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Yvonne NICOLAS (Documents réunis par Jean Le Foll) Le domaine de Cheffontaines dans la paroisse de Clohars L’énumération des biens constituant le domaine de la seigneurie de Cheffontaines occupe 80 pages d’un aveu conservé aux Archives Départementales. Un aveu était, à l’origine, une sorte de serment de fidélité fourni par un vassal à son suzerain. Par la suite, l’acception du mot a changé : au moment où une chatellenie changeait de propriétaire, soit par succession, soit par acquisition, le nouveau titulaire devait fournir à son suzerain (ici, le roi) une déclaration écrite, établie par devant notaire, contenant l’énumération et la description de toutes les constructions et terres constituant son fief. Cette déclaration reçoit le nom d’aveu, ou aveu en dénombrement. L’acte établit de façon indiscutable la propriété des biens, car il ne doit pas exister, selon la Coutume de Bretagne, « de terre sans maître ». Comme nous le verrons par la suite, un aveu reprend textuellement les termes d‘un aveu précédent, se bornant à quelques rectifications nécessités par les changements intervenus dans la destination des biens, par suite de constructions, démolitions, défrichage… Dans l’aveu qui suit, nous nous sommes borné à « moderniser » quelques mots, et surtout à tenter d’établir une ponctuation que les greffiers de l’époque négligent totalement. Les mots suivis d’un astérisque font l’objet d’un lexique en fin d’article, où ils sont rangés par ordre alphabétique. « Aveu et déclaration que fournit au Roy, notre Souverain Seigneur, en sa Chambre des Comptes de Bretagne à Nantes, devant Nosseigneurs de la dite Chambre, à cause de son joyeux avènement à la couronne, Messire François Hyacinthe Louis de Penfentenyo, Chevalier Seigneur de Cheffontaines, Bodignio, Kergoet, Lanryon, Coet Conq, Kermorus, Saint-Georges, Lalande, Lézardot et autres lieux, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, Major d’une Compagnie Générale de la Milice Garde-Côte de Bretagne au Département de Quimper, des terres, seigneuries, fiefs*, justices*, rentes, cheffrentes*, droits honorifiques et prééminences* qu’il tient et relève de Sa Majesté, à devoirs de foi*, hommages*, lods*, ventes et rachats*, droits de chambelenage* et autres droits seigneuriaux le cas échéant, sous son domaine et ressort de la Cour Royale de Concarneau ; lui échus et advenus par le décès de Messire François Hyacinthe de Penfentenyo, vivant Seigneur de Cheffontaines, son père, arrivé le vingt sixième jour du mois de décembre mil sept cent dix huit, desquelles terres les descriptions et débornements* s’ensuivent. 1/11

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Aux détours des paroisses - Pays de Fouesnant

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Yvonne NICOLAS(Documents réunis par Jean Le Foll)

Le domaine de Cheffontainesdans la paroisse de Clohars

L’énumération des biens constituant le domaine de la seigneurie de Cheffontainesoccupe 80 pages d’un aveu conservé aux Archives Départementales.

Un aveu était, à l’origine, une sorte de serment de fidélité fourni par un vassal à sonsuzerain. Par la suite, l’acception du mot a changé : au moment où une chatellenie changeaitde propriétaire, soit par succession, soit par acquisition, le nouveau titulaire devait fournir àson suzerain (ici, le roi) une déclaration écrite, établie par devant notaire, contenantl’énumération et la description de toutes les constructions et terres constituant son fief. Cettedéclaration reçoit le nom d’aveu, ou aveu en dénombrement. L’acte établit de façonindiscutable la propriété des biens, car il ne doit pas exister, selon la Coutume de Bretagne,« de terre sans maître ».

Comme nous le verrons par la suite, un aveu reprend textuellement les termes d‘unaveu précédent, se bornant à quelques rectifications nécessités par les changements intervenusdans la destination des biens, par suite de constructions, démolitions, défrichage…

Dans l’aveu qui suit, nous nous sommes borné à « moderniser » quelques mots, etsurtout à tenter d’établir une ponctuation que les greffiers de l’époque négligent totalement.Les mots suivis d’un astérisque font l’objet d’un lexique en fin d’article, où ils sont rangés parordre alphabétique.

« Aveu et déclaration que fournit au Roy, notre Souverain Seigneur, en sa Chambre desComptes de Bretagne à Nantes, devant Nosseigneurs de la dite Chambre, à cause de sonjoyeux avènement à la couronne, Messire François Hyacinthe Louis de Penfentenyo,Chevalier Seigneur de Cheffontaines, Bodignio, Kergoet, Lanryon, Coet Conq, Kermorus,Saint-Georges, Lalande, Lézardot et autres lieux, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire deSaint Louis, Major d’une Compagnie Générale de la Milice Garde-Côte de Bretagne auDépartement de Quimper, des terres, seigneuries, fiefs*, justices*, rentes, cheffrentes*, droitshonorifiques et prééminences* qu’il tient et relève de Sa Majesté, à devoirs de foi*,hommages*, lods*, ventes et rachats*, droits de chambelenage* et autres droits seigneuriauxle cas échéant, sous son domaine et ressort de la Cour Royale de Concarneau ; lui échus etadvenus par le décès de Messire François Hyacinthe de Penfentenyo, vivant Seigneur deCheffontaines, son père, arrivé le vingt sixième jour du mois de décembre mil sept cent dixhuit, desquelles terres les descriptions et débornements* s’ensuivent.

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En premierLa seigneurie de Bodignio ou Botigniau

en la paroisse de Clohars Fouesnant

Le château, maison et manoir de Bodignio, avec ses cours, basses-cours, pont-levis,douves, jardins, mottes, étang et colombier, contenant huit journaux de terre chaude*, sanscomprendre la rabine*, les moulins, prairies, métairies et bois dépendant du dit manoir,joignant de tous côtés les autres terres dépendantes d’icelles en la dite paroisse de Clohars,tant au ressort de la dite Cour de Concarneau qu’en fief sous la seigneurie de Kergunuz.

Un taillis contenant dix-huit journaux*, joignant du levant le grand chemin deClohars à Quimper, donnant du sud en partie sur un parc dépendant de Kerambour-diec,étant au fief du Prieuré de Locmaria, et en autre partie sur le chemin conduisant du ditClohars au moulin de Bodignio, et du couchant et du nord sur l’étang de Bodignio et desprairies dépendantes du dit moulin et de la métairie du Touldu.Mention marginale : « Grande taille de Bodinio ».

Autre taillis contenant douze journaux et trente-sept cordes*, donnant du levant sur lechemin menant du bourg de Clohars au moulin de Bodignio, du midi sur le chemin menant dudit bourg à la chapelle de Saint-Jean, du couchant sur l’issue du moulin blanc du ditBodignio et du nord sur le grand pré du dit Bodignio nommé « le pré de Saint-Guénolé ».Mention marginale : « Grand bois du moulin blanc. »

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Un petit bois de décoration d’un demi-journal et sept cordes, joignant du levant augrand chemin du bourg de Clohars à Quimper, du midi les logements du manoir du Pont et levieux verger de Bodignio étant au fief de Kergunuz, et du couchant et nord sur le dit vieuxverger et le dit chemin de Quimper.Mention marginale : « Défriché, réduit en pâture et réuni au vieux verger. Paraît dépendre dufief de Kergunus, étant enclavé dans les terres du Pont et du Toul Du ».

Autre bois de décoration nommé « le bois du Mézec, ou de Kermorvan », contenantavec le fonds d’une rabine qui le joint au midi deux journaux et demi et treize cordes, donnantdu levant sur le parc* lan de Kerléach-Morvan, du midi sur la dite rabine de Kerléach-Morvan, du couchant sur le chemin de Bénaudet à Quimper, et du nord sur autres terres deKerléach-Morvan.

Deux petits bois de décoration, contenant trois-quarts de journal et sept cordes,séparés du midi par un bout du grand pré de Bodignio, donnant du couchant sur le chemin dubourg de Clohars à Saint-Jean, du nord sur parc Kerléach-Morvan, dépendant de Saint-Guénolé, du levant sur un coin du dit grand pré ; et encore l’un des dits bois donne du nordsur autre parc de Saint-Guénolé.Mention marginale : « Ces deux petits bois sont défrichés, réduits et compris dans le grandpré de Bodignio ».

Autre bois de décoration appelé « le vieux bois de Saint-Jean, donnant du levant surle grand pré, du midi sur le chemin de Clohars à Saint-Jean, et du couchant et nord sur lalande de Saint-Guénolé ; le dit bois contenant avec ce qui est sous lande vers la dite chapellede Saint-Jean cinq journaux et demi.

Le pré du moulin de Bodignio, autrement de Saint-Guénolé, contenant dix journauxet quatre cordes, donnant du levant sur un courtil* dépendant du dit moulin, du midi sur letaillis précédent, du couchant sur le chemin de Clohars à Saint-Jean, du nord sur les deuxpetits bois de décoration ci-dessus et les landes et autres terres de Saint-Guénolé.

Le pré du moulin blanc contenant douze journaux moins dix cordes, tant fauchablesque sous lande et halliers, donnant du levant sur le chemin de Clohars à Saint-Jean, du midisur l’issue du dit moulin blanc et sur le taillis ci-après du dit moulin, du couchant sur lesterres de Keraven Bras et du nord sur les taillis de Kergarrec et le pré fauchable deKerléach-Morvan.

Le taillis du dit moulin blanc contenant cinq journaux moins dix cordes, donnant dulevant sur un courtil dépendant du dit moulin, du midi sur la bruyère nommée Menez Guen,du couchant sur terre de Keraven Bras et du nord sur le pré précédent.Mention marginale : « Dit à présent Coat an fouennec, et afféagé à Kerangoarin ».

Une étendue de lande séparée en deux par un vieux talus, nommée la garenne duTouldu et jointe à la métairie du dit nom, qui est au fief de Kergunus ; la dite lande contenantdouze journaux et sept cordes, donnant du levant et couchant sur terre de Kerléach-Morvan,du midi sur le chemin de Saint-Jean à Quimper et du nord sur terre de Lannaouen.

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Moulins de Bodignio

Le moulin de la porte de Bodignio avec les logements et crêches, deux courtils et uneprairie fauchable, avec son bief et chute d’eau s’entre-joignant, donnant du levant sur laprairie dépendant de la métairie du Touldu et sur le bas de l’allée conduisant de Bodignio audit moulin, du midi sur le grand taillis de Bodignio, du couchant sur le chemin du bourg deClohars au dit moulin, et du nord sur le dit pré de Saint-Guénolé, en partie et en autre partiesur terres dépendant de Kerléach-Kermorvan, contenant le tout sous fonds deux journaux etdemi.

La prairie jointe à la métairie du Touldu, contenant en fonds trois-quarts de journal,donnant du levant sur la chaussée de l’étang, du midi sur le dit taillis, du couchant sur laprairie dépendant du dit moulin et du nord sur le parc du colombier.

Le dit parc du colombier, contenant sous fonds un journal de terre froide*, donnantdu levant sur le chemin de Bodignio à la chaussée de l’étang, du midi sur la prairie duTouldu, du couchant sur l’allée conduisant au moulin et du nord sur le courtil du colombieret compris dans les huit journaux ci-devant ainsi que le fonds du dit courtil, le fonds ducourtil à foin ci-après et le fonds de l’allée principale jusqu’à l’ancienne barrière.

Le colombier de Bodinio. En arrière-plan, le « Maner névez » rasé en 1965

Le dit courtil du colombier, contenant sous fonds un demi journal de terre chaude*donnant du levant sur le dit chemin menant à la chaussée de l’étang, du midi sur le parc ducolombier, du couchant sur l’allée qui mène au moulin, du nord sur le commencement de ladite allée principale.

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Le courtil à foin de l’autre côté de la dite allée principale, contenant en fonds trois-quarts de journal de terre chaude, donnant du levant sur la douve occidentale de Bodignio,du midi et couchant sur la dite allée principale et du nord sur le grand parc du moulin.

La dite allée principale menant du pont occidental de Bodignio jusqu’à l’entrée del’allée neuve conduisant à gauche au pré et à l’issue du moulin de la porte ; et à droitejusqu’au chemin de Bénaudet à Pleven, contenant en fonds deux journaux trois-quarts ; lesurplus de la dite allée entre le chemin de Bénaudet à Pleven et celui du dit Bénodet àQuimper étant sur terrain au fief de la seigneurie de Guériven.

L’allée neuve conduisant de la dite allée principale à Saint-Jean, construite sur lesterrains ci-devant dépendant des domaines de Kerléach-Morvan et de Saint-Guénolé,contenant en fonds cinq journaux un quart et six cordes, compris les fossés des deux côtés etles douves des dits fossés en dehors ; donnant du levant sur la dite allée principale, ducouchant sur le chemin du Drennec à Saint-Jean et du midi et nord en partie sur terres desconvenants de Saint-Guénolé et Kerléach-Morvan et en autre partie du nord sur deux petitespièces de terre froide, l’une nommée « Parquic ar Marc » et l’autre « Parquic bihan Sant-Yan ».

Les deux pièces de terre froide ci-dessus contiguës l’une à l’autre, la premièredonnant du levant sur Parc Creis dépendant de Saint-Guénolé et la seconde au couchant surle Parc Sant-Yan du dit Saint-Génolé, et les deux du midi sur la nouvelle allée et du nord surl’ancienne allée conduisant de Keraris à la chapelle de Saint-Jean

Un parc de terre froide nommé Lan an Coet Coz contenant en fonds trois journauxun quart et six cordes, donnant du levant sur le dit Parc Creïs de Saint-Guénolé et sur le ParcBras Sant-Yan du dit convenant, du midi sur les bois de décoration ci-devant décrits et ducouchant sur le chemin du bourg de Clohars à Saint-Jean.

Les anciennes rabines de Bodignio faisant le circuit des terrains ci-devant décrits, àl’exception des taillis et pré du moulin blanc, à prendre au levant depuis le chemin de Plevensur le chemin de Quimper au dit bourg de Clohars, au midi et couchant sur le chemin du ditbourg à la chapelle de Saint-Jean, et du nord sur le chemin de Saint-Jean à Pleven et auDrennec.

Dans l’enclave des dites rabines sont encore les deux convenantsci-après, mouvants de Sa Majesté, savoir

Le convenant* de Saint-Guénolé, autrefois métairie dépendante de Bodignio,possédée à domaine congéable* par les enfants et héritiers de Jean Le Coz et de Marie LeBastard, contenant sous fonds des maisons, crêches auvent, cour, placître, courtil de l’aireavec la dite aire, jardin, issue au-dessus de la fontaine, cour à frambois* et le courtil dit Liorsan feunteun , deux journaux un quart et huit cordes ; sous terres chaudes ; dans les parcsnommés Parc hir, Parc an alé, Liors cran, Liors helaf et Parc bras, quatorze journaux etdemi ; et sous terres froides dans la dite enclave où sont les Parc marre, Parc bihan Saint-Jean, Parc bras Saint-Jean, Parc creïz et Parc tourouigou vingt journaux et demi .

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Dépendent encore du dit convenant hors l’enclave des dites rabines, une garenne nomméeGoarem Sant-Guénolé, divisée en quatre par haies et fossés, contenant en fonds quatorzejournaux et huit cordes, donnant du levant sur terre de Kerléach-Morvan, du midi sur lesparcelles ci-après, du couchant sur un vieux chemin nommé Caront ar Cosquer, et du nordsur terres de Lannaouen : deux parcelles dans la montagne de Saint-Jean s’entre-joignant,donnant du levant sur le bout de l’ancienne rabine menant de Saint-Jean au Drennec et àPleuven, du midi sur le chemin de Bénodet, du couchant sur terre de Kergarrec Huella et deKeroriant et du nord sur la précédente garenne et sur terre de Kerléach-Morvan, contenanten fonds cinq journaux et six cordes. Sur lequel convenant les dits détenteurs paientannuellement de rente domainiales au dit seigneur avouant, au terme de la Saint Michel, dixcombles* de froment, dix combles de seigle, quinze combles d’avoine, cinq rases* de blé noir,mesure de Quimper et six livres quinze sols six deniers par argent, sans corvées, outre le droitde champart* en cas d’écobue*, avec la suite du moulin*, cour et juridiction de Bodignio.

Le convenant de Kerléach-Morvan tenu au dit titre de domaine congéable par JosephNédellec et Marie Rien sa femme, contenant en fonds sous maisons, crêches, aire, cour àframbois, puits, four, verger, placître et issue du dit lieu, un demi journal et une corde deterre chaude ; sous terres chaudes labourables dix-sept journaux trois –quarts et une corde etdemie dans les parcs nommés Liors lanfes, an foen, an veil, Questennenou, Dialahe moan,Parc an gazec et Leurgué bihan ; en terre froide dans la dite enclave un journal et quinzecordes et demie en deux pièces, l’une nommée Parc an vezec et l’autre Parc bihan ;dépendant du dit convenant hors la dite enclave, un pré fauchable nommé Fouennec an veilguen, contenant sous fonds cinq journaux et cinq cordes, une grande garenne de terre froidenommée Parc baou contenant quatorze journaux et demi, donnant le dit pré du levant sur lepré du moulin blanc appartenant à l’avouant, du midi sur le chemin menant de Clohars àSaint-Jean, du couchant sur le taillis nommé Coat an gazeg et du nord sur terres deKergarrec ; et la dite garenne donnant du levant et midi sur le chemin de Quimper à Bénodet,du couchant sur la garenne du Touldu et du nord sur terres de Lannaouen ; autre garenneencore de terre froide contenant treize journaux et trois-quarts, donnant du levant sur lagarenne précédemment décrite, du midi sur le chemin de Quimper à Bénodet, du couchant surla montagne de Saint-Jean et du nord sur terres du Touldu ; et enfin une montagne appelée laMontagne de la Croix Rouge, aussi terre froide contenant un demi-journal et sept cordes,donnant du levant et midi sur le chemin de Quimper à Bénodet, du couchant sur le chemin deKerléach-Morvan à Lannaouen et du nord sur terre au Maréchal de Richelieu . Pour causeduquel convenant les dits Nédellec et femme paient annuellement au susdit terme au ditseigneur avouant une pipe* de froment, une pipe de seigle, une pipe d’avoine, mesure deConcarneau, et deux chapons, outre le droit de champart en cas d’écobue et de suivre lesmoulins, cour et juridiction de Bodignio et quittes des corvées ordinaires.

Le moulin blanc de Bodignio hors l’enclave des dites rabines avec deux courtils oujardinets, le tout sur le fonds d’un tiers de journal de terre compris l’issue du dit moulin,donnant du levant et midi sur la montagne nommée Ménez Guen, du couchant sur le taillis dumoulin blanc et du nord sur le pré du dit moulin. Le dit moulin, avec ses dépendances ci-dessus, affermé conjointement avec le moulin de la porte de Bodignio à François Kerhoas etfemme pour payer par an au dit terme de Saint-Michel quatre vingt huit combles de seigle,huit combles de froment et quatre combles de blé noir, mesure de Quimper, et huit livres enargent.

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Convenants congéables hors la dite enclave

Le convenant de Kergarrec bras ou Huella tenu à domaine congéable par LouisBriec, fils de Jean, pour payer de rente convenantière à la Saint-Michel de chaque année, sixcombles de froment, six combles de seigle, six combles d‘avoine, un comble de mil, un demimouton, deux chapons,, corvées et droit de champart, suite de moulin et obéissance à lajuridiction de Cheffontaines et annexes ; consistant le dit convenant en neuf journaux unquart de terre chaude, compris le fonds sous bâtiments, aire, courtils et cours à frambois, eten seize journaux et cinquante cordes de terre froide.

Le manoir et lieu noble de Kergarrec, tenu à domaine congéable par Jean Goarin,fils d’Allain, pour payer par an de rente convenantière au susdit terme, trois combles defroment, trois combles de seigle, quatre combles d’avoine, un mouton, deux chapons, sixlivres de monnaie, corvées ordinaires et droits de champart, suite de moulin, obéissance à lajuridiction de Cheffontaines ; consistant le dit lieu en vingt journaux et trois cordes de terreschaudes, compris le fonds sous bâtiments aire, courtil et cour à frambois, et en treizejournaux et cinq cordes de terres froides.

Suit une longue liste des « tenues » dépendant de la seigneurie, liste établie avec le mêmesouci du détail que précédemment, mais qui devient vite fastidieuse. Nous nous borneronsdonc a en citer les différents éléments. Nos lecteurs pourront se reporter, pour plus de détails,à notre publication « Aspects de la Révolution en Pays Fouesnantais ».

Biens des émigrés de Cheffontaines, placés sous séquestre en 1793, avec le nom du tenancierà cette époque ( Commune de Clohars . Ne sont mentionnés que les biens qui n’ont pas étécités plus haut ). :Kerangouic : Hervé Christien ; Kercadou : Jean Le Run ;Le Cosquer : Yves Hervé ; Kerbol : Jeanne Le Nader ;Pont Coat : Guy Jeffroy ; Kervoarc’h : Guénolé Le Cloarec ; Kerpen : Jean Nédélec ; Kercolin : Jean Famel ;Bréminou Bihan :François Le Quilliec ; Kerlaret : Toussaint Le Quilliec ;Bréminou Bras : Guillaume Bolloré ; Kerandraon : Jean Riou ;Pontesguen : Louis Daniélou ; Moulin de Kerandraon : Jean Renot ;Ty Cloyere : Guillaume Goarin ; Parniden : Tristan Renot ;Kerambourdiec : Pierre Le Cloarec ; Kerouter : Jean Furic ;Kerancren Le Tour : Alain Philippe ;Keramore : Jean Guillou ; Kerorian : Guillaume Lénard ;Moulin de Kergoat : Jean Guillou ; Kerdanet : Guillaume Riou.Meinguen ou Minven Kergall ou KerhallKerangaro KerbriantKerjégu Terres aux issues de LannaouenTerres aux issues de Gouelet-Guériven et de Plégarvern HuellaKeranroux Le lieu et manoir de Bréminou

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Plusieurs de ces exploitations ont disparu, absorbées par d’autres ; certaines ontchangé de nom, ou de destination. Mais on peut affirmer que sur environ 1.302 hectares quecomptait la paroisse de Clohars à la veille de la Révolution, au moins un millier étaitpropriété de la famille de Cheffontaines. A quoi il faut ajouter les nombreuses terrespossédées dans les paroisses voisines.

Prééminences et droits honorifiques de laSeigneurie de Bodignio en la paroisse de Clohars

Il s’agit ici de privilèges purement honorifiques, mais auxquels la noblesse étaitprofondément attachée. On remarquera que les prérogatives revendiquées par le seigneur deCheffontaines sont justifiées par le fait qu’il est propriétaire de l’ancienne seigneurie deBodigno, qu’il a acquise en 1665, alors qu’il n’a aucun lien de parenté avec les anciensoccupants !

Remarquons encore que le rédacteur de cet acte semble faire la différence entre ledomaine de Bodignio et la famille de Botigneau.

A encore le dit Le dit seigneur de Cheffontaines, à cause de sa dite seigneurie deBodignio comme fondateur de l’église paroissiale de Clohars, et des chapelles de Saint-Jeanet de Saint-Guénolé qui lui appartienent privativement, a, dans la dite église paroissiale, salizière de ceinture funèbre autour de la dite église, tant en dedans qu’en dehors, dans lesendroits les plus éminents et proches des sablières qui soutiennent les montants. Dans lagrande vitre qui est au-dessus du grand autel sont, immédiatement au-dessous des armes duRoi, celles de Botigneau qui portent « de sable à l’aigle éployée d’argent à deux têtes,becquée et membrée de gueules ». Dans la chapelle du côté de l’Évangile sont les armes dudit Botigneau, en supériorité dans la vitre au-dessus de l’autel. Et encore dans la grande vitrequi est du côté nord, au-dessus d’une arcade échangée avec le Sieur du Kergos pour unetombe que ce dernier avait dans le sanctuaire du maître-autel de la dite église du côté del’Épitre

Le manoir de Kergoëtavec ses cours et avant-cours, chapelle, jardin,colombier, étang,viviers, moulin, bois dedécoration et de hautefutaie, placitre, bois-taillis, prairies.

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Dans le second soufflet de la même vitre sont représentés Pierre de Botigneau et Marie deTréanna, le dit Pierre portant sur sa cotte d’armes l’aigle d’argent éployée à deux têtesbecquée et membrée de gueules, et la dite dame portant parti de Botigneau et de Tréanna quiest d’argent à la mâcle d’azur. Dans la chapelle du côté de l’Épitre sont les armes deBotigneau, au premier soufflet de la vitre qui est au-dessus de l’autel ; au haut de la vitre dela dite chapelle, du côté du midi, sont encore les armes de Botigneau, et dans la clef de lavoûte de la chapelle servant à présent de sacristie sont les dites armes de Botigneau en relief,comme aussi dans la clef de la voûte du porchet méridional.

Dans la vitre qui est au-dessus du dit porchet sont en tous les

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endroits les armes de Botigneau. Dans le second soufflet de lavitre qui est au-dessus du grand portail de la dite église sontpareilles armes. Au milieu du chœur joignant le marchepieddu grand autel est la tombe des seigneurs de Botigneau,chargée de cinq écussons, le tout de Botigneau et de sesalliances. A encore le dit seigneur une autre tombe dans lesanctuaire joignant le grand autel au coin de l’Épitre,laquelle est celle échangée avec le dit Sieur de Kergos. Etdans la dite chapelle, du côté de l’Évangile, au milieu etjoignant le marchepied de l’autel une autre tombe pareil-

ement chargée de cinq écussons des armes de Botigneau et de ses alliances. le dit seigneur de Cheffontaines seul dans dans la chapelle de Saint-Jean qui est sur lehemin de Bodignio à Bénaudet et dans la chapelle de Saint-Guénolé, les armes du ditotigneau et le droit d’y placer les siennes et celles de ses alliances..

Remarque : l’aveu fait également état des prééminences suivantes possédées par laeigneurie de Cheffontaines dans la cathédrale de Quimper :

En l’église Saint-Corentin cathédrale de Cornouaille, le dit seigneur de Cheffontaines une chapelle close d’un balustre avec une tombe armoriée y étant. Dans la vitre de laquellehapelle sont les armes du dit Botigneau et autres alliances avec les trois autres tombes étantans la dite chapelle ; plus les armes de la dite Maison au-dessus de la porte du dit balustre,t dans la seconde vitre étant au chœur en montant au grand autel du côté du midi. Du côtéu septentrion, au grand portail en dehors de la dite cathédrale, un écusson en bosse enierre armorié d’une aigle éployée à deux têtes, et finalement, à la porte côtière du côté duidi, un écusson en bosse armorié des mêmes armes que du côté du couchant. »

Les descriptions ci-dessus ne correspondent plus à l’état actuel des lieux : les vitrauxnt été changés, les tombes remises au niveau du dallage, et toutes les armoiries « en bosse »,’est-à-dire en relief, ont été martelées pendant la période révolutionnaire. Le lecteur pourrae reporter au numéro spécial « Clohars-Fouesnant » pour plus de détails.

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Lexique

Chambellenage (ou chambellage) : Impôt en argent dû par certains vassaux à leursuzerain

Champart : Redevance féodale ; une part du champ, c’est-à-dire de la récolte.Cheffrentes : Concernent la perception par le suzerain de certains droits, souvent

symboliques, sur des biens qui ont fait autrefois partie de la seigneurie (ce qui permet desuivre l’évolution dans le temps de ces biens).

Comble : Les mesures de capacité pour les matières sèches sont extrêmementvariables. La plus employée était le minot, la mesure pouvant être spécifiée rase(environ 120 litres ) ou comble ( environ 144 litres )

Convenant : Bail établi pour un temps convenu, au bout duquel le propriétaire pouvaitse séparer du tenancier moyennant une indemnité, fixée à titre d’expert, correspondant auxdépenses engagées par le locataire.

Il faut noter à ce sujet que le type de location le plus utilisé en Basse- Bretagne était ledomaine congéable, dans lequel l’exploitation appartenait bien entendu au propriétaire, àl’exception des bâtiments ainsi que des talus (et des arbres qu’ils portent) qui étaient propriétédu domanier.

Corde : mesure de surface valant 60 mètres carrés (soit 80 cordes dans un journal)Courtil : Petit jardin attenant à la maison d’habitation.Débornement : Équivalant de dénombrementÉcobue : L’écobuage est une pratique agricole qui consiste à enlever la couche

superficielle d’une parcelle que l’on a laissée au repos et à brûler sur place les végétaux ainsirecueillis ; les cendres servent d’engrais. Le nom écobue désigne de préférence l’outil, sortede houe, qui sert à l’écobuage.

Fief : Désigne un domaine concédé par un seigneur (ou le roi) à une autre personne, àcondition que cette dernière le reconnaisse comme son suzerain et acquitte une redevanceannuelle. La possession d’un fief est une preuve suffisante de noblesse

Frambois : Fumier. Chaque exploitation possède sa « cour à frambois » réservée autas de fumier provenant des étables, feuilles mortes, déchets divers.

Foi, Hommage : Aux premiers temps de la féodalité, le vassal doit à son suzerain unserment d’hommage et foi : oblige à respecter scrupuleusement les engagements convenus(foi) au besoin en payant de sa personne (hommage).

Journal : Mesure agraire correspondant à 4.862 mètres-carrés, soit sensiblement undemi-hectare

Justice : Le droit de Justice est un des privilèges utiles de la noblesse, c’est-à-diresource de revenus. La seigneurie de Cheffontaines détenait un droit de haute justice, c’est-à-dire que le tribunal seigneurial pouvait condamner à des peines allant jusqu’aux galères et à lapendaison.

Parc : C’est le mot breton qui désigne un champ, une parcelle close de talus.Pipe : Mesure de capacité, généralement peu employée pour les grains ; Valeur

variable comme toutes les mesures d’Ancien Régime, en moyenne 450 litres.Prééminences : Supériorité de rang, de dignité, de droits.Rabine : Désigne l’allée (ou les allées) menant à un manoir ou un château ; elle est

généralement bordée d’arbres.

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Rachat : Quand un fief change de propriétaire autrement que par vente, le nouveaupropriétaire doit payer au suzerain une indemnité équivalant à environ une année de revenus.Quand il s’agit de terres roturières, ces mêmes droits portent le nom de Lods et Ventes

Rase : voir comble, ci-dessusSuite de moulin : Les ressortissants de la seigneurie ont l’obligation d’utiliser le

moulin seigneurial, en payant naturellement une redevance ou banalitéTerres chaudes, terres froides : Les premières sont les terres cultivables, les

secondes les terres peu fertiles et incultes, mais cependant utiles, car elles fournissent la litièredes animaux de la ferme, la lande qui sert à la nourriture des chevaux, le genêt qui sert decouverture, etc … A Clohars, les surfaces en terres froides sont supérieures à celles en terres

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