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SPECTACLES
JEUNES PUBLICSLE CARNET DU TARMAC
Tél. 01 43 64 80 80
www.letarmac.fr
159 av. Gambetta
75020 Paris
n° 2
LES SOLEILS PÂLES
MONSIEUR, BLANCHETTE ET LE LOUP
page 2
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ÉDiToPourquoi des spectacles pour les plus jeunes ?
Dans une lettre ouverte au Conseil Européen en 1999, Yehudi Menuhin écrit « … C’est l’art qui peut structurer les personnalités des jeunes citoyens dans le sens de l’ouverture de l’esprit, du respect de l’autre, du désir de paix. C’est bien la culture qui permet à chacun de se ressourcer dans le passé et de participer à la création du futur… »
La fécondité de la création dramatique et chorégraphique francophone offre, par la diversité des approches et des thé-matiques, un généreux espace de réflexion et autant d’invi-tations à découvrir et à comprendre les différents contextes géographiques, culturels, historiques des artistes et de leurs œuvres.
Nous ne répéterons jamais assez combien l’art participe à élaborer un possible « vivre ensemble » dans notre société et à nourrir le développement des enfants à la fois sur le plan intellectuel, émotionnel, créatif et social.
Développer son esprit d’analyse, activer son sens cri-tique, favoriser ses compétences psychologiques ne sont-ils pas des enjeux primordiaux de chaque citoyen en devenir qui à eux seuls arguent de l’impérative nécessité de l’accès au théâtre et à la danse pour les plus jeunes ?
Enfin, et peut-être même avant tout, n’oublions pas la fabuleuse Fabrique à émotions que sont les arts vivants. Venir au théâtre, c’est éprouver des émotions et du plaisir, le ravissement de l’illusion, à la fois la joie de l’identification et le bonheur de la distance, la satisfaction de participer à un public… Long inventaire inachevé de plaisirs auquel je me dois d’ajouter celui qu’éprouve l’équipe du TARMAC à lire toutes ces émotions sur le visage de ses plus jeunes specta-teurs et à le partager.
Valérie Baran
ÉCRIRE, jOUER, DANSER... POUR LE jEUNE PUBLIC
GOLD
À L’AFFICHE : KOHLHAAS
AUTOUR DES SPECTACLES
2
Un morceau mythique. Un pianiste génial et inspiré. Deux chorégraphes et cinq danseurs québécois qui se jouent du chef d’œuvre de Bach.
Un banc, quelques accessoires, une table et une chaise (trop petites), des balles et un réveil (facétieux), des jouets, des jeux d’ombre et de lumière, quelques effets spéciaux, trois petits riens, plusieurs tours… Une succession de courts tableaux. Une ruée vers l’or et des variations ludiques sur un thème classique.
On y jongle, on y danse, on s’y amuse. On écoute Bach et on aperçoit sur un écran Glenn Gould penché sur son clavier.
Il y a du rythme, de l’humour et ce sont des mots d’enfance qui s’imposent à propos de ce spectacle. C’est gai, espiègle, polisson, drôle, léger et frais.
La Canadienne Helen Blackburn et sa compagnie « Cas public » ont depuis longtemps conquis les scènes du monde entier, où ils ont su séduire les plus jeunes spectateurs. Ils offrent ici un spectacle de danse auquel les enfants seraient bien inspirés d’inviter leurs parents et grands-parents !
Bernard Magnier
Le Carnet du TARMAC // n°2 // GOLD
GOLD COMME GOLDBERG, GOLD COMME GOULD
GoLD3
du 10 au 14 décembre 2013mercredi à 9 h 45 et 15 h, le vendredi à 20 h, le samedi à 16 hscolaires le mardi à 10 h, le jeudi à 10 h et 14 h 30, le vendredi à 10 hdurée 50 minutes
chorégraphie Hélène Blackburn, Pierre Lecours avec la précieuse collaboration des danseursavec Alexandre Carlos, Cai Glover, Merryn Kritzinger, Daphnée Laurendeau, IsaBelle Paquette
musique Les Variations Goldberg de Johann Sebastian Bachéchantillonnages Martin Tétreaultlumière Andréanne Deschênesscénographie Martin Bryson, Samuel Thériaultvidéo Samuel Thériault
production Compagnie Cas Public (Québec) coproduction Maison des Arts de Laval (Québec), Agora de la danse (Montréal)
en partenariat avec Ère de Jeu dans le cadre du festival Escapades
en famille à partir de 6 ans
« ILLUSTRER LA MUSIQUE, LUI DONNER CORPS »
de danse puissante faite de rêveries et d’images folles pleines de rebondissements pouvant les faire passer du rire aux larmes sans avoir recours à une forme narrative.
Quels ont été vos partis-pris chorégra- phiques ?
Misant sur le développement d’une danse forte qui s’appuie sur une structure choré-graphique solide, Hélène Blackburn et moi avons imaginé Gold comme une succession de courts tableaux créant ainsi un dialogue serré avec une œuvre musicale inspirante. La scénographie s’articule autour d’un envi-ronnement visuel dépouillé composé de petits objets présents dans le quotidien des enfants : petites tables, petites chaises, un banc, quelques jouets mécaniques ou élec-troniques. Cette aire de jeu en apparence simple est le théâtre d’un véritable affron-tement entre le réel et ses illusions, un jeu de cache-cache entre les notions de nature et de culture.
L’humour… un ingrédient qui s’imposait à vous avec cette partition ?
C’est avec un esprit d’invention, de fan-taisie et de prise de risque que l’équipe de Cas Public a abordé ce spectacle. Durant la création, l’atmosphère en studio est toujours
Bernard Magnier : Au moment de la création de ce spectacle peut-on dire « Au commen-cement était la musique ». « Au commen-cement étaient Les Variations Golberg et l’interprétation de Gould » ?Pierre Lecours : Gold est le sixième volet de notre série jeunesse amorcée en 2000. Après avoir abordé plusieurs de nos créations jeunesse par le biais de contes célèbres, (Barbe-Bleue, Le Vilain Petit Canard, Le Lac des cygnes) ou des thématiques (les peurs de l’enfance, l’amour à l’adolescence), Hélène Blackburn et moi-même sentions le besoin de retourner à une forme de danse plus épurée. Les Variations Goldberg consti-tuent la quatrième et dernière partie des « Clavierübung » (Exercices pour clavier) publiée en 1741. Il faut préciser que ce titre n’est pas de Bach lui-même, qui nomme simplement l’œuvre Aria avec diverses varia-tions. L’appellation tire son origine du long texte que Forkel a consacré à cette pièce dans sa biographie de Bach, parue en 1802. Selon le biographe, Les Variations Goldberg auraient été commandées à Bach par le Comte Keyserlingk, pour lui être jouées pen-dant ses nuits d’insomnie par son claveci-niste Johann Gottlieb Goldberg, un élève de Bach. L’histoire est fort jolie, mais elle est toutefois mise en doute par les musicologues contemporains… C’est donc en s’inspirant de ce jeu autour d’un thème et de ses variations que nous avons puisé notre inspiration.
Pourquoi ce choix musical ?Les Variations Goldberg sont un des
chefs-d’œuvre de la musique baroque. Nous souhaitions convier les enfants à 50 minutes
agréable et nos danseurs aiment beaucoup rire... l’humour s’installe naturellement dans toutes nos créations.
Ce spectacle s’adresse aux enfants. S’adresser aux enfants par la danse, est-ce un plaisir particulier ? Une difficulté nou-velle ? Quelles en sont les contraintes ?
Au cours des années, la compagnie a exploré différentes avenues allant d’oeuvres abstraites à des contes classiques tels que Barbe-Bleue et Le Vilain petit canard. Quand on regarde l’ensemble du répertoire jeune public de la compagnie, on constate que peu importe le point de départ, l’histoire n’est jamais racontée au sens classique du terme. On a parfois l’impression d’être plus narra-tif quand on travaille dans l’abstraction et d’abstraire la narration quand on travaille à partir d’une histoire.
Hélène Blackburn et moi partageons cette idée qu’il n’existe pas de tension ni d’opposition entre narration et abstraction... ce sont simplement des points de départ qui permettent d’ancrer les œuvres et de
54 Le Carnet du TARMAC // n°2 // GOLD
50 MINUTES DE DANSE PUISSANTE FAITES DE RÊVERIES
ET D’IMAGES FOLLES
les contextualiser. Nous y voyons plutôt une forme de complémentarité. Peut-être parce que la danse joue plus facilement avec les différentes formes de narrations. On peut intégrer la voix et des textes sans chercher à tomber dans la narration convention-nelle. Notre danse mélange les lignes nar-ratives aussi facilement que les différents langages... Ainsi, dans cet esprit, les deux dernières chorégraphies de Cas Public ont des points de départ opposés : Variations S (œuvre pour les 12 ans et plus) s’inspire du Sacre du printemps avec un point de départ narratif et Gold s’inspire des Variations Goldberg avec un point de départ abstrait. Au final, cela donne deux oeuvres de danse fortes qui ne laissent aucune ambiguïté au public quant au type de spectacle qu’il est en train de regarder, il est devant une oeuvre de danse !
propos recueillis en octobre 2013
Le MoT D’ÉMILe
« J’aime la danse contemporaine quand elle me prend par la main et m’entraîne sur des chemins de traverse dont je ne comprends pas toujours les méandres. Car pour apprécier le travail d’Hélène Blackburn, il faut laisser sa raison au vestiaire et accepter le simple plaisir d’une émotion vraie. Si certains adultes ont quelques difficultés à se laisser entraîner par la musique et le jeu de corps en mouvement, les plus jeunes, eux, seront fascinés par le tourbillon ludique des danseurs. Gold est une pépite à partager en famille ! »
Émile Lansman
du 5 au 8 mars 2014mercredi à 9 h 45 et 15 h, le samedi à 16 h scolaires le jeudi à 10 h et 14 h 30, le vendredi à 10 h durée environ 1 h
texte et mise en scène José Pliyacollaboratrice artistique Danielle Vendé avec Vincent Brayer, Karine Pédurand, Lotfi Yahya
costume Maylis Duviviercréation lumière et vidéo Pierre Langloisscénographie Charlotte Bonnetcréation sonore Quentin Dumaychorégraphie en cours
le texte est édité chez L’avant-scène théâtre, collection des 4 vents
production la caravelle DPI, l’Artchipelcoproduction l’Artchipel (scène nationale de Guadeloupe), le Varia (centre dramatique national de Bruxelles)avec l’aide de l’ADAMI (en cours)
76 Le Carnet du TARMAC // n°2 // MONSIEUR, BLANCHETTE ET LE LOUP
Le bonheur est dans le pré ? Pas si sûr ! En tout cas pas dans le pays imaginaire de José Pliya !
La chèvre de Monsieur Seguin est devenue la vache de Monsieur, le maître de la propriété. Une très belle vache, venue remplacée les chèvres disparues et, à son tour, sédui-sante et convoitée par les voisins et qu’il faudra défendre de bien des élans. Une vache « pas comme les autres », éprise d’une liberté dont elle a fait le choix opiniâtre, et dont elle a accepté les enjeux, les pièges et les risques…
José Pliya offre une relecture très personnelle du conte d’Alphonse Daudet, mais, même emporté en Guadeloupe par un dramaturge né au Bénin, le loup reste un loup pour les chèvres et… les vaches éprises de liberté !
Bernard Magnier
UNE RELECTURE DU CONTE
MoNSiEUR, BLANCHETTE ET LE LoUP
en famille à partir de 7 ans
jOSÉ PLIYA : « UNE HISTOIRE ENFOUIE DANS MON ENFANCE QUI ME BOULEVERSAIT TANT »
Bernard Magnier : Comment est née l’idée d’adapter l’œuvre d’Alphonse Daudet ?José Pliya : L’idée de l’adaptation m’est venue dans un processus très personnel et très intime à la fois. Depuis 2005 que je dirige une scène nationale, je manque de temps pour écrire. En 2009, le désir impé-rieux du retour à la création s’est imposé à moi. Pour cela, il me fallait une motivation et un défi. Je n’avais jamais écrit pour le théâtre jeune public. La rencontre avec le spectacle Le Petit Chaperon rouge de Pommerat a été un déclencheur : il me fallait adapter un conte de mon enfance qui m’avait touché et qui pourrait résonner encore aujourd’hui. Deux contes ont émergé Le Petit Poucet et La chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet. J’ai donc écrit ces deux adaptations. Il s’agit pour moi d’un diptyque d’enfance : après avoir monté Mon Petit Poucet, je monte Monsieur, Blanchette et le Loup*.
Ce texte a « bercé » votre enfance ?
Je ne me souviens pas l’avoir lu. J’ai le souvenir de l’avoir entendu dans sa version enregistré en 33 tours, conté par la faconde méridionale de Fernandel. Je sais que c’est à l’écoute de ce conte que j’ai touché du doigt, pour la première fois, le tragique de la vie. J’étais petit mais cette sensation est très précise. Alors, non, on ne peut pas dire que le conte ait « bercé » mon enfance car, à ces âges-là on a plutôt tendance à réécouter en boucle les histoires qui se finissent bien. Ce n’est pas le cas avec « La chèvre... ». Il m’a fallu un travail d’introspection pour com-prendre en quoi cette histoire enfouie dans mon enfance me bouleversait tant.
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DES RÉSONNANCES PEULES, DES ÉCHOS DES ANTILLES ET L’EXIGENCE D’HUMANITÉ DE CAMUS
Le Carnet du TARMAC // n°2 // MONSIEUR, BLANCHETTE ET LE LOUP
Peut-on dire qu’il s’agit d’une relecture antillaise ? Insulaire ? Noire ?
Non, surtout pas. Je n’ai jamais travaillé comme cela. Toute mon écriture se veut post racialiste. A plus forte raison pour un conte qui se doit d’être universel. Non, il s’agit d’une relecture très personnelle. Il se trouve que je suis d’origine africaine et que je vis et travaille aux Antilles depuis plus de dix ans. Alors forcément ces éléments de mon identité et de mon parcours professionnel, transpirent dans mon écriture. Ainsi, dans ma vision du personnage de « Monsieur » il y a des résonances avec la culture des Peuls : la relation qu’il entretient avec ses chèvres, et surtout « Blanchette », est similaire à celle que ce peuple de nomades développe depuis des millénaires avec ses vaches. Dans ma vision du personnage de « Blanchette », il y a également des échos de la relation complexe que les Antilles françaises entretiennent avec la métropole. Mais ce sont des éléments parmi d’autres.
Le plus important dans cette relecture c’est un « message » camusien que je veux adresser à mes deux filles, et à travers elles, à toutes les jeunes adolescentes : la lucidité tragique n’interdit pas l’exigence d’humanité. En d’autres mots, je veux les exhorter à tou-jours être maître, maîtresse, de leurs choix et de leur destin.
et si vous deviez dresser un portrait de Monsieur, de votre Monsieur Seguin, que diriez-vous ?
Pour « construire » mon « Monsieur » je me suis souvenu du Fama de Kourouma, le héros de son roman, Les soleils des indépen-dances qui narre les mésaventures de Fama Doumbouya, dont le commerce a été ruiné par les indépendances africaines. Dernier héritier d’une chefferie traditionnelle que les indépendances ont placé de l’autre côté de la frontière, sans descendance mâle, le héros tentera, sans succès, de contrecarrer la funeste prédiction faite aux temps pré-coloniaux à ses ancêtres, qui annonçait la déchéance de sa dynastie lorsque viendrait un « soleil » qui semble être maintenant arrivé.
Monsieur est donc un noble, un aristo-crate, enfermé dans la lâcheté, la peur, le mensonge, l’irrésolution. Il est prisonnier de sa position sociale et dans une relation
* Mon Petit Poucet, suivi de Monsieur, Blanchette et le Loup, Editions L’Avant-Scène Théâtre, 2011 Autres publications de José Pliya• Negrerrances, L’Harmattan, 1997• Le complexe de Thénardier, L’Avant-Scène Théâtre, 2001• Parabole, L’Avant-Scène Théâtre, 2003• Les effracteurs, L’Avant-Scène Théâtre, 2004• Cannibales suivi de Pudeur, L’Avant-Scène Théâtre, 2004• Quêtes, L’Avant-Scène Théâtre, 2005• Une famille ordinaire suivi de Miserere, L’Avant-Scène Théâtre, 2008• Lettres à l’humanité, Lansman, 2008• La sœur de Zarathoustra, L’Avant-Scène Théâtre, 2008
Le MoT D’ÉMILe
« Le grand retour du conte se confirme. Les Poucet(s) et les sirènes se multiplient sur nos scènes pour nous parler du monde d’aujourd’hui à travers des fables et personnages d’hier. En réveillant le mythe de l’aventure et de la quête de liberté, quel qu’en soit le prix, José Pliya poursuit un projet qui n’a rien d’innocent : apprendre aux jeunes à lire une histoire à plusieurs niveaux en s’appropriant les codes et enjeux de la vie en société. Les adultes apprécieront aussi car ils reconnaîtront les travers de leurs proches... et peut-être même les leurs !»
Émile Lansman
complexe avec son bétail. Une complexité tragique qui convoque tout à la fois Arnolphe de L’école des femmes et Madame de Merteuil des Liaisons dangereuses. Il est pris entre le devoir dû à son rang et la passion obsession-nelle qui le lie à son bétail.
Vous êtes en Guadeloupe, à la direction de la scène nationale, l’Artchipel, après avoir travaillé à la Dominique et à la Martinique, pourriez-vous nous dire ce qui constitue pour vous la culture caribéenne ?
La culture caribéenne est une friche, un potentiel, un devenir. Ce continent neuf a pour moi, comme pour Edouard Glissant ou Derek Walcott, une chance énorme : celle d’inventer son avenir, ses racines, ses cultures rhizomes. Dans la culture comme dans tous les domaines.
propos recueillis en septembre 2013
LES SoLEiLS PÂLES1110 Le Carnet du TARMAC // n°2 // LES SOLEILS PÂLES
Tristan est un enfant malade. Elodie, une petite fille atteinte de la maladie du vieillissement précoce… Tous deux sont dans un hôpital menacé de destruction, soignés par Mademoiselle Florence, une infirmière obèse… Pour échap-per à la jungle du monde qui les entoure, Tristan choisit d’être tigre et de sortir ses griffes. Elodie, connaissant sa désespé-rance de vie, voudrait tant être chanteuse et en profiter au moins... un peu. Quant à Florence, elle est bien seule et plutôt mal dans ses kilos…
Trio de misère et pourtant trio d’une… vitalité excep-tionnelle, Elodie et Tristan découvrent les picotements sublimes de l’amour, fiévreux et forts à l’aune de leurs bles-sures ; Florence est généreuse. Leurs mots et leurs rires transcendent.
Bien sûr, le cadre et le propos sont graves, mais le texte n’est jamais sinistre, jamais emprunt de ce pathos bien pen-sant qui souvent environne la maladie, ses victimes et ses soignants. Pas de compassion mais une rudesse tendre.
Les personnages du jeune dramaturge québécois Marc-Antoine Cyr sont certes des mômes amochés, des êtres cabossés, mais pour faire la nique à la mort, ils ont l’urgence à être et la force d’aimer. Ils choisissent le parti pris d’en vivre, la provocation brandie comme un pied de rire. Ils chantent « Y’a d’la joie » et « ça fait rire les oiseaux ». Ils ont avec eux une force intranquille. Plus forte que la météo chagrine. Forte comme ce petit baiser, comme un amour d’enfance, comme un soleil « sur nos pansements, sur demain »…
Bernard Magnier
LA FORCE INTRANQUILLEdu 9 au 12 avril 2014mercredi à 9 h 45 et 15 h, le samedi à 16 h scolaires le jeudi à 10 h et 14 h 30, le vendredi à 10 hdurée environ 1 h
de Marc-Antoine Cyr, mise en scène Marc Beaudinavec Marie Cuvelier, Antoine Lesimple, Raphaële Trugnan
scénographie Cécilia Delestre d’après une idée originale de Nicolas Charleslumière Antonio de Carvalhoenvironnement sonore Gaëlle Hispardcostumes Véronique Dupont
Marc-Antoine Cyr a été lauréat du concours Le théâtre jeune public et la relève du CEAD et de la Maison Théâtre de Montréal pour le texte Les soleils pâlesle texte est publié dans la collection Le TARMAC chez Lansman
production Compagnie Épaulé-Jeté, coproduction Théâtre de la Commune avec le soutien de la Ville d’Aubervilliers, du TARMAC - La scène internationale francophoneavec l’aide de la SPEDIDAM, de l’ADAMIle texte a reçu l’Aide à la création du Centre National du Théâtreenregistrement de la matière chorale en collaboration avec le Conservatoire à rayonnement régional d’Aubervilliersspectacle créé en février 2014 à l’espace Renaudie
en famille à partir de 8 ans
« RASSURER, CHAHUTER UN PEU, EN TOUT CAS FAIRE RÉAGIR »
propre émotion. Je ne voulais pas d’un spec-tacle strictement attendrissant. De plus, nous ne pouvions pas parler de résilience, de force de vie et pratiquer l’auto-censure…
À qui destinez-vous cette pièce ?Marc-Antoine Cyr : À tous les publics. L’identification vient naturellement aux enfants du même âge que les personnages (environ 9 ans), mais le portrait de société qui se dresse en filigrane parle à tout le monde. Et si l’amourette urgente entre les deux enfants émeut les adultes, elle ques-tionne les enfants : elle ravit les petites filles et choque les petits garçons ! Et ce genre de réactions est magnifique à observer. Il y a dans le spectacle tout un condensé de vie en partage.
Marc Beaudin : À tout le monde. Nous avons tout de même travaillé particulièrement en pensant à nos jeunes concitoyens, entre 8 et 12 ans. Il est intéressant d’observer les diffé-rences de réactions que suscite la pièce. En effet, le rapport à la mort change en vieillis-sant, et les jeunes sont beaucoup plus sen-sibles aux rapports entre les personnages que nous, adultes, qui sommes davantage touchés par l’injustice de leur état. Peut-être parce que nous sommes ramenés plus rapidement à notre propre finitude ?
propos recueillis en octobre 2013
1312 Le Carnet du TARMAC // n°2 // LES SOLEILS PÂLES
Bernard Magnier : Comment est née l’idée des Soleils pâles* ? Quel en a été le point de départ ? Marc-Antoine Cyr : Le point de départ, c’est un reportage que j’ai vu qui racontait l’his-toire d’Ashley Hegi, une jeune fille atteinte de progeria rêvant de chanter dans une chorale. À cet instant, il y avait mes larmes (abondantes) et ses rires (stupéfiants). Bizarrement, j’étais dans les larmes et elle dans la joie pure. Et bien qu’ému à l’extrême par son histoire, j’étais surtout fasciné par sa puissance de vie. Un corps âgé mais une âme de gamine. Une enfance en condensé. Et je me suis dit : voilà un personnage de théâtre ! Et aussi : comment raconter une histoire qui ressemblerait à la sienne, mais dans le rire ? D’un point de vue strictement dramatur-gique, cette dichotomie m’a passionné.
Et au fil de l’écriture, j’ai atteint le cœur de mon sujet : parler de la vulnérabilité aux enfants. Trouver un point de contact où ensemble, nous pourrions nous avouer nos petites et grandes faiblesses, nous recon-naître à travers elles, dans un plaisant « moi aussi ». Car si les personnages des Soleils pâles ont des tares visibles, reconnaissables, ils s’en servent justement pour devenir plus forts. Dans le monde-jungle où nous vivons, où les enfants se doivent d’être aussi « per-formants » que les adultes, il m’a semblé que présenter ces personnages à leurs yeux allait les rassurer, les chahuter un peu, en tout cas les faire réagir.
Marc Beaudin : J’aime bien quand au théâtre on parle de sujets importants, graves, mais avec une certaine légèreté. Prôner que la vie est plus forte… même dans la mort peut-être. C’est moins la maladie qui m’a intéressé que l’urgence qu’elle provoque. Le
PRÔNER QUE LA VIE EST PLUS FORTE
* Marc-Antoine Cyr : Les soleils pâles, Le TARMAC chez Lansman, 2013Autres publications de Marc-Antoine Cyr• Les Flaques, Dramaturges Éditeurs, 2006• Le désert avance, Éditions Théâtrales, 2006• Je voudrais crever, Dramaturges Éditeurs, 2009• Quand tu seras un homme, Quartett Éd., 2010• Fratrie, Quartett Éd., 2012
besoin de vivre tout, là, maintenant. Cette urgence force Élodie, atteinte de progeria, à se lancer vers les autres, vers Tristan qui sera son amour. Elle n’a pas le choix, pas le temps. Et ainsi, elle s’affranchit du jugement de l’autre et force la rencontre malgré les dif-férences, les fragilités.
Avez-vous travaillé avec le monde médical ? Vous êtes-vous rendus tous les deux dans des hôpitaux pour enfants ?Marc-Antoine Cyr : J’ai résisté à cette envie par peur de verser dans le documentaire. Et aussi par peur de ma propension à la mélan-colie. Ces lieux sont trop pleins de réel et il me fallait trouver la poésie. J’imagine donc l’hôpital comme un lieu-image, comme le décor d’un conte : un peu effrayant, chao-tique, plein d’épreuves. Il est surtout à l’image d’une société toujours en train de rénover, de briller, de luire de mille feux, alors que derrière les murs, des histoires grondent. Le personnage de Mademoiselle Florence, l’infirmière, n’est à ce titre pas très réaliste. Elle est en quelque sorte une ogresse qui tient sur son énorme corps tous les rouages de son hôpital.
Marc Beaudin : Non, puisque je n’avais pas envie de parler strictement de la maladie, des enfants malades. Pas pour éluder la question, mais bien car chacun de nous porte en soi une part de fragilité, de faiblesse, de carence, de maladie. Et c’est de cela dont il est ques-tion. D’ailleurs la scénographie évoque à la fois un hôpital et un chantier de construction. Les lumières, une jungle. Le texte parle de la démolition de l’hôpital, mais il évoque aussi la reconstruction. L’imagination traduit mieux le réel que la vérité documentée.
Les trois personnages étaient-ils présents dès le début du processus d’écriture ?Marc-Antoine Cyr : Élodie s’est imposée comme une évidence. Je l’ai traitée comme
une petite Antigone des temps modernes (il y a d’ailleurs des paraphrases de la pièce d’Anouilh dans l’un de ses monologues). Pour Tristan, petit garçon frondeur au cœur fragile, j’ai tenté de fouiller dans ma propre intransigeance d’enfant. Je n’aimais pas que l’on me dise quoi faire. Je n’aimais pas que l’on me demande d’attendre d’être plus grand pour comprendre. Alors je lui ai donné ce même feu, cette même tare qui me poursuit encore aujourd’hui : avoir le cœur trop sensible, trop impatient. Mademoiselle Florence est devenue le parfait complément de cet improbable petit duo : une infirmière-ogresse très maladroite, mais très aimante à sa manière.
Vous êtes-vous interdit certaines choses ? Dans l’écriture ou dans la mise en scène ?Marc-Antoine Cyr : Je me suis interdit la pitié. Même si ça a été difficile. Le véritable sujet est ici la résilience, la vie, l’amour ! Des enjeux reconnaissables par tous les enfants ! Je me suis projeté dans tous les person-nages en tentant d’imaginer de quels feux je serais animé si j’étais comme eux impatient, impulsif, amoureux fou, mais enfermé. J’en ai fait des personnages forts dans leur vul-nérabilité, bien plus forts que moi.
Marc Beaudin : J’aurais envie de dire : non, rien. Bien sûr, il fallait éviter la sensiblerie, l’apitoiement et la complaisance que pouvait apporter un tel sujet, du moins un tel envi-ronnement. Mais le texte de Marc-Antoine contournait déjà ces écueils. Il fallait faire confiance au propos et aux spectateurs et éviter de laisser suinter seulement notre
J’EN AI FAIT DES PERSONNAGES FORTS DANS LEUR VULNÉRABILITÉ
Le MoT D’ÉMILe
« J’aime l’écriture de Marc-Antoine Cyr, toute en finesse et en sensibilité. Il met ici en scène deux jeunes que la vie n’a pas épargnés, mais qui trouvent dans leur rencontre le réconfort nécessaire pour croire encore en l’avenir et s’inventer de nouveaux projets. Quant à leur infir-mière obèse... elle fait partie de ces femmes qu’on aimerait rencontrer dans la vie car elles sont capables, dans les situations les plus difficiles, de déplacer des montagnes par leur seule énergie inépuisable. Une histoire touchante qui fait chaud au coeur des jeunes et des adultes. »
Émile Lansman
À L’AFFiCHE : KoHLHAAS
Maquillage et postiche, théâtre d’ombre, marionnettes et marottes, jongleur et cracheur de feu, petit vélo, clown et faux nez, joueur de tambour, la troupe possède la panoplie du théâtre de foire et fait jeu de tous ses ingrédients avec sub-tilité. Une famille d’artistes, de comédiens, musiciens et sal-timbanques et leur théâtre ambulant renouent ainsi avec la grande tradition des planches et des tréteaux.
Ce soir, ils jouent la tragique histoire d’un maquignon devenu rebelle et meurtrier par amour des siens et de ses chevaux, du droit et des libertés, une libre adaptation du Michael Kohlhaas d’Heinrich Von Kleist. Au bout du conte, le prince est défait. Sa victoire n’est qu’illusion, le grotesque et le burlesque se sont donné la main pour voir le juste triom-pher au-delà des apparences de l’arbitraire des puissants.
La compagnie belge Agora est un laboratoire d’interroga-tions et de trouvailles qui a plus d’un tour dans ses éprou-vettes et ne cesse de proposer au « théâtre jeune public » des alchimies nouvelles. C’est décalé, drôle et plein de bonnes surprises. Un joyeux moment festif de liberté théâtrale au service d’une cause juste et légitime, « un spectacle bur-lesque sur fond de pouvoir, de despotisme et de résistance ».
Bernard Magnier
UNE FAMILLE D’ARTISTES, UN THEÂTRE DE FOIRE,
DES RIRES ET DES LARMES
1514 Le Carnet du TARMAC // n°2 // À L’AFFICHE : KOHLHAAS
du 6 au 9 mai 2014mercredi à 20 h, jeudi à 14 h 30, vendredi à 20 hscolaires le mardi à 10 h et 14 h 30durée 1 h 20
adaptation libre d’après Michael Kohlhaas d’Heinrich von Kleistpoèmes de erich Mühsam
mise en scène Claus overkampdirection artistique Kurt Pothenavec Roger Hilgers, eno Krojanker, Annika Serong, Matthias Weiland, Marie-Joëlle Wolf
adaptation française Gil, Émile Lansmanscénographie et accessoires Céline Leuchterconstructions Gerd Vogel, Atelier Heldcréation lumière Michel Delvignemusique Gerd olycostumes emilie Cottam, Viola Streicher
coproduction Agora Theater, théâtre de la Communauté germanophone de Belgique (Saint-Vith - Belgique), Théâtre Marabu (Bonn - Allemagne)avec le soutien de Via 2018 Maastricht – Kandidaat Culturele Hoofdstad van Europa 2018, du KULTURsekretariat NRW, la ville de Bonn et le Land NRWdiffusion Comme il vous plaira
en famille à partir de 13 ans
selon laquelle la justice et la loi équiva-lent pour tous les êtres humains et, d’autre part, comme une expérience, celle que notre monde est loin de la réalisation de cette uto-pie. En quelque sorte, Michael Kohlhaas est cette contradiction rebellante à l’intérieur de nous.
Comment avez-vous procédé pour adapter ce roman ?
La méthode de travail du théâtre auto-biographique d’AGORA a mis un focus sur certains moments de la nouvelle, qui sont en relation avec des expériences de nos propres vies. Ceci a mis en avant une série de situa-tions de l’histoire de Kleist, auxquelles se sont ajoutées une série de situations essen-tielles pour comprendre le déroulement de l’histoire. Ainsi nous avons obtenu une pre-mière version dramatique, qui a été conden-sée au fur et à mesure des répétitions. Les poèmes d’Erich Mühsam nous ont aidés à renforcer le monde intérieur des sentiments et des pensées de Kohlhaas.
Vous avez choisi de présenter non pas Le marchand de chevaux, Michael Kohlhaas mais À l‘affiche : Kohlhaas, qu’implique cette dis-tance introduite dans le titre ?
D’une part, le titre correspond à l’idée du théâtre ambulant, qui annonce son pro-gramme du jour. D’autre part, le titre sous-entend que « demain », ça sera peut-être une autre histoire à faire frémir — le répertoire du monde en est plein — et provoque ainsi la question : est-ce que le monde est capable de changer ?
« EN LISANT LA NOUVELLE DE KLEIST NOUS ÉTIONS FRAPPÉS PAR L’ACTUALITÉ DU PROPOS »
1716 Le Carnet du TARMAC // n°2 // À L’AFFICHE : KOHLHAAS
Bernard Magnier : Tout d’abord un mot sur le choix de ce roman d’Heinrich von Kleist…Claus overkamp : Au départ d’une nouvelle production, nous nous posons la question : « Qu’est-ce qui nous préoccupe ? Qu’est-ce qui se passe dans le monde actuellement ? Par rapport à quoi voulons-nous prendre position ? ». Cette lutte de Kohlhaas pour la justice a retenu notre attention. En lisant la nouvelle de Kleist, nous étions frappés par l’actualité du propos et les questions qu’il soulève. Comment réagir face aux injustices d’aujourd’hui ? Quel moyens sont autorisés ? Quels moyens ont une chance d’avoir un impact ?
Si vous deviez présenter Michael Kohlhaas… Un justicier ? Un anonyme marchand de che-vaux devenu héros ? Un héros malgré lui ?
Ce n’est pas le Michael Kohlhaas histo-rique qui nous a intéressé, mais le Michael Kohlhaas en nous-même que nous assi-milons au sens de la justice profondément ancré dans chaque être humain. Dans notre mise en scène, le personnage de Kohlhaas prend forme dans l’esprit des spectateurs de deux façons. D’une part comme une utopie, LE TITRE POUR SUGGÉRER L’IDÉE
DU THÉÂTRE AMBULANT
Pourriez-vous expliquer les grandes lignes de votre démarche artistique ?
Les pièces qui constituent le répertoire du Théâtre Agora, nous les élaborons selon la méthode du théâtre autobiographique développée par Marcel Cremer*. Cette méthode place la biographie au commence-ment de chaque genèse d’une pièce. Il s’agit d’histoires qui touchent à la question cen-trale animant la pièce en gestation. Celles-ci constituent les fondements de son élabo-ration. Nous prenons notre temps. Nous travaillons sciemment dans la lenteur et la concentration, afin de permettre un débat intense et chargé de plaisir autour d’un sujet. Nous vérifions à chaque fois si le spectacle et notre théâtre sont en relation avec le monde que nous connaissons.
L’univers du théâtre de foire s’est-il imposé comme une évidence pour ce spectacle ?
Non, c’était une conséquence d’une part des improvisations scéniques proches de cet univers lors des répétitions. D’autre part, cet univers était pour nous la réponse à la question : quelle perspective de narration permettait le mieux de raconter cette folie de violence, qui provoque d’autres violences, en même temps de façon méchante et pleine d’humour ?
Marcel Cremer* disait « je ne fais pas un théâtre pour enfants, adolescents, adultes mais bien avec les enfants, avec les ado-lescents, avec les adultes », pourriez–vous préciser cette démarche artistique ?
Dans notre démarche artistique, nous parlons du spectateur et non du public.
Nous considérons le spectateur en tant qu’individu. Le spectateur étant notre par-tenaire privilégié. Il prend part à l’action qui se déroule sur la scène. Nos mises en scène posent des questions plutôt qu’elles ne fournissent des réponses. Pendant et
après la représentation, le dialogue avec le spectateur nous apprend à chaque occasion de nouveaux aspects de notre travail. Nous ne cessons pas d’évoluer et de faire évoluer notre travail, de le mettre en question et de l’examiner de près. Avec notre action, nous voulons inciter le spectateur à prendre une attitude tout aussi marquée et à agir sur le monde.
propos recueillis en octobre 2013
*Marcel Cremer (1955-2009), auteur et metteur en scène, fondateur et animateur du Théâtre Agora
Le MoT D’ÉMILe
« Je suis la compagnie Agora Theater depuis son apparition dans la mouvance jeunes publics. Orpheline de son fondateur Marcel Cremer, elle a su rebondir intelligemment et offre ici un spectacle complètement déjanté où des comédiens ambulants se coupent en cinq pour séduire un public populaire en lui jouant une histoire édifiante. Musique, jeu burlesque, moments d’émotion, magie... tout est au service d’une grande fête du théâtre où les rires fuseront de partout sans pour autant faire oublier que dans l’histoire de Michaël Kohlhaas, ce sont une fois de plus les plus faibles qui trinquent. »
Émile Lansman
1918 Le Carnet du TARMAC // n°2 // SPECTACLES jEUNES PUBLICS
Une des caractéristiques du travail de Cas Public et qui est à la base de son succès est que le point de départ de ses créations repose sur un grand respect du jeune public qui est sensible, intelligent et souvent se montre plus ouvert que le public adulte face à la danse contemporaine. Lorsqu’on travaille pour les enfants et les adolescents, l’excellence et le besoin de repousser les limites sont des constantes de cette approche chorégraphique.
Dans le travail en jeune public, Hélène Blackburn et moi recherchons à mélanger plusieurs niveaux de lecture afin que quel que soit l’âge ciblé, nous puissions nous adresser à tous les publics présents de l’assistance, de l’enfant à l’adulte allant même dans le cas de Gold jusqu’à insérer une ligne pour les mélomanes avertis.
Pierre LeCoURS, chorégraphe avec Hélène Blackburn de Gold
Pour reprendre le mot d’Antoine Vitez, « Écrire pour le jeune public ? C’est comme pour les adultes, mais en mieux ». Une difficulté, oui, mais très stimulante car j’ai pensé l’écriture de ces adaptations avec à l’esprit que je faisais également la mise en scène. Ce fut une remise en cause de ma manière habituelle d’écrire (dans laquelle je ne tiens jamais compte de la mise en scène). La difficulté est double, le plaisir aussi et la gratification immense car c’est un public sans concession.
José PLIYA, auteur et metteur en scène de Monsieur, Blanchette et le loup
Écrire pour le jeune public me rend plus libre. Cela me permet de revenir à la source, de partager des doutes et des espoirs qui sont pour moi très près de l’enfance, du jeu, de l’étonnement devant ce monde illisible. Avec les enfants, on n’est pas dans le filtre, dans la politesse, dans l’évitement. On est dans le présent pur, dans le théâtre pur. Et bien que je mène une large part de mon travail en direction des adultes, j’aime revenir vers cette écriture-là. Trouver des sujets incongrus. Me sentir un peu comme un grand frère. Et leur répéter, toujours, que leurs questions existentielles sont les mêmes que les miennes. La seule contrainte est d’être excessivement sincère, alors qu’avec les adultes, on se fait entre nous nos petites menteries esthétiques et rassurantes. Mais avec les enfants, il n’y a pas de tromperie possible. Ensemble, solidairement, on peut tenter de réfléchir sur le monde, sans attendre d’être assez grands, à notre mesure. C’est tout, mais c’est beaucoup.
Marc-Antoine CYR, auteur de Les soleils pâles
ÉCRIRE, jOUER, CHORÉGRAPHIER, DANSER, METTRE EN SCÈNE
POUR LE jEUNE PUBLIC
Pour moi, le théâtre jeune public ne génère pas de différence de mise en scène par rapport au théâtre pour adultes. L’urgence de dire, de montrer, de questionner notre rapport au monde est la même. Le théâtre ne peut se faire que dans la rencontre et je souhaite ainsi participer à ce rendez-vous avec l’autre. Avec eux, les plus jeunes qui sont bien sûr des adultes en devenir, mais aussi, surtout, des êtres humains à part entière qui ont les mêmes peurs que moi, les mêmes questionnements que moi. Ils les posent peut-être différemment, mais nous les partageons quand même,
sans que l’âge nous oppose. Prendre le plateau pour eux, c’est parler avec la langue du cœur pour revenir à l’essence même du théâtre et offrir une
représentation artistique forte, pleine, libérée des références culturelles et des codes que demande une représentation théâtrale dite pour adultes.
Marc BeAUDIN, metteur en scène de Les soleils pâles
Les règles du jeu doivent être connues. Ce sont les mêmes pour le théâtre pour enfants, pour adolescents et pour adultes. Il n’y a pas une esthétique propre au théâtre pour adolescents. Sur scène, je joue des êtres heureux ou malchanceux. Dans leurs rapports les uns avec les autres. Ils ont leur propre langage. Leur propres histoires. Ces êtres ont des points communs avec moi. Ils sont nés de ma biographie. Ils ne sont pas nés d’une intention pédagogique d’instruire le jeune ou de le convertir. Le jeune n’est pas plus ni moins en danger qu’un enfant ou qu’un adulte. Il est aujourd’hui comme moi, quand j’avais autrefois le même âge que lui aujourd’hui. Simplement autrement, parce que le monde est autrement. Mais il se trouve toujours sur le seuil entre l’enfance et la vie d’adulte.
(extrait d’un courrier adressé à Emile Lansman)
« Aller au théâtre avec des enfants, c’est comme aller avec eux au restaurant. (…) Mais attention ! Dans certains restaurants, il y a des menus pour enfants. Le plus souvent, on y retrouvera des pâtes sauce tomate, des frites avec du ketchup ou de la mayonnaise, des filets de poissons panés. Si c’est aller au restaurant pour y manger ce qu’on mange tous les jours, mieux vaut ne pas y aller. Si quelqu’un va au théâtre dans l’espoir d’y retrouver du connu ou du ruminé, il lui manque la condition pré-requise la plus importante : la faim du nouveau, de l’inconnu, de l’étrange. Certains auteurs et acteurs préfèrent vendre aux enfants des filets panés. Personnellement je préfère leur présenter du poisson et leur expliquer comment on enlève les arêtes. Le poisson frais est bien plus sain [...], il nous parle beaucoup mieux de la vie [...].
(extrait d’une communication à des enseignants, inédit)
Marcel CReMeR (1955-2009), fondateur et animateur du Théâtre Agora (À l’affiche : Kohlhaas)
MoNSiEUR, BLANCHETTE ET LE LoUP
2120 Le Carnet du TARMAC // n°2 // SPECTACLES jEUNES PUBLICS
AUTOUR DES SPECTACLES
SAMEDI 14 DÉCEMBRE à 17 H : danse et jeunes publics
Dans le cadre dans la programmation de GOLD (Compagnie Cas Public) au TARMAC, la chorégraphe et directrice de cette compagnie, Hélène Blackburn, rencontrera le public et les professionnels intéressés le samedi 14 décembre à 17 h, juste après la dernière représentation programmée.
À cette occasion, et en partenariat avec le festival Escapades, d’autres acteurs de terrains ont accepté de présenter leur démarche et de débattre de quelques questions évidentes : Quels sont les critères qui déterminent les chorégraphes à décréter que telle production s’adresse prioritairement aux enfants ? Pourquoi ce choix ? Quelles options, quelles limites, quelles concessions éventuelles
implique-t-il ?
Seront présentes lors de cette rencontre animée par Émile Lansman (Émile&CIE), outre Hélène Backburn, Pascale Paulat (directrice d’Ère de jeu), Laurence Salvadori (fondatrice de la Compagnie
Ouragane) et Orianne Vilmer (présidente de l’association Danse en Seine).
VENDREDI 9 MAI à 17 H 30 : S’INSPIRER D’UN ROMAN POUR FAIRE THÉÂTRE(autour des spectacles À l’affiche : Kohlhaas et Kouta)
À l’affiche : Kohlhaas trouve sa source dans un roman culte allemand d’Heinrich von Kleist ; Kouta est une adaptation pour la scène de la trilogie romanesque de Massa Makan Diabaté. Deux situations qui
sont loin de constituer des cas isolés. Le théâtre contemporain plonge régulièrement ses racines dans des œuvres qui n’ont pas été écrites à cet effet, privilégiant ce type d’adaptation plutôt que la mise en
scène d’écritures dramatiques contemporaines.Avec ses invités, Émile Lansman interroge cette pratique tout en permettant la découverte d’autres
pièces qui ont trouvé leur inspiration dans un roman.
GoLD
LES SoLEiLS PÂLES
du 10 au 14 décembre 2013mercredi à 20 h, jeudi à 14 h 30, vendredi à 20 hscolaires le mardi à 10 h et 14 h 30durée 1 h 20
du 5 au 8 mars 2014mercredi à 9 h 45 et 15 h, le samedi à 16 h scolaires le jeudi à 10 h et 14 h 30, le vendredi à 10 h durée environ 1 h
du 9 au 12 avril 2014mercredi à 9 h 45 et 15 h, le samedi à 16 h scolaires le jeudi à 10 h et 14 h 30, le vendredi à 10 hdurée environ 1 h
du 6 au 9 mai 2014mercredi à 20 h, jeudi à 14 h 30, vendredi à 20 hscolaires le mardi à 10 h et 14 h 30durée 1 h 20
À L’AFFiCHE : KoHLHAAS
en famille à partir de 6 ans
en famille à partir de 7 ans
en famille à partir de 7 ans
159 avenue Gambetta 75020 - M° St Fargeau - renseignements / réservations 01 43 64 80 80 - www.letarmac.fr342 479 821 R.C.S. Paris - Licence d’entrepreneur de spectacles 1052228 - 1052085 - 1052086 – 1053875
Contact presse Pierre Laporte Communication / Pierre Laporte / [email protected] / 01 45 23 14 14
Directrice de la publication Valérie Baran / rédaction Bernard Magnier / conception Atelier Pascal Colrat, assisté de emile omnes / Photos Gold Damian Siqueiros, À l’affiche : Kohlhaas Willi Filz /
impression Atelier 30 (Champigny sur Marne)
Le TARMAC s’engage auprès de l’association H/F afin de veiller à l’égalité hommes / femmes dans l’art et la culture
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