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« L’important pour Jung n’est pas ce que nous avons pu refouler de nos désirs mais ce qui n’est pas
encore né en nous ou n’a pas pu encore s’extraire et se différencier de « l’inconscience originelle.»,
Vivianne Thibaudier, « 100% Jung », (2011).
« Les innombrables innovations du vivant se sont construites (…) à partir de la répression – temporaire
– de la plupart de leurs potentialités. Et la richesse de ces potentialités qui dorment au plus profond de
notre corps dépasse sans doute de très loin ce que nous pouvons encore imaginer », Jean-Claude
Ameisen, La sculpture du vivant : le suicide cellulaire ou la mort créatrice, Seuil, (1999).
Accompagner psychologiquement les malades atteints d’un cancer :
de Otto Warburg, Wilhelm Reich, Henri Laborit, Francisco Varela, Boris Cyrulnik à Carl G. Jung…
Frédéric Paulus, directeur du Cévoi, (Centre d’Etudes du Vivant de l’Océan Indien),
Réseau des psychologues d’ONCORUN île de La Réunion.
Otto Warburg (1883–1970) fut nobélisé en physiologie pour ses travaux sur l’oxygénation des tissus.
Pour le cancer comme pour de nombreuses autres maladies à causes multiples, ce savant aurait dit :
« Résumé en quelques mots, la cause première du cancer est le remplacement de la respiration de
l'oxygène dans les cellules normales de l'organisme par la fermentation du sucre. » Nous
considérerons cet avis comme une première hypothèse d’une pathologie à causes multifactorielles
impliquant l’oxygénation des tissus et la dégradation insuffisante des sucres.
Le Docteur Harry Goldblatt poursuivant les travaux d’Otto Warburg au Rockefeller Institute (USA)
aurait confirmé que le manque d’oxygène détruit les cellules. Dans l’une de ses expériences sur des
rats, il introduisit des cellules cancéreuses oxygénées à un groupe, et des cellules sous-oxygénées à
un autre groupe. Les rats qui reçurent les cellules oxygénées ont survécu, ceux qui reçurent des
cellules sous-oxygénées développèrent un cancer. Pour prolonger l’investigation sur les processus
naturels mis en œuvre par la physiologie de la respiration l’on pourrait se reporter préalablement
aux travaux de Gustave Le Bon (1841-1931) dans son ouvrage « La vie, physiologie humaine
appliquée à l’hygiène et à la médecine », Ed J. Rothschild, (1874), avant que celui-ci s’oriente vers la
sociologie. * Dans cette même perspective, le Professeur Henri Laborit a également introduit des
cellules cancéreuses de rats atteints de cette maladie sur un groupe de rats en liberté et un groupe
de rats placé en inhibition de l’action, ces derniers attachés sur des planchettes en bois, les quatre
pattes liées. L’expérience sur ces derniers fut fatale pour l’ensemble du groupe. Ceux qui furent
libres dans leur cage survécurent sans les moindres conséquences. Le Professeur voulait prouver son
hypothèse selon laquelle un organisme placé en inhibition de l’action se trouve dans l’impossibilité
de s’autoréguler, et là, dans cette expérience, à l’impossibilité de d’éliminer le non soi (voir les
travaux de l’immunologue Jean Dausset (1916-2009), c’est-à-dire les cellules cancéreuses. Un
organisme mis sous-tension par inhibition de l’action, lorsque celle-ci est prolongée, est-il oxygéné de
façon satisfaisante ? Et dans des situations d’inhibition de l’action persistantes le surplus de sucre ne
sera-t-il pas absorbé dans une moindre mesure par la masse musculaire (voir : Henri Laborit, Ed
Masson, (1979). Le rétablissement des capacités naturelles comportementales de fuite et de lutte
entraînerait-il la réactivation du système immunitaire ?
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En quoi le psychanalyste Wilhelm Reich peut-il apporter un complément d’information ? Ce dissident
de Freud, en liant sciences biologiques et sciences humaines (comme Gustave Le bon) apporte des
éléments indispensables pour appréhender cliniquement l’état « morbide » de la physiologie (ou
non, avec toutes les nuances entre ces deux extrêmes). Si l’organisme durant son ontogénèse -
entendre son développement dès sa conception, subit des « stress » - entendre agressions
contrariant le code génétique qui détermine l’anatomie et la physiologie. L'influence du « stress »
sur les gènes est de nos jours admise (voir sur ce thème : "Comment le stress influence les gènes,
l'expression des gènes chez l'adulte dépend du stress vécu dans la petite enfance", par Olivier Postel-
Vinay, in « La recherche », p. 311, 1998). L’organisme agressé intériorisera des séquelles anti-
physiologiques qui se traduiront par une pathogénie de l’organisme que Reich appelle : « biopathie
». Le cancer serait l’une de ces manifestations traduites organiquement (voir l’ouvrage « Biopathie
du cancer », Ed Payot, (1971). Les contraintes que l’organisme subit se manifestent en stases
énergétiques anti-physiologiques, qui provoquent par réactions en chaîne des « miasmes ». Celles-ci
en croupissant, ne pouvant être éliminées par l’oxygénation et la circulation sanguine, créent un
environnement délétère protoplasmique (contenu d’une cellule comprenant le cytoplasme et le
noyau) engendrant « un métabolisme cancéreux ». Reich attirera l’attention des chercheurs sur : «
les bacilles T qui auraient une origine endogène à partir de la décomposition bioneuse de la matière
vivante » p 47-56. Ce serait cet environnement qui contribuerait à modifier épigénétiquement le
code génétique… Tout se « décode » ! « Alors survient la maladie » (1983) dirait un groupe de
militants que j’ai connu et qui fonda une maison d’édition : Empirika. Ces militants voulaient
réformer la médecine.
Très tôt le Professeur Henri Laborit en suggérait l’éventualité avec le titre de l’article : « Comment
pratiquer la médecine aujourd’hui ? », Cahier n°1 de bioéthique de l’université de Québec à
Montréal, (1979). Le Professeur, initialement chirurgien gastro-entérologue (qui déplorait de devoir «
couper des estomacs » ulcéreux) avait intégré cette part environnementale dans la codification
génétique, dite de nos jours « épigénétique ». L’ensemble des cellules, mais particulièrement les
neurones sont sujets à ces influences environnementales. Ils se connecteraient d’abord au hasard
puis de plus en plus systématiquement, pour répondre à des sollicitations nouvelles (ou contraintes)
modifiant épigénétiquement le développement de l’enfant et cela dès le troisième mois de
gestation. Et comme ces alchimies d’émotions que sont les états mentaux des parents, qui sont aussi
des états physico-chimiques, ceux-ci modifieraient l’environnement protoplasmique des neurones de
leur bébé à naître. Voir à ce sujet Boris Cyrulnik, lorsqu’il dit : « il faut penser la biologie entre deux
êtres vivants en interaction, une biologie périphérique, en quelque sorte, qui circule entre deux sujets,
où chacun sert de stimulus à l’autre. Cette biologie interactive du liant, où l’affect joue un grand rôle,
peut probablement produire une bonne théorie du développement humain. », p. 36, « De la parole
comme d’une molécule », (1991)
Dès 1963 Henri Laborit recherchait des régulations possibles liées au fonctionnement du noyau, il
disait : « Si nous considérons celui-ci et la molécule d’ADN qu’il contient comme la forme la plus
complexe et en conséquence essentielle de la vie, alors, comme nous l’avons constaté à degrés
d’organisation où nous avons appréhendé cette dernière, comme nous le constaterons encore aux
degrés d’organisation qu’il nous reste à envisager, ils doivent, pour assurer le maintien de leur
structure, agir sur le milieu environnant, à savoir le protoplasme, pour assurer la constance de ses
propriétés. Il s’agit là de la boucle rétroactive en réponse à l’action des variations physico-chimiques
et énergétiques du protoplasme sur le métabolisme et l’activité fonctionnelle du noyau. Celui-ci, loin
3
de rester le coffret soigneusement fermé où resterait emprisonné le matériel génétique, participerait
alors de façon active à la fonction cellulaire, celle-ci n’ayant peut-être alors d’autres signification que
d’assurer le maintien de la structure de ce noyau même », p. 57-58, « Du soleil à l’Homme,
L’organisation énergétique des structures vivantes », (1963). (Souligné par nos soins). Au lieu de voir
des codifications unilatérales du génome sur les structures et l’organisme dans son ensemble, il
avait « forgé » la notion « d’information-structure » et « d’information-circulante » dans un rapport
d’inter-influences structurelles et environnementales inter-mêlées, in « L’inhibition de l’action »,
(1979). Nous voyons que le recours à la notion d’information s’avère transversale. Dans notre
approche de la pensée visuelle qui engendre des rêves ou des cauchemars, nous avons soutenu que
le processus d’individuation psychologique qui émerge du corps (Paulus, 2000 (1) & 2013 (3) serait le
résultat d’une interaction entre l’épigenèse et la neurogenèse sous l’influence d’une pulsion
individuante. L’individuation psychologique serait la réinitialisation opportune et transitoire
d’expressions de la phylogénèse en devenir, compte-tenu de la psychologie de la personne. La
matière vivante poussée par une « potentialité » énigmatique créerait des images, (de l’information
visuelle dans les rêves) et ces images « téléosémantiques » nous avons voulu leur accorder une
valeur symbolique porteuse de signification(s), (1 & 2). De ce fait nous avons emprunté les mêmes
présupposés que Jean-Louis Dessailles, Cédric Gaucherel et Pierre-Henri Gouyon développés dans
leur récent ouvrage, « Le Fil de la vie, la face immatériel du vivant », O. Jacob, (2016).
En émergeant au-delà des substrats matériels dans lesquels elle s’inscrit, l’information serait le
véritable « Fil de la vie », ce qui nous relierait à nos origines d’êtres imageants avant d’êtres parlants,
l’émergence du langage parlé et articulé ayant concurrencé le langage initial de la pensée visuelle.
Ainsi l’approche des rêves pourrait se concevoir selon deux registres pour extraire le sens des images
porteuses d’informations cliniques sur le psychisme du rêveur (ce qui induit de réintroduire un
certain dualisme au sein d’une conception moniste du psychisme). Certaines images oniriques
seraient connotées ontologiquement en fonction de l’histoire du rêveur, là nous pensons être
renseignés sur les complexes et les inhibitions du rêveur, tout en sachant que le rêve, notre « Fil de la
vie », crée continuellement de la nouveauté et à notre insu (3). Ce travail est complexe puisque
l’inhibition prend parfois racine dès la plus tendre enfance. Et l’autre registre, celui connoté
phylogénétiquement d’où semble s’extraire la pulsion individuante. L’illustration de ce registre en
serait la présence d’images géométriques, telles des roses, des trèfles à quatre feuilles, un geyser qui
fait irruption au centre d’une place d’où convergent six avenues (ce qui fait penser à la place de
l’Etoile à Paris). Nous avons suggéré un rapprochement et une similarité avec les mandalas (1),
comme le psychanalyste Carl. G. Jung en a eu l’intuition. Cette pulsion onirique, lorsqu’elle se
manifeste ainsi peut se comprendre et s’interpréter comme étant une pulsion de recherche
d’harmonie au sein du psychisme dont les différents sous-composants moïques s’activeraient en
opposition tendant vers une dissociation. Le rêve sous influence phylogénétique tenterait d’annihiler
les tendances entropiques dissociatives du psychisme pour rétablir un ordre plus harmonieux. (Nous
mentionnons le concept des « archétypes », pour mémoire il sera abordé plus précisément
ultérieurement, concept de la théorie de Jung le plus controversé.) La logique de cette émergence
onirique serait la recherche d’un gain en termes d’économie énergétique. Le rêveur ressent un mieux
être... (4). Francisco Varela évoquera : « La prodigieuse plasticité du système nerveux ne réside pas
dans sa production « d’engrammes » ou de représentations de choses du monde. Elle réside plutôt
dans sa transformation continue en accord avec les transformations de l’environnement, et résulte de
4
la manière dont chaque interaction l’affecte », ) Varela J. F, Thompson. E, et Rosch. E, « L'inscription
corporelle de l'esprit », Seuil, 1993 (2)
Généralement une psychothérapie analytique ou une psychanalyse bien menée lèvent
progressivement complexes et inhibitions. Les rêves en s’exprimant en images motrices poussent à
l’action renouvelée en surmontant les inhibitions et les différents freins psychiques. Les conflits sont
symboliquement mis en images, les tabous portant sur les thèmes sexuels sont enactés (émergent)
sans qu’ils soient omniprésents, n’en déplaise à Wilhelm Reich. Ces remaniements psychiques sont
aussi des transformations organiques et évidemment physiologiques. Les stases énergétiques
évoquées par Reich qui dégénèrent en miasmes et en putréfactions sont progressivement résorbées.
La physiologie telle qu’elle aurait dû s’encoder reprend ses droits. Le patient accède à de nouvelles
sensations corporelles touchant poumons, cœur, artères, muscles… Il peut se sentir mieux « dans sa
peau », dit-on.
Cet article se doit d’évoquer le travail précurseur d’Anne Ancelin Schüzenberger dans son
accompagnement aux malades atteints d’un cancer. On se devrait de prendre connaissance de son
œuvre en commençant par « Vouloir guérir », Ed Eres, (1985). Elle popularisa la méthode dite
« Simondon » (gestion du stress, relaxation, visualisation, plan de vie, espoir de guérir, …) On notera,
sa façon très « jungienne », de solliciter « le guide intérieur », (p. 29), pouvant être assimilé à
« l’inconscient » selon le psychanalyste Suisse.
Ainsi accéderions-nous à l’inconscient originel des patients, cette dimension en soi-même en attente
d’activation, si l’on accorde un certain crédit aux présupposés de la théorie jungienne de
l’inconscient qui nous dynamise épistémologiquement mais aussi et surtout cliniquement.
Persuadés d’une telle performance informative, le psychisme serait exploré par « l’IRMf psychique »
du patient que seraient ses rêves, « du rêve considéré comme d’une molécule », nous pourrions,
nous autres psychologues du réseau d’ONCORUN (Réseau Régional de Cancérologie de la région
Réunion / Mayotte) envisager d’en extraire une opportunité d’accompagnement psychologique qui
serait proposé aux malades atteints d’un cancer, parallèlement aux soins médicaux.
Synthèse de nos travaux :
(1) Thèse de doctorat de psychologie : Individuation, enaction, émergences et régulations bio-psycho-sociologiques du psychisme, Paris 7, 2000. http://www.automatesintelligents.com/biblionet/2001/juin/paulus.html
(2) Nouvelle approche des rêves. L’enaction cognitive onirique. Clinique de la créativité des
rêves.
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2012/127/paulus.htm
(3) Libre arbitre et intelligence de l’inconscient : Qu’en pensent les psychanalystes ?
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2013/138/paulus.pdf
(4) Pensée visuelle, neurones miroirs, pulsion individuante et auto-analyse des rêves
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2016/169/paulus.htm
Saint-Denis de la Réunion, le 10/12/2016.