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FONDATION EUGÈNE PIOT ia^;/MIÊEMIEttS:--"-t,ra*pS- DE L'EGYPTE PAR J. DE MORGAN Extrait du tome XXV des Monumentset Mémoires publié par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en l'honneur de Ghampollion PARIS ÉDITIONS ERNEST LEROUX 28, RUE BONAPARTE, 28 1922

0077-Fiducius-De Morgan-Los Primeros Tiempos de Egipto

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Estudios sobre el Egipto antiguo en idioma frances

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  • FONDATION EUGNE PIOT

    ia^;/MIEMIEttS:--"-t,ra*pS- DE L'EGYPTE

    PAR

    J. DE MORGAN

    Extrait du tome XXV des Monumentset Mmoires publi par l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettresen l'honneur de Ghampollion

    PARIS

    DITIONS ERNEST LEROUX

    28, RUE BONAPARTE,28

    1922

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE

    Il y a cent ans au.plus, bien que la tradition ft de l'Orient

    asiatique et de l'Egypte le berceau de la civilisation moderne, nos

    historiens en taient encore rduits aux rcits d'Hrodote et aux

    lambeaux des oeuvres de Brose, de Manthon et de Sanchoniaton,

    quand les grandes dcouvertes de l'pigraphie sont venues ouvrir

    des champs nouAreaux l'histoire. Les fables sont devenues des

    ralits et, peu peu, les annales des dynasties oublies sont sorties

    du nant. Ce fut une rvolution dans la connaissance du pass.

    Mais, en mme temps que se dvoilait l'histoire de l'humanit,

    base sur des crits contemporains des faits, celle de notre propre

    globe cdait aux efforts des gologues, et, bientt, toutes les branches

    de la science concourant la recherche des origines, nous nous

    sommes trouvs mme de reconstituer, par la pense, la vie aux

    divers ges de notre plante, d'affirmer l'existence de l'homme en

    des temps si lointains, que l'esprit se perd au milieu de millnaires

    dont il n'ose pas valuer le nombre.

    Au cours de cette merveilleuse priode qui a prcd notre gn-

    ration, avec la naissance de la mthode, toutes les sciences, en

    un seul bond, sont venues dchirer les voiles qui, pendant tant de

    sicles, avaient cach la vrit. Boucher de Perthes ouvrait la Aroie

    aux recherches prhistoriques, en mme temps que Ghampollionarrachait leurs secrets aux monuments de l'Egypte, que Cuvier crait

  • % ; MONUMENTS ET MEMOIRES

    ta palontologie, qu'une multitude de savants faisaient parler le sol,

    la nature elle-mme.

    Ds que l'histoire de rhomme sortit des barrires dans lesquellesnos anctresi la tenaient enferme^ les tudes des phnomnes sur-

    humains apportrent des lments nouveaux d'apprciation, mon-

    trrent tes socits primitives luttant pour la vie, obissant aux lois

    imprieuses de la nature, On sut bientt rtablir les conditions dans

    lesquelles* aux diverses poques, nos antiques prcurseurs ont vcu,

    expliquer leurs migrations, leur dveloppement plus intense et plus

    rapide en certaines rgions que dans d'autres : c'tait la etfricher

    le terrain avant de le livrer aux historiens.

    Quand on tudie l'volution d'un groupe humain, la premire

    pense doit tre de chercher rtablir le milieu naturel dans lequelce peuple a vcu> de reconstituer, en s'appuyant sur ds observa-

    tions prcises, l'histoire de ce sol sur lequel il s'est dvelopp, d'ana-

    lyser les ressources naturelles qu'il lui offrait au cours des diverses

    phases de sa vie, de reconnatre les dangers auxquels il tait expos,les, besoins qu'il n'tait pas mme de satisfaire. Qui ne sait pasces choses n'est pas mme d'crire une histoire philosophique; il

    doit se contenter des rcits anecdotiques, ainsi qu'on le faisait avant

    le XIXe sicle.

    Ce sol, sur lequel nous vivons, est, tous points de Arue, d'une

    mobilit extrme : son relief, son climat, sa flore, sa faune se modi-

    fient sans cesse. Mais, le plus souvent, l'amplitude de ces phno-mnes est trop vaste pour que, dans notre courte vie, nous en

    puissions percevoir les consquences ; cependant, ces effets se font

    sentir au cours des sicles, influent sur les peuples, et frquemment, leur insu, leur imposent leurs destines.

    L'Egypte pharaonique n'aurait pas t, pendant des sicles et

    des sicles, le sanctuaire des dieux, celui du repos de l'esprit et de

    l'me si, par sa nature, la valle du Nil n'avait dvelopp chez ses

    habitants les sentiments mystiques, la quitude, le got pour les

    oeuvres de la paix.

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 3

    Rien n'est plus intressant, plus instructif, que de suivre travers

    les ges l'histoire physique de cette contre privilgie, que de

    voir son climat se modifier, ses ressources naturelles se transformer,

    que de retrouver dans la disposition mme de ses terres fertiles,

    dans leur rpartition, l'origine de ses divisions politiques et reli-

    gieuses, les causes de la formation de son empire, les raisons de

    son expansion extrieure, de son commerce, de son influence sur les

    autres nations. ,

    Ces donnes naturelles, on en retrouve les consquences dans

    l'histoire elle-mme, dans les restes qui nous ont t laisss par les

    colons des premiers ges, comme dans ces innombrables inscriptionsdont les rochers et les monuments sont couverts.

    Pour beaucoup, les usages qui nous sont rvls par les fouilles

    archologiques n'ont pas encore t expliqus, certains ont survcu

    pendant des milliers d'annes, d'autres ont disparu de bonne

    heure, parce que leur utilit ne se faisait plus sentir ; mais ne per-dons pas patience ! la prhistoire gyptienne est encore dans l'en-

    fance ; elle n'a pas plus de vingt-cinq ans, son dernier mot est loin

    d'tre dit.

    Aucune inscription, sans doute, ne viendra nous clairer sur la

    vie que menaient les Egyptiens avant l'aurore des temps pharao-

    niques, ne nous facilitera l'interprtation des traditions lgendaires;

    c'est donc l'archologie seule que nous devons avoir recours, mais

    l'archologie soutenue par ces mmes traditions, par la gologie,

    parla mtorologie, par la connaissance des faunes et des flores aux

    divers temps. L est la prface de l'histoire, prface indispensable;

    car, pour la plupart, les conceptions pharaoniques ont pris naissance

    au cours des priodes sans annales.

    Cette prface, il importe de la faire dbuter bien au del des

    temps, encore fabuleux, des dynasties dites divines, au del des

    plus anciennes traces laisses par l'homme dans les alluvions,

    l'poque de ces prcurseurs de Vhomo sapiens, tre dont l'existence

    n'est encore fonde que sur des dductions zoologiques, que sur

  • 4 MONUMENTS ET MEMOIRES

    des raisonnements. Il faut suivre, pas pas, la constitution du sol

    gyptien, le creusement de sa valle, le comblement de ce golfe au

    fond duquel se dveloppait lentement l'estuaire du Nil l'aurore de

    la priode moderne. Il faut voquer la gense mme de la terre des

    Pharaons,

    :l

    CONSTITUTION BU SOL GYPTIEN ET FORMATION DE LA VALLE DU NIL.

    Apris des milliers d'annes d'incessants efforts, la nature venait

    d'achever sa tche, en rpandant sur l terre ses chefs-d'oeuvre

    zo-logiques ; grce de formidables pousses des forces internes,

    les continents avaient pris leurs formes principales. Quelques mill-

    naires encore, et l'homme dou de raison, Yhomo sapiens, paratrait.Cet homo sapiens tait un tre bien barbare, bien primitif, quand

    il taillait dans le silex ces outils grossiers qui tmoignent aujour-d'hui de son passage sur le globe ; pourtant il avait eu lui-mme

    des anctres plus primitifs encore, et ces tres avaient disparu sans

    laisser de traces manifestes de leur vie. Toutefois, bien que nous ne

    possdions aucune preuve matrielle de son existence, les lois

    immuables de la nature nous imposent le devoir de croire qu'il a

    vcu mlang avec les animaux, ne constituant qu'un des lments

    de cette riche faune des vertbrs terrestres des priodes tertiaires,

    luttant contre les btes sauvages pour la conservation de sa vie,

    cherchant sa nourriture parmi les vgtaux et le gibier qui l'entou-

    raient, dans les luxuriantes campagnes de la phase pliocne. L,

    repoussant les attaques des fauves, des sauriens et des serpents,adversaires si redoutables et si nombreux cette poque, il campait,

    probablement, dans de grossiers abris de branchages, dans des nids

    semblables ceux que se construisent les animaux, ou se rfugiaitdans les arbres, tout comme les grands simiens, ses contemporains,

    qui, par de trs lointaines alliances, paraissent tre un peu ses

    congnres.

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 5

    Vers cette poque, et avant mme, dans cette rgion qui, plus

    tard, sera l'Egypte, le sol s'tait effondr suivant deux lignes sensi-

    blement parallles. La mer Rouge s'tait forme, sparant l'Afriquede l'Asie, etla dpression nilotique laissait pntrer au loin, vers le

    Sud, dans un golfe troit, une sorte de fjord, les eaux de la mer

    Mditerrane. Les vagues venaient alors battre les flancs des falaises

    du Mokattam et le pied des coteaux de la Moyenne Egypte.Certes les abords du golfe nilotique ne prsentaient pas l'aspect

    qu'offrent aujourd'hui les collines qui bordent la valle : leurs pentesn'taient pas, comme de nos jours, brles par le soleil ; de nom-

    breuses rivires arrosaient les vallons, alimentes qu'elles taient

    par des pluies frquentes et abondantes; car la fin des temps ter-

    tiaires s'est fait remarquer par l'abondance des prcipitations atmo-

    sphriques. Cet tat de choses se prolongea durant les temps plis-

    tocnes, l'poque de l'homme d'industrie palolithique. Dans

    l'hmisphre boral tombaient des pluies torrentielles dont les aver-

    ses tropicales ne donnent qu'une faible ide, et ces eaux, entretenant

    la fracheur, favorisaient le dveloppement d'une intense vgtation.En Egypte, en Syrie, en Msopotamie, l'aspect du sol tait, peude chose prs, celui que prsentent aujourd'hui les rives afkha tiennes

    du Pont-Euxin ou des pentes septentrionales de l'Elbourz. Le climat

    tait doux et la vie facile, au milieu des trsors dont la nature

    comblait les lointains anctres des peuples orientaux. Assurment

    les hommes ne devaient pas tre bien nombreux cette poque,leurs tribus taient clairsemes ; mais ils avaient entre eux certains

    liens de parent surprenants ; tous, depuis le cap de Bonne-

    Esprance jusqu'au versant mridional de l'Armnie, depuis l'Espagneet le Maroc, la Gaule, jusqu'au pied du plateau iranien, faisaient usaged'une mme arme, d'un mme outil : le coup de poing chellen.

    Lors des dernires convulsions de l'corce terrestre, il s'tait

    form dans l'Afrique centrale un grand nombre de cuvettes sans

    issue, entoures de hautes montagnes, et bientt, par suite de

    l'extrme abondance des pluies, ces bassins ferms taient devenus

  • 6 MONUMENTS ET MEMOIRES

    d'immenses lacs, dont le niveau montait toujours. Enfin, quand les

    eaux eurent atteint les cols des digues irrgulires qui les empri-

    sonnaient, rompant leurs barrires, elles se prcipitrent en aval

    entranant^ dans leur hLreur, les eaux des lacs situs en dessous

    des rservoirs les plus levs. Ce fut une effrayante dbclej auprsde laquelle celles de nos lacs glaciaires, mme les plus terribles,

    celles de lAlaska, par exemple, semblent tre presque bnignes.A bien des reprises, en raison de ces dbcles des lacs, de for-

    midables trombes d'eau ravagrent les plaines aujourd'hui dser-

    tiques de: l'Egypte. La terre vgtale, les herbages, les forts, les

    animaux^ les hommes eux-mmes, tout fut entran la mer parces courants imptueux: La crote terrestre elle-mme fut rode,

    arrache, creuse profondment; ses dbris, sems dans la plaine,et jusque sur les plus hautes collines, attestent la puissance de ces

    inondations. C'est alors que se creusrent les valles aujourd'huisches et leurs innombrables ravins, que s'ouvrit le Bahr-bla-M

    des Arabes, ou fleuve sans eau , vaste dpression longue de plusde mille kilomtres, parallle la direction gnrale du Nil.

    C'est dans cette valle que Mariette, sans l'avoir visite d'ail-

    leurs, plaait le lieu d'incubation de la culture pharaonique, le ber-

    ceau du peuple gyptien, Le Nil, pensait-il, avait d'abord coul

    dans cette longue dpression ; puis, changeant de lit, par suite de la

    rupture des barrages de Nubie, il avait adopt la valle dans

    laquelle nous le Aboyons de nos jours.C'tait ttne grave erreur, car le Bahr-bla-M n'est autre qu'un

    large et long chenal creus par la Ariolence de trombes qui, une

    fois coules, n'ont pas laiss aprs elles le moindre filet d'eau.

    Aucune rivire n'a jamais coul, d'une faon permanente, dans ce

    grand oued, dont le fond ne contient pas la moindre trace de terre

    Argtals, le plus petit Arestige d'une faune terrestre ou timbale.

    Dans les rgions gyptiennes, comme dans beaucoup d'autres

    pays d'ailleurs, le dsastre fut complet : l'homme disparut, ne

    laissant comme tmoignages de son existence qu'une multitude de

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 7

    grossiers instruments de silex (chello-moustiriens) sems au hasard

    dans les alluvions. Sur des milliers de kilomtres, droite comme

    gauche de la. Aralle du Nil, ce ne furent plus que solitudes, qui peu peu sont devenues arides, brles parles ardeurs, du soleil, cou-

    Alertes de galets et de graviers. Ce dsert s'tend des HA^CSdu Nil

    celles du Tchad. On n'y voit aucun oiseau, aucun insecte, pas un

    moucheron, pas un brin d'herbe et, dans cette morne immensit,

    circulent, au gr des Agents, de gigantesques Argues de sable dont

    la longueur dpasse parfois cent kilomtres et la hauteur trente ou

    quarante mtres.

    Au milieu de ce royaume de la scheresse et de la dsolation

    serpente un ruban Arert : c'est l'oeuvre fconde du Nil qui, conscient

    de sa puissance, toujours bienfaisant, coule Vers la mer, semant,

    dans son troit domaine,, toutes les richesses de l'Afrique tropicale,

    appelant les animaux A^ers ses rives, imitant l'homme venir profiter

    d'aussi grands biens.

    Certainement la Aralle du Nil n'a pas t sans jouer un rle

    analogue celui du Bahr-bla-M lors des grandes inondations

    quaternaires ; mais, alors que toutes les Aralles s'asschaient imm-

    diatement aprs le passage des divers flots, le Nil choisissait son

    domaine et, peu peu, remplissant de ses alluvions le fjord au fond

    duquel, au dbut, se trouvait son. embouchure, graduellement il

    en chassa les eaux sales.

    Puis, aprs les grandes inondations, commena la priode

    d'asschement, qui se continue encore de nos jours. Les pluies se

    faisant de plus en plus rares, dans cette partie de l'Afrique, sources

    et ruisseaux se tarirent; et ces vallons taient sec quand l'homme

    est revenu dans la A\alle du Nil ; car, dans aucun raA'in, on ne

    rencontre de traces d'habitation contemporaine de la colonisation

    nolithique et nolilhique de l'Egypte.Ds lors, le rle du Nil lut dfinitivement fix, comme voie de

    dpart la mer des eaux tombes dans la rgion tropicale et, depuisce temps, les grands lacs de l'Afrique quatoriale jouent le rle de

  • 8 ,, .' /MONUMENTS ET MEMOIRES

    rgulateurs de la distribution des crues annuelles du fleuve. Aucun

    :url^tfi&tiv''\diajis sa conduite, n'est aussi rgulier. Le Nil, dou

    xlfune pareille sagesse, dispensateur de la fertilit, bienfaisant avec

    une persistaMce quidfie les sicles, n'ayant jamais tromp l'attente

    ttes hnlrnes, ne pouvait tre qu'un dieu. ;

    LA.coLONiSAtiON: DE"LA VALLE:!DU: NIL.:'

    .; ' .

    Pendant combien' de sicles, de millnaires, la valle d Nil est-

    elle demeure sans habitants la Suite du cataclysme diluvien :

    nous l'ignorons, de mme que nous ne pouvons pas valuer la dure

    des phnomnes qui ont t la cause du dsastre. Tout ce qu'il

    est permis de-dire, c'est qu'en Egypte;, comme dans le reste du

    monde, les grands/ vnenints quaternaires partagent en deux

    parties bien distinctes l'histoire de l'humanit, tout comme l'indi-

    quent la Gense et les vieilles lgendes de la Chalde. La pre-

    mire de ces deux phases de rvolution humaine est du domaine

    de la fable, ou, pour nous, modernes, de la gologie; la seconde

    appartient l'histoire, dont elle est la prface.

    Cependant, lors de ce grand cataclysme, toute l'humanit

    n'avait-pas"-''disparu, il s'en faut de beaucoup : des familles, des

    tribus avaient, dans bien des lieux, chapp la mort, soit qu'elles

    eussent eu le temps de fuir, soit que leurs cantonnements fussent

    situs l'abri des eaux, comme, par exemple, dans le Centre et le

    Midi de la France, en Espagne, dans le Nord de l'Afrique. Mais la

    rgion gyptienne n'offrait pas de semblables ressources sa popu-

    lation; l, pas de hauteurs qui n'eussent t balayes par les inon-

    dations, puisque les points culminants eux-mmes sont recouverts

    de cailloux rouls, pas de cavernes o se rfugier. C'est pourquoi

    jamais on n'a trouv en Egypte la moindre trace d'industrie archo-

    lithique, quoi quen aient pu dire quelques prhistoriens, en vertu

    de dterminations errones. D'ailleurs l'existence dans la valle du

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 9

    Nil de quelques familles de surA^ants au dluge n'aurait qu'une

    importance trs secondaire, car ces autochtones, si jamais ils ont

    exist, n'ont certainement pas jou un rle prpondrant dans le

    repeuplement de la-valle du Nil et surtout dans l'volution

    intellectuelle du peuple gyptien, Jusqu'ici nous Sommes donc ame-

    ns penser que toute la rgion Comprenant l'Egypte, la Msopo-tamie et le dsert syro-arabique, a t compltement dpeuple,comme le Somal, l'Hindoustan, de vastes rgions de l'Occident euro-

    pen, et, probablement aussi l'Egis avant sa disparition sous la

    nier, Dans ces pays, pour qu'on puisse faire entrer en scne des

    survivants au dluge, il faudrait trouver''-non seulm-eiit. des traces

    d'industrie archolithique, mais une succession de civilisations' ana-

    logues celles que nous rencontrons dans. l'Occident de l'Europe,entre la culture des gens du Moustier et la venue des mtallurgistesdu cuiA^re ; car l'hiatus oriental comprend une trs longue priode.

    Pendant que les possibilits de A-ivre disparaissaient dans l'Asie

    antrieure mridionale, la majeure partie de l'Arabie et les dserts

    africains, la valle du Nil, grce au limon du fleuve, devenait

    l'une des rgions les plus plantureuses de la terre. Elle ne le cdait,

    sous ce rapport, en rien la Ghalde, ce Paradis terrestre de la

    tradition.

    Peu peu, les animaux de. la zone tropicale, en suiA^ant les

    bords du fleuve, taient Avenus se fixer dans les forts, dans les

    broussailles, dans les marais de la Aralle du Nil, et les grandsennemis des herbiA-ores et de l'homme, le lion, le lopard, l'hyne,le loup, avaient suivi le gibier ; l'hippopotame et le crocodile s'taient

    tablis dans les eaux ; l'autruche, l'antilope parcouraient les limites

    du dsert et, dans cet troit espace, grce la fertilit du sol, les

    btes sairvages se pressaient, innombrables. Tous les oiseaux d'eau

    se donnaient rendez-vous-dans les marais, le fleuve nourrissait des

    poissons en abondance, des salmonids gants, et, chaque anne,

    une multitude d'oiseaux voyageurs s'arrtait clans ce lieu de repos.C'est alors qvie, dans ce milieu si propice, sont arrivs des

  • 10 MONUMENTS ET MEMOIRES

    hommes, les premiers colons, les prcurseurs des Egyptiens pha-

    raoniques. Ils Amenaient on ne sait d'o, du pays de Pount,

    affirment beaucoup degyptologues, de cet Eden mystrieux et loin-

    tain o, bien des sicles plus tard, la reine Ata-Sou emroya ses

    A^aisseaux ; malheureusement nous ignorons tout de ce pays de

    Pount, jusqu' sa position gographique, et les archologues sont

    plutt d'avis que les proto-Egyptiens sont Avenus de l'Asie ant-

    rieure, de ce foyer septentrional, par rapport l'Egypte, dont

    l'importance domine pendant bien des sicles les pauvres civilisa-

    tions africaines.

    Avant d'assigner telle ou telle origine aux peuples qui, les pre-

    miers, aprs le cataclysme quaternaire, sont Avenus se fixer sur les

    riAres du Nil, il importe de saAroir distinguer les pays demeurs

    dserts pendant toute la dure de l'hiatus, de ceux dans lesquels

    l'humanit a pu se maintenir et prosprer. Or, nous sommes bien

    mal renseigns cet gard : les questions relaies au dpeuplement

    et au repeuplement des continents n'tant poses que depuis quelques

    mois, bien des recherches, indispensables pour qu'il soit permis

    de conclure, sont encore faire.

    Cependant nous savons que, dans le Nord de l'Afrique, en

    Tunisie entre autres, l'homme a survcu au dluge, et il est

    croyable que, dans le premier noyau des colons de l'Egypte, se

    trouvaient de ces gens, des Libyens : quant aux autres sources

    de repeuplement.,, elles sont tellement indcises, que mieux est de

    les laisser dans le A7ague.Nous sommes donc amens penser

    mais ce n'est l qu'une

    conjecture , qu'une premire colonisation s'est produite dans des

    temps extrmement reculs, que des hommes dont l'industrie tait

    probablement nolithique se sont cantonns et la, sur les deux

    rives du Nil, en des points favorables la Aie, et au Fayoum,

    auprs de ce lac si poissonneux qui, jadis, s'tendait, dans cette

    vaste dpression, sur une surface cinq ou six fois plus grande que

    de nos jours. Le delta, alors en formation, n'offrait encore que des

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 11

    lots boueux et des marcages, merveilleux terrain de chasse et de

    pche, mais presque inhabitable.

    L'existence, dans la- Aralle du Nil, d'un fonds trs ancien de

    population n'est pas dmontre par des faits matriels ; car, parmi

    les nombreuses stations de la pierre polie qu'on rencontre aussi bien

    dans la valle qu'au Fayoum, il n'en est pas une seule qui paraisse

    tre antrieure la phase prdynastique de l'industrie du cuivre*.

    Cependant, parmi les nombreux objets appartenant cette dernire

    priode, spcialement dans la cramique, il en est qui prsentent

    des caractres trs particuliers * assurment trangers aux gots qui

    se manifesteront, plus tard, chez les pharaoniques, got diffrents de

    ceux de l'Asie aux mmes poques; on est donc en droit de penser

    que des tribus, d'origines diA^erses, sont intervenues avant ou pen-

    dant la priode de l'industrie du cuiA^re et qu'elles ont apport leur

    contribution l'oeuvre d'ensemble. Dans la suite, leur influence s'est

    sinon compltement perdue, du moins noye dans un courant cul-

    tural plus puissant que le leur.

    Que s'tait-il pass en Asie pendant que l'Egypte se peuplait

    ainsi peu peu ? 11 suffira de rappeler que des peuples asianiques

    aAraient eirvahi toute la Msopotamie, et que Pn d'entre eux, auquelnous donnons le nom de Sumriens, aprs aA^oir colonis le delta

    des deux fleuves, alors en formation, tout comme celui du Nil, donna

    l'hospitalit des hommes venus du Sud dans leurs barques : les

    Akkadiens, gens d'un parler inconnu jusqu'alors en Chalde, actifs,

    entreprenants, qui bientt allaient faire des esclaA^es de leurs bien-

    Areillants htes.

    Couverte d'une vgtation intense, mais encore peu tendue en

    ces temps de conqute des limons sur la mer, la Chalde ne suffisait

    probablement pas alors nourrir sa population sumrienne, et l'im-

    migration smitique vint encore accrotre ses embarras. Quelques

    tribus, probablement mlanges d'Asianiques et d'Akkadiens, mi-

    grrent en remontant le cours de l'Euphrate, les unes s'tablirent

    dans les pays accidents du Haurn, d'autres dans les Aralles de la

  • 12 MONUMENTS ET MMOIRES

    Syrie, alors qu'une bande nombreuse se dirigeait A*ers la valle du

    Nil par le Sina.

    Tout ce qui peut tre dit sur cette migration et sur le chemin

    qu'ont suivi les colons ne peut tre encore qu'hypothtique ; niais

    les vnements qui se sont succd par la suite indiquent clairement

    le chemin de l'Euphrate et de la Syrie, et nous n'avons pas de rai-

    sons plausibles pjour en chercher un autre.

    La valle du Nil tait vritablement' alors un lieu de dlices : la

    douceur ..et la constance de Son climat, la fracheur que rpandait

    son grand fleuve, les dbordements rguliers de ses eaux, la prodi^

    gieuse fertilit de ses limons, toutes les forces bienfaitrices de la

    nature, concouraient rendre la vie plantureuse et facile dans ce

    long ruban de terres. Ni de l'Orient, ni de 1Occident, l'Egyptienn'avait craindre: les attaques : les sables d dsert lui tenaient lieu

    d'irifranchissables murailles. Le Delta et le Haut-Nil tait assurment

    surveiller, car, de ce ct, pouvaient se prsenter des hordes

    menaantes, comme le fait eut lieu plus tard lors de l'invasion des

    Hyksos; mais il tait ais d'assurer la scurit de l'Egypte en occu-

    pant le Sina, en veillant sur la Palestine ; et cette situation

    privilgie ne fut pas sans exercer une grande influence sur le

    caractre du peuple et les destines de la nation.

    L Egypte tait alors bien loin de prsenter l'aspect qu'elle offre

    de nos jours. Pendant ses crues priodiques annuelles, le fleuve

    s'tendait dans toute sa valle et ses flots venaient lcher les limites

    du dsert; puis les eaux se retiraient peu peu, laissant et l

    des marais plus ou moins tendus. Le Nil rentrait alors dans son

    lit, chenal irrgulier, variable, qu'il modifiait chaque instant, lan-

    ant des bras de droite et de gauche, un jottr formant des les, les

    dtruisant le lendemain, ici dposant des bancs de sable ou de galets,

    sems -de quartiers de roches tombs des falaises, l se dchargeantde troncs d'arbres arrachs aux forts, en formant des amas.

    Les crues priodiques devaient achever l'oeuvre commence par

    la Aolence des eaux, tout d'abord en galisant les pentes, puis en

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 13

    abandonnant des graviers et des sables, enfin en couvrant'de limons

    ces substructions grossires, boues fines descendues des rgions qua-*

    loriales, qui semblaient envoyes par les dieux pour faire la richesse

    de leurs adorateurs. Et, sur ce long ruban de terres fcondes, se

    dveloppait une vgtation d'une richesse inoue, dont, au dire des,

    botanistes, on ne rencontre plus aujourd'hui l'quivalence-que. SUE

    le Haut-Nil, trs en amont de Khartoum. Le dattier, le palmier

    doumj le figuier, l'acacia, le lentisque, et cent autres essences,

    croissaient entre les rives du fleuve et la bordure du dsert, par

    massifs plus ou moins touffus, plus ou moins tendus. Ce n'taient

    pas, proprement parler, des forts, mais bien des bouquets

    d'ombrages,des fouillis de buissons, refuges du gibier, alors que,

    dans les marais latraux, fleurissaient sur les eaux calmes et

    sombres le lotus bleu, le lotus blanc, au milieu des papyrus et des

    roseaux gants. Les cucurbitacs trs nombreux, trs Avaris, cou-

    vraient le sol humide, et la Aligne, aujourd'hui disparue de la valle

    depuis des milliers d'annes, enlaait les grands arbres de ses

    pampres. Les crales taient encore peu connues, et les gramines

    diverses se montraient en Egypte bien moins abondantes qu'en

    Asie.

    Parmi cette luxuriante nature Avivaient les animaux les plus

    Araris : ctaient le boeuf, la chvre, la gazelle, l'ne, l'antilope,

    dont-'l'homme tirait sa nourriture; le lion, le loup, le chacal, le lo-

    pard, le gupard, l'urseus, la Aripre cornes, aussi dangereux

    ennemis des chasseurs que des troupeaux sauvages. Une multitude

    d'oiseaux d'eau s'battait dans les marais : canards et sarcelles,

    poules d'eau, voguaient au milieu des nnufars, sous l'oeil des ibis

    rouges, des chassiers de toutes les couleurs, aligns sur les Tves

    du marais, semblables des soldats. Mais malheur la barque

    qui s'aventurait dans ce ddale de plantes aquatiques, soit la

    chasse, soit la pche; car l'hippopotame et le crocodile, cachs

    dans la verdure, la guettaient pour la reirverser, et les paisibles

    pcheurs devenaient les victimes des horribles sauriens dont ils'

  • 14 MONUMENTS ET MEMOIRES

    avaient fait ce dieu mauvais qui, plus tard, eut son temple Ombos.

    Ainsi, au milieu de tous les biens que peut offrir la nature, le pre-mier habitant de l'Egypte dut combattre sans cesse pour la conser-

    vation de sa vie ; mais il en tait alors ainsi sur toute la terre, et

    dans les pays froids la lutte tait plus pnible encore que dans la

    Chalde et l'Egypte.Pendant la priode des basses eaux, les tribus descendaient dans

    la valle, campaient dans les prairies, sur les bords des marais et

    du fleuve ; on semait, des graines de plantes utiles, de gramines,dans la boue, dans les terres plus fermes, travailles la houe de

    silex ; on ramassait du bois pour les foyers domestiques, on rcol-

    tait les fruits des plantes sauvages, les Argtaux textiles, on faisait

    scher au soleil le poisson, fendu en deux, et les troupeaux s'bat^

    taient dans les clairires, s'aventuraient dans les fourrs, au risqued'tre dcims par le roi du dsert.

    Quand le Nil venait s'enfler, la population gagnait les limites

    du dsert, abandonnait les terres noires pour les sables jaunes.C'est l, au bord de cette mer aux eaux troubles, que s'installaient

    ces gens, dans de modestes villages, composs de quelques huttes

    faites de roseaux et d'argile, entours d'une palissade ; l que,dans des enclos, se rfugiaient les troupeaux, protgs pendant la

    nuit contre les attaques des lions, des loups et des crocodiles; car,

    ds la tombe du jour, les sauriens quittaient leurs humides retraites

    et se rpandaient dans les lieux habits, en qute de quelque proie dvorer. De tous les ennemis des premiers habitants, le crocodile

    tait certainement le plus redoutable : long parfois de quinze ou Angt

    pieds, couvert d'une impntrable armure, ce dieu du mal tait en

    quelque sorte invulnrable.

    Les traces des principales agglomrations de ces premiers ges,

    pour la plupart, sont aujourd'hui enfouies sous les villes et les bour-

    gades qui les ont remplaces ; aussi ne peut-on gure compterretrouver un jour les restes des premires colonies tablies dans la

    zone des inondations. Il n'en est pas de mme pour les villages pri-

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 15

    mitifs btis sur les sables, la lisire du dsert: de petites buttes

    dterre noire se dtachent sur l'tincelante couleur jaune d'or du

    dsert : l sont les dbris de la vie, les restes des huttes et des

    clayonnages et, dans la terre nitreuse produite par la dcomposition

    des matires organiques, on rencontre en une abondance extrme

    les armes et les outils de silex, les tessons de Arases, les os des ani-

    maux dont la chair nourrissait les Andlageois, aA'ec de minuscules

    instruments mtalliques: petits ciseaux, burins, ttes de harpons et

    hameons de cuiArre pur.A ct du Andlage tait l'enceinte dans laquelle on rassemblait les

    troupeaux pour la nuit, bergeries primitives o les antilopes et les

    gazelles domestiques, ou tout au moins apprivoises, ont laiss des

    traces venant confirmer la rigoureuse exactitude des reprsentations

    sculptes sur les murs des mastabas de l'Ancien Empire.

    Puis, dans les sables encore, quelques centaines de pas des

    huttes, c'tait la ncropole, o l'on apportait du Alliage les morts,

    entours de soins pieux. On les confiait aux collines arides, des

    terrains que jamais n'atteignaient les eaux, replis sur eux-mmes,

    dans la position qu'ils occupaient, aArant leur naissance, dans le sein

    de leur mre.

    Si ces ncropoles, souvent immenses, ne rpondent pas l'exi-

    gut des bourgs dont nous retrouvons les ruines dans les sables,

    c'est que, peu peu, les prpharaoniques se sont installs dans la

    Aralle, sur des buttes artificielles ou naturelles, et que, par gard

    pour leurs morts, ces gens confiaient leurs restes des terrains secs,

    capables de conserver les corps.

    Ces Alliages et ces bourgades de la Aralle, outre que, trs sou-

    A^ent des agglomrations modernes les recouvrent, sont inaccessibles

    nos recherches et le seront toujours, car, partout, le sol de la valle

    s'est relev et se relA7e encore, chaque anne, par les apports des

    crues.

    Cependant la valle du Nil n'tait pas partout semblable elle-

    mme. Par places, resserre entre deux falaises, elle ne dpassait'

  • 16 .MONUMENTS ET MEMOIRES

    pas en largeur les rives du fleuve ; parfois aussi elle s'largissaitd'un seul ct, comme Ombos, ou des deuxj comme Thbes, en

    sorte que cette valle longue d'un millier de kilomtres, de Syne Memphis, prsentait l'aspect d'un long chapelet compos de dis-

    tricts habitables et de rgions dsertiques. Les terres fertiles

    variaient d'tendue d'aprs les caprices du Nil,"- suivant que, par leur

    position et leur nature s les collines se prtaient ou non la forma*-

    tion de la plaine sur la droite ou sur la gauche du fleuve : c'est

    ainsi qu' Gebel-Abou-Foda le Nil est, sur sa rive droite, bord parde hautes falaises, alors que, sur sa gauche, s'ouvre une vaste sur-

    face alluviale. Cette disposition des terrains favorables la vie

    obligea les colons s'tablir par groupes dans les districts priAri-

    lgis, et ces divisions territoriales deA7inrent plus tard des nomes ;

    chacune eut son dieu faA^ori, son rgime politique et religieux, et;

    ds les temps prhistoriques, orna ses barques de ses tendards.

    En Chalde, les mmes causes amenrent les mmes effets. Ce

    furent d'abord, chez les Sumriens, des divisions en clans, suivant

    les progrs des terres sur la mer, et, plus tard, quand se fonda

    l'empire, le rgime fodal s'imposa.En ce qui regarde la colonisation de la valle du Nil et celle de

    la Chalde, on pourrait, avec quelque raison, rclamer pour

    l'Egypte le droit de priorit sur l'Asie, si, pour un grand nombre

    de faits, l'origine asiatique ne s'imposait pas: on sait que les

    Egyptiens prdynastiques ont connu de bonne heure les crales,

    et que ces gramines sont de provenance msopotamienne ; qu'ils

    possdaient galement des animaux d'origine asiatique, tels le mou-

    ton et certaines varits de boA>ids ; que l'usage du cylindre-cachet,

    dont la destine a t longue en Chalde, phmre en Egypte, est

    n dans le delta du Tigre et de l'Euphrate, par suite de la matire

    en usage pour tracer l'criture adopte dans ce pays; que les plusanciens monuments pharaoniques sont construits sur la coude

    babylonienne. Bien des dtails encore de la culture prpharaoni-

    que nous reportent vers l'Asie; mais, de toutes ces raisons, la plus

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 17

    dcisive est la connaissance du cuivre, qui ne peut absolument pas

    tre d'origine gyptienne, la rgion du Nil ne renfermant aucun

    gisement de minerais cuivreux.

    Depuis que Lepsius a pris pour des monceaux de scories les

    amas de minerai de manganse de Serabt-el-Kadem, au Sina,

    tous les archologues et les gyptologues ont crit que les mines de

    cuivre de la presqu'le sinatique ont aliment l'Egypte pharaonique

    de mtal. Or il n'en est rien, et n'en peut mme rien tre; car, eii

    dehors des gisements de turquoise, il n'existe pas de minerais cui-

    vreux, an Sina, dans une proportion qui ait t industriellement

    exploitable, mme au temps de la main-d'oeuvre servile ; tout ce

    qui a t fait dans l'antiquit, a t de traiter les rares nodules

    cuiA^reux qu'on rencontrait en exploitant les grs dans le but d'y

    trouver des turquoises ; et la meilleure preuve qu'on en puisse

    fournir est que, dans ces derniers temps, une socit industrielle

    anglaise, aprs plusieurs annes de recherches et de ti^rvaux, a d

    renoncer toute exploitation des turquoises comme des minerais

    cuivreux, devant l'extrme pauvret de ces gisements tort si

    rputs.La connaissance du cuivre n'est pas Avenue en Egypte par la

    voie du Nil ; car les Africains sont, pour la plupart, passs de

    l'industrie de la pierre polie celle du fer, et les rcentes fouilles

    en Nubie montrent que les gens de Mro n'ont connu le cuivre

    que par leur commerce avec l'Egypte.

    D'autre part, mes propres recherches dans les ncropoles de la

    Transcaucasie et le Nord-Ouest de la Perse, mes tudes sur ces

    rgions, encore inconnues avant mes traA^aux, m'ont amen con-

    clure que le foyer de la mtallurgie du cim^re a t dans les mon-

    tagnes du Nord de l'Asie antrieure, ainsi que l'indiquent.les tradi-

    tions des Grecs et du peuple juif. C'est de l que la connaissance

    du cinvre s'est rpandue dans toute l'Asie antrieure et qu'elle est

    venue dans la A7alle du Nil. ____^On peut galement soutenir que la culture chalded^fe^tL ejte

  • 18 . MONUMENTS ET MEMOIRES

    de l'Egypte ont une origine commune, mais se sont dveloppes'

    sparment et sans contact entre elles. En ce cas, dans quel paysse serait produite cette incubation initiale, dont nous ne trouvons

    de traces dans aucune rgion, et jusqu' quel degr serait parvenuecette civitisation?Cette culture initiale tait dj fort avance, si

    nous en jugeons par le degr qu'avaient atteint les premiers colons

    de Suse et d'Eridou (Tell-Abou-Chaliren), par les notions com-

    munes la Chalde et l'Egypte.Assurment les deux civilisations ont une origine commune : la

    discussion repose donc non pas sur la communaut des dbuts,

    mais bien sur le mode de diffusion de cette culture primitive. Est-

    elle venue directement dans la valle du Nil, ou est-elle passe parla Glialde? La nature et la prcision des similitudes font penchervers cette dernire hypothse.

    Certains gyptologues font grand tat du pays de Pount, qu'ils

    placent en Arabie, alors qu'en ralit nous ignorons compltement

    quelle rgion les Egyptiens donnaient ce nom, et font Aenir du

    Pount la 'civilisation de la Aralle du Nil. Si l'on soutient cette thse,

    on doit aussi faire sortir de ce mystrieux pays la ciAdlisation

    chaldo-lamite et, par suite, la connaissance du cuiA^re, hypothsecontraire non seulement aux plus anciennes traditions, mais aux

    rsultats des dcouvertes dans la Transcaucasie et le Nord-Ouest de

    la Perse.

    Que Ton adopte l'une ou l'autre de ces hypothses, il n'en

    demeure pas moins certain que ni l'Elani, ni la Chalde,' ni la

    Syrie, ni l'Egypte ne sont des foyers primordiaux de la ciArilisation

    orientale, qu'il faut chercher ailleurs que dans ces rgions le pointde dpart des cultures asiatique et gyptienne, et que nous com-

    menons seulement entrevoir le point o le progrs initial se serait

    produit et dvelopp, d'o il a pu partir.Il est bien difficile de dire quelle importance aArait prise le repeu-

    plement de la A'alle du Nil, quand les colons que nous considrons

    comme issus de l'Asie sont Avenus apporter aux peuplades primi-

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 19

    tives de l'Egypte les principaux lments de la grande civilisation,

    de prciser, parmi tant de conceptions diverses, quelle est la partdes plus anciens colons, quelle est celle des gens Avenus de l'ext-

    rieur; car les-diffrentes stations prhistoriques montrent une

    industrie si homogne, que le nolithique pur, si jamais il a exist

    dans la valle du Nil, n'est pas sparable de rnplithique. Cer-

    taines varits de cramique et l'art de tailler le silex semblent

    appartenir des peuplades ayant prcd l'invasion des Asiatiques.Mais certainement ce n'est pas dans la valle du Nil que ces hommes

    ont fait leurs premiers pas non plus dans ce genre de progrs.Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'entre la Chalde et

    l'Egypte prdynastique il existe de nombreuses affinits, et qu'enChalde on ne trouve aucune trace d'influence gyptienne : il n'y a

    donc pas eu rciprocit dans les relations. Le got gyptien est

    tellement spcial, tellement caractristique ds les temps pr-

    dynastiques, qu'il serait impossible de s'y mprendre s'il en existait

    des tmoins dans quelque pays que ce soit en dehors de la valle

    du Nil.

    A quelle poque a pu se produire cette pousse des Asiatiquesvers la valle du Nil? Aucune donne ne permet de la dterminer en

    chronologie absolue ; mais on peut tenter de l'voluer en chrono-

    logie relative.

    En Chalde, ds un temps fort lointain, deux lments ethniqueset linguistiques se sont trouvs en prsence : l'un nouvellement

    arriv, celui des Smites, pntrant et asservissant le plus ancien,

    celui des Sumriens ; mais, sans aucun doute, cette fusion exigeabien des sicles, plusieurs millnaires peut-tre, et le mlange

    parat avoir t bien loin d'tre accompli quand les Asiatiques se

    sont prsents dans la. valle du Nil. L'lment dominant, chez les

    envahisseurs, semble avoir t celui des Asianites Sumriens: ce

    serait donc aprs l'poque de la premire ville de Suse, au moment

    de l'infiltration lente des Smites en Chalde, que ce mouvement

    se serait produit. Certaines des conceptions importes dans la valle

  • 20 MONUMENTS ET MEMOIRES

    du Nil montrent qu' cette poque l'Asie avait dj atteint un degr

    de civilisation fort lev pour ces temps.

    Il ne faudrait pas croire, cependant, que les Asianites ne sont

    venus en Egypte qu'une seule fois ; il est probable que pendant de

    longues annesi des sicles, ils ont essaim en Syrie et sur les

    bords du fleuve divin, chaque essaim apportant des ides nouvelles.

    III

    . RAPPORTS ENTRE LA. CHALDE ET L'EGYPTE PRDYNASTIQUE.

    LEURS ANTCDENTS COMMUNS.

    On sait, aujourd'hui, qu'il faut attribuer aux Asianiques (Sum-

    riens) les conceptions artistiques dont on retrouve les traces ds les

    temps les plus anciens de la Chalde et de l'Elam, et que ce genre

    d'aptitude n'entrait pas dans l'esprit des gens de langage smitique.

    La faon de penser des Akkadiens les portait plutt vers les ides

    abstraites religieuses, politiques ou administratives, que vers les

    arts ; de telle sorte que, dans la propagation de l'influence chal-

    denne chez les peuples voisins, il doit tre fait deux parts dont les

    limites, d'ailleurs, ne sont pas aises dfinir, car ds une trs

    haute antiquit les aptitudes de ces deux lments, complexes eux-

    mmes, se sont confondues pour former un tout complet. C'est

    cette fusion de deux peuples aussi dissemblables qu'est due la grande

    supriorit de la civilisation babylonienne, ce n'est pas douteux ;

    et si dans la culture gyptienne nous rencontrons, ds les origines,ce mme dualisme de conceptions, il semble que les principes en

    soient dus, comme en Chalde, plusieurs lments ethniques diff-

    rents,, mais agissant ensemble.

    Nous ne connaissons malheureusement que , fort peu de chose

    des penses philosophiques et religieuses des prpharaoniques,

    parce que nous ne savons pas interprter les nombreux indices quenous rvlent les dcouvertes archologiques; aussi sommes-nous

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 21

    obligs de nous en rapporter aux faits matriels pour nous guiderdans la recherche des origines.

    La valle du Nil n'a pas t le lieu d'incubation de sa civilisation

    historique ; car nous n'y rencontrons aucune trace de ces ttonne-

    ments qui, forcment, prcdent les dcouvertes. Tous les principesexistent chez les prpharaoniques : ceux de la mtallurgie, de la

    construction, de la cramique, et l'criture hiroglyphique parattoute forme. L'oeuvre des Egyptiens ne portera donc que sur le

    perfectionnement de connaissances initiales, et il en est de mme

    pour l'Elam et la Chalde, pour le monde gen. On ne peut pas

    s'empcher de considrer l'Asie antrieure, l'Egypte et l'Egdecomme constituant une rgion privilgie, un point lumineux au

    milieu des tnbres qui couvraient alors le monde entier, et de

    penser que, dans les divers districts de cette aire de progrs,

    l'impulsion initiale est partie d'un mme foyer.A partir de ce centre, qui nous est encore inconnu, mais dont nous

    commenons sentir quelle tait la position gographique, le

    rayonnement a-t-il t direct en ce qui regarde l'Egypte, ou secon-

    daire? Les principes sont-ils venus sans intermdiaires, ou l'Egyptene les a-t-elle tenus que de seconde main ?

    Quand on compare les oeuvres artistiques archaques de l'Elam

    et de la Chalde celles de l'Egypte primitive, on est frapp des

    similitudes sans nombre qu'on rencontre non seulement dans l'ex-

    cution de ces oeuvres, mais dans la conception de leur ensemble,

    dans la composition des motifs, des tableaux, des attitudes des per-

    sonnages. L'art, dans la valle du Nil, a certainement obi, dans ses

    dbuts, aux mmes directives que celui de la plaine de l'Euphrateet du Tigre ; on en demeure plus encore convaincu quand on met

    en parallle deux conceptions de l'esthtique certainement tran-

    gres l'une l'autre, comme le sont les gots de l'Occident asiatiqueet ceux de l'Extrme-Orient, comme ceux de la Grce et ceux du

    nouveau monde.

    Parmi les nombreux monuments antiques que nous possdons,4

  • 22 MONUMENTS ET MEMOIRES

    tant de l'Egypte que l Chalde et de l'lani, nous sommes mal-

    heureusement bien loin de disposer des oeuvres d'art primitives ;

    dans la plupart des cas, surtout en Chalde, nous n'avons, jusqu'ici,rencontr que des produits artistiques secondaires, que des rpli-

    quas de sujets plus anciens, c'est--dire de bien des sicles postrieursaux: premiers essais des artistes. Mais ce dfaut de paralllisme

    chronologique dansles termes de comparaison ne doit cependant

    pas nous arrter ; car, en Asie comme en Egypte, la persistancedu traditfonnalisme tait telle, que souvent, plusieurs millnaires

    de distance, on retrouve lesi mmes compositions, sans aucun chan-

    giement. Je donnerai comme exemple cette reprsentation du pha-raon frappant de sa masse d'armes un captif qu'on voit sur la

    plaquette d'ivoire du tombeau de Negadah, sur les stles du Sina,

    sur les pectoraux de Dahchour (XIIP dynastie), sUr les murs des

    temples sous la XVIII" dynastie Thbes, et plus tard encore.

    A ce point de vue l'Egypte est plus favorise que la Chalde,

    parce que les fouilles, dans la valle du Nil, ont t menes avec

    beaucoup plus d'activit qu'en Asie; aussi possdons>-nous beaucoup de

    motifs artistiques trs archaques de l'Egypte'., alors que les mmes

    sujets ne sont gnralement reprsents en Chalde et en Elam que

    par des monuments moins anciens.

    En Chalde, si nous en jugeons par les prcieuses oeuvres

    archaques que nous possdons, les scnes, d'une grande navet

    d'excution, dnotent cependant, de la part des artistes, un sens

    profond de la synthse et, bien que chez certains peuples, comme

    en Elam, la stylisation ait t, l'origine, pousse jusqu' ses

    extrmes limites, l'art chalden est bientt devenu naturiste, soupledans ses mouvements, raidi seulement par l'inhabilet du sculp-teur : la stle triomphale de Naram-Sin montre toutes les qualitsde composition synthtique et d'excution auxquelles pouvaientatteindre les artistes chaldens. En Egypte, au contraire, ds que

    parat le dessin, on sent dans les oeuvres une raideur voulue. C'est

    que, dans la valle du Nil, l'idal semble avoir t de rduire

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 23

    l'art l'tat de formule et d'accorder l'excution la prpond-rance sur la composition.

    Parmi les monuments chalclens les plus anciens, la Stle des

    Vautours est, sans contredit, l'un des tmoins les plus prcieux de

    l'art archaque qui soit parvenu jusqu' nous. On y voit, en mme

    temps que des figurations d'une grande navet, des textes encore

    trs voisins de'.-l'hiroglyphe, il est vrai, mais montrant une criture

    dont les principes sont fixs et une langue dj savante, apparte-nant la famille smitique. Ce prcieux monument, malgr sa haute

    antiquit, appartient donc une poque bien postrieure l'arrive

    des Smites en Chalde. La langue sumrienne, au moins dans les

    rdactions officielles, avait dj fait place l'akkadien.

    En Egypte, les monuments d'ordre artistique sont beaucoup

    plus primitifs et, certainement aussi, plus anciens que ceux dont

    nous disposons en Asie, et il en est de mme pour les constructions

    architecturales. Quant l'criture, on peut, jusqu'ici, considrer le

    texte que porte la plaque d'ivoire du tombeau de Negadah comme

    tant le plus ancien texte connu. Les signes hiroglyphiques sont

    dj nettement forms ; quant la langue, autant qu'on en peut

    juger par les quelques mots que porte ce prcieux document,

    assurment elle tait dj fixe.

    Ainsi, sous les premiers princes de la premire dynastie pharao-

    nique, alors que les Egyptiens, bien qu'ils connussent le mtal, le

    cuivre, faisaient encore largement usage d'instruments de silex ; le

    systme d'criture pharaonique tait dj pass dans les usages,tout au moins la cour des rois.

    Il rsulte de ces constatations que le contact entre les Asiatiqueset l'Egypte doit tre considr comme ayant de beaucoup prcd

    l'poque de la Stle des Vautours et celle du roi Mens. Ni en

    Egypte, ni en Chalde nous ne rencontrons de ces essais auxquelson a d se livrer forcment pour en arriver la fixation prcise de

    la pense. C'est donc ailleurs que dans ces deux rgions qu'il faut

    aller chercher les principes de l'criture.

  • 24 . MONUMENTS ET MMOIRES

    Les signes cuniformes, comme les hiroglyphes, comme les

    caractres proto-lamites, descendent, cela ne peut faire de doutes

    de la pictographie, peut-tre mme d'un seul systme, qui aurait

    t commun tous les Asiatiques : rtens, Cretois et autres, et*

    chez certains de ces peuples, plus ou moins tt ou plus ou moins

    tard, il se serait produit une volution vers l'hiroglyphe suivant les

    ncessits imposes par ls langages divers. La stylisation des pein-

    tures de la cramique archaque susienne n'est-elle pas, d'ailleurs,

    dij une tentative Yers une figuration conventionnelle de certaines

    penses? Ls lieux ou se manifestent les premiers essais d'criture,

    les temps auxquels ces tmoignages remontent sont trop proches les

    uns des autres pour qu'on puisse attribuer une origine pictogra-

    phique diffrente chaque type d'criture.

    J'ai parl de l plaque d'ivoire d tombeau de Negadah, sur

    laquelle est figur un roi frappant de sa massue la tte d'un captif;

    or, ce mme motif se retrouve Suse sur un bas-relief d'poquemoins ancieime, et les deux reprsentations semblent avoir t cal-

    ques l'une sur l'autre.

    Ailleurs, sur une plaque de schiste du Muse Britannique, on

    voit une scne dans laquelle les vainqueurs massacrent leurs pri-

    sonniers, tandis qu'un lion, des vautours et des corbeaux sont

    occups dpecer les cadavres, et ce tableau se retrouve, dans les

    moindres dtails, sur des sculptures asiatiques de diverses poquestrs anciennes, tant Tello qu' Suse.

    Assurment, en ces temps d'affreuse barbarie, ces massacres,

    qui terminaient toutes les guerres, offraient aux artistes des motifs

    trs dramatiques, de nature rehausser lesprestige du souverain,

    rpandre chez ses adversaires la terreur de ses armes ; mais aurait-

    on reprsent ces horreurs d'une manire absolument identiquedans les deux pays, en rduisant leur figuration la plus habile

    des synthses, si, dans l'une des deux rgions, le sujet n'avait past trait dans un monument typique qui, plus tard, servit de

    modle aussi bien en Chalde qu'en Egypte?

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 25

    La plus ancienne construction architecturale date de la valle du

    Nil, et, fort probablement aussi, de tout l'Orient, est, sans contredit, la

    tombe royale de Negadah, que MM. G. Jquier, G. Legrain et le pro-fesseur A. Wiedemann, qui assistaient aux fouilles en mars 1897, ont

    attribue au roi Mens, premier pharaon de la I dynastie, et que,

    plus tard, l'cole allemande, rejetant cette dtermination sans

    raisons plausibles, a donne la reine Neithtep, femme de Mens.

    Quoi qu'il en soit, sa trs haute antiquit n'est pas mise en doute.

    Ce monument, construit en briqus crues, prsente, en plan, la

    forme d'un rectangle. Il mesure cent coudes babyloniennes de lon-

    gueur > c'est--dire 53'"99, et.cinquante coudes de largeur, soit

    26m99- La surface jadis couverte, de 1458 mtres carrs, tait partageen vingt et une chambres, communiquant autrefois entre elles, mais

    dont les portes avaient t soigneusement mures lors de l'inhuma-

    tion et de la crmation qui l'avait suivie. Le corps avait t plac dans

    la chambre centrale.

    A premire vue, cette construction semblait tre compose de

    gros murs pleins, faits de maonnerie homogne; mais, au cours

    des fouilles, une partie de l'enceinte extrieure s'tant croule, un

    systme compliqu, trs original, de motifs architecturaux se mon-

    tra. Les quatre murailles extrieures apparurent comme tant com-

    poses de deux murs appliqus l'un contre l'autre, de telle sorte

    qu'avant la construction du revtement externe, on Aboyait, sur les

    quatre faces du monument, une succession rgulire de rentrants et

    de saillants trs compliqus, et d'un agrable effet au point de vue

    dcoratif.

    Quel pouvait tre le but de ce singulier dispositif ? Pourquoil'avait-on dissimul aprs l'avoir construit ? D'une part, les saillants

    ne peuvent tre considrs comme jouant le rle de contreforts,

    tant trop rapprochs les uns des autres et trop orns : d'autre part,

    l'application d'un revtement externe dispensait des saillants de sou-

    lien, et ces saillants n'avaient pas, ou n'avaient plus, un but orne-

    mental, puisqu'on devait les soustraire la vue.

  • 26 MONUMENTS ET MEMOIRES

    Ces deux interprtations devant tre cartes, nous sommes

    amens penser que ce type de construction tait impos par des

    traditions mystiques, et ce qui confirme dans cette opinion, c'est

    que ce dispositif a survcu pendant bien des sicles dans les monu-

    ments funraires gyptiens.Si nous suivons ce mode d'ornementation au cours des temps,

    nous le voyons non seulement paratre dans certaines spultures de

    l'Ancien Empire, Regagnah, Abydos, Saqqarah, mais aussi se

    perptuer dans la forme des sarcophages en pierre dure du Moyen

    Empire et des caisses canopes qui les accompagnent dans les

    tombeaux. Puis, aprs le Moyen Empire, ce dispositif disparat, ou

    du moins devient de plus en plus vague, pour cesser de se montrer

    quand survient le cercueil anthropode.

    L'tude attentive des sarcophages des pharaons Amenemhat et

    Ousertsen, princes de la XII0dynastie, est fort instructive cet

    gard, et plus particulirement celle de celui d'Ousertsen III, qui se

    trouve encore dans les appartements funraires de ce roi, Dahchour.

    Cette grande cuve de pierre dure montre, n'en pas douter, que le

    sculpteur a voulu figurer soit une habitation aux murailles ornes

    de saillants et de rentrants, soit l'enceinte d'une ville avec ses

    tours et ses portes; mais celte seconde hypothse doit tre aban-

    donne, parce que les redans, de plan compliqu, ne reprsentent

    pas des tours, mais bien de simples ornements architecturaux. Il est

    remarquer que ce dispositif ne se rencontre, aux temps histo-

    riques, ni dans l'architecture civile ou religieuse, ni dans les repr-sentations des murailles jouant un rle militaire. Les fortifications

    d'El-Kab, entre autres, sont dpourvues de tours et de redans.

    Toutes ces explications tant cartes, il ne reste plus que celle

    des exigences religieuses. Il s'ensuit qu' Negadah, le pharaon

    Mens (ou sa femme Neithtep) s'est fait brler, aprs sa mort,

    dans l'image de son palais, entour de ses richesses, de tous les

    biens, de toutes les provisions ncessaires pour la vie d'outre-tombe.

    . Lors de leur dblaiement, les diverses chambres du tombeau de

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 27

    Negadah renfermaient encore les restes calcins d'un mobilier fun-

    raire trs riche pour cette poque : c'taient de grands couteaux en

    silex, des couperets, de petits instruments de pierre qui paraissent

    avoir t en usage pour la toilette, le tout d'une habilet de travail

    consomme, des dbris de meubles ou de coffrets en ivoire et en

    bne, quelques rares fils de cuivre rouge, des figurines en ivoire,

    en cristal de roche, .reprsentant des lions, des chiens et des pois-

    sons, une grosse perle d'or en spirale, d'une remarquable excution,

    une multitude de fragments de vases d'argile, de granit, de sy-

    nite, de quartz hyalin, d'obsidienne, qui, assurment, avaient t

    briss l'avance, enfin de grosses jarres de terre grossire, fermes

    par un bouchon d'argile portant l'empreinte du cylindre-cachet

    royal, renfermant encore du bl calcin, des ppins de raisin, des

    rsidus de substances animales ou vgtales indterminables.

    Mais le dispositif architectural du tombeau de Negadah n'est

    pas spcial l'Egypte ; on rencontre aussi le mme mode d'orne-

    mentation extrieure en Chalde, Tello, Moughar (Ur), et l,

    non plus, sa dcoration architecturale en redans ne peut tre attri-

    bue des contreforts, les saillants tant beaucoup trop rapprochsles uns des autres. L'originalit de cette disposition, les consid-

    rations dans lesquelles je suis entr son sujet, et son existence en

    Egypte et en Chalde, obligent voir dans ce dispositif une

    conception commune la valle de l'Euphrate et celle du Nil, et

    la mesure usite pour la construction du monument de Negadahest fort convaincante quant l'origine asiatique des constructions

    de ce genre.Le monument de Negadah n'a pas livr de ces stles de calcaire,

    grossirement sculptes, ne portant que le nom du personnage,telles que celles dont les fouilles d'Abydos ont fourni tant d'exem-

    plaires ; il n'a pas donn, non plus, d'instruments mtalliques, bien

    que le cuivre ft alors connu. Mais l'habilet avec laquelle les

    roches les plus dures avaient t faonnes en vases, en figurines,la matrise des tailleurs de silex, donnent une haute ide de la civi-

  • 28 MONUMENTS ET MEMOIRES

    lisation laquelle taient parvenus alors les gens de la Haute-

    Egypte ds l'aurore des temps pharaoniques, et les substances

    minrales dont cette spulture princire nous dcle la connaissance

    impliquent, de la part des contemporains et des sujets de Mens,

    des relations commerciales fort tendues, car ni l'or, ni le cuivre,

    ni le quartz hyalin, ni l'obsidienne ne se rencontrent l'tat naturel

    dans la rgion du Nil.

    L'obsidienne, ou verre de volcan, ne peut se trouver en Egypte,

    contre forme de couches sdimentaires ; on l'apportait donc du

    dehors. Cette substance se trouve dans les les de la mer Ege,

    entre autres Milo, dans la Transcaucasie, le Nord de la Perse,

    sur les pentes des volcans teints, en Abyssinie, et peut-tre aussi

    en Arabie, dans les massifs ruptifs qui bordent la mer Rouge.

    C'est probablement par transmission de mains en mains, plutt que

    par contact direct, que cette matire est parvenue dans le Sad.

    La spulture de Negadah renfermait, on l'a vu, les inscriptions

    sommaires de la plaqu d'ivoire et les empreintes de cylindres sur

    les bouchons d'argile. Il faut ajouter cependant que sur quelques

    tessons de vases taient gravs parfois trois signes semblables, des

    oiseaux, et que de petites plaquettes d'ivoire, des tiquettes por-

    taient aussi quelques signes, ceux sur lesquels les Allemands se

    sont appuys pour attribuer la reine Nethtep le tombeau. C'est

    l tout ce que ce grand monument nous a donn comme textes. Il

    n'en a pas t de mme Abydos, dans les tombes des successeurs

    de Mens : l chaque prince avait sa stle ; mais, en dehors de ces

    inscriptions rudimentaires, on a rencontr fort peu de textes, mme

    du plus grand laconisme.

    C'est aux environs de l'poque de Mens, plutt avant qu'aprs,

    qu'il faut ranger l'usage de ces superbes instruments archaques qui

    font l'honneur des muses ; mais ce n'est pas ici la place de reprendre

    la description de ces merveilles; je ne parlerai donc que de quel-

    ques-uns de ces grands couteaux de silex, tonnants par l'habilet

    inoue dont ils tmoignent de la part des vritables artistes des

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 29

    mains desquels ils sont sortis. C'taient l, d'ailleurs, des lames

    de prix, car on en voit qui sont montes en or ou en ivoire;

    d'autres taient certainement ornes de manches de bois finement

    travaills ; mais ces matires prissables ne nous ont pas t con-

    serves.

    Chez lotis les peuples, qu'ils soient modernes ou prhistoriques,

    faisant usage de couteaux de silex, on avait coutume de garnir

    d'un manche ou d'un enveloppement la partie de la lame qui devait

    tre saisie par la main ; en Egypte les deux modes taient en

    usage : certains de ces couteaux sont entours de peau ou d'or ;

    d'autres sont engags dans une sorte de manche trs court, fait dos

    ou d'ivoire.

    L'un de ces couteaux, qu'en 1896 j'ai acquis pour le Muse du

    Caire, est garni, la base, d'une feuille d'or qui fait le tour de la

    lame et dont les deux extrmits sont embouties. Cette feuille mtal-

    lique est couverte d'une ornementation au repouss, reprsentant des

    animaux et des fleUrs.

    Un autre de ces instruments, dcouvert par M. Henri de Mor-

    gan, au cours de recherches qu'il excutait pour le compte du

    Muse de Brooklyn, montre une sorte de manche en ivoire, pice

    sculpte avec une rare perfection, figurant en relief des thories

    d'animaux se suivant en lignes horizontales ; on y voit toute la faune

    de l'Egypte l'poque des dynasties thinites : ce sont des lphants,des hippopotames, des boeufs, des nes, des chvres, le livre, la

    gazelle, l'antilope, la chvre de la montagne, le chien, le loup, le

    lion, le chacal, l'hyne, le sanglier, l'autruche, et bien d'autres ani-

    maux dont certains taient domestiqus ou apprivoiss, d'autres

    l'tat sauvage. C'est l un document bien prcieux pour notre compr-hension de ce qu'tait la vie matrielle des pr-pharaoniques et des

    gens contemporains des premires dynasties.En ce genre, et de la mme poque, le Muse du Louvre

    possde un objet dimporlance capitale en ce qui regarde l'influence

    de l'Asie sur le got prpharaonique : c'est un couteau de silex

  • 30 MONUMENTS ET MEMOIRES

    garni d'un manche d'ivoire soigneusement sculpti. Sur l'une des

    faces de ce manche, on voit, en haut, une scne de bataille et,

    au-dessous de ce tableau,.' des barques rappelant celles qui figurentsur les vases peints de la Haute-Egypte, sur un tesson de Suse et

    sur les cylindres archaques de l'Elam. Quant l'autre face, elle

    montre des animaux: un lion dvorant un boeuf, motif qui, de

    l'Asie, est pass dans le monde hellnique, des bouquetins ou des

    antilopes, des chiens portant le collier et, par consquent, domes-

    tiqusr enfin, au sommet, un personnage luttant contre deux lions

    dresss, sujet courant sur les trs anciens cylindres de la Chal-

    de classique dans la lgende de Gilgamech. Ce personnage porteune longue barbe, un bonnet bord d'un rouleau, semblable aux

    coiffures des hommes figurs en statues ou sur les bas-reliefs de la

    Chalde ; il est vtu d'une longue jupe ouverte sur le devant : type

    physique et costume sont franchement asiatiques. Or, cette curieuse

    pice provient de Gbel-el-Arak, en Haute^Egypte.Certainement les archologues qui ont explor les ncropoles

    archaques du Sad ont frquemment rencontr de ces grandes

    lames de silex emmanches d'ivoire, et les reprsentations qu'on

    voit sur ces curieuses pices prsentent toutes les mmes caractres ;

    mais il n'en est pas dont les scnes soient aussi concluantes quecelles dont il vient d'tre parl.

    Il est remarquer qu'aucun de ces petits bas-reliefs ne montre

    de textes hiroglyphiques, mme des plus rudimentaires. Ces objets

    appartiennent donc franchement la priode prpharaonique, tout

    comme la plupart des plaques de schiste sculptes qu'on voit dans

    les muses; toutes les plaques, cependant, ne sont pas anpigraphes :

    il en est qui portent des signes hiroglyphiques ; leur usage s'est

    donc conserv au cours de la priode thinite, alors que celui des

    grandes lames de silex emmanches avait disparu devant l'emploi

    des instruments mtalliques.

    i. V. Monumentset Mmoires(fondation EugnePiot), t. XXII, p. i et suiv.

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 31

    DES ORIGINES HISTORIQUES.

    Il ne m'appartient pas d'entrer dans des considrations pigra-

    phiques au sujet de rtablissement du rgime pharaonique et de

    la constitution de l'empire; ceci est du domaine des gyptologues.Je me contenterai donc d'exposer, dans leurs grandes lignes, les

    dductions auxquelles conduisent les dcouvertes archologiques.A Negadah, deux tombes royales seulement avaient t con-

    struites, et nous pouvons penser que toutes deux appartenaient ;

    l'poque de Mens : l'une d'entre elles, btie sur le sol, tait celle

    du premier pharaon des deux Egypte ; quant l'autre, situe non

    loin de la premire, elle avait t creuse dans les alluvions dur- *

    cies et, plus tard, avait t si compltement spolie, qu'il ne restait

    plus en 1897 qu'une fosse bante. Aucune conjecture n'est donc

    permise, quant au nom du prince ou de la princesse dont cette

    tombe a renferm les restes.

    Aprs le rgne de Mens et la consolidation du rgime pharao-

    nique, les souverains choisirent, comme lieu de leur spulture, les

    terrains sacrs d'Abydos, site clbre par les lgendes osiriennes

    qui s'y rattachaient ; c'est ainsi que sous les deux dynasties thinites

    x\bydos fut la ncropole des rois.

    Il est peu probable que ces princes aient habit ce district ; car,

    tant les matres de la Haute et de la Basse-Egypte, ils ne se sont

    certainement pas confins dans la Thbade; mais il est impossible,

    cependant, de mconnatre le grand rle qu'a jou la Haute-Egyptedans la prparation de cette culture si spciale des temps pharao-

    niques.Ds la Irc dynastie, nous voyons le roi Smerkha, ou Merskha,

    graver son nom sur les rochers de Wadi-Maghara, au Sina. Ce,

    prince porte la couronne de la Haute-Egypte et celle du Delta/:

  • 32 MONUMENTS ET MEMOIRES '

    preuve qu'il rgnait aussi bien sur la Basse que sur la Haute-

    Egypte, et qu'il veillait la scurit de sa frontire asiatique.

    D'Abydos la ncropole royale s'est transporte, plus tard, dans

    le dsert voisin de Memphis C'est alors que commence la grande

    civilisation de l'Ancien Empire, avec ses superbes.mastabas, ses

    belles statues polychromes, ses bas-reliefs peints*.

    Par quelle voie, dans les temps prdynastiques, les Asiatiques

    ont-ils pntr dans la valle du Nil ? Les gyptologues ne sont pas

    d'accord ; cet gard; cependant si l'on tient compte des possibilits

    gographiques et de-Tenchanement des vnements asiatiques, il est

    bien difficile d'accepter une autre voie que celle du Delta ; qui plus est,

    bien que les donnes que fournit l'pigraphie soient encore discutes,

    la stle de Palerme et le papyrus de Turin mentionnent des princes

    antrieurs Mens, qui auraient rgn sur le Delta.

    Nous ne possdons -, malheureusement; dans les documents pi-

    graphiques parvenus jusqu' nous, que des indications bien vagues

    quant aux vnements qui ont prcd le rgne de Mens, et Man-

    thon, cit par Eusebe n'apporte pas de clart dans notre documen-

    tation par les textes: il cite au moins trois groupes de rois, les uns

    de la Basse, les autres de la Haute-Egypte. Sur la pierre de

    Palerme figurent les noms de cinq rois portant la couronne rouge,

    e'est--dire de la Basse-Egypte, alors que le fragment du Caire

    indique quatre princes coiffs de la couronne blanche, c'est--dire

    de la Haute-Egypte. Ces deux textes tendraient prouver qu'il

    existait deux royaumes distincts et que Mens les aurait runis pour

    constituer son empire.

    Quant au papyrus de Turin, il donne le dtail des prcurseurs

    de Mens, les Shem-Sou-Hor ; mais certains signes de ce document

    sont d'une interprtation trs douteuse. Il faut donc attendre la

    dcouverte de nouveaux textes pour tre mme de se prononcer

    d'une faon sre quant aux prcurseurs des pharaons thinites.

    Plus tard, aux temps historiques, quand des Asiatiques sont

    venus dans la valle du Nil, c'est toujours par la Syrie ou le

  • LES PREMIERS TEMPS DE L'EGYPTE 33

    Haurn et la presqu'le du Sina qu'ils sont arrivs, par un chemin

    dont ils avaient probablement conserv le souvenir dans leurs tradi-

    tions.

    Si les prpharaoniques ont pntr en Egypte par le Delta,

    pourquoi sont-ils remonts jusqu' la Thbade ? Telle est la questtioii que posent bien des gyptologues. C'est, vraisemblablement,

    parce les princes voulaient assurer la soumission des tribus du Sud

    et la scurit de leur frontire sur le Haut-Nil; puis, l'oeuvre dont

    ils poursuivaient l'excution tant accomplie, ils sont redescendus

    dans les rgions fertiles et riches de la basse valle du Delta.

    En 1896, l'histoire de l'Egypte, base sur les textes, grce la

    dcouverte de Champollion, s'arrtait la IIIe dynastie. Pour beau-

    coup d'gyptologues, l'existence mme des dynasties dites thiriites

    tait lgendaire et se confondait presque avec celle des dynastiesdivines ; l'ensemble des origines se perdait an milieu des incerti-

    tudes de la fable. C'est au cours de cette anne 1896, et pendantl'anne suivante, que la lumire s'est faite, que la lgende, aprs

    cinq ou six mille ans, est rentre dans la ralit. La prhistoire de

    l'Egypte, entrevue dj par quelques esprits mthodiques, s'est

    rvle tout coup, et les premires dynasties sont sorties de

    l'oubli. Ainsi, quatre-vingts ans aprs que Champollion eut fait part l'Acadmie de son incomparable dcouverte, son oeuvre tait para-cheve. Aucun doute ne peut plus exister, quant la prhistoire et

    la protohistoire de la terre des pharaons.Mais l'gyptologie

    sensu lato dpasse aujourd'hui les bornes

    de la linguistique ; elle rentre clans le domaine gnral des origines de' l'humanit, problme d'une effrayante tendue, la solution duqueltoutes les branches de la science sont appeles concourir en inter-

    prtant les documents que seules les dcouvertes archologiquessont mme de fournir. C'est de l'ensemble des faits, de l'obser-

    vation des lois naturelles, qu'il faut attendre les prcisions querclame notre esprit. L'Egypte, au del de l'histoire, n'est plus

    qu'une province dans cet ensemble des pays auxquels nous devons

  • 34 MONUMENTS ET MEMOIRES

    les, premiers pas de la civilisation moderne, mais une province

    prodigieusement aneienne, si nous nous en rapportons aux vaguesdonnes chronologiques qui nous sont parvenues par Eusbe, et

    auxquelles les fragments pigraphiques que nous poss^ts ^e^semblent pas contredire. /c? , , , , 4

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