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Rapport de mission « La sécurité privée en Belgique » DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE À LA SÉCURITÉ PRIVÉE 21-22 février 2012

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Rapport de mission

« La sécurité privée en Belgique »

déLégation inteRministéRieLLe à La sécuRité pRivée

21-22 février 2012

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Rédaction : DISPConception : DICOM

Photos : Fotolia

La sécurité privée est entrée dans une ère de profonds changements.Depuis la remise au ministre de l’Intérieur du rapport relatif au contrôle

des entreprises de sécurité privée (dit « rapport Blot ») en juin 2010, les lignes ont bougé, les mentalités et les comportements collectifs et individuels ont commencé à évoluer en profondeur. Le Conseil national des activités privées de sécurité a été installé en janvier 2012.

La Délégation Interministérielle à la sécurité privée, créée en septembre 2010, participe de ces changements, par ses travaux internes et en partenariat avec les acteurs publics et privés de la sécurité mais aussi par son évaluation des systèmes étrangers.

Cinq missions ont eu lieu en 2011-2012 (Espagne, Canada, Belgique, Italie, Pays-Bas), réalisées avec le soutien des Attachés de la sécurité intérieure français à l’étranger. L’ensemble des représentants des administrations concernées et des associations professionnelles ont été rencontrées lors de ces missions, dont l’objet est de mettre en exergue les bonnes pratiques, les difficultés rencontrées et de mettre en place une habitude d’échanges réguliers entre pays européens.

Afin de nourrir la réflexion de chacun, j’ai souhaité mettre à disposition de tous les acteurs français de la sécurité le compte rendu de ces missions et d’enrichir ainsi les débats et travaux en cours pour poursuivre la transformation de la sécurité privée en France.

Jean-Louis BlanchouDélégué interministériel

à la sécurité privée

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synthèse

La sécurité privée en Belgique est exercée avec un niveau de pragmatisme et de maîtrise que ne connaît pas la France.

pragmatisme car ce qui prévaut en Belgique est le principe selon lequel une personne, quel que soit son statut (dans la sphère privée) ou sa dénomination, à partir du moment où elle exerce une activité décrite par la loi sur la sécurité privée, relève alors de la dite loi. Ainsi, un agent de gardiennage ne relève pas de la loi sur la sécurité privée parce qu’il est agent de gardiennage, mais parce qu’il exerce effectivement une activité de surveillance de biens.

maîtrise, car de l’avis de tous les acteurs, professionnels comme syndicats, le secteur connaît un véritable équilibre économique et réglementaire, dû en partie au haut niveau de concertation pratiqué par la Direction de la sécurité privée au sein du ministère de l’intérieur.

Plusieurs principes mis en pratique en Belgique paraissent innovants :1. A propos de la formation :

– un tronc commun de base est à compléter par modules spécifiques permettant l’accès aux métiers particuliers ;

– l’examen est unique et se passe dans un organisme d’Etat ;– tous les cinq ans, la Direction de la sécurité privée revisite les contenus et

l’évolution de la formation ;– les tests psychotechniques sont obligatoires.

2. Le périmètre du gardiennage comprend des agents chargés de la « réalisation de constatations ».

3. Sur le contrôle des détectives privés : jugés non suffisamment contrôlés, une réflexion pour encadrer encore davantage leur activité et le contrôle de leurs rapports sur le fondement du principe de la protection de la vie privée est en cours.

4. Le régime des bénévoles : sous réserve de l’accord du « bourgmestre » de la commune, des personnes physiques peuvent exercer sporadiquement et gracieusement les activités de surveillance/gardiennage à condition qu’il s’agisse du personnel de l’organisation ou du moins avec des personnes qui ont un lien tangible avec les organisateurs : les membres effectifs d’une association, les membres d’une association de parents d’une école ou une association d’anciens dirigeants d’un mouvement de jeunesse.

5. La carte d’identification unifiée au nom de l’entreprise : elle permet un contrôle facilité par les autorités, les citoyens et l’autorégulation du comportement de l’agent.

6. Le contrôle : – la Direction de la sécurité privée belge qui ne compte que 55 collaborateurs

s’appuie sur un réseau actif de correspondants dans la police appelé « polnet » dans les 195 zones de police ;

– les amendes font souvent l’objet d’arrangements à l’amiable ;– le « refus de contrôle » est une infraction.

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méthodologie

Ce rapport a été effectué par le biais d’une mission à Bruxelles les 21 et 22 février 2012, organisée par les services de l’Attaché de sécurité intérieure français et la Direction de la sécurité privée de la Direction générale Politique de Sécurité (DSP) et de Prévention du Service public fédéral Intérieur dont le directeur est Jan Cappelle.

ont été rencontrés :

– Régis Gaspar : président de l’APEG, association professionnelle du gardiennage et CEO de Securitas ;

– Philippe Yerna : responsable syndical CSC - le plus grand syndicat dans le secteur du gardiennage ;

– Martine D’Haenen de G4S, responsable du plus grand centre de formation dans le secteur du gardiennage ;

– Gaëtan Rotsart de Hertaing, responsable sécurité de BNP Paribas – Belgique, sur la problématique des donneurs d’ordres ;

– Gilbert Geudens (président de PSA – event) sur la problématique des services internes de gardiennage. Il est également président de la commission sécurité de la plus grande association patronale belge (Fédération des entreprises belges).

à ces entretiens s’ajoutent les éléments écrits fournis par les interlocuteurs belges.

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Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51. La législation belge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62. Le périmètre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2.1. Le secteur du gardiennage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72.2. Les entreprises de consultance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92.3. Les détectives privés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92.4. Hors périmètre et évolutions possibles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

3. Les services internes de gardiennage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114. Les donneurs d’ordre sans service interne de gardiennage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125. La formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

5.1. Une architecture globale par tronc commun et modules spécifiques. . . . . . . . . . . 135.2. Déroulement et contrôle de la formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145.3. La formation délivrée par des établissements scolaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

6. La délivrance des titres et le contrôle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166.1. La délivrance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166.2. Le contrôle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

7. La position des organisations patronales et des syndicats de salariés. . . . . . . . . . . . . . 177.1. Les organisations professionnelles patronales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177.2. Les représentants des salariés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Annexe 1 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18La carte professionnelle fournie par le bureau de la sécurité privée.

Annexe 2 : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Les signes distinctifs de la sécurité privée fournis par le bureau de la sécurité privée.

sommaire

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1. La législation belge.

La loi du 10 avril 1990 règlementant la sécurité privée et particulière (communément appelée « loi Tobback ») a été votée afin d’éviter la collusion entre la sécurité privée et la police (d’où des incompatibilités permanentes pour les gardiens de prison et un délai de 5 ans pour un fonctionnaire de police avant d’intégrer, le cas échéant, la sécurité privée). il s’agissait aussi de contrôler la formation, ce qui était un argument pour la confier aux entreprises elles-mêmes (qui seraient de toute façon contrôlées) en en vérifiant la qualité in fine. Avec le recul, la Direction de la Sécurité privée aurait préféré que la formation soit effectuée par des écoles de police, afin de mieux la contrôler et participer aux contenus des formations.

La délimitation « sécurité publique / sécurité privée » repose sur deux principes :– La surveillance du comportement des citoyens sur la voie publique relève de l’Etat,

ce qui permet ainsi à la sécurité privée de pouvoir gardienner des biens sur la voie publique (car un bien n’a pas d’intimité, n’a pas de droit en tant que tel)1 .

– L’utilisation de la contrainte relève de l’Etat.

toutefois, ces deux principes ont connu quelques évolutions, du fait même de la surcharge de travail pour la police et de la nécessité de remettre des policiers dans la rue, visibles pour le public :– La sécurité dans les transports publics, assurée par la sécurité privée, peut comporter

des palpations, des arrestations, et utiliser des menottes et du « pepperspray ».– La présence de la sécurité privée sur la voie publique peut aller, désormais, jusqu’à

permettre aux agents privés de dire à une personne qu’elle ne doit pas mettre son vélo à telle place.

– La gestion des incivilités tend à être prise en compte par des agents de constatation (qui relèvent de la loi sur la sécurité privée).

L’ensemble de la législation belge (lois et arrêtés royaux) est publié dans un codeX : il s’agit d’une initiative de la DSP qui a pris contact avec une maison d’édition. Ce CODEX est disponible sur Internet. Il incorpore des commentaires de la DSP. Il s’agit d’un outil pratique permettant une bonne connaissance de la législation dans un même document.

La note de politique générale 2012 du gouvernement énonce : « le gouvernement entend clarifier le rôle de tous les acteurs, publics et privés, de la sécurité afin d’améliorer les partenariats. Des solutions seront recherchées pour décharger  la police de  certaines  tâches et  lui  permettre de  se  concentrer  sur  ses missions  premières(…) ;  C’est  notamment  le  cas  des missions  de  gardiennage  en milieu hospitalier et de l’utilisation de chiens drogues et explosifs par les agents de gardiennage ».

1 6e alinéa de l’article 1er de la loi du 10 avril 1990 : réalisation de constatations se rapportant exclusivement à la situation immédiatement perceptible de biens se trouvant sur le domaine public, sur ordre de l’autorité compétente ou du titulaire d’une concession publique.

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2. Le périmètre.

Outre la classification des entreprises et la définition du périmètre (qui est un peu plus large que le périmètre français en prenant en compte quelques activités sur la voie publique), une logique cohérente est appliquée à partir de la notion d’activités : quel que soit son statut (dans la sphère privée) ou sa dénomination, une personne qui exerce telle activité décrite par la loi sur la sécurité privée relève alors de la dite loi. Par exemple, un agent de gardiennage ne relève pas de la loi sur la sécurité privée parce qu’il est agent de gardiennage, mais parce qu’il exerce effectivement une activité de surveillance de biens. Cette apparente « tautologie » sert de fil rouge pour les autorités publiques, notamment pour le contrôle, pour clairement distinguer ce et ceux qui relèvent ou pas de la loi sur la sécurité privée.

Article 1er de la loi du 10 avril 1990  §  1.  Est  considérée  comme  entreprise  de gardiennage au sens de la présente loi, toute personne physique ou morale exerçant une activité consistant à fournir à des tiers, de manière permanente ou occasionnelle, des services de :1.  surveillance et protection de biens mobiliers ou immobiliers ;2. protection de personnes ;3.  surveillance et protection de transport de valeurs ;4. gestion de centraux d’alarme ;5.   surveillance et contrôle de personnes dans le cadre du maintien de la sécurité ;6.   réalisation  de  constatations  se  rapportant  exclusivement  à  la  situation  immé­diatement perceptible de biens se trouvant sur  le domaine public, sur ordre de l’autorité compétente ou du titulaire d’une concession publique ;

7. accompagnement de groupes de personnes en vue de la sécurité routière ;8. accompagnement de véhicules exceptionnels en vue de la sécurité routière. 

2.1. Le secteur du gardiennage.

Il comprend la surveillance de biens, la protection de personnes, le transport de fonds, la gestion de centrales d’alarme, le contrôle des personnes, la réalisation de constatations, l’accompagnement de groupes dans la circulation et l’accompagnement des convois exceptionnels.

métier d’accompagnement routier : un déplacement de plus de 50 cyclistes, avec une voiture devant et une derrière le convoi, impose que cette organisation de la sécurité relève de la sécurité privée.Pour des transports plus spécifiques, le ministère de la mobilité détermine les points dangereux, avec une carte consultable par tous, et nécessitant, à certains points, la présence des policiers. Les agents privés ont une mission de reconnaissance des situations suspectes.

La gestion des alarmes donne grande satisfaction aux autorités policières : sur trois millions de signaux reçus par les centrales d’alarmes, 22 000 seulement sont transmis à la police. Lorsque celle-ci est appelée – il existe un « e-call », filtré par la sécurité privée, avant l’appel à la police –, l’agent de sécurité mobile entre dans les lieux avec elle. Les véhicules des rondiers ont obligatoirement un phare blanc sur le toit, afin d’être repérables de

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8loin par la police, ainsi qu’un macaron « Vigilis ». Ces alarmes concernent tant la « security » (biens, personnes) que la « safety » (incendie, eau, gaz).Son application, par exemple dans le « gardiennage mobile » se traduit ainsi :Chapitre 3 de l’arrêté royal du 15 mars 2010 (article 13) : Avant de pénétrer dans un bien immobilier, les agents de gardiennage qui exercent des activités de gardiennage mobile, en contrôlent l’extérieur. En cas de découverte d’éléments suspects,  ils mettent  immédiatement  fin  à  leur  contrôle  et  en  avertissent  le central d’appel qui, à son tour, prévient les services de police. Les agents de gardiennage attendent dans  le véhicule et activent  le phare de recherche en attendant l’arrivée des services de police, d’incendie et/ou de secours sur les lieux. S’ils peuvent accéder au bien et qu’ils en ont reçu le mandat de l’occupant, ils accordent, en son nom,  l’accès au bien  immobilier aux services de police, d’incendie et/ou de secours. Ils ne pénètrent dans l’immeuble que précédés des services de police.

escortes du transport de biens : le transport de fonds (800 salariés) est dans la sécurité privée avec une logique spécifique : c’est le transport protégé, c’est-à-dire la protection du transport, qui justifie qu’il relève de la sécurité privée, mais pas le transport de fonds en tant que tel. Les agents privés ont aussi une mission de reconnaissance des situations suspectes.Les centres forts, les DAB, y compris en maintenance, entrent dans le champ de la loi sur la sécurité privée.Un projet de loi prévoit de faire tomber dans l’activité « transport de fonds » tout transport professionnel de plus de 30 000 euros.

Le « contrôle de personne » inclut le contrôle de sortie : il s’agit d’agents contrôlant de manière aléatoire des salariés d’une entreprise (comme la grande distribution par exemple), afin de lutter contre le vol interne. Le contrôle a lieu 1 fois sur dix, sans que le salarié sache s’il sera contrôlé ou non. Il peut y avoir un contrôle systématique et circonstancié lorsqu’il s’agit d’une action ciblée (suite à un vol d’ordinateur), avec demande d’ouverture des coffres, des bagages.

Explication de l’article 5 : « Cette activité recouvre notamment  la fonction de portier à  l’entrée des  lieux de sorties,  les  fonctions de gardiennage dans  les complexes de cinéma ou  les galeries commerçantes,  la surveillance dans  les parcs d’attraction,  l’exercice de  services de  sécurité  à  l’occasion de  concerts ou ceux de steward à l’occasion de soirées ou de bals. Toutes ces activités se démarquent des activités classiques de gardiennage en ce qu’elles ne portent pas tant sur le gardiennage et la protection de biens mais qu’elles consistent en une surveillance du comportement de personnes. Les activités de gardiennage où les vêtements ou les biens personnels de personnes sont contrôlés de même que la fonction d’inspecteur de magasin relèvent de cette activité de gardiennage. Ceci vaut également pour la canalisation et le contrôle du public, le dégagement du passage aux entrées et sorties de secours, le fait d’empêcher que le public ne pénètre dans des zones interdites ou ne grimpe sur des clôtures, ainsi que le dégagement de lieux dangereux à l’occasion de compétitions sportives. »

Les agents de protection rapprochée : il n’existe pas d’exclusivité de cette activité, car le marché n’est pas jugé assez important. Leurs missions sont simples et clairement définies : la reconnaissance et la protection/interposition. Cela ne justifie pas, aux yeux de la DSP, ou à ceux des professionnels, le port d’une arme.

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92.2. Les entreprises de consultance.

Ajoutées par la loi de 2004, ces entreprises ne sont pas astreintes à exclusivité interne, mais à une attestation sur l’honneur de la neutralité de l’entreprise. L’exclusivité devrait toutefois être décidée, afin de garantir qu’une entreprise qui conseille un dispositif de sécurité ne puisse pas en même temps le vendre. G4S a cependant son propre service d’audit, qui fonctionne bien et donne satisfaction.Il n’existe pas de formation obligatoire minimum pour les agents des entreprises de consultance, mais des réflexions sont en cours afin de déterminer des spécialités (conseils pour les caméras, pour la protection physique, etc.).Un dispositif de certificats de qualité existe pour ces entreprises, mais il n’a pas encore été mis en œuvre. Ce dispositif reste de toute façon volontaire et passe par une certification délivrée par un institut d’audit.Ce sont les consultants qui ont la compétence pour envisager des solutions globales et/ou mixtes : organisation interne / mesures électroniques / mesures physiques / ressources humaines.

2.3. Les détectives privés.

Ils font l’objet d’une loi à part (loi du 19 juillet 1991 organisant la profession de détective privé), mais sont bien dans le périmètre d’action de la Direction de la sécurité privée et intégré au CODEX « Sécurité privée ». Il existe une réflexion pour encadrer encore davantage leur activité et le contrôle de leurs rapports sur le fondement du principe de la protection de la vie privée. Seraient ainsi mieux encadrés :– la façon dont ils interrogent des témoins ;– leur mode de travail avec les mineurs ;– leur pratique « opérationnelle » (filature, prise de photos, etc.).

Le projet en cours prévoit également d’encadrer les « donneurs d’ordre » afin de les responsabiliser.

Il y aurait environ 900 personnes qui exercent des activités de recherches privées, mais seulement 120 se présentent comme détectives. Selon le directeur de la DSP, la France devrait compter plus de détectives que les chiffres actuels (environ 1 000) ne le mentionnent.

2.4. Hors périmètre et évolutions possibles.

Le régime des bénévoles est mentionné dans la loi, dans le sens où les services internes de gardiennage ne sont pas soumis à l’obligation d’autorisation lorsqu’ils exercent des activités de gardiennage de façon sporadique et font exclusivement appel pour cela à des personnes physiques qui exercent sporadiquement et gracieusement ces activités.

Son organisation n’est possible qu’avec du personnel propre ou du moins avec des personnes qui ont un lien tangible avec les organisateurs : les membres effectifs d’une association, les membres d’une association de parents d’une école ou une association d’anciens dirigeants d’un mouvement de jeunesse. Elles doivent avoir l’autorisation du bourgmestre de la commune.

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10Chapitre  II­  article 1 bis  :  Par dérogation au § 1er,  les  services  internes de gardiennage, tels que visés à l’article 1er, § 2, ne sont pas soumis à l’obligation d’autorisation visée à l’article 2, § 1er:1° lorsqu’ils exercent les activités visées à l’article 1er, § 1er, alinéa 1er, 5º ou 7º, uniquement de façon sporadique, et font exclusivement appel pour cela à des personnes physiques qui exercent sporadiquement et gracieusement ces activités;Par organisation sporadique, on vise une fréquence qui ne dépasse pas la norme de trois à quatre fois par an.“Non rémunéré’’ signifie sans aucune forme de paiement, même pas en nature ni sous forme de pourboire.Les personnes physiques concernées peuvent exercer de manière sporadique uniquement. Le phénomène des ‘faux bénévoles’ doit également être empêché: il  s’agit  de  personnes  qui  se  présentent  comme  bénévoles  de  manière répétée, quel que soit l’organisateur de l’événement. Ces faux bénévoles sont généralement  payés  de  manière  non­officielle  et  sont  souvent  recrutés  par des associations ou entreprises  spécialisées.  Il  s’agit en  fait d’entreprises de gardiennage illégales.

se trouvent aussi hors périmètre : • les stewards de football : ils dépendent de la loi sur le football (Loi du 21

décembre 1998 relative à la sécurité lors des matches de football, modifiée par les lois des 10 mars 2003, 27 décembre 2004 et 25 avril 2007).

Pour devenir « steward », il est nécessaire :– d’avoir atteint l’âge de 18 ans ;– de produire un certificat de bonne conduite, vie et mœurs ;– de ne pas avoir fait l’objet d’une interdiction de stade au cours des cinq

dernières années ;– d’avoir la capacité physique exigée (déterminée au moyen d’une visite

médicale) ;– de posséder le profil psychologique requis.

L’application de la réglementation « sécurité privée » à cette profession aurait été trop onéreuse. Pour l’APEG, une clarification de la législation en la matière serait nécessaire.

• les « gardiens de la paix » (qui ressemblent à notre police municipale).

• les gardes forestiers.

• les physionomistes.

• la serrurerie pose problème à la DSP car la fédération des serruriers fait faire sa propre formation, ce qui permet aux personnes malintentionnées de la suivre.

Des évolutions législatives afin de tenir compte de nouveaux périmètres pourraient avoir lieu dans le cadre des services d’urgence et des hôpitaux psychiatriques : l’usage de la contrainte (en cas de dangerosité d’un patient, d’une personne alcoolisée) est jusqu’à maintenant effectué sur la base de la loi sur les actes médicaux, qui lève le délit de contrainte pour les professions médicales. Ces actes ont cependant tendance à être de plus en plus réalisés par des agents de sécurité qui, eux, ne sont pas « protégés » par la loi sur les actes médicaux.Le transport de fonds fait aussi partie des domaines où la législation pourrait évoluer.

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3. Les services internes de gardiennage.

PSA est l’organisation professionnelle qui représente les services internes de gardiennage, reconnus par la loi et associés à la concertation par la DSP.

La loi sur la sécurité privée, pour les services internes, joue un rôle protecteur contre le management des entreprises. Elle est un instrument, dont se servent les responsables de services internes, pour garantir que la sécurité est professionnalisée. Relevant la concentration excessive du marché belge, le représentant de PSA souligne aussi, sans hostilité, le coût élevé de la prestation de sécurité privée.

Beaucoup d’entreprises ont les deux types de gardiennage, par prestataires extérieurs et en interne (la moitié des services internes de gardiennage ferait appel à des prestataires extérieurs). Il faut toutefois une entreprise de taille minimale pour « supporter » financièrement un service interne de gardiennage. Le maintien des services internes est dû à : – la culture d’entreprise qui est mieux appréhendée par les gardiens internes

qu’externes. Cela compte beaucoup pour certains établissements comme les hôpitaux (avec la spécificité du patient, avec le secret médical, etc.). 80 hôpitaux ont un service interne de gardiennage, contre moins de 10 qui font appel à un prestataire extérieur compte tenu du caractère spécifique de la mission ;

– la garantie de continuité du service ;– une meilleure connaissance des gardiens par les autres salariés de l’entreprise.

Il reste difficile d’avoir une vision prospective sur l’évolution des services internes : ils seraient en croissance dans les hôpitaux, mais en décroissance d’une manière générale, notamment dans le secteur bancaire. L’arbitrage se fait sur le coût.

sur 15 000 gardiens en Belgique, 3 000 seraient employés par des services internes de gardiennage, principalement dans le secteur non-marchand (hôpitaux, musées). En effet, pour les services marchands, le paiement de la TVA (21 %) peut se reporter sur les clients, ce qui n’est pas le cas dans le secteur non-marchand.

il peut y avoir des agents relevant de la loi sur les détectives privés dans les entreprises, mais les deux services devront alors être identifiés séparément :– un service interne de gardiennage ;– un service d’enquête.Un seul responsable est nécessaire si ces deux services coexistent dans l’entreprise.

Les services internes sont critiques sur la formation de base, qui n’est pas assez spécifique. Il existe des demandes de formation au cas par cas. Pour les petits services internes, le directeur/responsable de la sécurité (« security ») est aussi le directeur/responsable de la « safety ». Le responsable de la sécurité reçoit obligatoirement une formation de type A (dirigeant/encadrant de « haut niveau »)

Concernant la banque nationale belge et ses 80 gardiens internes, il existe deux fois par an des sessions de formation, 1. pour préparer des incidents, avec des exercices pratiques, 2. pour travailler en coopération avec la police. Les 80 agents du service interne de gardiennage sont concernés.

Pour BNP Paribas/Fortis (1.000 agents et 80 grands bâtiments), il existe un service interne de gardiennage et des prestataires extérieurs, à 50/50. S’il y a une concentration du nombre de prestataires extérieurs, ce n’est pas un choix stratégique de la banque, mais une évolution liée à l’offre (les petites et moyennes entreprises se trouvent progressivement rachetées). Il existe même une volonté de revenir à des contrats plus locaux.

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4. Les donneurs d’ordre sans service interne de gardiennage.

L’exemple de C&A (140 magasins en Belgique) a été détaillé. Quatre personnes sont en charge de la gestion de la sécurité, avec deux axes :– prévention et équipements : 80% des dépenses ;– répression, avec les inspecteurs de magasins : 20 % des dépenses.

Les prestataires extérieurs sont pour l’inspection de magasin, le transport de fonds et le contrôle aux sorties.

La stratégie d’achat de prestations a évolué vers des contrats de plus en plus globaux, excluant de fait souvent les petites sociétés souvent moins flexibles, qui disparaissent au gré des rachats. En 10 ans, la société est passée de 17 fournisseurs de gardiennage pour 80 magasins à 4 fournisseurs pour 140 magasins aujourd’hui.

L’exemple d’IBM est aussi cité : chaque site en Europe avait un contrat de gardiennage il y a 20 ans. Désormais, il existe un appel d’offre unique pour toute l’Europe, avec seulement 2 entreprises qui peuvent y répondre.

La DSP n’éprouve pas le besoin de vérifier la confiance et le professionnalisme des acheteurs en sécurité. Selon elle, il existe suffisamment de plates-formes de concertation.

Il existe des contrats-types de sécurité, avec des objectifs et des résultats attendus, allant jusqu’au versement de primes aux agents externes sur le site d’un client.

Les contrats peuvent interdire la sous-traitance ou avoir une obligation d’information du client. La sous-traitance reste rare dans le secteur du gardiennage.

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5. La formation.

La description de la formation a été effectuée par la responsable du centre de formation de G4S en Belgique. Le site de formation de G4S est situé sur un ancien site militaire et géré en coopération avec la Police. Cela permet une mutualisation des installations comme la « Maison-évacuation », le « site-feu », etc.

5.1. une architecture globale par tronc commun et modules spécifiques.

La formation est obligatoire pour devenir agent de gardiennage. Elle se compose d’une formation de base, qui permet l’accès à un métier de base. 80% des gardiens sont dans ce cas. Ensuite il existe des modules complémentaires (une dizaine), avec un volume horaire variable et un système d’équivalence, permettant l’accès à d’autres métiers plus spécifiques.

attestation de base obligatoire :1. attestation de compétence générale agent de gardiennage 127 heures

Attestations complémentaires spécifiques :2. attest. gardiennage mobile 40 heures3. attest. milieu des sorties 32 heures4. attest. inspecteur de magasin 20 heures5. attest. protection de personnes 51 heures6. attest. transport protégé 69 heures7. attest. opérateur de centrale d’alarme 70 heures8. attest. constatation de faits matériels 24 heures9. attest. accompagnement circulation routière 20 heures10. attest. gardien de patrimoine 72 heures11. attest. accompagnement de véhicules exceptionnels 72 heures12. attest. gardiennage portuaire 16 heures13. attest. missions armées 42 heures14. attestation exercice de tir : exercice tous les 6 mois et attestation

missions armées.

Remarques diverses :– La formation de base inclut un sous-module « diversité » dans lequel est prise

en compte la problématique des personnes vulnérables.– Seul G4S délivre l’attestation « Transport protégé », avec en outre un

apprentissage spécifique pour pousser les véhicules sur un terrain défini et protégé en cas de braquage.

– Il n’existe pas de formation pour la sûreté aéroportuaire dans le cadre de la loi sur la sécurité privée : c’est le ministère de la mobilité qui a la main sur ce domaine. En revanche, ce même ministère a préféré s’en remettre au ministère de l’intérieur et à la loi sur la sécurité privée pour le gardiennage portuaire.

– La formation « opérateur sur centrales de téléalarme » est spécifique et permet l’exercice de ce métier sans passer la formation « agent de gardiennage ». Il s’agit d’un métier technique, stressant et avec une formation de base délivrée par une coopération publique/privée.

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14La formation « dirigeant » (du contremaître au dirigeant lui-même) est de deux types :– type A (100 heures), valable pour les personnes qui peuvent engager la société

et/ou qui ont autorité opérationnelle sur plus d’une région en Belgique ;– type B, pour l’encadrement subalterne, portant sur la législation, la

planification.Le recyclage des dirigeants s’effectue par 16 heures tous les 5 ans.

Les vendeurs et commerciaux ne sont pas astreints à une formation ni à une autorisation.

5.2. déroulement et contrôle de la formation.

Quel que soit les formations, l’examen est unique et se passe dans un organisme d’etat, le seLoR, depuis 3 ans. Lors de sa mise en place, seules 29 % des personnes réussissaient cette formation. Désormais le taux atteint 90 %.

La formation peut se dérouler en deux parties pour l’attestation de compétence générale « agent de gardiennage », selon les modalités et conditions suivantes : le bloc 1, avec 30h de droit, est sanctionné par l’examen du SELOR (sur ordinateur), le mercredi. La réussite de cet examen donne une autorisation temporaire d’exercer, qui est reçue par l’entreprise le jour même et qui permet de mettre le salarié au travail dès le jeudi. En cas d’échec, un nouveau passage est possible le vendredi. Cela permet de gérer le turn-over, avec les 15 jours de préavis pour quitter un emploi. Le passage de ce bloc 1 et l’obtention de l’autorisation temporaire n’est possible que dans le cadre de la signature d’un cdi, ce qui oblige l’entreprise à faire passer le bloc 2 de la formation dans les 6 mois.

tous les cinq ans, il est nécessaire de réintroduire les cours devant la dsp, afin qu’elle valide les contenus et leurs évolutions. Cela est effectué dans le cadre de la « Commission Formation », inscrite dans la loi et réunissant les professionnels, la DSP et d’autres représentants de l’Etat. Du point de vue des contenus de formation, il y a la volonté d’exclure les gros bras et l’emploi de la violence, au profit de la maîtrise de la violence et d’une approche par la communication.Les professeurs sont agréés pour 1 à 3 sous-modules (il en existe environ 12 par attestation). Pour G4S, on trouve 20 professeurs fixes et 175 en free lance.Il y a 4 passages possibles pour réussir la formation, comme pour la police. Il s’agit d’un choix mathématique, permettant d’exclure ceux qui à terme y arriveraient par le simple fait du hasard.Les entreprises peuvent délivrer elles-mêmes la formation, mais celle-ci doit être neutre et ne pas induire la délivrance d’une culture d’entreprise spécifique. Dans le cas de G4S, plus de 60 % des revenus de la business unit « Formation » proviennent d’autres entreprises.

Pour la DSP, le modèle européen en matière de formation (celui dont elle s’inspire) est au Pays-Bas, suivi par la Suède et l’Espagne.Avec le recul, la DSP souhaiterait s’orienter vers la mise en place d’une seule école de formation à la sécurité privée, mais l’association des entreprises privées de sécurité (APEG) s’y refuse pour le moment.

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155.3. La formation délivrée par des établissements scolaires.

depuis 3 ans la formation à la sécurité privée a été introduite dans l’enseignement scolaire public professionnel, en tant que 7e année (pour les 17-18 ans, équivalente au BAC professionnel français). Cette 7e année forme aux métiers de policiers, steward, pompier, sécurité privée (pour l’attestation de base).

Cependant, il y a peu d’indications sur les débouchés effectifs en sécurité privée. Il y a le problème de l’âge et de la maturité. Il semble qu’un certain nombre de jeunes ainsi formés et choisissant un métier de la sécurité privée s’orientent vers l’événementiel. Il y a aussi des techniciens d’alarme. 700 agents seraient jusqu’à maintenant issus de cette 7e année.

Cette formation a permis de gérer les pics de demande d’agents (période des fêtes et été), en permettant l’embauche d’étudiants.

Des actions de communication et de lobbying importantes de la part des professionnels sont nécessaires pour orienter les jeunes vers la sécurité privée : envoi de cours et de professeurs par les entreprises, communication de l’APEG vers les étudiants, présence de G4S, etc.

Ce sont généralement les moins qualifiés qui s’orientent vers la section délivrant l’aptitude à la sécurité privée (entre autres), mais aussi les plus motivés.

Les stages en entreprise sont interdits depuis 10 ans car les stagiaires devenaient une main d’œuvre gratuite pour les entreprises. Cette 7e année ne vise pas directement à l’apprentissage de l’activité, mais à familiariser les jeunes avec la réalité du métier, avec le respect de la discipline, par exemple.

Cette formation, perçue comme une bonne initiative, nécessite encore des adaptations pour coller véritablement aux attentes des professionnels. Une nouvelle réflexion sur la possibilité de stages s’engagerait, avec des visites, du tutorat et de la vidéoconférence.

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6. La délivrance des titres et le contrôle.

L’ensemble de ces deux missions revient à la Direction de la sécurité privée.

6.1. La délivrance.

Une procédure dite de « pré-screening » permet à une entreprise qui prévoit de recruter un agent de savoir rapidement s’il peut y avoir un problème à recruter cette personne. Cette procédure, très utilisée mais dont les fondements juridiques sont contestables, est très efficace.Le screening accompagne chaque demande de recrutement d’une entreprise.Il faut noter l’importance des tests psychotechniques : obligatoires, ils sont pratiqués par le SELOR.La carte d’identification unifiée au nom de l’entreprise permet un contrôle facilité par les autorités, les citoyens et l’autorégulation du comportement de l’agent.Une réflexion existe sur la garantie bancaire, qui pourrait permettre de garantir le paiement des amendes et pallier la mise en faillite des petites entreprises contrôlés négativement.

à noter : l’agent de protection rapprochée et le transporteur de fonds ne peuvent le devenir, après formation, que si l’entreprise qui les emploiera est elle-même inscrite pour ces activités.

6.2. Le contrôle.

La direction de la sécurité privée belge, structure du ministère de l’intérieur, compte 55 collaborateurs. Son budget vient des rétributions (1 600 000 euros) et des amendes (840 000 euros). Elle s’appuie sur un réseau très actif de correspondants dans la police appelé « polnet » dans les 195 zones de police.Le contrôle est proactif (au moment de la délivrance des autorisations et des renouvellements) et réactif sur les entreprises considérées comme « à risques », critère déterminé par la Direction de la sécurité privéeIl n’existe pas de concertation sur la politique de contrôle, les professionnels n’étant à aucun moment consultés. Le contrôle est d’abord orienté vers les lieux recevant du public. Pour le reste il s’agit de contrôles sur plainte. Les services internes de gardiennage ne sont pas une priorité dans la politique de contrôle. Les petites entreprises semblent moins contrôlées.Les sanctions sont administratives, et les amendes font souvent l’objet d’arrangements à l’amiable. Le refus de contrôle est une infraction.Il y a la volonté, de la part de l’autorité de contrôle, que le client connaisse les résultats du contrôle, afin qu’il en prenne acte et décide éventuellement de changer de prestataires.

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7. La position des organisations patronales et des syndicats de salariés.

7.1. Les organisations professionnelles patronales.

Elles sont très engagées dans la concertation avec la direction de la sécurité privée (réunions mensuelles). Les organisations souhaiteraient une simplification des procédures et une extension des moyens mis à disposition des agents : essentiellement spray et menottes.Il n’y a pas assez de relations entre le ministère de l’intérieur et la sécurité des banques. Le nombre de caméras dans les banques est laissé à l’appréciation de celles-ci.elles sont satisfaites de leur marge (malgré la baisse actuelle) et se félicitent des salaires élevés imposés par la notion de « salaire minimum ».Elles sont plutôt hostiles à la sous-traitance en cascade qui reste peu pratiquée. La DPS voudrait justement interdire la sous-traitance, mais bloque sur la faisabilité juridique et cela reste une question marginale.Le « facility management » est mal perçu, car il rabaisserait la qualité de la prestation de sécurité.Pour le président de PSA (organisation professionnelle des services internes de gardiennage), en même temps responsable sécurité de la banque nationale belge (80 agents en interne), le gardiennage était, il y a 20-25 ans une « poubelle ». Désormais, le gardien est un professionnel respecté.

7.2. Les représentants des salariés.

Avec 95 % de syndicalisation, la Belgique connaît une concertation sociale très importante par le biais de tables rondes portant sur le temps de travail ou les salaires (avec le ministère de l’Emploi). Il existe des plateformes de concertation, très développées, qui permettent d’associer véritablement les acteurs, y compris syndicaux, aux décisions.très puissants, les syndicats font également preuve de beaucoup de pédagogie auprès de leurs adhérents en expliquant pas à pas le système de la sécurité privée, ce qui facilite grandement le travail de l’état en matière de régulation.Le dialogue social est aussi facilité par le petit nombre de très grandes entreprises, leurs principales interlocutrices : 90 % des salariés sont au sein de 4 entreprises.Plusieurs événements ont permis et permettent encore d’avoir une concertation sociale forte : les grandes grèves dans le transport de fonds dans les années 1990 et la mise en place du règlement européen sur le transport de fonds transfrontaliers.d’une manière générale, les conditions salariales sont très bonnes et attractives, sans doute parmi les meilleures d’Europe.

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annexe 1 :

La carte professionnelle fournie par le bureau de la sécurité privée

Exemple de carte à puce fournie par le bureau de la sécurité privée.

Elle est lisible sur un lecteur amovible détenu par les contrôleurs du bureau de la sécurité privée.

Pour l’annexe 1

Pour l’annexe 2

Autocollant à coller sur les voitures qui sont susceptibles d’intervenir en

télésurveillance

Pour l’annexe 1

Pour l’annexe 2

Autocollant à coller sur les voitures qui sont susceptibles d’intervenir en

télésurveillance

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annexe 2 :

Les signes distinctifs de la sécurité privée fournis par le bureau de la sécurité privée

Pour l’annexe 1

Pour l’annexe 2

Autocollant à coller sur les voitures qui sont susceptibles d’intervenir en

télésurveillance

Autocollant à coller sur les voitures qui sont susceptibles d’intervenir en télésurveillance.

Insigne que doit porter tout personnel privé de sécurité pour établir sans ambiguïté son appartenance à la mission privée de sécurité.

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Site internet de la Délégation interministérielle à la sécurité privée :www .interieur .gouv .fr/sections/a_l_interieur/le_ministere/organisation/dispw