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Droit Administratif [email protected] 'Grands arrêts de la jurisprudence administrative' – Dalloz – 'GAJA' Langage juridique on forme un recours la loi dispose, c’est le contrat qui stipule Introduction Section 1: organisation de l'administration Le droit administratif régit les relations entre l'administration et les citoyens, c'est à dire entre ces derniers et les personnes publiques. La catégorie des personnes publiques regroupe: l'Etat les collectivités territoriales régions départements – 96 communes – 37.500 les établissements publics nationaux / locaux (rattachés à une collectivité territoriale, e.g. Les structures intercommunales, etc.) administratifs (EPA) / industriels et commerciaux (EPIC, SNCF, etc.) les personnes publiques sui generis ('spéciales', 'de son propre genre') telles la Banque de France, les groupements d'intérêt public (GIP), les autorités de régulation, etc. 1. L'organisation des structures administratives françaises Principe d'unité de la République Art. 1 des Constitutions de 1793 et 1958: principe d'unité de la République, qui signifie que la France ne pourrait jamais devenir un Etat fédéral sans changement constitutionnel. Seul l'Etat est souverain et cette souveraineté ne peut être divisée. Principe de décentralisation Introduit lors des réformes de 1981-82 et inscrit dans la Constitution depuis 2003, le principe de décentralisation est un nouveau mode d'organisation de l'Etat, qui implique que celui-ci consent des transferts de compétences au 1

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Droit Administratif

[email protected]'Grands arrts de la jurisprudence administrative' Dalloz 'GAJA'

Langage juridique on forme un recours la loi dispose, cest le contrat qui stipule

Introduction

Section 1: organisation de l'administration

Le droit administratif rgit les relations entre l'administration et les citoyens, c'est dire entre ces derniers et les personnes publiques.

La catgorie des personnes publiques regroupe: l'Etat les collectivits territoriales rgions dpartements 96 communes 37.500 les tablissements publics nationaux / locaux (rattachs une collectivit territoriale, e.g. Les structures intercommunales, etc.) administratifs (EPA) / industriels et commerciaux (EPIC, SNCF, etc.) les personnes publiques sui generis ('spciales', 'de son propre genre') telles la Banque de France, les groupements d'intrt public (GIP), les autorits de rgulation, etc.

1. L'organisation des structures administratives franaises Principe d'unit de la RpubliqueArt. 1 des Constitutions de 1793 et 1958: principe d'unit de la Rpublique, qui signifie que la France ne pourrait jamais devenir un Etat fdral sans changement constitutionnel. Seul l'Etat est souverain et cette souverainet ne peut tre divise. Principe de dcentralisationIntroduit lors des rformes de 1981-82 et inscrit dans la Constitution depuis 2003, le principe de dcentralisation est un nouveau mode d'organisation de l'Etat, qui implique que celui-ci consent des transferts de comptences au profit des collectivits territoriales, ainsi qu'une plus grande autonomie (notamment financire) pour ces dernires (art. 72).C'est un dveloppement positif car cela donne plus de poids aux niveaux de l'Etat qui sont plus proches des citoyens, cependant, la dcentralisation implique aussi un certain nombre de difficults.La dcentralisation se fait en grande partie vers les communes, or il y en a beaucoup et pas toutes ne sont quipes pour prendre en charge et exercer leurs nouvelles comptences.Dcentraliser implique un cot.La loi Chevnement de 1999 (soutenue par tous les bords politiques) a donc opr au renforcement de lintercommunalit en obligeant les communes s'inscrire dans un cadre plus large.

2. Prsentation du droit administratif

A- DfinitionLe droit administratif est gnralement peru comme le droit qui existe entre des personnes et l'administration. Cette dfinition est trop simple et ne prend pas en compte que les personnes publiques ne sont pas seulement soumises au droit administratif (dans certains cas le droit priv compte), ni que le droit administratif peut avoir vocation s'appliquer aux relations juridiques entre personnes prives.On ne peut donc pas se contenter d'une dfinition organique (i.e. les organes concerns). L'cole du service publique, de Lon Duguit: la raison d'tre du droit administratif repose sur l'objet de l'activit des acteurs. Il faut un droit spcial pour la mission de l'administration et du service publique car le droit priv n'est pas adapt.C'est une ide organique. L'cole de la puissance publique, de Maurice Hauriou: l'existence du droit administratif s'explique par le fait que sont mises en oeuvre des prrogatives de service publique.Cette cole se soucie moins de la dfinition organique de l'acteur que de son activit. Aujourd'hui, on concilie ces trois interprtations. Le droit administratif est appliqu pour le service public et la puissance publique. Dans les faits, les deux vont souvent ensemble, mais un seul des critres peut tre utilis.

B- Caractristiques du droit administratif Dualisme juridictionnel et autonomie du droit administratifLes ordres administratif et judiciaire sont deux ordres de juridiction totalement spars.Ce dualisme explique et entretient l'autonomie du droit administratif, avec des juges diffrents. Ceux-ci ne se recoupent jamais les uns avec les autres, appliquent des droits ainsi que des procdures diffrentes.Arrt Blanco 1873, Tribunal des Conflits: cet arrt est considr comme le fondement du droit administratif franais. Une fille jouant proximit d'une voie ferre est renverse par un wagon appartenant une manufacture de tabac exploite en rgie par l'Etat. Son pre saisit le tribunal pour rparer le contentieux.'La responsabilit de l'Etat ne peut tre rgie par les principes dans le Code civil pour les rapports de particulier particulier.'Il est donc dcid que le juge administratif doit tre saisi et doit dgager ses propres rgles car la responsabilit publique se dmarque de la responsabilit civile. Le caractre jurisprudentiel du droit administratif franais Le droit est construit par le juge qui a un vrai pouvoir crateur.Le droit administratif n'est pas codifi, il n'y a pas s'quivalent du Code civil.Le juge n'est pas l aux dcisions antrieures. Il est une figure puissante et a la libert de rinterprter celles-ci. Avantage: le droit peut voluer facilement Inconvnients: le droit administratif est peu accessible aux citoyens car il n'y a pas de texte de base. Aussi, ses volutions sont peu prvisibles, la rgle volue 'brutalement' par des revirements de jurisprudence. Le caractre rtroactif du droit administratif Le juge lgifre sur des faits qui sont passs, donc il juge par dfinition de manire rtroactive. Il peut changer la rgle avec effets sur des faits passs, ce qui est une source de dbats.L'arrt Socit Tropiques Travaux Signalisation 2007 Conseil d'Etat pose l'acceptation de la modulation dans le temps des revirements de jurisprudence. Lorsque le juge cr une nouvelle rgle jurisprudentielle, il peut dcider que cette nouvelle rgle n'aura vocation s'appliquer que pour le futur. C'est une forme de disposition transitoire qui permet au citoyen de 'savoir'. L'apparition de nouveaux CodesDe nouveaux Codes sont apparus dernirement rgissant des secteurs spcifiques du droit administratif. La comprhension de ce droit reste nanmoins base sur les arrts.

C- Comparaison avec d'autres systmesD'autres systmes juridiques ont aussi du droit administratif, ce qui signifie qu'il existe un ordre juridictionnel particulier pour juger l'administration qui utilise des rgles particulires.Cependant, ce dualisme juridictionnel est souvent plus pouss en France. Provenant de l'volution historique, on le retrouve dans les systmes belge et luxembourgeois, mais de manire moins nette.En ce qui concerne le fond du droit, on retrouve souvent l'ide selon laquelle le droit commun ne peut tre appliqu systmatiquement l'administration. Cependant, le champ de drogations au droit commun sera plus ou moins limit. En France, ce champ est particulirement vaste et il est maintenu par le Conseil d'Etat.

1re partie: La soumission de ladministration au droit

Titre 1: La justice administrativeChap. 1: Naissance du dualisme juridictionnel

Section 1: naissance de la juridiction administrative

1. L'Ancien RgimeL'ide selon laquelle l'administration de peut tre soumise au mme droit existe dj avec la Res Publica qui obissait dj des rgles particulires dans le droit commun. On retrouve cela sous l'Ancien Rgime avec la distinction entre choses publiques et choses prives. Cela se traduit avec l'Edit de Moulins en 1566 qui pose l'inalinabilit des biens publics (qui ne peuvent par la suite pas tre vendus) afin de protger les biens du royaume en les distinguant de la proprit du souverain.Peu peu, l'ide selon laquelle l'Etat ne doit pas tre soumis au mme juge merge, une tendance qui s'acclre avec le renforcement de labsolutisme. Jusqu'au 17me sicle, la plupart des litiges touchant l'administration relevait des Parlements (pouvoirs politiques et juridictionnels) que le Roi veut contrler d'avantage. A cette poque, Richelieu institue des intendants dans les provinces qui sont des reprsentants du conseil du Roi. Ils ont des pouvoirs administratifs et celui de trancher les questions sur l'exercice de ces pouvoirs, donc un pouvoir juridictionnel.En 1641, l'Edit de Saint Germain interdit aux Parlements d'intervenir dans les litiges touchant l'Etat, l'administration, et les intendants. C'est la naissance du dualisme qui a pour put premier de renforcer l'Absolutisme et dviter que les Parlements n'aient trop de pouvoir.

2. La Rvolution FranaiseLe principe de la sparation des pouvoirs est entrin dans la loi du 16 et 24 aot 1790 sur l'organisation judiciaire. art 10: sparation lgislatif / judiciaire art 12: sparation excutif / judiciaire art 13: 'Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours spares des fonctions administratives. Les juges ne pourront, peine de forfaiture, troubler, de quelque manire que ce soit, les oprations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs fonctions.'Ensuite, un dcret du 16 Fructidor, An 3 (1795) vient interdire aux tribunaux de connatre des actes des administrations, surtout pour deux raisons. Premirement, dans cette priode postrvolutionnaire, les nouveaux dirigeants cherchent encore asseoir le pouvoir de l'Etat, et il faut viter que des contre-pouvoirs mergent. Deuximement, une structure proche de celle de l'Ancien Rgime est adopte pour des raisons pratiques.Dans un premier temps, l'administration n'a donc pas de contre-pouvoir. Ensuite, on confie l'administration elle-mme le rle de trancher les litiges la concernant, elle est donc la fois juge et partie.Trs vite, elle est dborde. L'ide apparat donc de crer des structures ddies ce rle. La Constitution de l'An 8 (1799) cr le Conseil d'Etat (niveau national). La loi du 28 Pluvise An 8 cr les conseils de prfecture et les prfets (niveau local).Ces structures sont charges de connatre les litiges mettant en jeu l'administration. Par contre, ces organes ne sont pas des juges, ils ont un double rle: premirement, ils conseillent ladministration dans sa prise de dcisions, deuximement, ils la jugent. C'est le systme du 'ministre-juge', car les arrts du Conseil d'Etat doivent tre soumis l'aval du ministre. C'est donc un systme de 'justice retenue' avec des organes de droit administratif sous le pouvoir de l'administration.La prochaine volution a lieu avec la loi du 24 mai 1872: le Conseil d'Etat peut maintenant rendre des dcisions en son nom propre. Ce n'est plus une 'justice retenue' mais une 'justice dlgue'.En 1954, les Conseils de Prfecture deviennent des Tribunaux administratifs.

Section 2: organisation de la juridiction administrative

1- Une organisation pyramidale

A- L'organisation des juridictions Premier niveauIl y a aujourd'hui 42 Tribunaux administratifs, en principe un par rgion mais parfois plus, e.g. En Ile-de-France ou dans la rgion PACA. Deuxime niveauLes Cours administratives d'appel ont t cres en 1897 en raison du dbordement du Conseil d'Etat (environ 25.000 affaires en attente). Lors de cas qui doivent tre traits en urgence (contentieux des trangers, lectoraux, etc.), ceux-ci vont directement au Conseil d'Etat. Troisime niveauLe Conseil d'Etat est un juge de cassation qui peut agir en premier et en dernier ressort. Son rle n'a pas chang depuis sa cration en 1799. Ainsi, non seulement le Conseil d'Etat juge-t-il l'administration et le gouvernement (section contentieux), il les conseille galement.Cela pose un problme d'impartialit. Le statut des jugesLa juridiction administrative est hermtiquement distincte de l'ordre judiciaire, ainsi les juges administratifs ne relvent-ils pas de l'ordre de la magistrature et ne sont pas recruts de la mme manire (pas ENM mais ENA). Le juge administratif est un fonctionnaire.Les textes les qualifient de 'magistrats administratifs', ils ne sont pas placs sous l'autorit du Conseil Suprieur de la Magistrature.

B- Impartialit?Les exigences ont volu: ainsi, l'article 6.1 de la Convention EDH rige en principe 'impartialit et indpendance des tribunaux', et le Luxembourg a t condamn avec l'arrt Procola 1995, Cour EDH sur le cumul par le Conseil d'Etat du pays (qui est similaire sont quivalent franais) des fonctions de conseiller de l'administration et de juge.Le Conseil d'Etat franais a pris note et a ragi avec la rgle du dport: un membre du Conseil d'tat ne peut participer une formation de jugement examinant la lgalit d'une dcision s'il a contribu un avis concernant cette dcision.Cependant, ce changement a t critiqu comme trop cosmtique. Ce ne sont certes pas les mmes individus sigeant, mais ils font partie de la mme institution, donc le niveau d'impartialit semble demeurer faible.Ce n'est pas en soi un problme grave, mais cela peut tre problmatique, surtout tant donn le pouvoir de l'institution.Arrt Kress 2001 Cour EDHCet arrt tait relatif la place du rapporteur public (ancien commissaire du gouvernement) au sein du Conseil d'Etat. Mme Kress avait port l'affaire devant la Cour EDH, invoquant qu'elle n'avait pu bnficier d'un procs quitable car elle n'avait pu obtenir avant celui-ci les conclusions du rapporteur public (qui participait par ailleurs l'audience), elle n'avait donc pas pu y rpondre.Auparavant, celui-ci rendait un avis (oralement) la fin de la procdure, participait aux dlibrs, et lon ne bnficiait pas d'un droit de rponse. Les parties peuvent maintenant demander avant l'audience le sens des conclusions du rapporteur. Les rapporteurs publics aux Tribunaux administratifs et aux Cours administratives d'appel ne participent plus aux dlibrs. Ils participent au Conseil d'Etat sauf si la partie demande expressment le contraire. Cela pose quand mme un problme car les parties ne connaissent pas ncessairement leurs droits devant l'institution et les avocats ne dsirent pas froisser les juges.

Section 3: conscration de la juridiction administrative

Le statut du juge administratif est-il constitutionnel ou lgislatif?C'est une question importante, car il faut savoir si des rformes du dualisme juridictionnel ncessiteraient un changement de constitution. Jusqu' la rforme constitutionnelle de 2008, le Conseil d'Etat n'tait vis explicitement que pour sa vise consultative, il paraissait donc possible de supprimer la juridiction administrative par une simple loi.

Dcision du 23 janvier 1987Le Conseil Constitutionnel a dit deux choses.Les dispositions sur la sparation judiciaire / administrative entrines dans la loi du 16 et 24 aot 1790 dans le dcret du 16 Fructidor An 3 ne sont pas constitutionnelles.Seul le juge administratif peut connatre de l'annulation des actes administratifs. En constitutionnalisant l'exercice du juge administratif, le Conseil Constitutionnel en constitutionnalise l'existence, et par l empche qu'une loi puisse thoriquement supprimer l'ordre administratif et le dualisme juridictionnel.

Rvision constitutionnelle de 2008Cration du mcanisme de la Question Prioritaire de Constitutionnalit (QPC) qui consacre notamment le rle du Conseil d'Etat en tant que juridiction. Il gagne par l une reconnaissance et une protection constitutionnelles.

Chap. 2: Consquences du dualisme juridictionnel - la rpartition des comptences

Comment fait-on pour rpartir les comptences?

Section 1: les principes gouvernant la rpartition des comptences

Trois lments sont pris en compte par les juges: Critre organiqueEst-ce que le litige concerne une personne publique? Une personne prive? Ce critre est souvent ncessaire mais il n'est pas suffisant. Fin poursuivie, objetQuelle est l'activit en cause? Est-elle une activit de service publique? Une personne publique avec une activit administrative entrainera l'utilisation du droit administratif. Une personne prive qui gre un service public peut entraner le droit administratif, sous rserve de certaines conditions. Moyen utilisPrrogatives de puissance publique?

1- Comptences transfres ou rserves

A- Les transferts lgislatifs de comptences En faveur du juge administratifUn certain nombre de contrats relvent ncessairement du juge administratif, notamment ceux qui touchent aux marchs publics, aux PPP (Partenariats Public-Priv) et les contrats d'occupation du domaine public (e.g. terrasses de caf, etc.). En faveur du juge judiciaire Contentieux fiscal: l'acte d'imposition est l'manation mme de la prrogative de puissance publique, mais le contentieux d'impts indirects relve nanmoins du juge judiciaire. tat civil et nationalit: mariage, certificat de nationalit, etc., sauf les contentieux relatifs au changement de nom. Contentieux lectoral: globalement juge administratif, sauf les contestations relatives la qualit d'lecteur et l'inscription sur les listes lectorales. Contentieux de certaines autorits de rgulation: mme si celles-ci sont des manations de l'Etat (e.g. L'Autorit de la Concurrence), les contentieux sont ports devant la Cour de Paris. Contentieux de la responsabilit: le juge judiciaire est comptent pour tous les dommages causs par des vhicules (privs ou de l'administration), ainsi que pour les dommages causs dans les cas de dfaut de surveillance des enseignants. La responsabilit de l'Etat est alors mise en jeu, pas celle de l'enseignant titre personnel.

B- Les comptences rserves par natureCelles-ci sont uniquement au profit du juge judiciaire. C'est le principe selon lequel le juge judiciaire serait le gardien de la libert fondamentale et de la proprit prive. Ce principe a t dgag par la jurisprudence et est n de l'action des Parlements pendant l'Ancien Rgime, et est constitutionnel par l'article 66 de la Constitution de 1958:'Nul de peut tre arbitrairement dtenu'Cet article entrine aussi le rle du juge judiciaire qui est le gardien de la libert individuelle. Le principe selon lequel il est aussi le gardien de la proprit prive a t affirm en 1989 par le Conseil Constitutionnel.Cependant, le juge ne joue ce rle que dans certains cas dfinis:

Les cas dfinis par les textes les cas d'expropriation: l'administration, pour mener bien un projet publique (e.g. Route, voie TGV, etc.) peut exproprier des propritaires. Le juge judiciaire doit ncessairement intervenir un moment du processus, car c'est lui qui fixe le montant d'indemnisation et qui officie le transfert de proprit. Il ne peut s'opposer l'expropriation mais peut fixer un montant lev. le droit des trangers: la rtention administrative dcrte par le prfet est soumise au juge judiciaire. les hospitalisations d'office: lorsqu'une personne est un danger pour elle mme ou pour la socit, une hospitalisation d'office peut tre dcrte la demande du juge administratif, ou encore la demande de la famille. Les cas dfinis par les thories jurisprudentielles la thorie de lemprise irrgulire: correspond aux cas dans lesquels l'administration porte atteinte un droit rel immobilier, atteinte qui doit se traduire par une occupation du bien ou une dpossession titulaire titre rel. L'administration vient s'installer sans titre (e.g. contrat), ou son titre ne l'autorise pas occuper ce qu'elle occupe.Le juge judiciaire n'est comptent que sur les rparations de l'emprise irrgulire, et c'est toujours le juge administratif qui s'interroge sur sa lgalit ou non.E.g. l'administration a le droit d'utiliser une bande de 10m sur le terrain d'un propritaire, mais elle finit par utiliser 20m. Ces cas de figures se rencontrent le plus souvent dans des cas de travaux publics. la thorie de la voie de fait: correspond lhypothse par laquelle l'administration utilise des pouvoirs qu'elle n'a pas pour prendre des mesures qui portent atteint aux droits de proprit et / ou aux liberts fondamentales. L'administration outrepasse ses prrogatives, sort de l'Etat de droit et commet un acte dnatur. Le juge judiciaire aura une plnitude de comptences pour faire cesser, juger, et indemniser la voie de fait.La voie de fait est trs rare, il y a une diffrence entre l'acte illgal et la voie de fait. La voie de fait s'carte tout fait des droits de l'administration et est grave. Jusqu'en 2000, le juge judiciaire tranchait souvent en faveur des voies de fait car il n'y avait pas de procdure en rfr devant la justice administrative, il s'agissait donc plus d'un moyen pour viter les procdures longues.Cela a t chang par l'article L521-2 sur le rfr en justice administrative en relation aux liberts fondamentales (environ 48h).

Section 2: les questions de comptence

Le tribunal des conflits est une juridiction particulire compose de magistrats judiciaires (Cassation) et administratifs (Conseil d'Etat). Il peut tre saisi de diffrentes manires: Conflit positifLe juge judiciaire se considre comptent, mais l'administration partie au litige considre que c'est le juge administratif qui est comptent. Elle demande au Prfet d'lever le conflit. Celui-ci demande au Tribunal de grande instance (TGI) de dcliner sa comptence (ce qui ne se passera que rarement). Si le juge judiciaire refuse, c'est le Tribunal des conflits qui doit trancher en 3 mois, et soit transfrer la comptence au juge administratif ou laisser celle-ci au juge judiciaire. Conflit ngatifLe juge judiciaire se considre incomptent (ou vice-versa) donc l'on porte l'affaire devant l'ordre administratif. Si celui-ci tend se dclarer incomptent, il doit renvoyer l'affaire devant le Tribunal des conflits qui doit trancher, car il ne peut y avoir dni de justice.

Titre 2: Le 'principe de lgalit'

Le 'principe de lgalit' est l'ensemble des rgles, corpus juridique, que l'administration va devoir respecter lorsqu'elle adopte un acte administratif. Au dpart, ces rgles se trouvaient dans la loi en tant que normes lgales que l'Etat devait respecter.Aujourd'hui, les normes pour l'administration ne sont plus uniquement lgislatives mais galement diverses normes / rgles qui peuvent tre constitutionnelles, internationales, etc.Dans certains cas on accepte des drogations certaines rgles.

Chap. 1: Les sources

Section 1: Les sources constitutionnelles

1- Les sources constitutionnelles pertinentes La Constitution de 1958 Les textes viss par le prambule de la Constitution Le prambule de la Constitution de 1946, qui nonce des droits et liberts fondamentaux La Dclaration Universelle des Droits de l'Homme des Nations Unies de 1948 La Charte de l'environnement de 2004, dans laquelle on trouve notamment le 'principe de prcaution' (e.g. pour l'installation d'antennes relais). Les Principes fondamentaux reconnus par les lois de la Rpublique (PFRL), qui permettent au juge constitutionnel de constitutionnaliser des principes antrieurs au prambule de 1946 (i.e. de la 3me Rpublique).On trouve un exemple en 1996 avec l'affaire Moussa Kon. Le problme portait sur une demande d'extradition par le gouvernement du Mali envers M. Kon, un opposant politique. Malgr un trait d'extradition existant entre les deux pays, la France a refus, et le Conseil d'Etat a dgag un PFRL au terme duquel l'extradition ne peut tre demande si elle a un but politique. La norme internationale est donc carte.

2- La question prioritaire de constitutionnalit (QPC)Est-il possible d'invoquer une norme constitutionnelle contre un acte administratif (lire art. 34)?

Avant l'institution de la QPC en 2008Avant l'institution de la QPC, si un acte administratif tait pris sans lexistence d'une loi (i.e. pas un acte d'application d'une loi, mais pouvoir rglementaire autonome), l'on pouvait dans un recours invoquer une violation par l'acte administratif de la constitution. Ceci reste d'actualit aujourd'hui.Un problme apparaissait lorsqu'on voulait poser un recours constitutionnel un acte administratif pris en application d'une loi, car cela revenait dire que la loi elle mme tait inconstitutionnelle. Le Conseil d'Etat considrait qu'il n'tait pas habilit juger la constitution, tant juge administratif.

Aprs 2008En 2008, l'Etat a rvis la Constitution (art. 61-1 de la Constitution, l'Etat parle du Conseil d'Etat comme une juridiction de droit administratif). Dans de tels cas, il a t admis que la question de la constitutionnalit de la loi puisse tre renvoye au Conseil Constitutionnel qui s'en saisit donc.

La procdure de la QPCLors d'un litige contre l'administration (dans tous les types de contentieux), il est ncessaire de soutenir la question de l'inconstitutionnalit lors d'un mmoire distinct (i.e. on ne peut le 'noyer' dans un gros texte). La juridiction saisie doit statuer sur l'opportunit de la transmission de la QPC la juridiction suprieure (cette question a-t-elle dj t tranche par le Conseil Constitutionnel? La question prsente est-elle srieuse?).La question est ensuite soumise au Conseil d'Etat qui doit se prononcer dans un dlai de trois mois sur le renvoi de la QPC au Conseil Constitutionnel. Le juge va apprcier la ncessit du renvoi au CC sur ces deux mmes critres (dj tranche? Srieux?). En d'autres termes, le Conseil d'Etat est une forme de filtre avant le Conseil Constitutionnel, et s'il dcide de bloquer, il n'y a plus de recours. Ainsi, le Conseil d'Etat a le pouvoir de se comporter comme un juge de la constitutionnalit de la loi, c'est un contrle relativement grossier, mais un contrle nanmoins.L'objectif tait d'viter que le Conseil constitutionnel ne soit engorg par un dferlement de QPC. Celui-ci doit statuer dans un dlai de trois mois partir de sa saisine, et partir du moment o il prononce l'inconstitutionnalit, la disposition lgislative est immdiatement abroge. Il existe une drogation cette disposition, car le Conseil constitutionnel peut prvoir que l'abrogation n'aura lieu qu' une date ultrieure (c'est le juge constitutionnel qui dcide de cette modulation dans le temps des effets de la constitutionnalit). Ceci est trs problmatique, car l'on accepte qu'une loi soit contraire la constitution, mais pour des raisons pratiques on dcide de ne pas suivre.L'affaire revient ensuite devant le tribunal administratif (juge du fond) qui statue en fonction de la dcision.

La QPC et les normes internationalesDans les textes, la QPC est prioritaire, c'est dire que le juge doit la considrer en premier. Cela nous amne nous demander si cela est en application avec la loi communautaire et son principe de primaut (accept avec quelques rserves). Pour viter le filtre du Conseil d'Etat, on peut chercher invoquer la violation par la loi d'une rgle/norme internationale.

Section 2: les sources internationales

1- Quelles sont les sources applicables?

A- Les types de normes internationalesSystme juridique driv (des rgles internationales): les pays de l'UE acceptent qu'en rejoignant l'UE ils devront suivre ses directives et rglements. Directives: les Etats doivent les transposer dans leurs juridictions internes mot--mot. S'ils ne le font pas, ils pourront quand mme y tre tenus (i.e. les individus pourront s'y rfrer). Rglements: ils sont applicables dans les systmes juridiques nationaux.

B- L'applicabilit du droit international

Le droit international est vis par l'art. 55 de la Constitution: les traits rgulirement ratifis ont (sous rserve de rciprocit) une valeur suprieure celle de la loi. L'applicabilit du droit international en droit franais est donc conditionne de deux manires: par la rgularit de la ratification du texte par le respect de la condition de rciprocit. Ces deux conditions sont ncessaires pour l'applicabilit dans notre ordre juridique de la norme internationale.La rgularit de la ratification est fixe par la constitution, il y a un nombre de traits qui doivent tre ratifis par voie parlementaire, et le juge administratif accepte de contrler la validit de la ratification.En termes de rciprocit, il s'agit de voir si le ou les autre(s) Etat(s) partie(s) la norme internationale l'appliquent aussi. Cela place le juge dans une position trs difficile, car il ne dispose pas forcment des moyens pour vrifier de l'applicabilit de la norme dans un autre Etat (i.e. facile avec la Belgique, plus difficile avec d'autres types de pays avec des traditions juridiques diffrentes). On demande au juge de sanctionner une ventuel manquement d'un Etat, ce qui peut avoir des effets diplomatiques. Pour cette raison, le Conseil d'Etat a souvent refus d'examiner la rciprocit et renvoyait la question au gouvernement/ministre des affaires trangres. La France a t condamne pour cette pratique par la Cour EDH (arrt Chevrol 2003) sur le fondement du principe de l'impartialit, car l'administration tait la fois partie et juge.9 Juillet 2010: l'arrt Souad pose le principe selon lequel il appartient bien au juge administratif de juger de la rciprocit. Ce contrle se fait maintenant en associant ventuellement le ministre des Affaires Etrangres et en demandant l'avis de l'Etat concern. Il pourra aprs ce 'dbat contradictoire' apprcier le respect de la rciprocit.Attention, la condition de rciprocit ne s'applique pas pour les textes internationaux relatifs aux droits de l'homme (i.e. si un autre Etat ne respecte pas les droits de l'homme, cela ne constitue absolument pas une excuse pour ne pas les respecter soi-mme). Aussi la rciprocit est systmatique entre les pays de l'UE.

2- La soumission de l'administration au droit international

A- La question de l'cran constitutionnel

Dans certains cas, il peut sembler que la Constitution elle-mme viole le droit international, et le juge administratif doit donc trancher. Cela reprsente en quelque sorte un niveau suprieur de la QPC, mais sans corps spcialis que l'on pourrait consulter.Arrt Sarran 2008 Conseil d'Etat: concernait le vote de la population de Nouvelle-Caldonie sur les accords de Nouma (qui prvoyaient une autonomie terme). C'tait un vote particulier car le droit d'y prendre part devait tre limit ceux qui avaient vcu dix ans sur l'le avant Sarran et/ou descendaient des habitants de longue date de la Nouvelle-Caldonie. M. Sarran conteste en invoquant la Convention Europenne des Droits de l'Homme et les dispositions de l'ONU au motif d'une discrimination sur le droit de vote.Les modalits du dispositif de la consultation de la population de Nouvelle-Caldonie avaient t inscrites dans la Constitution, donc la demande de M. Sarran invoque une violation par la Constitution des normes internationales. Or, il existe un principe de primaut du droit international sur toutes normes (y compris constitutionnelles).Le juge administratif est donc saisi et se retrouve dans une situation inconfortable: il doit trancher entre la Constitution, le texte dont dcoulent tous ses pouvoirs, et une norme internationale importante. Le Conseil d'Etat a tranch, en affirmant la primaut de la norme constitutionnelle dans l'ordre juridique interne, en dpit de l'Art. 55 qui pose la primaut du droit international.A cot de Sarran, il existe une solution particulire pour les normes de mise en oeuvre du droit communautaire de l'UE. Lorsqu'une dcision administrative ne dcoule pas d'une loi, on peut poser un recours en invoquant le fait que la dcision a viol la constitution (mme prmisse que la QPC). Cependant, si cette dcision ne dcouple pas d'une loi mais directement d'une directive de l'UE, il faut savoir si le juge applique Sarran 'pur et dur' (i.e. carter la directive et appliquer la norme constitutionnelle) ou si l'on applique la directive.

Arrt Arcelor - Conseil d'Etat 2007: Arcelor contestait un texte au nom de la libert d'entreprendre et du principe dgalit. Le Conseil d'Etat a tranch en rappelant pour commencer la rgle pose par l'Arrt Sarran, mais il a ensuite dit que ce n'tait pas un cas international classique, car il existe dans la Constitution l'art. 88-1 qui prvoit que 'la France participe l'Union Europenne...'. De cet Article, le Conseil d'Etat fait dcouler que la France doit mettre en oeuvre le droit communautaire europen et rsonne donc diffremment d'autre normes internationales. Le juge administratif estime que dans ce cas l on ne peut s'arrter au niveau de Sarran, et le juge administratif doit aller voir s'il existe en droit de l'UE un principe quivalent au principe constitutionnel invoqu. Si et seulement si c'est le cas, le juge administratif va vrifier si la directive respecte bien ce principe, et s'il a un doute, il renvoie la question au juge de l'UE.Si la directive de l'UE s'oppose un principe qui est inhrent la Constitution franaise (par exemple la lacit), le Conseil d'Etat considre qu'en application de Sarran, c'est la norme constitutionnelle qui doit primer. On napplique donc pas le droit de l'UE, ce qui cr une situation difficile (cette situation n'arrive pas vraiment dans les faits).

B- La question de l'existence ou non d'un cran administratif

Dcision IVG 1975: le Conseil constitutionnel avait t saisi par des parlementaires dans le cadre d'un contrle priori. Ceux-ci soutenaient que le texte allait l'encontre de la Convention Europenne des Droits de l'Homme ainsi que des droits de l'enfant, etc. Le Conseil constitutionnel a refus de contrler la loi, disant qu'il n'tait habilit qu' contrler la constitutionnalit, pas la conventionalit aux normes internationales. La Cour de Cassation a suivi la dcision du Conseil constitutionnel, et le Conseil d'Etat a ensuite t saisi mais a t plus lent. Il a fallu attendre l'arrt Nicolo de 1989 pour que le Conseil d'Etat accepte de contrler la constitutionnalit de la loi. Depuis, lors d'un recours contre un acte administratif, on peut invoquer le fait que la loi va contre la norme internationale, et le juge devra dcider si la loi est, ou non, conforme.Si l'on veut contester une dcision administrative/loi, on a donc plusieurs manires: on peut utiliser une QPC (le Conseil constitutionnel est saisi aprs le filtre du Conseil d'Etat). on peut poser une QPC et souligner l'inconventionalit de la loi (par rapport la norme internationale). on peut souligner l'inconventionalit seulement (donc contrarit par rapport la norme internationale. La premire juridiction saisie va statuer sur la question).Ceci montre une volution du rapport entre le juge administratif et la loi. Il a maintenant un rle de contrle envers celle-ci, et non seulement un rle d'application. Il vrifie indirectement la constitutionnalit de la loi par son rle de filtre et n'est plus entirement soumis la loi.

C- La question de l'application du droit driv (rglements + directives de l'UE)

Peut-on invoquer le droit driv? Cela ne pose pas de problme pour les rglements car ceux-ci sont censs entrer dans les systmes juridiques des Etats membres lors de leur publication au JOUE (Journal Officiel de l'UE).La question des directives est plus complique, car celles-ci doivent tre transposes dans les systmes des Etats membres une certaine date. Cependant, les Etats ne transposent pas toujours, et le Conseil d'Etat a longtemps estim que les directives n'tant pas des rglements, les particuliers ne pouvaient invoquer celles-ci devant des juridictions nationales, mme aprs la fin de la priode de transposition.L'arrt Perreux 2009 Conseil d'Etat sur la transposition des directives et leur valeur s'appuie sur l'article 88-1. Le Conseil d'Etat en tire la consquence qu'il faut transposer les directives mais aussi qu'on ne peut pas maintenir dans le systme juridique des dispositions contraires aux directives. En consquence, il est dsormais possible de se prvaloir d'une directive mme non-transpose lors d'un recours contre un acte administratif, quelle que soit la nature de cet acte (individuel ou rglementaire).

Section 3: les sources lgislatives et les principes gnraux du droit

Tous les textes de lois sont viss (non seulement la loi elle-mme lais aussi les ordonnances ratifies) et entrent dans le champ du contrle du juge administratif, qui peut utiliser tous les textes pour assurer le contrle d'un acte administratif donn.Les principes gnraux du droit (PGD) sont les principes dgags par le juge administratif et largement utiliss la fin du XIXme (3me Rpublique) au moment o les textes constitutionnels taient muets sur la question des droits fondamentaux et ne traitaient que de procdure. Le Conseil d'Etat avait donc dgag de nombreux PGD pour venir combler un manque constitutionnel. Ce sont donc des crations du juge qui si situent un niveau suprieur que l'acte administratif et qui permettent au juge de sanctionner un acte administratif car celui-ci serait contraire un PGD. Pendant toute la 3me, le Conseil d'Etat dgage donc un grand nombre de principes qui ne sont plus aujourdhui invoqus comme tels car ils sont entrs dans Constitution. Lors de la 4me, les PGD ont t utilis dans des questions de continuit de service public, de niveau minimum de rmunration, de droits des femmes, etc. Ils sont maintenant des principes procduraux administratifs, par exemple le principe selon lequel le Conseil d'Etat est oblige d'abroger un texte illgal, le principe de scurit juridique, etc. Il y a donc une relle volution du rle des PGD qui sont aussi bien moins utiliss qu'auparavant.

Chap. 2: Les limites du principe de lgalit

C'est la 'zone d'ombre', avec des possibilits de drogation aux rgles de droit qui ne remettent pas en cause notre dmocratie mais pourraient mener des abus.

Section 1: l'acte de gouvernement

C'est un acte pris par le gouvernement, donc un acte administratif qui comme tel devrait tomber sous le contrle du juge. Cependant, l'acte de gouvernement a un statut contentieux trs particulier et chappe tout contrle juridictionnel. Tout acte qui dcoule d'un mobile politique est ainsi cens chapper au juge, mais le problme est que c'est un catgorie trs large et imprcise.Arrt Prince Napolon Conseil d'Etat 1875: le Conseil d'Etat abandonne le contrle des actes de gouvernement mobile politique. La thorie de l'acte de gouvernement n'a pas t abandonne, et le juge administratif doit trouver un critre explicatif pour ce qui constitue ou non un tel acte.Certains cas sont assez logiques, d'autres sont plus problmatiques. Les deux grandes catgories d'actes de gouvernement sont: Sont 'acte de gouvernement' ceux qui tournent autour de la relation des pouvoirs publics entre eux. Tombent sous cette catgorie un certain nombre de dcisions du Prsident de la Rpublique, notamment son droit de recourir l'article 16 de la Constitution (les pleins pouvoirs) qui a t reconnue par l'arrt Rubin de Servens de 1962. Ceci consacre aussi la lgalit de la nomination des membres du Conseil Constitutionnel, la dcision de soumettre un projet de loi un rfrendum, la dcision de dissoudre l'Assemble Nationale, etc. De plus, les dcrets de composition du gouvernement (par exemple le fait de nommer le Premier Ministre) sont des actes de gouvernement.Un certain de dcisions du gouvernement tels le dpt d'un projet de lois, son retrait, le refus de dposer un projet de lois, etc. constituent aussi des actes de gouvernement. La conduite des relations diplomatiques chappe au contrle du juge et est acte de gouvernement, mais c'est une sphre trs large d'actes. Ont fait partie de cette catgorie la dcision de permettre aux avions US de survoler le territoire franais pour la guerre en Irak, les dcisions d'engager les troupes (au Kosovo notamment), etc. A aussi t considre comme un acte de gouvernement la dcision de reprendre les essais nuclaires dans le Pacifique en 1995 malgr des engagements internationaux qui lient la France.Les actes de gouvernement sont moins utiliss maintenant quils ne ltaient auparavant.

Section 2: la lgalit et les circonstances exceptionnelles

Le contrle du juge peut tre adapt pour prendre en compte des circonstances exceptionnelles et reconnatre un pouvoir accru pur ladministration.

1. Les rgimes d'exception

La Constitution prvoit la possibilit de mettre en place des rgimes dexception, notamment via l'article 16 de la Constitution qui autorise le Prsident prendre les pleins pouvoirs. L'article 36 sur l'tat de sige (pril imminent rsultant soit d'une guerre trangre, soit d'une insurrection main arme) transfre l'arme tous les pouvoirs, notamment tous les pouvoirs de police.Il y a aussi la loi de 1955 sur l'tat d'urgence qui accrot les pouvoirs de l'autorit administrative lors d'un pril imminent rsultant d'une atteinte grave l'ordre public ou d'une calamit. L'tat d'urgence est dcrt en Conseil des Ministres du gouvernement qui dcrte l'tat pour 12 jours, et au del il faut passer par le parlement qui doit voter une loi. Il est dclar dans une ou plusieurs zones vises, dans lesquelles l'administration va recevoir des pouvoirs de police accrus, notamment le droit de restriction de la libert de circulation, de la libert de la presse, et le droit de demander la remise des armes.Il est aussi possible pour le gouvernement de prendre un dcret spcial qui renforce l'tat d'urgence dans une zone particulire. Les pouvoirs encore renforcs donnent l'administration un droit de perquisition (donc sans autorisation du juge judiciaire), le droit de dclarer l'assignation domicile et de celui de fermer les lieux de runion.L'tat d'urgence avait t cr pour la guerre d'Algrie et a t rutilis lors des meutes de 2005 avec toute la 'batterie' tant donn qu'il avait t renforc sur certaines zones.

2. La thorie des circonstances exceptionnelles

C'est une thorie jurisprudentielle, donc dveloppe par le juge, et suivant la logique que dans des temps difficiles on ne peut attendre de l'administration le mme respect de la lgalit que dans des temps normaux. La thorie est consacre par l'arrt Heyris 1918, qui suivait la condamnation disciplinaire d'un fonctionnaire pendant la Premire Guerre Mondiale. La loi prvoyait que tout fonctionnaire avait le droit de recevoir la communication de son dossier lors de sa comparution, or pendant la guerre le gouvernement avait suspendu l'application de certaines lois, notamment celle-ci (pour les dossiers de trahison). Heyris a fait l'objet d'une condamnation et a fait appel pour non-communication. Le Conseil d'Etat a considr que les circonstances de guerre exceptionnelles justifiaient qu'un tel dcret soit appliqu, et que ladministration pouvait par dcret suspendre l'administration de la loi.Un texte qui devrait normalement tre illgal va donc pouvoir tre sauv, et c'est le juge qui dcide si les circonstances sont exceptionnelles ou non. Cela a servi pendant WWI, pendant des temps de risques climatiques (volcan en Guadeloupe), mais est peu utilis.

Titre 3: Le contrle juridictionnel de ladministration

Chap. 1: Les recours contentieux

Section 1: structure du contentieux administratif

Il y a une structure binaire avec deux grands types de recours: Le recours pour excs de pouvoir, i.e. l'annulation d'un acte administratif en raison de son illgalit. C'est un recours objectif. Le dlai est trs bref, deux mois compter de la publicit de la dcision. Doivent figurer dans la dcision la mention des dlais et voies de recours. Le recours de plein contentieux/pleine juridiction, qui est un contentieux de droit subjectif, on forme un recours demandant qu'un droit de crance contre ladministration soit reconnu. Cela joue surtout en matire de responsabilit vis--vis de l'administration ainsi qu'en matire contractuelle. Cette structure binaire existe toujours mme si les frontires commencent s'estomper.

Section 2: Les rgles relatives la recevabilit des recours

1- La question de l'intrt pour agir

C'est la question de qui peut agir devant le juge. En droit subjectif, ce n'est pas important, car si on cherche la reconnaissance d'un droit subjectif, c'est qu'on a un intrt.

Par contre, lors d'un recours pour excs de pouvoir, chacun a thoriquement un intrt dans le respect par l'administration de la lgalit, donc il pourrait n'y avoir aucune limite et cela poserait des problmes d'un point de vue pratique. Le Conseil d'Etat va systmatiquement aller chercher si on a bien intrt agir lors d'un recours, i.e. si la question administrative a une incidence pour celui qui veut le recours, donc si son intrt a t ls. Les incidences sont apprcies trs largement et indirectement mais doivent exister, elles peuvent ainsi tre financires, esthtiques, etc.

L'arrt Casanova 1901 du Conseil d'Etat a pos le principe suivant: la qualit de contribuable local suffit donner un intrt agir contre toute dcision susceptible d'entrainer des dpenses la charge de cette collectivit ou de rduire les recettes qu'elle pourrait recevoir. Cela ne vaut par contre pas au niveau national, o le fait d'tre contribuable ne suffit pas pour poser un recours sur le budget.

L'arrt syndicat des propritaires et contribuables du Quartier Croix de Seguey-Tivoli 1906 a pos le principe selon lequel la qualit d'usager de service public donne le droit de contester toutes les dcisions relatives l'organisation et/ou au fonctionnement d'un service public. Cela concerne tous types de services public, qu'ils soient locaux ou nationaux (ramassage scolaire, la Poste, SNCF, Mtro, etc.).

L'arrt du Conseil d'Etat 1906 syndicat des patrons coiffeurs de Limoges admet la recevabilit des recours forms par des associations, groupements, etc. au nom de l'intrt collectif tant que l'objet du groupe soit li la dcision administrative faisant l'objet d'un recours. L'intrt peut donc tre individuel ou collectif.

Les collectivits peuvent aussi agir, notamment contre les dcisions de l'Etat.

2- La question du dlai

Une fois le dlai de recours de deux mois expir, la dcision administrative est dfinitive. La rgle peut cependant tre contourne pour les actes rglementaires de porte gnrale (un dcret, un arrt, etc.) dont dcoulent des actes individuels.Par exemple, un acte rglementaire passe en juin 2010 et un acte individuel en dcoule en juin 2012. On peut faire un recours dans les deux mois aprs juin 2012 mais le dlai pour juin 2010 est depuis longtemps pass. On fait donc avant aot 2010 un recours dans lequel on invoque une exception d'illgalit de l'acte gnral qui a servi de fondement l'acte individuel. L'acte pourra tre dclar illgal.Il y a donc deux rgles: tre dans le dlai de recours de l'acte individuel existence d'un lien entre l'acte individuel et l'acte rglementaireL'administration est oblige d'abroger un acte rglementaire illgal. On peut toujours adresser une demande d'abrogation d'un acte, et si ladministration reste silencieuse pendant un dlai de deux mois, cela vaut une dcision de refus. On peut dans ce cas l attaquer son refus d'abroger, et si l'acte tait illgal, le juge peut annuler le refus d'abroger de l'administration et l'obliger revenir sur son refus, i.e. l'obliger abroger.

Chap. 2: Le recours pour excs de pouvoir

C'est le recours le plus 'classique' en droit administratif, permet d'obtenir du juge l'annulation d'un acte illgal en regardant si l'administration a respect le principe de lgalit. A beaucoup volu au fur et mesure de l'volution du droit administratif. Plus le juge va loin dans son contrle, plus l'activit de l'administration est encadre, et plus l'Etat de droit et assur.Au dbut du 19me sicle, la seule question/le seul grief tait de savoir si l'autorit tait bien comptente, le contenu du l'acte n'tait pas examin.Peu peu, le juge a augment son contrle sur les dcisions administratives en s'intressant la question de la lgalit interne (i.e. le contenu de l'acte).

Section 1: Les moyens d'annulation

La structure utilise ci-aprs est la mme que celle que l'on peut dvelopper dans un mmoire l'encontre d'un acte administratif auprs d'un juge. On part des arguments juridiques les plus vidents pour aller ensuite vers des questions plus subtiles, la dmarche suit l'intensit du contrle du juge.

Il faut au moins utiliser un moyen de lgalit interne et un de lgalit externe. La jurisprudence Intercopie 1953 a pos pour principe que si dans le dlai de recours (deux mois) on n'a utilis qu'une seule des deux causes juridiques, aprs le dlai, on ne pourra plus dvelopper que des moyens rattachs cette cause. Ainsi, si on a oubli dans le recours d'excs de pouvoir d'invoquer des moyens internes, on ne pourra le faire aprs.On cite donc un moyen dans chaque catgorie de manire totalement artificielle et infonde afin de s'assurer que l'on pourra dvelopper les moyens plus tard.

1. Les moyens de lgalit externe

Ce que l'on appelle la 'lgalit externe' est tout ce qui touche la lgalit de l'extrieur de l'acte, i.e. les arguments juridiques qui touchent au processus de formation de l'acte et non pas son contenu.

Les moyens de lgalit externe son au nombre de trois: La question de lincomptenceL'administration doit rester dans les limites de sa comptence, elle ne peut agir que si elle a l'autorit de le faire. C'est un moyen considr comme tellement important qu'il constitue un moyen d'ordre public, ce qui signifie que le juge peut le relever d'office mme sans les parties car une des premires garanties de l'Etat de droit est que celui-ci reste dans ses comptences.S'il y a incomptence, c'est 'imparable'. Le vice de procdureLes actes administratifs doivent obir une srie de rgles procdurales, sinon il y a un vice de procdure. Tous ne seront pas forcment sanctionns, et certains vices non substantiels pourront ne pas amener l'illgalit de l'acte. Le vice de formeSanctionne la violation des rgles relatives aux exigences formelles. Certains actes administratifs devront par exemple tre motivs, et si cela n'est pas le cas il peut y avoir vice de forme.

2. Les moyens de lgalit interne

Lorsqu'on traite de lgalit interne, on s'intresse au contenu de l'acte. Le juge accepte d'oprer ce contrle de la lgalit interne qui va lui permettre de revenir sur le sens mme de la dcision de l'administration.

Le dtournement de pouvoirC'est un contrle du but de l'acte. Le dtournement sera constitu si l'administration a utilis ses pouvoirs (i.e. pris un acte administratif) dans un but qui tait un but prohib, interdit, ou dans un but qui n'est pas celui pour lequel le pouvoir en question a t confr& l'administration.Si la dcision administrative a t prise dans un but priv, cela est un cas flagrant de dtournement de pouvoir. Il peut aussi y avoir par exemple une commune qui dcide d'utiliser un bien immobilier afin d'empcher quelqu'un de s'installer sur le territoire de la commune.Existe aussi dans les cas dans lesquels l'administration agit sans doute dans un but d'intrt gnral, mais utilise pour ce faire un acte administratif dans un but qui ne s'accorde pas ce but. Par exemple, une commune rend un terrain non constructible et l'achte pour beaucoup moins cher que sa valeur, puis rechange les rgles pour le rendre constructible et construit des logements sociaux.Le juge administratif n'aime pas utiliser le dtournement de pouvoir car cela stigmatise l'administratif, et s'il peut utiliser une autre argument il essaiera souvent de le faire. La violation de la loiProblme de contenu de l'acte, lorsque l'acte administratif n'a pas respect les normes suprieures. Les irrgularits relatives au motif de l'acteTout acte administratif est pris en fonction de considrations de fait et de droit, et le juge administratif a accept de contrler les motifs factuels et les motifs juridiques de l'acte. Il y a trois points vrifier:Contrle de l'erreur de fait: le juge va contrler l'exactitude des faits.Contrle de l'erreur de droit: le juge contrle la norme juridique applique par l'administration. Mauvaise normeL'administration applique une norme qui n'est pas applicable au cas d'espce, il y a une erreur dans la base lgale. E.g. La norme n'est pas encore entre en vigueur, etc. Norme illgaleLa dcision administrative a t rattache une norme qui tait illgale. L'administration s'est fonde sur un texte qui tait lui-mme vici. Problme d'interprtationL'administration ne s'est pas trompe de norme, la norme n'tait pas illgale, mais elle a mal interprt la norme qu'elle a utilise.L'erreur dans la qualification juridique des faits: arrt Gomel 1914 qui concernait l'dification d'un btiment place Beauvau Paris. Le texte l'poque permettait de refuser un permis de construire ds lors que le projet portait atteinte une 'perspective monumentale'. La question juridique tait donc de savoir si la place Beauvau tait ou non une perspective monumentale.Le juge administratif a accept de contrler la qualification juridique des faits, i.e. de regarder si l'administration s'est trompe. C'est difficile, car les textes sont parfois trs prcis, mais parfois vagues, et plus les textes sont prcis, plus le contrle du juge est rduit car la qualification est claire. E.g. Un 'site pittoresque' lorsqu'il est 'proche du rivage', que veut dire proche du rivage?

Section 2: Lintensit du contrle du juge

Le contrle du juge varie en fonction de la marge du pouvoir discrtionnaire (i.e. pas limit par les textes) de ladministration. Le juge administratif n'est pas l'administration et n'a normalement pas prendre de dcisions sa place, surtout politiques. Lorsque l'administration dcide des rgles d'urbanisme sur son territoire, c'est un choix politique discrtionnaire qui est une marque de pouvoir de l'administration.Si le juge ne veut pas substituer sa dcision celle de l'administration, il doit s'arrter. La variation de son contrle concerne la qualification juridique des faits, c'est l que le contrle s'effectue. Le contrle infra minimum: le juge n'oprera aucun contrle sur la qualification juridique des faits. On peut citer plusieurs cas: les dcisions prises par l'administration concernant les rsultats des jurys d'examen/des concours. Les dcorations (Lgion d'Honneur) Le contrle de l'erreur manifeste d'apprciation: la qualification juridique des faits sera contrle mais le juge se contentera de vrifier si l'administration n'a pas commis des erreurs manifestes d'administration. Il n'ira pas plus loin, i.e. il faut vraiment qu'il y ait une erreur manifeste/grossire. Si le juge n'a pas envie de censurer, le juge peut dire qu'il n'y a pas d'erreur manifeste, et la dfinition d'erreur manifeste est la discrtion du juge. Le contrle normal: contrle total de la qualification juridique des faits. Le juge reprend totalement apprciation de l'administration porte sur les faits. Le contrle bilan-cot-avantage (ou contrle de proportionnalit): ce type de contrle se retrouve dans deux domaines: la police l'expropriation: le juge regarde les avantages et les inconvnients de la dcision et vrifient si les premiers l'emportent sur les deuximes. Il examine les consquences de la dcision pour la proprit prive, en termes financiers, sociaux, cologiques, etc. et les comparent aux avantages. Il reprend donc toute l'apprciation de la dcision administrative. C'est un contrle plus fin, plus pouss.

Section 3: Les consquences du recoursLe recours pour excs de pouvoir entrane l'annulation rtroactive de l'acte qui est cens d'tre jamais intervenu. Il y a des inconvnients, car on rtablit la situation au point o elle tait avant l'acte administratif donc cela pose des problmes avec tout ce qui avait t fait en vertu de l'acte entre temps (e.g. on reoit une bourse, la bourse est annule donc il faut la rembourser).On passait une loi qui validait les situations prexistantes et permettait que celles-ci ne soient pas remises en cause.Le juge administratif a t sensible cette question et a fait voluer sa jurisprudence avec l'arrt Association AC 2004, qui illustre le pouvoir dtenu par le juge administratif. Le Conseil d'Etat a estim de son propre chef qu'il lui appartenait, lorsque les consquences d'une annulation contentieuse rtroactive taient trop importantes, de moduler ses effets dans le temps.Le juge administratif va dire que l'acte est irrgulier et l'annuler, mais il va fixer le moment partir duquel ses effets seront considrs comme n'tant pas intervenus et donc donner ladministration un dlai pour s'adapter. Certains actes seront donc encore appliqus malgr leur illgalit.Arrt Dumont 23 novembre 1988 Conseil d'EtatSelon le Conseil d'Etat, la qualit de contribuable national de l'Etat ne lui donne pas le droit d'attaquer une dcision qui touche aux finances nationales / budget sur la base de l'arrt xxxx. Arrt 29 janvier 2003Recours form par une association contre un permis de construire de 140 logements dans la station alpine des Arcs. La question est de savoir si l'association, l'Union des Propritaires pour le Dfense des Arcs est en rapport direct avec la dcision de l'administration et si elle a intrt pour agir."la reprsentation et la dfense, dans tous les domaines, des intrts des propritaires, dans le cadre de l'intrt gnral et notamment : / de runir ses adhrents pour promouvoir et faciliter de bonnes relations et crer des liens de solidarit, / d'informer les adhrents des projets et du devenir des Arcs, / d'assurer leur reprsentativit auprs du public, des administrations, de la commune, de toutes parties intervenant aux Arcs et, si besoin est, leur dfense en justice, / d'tudier toutes les questions concernant les Arcs ou pouvant exercer une influence sur la station, / d'assurer la dfense de la station et des propritaires par tous moyens lgaux, / de contribuer la vie et l'animation des Arcs et la promotion du site."Il a t dcid que l'association n'avait pas intrt pour agir.Arrt 5 juillet 2006Recours contre un projet de lotissement. Le Conseil d'Etat a conclu que le requrant habitait trop loin et son intrt n'tait donc pas directement ls. L'invocation de la qualit de contribuable local a t refuse car le lotissement tait un projet priv qui ne cotait donc pas la commune.Arrt 16 dcembre 2008Recours contre un plan de dplacement urbain, i.e. l'organisation des transports collectifs sur le territoire communal etc. Le Conseil d'Etat reconnat l'intrt pour agir du requrant en admettant trois qualits: la qualit d'habitant de la commune la qualit de contribuable local la qualit d'usager des transports en commun Arrt 20 mars 1987Un requrant conteste la dcision d'un jury car deux notes taient trs cartes. Le Conseil d'Etat est saisi, mais juge que le jury n'a pas 'mconnu un principe gnral du droit', donc rejette la demande du requrant.Arrt 16 dcembre 1988S'agissait d'une nomination au tour extrieur d'un inspecteur gnral aux affaires culturelles. L'association gnrale des administrateurs civils avait pos un recours contestant la comptence. Le juge accepte de reprendre les attributions confies aux fonctionnaires et les qualifications de la personne mais pas jusqu'au fond (donc contrle de l'erreur manifeste d'apprciation).Arrt 3 novembre 1989Arrt prfectoral intervient pour fermer un restaurant, le requrant attaque. Le restaurant en question aurait t utilis pour ouvrir un trafic de drogue.Il y a un contrle de l'erreur de fait, car la dcision administrative tait base sur des faits inexacts, pas matriellement tablis. Le Conseil d'Etat annule donc l'acte administratif.Arrt 12 fvrier 1993Porte sur la ralisation d'un golfe par la commune. La rgle de droit applicable est celle de l'extension limite des espaces proches du rivage, et la question est de savoir si (1) la zone envisage est un espace est proche du rivage et (2) dans un deuxime de temps de savoir si le projet est une zone d'urbanisation limite.C'est donc un contrle qualitatif des faits qui entre en jeu. Le Conseil d'Etat reprend l'apprciation porte par l'administration et prend une apprciation inverse.Arrt Vaucresson 23 juin 1997 Conseil d'Etat - Association contre le projet de l'autoroute transchablaisienne 28 mars 1997 Conseil d'EtatDcision administrative qui va permettre exproprier afin de construire une autoroute. Dans ces deux hypothses, le Conseil d'Etat opre un contrle du bilan-cot-avantage. Le juge va regarder les avantages et les inconvnients de l'opration.Dans l'affaire de Vaucresson le juge admet l'intrt d'utilit publique de la dcision. Inversement, dans le cas de l'autoroute transchablaisienne, le juge arrive la conclusion inverse et annule la dcision en raison du trafic qui n'est pas trs important et d'un intrt trop limit.Arrt Cire 2007 (application jurisprudence Arrt AC)Remise en cause de la nomination d'un magistrat. Le dcret de nomination est attaqu et par la suite annul. Cependant, il est aussi dcid que l'annulation ne sera valide qu'aprs un mois afin de permettre une transition. La remise en cause de la nomination entranerait la remise en cause de toutes les procdures auxquelles il aurait particip. Il aurait fallu utiliser une validation lgislative, mais le juge le fait lui mme avec la procdure de modulation dans le temps.

2me partie: Laction de ladministration

Titre 1: Les objets de laction administrative

L'administration existe soit pour fournir des prestations, soit pour exercer une activit de police administrative.

Chap. 1: Les services publicsLa notion de service public est l'un des critres d'identification de l'administration, et trs importante en France. C'est une notion juridique avec un rgime juridique applicable.

Section 1: Lidentification du service public - critresLes critres ne sont pas forcment vidents. l'origine, le service publique tait assimil l'activit des personnes publiques, la notion de service publique tant presque la mme que celle de l'administration.Cette ide a disparu avec une nouvelle selon laquelle les personnes prives pouvaient dans certains cas prendre en charge des missions de service publique.Des nouveaux critres sont apparus:1. l'objet de l'activitNe peut constituer un service publique qu'une activit d'intrt gnral. La notion d'intrt gnral est subjective et comprend les missions rgaliennes, les missions traditionnelles de l'Etat comme l'enseignement, l'assistance sociale, la sant, etc.D'autres services publics peuvent apparatre, la notion peut donc tre volutive en fonction de l'volution des besoins et des murs.Arrt Astruc 1916 Conseil dEtat: le thtre nest pas jug tre une activit dintrt gnral. Maurice Hauriou a comment quen effet, le thtre exaltait les passions etc.. Arrt Gheusi 1923 Conseil dEtat: solution inverse retenue, un spectacle peut constituer un service public car les murs ont volu.

2. le lien de cette activit avec une personne publique (lment organique)Beaucoup d'associations ont des missions de service public mais n'ont pas pour cette raison d'intrt gnral, il faut donc le critre organique. Il faut pouvoir rattacher l'activit d'intrt gnral une personne publique, le rattachement peut se faire de diffrentes manires. L'activit peut tre entirement prise en charge par une personne publique, mais le lien peut tre plus indirect. Ainsi, dans le cas d'un service public excut par une personne prive, le rattachement peut tre un contrat entre la personne prive et publique, il peut se trouver dans les statuts mmes de la personne prive (organismes de Scurit sociale qui sont prives).Le juge administratif accepte d'aller regarder comment fonctionne la personne prive et d'aller voir si celle-ci entretient un lien privilgi avec une personne publique. Si cette dernire contrle la personne prive, le lien est tabli.Arrt Association du personnel relevant des tablissements pour inadapts, Conseil d'Etat 2007: les obligations imposes l'association la rattachent une personne publique, elle est donc considre comme charge d'un service publique.

3. Services publics constitutionnelsIl faut savoir sil existe des services publics constitutionnels, obligatoires, protgs par la Constitution. LEtat est-il tenu constitutionnellement de fournir aux citoyens un certain nombre de prestations? Jusqu quel point peut-on rduire celles-ci?Avec les lois de nationalisation de 1982, le lgislateur avait cr un service public dassurances et de banques. Ctait le cas jusquaux privatisations de 1986 et les activits en question ont donc perdu leur qualification de service public. La question a t pose au Conseil constitutionnel pour savoir si cela tait possible, tant donn lalina 9 du prambule de la Constitution de 1946 que les services publics doivent tre nationaliss.Le Conseil va faire rfrence aux services publics dont la ncessit dcoule de principes valeur constitutionnelle. Cest un champ rduit qui ne va concerner que les services publics de base. Ceux-ci figurent dans les textes en tant que droits consacrs, tels le droit lenseignement, le droit la sant, etc.

4. La distinction entre les SPA (service public administratif) et les SPIC (services publics industriels et commerciaux). Cette distinction est apparue avec larrt Bac dEloka, 1921, Tribunal des conflits. Nonobstant son activit commerciale, son activit tait nanmoins de service public, larrt consacre donc lexistence de services publics marchands.Cette distinction est importante car le rgime juridique sappliquant aux deux nest pas le mme. Les SPA sont soumis au droit public et la comptence du juge administratif.Les agents dun SPA sont toujours soumis au droit public et peuvent tre fonctionnaires ou contractuels. Les usagers dun SPA ne se trouvent pas dans une relation contractuelle avec le service mais entrent dans une relation dcide par ladministration, ils ne ngocient donc pas leurs droits. Contestations et litiges seront ports devant le juge administratif. Les SPIC sont soumis au droit priv et la comptence du juge judiciaire.Les agents des SPIC sont soumis au droit priv. E.g. les agents de la RATP et de la SNCF ne sont pas des agents publics et sont soumis au Code du travail. Ils ont des statuts spciaux mais sont nanmoins soumis la comptence du juge judiciaire.Les usagers dun SPIC sont ce titre dans une relation contractuelle avec le gestionnaire du service public, et les problmes dexcution du contrat sont ports devant le juge judiciaire.Les questions dorganisation du service public (horaires, tarifs, choix des lignes, etc.) sont nanmoins considrs comme des actes administratifs qui traduisent une prrogative de puissance publique, ils sont donc des actes administratifs qui relvent de la comptence du juge administratif.

Comment distingue-t-on entre les deux? La jurisprudence a clarifi les critres de qualification, qui peuvent aussi tre dcids par le lgislateur (i.e. lorsque la qualification est le fait de la loi), et les juges doivent donc se tenir celle-ci. Lorsque la qualification est rglementaire, le juge peut juge si celle-ci est bonne ou non.Critres: lobjet du service lintrt gnral non-marchand: lactivit donne-t-elle lieu des prestations marchandes? lorigine des ressources: les SPIC par dfinition sont des activits marchandes et fonctionnent partir de redevances provenant de lactivit du service, tandis que les SPA sont aliments par des ressources fiscales/des subventions verses par des services publics.En fonction de leur mode de financement, les services peuvent donc changer de nature juridique. E.g. service denlvement des ordures mnagres qui est financ par une taxe calcule par rapport au lieu dhabitation, non par lutilisation que les usagers en font. Souvent, ce service est financ de fiscalement (dans quel cas il est un SPA), mais dans certaines communes, il est aussi financ par un service de redevances en fonction du poids des poubelles, et dans ce cas l, le service public est un SPIC. activit dirige ou non vers la recherche de profit etc.

Section 2 : Le rgime des services publics

1. La prise en charge des services publics

A. La cration des services publicsJusquo lEtat peut-il aller dans la prise en charge de lintrt gnral? Le Conseil constitutionnel avait reconnu en 1982 la valeur constitutionnelle de la libert dentreprendre et du droit de proprit (qui peuvent ensemble limiter les nationalisations, mme sil avait reconnu quil ne lui appartenait pas de juger de la pertinence des activits de nationalisation).Au niveau local (des Collectivits territoriales), la question se pose de savoir si lactivit de service public finance par limpt va concurrencer une activit marchande (e.g. service WI-FI gratuit sur le territoire de la commune) et donc exclure lentreprise prive de ce type dactivit.Il existe des services publics obligatoires, i.e. le lgislateur impose aux communes un certain nombre dactivits (service public dcole, dassainissement, de pompes funbres, denlvement des ordures, etc.). Lorsquon sort de cette liste, il y a un nombre de rgles suivre: principe de spcialit des personnes publiquesToutes les personnes publiques (sauf lEtat) sont spcialises et ont donc des champs de comptences dlimites (e.g. la SNCF ne peut dcider douvrir un hpital). Les Collectivits territoriales se sont vu donner des champs de comptences.Depuis la dcentralisation de 1982 et jusquen dcembre 2010, toutes les CT bnficiaient dune clause gnrale de comptence qui prvoyait qu chaque niveau, la collectivit pouvait intervenir pour prendre toute dcision dintrt public local (relative aux affaires communales pour les communes, dpartementales pour les dpartements, etc.)La loi de 2010 a supprim la clause gnrale de comptence pour les dpartements et les rgions qui ne peuvent donc agir quen lien avec les comptences transfres. principe de la libert de commerce et de lindustrieArrt Chambre syndicale du commerce en dtail de Nevers, 1930, Conseil dEtatLes communes ne peuvent exploiter directement des services dintrt public caractre industriel et commercial que si en raison de circonstances particulires de temps et de lieu, un intrt public justifie cette intervention, i.e. en raison dune dfaillance de linitiative prive, il ny avait aucun autre moyen de satisfaire les besoins de la population.Les circonstances particulires taient dfinies par exemple comme des temps de carences pendant lesquelles linitiative prive tait insuffisante.Arrt Ville de Nanterre, 1964, Conseil dEtatCration par la ville de Nanterre dun cabinet de dentistes municipal qui concurrenait des cabinets existants. La justification donne tait le fait quun nombre de personnes navaient pas les moyens daller dans les cabinets privs.Ici, la doctrine est passe dune carence quantitative une carence qualitative pour justifier lexistence du cabinet. Cela pose problme dun point de vue thorique car tout peut tre justifi et ne suit pas la jurisprudence prcdente.Arrt Dpartement de la Corrze, 2010, Conseil dEtatLe dpartement avait dcid de mettre en place un service public de tlassistance aux personnes ges afin de faciliter leur maintien domicile. Ce type de service existe dans le secteur priv, mais le Conseil dEtat a admis la cration.La carence de linitiative prive nest plus quun indice, plus un critre, pour justifier lexistence dun intrt public. On reconnat donc un intrt public mme sil ny a pas de relle carence, mais lintervention publique ne doit pas venir fausser le principe de la libre-concurrence.

B. Le mode de gestion du service publicLa gestion peut se faire de plusieurs manires par une personne publique rgie tablissement public ddi de manire externaliseOn confie le service public un prestataire externe par le biais dun contrat, la convention de dlgation dun service publiqueLoi Sapin 1993: organise la passation de ces contrats (impose une publicit pralable, limite la dure des contrats 15 ans, etc.)

2. Les principes de gestion des services publicsPour les grands principes classiques, on parles les lois de Roland: lgalit, la mutabilit, la continuit.

A. LgalitA situation quivalente le traitement doit tre quivalent, les diffrences de traitement ne pouvant tre justifies que par une diffrence de situation ou par une raison dintrt gnral en rapport avec lobjet du service.Le droit franais est statique (e.g. par rapport aux droits allemand et communautaire) car ladministration nest jamais oblige de traiter diffremment dans des situations diffrentes. Il dit uniquement quon doit tre traitLe service public doit aussi respecter le principe de neutralit. Arrt Commune de Sainte Anne, 2005, Conseil dEtat: un drapeau signification indpendantiste avec t plac devant une Mairie en Martinique, mais a du tre enlev.Les agents publics doivent aussi faire preuve de neutralit, et ne peuvent donc pas manifester leurs opinions politiques ou leurs croyances religieuses.Le principe de neutralit a t tendu aux personnes qui aident occasionnellement la ralisation dun service public (e.g. parents accompagnateurs scolaires de sorties).La question sest aussi pose pour les usagers de services publics, et une loi du 15 mars 2004 a interdit le port de signes religieux distinctifs dans les enceintes des coles.

B. La mutabilitLe service public doit sadapter aux besoins de lintrt gnral. Cela veut dire que les usagers nont aucun droit au maintien dun service public. Le principe est apparu dans la jurisprudence au dbut du 20me sicle lorsque les communes ont rsili leurs contrats avec les socits gazires pour lclairage des villes, passant lclairage lectrique.Le juge a donc consacr la possibilit de lvolution du service public pour suivre lintrt gnral. Il na cependant jamais utilis la mutabilit invoque par une personne.

C. La continuitLa continuit implique un fonctionnement rgulier du service public, et certains services ne peuvent jamais sarrter, e.g. la dfense, la police, la sant, etc.Jusqu la Constitution de 1946, les agents de service public ne se voyaient pas reconnatre le droit de grve car on considrait que cela remettait en cause le principe de continuit. Le prambule de la Constitution de 1946 lautorise, mais donne au lgislateur le droit de rglementer celui-ci afin dassurer la continuit.Celui-ci ne sest pas rellement saisi de cette opportunit, et peu de textes sont intervenus pour rglementer le droit de grve. Certaines professions nont pas le droit de grve, comme les militaires, les policiers, le personnel des institutions pnitentiaires (fonctions rgaliennes de lEtat). Un service minimum a t instaur pour le contrle arien et le service public audiovisuel.Le droit de grve a depuis 1946 une assise constitutionnelle bien ancre, tandis que le principe de continuit tait longtemps moins solide. Le Conseil constitutionnel a reconnu le 25 juillet 1979 la valeur constitutionnelle du droit de grve mais en le conciliant avec la continuit du service public. Plusieurs lois ont dit mettre en place un service minimum, mais ce nest pas un rel service minimum.La loi du 21 aot 2007 ninstaure pas un service minimum (rquisition dun minimum de personnel) dans les transports, mais elle organise la grve en mettant en place des procdures de dialogue et lobligation pour les agents de se dclarer grvistes 2 jours en avance. Ce dlai permet daffecter les agents sur les dessertes/horaires prioritaires. Cette mesure ne peut donc pas fonctionner dans les cas o le pourcentage de grvistes est trop lev.Le service minimum a t mis en place dans le secteur scolaire avec la loi du 28 aot 2008, avec un service daccueil mis en place lors des grves denseignants. Cependant, certaines mairies considrent quelles nont pas les moyens pour mettre en place ce genre de services.

3. Lvolution des services publicsLes services publics se transforment, on considre que dautres logiques doivent tre mises en uvre dans lorganisation, e.g. transparence, satisfaction des usagers, intervention des usagers dans la gestion, etc.On voit aussi lincursion de nouvelles questions juridiques, tel le droit de la concurrence, le droit de la consommation, qui sappliquent aux services publics et conduisent une certaine transformation. le droit de la concurrence interdit les ententes, les abus de position dominante, etc. Il sapplique aux personnes publiques par larticle L420-1 Code commercequi dit que les personnes publiques sont concernes aussi ds lors quil sagit dune activit de production ou de distribution de services.Arrt Million et Marais, 1997, Conseil dEtat: abus de position dominante, lentreprise se trouve dans une situation si privilgie quil est vident quelle va conduire un abus du droit de la concurrence. le droit de la consommation a amen une transformation des usagers de consommateur client pour les SPIC. Il y a un net mouvement.Enfin, le mouvement le plus puissant est lvolution sous la pression du droit de lUE, e.g. les services publics en rseau, i.e. les grands services nationaux qui ont vocation couvrir lintgralit du territoire. Le dbut des annes 1990 a vu la volont de la Commission europenne de supprimer les monopoles nationaux, or il y avait en France de nombreux services publics fonctionnant sur ce principe. E.g. le matriel ainsi que les prestations tlphoniques en France; le monopole dans le domaine du matriel (tlphones fixes, etc.) a t dmantel en premier, puis les prestations. Aujourdhui, le service public des tlcommunications se limite aux numros durgence, aux cabines tlphoniques, aux annuaires, etc.La Commission sest aussi attaque lnergie, et aujourdhui seuls le transport et la distribution dnergie ne sont pas soumis la concurrence. En France, le problme des tarifs rglements demeure.Le secteur ferroviaire est dsormais ouvert la concurrence: le fret lest compltement, le transport des voyageurs en partie. Il est envisag de runir la SNCF et le RFF (Rseau ferr de France) et douvrir le domaine dautres acteurs, mais il y a des blocages, notamment les moyens de pression trs lourds des services publics.Il y a aussi lide selon laquelle lide mme des EPIC offre une garantie de lEtat des entreprises et fausse la concurrence.

Chap. 2: La policeLadministration a pour mission de faire respecter lordre public.

Section 1: Lobjet de la police administrativeLa police est deux choses: elle vite les atteintes lordre public, et rprime ces troubles lorsquils se produisent.

1. Distinction entre la police administrative et la police judiciaireCes deux types de police sont juridiquement parlant distinctes. La police administrative ne concerne que le premier temps, i.e. elle a uniquement une fonction prventive, tandis que la police judiciaire a une mission rpressive. La police administrative relve du droit administratif et du juge administratif, alors que la police judiciaire relve du droit pnal et de la comptence du juge judiciaire. Cest une question trs importante dautorit comptente, car les mesures de police administrative sont prises par lautorit administrative, et ces mesures peuvent tre trs varies, tandis que les mesures de police judiciaire sont dcides par lautorit judiciaire.Les agents qui interviennent sont les mmes. Lorsquils prviennent les troubles lordre public, ils sont agents de police administrative (e.g. contrles au bord de la route), mais sils cherchent rprimer (e.g. poursuivre un chauffard qui vient de passer) ils sont agents de la police judiciaire.

2. La protection de lordre publicIl sagit de sassurer que lordre est garanti, car celui-ci est la condition premire de lexercice de nos liberts publiques. Il sagit donc de savoir ce que sont ces liberts et de savoir jusquo on peut aller. La nature de lordre publicTraditionnellement, relevaient de lordre public la sret, la scurit publique, la salubrit publique (mesures en matire dhygine, de protection de la sant, rglementation de la composition des mdicaments, etc.), la tranquillit publique (ouverture des bars, plans de circulation des avions autour des aroports, etc.).On impose des contraintes, qui sont rpressives par nature par rapport aux liberts fondamentales. Cela pose donc un problme car il faut savoir si on peut aller plus loin pour protger ces lments aux dpens des liberts. La question de la moralit publiqueUne autre question qui a merg est la suivante: admet-on au nom de la moralit publique lintervention dune autorit administrative? Le problme a t pos devant le juge, qui sest montr rserv mais a admis certains principes, et on a vu des arrts au nom de la morale publique.Cest une porte utilise avec discernement mais qui est nanmoins dangereuse.Arrt Socit des films Lutetia, 1959, Conseil dEtatLe maire de Nice avait dcid dinterdire un film sur le territoire de la commune au nom de la morale commune. Le film avait reu un visa dexploitation pour tre diffus sur lintgralit du territoire. Le juge administratif a admis que le maire pouvait, en cas de risques de trouble lordre publique ou datteinte la moralitavec des circonstances locales, interdire le film.Il y a eu un nombre darrts en 1963 pour interdire la diffusion des Liaisons Dangereuses, et le Conseil dEtat sest chaque fois pench sur les circonstances locales (nombre dtablissements scolaires, nombre de familles, ge de la population, etc.).Arrt Commune de Houilles, 2005, Conseil dEtatUn sex shop allait simplanter entre deux tablissements scolaires, les circonstances locales on ici t retenues. La question de la dignit humaineArrt Commune de Morsang-sur-Orge, 1995, Conseil dEtatLe respect de la dignit de la personne est une des composantes de lordre public. Lautorit investie du pouvoir de police administrative peut mme en labsence de circonstances locales interdire des attractions au nom du respect d la dignit de la personne humaine.

Section 2: Les mesures de police

1. Les rgles de comptence en matire de policeIl faut distinguer la police administrative gnrale (pouvoir de prendre des mesures contre les risques datteinte lordre public) et la police administrative spciale, qui dcoule de linstitution par un texte particulier dun pouvoir de police. Le nombre de polices spciales est trs important, et compte notamment une police de la chasse, des installations nuclaires, de contrle des eaux, etc.

A. Les autorits gnralesIl faut donc rpartir les comptences: Au niveau national - le Premier ministre est lautorit de police au niveau national (pas le Prsident, pas les ministres), cest donc lui qui prend les mesures qui imposent lordre au niveau national. Au niveau local- il y a deux autorits locales de police: le prfet (autorit dconcentre) et le maire (autorit de police sur le territoire de sa commune). Cest un pouvoir propre quil exerce sans devoir recueillir lavis de son Conseil municipal. Paris, cest traditionnellement le prfet de police qui exerce lautorit de la police, mais le maire peut dcider de la circulation.

B. Les autorits spcialesElles peuvent tre les mmes que les autorits de police gnrale, notamment le maire (qui est charg de la police de baignade, de la police des funrailles, etc.), le prfet (e.g. police des grands rassemblements caractre festif, police des trangers, de la chasse, etc.). On trouve aussi dautres acteurs, comme les prsidents duniversit, le ministre de lintrieur (jeunesse), le ministre de la culture (police du cinma), des autorits de rgulation (Autorit de rgulation des communication lectroniques et des postes ARCET pour le police des tlcommunications, etc.)

2. Lobligation dagir en matire de policeLe juge va se demander si le risque lordre public est grave, et donc si lautorit comptente doit vraiment prendre des mesures pour faire cesser le pril. Si ladministration nagit pas, sa responsabilit peut tre mise en cause.

A. Lobligation dagirObligation dagir seulement en cas de pril imminent. Si pas daction alors quelle aurait t ncessaire, la responsabilit de ladministration est engage.

B. Lorganisation de lexercice du pouvoir de policePouvoir de substitution de lEtat: le maire a un pouvoir de police gnrale, mais lEtat peut se substituer lautorit municipale. Si le prfet estime quil y a un risque de trouble lordre public et que le maire nintervient pas, il peut (aprs une mise en demeure reste sans effet) se substituer celui-ci.Aussi, un citoyen peut interpeller le prfet pour quil adresse une mise en demeure au maire.Concours de police: plusieurs autorits disposant dun pouvoir de police veulent prendre une mesure visant prvenir les risques de trouble lordre public. Concours entre deux autorits de police gnrale (maire + prfet). Arrt Commune Nris-Les-Bains, 1902, Conseil dEtatLe Conseil dEtat a pos la rgle selon laquelle une autorit locale de police peut toujours aggraver les mesures prises par lautorit nationale lorsque des circonstances locales lexigent. Il faut justifier une telle dcision en faisant appel (1) lintrt gnral et (2) les circonstances particulires.E.g. une rgle est pose au niveau national limitant la circulation 50 km/h en ville. Le maire peut aggraver cette mesure (e.g. ville de Paris aujourdhui) en invoquant des circonstances locales. Concours de police entre une autorit de police spciale et une gnrale.Lintervention de la police spciale dispense-t-elle la police gnrale de sa responsabilit?E.g. le problme des films rotiques. Si lautorit de police spciale a accord un visa un film mais quune autorit de police gnrale (i.e. le maire) refuse la diffusion de celui-ci sur son territoire, que se passe-t-il?La jurisprudence dit que si lautorit gnrale (souvent locale) ne peut intervenir pour assouplir la mesure prise par lautorit de police spciale (gnralement tatique), elle peut en revanche la durcir, dans certains cas spciaux. Arrt Commune de Saint Denis, 26 octobre 2011, Conseil dEtatInstallation dantennes de tlphone mobile interdite par le maire dans un rayon de 100m autour de crches / maisons de retraite / coles primaires. Loprateur a fait un recours contre la dcision du maire, et le Conseil dEtat a jug que le lgislateur avait organis une police spciale des communications lectroniques (confie lEtat). Ainsi, lautorit de police gnrale na pas pu dans ce cas intervenir pour complter les mesures prises par une autorit de police spciale exclusivement cre pour le problme en question. Arrt Commune de Valence, 24 septembre 2012, Conseil dEtatLe maire avait pris un arrt interdisant la culture dOGM sur son territoire, au nom du principe de prcaution. Le Conseil dEtat a estim que le lgislateur a cr une police spciale de la culture et de la dissmination des OGM, confie lEtat. Le maire na donc pas pu simmiscer dans lexercice de cette police spciale par ldiction dune rglementation locale. Arrt Commune de Rachecourt-sur-Marne, 2009, Conseil dEtatLeau tait pollue, le maire a alert le prfet (police spciale de leau) qui na pas agi de manire suffisamment forte en se contentant dinterdire la consommation deau pour les nourrissons et les femmes enceintes. Le maire est donc intervenu au nom de son pouvoir de police gnrale. Le Conseil dEtat a estim quil y avait pril imminent et lui a donn raison.Depuis les arrts Saint Denis et Valence, le Conseil dEtat na plus utilis la qualification de pril imminent. Larrt Rachecourt serait nanmoins probablement confirm si un cas similaire se prsentait.

3. Le Contrle du pouvoir de policePar dfinition, une mesure de police limite les liberts publiques, il y a donc un contrle pouss du juge.Arrt Benjamin, 1933, Conseil dEtat: cas dune runion publique interdite, le juge aopr un contrle de proportionnalit entre la mesure et le risque de trouble lordre publique.Le principe de contrle est extrmement strict, ce qui conduit souvent lannulation des interdictions. E.g. depuis le dbut des annes 2000, de nombreuses villes interdisent aux mineurs de se promener seuls aprs une certaine heure en instaurant des couvre-feux. Le juge contrle strictement ces arrts.

Titre 2: Les moyens de laction administrative

Sous-titre 1: Les actes unilatraux

Chap. 1: La notion dacte administratif unilatral

Section 1: Critre organique1. Liens entre ladministration et lacte administratif unilatralUne personne de droit public agit par acte administratif unilatral, cest un lien fort. Toute personne de droit public prend des actes administratifs et est donc soumise laction du juge administratif. Une personne de droit public peut nanmoins agir par acte priv (acte unilatral de droit priv), par exemple dans le cas des SPIC.E.g. le parlement effectue un travail lgislatif, mais est aussi une administration qui passe des contrats. Le juge administratif sestime comptent pour juger du contentieux n de laction des administrateurs du Snat ou de lAssemble nationale, et des actes administratifs du parlement en gnral.E.g. les juridictions judiciaires rendent des jugements, mais sont aussi des administrations dont la vie est organise par des administrateurs. Mme sil sagit de juridictions judiciaires, cest donc le juge administratif qui est comptent pour contrler les actes administratifs pris par ces juridictions.

2. Lien entre une personne de droit priv et lacte administratif universelOn admet dsormais que des personnes prives puissent (dans certains cas) prendre des actes administratifs. Cela vaut pour les personnes prives charges dune mission de service public et dotes de prrogatives de puissance publique pour assurer cette mission.E.g. les fdrations sportives sont des personnes morales de droit priv, charges dune mission de service public et dotes de prrogatives de puissance publique. Les sanctions, rglements, etc. de ces fdrations relvent du juge administratif en cas de contentieux.On peut donc dire que le critre organique ne suffit pas.

Section 2: Critre matrielIl existe diffrents types dactes administratifs.

1. La distinction entre acte individuel et acte rglementaire

actes rglementaires: ils ont une porte gnrale actes individuels: ils visent des personnes spcifiquement dsignesCes actes sont placs sous un rgime juridique diffrent. Ainsi, les actes individuels ne peuvent tre remis en cause que dans un dlai de deux mois compter de la notification, tandis quil est possible de contourner un acte rglementaire tout moment (obligation dabrogation des actes jugs illgaux, cf. cours prcdent).

2. La notion de dcision administrativeToutes les productions de ladministration de sont pas des actes dcisoires. Il existe des actes pris par ladministration qui sont dpourvus de porte juridique (i.e. ce ne sont pas des dcisions). Si lacte nest pas dcisoire, il ne peut faire lobjet dun recours contentieux. la qualification est ds lors trs importante ladministration produit beaucoup de paperasse, il est ncessaire de savoir ce que lon peut dferrer au juge.Cette question ce pose particulirement pour certains actes spcifiques.

A. Le rgime juridique des circulairesUne circulaire (acte administratif trs courant) est-elle un acte dcisoire? Une circulaire est une technique qui permet en thorie un ministre dexpliquer comment interprter et appliquer un texte. Dans les faits, les circulaires sont utilises pour crer du droit (e.g. la circulaire Guant, limitant laccs lemploi pour les tudiants trangers).Arrt Duvignres, 2002, Conseil dEtatLe juge raisonne sur le caractre impratif ou non