454 Archlves Internationales de Physlologle, 1937, Vol. XLV, Faea 4.

1617. I 1 5 . 3 ; 612.1241 Requ le 2 novembre 1937.

ACTION DE DIVERSES SUBSTANCES MODIFIANT LA COAGULATION SANGUINE

SUR LA TENSION SUPERFICIELLE DU PLASMA, SA TENEUR E N FIBRINOGRNE E T LA PROPORTION DE

PROTRINES A L’ETAT DE GLOBULINES (1)

PAR

Edgard ZUNZ (I.ahoratoire de Pharmacodvnamie et de Thdrapeutique de P Universitd de Brwxelles)

En 1923, COSMOVICI (1) a montri que la difference entre les tensions superficielles du plasma et du serum provenant du mCme sang est essentiellement due a la prkence, dans le premier de ces milieux, de fibrhogene, substance a forte tension superficielle. Plus rkcemrnent, COSMOVOCI et JITARIU (2) ont constate que la tension superficielle du plasma lymphatique est toujours plus basse, chez le Chien, que celle du pjasma sanguin, ce qu’ils attribuent A la teneur plus consi- derable en fibrinogene de ce dernier.

HANZLIK et ses collaborateurs (3) ont determink la tension super- ficielle ainsi que les proportions relatives d’albumine et de globdines dans le serum e t le plasma au cours de divers chocs anaphyiactoldes. Apres injection intraveineuse d’une suspmsion d’agar a 1 O / o o , ils ont observe une 1Cgh-e elevation de la tension superficielle (1.19 dyne par centirnktre) en mCme temps qu’une augmentation de la proportion des proteines a l’etat de globulines et une reduction de la quantite d’albumine. Dans diverses circonstances, 6 fois sur 8 l’abaissement de la tension superficielle du plasma ou du serum a. au contraire coincide avec une diminution de la proportion de protkines sous forme de globulines e t un accroissement de celle sous forme d’albu- mine.

En collaboration avec BONNYNS e t GILLO (4), j’ai constate que l’injection intramusculaire d’extrait parathyroidien provoque, dans la majorite des cas, la fois une elevation de la tension superficielle

( l ) Extrait du Livrs jubikzire offert au prof. J. DEMOOR, Bruxelles, 1937. (Thone, editeur, Liege).

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du plasma et un accroissement des quant i th de globulines e t de fibrinogkne, ce qui est d’accord avec l’opinion de COSMOVICI (1) et d’HANZLIK (3). Toutefois rien n’autorise a envisager une relation de cause a effet, pour ce qui concerne l’extrait parathyroidien, entre ces trois ordres de phenomenes, peut-&tre eux-mCmes dus a differents principes d’origine parathyroldienne.

I1 ne parait pas non plus exister de rapport bien net entre ces changements de la constitution proteique et de la tension super- ficielle du plasma d’une part, et les modifications de la coagulation sanguine d’autre part, puisqu’on rencontre les premiers aussi bien a une pCriode (6 heures apres l’injection intramusculaire) ou le pro- cessus coagulant est accelere qu’a celle (24 a 48 heures apres cette injection) oh il est retarde.

Ceci ne doit pas nous etonner. En effet, la coagulation peut &tre accelkrh, retardee ou empCchCe sans changement de la tension supeficielle d u plasma. L’injection intraveineuse d’un milligramme de thyroxine (par kg. de poids corporel) ( I ) peut accilirer, chez le Lapin, la coagulation du plasma oxalate recalcifie. Or, en pareil cas, la tension superficielle du plasma ne subit aucune modification (5). I1 en est de mCme pour les plasmas provenant du sang oxalate recueilli 10 30 minutes apres l’injection intraveineuse, chez le Lapin, de 150 a 200 mgr. de I’uree des acides aminobenzoylaminophta- leinesulfoniques (Fourneau 309 ou moranyl, Bayer 205 ou germa- nine) (6) qui ne se coagulent d’ordinaire pas, mCme au bout de 24 heures, mais prbentent parfois a p r b plusieurs heures soit des flocons, soit un leger caillot en voile. On observe encore la m&me chose 10 ii 30 minutes a p r b l’injection intraveineuse, chez le Lapin, de 10 milligrammes de polyanktholsulfonate sodique ou liquoi’de qui ralentit la coagulation (7).

L’acciliration de la coagulation sanguine n’est pas necessairement accompagnee de modifications de la teneur du plasma en fibrinogkne, en globulines e t en albumine pas plus que de changements de la tension superficielle de ce milieu. Tel est le MS sous I’influence des doses de thyroxine accilerant la coagulation. En cette occurrence, il y a concordance entre le maintien de 1’Cquilibre proteique et celui

(1) Les quantitks des diverses substances injectkes par voie intramusculaire ou intraveineuse sont indiquies, dam la prisente communication, par kilogr. de poids corporel.

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de la tension supefficielle malgre la variation de la coagulabilite sanguine.

La quantite de fibrinogkne peut diminuer sans faire varier la tension superficielle du plasma. 11 en est ainsi 10 ti 30 minutes aprks l’injection intraveineuse, chez le Lapin, de 150 ii 200 mgr. de l’urie des acides aminobenzoylaminophtaleinesulfoniques bien que la quantitk de fibrinogkne diminue de fawn modirke (10%) a p r b l’in- jection intraveineuse de 150 mgr. e t de manikre considerable (30 a 60%) aprks celle de 200 mgr. Dans ces circonstances, la coagulation du plasma oxalate recalcifie est soit trks retardee, soit mCme empCchCe (6).

trente minutes aprks l’injection intraveineuse de 10 milli- grammes de polyanetholsulfonate sodique ou liquoide, chez le Lapin, la tension superficielle reste normale, bien que la quantite de fibrino- gkne diminue de plus de 20% dix minutes a p r b cette injection pour revenir a la normale vingt minutes plus tard.

Dans beaucoup de circonstances, un abaissement considerable de la tension superficielle du plasma e t une forte diminution de la teneur de ce milieu en fibrinogkne se rencontrent en mCme temps que l’incoagulabilite sanguine. Dix minutes aprks l’injection intraveineuse de 30 a 40 mgr. de polyanCtho1su:fonate sodique, la tension super- ficielle du plasma prisente un abaissement de p!us de 4 dynes et demie. Elle diminue quelque peu (environ 1 dyne et demie) 10 minutes a p r b l’injection de 20 mgr. e t 30 minutes aprks celle de 30 a 40 mgr. On note une trks forte reduction de la quantite de fibrinogkne (plus de 60%) dix minutes aprks l’injection de 20 mgr. de liquoide e t ce phenomkne persiste pendant plus de deux heures. I1 ne s’accentue pas si l’on accroit la dose de cette substance anticoagulante introduite dans la circulation. A la suite de l’injection intraveineuse de poly- anktholsulfonate sodique, l’abaissement de la tension superficielle ne se rencontre que quand le plasma provenant du sang carotidien reste fluide, mais cette modification du milieu plasmatique peut faire defaut alors que le plasma ne se coagule pas spontanement et on ne la voit jamais lorsqu’il existe un retard, mCme prononce, de la coagu- lation (7).

Dix a trente minutes aprks l’injection intraveineuse de 120 mgr. de sulfarsphenamine, chez le Lapin, on obtient du plasma qui ne se coagule pas spontanement. La tension superficielle du plasma subit

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un abaissement de 1 a 3 dynes. La quantiti de fibrinogene diminue de 15 h 20% de la valeur initiale (8).

’ Le plasma provenant du sang prClevC a la carotide, chez le Lapin, 10 minutes aprts l’injection de 150 mgr. d’auroallylthiourhbenzoate sodique ou lopion reste fluide au moins 24 heures. Le plasma prClevC une demi-heure aprks cette injection se coagule au bout de plusieurs heures. Ces plasmas prbentent un abaissement considirable de la tension superficielle et une diminution nette de la quantitC de fibri- nogtne .

InjectCe dans la veine saphkne, chez le Lapin, a la dose de 300 mgr., l’aurothiopropanolsulfonate sodique ou allochrysine retarde la coagulation sanguine de 60 80 minutes pour le plasma provenant du sang carotidien prClevC 10 minutes aprks cette injection et de 20 a 60 minutes pour le plasma prClevC une demi-heure a p r b l’intro- duction de ce compose sulfoaurique dans la circulation. Le premier plasma prbente un lCger abaissement de sa tension superficielle et une 1Cgkre diminution de sa teneur en fibrinogkne. Le deuxikme plasma montre au contraire une 1Cgkre ClCvation de la tension super- ficielle au-dessus de sa valeur normale et une ligkre augmentation de la teneur en fibrinogkne.

Signalons que les doses anticoagulantes dJur& des acides amino- benzoylaminophtalCinesulfoniques, de polyanCtholsulfonate sodique, de sulfarsphknamine, d ’auroallylthiourhbenzoate sodique ou lopion augmentent la proportion des globulines par rapport a celle de l’albu- mine.

Si la diminution de la quantitk de fibrinogkne accompagne, dans la majorit6 des cas, I’incoagulhilitC sanguine et l’abaissement de la tension superficielle du plasma ce dernier phinomkne peut nhnmoins apparaitre alors que la teneur en fibrinogkne est normale ou mCme 1Cgkrement augment& malgrC la persistance de la fluidit6 du sang. Tel est parfois le cas lors du choc anaphylactique ou peptonique chez le Chien (9, 10).

Lors du choc provoquC, chez le Chien, par l’injection intraveineuse de 3 mgr. d’histamine, la tension superficielle s’abaisse beaucoup (5 dynes) sans variations concomitantes de la coagulation sanguine et de la-teneur d u plasma en fibrinogkne (1 1).

Rbumons en un tableau les constatations dont il vient d’Ctre question.

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Produit inject6

1 Extrait parathyrofdien . . . . . . . . . . . .

Thyroxine

UrCe des acides aminobenzoylaminophta- Iiinesulfoniques (Germanine, Moranyl)

Polyanktholsulfonate faibles doses sodique (Liquoi'de) i fortes doses

Sulfarsphinamine

Auroallylthiourkobenzoate sodique (lopion)

A urothiopropanolsulfonate sodique ( Allochrysine)

SCrum de cheval ( rh jec t ion)

Peptone de Witte

Histamine

Joie d'injectior

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intraveineuse

intraveineuse

intraveineuse

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7

Tension superficielle du plasma

accrue

accrue

puis normale

pas modifike

pas modifike

pas modifike abaisske

abaisske

@is Qaisske

bir. abaiss6e #is l6gir. accrue

abaisske

abaisske

abaissie

Teneur du plasma en fibrinogine

accrue

normale

accrue

pas modifike

diminu6e

diminuke tris diminuke

diminuke

diminuke

lkgir. diminuke puis leg. augm.

’ordinaire dimi- lute, parfois pas

modifike ou exagkrte

I’ordinaire dimi- iuke, parfois pas

modifike ou exagkrke

pas modifi6e

Teneur du plasma en globulines

augment&

-

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pas rnodifike

lkgirement augmentke

Ikgir. diminuke diminuke

tgir. augmentke

Cgir. augmentke

diminuke

Teneur du plasma en albumine

diminu6e

pas modifike

lkgirement diminuk

lkgir. diminuke diminuke

lkgir. diminuke

lkgir. diminuke

diminuke

% de protkines a M a t de globulines

augment i

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pas modifik

lkgb. augment6

augmentk :rPs leg. augmentk

ICgir. augment6

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lkgQ. diminuk puis leg. augm.

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De ce qui prCck.de il rbulte nettement que si l’accroissement de la quantitC de fibrinogkne tend ii Clever la tension superficielle du plasma et si inversement celle-ci s’abaisse le plus souvent lorsque, la quantitC de fibrinogkne diminue, ces variations de la teneur du plasma en fibrinogkne ne constituent certes pas le seul agent dont il y ait lieu de tenir compte pour expliquer les modifications de la tension super- ficielle du plasma. Tel est aussi le cas pour les changements d a m la teneur du plasma en globulines. D’autres facteurs interviennent h coup siir et peuvent entraver ou favoriser les effets des changements de la teneur en fibrinogkne et en globulines sur la tension superficielle du plasma. En outre, il ne parait pas exister de relation bien nette entre les modifications de la coagulation sanguine et celles de la tension superficielle du plasma.

B I B LI OG RAP H I E

1. N. L. COSMOVICI. - Recherches binphysique5 sur la coagulation du sang.

2. N. L. COS~OVICI et P. JITARIU. - Etude comparative de la Tension super- ficielle de la lymphe et du sang de Chien. C. R . SOC. Biol., 1934, CXVII,

3. P. J. HANZLIK, F. DE EDS, L. W. EMPEY et W. H. FARR. - Hemoclastic changes in witro from agents causing anaphylactoid reaction. lourn. of Pharmuol. a. Ex$. Ther., 1926, X X X I I , 273-294.

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520-521.

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369-41 5.

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