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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE MAITRISE option : « Macroéconomie et Modélisation » Mémoire pour l’obtention du Diplôme de Maîtrise – es – Sciences Economiques Impétrante : RAKOTOARISOA Vonin’Oliva (n°190) Encadrée par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé Date de soutenance : 31 Janvier 2011 Année universitaire : 2009-2010 ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT EN ASIE DE L’EST ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : CAS DE LA THAÏLANDE ET DE LA TANZANIE

ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

MAITRISE option : « Macroéconomie et Modélisation »

Mémoire

pour l’obtention du

Diplôme de Maîtrise – es – Sciences Economiques

Impétrante : RAKOTOARISOA Vonin’Oliva (n°190)

Encadrée par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé

Date de soutenance : 31 Janvier 2011

Année universitaire : 2009-2010

ANALYSE COMPARATIVE DE

L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE AU

DEVELOPPEMENT EN ASIE DE L’EST ET EN

AFRIQUE SUBSAHARIENNE : CAS DE LA

THAÏLANDE ET DE LA TANZANIE

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Remerciements

En premier lieu, je rends grâce à Dieu pour sa bienveillance et sa bénédiction.

Ma gratitude doit particulièrement aller à mon encadreur de mémoire, Monsieur

RAMIARISON Herinjatovo Aimé, qui a bien voulu accepter de placer ce modeste travail

sous son autorité et a eu la bonne volonté de le diriger.

Je tiens également à exprimer mes sincères reconnaissances à :

− Monsieur FANJAVA Refeno, chef de Département de l’Economie,

− Monsieur RAVELOSON Harimisa, responsable du second cycle du Département

Economie.

Je tiens aussi à adresser mes vifs remerciements à tous les professeurs de ce département, à

ma famille qui m’a soutenue moralement et financièrement dans la réalisation de ce travail,

ainsi qu’à tous ceux qui m’ont encouragée, soutenue et aidée de près ou de loin, dans

l’élaboration de cet ouvrage.

Page 4: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

  ii

Liste des abréviations − APD : Aide Publique au Développement

− APEC : Asia-Pacifc Economic Cooperation

− ASEAN: Association des Nations du Sud-Est Asiatique

− BAD : Banque Africaine de Développement

− BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

− CAD : Comité d’Aide au Développement

− CIDA: Canadian International Development Agency

− COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de

l’Afrique orientale et australe)

− CSLP : Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

− EAC : East African Community

− FAO : Food and Agriculture Organization

− FMI : Fonds Monétaire International

− FPD : Financements Publics au Développement

− IOR-ARC : Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation (association des

Etats riverains de l’Océan Indien)

− IPPTE : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés

− NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

− OCDE : Organisation de la Coopération et du Développement Economique

− ODA : Overseas Development Administration

− OIT : Organisation Internationale du Travail

− OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

− OMS : Organisation Mondiale de la Santé

− ONG : Organisation Non Gouvernementale

Page 5: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

  iii

− ONU : Organisation des Nations Unies

− PED : Pays En voie de Développement

− PIB : Produit Intérieur Brut

− PMA : Pays les Moins Avancés

− PME : Petites et Moyennes Entreprises

− PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

− PRI : Pays à Revenu Intermédiaire

− RNB : Revenu National Brut

− SADC : Southern African Development Community (Communauté économique

d’Afrique Australe)

− SAT : Stratégie pour l’Aide à la Thaïlande

− SIDA: Swedish International Development Agency

− TICA : Thaïland International Development Cooperation

− UE: Union Européenne

− UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

− USAID : United States Agency for International Development (Agence américaine

pour le développement international)

− USD: United States Dollar

Page 6: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

  iv

Liste des illustrations

Encadré 1 : Définition de l’APD

Encadré 2 : qu’est-ce que la SAT ?

Liste des tableaux Tableau 1 : Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD

Tableau 2 : APD nette des pays du CAD (en millions USD)

Tableau 3 : Flux d’aide reçue par le Thaïlande (USD)

Tableau 4 : Impact direct de l’aide sur la croissance

Tableau 5 : Flux d’aide reçue par la Tanzanie (USD)

Tableau 6 : Croissance du PIB réel (en pourcentage)

Tableau 7 : Croissance du PIB réel par habitant (en pourcentage)

Tableau 8 : Stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs (Danemark, Finlande,

Irlande et Japon)  

 

Page 7: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

Sommaire  

INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1

Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ............................... 2

Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement ............................................................. 2

I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement .................................................... 2

II. Historique de l’aide publique au développement....................................................................... 6

III. Les différents types d’aides ...................................................................................................... 8

IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme .................................................................. 9

V. L’APD en chiffres.................................................................................................................... 11

Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique au développement ............... 14

I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance ................................................... 14

II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté ......................................................................... 18

Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’APD EN ASIE DE L’EST ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE.................................................................................................... 21

Chapitre 3: La Thaïlande .................................................................................................................. 21

I. Données générales sur l’économie du pays ............................................................................... 21

II. Evolution et répartition de l’aide ............................................................................................. 22

III. Impacts de l’aide ..................................................................................................................... 27

Chapitre 4 : La Tanzanie .................................................................................................................. 31

I. Données générales sur l’économie du pays ............................................................................... 31

II. Evolution et Répartition de l’aide ............................................................................................ 33

III. Impacts de l’aide ..................................................................................................................... 36

CONCLUSION .................................................................................................................................... 44

 

Page 8: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

INTRODUCTION

Pourquoi certaines économies se développent-elles alors que d’autres stagnent ? Des écarts de

revenus et de niveau de vie considérables existent aujourd’hui entre pays riches et pays pauvres. Le

revenu moyen des populations subsahariennes, par exemple, est largement inférieur au revenu moyen

d’un pays développé. Expliquer les énormes écarts entre pays riches et pays en de développement est

l’une des questions fondamentales de l’économie de développement. Pour pallier à ce problème, le

système de financement « aide publique au développement » était alors institué pour soutenir les

initiatives de développement des pays pauvres.

L'APD reste la principale source de financement extérieur et les pays en développement et leurs

partenaires sont obligés de miser sur l'aide pour briser le cercle vicieux de la faiblesse des revenus,

de l'épargne et du manque d'investissement dans lequel de nombreux pays sont enfermés. Par

ailleurs, l'objectif de l'aide est d'élever le niveau de vie et de réduire la pauvreté. L'aide est

aujourd'hui l'une des principales variables auxquelles les gouvernements des pays en développement

comptent pour réaliser leurs objectifs du développement. Toutefois, avec l’appui d’une aide, certains

pays ont pu sortir du gouffre de la pauvreté alors que d’autres sont continuellement envahis par le

poids de leurs dettes. Alors, il est raisonnable de se poser la question suivante « l’aide publique au

développement assure t-elle réellement un rôle de« bienfaiteur», un élément décisif, pour permettre

à tous les pays de se mettre sur un même niveau de développement ? »

L’intérêt soutenu par cette étude est porté sur l’efficacité de l’aide publique au développement

du pays bénéficiaire, illustrée par le cas de la Thaïlande, pays de l’Asie de l’Est et celui de la

Tanzanie, pays de l’Afrique Subsaharienne. Le but de l’ouvrage étant de déterminer les effets de

l’APD en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté sur l’économie de ces

deux pays.

Afin de mieux analyser la problématique, nous verrons d’une part l’aide publique au

développement dans sa généralité et d’autre part une analyse comparative sur l’efficacité de l’aide

publique au développement au niveau de ces deux pays. . Ainsi, le présent travail sera structuré

comme suit : les généralités sur l’APD seront d’abord abordées dans la première partie en exposant,

plus précisément, le contexte de l’APD et les approches théoriques sur l’efficacité de cette APD.

Tandis que l’analyse comparative de l’efficacité de l’APD pour le cas de la Thaïlande et celui de la

Tanzanie fera l’objet de la seconde partie.

Page 9: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU

DEVELOPPEMENT

 

Dans cette partie, nous allons d'abord faire un bref aperçu de l'évolution de la notion d'aide

avant de passer en revue l'efficacité de l'aide suivant l'optique de la croissance, puis suivant celle de

la réduction de la pauvreté.

Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement

I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement

I.1 Définitions

Globalement, les ressources financières apportées au tiers monde se répartissent en

financements publics au développement (FPD) et en apports privés. Au sein des FPD, on distinguera

l’aide publique au développement (APD) des autres apports publics tels que les crédits d’exportation.

L’APD se définit comme l’aide provenant de sources publiques et qui est administrée dans le

but principal de promouvoir le développement économique et le bien-être des pays bénéficiaires ;

elle a un caractère concessionnel, c’est-à-dire comportant un élément de libéralité qui peut être

inférieur à 25%.1

Ainsi, l’APD représente l’ensemble des dons et des prêts à des conditions financières

privilégiées accordés par le secteur public d’un pays ou par un organisme international à un pays en

développement. Plus précisément, l’APD regroupe les versements de dons et de prêts à des

conditions financières privilégiées fournis par les instances officielles des pays membres du Comité

d’Aide au Développement (CAD), par les organisations multilatérales de développement et par des

pays non membres du CAD, en vue de promouvoir le bien-être et le développement économiques

des pays pauvres et des pays à revenu intermédiaire figurant dans la liste des bénéficiaires établie par

le CAD.

                                                            1 BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ». Afrique Contemporaine, n°171, Juillet‐Septembre, 1994, p.45 

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Encadré 1: Définition de l’APD

Pour le CAD, ressortent de l’APD les ressources :

− Fournies dans un cadre bilatéral aux pays en développement ou accordés

par le biais des institutions,

− Attribuées par des organismes publics,

− Dont le but est de favoriser le développement économique,

− Assorties de conditions financières favorables : dons ou prêts dont

l’élément de libéralité est au moins égal à 25%.

Source : BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major,

PUF, Paris, 1995, p.185

Rappelons que les pays bénéficiaires d’APD sont divisés en différents groupes de revenus basés

sur le revenu national brut ou RNB par habitant selon les critères de la Banque mondiale, avec les

pays moins développés séparément identifiés tels que définis par les Nations Unies. D’où le tableau

ci-après, au vu duquel le CAD distingue quatre catégories de bénéficiaires qui sont entre autre les

pays les moins avancés ou PMA, les pays à faible revenu, les pays à revenu intermédiaire tranche

inférieure et les pays à revenu intermédiaire tranche supérieure.

Tableau 1 : Liste des bénéficiaires de l’APD établie par le CAD

Page 11: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

Source : CAD-OCDE

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L’APD inclut aussi l’allègement de la dette promis au titre de l’Initiative en faveurs des Pays

Pauvres Très Endettés ou IPPTE ; Elle comprend les abandons de créances consentis par les

pays donateurs en vertu de l’IPPTE. Ainsi, les fonds non remboursés aux donateurs seront utilisés

par les pays bénéficiaires pour des fins de développement. L’APD inclut également les flux non

monétaires à savoir les transferts de technologie et l’assistance technique accordés par les donateurs

aux pays récipiendaires.

Selon l’Organisation de la Coopération et du Développement Economique ou OCDE : l’APD

est l'ensemble des efforts consentis par les Etats membres de l'OCDE afin de favoriser le

développement dans les pays moins avancés et dans les pays à revenu intermédiaire (PRI),

conformément aux règles du CAD de l'OCDE.

Jean-Michel SEVERINO et Olivier CHARNOZ ont recours aux cinq paradigmes suivants afin

d’interpréter l’aide : le « néoréalisme », le « néomarxisme », le « néolibéralisme », le « libéralisme »

ainsi que l’ « idéalisme ». Ces approches conduisent toutes, en dépit de leurs divergences théoriques,

à une même conclusion: « la nécessité de repenser et resserrer les liens Nord-Sud par conséquent,

l’aide au développement ». Pour le paradigme néoréaliste des relations internationales, chaque État

maximise sa puissance ; Chacun poursuit des objectifs stratégiques de nature politique, sécuritaire,

économique: l’APD n’est jamais qu’une arme de plus à disposition. Le paradigme néomarxiste, lui,

structure la scène internationale autour de la lutte entre « États prolétaires » et « États capitalistes »,

étant entendu que ces derniers luttent aussi entre eux: l’APD n’est que l’avatar post-mortem du

colonialisme. Pour le paradigme néolibéral, chaque État maximise son bien-être économique absolu,

et non pas sa puissance relative, par conséquent personne ne cherche à dominer. L’APD est alors

perçue comme un investissement en vue d’un gain d’utilité ; elle est utilisée notamment, dans la

correction des imperfections des marchés mondiaux. Le paradigme libéral propose une lecture

encore différente: comme toute politique publique, l’APD est déterminée par un processus politique

au cours duquel des groupes entrent en concurrence pour imposer leur intérêt privé. Enfin, le

paradigme idéaliste, renverse les quatre perspectives précédentes en mettant l’accent sur les intérêts

des pays bénéficiaires, non plus sur ceux des donateurs.

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L’APD apparaît dans ce cas comme l’expression d’une volonté de répondre aux difficultés des

pays en développement. Cette approche renvoie à un idéal moral: celui d’une « aide désintéressée »2.

I.2 Objectifs de l’aide

L’objectif principal de l’APD est de sortir les pays en développement de leur pauvreté, qui peut

être de manière à les soutenir dans leurs efforts de développement. L’aide est ainsi destinée à

financer les initiatives de lutte contre la pauvreté et à combler les déficits des pays en développement

pour favoriser l’investissement mais aussi à assister ces pays dans leurs initiatives de

développement. L’APD sert également à briser le cercle vicieux du sous-développement. Elle a aussi

pour objectif d’intégrer les PED au niveau mondial et de réduire l’inégalité entre les pays développés

et les pays en développement.

Bref, l'aide a pour principaux objectifs de : surmonter les obstacles financiers qui maintiennent

les pays en développement dans une situation de dépendance ; répandre les bienfaits de l'intégration

au niveau mondial ; renforcer le partage de la prospérité ; réduire de manière considérable la

pauvreté de masse3.

II. Historique de l’aide publique au développement

Durant la période coloniale, il n’existe aucun système d’aide d’Etat à Etat et notamment aucune

aide officielle de la métropole vis-à-vis de ses colonies. La notion d’un transfert financier important

et systématique vers l’Afrique naît à une époque juste avant la seconde guerre mondiale.

L’aide publique, c’est-à-dire l’aide apportée aux Etats par d’autres Etats ou transitant par des

organismes internationaux fait une apparition relativement récente dans l’histoire économique : elle

a été instituée pour la première fois après la seconde guerre mondiale. Son bénéficiaire était à cette

époque l’Europe. La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD),

aujourd’hui appelée « Banque Mondiale »a en effet été créée pour permettre à l’Europe de se

relever après les destructions et le traumatisme de la guerre. Le Plan Marshall fut un volet essentiel

de cette stratégie de reconstruction d’une Europe en ruine.                                                             2 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13‐131 

3 ibid 

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Ce n’est que vers 1955 environ que l’aide va se reporter vers le Tiers Monde, nouvellement

indépendant, principalement l’Asie, dans un but à la fois politique et humanitaire.

La notion même d’« Aide Publique au Développement »n’a été définie qu’en 1969 par le

« Comité d’Aide au Développement » de l’OCDE. Une telle définition signifie que ni l’aide des

ONG, des organismes privés, ni les prêts bancaires ne peuvent être comptabilisés dans l’APD, pas

plus que l’aide militaire.

L’APD est dirigée vers les pays les plus pauvres à partir de la grande sècheresse de 1973-19744.

Malheureusement, les financements octroyés furent vains car les pays bénéficiaires, pour la plupart,

furent incapables d’amorcer leur décollage économique. Par conséquent, il y avait une aggravation

du chômage, des inégalités au niveau des revenus et une augmentation de la pauvreté. De ce fait, la

réduction de la pauvreté devient les objectifs prioritaires de l’APD. Elle a été allouée dans les

programmes de lutte contre la pauvreté, lesquels impliquent une réallocation sectorielle des projets

d’aide ; Ceux-ci sont orientés vers l’agriculture, le développement rural et les services sociaux.

Vers les années 1980, l’APD a été utilisée pour la réalisation du programme d’ « ajustement

structurel ». Les équilibres internes et externes deviennent alors les priorités de l’APD, avant la

réduction de la pauvreté. L’objectif de l’Aide change ainsi fondamentalement. Dorénavant, elle vise

à encourager, par une conditionnalité complexe, l’adoption d’un ensemble de politiques de

stabilisation et d’ajustement structurel, et à permettre aux pays en développement d’honorer le

service de la dette5.

Par ailleurs, dans les années 1990, la lutte contre la pauvreté redevient progressivement la

priorité de l’APD. Le concept de pauvreté s’est modifié, pour passer de la simple notion de revenu à

celle, plus générale, de « qualité de vie », en considérant la scolarisation, la santé, et plus récemment

la vulnérabilité, et le manque de pouvoir et d'expression.

En 2000, l’APD est orientée vers le financement des Objectifs du Millénaire pour le

Développement (OMD) instaurés par les Nations Unies, et que 191 pays se sont engagés à soutenir.

L’OMD a pour objectif principal de réduire de moitié la pauvreté dans le monde en 2015 néanmoins

ils insistent également sur la satisfaction des besoins de base : éducation, santé, ainsi que sur la

                                                            4 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major, PUF, Paris, 1995, p.185 

5 JACQUET Pierre, « Les enjeux de l’Aide Publique au Développement ». Mondialisation et rapports Nord/Sud – Politique Etrangère, 4 :2006, pp.941‐954 

Page 15: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

nécessaire mise en oeuvre des stratégies de développement durable, à travers un partenariat global

pour le développement.

III. Les différents types d’aides

L'aide peut être de différents types tels que :

− Les prêts qui sont les fournitures de ressources lesquels doivent être remboursées selon les

conditions fixées dans l’accord de prêt et se présentent sous forme d’aide projet et d’aide

programme ;

− Les dons qui sont les fournitures de fonds et les transferts en nature par un donateur sans

obligation de remboursement pour le gouvernement bénéficiaire. Les dons se présentent sous

forme d’aide alimentaire et d’aide d’urgence ;

− Et la coopération technique qui se manifeste par la fourniture de ressources visant à assurer le

transfert de compétences et de connaissances techniques et administratives ou de technologie

afin de renforcer la capacité nationale à étendre des activités de développement, sans que ces

ressources soient liées à l'exécution de tel ou tel projet d'investissement

En effet, l’aide projet est l’ensemble des fonds alloués pour la mise en oeuvre de projets

spécifiques. Le plus souvent, elle est utilisée pour construire des infrastructures comme les routes, les

hôpitaux, les barrages hydroélectriques et les projets de développement rural. L’aide projet consiste à

soutenir le financement des projets et elle vise à appuyer les plans d'investissement du pays

bénéficiaire. Dans la plupart des cas, le gouvernement du pays bénéficiaire établit un plan

d'investissement puis, sur la base de ce plan, les donateurs choisissent les projets auxquels ils

souhaitent financer. En outre, les donateurs surveillent l’utilisation des fonds. Ils vérifient chaque

étape du projet : études préalables, appels d’offre, contrôle des travaux, afin d’assurer la traçabilité

des fonds. Tandis que l’aide programme est destinée au financement de projet de plus grande

envergure. Elle ne s’inscrit pas dans le cadre de projet précis d’investissement mais sur des objectifs

plus larges de développement macroéconomique. Au cours de l’allocation de ce type d’aide a lieu

une négociation plus approfondie entre donateur et bénéficiaire sur les stratégies de développement à

adopter puisque les fonds sont versés directement au bénéficiaire, sans intervention ultérieure

possible de la part du donateur. Cette aide programme est utilisée dans différents cas: le soutien à la

balance de paiement pour soutenir les importations du pays bénéficiaire en compensant les déficits

de la balance de paiement, l’aide budgétaire globale ou sectorielle qui suppose une stratégie

Page 16: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

 

commune, des politiques économiques reconnues et un système de contrôle des dépenses transparent

et enfin l’allègement de la dette des pays en développement.

En outre, l'aide alimentaire se présente sous forme de fourniture de vivres pour l'alimentation

des hommes à des fins de développement, y compris les dons et prêts pour l'achat de vivres. Les

dépenses comme le transport, le stockage, la distribution... figurent dans cette rubrique, ainsi que les

articles apparentés fournis par les donateurs, la nourriture pour animaux et les intrants agricoles, par

exemple, pour les cultures vivrières lorsque ces apports font partie d'un programme alimentaire.

Cependant, l'assistance et secours d'urgence sont la fourniture de ressources visant à alléger

immédiatement des situations de détresse et à améliorer le bien-être des populations touchées par des

catastrophes naturelles. L'aide alimentaire à des fins humanitaires et dans les situations d'urgence fait

partie de cette rubrique. L'assistance et les secours d'urgence ne sont généralement pas liés aux

efforts de développement du pays et ne visent pas à accroître les moyens d'action de ce dernier. Ils ne

relèvent donc pas de la coopération pour le développement.

IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme

IV.1 Formes de l’aide

Selon le nombre de partenaires concernés, on distingue l'aide multilatérale et celle bilatérale. En

effet, l'aide multilatérale est celle qui est accordée par un groupe d'Etats ou plus généralement par

une organisation internationale. Ce sont en majorité des institutions spécialisées de l’Organisation

des Nations Unies qui ont été créées pour accompagner le développement des pays non développés.

L'aide multilatérale est par conséquent réalisée par le système de l'ONU où l'Etat donateur injecte des

ressources dans des organismes internationaux (UNESCO, PNUD, FMI, Banque Mondiale, etc.) qui

reversent à des Etats bénéficiaires. Autrement dit, c’est une aide acheminée à des institutions

multilatérales, entre autres les agences de l’ONU et les institutions spécialisées de Bretton Woods.

Une aide est donc spécifiée de multilatérale lorsqu’elle transite par une organisation multilatérale

telle citée précédemment. Il s’agit de la somme des dons aux organismes multilatéraux et

souscriptions à leur capital et des prêts accordés aux organismes multilatéraux à des conditions

libérales.

Par ailleurs, les contributions multilatérales désignent les apports versés à une organisation

bénéficiaire qui consacre toutes ou une partie de ses activités au développement et qui est un

organisme, une institution ou une organisation de caractère international ayant pour membres des

Page 17: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

10 

 

gouvernements. Les institutions multilatérales ont des compétences sectorielles et ne sont pas

opérateurs de terrain mais plutôt actives en termes d’élaboration de normes et de programmes (OIT,

FAO, OMS, etc.) et de conseils aux gouvernements dans leurs choix de politiques, et ont aussi un

rôle de recherche.

Tandis que, l'aide bilatérale est accordée par un Etat à un autre Etat. Elle provient des pays

riches qui sont pour la plupart membres du CAD lequel est issu de l’OCDE. Ces membres sont

l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, les Etats-Unis,

la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, la Norvège, la Nouvelle-

Zélande, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Néanmoins, une part de

l’APD provient des pays à revenu intermédiaire à l’issu des négociations entre ces pays et certains

pays moins avancés. Ces pays sont par exemple la Chine, l’Inde et le Pakistan. Habituellement, les

donateurs planifient et accordent les prêts et les dons relevant de l’aide bilatérale par l’intermédiaire

d’un organisme d’aide, tel que l’Agence américaine pour le développement international (USAID),

l’Overseas Development Administration (ODA) britannique, les agences de développement

international canadienne (CIDA) et suédoise (SIDA).

IV.2 Mécanisme de l’aide

Vers la fin des années 70 et le début des années 80, le monde assistait à l’éclatement de la

crise de la dette, avec d’un côté des pays dont l’endettement étranglait le développement et de

l’autre côté des Etats, institutions et banques qui exigeaient le remboursement de leurs prêts et

réduisant considérablement les nouveaux financements. Les bailleurs de fonds rompent

avec la politique de crédits illimités et imposent des conditions à leurs interventions : ce sont les

« conditionnalités »6. En effet, les conditionnalités dictent les choix politiques que les gouvernements

devraient faire en liant ensuite l'aide à la mise en œuvre de cette politique. La conditionnalité de

l’aide au développement peut prendre deux formes différentes, entre autre la conditionnalité forte ou

négative qui suppose que l’aide sera réduite ou suspendue si le bénéficiaire n’adopte pas la norme

proposée ; et la conditionnalité douce ou positive encourageant les pays qui s’efforcent de respecter

la norme. En fait, la pratique de la conditionnalité permet aux donneurs d’accorder leurs

                                                            6 MORRISSEY Oliver, « Aide publique au développement : efficacité et conditionnalité ». Techniques Financières et Développement, n°71, Juin 2003 

Page 18: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

11 

 

financements en contrepartie de réformes. Les bailleurs de fonds deviennent en quelque sorte des «

conseillers-payeurs»7.

Par ailleurs, la crise de l’endettement qui pèse lourdement n’est pas la seule

cause, mais il y avait surtout l’émergence des politiques économiques néolibérales prônées par les

Etats-Unis et la Grande Bretagne. Les objectifs étant d’améliorer la situation comptable du pays

emprunteur et sa capacité à attirer les investisseurs étrangers, mais aussi implicitement à garantir le

paiement du service de la dette. Parmi les moyens préconisés figuraient la réduction du déficit

budgétaire par une diminution drastique des dépenses publiques, la suppression des barrières

financières et commerciales, la promotion des produits d’exportation. Les conditions initialement

d’ordre économique se transformaient progressivement en des conditions politiques basées sur la «

bonne gestion » et la « bonne gouvernance ».

V. L’APD en chiffres

L’appréciation quantitative de l’aide au développement dépend du recul historique pris par

l’observateur. D’une manière globale, il est indéniable que l’aide au développement représente,

depuis les années1940, le plus grand effort historique jamais consenti par les pays les plus

développés pour aider les nations les plus pauvres8.

En 2008, les volumes d’aide ont atteint le record historique de 122 milliards USD. Les

principaux donneurs ont été les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume Uni, la France et le Japon.

Ainsi, l’APD nette des Etats-Unis s’est chiffrée à 26 milliards USD.

En 20099, les apports nets d’APD consentis par les membres du CAD ont légèrement augmenté

en termes réels, pour totaliser 119.6 milliards USD, représentant 0.31 % de leur RNB cumulé. En

effet, les donneurs qui se sont montrés les plus généreux, par le volume de leur aide, sont toujours les

Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.

Par ailleurs, Les pays dont les apports nets d’APD en termes réels ont le plus augmenté en

pourcentage sont la Norvège, la France, le Royaume-Uni, la Corée, la Finlande, la Belgique et la

                                                            7 AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l’aide : revue des débats ».Notes et Documents, AFD, n°6, 31 Août 2004 

8 COLLOMBAT Thomas, Le point sur l’aide au développement, Février 2004, 36P. 

9 webnet.ocde.org/oda2009 

Page 19: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

12 

 

Suisse. Des accroissements significatifs ont également été enregistrés au Danemark, aux Etats-Unis

et en Suède.

En 2009, les Etats-Unis se sont classés au premier rang des donneurs avec des apports nets

d’APD de 28.7 milliards USD, en progression de 5.4 % en termes réels par rapport à 2008. Le ratio

APD/RNB est ainsi passé de 0.19 % en 2008 à 0.20 % en 2009. Une ventilation géographique des

apports nets d’APD des Etats-Unis fait en outre ressortir une augmentation dans toutes les régions, à

commencer par l’Afrique subsaharienne avec + 10.5 % à 7.5 milliards USD et l’APD consentie à

l’Afghanistan s’est, elle aussi, considérablement accrue avec + 39.5 % à 3.0 milliards USD. Les

concours nets d’APD au groupe des PMA ont pour leur part progressé de 13.6 %, à 8.1 milliards

USD. L’APD nette du Japon a, quant à elle, fléchi de 10.7 % en termes réels avec 9.5 milliards USD,

soit 0.18 % du RNB. Ce recul s’explique principalement par une diminution des allégements de

dettes, en faveur de l’Irak en particulier, par rapport à leur niveau de 2008. En outre, l’APD nette

cumulée des quinze membres du CAD appartenant aussi à l’Union Européenne ou UE a légèrement

diminué de 0.2 % pour tomber à 67.1 milliards USD soit 0.44 % de leur RNB global. Les apports des

membres du CAD appartenant à l’UE ont représenté 56 % de l’APD totale émanant des membres du

CAD.

L’APD nette a augmenté en termes réels dans les sept pays du CAD membres de l’UE suivants :

la Belgique (+ 11.5 %), le Danemark (+ 4.2 %), la Finlande (+ 13.1 %), la France (+ 16.9 %), le

Luxembourg (+1.9%), le Royaume-Uni (+ 14.6 %) ainsi que la Suède (+ 7.4 %). Elle a par contre

fléchi dans les pays tels que l’Allemagne (- 12.0 %), l’Autriche (- 31.2 %), l’Espagne (- 1.2 %), la

Grèce (- 12 %), l’Irlande (- 18.9 %), l’Italie (- 31.1 %), les Pays-Bas (- 4.5 %) et le Portugal (- 15.7

%). Dans les autres pays du CAD, l’APD nette a connu les évolutions suivantes : Australie (- 1.4 %),

Canada (- 9.5 %), Corée (+ 13.5 %), Norvège (+ 17.3 %), Nouvelle-Zélande (- 3.2 %), Suisse (+ 11.5

%).

Les données citées précédemment sont justifiées par le tableau ci-après, qui représente le total

de l’APD des pays du CAD durant cinq années consécutives.

Page 20: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

13 

 

2005 2006 2007 2008 2009Australia 1 680 2 123 2 669 2 954 2 761Austria 1 573 1 498 1 808 1 714 1 146Belgium 1 963 1 977 1 951 2 386 2 601Canada 3 756 3 683 4 080 4 795 4 013Denmark 2 109 2 236 2 562 2 803 2 810Finland 902 834 981 1 166 1 286France 10 026 10 601 9 884 10 908 12 431Germany 10 082 10 435 12 291 13 981 11 982Greece 384 424 501 703 607Ireland 719 1 022 1 192 1 328 1 000Italy 5 091 3 641 3 971 4 861 3 314Japan 13 126 11 136 7 679 9 579 9 480Korea 752 455 696 802 816Luxembourg 256 291 376 415 403Netherlands 5 115 5 452 6 224 6 993 6 425New Zealand 274 259 320 348 313Norway 2 786 2 954 3 728 3 963 4 086Portugal 377 396 471 620 507Spain 3 018 3 814 5 140 6 867 6 571Sweden 3 362 3 955 4 339 4 732 4 546Switzerland 1 772 1 646 1 685 2 038 2 305United Kingd 10 772 12 459 9 849 11 500 11 505United States 27 935 23 532 21 787 26 842 28 665

TOTAL DAC 107 830 104 823 104 181 122 296 119 573

Tableau 2: APD nette des pays du CAD en millions USD

Source : www.oecd.org/dac/stats

Page 21: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

14 

 

Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique

au développement

Dans cette partie, nous allons voir successivement l’effet de l’aide publique sur la croissance

ainsi que son effet sur la réduction de la pauvreté.

I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance

« L’efficacité de l’aide » est un concept peu clair, malgré l’abondance de littérature sur cette

question. Le débat sur l'efficacité de l'aide s'est concentré sur son impact sur la croissance avant de

tourner vers les années 1990 sur la réduction de la pauvreté.

En général, le débat sur la relation entre aide et la croissance s’articule autour de la relation

existant entre l’aide et la croissance. L’aide contribue-t-elle à la croissance ? Sur cette question, trois

grands courants de pensée ressortent des études empiriques.

I.1.L’aide stimule effectivement la croissance.

Ce courant tend à montrer que l’aide, bien qu’elle n’ait pas le même impact dans tous les pays, a

en moyenne un effet positif et non pas nul sur la croissance. En effet, l’argument principal de ce

courant est que l’impact de l’aide sur la croissance n’est pas linéaire10.

Il est possible de rattacher à ce courant les travaux récents de Clemens, Radelet et Bhavnani11qui

proposent une analyse originale. Ils distinguent l’aide ayant un impact à court terme sur la

croissance, essentiellement l’aide sous forme d’appui budgétaire, de projets d’infrastructures

physiques, et l’aide ayant un impact à long terme qui sont des projets de développement humain.

Leurs travaux suggèrent que la première catégorie d’aide a un impact positif fortement significatif

sur la croissance, contrairement à la deuxième catégorie. Ces auteurs ont aussi présumé que l’aide

stimulerait la croissance en augmentant l’épargne et le stock de capital et en finançant                                                             10 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp 13‐131 

11 CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et Croissance : débat en cours et données nouvelles ». Center  for Global Development, Février 2004, 17P 

Page 22: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

15 

 

l’investissement. De plus, il se pourrait que l’aide contribue à l’accroissement de la productivité des

travailleurs par des investissements en santé ou en éducation ou encore serve de courroie de

transmission de la technologie ou des connaissances entre les pays riches et les pays pauvres en

finançant les importations de biens d’équipement ou dans le cadre de programmes d’assistance

technique.

En fait, il existe plusieurs bonnes raisons de présumer un effet positif de l’aide sur la croissance.

Les résultats micro-économiques de l’aide démontrent de façon incontestable son efficacité à cette

échelle. En effet, l’évaluation d’un programme d’aide se fait à plusieurs moments et sur différents

aspects du projet. Cette évaluation peut aussi se faire de manières prospective et rétrospective, c’est-

à-dire quelques temps après la fin du programme. Les théories macro-économiques de la croissance

renforcent également cette idée. En effet, l’aide améliore la balance des paiements des pays

bénéficiaires. Par ailleurs, l’aide finance des projets de développement qui sont considérés comme

des investissements. Indirectement, l’aide peut aussi permettre d’augmenter la consommation d’un

pays si elle entraine une baisse d’impôts de la part du gouvernement du pays récipiendaires12.

Il existe d’autres études empiriques sur le lien entre l’aide et la croissance. Oliver

MORRISSEY, dans son article intitulé « aide publique au développement : efficacité et

conditionnalité», propose les principales conclusions sur les questions fondamentales suivantes :

« l’aide contribue-t-elle à la croissance ? » et « l’aide encourage-t-elle les réformes politiques ». Les

pays recevant plus d’aide enregistrent de meilleures performances que les autres, sur le plan de la

croissance économique. L’aide contribue à la croissance par le biais principalement du financement

de l’investissement et de capitaux : l’aide sera donc plus efficace dans les pays où l’investissement

est plus productif. Les variables de politiques économiques ont des influences sur la croissance ; le

consensus est moindre sur la façon dont l’aide affecte les politiques économiques. Les pays instables

connaissent plus de volatilité dans les flux de l’aide avec une faible croissance. Des variables

institutionnelles semblent importantes pour déterminer le niveau de croissance. Ce qui a permis de

conclure la preuve de l’efficacité de l’aide, c’est-à-dire son impact sur l’amélioration de la

croissance.

Malgré ces arguments, on trouve peu d’études affirmant de manière globale l’impact positif de

l’aide sur la croissance ; Il s’agit le plus souvent d’études portant sur l’APD d’un pays particuliers

envers ses principaux bénéficiaires.                                                             12 LARQUEMIN Aurélie, L’APD est‐elle efficace à l’échelle macroéconomique?, Mémoire de 4ème Année d’I.E.P, Juin 2008 

Page 23: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

16 

 

I.2 L’aide n’influe pas sur la croissance.

Vu l’importance de l’APD dans les pays en développement, nombreux auteurs ont cherché à

évaluer l’impact de cette aide dans ces pays. De nombreux travaux théoriques ont été menés mais en

général, l’aide publique au développement est contestée par rapport à son efficacité.

En fait, certains économistes sont très virulents contre ce qu’ils considèrent comme les effets

néfastes de l’aide au développement. « L’aide extérieure n’a jamais été nécessaire pour le

développement d’un pays, quel qu’il soit, où que ce soit dans le monde »13, Jean-Jacques Gabas

explique cette opinion en montrant comment, au Sahel, l’aide, fournie en trop grande quantité et à

des conditions très avantageuses pour la communauté internationale, a provoqué une politique de

taux d’intérêt particulièrement bas, exerçant un effet dépressif sur l’épargne intérieure. Loin de

favoriser le développement des pays de cette région, cette aide a un triple effet négatif. En effet, elle

a donné naissance à un endettement excessif qui est très lourd à assumer pour les pays concernés ;

Les capitaux fournis n’ont pas servi à la mise en place d’une économie productive puisque l’aide a

été détournée au profit de la fonction publique ; Les processus productifs mis en place dans le cadre

des programmes d’aide n’étant pas viables, la conséquence a été le gonflement de l’aide dite « hors

projet » destinée à soutenir les Etats.

Il se pourrait aussi que l’aide ne favorise pas la croissance pour plusieurs raisons. En effet, l’aide

pourrait être absorbée dans des emplois futiles par les gouvernements; Elle pourrait aussi encourager

la corruption car elle peut aider les « mauvais » gouvernements à se maintenir au pouvoir. L’aide

pourrait également entraîner une appréciation de la monnaie et ainsi diminuer la rentabilité de la

production des biens échangeable. Et si elle est mal gérée, l’aide alimentaire peut être à l’origine

d’une baisse du prix des produits agricoles et du revenu des producteurs14.

I.3 La relation entre et la croissance est conditionnelle.

Si pour certains l’aide est un pur gaspillage, pour d’autres c’est un investissement efficace. En

effet, la croissance dans les pays en développement dépend pour beaucoup des politiques

                                                            13 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major, PUF, Paris, 1995, p.203 

14 CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et Croissance : débat en cours et données nouvelles ». Center  for Global Development, Février 2004, 17P 

Page 24: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

17 

 

économiques en place. Sur cette notion, s’est développée la thèse selon laquelle l’impact de l’APD

sur la croissance est conditionné à la présence de ces mêmes politiques économiques. Cette thèse est

défendue par Craig BURNSIDE et David DOLLAR. Ces derniers se sont appuyés sur une base de

données incluant cinquante-six pays en développement et se sont intéressés à une période de vingt-

quatre ans (1970-1993). Et les seules politiques prises en compte sont le surplus budgétaire, le taux

d’inflation et l’ouverture économique15.

L’affirmation selon laquelle l'efficacité de l'aide dépend de la qualité des politiques

économiques, résulte alors de la mise en évidence, dans les estimations de croissance, d'un effet

significativement positif du terme croisé de l'aide avec l'indicateur de politiques économiques. Ainsi

ce résultat économétrique est reproduit dans l'équation suivant :

Croissance = - 0.60. (Revenu initial par habitant) +0.71**. (POL) - 0.021.(Aide/PIB) +

0.19**. (Aide/PIB x POL)+ âX

R2= 0.3 6, N = 270, ** : significatif au seuil de 5%.

Où POL représente un indicateur agrégé de politiques macroéconomiques et âX est un

ensemble de variables de contrôle, entre autre la fragmentation ethnolinguistique, les assassinats

politiques, la profondeur financière, la qualité institutionnelle.

L’aide extérieure accélère la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les pays

en développement menant des « bonnes politiques », au sens d’actions, ayant pour effet démontré de

promouvoir la croissance : ouverture du commerce, discipline budgétaire et mesures permettant

d’éviter une forte inflation. En revanche, elle n’a pas d’effet quantifiable dans les pays qui suivent de

« mauvaises politiques16. Ainsi, la principale conclusion de cette thèse est que si l'aide est plus

efficace dans un bon environnement macro-économique, elle devrait alors cibler les pays les plus

pauvres ayant de bonnes politiques économiques. Dans ce cas, s'esquisse alors un principe de

sélectivité des pays receveurs dans la logique d'une conditionnalité ex-ante fondée sur la qualité des

politiques économiques.

                                                            15 BURNSIDE, DOLLAR, « Aid, Policies and Growth ». Document de travail de la Banque Mondiale, n°1777, 1997, Washington DC 

16JAMES H.Michel, « L’aide au développement en question ». Problèmes économiques, n°2587, 21 0ctobre 1998 

Page 25: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

18 

 

L'analyse de ces deux auteurs est au cœur du débat sur l'efficacité de l'aide qui a animé la

communauté internationale dans les années 1990. Ainsi, elle marque un tournant dans l'étude de

l'efficacité de l'aide, puisqu'elle aborde la question des conditions macro-économiques favorables à

une plus grande efficacité. De plus, la recherche menée par ces auteurs a eu des implications

politiques très importantes, puisqu'elle fonde les recommandations exprimées dans le rapport

« Assessing Aid » publié par la Banque mondiale en 199817. Elle représente également une avancée

majeure de la réflexion menée par cette institution sur une allocation sélective de l'aide fondée sur les

performances et dont certains bailleurs de fonds bilatéraux se sont inspirés pour élaborer leurs

stratégies d'aide au développement.

II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté

Le débat de l'efficacité de l'aide s'est déplacé d'une problématique de croissance vers celle de la

réduction de la pauvreté et entraîne deux interrogations : la première étant « quelle est l'influence de

la croissance sur la réduction de la pauvreté ? » et la seconde « existe-t-il un effet direct de l'aide sur

la réduction de la pauvreté ? ». En effet, la discussion sur l’efficacité de l’aide s'est toujours focalisée

sur son impact sur la croissance. Toutefois depuis le début des années 1990, l'aide s'est

progressivement recentrée sur l'objectif de réduction de la pauvreté, évolution concrétisée par

l'engagement de 189 pays aux Nations Unies à réduire la pauvreté dans le monde de moitié d'ici à

2015.

II.1Relation entre croissance et réduction de la pauvreté

A l’égard de cette première interrogation, la fin des années 1990 a vu l’émergence d’un relatif

consensus sur la contribution positive de la croissance à la réduction de la pauvreté. Cette question a

fait l'objet d'une très vaste littérature. En effet, un grand nombre d’études ont tenté de déterminer

dans quelle proportion les bénéfices de la croissance profitent aux populations les plus pauvres. Cette

vaste littérature suggère dans l’ensemble une relation positive entre croissance et réduction de la

                                                            17 AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l’aide : revue des débats ».Notes et Documents, AFD, n°6, 31 Août 2004 

 

Page 26: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

19 

 

pauvreté, mais avec des élasticités estimées qui diffèrent grandement, de 2 à 0,8, et qui se traduit de

la manière suivante : une augmentation du revenu moyen de 10 %, par exemple, se traduirait donc

par une diminution de 8 à 20 % du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Dorénavant, les débats portent sur les conditions structurelles ou initiales des pays susceptibles

d’affecter le lien entre croissance et réduction de la pauvreté. Ce courant de pensée souligne que la

contribution de la croissance à la réduction de la pauvreté est d’autant moins bonne que les inégalités

initiales sont fortes. D’autres facteurs ont également été identifiés, comme la part de l’agriculture

dans le PIB et certaines caractéristiques démographiques telles que le taux de croissance de la

population, la distribution de la population entre les secteurs ruraux et urbains. Enfin, la « qualité »

de la croissance peut également jouer. Ainsi, par exemple, le développement du secteur secondaire

réduit moins la pauvreté que celui des secteurs primaire et tertiaire18.

Cependant, si l'influence positive de la croissance pour la réduction de la pauvreté est largement

acceptée, sa relation avec les inégalités fait toujours l'objet d'un important débat.

II.2.Effet direct de l’aide sur la réduction de la pauvreté

Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de la pauvreté, certains auteurs ont invoqué

son impact sur la croissance économique : si l'aide contribue à la croissance et que la croissance

contribue à la réduction de la pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce

raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct sur la pauvreté et que son effet

passe essentiellement par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un

certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur des indicateurs de développement

humain, ou encore un effet indirect qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance. Ainsi par

exemple, Burnside et Dollar analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la mortalité infantile, un

indicateur de bien-être des populations très fortement corrélé au niveau de pauvreté et dont les

données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur étude économétrique suggère que dans un

bon environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire la mortalité infantile19.

                                                            18 GUEYE Fatou, L’efficacité de l’aide publique au développement : cas du Sénégal, Mémoire de DEA, 2006‐2007 

19 SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ». Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13‐131 

Page 27: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

20 

 

Toutes ces analyses sont importantes et utiles. Pour autant, tout discours sur l’efficacité de l’aide

est nécessairement partiel face à la diversité des enjeux qu’elle est censée traiter.

Page 28: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

21 

 

Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE

DE L’APD EN ASIE DE L’EST ET EN AFRIQUE

SUBSAHARIENNE

 

Cette partie s’intéresse au questionnement qui vient de suite: quelles sont les contributions de

l'aide publique au développement dans l’économie de ces deux pays : la Thaïlande et la Tanzanie?

Chapitre 3: La Thaïlande

I. Données générales sur l’économie du pays

Le Royaume de la Thaïlande est un pays de taille moyenne : sa superficie est de 514.000 km2.

De plus, la Thaïlande est un des rares pays tropicaux de l’Asie du Sud-Est n’ayant jamais été

colonisés, ce qui a fortement marqué son identité nationale. Elle a une longue histoire, au carrefour

des grandes civilisations chinoises et indiennes, et un peuplement assez homogène qui compte

environ 65, 7 millions d’habitants. L’unité monétaire du pays est le “Baht “, ce qui équivaut à 0,026

USD. La Thaïlande est un pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure, qui a fait des progrès

remarquables dans le développement humain au cours des vingt dernières années. Le PIB, du pays

s’élève à 273,3 Milliards USD ce qui revient à 4000 USD PIB par habitant. En 2008, ce PIB de 273

milliards de dollars positionnait le Thaïlande juste après l’Indonésie au sein de l’ASEAN20. Les

parts des principaux secteurs d’activités dans le PIB sont les suivantes : agriculture : 10 %, industrie :

44 % et services : 46 %.

La Thaïlande maintient également un indice de développement humain de 0,78321 et cet indice

de développement humain du PNUD la place à 78 sur 177 pays. Elle a réduit la pauvreté de 27% en

1990 à 9,8% en 200222. Et son taux de croissance n est de 2,6 % 2008 pour être de 3,5% en 201023

                                                            20 www.banquemondiale.org 

21 www.un.or.th/thailand/economy 

22 www.un.or.th/thailand/economy 

23 Estimations de la Banque mondiale 

Page 29: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

22 

 

L’économie de la Thaïlande se caractérise par son dynamisme et son ouverture. En effet, elle est

le troisième exportateur et le deuxième importateur de la région Asie du Sud-Est. De plus, elle est le

premier exportateur mondial de riz.

La Thaïlande joue un rôle actif en Asie du Sud-Est et dans la région Asie-Pacifique, ainsi, elle

fait partie des cinq pays fondateurs de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est ou ASEAN. La

Thaïlande est aussi un allié stratégique des Etats-Unis dans cette région. Tandis que le Japon est son

premier partenaire économique, et était son premier pourvoyeur d’aide au développement. Par

ailleurs elle accorde une importance à ses relations avec la Chine ainsi que la République de Corée,

l'Inde et l'Union Européenne. Elle cherche également à jouer un rôle constructif dans le cadre de

l'ONU ainsi que dans d'autres cadres multilatéraux24.

II. Evolution et répartition de l’aide

La Thaïlande a commencé à recevoir l'aide au développement au cours de la période

postérieure à la Seconde Guerre mondiale en 1950. Les Etats-Unis et quelques pays des Nations

Unies ont été quelques-uns des principaux donateurs au début de cette période. En effet, elle a reçu

de l’aide qui couvre une zone de développement des secteurs plus large tels que le secteur

économique et industriel, infrastructures, la gestion publique, les transports, la santé et le

développement communautaire.

En règle générale, la Thaïlande a continué de recevoir l'aide au développement tout au long de

1960-1970. Une subvention d'un montant de 506,0 millions de bahts en 1960, bien que réduite à

376,0 millions de bahts en 1965, augmenté après 1975 de 899,1 millions de bahts à 3,512.5 millions

de bahts25. En d'autres termes, l'aide reçue par la Thaïlande a augmenté plus de quatre fois au cours

de la période. La principale raison de la réception d'une telle quantité d'aide peut découler de la

stabilité politique ainsi que la croissance économique parmi les pays donateurs. Après 1975, le rôle

des États-Unis en Asie du Sud a diminué et ceci favorise un rôle plus influent pour le Japon dans la

                                                                                                                                                                                                         

24 thailand.prd.go.th 

25 PHIJAISANIT Euamporn, « Time series analysis of endogenous fiscal response to development aid in Thailand ». Research journal of International Studies, Issue 15, August 2010, pp.12‐26 

 

Page 30: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

23 

 

région. Désormais, le Japon est devenu le haut de la liste des contributeurs d'aide au développement

à la Thaïlande. Lors de la période antérieure, le Japon a fourni une assistance sous forme de

compensations de guerre. L’aide au développement venant du Japon, avait pour objectif le

développement économique et la promotion des entreprises japonaises en Thaïlande et depuis, les

pays d'Asie du Sud ont été les principales destinations pour les exportations japonaises. Ainsi, le

Japon a fourni des prêts spéciaux à la Thaïlande pour l'infrastructure économique.

En 1980, la Thaïlande a reçu une grande quantité d'aide au développement vu que le niveau

d'assistance a été incertain chaque année et que les conditionnalités de l'aide ont été plus fermes, à

savoir, prévenir la propagation du communisme depuis que la Thaïlande est située dans une

proximité stratégique du centre de l’Asie du Sud, à côté des pays autrefois gouverné par le

communisme. En conséquence, de nombreux pays concernés par les propos de la propagation du

communisme ont fourni une assistance de plus en plus axée sur la défense. Toutefois, à la fin de la

guerre froide, l'aide en matière de défense a inévitablement diminué.

La tendance de l'aide que la Thaïlande a reçu a commencé à diminuer depuis 1990. Elle a reçu

respectivement 6,605.3 millions de bahts, 5,006.5 millions de bahts et 3,472.4 millions de bahts en

1990, 1991 et 1992. On peut observer que, en 1992, l'aide a diminué de plus de la moitié de celle

reçue en 199026. Par ailleurs, le pays était parmi les dix premiers pays aidés par le Japon en 1992,

avec un montant de 4,2 millions de dollars d’aide, à l’instar de l’Indonésie, les Philippines, la Chine,

l’Inde, l’Egypte, la Malaisie, la Jordanie, le Pérou ainsi que la Turquie.27

Bien que la Thaïlande ait un faible montant d'aide pour le développement économique, elle a

reçu une aide d'une autre dimension, à savoir les aspects non économiques du développement tels

que la protection de l'environnement, promotion de l'éducation et le développement des ressources

humaines.

En 1997, la Thaïlande a rencontré une crise du « baht », ce qui entraîne le chômage et le déclin

de sa croissance économique. À la suite de cette crise, le pays a reçu une aide sous forme de dons et

de prêts. En effet, le montant de l’aide et de l’allégement de la dette d’une valeur de 921 millions

                                                            26 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf 

27 BRUNEL S., Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, coll. Major,  PUF, Paris, 1995, p.207 

Page 31: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

24 

 

USD, soit environ 36.840 millions de bahts28 a classé la Thaïlande comme étant le premier dans la

liste des dix bénéficiaires dans la même année.

Après la crise financière, la Thaïlande a reçu une aide maximum de 4,402.2 millions de bahts,

4,409.3 millions de bahts, 4,201.3 millions de baht et 3,802.8 millions de bahts respectivement en

1998, 1999, 2000 et 200129.

Après la crise, la Thaïlande a commencé à se reconstruire en vertu d'une aide venant du FMI

d'une valeur de 17,2 milliards de dollars30, ce qui a permis à rétablir l’épuisement de ses réserves de

change et, éventuellement, à stabiliser la monnaie.

A partir de début 1999, avec la macroéconomie qui s'est stabilisée, le gouvernement a axée les

programmes décrits dans les plans de relance majeur pour stimuler la demande intérieure et

l'investissement. La Thaïlande est donc entrée dans une phase de récupération et a connu une

expansion de 4,2%, principalement en raison de la vigueur des exportations, qui ont augmenté

d'environ 20% en 2000. De plus, avec l'année 2001, l'économie thaïlandaise a augmenté de 1,9%.31

L'économie thaïlandaise a connu, au quatrième trimestre de l’année 2007, une expansion

impressionnante de 5,7%, supérieure à 4,4 % au cours des trois premiers trimestres de cette même

année32. En effet, les composantes de la croissance ont été plus équilibrées que dans les trois

premiers trimestres. Désormais, l’économie de la Thaïlande est en pleine croissance ; elle n’est plus

tributaire de l’aide extérieure surtout pour ses programmes de lutte contre les maladies et elle jouit de

bonnes capacités institutionnelles dans les domaines liés à la santé.

En tant que pays à revenu intermédiaire avec une forte croissance, la Thaïlande est déterminée à

"sauter" au statut de développement. Le but ultime est sa transformation en un «pays développé,

capable de soutenir la croissance de qualité de long terme et une prospérité durable ». À cette fin, le

gouvernement thaïlandais a été résolu en cherchant à consolider l'indépendance de la nation et se

déplacer vers un statut de contributeur net.                                                             28 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf 

29 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf 

30 www.thailand.com 

31 tfh.phillipkern.de/Semester1/tt_l/presentations/Economic‐Thailand_fuat_handout.pdf 

32 www.thailand.com 

 

Page 32: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

25 

 

Cette transformation continue de l'état de développement a deux caractéristiques principales : la

première est de se concentrer sur le fait que la Thaïlande devient un partenaire de développement

avec les anciens pays donateurs, par opposition à un bénéficiaire de l'aide internationale, tandis que

la seconde est le désir de la Thaïlande de devenir un pays donateur lui-même et aider au

développement des pays pauvres, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la région immédiate à travers

son projet «Forward engagement »33. Dans cette optique, la Thaïlande est prête à partager son

expertise en développement et atteindre les autres pays pour promouvoir la réduction de la pauvreté.

Par ailleurs, la Thaïlande est un chef de file dans un certain nombre d’initiatives de coopération

sous-régionale et régionale dans des domaines comme le commerce, l'investissement et le tourisme.

Ces initiatives sont menées par des organes, des mécanismes et des coopératives tels que l’ASEAN,

l'Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC), et la coopération Mékong-Gange (MGC). Ce

programme n'est pas, cependant, limité à la région. La politique de coopération Sud-Sud de la

Thaïlande a également conduit à l'engagement dans des programmes d'aide au développement aux

pays africains, notamment dans le domaine de la prévention du VIH / SIDA.

Aussi, la Thaïlande est le seul pays au monde, non-OCDE, à avoir produit un rapport sur

l' « OMD 8: Partenariat mondial pour le développement ». Cet objectif concerne principalement à

convaincre, les pays donateurs développés de fixer des objectifs pour accroître l’aide publique au

développement, en facilitant l'accès aux biens et services des pays en développement, et assurer

l'accès de ces derniers aux technologies et aux médicaments essentiels. De ce fait, la coopération

technique internationale venant des donateurs étrangers est supervisée par la Thailand International

Development Cooperation Agency (TICA). En plus de gérer la coopération au développement

technique, la TICA est également chargée de coordonner l'assistance technique de la Thaïlande qui

s'étend à d'autres pays en développement.

Le tableau ci-dessous représente le flux d’aide reçue par la Thaïlande en dollars américains

courants depuis 2005 jusqu’en 2008.

Il est à remarquer que l’APD nette désigne les décaissement de prêts consentis à des taux

concessionnels (hors remboursement de capital) et les subventions des agences membres du CAD,

des institutions multilatérales et des pays non membres du CAD pour promouvoir le développement

économique et le bien-être dans les pays bénéficiaires d’APD. Aussi, il est à noter que les                                                             33 www.un.or.th/thailand/economy 

 

Page 33: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

26 

 

estimations du RNB ainsi que les estimations de la population de la Banque mondiale sont utilisées

comme dénominateur.

Tableau 3 : Flux d’aide reçue par le Thaïlande (USD)

2005 2006 2007 2008

APD nette reçue

(montant)

-168 750 000,00 -217 760 000,00 -312 070 000,00 -620 530 000,00

APD nette reçue

(% du RNB)

-0,1% -0,1% -0,1% -0,2%

APD nette reçue

par habitant

-2,56 -3,27 -4,66 -9,21

Source : Indicateurs du développement dans le monde (www.oecd.org/dac/stats/idsonline)

A l’heure actuelle, la Thaïlande est en train de devenir un donateur important, fournissant des

niveaux substantiels d'APD à ses voisins et stratégiquement en train de s'engager dans la coopération

au développement dans la région. Avec un succès de pays à revenu intermédiaire avec des décennies

d'expérience et les leçons apprises dans la promotion du développement humain, elle est bien placée

pour contribuer au partenariat mondial pour le développement.

Plus de 80% de l'APD thaïlandaise est sous la forme de prêts concessionnels à l'appui de projets

d'infrastructure de base dans le Cambodge, le Laos, le Myanmar et les Maldives comme la

construction de routes, de ponts et de barrages. Le reste de l’APD est sous la forme d'une assistance

technique et de formation dans les domaines de l'éducation, santé publique, agriculture, transport,

Page 34: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

27 

 

économie, banque, finance, sciences et technologie, ainsi que des contributions au système des

Nations Unies et le Fonds asiatique de développement de la BAD.

En outre, en 2008, l'APD de la Thaïlande a été estimée à 167 millions de dollars. Cette

contribution représente 0, 2% du montant brut du revenu national. Auparavant, en l'an 2003, la

Thaïlande a fourni une aide au développement à la quantité équivalente à 0,13% du produit national

brut, classé au quatrième rang après le Japon, l'Italie et les États-Unis dont l'APD s'élevait

respectivement à 0,20, 0,17 et 0,15%34.

Tandis que 94 % de l'APD thaïlandaise va aux PMA, en comparaison avec une moyenne de

26% pour les pays de l'OCDE, qui demeure une contribution significative pour un pays à revenu

intermédiaire. Toutefois, la Thaïlande est loin des objectifs de l'OCDE parce que 8 % seulement de

l'APD de la Thaïlande va à l'appui direct des secteurs sociaux tandis que l'objectif de l'OCDE est de

20%. La plupart des APD thaïlandaises aux PMA sont sous la forme de prêts bonifiés et une grande

partie de celle-ci est encore liée à l'acquisition de biens et services thaïlandais.

III. Impacts de l’aide

Les flux de l’aide sont caractérisés par la prépondérance des flux bilatéraux. Parmi les

donateurs, le Japon se positionne clairement en première position depuis le début des années 1970.

L’idée de l’aide japonaise a été efficace dans les pays d’Asie de l’Est car elle fut attribuée à des pays

à forte capacité d’absorption. Le concept de « self-help », qui se trouve au cœur de la politique

d’assistance japonais, s’est traduite par une aide essentiellement sous forme de prêts sur la base d’un

plan de développement cohérent de pays manifestant une volonté nationale et qui ont mis en œuvre

des politiques actives de transformations des structures de l’économie. En d’autres termes, l’aide

japonaise est venue complétée un effort national, en jouant un rôle de stimulant, à la fois direct et

indirect. En effet, cette aide a eu un impact direct sur le développement des infrastructures

économiques et un impact indirect en entrainant un afflux de capitaux privés et en favorisant leur

                                                            34 www.thailand.com 

Page 35: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

28 

 

absorption35. Des évaluations économétriques et empiriques illustrent que le programme

d’assistance des pays de la zone fut positif. Observons tout de suite l’impact direct de l’aide sur la

croissance de la Thaïlande à travers le tableau suivant :

Tableau 4 : Impact direct de l’aide sur la croissance

Variable

s explicatives

IDE AIDE XM FBCF S

Résultats de

la Thaïlande

0, 01 (0, 16) 0,18 (1,39) 0,08 (4,41) 0,07 (3, 39) 0,02 (0,64)

Résultats sur

la zone-Panel

0, 09 (4,60) -0,07 (1, 96) 0,04 (5, 82) 0,03 (7,58) 0,01 (4,81)

Avec : IDE : investissements directs étrangers ; XM : exportation et importation ; FBCF :

formation brute de capital fixe et S : épargne.

Source : BLAISE Séverine, Efficacité de l’aide et développement : le cas de l’Asie de l’Est,

Résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004, p.20

Il est à noter que les chiffres indiqués entre parenthèses donnent les t-ratios.

Toutefois, la Thaïlande continue à recourir à l'assistance technique de la communauté bilatéraux

et le système des Nations Unies sous une variété de formes. En effet, les rapports des organismes

donateurs indiquent que certains domaines d'intervention sont apparus et dans lesquels la

communauté du développement peut apporter une valeur ajoutée au développement thaïlandais. Les

domaines d'intérêt pour l'activité des bailleurs de fonds comprennent entre autre une coopération

                                                            35 BLAISE Séverine, Efficacité de l’aide et développement : le cas de l’Asie de l’Est, résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004 

Page 36: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

29 

 

pour l'éducation, la recherche et le développement institutionnel ; une amélioration de la

compétitivité des petites et moyennes entreprises (PME) en soutenant l'amélioration de la

compétitivité nationale ; une assistance en matière de gouvernance et des domaines sociaux, y

compris des partenariats conçus pour renforcer la démocratie, le système parlementaire, le secteur

public, le secteur juridique et la société civile ; une coopération pour le développement durable et la

protection de l'environnement dont la gestion des ressources naturelles, la gestion du développement

urbain, les systèmes d'eau, gestion de l'énergie, la gestion des déchets, les techniques de réduction de

la pollution, l'éco-efficience de l'industrie sont des exemples de cette coopération ; un support pour

les femmes et les questions de genre, y compris la prévention de la traite ; le traitement du VIH /

Sida, la prévention et la sensibilisation, ciblant en particulier les groupes vulnérables ; une

coopération pour améliorer la compétitivité des produits agricoles pour les marchés internationaux, y

compris l'assistance technique pour répondre aux exigences des normes de l'OMC et des SPS

(mesures sanitaires et phyto-sanitaires) ainsi qu’un appui à l'amélioration des terres et des ressources

en eau pour réduire la vulnérabilité aux catastrophes naturelles et d'améliorer la productivité36.

Fin 2007, les relations de la Thaïlande avec l’UE ont évolué positivement. L'accent est mis sur

le partenariat et les négociations d'accord de coopération avec un objectif de porter les relations

bilatérales au niveau de l'ambition poursuivie mutuellement. En dépit de l'évolution du contexte

politique, économique et social, l'examen a confirmé à mi-parcours la validité du document de

stratégie « Strategy Paper » (2007-2013)37. Cette stratégie aidera la Thaïlande à améliorer et à

moderniser les infrastructures connexes, les institutions, les systèmes, les compétences des

entreprises et des capacités qui permettront de renforcer la concurrence internationale. Ce cadre de

coopération continuera à approfondir la relation UE-Thaïlande avec un accent particulier sur les

relations économiques, scientifiques et la coopération technique ainsi que l'enseignement supérieur et

de la culture ; à aborder les contraintes de capacité spécifiques essentiels à l'avancement du

programme national de développement ; à promouvoir la coopération sur la bonne gouvernance, la

justice, les droits de l'homme, et à cibler l’augmentation de la connaissance mutuelle entre l'UE et la

Thaïlande.

                                                            36 www.who.int/countries/tha/fr 

37 Document de stratégie et le programme indicatif pluriannuel 2011‐2013 

Page 37: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

30 

 

La Thaïlande est aussi peu à peu devenu un partenaire de développement, comme d'autres pays

à revenu intermédiaire en aidant les pays en développement, tant à l'intérieur et l'extérieur de la

région, à travers sa politique étrangère d '«engagement à terme» qui a mis en place la TICA pour une

coopération technique avec d'autres pays.

Vision de la Thaïlande tant que nouveau pays donateur

L’élaboration de la stratégie de la Thaïlande est formulée à partir d'un certain nombre de

tendances macro économiques, y compris la transition vers une économie du savoir, la nécessité pour

la sécurité énergétique, une société vieillissante, et les possibilités sur la base des tendances de

consommation mondiale.

Le PIB de la Thaïlande est passé de 4,5 trillions Baht en 2000 à environ 7,75 trillions Baht en

2006. Le PIB par habitant est aujourd'hui de quatre à cinq fois supérieures à celui de ses voisins dans

la région du Grand Mékong38.

L'aide aux pays voisins vise à combler cette lacune et permet de fournir de meilleurs revenus et

de bonnes conditions de vie dans les pays voisins ainsi que la réduction des flux négatifs à travers les

frontières comme la contrebande illégale de migration, et les médicaments. En outre, la stratégie de

développement officielle de la Thaïlande et la direction de sa stratégie régionale se fondent dans une

tentative à l'équilibre économique et au développement social durable. Elle est également fondée sur

un certain nombre d'accords de coopération régionale.

Les zones de concentration sectorielle incluent entre autre, les transports ou l'amélioration des

infrastructures régionales ; les télécommunications ou l'élaboration d'un réseau fédérateur régional ;

l'énergie en vu d’assurer la sécurité énergétique et la promotion de l’énergie alternative ; l’agriculture

ou la promotion de la co-production par l'agriculture sous contrat ; le tourisme ou la promotion de

l'écosystème régional et les liens du tourisme culturel ; le commerce et investissement ou

l'amélioration des lois et règlements et les procédures douanières, l’environnement ou conservation

de la biodiversité et d'assurer une moindre dégradation de l'environnement ; le développement des

ressources humaines pour améliorer la qualité des ressources humaines et l'augmentation des

possibilités d'études ; ainsi que le développement communautaire ou la promotion du développement

intégré au niveau local.

                                                            38 www.thailand.com 

Page 38: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

31 

 

Certes, dans le passé la Thaïlande a reçu l'aide au développement sous la forme de conseils

techniques, de bourses d'études entrées de capitaux, et des subventions dont le pourcentage par

rapport au produit intérieur brut, qui a par la suite été réduite, pourtant elle a connu une croissance

économique rapide, et les politiques ont facilité l'amélioration des indicateurs économiques de

développement socio- économique. Cependant, l’instabilité politique prolongée et la crise financière

mondiale marque négativement la Thaïlande. Cette instabilité politique a également circonscrit le

gouvernement pour relever les défis politiques et engager des réformes structurelles nécessaires afin

d'assurer une croissance économique continue.

Chapitre 4 : La Tanzanie

I. Données générales sur l’économie du pays

La Tanzanie est le principal pays bénéficiaire de l’APD parmi les pays d’Afrique subsaharienne.

Sa superficie est de 945 087 km². Sa population compte environ 41,9 millions d’habitants. L’unité

monétaire du pays est le “ Shilling tanzanien “, de telle sorte que 1 euro= 1908 TZS. La Tanzanie est

un pays à faible revenu, dont le PIB s’élève à 20,7 Milliards USD ce qui revient à 521 USD de PIB

par habitant. Les parts des principaux secteurs d’activités dans le PIB sont les suivantes :

Agriculture, pêche, forêt : 25,8 % ; Industrie, construction, mines : 21 % et Services : 53,2 %

La Tanzanie maintient également un indice de développement humain qui la classe au 159ème

sur 177 pays. Et son taux de croissance est de 7,5 % en 2008 5,7.39

La croissance annuelle de la Tanzanie est ressortie en moyenne à 7 % du PIB entre 2001 et

2008. En 2008, le PIB a progressé de 7.5 % en étant l’une des croissances les plus rapides de

l’Afrique subsaharienne. Mais la crise mondiale a écourté ce record, d’où la croissance retombe à

5.5 % en 2009.

L’agriculture reste la principale activité des deux tiers de la population, alors que celle-ci ne

représente qu’un peu plus d’un quart du PIB et à peine le cinquième des exportations en 2007 et

2008. Les principales récoltes traditionnelles sont le café, le thé, la canne à sucre, le coton, le maïs,

                                                            39 Données du FMI et sources nationales 

Page 39: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

32 

 

les fruits et légumes. D’autres récoltes moins traditionnelles sont importantes à l’instar de la noix de

cajou, du sisal, du clou de girofles, des épices, de la noix de cocos, de l’huile de palme et des fleurs

coupées. En outre, le secteur des activités manufacturières, du bâtiment et de l’extraction minière a

gagné en importance. De plus, les efforts pour diversifier l’économie ont mis en évidence d’autres

secteurs, qui se sont distingués par une croissance particulièrement soutenue, entre autre, les services

financiers, l’immobilier, les services commerciaux, les communications notamment la téléphonie

mobile et le tourisme. Et sous l’effet d’incitations fiscales favorables aux compagnies privées, le

secteur des mines (or, diamants, tanzanite) est, depuis 2000, le plus dynamique du pays. En fait, le

secteur des mines et de l’extraction a vu sa croissance s’effondrer à 2.5 % en 2008 contre 10.7 % en

200740. La Tanzanie est aujourd’hui le troisième producteur d’or d’Afrique, derrière l’Afrique du

Sud et le Ghana. Le secteur tertiaire, dont la contribution au PIB reste la plus forte, a crû de 8.5 % en

2008, contre 8.1 % en 2007, les services financiers et les communications affichant respectivement

les plus forts taux de croissance les années 2007 et 2008, avec 11.9 et 20.5 %.

L’économie nationale, soutenue en 2008, a accusé un ralentissement en 2009 à la suite de

l’effondrement de la demande extérieure comme intérieure dans le contexte de crise financière

internationale. Les exportations des secteurs émergents se sont notamment réduites, de même que les

entrées de capitaux privés. Les unes et les autres avaient contribué aux solides résultats affichés les

années précédentes. Bien que plus soutenue que celle de la plupart des pays africains, la croissance

du PIB tanzanien devrait ralentir à 5.5 % en 2009, puis rebondir modestement à 5.7 % en 201041.

Par ailleurs, la Tanzanie a une position charnière en matière d’intégration régionale : elle est à la

fois tournée vers l’Afrique orientale et vers l’Afrique australe. Elle est ainsi membre de la

Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (East African Community - EAC), avec le Kenya et

l’Ouganda, désormais rejoints par le Burundi et le Rwanda ; Elle est également membre de la SADC

(Communauté économique d’Afrique Australe/Southern African Development Community). Elle fait

aussi partie de l’IOR-ARC, association des Etats riverains de l’Ocean Indien (Indian Ocean Rim

Association for Regional Cooperation). La Tanzanie est sortie du COMESA (Marché commun de

l’Afrique orientale et australe/Common Market for Eastern and Southern Africa) en août 1999.

                                                            40 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques. 

41 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques (estimations) 

Page 40: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

33 

 

II. Evolution et Répartition de l’aide

En dépit d’un taux de croissance annuel du PIB élevé, la Tanzanie demeure l’un des quinze pays

les plus pauvres du monde42, si bien que sa dépendance à l’égard de l’aide semble persister.

L'évolution et la répartition de l'aide au niveau des pays africains se sont faites de manière

considérable suivant la situation politique du pays, sa stabilité et les ressources naturelles dont le

pays bénéficiaire dispose.

L'Afrique est le continent qui a le plus profité de l'augmentation récente de l'aide. L'attention

plus grande portée à l'Afrique dans les politiques d'aide des pays développés est à mettre au crédit du

processus du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique ou NEPAD. En effet,

l'Afrique Subsaharienne, du point de vue de l'aide internationale, est celle sur laquelle s'expriment les

plus fortes inquiétudes. Sa population était de l'ordre de 500 millions d'habitants en 1990 mais

pourrait atteindre 1300 millions vers 202543. Pourtant, la croissance de la production reste inférieure

à celle de la population, d'où une extension de la pauvreté qui, ajoutée à d'autres problèmes à l'instar

des taux élevés d'infection par le virus VIH, fragilisent régulièrement les équilibres toujours

précaires.

La communauté internationale de bailleurs de fonds a pris conscience de ces problèmes. Ils ont

en fait chargé la Banque Mondiale de mettre en œuvre et de coordonner un programme spécifique

destiné à aider les pays à faible revenu d'Afrique à s'ajuster et à améliorer leur gestion, si bien que la

mise en place de stratégies nécessaires a été recommandée pour drainer vers ce continent des fonds

supplémentaires. Une augmentation progressive de la part de l'aide dirigée vers l'Afrique s'est

traduite par le passage de celle-ci de 21% 0 31% entre 1980 et 1992.

La Tanzanie fait partie des dix premiers bénéficiaires de l’APD provenant de la CEE et des pays

de l’OCDE dans leur ensemble, dans les années 1991-1992, avec une part d’aide reçue

respectivement de 2 millions de dollars et de 1,3 millions de dollars44.

                                                            42 Au sens de l’indice de développement humain du PNUD ou Programme des Nations Unies pour le Développement 

43 BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ». Afrique Contemporaine, n°171, 3ème trimestre 1994, p.45 

44 BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, coll. Major, PUF, Paris, 1995, pp.207‐208 

Page 41: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

34 

 

Depuis le Sommet du Millénaire de 2000, l’aide globale à l’Afrique n’a cessé d’augmenter. Le

début du siècle a marqué la fin d’une décennie de baisse des flux d’APD en faveur du continent. En

2003, le montant total net des décaissements en faveur de l’Afrique est passé à 26,3 milliards de

dollars, indique l’OCDE dans son rapport annuel sur la coopération pour le développement.

En outre, la part du continent dans l’aide totale ne cesse d’augmenter. En 1997-98, l’Afrique

subsaharienne a reçu 35 % du montant net des décaissements d’APD provenant des pays membres

du CAD. En 2002-03, cette part est passée à 41 %45.

L’aide d’urgence, qui est également comptabilisée dans les chiffres d’APD, a aussi augmenté en

Afrique subsaharienne. Entre 2001 et 2003, cette portion de l’aide a augmenté de 1,6 milliard de

dollars. Si l’on exclut l’allégement de la dette, l’aide d’urgence et une petite augmentation de l’aide

alimentaire, selon les calculs du CAD, l’Afrique subsaharienne n’a reçu qu’un montant

supplémentaire de 600 millions de dollars aux fins du développement pendant cette période.

En 2005, l'aide à l'Afrique a augmenté, à cause de la forme d'allègement de dettes. Après un

repli de 4,5 % en termes réels en 2006, l'APD nette consentie par les pays membres du CAD a de

nouveau reculé de 8,4% pour atteindre 103,7 milliards USD46. Les données du CAD ont ainsi révélé

une augmentation de l'aide humanitaire de 4milliards USD en 2007 à 5milliards USD en 200847.

Voici quelques informations sur l’aide reçue par la Tanzanie depuis les années 2005 jusqu’en

2008.

                                                            45 HARSC Ernest, « Axer l’aide sur les priorités de l’Afrique : Des financements plus importants pour les OMD, mais il reste beaucoup à faire». Afrique Renouveau, Vol.19, Juillet 2005, p.15 

 

46 OCDE, « Augmentation de l’aide destinée à l’Afrique ». Perspectives Economiques en Afrique, 2010, OCDE Development Center 

47 OCDE, Coopération pour le Développement, rapport 2010, 159P 

Page 42: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

35 

 

Tableau 5 : Flux d’aide reçue par la Tanzanie (USD)

2005 2006 2007 2008

APD nette reçue

(montant)

1 497 500 000 1 813 750 000 2 819 550 000 2 330 720 000

APD nette reçue

(% du RNB)

10,7% 12,9% 17,5% 11,7%

APD nette reçue

par habitant

38 45 68 55

Source : Indicateurs du développement dans le monde (www.oecd.org/dac/stats/idsonline)

Les décaissements d’APD ont dépassé les deux milliards USD en 2007, doublant par rapport

aux années 1990. La contrepartie est une importante dépendance de l’économie tanzanienne vis-à-vis

des bailleurs internationaux vu que la dette publique de la Tanzanie a été estimée à

11 357.4 milliards TZS en juin 2009, l’endettement intérieur représentant environ 20 % de ce

montant, soit 2 262.4 milliards TZS48.

Ci-après, également, des tableaux qui retracent les pourcentages de la croissance du PIB réel et

celle du PIB par habitant de l’Afrique Subsaharienne en général ainsi que ceux de la Tanzanie en vue

de constater leur similarité.

                                                            48 Données du ministère des Finances et des Affaires économiques 

Page 43: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

36 

 

Tableau 6: Croissance du PIB réel (en pourcentage)

1997-

2002

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Tanzanie

4,8 6,9 7,8 7,4 6,7 7,1 7,4 5,0 5,6

Afrique

subsaharienne

4,1 5,1 7,2 6,2 6,4 6,9 5,5 1,1 4,1

Tableau 7 : Croissance du PIB réel par habitant (en pourcentage)

1997-

2002

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Tanzanie

2,3 4,8 5,5 5,1 4,8 5,0 5,3 2,9 3,6

Afrique

subsaharienne

1,8 2,9 5,0 4,1 4,2 4,8 3,1 -0,9 1,9

Sources : FMI, base de données du Département Afrique (22 septembre 2009) et des

Perspectives de l'économie mondiale (17 septembre 2009)

III. Impacts de l’aide

Ces considérations sur l’Afrique subsaharienne conduisent à souligner deux points. Tout

d’abord, sa forte dépendance à l’égard de l’APD. Ensuite, le fait que l’Afrique risque d’avoir du mal

à se maintenir comme pôle d’attraction de l’aide dès lors que surgissent d’autres enjeux touchant très

directement les intérêts des pays développés. Ce mouvement pourrait conduire à un déclin de l’APD

dirigée vers les zones subsahariennes, où l’investissement international stagne, voire recule.

Page 44: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

37 

 

Certains observateurs demeurent préoccupés par l’absence de progrès réalisés dans la réduction

de la pauvreté, malgré l’amélioration de la croissance économique. Cette dernière étant inégalement

répartie, c’est-à-dire, le secteur de services se dresse tandis que les zones rurales restent pauvres en

raison du manque de dynamisme du secteur agricole.

C’est décidément dans cette optique que le gouvernement tanzanien a pris de nouvelles

dispositions institutionnelles pour interagir avec la communauté des donneurs. Ces dispositions sont

reprises dans la stratégie pour l’aide à la Tanzanie ou SAT qui énonce des principes spécifiques pour

renforcer l’appropriation par le pays du processus de développement. Les domaines d’intervention

prioritaires définis dans cette stratégie sont les suivants : la prévisibilité des ressources extérieures, y

compris les questions de gestion financière ; la rationalisation des missions de consultation ainsi que

le renforcement de la capacité de coordination de l’aide et de gestion des ressources extérieures. En

fait, la prise en compte effective d ces dispositions institutionnelles en vigueur pose plusieurs défis

aux donneur, comme l’alignement des stratégies pays et des programmes de financement sur les

priorités tanzaniennes, le suivi des résultats, l’adaptation aux exigences de la coordination et la

gestion des risques. Par ailleurs, le gouvernement a aussi engagé un processus consultatif afin

d'élaborer une nouvelle vision du développement économique et social du pays. Ainsi, le processus a

débouché sur la vision du développement de la Tanzanie à l'horizon 2025, qui définit le cadre général

du développement.

La stratégie nationale d'élimination de la pauvreté de 1998 a servi de base à l'établissement du

Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP 2000). Cette stratégie témoigne d'une grande

connaissance du contexte international, et notamment des objectifs du millénaire pour le

développement.

Depuis 1995, le gouvernement tanzanien a recensé quatre grands obstacles au développement :

les carences de la gouvernance ; la dépendance à l’égard des donneurs ; la faiblesse des capacités de

gestion économique et l’inefficacité de la mise en œuvre. C’est pourquoi, il a mis en route cet

ensemble d’ambitieuses réformes pour venir à bout de ces obstacles politiques et économiques au

développement.

Page 45: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

38 

 

Encadré 2 : qu’est-ce que la SAT ?

La Stratégie pour l'Aide à la Tanzanie ou SAT est un cadre de développement national

cohérent devant permettre de gérer les ressources extérieures conformément aux grandes

orientations définies dans Vision 2025, dans la Stratégie nationale d'élimination de la

pauvreté et le CSLP. Il s'agit d'une initiative gouvernementale visant à rétablir

l'appropriation et le leadership à l'échelon local en encourageant le partenariat dans la

conception et l'exécution de programmes de développement. Elle cherche à promouvoir la

bonne gouvernance, la transparence, la responsabilisation, le renforcement des capacités et

l'efficacité de l'acheminement de l'aide. Il ne s'agit ni d'un programme, ni d'un projet, mais

d'un processus de changement.

Source : CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen

comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le

développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.

En effet, le gouvernement définit sa stratégie de lutte contre la pauvreté en tenant compte du

contexte international. Et cette stratégie a servi de base à la fourniture d’une aide extérieure. Depuis

2002, de nouvelles dispositions ont été prises pour coordonner l’action des donneurs.

Un examen indépendant réalisé en Mars 199949a confirmé que des progrès substantiels avaient

été accomplis, mais il a été également signalé que certaines régions restaient confrontées à des

problèmes, à ne citer que la forte dépendance à l’égard de l’assistance technique, c'est-à-dire ne

dépendre que des consultants pour l’exécution des projets, ce qui est très onéreux ; ou les stratégies

d’aides pays sont non synchronisées ; ou encore une insuffisance des pouvoirs publics.

                                                            49  CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen

comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le

développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.  

Page 46: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

39 

 

Cette stratégie de développement tanzanienne suscite quelques préoccupations chez les

donneurs qui craignent qu’elle ne fasse une place suffisamment large à la viabilité des activités de

développement. Par ailleurs, les autorités tanzaniennes sont préoccupées par le manque de

cohérences des politiques suivies par les donneurs et par l’absence de concordance entre les actions

des donneurs multilatéraux et bilatéraux. Tout cela peut compromettre l’efficacité de l’aide publique

au développement.

En conséquence, la Tanzanie encourage la coordination de l’action des donneurs par divers

moyens et les donneurs ont réagi en améliorant leurs dispositifs. Ainsi, lors des débats menés au

CAD, certains membres ont fait valoir que la coopération pour le développement en Tanzanie s’était

beaucoup améliorée durant la dernière décennie. Les donneurs examinés ont souligné que les

donneurs et le gouvernement s’étaient lancés dans un processus d’engagement mutuel qui était

susceptible d’être étendu à terme à d’autres parties prenantes comme la société civile, le secteur privé

et les ONG internationales. Les mesures prises en vue d’améliorer la coordination se sont aussi

traduites par des améliorations substantielles au niveau de l’harmonisation des procédures entre les

donneurs, ainsi que des travaux conjoints. Les donneurs présents en Tanzanie ont entrepris

d’élaborer un code de bonne conduite pour les activités de coordination, qui améliorera encore la

situation.

Une analyse conjointe de la mise en oeuvre des stratégies de partenariat des quatre pays

donneurs nous aidera à comprendre la situation de la Tanzanie. Ces quatre donneurs sont le

Danemark, la Finlande, L’Irlande et le Japon. Les descriptions des donneurs ont été aussi mises au

point en accord avec leurs missions. C’est une comparaison des « stratégies-pays »qui porte sur les

différents liens existant avec la Tanzanie et sur la manière dont ces liens sont pris en compte par les

donneurs à l’égard de la SAT et du CSLP.

En guise d’illustration, on présente les stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs

dans le tableau ci-dessous. Elles ont été élaborées à des périodes différentes mais toutes sont dans

l'ensemble conformes à la SAT. Bien que les stratégies-pays correspondent en gros aux besoins de la

Tanzanie, chacun des quatre donneurs centre plus particulièrement ses efforts sur certains secteurs

prioritaires et certaines questions transversales correspondant à son avantage comparatif, et soutient

la stratégie de lutte contre la corruption des autorités tanzaniennes.

Page 47: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

40 

 

De ce fait, le tableau fait apparaître que les quatre donneurs sont nettement convaincus de

l'intérêt des partenariats. Cependant, leurs approches sont très différentes sur certains points. En

effet, les quatre donneurs prennent une part active aux solides mécanismes de coordination qui

comprennent un CAD local et diverses approches sectorielles.

Page 48: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

41 

 

Tableau 8 : Stratégies-pays pour la Tanzanie des quatre donneurs (Danemark, Finlande, Irlande et Japon)

Aspects

Danemark

Finlande

Irlande

Japon

1. Relations avec la Tanzanie.

2. Mesures prises, compte tenu de la SAT et du CSLP.

3. Secteurs prioritaires et questions transversales, notamment aide aux activités anticorruption.

1. Une étroite relation de travail s’est établie depuis l'indépendance et le Danemark a contribué à lancer le débat avec la Tanzanie sur les relations d’aide en 1996.

2. La stratégie-pays du Danemark vise à intégrer la coopération danoise dans le programme de développement de la Tanzanie. Le Danemark soutient activement le CSLP, point de départ de sa propre stratégie ; la plupart des composantes de son programme sont alignées sur le CSLP.

3. Les secteurs prioritaires sont les routes, la santé, l'agriculture et les entreprises. Les questions transversales importantes sont l'environnement, la problématique homme-femme et la bonne gouvernance, questions pour lesquelles il existe au Danemark de forts groupes de pression. Des

1. Une étroite relation de travail s’est établie depuis l'indépendance, de bonnes relations diplomatiques existant au niveau présidentiel

2. La stratégie-pays est présentée dans un document interne qui sert de cadre au dialogue sur les mesures à prendre et porte notamment sur les échanges et les relations politiques. La Finlande soutient activement l'élaboration de la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Tanzanie qui sert de base à son propre programme d'aide.

3. Les secteurs prioritaires sont l'éducation, l'exploitation forestière, le développement rural et la bonne gouvernance. La Finlande apporte son concours au programme tanzanien de lutte contre la corruption dans le cadre d'activités spécifiques du PNUD. Les questions transversales importantes sont la lutte contre la pauvreté (croissance favorable aux pauvres),

1. Les relations d'aide sont relativement récentes (années 1980). La stratégie de l'Irlande fait une très large place au partenariat avec les autorités tanzaniennes et à la lutte contre la pauvreté.

2. L'Irlande a aligné sa stratégie pays sur la stratégie de lutte contre la pauvreté de la Tanzanie.

3. L'Irlande axe ses efforts sur les secteurs sociaux et l'agriculture. La gouvernance, le VIH/sida, la décentralisation et la réforme de l'administration locale sont d'importantes questions transversales. Les activités de lutte contre la corruption sont intégrées dans l’ensemble des travaux sur la

1. Les relations d'aide ont commencé immédiatement après l'indépendance et aujourd'hui la Tanzanie est le principal partenaire du Japon en Afrique, pour ce qui est de l'APD.

2. Bien que la stratégie-pays du ministère des Affaires étrangères soit antérieure au CSLP et à la SAT, le Japon tient compte des demandes d'aide de la Tanzanie. Il aligne une grande partie de ses activités sur le CSLP, mais il fait une plus large place à la croissance économique.

3. Les secteurs prioritaires sont les infrastructures, l'éducation de base et les soins de santé de base, l'agriculture et la préservation de la forêt. La lutte contre la pauvreté (notamment la croissance économique) est la principale question transversale traitée. La JICA a lancé une formation sur la déontologie dans le cadre de ses

Page 49: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

42 

 

4. Régions prioritaires, rôle des"programmes locaux", le cas échéant.

5. Principales orientations de la stratégie pays.

activités d’anticorruption spécifiques sont menées dans plusieurs secteurs ; Par ailleurs, des activités en la matière sont intégrées dans la plupart des programmes du fait de l'accent mis sur la gouvernance et la transparence.

4. Les activités financées par le Danemark sont concentrées dans les régions d'Iringa et Kagera, mais le Danemark a mis fin depuis longtemps à ses programmes intégrés de développement rural.

5. Accent mis de plus en plus sur la lutte contre la pauvreté, les droits de l'homme, la problématique homme-femme, la bonne gouvernance et les zones d'accueil.

l'environnement, la problématique homme-femme et la société civile.

4. L'aide est concentrée dans le sud de la Tanzanie, à Zanzibar et dans les régions de forêts tropicales où sont mis en oeuvre les programmes localisés permettant d’obtenir des observations de terrain.

5. Place accrue accordée à la lutte contre la corruption dans le dialogue sur les mesures à prendre, réflexion plus approfondie sur l'aide au secteur privé et à la création d'emplois.

gouvernance.

4. Quatre programmes localisés, de plus en plus liés aux activités des administrations locales, permettent d’obtenir des observations de terrain et des informations qui sont prises en compte dans les débats sur les politiques sectorielles.

5. Engagements à long terme avec les autorités tanzaniennes et importants financements par le biais de financements communs sectoriels ou du soutien budgétaire.

activités de lutte contre la corruption.

4. L'aide est fondée sur la demande de la Tanzanie et porte généralement sur l'ensemble du pays si bien qu'il n'y a pas de concentration géographique des efforts d'aide.

5. Prise en compte des demandes des autorités tanzaniennes et promotion de la croissance économique pour le prochain CSLP.

Source : CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie : Examen comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ». Revue de l’OCDE sur le développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P

Page 50: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

43 

 

Suivant l’optique de l’efficience, l’efficacité, la viabilité et l’impact de l’aide venant de ces donneurs,

on arrive aux conclusions suivantes. Les effectifs peu nombreux des agents du Danemark gèrent un

programme relativement important. La décentralisation et la gestion axée sur les résultats favorisent

l'efficacité de l'aide. La viabilité à long terme est prise en compte dès la conception du programme,

d'où les efforts pour intégrer les activités dans les systèmes tanzaniens. L'impact des financements

communs a un caractère évolutif. Tandis que la Finlande dispose d'effectifs peu nombreux et son

programme est relativement restreint. Elle vise à accroître l'efficacité de l'aide en accordant une place

privilégiée aux approches participatives. La viabilité à long terme dépend des efforts déployés pour

intégrer le programme finlandais dans les systèmes tanzaniens. Les programmes localisés ont une

incidence microéconomique. En outre, le recours accru au financement commun a pour but de

promouvoir l'appropriation, d'accroître l'efficience et l'efficacité du petit nombre d'agents disponibles

et d'améliorer la viabilité. L'Irlande souhaite aussi être un donneur souple, ce qu'elle parvient à être.

Les programmes localisés ont un impact au niveau microéconomique. L'impact des financements

communs a un caractère évolutif. Enfin, par rapport à la taille du programme d'aide, les agents qui se

consacrent aux activités de développement sont peu nombreux. Enfin, la stratégie d'efficacité du

Japon met l'accent sur l'excellence technique et la fiabilité du financement de l'aide. La promotion de

la croissance économique est un moyen de soutenir la viabilité des projets. Des mesures sont prises

afin de poursuivre les résultats à court terme.

Certes la Tanzanie a atteint, ces dernières années, un taux de croissance annuel du PIB élevé et

une stabilité macroéconomique. En outre, des progrès significatifs ont été accomplis dans les

domaines de l’éducation primaire, de l’égalité des genres, de l’accès de la population urbaine à l’eau,

mais beaucoup reste à faire dans la mise à niveau des infrastructures, la lutte contre la pauvreté

extrême, la malnutrition et la santé. Malgré l’essor des investissements directs étrangers, l’expansion

du tourisme et du secteur minier qui constitue des atouts le pays, il reste handicapé par la

bureaucratie, fragilité de l’agriculture et la corruption.

Page 51: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

44 

 

CONCLUSION

D'une manière générale dans la littérature économique, la notion d'efficacité de l'aide au

développement n'apparaît pas très claire. Si pour certains l’aide au pays en développement est un

pur gaspillage, pour d’autres c’est un investissement efficace facilitant le développement. En effet,

l’aide publique au développement représente une opportunité permettant au pays bénéficiaire de

briser le piège de la pauvreté. Elle peut ainsi être un puissant moyen de promouvoir la croissance et

de réduire la pauvreté car le niveau de l'aide peut affecter positivement la croissance économique et

améliorer considérablement le bien-être de la population.

Il est vrai qu’aucun pays pauvres du Tiers Monde ne s’est développé grâce à l’aide extérieure,

pourtant, il existe d’autres cas où cette aide s’est révélée l’élément décisif qui a permis à certains

Etats de « décoller ». Et bien que les réalisations aient été moindres dans les pays les plus pauvres,

on a tout de même pu constater un progrès et l'aide y a contribué. En effet, d’une part, les

décaissements d’aide publique au développement ont dépassé des sommes colossales pour la

Tanzanie, toutefois, la contribution de celle-ci dans la croissance reste très modeste du fait qu’une

grande partie est consommée au lieu d’être investie de manière productive. Et d’autre part, force

est de constater que malgré la prépondérance des flux d’aide, le succès de la Thaïlande pourrait être

associée à un mélange des performances telles que une politique astucieuse de décisions, une solide

gouvernance démocratique, une population industrieuse, un investissement public dans les services

sociaux, des circonstances historiques et, surtout, la croissance économique, de manière à ce que le

pays soit en train de devenir, à son tour, un partenaire de développement . De plus, avec ses

performances, la Thaïlande a fréquemment été qualifiée de « cinquième dragon asiatique ».

En termes simples, l'aide a contribué à la croissance et au développement de certains pays,

contrairement à d’autres. Elle a certes eu une contribution importante, mais ne représente pas une

panacée. Néanmoins, un partenariat prolongé entre le bailleur et le pays bénéficiaire va

probablement soutenir le processus de réformes et accroître l'efficacité de l’aide.

Page 52: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

Annexe

LES OBJECTIFS DU MILLENAIRES POUR LE

DEVELOPPEMENT :

Objectif 1: Faire disparaître l’extrême pauvreté et la faim Objectif 2 : Garantir à tous une éducation primaire Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes Objectif 4 : Réduire la mortalité des enfants Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle Objectif 6 : Combattre le VIH/ Sida, le paludisme et d’autres maladies Objectif 7 : Assurer la durabilité des ressources environnementales Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial de développement

Page 53: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

Bibliographie et webographie

− AMPROU, CHAUVET, « Efficacité et allocation de l'aide: revue des débats ».

Notes et Documents, n°6, 31 Août 2004, Agence Française de Développement

− BARBIER, « L’aide publique au développement : discours et idées reçues ».

Afrique Contemporaine, n°171, Juillet-Septembre, 1994, pp.44-93

− BLAISE Sévérine, Efficacité de l’aide au développement : le cas de l’Asie de l’Est,

Résumé de thèse de Doctorat ès Sciences Economiques, 17 Décembre 2004,

Université de la Méditerranée

− BRUNEL Sylvie, Le Sud dans la nouvelle économie mondiale, collection Major,

PUF, Paris, 1995, 406P

− BURNSIDE, DOLLAR, “Aid, policies and growth”. Policy research working paper,

n°1777, 1997, World Bank Development Research Group, Washington DC

− CAD, « Analyse conjointe de l’Appropriation et du partenariat en Tanzanie :

Examen comparatif du Danemark, de la Finlande, de l’Irlande et du Japon ».

Revue de l’OCDE sur le développement, Vol. 4, Issue 4, OCDE 2003, 29P.

− CLEMENS, RADELET, BHAVNANI, « Aide et croissance: débat en cours et

données nouvelles », Center for Global Development, Février 2004, 17P

− COLLOMBAT Thomas, Le point sur l’aide au développement, Février 2004, 36P

− GUEYE Fatou, L’efficacité de l’aide publique au développement : cas du Sénégal,

Mémoire de DEA, 2006-2007, Université Cheikh Anta Diop de Dakar

− HARSC Ernest, « Axer l’aide sur les priorités de l’Afrique : Des financements plus

importants pour les OMD, mais il reste beaucoup à faire». Afrique Renouveau,

Vol.19, Juillet 2005, p.15

− JACQUET Pierre, « Les enjeux de l’Aide Publique au Développement ».

Mondialisation et rapports Nord/Sud – Politique Etrangère, 4 :2006, pp.941-954

− JAMES H.Michel, « L’aide au développement en question ». Problèmes

économiques, n°2587, 21 0ctobre 1998

− LARQUEMIN Aurélie, L'APD est-elle efficace à l'échelle macro-économique?,

Mémoire de 4ème Année d’I.E.P., Juin 2008, Université Robert Schuman

Page 54: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

− MORRISSEY Oliver, « Aide publique au développement : efficacité et

conditionnalité ». Techniques Financières et Développement, n°71, Juin 2003

− OCDE, « Augmentation de l’aide destinée à l’Afrique ». Perspectives Economiques

en Afrique, 2010, OCDE Development Center

− OCDE, Coopération pour le Développement, rapport 2010, 159P

− PHIJAISANIT Euamporn, « Time series analysis of endogenous fiscal response to

development aid in Thailand ». Research journal of International Studies, Issue 15,

August 2010, pp.12-26

− SEVERINO, CHARNOZ, « Les mutations impromptues : état des lieux de l’APD ».

Afrique Contemporaine, n° 213, 2005, pp.13-131

tfh.phillipkern.de

thailand.prd.go.th

webnet.ocde.org

www.africaneconomicoutlook.org

www.banquemondiale.org

www.oecd.org

www.thailand.com

www.un.or.th

www.who.int

Page 55: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

Table des matières

Remerciements………………………………………………………………………………...i

Liste des abréviations………………………………………………………………………....ii

Liste des illustrations……………………………………………………………………….....iv

Liste des tableaux……………………………………………………………………………...iv

Sommaire

INTRODUCTION ................................................................................................................... 1

Partie 1 : GENERALITES SUR L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ................ 2

Chapitre 1 : Contexte de l’aide publique au développement ............................................... 2

I. Définitions et objectifs de l’aide publique au développement ..................................... 2

I.1 Définitions............................................................................................................... 2

I.2 Objectifs de l’aide ................................................................................................... 6

II. Historique de l’aide publique au développement ........................................................ 6

III. Les différents types d’aides ....................................................................................... 8

IV. Les différentes formes de l’aide et son mécanisme ................................................... 8

IV.1 Formes de l’aide ................................................................................................... 9

IV.2 Mécanisme de l’aide .......................................................................................... 10

V. L’APD en chiffres......................................................................................................... 11

Chapitre 2 : Approches théoriques sur l’efficacité de l’aide publique au développement 14

I. Effet de l’aide publique au développement sur la croissance ..................................... 14

I.1.L’aide stimule effectivement la croissance. .......................................................... 14

I.2 L’aide n’influe pas sur la croissance. .................................................................... 16

I.3 La relation entre et la croissance est conditionnelle ............................................. 16

II. Effet de l’aide sur la réduction de la pauvreté ........................................................... 18

Page 56: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

II.1Relation entre croissance et réduction de la pauvreté ........................................... 18

II.2.Effet direct de l’aide sur la réduction de la pauvreté ........................................... 19

Partie 2 : ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’APD EN ASIE DE L’EST

ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ............................................................................... 21

Chapitre 3: La Thaïlande ................................................................................................... 21

I. Données générales sur l’économie du pays ................................................................ 21

II. Evolution et répartition de l’aide ............................................................................... 22

III. Impacts de l’aide ...................................................................................................... 27

Chapitre 4 : La Tanzanie ................................................................................................... 31

I. Données générales sur l’économie du pays ................................................................ 31

II. Evolution et Répartition de l’aide ............................................................................. 33

III. Impacts de l’aide ...................................................................................................... 36

CONCLUSION ..................................................................................................................... 44

Annexe

Bibliographie et Webographie

 

Page 57: ANALYSE COMPARATIVE DE L’EFFICACITE DE L’AIDE PUBLIQUE …

Nom : RAKOTOARISOA

Prénoms : Vonin’Oliva Thème : Analyse comparative de l’efficacité de l’aide publique au développement en Asie de

l’Ets et en Afrique subsaharienne : cas de la Thaïlande et de la Tanzanie.

Nombre de pages : 44 pages

Nombre des encadrés : 2

Nombre de tableaux : 8

RESUME EXECUTIF

L’aide publique au développement ou APD est l’ensemble des ressources octroyées par les

secteurs publics des pays développés ou par des organismes internationaux à des conditions

favorables aux pays en développement. Les principaux objectifs assignés à l’APD étant de

combler les déficits des pays bénéficiaires, de sortir ces derniers de leur pauvreté et

d’améliorer le bien-être de la population. L’APD a connu des changements importants depuis

une quinzaine d’années, dans un contexte caractérisé par la fin de la guerre froide, un certain

renouveau conceptuel et la mise en place de politiques nouvelles. Les diverses crises de la

dette ont également suscité de nouveaux débats sur l’efficacité de l’APD, qui se sont

concentrés sur l’impact de l’aide sur la croissance avant d’être orientés sur la réduction de la

pauvreté.

En d’autres termes, l’aide est contestée par rapport à son efficacité, si bien que de nombreux

auteurs ont cherché à évaluer l’effet de cette aide, non seulement au niveau de la croissance

des pays récipiendaires, mais aussi en termes de réduction de la pauvreté. Ainsi, il en résulte

que la relation entre l’aide et la croissance pouvait être positive ou bien négative, voire même

conditionnelle suivant les résultats de nombreuses analyses qui ont été menées.

Par ailleurs, les cas de la Thaïlande et de la Tanzanie permettent d’illustrer ces propos. En

effet, la Tanzanie compte en grande partie sur l’aide pour le financement de certains de ses

secteurs, tandis que la Thaïlande est en train de devenir un donateur important d’aide au

développement, malgré le fait que les deux pays aient été bénéficiaires de l’APD en vue de

favoriser leur développement. Plus précisément, à l’heure actuelle, la Tanzanie figure parmi

les pays les plus pauvres du monde, par contre, la Thaïlande est en phase d’évoluer en

partenaire de développement, fournissant des niveaux substantiels d’APD à ses voisins.

Mots clés : efficacité, aide publique au développement, impacts

Encadreur : Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé

Adresse de l’auteur: Lot IVG 19 Ankaditapaka Behoririka – Antananarivo 101