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Actualités 6 Géochronique n°130, 2014 En réponse à l’invitation de l’Association Patrimoine Géologique de Normandie (APGN), les 23 e ren- contres Géole ont rassemblé, du 25 au 27 avril 2014, 24 participants dans l’île de Tatihou (gestion par le Conservatoire du littoral), sur la côte nord-est du Cotentin. Nous y avons bénéficié du climat caractéristique de la région : une succession totalement aléatoire de grand soleil chaud, ciel chargé de nuages, averses violentes et soudaines, grisaille généralisée, le tout accompagné par un vent tenace, parfois violent, toujours très tonique. Cela nous a permis d’admirer les beaux paysages de cette région escarpée sous une large gamme d’éclairages/ lumières changeants. Nous étions logés dans l’ancien laza- ret militaire bâti en 1720, à proximi- té du site de la bataille de la Hougue qui mit fin au projet de Louis XIV de débarquer en Angleterre. La première journée était consa- crée à la découverte du territoire cor- respondant au projet de géoparc du nord-Cotentin, proposé et défendu par l’APGN. Après quelques ondées mati- nales, nous avons profité de la marée basse pour observer le site côtier du Cul Rond (fig. 1) : granite rouge icar- tien (daté à 2.1 Ga) recoupant les structures des migmatites (encore plus anciennes…). À peine plus à l’est, dans la baie d’Écalgrain, la coupe commence dans un granitoïde cado- mien très déformé au passage d’une faille qui le met en contact avec les sédiments du Paléozoïque (Cambrien puis Ordovicien fossilifère). Les for- mations précambriennes sont traver- sées par des filons d’âge varisque (dolérites puis lamprophyres). Ainsi, les 3 orogenèses (icartienne, cado- mienne et varisque) sont bien repré- sentées dans le nord du Cotentin. Les formations quaternaires obser- vables dans la falaise témoignent de la succession d’épisodes froids avec les heads liés à la solifluxion sous cli- mat périglaciaire. Sous ces heads, une paléoplage de galets dont le niveau est supérieur à celui de la plage actuelle, témoigne d’un épiso- de de climat tempéré, peut-être plus chaud que le nôtre. GÉOLE DANS L’ÎLE DE TATIHOU (SAINT-VAAST-LA-HOUGUE) Fig. 1. – Enclave de migmatites dans l’orthogneiss icartien (2.1 Ga) Anse du Cul Rond. Energy Future Holding, un fournis- seur d’électricité texan, s’est déclaré en faillite le 29 avril dernier ; il a demandé à bénéficier de la protection de la loi américaine sur les faillites à un tribunal de l’État du Delaware. Cette déroute résulte de l’achat spécu- latif en 2007, par effet de levier, de TXU Corporation pour 45 milliards de dollars. Elle intervient à la suite d’un pari risqué… et perdu, sur les profits à tirer de la ruée sur les gaz de schistes. La surproduction de gaz naturel aux USA et l’effondrement corrélatif des prix de l’électricité ont entraîné des pertes qui se sont traduites par une incapacité à rembourser une dette qui, aujourd’hui, s’élève à 41 mil- liards de dollars. Cette faillite dans le secteur de l’énergie est la deuxième en impor- tance après celle d’Enron (décembre 2001). Elle vient malheureusement illustrer une analyse de Jean-Louis Fellous et Catherine Gautier dans leur ouvrage « Les gaz de schistes : nouvel eldorado ou impasse ? » (voir Géochronique n°129, p. 46-47). Elle conforte aussi le point de vue de Nafeez Mosaddeq Ahmed, polito- logue anglais, exprimé dans un article du Monde diplomatique de mars 2013 « Gaz de schiste, la grande escroquerie » selon lequel cette “révo- lution énergétique” ne serait qu’une bulle spéculative sur le point d’éclater. Source : Le Monde, Économie et entreprise, p. 4, 2 mai 2014. Ph. LAGNY GAZ DE SCHISTES : SPÉCULATIONS ET FAILLITE GIGANTESQUE AUX USA

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  • Actualités

    6 Géochronique n°130, 2014

    En réponse à l’invitation del’Association Patrimoine Géologiquede Normandie (APGN), les 23e ren-contres Géole ont rassemblé, du 25au 27 avril 2014, 24 participantsdans l’île de Tatihou (gestion par leConservatoire du littoral), sur la côtenord-est du Cotentin. Nous y avonsbénéficié du climat caractéristique dela région : une succession totalementaléatoire de grand soleil chaud, cielchargé de nuages, averses violenteset soudaines, grisaille généralisée, le

    tout accompagné par un vent tenace,parfois violent, toujours très tonique.Cela nous a permis d’admirer lesbeaux paysages de cette régionescarpée sous une large gammed’éclairages/ lumières changeants.Nous étions logés dans l’ancien laza-ret militaire bâti en 1720, à proximi-té du site de la bataille de la Houguequi mit fin au projet de Louis XIV dedébarquer en Angleterre.

    La première journée était consa-crée à la découverte du territoire cor-

    respondant au projet de géoparc dunord-Cotentin, proposé et défendupar l’APGN.

    Après quelques ondées mati-nales, nous avons profité de la maréebasse pour observer le site côtier duCul Rond (fig. 1) : granite rouge icar-tien (daté à 2.1 Ga) recoupant lesstructures des migmatites (encore plusanciennes…). À peine plus à l’est,dans la baie d’Écalgrain, la coupecommence dans un granitoïde cado-mien très déformé au passage d’unefaille qui le met en contact avec lessédiments du Paléozoïque (Cambrienpuis Ordovicien fossilifère). Les for-mations précambriennes sont traver-sées par des filons d’âge varisque(dolérites puis lamprophyres). Ainsi,les 3 orogenèses (icartienne, cado-mienne et varisque) sont bien repré-sentées dans le nord du Cotentin.

    Les formations quaternaires obser-vables dans la falaise témoignent dela succession d’épisodes froids avecles heads liés à la solifluxion sous cli-mat périglaciaire. Sous ces heads,une paléoplage de galets dont leniveau est supérieur à celui de laplage actuelle, témoigne d’un épiso-de de climat tempéré, peut-être pluschaud que le nôtre.

    GÉOLE DANS L’ÎLE DE TATIHOU (SAINT-VAAST-LA-HOUGUE)

    Fig. 1. – Enclave de migmatites dans l’orthogneiss icartien (2.1 Ga) Anse du Cul Rond.

    Energy Future Holding, un fournis-seur d’électricité texan, s’est déclaréen faillite le 29 avril dernier ; il ademandé à bénéficier de la protectionde la loi américaine sur les faillites àun tribunal de l’État du Delaware.Cette déroute résulte de l’achat spécu-latif en 2007, par effet de levier, deTXU Corporation pour 45 milliards dedollars. Elle intervient à la suite d’unpari risqué… et perdu, sur les profits àtirer de la ruée sur les gaz de schistes.La surproduction de gaz naturel aux

    USA et l’effondrement corrélatif desprix de l’électricité ont entraîné despertes qui se sont traduites par uneincapacité à rembourser une dettequi, aujourd’hui, s’élève à 41 mil-liards de dollars.

    Cette faillite dans le secteur del’énergie est la deuxième en impor-tance après celle d’Enron (décembre2001). Elle vient malheureusementillustrer une analyse de Jean-LouisFellous et Catherine Gautier dans leurouvrage « Les gaz de schistes : nouvel

    eldorado ou impasse ? » (voirGéochronique n°129, p. 46-47). Elleconforte aussi le point de vue deNafeez Mosaddeq Ahmed, polito-logue anglais, exprimé dans un articledu Monde diplomatique de mars2013 « Gaz de schiste, la grandeescroquerie » selon lequel cette “révo-lution énergétique” ne serait qu’unebulle spéculative sur le point d’éclater.

    Source : Le Monde, Économie etentreprise, p. 4, 2 mai 2014.

    Ph. LAGNY

    GAZ DE SCHISTES : SPÉCULATIONS ET FAILLITE GIGANTESQUE AUX USA

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    7Géochronique n°130, 2014

    Après un rapide détour par leNez de Jobourg, (les mêmes forma-tions que celles de Cul Rond), un arrêtdans la carrière de Vauville (fig. 2)nous a permis d’admirer les bellesfigures de rides laissées sur les sur-faces de stratification par les paléo-courants et les vagues del’Ordovicien (grès de May).

    Le vaste panorama des dunes deBiville aura aussi sa place dans legéoparc du nord Cotentin. Les dunes,d’âge très récent (de l’âge du bronzeau haut Moyen Âge), se sont déve-loppées jusqu’à une altitude de plusde 105 m sous l’effet des vents domi-nants d’ouest-sud-ouest Ces champsde dunes occupent la majeure partiede la côte ouest du Cotentin. Le der-nier arrêt de la journée s’est fait sur legéosite de Fresville, ancienne carriè-re aménagée pour la visite du public,et dotée de panneaux explicatifs trèspertinents (géologie, faune, flore). Lesfronts de taille font affleurer principa-lement le Sinémurien marin et sa richefaune de Gryphées. Mais dans lapartie sud-est de l’exploitation, au-dessus du Lias, on peut observer unpaléosol, lui-même recouvert par lessables glauconieux (verts) duCénomanien à Orbitolines etExogyres, l’ensemble illustrant parfai-tement les notions de régression ettransgression.

    Tous ces sites riches en informa-tions géologiques très diversifiées jus-tifient pleinement l’implantation dufutur géoparc du nord Cotentin.

    L’assemblée générale s’est tenueen soirée. La présence de la sectionGéole à la RST de Pau (27-31octobre 2014) a été confirmée.Plusieurs « géoliens » ont rappelé lanécessité de faire figurer systémati-quement les logos SGF et Géole surles affiches, communications et pan-neaux réalisés par les membres de lasection. Il est donc nécessaire designaler toutes les activités et les pro-

    jets à Yoann Le Nechet (gérant dublog de Géole et du « groupe de dif-fusion des Sciences de la Terre » surFacebook) et à Claude Colleté (cor-respondant pour les pages Géole surle site de la SGF).

    Enfin, une autre bonne nouvelle :le géoparc des Bauges s’est proposépour organiser les Rencontres Géoleen 2015.

    Le deuxième jour a été consacréaux présentations des activités des« géoliens » et de leurs associations.Des sujets très variés et intéressants,présentés par une dizaine d’orateurs,confirment le dynamisme et la qualitédes travaux réalisés au sein de la sec-tion Géole.

    Ainsi, le colloque de l’AGBP(Association des Géologues duBassin de Paris), annoncé parClaude Colleté, se tiendra à Parisen novembre 2014. On y découvri-ra une nouvelle coupe W-E du bas-sin, accompagnée par une centainede fiches thématiques précisant lagéologie locale tout le long de lacoupe.

    René Jaffré a annoncé la parutiond’un nouveau tome rassemblant desfiches d’aide à la détermination desammonites jurassiques et crétacées(fiches publiées par l’association géo-logique auboise, avec l’aide despaléontologistes des universités deLyon, Dijon et Rennes). Par ailleurs,Didier Nectoux (Musée de minéralo-gie Mines-Paristech) a présenté lebeau livre « Curiosités minérales »consacré à la collection de minérauxdu musée de l’école des Mines deParis.

    Concernant la valorisation du terri-toire, Patrice Landry (Société des natu-ralistes d’Oyonnax) a présenté la valo-risation touristique et pédagogiquedes nombreux sites à traces de pas dedinosaures dans le département del’Ain (sud du Jura). Quant à Gilles deBrooker, il nous a parlé des activitésde l’association Beaufortain-Géo-découvertes pour valoriser le patrimoi-ne géologique, sensibiliser le public(scolaires et adultes) à l’histoire géolo-gique du Beaufortain et y fédérer desprojets et activités géologiques.

    Fig. 2. – Les Géoliens dans la carrière de Vauville (Ordovicien) avril 2014. En encadré, rides decourants et rides de vagues (Ordovicien) carrière de Vauville avril2014.

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    8 Géochronique n°130, 2014

    Un nouveau site internet (en coursde réalisation), présenté par LolaJohannes (MNHN), met en valeur lacollection océanique du MNHN quirassemble plusieurs kilomètres decarottes prélevées en Méditerranée,mers Rouge et Caspienne, océansIndien et Atlantique, et Pacifique sud-ouest. De nombreux thèmes derecherche et de nombreuses équipessont concernés. Le site internet(Geocores.mnhn.fr) sera bientôtaccessible aux chercheurs et augrand public, avec 2 niveaux de lec-ture : pour les jeunes et pour lesadultes.

    Le statut de géoparc et son intérêtont été souvent évoqués au cours deces Rencontres Géoles à Tatihou.Christophe Lansigu (géoparc desBauges), s’efforce de favoriser le déve-loppement durable de ce territoire parla valorisation de l’héritage géolo-gique et le géotourisme. Le réseau queconstituent les géoparcs dans lemonde permet des échanges fruc-

    tueux, sans fournir de recette miraclequant au développement durable. Surle même thème, Maryse Aymes(Société géologique de l’Ardèche) etses collègues travaillent au projet d’ungéoparc des Monts d’Ardèche. 24sites sont déjà inscrits au Patrimoinegéologique régional, 77 géositespotentiels sont répertoriés et la régionpossède déjà des musées géolo-giques, des mines, un patrimoine bâtide grand intérêt, une viticulture dyna-mique… Enfin, Isabelle Aubron a parlédes enjeux géologiques au sein duparc naturel régional Normandie-Maine. Dans cette région cultivée ettrès boisée, seules les carrières per-mettent d’accéder au substrat rocheux.Beaucoup de travail et d’ingéniositésont nécessaires pour sensibiliser lepublic à l’intérêt de la protection de cepatrimoine pourtant très riche.

    Le dernier orateur, JacquesAvoine (APGN), travaille activementau projet de géoparc du nord-Cotentin. Là également, les géositessont nombreux et de qualité. LaNormandie en compte 408. LeCotentin, de Carteret au SW à la car-rière de Fresville au SE de La Hougue

    est également bien doté, avec ses3 orogenèses, ses granites et le méta-morphisme associé mais aussi dessites d’intérêt paléontologique dans lePaléozoïque, le Jurassique et leCrétacé, et enfin un Quaternaireremarquable.

    Sous la direction de JacquesAvoine, la matinée du dimanche acommencé par une balade géolo-gique sur le rivage pour regarder legranite rouge de Barfleur (fig. 3) sui-vie par la visite du Musée maritimeimplanté sur l’île.

    Un grand merci à nos hôtes LauraBaillet et Jacques Avoine, secondéspar notre trésorier Claude Colleté,qui ont parfaitement organisé cesjournées de découverte du nordCotentin et qui ont aussi animé laréflexion sur la protection et la miseen valeur du patrimoine géologique.Nous avons apprécié le choix de l’îlede Tatihou, ses austères bâtiments engranite et les jardins très soignés etoriginaux, superbe cadre pour cesjournées actives et bien remplies,mais toujours très conviviales.

    N. SANTARELLI

    Fig. 3. – Tatihou granite de Barfleur sur la côte ouest de l’île - avril 2014.

    Insertions publicitairesGéochroniqueTarifs 2014

    1/4 de page NB 230 EHT1/2 de page NB 340 EHT1 page NB 670 EHT1 page couleur interne 1 200 EHT2e et 3e de couverture couleur 1 400 EHT4e de couverture couleur 1 800 EHTPour une répétition de l’annonce dans lenuméro qui suit la première insertion,réduction de 50%.Les typons NB ou quadrichromie sont four-nis par l’annonceur au format souhaité,21 jours avant la parution du numéro etaccompagnés de leur règlement.Les typons peuvent être réalisés par l’impri-meur sur modèle de l’annonceur et devispréalable 45 jours avant la date de parution.Renseignements : Société géologique de France

    77, rue Claude Bernard - 75005 ParisTél. 01 43 31 77 35 - Fax 01 45 35 79 10

    Le tirage de Géochronique est de 2200 exemplaires.