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ES 1t'l . . arï et d hrstolre /.1 (su rte) Etonnante en vérité cete ville de Berzues-Saint-Winoc qui, surgie d'un lointain passé, a toujouis trouvé en elle- mème. malgre unt et tant de malheurs. la force et le cowage de renaitre pour gor-iter à nouveau des jours paisibles dans 1a joie de vivre de son travail et de la prospérité qu'il appone. Mais qu'a1lait-elle devenir avec 1es événements de i789 et la Révolution qu'ils ont amenée dans les structures adminisrativ., .i é.o.romrques, sans compter celle des esprits. L'aspect extérieur de la ville fonifiee n a pas changé et 1es Archives modernes de la vrlle Dermettent de suivre comment furent entretenues, sous -les différents régimes politiques que la France a connus depuis r78g, les fortifications et les bâtiments militaires de la ,. place ,, de Bergues par les administrations compétentes. Les premières atteintes à I'intégrité du système défensif de 1a ville ne furent portées, en effet, que par I'installation de 1a ligne de chemin de fer Hazebrouck-Dunkerque et ia construction de la gare, au deia de la por-te de Bierne, à l'Ouest de 1a ville entre r S y z et r 8; ;. Le maire et le conseil municipal, qui avaient donné leur accord par la décision du y septembre r 848 à 1a Compagnie des chemins de fer du Nord, pensèrent à cette occasion obtenir du ministère de 1a Guerre le décLssement des zones militaires et pouvoir ainsi faire craquer le carcan de murailles qui empêchait I'extension de la ville, en aftendant de se faire restituer, par le ministère de I'Intérieur, les ponions de territoires aliénés le I juin r4o3 par ie duc de Bourgogne, Philippe-1e-Hardi, aux villages devenus maintenant com- Bergues : Evocation automnale de Jeanne Bessière-Dupuis munes voisines. Mais 1a comolexité des réoercussions d"--:--; telle demande auunt que l'opposition de cei:ine' munic':'- 1ités, de certaines personnalités politiques inl'luentes er ;- cefiains miliei"x d'affaires hostiles au dévelorpe nc::: économique de 1a ville firent tant et si bien que le, iérs ie -= vie politique aidant, les négociations étaient restées s:::> résultat lorsque la guerre de t9t4-r9I8 vint les interron- DÏE. I È È È È t , É, i fi É t Au graveur berguois Jacobus de la Fontaine, nous devons encore ce plan cavalier sur cuivre, précieuse et exacte situation de la ville en 1635 et dont l'original, sur parchemin, se lrouve au Musée de Bergues, tel qu'il fut repris par Sanderus en 1732 dans le tome 3 de son célèbre "Flandria lllustrata".

Bergues, ville d´art et d´histoire

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Article de Thérèse Vergriete sur la ville de Bergues

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Page 1: Bergues, ville d´art et d´histoire

ES1t'l . .

arï et d hrstolre/.1

(su rte)Etonnante en vérité cete ville de Berzues-Saint-Winoc

qui, surgie d'un lointain passé, a toujouis trouvé en elle-mème. malgre unt et tant de malheurs. la force et le cowagede renaitre pour gor-iter à nouveau des jours paisibles dans 1a

joie de vivre de son travail et de la prospérité qu'il appone.Mais qu'a1lait-elle devenir avec 1es événements de i789 etla Révolution qu'ils ont amenée dans les structuresadminisrativ., .i é.o.romrques, sans compter celle des

esprits.

L'aspect extérieur de la ville fonifiee n a pas changé et 1es

Archives modernes de la vrlle Dermettent de suivrecomment furent entretenues, sous

-les différents régimes

politiques que la France a connus depuis r78g, les

fortifications et les bâtiments militaires de la ,. place ,, deBergues par les administrations compétentes.

Les premières atteintes à I'intégrité du système défensif de

1a ville ne furent portées, en effet, que par I'installation de 1a

ligne de chemin de fer Hazebrouck-Dunkerque et iaconstruction de la gare, au deia de la por-te de Bierne, à

l'Ouest de 1a ville entre r S y z et r 8; ;.Le maire et le conseil municipal, qui avaient donné leur

accord par la décision du y septembre r 848 à 1a Compagniedes chemins de fer du Nord, pensèrent à cette occasionobtenir du ministère de 1a Guerre le décLssement des zonesmilitaires et pouvoir ainsi faire craquer le carcan de muraillesqui empêchait I'extension de la ville, en aftendant de se fairerestituer, par le ministère de I'Intérieur, les ponions de

territoires aliénés le I juin r4o3 par ie duc de Bourgogne,Philippe-1e-Hardi, aux villages devenus maintenant com-

Bergues : Evocation automnale de Jeanne Bessière-Dupuis

munes voisines. Mais 1a comolexité des réoercussions d"--:--;

telle demande auunt que l'opposition de cei:ine' munic':'-1ités, de certaines personnalités politiques inl'luentes er ;-cefiains miliei"x d'affaires hostiles au dévelorpe nc:::économique de 1a ville firent tant et si bien que le, iérs ie -=

vie politique aidant, les négociations étaient restées s:::>résultat lorsque la guerre de t9t4-r9I8 vint les interron-DÏE.

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Au graveur berguois Jacobus de la Fontaine,nous devons encore ce plan cavalier sur cuivre,précieuse et exacte situation de la ville en 1635et dont l'original, sur parchemin, se lrouve auMusée de Bergues, tel qu'il fut repris parSanderus en 1732 dans le tome 3 de son célèbre"Flandria lllustrata".

Page 2: Bergues, ville d´art et d´histoire

Dès la fin des hostfités, la vi1le de Berzues va demander laréouvefture des dossiers restés en insânce afin que desindustries et des locaux commerciaux puissent s'étabiir auxabords de ia Haute-CoLme et. qu'évintuellement, soientautorisées des percées dans les fonifications de façon àpermeftre un accès plus facile à 1a gare et l'établissement denouvelles voies de garage et de raccordement. Ce ne futqu'en r93r qu'elle obtiendra... que les poudrières de la

" place , de Bergues soient désaffeaées. Màis les conditionsqui lui furent présentées pour le .. classement >> des rempartset Ie site de 1a vil1e comme .. site urbain ,, furenr telles oue lemaire et le conseil municipal furent obligés de repondrê que

" la ville ne saurait accepter aucune déciiion qui fermeraii àtout jamais, aux générations futures, toute perspective dedéveloppement légitime >, er 1es choses en rêstèrent là

Jusqua ia guerre de rg3g-rg4t.

La guerre terminée. la vil-1e de Bergues, défigrLrée dans ses

ru1nes et atrocement meurtrie dans sa population, obtintenfin. le :9 janvier r95 r. le déclassemênr definitif de ses

fortifications au tiue militaire à condition cependant de

servir à I'administration des Domaines sous I'autorité deiaquelle, e1les passaient par.le fii!, h somme 9: I Zoo ooo Fà couvrir par un emprunt à 5 %' remboursable en I o ans età souscire par 1es habitants de la ville et des villages ducanton.

Malgré ces charges financières et celles qui allaients'ensuivre, le maire (M. Henri Billiaert, conseiller généra1 du

]rl:1(-'"I-c :_s .oui. d u,ry:3iiir

courts de tennis et une piscine municipale, entre la poned'Hondschoote et la Porte de Dunkerque, undis que, entrela porte d'Hondschoote et la porte de Cassei, à 1a place des

baraquements d'hier. ont été consrruites des maisonsd'habitation modernes et confor"tables dans le resoect le oiuscompler du sire.

Pour aider 1es touristes et permeftre aux vacanciers duterrain de camping de mieux connaitre la ville, l'Officetouristique, Syndicat d'initiarive a flèché, à leur intention,

"D'argent à un lioncontourné de sable,lampassé de gueules,parti aussi d'argent àune fasce de sable etun franc quartier d'or,bordé de gueules etchargé d'un lionmorné de sable..."Ainsi se lisent les"nouvelles" armoiriesde Bergues. rétabliespar arrêt royal deLouis XVlll du 15 No-vembre 1815.

Evocation d'un passé récent où la célèbre tour, encore intacte, couvraitde son ombre les petites maisonnettes de "Sint Pieters loven"...

Nord) et le conseil municipai de 1'époque n'hésitèrent pas àaccepter ces sévères conditions er commencèrent sans urderà utiliser au mier.rx 1es terrains concédés pour reloger, dansI'immédiat, les habitants sinistrés et prépàrer I'avenir de laville .

Et c'est ainsi, qu'aujourd'hui. onr pu ètre aménagés unezone industrieile et un terrain omni-spons au-dela de laporte de Cassel, un teffain de camping trois etoiles avec rrois

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des itinéraires, tandis que les fonifications sont remises en

étrt progressivement par 1es groupes de jeunes d'" Etudes et

Chantiers )) sous 1'égide du ministère de la Jeunesse et des

Spor"ts... Et I'on se prend à rêver de voir un jour ces vieuxremparts de Bergues, si pleins d'histoire et de souvenirs,transformés et accessibles comme un magnifique jardin... unrêve, mais i1 est des rèves qui se ré;Llisent qtnnd on y pense

toujours...

La mutation administrative de 1a ville de Bergues fut plusfacile et plus rapide . Elle devint à la fors chef-lieu de district,chef-lieu de canton et commune dans le cadre dudépanement du Nord par la loi des 14 et 2z décembrer 789.

Le premier maire élu de la commune fut l,ouis Claeysvan der Hulst qui avait déjà été échevin et bourgmestre de 1a

ville sous I'ancien régime... Mais, si la majorité du conseilmunicipal était constitué par des hommes marqués, commelui, par I'esprit d'hier, les membres du conseil général et son

président, comme les officiers de justice du district et ceux duconseil cantonnal dont 1es administrations résidaient en ville,parageaient les idées nouvelles. Aussi, malgre 1a prompteexécution des décrets de l'Assemblée Nationale , ayantrappoft aux biens du clergé tant régulier que séculier, les

nouveaux administrateurs de ia vil-le ne tardèrent paslongtemps à être accusés de tiédeur révolutionnaire par ies

membres du Club des Jacobins de Bergues, affilié à celui de

Paris, paniculièrement virulent contre un magistrat à qui i1s

reprochèrent, pour justifier leur campagne et exciter les

(t) Putt/drtt h Retoltitou ott dppel,tit Jdcobirt: le:; rnembre.i t/'ul rlilb.f;/rileltx lnrc(t1u'il teltit jr.i ji//r.e-i tLl1/i /ut nttcielt coutett de /otnitticaùt: tppelé: jttcabnt:, parceqte rc cat/Let/t itdit:jttte rne S!-Lrccyre.; a Ptris. Le: plut rclebre:.f)rrenr Ld F4ette et

t\lirabuut.

O.uatre vues qui nous redisent l'importance de l'eau dans norreWesthoek et I'activité de Bergues, port et carrefour fluvial .. qui eu:même, jadis, des prétentions maritimes.,.En haut. à gauche, le cheminement de la Colme au travers la plaineflamande avec les moulins à vent en arrière-plan. tandis oue oassent su:la route les tonneaux de purin des maraîchers. La péniche {on disait alorsla bélandre) venant de Belgique ou du port d'Hondschoote, entrera dansBergues par l'écluse de la porte d'Hondschoote pour ressortir peut.ètreau pont-levis et gagner Watten ou Calais.En haut à droite, l'écluse de la Jardinière doit son nom au remos ouvenant des rives de la Colme, les jardiniers (ou maraîchers) de Hoymiliedébouchaient chaque lundi sous la voûte, apportant leurs pleines barquesde légumes pour le marché de Bergues.En bas à gauche. la Colme. qui traverse paisiblement la ville, reflète tourel'activité du transport fluvial et hippomobile du gros bourg dans lequartier de la porte St. Georges, fief des arbalétriers dont l'une des rroissociétés pratiquait là le tir à l'horizontale.

esprits d'avoir laissé panir à Dunkerque 1e tribuni :ePremière instance et les services de police correcriome -Bientôt dénoncés par le corps électoral du district. le male e:

Ies officiers municipaux se virent suspendus de le *:.fonctions et, sur ordre du procurelr de la vrl-le , après le r cao'ft r792,remplacés provisoirement par des otticie:.municipaux désignés et légalement confirmés les r 8 e: r 9novembre 1792, tous Jacobins de bon aloi, comme -e

nouveau maire, François Boucheme. Avocat à Bergues ar-.::I789, il avait été élu membre de 1a Constituante ce qur -e

rendait iné1igib1e à ia Législative. Il éuit donc re\-en.: :Bergues dont i1 devint le maire, mais pour bien peu jetemps, car le rt avril r79j, I etait arrèté et ie co:::municipal dissous. Les Jacobins (i) d'hier étaient der.dépassés par les Montagnards (z) qui, à Bergues comrl:iailleurs, s'en donnèrent à cæur joie. Bergues, qui n'étart der.plus Bergues-Saint-Winoc bien sùr, devint, dans l'entho;-siasme, Bergues-sur-Colme, le septidi z7 brumaire de 1'ÀrII, non sans avoir risqué de devenir Montagne -sur-Colme .

A Bergues-sur-Colme, comme ailleurs, le nom des n.e.fleurant trop le despotisme et 1a superstition fùt chrnge. ctpour aider i'abolition de toute trace d'obscurantisme d Lin

iemps désormais révolu, les fêtes patïiotiques se multiplie-rent.

Le Pont Tournant fut de tout temps fréquenté par les pêcheurs à la ligne,et notamment le lundi après-midi après le marché. On dit que laproximité de l'usine à petits pois favorisait la venue du poisson,,,

(z) Sou: la Corttenion se disait du mentbre: de I'asenblée qui siégeùertt sur ldlnlittdgile, c'est-à-dire sur les grddius /es p/u.i ekue: de /a:dlle. Le.i principdts clse./i

fùrent : Ddtûar, ,\1drat, Robel.pierre, Sdittt-Jnst.

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&

Cet enthousiasme, porté à son comble par 1a décision duPremier consul, du r"' nivose de I'An YiI (zz décembrer 799) de faire revenir. dans la vil-1e de Bergues-sur-Colme,une Institution de justice et de police, allait fairebrusquement place à la'consternation. Rèçu trop froidementà son gré par 1a population lors de son premier passage dans1a ville, tandis que Dunkerque, plus habile, I'avait reÇu avecun enthousiasme délirant, Bonaparte décide, sans préavis, le

3 thermidor de I'An XII ( z z juillet r 8o 3 ) le transfe rt globalet définitif à Dr"rnkerque, de l'ensemble de 1'administration,de ce qui etait devenu entre-temps un arrondissement.

Du même coup, tout le personnel qui y euit affecteémigra à Dunkerque et Bergues, qui n'était plus qu unecommune, chef-lieu de son canton, se trouva ainsi ramenéaux simples réaiités quotidiennes d'une petite ville deprovince. comme il en est tant d'autres en France et sa

popuJation réelle, 1i.bérée des.. étrangers ))! retrouva vite unemesure dont e11e ne s est plus dépanie qu en de raresoccasions. De i'une d'entre-e1les, en 1839, M. deLamartine s'est longtemps souvenu...

Malterie Joseph Bernard. située le long des remparts et Brasseriecoopérative St. Winoc du Faubourg de Cassel. autres rappels d'une vieéconomique autrefois active et dont on n'a plus guère idée aujourd'hui.

A droite, faut-il voir dans les chariots les bidons de lait ou les produitsfermiers, l'allusion à la Californie... A moins que le patron n'ait manifestélà sa nostalgie de lointains voyages...

La vie économique de la ville fut, comme paftout en

France, modifiée dans ses formes juridiques par la 1oi

d'Allarde du 17 mars r79r, qui supprimait les métiers à

jurandes (;), .t par la loi Le Chapelier du r4 juin r79r quisr-rbstituait à l'économie colporative une économie libéralefondée sur la seule loi de l'offre et de la demande, mais elleresu bien vivante. S'il est difficile de suivre dans 1e détaii 1es

conséquences pratiques de ces lois, i1 est certain, les archivesen font foi, que les artisans et commerçants de Bergues ontcontinué à ravailler et à vendre maigré ies aléas d'une viepolitique instable et tourmentee et une degradation pro-gressive de la valeur de ia monnaie. Avec le Consulat etl'Empire, 1'économie de la ville reprit son essor en puissance,d'une force longtemps contenue.

Dans une atmosphère plus feutrée qu'hier, parce que les

cloches se sont tues, saufcelles du beffroi et de l'église-Saint-Martin, on recommence à percevoir les bruits familiersd'antan, et tout ce brouhaha indistinct qui trahit la présenced'une population au travail, et dont les pas, lents ou pressés,

résonnent sur le pavé des rues. A côté des artisans sinombreux et si divêrsifiés en ces temps où rout se fait encoreà la main, à côté des commerçanti qui ont rouveft leurboutique, les fabriques anciennes de bijoux d'or et d'argent

(1) Corp: de: jure: orr :ltrdit les tttcietutes ûr])lrtttiauj

Page 5: Bergues, ville d´art et d´histoire

:

lci, le marché aux fromages, dont on confiera la pesée aux peseurs-jurés,après en avoir estimé l'état de fermeté sous le regard attentif desfermières qui en gardent .lalousement la recette...

ont reDris le travail et se font les fournisseurs d'une clientèlede plus en plus iarge dans les villages du canton comme dansla ville où la population, non seulement retrouve son chiffred'hier, mais augmente en même temps que la prospéritérevenue lui permet de transformer et améliorer son trâin de

Le marché traditionnel du lundi retrouve, commed'instinct. ses emplacements d'hier où se vendent lesbestiaux et les chevàux, le beurre et les ceufs, le fromage, 1es

pommes de terre et les fruits de saison, où se traitent d'unecrpe dans la main les contrats enue les marchands debestiaux, de céréaies ou de 1in, et 1es fermiers des environs.I es places de la ville sont envahies à nouveau ce jour-là, par1es étals où sont offerts, étoffes, ustensiles en rous geffes ertoutes les marchandises, même les plus imprévues, tandisque, dominant le bruit sourd de la foule en marche, lesbonimenteurs à 1a verve et au bagout intarissables vantentleurs drogues ou tisanes mirac-1es devant les badau&intéressés ou amusés. Les gens de la campagne sont venus à

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u*'. r*Æ &,,,:ti

... tandis que là, la vénérable corporation desporteurs de beurre. avant 1914, se livre à lapesée des mottes et établit les certificats quiferont foi.

pied ou en voiture et ils animent d'une brusque et courtefièvre les estaminets qui ont presqlle tous une ecurie.

Cette foule, toute bruyante des éclats de voix de la langueflamande dont elle us€ encore couramment. se fait plusnombreuse, plus sonore et plus endimanchée aux grJndsjours de la Foire des Rameaux et de la Ducasse avec leursattractions multiples et leurs concours de pinsons, de tir à

I'arc, f1èche dressée ou couchée, en artendant le conège duReuze, type du citadin au temps des électeurs de Lamartine.

Cette activité économique de la ville de Bergues et de soncanton va s'intensifier encore avec le déveioppement desmoyens de communication. Les routes et les chemins que leservice des Ponts et Chaussées entretient et amélioreprogressivement, resteront longtemps le moyen de circula-tion 1e plus utfisé : circulation des personnes par le servicedes diligences, circulation des marchandises par les servicesdes (( messagers )) ou des .. rouliers , qui ont retrouvé, avecleur activité, leur point d'attache dans 1'estaminet-auberge,

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Page 6: Bergues, ville d´art et d´histoire

i,=' .i =La citerne militaire... ou citerne du Roi recevait autrefois les eaux de pluie

de sa grande toiture. ll fallait bien se prémunir contre la rigueur dessièges... Cette toiture fut détruite par incendie lors des bombardementsde 1940. Notez le pignon élancé de la Chapelle des Sceurs-Noires.

au nom évocateur des " Dix-sept Provinces )) au pied dubeffroi. Seules les marchandiseJ trop lourdes ou en vracutilisent les voies d'eau où circulent mainrenant, grâce à lacréation d'écluses " à grand gabarit " des bélandres chargéesou déchargées au (( port o qui a retrouvé, lui aussi, ionaaivité. La mise en service du réseau de la Compagnie deschemins de fer du Nord et de la gare de Bergues en r 8 5 y,sur la ligne Dunkerque-Hazebrouck, et la céation de lignessecondaires, dites des chemins de fer économrques versHondschoote et BoLlez""l" --" ^".-"*.. f i-piantaiion dansia ville de maisons d.;;i;'i."Ë'*'.i'a. d.Ài-g.or,s'intéressant, en particulier, aux (( fers en tous genres )), auxgrains - grosse et petite graine - ar.rx denrées aiimentaireset à la conserverie, aux vins et spiritueux anciens comme legenievre et le rhum, et nouveaux comme 1'absinthe qui futun temps à 1a mode mais bien vite remplacée pâr desapéritifs moins dangereux te1 cet (( amer Deleghere )) qui eutson temps de gloire et a récemment disparu.

Les sources d'énergie nouvelles (déjà l), le gaz de houilled'abord, 1'essence de pétrole et le moreur à explosion etl'électricité qui vont se substituer à la vapeur, et dônt l'usageva se développer successivement, vont avoir leur répercus-sion sur l'économie berguoise , et non seulement surl'économie génér:ùe de la ville, mais sur 1es conditions de vieet de travail des habitants, qu'ils cravaillent en vi1le ou chezeux mais aussi à l'extériew.-

L'hôtel de la Tête d'Or où Lamartine, qui fut député de Bergues. écrivit en1831 sa "Réponse à Némesis".

{Jne usine à gaz est construite à Bergues, dès 186z et à

partir d'elle. l'éclairage de la ville fut assuré par lesréverbères, al1umés tous les soirs, au gré des saisons, parI'homme à la silhouette a11ongée de sa longue hampe allumée(et resté légendaire) tandis que l'éclaiiage intérieur des

maisons par le " gaz de ville o fut rendu possible par lalampe à manchor incombustible inventee par le chimisteautrichien Karl Auer von Welsbach (r8y8--r928).

Ce mode d'éclairage bouleversa les conditions du travail,jusqu'alors assurées par le ry'thme des saisons ou ia lampe a

pétrole et déjà heureusement améliorées, mais non sans

lunes, par la loi, qund l'électricité vint se substituer, dès

rg2 j au gn de houille, assurant des moyens d'éclairementbien meilleurs sans compter les multiples améliorationsappoftées dans la vie et le travaii ainsi que le déveioppementde toute un branche d'activités, en liaison avec elle.

Vous qui passez maintenant à côté de notre ville, par lesroutes nouvelles qui ont été tracées pour éviter au traficlourd d'être gèné et retardé par une triversée difficile, faitesdonc le crochet nécessaire pour y entrer. Les plus anciensd'entre vous, clui ont connu notre ville avant la guerre1939- I94t, trouveront sans doute une vi1-le qr"uLsi nouveilemais dont M. Gelis, père et fils, architectes l'un et I'alrtfedes monuments historiques. ont su panser les plaies, gr-rérirles blessures, relever le beffroi et l'éslise et la tour de Saint-Martin. avec 1'art et la reussite deimeilleurs maitres de la

La justice révolutionnaire sévissait aussi à ) .,,Berjues s/Cotme et te

-8 ï"p."îUrË'f 293; ' ÀU $e'\I l)t. i.i. 11.! l'l'rit ir.: t i I: a(

"l5rl'Abbé Joseph Dezetter, ci-devant prêtre et if*-* ' - ++:',**@

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retour au pays dans les {ourgons de l'ennemi * ,r,, Li cr.-rî1i,g[r,, ,',î,r] otnrSl)1.: L{ {]i."uti,,i\$i\ liiii.; ! iii.iii Ë

Çoqæ le oÀrno'ttorr- iottpl ij:;ttt,'i Crdcr*r Eétrc à ts iffiiffe C. tl,,rl,i". ,!e1",'.*J m,# lrcc l'cntre:nr & re lnl,.i i'te dans li

, curc iur fcs *nqtoi.- * i;r'Curc 1:ar lÈJ *nqlo!\- {'

{ La Prévôté saint-Donat, siruée rue du Sud est fl- ^'=-; -*LaPrévôtésaint-Donat,situéerueduSudestvJ"

l'une des plus anciennes maisons de Berques. Ji"f'*;*;"t-Ë * , éi - 'r''Autrefois siège de la juridicrion dépendaÀt de *,,";:A:"::-:-* E' I [ ; : : _î:";"'I:T:""1^"^9,:B'-1s-:l:l^"^'j,ï::1'-1"^"-:T::"^':"^: *.:"--É1F'5',$ : f i-î-"-:Ë1,:.de l'époque Ren-aissance flamânde aux pignons

=*'; i -; -:-a*' s t ..,..'.:. :,';:-: :--

a pas aè moineaux, fenêtres à meneaux et ";ï:lçî':'.::;Ë Eç * i=-taiX, X:"",iii iJ':eJ;, iliS'uu':iË:î:'"?'î:":: ffig;"$.--- g '; fi ;r::a;:;{lucarne surmontéé d'un petit pignon orné d" h ffi;i#:Ëii g I â --i,",,,î.'..:i-ï -* *'fleur de lys en fer forgé. erl*,14.1.11- -1 .,-"- ....Ë t â ,, .l.l.3.î* .".A l'intéri'eur, on poivait encore voir, voici '5*3-,3l:=;:

de l'époque Renaissance flamande aux pignons qà:"i*l,: .*'J L :_ $ ,:,i,.-...*:.;.:;-;à pas dô moineaux. fenêtres ; il";";;-;i *il:-:i:i;.îi È!f Ë :;';:-îËr::petits carreaux, cintres à'lh;";:ïi"l;: "i **T+:-:a€ tT i tr:îîrr*ffi::?T.i:.*:i.j:ii:Jiliï::"î'."3'::1: æ**l3:*. X i â îr?: ;:quef que temps. le crochet qui servait aux ^

b'' d rbæ' À d-)- "' ', ' e 4 4

pendaisons.

Page 7: Bergues, ville d´art et d´histoire

lmpasse des Sept Baraques, où, jusqu'en 1914, on entendait encore leclac-clac des métiers à tisser à domicile. Dur labeur des pauvres quin'avaient pour toute compagnie de leurs longues journées que celle deleurs pinsons... eux aussi en cage.

chirurgie esthétique, en matière de reconstruction. Maisvou.s retrouverez bien vite, et les plus jeunes rrouveïonr, enflanant au hasard des rues, des ianaux et des ponts, enmontant aussi jusqu'au Grænberg les témoins authentiquesou restitués d'un passé qui fut si souvent tragique mais d'uncourage ffanquille et obstiné.

Vous êtes sur 1a grand-place... levez les yerrx... tendezI'orei11e pour écouter la musique aigrelette du carillon de y ocloches qui égrène les notes d'une vieille chanson flamande ...c'est le nouveau beffroi. svmbole des libenés communales. 11

en remplace un autre, vie'rtx de plus de cinq cents ans er qu1

était un merveilleux témoin du goùt, de I'audace et deI'opulence des Bourgeois de Bergues et de ia chatellenie (4),en ce XIV" sièc1e où il a été bâti. Tel qu'il est, depuis r 96 r,plus modeste et moins architecturé, ii rémoigne de la volontéde revivre d'une vi11e qll on ne rue pas, Àème quand e11e

n'est plus qu un tas de ruines. Retou.rnez-vous, vousapercevrez l'hôtel de ville, reconstrru.it en 1872, avec desmatériaux de son prédécesseur du XV' siècle. Vene z f.aireconnaissance avec sa bibliothèque ancienne de I'Abbaye deSaint-Winoc, et son dépôt d'archives qui commence auXIV'siècle , 1'une et I'autie connus des spéèialstes du mondeentier en raison des trésors qu'ils contiennenr ; la biblio-thèque avec ses manuscrits, ses incunablel (l), ses iivres raresou rarissimes qui ne représentent cependant que le dixièmedu fonds recensé iors de la confiscation des biens du clersé(r; février r79o), le reste ayant &é détruit ou dispersé. Iis

(l Seigttetrie et furidictiou d'un seigneur chatehin. Par exemfJe, k Wuthoekcottprenait lu teriitoiru de: quaîre chânllenies (aauellement franiaisu) de Bergues,

Boirbourg Bailkul et Casel-auxquelles s'ajlutait ælle de Fimu.

s qui donnait sur la rue du quai et autrefois des plustémoigne ce cliché.

archives aux parchemins scellés, les anciens regisi:es :-paroisse, de panages de biens, des comptes de la r-rlle . l-,-.de 7 ooo registres ou liasses... cette foule de ., r-:e*rpapiers > si appréciés des connaisseurs, seuls documenis c-.'peimettettt aux historiens de reconstituer, avec exactiruie .-

vie des temps passés, sous toutes ses formes, aux étudr.anrs jepréparer leur maîtrise et aux généalogistes de perce: -es

mystères de la vie de leurs ancêtres...

Arrêtez-vous un instant a la bibliothèque municipaie jeprêt, ou chacun peut trouver à satisfaire son goùt po..i ;lecture, parmi les 8 zyo volumes mis à la disposition;...abonnés des jeunes aux plus âgés. En passant par le Sj.'::doré, levez les yeux vers les tableaux dont plusieurs so::signés de la main des pius grands peintres des siècles pa:s-:.

Dirigez vos pas à present vers i'Eglise Saint-Manin do:::la tour fut reconstnrite elle aussi aorès avoir subi 1e mènesoft que le beffroi en rg4j tandii que l'égLise elie -mêne.dont le gros æuvre datait du XVI'siècle, avait été incenCree

des r94o.Faites le tour extérieur de cette nouvelle éCse. r-ous

retrouverez les ogives élancées des fenètres de l'aniien chæu:

C'est en Juin 1940, lors de l'invasion allemande, que le célèbre befTroi du14" siècle sera décapité par incendie...Sans doute n'était-ce pas suffisante insulte au patrimoine flamand carles nouveaux vandales le jetteront bas lors de leur retraite de '1944 aumoyen d'un odieux minage à retardement. Le même procédé dans unemaison voisine lera 42 victimes, dont la rue du 16 Septembre 1944perpétue le souvenir.

( La gare de Berguesavant été bombardéeen 1914, les bureauxen furent installésdans un wagon qui, àchaque alerte, étaitemmené à la camoa-qne.

(,r' Ourrage i'tprine datt: le, p,e',?rc,ilI tt'tprimene (t 41a et ntrterienr a f attuee

dltltees

r t0a.qui :uitirent la découLerte de

Page 8: Bergues, ville d´art et d´histoire

principai et celles de I'ancien chceur de la nef latérale droite,vous admirerez le pignon classé et reconstitue a ia brique.près du bras droit de l'ancien rransept et le petit polrailRenaissance qui y est accolé ; il est resté intact et a gardé sonmillésime intérieu.r de ry95. Mais entrez dans l'église etchoisissez un après-midi ensoleillé, vers r 7 heures, er vousserez saisi par ia lumiere qui. filuée par des vitrauxmervei.lleusement colorés et s'insinuant à travers lescolonnes, dont quelques-unes sont encore les anciennesrestées en place, va faire chanter les briques jaune sable desmurs et si vous avezla chance d'être 1à quand I'organiste jouede son instrument qui, s'i1 n'est plus hélas le Cavaillé-Collde r 7 5 z de I'ancienne égLise, est tout de même magnifique,n'hésitez pas et prenez ie temps de jouir de cet instanr... teursimplement. I1 y a tant de choses à voir pour le plaisir desyeux et de I'esprit : à deux pas de l'église, le Musée vousafteno.

Il a été piacé là, depuis r9y6, dans I'ancien Mont-de-Piété, bâti pour abriter les gages apportés par ceux quivoulaient emprunter de I'argent à un taux plus modéré queceiui des professionnels usuriers qui prêtaient à zo et 38 %.Vous admirerez I'allure de ce bâtiment construit de fi29 à

1633, sur les plans de Wenceslas Cobergher, ingénieur,humaniste, économiste, qui fut,. I'inventeur ,r de ces Montsde Piété, et assécha les Moëres - petites et grandes -assurant leur feniiité. Vous admirerez son pignon extéri.eurde style baroque, miliésimé de i63o, ses murs épais, ses

fenêtres aux arcs surbaissés et la toiture d'ardoises alxmuitiples ouveftures.

Entrez maintenant, vous serez enchanté par cettesuccession de salles admirablement voùtées et plus encore partoutes ces toiles de Maîtres de ce temps ou les^Grands étaièntsi grands que les Petits devenaient- Grands. Sauvés de lagaùerie de tableaux de i'ancienne abbaye de Saint-Winoc,après la Révolution, ils se nomment, Breughel, Rubens, VanDy.k, Jordaens, Ribera, Georges de la Tour et de tous ces

noms que vous découvrirez au fur et à mesure de votreémerveillement.

Temporairement sont exposés des dessins de la coliectionde P.A.-Verlinde (r8or-t877), ils sont r 43o eîrotalité àI'encre, au crayon, à ia gouache, à la sanguine de toutes lesécoles de peinture. Originaire de Bergues, le professeurPierre-Antoine Verlinde devint directeur de I'académied'Anvers, il rassembia ses dessins et légrn sa collecrion, enbonne et due forme, à sa ville natale.

N'ignorez pas non plus les ro3 aquarelles, signées dupeintre Pierre Drobecq, et données au Musée de Bergues parMadame José Belle, elles représentent des moulins deFlandre. Atois. Picardie et de Seine -Maritime etconstituent une documentâtion recherchée en ces temos oùles guerres ont abîmé ou détruit tant de choses... Dâns iacollection de .. Notes sur I'Art à Bergues de r9zo,, de

Joseph Dezitter, récemment offerte au Musée, on découvreune foule de détails d'architecture que I'artiste-artisan a su

voir et regarder avec son âme et ton uletrt.

Mais,il y a encore un étage à ce Musée ... Sous les comblesaménagés, vous trouverez une curieuse collection d'oiseauxnaturalisés, dans une présentation originale et agréable, et

3 zoo papillons, les uns et les autres de .. toutes les

couleurs , qui émerveillent les touristes courageux de tousages et suftout les effants.

Que de choses i1 y a à découvrir dans cette petite ville de

Bergues-Saint-Winoc me direz-vous : il faudrait des jours etdes jours I

. Prenez votre temps et revenez, vous ne le

regrenerez Jamars...

Thérèse Vergriete,Membre des Commissions Historiques

du Nord et du Pas-de-CalaisConserualeur du Musées

Archiuiste et Bibliotbécaire de la Vilk de Bersuu.