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BULLETIN 4E EDITION DU 15 AU 22 JUIN 2012 ATELIER DE JOURNALISME CULTUREL ANIMÉ PAR CLAIRE DIAO

Bulletin Festicab 2012

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Articles rédigés dans le cadre de l'atelier de journalisme culturel animé par Claire Diao.

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BULLETIN

4E EDITION DU 15 AU 22 JUIN 2012

ATELIER DE JOURNALISME CULTUREL ANIMÉ PAR CLAIRE DIAO

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ÉDITO

Au commencement, il y a eu cette idée un peu folle du cinéaste Léonce Ngabo, fondateur du Festicab, de réunir des journalistes culturels locaux pour les initier au cinéma et leur permettre de mieux couvrir le festival.

Par la suite, il y a eu l'accord de l'ensemble des grands médias burundais (presse écrite, télévision, radio) de détacher 15 journalistes durant quatre jours de formation durant lesquels nous nous sommes essayés à la critique cinématographique, à l'analyse de films et de photographies, aux différentes manières de couvrir un festival.

Au final, il y a ces articles rédigés par des journalistes motivés et curieux, pas toujours adeptes de l'écriture, qui ont accepté de jouer le jeu pour permettre d'initier une nouvelle manière de parler du cinéma au Burundi. Une première mise en page qui nécessiterait l'intervention d'un graphiste pour rendre aux journalistes la valeur de leurs écrits !

Puisse cette formation créer de nouvelles opportunités de parler de 7e art à la télévision, sur les ondes radiophoniques ou sur de jeunes blogs cinéphiles. Komera !

Claire Diao

SOMMAIRE

DU CINÉMA À LA PLAGE PAR MACK ALIX (TÉLÉ SUD/ RADIO NDERAGAKURA)

J'AI RENCONTRÉ KADI JOLIE ET GUIDO CONVENTS PAR AGNÈS NDIRUBUSA (REMA FM)

LA COMPÉTITION DOCUMENTAIRE NATIONALE ÉVOLUE PAR GEORGES NYANDWI (HTV)

MATIÈRE GRISE PAR CHRISTIAN NSAVYE (RADIO ISANGANIRO)

L'AFRIQUE BIEN REPRÉSENTÉE DANS LA COMPÉTITION INTERNATIONALE PAR DACIA MUNEZERO (IWACU)

KINOBU, DEUX JOURS POUR UN FILM PAR BÉNI NKOMRWA (RADIO PUBLIQUE AFRICAINE)

IL Y A UN DÉBUT À TOUT PAR ELIANE NDEREYIMANA (RTNB)

CINÉMA ET COLONISATION : NÉCESSITÉ URGENTE DE RÉÉCRIRE L'HISTOIRE PAR RICHARD NININAHAZWE(ARC-EN-CIEL)

CONNAÎT-ON LE FESTICAB À CÔTÉ DE CHEZ MOI ? PAR NADINE MUHORAKEYE (RTNB)

LE DOCUMENTAIRE BURUNDAIS S'OUVRE À LA VISION AMÉRICAINE PAR CHRISTIAN SINZINKAYO (CCIB FM)

LES FILMS EN PANORAMA PAR CYNTHIA NASANGWE (BONESHA FM)

PORTRAIT D'UN RÉALISATEUR DE FILM PAR CHARLES GATOTO (RTNB)

GITEGA ET RUYIGI, VIVENT À MOITIÉ LA SEMAINE DU FESTICAB PAR ALAIN NOVA (RADIO CULTURE)

REMERCIEMENTS

L'ENSEMBLE DE L'ÉQUIPE DU FESTICAB, LA RADIO TÉLÉVISION NATIONALE DU BURUNDI (RTNB), LES RÉDACTIONS DES MÉDIAS ARC-EN-CIEL, BONESHA FM, CCIB FM, HTV, ISANGANIRO, IWACU, RADIO

CULTURE, RADIO SCOLAIRE NDERAGAKURA, RÉMA FM, RPA, TÉLÉ SUD

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DU CINÉMA À LA PLAGE

Par Mack Alix Musihitsi, journaliste à Télé Sud et à la Radio Scolaire Nderagakura

Sur la plage de l'Hôtel Club du LacSur la plage de l'Hôtel Club du Lac Tanganyika a lieu ce vendredi 15 Juin 2012, l'ouverture de la 4e édition du FESTICAB.

Professionnels du 7eme art, artistes, autorités politiques et administratives, représentants des corps diplomatiques au Burundi, professionnels des médias et cinéphiles en tenue de soirée se sont donné rendez-vous pour l’ouverture officielle du Festival International du Cinéma et de l'Audiovisuel du Burundi. Les organisateurs assurent une cérémonie haute en couleur caractérisée par l’originalité de cette 4eme édition : cocktail ventilé au bord de l'eau, Tambours du Burundi, écran géant en plein air...

Alfredo Frodjo, patron de l'Hôtel Club du Lac Tanganyika, a ce mot de bienvenue : « La culture comme le cinéma sont à soutenir car ce sont des piliers de la promotion de l'image d'un pays »

Léonce Ngabo, président du FESTICAB, souligne qu’il est heureux de voir un tel monde venu pour inaugurer la 4ème édition. Il reviendra plus tard remercier les différents sponsors et partenaires malgré les caprices techniques rencontrés lors de la diffusion des spots publicitaires des partenaires du FESTICAB.

Sous quelques applaudissements, c’est au tour d’Aminata Diallo Glez, marraine du FESTICAB 2012, de faire son apparition. « Amahoro » prononce-t-elle en lisant ses notes. Dans son allocution, Aminata Diallo Glez, connue surtout sous le nom de « Kadi Jolie » précise qu’elle reste ouverte à toute forme de collaboration avec les réalisateurs burundais.

Durant cette soirée inaugurale, les invités ont aussi droit à quelques extraits de films en compétition ainsi que la projection de Pourquoi moi, film en noir et blanc de Vénuste Maronko, La folie des Esprits, film d'animation de Pacifique Nzitonda ainsi qu'une partie du film Bizimana de Roger de Vloo, retraçant l'arrivée des Pères Blancs au Burundi. Avec ce film, l'historien spécialiste du cinéma colonial Guido Convents rappelle dans son discours que la présence du cinéma au Burundi ne date pas d'hier.

« Le bébé qui a maintenant 4 ans commence à marcher » lance Jean Jacques Nyenimigabo, appelé pour le mot de clôture. Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports n’a pas oublié de mentionner qu’en 2009, lorsque le président du FESTICAB lui avait soumis son projet, il n'y croyait qu'en rêve. Un rêve devenu réalité que son ministère soutiendra à jamais : « Nous n'avons pas beaucoup de moyens mais nous avons un grand cœur ».

Dessin : Béni Nkomerwa

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J'AI RENCONTRÉ KADI JOLIE ET GUIDO CONVENTS

Par Agnès Ndirubusa, journaliste à REMA FM

Mercredi 20 juin 2012Mercredi 20 juin 2012 aura été une journée passionnante. J’ai tendu mon micro à Kadi Jolie. Pardon, Aminata Diallo…non Kadi Jolie. Ne m’en tenez pas rigueur : elle-même prend des secondes pour comprendre que c’est à elle qu’on s’adresse lorsqu’on l’appelle Aminata. Par contre Kadi Jolie passe vite.

Guido Convents, lui, aurait fait un grand comédien s’il n’avait pas décidé de devenir historien ; anthropologue spécialiste et auteur de nombreuses références bibliographiques

scientifiques autour du cinéma. Tenez par exemple : je l’appelle pour confirmer notre rendez-vous à l’Institut Français du Burundi et il me dit : « Allez vous me reconnaître ou dois-je me déguiser en mammouth pour que vous sachiez que c’est moi ? »

Donc je rencontre Guido Convents et au cours de notre interview, il me dit qu’à un musée de Louvain , ville de Belgique , des films burundais sont projetés un jour par semaine. Surprise, je lui demande d’où lui vient cette flamme pour le cinéma burundais et là il me raconte une histoire …

Tout a commencé en 2007 au Rwanda. « Il n’existe pas de cinéma burundais et rwandais, vous n’écrirez pas plus de 10 pages » lui a raconté l'ambassadeur de France à Kigali lorsqu’il apprit qu’un projet de ce genre était démarré par notre auteur et son ami. Quelques années plus tard un livre de 600 pages sur l’histoire du cinéma burundais et rwandais vit le jour !

En remontant le temps, on apprend que Guido Convents est tombé dans la marmite du cinéma alors qu’il était encore enfant. « Ma grand-mère veuve ne parvenait à ne dormir qu’au cinéma se trouvant en face de sa maison. Ellem’y

conduisait et c’est ainsi que je m’imprégnais des films ».

Quels conseils peut-il donner aux jeunes burundais qui veulent s’essayer au cinéma ? La réponse : Faire des films , Faire des films. Il me raconte une anecdote. Un jour à Kinshasa, alors qu’il finissait un cours de cinéma qu’il dispensait, trois filles l’abordent disant qu’elles ont fait un film de 7 minutes sur un téléphone portable. L’une a produit un scénario, l’autre la musique et l’autre a filmé. Le film a été primé dans un festival du Canada et les filles sont allées suivre des cours de cinéma là-bas.

« Faire des films » a dit Guido Convents. Aminata Diallo Glez, belle actrice, productrice et réalisatrice, lui donne la réplique quelques heures plus tard. « Les jeunes cinéastes burundais doivent vivre leur passion ». Le succès de Kadi Jolie prouve qu’en vivant de sa passion, on peut aller loin…Elle est la Marraine du Festicab !

Elle a aussi joué dans la série Trois femmes un village qu'elle a également produit. Au-delà du rire, cette comédie lance un message fort à destination des femmes. Pour Aminata Diallo Glez, celles-ci doivent s’assumer et accomplir des choses par elles-même. Il n’y a pas de développement sans l’apport de la femme.

Parlant du cinéma burundais Mme Diallo Glez déplore le fait qu’il n’y ait pas une grande industrie cinématographique au Burundi. Elle a remarqué que le niveau de nos réalisateurs était plutôt très bon. Toutefois, il faut mettre en place des mécanismes pour aider ces réalisateurs. Les politiques doivent prendre conscience de ce que la culture peut apporter au pays. Les artistes sont un peu les ambassadeurs de leur pays.

Photos : Richard Nininahazwe

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LA COMPÉTTITION DOCUMENTAIRE NATIONALE ÉVOLUE

Par Georges Nyandwi, journaliste à HTV

Par rapport au FESTICAB précédentPar rapport au FESTICAB précédent, les documentaires nationaux ont grandement évolué. À cette 4e édition, 7 documentaires nationaux participaient :

• Droit à l’éducation, mythe ou réalité de Clarine NKURUNZIZA

• Nyaba Express de Joseph NDAYISENGA

• L’artiste burundais de Christian Elvis SINZINKAYO

• Étranger chez soi de Queen Belle Monique NYENITEKA et Eloge W.KANEZ• Suzanne d'Evrard NIYOMWUNGERE

• L’homme de la paix de Julien KIBAYA

• Femme et le sport de Théodore NTUNGA

Certains documentaires ont été réalisés par des journalistes qui travaillent dans différents médias, d’autres par des réalisateurs qui possèdent une expérience dans le domaine de l’audiovisuel ce qui fait que ces documentaires étaient admirablement réalisés.

Au vu du public qui est venu assister à la projection de ces documentaires dans les différents endroits du Festicab, on remarque que beaucoup des gens sont intéressés par ces projections. J'ai interviewé Dany et Blaise, deux jeunes garçons qui étaient venu regarder un documentaire à l'IFB. Ils m'ont dit s'intéresser aux documentaires juste parce qu'ils ont l'envie de réaliser leurs propres documentaires. Seule Madame Béa m’a répondu qu’elle vient juste pour s’amuser.

En bref, le Festicab est en train de développer un esprit de créativité auprès des jeunes passionnés dans la réalisation de documentaires. En se basant sur la précédente édition, on remarque vraiment qu’il y a une grande évolution en matière de réalisateurs comme de public.

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MATIÈRE GRISE

Par Christian Nsavye, journaliste à Radio Isanganiro

Matière griseMatière grise est le premier long-métrage rwandais du réalisateur Kivu Ruhorahoza.

Ce film parle d'un frère traumatisé, devenu fou au lendemain du génocide du Rwanda de 1994 et d'une sœur obligée de se prostituer pour arriver à couvrir les soins dont a besoin son frère. Arrivera t-elle à le sauver ?

Matière grise a été mon coup de cœur du FESTICAB car il englobe 5 critères qui me touchent et m'intéressent dans un film :

µ L'histoire est basée sur une certaine réalité vécue par une partie de la population rwandaise.

µ Le début du film montre les problèmes que rencontrent les jeunes réalisateurs qui n'ont pas de moyens de production et qui se voient imposer d'autres sujets de films par ceux qui les financent.

µ La fiction relate le vécu au jour le jour (stress et dépression de la sœur et du frère).

µ Le film est une tragédie doublée d'un drame.

µ La fin du film incite à réfléchir et suscite beaucoup de questionnements rajoutant ainsi quelque chose à sa valeur.

Photo:DR

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L'AFRIQUE BIEN REPRÉSENTÉE DANS LA COMPÉTITION

INTERNATIONALE

Par Dacia Munezero, journaliste à IWACU

Comme chaque annéeComme chaque année, les films de la catégorie internationale ont été classés en 3 groupes : longs-métrages, courts-métrages et documentaires. En tout et pour tout, 38 films ont été sélectionnés en compétition.

Dans le premier groupe des longs-métrages, 10 films ont été retenus. Sur ces dix, 6 sont de réalisateurs africains. Citons ici par exemple : Matière grise de Kivu Ruhorahoza du Rwanda, Sur la planche de Leila Kilani du Maroc, The Mirror boy d’Obi Emelonye du Nigéria, Faso Furie de Michael Kamwanga du Congo Kinshasa, Ubugarawe de Clément Gakwaya du Burundi et Rukara de Jacqueline Murekeresoni du Rwanda.

Dans cette catégorie, l’Europe est représentée par 4 réalisateurs : Justin Chadwick de la Grande Bretagne avec le film The first Grader, Mario Garfallo et Lorenzo Ceva Vella d’Italie avec le film Ainom et Le secret de l’enfant fourmi de la française Christine François. Le continent américain est quant à lui représenté par Alick Brown avec le film Kinyarwanda.

Dans le second groupe des courts-métrages, 12 films sont à l’affiche. Sauf pour deux réalisateurs inscrits sous deux nationalités (Naïma Bachiri, Maroc/Suisse et Djamil Beloucif, Algérie/Suisse) tous les autres sont uniquement africains. Sur l’ensemble de ces courts-métrages, l’Afrique du sud est majoritairement représentée par 4 films (Umkhungo de Matthew Jankes, Mwansa the Great de Rungano Nyoni, There are no heroes de Kyle Stevenson et Dirty Laundry de Stephen Abott. Le Burundi et le Rwanda ont tous deux présentés 2 films : Pourquoi moi de Vénuste Maronko et Le talent caché de Sandra Simbakwira pour le Burundi ; Mama de Jean Bosco Nshimiyimana et Kivuto de Poupoune Sesonga pour le Rwanda. Les 4 films restants proviennent de différents pays tel que le Gabon, le Burkina-Faso et l’Algérie.

Dans le dernier groupe des films documentaires, 16 films sont inscrits sur la liste. De différents sujets y sont traités tels que la résistance et la recherche de la justice (Tahir, Place de la libération de Stephano Savona, Italie/Égypte; Justice for sale, d’Isle van Velsen,Hollande/Congo ; Culture of resistance de Lara Lee, Brésil/Corée), la polygamie (Poly-Amour de Ervy Ken Patoudem du Cameroun), les débuts du colonialisme ( Panda Farnana de Françoise Levie, Belgique/Congo) ou le social et la vie de tous les jours (Suzanne d’Evrard Niyomwungere, Burundi, Le silence des autres d’Aïssatou Ourma, Burkina Faso).

Dans l’ensemble de la sélection, la parité hommes-femmes a été respectée : sur les 38 films présentés, 16 ont été réalisés par des femmes.

The first grader, mon coup de cœur

The first grader est un long-métrage du réalisateur anglais Justin Chadwick. C’est une fiction tirée d’une histoire vraie, celle d’un Kenyan de 84 ans qui est allé s’inscrire à l’école après que le gouvernement Kenyan ait déclaré l’école publique gratuite. Découragé par tout le monde dans les premiers temps, il deviendra un modèle pour tous et montrera qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Avec ses beaux plans, The first grader est un film pédagogique, touchant par la volonté du vieil homme d’apprendre à tout prix et par le lien fort qui unit les élèves à leur maîtresse. Photo : DR

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KINOBU, DEUX JOURS POUR UN FILM

Par Béni Nkomrwa, journaliste à Radio Publique Africaine

Écrire, tourner, monter et projeter un filmÉcrire, tourner, monter et projeter un film en 48 heures n’est pas compliqué, dirait un profane. Quand on observe de plus près, on se rend compte que l’on a tort. Sur les plus de 80 métiers que compte le cinéma, un cadreur et des acteurs suffisaient pour faire un film au Burundi. Grâce aux Kinos organisé par le Burundi Film Center (BFC) en partenariat avec le Festival International du Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi (FESTICAB), des jeunes cinéastes amateurs burundais ont appris qu’il fallait une équipe pour faire un film. Nous avons vu à l’œuvre des jeunes déjà connus dans le cinéma au Burundi tels qu'Olivier « Krazzi Bright » au son, Linda Kana (Meilleure actrice Festicab 2011) dans des rôles, Aristide Muco au montage… sous la supervision de Rudy Kimvuidi (Directeur du Kinobu) et de Christopher Redmond (cofondateur du BFC avec Papy Jamaica). Dans les labos des kinobu, nous voyions passer Eddy Munyaneza (auteur de Histoire d’une haine manquée, documentaire LM, 2010) ou Jean Marrie Ndihokubwayo (auteur du Rencard, fiction CM, 2010), pour conseiller les jeunes cinéastes de l'atelier.

Travail et fatigue des jeunes cinéastes pendant les tournages et la post-production et sourire lors des projections ont caractérisé les premiers Kinos du Burundi. D’après Christopher Redmond, quelques difficultés ont été rencontrées par les différentes équipes de tournage notamment l’insuffisance du matériel : caméras, ordinateurs de montage… Neuf films ont étés tournés en deux jours et projetés le lundi 18 Juin 2012 en soirée. Des courts-métrages autour du thème du cinquantenaire de l’Indépendance du Burundi. 19 ont été projetés le jeudi 21 Juin 2012. Ceux-là sous le thème cette fois là du « monde à l’envers ». Pour exemple, un des films mettait en scène un blanc mendiant en Afrique. « Une trentaine de films

à voir absolument » concluait Cynthia Niyonsaba, spectatrice et membre du FESTICAB.

Les films ont étés tournés à Bujumbura, montés et projetés à l’Institut Français du Burundi (partenaire du FESTICAB)pendant la semaine du festival. Pour Christopher Redmond, il était important que les équipes travaillent ensemble : « C’est même là l’esprit des Kinos. On s’entraide, on travaille dans la même pièce ». Le matériel était prêté par des maisons de production locales, les acteurs, monteurs, cadreurs ou preneurs de sons et réalisateurs s’étaient inscrits de façon bénévole. Et l’aventure s’est vue couronnée par une salle comble et des applaudissements après la projection de chaque film.

Note : Kino vient du Grec et veut dire mouvement. En Russe, « kino » veut dire caméra. Les kinos ont vu le jour au Canada en 1999.

Photo : Richard Nininahazwe

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IL Y A UN DÉBUT À TOUT

Par Eliane Ndereyimana, journaliste à la RTNB

Parmi les personnes que j’ai rencontrées durant l’ouverture du FESTICAB au Club du Lac Tanganyika, certains disent que ce n’est pas dans leur culture « qu’une personne puisse vivre uniquement du cinéma car les gens n’iront pas regarder ses films et puis maintenant tout le monde a un téléviseur donc pourquoi aller regarder un film alors qu’on en voit toujours à la télé gratuitement ? ».

D'autres ont apprécié les films projetés, les trouvaient intéressants et ont été surpris de voir qu’un burundais puisse réaliser une telle œuvre. C’est une réaction émouvante. Une femme émue m’a dit « C’est vraiment incroyable, je n'arrive pas à y croire, un burundais peut réaliser un film pareil ? Finalement, même si ce n’est pas dans nos habitudes, on peut s' y habituer car il y a un début à tout».

Après cette réponse qui donne de l’espoir aux artistes burundais, je lui ai demandé si un cinéaste ou un artiste peut vivre de ses œuvres. "Si un cinéaste fait très bien ses œuvres, personne n’hésitera à les acheter. De par ce que j’ai pu voir, les artistes burundais ont franchi un pas remarquable. Il faut que les jeunes ou toutes autres personnes intéressé par le cinéma se lance car c’est vraiment important et ça permettra à tous ces gens qui n’ont pas de boulot de pouvoir travailler et gagner leur vie en donnant aussi du boulot à d’autres gens. On ne peut pas faire un film tout entier en étant seul. Il faut des monteurs, des cadreurs,des preneurs de son etc.…Personnellement, j’inciterais même mes enfants à faire des films documentaires ou autre car c’est vraiment fascinant".

Je demanderai à toute personne intéressée par le cinéma de s’y mettre avec force. Même si le cinéma n’est pas dans la culture burundaise, il est temps de changer et d’évoluer vers cet univers. Évoluons comme les autres car il y a toujours un début à tout.

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CINÉMA ET COLONISATION

NÉCESSITÉ URGENTE DE RÉÉCRIRE L'HISTOIRE

Par Richard «Ras Jacob » Nininahazwe, journaliste à Arc-en-ciel

L’Institut français du Burundi (IFB), sur l’avenue de la victoire à Bujumbura, lieu culturellement reconnu avec mention 3 étoiles. Le Festicab, un festival qui se veut être une porte d’entrée, une vague alternative entre projections, large vue des scénaristes, réalisateurs, acteurs, formations et conférences.

Le duo entre les deux ne s’est pas ménagé ce mardi 19 juin 2012, pour nous présenter la conférence cinéma et colonisation animée par Guido Convents. Un historien, anthropologue et spécialiste des films du Sud qui est en même temps président de l'Afrika film festival de Louvain en Belgique.

Deux heures avant la conférence, j’avais rencontré un monument, une mémoire de l’image au Burundi. La quatre-vingtaine, Nahayo Emmanuel est l’initiateur du premier quotidien du Burundi Flash info. Effectivement, on avait parlé de cinéma et colonisation. « Les premières images que j’ai vu, faites par les Pères Blancs, n’étaient seulement que la colonisation mentale »

Après ce bref entretien, il s’agissait de démarrer en vitesse H.V. (Hâtez-vous) pour ne pas rater la conférence. Malgré la chaleur accablante et le bruit du dehors, la salle d’exposition de l’IFB, qui au même moment abritait une exposition intitulée Voyage dans nos lieux de mémoire de la célèbre photographe Martina Bacigalupo, avec des textes de Antoine Kaburahe et Roland Rugero, tous deux du groupe de presse Iwacu, était pleine à craquer de

personnes vraiment intéressées par le sujet : historiens, acteurs, réalisateurs, journalistes, critiques indépendants, etc

Les films tournés durant la période coloniale, surtout par le biais des missionnaires belges, avaient surtout un caractère propagandiste pour louer les bienfaits de la colonisation, justifier leur présence sur le sol des tambours royaux et des mines salomonites et détruire la culture locale au profit de la culture occidentale censée civiliser les autochtones. Pour les cinéastes et les nouvelles générations,Guido Convents recommande. : « C’est à vous maintenant de faire la réécriture de l’Histoire en image. »

Plusieurs interventions ont émané des participants et une m’a particulièrement marquée. Celle de Francis Muhire, directeur du Festicab qui voulait savoir pourquoi les archives en image burundaises restaient toujours aux mains des belges. « Est-ce que l’image appartient à celui qui est derrière la caméra ou à celui qui est devant? » Guido Convents a répliqué que pour la Belgique, il s'agit de la protection d'œuvres partagées entre les histoires de ces deux pays. Et pour mieux s'expliquer, l'historien a demandé où se trouvaient les œuvres cinématographiques de l’après 1962. Soyons honnêtes avec nous-mêmes : la prise de conscience a été un peu tardive. Heureusement que le Festicab en a fait une mission spéciale durant cette 4e édition.

Les 120 m2 de la salle d’exposition devaient être occupés jusqu’à 18 h seulement et on peut dire que personne n’a étanché sa soif sur ce sujet, preuve que cinéma et colonisation restent toujours une controverse.

Photo : Richard Nininahazwe

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CONNAÎT-ON LE FESTICAB À CÔTÉ DE CHEZ MOI ?

Par Nadine Muhorakeye, journaliste à la RTNB

Le petit marché de Nyakabiga, une des communes urbaines de Bujumbura, fait dos avec l’université du Burundi, campus Mutanga et fait face au quartier 3 de Nyakabiga. Des personnes modestes y vendent des produits vivriers et la clientèle provient particulièrement de la même commune. Arrivé là-bas, on est accueilli par le bruit et les intonations à l’africaine qui retentissent souvent dans les commérages des vieilles femmes qui essaient de ne pas se lasser en attendant les potentiels clients.

Tout ce monde est-il informé du Festicab ? « Je ne suis pas informée, il n’y a même pas d’affiches comme on le fait pour les concerts. J’ai la télé chez moi, mais je ne vois pas de films burundais du Festicab. On pourrait venir soutenir les films burundais, mais les places de projection sont lointaines, on risque d’avoir des problèmes de déplacement. Et une autre chose, c’est qu’à la fin du travail, j’aime rentrer chez moi et retrouver les miens. » a révélé Aline Bahati, vendeuse de légumes du marché.

Tout près de là, dans un rayon de 150m, Antoine Ngenzebuhoro est boutiquier. « Moi je reste toute la journée enfermé dans ma boutique, travaillant dur pour avoir de quoi me mettre sous la dent. Aller voir des films ce n’est pas une priorité.»

Au même marché, David Bukuru, sous son petit kiosque, répare et coud des habits. Ce couturier affirme que le cinéma est pour les riches et les jeunes. Et ne voit aucun intérêt d’aller visionner des films le ventre creux. Pour lui, les films pour la plupart en français, sont réservés aux étrangers.

Que leur révèle d’emblée le mot « Festicab» ? D’aucuns pensent à un truc bizarre ou spécial,, d’autres à un festival mais le lien avec le cinéma est difficile à faire.

Ce court sondage prouve encore une fois que, malgré les efforts de médiatisation de la part de l’équipe du Festicab, la plupart des classes moyennes ne se sentent pas interpellées par cet événement. Un conseil à la présidence et à la direction du festival : Faites l’effort de projeter les films dans les bas-fonds des quartiers populaires à l’aide d’autres outils comme les écrans publics ou les cinéma mobiles !

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LE DOCUMENTAIRE BURUNDAIS S'OUVRE À LA VISION AMÉRICAINE

Par Christian Elvis Sinzinkayo, journaliste à CCIB FM

Entre autres activités organisées par le Festicab, il fallait compter un atelier sur la réalisation d'un documentaire. Un atelier tenu par deux américaines, Ann Buford et Lynn Goldfarb du 19 au 21 juin. Des expertes du documentaire venues des États-Unis.

La composition de l'atelier était essentiellement faite de jeune gens - voulant faire ou ayant déjà fait un documentaire - avec, pour une fois, une plus que marquante majorité féminine. Les activités proprement dites ont commencées par des notions théoriques autour du documentaire, très vite remplacées par un apprentissage centré sur le visuel et le ressenti. D'ailleurs certains documentaires comme Ballroom Dance et Born into Brothers ont fait sensation auprès des participants, moi compris.

D'entrée de jeu les participants m'ont avoué avoir des attentes par rapport à cet atelier :ils espéraient en retirer des connaissances nouvelles en matière de réalisation vu que le documentaire burundais se limite le plus souvent à des interviews sans plus. A en croire ce que j'ai pu entendre ici et là, ces jeunes s'attendaient à en apprendre davantage sur la manière de développer leur documentaire soit en racontant une histoire soit en relatant des faits. Ce qui rejoint dans un sens l'optique de s'ouvrir à d'autres manières de faire. Pour illustration, j'ai eu le plaisir de rencontrer Grace RUHWIKIRA, une des participantes à l'atelier documentaire, qui me disait: "Je suis particulièrement curieuse d'en savoir plus sur les autres types de documentaires existant et m'en servir par la suite".

Pour ma part, il est clair que le jeu des images et de narration dans un documentaire est plus que nécessaire si on entend diversifier notre répertoire. Certes, ce n'est pas une manière d'aborder les choses encore assez commune au Burundi, mais ne faut-il pas les bousculer un peu pour qu'il y ait une certaine avancée dans ce domaine?

Les deux formatrices américaines ont passé en revue les bases d'élaboration d'un documentaire et même pour ceux qui y étaient familiers, il y avait du neuf. Avec une audience 100% burundaise, l'apport américain culturellement parlant était quelque peu différent mais pas moins nouveau. Pour Pierre NYABENDA, l'un des quelques garçons participant à l'atelier, l'intérêt même d'être présent pour cette activité tenait dans la différence qui réside entre films ou documentaires américains et documentaires burundais :" Ce que je veux, c'est pouvoir transmettre une émotion à travers mon travail

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et voir d'autres techniques de prise de vue pour laisser parler mon sujet avec plus d'images et moins de paroles."

En tant que journaliste observateur, plus je les regardais travailler, plus une idée s'installait dans mon esprit: Il n'y a pas de règles particulières pour faire un documentaire. On a la liberté de faire ce que l'on veut. C'est exactement ce qu'il faudrait aux réalisateurs burundais qui doivent se sortir ou se libérer du conformisme. C'est le réalisateur qui tient l'histoire et non le contraire. Bien que relatant un fait réel, on peut se permettre de choisir l'émotion que l'on veut faire partager et même manipuler entièrement une histoire.

La réponse que Lynn GOLDFARB donnait à un participant qui voulait savoir ce qui fait un bon documentaire m'a marquée : " Un bon documentaire est celui qui t'apprend quelque chose ou celui qui te transmet un ressenti."

Outre le plaisir que ces jeunes avaient à apprendre de nouvelles choses, la langue anglaise utilisée par les deux formatrices n'était pas un avantage pour autant. Nombre des participants étaient, certes pas frustrés, mais pas vraiment à l'aise. Certains m'ont confié pendant les heures de pause avoir des questions qu'ils n'ont pas pu poser, faute de pouvoir communiquer dans une même langue ou de pouvoir se faire comprendre correctement. La timidité aidant, le Burundi, pays francophone à la base, est encore à la traîne en ce qui concerne l'utilisation courante de l'anglais. Ce qui freine un peu son avancée.

Au final, même si la langue n'était pas la même, les images et la manière de faire un documentaire étaient ce que recherchaient nos participants et il est clair que c'est uniquement en s'ouvrant à l'extérieur que l'on peut développer son art. Pour les américains comme pour les burundais, l'échange entre cultures ne peut être que bénéfique.

Photo : Claire Diao

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LES FILMS EN PANORAMA

Par Cynthia Nasangwe, journaliste à Bonesha FM

Le FESTICAB nous a ouvert ses portes dans la semaine du 15 au 22 juin 2012 avec sa myriade de films. Le FESTICAB avait cette année pour thème le cinquantenaire de l’indépendance du Burundi et les films qui ont été présentés étaient classés en deux catégories : les films en compétition et les films en panorama (c'est-à-dire les films hors compétition).

Pour cette 4ème édition du FESTICAB, 49 films ont été sélectionné dans la catégorie Panorama sur la quelle j'ai surtout porté mon attention (13 longs-métrages 4 courts-métrages, 25 documentaires et 7 films d’animation). Ils s’inscrivaient pour la plupart dans l’optique des indépendances africaines et en l’occurrence, du Burundi.

Comme me le dit Natacha Songore, responsable de la programmation du FESTICAB, les films sélectionnés sont entre autres les films historiques sur le Burundi comme le film propagandiste Bizimana de Roger De Vloo mais également Éclosion du même auteur, mais aussi Histoire du Burundi de Léonce Ngabo, le premier film anticolonialiste Afrique 50 de René Vautier sans oublier des films sur les indépendances africaines comme Le crépuscule de l'homme blanc 1900-1945, L’ouragan africain 1945-1964 et Le règne des partis uniques 1945-1989 tirés de la série Afrique(s): Une histoire du 20e siècle.

On retrouve également des films d’animation hors compétition car il n'y a quasiment pas de film d’animation burundais. Mais aussi des films proposés en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis qui traitent essentiellement du développement et de l’intégration des noirs dans la communauté américaine au travers du sport. Des films proposés par le Cinéma Mondial Tour (Hollande) sont pour la plupart des films d’auteur comme Quantarina de l’irakien Oday Rasheed ou encore Goodbye de l’iranien Mohammad Rasoulof mais aussi De Jueves a Domingo du chilien Dominga Sotomayor.

Lors de la projection de ces films, j’ai pu remarquer que la salle n’était pas toujours

comble. L’audience avait entre 15 et 30 ans et les jeunes venaient en groupe, souvent entre amis.

Parmi toute cette panoplie de films, j’ai centré mon attention sur le documentaire Le règne des partis uniques de 1964 à 1989 d’Alain Ferrari et Elikia Mbokolo, troisième partie de la série Afrique(s): Une histoire du 20e siècle.

Ce documentaire historique retrace l’histoire des pays africains qui, après les indépendances, ont basculé dans des régimes totalitaires et dictatoriaux : des partis unique qui ont lutté pour l’indépendance ou des coups de force militaires qui gouvernent et se maintiennent au pouvoir (comme Mobutu au Zaïre).

Le peuple africain qui croyait sortir de l’oppression coloniale se retrouve sous le joug des partis uniques avec leur lot de malheur dû aux guerres civiles (Angola, Soudan, Libéria), aux assassinats et aux emprisonnements d'opposants.

D’un autre coté, ce documentaire montre des pays qui ont su garder jalousement les acquis de l’indépendance (le Ghana de Jerry Rowlings, le Sénégal de Léopold Sédar Senghor) en instaurant une démocratie durable.

Le règne des partis uniques de 1964 à 1989 démontre que cinquante ans après les indépendances, les pays africains ont encore à apprendre pour arriver enfin à reconstruire une Afrique sereine. Et pour s’imprégner de cet esprit de cinquantenaire, je recommanderais à tous les cinéphiles le premier film sur le Prince Louis Rwagasore qui sera prochainement projeté au stade Prince Louis Rwagasore.

Page 15: Bulletin Festicab 2012

GITEGA ET RUYIGI VIVENT À MOITIÉ LA SEMAINE DU FESTICAB

De notre envoyé spécial, Alain Nova, journaliste à Radio Culture

Pour cette 4e édition du Festicab, Gitega et Ruyigi n’ont pas été épargnées. Ces villes - l'une au centre du pays, l'autre à l’est - ont abrité les activités du Festicab 2012.

Au Cinéma des Anges de Ruyigi, où nous avons été la soirée du 20 juin, des affiches du Festicab sont visibles ici et là dans toute la ville. La programmation est respectée mais la projection commence à partir de 15h car le public qui vient regarder les films est composé globalement de jeunes élèves en période délicate d'examens de fin d'année.

Il faut également préciser que l’on programme les projections des films du Festicab en deux séances : celle de 15h à 18h surtout pour les jeunes qui doivent rentrer tôt à la maison et celle de 18h destinée aux quelques adultes amateurs de films qui parviennent à se déplacer jusqu'à cette unique salle de cinéma de la ville.

Pour la séance destinée aux jeunes, ceux-ci viennent nombreux à tel point que la contenance de la salle devient insuffisante. Certains sont contraints de rester dehors. Le Cinéma des Anges accueille pratiquement 100 personnes. Compte tenu de la taille du public, Landry, chargé de la programmation et de la projection du cinéma, est obligé d'ajouter des chaises jusqu’à faire asseoir 250 personnes.

Signalons aussi que Landry déplore le manque de 5 films parmi ceux qui étaient programmés (The first grader, Comment voter ?, Ubugaragwa, Matière grise et Indigènes) alors que certains autres films ont été envoyés en deux ou trois exemplaires.

À Gitega, l'Alliance franco-burundaise qui abrite les activités du Festicab garde une similaire organisation que Ruyigi. Deux séances sont organisées pour le public formé essentiellement de jeunes et pour une dizaine d’adultes militaires, policiers, expatriés et professeurs de lycée. Peu de spectateurs non lettrés assistent aux projections. Mais le film Ubugaragwa a été réclamé à maintes reprises et projeté deux fois l'avant-midi.

Selon Charlemagne et David Nduwayo, respectivement directeur de l'Alliance franco-burundaise et chargé de la programmation et de la projection, cette édition est mal tombée durant la période des examens de fin d'année et de l'Euro 2012. Comparativement à l'édition précédente, on reçoit peu de monde. Nos personnes ressources avouent ne pas même accueillir le tiers de spectateurs de l’an passé.

À Gitega comme à Ruyigi, ils déplorent l'absence du film Bizimana de Roger de Vloo et celle d'Histoire du Burundi de Léonce Ngabo. Pour la prochaine édition, ils recommandent : l’intégration dans la programmation des activités du Festicab, le ciblage de la semaine du festival pour qu’elle ne tombe plus en période d'examens, plus de longs-métrage burundais, davantage de films sur l'indépendance des pays africains, des films d'action, l'utilisation de sous-titrages en kirundi et la mise en place de projections le matin durant les vacances.

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PORTRAIT D'UN RÉALISATEUR DE FILM

Par Charles Gatoto, journaliste à la RTNB

Dans le cadre du Festicab 2012 (4e édition), nous avons essayé de contacter des gens du métier pour savoir où l'on en est avec le cinéma au Burundi. Voici une interview que j'ai faite avec Gaby, réalisateur de films à la Télévision Nationale. Il nous parle de sa vie professionnelle et de son évolution. Gaby a une trentaine d'années.

D'après vous, qu'est-ce qu'un réalisateur d'un film ?

Gaby : Le réalisateur d'un film, c'est tout d'abord un être humain qui est habité par un esprit de curiosité, d'analyse, de critique et qui est doté des compétences requises pour regarder, voir, sentir et écouter. Il est généralement doté des compétences requises qui donnent un sens à tout ce qui l'entoure. C'est quelqu'un qui vit naturellement dans une société, qui est inspiré et qui s'inspire, qui écoute et qui voit, et qui est surtout capable de décrypter, d'interpréter et de comprendre tout en ayant un esprit de création.

Qu'avez-vous fait comme études ?

Gaby : Avant que je sois réalisateur, j'ai réalisé des films documentaires, trois à mon actif. Je suis licencié en Sciences de la communication, j'ai fait la section Lettres Modernes au Cycle Supérieur de l'Enseignement Secondaire car j'étais fort en langues.

Vos propres productions sont-elles des fictions ou des documentaires ?

Gaby : Il y a plusieurs sortes de documentaires, moi je réalise des documentaires plus proches de la réalité, ce sont des documentaires fictifs.

Avez-vous présenté quelques films au Festicab ?

Gabby : Pas encore mais c'est mon rêve.

Comment êtes-vous entré dans la vie professionnelle ?

Gaby : Je dirais qu'avant, j'ai commencé à faire un peu de tout. J'avais déjà fait quelques années dans des radios privées en tant qu'animateur et j'ai écrit quelques articles à travers la presse privée. J'espère voir encore une fois évoluer dans le domaine de la production parce qu'il y a moyen de mettre à profit ce que j'ai pour le partager avec les autres.

Quels problèmes rencontrez-vous dans votre vie professionnelle ?

Gaby : Quand vous êtes réalisateur, vous avez des défis, si vous n'en avez pas, c'est que vous ne travaillez pas. Tout travail en rapport avec la réalisation peut commencer par un problème mais vous commencez à chercher la solution et vous en faites un documentaire ou une émission. Vous voulez avoir un bon document mais les moyens de le traiter – le tournage, le montage – ça vous cause des problèmes parce que les outils disponibles que nous utilisons sont des outils que le monde actuel utilise.

Est-il possible de confondre une fiction et un documentaire ?

Gaby : Certainement. Une fiction est un genre comme une histoire ou qui parle d'une réalité qui aurait existé alors qu'elle n'a jamais existé. Selon les technologies actuelles, pour quelqu'un qui est avisé, il est possible de distinguer cela.

Au niveau des institutions étatiques, quelles sont vos perspectives après votre vie professionnelle ?

Gaby : Je crois que c'est beaucoup plus différent de ce que je ressens. Pour moi, je ne leur dois que du respect et ce qu'ils me demanderaient de faire. Je rêve d'être responsable d'une maison de production, faire mes propres histoires et en rendre compte à moi-même et à mon entourage. Je voudrais être utile en tant que personne ayant contribué à ce que le septième art puisse être une réalité qui puisse donner l'envie d'en vivre pour ceux qui en auraient toujours douté.

Comment évoluera le cinéma au Burundi et à l'international ?

Gabby : Au Burundi, nous avons vraiment un terrain vierge sur le plan cinématographique. Moi, en tant que burundais, réalisateur, je pourrai, avec l'aide de Dieu, être ce témoin oculaire de ce monde rural qui est loin des yeux des curieux afin que l’œuvre cinématographique burundaise puisse en parler. Grâce à cela, nous ferons connaître notre pays sur le plan international.

Remerciements à Gaby et aux lecteurs de ce genre journalistique.