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ERNEST BOSG ISIS DÉVOILÉE ou ^ËO^RTOLOGIE SACRÉE DEUXIÈME ÉDITION REVUE ET CORRIGER PARIS LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER PERRIN ET C'% LIBRAIRES-ÉDITEURS 3j, QUAI DES ORANOS-AVOUSTIKS, 3) 1897 Tous droits réservés

Bosc Ernest - Isis Dévoilée Ou l'Égyptologie Sacrée

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egyptologie

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  • ERNEST BOSG

    ISIS DVOILEou

    ^O^RTOLOGIE SACRE

    DEUXIME

    DITION

    REVUE ET

    CORRIGER

    PARISLIBRAIRIE ACADMIQUE DIDIER

    PERRIN ET C'% LIBRAIRES-DITEURS3j, QUAI DES ORANOS-AVOUSTIKS, 3)

    1897Tous droits rservs

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  • PREFACE

    DE LA PREMIRE DITION

    Quand vous traite un sujet iln'est pas ncessaire de l'puiser,il suffit de faire penser.

    MONESQUIEU, Esprit des Lois,

    Le sujet que nous traitons dans ce volume esttris tendu; par certains cts il touche unequestion des plus attachantes, la psychologie,et n'a pat encore t abord par aucun auteurfranais. Il n'existe pas, en effet, de livre sur l'Egyptologle sacre , cependant on se metaujourd'hui tudier l'Egypte, comme on nel'avait jamais fait jusqu'ici, surtout en ce quiconcerne sa philosophie. .

    Autrefois, au commencement du sicle, on nes'occupait que des arts et de la civilisation derAntique Egypte; quant sa Mythologie\ saMystique, son Art sacr, sa Religion, on nes'en proccupait gure, on n'y attachait aucuneimportance, parce qu'on supposait, bien tort,

  • Il PRFACE

    comme nous allons voir, que la religion Egyp-tienne consistait uniquement adorer des chats,des chiens, des ibis, des perviers, des boeufs etmme des oignons ; de pareils dieux ne mritaientcertes pas de fixer t'attention !

    Les prtres de diverses religions, de mme queles Pres de l'Eglise qui ne voulaient pas que lesmythes de leur propre religion fussent, en grandepartie du moins, drivs des mythes Egyptiens,ne sont pas tout fait trangers aux fables et auxabsurdits dbites sur la religion Egyptienne.

    Ainsi, Clment d'Alexandrie peut servir d'exem-

    ple, de tmoin ce que nous venons de rapporter.Aprs avoir dit que les temples Egyptiens

    taient de superbes difices, tout resplendissantsd'or, d'argent et de pierreries, il ajoute : Lessanctuaires sont ombrags de voiles, tissus d'or ;mais si vous alle\ au fond du temple et que vouscherchiez la statue, un fonctionnaire du temples'avance vers vous en chantant, d'un air grave,un hymne en langue gyptienne ; ilsoulve ensuiteun peu le voile comme pour vous montrer le Dieu :que voye\-vous alors ?

    Un chat, un crocodile, un serpent indigne, ouquelque autre animal dangereux l Le Dieu desEgyptiens parat /,., C'est une bte sauvage sevautrant sur un tapis de pourpre t..

    Nous avons cit ce passage pour montrer que

  • PRFACE III

    chaque sanctuaire contenait, en effet, un animalvivant; mais, comme nous le verrons dans la suitede notre tude, ce n'tait pas l'animal qu'adoraitl'Egyptien, mais la divinit, dont il tait consacrle vivant symbole.

    Les exclamations de Clment d'Alexandriesont donc fort dplaces et ne prouvent rietu oudu moins ceci : que les Egyptiens pensaient qu'iltait plus digne d'adorer leurs Dieux dans dessymboles anims par le souffle du Crateur, que deles adorer dansdesftiches, dans dessimulacres oudes idolesfaites en matires inertes, en des sculp-tures polychromes quelconques. Ils croyaient, dureste, que l'intelligence desanimaux tes liait, pourainsi dire, par un lien de parent, avec les Dieuxet les hommes ; de plus, cette reprsentation desdivinits par des animaux, rendait le peuple plushumain envers ceux-ci, qu'il considrait presquecomme nosfrres infrieurs.

    Aujourd'hui, grce aux travaux d'minentsgyptologues, on revient de cette fausse donne;on ne croit plus que les Egyptiens fussent asse{insensspour adorer des animaux et mme desoignons. Ces grands civiliss ne sont plus lagrande nigme d'autrefois, surtout depuis quenous commenons pouvoir non seulement d-chiffrer, mais lire encore couramment les innom-brables papyrus de l'Antique Egypte. Aussi corn-

  • IV PRFACE

    menons-nous avoir une tout autre ide de laphilosophie religieuse de cette belle et noble con-tre, et apportons-nous beaucoupplus de soin etd'attention l'tude de cette religion, parce quenous la voyons sous un tout autre jour que celuisous lequel on nous avait jusqu'ici habitus lavoir, en un mot, parce que nous comprenons /'so*trisme ousenscach, de la Religion Egj'ptienne.

    C'est cet sotrisme, cet occultisme Egyptienquenousnous proposons de rvler dans le prsentvolume dont le titre : Isis DVOILSou /'Egypto-logie sacre,est, commeon voit, caractristique.

    On connat beaucoup dfaits positifs, certains,sur l'Egyptologie sacre, mais on en ignore unbkn plus grand nombre; cesont cesfaits que nousallons divulguer. Nous connaissonsce que sont lesPetits Mystres de l'Initiation, mais nous som-mespersuads que les Grands Mystres ne sontpas aussi connus que quelques auteurs veulentbien le supposer.

    Qu'taient, en ralit, lesMystres del GrandeInitiation ?

    Personne ne saurait le dire exactement; ilscomprenaient) sans aucun doute, avecdespreuvesmatrielles subir, un ensemble d'tudes et deconnaissance que devait parfaitement savoir l'A-depte ou Initi, pour obtenir le haut gradedeSdrou Mage.

  • PRFFACR V

    Ces tudes, qui duraient de longues annes,vingt ans parfois, taient considrables, lesconnaissances exiges, trs approfondies ; ellesembrassaient toutes les sciences, que les anciensdsignaient sous le terme gnrique de ScienceOcculte ou Occultisme.

    Aujourd'hui, des esprits minents recherchentcette science, on commence ta comprendre, la discuter, en formuler, nous n'osons direcertaines lois, mais certains principes. Mais quelimmense labeur faudrait-il accomplir encorepour arriver des conclusions; pour tablir danstoute sa vrit, dans son entire lumire, cettescience occulte, cet Art Sacre des Anciens Initis?Ce sera l une vaste tche, il est vrai, mais nonimpossible parfaire.

    Pour la mener bien, il faudra la runion d'ungrand nombre de travailleurs dtermins.

    Cest pour fournir notre contingent ces noblestudes, que nous avons entrepris le prsent tra-vail (i), qui nous a demand des recherches longueset pnibles et une somme d'efforts constants. Ceque nousavonsfouill de livres, de manuscrits, dematriaux de toute sorte, est considrable; nousavons relev de tous cts, droite et gauche,

    (i) Dans le mme but nous avons publi ADDFA-NARI oul'Occultisme dans l'Inde et, prochainement, nous publteronBISLISAMAou l'Occultisme Celtique dans les Gaules.

  • VI PRFACR

    desdocuments et matriaux; puis, nous les avonsrunis, condenss,commentset expliqus. Il nousa fallu faire, pour ainsi dire, oeuvrede mosaste,mais enfin notre oeuvreest termine et, toute rsume qu'elle soit, nous pensons avoir produit unebelle, brillante et solide mosaque, c'est--direune oeuvre sinon parfaite, du moins d'une utilitincontestable.

    Puisse te lecteur, en fermant ce livre, aprs sadernire lecture, partager cette opinion t S'il entait ainsi nous serions doublement rcompenssde notre travail : par le plaisir de l'avoir produitet de te voir quelquepeu apprci ensuite.

    E. B.

    Le Val-des-Roses Nice, 5 Dcembre 189t.a* dition, f fvrier 189J.

  • PREMIRE PARTIELES 0YPTOLO0UE8 - LES HIROGLYPHES

    LE8 CRITURESLES PAPYRUS - LES LIVRE8 D'HERMS

  • ISIS DVOILEou

    L'GYPTOLOGIE SACRE

    CHAPITRE PREMIER

    CHAMPOLLION ET LES GYPTOLOGUES

    L y a cinquante ou soixante ans, on nese doutait gure, pas du tout mme,que sous les mythes et les symbolesgyptiens se cachaient de trs grandes

    ides philosophiques et une morale des plussaines, des plus parfaites et des plus avancesa*ussi.

    Que pouvait nous apprendre, en effet, le P. Kir-cher ? Fort peu de choses ; d'normes faussetsmme; ce n'est pas nous qui avanons le fait,mais un homme dont personne ne saurait nier lahaute comptence ; cet homme, c'est Champollion.

    Or voici ce que disait le pre de l'Egyptologieii

  • ISIS DVOILE

    dans le discours d'ouverture de son Cours anCollge de France (i) : Le jsuite Kircher, negardant aucune rserve, abusa de la bonne foide ses contemporains, en publiant, sous le titre'OEdipus sEgyptiacus, de prtendues traductionsde lgendes hiroglyphiques sculptes sur les ob-lisques de Rome, traductions auxquelles il necroyait pas iui-mme, car souvent il osa les tayersur des citations d'auteur qui n'existrent jamais.Du reste, ni l'archologie, ni l'histoire ne pou-vaient recueillir aucun fruit des travaux de Kir-cher. Qu'attendre, en effet, d'un homme affichantla prtention de dchiffrer les textes hirogly-phiques a priori, sans aucune espce de preuves ;d'un interprte qui prsentait comme la teneurfidle d'inscriptions gyptiennes des phrases inco-hrentes remplies du mysticisme le plus obscuret le plus ridicule ?

    Par cette simple citation de Champollion, onpeut voir que ce fameux jsuite, si clbre par

    (i) 10 mai i8)f, l'ordonnance royale crant la nouvellechaire d'Egyptologie est date du n mars i8_je. Le pro-gramme du cour* tait ainsi conu :

    Exposer les principes de la GRAMMAIRE EOVPTIEHNE COPTE,et dvelopper le s/s Urne entier des ECRITURES SACRES, enfaisant connatre toutes les formes grammaticales usites dansles lexUS HltROOLYPIIIQUES ET HIRATIQUES.

    Malheureusement le savant professeur ne put exercerlongtemps ses fonctions, car il mourut Tige de 41 ans, le 4Mars 1832, c'est-i-dire dix mois aprs l'ouverture de soncours ; il expira dans une proprit situe A Vineuil (Oise).

  • CHAMPOLLIOM ET LES OYPTOLOOUES 5

    soit rudition, a t un homme funeste en ce

    qui concerne la science gyptologique ; disonstoutefois la dcharge du P. Kircher, qu'il crivitson OEdipns s&gyptiacus de 1648 1650 (1),c'est--dire une poque o il tait bien difficile,sinon impossible, de dire quelque chose de rai-sonnable sur les hiroglyphes ; ensuite dans sonmysticisme obscur, nous trouvons des observa-tions parfois intressantes ; mais passons d'autres travaux. On mentionne comme promo-teurs des tudes archologiques gyptiennes, leP. Montfaucon et le comte de Caylus ; les essaisde ceux-ci ne furent pas d'une grande utilit. Lestravaux rellement profitables n'ont gure com-menc qu'avec le grand ouvrage de Zoga surles oblisques ; le premier il souponna Vlementphontique dans le systme de l'criture sacre ;

    (i) OEdipus AZgjrpliacHS, hoc est unhersalis doctrinxhierogl/phiea instauralio, a t publi en 1652-55, en ) vol.in-fol.; c'est le tome III qui contient les inscriptions relevessur les principaux oblisques alors connus, ainsi que diversdtails sur les momies et les idoles gyptiennes.

    Pour donner une Ide de l'aplomb du clbre jsuiteallemand, nous mentionnerons la mystification suivante com-mise a son gard par un certain Andr Mlier. Celui-cibarbouilla sur un vieux parchemin des caractres baroques,de son invention. Il adressa le dit parchemin au P. Kircheren lui insinuant que ces caractres pourraient bien tregyptiens. Kircher rpondit sur te champ que c'taient biendes hiroglyphes, et il en donna ex abrupto une traduction :Ah uni diset omnetl

  • ISIS DVOILE

    tandis qu'avant les travaux du savant Danois,on admettait que les inscriptions hiroglyphiquesfournissaient des textes ne traitant que de sujetsmystrieux, connus seulement d'une caste privi-lgie, parce que ces textes roulaient uniquementsur les doctrines occultes de la philosophie Egyp-tienne. On croyait du reste, alors, que la masseentire des signes composant l'criture sacredes Egyptiens tait d'une nature purement ido-graphique, c'est--dire que les caractres n'avaientaucun rapport direct avec le son des mots de lalangue parle ; qu'ils reprsentaient seulementchacun une ide distincte.

    Les travaux de Saumaise, de Wilkins, de laCroze, de Jablonsky firent faire un pas en avant la science Egyptologique ; mais le premier ou-vrage vraiment utile et important fut la Des-cription de l'Egypte par la Commission Franaiseinstitue par Bonaparte pour accompagner l'ar-me franaise en Egypte. Cet important ouvragefut publi Paris de i8ao 1830, et ne comportepas moins de 36 volumes de texte ou de planches.

    Ce fut galement le monument bilingue trouv Rosette, en aot 1799, par un officier du gnie,Bouchard, qui occupait la ville de Rosette, alorsqu'il excutait des fouilles l'ancien fort. Cemonument pigraphique se compose d'un blocde granit noir de forme rectangulaire ; il porte

  • CHAMP0LL10N ET LES OYPTOLOUES 7

    sur l'une de ses faces trois inscriptions superposesen trois caractres diffrents, ce qui l'a faitdnommer aussi Inscription trilingue de Rosette.

    L'inscription suprieure, en partie fracture,est en criture Hiroglyphique ; le texte interm-diaire appartient une criture cursive gyp-tienne ; enfin la troisime est en langue et encaractres grecs.

    Chacune de ces inscriptions exprime un mmedcret rendu Memphis par la caste sacerdotale,pour dcerner des honneurs magnifiques au roiPtolme V, Epiphane.

    C'est en comparant ces textes que Champolliontrouva la Clef des hiroglyphes. Ds qu'il fut enprsence de ce monument, il fut persuad queles deux inscriptions Egyptiennes n'taient quel'expression fidle d'un seul et mme dcret enlangue gyptienne de deux critures diffrentes;en effet l'une tait l'criture sacre ou hiratique etl'autre l'criture vulgaire ou dmotique, l'criturepopulaire.

    La possession de ces textes gyptiens avec leurtraduction en langue grecque connue venait per-mettre la fin de pouvoir tablir des pointsnombreux de comparaison certains.et indiscu-tables. On pouvait ds lors abandonner le champdes hypothses et se circonscrire dans la recherchedes faits.. Aussi, depuiscette dcouverte,les tudes

  • 8 ISIS DVOILE

    gyptiennes marchrent lentement peut-tre, maissrement; on tait persuad d'obtenir des rsultatspositifs, incontestables. C'est ce qui arriva.

    Ajoutons, nanmoins, que longtemps avant Fran-ois Champollion, c'est--dire vers 1802, Silvestrede Sacy, qui avait reu un fac-simil de l'inscriptionde Rosette, avait examin le texte dmotique etl'avait compar avec le texte grec ; il publiamme bientt le rsum de ses observations et deses recherches dans une lettre adresse Chaptal,ministre de l'Instruction publique d'alors.

    Plus tard, en 1844, l'Allemand Lepsius trouvaun nouvel exemplaire de la mme inscription surun oblisque de Philoe, laquelle inscription ne fitque confirmer ce qu'on savait dj, mais cettenouvelle preuve avait bien son importance (1).

    Champollion avait ouvert la voie et une pliaded'gyptologues poursuivit l'oeuvre du matre. Nousdonnerons une mention spciale Ch. Lenormant,Prisse d'Avesne, Hector Horeau, Girault de Pran-gey, Mariette-Bey, Maspro, Chabas, de Roug,Grbaut,Pierret,D.M.-J. Henryetd'autrcsencore;mais de tous les gyptologues franais, celui quia contribu le plus la lecture des hiroglyphes,c'est Champollion ; il mrite bien le nom de

    (1) On peut voir l'inscription de Rosette avec un commen-taire par Letronne, in fragmenta hislorieorum Gracorum,1 vol. in-8*, Paris, P. Didot, 1848.

  • CHAMPOLLION ET LES OYPTOLOOUES 9

    Dchiffrenr des hiroglyphes que lui dcerneGeorges Ebers dans son bel ouvrage sur l'Egyptemoderne (i) : Le levier dont avait besoin lascience pour forcer la porte derrire laquelle taitrest cach si longtemps le secret du sphinx taittrouv. Deux grands hommes, l'Anglais ThomasYoung, qui s'tait dj distingu dans des sciencesdiverses, et Franois Champollion, en France, semirent au travail en mme temps, mais indpen-damment l'un de l'autre. Le succs couronna leursefforts tous deux, mais Champollion mrite meilleur droit que son rival le titre de Dchiffrenrdes hiroglyphes ; ce que Young conquit par ins-tinct, notre Champollion le gagna pardes procdsmthodique!* et le poursuivit avec tant de bonheurqu' sa mort, en 1832, il pouvait laisser une gram-maire et un dictionnaire fort riches de l'anciengyptien. Nous ne pouvons manquer de rappelerles belles paroles que Chateaubriand (ce n'est paspeu dire) pronona au sujet du savant pass troptt l'immortalit :

    Ses admirables travaux auront la dure dumonument qu'il nous a fait connatre. >

    Voici la voie que suivit Champollion pourarriver son but.

    (1) L'Eg/pte du Caire h Phita, par Georges Ebers, traduc-tion de G. Maspro; Paris, Firmin-Didot, 1881, p.^et^.

  • 10 ISIS DVOILE

    Les noms hiroglyphiques de Ptolme et deCloptre, s'ils rendaient rellement lettre parlettre les noms de Ptolme et de Cloptre,devaient renfermer plusieurs lettres communes.Dans Ptolme le premier signe, un carr [~]devait signifier P, et il se retrouvait en effet dansc-l-e-o-Patra au cinquime rang, c'est--dire la place o on s'attendait le rencontrer. Domme le troisime signe (le noeud de corde)de P-t-O'lme devait tre un O, et le quatrime(le lion) un L ; et ces hypothses furent reconnuesexactes.

    Le Sudois Akerblad parvint, au moyen des nomsde Ptolme Brnice et Alexandre, dcomposerles groupes de lettres qui les formaient, et lireainsi un certain nombre de mots dont la languecopte lui fournit une explication, ce qui lui per-mit de dresser une sorte d'alphabet que Youngprit pour point de dpart de ses recherches, etqui permit celui-ci de conclure la possibilitd'un alphabet semblable utilis pour crire desnoms trangers dansles hiroglyphes.

    Mais, dit E. de Roug (i), de cette ide si justeet si ingnieuse en elle-mme, il ne sut tirer aucunparti. N'ayant pu saisir les rgies qui avaient t

    (l) Mmoire sur t inscription du tombeau d'Ahmis, chef desnautonnters; Paris, 1851, in-4, s, fig. color. et 1 tableau i

  • CHAMPOLLION ET LES EOYPTOLOOUES II

    suivies dans l'criture de ces noms propres, ilmanqua compltement l'analyse des cartouchesde Ptolme. Si l'on ajoute cette premire ided'alphabet sacr, des progrs assez notables dansla connaissance de l'criture vulgaire, la partd'Young sera faite avec justice. Le peu de placeque sa mthode tient dans la science hirogly-phique se prouve clairement par sa strilit ; ellene produisit pas la lecture d'un seul nom proprenouveau, et l'on peut affirmer hardiment que tousles sceaux du livre mystrieux taient encoreferms quand Champollion tendit la main pourles briser.

    Young n'avait reconnu que deux sortesd'critures; Champollion en distingue trois dansles manuscrits et il dtermine immdiatementleurs principaux caractres. Il reconnat d'abordPenchanement qui lie les hiroglyphes, signe parsigne, avec une trs ancienne criture abrviativecursive, qu'il nomme criture hiratique. Il signaleles diffrences plus tranches qui sparent decelle-ci l'criture dmoliqtte ou vulgaire, et c'estlorsqu'il a la mmoire toute pleine de ces formesdiverses et de l'esprit mme de ces textes encoreincompris qu'un nouveau point vient tomberentre ses mains : l'oblisque de Philoe lui estcommunique

    La dcouverte des lettres gyptiennes em-

  • 13 ISIS DVOILE

    ployes pour crire les noim trangers n'taientqu'un premier pas; il suffit Champollion pourouvrir toutes les portes de l'criture sacre, l'aide de nouvelles lettres hiroglyphiques, etlire quelques mots de l'Inscription de Rosette ;le sens lui est connu par le texte grec ; l'interpr-tation de ces mots se trouve naturellement dans lalangue copte, et l'antique idiome de l'Egypte estainsi dtermin.

    Nous avons voulu mentionner ici l'opiniond'un Allemand et celle d'un Franais pour biendmontrer ce que la science doit Champollion,dont les travaux ont t le point de dpart de tousles autres gyptologues devenus ses vritablesdisciples.

  • CHAPITRE II

    CRITURE GYPTIENNE

    EScaractres gyptiens ont ceci de par-ticulier, qu'ils imitent avec plus oumoins d'exactitude des objets existantdans la nature; c'est ce genre de carac-

    tres qui compose rcriture hiratique ou sacredes anciens gyptiens, criture dnomme par lesanciens Grecs grammata hiera et mieux encoregrammata hieroglyphica, d'o le terme de carac-tres hiroglyphiques, sous lesquels nous les dsi-gnons aujourd'hui.

    A la grande rigueur, le nom de hiroglyphiquesne doit tre appliqu qu'aux seuls caractres sacrspeints, sculpts ou gravs, lesquels reprsententdes objets naturels, caractres dessins avec le plusgrand soin et qu'on distingue des hiroglypheslinaires et des signes abrviatifs.

    CRITURE HIROOLYPHIQUE

    Cette criture tait ordinaire ment employe pourles inscriptions monumentales, soit dans les di-

  • 14 ISIS DVOILE

    fices publics, soit dans les belles demeures prives;ces signes taient, nous venons de le voir, de vraisdessins parfois assez complexes; aussi, dans lesmanuscrits, pour faciliter la rapidit de l'criture,on substitua aux hiroglyphes dessins un abrgde l'objet reprsent ; ce n'tait plus pour ainsidire que la structure, la carcasse de cet objet,ce qui permettait d'effectuer trs rapidement,mais de faon trs reconnaissable cependant,l'objet que le scribe voulait reprsenter. C'est cegenre d'criture qu'on nomme hiroglyphes li-naires.

    Les hiroglyphes sont l'criture primitive gyp-tienne. Tous les monuments gyptiens, depuis lecolosse jusqu'au plus petit amulette, tous, peud'exceptions prs, portent des hiroglyphes;il estdonc facile d'y tudier les caractres, l'criture, etpar suite les arts et la civilisation de l'AntiqueEgypte, car ces inscriptions sont, pour ainsi dire,l'histoire mme du peuple gyptien grave, tantsont varies les reprsentations figures.

    Les hiroglyphes linaires desmanuscrits taientcrits l'encre noire ou rouge sur des feuilles depapyrus lisses et colles bout bout; nous enparlerons plus loin, dans un chapitre spcial(chap.V).

    En rsum, les hiroglyphes linaires servaientpour l'criture usuelle, celle des manuscrits, abso-

  • CRITURE GYPTIENNE |5

    lu ment comme l'criture dmotique ; tandis queles grands hiroglyphes, correctement dessins,furent toujours employs pour les inscriptionsmonumentales ou lapidaires, et souvent commemoyen dcoratif, comme nous le verrons plusloin.

    CRITURE HIRATIQUE

    Cette criture prsentait la forme abrge desobjets reprsents ; cette forme tait parfois siabrge qu'elle constituait une vritable tachigra-phie hiroglyphique. Il fallait donc, pour l'crire,une grande sret demain, une longue pratique dudessin, ce qui nous explique en partie l'habiletet la haute valeur des artistes dessinateurs de

    l'Egypte, qui apprenaient ainsi dessiner enmme temps qu' crire, c'est--dire ds leurenfance. Il fallait donc s'exercer longtemps etlonguement pour esquisser rapidement et sansconfusion possible de si nombreux caractres,qui souvent ne se distinguaient entre eux que parde trs lgres diffrences.

    La caste sacerdotale soumit les caractres li-naires une abrviation plus grande encore;elle simplifia tellement la forme des caractresqu'elle cra, pour ainsi dire, une criture nouvellequi racheta par son extrme facilit tracer les

  • l6 ISIS DVOILE

    signes, l'lgance et la richesse de l'criture hiroglyphique primitive. Cette seconde abrviationfut dsigne par les Grecs sous le nom dehiratique, parce qu'elle fut Imagine probable-ment parla classe sacerdotale, ou principalementemploye par elle,

    Les caractres hiratiques sont galement disposs en lignes horizontales et se succdent degauche droite, et trs rarement en colonnesverticales. Parfois, certains manuscrits funrairesprsentent, la fois, dans le mme texte, unmlange de caractres hiroglyphiques propre-ment dits et de signes hiratiques.

    CRITURE DHOTIOJJE

    Cette criture, bien que la plus rpandue puis-qu'elle tait employe pour tous les actes civils :naissances, morts, mariages ; contrats, ventes etachats, etc., cette criture, disons-nous, est celledont il reste le moins de spcimens ; aussi est-ellemoins connue. M. Brugsch a ouvert la voie sondchiffrement par une grammaire et un recueil detextes dmotiques, c'est avec cette criture qu'ontablissait les textes magiques et mme lesromans; il existe un roman rdig ' forme deconversation entre deux momies.

    L'criture dmotique, drive de l'criture hi

  • CRITURE OYPTIENNE 17

    ratique, qui est elle-mme l'abrviation premirede l'criture hiroglyphique, est fonde sur lesmmes principes que celle-ci ; elle comporte lemme mlange d'lments phontiques et sym-boliques. Les dcrets de Canope et de Rosettenomment l'criture dmotique, l'criture des li-vres; elle est fort difficile dchiffrer pour plu-sieurs raisons; d'abord parce que souvent unemme ligature rpond des groupes hiratiquesdiffrents, ensuite parce que, gnralement, cestextes sont tracs avec de gros kasch ou hascham-

    phti (roseau, calame ou pinceau), de sorte que lescaractres sont gras et empts, ce qui rend trsdifficile l'analyse et la sparation des lments dechaque mot,

    A quelle poque remonte l'invention de l'cri-ure gyptienne?

    Il est bien difficile d'assigner une date et derien prciser de certain cet gard ; mais par laperfection des formes des caractres de diversmonuments, il est permis de conclure que cetteinvention remonte trs avant dans l'histoire dupeuple gyptien ; elle a d survenir dans les pre-miers temps de son origine mme, si toutefoiselle n'a pas t importe par les premiers habi-tants du'pays ayant migr de l'Asie en Afrique.Au dbut, les images reprsentes devaient tredes plus naves, elles taient loin d'avoir la finesse

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    |8 ISIS DVOILE

    et la perfection que nous remarquons, par exemplesur les grands sarcophages de basalte ou de granitdu Muse du Louvre ; ce n'est que par une longuepratique que cette criture a d atteindre laperfection que nous lui connaissons, et qui est siadmirablement consigne sur les beaux monu-ments de la belle poque de l'art gyptien.

    DES DIFFRENTES ESPCES DE SIGNES

    Aprs avoir dcrit les divers genres d'criture,il nous faut revenir l'criture hiratique pourdire qu'elle comporte trois classes de caractresnettement tranches :

    A, Les caractres figuratif s ;B. Les caractres symboliques ;c, Les caractres phontiques.

    Chacune de ces classes de caractres procdepar des moyens diffrents la notation desides.

    Les caractres figuratif s expriment l'objet, dontils prsentent h la vue une image plus ou moinsfidle : ainsi le soleil est figur par une circonf-rence avec un point central; la lune, par un crois-sant *, l'homme, la femme, les animaux; par leurreprsentation respective.

    Cette mthode de peinture des ides, la plus

  • CRITURE OYPTIENNE 10

    ancienne de toutes, a t dsigne par ls auteursgrecs sous le nom de curuola gich cata mimes inou mthode mimique, mthode s'exprimant au

    propre pat imitation (i)Les caractres symboliques, dits aussi tropiques

    (de trop, forme), se formaient suivant des m-thodes diverses, par lesquelles le signe se trouvaitplus ou moins ressemblant l'objet servant noter l'ide.

    On procde la formation des signes tropiquespar synedoche, c'est--dire en prenant la partiepour le tout : ainsi deux bras tenant, l'un, untrait, l'autre, un bouclier signifiaient une arme oule combat (a) ; une tte de cheval, un cheval ;une tte de chacal, cet animal ; les prunelles del'oeil signifiaient les yeux ou mme la tte en*tire.

    Ou bien encore l'crivain procdait par mto-nymie c'est--dire qu'on reprsentait l'effet, pourla cause, l'instrument du travail pour le travailproduit, la cause pour l'etTet ; par exemple le feutait reprsent par un rchaud o par unecolonne de fume ; le jour par le Soleil, la huitpar la Lune et: les toiles ; l'criture par le roseau

    (i) Clment d'Alexandrie, Stromates, liv. V, p. yj. d.Potier.

    (a) Pierrot, Dlch d'art hologie^Egyptieune, p. 6.2

  • 30 ISIS DVOUE

    crire (calamus) ou par un pinceau runis lapalette du scribe ou une critoire.

    On procdait encore par nigmes en utilisant,pour exprimer une ide, la repisentation d'unobjet n'ayant que des rapports loigns avec l'ide exprimer, ainsi une feuille de palmier repr-sentait Tanne, parce qu'on supposait que cetarbre ne donnait que douze feuilles par an ; uneplume d'aile d'autruche reprsentait la justice,parce que toutes les plumes de l'aile de cet animalsont, dit-on, gales ; une tige de lis ou de glaeulsignifiait la Rgion haute ou h.Haute Egypte,tandis que la tige ou la houpette du souchet

    (papyrus) dsignait la Rgion basse ou BasseEgypte, parce que le souchet ou papyrus croissaitsurtout dans les bas-fonds, dans les marcagesdu Delta de l'embouchure du Nil.

    Enfin, on procdait par mtaphores; on pei-gnait un objet qui avait quelque similitude plusou moins relle avec l'objet qu'il s'agissait dedsigner : ainsi on indiquait les airs, l'lvation

    par un pervier; la priorit, la supriorit, la

    prminence par la partie antrieure du lion ; la

    puret, la vertu, la.tendresse, par une tte decoucoupha, parce qu'on croyait que cet animalnourrissait ses parents devenus vieux ou infirmes ;le scribe sacr, le Hirogrammate tait figur parun chacal sur ses pieds ou pos sur un socle,

  • CRITURE OYPTIENNE 91

    pirce que ce fonctionnaire devait garder commeun chien fidle les choses sacres et les critsqu'on lui confiait (i).

    Les caractres phontiques procdaient par lanotation de la voix (phdn) ou des articulationsisolment exprimes, au moyen de caractresparticuliers et non par l'annotation des syllabes,de sorte que la srie des signes phontiques cons-tituaient non un syllabaire, mais un vritablealphabet.

    Les caractres phontiques, considrs dansleur forme matrielle, furent des reprsentations,des images d'objets matriels, plus ou moinsdvelopps ; le principe fondamental de la m-thode phontique consiste reprsenter une voixou une articulation par la reprsentation d'unobjet physique dont le nom, en langue gyptienne,avait pour initiale la voix, le son ou l'articulationqu'il s'agissait de noter.

    Que les caractres fussent idographiques ouphontiques, on lisait un texte gyptien, commenous lisons aujourd'hui une page d'algbre.

    Disons, en terminant ce chapitre, qu'il y avaitgalement des noms communs exprims symbo-liquement ; dans ce cas, des signes symboliquesou tropiques remplaaient souvent dans l'criture

    (i) Horapollon, llv. I, lli/rogl., 38.

  • 99 ISIS DVOILE

    un grand nombre de noms communs ; les carac-tres phontiques ne notaient donc pas ici lessons de ces mots : ainsi le miel tait not par uneabeille et un vase ; la soif par un veau courant,au-dessus duquel se trouvait le signe eau ; lemois, par le croissant de la lune renvers, au*dessous duquel se trouvait une toile, etc., etc.

  • CHAPITRE III

    SIGNIFICATION DE DIVERSES FIGURES

    GROUPEMENTS HIROGLYPHIQUES

    PRSavoir expos la signification desdiverses critures ou caractres gyp-tiens, il nous parait utile d'expliquerla signification de diverses figures.

    LE ROI est reprsent par un personnage ayantla tte couverte de la coiffure nomm Pschent,symbole de la domination sur les rgions sup-rieure et infrieure de l'Egypte ; il tient dans lamain un sceptre. Ou bien encore par un per-sonnage sur le front duquel on voit, attach sursa coiffure, l'aspic ou serpent royal nomm Uraws,insigne du pouvoir suprme. Ce serpent, engyptien haj, a la queue replie sous le reste ducorps, nous dit Horapollon (i) ; les gyptiensl'appellent Ouranos, les Grecs BasHiscoir'-et sonimage en or est place sur la tte des Dieux >.'>

    ".--.*. .' .. V. t^ ;J>^vti .';., M

    [tyUVifHUrOfl.i il *.**A'S.; V : : -.'.j:>- a.

  • 34 I5IS DVOILE

    Ce mme personnage peut tre assis l'gyp-tienne, le front toujours orn de X'Urctus et tenantdans sa main un Pcdum ou bton recourb et unfouet, signes du commandement ; le premier deces attributs divins est l'emblmede la modration,et le second de l'excitation.

    Une troisime reprsentation du roi consiste enun personnage portant la coiffure du Dieu Ptah,instituteur de la royaut, coiffure commune cedieu et aux souverains de l'Egypte.' UNEREINEest reprsente par une femme coiffe

    duPscheni et tenant dans la main un fouet; disonson passant que le fouet et le Pedum (bton pasto-ral), lorsqu'ils sont employs isolment dans lestextes hiroglyphiques, expriment l'ide de roi,de chef ou Directeur Suprme.-'UN CHEF,UN.COMMANDANT,UNAN, en un mot le

    Premier Personnage d'une hirarchie quelconque,est figur par un homme debout, tenant un sceptredans sa main droite et une bourse dans sa maingauche; et, rciproquement, une COMMANDANTE,uneAtsE par une femme portant les mmes insignes.

    . LE PRTREcharg dfaire des libations est figurpar un. homme debout, toujours tte' rase,

    JLenant dans sa main droite un vase libations,duquel s'coule de l'eau..-; .-..:...

    LE SCRIBESACR,Grainmate ou Hirogrammate,est reprsent par un homme accroupi, tte rase,

  • SIGNIFICATION DIS DIVERSES FIGURES 9*

    qui tient dans sa main droite ramene sur sa poi-trine une palette d'crivain, dnomme canonchez les Grecs, parce qu'elle servait aussi dergle (i).

    LE SOLDAT, LEGUERRIER,un membre del castemilitaire, sont figurs par un homme accroupiportant en bandoulire un carquois rempli deflches, tenant dans sa main gauche une lance.

    Nous ne mentionnerons pas d'autres exemples,car, on le conoit, cela nous entranerait fort loin,et nous passerons au groupement des objets figurspar les hiroglyphes ; ces objets ont t groupspar les Egyptologues en seize genres principaux.

    i. Corps clestes : soleil, lune, toile, ciel.

    3. Hommes ou Femmes de tout ge, dans despositions et des attitudes diverses ;

    }. Divers membres on parties du corps humain :tte, yeux, oreilles, bouche, bras, mains, cuisses,jambes, pieds, etc. ;

    4. Animaux domestiques ou sauvages : boeuf,taureau, vache, veau, cheval, cinocphale, chacal,gazelle, lion, etc. ;

    5. Oiseaux : aigle, pervier, chouette, hiron-delle, ibis, geai, pluvier, etc.

    (1) Horapollon, Uv. I. Hirojl.,\'

  • 6 ISIS DVOUE

    6. Reptiles : craste, couleuvre, serpent,vipre, crocodile, grenouille, lzard, etc. ;

    j. Certains insectes : scarabe, scorpion, manteou religieuse, libellule, abeille, etc.;

    8. Poissonst Latus, lpidote, oxy ry nchus, etc. ;

    9. ~ Vgtaux: lotus et sa fleur, palmieret sa fronde, persa et son fruit, papyrus (sou-chet), etc. ;

    10. Objets du costume ou Vtements:diversescoiffures; pschent, couronne, mitre, bracelet,collier, pagne, sandales, etc. ;

    11. Armes, insignes divers : arc, flches,traits, pedum, sceptre, fouet ; lit funbre, trne,coffre, siges, etc. ;

    19. Vases et ustensiles divers : vase brlerl'encens [amschir), vase parfums, vase libations,bassin,corbeille, natte, van, etc. ;

    \y. Instruments et ustensiles divers Mhorbe,palette d'crivain, critoire, calame ou roseau crire, papyrus vierge, couteau ou grattoir, scie,hache, croix ovode, faussement dnommeanse ;

    14. Edifices et constructions diverses : Ob-

  • SIGNIFICATION DES DIVERSES FIGURES 97

    lisques, statues, stles, autels, naos, bari (barquesacre), propylons, pylnes, etc. ;

    15. Formes gomtriques et mesures ; carr,triangle, rectangle, pyramide, coude, cercle,quart de cercle, toile, etc. ;

    16. Enfin des Monstres ou Animaux: sphinx,blier corps humain ; Uroeus, etc.

    Ajoutons que dans chacun des groupes quenous venons de mentionner, il y avait des subdi-visions, de sorte qu'on peut dire que les signesfigurs taient certainement au nombre de prsde deux mille.

  • CHAPITRE IV

    LES HIROGLYPHESMOTIFS DE DCORATION

    ous avons vu prcdemment que l'cri-ture hiroglyphique tait destine auxmonuments, nous ajouterons qu'elletait galement utilise pour leur dco-

    ration. Aussi, les Egyptiens, en grands artistesqu'ils taient, ne ngligrent rien pour augmenterl'effet dcoratif des hiroglyphes; ils employrentla couleur pour enluminer et orner les colonneset les chapiteaux, les plafonds et les murs, surlesquels se trouvaient des sortes de bas-reliefs,forms par les inscriptions; celles-ci taient tanttpeintes simplement sur une paroi lisse, tanttgraves en creux avec ou sans couleur, enfin enrelief mplat dans le creux mme de la sculpture,ce qui indique un bas-relief tout fait plat.

    En rsum, l'criture hiroglyphique monu-mentale fut excute de quatre manires:

    i Sculpte et sans couleurs;

  • LES HIROGLYPHES 2Q

    a Grave avec ou sans couleurs ;a,0 Sculpte et peinte monochrome ou poly-

    chrome ;4 Dessine sur des parois lisses fond blanc ou

    de couleur, et peinte ensuite en peinture poly-chrome.

    C'tait seulement au moyen de teintes platesque les Egyptiens enluminaient leurs hirogly-phes ; il y a lieu d'observer ici, que certainescouleurs ou teintes taient toujours employesd'une manire conventionnelle pour reprsentercertains objets ; par exemple le bleu reprsentaitle ciel, le jaune la lune, le rouge la terre, un bleuvert (pers) ou vert ple (eau du Nil) l'eau.

    Dans la figure humaine, les chairs sont en rouged'un ton plus ou moins fonc, la tunique estblanche ; la coiffure, quand elle se compose uni-quement d'une perruque, est bleue. Quant auxplis des draperies, ils sont reprsents par destraits rouges d'une grande tnuit dans les lumi-res et de traits renforcs, pais dans les ombresou les noirs.

    Chezla femme, les carnations sont jaunes ; leursvtements sont tantt blancs, tantt verts ourouges.

    Quand les signes hiroglyphiques reproduisentles diffrents membres du corps humain, ils sonttoujours colors en rouge.

  • 30 ISIS DY0ILB

    Les objets de bronze sont peints en vert, ceuxde fer en minium, brun Van-Dyck () ou rougebrun ; les objets en bois, les charpentes sontpeintes en jaune; quant au bleu, cette couleurparait avoir t surtout rserve aux formes go-mtriques et aux plans des difices.

    Nous n'insisterons pas davantage ici sur la colo-ration des hiroglyphes et leur emploi dco-ratif ; nous aurons occasion d'en parler inci-demment en traitant des boites momies, ainsi

    que des hypoges qui les renferment, et nousterminerons ce court chapitre en disant que rienn'galait la richesse dcorative des monumentsgyptiens, temples, pylnes, hypoges, palaisdcors de toute part de ces peintures hirogly-phiques, qui non seulement charmaient la vue, maisqui souvent encore prsentaient l'esprit du pen-seur et du philosophe de grandes et nobles penses.

    (t) Ce terme >

  • CHAPITRE V

    LE PAPYRUS ET LES PAPYRUS

    Ecypcrus papyrus ou Souchet croissaitnaturellement dans les contres mar-cageuses de l'Egypte.

    Voici comment s'y prenaient lesEgyptiens pour obtenir laide de cette plante cequi remplaait chez eux notre papier crire. Ilscoupaient lesdeuxextrmitsdela tige du papyrus,puis ilsdtachaientles fines membranesconcentri-quesquienveloppentlamoelledela plante. Suruneplanche, ils posaient plat une premire couchede ces membranes dans un sens, puis une secondecouche au-dessus de la premire dans un senscontraire , elles taient agglutines ensemble aumoyen d'une eau lgrement gomme.

    Les Romainsqui, Pompi, nous ont laiss desspcimens de pareils papyrus, nommaient la pre-mire couche sublamen (la trame) et la seconde sta-men (la chane) ; ils considraient donc ce. papiercomme une sorte de, tissu, ce qui tait vrai jusqu'un certain point.

    3

  • y 3 ISIS DVOILE

    La feuille ainsi obtenue par des fragments depapyrus colls bout bout, tait comprimepar un moyen quelconque, puis lisse au moyend'un ustensile en ivoire. Plusieurs de ces feuilles,nommes plaguloe, taient colles latralement la suite les unes des autres, au moyen d'unecolle liquide, probablement de la gomme arabi-que, les plus fines d'abord, les moins fines aumilieu et les plus fortes ou plus grossires la fin ; car les couches de papyrus sont de plusen plus rugueuses, au fur et mesure qu'elless'loignent du coeur del plante.

    Au moyen de ces plaguloe, on formait des volu-mes de hauteur et de longueur diverses. Vingtplaguloe, environ formaient un scaptts ou rouleau.

    Les Egyptiens crivaient aussi sur toile, surune sorte de nankin, sur peau et sur parchemin ;ils faisaient mme des comptes et des additionssur des morceaux de terre cuite, des fragmentsde poteries ; on nommait ceux-ci Ostraca; lestextes crits sur les ostraca sont gnralement desnotes ou des brouillons excuts par des scribes ;on en Voit dans un grand nombre de muses,notamment au Louvre et quantit au Muse deBoulaq au Caire.

    Le roseau (en copte Itasch) ou le pinceau(kaschamphati) servaient tracer les caractres Pencre sur le papyrus, qui tait de trois qua-

  • LE PAPYRUS ET LES PAPYRUS 33

    lits : le royal, l'hiratique et le dmotique ; sousAuguste, on nomma le premier papyrus Augus-tus pour flatter l'empereur.

    Le plus beau papyrus, le plus fin, le papyrusdit royal, servait naturellement aux rois et aux

    prtres pour tous les actes relevant de leurministre ; le papyrus hiratique servait pourles livres et les critures religieuses, enfin ledernier, le papyrus dmotique, tait employpour rdiger les contrats, les actes concernantla vie civile et militaire. Avant de les crire, onenduisait les papyrus avec une huile tire ducdre, afin de les prserver de la pourriture, dupiquage des vers et de la corruption. Du reste,on prenait les plus grands soins pour assurerleur conservation, on les plaait dans des tuisou cylindres de bois durcis au feu, qu'on revtaitde bitume de tous les cts, afin d'empcherl'humidit de les pntrer; on les enfermait en-suite dans des jarres en terre cuite, dont le cou-vercle tait soigneusement lut.

    Les momies ont souvent auprs d'elles despapyrus ; il sont placs sous les bandelettes, soitle long du corps entre les cuisses, le long desjambes, sous leurs bras, sur leur poitrine. Cesont ces manuscrits qui nous sont parvenus lespremiers, les seuls dont la conservation soit par-faite ; leur longueur est variable ; un des plus

  • 34 ISIS DVOILE

    longs que nous connaissions est celui du Musede Turin qui ne mesure pas moins de a m. 75 delongueur.

    Gnralement, le haut de la page est occuppar une ligne de figures de divinits que Pmevisite successivement ; le reste du manuscrit est

    rempli par des colonnes perpendiculaires d'hi-

    roglyphes linaires ou hiratiques ; ce sont les

    prires que l'me du dfunt adresse aux Dieux.Vers la fin du papyrus, on voit souvent la scnedu jugement de l'me, dont voici une description :Un grand Dieu est assis sur son trne, ses piedsse voit un norme crocodile femelle la gueuleouverte ; derrire le Dieu se trouvent suspenduesdes balances divines surmontes du cynocphale,emblme de la justice universelle. On pse lesbonnes et les mauvaises actions du dfunt: Thothcrit les rsultats des peses.

    En gnral, les papyrus sont des copies duLivre des morts improprement appel Rituel

    funraire ; ce livre est plus ou moins dveloppc'est--dire complet, suivant que la qualit ou l

    position du dfunt permettait ses hritiers de

    dpenser plus ou moins pour son achat.Aussi, suivant l'extrait plus ou moins long du

    Livre des morts que contient le papyrus plac au-

    prs de la momie, on peut prjuger presquede l'importance du personnage. Les momies

  • LE PAPYRUS ET LES PAPYRUS 35

    royales contenaient le Livre des morts tout entier.Beaucoup de manuscrits en question sont crits

    non en hiroglyphes linaires, mais en hirati-ques, c'est--dire, nous l'avons dj vu, au moyendel tachygraphie hiroglyphique. Le haut de lapage qui contient, comme nous venons de le voir,unelignede figures, fait toujours distinguer \eLivredesmorts desauiresgenres de manuscrits. Ces papy-rus donnent un grand intrt aux momies ; mal-heureusement, rien ne peut faire distinguer ext-rieurement les botes de momies qui renfermentdes papyrus de celles qui n'ent ont pas. 11faut doncles ouvrir ; pour cela on attaque le cartonnage l'envers, de cette faon, on ne le dtriore pas,ou du moins fort peu.

    Voici les signes distinctifs auxquels on peutreconnatre l'ge des papyrus : les plus anciensconnus sont d'une criture large, ferme, solide,massive, si l'on peut dire ; ils dclent la lourdeurde la main qui les a crits. Bien qu'il soit difficiled'assigner une date prcise certains manuscrits,on peut dire que ceux qui ont t composs sousla XVPdynastic ont des vignettes finement dessi-nes, les groupes de lettres trs rapprochs, trs ra-masss, parce que les caractres sont d'une grandefinesse. Les exemplaires hiroglyphiques duLivre des morts d'une criture rtrograde, d'unfort beau style, sont originaires de laXVIIIdynas-

  • 36 ISIS DVOILE

    tie ; ceux des XIX* et XX dynasties sont trs faci-lement reconnaissables parla belle et grosse carrurede leurs lettres hautes et hardiment traces ; enfindans les papyrus de la XXII* dynastie, les lettressont moins hautes bien que fortes et larges, aussiles groupes de lettres sont moins ramens, moins

    rapprochs, moins ramasss ct les uns desautres ; ils diffrent donc du tout au tout desmanuscrits de la XVI* dynastie.

    Les manuscrits de l'poque Romaine sont d'un

    style des plus mdiocres, l'criture hiratique yest haute, maigre, anguleuse mme et un peupenche ; enfin sous les dominations persane etgrecque, l'criture est tout fait lourde, paisse,compacte, empte mme.

    Nous possdons de nombreux papyrus gyptiensqui forment un vritable recueil de recettes phar-maceutiques ; parmi eux mentionnons un papy-rus de Leyde ( i),unautre du Muse Britannique (a)et un troisime du muse de Berlin (3).

    M. Georges Ebers a dcouvert un papyrus qui,d'aprs cet gyptologue, donne un aperu de lamdecine telle qu'on l'exerait vers la XVIII*dynastie et dans laquelle on utilise, non seule-

    (i) Pleyte, tudes, \, 348 verso.(s) Birch, Zeitschrifl, 1871, p. 61.(3) Brugsch, Monuments, L. toi ; Chabas, Mlanges Egjrp-

    lotogiaues, 1'* srie.

  • LE PAPYRUS ET LES PAPYRUS 37

    ment des mdicaments composs de la Flore Egyp-tienne, mais galement de celle des pays voisins,de la Phcnicie et de la Syrie, par exemple. Gnrale-ment, dans tous ces manuscrits, la mdecine estassociela magie, presque toutesles recettes phar-maceutiques y sont accompagnes d'incantationsspciales qui devaient en assurer le succs; ajou-tons que les Egyptiens n'attachaient pas au motmagie le mme sens que nous (i).

    Les papyrus gyptiens parvenus jusqu' noussont fort nombreux, nous nous bornerons dsi-gner les plus clbres par les noms sous lesquelsils sont connus; ce sont, par ordre alphabtique:Abbott (Enqute judiciaire), Amhurst (id.), Anas*fasi (lettres, rapports, etc.), Cadet (Livre desmorts), Casati(manuscritgrec), G. Ebers (papyrusmdical), Harris (papyrus magique), Lee (acted'accusation), Lepsius (Livre des morts), Papyrusdu Muse de Berlin publi et traduit par Brugschet par S. de Horack, dont nous parlons plusloin propos des lamentations d'Isis et deNephtys. Leemans Orbines (Roman), Prisse d'A-vesne (Trait de inorale), Rhind, Sellier (troisou quatre portent ce nom) judiciaire de Turin,enfin les nombreux papyrus du Louvre cataloguspar Th. Dveria, etc.

    (1) Cf. ce sujet, Maspero, Histoire ancienne des peuplesde t Orient, page 81 et suiv.

  • CHAPITRE VI

    LES LIVRES D'HERMS

    ERMStrismgiste, c'est--dire trois foisgrand, auteur suppos de nombreuxouvrages grecs, n'est autre que leThoth gyptien. Ds le temps de Pla-

    ton, Herms fut identifi ce personnage fabu-leux qui passait pour l'inventeur du langage, del'alphabet, de l'criture et de toutes les sciences.De tous les crivains de l'ancienne Egypte, leDieu Thoth a t le plus fcond, par la bonneraison que c'est sous ce nom collectif, qu'crivaitla caste sacerdotale, ce qui explique la varit etla valeur des nombreux ouvrages dits Herm-tiques, attribus Herms, lesquels ne sont par-venus jusqu' nous que par leur traductiongrecque et avec de nombreuses interpolations.Les livres de Thoth, au nombre de quarante-deux,renfermaient toutes les rgles, prceptes et docu-ments relatifs aux arts, aux sciences, la religionet au gouvernement de l'Egypte ; dans leur en-semble ces livres sacrs embrassaient toutes les

  • &m

    LES LIVRES D'HERHS 39

    connaissances humaines, et formaient pour ainsidire une vaste Encyclopdie gyptienne, dposi-taire de tout savoir. Les Livres de Thoth, con-servs dans les sanctuaires des temples, (i) n'-taient jamais ouverts pour le peuple, on les luimontrait seulement dans les fles solennelles,pendant les crmonies religieuses.

    Que contenaient les principaux livres de Thothou d'Herms ? Clment d'Alexandrie (a) nousl'apprend. Deux renfermaient des hymnes enl'honneur des Dieux, et les rgles de conduitepour les rois ; quatre taient relatifs l'Astro-logie, enfin dix livres nomms sacerdotaux, trai-taient de l'art sacr, de la religion, du culte, dusacerdoce.

    Les termes, dans lesquels Clment d'Alexandrieparle de ces livres, laissent supposer qu'il y avaitun grand nombre de Livres Hermtiques; nous lesavons du reste par divers auteurs, quelques-unsvont mme jusqu' prtendre qu'il en existaitjusqu' vingt mille et Jamblique jusqu' trente-sixmille; c'est--dire un nombre analogue celui desannes de la grande priode sacre de l'Egypte.Ce dernier chiffre n'a pas paru acceptable beau-coup d'auteurs, qui ont pens que ce chiffre de

    t) Jomard, Description de PEg/pte, I, c. v., p. 14.(a) Slromales, \, VI.

  • 40 ISIS DVOILE

    trente-six mille reprsentait le nombre de versou de distiques qui composaient les livres herm-

    tiques.Pour nous, ce chiffre n'a rien de surprenant,

    puisque nous connaissons la longue, trs longueantiquit de l'Egypte et puis l'activit et le savoirdes prtres gyptiens; surtout, si nous ajoutonsque les livres sur papyrus n'taient pas commeles ntres, des volumes de i,000 ou 1,200 pages,mais n'avaient l'ampleur que de simples bro-chures. Ds lors, il est bien admissible que laBibliothque sacre gyptienne put contenir33,000 volumes, peut-tre mme davantage l'poque de Jamblique (1).

    Etudions maintenant le surnom de Trismgisle,qui, nous l'avons dj dit, signifie trois fois grand ;il aurait t donn ce personnage d'Herms, soit cause de sa triple qualit de philosophe, deprtre et de roi, ou bien parce que Thoth symbo-lisait VIntelligence divine, la Pense incarne et leVerbe vivant. Aussi le Dieu Suprme, l'Inconnais-sable, ne nomme Thoth que : Ame de mon me,Intelligence sacre de mon intelligence, c'est--dire Celui qui connat tout.

    Et voil pourquoi il fallait beaucoup de livrespour contenir la profonde science de Thoth, et

    (i) De Mfsteriis /Egypi forum.

  • LES LIVRES DHERMS \l

    pourquoi chaque prtre se spcialisait dans unetude particulire, comme nous l'apprend Cl-ment d'Alexandrie en ces termes (i) :

    Les gyptiens suivent une philosophie parti-culire leur pays ; c'est dans les crmoniesreli-gieuses surtout qu'on peut le remarquer ; on yvoit d'abord marchant le premier, le Chanteurportant un symbole musical; il est oblig desavoir (par coeur) deux livres de Thoth, l'uncontenant les hymnes en l'honneur des Dieux,l'autre les rgles de la vie royale ; aprs ce chan-teur, vient l'Horoscope : il porte dans ses mainsune horloge (sablier) et une palme (feuille depalmier); il faut qu'il ait toujours l'esprit quatrelivres (de Thoth) qui traitent des astres, l'un desastres errants, l'autre de la conjonction de la luneet du soleil, les derniers de leur lever. Vientensuite, le prtre Hirogrammate, reconnaissanteaux plumes (d'autruche) qui ornent sa tte ; il adans ses mains un livre (rouleau de papyrus) etune palette avec l'encre et les calmes (roseaux)ncessaires pour crire. L'hirogrammate doitpossder les connaissances hiroglyphiques (inter-prtatives des livres anciens) lesquelles compren-nent la cosmographie, la gographie, les phasesdu soleil et de la lune, celles des cinq plantes, la

    (i) Sir orntes.

  • 49 ISIS DVOILE

    chorogrphie de l'Egypte, le cours du Nil et sesphnomnes, Ptat de possession des temples etdes lieux qui en dpendent. Le Stolisfe vientensuite portant la coude (ma) emblme de lajustice et le vase des purifications. Le stoliste saittout ce qui concerne l'art d'enseigner et l'art demarquer du sceau sacr les jeunes victimes. Dixlivres sacerdotaux sont relatifs au culte des Dieux(nous l'avons vu plus haut) et aux prceptes de lareligion ; c'est le Prophte, marchant aprs tousles prtres et portant le sceau, qui apprend ces dixlivres (sacerdotaux). Il y a en tout, quarante-deuxlivres principaux d'Herms (remarquez princi-paux) dont trente-six, o est expose toute laphilosophie des Egyptiens, sont appris par desprtres des classes qui viennent d'tre dsignes,les six autres livres sont tudis par les Pasto-phores, comme appartenant l'art de gurir, etces livres parlent, en effet, de la construction oucharpente du corps humain, de ses maladies, desinstruments et mdicaments, des yeux, enfin desmaladies des femmes.

    Par ce qui prcde, ort voit combien devaienttre intressants les livrs d'Herms, les livresvritables, devrions-nous dire, car l'poque ol'on a falsifi ces livres, c'est--dire au commen-cement du christianisme, il a paru des traduc-tions d'une authenticit des plus douteuses; aussi

  • LES LIVRES D'HERMES 43

    il est incontestable que le nom d'Herms tantentour d'une grande vnration, les falsifica-teurs furent certainement tents de soumettreses oeuvres des interpolations et des travestis-sements nombreux; on a mme t une certaine

    poque jusqu' contester l'authenticit de leurexistence ; et cependant nous lisons dans saint

    Augustin(i) : VritablementTrismgisteditbeau-coup de choses du vrai Dieu crateur de l'Univers

    qui sont conformes la vrit Cette courte citation d'un auteur peu suspect,

    prouve bien l'existence sinon d'Herms, dumoins des livres parus sous son nom.

    Le plus ancien peut-tre des livres d'Herms,que nous possdions, est le Logos tleios, dont

    l'original grec cit par Lactance (2) est perdu ;nous n'en possdons qu'une traduction latine quiporte ce titre : Asclepins ou Hermtis TrimegistiAsclephis, sive de natur deortim diafogus ; cettetraduction est attribue Apule de Madaure ;c'est un dialogu entre Herms et Asclpios, sondisciple, dialogue qui traite de Dieu, de l'Univers,de la nature, etc, En voici un fragment : Aucunede nos penses, dit Thoth son disciple, ne sau-rait concevoir Dieu, ni aucune langue le dfinir.

    (l) Cili*Dieu, ttv. VIII,ch. XXIII, p.a88,*>, Ed.Didot.(s) Dh. luit il., Vff, 18.

  • 44 ISIS DVOILE

    Ce qui est incorporel, invisible, sans forme, nepeut tre saisi par nos sens ; ce qui est ternel ne

    peut pas tre mesur par la courte rgle du temps:Dieu est donc ineffable. Il est la vrit absolue,le pouvoir absolu ; et l'immuable absolu ne peuttre compris sur la terre.

    Dieu peut, il est vrai, communiquer quel-ques lus la facult de s'lever au-dessus deschoses naturelles, pour percevoir quelques rayon-nements de sa perfection suprme ; mais ces lusne trouvent point de paroles pour traduire enlangue vulgaire l'immatrielle vision qui les afait tressaillir. Us peuvent expliquer devant l'hu-manit les causes secondaires des crations quipassent sous nos yeux comme des images de laVie Universelle; mais la Cause Premire demeurevoile et nous ne parviendrons la comprendrequ'en traversant la mort.

    Cette mort est, pour beaucoup d'hommes, unpouvantable fantme; et cependant, ce n'est pasautre chose que notre dlivrance des liens de lamatire. Le corps n'est qu'un vtement d'inf-riorit qui nous empche de monter dans lesmondes du progrs ; c'est une chrysalide quis'ouvre quand nous sommes mrs une vie pluslarge et plus haute. Voyez la fleur qui charme nosyeux en nous enivrant de ses parfums : elle estne d'une graine tombe dans la terre. De mme

  • LES UVRES D'HERMS 4)

    notre corps quand il retourne cette terre, d'oil a t tir, l'esprit qu'il retenait captif s'exhalecomme un parfum vers lescieux, car l'esprit taitcontenu dans le corps, comme le parfum dans legerme de la fleur.

    La mort est, pour certains hommes, un malqui les frappe d'une terreur profonde, c'est bienl le rsultat de l'ignorance, de YAgnoscence. Lamort arrive par la dbilit et la dissolution desmembres du corps; le corps meurt parce qu'ilne peut plus porter l'tre : ce qu'on appelle mort,c'est seulement la destruction des organes corpo-rels (l'esprit et l'me ne meurent point)...

    Voici comment Herms dfinit la vrit et enparle : La vrit, c'est ce qui est ternel et im-muable, la vrit est le premier des biens, la vritn'est pas et ne peut tre sur la terre ; il se peutque Dieu ait donn quelques hommes, avec lafacult de penser aux choses divines, celle depenser aussi la vrit; mais rien n'est la vritsur la terre, parce que toute chose est une matirerevtue d'une forme corporelle, sujette au chan-gement, l'altration, la corruption, la trans-formation. L'homme n'est pas la vrit, parcequ'il n'y a de vrai que ce qui a tir son essence desoi-mme, et qui reste ce qu'il est. Ce qui changeau point de n'tre pas reconnu, comment celapourrait-il tre la vrit ?

  • 46 ISIS DVOILE

    La vrit est donc ce qui est immatriel, quin'est point enferm dans une enveloppe mat-rielle, qui est sans couleur, et sans forme, exemptde changement et d'altration, en un mot, ce quiest ternel. Toute chose qui prit est mensonge etfausset ; la terre n'est que corruption et gnra-tion, et toute gnration procde d'une corruption;les choses matrielles ne sont que des apparenceset des imitations de la vrit, ce que la reproduc-tion est la ralit; aussi les choses de la terre nesont pas la vrit. - La mthode d'enseignement dite Socratique,c'est--dire par dialogues, vient de l'Egypte. Nousvenons de voir ce qu'Herms dit Asclpios,nous allons donner un autre morceau des livreshermtiques ; c'est un dialogue qui renfermeencore des traces videntes des doctrines cos-mologiques et psychologiques gyptiennes. Cetouvrage grec, souvent publi, mais trop peuconnu, passe pour avoir t traduit de l'gyptien.

    Le dialogue en question a lieu entre Poimander,l'Intelligence Suprme et Thoth, le Seigneur desdivines paroles, le Seigneur des crits sacrs,c'est- dire le svi juge digne, parmi les hommes,de recevoir les conseils de la divinit; en un mot,Thoth reprsente l'intelligence humaine. Le dia-logue a donc lieu entre l'Intelligence divine etl'intelligence humaine ; la premire rvlant la

  • LES LIVRES D'HERMS 47

    seconde l'origine de son Ame, sa destine, samission, sa rcompense.

    Voici quelques courts extraits de ce livre int-ressant tant de titres.

    Herms nous dit que, rflchissant un jour surla nature des choses, il s'efforait d'lever sonentendement vers les hauteurs de l'espace et queses sens matriels compltement assoupis, commeil arrive dans un profond sommeil, il lui semblavoir un tre d'une stature trs leve, qui l'inter-pella en ces termes :

    Tu souffres, fils de la terre, et je viens te'

    fortifier, car tu aimes la justice et tu cherches lavrit. Je suis Poimander, la Pense du tout-puissant; forme un voeu et tu seras exauc.

    Seigneur, dit Herms, donnez-moi un rayonde science divine.

    Tu as bien choisi, rpond Poimander, queton voeu soit exauc.

    Tout coup, Herms est ravi, il est dans unesorte d'extase, dans un merveillement; envi-ronn ou plutt enserr au milieu de formes etde magnificences d'une richesse inoue et toutcela clair d'une clatante lumire. Puis,celle-ci plit insensiblement, tandis qu'Hermsest tout entier absorb par le charme du spec-tacle qui s'offre sa vue. Toutes les images dubrillant Kalidoscope, qui viennent de dfiler

  • 48 ISIS DVOILE

    devant ses yeux, tout cela s'efface insensiblementpar degrs et finit par disparatre dans une nuitcahotique; Herms est rempli d'effroi. De cettenuit s'chappe un bruit discordant, rappelant lesplus violents clats de la foudre et, du milieu docette tempte, une voix sonore, tonitruante,dominant tout le fracas du milieu duquel elleparait sortir, parle Herms qui, traduisant l'im-pression qu'il a ressentie, nous dit : Il me semblaque cette grande voix tait celle de la Lumiredisparue et le Verbe en sortit. Ce Verbe taitcomme port sur l'eau dont je sentais la fracheuret il en jaillit un feu pur et lger qui se dispersadans l'air. Cet air (feu) subtil, semblable l'Esprit,flotte entre l'eau et le feu; et dans les ondes decet air ambiant, notre monde se balanait enquilibre comme une masse de substance encoreinforme qui attend l'oeuvre cratrice. Et leVerbe qui planait au-dessus de ces eaux clestesagita ce monde (i) et, mesure qu'il s'agitait, lalumire se refaisait et les innombrables manifesta-tions de la forme apparaissaient de nouveau l'uneaprs l'autre; et Herms nous dit : < Il me semblaque je voyais toutes ces choses dans le miroir dema pense ; et alors la voix divine de Poimander

    (i) On sait depuis fort longtemps que certains magntiseursont le pouvoir de faire bouillonner l'eau place dans un bassinen imposant les mains au-dessus d'elle.

  • LES LIVRES D'HERHS 49

    se fit encore entendre avec une grande douceur,et me dit :

    As-tu biencomprisce que signifie ce spectacle? Je le connatrai, dis-je. La Pense est Dieu le pre; la Parole est son

    fils; ils sont indissolublement unis dans l'ternit,et leur union c'est la Vie.

    Mdite d'abord sur la Lumire, et arrive la connatre.

    Quand ces choses furent dites, Herms prialongtemps Poimander, afin qu'il tournt sa facevers lui. Ds qu'il l'eut fait, Herms aperut danssa pense une lumire environne de puissancesinnombrables, brillant sanslimites, le feu contenudans un espace par une force invincible se main-tenait au-dessus de sa propre base. Hermsvit toutes ces choses par l'effet du Verbe de Poi-mander qui, le trouvant plong dans la stupeur,lui parla ainsi :

    La Pense et l Parole crent les Actes de laToute-Puissance.

    De cette Toute-Puissance manent sept espritsqui agissent dans sept cercles; et dans ces cerclessont contenus tous les tres dont se composel'Univers; et l'action des sept esprits dans lescercles se nomme le Destin, et ces cercles eux-mmes sont enferms dans la Pense divine quiles pntre ternellement.

  • 50 ISIS DVOILE

    Dieu a commis aux sept esprits, l'empire deslments et la cration de leurs composs; maisil procr l'homme son image et s'tant com-plu dans cette image, il lui a concd le pouvoird'agir sur la Nature terrestre.

    Or, l'homme ayant vu dans son Pre le cra-teur de toutes choses, conut une fois l'ambitionde s'galer sa Toute-Puissance et voulut pntrerdans les cercles, dont l'empire ne lui tait pasaccord. En troublant ainsi l'harmonie divine, il serendit coupable et son chtiment fut de devenirl'esclave de son corps. Immortel parsou me quiest l'image de Dieu, il s'est fait mortel par l'amourdes choses changeantes et prissables.

    Toutefois la libert lui a t laisse, afin qu'ilpt, par uncourageuxeffort, se relvera sa hauteuroriginelle, en s'affranchissant de la servitude ducorps et reconqurir son immortalit.

    < Dieu veut donc que tout homme apprenne se connatre lui-mme et distinguer son tresuprieur invisible, de la forme visible qui n'estque l'corce. Lorsqu'il s'est reconnu dans la dua-lit de sa cration, il ne se laisse plus sduire parl'attrait des formes changeantes; sa pense n'aplus de regards que pour chercher et poursuivre, travers l'infini, la beaut absolue dont la contem-plation est le souverain bien promis l'intelligencerhabilite.

  • LES LIVRES D'HERHS )t

    L'homme qui triomphe des tentations sen-suelles agrandit ses facults mentales; Dieu luimesure la lumire en proportion do ses mrites,et l'admet progressivement pntrer, ds cettevie, les plus profonds mystres de la nature.

    < Celui au contraire qui succombe aux sduc-tions de la chair tombe peu peu, sous l'empiredes lois fatales qui rgissent les lments, et, endevenant leur proie, il se voue l'ignorance per-ptuelle qui est la mort de l'esprit.

    Bienheureux le fils de la Terre qui a conserv

    pure l'image de Dieu, et qui ne l'a point assombriesous le voile d'infmes concupiscences. Lorsquevient pour lui l'heure de quitter ce bas monde,son corps est rendu au domaine de la matire ;mais l'esprit, dgag de cette corce use par le

    temps, s'lve dans les sept cercles concentriquesqui enveloppent le systme terrestre (i).

    Dans le cercle de la Lune, il se reconnatimmortel; dans celui de Mercure, il se sent im-

    passible; dans celui de Vnus, il se revt d'inno-cence; dans celui du Soleil, il reoit la force desupporter sans dfaillir l'clat des divines splen-deurs; dans celui de fupiter, il prend possessiondes trsors de l'intelligence divinise et dans celui

    (i) Ces cercles taient connus des Celtes; Cf. Blisama-o\x l'Occultisme celtique dans les Gaules.

  • $S ISIS DVOILE

    do Saturne, il voit la vrit de toutes choses dansson immuable beaut.

    Au del de ces cercles, rgne l'infini desmondes, concourant son plerinage decieux encieux vers le Dieu Suprme dont il approcherasans cesse, ternelle asymptote, sans l'atteindrejamais (a).

    Aprs avoir ainsi parl, Poimander (la Pensedu Tout-Puissant) s'arrta et la vision divine seprolongea dans YAither, mais l'me d'Hermstait illumine et, ds lors, elle pouvait faire leplus grand bien au milieu des hommes en leurrvlant le mystre de la vocation des mes.

    Cette vision divine en avait fait un GrandIniti,

    Remarquons, en passant, que ce passage de Poi-mander confirme la croyance gyptienne en unDieu-Unique invisible, ineffable, tout-puissant,infini, et au-dessous de cette Divinit ou pluttde cette MAJESTSUPRMEse trouvent sept espritsmessagers de cette providence, agents de cettehaute Volont.

    Ces.sept esprits de la Thogonie gyptienne

    sont les sept Dvas de l'Inde antique, les septAmschaspands de la Perse, les sept grands anges

    (s) Hermou ton trismegistou Poimander si* MerturiiTrmegislii, liber de foteslate et sapientia Dei. YetcBTiis,itt-fol., 1841.

  • LES LIVRES D'HERMS ))

    de la Chalde, les sept Sephiroth de la Kabbalahhbraque, enfin les septarchanges de l'apocalypsede saint Jean, au pied du trne de l'Ancien desjours.

    Nous aurions bien voulu pousser plus loinencore notre tude sur les livres d'Herms, maisil faut savoir se borner; nous pensons du resteque l'expos trs sommaire que nous venons defaire suffira pour donner un aperu au lecteur desdogmes psychologiques gyptiens, dont nousaurons l'occasion do parler du reste plus longue-ment dans d'autres chapitres.

  • CHAPITRE Vit

    ART SACR. OCCULTISME

    VECle prsent chapitre nous abordonsun des sujets les plus obscurs de lascience gyptienne, sujet qui n'ajamais t trait avec comptence par

    aucun auteur d'une faon un peu dveloppe.Disons, en commenant, qu'indpendamment

    de la religion, du culte et des crmonies reli-gieuses que nous allons bientt tudier, il existaiten Egypte une science hermtique occulte qu'tort ou raison on a nomm ART SACR.

    L'origine de cet art se perd dans la nuit destemps, on ne pourraitdonc nommer son promoteur,son inventeur, mais ds l'poque historique, cetart eut pour premiers adeptes les prtres del'Egypte, les Initis de Thbes et de Memphis. C'estdans les dpendances du temple qu'ils avaientleurs laboratoires, car l'Art Sacr de l'Egypten'est que l'Alchimie du moyen ge, notre chimiemoderne. A cette poque lointaine la philosophie

  • ART SACR 5>

    et la science marchaient ensemble la main dans lamain, le laboratoire fournissait le fait, la sciencedu prtre crait la thorie. L'initi l'art sacravait des pouvoirs trs tendus sur les forcesde la nature, c'tait une sorte de Dmiurge ouDieu crateur.

    Dans l'Antiquit, de mme qu'au Moyen ge,toutes les connaissances humaines taient englo-bes sous le terme gnrique de Philosophiet d'oles alchimistes, astrologues, hermtistes, occul-tistes sont dsigns sous le nom de philosophes.Ils l'taient en ralit, puisque nous voyons, parexemple, l'Initi gyptien reconnatre dans toutesles oprations qu'il pratiquait, la transmutationdes corps. Ainsi, l'eau chauffe dans un vase ou-vert quelconque se transformait, pour l'artistesacr, en air (vapeur) et en terre blanchtre (finde l'opration), en une matire pulvrulente ; doncl'eau se changeait en air et en terre.

    L'Initi brlait-il Pair libre (calcination) duplomb ou tout autre mtal (or et argent excepts),ce mtal perdait ses qualits premires, il setransformait en cendres ou en une espce desubstance terreuse pulvrulente, dsigne aumoyen ge sous le nom de mtal mort, et, sil'Initi chauffait nouveau ce mtal soi-disantmort dans un creuset avec des grains de froment,de la farine, des graines de la plante dite Belle de

    4

  • 56 ISIS DVOILE

    nuit (i), ou d'une semence quelconque, il voyaitbientt le mtal renatre de ses cendres et repren-dre sa forme et ses proprits premires. Devantce rsultat, l'Initi devait conclure certainementque le mtal, cens dtruit par le feu, tait renduvivant (redivivus), revivifi par le bl et l'actionde la chaleur, d'o l'image du phnix renaissantde ses cendres (2).

    Voil pourquoi, dans le symbolisme gyptien,les grains de froment reprsentaient la vie et parextension la vie de l'au-del, la rsurrection, lavie ternelle, parce que ces grains avaient revivifile mtal mort.

    Tout ce qui prcde, pourra-t-on nous objecter,est une simple hypothse. Le bl symbolisait lavie, parce qu'il nourrit l'homme; la rsurrection,parce que la plante morte ressuscite par sa graine.Nous pourrions rpondre que, toutes les graines

    (1) Le mirabilisgalapa de Linn, le N/ctago horlensis, deJussieu a une graine noire de la grosseur d'un petit pois deClamart, elle renferme une fine farine trs blanche.

    (s) Le Phnix tait, chex les Egyptiens, le Bennou, c'est--dire l'oiseau consacr i Osirs et l'emblme de la rsurrection.Le bennou tait notre vanneau moderne, ce morceau si fin etsi recherch des gourmets, qui a donn lieu ce dicton popu-laire :

    Qui n'a pas mang de vanneauN'a pas mang de bon morceau.

    L'antiquit Grco-Egyptienne a transform le bennou enphnix, qui renaissait, dit-on, de ses cendres, comme tous noslecteurs le savent.

  • ART SACR 57

    nutritives tant dans le mme cas, il peut paratreau moins singulier que les gyptiens soient allschercher prcisment celle qui vivifie le mieux,le plus srement le mtal mort; mais nous n'in-sisterons pas sur ce point. Nous avons en effet soumettre au lecteur des preuves autrementsrieuses des connaissances chimiques des anciensgyptiens. En effet, dans des questions aussigraves, on ne saurait fournir que des preuvesincontestables, nous les fournirons bientt.

    Aujourd'hui, nous savons ou croyons savoir, dumoins, beaucoup de chimie, mais qui nous ditque les gyptiens n'en savaient pas plus que nous?Quel serait le chimiste moderne assez os pourprtendre que les gyptiens ne connaissaient pasles procds de la coupellation, eux dont les roisvivaient au milieu de la profusion de l'or et del'argent, comme nous le savons. S'ils connaissaientla coupellation, ils savaient, comme nous, que sil'on calcine dans des coupelles (faites en os pulv-ris) du plomb argentifre, par exemple, le plombse rduit en cendres et disparat dans la substancemme del coupelle, et, la fin de l'opration, ilreste un petit rsidu, un petit macaron ou lingotd'argent pur, de {'argent coupelle.

    Or, une simple opration, telle que nous venonsde la dcrire, .faite dans le laboratoire d'untemple, cette opration devait, aux yeux de l'Ini-

  • 58 ISIS DVOILE

    ti, passer pour une transmutation vritable.Du reste, dans les rsultats de leur distillation

    et de tous leurs travaux du laboratoire, les gyp-tiens ne voyaient que la ralisation de cettethorie, savoir que la terre, Veau, l'air et le feuformaient les quatre lments du monde, toussusceptibles de transformations. Le rsidu de ladistillation, rsidu solide (charbon), reprsentaitla terre, les liquides, l'eau et les esprits (gaz),l'air.

    Quant au feu, ils le considraient soit commeaction ou moteur de l'opration, soit commepurificateur, soit enfin comme l'me ou lien invi-sible de tous les corps en gnral.

    L'Art sacr tait entour d'un grand respect ;ce qui contribuait augmenter, exagrer mmece profond respect, c'est que les prtres d'Isis etles initis, en gnral, entouraient de mystres lesexpriences; de plus, le langage symbolique enusage pour les travaux rendait obscures, pour leprofane, les oprations l'aide desquelles on lesaccomplissait. Aussi ces travaux n'taient-ilscompris que des seuls initis, et il tait dfendu,sous peine de mort, de rvler ces mystres auxprofanes.

    Nous sommes intimement convaincu que lesPharaons et les Grands-Prtres gyptiens connais-saient la pierre philosophale, cela seul peut

  • ART SACR 59

    expliquer l'norme profusion d'or que possdaientces souverains orientaux.

    A l'appui de notre conviction, conviction intime,profonde, nous mentionnerons les crits d'unhomme, le P. Kircher, qui a toujours combattul'opinion accrdite que les hermtistes du moyeng possdaient la pierre philosophale. En ce quiconcerne la question, ce mme auteur prtend (i)qu':,4 faisaient de l'or sans le secours de cettepierre, mais par une quintessence cache dans tousles mixtes, imprgne de l'Esprit Universel.

    Comme ce passage a une grande importance,nous allons le consigner ici. Les gyptiensn'avaient pas en vue la pratique de cette pierre(philosophale) ; et s'ils touchaient quelque chosede la pratique des mtaux et qu'ils dvoilaient lestrsors les plus secrets des minraux, ils n'enten-daient pas pour cela ce que les alchimistesanciens et modernes entendent; mais ils indi-quaient une certaine substance du monde inf-rieur analogue au soleil; doue' d'excellentesvertus et de proprits si surprenantes, qu'ellessont fort au-dessus de l'intelligence humaine,c'est--dire une quintessence cache dans tousles mixtes, imprgne de la vertu de l'esprit uni-versel du monde, que celui qui, inspir de Dieu

    (i) OEdipus/Egfpt.\tome H,p. a, delchtm.c t.

  • 6o ISIS DVOILE

    et clair de ses divines lumires, trouverait le

    moyen d'extraire, deviendrait par son moyenexempt de toutes infirmits et mnerait une viepleine de douceur et de satisfaction. Ce n'taitdonc pas de pierre philosophale qu'ils parlaient,mais de l'lixir dont je viens de parler. >

    Le P. Kircher joue ici sur les mots; en effet,comment peut-il savoir si les Egyptiens faisaientde l'or avec un lixir ou avec une pierre ? Pournous, il suffit qu'il constate le fait. Or, le P. Kir-cher le constate formellement dans le mme pas-sage de son OEdipe, quand il dit : Il est constantque ces premiers hommes (les Egyptiens) poss-daient l'art de faire de.l'or, soit en le tirant detoute sorte de matires,.soit en transmuant lesmtaux, que celui qui en douterait ou qui vou-drait le nier se montrerait parfaitement ignoranten histoire. (C'est nous qui avons soulign ceslignes.).... Les prtres, les Rois, les chefs defamille en taient seuls instruits. Cet art fut tou-jours conserv dans un grand secret, et ceux quien taient possesseurs gardrent toujours un pro-fond silence cet gard, de peur que les labora-toires et les sanctuaires les plus cachs de laNature tant dcouverts au peuple ignorant, il netournt cette connaissance au dtriment et laruine de la Rpublique. L'ingnieux et prudentHerms, prvoyant ce danger qui menaait l'tat,

  • ART SACR 6l

    eut donc raison de cacher cet art de faire de l'orsous les mmes voiles et les mmes obscuritshiroglyphiques, dont il se servait pour cacherau peuple profane la partie de la philosophie quiconcernait Dieu, les Anges et l'Univers.

    Ainsi, que ce soit au moyen d'une pierre ou aumoyen d'un lixir, le P. Kircher reconnat par-faitement que les Egyptiens pouvaient faire del'or.

    Mais un auteur, Haled, dans ses Commentairessur Herms, est encore plus explicite; il nous diten effet : qu'il y a une essence radicale primor-diale, inaltrable dans tous les mixtes, qu'elle setrouve dans toutes les choses et en tous lieux;heureux celui qui peut comprendre et dcouvrircette secrte essence et la travailler comme il faut tHerms dit aussi que l'eau est le secret de cettechose, et l'eau reoit sa nourriture des hommes.Marcuna ne fait pas difficult d'assurer que toutce qui est dans le monde se vend plus cher quecette eau; car tout le monde la possde; tout lemonde en a besoin. Abuamil dit, en parlant decette eau, qu'on la trouve en tout lieu, dans les.plaines, les valles, sur les montagnes, chez leriche et le pauvre, chez le fort et le faible. Telleest la parabole d'Herms et des Sages touchantleur pierre ; c'est une eau, un esprit humide, dontHerms a envelopp les connaissances sous des

  • 6a ISIS DVOILE

    figures symboliques les plus obscures et les plusdifficiles expliquer. - Cette matire, cette essence provenant d'unfeu cach et d'un esprit humide, il ne faut pass'tonner que Herms nous l'ait reprsente hiro-glyphiquement sous le symbole d'Osiris, qui veutd\re feu cach, car il est roi de la rgion infrieure(regio inferna) et d'isis qui, considre commeidentification de la Lune, signifie Nature humide.

    Nous conclurons donc en disant que l'Art sacrgyptien est devenu, au moyen ge, l'alchimie et,de nos jours, la chimie. Ce qui dmontre une foisde plus que la science, toujours une, toujours lamme, revt des formes diverses pour chacunedes priodes qu'elle traverse. Cette filiation mon-tre aussi combien notre chimie moderne doit l'alchimie, et par suite l'Art sacr gyptien.Cependant une certaine coterie n'a pas assez desarcasme pour ce moyen ge, auquel nous devonstant.

    En effet, en feuilletant l'histoire, nous voyons,livre en main, que du ix au xvi* sicle, si lesartistes et les savants n'taient pas aussi nom-breux qu' notre poque, ils furent, la plupart, deshommes trs illustres; ce sont eux qui ont crnotre architecture nationale, peupl nos muses,malgr tout ce qui a pri, d'un trs grand nombred'oeuvres d'art; ensuite, nous somms bien obligs

  • ART SACR'

    6)

    de reconnatre que les alchimistes ont t lescrateurs, les pres de notre chimie moderne (i).Ces pauvres alchimistes ne clamaient pas leursdcouvertes par-dessus les toits, mais ils les consi-gnaient dans les livres et les enveloppaient de

    symboles et d'allgories que, seuls, pouvaient com-prendre les initis. S'ils cachaient avec tant desoin leur science, c'est qu'ils avaient de bonnesraisons pour agir ainsi, il pouvait leuren coter lavie ou tout au moins la libert.

    Ensuite, les alchimistes du moyen ge avaientune grande qualit : la patience. Jamais un insuc-cs ne les rebutait. Un philosophe hermtiste, entrain d'oprer, venait-il mourir au milieu del'opration du Grand-OEuvre? son fils la conti-nuait, car il n'tait pas rare de voir un pre lguer,par testament, son fils les secrets d'une exp-rience incomplte.

    Quant nous, au lieu de nous moquer de ces

    (i) A propos des chimistes gyptiens,.voici ce que nousdisons dans notre Dictionnaire Raisonn d'Architecture, tome11, verbo EGYPTIEN (art.).

    m Peinture. Si les gyptiens ne furent pas de grandspeintres, ils furent, jusqu' un certain point, coloristes; en touscas, leurs prparations colorantes pourraient les faire passer,pour d'excellents chimistes, car aprs quatre mille ans, lestons qu'ils ont employs se sont conservs, dans beaucoup delocaux ferms, aussi vifs et aussi brillants que le jour de leuremploi. C'tait aux prtres qu'tait rserve la charge depeintre... etc.

    4 vol. in-8 Jsus, dition. Paris, Firmin-Didot et G*.

  • 64 ISIS DVOILE

    alchimistes, nous les admirons, et loin d'tre sur-pris du peu de valeur des travaux alchimiques dumoyen ge, nous sommes plutt tonn du peude progrs accomplis par notre chimie moderne.Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que si,aujourd'hui, une dcouverte rapporte son auteurhonneur, gloire et profits, c'tait tout le contraireau moyen ge. Puis, nos chimistes ont eu leurdisposition des matriaux, ceux que leur ontlgus les alchimistes; ceux-ci n'avaient rien, illeur a fallu crer de toutes pices l'Art sacr desEgyptiens; ils ont eu le grand mrite de renouerla chane interrompue entre l'antiquit et lestemps modernes.

    Honneur donc aux alchimistes, les dignes dis-ciples de l'Art sacr Egyptien I

    Que de dcouvertes par eux faites, qu'ils ontt obligs d'entourer de mystres si pais, quela plupart ont t perdues, pas peut-tre pour tousles savants I L'illustre et regrett Chevreu!, notregrand chimiste contemporain,, l'auteur

  • ART SACR 65

    melicoe philosophioe, nous en donne la dfinitionsuivante : Cette science, dit-il, a pour objet laconnaissance complte de la nature et de l'art ence qui concerne les mtaux. Sa pratique consistedans la recherche des principes mtalliques parl'analyse et dans leur synthse, aprs les avoirrendus beaucoup plus parfaits qu'ils ne l'taientauparavant, afin d'avoir ainsi une mdecine uni-verselle qui pt rendre parfaits les mtaux impar-faits et gurir toute espce de corps malade.

    Et un minent magistrat, un des esprits distin-gus de notre poque, M. J. Maxwell, un hardisavant, ajoute (1), d'aprs d'Espagnet mme :* C'est plus qu'une science, car le travail et l'in-telligence ne suffisent pas pour l'acqurir ; il nefaut en commencer la redoutable tude qu'aprsavoir purifi son coeur de tout sentiment mau-vais, de tout dsir impudique, de tout calculgoste ; une vie retire, l'exercice de la prire, lapratique de bonnes oeuvres, sont les conditionsncessaires du succs qui dpend de Dieu, car,s'il ne nous guide pas lui-mme vers la connais-sance de l'oeuvre, nous n'en pntrerons jamaisle secret. Un maitre expriment, un compagnon

    (1) UN MAGISTRAT HERMBTISTE, JEAN D'ESPAGNET, Prsi-dent au Parlement Je Bordeaux, Dis;ours prononc l'au-dience solennelle de rentre du 16 octobre 1896 (Cour d'appelde Bordeaux); une broctrire iu-8 jsus de 3 pages; Bor-deaux, G. GOUKOUILIIOU, Imprimeur de la Cour d'appel, 1896.

  • 66 ISIS DVOILS

    sr, des livres bien choisis, faciliteront le travailde l'tudiant, mais il devra se mfier de ce qui estfacile comprendre. C'est dans l'obscurit qu'estcache la vrit ; jamais les auteurs n'ont critd'une faon plus trompeuse que lorsqu'ils se sontexprims clairement.

    Telles taient la conduite et les nobles ides deces alchimistes si dcris et trop souvent brlscomme sorciers.

    Revenant l'Art sacr des Egyptiens, no.usdirons, en manire de conclusion, qu'il est aujour-d'hui parfaitement dmontr que les prtres del'Egypte connaissaient l'alchimie et la transmu-tation des mtaux, ou tout au moins le moyen defaire de l'or. L'histoire nous apprend que Dioct-tien, comme tous les empereurs romains, du reste,abusant de sa victoire en Egypte, y fit rechercheret brler tous les anciens livres de chimie quitraitaient de la fabrication de l'or, afin d'appau-vrir les rois gyptiens, qui ne soutenaient la luttecontre Rome qu' cause du secret qu'ils possdaientde faire de l'or.

  • DEUXIME PARTIERELIGION MYTHES SYMBOLES

    PRTRES PRTRESSESJUGES CRMONIES ET FTES

  • CHAPITRE VIII

    RELIGION, DIEU UNIQUE

    E toutes les religions, l'une des pluscommentes, des plus discutes etcependant des moins connues, c'estla religion de l'Antique Egypte.

    Aujourd'hui mme, o les moeurs et la civili-sation de ce grand pays sont pourtant si tudies,il n'existe pas en France un travail, nous ne dironspas complet, mais de quelque tendue sur lareligion, les mythes et les symboles gyptiens,en ce qui concerne bien entendu l'interpr-tation de leur sotrisme.

    On a cru trop longtemps, et bien tort, quecette religion n'tait qu'une runion, un ramassisde cultes locaux; c'est l une grave erreur danslaquelle sont tombs beaucoup d'archologuesminents, des hommes mme de la valeur dede M. le vicomte de Roug.

  • 70 ISIS DVOILE

    11 faut bien plutt admettra que cette multi-tude de divinits adores en Egypte ne reprsenteque des types divers d'un seul et mme Dieu; nous le verrons bientt dsign, suivant leslocalits, sous des noms divers.

    Ce qu'on a dbit de fables, de sottises, deniaiseries au sujet du culte gyptien est incalcu-lable. Ht, fait digne de remarque, le fondateurde la religion gyptienne, en profond Voyantqu'il tait, avait parfaitement prvu la chose.

    Nous lisons, en effet, dans un des livres deThoth (Herms-Trismgiste) : O Egypte ! Egypte IUn temps sera o, au lieu d'une religion pure etd'un culte pur, tu n'auras plus que des fablesridicules, incroyables la postrit et qu'il ne terestera plus que des mots gravs sur la pierre,seuls monuments pouvant attester tous tarelle pit.

    Ces paroles sont non seulement prophtiques,mais elles rsument encore fort bien ce que le grospublic, la foule pense de nos jours de la religiongyptienne, la plus belle, la plus pure, la plusavance des religions ou plutt des philosophies,celle laquelle seront obliges de se rallier unjour les civilisations avances. 11 n'est lionc pas tonnant que l'criture

    Sainte ait vant la Sagesse des anciens BgyP'tiens.

  • RELIOIOX 71

    'lais Herms, ne l'oublions pas, notls djta,tissi :

    Il ne te restera plus que des mots gravs stlrla pierre, seuls monuments pouvant attester larelle pit.

    C'est l'aide de ces mots gravs sur la pierreet grce aussi aux manuscrits, que nous diionsessayer de restituer, en partie, cette belle reli-gion.

    Le travail que nous allons soumettre au lecteurest neuf et plein d'aperus nouveaux, comme onva voir; il pourra surprendre le lecteur cause deleur'originalit mme, mais nous affirmons entoute conscience, qu'ils sont trs exacts.

    On a dit et rpt satit que la religion Egyp-tienne tait panthistique. C'est l une grosse,trs grosse erreur, malheureusement trop accr-dite; voil pourquoi il importe de la rfuteravant tout.

    Il existe un Panthon Egyptien, c'est l un faitincontestable; mais ce Panthon ne contient desDieux que dans l'imagination de ceux qui nel'ont pas compris, ou de ceux qui ont vouludtruire la religion Egyptienne, et la ruiner parle ridicule.

    Les mythes et les symboles que nous allonsbientt analyser, tous les habitants de ce qu'onnomme tort Panthon ne sont que des rles

  • 7 ISIS DVOILE

    (personoe divinoe) de I'UN UNIQUE, qui est sanssecond (i), seul Dieu ador en Egypte.

    Dans une remarquable tude sur l'Hymned'Ammon-Ra des papyrus du Muse de Boulaq,M. Eugne Grbaut (a) a parfaitement dmontrque l'ensemble des dieux forme la collectiondes personnes [personoe rles, ne l'oublions pas),dans laquelle rside le Dieu UN QUIESTSANSSECOND.* Ces mots sont la traduction littrale du textemme de l'hymne.

    Dans cette tude sur Ammon, M. Grbaut nousdonne la vritable conception gyptienne de laDivinit :

    L'Egypte monothiste a considr les dieuxdans son panthon comme les noms qu'un treunique recevait dans ses divers rles, en conser-vant dans chacun, avec son identit, la plnitudede ses attributs. Dans son rle d'Eternel, antrieur tous les tres sortis de lui, puis dans son rlede Providence qui, chaque jour, conserve sonoeuvre, c'est toujours le mme tre runissant dans

    (i) C'est Xhymne Ammon-Ra, qui emploie cette expression :qui est sans second. P. 7, lignes si et . Voir ci-dessous lanote bibliographique sur ce bel hymne.

    (s) Hymne Ammon-Ra, par Eug. Grbaut, Paris, 1873,in-8 br., . dition. Hymne Ammon-Ra des papyrusgypttensduMusede Boulaq traduit et comment. Paris, 187$', in-8br.,la premire citation est de la premire dition, les suivantesde la deuxime, sauf Indications contraires.

  • RELIGION 1)

    son essence les attributs divins. Cet tre qui, ensoi, un et immuable, mais aussi mystrieux etinaccessible aux intelligences, n'a ni formesni nom, se rvle par ses actes, se manifestedans ses rles, dont chacun donne naissance une forme divine qui reoit un nom et est ////Dieu.

    Et le mme auteur ajoute plus loin avec raison,aprs nous avoir dit que les diverses formulesgyptiennes nous prsentent lesdieux, soiteommeengendrs par le Dieu Unique, soit comme tantses propres membres,