire un projet de vie.

Concrètement, le travail social permet aux per-sonnes accueillies de bénéficier d’une aide à la remise en ordre administrative, à la recherche de logement temporaire ou définitif, à la recherche d’appui juridique, d’une orientation vers une aide médicale ou psychologique, d’un accès à la culture, mais aussi d’aide pour renouer des contacts fami-liaux ou sociaux.

Comme on le voit par l’offre de services propo-sée au sein du centre de jour, L’ILOT ne s’inscrit pas dans une conception humanitaire de l’aide aux personnes mais bien dans celle d’une action sociale.

Cette conception de l’action sociale se veut durable et participative dans la mesure où elle cherche à inclure activement la personne concer-née dans la démarche proposée. Il s’agit de rendre les personnes actrices de leur avenir et d’ouvrir la voie vers l’autonomie.

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L’accueil-hébergement

L’ILOT dispose de 3 maisons d’accueil d’une ving-taine de lits chacune.

Ces maisons ont pour mission d’assurer l’héberge-ment de personnes sans abri tout en menant, durant le séjour des personnes, une action de fond basée sur un accompagnement psychosocial de qualité. Historiquement, L’ILOT a toujours eu la volonté de proposer un hébergement de type familial qui allie proximité, soutien et respect de chacun et cha-cune. Le nombre limité de lits et de places d’accueil est donc un choix assumé par l’organisation.

Le premier objectif de l’hébergement, qu’il soit à court, moyen ou long terme, est d’assurer l’accueil des personnes en détresse, tout en travaillant avec elles à la suite de leur parcours, traduit dans un projet d’accompagnement individualisé.

En développant un projet d’accompagnement indivi-dualisé avec les personnes effectivement devenues résidentes d’une de nos maisons d’accueil, il s’agit de se concentrer avec elles sur les différentes dé-

marches à réaliser afin de leur permettre de quitter cette maison.

Le second objectif de l’hébergement est d’orienter les personnes vers un retour à une autonomie qui leur permettra de retrouver une place digne dans la société, notamment par le biais d’une réin-sertion socioprofessionnelle.

La durée d’accueil reste en principe fixée à maxi-mum trois mois (pour la maison d’urgence) ou six mois à neuf mois (pour les deux autres maisons). L’accueil n’est pas conditionné par une « obligation de résultat » au terme de l’hébergement. La seule condition est de pouvoir s’adapter aux exigences et à la vie communautaire de la maison.

En termes d’objectifs fixés, les attentes sont adaptées et nuancées. Le premier objectif est de permettre à la personne de retrouver la dignité, un rythme de vie, un lieu de ressourcement, un espoir, l’accomplis-sement de projets immédiats dans un quotidien de vie. À plus long terme ensuite et seulement, on envisagera les questions de l’accès à un logement et tout ce que cela nécessite ou suppose…

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« Je travaillais de 10 à 15h et de 18 à 1h du matin en semaine et 3h du matin les week-ends, tout ça pour gagner l’équivalent de 7 euros l’heure. Mon patron me louait une chambre au-dessus du restaurant, 500 euros par mois pour moins de 20 m2. J’y suis resté 4 ans. Par-fois mon patron, qui habitait à 100 m du restaurant, m’appelait la nuit pour lui apporter à manger. Il me demandait aussi de promener son chien à des heures impossibles. Par peur de perdre mon emploi et mon studio, je ne disais jamais non. (…) Un jour j’ai craqué, épuisé physiquement et conscient d’être devenu un esclave. (…) Je me suis retrouvé comme cela du jour au lendemain libre mais sans abri. » Faris, 39 ans, hébergé au sein de notre maison d’accueil de Bruxelles

« J’ai été expulsée de mon appartement quand je suis sortie de l’hôpital. Je me suis retrouvée dans un centre de nuit pour personnes sans abri, un de ces centres qui héberge la nuit mais qu’on doit quitter tôt le matin. Là-bas, on m’a tout volé, jusqu’au sac à main. Ici au Clos, je peux rester en journée et je suis aidée pour refaire mes papiers et retrouver un logement. » Claudine, 49 ans

« Après ma cure de désintoxication, je me suis retrouvée une nouvelle fois en rue, avec mes économies j’ai été vivre 3 semaines à l’hôtel, à Namur. Là-bas, je me suis défoncée ; alcool, drogues et médicaments pour oublier… je voulais en finir pour de bon. Un matin je me suis réveillée, j’ai pensé à l’accueil que j’avais connu à L’ILOT l’été passé, j’ai appelé et Sté-phane [éducateur] m’a dit qu’il y avait une place pour m’accueillir le soir-même, j’ai pris le train et je suis arrivée. Sans cette réponse positive, je ne serais sans doute plus vivante là à l’heure qu’il est. »

Christine, 40 ans

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Convaincue que l’inclusion et l’émancipa-tion sociale passent par l’ouverture à de nouveaux horizons, notamment socio-pro-fessionnels, L’ILOT a décidé de développer un projet d’économie sociale visant à terme la création d’emplois pour des personnes précarisées récemment sor-ties de la rue.Inspiré par le succès du modèle participa-tif mis en place au sein de notre centre de jour Le Clos, qui depuis plusieurs années déjà propose à ses usagers et usagères de prendre activement part à la vie du centre (préparation des repas, entretien des es-paces, etc), le projet « Les Pots de l’Ilot » vise à (pré)former aux différents métiers de l’Horeca des personnes en grandes difficultés sociales et économiques en dispensant un apprentissage sur le terrain et en poursuivant des objectifs de stabili-sation et de resocialisation. Le projet est organisé autour de 2 grands axes :• la formation (ou pré-formation), via la

mise au travail et l’encadrement des per-sonnes récemment sorties de la rue et intéressées par les métiers de l’Horeca ;

• un accompagnement psycho-social individuel, avec la volonté de trouver pour chaque personne des solutions à ses problèmes spécifiques.

Lancé en janvier 2015 au sein de notre centre de jour, le projet est soutenu finan-cièrement par la Région de Bruxelles-

Capitale en tant qu’Initiative Locale de Développement de l’Emploi ainsi que par la Fondation Roi Baudouin dans le cadre de son programme Venture Philanthropy. Grâce à ce soutien, L’ILOT a pu s’offrir les services d’une équipe de formateurs et de coachs professionnels qui accom-pagnent le projet dans chacune de ses dimensions et étapes. Concrètement, de quoi s’agit-il et quelles sont ces étapes ?• Renforcer les compétences de l’équipe

permanente du Clos afin de lui per-mettre d’assurer un encadrement pro-fessionnel des personnes bénéficiant du projet d’économie sociale ;

• Développer des outils et procédures : grille d’évaluation des savoir-faire et savoir-être, référentiel de compétences et connaissances à acquérir, plan de for-mation et d’accompagnement personna-lisé des stagiaires, etc. ;

• Mettre au point un programme de for-mations et de coaching incluant des temps collectifs et actions individuelles et mêlant apprentissage des connais-sances de base des métiers de l’Horeca et mise en situation concrète au sein du restaurant social du Clos.

En 2015, année pilote du projet, nous avons pu proposer 4 modules de formation qui ont été suivis par 8 personnes fréquentant notre centre de jour. Notre objectif pour 2016 : proposer 20 modules de formation à un groupe d’une quinzaine de personnes.

Ouvert 7 jours sur 7, été comme hiver, le Centre de jour « Le Clos » est un havre de paix pour les personnes qui vivent à la rue. Ce lieu permet de tisser du lien en pas-sant la journée dans un environnement chaleureux. Au fil du temps et de la confiance retrouvée, Le Clos per-met aux personnes les plus précarisées de s’orienter vers un lieu d’hébergement adapté et de quitter la rue.

Outre les repas, les personnes ont accès à un lavoir, à des consignes et à des douches et peuvent bénéfi-cier sur demande d’un suivi social individuel.

En 2015, Le Clos a accueilli 647 personnes, dont 151 femmes.

En 2015, nous y avons fourni 20 874 repas et 5 979 douches, 1 765 consignes ont été mises à la dis-position des personnes qui vivent en rue pour leur per-mettre d’y laisser en sécurité leurs effets personnels. 5 679 douches chaudes ont été prises. Le Clos c’est

1 restaurant de 41 places, 1 espace cuisine, 2 blocs sani-taires, 1 lavoir, 6 douches, 2 bureaux pour l’accueil et les suivis individuels et 1 cabinet de dentisterie.

En collaboration avec Médecins du Monde, 239 consultations gratuites de dentisterie ont été proposées en 2015.

La quasi totalité du budget du Clos est couverte par les dons privés et les aides à l’emploi.

Offrir un accueil pour tous et toutes en journée

Le CLOS

LES POTS DE L’ILOT, tremplin vers l’emploi

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UnE ALImEnTATIOn sAInE ET éqUILIbréE ACCEssIbLE AU pLUs grAnD nOmbrE

précarité et sans-abrisme riment trop souvent avec malbouffe. malgré les conseils récurrents des banques alimentaires aux associations sous contrat

avec elles, beaucoup – et jusqu’il y a peu nous en avons fait partie – persistent en effet à redistribuer une ali-mentation nutritionnellement catastrophique ne contenant ni fruits ni légumes frais.Convaincus que « manger bien » ne doit pas être réser-vé à une élite et doit pouvoir toucher les couches les

plus précarisées de la population, l’ilot a décidé d’en faire une priorité. Grâce aux conseils de spécialistes, nous avons modifié nos modes de collecte alimen-taire et aujourd’hui, 30 % de celle-ci répondent aux critères d’une alimentation saine et durable (produits bio, de saison, équilibrés, etc.). Et ce n’est qu’un début.

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Héberger et accompagner des hommes sans abri à Bruxelles

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Ne sachant où aller de nombreuses femmes et familles fuyant des situations de violence domes-tique ou conjugales, se retrouvent sans abri, faute d’alternatives. Une maison les accueille 24h sur 24.

Outre les victimes de violences, « L’ILOT 160 » est une des rares maisons à Bruxelles qui accueille les personnes sans papiers. Bien que celles-ci ne soient pas nécessairement illégalement en Belgique, le moindre événement de vie peut les faire basculer dans la plus grande précarité. L’équipe entame alors des démarches pour obtenir une régularisation, ce qui suppose un minimum de stabilité et de sécurité, surtout lorsque les enfants sont présents, et la pos-sibilité de retrouver une adresse.

Nous avons, en 2015, accueilli 65 enfants issus de 30 familles sur un total de 208 personnes

À L’ILOT, chaque personne sans abri hébergée se voit proposer un Projet d’Accompagnement Individuel. Celui-ci reprend le projet du résident et les diffé-rentes mesures à mettre en place pour le réaliser (remise en ordre administrative, recherche de for-mation ou de travail, de logement, etc.).

Au sein de ce projet de maison communautaire, outre les tâches ménagères, des activités régulières (sportives, culturelles, culinaires, loisirs divers) sont organisées pour permettre de resserrer les liens entre les résidents et les travailleurs sociaux et de créer un sentiment d’existence en dehors des murs de l’institution.

hébergées et accompagnées. L’équipe tient compte dans son fonctionnement de la présence de ces enfants, jeunes et moins jeunes. Notre maison comprend ainsi un espace réservé aux 0-3 ans, un salon pour les ados et un module de jeux dans le jardin. Une des premières préoccu-pations de notre équipe est de rescolariser ces enfants et d’assister au mieux les parents dans leur mission d’éducation (aide pour les devoirs, soutien à la parentalité, etc).

Le bâtiment comporte 6 chambres (dortoirs et chambres familiales), des lieux de vie communau-taires, un espace pour les jeunes enfants et un jardin.

En 2015, 41 personnes ont retrouvé un logement suite à leur séjour dans cette maison.

En 2015, 95 personnes ont été hébergées à « L’ILOT 38 » pour un total de 7 255 nuitées. Il s’agis-sait surtout de personnes âgées entre 30 et 39 ans et 50 et 59 ans. La population hébergée est souvent déficitaire sur le plan sanitaire, psycho-social, admi-nistratif et économique. 21 des 95 hommes héber-gés en 2015 étaient en congé pénitentiaire.

Cette maison se compose de 13 chambres indivi-duelles et de 2 dortoirs de 4 et 6 places (capacité totale de 24 places), d’espaces de vie communau-taires et d’un grand jardin.

En 2015, 27 personnes ont retrouvé un logement suite à leur séjour dans cette maison.

Une maison qui accueille dans l’urgence les femmes et les familles

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Reloger les plus démunis des Bruxellois et des Bruxelloises

CApTeUr De LOgeMeNTS Héberger et accompagner des hommes sans abri en Wallonie

L’ILOT JUMeT

En 2015, l’équipe de la Maison d’accueil de Jumet a accueilli et hébergé 96 personnes diffé-rentes soit un total de 7 076 nuitées. Son service d’accompagnement post-hébergement a permis d’accompagner 60 personnes dont 33 étaient déjà suivies en 2014.

Les problèmes rencontrés par les personnes sans abri hébergées sont variés et ont des implications sur leur capacité à mettre en place un projet de vie, un projet d’avenir.

La maison se compose de 24 chambres indivi-duelles, de vastes espaces de vie communautaires et est entourée d’un très grand jardin dans lequel il est prévu de développer un projet de potager parti-cipatif en 2016.

En 2015, 16 personnes ont retrouvé un logement suite à leur séjour dans cette maison.

Capteur de Logements se définit comme une cel-lule régionale au service de l’ensemble des struc-tures d’aide aux personnes sans abri de la Région de Bruxelles-Capitale. Via la captation directe sur le marché immobilier privé et le montage de projets immobiliers alliant rentabilité et enga-gement social (construction de logements neufs ou rénovation), elle a pour objectif de trouver et créer de nouvelles portes de sortie vers le loge-ment durable.

Bien que dernier né des projets de L’ILOT, Capteur de Logements a pu réaliser en 2015 des résultats qui sont très prometteurs pour les années à venir : 4 baux signés, c’est-à-dire 4 appartements (de 1 à

2 chambres) trouvés dans lesquels 8 personnes ont déjà pu s’installer), 4 montages de projets enta-més en 2015 et encore en cours de développement (1 immeuble de 3 appartements de 1 à 3 chambres, 1 immeuble de 3 appartements de 1 et 2 chambres et 2 à 3 appartements de 1 à 3 chambres).

Subsidiée dans sa phase de « recherche-action » par la COCOM de novembre 2014 à mars 2015, elle a ensuite été entièrement financée sur fonds propres le reste de l’année 2015.

En 2015, 8 personnes ont trouvé un logement suite à l’intervention de notre équipe « Capteur de Logements ».

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Sortir de la rue et ne pas y retomber

S.Ac.A.Do.

Le logement n’est pas tout. Une fois un appar-tement trouvé, la personne sans abri relogée se trouve face à une série de difficultés (entretenir son logement, payer les factures à temps, contracter une assurance, construire un réseau de contacts, etc) qui, si elles ne sont pas surmontées, peuvent mener à des retours à la rue ou en institution. L’équipe de s.Ac.A.Do apporte un soutien primor-dial aux personnes qui (ré-)intègrent un logement pour les aider à s’y maintenir (travail de prévention au sans-abrisme). Des professionnelLEs de l’aide aux personnes (assistants sociaux et psychologue) les accompagnent dans les différentes dimensions de leur vie quotidienne, mais aussi pour les aider à trouver si nécessaire un logement plus adéquat

(insalubrité, coûts directs et indirects du logement trop importants par rapport à la situation financière de la personne, logement durable après le logement de transit, etc.).

L’accompagnement proposé est rythmé par la demande des bénéficiaires. Les travailleurs font appel aux ressources propres des personnes mais aussi à leur réseau social. L’objectif est de tisser ou de fortifier des liens significatifs qui permettront aux personnes de vivre dignement et de manière autonome.

En 2015, 47 ménages ont été accompagnés par S.Ac.A.Do. à bruxelles.

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« À Bruxelles, il y a 40 000 dossiers en attente pour un logement social, ce qui représente actuellement une file d’attente de… 7 ans ! Les associations qui hébergent des personnes sans abri, sont elles, pleines été comme hiver. Une situation d’autant plus incroyable que des milliers de logements restent vides à Bruxelles. Trouver un logement convenable à un prix décent n’a jamais été aussi difficile à Bruxelles»

Samantha, coordinatrice de la cellule Capteur de Logements

« Monsieur P. est refugié politique, il vit en errance depuis son arrivée sur le territoire belge. Sans abri il avait été accueilli par L’ILOT en maison d’accueil puis accompagné vers un logement de transit. Nous l’accompagnons par notre service à domicile depuis 4 mois. Angoissé et mélancolique à l’idée de ne plus jamais revoir son pays et les siens, il a beau-coup de difficultés à organiser sa vie quoti-dienne et à remplir ses obligations adminis-tratives. Nous lui apprenons à payer son loyer, lui expliquons ses factures et l’aidons à trouver la bonne aide au bon endroit. Nous essayons de construire quelque chose, une nouvelle vie avec lui, afin de lui permettre de trouver une place dans notre société. »

David, responsable du service de guidance à domicile S.Ac.A.Do.

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Nos comptes

dons et legs

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mesures pour l’emploi

participation aux frais

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Frais de mission et d’action sociale

administration

bâtiments

personnel administratif

personnel de terrain

amortissements et provisions

Frais financiers

Produits 2015 Charges 2015

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Charges 2015 2014 Frais d'action sociale 177.898,58 191.705,18Bâtiments 157.577,48 176.486,12Administration 90.822,87 85.045,33Frais communication et récolte de fonds 82.420,03 38.811,06Frais de personnel 2.564.361,06 2.508.179,84Amortissements & provisions 88.046,29 110.053,94Frais financiers 24.083,59 25.338,61Total dépenses 3.185.209,90 3.135.620,08

produits 2015 2014 Dons et legs 710.076,67 645.516,97Subsides 1.797.475,59 1.667.745,34Mesures pour l'emploi 279.321,43 288.414,41Participation aux frais 406.719,04 401.572,21Récupérations diverses 1.754,25 1.808,00Patrimoine 922,20 1.657,35Produit exceptionnel 0,00 108.190,76Total recettes 3.196.269,18 3.114.905,04

résultat 11.059,28 -20.715,04

L’ iLot – BiLan

passif 2015 2014 Capitaux propres 1.315.764,99 1.331.355,05Provisions 183.968,39 202.115,96Dettes > 1 an 427.826,98 449.435,21Dettes < 1 an 366.337,63 457.425,12Comptes de régularisation 13.580,92 1.756,65Total passif 2.307.478,91 2.442.087,99

Actif 2015 2014Immobilisations 1.442.643,95 1.499.822,70Créances < 1 an 373.766,90 380.985,45Valeurs disponibles 483.422,44 554.267,85Comptes de régularisation 7.645,62 7.011,99Total actif 2.307.478,91 2.442.087,99

Fonds de roulement disponible 484.916,41 488.083,52besoin en fonds de roulement 1.493,97 -66.184,33situation de trésorerie 483.422,44 554.267,85

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8,17 %

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7,26 %

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Une nuit dehors est une nuit de trop. Un lit dans un centre d’urgence devrait être exceptionnel. Et un séjour dans une maison d’accueil devrait être un simple tremplin, pas un passage sans issue. La si-tuation de notre public se dégrade pourtant d’année en année. En tant qu’acteur de terrain, L’ILOT veut dénoncer plusieurs tendances intolérables et indignes de notre époque :

La lutte contre le sans-abrisme a fait place à la gestion du sans-abrisme !Pour rendre le phénomène d’exclusion au logement le plus marginal possible, il faut s’attaquer aux causes et pas simplement à sa face visible. L’ILOT reconnaît l’utilité des services d’urgences. Mais, à nos yeux, cette action n’a de sens qu’aux côtés d’actions visant à aider plus durablement les per-sonnes. Depuis plus de dix ans pourtant, les choix

politiques ont engendré un déséquilibre grandis-sant, en particulier à Bruxelles 2. Malgré les nom-breux appels lancés pour dénoncer la situation, les nouveaux moyens dégagés par le politique restent principalement orientés vers la « gestion » du sans-abrisme via le renforcement du dispositif hivernal et de l’urgence sociale 3, véritables gouffres financiers n’apportant que des solutions ponctuelles sans ja-mais s’attaquer ni aux causes, ni à la recherche de solutions durables. Dans une politique structurée et ambitieuse de lutte durable contre le sans-abrisme, personne ne devrait rester dans un abri d’urgence lorsque la situation d’urgence est dépassée, qu’il s’agisse de la nuit ou de l’hiver.

Pour être véritablement ambitieuse et efficace, une politique de lutte contre le sans-abrisme doit à la fois être accrochée à la conviction qu’il y a une fin possible au sans-abrisme, tout en mettant en place, en attendant cette fin, des actions multiples et coordonnées.

Les sans-toit veulent un toit !

« Pouvez-vous m’aider à trouver un logement ? », telle est la principale

demande adressée à nos équipes par les personnes qu’elles accompagnent.

Isolé.e.s ou accompagné.e.s de leur famille, celles et ceux qui posent cette

question se montrent très actifs/ves pour se sortir de leur situation : personne

ne souhaite rester en rue, en maison d’accueil ou dans un logement inadé-

quat (insalubre, insécurisé ou surpeuplé). L’article 23 de notre Constitution

justifie tout le combat que L’ILOT mène pour venir en aide à ces personnes :

« Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. Ce

droit comprend le droit à un logement décent. »

Les difficultés qui attendent ces personnes en quête d’une « porte de sortie » sont nombreuses. Avec les moyens humains et financiers du bord, L’ILOT s’est fixé comme priorité de développer dif-férents types de services pour aider le plus grand nombre de personnes à sortir de l’exclusion au loge-ment : c’est l’Axe Logement de L’ILOT, qui chaque année grandit un peu plus. Vu l’hétérogénéité des profils des personnes qui s’adressent à nous, l’offre

se veut plurielle afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins spécifiques de chacun et chacune.

Faute de logements accessibles à notre public ou de moyens suffisants pour faire fonctionner nos services, nous restons toutefois loin de pouvoir débloquer toutes les situations. Refusant de se résigner, L’ILOT compte continuer à renforcer son Axe Logement pour lutter contre le sans-abrisme.

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Une crise du logement abordable qui s’aggrave d’année en année

Alors que les propriétaires privés ne sont pas incités à louer leurs biens à des personnes plus fragilisées, les parcs de logements publics ou semi-publics sont de plus en plus saturés. Les premières victimes de cette crise sont les personnes sans abri, condam-nées au mieux à des hébergements temporaires (dortoirs d’urgence, logements insalubres ou de transit, maisons d’accueil), au pire à survivre en rue dans la plus grande précarité. En région bruxel-loise, le taux de risque de pauvreté ou d’exclu-sion sociale s’élève à 41,2 % 4 et un tiers des bruxellois et des bruxelloises vivent avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté, ce qui rend très compliqué le paiement d’un loyer même modéré. On le sait depuis plusieurs années, le nombre de logements sociaux dans la Région bruxelloise est très nettement insuffisant 5 et la si-tuation n’est pas vraiment meilleure dans les autres grandes villes du pays. Les solutions développées par les Agences Immobilières sociales sont également saturées, de plus en plus de personnes

ne nous trompons pas de cible : si toutes les fraudes doivent être combattues, certaines doivent l’être en priorité !

Un marché de l’emploi en panne, une crise affolante du logement et une augmentation du coût de la vie ne cessent d’aggraver les situations de précarité. Ajoutez à cela des problématiques individuelles tou-

répondant aux conditions d’accès. Pour de nom-breuses personnes et de ménages, vivre dans un logement décent est devenu un rêve inaccessible.

Des dispositifs d’aide inefficaces ou qui s’envolent…

Certaines aides sont spécialement destinées aux personnes sans abri (allocation de relogement octroyée par les régions, garantie locative et/ou 1er loyer octroyés par les CPAS). Mais lorsque, com-binés à des politiques inégalitaires, les freins à leur bonne utilisation surgissent, c’est toute la machine qui s’enraye et notre société devient une véritable « Fabrique des Pauvres » 6 : temps d’attente inter-minable pour situations urgentes, interprétation trop restrictive des situations de sans-abrisme qui sont par nature singulières et plurielles, demande de preuves administratives pour les personnes les moins visibles des bases de données de nos adminis-trations, etc. Dans le même temps, nos politiques durcissent les conditions d’accès à des aides vitales comme l’allocation de chômage ou le revenu d’in-sertion sociale. À l’heure où des fraudes fiscales de grande ampleur sont sous les feux des projecteurs 7,

jours plus complexes et diverses, devant lesquelles nos travailleurs sociaux se retrouvent démunis et in-suffisamment outillés, et vous aurez une situation devenue intenable pour les associations comme L’ILOT : saturation généralisée pour les maisons d’accueil, les centres de jour et mêmes les centres d’hébergement d’urgence où les séjours sensés être très courts s’allongent d’année en année.

2 Lire à ce sujet la carte blanche de L’IL-OT et d’Infirmiers de Rue parue dans La Libre Belgique du 29/12/2015.

3 De 2015 à 2016, le budget de la COCOM consacré à la lutte contre le sans-abrisme passe de 9.8 à 17 millions d’eu-ros. La politique d’accueil d’urgence se réserve la part du lion, passant de 3.9 à 10.3 millions d’euros, soit une aug-mentation de 164 % ! (source : Budget

sans-abrisme à Bruxelles : un gâteau aux parts inégales » Alter Echos no 417, 8 février 2016.

4 Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale (2014), Baro-mètre social 2014, Bruxelles: Commis-sion Communautaire Commune, pp. 13 et 14.

5 Selon la SLRB, au 31 décembre 2013, le nombre de logements sociaux dis-

ponibles s’élevait à 36 073 alors que le nombre de ménages en attente était, lui, de 44 332.

6 Expression du Forum bruxellois contre les inégalités pour dénoncer un sys-tème entier qui fabrique des situations de pauvreté et de précarité.

7 Nous écrivons ces lignes à l’heure du Panama Papers.

Un autre modèle de société est possible !

L’ILOT tire la sonnette d’alarme sur l’urgence qu’il y a de déployer un autre modèle de société. Tout le monde serait gagnant de vivre dans une société plus inclusive. Malgré une gestion tardive de l’accueil des réfugiés, l’État a montré que quand il le veut, il a le pouvoir de contraindre et d’inciter les acteurs du logement à dégager des solutions. Cet effort encourageant et indispensable met tout de même en lumière le manque de volonté politique pour la lutte contre le sans-abrisme depuis des décennies. Des solutions politiques existent et méritent d’être mises en place.

Malgré ce coup de gueule, L’ILOT est loin de se résigner! Les freins actuels constituent autant de défis pour lesquels L’ILOT se bat et compte encore se battre avec acharnement de longues années. Il n’y a pas de réponse simple aux situations complexes. Et le combat pour une société plus égalitaire se gagnera avec des alliés plutôt que contre des ennemis. Après les obstacles et les mesures politiques souhaitées, place aux valeurs sûres et aux innovations sociales sur lesquelles L’ILOT compte s’appuyer pour aider les plus fragiles à accéder à des conditions de vie dignes : travail en réseau, création de solutions de logement via la sensibilisation de propriétaires et d’investisseurs privés et la collaboration avec les A.I.S., seconde vie pour les logements inoccupés et accompagnement en logement sont autant de chevaux de bataille pour nous. Plus que jamais, nous continuons à avoir besoin de votre aide et de votre générosité pour y arriver. Ensemble, construisons le monde de demain !

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Votre soutien fait toute la différence !

Agir, c’est refuser la fatalité et offrir d’autres perspec-tives aux femmes, aux hommes et aux enfants qui ont perdu les protections les plus élémentaires : un toit, un emploi… une place digne au sein de notre société.

Devenez parrain ou marraine de l’ILOT

En soutenant L’ILOT sur une base mensuelle, vous nous permettez de réduire les coûts de levée de fonds que l’ASBL doit engager chaque année pour garantir le minimum de 25 % de contributions en dons et mécénats privés, nécessaires pour exis-ter en tant que dispositif pour les personnes sans abri. Votre soutien régulier à nos côtés nous per-met une meilleure planification de nos actions et de répondre rapidement aux situations d’urgence que nous rencontrons au quotidien.

Soutenir l’ILOT par un don

Une attestation fiscale annuelle est délivrée si la totalité de vos dons atteint 40 € minimum. Votre don peut être effectué sur le compte ban-caire de L’ILOT : IbAn bE33 0017 2892 2946 bIC : gEbAbEbb

En devenant proprietaire responsable ou investisseur social

Notre cellule « Capteur de Logements » est à la recherche de propriétaires et investisseurs souhai-tant participer à un projet innovant et altruiste. Pour en savoir plus, contactez-nous au 02 793 07 22 .

Nous soutenir par un legs

La rédaction de votre testament est le moment que vous choisissez pour faire perdurer vos idéaux et vos

Nous soutenir valeurs. En faisant le choix de léguer une partie de vos biens à l’ASBL L’ILOT, c’est bien plus qu’un acte matériel que vous posez. L’ILOT se tient à votre dis-position pour toute information au sujet d’un éven-tuel legs à l’ASBL. Nous vous accompagnerons dans votre démarche généreuse à l’égard des personnes plus démunies et ce dans le respect le plus objectif de vos ayants droits.

Devenir bénévole

Le bénévolat est un véritable échange. Si vous désirez vous engager dans cette démarche, n’hési-tez pas à nous joindre au 02 537 20 41 ou par email à [email protected].

MERCI à nos bénévoles : Eldy, Chantal, Jean, Alain, Simone, Sonja, Bruno, Valérie, Pascale, Constantine, Najim, Magalhaes, Mohamed, Marcel, Laurent, Daniel, Jean-Philippe, Paulette, Alain, Mireille, Corine, Roger, Claudine, José, Anne, Martine, Josette, Luigi, Laurent, Françoise, Diego, Michelle, Christian, Aurélie, Nathalie, Marie-Paule.

Des entreprises socialement responsables

Vous désirez optimiser le positionnement sociétal de votre organisation ? Vous voulez soutenir un pro-gramme particulier ou proposer à vos employés de s’investir dans un projet ? Vous pensez effectuer un don en nature à L’ILOT ? Vous aimeriez en savoir plus sur les avantages fiscaux relatifs aux dons financiers ? Par son engagement, votre entreprise peut être actrice de

l’aide aux plus démunis d’entre nous. N’hésitez pas à nous contacter à ce sujet au 02 537 20 41 ou par email à [email protected]

Ils nous ont soutenus en 2015

Brussels Hotels Association / Commission Commu-nautaire Française (Cocof) / Commission Commu-nautaire Commune / Fondation Roi Baudouin (Fonds de Bienfaisance de Bruxelles, Fonds Baron Jean-Charles Velge, Fonds Baronne Monique van Oldeneel tot Oldenzeel) /Banque Degroof/Petercam/ Give Eur-Hope ASBL / BNP / Oksigen Lab ASBL / Région de Bruxelles-Capitale / Région Wallonne / Serve the City / Rotaract/ Carrefour Belgique/ Wink / Graceffa.

Liste non exhaustive des partenaires avec lesquels L’ILOT travaille régu-lièrement

AMA, Archipel-HOBO, centre Ariane, Article 27, Babel, Banque alimentaire, Bruxelles-Accueil, CEMO de Saint-Gilles, CEMôme, Centre d’Accom-

pagnement et de Formation pour Adultes, Centre de prévention des violences conjugales et fami-liales, Chez Nous - Bij Ons, CIRE, Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides, Compa-gnons Dépanneurs, Diogènes, Enaden, Espace Social Télé-Service, Fami-Home, Fédé Bico, Habi-tat et Rénovation, Infirmiers de Rue, Jamais Sans Toit, La Fontaine, La STRADA, Le Projet Lama, Les Petits Riens, Logement pour Tous, Maison de la Paix de Molenbeek, Médecins du Monde, Mosaïque-Asile, Office des Etrangers, Pierre d’Angle, Puerto, Relais social de Charleroi, Restaurant du Cœur de Wavre, RestoJet, Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat, Samu Social, SMES-B, SIREAS, Source, Union des locataires de Saint-Gilles ainsi que : les Agences Immobilières Sociales, les CPAS, les centres d’alphabétisation, les centres de santé mentale, les habitations protégées, les hôpitaux, les maisons médicales, les plannings familiaux, les prisons, le réseau des Capteurs de Logements wallons et bruxellois, les Services d’Aide aux Vic-times, les Services de Traduction et d’Interpréta-riat en milieu Social, les sociétés de logements sociaux, etc.

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L’ILOT, membre de l’AerF, Association pour une éthique en Récolte de Fonds

L’ILOT est membre de l’AERF, signe de notre engagement à vous informer en toute transpa-rence sur la situation financière et la bonne gestion des fonds récoltés pour l’accomplisse-ment de nos missions auprès des personnes sans abri.

L’ILOT est agréée par la Région Wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale, la COCOF et la COCOM pour ses activités en faveur des personnes sans abri, par la Di-

rection régionale bruxelloise du Logement en tant qu’Associa-tion d’Insertion Par le Logement (AIPL) ainsi que par la Région de Bruxelles-Capitale pour ses acti-vités d’économie sociale en tant qu’Initiative Locale de Dévelop-pement de l’Emploi.

L’ILOT est également agréé par le SPF Finances comme asso-ciation habilitée à délivrer des attestations fiscales pour les dons atteignant un minimum de 40€ sur base annuelle.

Avec le soutien de nos dona-teurs, de nos équipes employées et bénévoles. Le conseil d’admi-nistration de L’ILOT : Anne Boulenger, Philippe Kumps, Max Bleeckx, Georges-Henri Beauthier, Ariane Magotteaux, Edgar Szoc, Thibaut Leroy.

siège central

Rue de l’Église 73 1060 Bruxelles

Tél. 02 537 20 41Fax. 02 537 35 93Email : [email protected]

Nº d’entreprise 0409.835.193ONSS 2991.69.33

Compte bancaireIBAN : bE33 0017 2892 2946 BIC : GEBABEBB

ensemble, poursuivons notre engagement auprès des personnes sans abri.

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